4 minute read

QUAND L’ARCHITECTURE S’INSPIRE DE LA NATURE

• PAR MARION SPÉE

Depuis des millénaires, les êtres humains interagissent étroitement avec leur environnement naturel. Bien que cette relation s’est largement essoufflée avec l’urbanisation croissante, il existe néanmoins une affinité innée de l’être humain pour le vivant.

Dans une tentative de connecter plus intimement les occupant.e.s des bâtiments à la nature, les mondes de l’architecture et du design s’inspirent de plus en plus du vivant. On cherche ainsi à concevoir des structures qui imitent les conditions d’un environnement naturel, en laissant par exemple entrer la lumière du jour, en maximisant les points de vue sur l'extérieur ou en exploitant des motifs qui évoquent les formes présentes dans l’environnement.

Les exemples à travers le monde sont nombreux : en Allemagne, l’architecture du Buga Wood Pavilion s’inspire d’un squelette d’oursin; à Singapour, le musée Artscience imite la forme d’une fleur de lotus et le design des Jardins de la Baie, un espace récréatif extérieur urbain, prend sa source des arbres. Dans les musées d’Espace pour la vie aussi, l’architecture et le design sont librement inspirés du vivant et de l’environnement. D’ailleurs, ils participent à leur mission : celle de connecter l’humain à la nature en les rapprochant le plus possible.

À LA BIOSPHÈRE : LA VISION D’UN PIONNIER

Érigé au cœur d’une oasis de nature, le pavillon des États-Unis d’Expo 67, rebaptisé Biosphère, est l’œuvre de l’architecte, ingénieur et inventeur américain Richard Buckminster Fuller. Véritable précurseur de la pensée environnementale contemporaine, il craignait déjà pour la survie de l’humanité si les ressources naturelles de notre « unique vaisseau spatial » qu’est la Terre continuaient à être gaspillées.

Sa vision novatrice a largement inspiré sa manière de concevoir le bâtiment : une forme rappelant celle de la Terre et l’utilisation de peu de matériaux pour évoquer la fragilité de la planète.

Cet architecte pensait la nature de manière géométrique. Il est le père des dômes géodésiques, ces fameuses structures sphériques en treillis dont les barres suivent les grands cercles de la sphère. Pour l’anecdote, des chercheurs ont découvert dans les années 90 une molécule de carbone aux formes semblables à celles des dômes géodésiques. Ils l’ont nommé fullerène de Buckminster en l’honneur de l’homme visionnaire.

Photo : Shutterstock/Richard Cavalleri

À L’INSECTARIUM : UN MUSÉE À HAUTEUR D'ARTHROPODES

Pour les architectes du nouvel Insectarium, l’expérience des visiteuses et visiteurs se devait d’être dictée par l’environnement même du musée. Les insectes ont été leur muse et ils ont décidé d’adopter leur point de vue, de se mettre à leur hauteur pour créer un parcours de visite des plus immersifs.

Ainsi, la scénographie et l’architecture ont été conçues en s’inspirant des divers habitats des insectes : les nids, les chambres et les galeries, la végétation, l’eau ou encore la terre. Le choix des matières a aussi été pensé pour refléter au mieux leur habitat naturel, notamment le béton dont la texture granuleuse, poreuse, avec des interstices inégaux reproduisant à merveille les tunnels des fourmis.

Dans les Alcôves, des galeries souterraines offrent aux visiteuses et visiteurs la possibilité de percevoir le monde comme s’ils étaient eux-mêmes des insectes, avant de découvrir le Grand Vivarium de verre où grouillent ces petites bêtes en liberté toute l’année.

Et pour une connexion maximum avec l’extérieur, l’architecture de verre s’immisce dans le Jardin botanique et permet de se plonger dans ses paysages, comme si le bâtiment disparaissait au profit de la nature.

AU BIODÔME : UN PARCOURS POUR EXPLORER CHAQUE ÉCOSYSTÈME

Le design du Biodôme a été pensé pour que les visiteuses et visiteurs l’explorent : un parcours immersif pour y déambuler au gré de leurs envies, comme on le ferait spontanément lors d’une promenade en nature.

Les personnes chargées de sa conception ont prévu un espace d’accueil très épuré pour créer une pause pour les sens : une sorte de transition, une antichambre, avant de s’introduire dans la forêt tropicale humide des Amériques, l’érablière des Laurentides, le golfe du Saint-Laurent ou dans les régions subpolaires, ces écosystèmes colorés et multisensoriels. L’objectif : bonifier le contact avec la faune et la flore.

Ainsi, pour chacun d’eux, le public est invité à un premier contact tout en douceur. Il peut percevoir des sons, sentir des effluves, ressentir la chaleur ou la fraîcheur de chaque lieu, avant d’émerger dans ces grands espaces où il pourra enfin dévorer des yeux les scènes de vie qui l’attendent. Citons par exemple l’immense tunnel givré qui mène à un imposant mur de glace, de quoi se mettre dans l’ambiance de l’habitat des manchots que l’on découvre ensuite.

La science l’a démontré : le contact avec la nature, et tout ce qui s’en inspire, est bénéfique pour l’humain, quels que soient son âge ou ses origines.

This article is from: