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INTERVIEW MODE
Créer la robe la plus importante de la vie d’une femme, sublimer toutes les futures mariées, partager de l’émotion, voici le dessein d’une amoureuse de la couture, des belles dentelles et des tissus soyeux. Chez Fabienne Alagama, le style n’est pas simplement poudré, il est rock’n roll, glamour, sensuel et audacieux. Il est pluriel, à l’image d’une créatrice qui puise dans la diversité de son île natale, une imagination sans frontières. Entretien à cœur ouvert.
TEXTE : ALISSIA LEJEUNE | PHOTOGRAPHIE : ELENA LV-SKAYA
Comment êtes-vous devenue créatrice ? J’ai été élevé par des femmes, ma mère, ma grand-mère, mes tantes. Toutes étaient très coquettes, elles allaient chez la couturière pour s’habiller et je portais aussi des petites robes uniques. À 18 ans, avec mon Bac S en poche, je me suis demandée ce que j’allais faire. Je fréquentais les créateurs de La Réunion, je portais leurs vêtements, mais j’avais vraiment cette envie de les créer. Je suis donc partie à Paris pour intégrer une école de stylisme. J’ai suivi une sensibilité plutôt qu’une voie. Après plusieurs expériences dans des maisons de haute couture, qu’est-ce qui vous a attiré dans l’univers du mariage ? D’abord, j’ai toujours aimé le côté très habillé. Avec mon double cursus styliste-modéliste, j’ai pu intégrer une grande maison de robes où j’ai fait mes armes. La robe de mariée, c’est quelque chose qui contribue aux
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JANVIER / FÉVRIER 2022
deux plus beaux moments de la vie d’une femme selon moi, se marier et donner naissance à un bébé. C’est extraordinaire !
Pourtant, ce dos nu sensuel est devenu votre signature au fil du temps. Comment l’expliquez-vous ?
Quel a été le déclic pour ouvrir votre propre maison en 2008 ?
Depuis l’âge de 15 ans, je transformais tous mes vêtements, je ne voulais pas m’habiller comme tout le monde. Je me suis mise à créer mes propres dos nus. J’ai eu envie d’apporter ce côté intime dans mes créations de robes. On peut être très sobre, mais ce petit détail dans le dos est sublime et fait toute la différence. Le dos plongeant a beaucoup de succès aujourd’hui.
Au début, je faisais des collections pour de grandes maisons, mais je ne voyais jamais les mariées, je n’avais pas de lien direct. L’évidence a donc été de créer ma marque pour pouvoir les rencontrer, j’en avais besoin. Tout à coup je ne créais plus dans le vide, mais pour une femme et ça a tout changé. Vous souvenez-vous de votre toute première robe ?
Votre style ne rentre pas dans une case, il est aussi diversifié qu’il y a de femmes sur terre. Où puisez-vous vos inspirations ?
Évidemment ! Ma première robe était toute simple, très pure, très élégante, en crêpe de soie, sans dentelles, sans fioritures, mais surtout c’était mon premier dos nu ! Je ne m’attendais pas à ce que cela devienne une marque de fabrique.
Effectivement, je fuis les cases, mon style est assez large, car cela correspond à ma personnalité, je suis comme ça. Du jour au lendemain, je peux être très rock ou au contraire, très classique. Surtout, je ne veux manquer aucune mariée, j’ai envie