Les Fiches du Cinéma #2000

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Cinéma

les Fiches

du

n°2000

N°2000

• Bimensuel • 22 DÉCEMBRE 2010 • 4,00 €


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BANDE À PART 2000 numéros aujourd'hui, 76 années d'activité : Les Fiches du Cinéma est le plus vieux journal de cinéma français et sans doute aussi le plus méconnu. Les Fiches, c'est un peu comme un secret transmis de bouche à oreille. Un rite perpétué par tradition orale. Une histoire écrite à des centaines de mains, réinventée à chaque étape, mais qui conserve pourtant une cohérence d'ensemble, un axe qui traverse le temps : le souci de tout voir et de parler de tout, et un ancrage dans la cinéphilie pure, qui s'est incarné à travers des générations et des générations de rédacteurs bénévoles. Nous-mêmes - nous qui sommes les Fiches d'aujourd'hui ne connaissons que partiellement leur histoire. Nous savons que l'on pourrait la raconter comme l'histoire d'un organe de presse catholique mutant à travers les époques jusqu'à devenir imperceptiblement autre chose et à se détacher naturellement de cette tutelle initiale. Nous savons que reconstituer cette histoire reviendrait à remonter le cours d'un sillon tracé dans la marge, à suivre une longue parallèle à l'histoire officielle de la critique de cinéma française. Nous savons aussi en partie que l'histoire des Fiches du Cinéma est une histoire de résistance : résistance au sens historique (puisque, si aucun film ne manque aux archives des Fiches, c'est que le journal a continué à se faire et à se diffuser clandestinement pendant l'Occupation), résistance au sens physique (puisque, bien que dans une situation de fragilité économique quasi perpétuelle, les Fiches ont toujours réussi à trouver les ressources pour rester debout), résistance, enfin, au sens intellectuel, puisque le journal a toujours cultivé la diversité, nourri la contestation en son sein, pour ne jamais tourner en rond autour de goûts ou de grilles d'analyse fixes.

Pour fêter ce numéro 2000, pour évoquer le grand pan d'histoire du cinéma qui se recoupe avec notre histoire à nous, il fallait faire quelque chose qui nous ressemble. Ne pas faire de listes et de classements pour hiérarchiser les œuvres au nom d'une idée générale du bon goût, ne pas refaire l'histoire du cinéma en pensant que l'essentiel et l'anecdotique peuvent se distinguer de façon fiable, aborder plutôt les films par l'endroit où ils se connectent à la vie (et à la nôtre en premier lieu), ça nous ressemble. Nous avons donc mis au point un petit questionnaire, qui a été soumis à chacun des rédacteurs de l'équipe : 17 questions pour quadriller une cinéphilie, tracer un profil, et éventuellement accrocher quelques morceaux de vies dans la toile. La mixité des goûts, au sein du comité de rédaction des Fiches, est doublée d'une grande mixité des âges, puisque nos dates de naissances s'étalent sur six décennies. C'est donc suivant cette ordre chronologique que nous avons choisi de nous présenter à vous. Car vous verrez qu'ainsi, au fil des réponses, se dessine en filigrane une petite histoire intime de la cinéphilie, conditionnée par les changements d'époques, les mutations technologiques, les évolutions du cinéma... Enfin, pour vous permettre de mettre un visage sur des initiales, chacun a posé “en situation”, en compagnie d’un personnage ou d’un film qui lui est proche. Ne dérogeant pas à la tradition du flash-back qu'implique tout anniversaire, nous allons bien faire défiler les souvenirs, mais en utilisant moins la mémoire du journal que celle de ceux qui le font aujourd'hui : 29 cinéphiles très différents, qui constituent ensemble une petite bande très à part.

17 QUESTIONS 1. Le film que vous auriez mis en couverture de l’Annuel l’année de votre naissance. 2. Le film que vous avez le plus vu. 3. Le film qui est toute votre enfance. 4. Le film qui est toute votre adolescence. 5. Le film qui vous a donné la révélation de votre cinéphilie. 6. Le film qui vous a le plus traumatisé.

7. Le classique que vous détestez. 8. Le film que vous trouvez trop sous-estimé. 9. Le nanar que vous adorez. 10. Le cinéaste auquel vous êtes prêt à tout pardonner. 11. Votre personnage de cinéma fétiche. 12. Le film dans lequel vous aimeriez vivre. 13. Votre DVD de secours en cas de déprime.

14. La réplique de cinéma qui est passée dans votre langage courant. 15. Le film que vous voulez à tout prix faire découvrir à vos amis. 16. La découverte la plus marquante que vous ayez faite par hasard en travaillant pour les Fiches. 17. Le film que vous vouliez citer mais n’avez réussi à placer dans aucune de vos réponses.


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LES ANNÉES 1930

Clint Eastwood

GEORGES BARRET 1. L’Ange bleu avec Marlène Dietrich. Je suis né en 1931 et mes parents ont dû m'emmener le voir, au Royal, à Lyon, sans doute en 1932 : je leur ai pourri la séance, ma mère m'en a parlé souvent. 2. Sans doute Ben Hur, avec tous ses passages à la télé. Ou peut-être Les Tontons flingueurs. En général je ne suis pas fana de voir plusieurs fois le même film. 3. La Ruée vers l'or, ou un autre Charlot, que j'ai passé et repassé à mon fils aimé au début des années 1960 (on louait alors les films chez les photographes). 4. La Main du diable, film fantastique vu juste après la guerre, ou La Charrette fantôme, de la même époque. 5. Les Charlot je pense, mais il y a tant et tant de films qui m'ont inoculé le virus du cinéma - cinéphilie ou cinéphagie : western, polars, comédie, tout et tout. 6. Saw. Séance difficile à l'inauguration du Club Lincoln. 7. Désolé, mais j'arrive toujours à trouver un petit quelque chose au pire film qui soit. 8. Parmi les films que je vois chaque semaine, il y en a au moins un qui est assassiné ou sous-estimé par la critique. 9. J'adore les nanars, que je regarde au deuxième ou troisième degré. Il y a eu des Abott & Costello ou des Laurel & Hardy qui furent plus que nuls. 10. Inconditionnel de Clint Eastwood. 11. Robin des bois. 12. 2001, l'Odyssée de l'espace. 13. Les Tontons flingueurs. 14. “Est-ce que j'ai une gueule d'atmosphère ?” (Arletty dans Hôtel du Nord de Marcel Carné). 15. West Side Story. © les Fiches du Cinéma 2010 - N°2000

16. Les liens amicaux entre les uns et les autres. 17. Autant en emporte le vent.

YOLANDE RAMBALDI 1. Probablement un film avec Greta Garbo. 2. Beignets de tomates vertes.

3. Le Voile bleu, avec Gaby Morlay. 4. Autant en emporte le vent. 5. Amarcord de Fellini. 6. L'Exorciste. 7. Ascenseur pour l'échafaud. 8. Mulholland Drive. 9. Bananas. 10. Woody Allen. 11. Marilyn Monroe. 12. Out of Africa. 13. Good Morning England. 14. “T'as, de beaux yeux tu sais…” Just for joke !! 15. Beignets de tomates vertes. 16. Un certain professionnalisme. 17. Matilda de Danny de Vito.

LES ANNÉES 1940

La Bête humaine

12. My fair Lady. 13. Chantons sous la pluie. 14. “That's my steak, Valence” (L’Homme qui tua Liberty Valence). 15. Aventure en Birmanie. 16. Le cinéma de Bollywood. 17. Le Guépard et, dans un registre plus populaire, La Bête humaine.

CHRISTIAN BERGER CLAUDE ROTSCHILD 1. Un an plus tôt ou un an plus tard, à condition que l’Annuel soit édité clandestinement, ç'aurait été Le Dictateur (1940) ou To be or not to be (1942). Mais en 41, en France… 2. Rio Bravo. 3. Cendrillon. 4. Captain Blood. 5. Octobre. 6. La Belle au Bois dormant. 7. Si on le tient déjà pour un classique, Le Genou de Claire. 8. Le Pigeon. 9. Les Tontons flingueurs. 10. Ingmar Bergman. 11. Ninotchka. 03

1. Les Portes de la Nuit de Marcel Carné, pour les décors, l'atmosphère, pour Fabre, Brasseur et Reggiani, et surtout pour Jean Vilar (selon moi le plus grand comédien français du XXe siècle), fascinant clochard-Destin. 2. Il y en a deux, mais ce sont des “shorts” : alors, ça compte pour un !!! The Fatal Glass of Beer (Clyde Bruckman - W.C. Fields, 1933) et Big Business ( J.W. Horne, Laurel & Hardy, 1929). Ah ! Il y a aussi, en plus, Hellzapoppin de H.C. Potter et, juste après, Le Limier de Mankiewicz …! 3. Quand j'avais 8 ans, 20 000 lieues sous les mers de Richard Fleischer (1954), puis, j'en avais 10, Les Dix commandements de Cecil B. De Mille. 4. Je ne comprends pas bien la question : comme pour la 3, que veut dire “est”? Et ça s'arrête quand, l'adolescence ? Il y a au


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moins six films qui m'ont profondément marqué quand j'avais entre 12 et 20 ans (leurs dates de sortie furent parfois bien antérieures au moment où je les ai vus) : Les Contes de la lune vague après la pluie de Mizogushi, La Soupe au canard avec les Marx, Vertigo d'Hitchcock, L' Idiot de Kurosawa, La Belle équipe de Duvivier et Le Procès de Welles. 5. Outre les précédents, Le Septième Sceau de Bergman et L’Ange exterminateur de Buñuel. 6. Le Rayon vert de Rohmer. Un tel monument de niaiserie, de vacuité et de cuistrerie satisfaites, encensé par des flopées de gogos qui vous toisent de haut, ça traumatise !!! 7. La Kermesse héroïque, de J. Feyder, fable pré-collabo très antipathique et ennuyeuse au plus haut point. Je ne considère ni Godard ni Rohmer, dont je déteste la plupart des films, comme des “classiques”. 8. J'en vois au moins cinq : Khroustaliov, ma voiture ! d’Alexeï Guerman, Le Roi de cœur de Philippe de Broca, La Sainte Jeanne de Preminger, Yoyo de Pierre Etaix et La Dilettante de Pascal Thomas. Mais il y en a tant d'autres… 9. J'adore plein de nanars. Beaucoup (comme ceux de Couzinet) viendraient en réponse à la question 13. Le concept de “nanar” est d'ailleurs très flou voire fallacieux ! Si l'on ne confond pas “nanar” et “navet”, on peut s'en sortir ! Alors, vient en tête Le Roi du cirage de W.C. Fields (et Mae West)

Colombier, 1931, avec l'immense Milton. 10. J'en citerai trois. Bien sûr, ils sont morts et ce sont des génies : mais je ne me vois pas “pardonner” (terme contestable) à quiconque a priori. Alors, il s'agit d'Ozu, Bresson et Tati (ça leur fait une belle jambe…!). 11. Betty Boop. 12. A priori, aucun ! Peut-être le joyeusement hédoniste Alexandre le bienheureux d'Yves Robert. 13. Heureusement, il y en a plusieurs ! Et pas seulement des DVD, mais aussi de bonnes vieilles VHS ! Hors cinéma : la série Fawlty Towers de John Cleese. Et puis, tous les Laurel & Hardy, W.C. Fields, Marx Brothers, Tex Avery ou Buster Keaton, plein de Chaplin, et aussi Boule de feu de Hawks, avec Barbara Stanwick et Gary Cooper, Circonstances atténuantes de Jean Boyer, La Vie d'un honnête homme de Guitry, La Traversée de Paris d'Autant-Lara et Les Tontons flingueurs (voir ci-après). Et voir mes réponses aux questions 2 et 9. 14. Peut-être le “Jambier, Jambier” ou le “salauds de pauvres” éructés par Gabin dans La Traversée de Paris. Et pour moi, le “c'est curieux chez les marins ce besoin de faire des phrases” d'Audiard, pour Les Tontons Flingueurs, est un sommet. 15. On retrouve Laurel & Hardy… Plus près de nous, Crimes et délits de Woody Allen, par exemple, ou, encore plus près, Le Bruit des glaçons de Bertrand Blier et le quasi testament de Bergman En présence d'un clown. 16. Le cinéma d'un génie indien mal connu et sous-estimé : Guru Dutt. 17. Même en ayant triché, il y en a plein, signés Ford, Huston, Wilder, Lubitsch, Blake Edwards, les Monty Python ou Satyajit Ray, par exemple. Mais je choisis Le Dictateur de Chaplin, pardi !

La Nuit du chasseur

GÉRARD LENNE 1. La Belle et la Bête. 2. Sans doute Pierrot le fou. 3. À pied, à cheval et en voiture. 4. Cartouche. 5. Citizen Kane. 6. Le Pont de la rivière Kwaï. 7. Les Lumières de la ville. 8. Marie-Octobre. 9. Le Mort en fuite. 10. Tout sauf l'ennui. Donc, aucun n'est à l'abri. 11. M. Lestingois dans Boudu sauvé des eaux. 12. La Taverne de l'Irlandais. 13. The Party. 14. Euh… ça va me revenir, sûrement, il y en a plein…. 15. Chansons du 2e étage. 16. Aucune (je n'ai pas assez travaillé). 17. J'aurais bien réussi !

MICHEL BERJON 1. Jour de Fête (sorti le 4 mai 1949). 2. À bout de souffle (14 fois). 3. Aucun, j'ai eu une enfance sans cinéma (ni télé, naturellement)… 4. West Side Story. 5. Les Parapluies de Cherbourg. Les autres qui ont beaucoup compté pendant les années étudiantes : Persona, © les Fiches du Cinéma 2010 - N°2000

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L’Amour fou (Rivette), Huit et demi, 2001. 6. La Bombe (Peter Watkins). J'ai aussi tremblé avec Répulsion (Polanski) et Les Chiens de paille (Peckinpah). 7. Ben Hur (Wyler) mais aussi Zardoz et Mort à Venise. 8. Ådalen 31 (Bo Widerberg) mais aussi Le Sel de la terre (Biberman) : deux films politiques. 9. Bowfinger, roi d'Hollywood (F. Oz). Je citerai bien d'autres films considérés comme des nanars (car mélos) par certains, comme Peggy Sue s'est mariée (Coppola) ou La Route de Madison (Eastwood). 10. Ingmar Bergman. 11. Charlot, Buster Keaton, Groucho Marx, la plupart des personnages interprétés par Jean-Pierre Darroussin. Et j'ajouterai tous les pères confrontés à leur[s] filles[s]… 12. Nuits blanches à Seattle (N. Ephron) parce que tout le monde il est beau, et les baraques aussi… 13. La Rose pourpre du Caire, On connaît la chanson et un coffret Marx Brothers. 14. “Allons-y, Alonzo !” et “Au pieu, les p'tits vieux !” (Pierrot le fou). 15. Fanny et Alexandre (Bergman). 16. Nos meilleures années (M.T. Giordana). 17. La Vie est belle (Capra), Little Big Man et aussi Chantons sous la pluie, Vivre (Kurosawa), La Nuit du chasseur, La Mort aux trousses…

Jean-Pierre Darroussin

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LES ANNÉES 1950

Mary Poppins

MARGUERITE DEBIESSE 1. Bus Stop de Joshua Logan. 2. La Nuit du Chasseur de Charles Laughton, Autant en emporte le vent (cité plus bas) et Vertigo, La Mort aux trousses… un max de Hitchcock, ainsi que Manhattan, Hannah et ses sœurs, Intérieurs… un max de Woody Allen. 3. Mary Poppins de Robert Stevenson (!) en 1964. En première lecture c'est une délicieuse comédie musicale joyeuse et enfantine ; en seconde lecture c'est un grand film socialiste sur les rapports (je dirais même plus la lutte) des classes. Une sorte de chef-d'œuvre dans son genre. Toujours en 1964 : Yoyo de Pierre Etaix, vu avec ma petite sœur et ma grand-mère, qui nous avait ensuite offert un yoyo : je l'ai encore. 4. Autant en emporte le vent de Victor Flemming (Scarlet : “Taratata, j'y penserai demain”, l'icône de la procrastination) et Bullit de Peter Yates (Aaaaah… Le beau Steve !). 4 bis. Les films de ma jeunesse : L'Une chante, l'autre pas d'Agnès Varda (1977) : je peux encore en chanter certains airs, La Marquise d'O d'Éric Rohmer. 5. L'Epouvantail de Jerry Schartzberg et La Maman et la putain d’Eustache. 6. Les Bérets verts de John Wayne en 1968 ! Vu au cinéma du CFM où mon père était commissaire de la Marine, à Hourtin, entourée d'appelés pétrifiés. 7. Les Dix commandements de Cecil B. DeMille (1923). 8. The Americanisation of Emily de 05

Arthur Hiller (1964) : un grand film antimilitariste en forme de comédie romantique avec la géniale Julie Andrews ; In the Cut de Jane Campion ; et, très récemment, The American de A. Corbijn. 9. Lawrence d’Arabie de David Lean mais ça n'est pas vraiment un nanar. Quoique… 10. Woody of course, Hitchcock aussi et quelques autres : j'ai l'indulgence généreuse, pas seulement avec les réalisateurs d'ailleurs. 11. La Scarlet d'Autant en emporte le vent, encore : j'aurais aimé être aussi garce et aussi courageuse. 12. Indiscrétions de George Cukor. 13. Les Grands ducs de Patrice Leconte, Faut qu'ça danse de Noémie Lvovsky et tous les Marx Brothers. 14. “Les vrais problèmes sont à Beyrouth” in Les Femmes, les maris, les amants de Pascal Thomas et, évidemment : “Si c'est une œuvre…” in Les Tontons flingueurs de Lautner. Mais aussi “On est pas bien là, à la fraiche, décontractés du gland ?” in Les Valseuses de Bertrand Blier. 15. The Americanisation of Emily, donc, En quatrième vitesse de Robert Aldrich et Faut qu'ça danse à nouveau. 16. Il y en a beaucoup mais la plus récente est La Femme aux cinq éléphants de Vadim Jendreyko. 17. L’Aventure de Mme Muir de Joseph Mankiewicz, Jules et Jim de François Truffaut, Le Salon de musique de Satyajit Ray, etc, etc, etc… C'est affreusement frustrant ces choix !


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La Mort aux trousses

PATRICK FLOURIOT 1. Un condamné à mort s'est échappé (Robert Bresson). 2. Playtime ( Jacques Tati). 3. Les Mines du roi Salomon (avec Compton Bennett et Andrew Marton), ainsi que Voyage au centre de la Terre (voir n° 6). Un héros qui part dans un long voyage plein d'embûches à la recherche de quelque chose ou de quelqu'un qu'il considère comme précieux, c'était le top. Et ça le reste, d'une certaine manière. 4. Vivre sa vie ( Jean-Luc Godard). 5. 2001, l'odyssée de l'espace (Kubrick) 6. Voyage au centre de la Terre (Henry Levin), pour les scènes avec les lézards géants et l'éruption volcanique finale, et Le Jour le plus long à cause des explosions multiples et variées : deux films que j'ai vus enfant et sûrement trop jeune. 7. La Kermesse héroïque ( Jacques Feyder), détesté en partie parce que trop vu à la télé, les jours de pluie, enfant. 8. Un flic (le meilleur Jean-Pierre Melville, le dernier et l'un des moins connus de ses films). 9. Je n'aime aucun nanar, désolé. 10. Ingmar Bergman. 11. Celui joué par Cary Grant dans La Mort aux trousses (Hitchcock). 12. Madame de de Max Ophuls à cause de l'extrême élégance des personnages et du style d'Ophuls. © les Fiches du Cinéma 2010 - N°2000

13. Pauline à la plage (de toutes façons, un Rohmer ou un Lubitsch, il n'y a rien de mieux contre le blues). 14. C'est un titre de film : Au hasard Balthazar (R. Bresson). Par exemple, j'ai longuement réfléchi avant de me décider : je n'ai donc pas arrêté mon choix au hasard Balthazar. 15. Le Limier de Mankiewicz (et Smoking/No smoking de Resnais). 16. Le cinéma de Lucrecia Martel (plus je repense à ses films, plus je la trouve géniale). 17. Un film de Buñuel, par exemple Nazarin ; ou de Rossellini, par exemple Voyage en Italie.

ROLAND HÉLIÉ 1. En juillet 1958, la caméra à usage domestique n'existait pas encore, personne n'imaginait pouvoir filmer la naissance de son enfant. Pour les pères, à l'époque, il fallait commencer par batailler, pied à pied, pour assister à ce spectaculaire travail qu'on dit de mise au monde. Alors filmer, ou photographier, nul ne l'envisageait ! Dans le cas contraire, si le film de mon exfiltration et de mes débuts avait existé, j'en aurai très volontiers choisi l'un des photogrammes pour la couverture de l’Annuel. Qui aurait à cœur de me disputer qu'il puisse faire date à mes yeux ? Mises à part de fastidieuses considérations commerciales, le choix de la couverture de l’Annuel ne vaut que pour les vifs débats dont il est habituellement le prétexte : aussi, pour ne pas déroger à la règle, je propose, en souhaitant, rétroactivement, “bon courage” au rédacteur en chef de l'époque, de réserver la couverture de l’Annuel 1959 (Tous les films 1958), à 06

l'un des longs métrages suivants : Ascenseur pour l'échafaud de Malle, Témoin à charge de Wilder, Le Septième sceau de Bergman, Les Nuits blanches de Visconti, Mon oncle de Tati, La Soif du mal de Welles, Quand passent les cigognes de Kalatozov, Ennemi Public de Siegel, La Toile d'araignée de Minelli, La Ronde de l'aube de Sirk… Ai-je une préférence ? Non. Franchement, je crois que je m'en fiche. 2. Le Septième sceau de Bergman. À 25 ans, c'était déjà le film que j'avais le plus vu. Et encore aujourd'hui que j'en ai 52. C'est le film que j'ai le plus vu à tous les âges de la vie. Quand il passe quelque part, je cours… S'il ressort, j'entre… Le challenger s'intitule Apocalypse Now de Francis Coppola. 3. Aucun film n'est “toute mon enfance”. Mon enfance ne s'est pas solidarisée à un film en particulier mais plutôt à la télévision en général. Penser à mon enfance revient à me souvenir des westerns dominicaux sur la première chaîne, des ciné-clubs de Patrick Brion, de Claude-Jean Philippe. Des Histoires sans paroles et du cinéma animalier de Frédéric Rossif. Mais avant toute chose, je me sens appartenir à la génération qui a découvert, enfant, enfant j'insiste, l'existence de la solution finale. À la télévision en particulier, à travers Nuit et brouillard et de très abondantes images d'archives. Nul n'a cherché à m'en épargner, bien au contraire, ce dont je remercie mes parents. Je ne pourrais jamais comprendre quel spectateur je suis sans m'en souvenir. Le dimanche matin, à midi très exactement, mon père, ma sœur et moi avions rendez-vous avec la Séquence du spectateur. Bordée par Télé-Philatélie de Jacqueline Caurat et le Discorama de Denise Glaser, l'émission, présentée par Catherine Langeais nous demandait une demi-heure de notre temps et proposait trois extraits de films. Ce rendez-vous nous tenait lieu de vie religieuse. La Séquence… a continué des années et nous ne la manquions que très rarement. Pendant le générique, nous croisions les doigts, espérions découvrir des extraits de films nouveaux, ou récents, et le plus souvent - c'était pas tous les jours miracle - nous étions déçus. Le dimanche suivant, on se laissait prendre à nouveau. De temps en temps, mon père m'emmenait dans un cinéma de quartier, au Capitole, à Villejuif, où nous habitions. Nous y avons vu la plupart des Bruce Lee. J'en éprouvais beaucoup de plaisir.


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Peut-être ne faudrait-il pas l'avouer… mais je ne rougirai jamais des rares moments que je passais seul avec lui et la salle pour ordinaire qu'elle fut, ne m'en apparaissait pas moins d'un faste tout à fait inédit. À ma mère, à ma sœur un peu jalouse, nous disions que nous sortions tous les deux, entre hommes. J'aimais beaucoup Bruce Lee, ce que ce corps me semblait capable de faire, cette autorité de chat sauvage. Avec deux morceaux de manche à balai reliés par une corde de nylon, je m'étais fabriqué un nunchaku. Mes coudes s'en souviennent encore. Et face au miroir d'une armoire achetée chez Léviathan, je m'entraînais à reproduire son redoutable feulement. 4. Au lycée, il existait un ciné-club où je ne suis allé voir que trois films en tout et pour tout : La Faille de Peter Fleischmann, La Solitude du coureur de fond de Tony Richardson et Les Fraises sauvages d’Ingmar Bergman. Ce ciné-club avait lieu dans une très ordinaire salle de classe convertie, par simple obturation des fenêtres, en salle de projection à l'obscurité imparfaite, aux sièges malcommodes et bruyants. Les films n'étaient pas mauvais mais nous n'avions pas le choix. Il me faudrait quelques années pour comprendre que cette situation était celle du cinéma tout entier. 5. Lucky Jo de Michel Deville, à la télévision. Quand, au volant de sa voiture, Eddie Constantine essuie un tir de mitraillette, j'ai tremblé pour lui et pris mes parents à témoin de l'apparition de trous de balles dans le pare-brise. Ma cinéphilie est née très précisément là, dans l'éclat de rire conjugué de mes parents. 6. Le Casanova de Fellini. Pour en savoir davantage, m'appeler au 06 08 09 21 70. 7. Ce n'est pas un “classique” au sens propre mais plutôt un “moderne”. Il arrive parfois qu'ils soient en guerre, que les uns ne vaillent pas mieux que les autres. En tout état de cause, il s'agit d'un film devenu un classique, une œuvre du patrimoine, le genre “sublime, forcément sublime” : Hiroshima, mon amour. Pour ma part, je le perçois comme un pensum emphatique et sentencieux, un film pour entrer en tenue d'apparat dans la grande académie de l'art, du pompier contemporain l'un des sommets, un modèle de prétention ampoulée et de mauvaise littérature… 8. Le cinéma ne fait que nous renvoyer à notre solitude. © les Fiches du Cinéma 2010 - N°2000

9. In The Mood For Love de Wong Kar Wai, Le Mari de la coiffeuse de Patrice Leconte… 10. Me sentir gagné par le sentiment qu'un film ne me fait pas confiance, qu'il ne compte pas sur mon intelligence et ma sensibilité, ou pire encore, qu'elles l'encombrent, qu'il ne me “calcule” pas comme disent parfois les jeunes, me met tellement en rogne que je pourrais en maudire le réalisateur et sa progéniture pour les sept générations à venir. 11. Schultze, le protagoniste de Schultze Gets the Blues de Michael Schorr 12. Je me figure que les films dans lesquels j'aimerais vivre témoignent de ce monde-ci, tel qu'il est, tel que j'essaie de le comprendre et de l'aimer, sans toutefois y parvenir aussi évidemment que je le voudrais. En escrivant ceste parole, a peu que le cueur ne me fend. Je voudrais vivre dans l'un de ces films qui donnent à penser que l'amour existe, qu'il est promis à chacun d'entre nous, qu'il nous reste d'autres choix que traverser la vie toutes griffes dehors, que nous pouvons nous sauver les uns les autres. 13. Les films que je préfère sont aussi ceux qui me dépriment le plus. 14. Ce n'est pas une réplique, c'est le titre d'un film, de Werner Herzog, que je me répète régulièrement, pour me

rassurer : Les Nains aussi ont commencé petits. En allemand, c'est imprononçable : Auch Zwerge haben klein angefangen. 15. Ce n'est pas comme ça que ça marche… 16. Le Petit fugitif, de Morris Engel, Ruth Orkin et Ray Ashley. 17. Comme j'en ai assez de citer des films, je voudrais lancer un appel : je me souviens d'un étonnant téléfilm dont j'ai malheureusement oublié le titre bien qu'il m'avait bouleversé. Un film dans lequel José Luis de Villalonga interprétait le rôle d'un marchand d'art, collectionneur reconnu, esthète jusqu'au vertige, qui, à l'occasion d'une vente aux enchères, entrait en conflit avec l'un de ses rivaux. Il en résultait un affrontement terrible où tous les coups pour détruire l'adversaire étaient permis. À la fin, Villalonga apprenait que son épouse, femme sublime dont il était éperdument amoureux, avait subi, avant de le rencontrer, une opération de chirurgie esthétique et ne le lui avait jamais révélé. La fin laissait penser qu'au nom de l'art, de la beauté authentique, il allait la répudier et probablement en mourir. J'aimerais bien le revoir. Si quelqu'un s'en souvenait et pouvait m'en communiquer les références, j'ai indiqué, quelques lignes plus haut, mon numéro de téléphone.

Apocalypse Now

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LES ANNÉES 1960 JEAN-CHRISTOPHE BERJON 1. Le Gendarme de Saint-Tropez, sans hésitation ! C'est une blague, bien sûr... Entre Mary Poppins, La Panthère rose ou même Soy Cuba, franchement il y a le choix ! Mais je dirais Prima della rivoluzione, le premier film, intense et inspiré, de Bernardo Bertolucci. 2. Sans doute Docteur Jerry et Mister Love, peut-être le Jerry Lewis que je préfère. En terme général, j'ai surtout revu les films sur lesquels j'ai été amené à travailler, pour une raison ou une autre : Le Trou, Le Lauréat ou La Soupe au canard (adaptations théâtrales obligent), ou plus récemment Le Nom des gens (pour la Semaine de la Critique), par exemple. 3. À l'époque, ma “bible” était un beau livre consacré à Laurel et Hardy que m'avait offert ma sœur. Je ne connaissais pas encore leurs films, mais les seules photos de leurs exploits me fascinaient et me plongeaient dans d'interminables fous rires. Sans l'avoir vu si tôt, Mon oncle symbolise bien mon enfance. Jacques Tati était une icône dans la famille, et depuis ma petite enfance son nom résonnait à mes oreilles comme un mythe familier (peut-être que les consonnances de son nom et le titre du film induisaient qu'il était une sorte de parent éloigné !). Je me souviens que mon père jouait régulièrement au piano les délicieuses mélodies douces-amères pleines de nostalgie composées pour le film par Alain Romans. Je l'écoutais parfois depuis ma chambre, au moment de m'endormir... Aujourd'hui, je ne peux les entendre (tout comme les valses de Chopin qu'il jouait plus souvent encore) sans sentir les larmes envahir mes yeux. J'ai eu, plus tard, le privilège (et le bonheur) de rencontrer Romans et qu'il joue pour moi ces mêmes mélodies. J'ai été si fier de conter l'anecdote à mon père ! 4. Vers 15 ans, j'étais plus passionné de musique que de cinéma, et passais mes heures libres à jouer au piano et à répéter avec les copains. Autre découverte forte de mon adolescence : l'éveil aux valeurs de justice sociale et aux combats politiques. Un film devait jouer les catalyseurs : Z de Costa-Gavras et son héros donnant sa vie pour ses valeurs, campé par un Montand charismatique à souhait. © les Fiches du Cinéma 2010 - N°2000

Groucho Marx

5. C'est au hasard d'une projection scolaire que le premier déclic s'est opéré. Que j'ai compris qu'au-delà du rire et des seules émotions un film pouvait enrichir, faire réfléchir, grandir, réveiller. Le film qui a provoqué cette prise de conscience : Le Kid de Chaplin, qui n'avait que très peu emballé mes camarades et, au contraire, m'avait ému et révolté. 6. Traumatisé ? Aucun réellement, je crois. Marqué, plus simplement. Des images restant gravées à jamais et resurgissant à des moments inattendus... Johnny Got His Gun ou, plus récemment, Mar adentro. Des monstres attaquent la villes (Them!) malgré ses machineries très visibles. 7. Pour faire suite à d'interminables échanges de provoc(s) lors des réunions des Fiches, j'oserais Le Rayon vert, ou plus simplement à peu près tous les films de Rohmer ! Sa systématique obstination à se focaliser sur une seule chose : faire entendre ses dialogues (faussement frais, mais en réalité ampoulés et prétentieux), en annihilant tout travail des acteurs, du 08

chef op et du langage cinématographique pur m'a toujours exaspéré ! J'aurais peutêtre aussi pu citer les trilogies de La Guerre des étoiles ! 8. Sans vouloir relancer le mouvement de défense des “films du milieu”, j'ai la sensation que la plupart des films généreux et narratifs, et donc par essence un peu plus populaires, sont jugés “faciles” et sans ambition. Comme s'il était facile de toucher, d'émouvoir, tout en disant des choses ! C'est au contraire ce qu'il y a de plus difficile ! Je crois que la facilité réside beaucoup plus dans ces cohortes de nouveaux films poseurs, sans narration ni fond social ou humain, qui se complaisent dans une seule démarche “arty” esthétisante (même quand elle est aride). L'un des parangons de ce cinéma populaire profondément sincère, tendre, généreux et qui mériterait une réévaluation pourrait être Tandem de Patrice Leconte. La dignité pathétique du personnage magnifié par Rochefort m'y émeut sans limite. 9. J'adore un film japonais complètement barré (du grand n'importe quoi !) : Shinboru (Symbol). Mais le film n'étant sorti nulle part en dehors du Japon, disons, au débotté, Bowfinger, roi d'Hollywood où quelques scènes sont réellement hilarantes. 10. Par définition, j'aime le cinéma et suis donc très bienveillant avec tout cinéaste qui ose et prend des risques avec générosité et sincérité. Pendant longtemps, j'aurais tout accepté de Woody Allen. Je le sens aujourd'hui plus endormi dans une créativité routinière (qui n'exclut pas, parfois, de beaux réveils comme Match Point). Aujourd'hui mes bienveillances iraient davantage vers Bertrand Blier, Ken Loach ou Terry Gilliam, par exemple. 11. Mon véritable personnage fétiche serait le Capitaine Haddock : outre la barbe, son côté râleur grande gueule, et sa façon d’être toujours partant pour toutes les aventures pourraient bien me ressembler ! Mais, malgré Jean Bouise et Georges Wilson, le grand écran n'a jamais réussi à Haddock. Je préfère donc citer celui qui m'inspire la plus grande admiration, la plus grande fascination : Groucho Marx, un personnage à lui tout seul, de film en film. Parce que son humour absurde est un régal absolu et d'une éternelle modernité. Parce que sa


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composition physique ultra-stylisée est proche d'une suite de codes surréalistes. Et surtout parce qu’il réconcilie liberté et intelligence dans son rejet sans réserve de tous les ordres bourgeois établis : friqués, religieux, militaires, politiciens, tout le monde en prend pour son grade ! Un Robin des bois par l'humour, l'absurde, la poésie, la folie. 12. Un éléphant ça trompe énormément. Pour jouer au tennis avec Rochefort et Bedos, et avoir la sensation que rien ne peut m'arriver, protégé par l'insouciance et l'indéfectible solidarité d'une bande de copains. Ou, un peu pour les mêmes raisons, l'autogestion libertaire en plus, dans la radio libérée de Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. 13. De nombreuses BO constituent aussi d'infaillibles remèdes ; à commencer par Les Demoiselles de Rochefort ou West Side Story. Je me revois aussi parti à rire sur un lit d'hôpital en repensant à la scène des fléchettes dans Frankenstein Junior de Mel Brooks... 14. Il y en a tellement ! Par exemple : “Ah ben maintenant, elle va moins bien marcher !”, la réplique littéralement absurde de Bourvil regardant sa voiture totalement détruite au début du Corniaud. Ou le “Psychologique !” de l'inénarrable Marielle, expliquant les subtilités du cinéma porno, dans On aura tout vu. 15. La Mujer de Benjamín, un superbe premier film mexicain de 1991 signé Carlos Carrera. Inédit en France, il a pourtant reçu une multitude de prix internationaux. Il est véritablement porté, illuminé, par la présence d'une sublime actrice, encore toute jeune et à l’aube d'une belle carrière. Depuis, la “mujer de Benjamín” est devenue la “mujer de Jean-Christophe”, ceci expliquant cela... 16. Y tu mamá también, un quelconque petit film anonyme, vu en projo de presse. Il m'avait immédiatement séduit, charmé, ému, amusé... embarqué ! J'étais alors à mille lieues de penser que le Mexique allait devenir ma deuxième patrie et Alfonso Cuarón, Gael García Bernal et Diego Luna de bons copains... 17. J'aurais adoré parler de Buffet froid, Moi, toi et tous les autres, Cible émouvante ou de La Vie des autres, par exemple. Mais pour jouer le jeu et ne citer qu'un titre, ce sera un film qui sortira en 2011 : Cuchillo de palo. Un magnifique documentaire paraguayen, grave, bouleversant, intimiste et universel. © les Fiches du Cinéma 2010 - N°2000

Antoine Doinel

JEF COSTELLO 1. Help ! 2. La Mort aux trousses. 3. L’Argent de poche. 4. Passe ton bac d'abord. 5. Les 400 coups. 6. Les Yeux sans visage. 7. Mulholland Drive. 8. La Fille de Ryan. 9. Une Chambre en ville. 10. Clint Eastwood. 11. Antoine Doinel. 12. The Party. 13. Chantons sous la pluie. 14. “Au revoir, les enfants.” 15. Maine Océan. 16. Tropical Malady. 17. Le Samouraï.

NATHALIE ZIMRA 1. C'était il y a à peine 20 ans… Sailor et Lula de David Lynch pour l'énergie qui s'en dégage et qui irradie encore. Sinon… en 1966, date de venue sur terre, moins fantasmatique, incontestablement, La Religieuse de Rivette, pour sa magnifique tenue formelle, la beauté sans afféterie d'Anna Karina et pour l'improbable scandale qu'il souleva dans une France d'avant un certain mois de mai… 2. L'aurais-je adoré que je reste incapable de revoir un film, c'est là, soit l'expression d'un étrange optimisme : tout ce qui est devant est encore plus beau, soit celle d'un pessimisme tranquille : laissons plutôt au souvenir le soin de tout magnifier. 3. L’Argent de poche de Truffaut, forcément… 09

4. Dupont Lajoie d'Yves Boisset, pour l'impression d'alors, d'une suffisance toute adolescente, d'en être cernée. 5. Cris et chuchotements de Bergman et Le Bal d'Ettore Scola. Plus que la révélation d'une cinéphilie, il est des films qui vous révèlent à vous-même et au sentiment puissant d'être dans la vie et d'en goûter ce qu'elle promet de fort. 6. L'Incompris de Luigi Comencini, pour l'impression, d'une stupidité toute adolescente, de l'être moi-même et, mais pour d'autres raisons, Johnny Got His Gun de Dalton Trumbo. 7. Certains grands westerns de John Ford au premier rang desquels, hélas, La Chevauchée fantastique. C'est là le genre de films dont je me sens, de facto et violemment, exclue : une sensation qui est l'antithèse du cinéma. 8. En général je suis plutôt victime du syndrome inverse… J'ai notamment un hermétisme tranquille mais obstiné face au cinéma de Blier fils, que je trouve

Bette Davis


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totalement, résolument, radicalement, emmerdant. Une position pas toujours facile à tenir aux Fiches… 9. La trilogie de L'Homme sans nom de Sergio Leone : Pour une poignée de dollars, Et pour quelques dollars de plus et Le Bon, la Brute et le Truand. Ici, contrairement aux westerns de facture plus conventionnelle, je suis emportée dès la première seconde par la force de l'ironie, le jeu décomplexé des standards du genre, la mélancolie des morceaux de Morricone et l'énigmatique beauté de Clint Eastwood, paradoxalement aujourd'hui le dernier des grands réalisateurs classiques. 10. Ettore Scola parce que le plus délicieux, Kubrick parce que le plus grand. 11. Toutes les vénéneuses de Louise Brooks à Bette Davis. 12. Lady Chatterley de Pascale Ferran, faut-il dire pourquoi ? 13. En cas de déprime je vais au cinéma, pour l'idée de lever la tête… 14. “Y'a pas seulement que de la pomme…” (s'applique indistinctement à tout ce qui ne contient pas de pomme). In Les Tontons flingueurs. 15. Barry Lyndon de Kubrick, et s'ils sont alors toujours mes amis, L'Empire des sens de Nagisa Oshima. 16. Qu'il est décidément fort plaisant de parler cinéma avec un petit blanc d'Alsace très frais, très fruité, et résolument aberrant de se livrer à la même activité avec de la bière tiède. 17. Allemagne année zéro de Rossellini, pour l'infini vertige qui naît des apocalypses.

GÉRALDINE BORRELY 1. Le Lauréat de Mike Nichols. 2. Le Port de l’Angoisse de Howard Hawks. 3. Le Livre de la Jungle 4. Les 400 coups de François Truffaut. 5. Stromboli de Roberto Rossellini. 6. Shoah de Claude Lanzmann. 7. La Vache et le prisonnier de Verneuil. 8. Le Décalogue de Krzysztof Kieslowski. 9. Swept Away (À la dérive) de Guy Ritchie. 10. Terrence Malick. 11. Charlot. 12. Mulholand Drive de David Lynch. 13. Down by Law de Jim Jarmusch. 14. Pierre : “Mais je vous en prie. Figurez-vous que Thérèse n'est pas moche, © les Fiches du Cinéma 2010 - N°2000

elle n'a pas un physique facile, c'est différent. ” (Le Père Noël est une ordure de Jean-Marie Poiré). 15. Trouble Every Day de Claire Denis. 16. Festen de Thomas Vinterberg. 17. Fanny et Alexandre d'Ingmar Bergman.

Les 400 coups

LES ANNÉES 1970 ISABELLE BOUDET 1. Les Aventures de Rabbi Jacob ou La Nuit américaine. 2. Victor Victoria de Blake Edwards. Je l'avais enregistré sur une K7 VHS que j'ai usée à force de visionner le film. J'adorais l'artificialité des décors, le Paris de carton pâte agité par l'énergie comique américaine. 3. Les westerns de La Dernière séance. La Captive aux yeux clairs ou La Prisonnière du désert (me souviens plus bien lequel des deux…).

4. Tous les films de Capra, découverts au Cinéma de minuit de la voix qui tue. Antonioni. 5. Dark Cristal (1982) de Jim Henson & Frank Oz, et Chambre avec vue de Ivory. 6. (dans le bon sens du terme) : La classe ouvrière va au paradis. (dans le mauvais sens du terme) : L'Échelle de Jacob. 7. Senso de Visconti. La douleur essoufflée d'Alida Valli avec ses yeux ronds me donne des boutons !!! 8. À bord du Darjeeling Limited. 9. Les Rois du patin. Une merveille.

Will Ferrel dans Les Rois du patin

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10. Wong Kar-Wai (et il a des choses à se faire pardonner). Godard (lui aussi). Steven Soderberg (mais il n'a rien à se faire pardonner, si mes souvenirs sont bons). 11. Holly Golightly (Breakfast at Tiffany's). Julia Roberts et Will Ferrel (Brennan Huff dans Frangins malgré eux) : ils sont devenus des personnages… 12. Breakfast at Tiffany's. 13. Les Demoiselles de Rochefort (et aussi Tootsie). 14. “I'm just a girl, standing in front of a boy, asking him to love her.” Julia Roberts, dans Coup de foudre à Notting Hill. “Comment Salomon, vous êtes juif ?” Louis de Funes, dans Rabbi Jacob. 15. Frangins malgré eux. 16. Le Chant des oiseaux de Albert Serra. 17. Ça y est, c'est fini ?? Mais, et Lubitsch ? Et Antonioni ? Et Fellini ? Et Cassavetes ? et eeeeeeeeettttttttttttttt...

NICOLAS MARCADÉ 1. La Maman et la putain. Il se trouve d'ailleurs que le film a été présenté à Cannes le jour où je me suis présenté à La Rochelle. 2. Selon la légende, c'est Le Grand blond avec une chaussure noire. Mais en réalité la concurrence est rude. Cette question, dans mon cas, doublonne avec celle du DVD anti-déprime (on en déduira ce qu'on veut). Elle doublonne aussi souvent avec la question sur les nanars (La Boum, Paroles et musique, Les Marmottes, Je vous aime, Rocky III, Les Nanas...), mais pas exclusivement (Un éléphant ça trompe énormément, American Graffiti, La Nuit américaine, Mortelle randonnée, Rocky I, Clara et les chics types, Mes meilleurs copains, Les Bronzés, Breakfast Club, Beau-père, César et Rosalie, L'Incorrigible, Le Magnifique, À nos amours, Elle court, elle court, la banlieue, Little Big Man, Cousin, cousine, La Femme d’à côté...). Dans le cas de tous ces films, les doigts de mes deux mains ne suffisent pas pour compter le nombre de fois où je les ai vus : pour aller au bout, il faudrait que j'utilise mes pieds, puis que j'emprunte au moins une main à ma sœur, qui a vu et revu tous ces films avec moi. Oui, il faut préciser que nous avons eu accès au magnétoscope assez tôt... 3. Les Aventures de Pinocchio de Comencini (avant tout la version télé), Le Roi et l'oiseau de Paul Grimault, Le © les Fiches du Cinéma 2010 - N°2000

Kid de Chaplin et Les Vacances de Monsieur Hulot de Tati. Il faut ajouter aussi la trilogie de Jean-Luc Godard Pagnol, qui, dans la moitié paternelle de ma famille, se récite comme la Torah dans d'autres. 4. La zone que ça recouvre est floue, et peut en contenir plusieurs. Difficile, donc. Une première chose est sûre, c’est qu’entre 10 et 15 ans, les films, pour moi, existaient d’abord comme affiches : celles publiées dans Première sous forme de... fiches... Sinon, j’étais un pur produit de mon temps. J’adhérais pleinement, d’une part aux films musclés et sanglants de l'époque (Mad Max, Conan le barbare, Rambo, Terminator, la série des Freddy...), et d’autre part à toute la lignée des films générationnels français de l'époque : de L'Effrontée aux Nuits fauves, via Subway, Le Thé au harem d’Archimed, 37°2 le matin et Un monde sans pitié. J'avais également un gros faible pour les films d'Alan Parker (Birdy, The Wall, Fame, Angel Heart). Enfin, je pourrais dire que ce qui est toute mon adolescence, c'est, toujours entre 10 et 15 ans, le regard circonspect des caissières me délivrant des billets pour des films résolument pas de mon âge : Canicule, Il était une fois en Amérique, Le Diable au corps, Tenue de soirée, ou, à Paris, dans des salles improbables : Trash, More, Deux ou trois choses que je sais d'elle, le Casanova de Fellini... Plus tard j'ai expérimenté le processus inverse quand, vers l'âge de 17 ans peut-être, un type m'a fait de grands yeux ronds en poinçonnant mon billet pour le Cendrillon de Disney... 5. Furyo de Nagisa Oshima (Paris, été 1983). Puis, dans la foulée, Fellini 11

Roma, Buffet froid (Blier), Les Uns et les autres (Lelouch) et Coup de cœur (Coppola) : quatre démonstrations tout à fait exemplaires de ce que le cinéma peut proposer pour transformer en Formule 1 le petit tacot de la réalité. 6. Dans Creepshow, le film à sketchs de Romero, il y a un épisode qui raconte l'histoire d'un type dont l'appartement est peu à peu envahi par des cafards, et qui ne parvient pas à les éradiquer. Dans la dernière image, on voit la chambre à coucher, toute clean. Le type, lui, semble endormi. Mais bientôt un cafard lui sort de la bouche. Puis une dizaine. Puis ce sont des nuées qui s'échappent en lui déchirant la gorge. Bien des années plus tard, quand, dans le premier appartement que j'ai habité à Paris, un cafard est apparu sur le parquet, puis dix, puis des nuées, il est arrivé, de façon assez fréquente, que cette image me repasse par la tête... 7. Tous ceux dont on sort en disant que les paysages sont superbes. Out of Africa, par exemple, reste un souvenir hautement éprouvant... 8. Violette et François de Jacques Rouffio. La Dernière tentation du Christ de Scorsese. Vivement dimanche de Truffaut. 9. P.R.O.F.S. de Patrick Schulmann (mais je peux le défendre). La Belle histoire (je peux défendre d'autres Lelouch, mais là c'est trop fort pour moi). Je garde aussi un tendre attachement pour Top secret ! et Woody et les robots. Enfin, je dois confesser que j'ai aussi un très bon niveau en Rois du gag. 10. Bertrand Blier. J'ai passé l'éponge sur La Femme de mon pote et Les Côtelettes, j'ai (oh combien !) réhabilité Mon homme et Les Acteurs : Le Bruit des glaçons finira bien par trouver sa place dans l'une ou l'autre de ces catégories.... 11. Rayon hommes : Noiret dans Coup de torchon, Pialat dans À nos amours, David Thewlis dans Naked. Rayon femmes : Giulietta Masina dans Les Nuits de Cabiria et Gena Rowlands dans Opening Night. Rayon enfants : Pinocchio. Rayon animaux : Stuart Little. Rayon mutants : Maître Yoda. 12. Pierrot le fou. D’abord parce qu’il y fait beau. Ensuite parce que c’est un film qui donne envie de tout.


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13. N'importe lequel des films cités en 2. N'importe quel film de Blier sauf ceux cités en 10 (et encore...). 14. Trop difficile. De même que le corps humain est composé de 70% d'eau, mon langage courant est composé de 70% de répliques de films (c'est une maladie familiale). La plus récurente est sans doute “Madame Mado, j’présume ?” (Les Tontons flingueurs), puisqu’elle précède rituellement toute conversation avec une cousine qui m’est chère. La plus ésotérique est à mon avis “je préfère encore le lit de camp d’Henri” (L’Année prochaine si tout va bien), dont seuls ma sœur et moi maîtrisons le maniement. Pour le reste se reporter à la liste des films cités en 2, qui sont tous lu-écrit-parlé. 15. Merci la vie. Je le place ici, mais ce film est par ailleurs toute ma postadolescence, une œuvre d'avant-garde sous-estimée, un remède antidéprime d'un raffinement extrême, un film potentiellement traumatisant (“la scène de la compresse... est-ce que le public supportera ?”) et un inépuisable réservoir à citations (par exemple, il me paraît inconcevable d’avoir une satisfaction dans le travail sans l'accompagner d'un “à mon avis on est bons pour Cannes les enfants, on est bon pour Cannes...”). 16. Another Day in Paradise, La Vie ne me fait pas peur, Virgin Suicide, Peppermint Candy : c'était un peu miraculeux d'aller au cinéma sans attendre rien et de tomber sur des trucs pareils... 17. J’aurais aimé faire figurer des titres de Pasolini, Kubrick, Bergman ou Cavalier, mais après tout, j’ai déjà réussi à citer Schulmann, Chouraqui, Beineix et Stallone : ne soyons pas trop gourmands...

GHISLAINE TABAREAU-DESSEUX 1. À ma naissance, en 1973, mon père m'a donné le prénom Olivia, en hommage à Olivia de Havilland mais ce prénom n'a pas fait l'unanimité. Trois jours après, j'ai changé de prénom. Je ne marcherai pas sur les pas d'Olivia de Havilland. Mon père a été catégorique sur la manière d'orthographier et de prononcer ce nouveau prénom : Ghislaine. Je dois, 37 ans plus tard, toujours expliquer aux gens que je rencontre, comment il se prononce et comment il s'écrit et pourquoi. Parfois, j'en profite pour leur raconter que j'ai été quelqu'un d'autre pendant trois jours. Je crois donc fermement que 1973, c'est l'année de L'Emmerdeur ! © les Fiches du Cinéma 2010 - N°2000

La Strada

2. Depuis le début de mes années puréede-carottes et parce que les enfants sont capables de regarder un film 250 fois jusqu'à ne plus vouloir en entendre parler, le film que j'ai le plus vu est Mon voisin Totoro. Selon mon humeur, je pense que la maman de May et Satsuki est guérie et rentrera à la maison, et d'autres fois je crois qu'elle ne reviendra jamais de l'hôpital. Je trouve cette fin ouverte cruelle mais réaliste. Le reste de ma vie, j'ai souvent regardé Les Tontons flingueurs qui me fait toujours autant rire, mais aussi Un monde sans pitié, La Femme d'à côté… Toutefois, j'aurais aimé pouvoir dire que le film que j'ai le plus vu est Il était une fois en Amérique. 3. Le film de mon enfance est le film de Mardi Cinéma présenté par Pierre Tchernia et celui qu'Eddy Mitchell présentait à La Dernière séance et que j'avais le droit de regarder si c'était un western ou un film comique. Je me souviens donc d'avoir vu de nombreux westerns, les films des Marx Brothers, de Blake Edwards et certains films de Tati, mais aussi le reste du temps, des films avec Terence Hill et Bud Spencer, des films avec Louis de Funès et d'autres avec Pierre Richard. Certains événements ont plus que brouillé mes souvenirs... Conclusion : je peux juste dire que le film qui est toute mon enfance est une comédie. 4. Le film de mon adolescence a tourné au drame, car ma mère n'est jamais revenue de l'hôpital. Je n'avais pas encore 14 ans quand j'ai été subjuguée par Les Yeux noirs de Nikita Mikhalkov et par ceux de Marcello Mastroianni. C'est le jeu de l'acteur, drôle, fragile, touchant qui m'a émerveillée. J'aime aussi quand les films racontent toute une vie. 12

5. Pour moi, le film qui révèle la cinéphilie est un film dans un contexte : c'est sans doute Les Yeux noirs mais peut-être aussi La Strada, que j'ai vu à la même époque et dont la musique me tenait compagnie, beaucoup de désespoir et une grosse envie de m'amuser, des cours de théâtre salvateurs dispensés par les formidables monsieur et madame Cotillard au conservatoire d'art dramatique d'Orléans, une copine de théâtre qui était amoureuse des mains d'Humphrey Bogart et m'envoyait des photos de son idole, un frère, une sœur, un père, une tante et la salle de cinéma où j'ai pu voir en particulier tous les films de Woody Allen et de Fellini pour ne pas oublier de rire et de rêver. 6. Rebecca (dans le film d’Hitchcock) a longtemps hanté mes nuits, avant d'être détrônée par Hannibal Lecter (Le Silence des agneaux) et Benny (Benny’s Video). J'en veux encore aux réalisateurs ! 7. Une poignée de films de Rohmer que je n'ai jamais réussi à regarder en entier : La Collectionneuse, par exemple, c'est un classique ? 8. Je peux tricher ? J'ai envie de citer Esther Kahn de Desplechin. Il n'a pas été sous-estimé par la critique mais je voudrais que les détracteurs de Desplechin n'oublient pas ce film. 9. Pardon ? 10. J'allais dire Claude Chabrol mais je ne sais pas s'il a des choses à se faire pardonner. 11. Comment n'en citer qu'un sur 37 ans… Je me suis longtemps sentie proche de Gelsomina (La Strada). Mais les regards que Noodles pose sur Deborah Gelly (dans Il était une fois en Amérique) ne m'ont jamais quittée.


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12. Dans The Party, évidemment, parce que j'aimerais pleurer de rire et danser plus souvent. Mais aussi un peu dans La Dolce Vita pour rencontrer Marcello Mastroianni à Rome. 13. The Party ou Affreux, sales et méchants ou Ghost World ou American Splendor. 14. Ce n'est pas une réplique, c'est une expression très connue et pas toujours évidente à placer dans la conversation (mais j'y parviens parfois) : “Birdie num-num” (La Party). 15. Un film colombien : Retratos en un Mar de Mentiras (Portraits dans une mer de mensonges). Une jeune fille amnésique et son cousin font le voyage de Bogota à la côte pour récupérer leurs terres, prises dans une grande violence vingt ans auparavant par les paramilitaires. Un film enlevé, politique, où le tragique et le grotesque contrastent judicieusement avec le sensible. Bientôt, j'espère, sur les grands écrans français. 16. En 2004, un jour où j'en avais vraiment besoin, l'ange gardien des Fiches du Cinéma m'a envoyé voir Whisky. Quand la morosité fait rire. Sinon, complètement par hasard ? C'est Lake Tahoe de Fernando Eimbcke, un film très fin sur le deuil, qui distille quelques bonnes scènes d'humour. 17. Un seul ? Alors c'est La Vie moderne de Raymond Depardon. Sinon, d'autres films qui m'ont marquée : Le Voleur de bicyclette, Jules et Jim, César et Rosalie, Vincent, François, Paul et les autres, Meurtre d'un Bookmaker chinois, Les Bronzés font du ski, Mes meilleurs copains, Alice, My Own Private Idaho, Peter's friends, Trainspotting, Kennedy et moi, Le Voyage de Chihiro (pour enfants à partir de 9 ans, j'insiste !), Amours chiennes, Nos enfants chéris, Fausta...

Lost Highway

7. Pépé le Moko de Julien Duvivier. 8. L'Enfance nue de Maurice Pialat, Casa de Lava de Pedro Costa. 9. Black Dynamite de Scott Sanders. 10. Terrence Malick. 11. Tony Montana dans Scarface de Brian de Palma. 12. Les Moissons du ciel de Terrence Malick, ou Suzaku de Naomi Kawase, ou L’Affaire Valérie de François Caillat. 13. Les Vacances de Monsieur Hulot de Jacques Tati, Boudu sauvé des eaux de Jean Renoir, Mystery Train de Jim Jarmusch, tous les films des frères Coen, tous ceux de Wong Kar-Wai… 14. Patricia : “Qu'est ce que c'est dégueulasse ?” (À bout de souffle). 15. 5 courts métrages inédits de Mikhaïl Kobakhidze, Tous les garçons s'appellent Patrick de JLG. 16. Disgrace de Steve Jobbs, Lettre à la prison de Marc Scialom, In the Loop de Armando Ianucci. 17. L'Homme à la peau de serpent de Sydney Lumet, Sans soleil de Chris Marker, Chanson d’Armor et Le Tempestaire de Jean Epstein.

LEÏLA GHARBI 1. Eraserhead de David Lynch (même si le film, sorti en septembre 1977 aux États-Unis, n’est finalement arrivé en France qu’en 1980). 2. Lost Highway de David Lynch. 3. La Guerre des boutons d'Yves Robert et La Boum de Claude Pinoteau. 4. Dirty Dancing de Emile Andolino 5. Les Mistons de François Truffaut, Accatone de Pier Paolo Pasolini, Corps flottants de Robert Cahen. 6. Les Dents de la mer de Steven Spielberg et It de Tommy Lee Wallace. © les Fiches du Cinéma 2010 - N°2000

Rainer Werner Fassbinder

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PIERRE-SIMON GUTMAN 1. La Porte du paradis de Cimino. 2. Despair de Fassbinder. 3. Basil détective privé (dessin animé de Disney sur Sherlock Holmes). 4. Twin Peaks (fausse réponse, mais c'est pas grave). 5. Blue Velvet de Lynch. 6. Le Locataire de Polanski. 7. La Belle Noiseuse de Rivette. 8. La Race des seigneurs de Pierre Granier-Deferre (avec Alain Delon). 9. Dirty Dancing. 10. R.W. Fassbinder. 11. Derek Zoolander. 12. Gigi de Minelli. 13. Chantons sous la pluie. 14. “You fuck my wife ?” (Raging Bull) 15. La Dernière Corvée de Hal Hashby. 16. Que les critiques de cinéma, qu'ils soient des Cahiers du Cinéma, de La Croix ou de Mad Movies, sont en fait presque tous sur le même modèle, avec un style qui change pour s'adapter au public de leur canard. 17. Berlin Alexanderplatz de Fassbinder.


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L’Impossible Monsieur bébé

CHLOÉ ROLLAND 1. Annie Hall. J'ai longtemps voulu épouser Woody Allen et m'installer à New York. Puis, lorsque j'ai vu Meurtre mystérieux à Manhattan, j'ai eu le sentiment que Diane Keaton et lui étaient mes parents qui se remettaient ensemble... Aïe : ce que je viens de dire signifie que je suis un peu Soon-Yi, non ? 2. Dirty Dancing... Je sais : ça commence bien ! Et pour enfoncer le clou : j'aurais pu dire aussi Sissi. 3. L'Effrontée. J'ai toujours voulu faire du piano... sans m'y mettre. 4. La Boum, parce que Dreams are my reality... Enfin, presque ! 5. L'association entre L’Ami de mon amie, Le Mépris et Casino a fondé ma cinéphilie. J'avais en tête que le cinéma - et la vie - étaient très codifiés. Et j'ai découvert qu'on pouvait parler faux, dire des banalités avec beaucoup de profondeur ou des choses sérieuses avec beaucoup de légèreté et rendre tout ça virtuose. À partir de là, je n'ai plus jamais compris le monde, ni la vie ! Et j'ai toujours eu besoin du cinéma. 6. L'Été meurtrier. Ouh la la, ça me reprend... 7. Les classiques chefs-d'œuvre : aucune idée. Les classiques de ma génération : Star Wars. 8. La Maman et la putain... Ah bon, tout le monde adore ? © les Fiches du Cinéma 2010 - N°2000

9. La Chèvre et, par extension, tous les Grand Blond, car aussi loin qu'il m'en souvienne Pierre Richard a souvent été accolé à mon prénom. Je me suis moi-même sentie épaulée par son souvenir le jour où je me suis rendu compte à la grille de l'école primaire que j'avais oublié mon cartable ! Et, encore récemment, on m'a appelée Pierre Richard lorsque, pêchant pour la première fois la palourde, je me suis retrouvée enfoncée jusqu'à mi-cuisse dans de la vase. Je n'ai jamais espéré si fort rencontrer Gérard Depardieu. 10. François Truffaut. Jules et Jim est ma première VHS rien qu'à moi. Elle m'a été offerte par un ami de ma sœur. Ça m'a comme donné une légitimité : on reconnaissait mes goûts ! Bon, j'en ai peut-être abusé un peu par la suite (voir réponse 15). Truffaut est resté mon cinéaste de jeune fille. 11. Susan Vance dans L'Impossible monsieur Bébé. Disons que c'est un peu plus flatteur d'être gaffeuse comme Katharine Hepburn que comme Pierre Richard. 12. Mon rêve était de vivre en noir et blanc, je trouvais ça plus classe. Alors dans les films de Cassavetes, ce que ça aurait été joli ! Et puis j'ai vu le documentaire de Labarthe. Là, je me suis dit que c'était classe aussi Cassavetes-Rowlands dans la vraie vie... 13. Indiscrétions. Parce que Katharine Hepburn, encore. Et parce que j'aime bien que la vie puisse trouver une issue “logique” dans les sentiments. Ça, vraiment, ça me “remprime”. 14. Ma mémoire était plus vive, petite, alors je cite encore Dirty Dancing : “Ceci est mon espace, ceci est ton espace” (mais je me soigne !) et La Boum, car je dis régulièrement “Han... J'ai rien à me mettre !” 14

15. Depuis que j'ai insisté pour aller voir Le Principe de l'incertitude de Manoel de Oliveira, mes amis me font moyennement confiance. Voire plus du tout, en fait... Alors j'ai changé mon fusil d'épaule et conseillé Dans Paris. Mon DVD circule encore... Maintenant qu'ils me font de nouveau confiance, je vais peut-être pouvoir les amener au prochain Straub, qu'en pensez-vous ? 16. Pas de repos pour les braves. J'ai retrouvé ce plaisir du cinéma, tel que je l'avais découvert avec Rohmer et Godard, à savoir : “Ah bon, on a le droit de faire ça ?... Génial !”. Moi qui ne veux toujours pas aller dormir, Alain Guiraudie m'a enchantée. 17. J'aurais pu citer beaucoup Bertrand Blier, que j'ai rencontré avec Trop belle pour toi et délicatement aimé avec Merci la vie. C'est, en quelque sorte, lui qui a remplacé Truffaut, dans ma vie d'adulte.

CYRILLE LATOUR 1. Sonate d'automne, pour faire bien, ou alors Les Routes du Sud, pour le couple Losey-Semprun en pleine dépression / désillusion, mais en fait Préparez vos mouchoirs, parce que, au-delà du charme inaltérable du film (et de l'hommage à mon rédac' chef ), le titre s'annonce divinement programmatique pour commencer dans la vie (à part ça, je vais bien, je vous remercie…) ! 2. J'aimerais pouvoir citer des films subtils et intelligents, mais en vérité, je crains qu'il ne s'agisse de L'Enjeu de Barbet Schroeder. Étrange mystère de ce film : à chaque rediffusion (et elles sont nombreuses), je le revois… en oubliant l'avoir déjà (re)vu ! Et inutile de me demander le résumé, j'ai déjà oublié… 3. Sissi et ses interminables suites… Souvenirs de Noël télévisés et premiers émois amoureux par écran interposé… 4. Trinita et ses interminables suites… Souvenirs de cours de récré et concours d'imitations de baffes qui claquent à la Bud Spencer (merci les redif de la 5 !) 5. Véridique : le jour de mes 18 ans, en pleine prépa scientifique, la découverte de La Maison du docteur Edwardes, au Champo, répond d'un coup à toutes mes angoisses d'avenir. Non, finalement, je ne serai pas ingénieurélectronique. Cinq ans plus tard (c'est que ça travaille longtemps les angoisses d'avenir, surtout quand on a commencé le cinéma par Trinita…), j'entre aux Fiches ! Ouf ? Oui, ouf !


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6. Les Oiseaux, découvert à la télé à 10 ans (merci FR3 !) : des nuits et des nuits de cauchemars… 7. Autant en emporte le vent (désolé…) 8. Une semaine de vacances de Tavernier : un charme délicieusement mélancolique qui, avec le temps, parvient à dépasser toute volonté “sociologisante” ; et surtout le retour clin d'œil de Philippe Noiret dans le rôle de Michel Descombes (le père de L'Horloger de Saint-Paul). 9. Alors là, un bon paquet (mon goût pour les causes perdues…) ! puisqu'il faut choisir : L’Antre de la folie, à peu près tous les De Palma (même Femme fatale) et la plupart des Dario Argento… 10. Joseph Losey ! Même quand il se rince l'oeil dans Steaming, c'est dire ! 11. L'homme-singe d'Oncle Boonmee… ! 12. Baisers volés et Domicile conjugal : fraîchement arrivé dans ma chambre de bonne parisienne, je me voyais déjà teindre des roses dans la cour pour arrondir mes fins de mois… 13. Même pas honte : La Vie est belle de Capra (mon petit côté boy scout…) 14. “Prenez un chewing-gum, Émile…” (La Cité de la peur). “Buy yourself a neck !” : petite private joke pour mon frère, tirée des Ailes de l’enfer (quand je disais que j'avais un certain goût pour les nanars…). “Signal à droite, Clyde !” (une autre private joke et un autre nanar adorable : Doux, dur et dingue). 15. Judex de Franju, pour pouvoir leur en reparler encore et encore et voir leurs yeux s'éclairer… 16. Incontestablement Jaime Rosales (Las Horas del Día, La Soledad…) et bien évidemment A. Weerasethakul (il fallait bien, à l'époque, une certaine “conscience professionnelle” pour tenter l'ovni Blissfully yours). 17. Beaucoup trop !

CÉDRIC LÉPINE 1. L’Arbre aux sabots (Ermanno Olmi) : ça tombe bien, c'est lui qui a été choisi ! 2. Ne revoyant un film que tous les dix ans, j'aurai peut-être une réponse au bimensuel n°4000. Je vois très rarement un film plusieurs fois. 3. La trilogie Fantômas (André Hunnebelle) car je n'allais pas au cinéma et les comédies de De Funès étaient alors omniprésentes à la télévision. J'ai connu le cinéma très tard car, dans ma campagne, il n'y avait pas de salles de proximité. Disons que j'ai beaucoup fantasmé le cinéma avant de le connaître vraiment. L'idée a donc précédé son incarnation pelliculaire. 4. Forrest Gump (Robert Zemeckis) : ce n'est certainement plus un film que j'aimerais revoir maintenant mais il fait partie de ces rares films que je me suis permis pour la première fois de voir en salles, enfin. 5. Einstein Junior (Yahoo Serious) qui est le premier film vu dans une salle de cinéma. Plus que le film c'est lui qui m'a fait découvrir ce lieu qu'est la salle et les conditions inhérentes à la projection, qui déterminent le cadre dans lequel s'aventure le spectateur. 6. La Mouche noire (Kurt Neumann). Un être pas tout a fait homme ni tout a fait autre chose. Une scène en particulier : la dernière, dans la toile d'araignée ! 7. Les films hollywoodiens sexistes et racistes (car en plus d'être détestables, ils ont souvent le monopole des écrans dans le monde entier). Ces films qui prônent insidieusement, sous l’apparence d'une simple distraction, la conquête de l'autre, quel qu'il soit, et non sa rencontre.

Oncle Boonmee

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The Harder they Come

8. Les films indépendants, qui ne peuvent se faire connaître alors qu'ils constituent ce que l'on peut attendre de mieux du cinéma. Car, dans le cinéma comme dans la société, les inégalités entre les uns et les autres sont catastrophiques, conduisant à ne voir que la partie émergée de l'iceberg, autrement dit les films qui ont la puissance économique de se faire connaître. 9. Celui que je n'ai pas encore vu et que je fantasme encore. Je suis très curieux de découvrir toutes ces productions mexicaines de science-fiction, d'horreur et érotiques des années 1960 et 1970, s'articulant autour d'un légendaire personnage : El Santo. 10. Le cinéaste qui ose s'exprimer vraiment, quitte à ne pas être immédiatement compris. Je crois beaucoup aux intentions mais je n'ai pas suffisamment de liens intimes avec un réalisateur pour utiliser le terme “pardon”. 11. La lumière en mouvement, autrement dit l'essence du cinéma. Les lignes grattées sur une pellicule m'intéressent autant que la trace d'un acteur laissée sur une pellicule photosensible. Pas de simulacre : ils ont autant de réalité l'un que l'autre en projection. 12. Aucun. Cette idée même est un cauchemar, car malgré ma passion pour certains cinéastes géniaux, je n'aimerais


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pas que ma vie soit réglée par un être omnipotent. Je vais au cinéma parce que j'aime la vie sensitive et aucun film ne m'a offert les plaisirs d'un repas et d'une rencontre. En revanche, le cinéma est un prétexte à rencontres et sujet à débats qui alimentent notre vie. 13. En cas de déprime, je vais au cinéma, car si le film est mauvais, au moins je serai sorti de ma torpeur pour constater qu'il y a toujours une vie en dehors de moi. 14. Les répliques des films de Guitry (du moins, j'aimerais). 15. Un film différent pour sortir des habitudes de vie et de penser, entrevoir ainsi la réalité de l'indéracinable complexité du monde. Ce sera toujours la vitalité de nos échanges que de ne pas rester dans des relations figées et dans des pensées monolithiques. 16. Primer (Shane Carruth). En travaillant pour les Fiches, j'ai eu l'énorme avantage, en tant que spectateur, de voir tous types de films et parfois sans aucune idée préconçue sur lui, car je n'en connaissais que vaguement le titre. J'ai ainsi pu voir des blockbusters que je ne serais jamais allé voir, jugeant pourquoi ils étaient à déconseiller ou pour quelles raisons ils devenaient dignes du plus grand intérêt. Malgré tout, Primer m'a conduit à éprouver une vraie surprise, sortant de tout repère établi. Au final, ce film est une réussite à redécouvrir ! 17. Tous les autres films qui ont chacun à leur manière un sens pour moi ; la liste est longue mais dans la peur d'en oublier certains, je n'en mettrais aucun. Seulement The Harder They Come (Perry Henzell) pour justifier ma photo et pour tout ce dont ce film est porteur, en termes cinématographiques et sociologiques. Un désir de cinéma partagé !

16. Toto qui vécut deux fois de Daniele Cipri et Francesco Maresto. 17. Import Export de Ulrich Seidl.

MARIE PLANTIN

Steve McQueen

9. Tout ce que la terre compte de films d'horreur ou d'épouvante tenant plus ou moins la route. 10. Spielberg, Scorsese, Gray, Techiné, Desplechin, Haneke… 11. Patrick Dewaere dans Série noire, Richard Gere dans Les Moissons du ciel et Steve McQueen à peu près tout le temps. 12. 1941, Gangs of New York et La Guerre du feu. 13. Il était une fois en Amérique, La Porte du Paradis, Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander. 14. “L'important ce n'est pas d'où on vient mais où on va” ( Johnny Depp dans Public Enemies). 15. Avant que j'oublie de Jacques Nolot.

1. 1979, j'aurais hésité entre Buffet froid de Blier et Le Roi et l'oiseau. 2. Indiana Jones et la dernière croisade. 3. La Gloire de mon père. 4. L'Effrontée. 5. Boy meets girl de Leos Carax. 6. Bambi. 7. Je déteste Citizen Kane justement parce que je n'ai jamais réussi à le regarder et que c'est un classique ! Mais quand je dis jamais réussi à le regarder, je n'ai jamais rentré la VHS (oui, j'en suis encore là) dans le magnéto. En gros, j'ai toujours mieux à regarder… 8. Tootsie. 9. The Mask. 10. Éric Rohmer, mais maintenant il est mort. 11. Anouk Grinberg dans 1, 2, 3 Soleil de Blier. 12. Buffalo’ 66 (à côté de Vincent Gallo, peu m'importe le décor et le temps qu'il fait). 13. J'ai horreur de l'amour de Laurence Ferreira Barbosa. 14. Jef Golblum en version française dans le premier Jurassic Park : “Je parle tout seul. C'est la théorie du chaos.” 15. Les Chansons d'amour de Honoré ou Cléo de 5 à 7 de Varda. 16. Andrew Kötting (Cette sale Terre et Gallivant). 17. Y'en a trop c'est pas du jeu… Allez, un Claire Denis, tiens : Trouble Every Day… Hé Hé.

JULIEN NÈVE 1. Le Sucre de Jacques Rouffio. 2. C'est sans conteste L'Histoire sans fin, à égalité avec La Grande évasion. 3. Stand by me. 4. Il était une fois en Amérique. 5. Bad Lieutenant et J'embrasse pas. 6. Baxter et Le Temps des gitans, deux films vus à leur sortie. J'avais alors 11 ans. Je ne les ai vu qu'une seule fois, ce sont pourtant les films dont j'ai le souvenir le plus précis. 7. Bambi. 8. Ma 6-T va craquer (rien que pour Christian et Claude !). © les Fiches du Cinéma 2010 - N°2000

Buffalo’ 66

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LES ANNÉES 1980

Indiana Jones

MICHAEL GHENNAM 1. Les Aventuriers de l’Arche perdue (Spielberg) ou Excalibur (Boorman). 2. Indiana Jones et la dernière Croisade. Quand j'ai arrêté de compter à la fin des années 1990, j'en étais à 35... 3. Il y en a beaucoup, forcément... Une trilogie : La Guerre des étoiles, L'Empire contre-attaque et Le Retour du Jedi ; le début d'une autre avec Retour vers le futur, car je n'ai vu le deuxième que des années plus tard... Et Piège de cristal, préféré à un mollasson Au service secret de sa majesté qui passait ce soir-là ! 4. Correction : “les films”, nécessairement ! D'abord À la poursuite d'Octobre Rouge (McTiernan), La Folle journée de Ferris Bueller (Hughes), Terminator 2 (Cameron) puis Scarface (De Palma, 1983), L’Armée des douze singes (Gilliam), Trainspotting (Boyle) et Starship Troopers (Verhoeven)... Et, pour conclure, Fight Club (Fincher). 5. Il y en a beaucoup trop (dont un long documentaire sur la MGM, bourré d'extraits fabuleux, qu'avait diffusé le Cinéma de Minuit) : Blade Runner, Lawrence d’Arabie, Le Parrain, Casablanca, Les Affranchis, Abyss... et impossible de ne pas citer la séquence du concert de L'Homme qui en savait trop d’Hitchcock. 6. Pour m'avoir terrifié à l'époque, Les Poupées du diable (Tod Browning, 1936) et Les Diables (Ken Russell, 1971)... Autrement, encore Fight Club, Brazil, La Ligne rouge et 2001 : L’Odyssée de l'espace. 7. La Mélodie du bonheur et E.T. L'extraterrestre. C'est gratuit et infâme de ma part, je sais. 8. THX 1138 de George Lucas et Dune de David Lynch. Les deux ont vieilli, mais je ne m'en lasse pas... Et l'oublié Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin de John Carpenter ! © les Fiches du Cinéma 2010 - N°2000

9. Commando (Mark L. Lester). Si ça n'est pas satisfaisant dans le mauvais goût avéré, je peux aussi citer Top Gun. Sinon, Stargate, la porte des étoiles et The Mask, mais ils sont généralement plus sympathiques... 10. Stanley Kubrick (c'est déjà fait), Sergio Leone (ça va être dur tellement c'est irréprochable), Terrence Malick (l'homme dont tous les films se bonifient avec le temps) et David Fincher (j'attends encore qu'il me donne tort). 11. Le Roi Arthur dans Sacré Graal, Brian dans La Vie de Brian et Marty McFly dans la trilogie Retour vers le futur. 12. Le Paris de Charade... 13. Attention, liste exhaustive ! Les parodies des ZAZ : Y a-t-il un pilote dans l'avion ?, Y a-t-il enfin un pilote dans l'avion ?, Top secret !, Y a-t-il un flic pour sauver la Reine ?, Y a-t-il un flic pour sauver le Président ? Puis le Zoolander de Ben Stiller, et pour rester dans le registre de la comédie US délirante, Dodgeball (Rawson Marshall Thurber) et un bon Will Ferrell inédit : Ricky Bobby, roi du circuit (Adam McKay). Enfin, sur le podium : La Cité de la peur (Alain Berbérian), La Classe américaine (Michel Hazanavcius) et... Docteur Folamour (Stanley Kubrick), absolue perfection. 14. Le “Monde de merde” de l'inoxydable George Abitbol (in La Classe américaine). 15. Presque célèbre de Cameron Crowe. 16. Quelques films divers et variés, vus durant ma première année (2004) : Incident au Loch Ness (Zak Penn), Love Object (Robert Parigi), Maria pleine de 17

grâce ( Joshua Marston), Mon trésor (Keren Yedaya), La Niña santa (Lucrecia Martel) et Tarnation (Jonathan Caouette). 17. Trop plein de titres ! Nosferatu (Murnau), Citizen Kane (Welles), Diamants sur canapé (Edwards), Yojimbo (Kurosawa), Le Lauréat (Nichols), Aguirre, la colère de Dieu (Herzog), Combat sans code d'honneur (Fukasaku), Carrie au bal du Diable (De Palma), Apocalypse Now (Coppola), The Fog (Carpenter), Amadeus (Forman), Blue Velvet (Lynch), Miller's Crossing ( J&E. Coen), Delicatessen (Caro & Jeunet), Short Cuts (Altman), Pulp Fiction (Tarantino), Requiem for a Dream (Aronofsky), tous les Sergio Leone et les Kubrick que je n'ai pas cités (sauf un) et, en vrac, quelques Sam Peckinpah, Samuel Fuller et Michael Mann...

MARINE QUINCHON 1. J'aurais bien aimé mettre Fanny et Alexandre, mais il paraît que c'est sorti en France en 1983. Sniff... Donc je mets E.T. Parce qu'on n'a jamais mis d'alien en couv', qu'on ne met jamais de gamins non plus, et que j'en ai assez des gros seins. Et, surtout, parce que je pleure à chaque fois qu'ils retrouvent E.T. dans le ruisseau, même si je sais que le film se termine bien. 2. Probablement L'Empire contreattaque. Mon cœur de midinette n'est pas insensible au furieusement sexy Han Solo (le “gentil vaurien”, un peu comme Flynn Rider dans Raiponce pour lequel j'avoue que j'ai un peu craqué aussi), j'ai toujours rêvé d'avoir un pote comme


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Yoda - dont le poster a recouvert le mur de ma chambre pendant quelques années et j'adore les combinaisons super kitsch qu'ils portent sur la planète Hoth. J'avais réussi à convaincre mes parents de diffuser la cassette sur le grand écran de la salle vidéo de l'arsenal de Cherbourg pour mes amis et moi. On le regardait pratiquement tous les deux jours à l'époque, et je pense que je me défends toujours au Trivial pursuit Star Wars. Et j'attends toujours qu'on m'offre les baskets Chewbacca. 3. Difficile de n'en mettre qu'un. Je vais donc citer d'abord L'Homme de Rio, ce Tintin cinématographique que mon père nous obligeait à regarder dès que ça passait à la télévision ; La Grande vadrouille ensuite, qui fut l'une de nos premières vidéocassettes, aujourd'hui dans un état lamentable, et que nous connaissions bien sûr par coeur (“Are you big moustache ?”). Dans le même ordre d'idées je vais citer Le Père Noël est une ordure ou encore La Vie est un long fleuve tranquille. J'aurais adoré citer des films un peu plus intellectuels, mais on ne se refait pas. 4. Trainspotting. J'avais les mêmes Gazelle Adidas qu'Ewan McGregor. 5. Je vais répondre mon film fétiche : La Nuit du chasseur. Ensuite, il serait plus facile de parler de cinéastes, comme Fellini. Dans le fond, je pense que tous les films contribuent à mon “amour pour le cinéma”. Même les mauvais, parce qu'ils vous font apprécier davantage les bons films. Wall-E

© les Fiches du Cinéma 2010 - N°2000

6. Road Trip. Idiot, ignorant, xénophobe, nationaliste, bourré de clichés et mal interprété. 7. Je vais être très consensuelle et répondre Naissance d'une nation. Dans l'absolu, j'ai beaucoup de mal à “détester un film”. À part, donc, des films comme le sus-cité Road Trip. 8. Le Violon sur le toit. Les réalisateurs de comédies musicales devraient tous regarder celle-ci. 9. Quatre garçons pleins d'avenir. Mais je ne sais même pas pourquoi. 10. Jean-Luc Godard, parce qu'il est suisse. 11. Wall-E. Il est gentil, sympa, émotif et il sauve le monde. Et surtout, il fait le ménage. 12. Retour vers le futur. Pour voyager dans le temps évidemment ! Ensuite j'avais envie de citer ce film parce que c'est la première vidéocassette que j'ai reçue (c'était le jour de mon anniversaire, j'étais en CM1 ou en CM2). 13. Nos jours heureux. Rien que le titre donne envie de sourire. 14. “Y'a pas que de la pomme” (Les Tontons flingueurs). “C'est bon, c'est fin, ça se mange sans faim” (Le Père Noël est une ordure), ou encore “Rose, avec des étoiles vertes” (L’Homme de Rio)... en réalité, je cite beaucoup plus. 15. Le Violon sur le toit. Un film sous-estimé. 16. Christian Berger ! Et sinon, Brillante Mendoza. Lui aussi je serais prête à tout lui pardonner. Enfin, après une intense réflexion, je pense que ma découverte la plus marquante reste quand même le festival de Cannes. 17. En quatrième vitesse.

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Steven Seagal

XAVIER EHRETSMANN 1. Monty Python : Le Sens de la vie. Pour le cinéma,1983 n’est pas une très bonne année à ce que je vois, pas comme pour la musique ! 2. Avatar, sans le son (je travaille dans un magasin de DVDs). 3. Indiana Jones et le Temple Maudit (vu 498 fois), Les Douze Travaux d’Asterix (vu 437 fois), Robin des Bois (le Walt Disney, vu 310 fois), Dumbo (266 fois) et aussi New York 1997 et Le Baron de Münchausen grâce à un pote. 4. Terminator 2, Robocop, mais ils sont encore très liés à l'enfance. Après il y a tout le cinéma iranien et japonais pour une question de rythme. Il n'y en a pas un en particulier que je puisse citer comme “Le film” de mon adolescence. Aujourd'hui je ne revois pas trop les films, je retiens une ambiance, un souvenir général. 5. Les Virtuoses, Lone Star. Le premier c'était mon premier film “pas d'action” et j'ai pleuré à la fin. Je ne crois pas que c'était vraiment bien : je l'ai revu et il m’a semblé que c’était plutôt un film pour mémères… Pour le deuxième, j'aimais bien la gueule de Chris Christopherson et j'ai voulu le voir comme un western. C'était un très bon film, le rythme lent m'a désarçonné. 6. La Planète des singes : je suis devenu végétarien pendant trois jours. Je n'ai jamais vraiment été “traumatisé” par un film je crois. 7. Rosemary's Baby, Gloria, Dune, Mémoires de nos Pères, Rencontres du troisième type, La Liste de Schindler... Je n'arrive pas trop à trouver d'anciens, anciens, peut-être The Thing From Another World qui est vraiment trop bavard…


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Beaucoup de films américains super bavards des années 1960 en tout cas, mais j'ai préféré les oublier. 8. Longtemps ça a été L'Eté de Kikujiro, mais là je crois que c'est réparé. 9. Samson et Dalila, Samurai Cop, Le Clandestin, Enigma (1988), Riki-oh… Ouais, je ne peux pas en citer qu'un ! 10. Takeshi Kitano. Aïe, j'ai pas encore vu les deux derniers !... 11. Steven Seagal, dans le sens où il joue toujours un ex-agent d'un truc pas très clair… C'est marrant, avant j'étais fan au premier degré. Et maintenant au deuxième. 12. Adolescent j'ai vécu dans Box of Moonlight, Rien sur Robert… peut-être encore aujourd'hui, j'aimerais bien m'en sortir. 13. Ma DVDthèque doit comporter 4 DVDs, donc parmi eux je dirais Invasion Los Angeles. Sinon j'ai découvert Le Roi de l'évasion il y a peu. Je n'aime pas les DVDs, je ne peux me concentrer qu'au cinéma.. 14. “C'est le genre de mec qui boirait un bidon d'essence pour pouvoir pisser sur ton feu de camp !” (Terrain miné) 15. Ce soir je vais faire voir à des potes Quoi de neuf, Bob ?, avec Bill Murray. Je vous raconterai comment ça s'est passé. 16. Que votre film préféré à Cannes peut ne pas trouver de distributeur en France. Ce qui s’est vérifié à plusieurs reprises ! 17. Ayant triché je ne m'en sors pas mal. Non, je crois que ça va là…

ANNE BERJON 1. Sans toit ni loi, dont la force est intacte 25 ans après, Sang pour sang, qui marquait les premiers pas des Frères Coen, ou La Rose pourpre du Caire, car les mises en abyme font de jolis clins d'œil en couverture de l’Annuel. 2. Les Demoiselles de Rochefort, une dizaine de fois. 3. Princess Bride, Hook et, même si c'est plus difficile à avouer, Maman j'ai raté l'avion. 4. Scream, pour le plaisir des frissons entre copines. 5. Les Parapluies de Cherbourg et Les Demoiselles de Rochefort, l'année de mes 10 ans, qui m'ont montré à quel point le cinéma, à travers une de ses formes les moins réalistes (le film chanté), pouvait approcher la réalité des émotions. Puis, quelques années plus tard, Huit et demi, qui fut en quelque sorte ma seconde révélation cinéphile. © les Fiches du Cinéma 2010 - N°2000

Les Demoiselles de Rochefort

ROCCO LABBÉ 6. Ce n'est pas un traumatisme, mais je me souviens de mes premières frayeurs cinématographiques : Gremlins, vu à la télé à 7 ans. Il paraît que j'ai passé la majorité du film cachée sous la couette ! 7. Je n'en ai probablement pas encore vu assez pour réussir à trouver une réponse… 8. Récemment, Les Fils de l'homme. 9. Ils sont souvent trop bons pour être des nanars, mais j'ai un gros faible pour les films de zombies… 10. Jacques Demy. 11. Ed Wood, dont l'amour maladroit du cinéma est devenu, grâce à Tim Burton et Johnny Depp, terriblement touchant. 12. La Vie est belle de Frank Capra, et pas uniquement pour être mariée à James Stewart. 13. The Shop Around the Corner. 14. Aucune, ou alors totalement inconsciemment ! 15. Les Enchaînés. Et, plus récemment, De l'autre côté. 16. Le magnifique et surprenant Telepolis, un très bel hommage à Metropolis et à l'expressionnisme allemand (que je n'avais pas réussi à caser dans une autre réponse !). 17. Le Parrain, Sailor et Lula, Les 400 coups, Kill Bill... Et n'importe quel film avec Meryl Streep, qui me bouleverse toujours. 19

1. Pauvre année 1984 ! À défaut de trouver un film que j’aime sincèrement, je propose de mettre un vrai film d’époque, et alors pourquoi pas Footloose ? 2. Les Dents de la mer. 3. Les Dents de la mer. Vu la première fois en Bretagne sur le vieux poste de télévision de mes cousins ; captivé. Sensation que ça se passe sur les plages bretonnes, juste là. 4. Les Dents de la mer ? ou peut-être la trilogie Retour vers le Futur. 5. Les Dents de la mer ? Ou alors peut être Full Metal Jacket, que je regardais très souvent dès 8 ans, comme un plaisir coupable. Toujours la boule au ventre, incapable de faire des tractions comme le personnage de Baleine qui en devenait d'autant plus proche.


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6. Les Dents de la mer. Les baignades au large ne sont pas forcément pour moi des grands moments de détente. 7. C'est peut-être prématuré de l'appeler un classique, mais je dirais Kill Bill 1. 8. Les Dents de la mer ? Oui, on l'a tous vu, mais quand même, quand on regarde bien… C'est quand même un (putain de) bon film ! 9. Les Tortues Ninja 2, pour son générique de début qui me donne faim, et la main de Schredder qui s'élève au ciel. 10. Je dirais Renoir, pour frimer (mais y at-il même quelque chose à lui pardonner ?). Indulgence relative pour l'ami Steven S. ; qui va pourtant souvent trop loin. 11. Doc Brown (Retour vers le futur), à égalité avec Quint (Les Dents de la mer). 12. Un jour sans fin. 13. Quand Harry rencontre Sally. 14. “Il nous faudrait un plus gros bateau.” (Les Dents de la mer). Pas facile à placer dans la vie de tous les jours. 15. Les Dents de la mer. Comment ça je suis pénible ? 16. Le tandem Christian Berger et Claude Rotschild ! Sinon, concernant les films : Chop Shop, Mister Lonely, Les Contes de l'âge d'or pour ne citer qu'eux. 17. Vertigo qui m'a rappelé un malaise que je n'avais pas ressenti depuis longtemps. Et aussi Capitaine Conan, pour d'autres raisons. Et encore la séquence de débarquement du Soldat Ryan. Et puisqu'on y est : un passage du Nouveau Monde de Terrence Malick qui, entre deux assoupissements non contrôlés, m'a donné une épiphanie cinéphilique ; La Grande guerre de Monicelli qui m'a paru familier dès la première image (en musique), le générique de début de Duel qui m'impressionne à chaque fois par sa maîtrise, La Grande illusionpour ses qualités à tous les niveaux, et Citizen Kane parce que pour être virtuose avec les caméras de l'époque il fallait bien être un géant.

CAMILLE LEBERT-LOIRET 1. Qui veut la peau de Roger Rabbit ? 2. Fanfan la Tulipe et Les Disparus de St Agil de Christian-Jacque. La Guerre des boutons d'Yves Robert. 3. Peau d'âne de Jacques Demy. 4. On ne choisit pas sa génération ! Titanic… libre à vous de ne pas publier cette info compromettante ! The Mask de Chuck Russell. © les Fiches du Cinéma 2010 - N°2000

Sunset Boulevard

5. Tout sur ma mère de Pedro Almodóvar. 6. Rosemary's Baby de Roman Polanski. 7. Hiroshima mon amour d’Alain Resnais 8. Le Petit Dinosaure et la vallée des merveilles. Et non ce n'est pas une blague. J'ai même hésité à le mettre dans la case “traumatique” mais je me suis dit que Rosemary's Baby, ça faisait plus classe quand même. Petite explication: à 7 ans, encore confiante en la vie, je regarde ce film pour enfants en toute innocence. Je n'ai jamais pu aller au-delà de la mort de la mère. Même en ré-essayant vers l'âge de 12 ans, puis de 14, puis de… et c'est là que la dramatique sous-estimation intervient ! 9. Pas vraiment un nanar mais pas tout à fait “assumable” non plus : RRRrrrr!!! d'Alain Chabat m'a donné des fous rires. Oui bon je pourrais trouver une excuse à la con du genre “j'étais très fatiguée”, mais serait-ce bien honnête ?… 10. Frank Capra. Je ne risque pas grand chose vous me direz, il est mort. 11. Pfffou j'ai vraiment calé. Si c'est un personnage fictif qu'on aimerait être : l'héroïne de Zabriskie Point d’Antonioni. Si c'est un personnage pour lequel on a pu avoir une empathie particulière et s'identifier, merci de ne pas flipper : Norma Desmond, vieille folle ex-star du muet dans Sunset Boulevard de Billy Wilder et la femme interprétée par Anna Magnani dans L’Amore de Roberto Rosselini. 12. Dans le monde de Demy : un monde où le cucul-la-praline serait sublimé ! 13. Les Blues Brothers, pour entendre Aretha Franklin : c'est elle mon vrai Lexomile. 14. Fidèle à mon franglish vandamien : “laisse-moi te dire que tu te prépares des nuits blanches, des migraines, des nervous braique-daune comme on dit de nos jours” (Les Tontons Flingueurs) ou “Tiens, le temps se gââââte” avec l'intonation désespérément désuète de Gérard Philipe (Fanfan la Tulipe). Et petit trip avec mon frère dès qu'on doit insulter quelqu'un 20

“Salaud ! Salaud Colona !” prononcé par Serge Riaboukine avec une tête éminemment ridicule dans 3 Zéros de Onteniente. Ec-lec-tique tout ça ! 15. Un tramway nommé désir d'Elia Kazan. L’Amore de Roberto Rosselini. 16. Je suis depuis trop peu de temps aux Fiches pour avoir vécu de réelles révolutions, mais je dirais Splice de Vicenzo Natali car je ne vais pas spontanément voir ce que je pense être de la science-fiction et j’ai été très agréablement surprise. J'ai été aussi contente de voir quelques documentaires intéressants que je n'aurais pas vu autrement : La Stratégie du choc de Mat Whitecross et Michael Winterbottom, ou Lumière de P.A. Straubinger. 17. Shining de Stanley Kubrick et Sailor et Lula de David Lynch. Mon Dieu, que je suis conventionnelle !

Apocalypse Now

La plupart des photos et tous les montages de ce numéro ont été réalisés par Sébastien Ragel, qui est à part entière le 30 e membre de notre équipe.


Another Year (Another Year) Chronique

de Mike Leigh Équipe technique Scénario : Mike Leigh Images : Dick Pope Montage : Jon Gregory 1er assistant réal. : Josh Robertson Musique : Gary Yershon Son : Tim Fraser Décors : Simon Beresford Costumes : Jacqueline Durran Effets visuels : Dolores McGinley Dir. artistique : Andrew Rothschild

David Hobbs (le pasteur), Badi Uzzaman (Mr. Gupta), Meneka Das (l’amie de Mr. Gupta), Ralph Ineson (l’ouvrier à la perceuse), Edna Doré (la dame du jardin), Gary Powell (l’homme au bar), Lisa McDonald (la fille au bar).

Maquillage : Christine Blundell Casting : Nina Gold Production : Thin Man Films pour Film4 Productrice : Georgina Lowe Productrices déléguées : Gail Egan et Tessa Ross Productrice exécutive : Danielle Brandon Dir. de production : Sarah McBryde Distributeur : Diaphana.

129 minutes. Royaume-Uni, 2010. Sortie France : 22 décembre 2010. Visa d’exploitation : 128018. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD. 150 copies (vo).

Un couple serein de sexagénaires accueillants est le point d’ancrage de leurs proches. Sur cette trame classique de chronique sociale, Mike Leigh resserre sa focale sur un personnage satellite et signe le portrait magnifique d’une femme en vrac.

Commentaire Sans doute l’âge du réalisateur anglais de 67 ans n’est-il pas indifférent au choix d’explorer les effets du temps qui passe sur les gens ordinaires, ceux qu’il connaît et comprend. Au-delà de cette envie, il creuse ici ce dont il avait traité de façon moins convaincante dans son précédent film, Be Happy : le lien organique entre la protection du bonheur et une dose d’égoïsme. Pour ce faire, il s’appuie sur une construction et une écriture d’une intelligence redoutable et d’une implacable précision. De ce couple à l’harmonieuse complicité, en apparence altruiste et généreux, il dévoile, par de discrètes notations de regards et de remarques échangés, les limites d’une empathie qui leur procure, en toute bonne conscience, un confort moral supérieur. Autour de ce pivot affectif, qui se teinte, au fil des séquences, d’une doucereuse cruauté, Mike Leigh fait graviter puis émerger les figures de leurs bonnes œuvres, destinées à le rester, et notamment le personnage de Mary, archétype, dans un premier temps, du second rôle de copine stressée, volubile et plutôt envahissante. Aussi émouvante que crispante, elle fait d’abord sourire par ses mésaventures. De confidences avinées en maladresse chronique, de flirt pathétique en agressivité désolante, elle finit par rendre les armes. Le cinéaste l’accompagne jusqu’à sa défaite, plan final bouleversant qui laisse groggy. Aventure d’acteurs s’il en est, le film est formidablement servi par des interprètes familiers de l’univers de Leigh. Tous méritent notre admiration. N’en citons qu’une : Lesley Manville, inoubliable Mary aux rêves piétinés, qui lutte si vaillamment contre la dépression. M.D.

© Thin Man Films

Résumé Tom et Gerri forment un couple heureux et équilibré. Il est ingénieur géologue, elle est conseillère psychologue dans un centre médical. Bientôt retraités, ils aiment jardiner en toutes saisons dans leur carré potager d’un jardin ouvrier. Leur maison est chaleureuse. Ils y reçoivent souvent et volontiers famille et amis : Joe, leur fils de 30 ans célibataire, mais aussi Mary, une collègue de Gerri entre deux âges, sans enfant, collectionneuse d’échecs amoureux, gaffeuse, extravertie et un peu soûlante. Contre le temps qui passe et le désespoir qui rôde, Mary s’habille jeune et sexy, achète une voiture, fume et boit un peu trop.

Dénouement Un week-end d’été, Tom et Gerri reçoivent Ken, un ami d’enfance de Tom, alcoolique souffrant de solitude. Au cours du barbecue dominical avec d’autres convives, Ken, ivre, drague Mary, exaspérée. Elle-même minaude pathétiquement avec Joe, gentil mais surpris car il l’a toujours connue. À l’automne, Joe présente enfin à ses parents son enjouée et saine petite amie, Katie, envers qui Mary, blessée et jalouse, se montre désagréable. Gerri, déçue, la tient dès lors à distance. La femme de Ronnie, le frère de Tom qui vit à Derby, meurt durant l’hiver. Le couple s’occupe de tout et accueille Ronnie en séjour. Il est seul quand Mary, défaite, passe. Au retour de Tom et Gerri, elle supplie cette dernière de renouer leur amitié. Joe et Katie sont attendus. Gerri hésite puis garde Mary à dîner. À table, Mary paraît abattue, absente. © les Fiches du Cinéma 2010 - N°2000

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Semaine du 22 décembre

Avec Jim Broadbent (Tom), Ruth Sheen (Gerri), Lesley Manville (Mary), Oliver Maltman (Joe), Peter Wight (Ken), David Bradley (Ronnie), Martin Savage (Carl), Karina Fernandez (Katie), Michele Austin (Tanya), Phil Davis (Jack), Imelda Staunton (Janet), Stuart McQuarrie (le collègue de Tom), Eileen Davies, Mary Jo Randle et Ben Roberts (les proches en deuil),

Adultes / Adolescents


Cabeza de Vaca (Cabeza de Vaca) Récit historique

de Nicolás Echevarría Avec Juan Diego (Álvar Núñez Cabeza de Vaca), Daniel Giménez Cacho (Dorantes), Roberto Sosa (Cascabel / Araino), Carlos Castañón (Castillo), Gerardo Villarreal (Esebanico), Roberto “Calambres” Cobo (Lozoya), José Flores (Malacosa), Eli “Chupadera” Machuca (le sorcier), Farnesio de Bernal (Fray Suárez), Max Kerlow (l’homme en armure), Ramón

Adultes / Adolescents

Équipe technique Scénario : Nicolás Echevarría et Guillermo Sheridan, d’après l’œuvre Naufrages [Relation de voyage] d’Álvar Núñez Cabeza de Vaca (1542) Images : Guillermo Navarro Montage : Rafael Castanedo Son : Carlos Aguilar Décors : José Luis Aguilar Costumes : Tolita Figueroa Maquillage : Guillermo del Toro Production : IMCINE, Iguana

Barragán (Pánfilo de Narváez), Julio Solórzano Foppa (Alcaraz), Javier Escobar Villarreal (le jeune Indien Iguase), Víctor Hugo Salcedo (le chef Iguase), Jorge Santoyo (l’aide de camp), Juan Sánchez Duarte (le géant), Adyari Cházaro, José Manuel Poncelis, Josefina Echánove, Óscar Yoldi, Mayra Serbulo, Alejandro & Santiago Carrillo, Santiago López, Héctor Téllez.

Producciones et TVE Coproduction : Universidad de Guadalajara, FFCC, Grupo Alicia, Cooperativa José Revueltas, American Playhouse et Channel Four Films Producteurs : Jorge Sánchez, Rafael Cruz et Julio Solórzano Foppa Productrice exécutive : Bertha Navarro Distributeur : E.D. Distribution.

112 minutes. Mexique - Espagne - États-Unis - Royaume-Uni, 1991. Sortie France : 22 décembre 2010. Visa d’exploitation : 128065. Format : 1,85 - Couleur - Son : Mono. 10 copies (vo).

À la suite d’un naufrage, un conquistador va partager la vie des Indiens dont il fut d’abord l’esclave, puis devient l’un des premiers hommes synthèse des deux cultures. Un chef-d’œuvre du cinéma aux accents surréalistes et humanistes.

Commentaire Réalisé en 1991, un an avant la célébration des 500 ans de la fratricide et ethnocidaire rencontre Europe-Amérique, Cabeza de Vaca n’a rien à voir avec les films en costumes commémoratifs de l’époque (1492, etc.). Il s’agit du premier long métrage de fiction de Nicolás Echevarría, cinéaste qui s’était jusque-là fait connaître par ses documentaires passionnés sur le monde indigène contemporain, héritier des cultures précolombiennes. Adaptant les récits de voyage de Cabeza de Vaca, il fait ici le portrait d’un homme qui pourrait faire partie des premiers Mexicains de l’époque moderne, car issu des cultures des deux continents. Par sa volonté de montrer le temps de la rencontre, avant les siècles de massacres et d’asservissement au dogme idéologique des colons, le film peut se rapprocher du Nouveau monde de Terrence Malick. Car, avec Cabeza de Vaca, Echevarría veut témoigner des cultures qui lui sont chères grâce à la fiction, comme il n’est plus possible de le faire par le documentaire. Le film se singularise donc par un regard ethnologique respectueux, et reste très loin d’un pur film d’aventures en costumes ! Les maquillages corporels et les costumes, même s’ils sont inventés, sont représentés avec crédibilité. C’est d’ailleurs Guillermo del Toro lui-même qui, deux ans avant son Cronos, avait ici réalisé les maquillages spéciaux. Resté inédit en France pendant près de vingt ans, cette expérience sensorielle aux accents surréalistes nous arrive aujourd’hui avec une force restée intacte : on pourra voir dans cette résistance au temps la marque d’un chef-d’œuvre. Ce.L.

© E.D. Distribution

Résumé En 1528, au large des côtes de la Floride, un navire de conquistadores espagnols fait naufrage. Álvar Núñez Cabeza de Vaca, trésorier de Charles Quint, prend la tête du groupe de rescapés. Dans la forêt, une pluie de flèches s’abat sur eux : Álvar et quelques autres sont fait prisonniers. Álvar devient le serviteur du sorcier qui vit isolé avec un petit homme sans bras. Par des rites magiques, le sorcier empêche Álvar de s’enfuir. Un autre rite conduit à blesser l’œil d’un homme du village. Sur place, c’est Álvar lui-même qui, comme possédé, va le guérir. Dès lors, il est reconnu comme shaman et peut partir.

Dénouement Une nuit, dans une grotte, des cauchemars lui rappellent sa filiation avec les conquistadores. Il est à nouveau fait prisonnier et retrouve ses compagnons espagnols. Ils sont sauvés in extremis par l’intervention d’une autre tribu. Álvar guérit un jeune Indien qui avait reçu une flèche dans la poitrine, et suit dès lors leur route itinérante. Lorsqu’il ressuscite une femme, il provoque la sidération de ses compagnons. En 1536, ils se retrouvent en contact avec des conquistadores venus édifiés une cathédrale dans le désert. Les Indiens sont exterminés ou réduits à l’esclavage. Álvar ne dit mot de son expérience et ses compagnons inventent des histoires de villes fabuleuses, tout en or. © les Fiches du Cinéma 2010 - N°2000

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Les Émotifs anonymes Comédie sentimentale

de Jean-Pierre Améris

Adultes / Adolescents

Équipe technique Scénario : Jean-Pierre Améris et Philippe Blasband Images : Gérard Simon Montage : Philippe Bourgueil 1er assistant réal. : Nils Hamelin Scripte : Delphine Régnier Cavero Musique : Pierre Adenot Son : Jean-Pierre Duret, Marc Bastien et François Groult Décors : Sylvie Olivé Costumes : Nathalie du Roscoat

(Joëlle), Isabelle Gruault (Isabelle), Claude Aufaure (Monsieur Mercier), Philippe Laudenbach (le président du jury).

Effets visuels : Marc Umé Maquillage : Corine Maillard Casting : Tatiana Vialle Production : Pan-Européenne, StudioCanal, France 3 Cinéma, Climax Films, Rhône-Alpes Cinéma et RTBF Producteurs : Nathalie Gastaldo et Philippe Godeau Dir. de production : Baudoin Capet Distributeur : StudioCanal.

80 minutes. France, 2010. Sortie France : 22 décembre 2010. Visa d’exploitation : 121064. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD.

Comment faire une comédie sentimentale avec deux personnages hyperémotifs, incapables de se parler et encore plus de se toucher ? Jean-Pierre Améris donne la réponse à travers ce film aussi fin et délicieux que les chocolats de son héroïne.

Commentaire Pour sa première comédie, Jean-Pierre Améris ne s’éloigne finalement pas vraiment des thèmes sombres qui dominaient ses films plus dramatiques (Mauvaises fréquentations, C’est la vie...). Avec Les Émotifs anonymes, il aborde, en effet, un thème très personnel et difficile, sa propre hyperémotivité (il a lui-même participé à des groupes d’émotifs anonymes). Malgré tout, le réalisateur en fait une comédie sentimentale, qui, même si elle suit le schéma classique du genre, est assez surprenante. Son décalage amusant vient de l’émotivité des personnages, source de situations comiques et de dialogues absurdes : Angélique et Jean-René doivent construire une relation alors que, paralysés par leur timidité et handicapés par leur gaucherie, ils n’arrivent pas à communiquer de manière ordinaire (ils ne parviennent à s’exprimer qu’à travers leur passion pour le chocolat !). Le succès de cette démarche doit beaucoup à la subtilité du jeu d’Isabelle Carré et de Benoît Poelvoorde, qui, tout en nous faisant rire, ne se moquent jamais de leurs personnages, qu’ils rendent très attachants. Améris donne de plus à sa comédie un style très travaillé : les décors et les costumes intemporels, les couleurs dominées par le vert et le marron et les faux-airs de comédie musicale lui apportent un ton désuet tout à fait charmant. Si la naïveté de l’ensemble pourra agacer les plus cyniques, le réalisateur parvient à nous toucher par sa sincérité et par la très fine description qu’il fait de la fragilité humaine de ses personnages, qui tentent tant bien que mal d’affronter leurs peurs pour s’ouvrir l’un à l’autre. An.B.

© StudioCanal

Résumé Quand Angélique est embauchée comme représentante commerciale dans la chocolaterie de Jean-René, elle n’ose pas avouer qu’elle est en réalité chocolatière. Angélique participe à un groupe d’émotifs anonymes : elle ne maîtrise pas ses émotions, au point qu’elle a dû, passant pour un ermite, cacher qu’elle était la chocolatière de génie de son précédent employeur subitement décédé. Jean-René est lui-même terrifié par les femmes et consulte un psy pour surmonter son hyperémotivité. Celui-ci lui donne un exercice : dîner avec une femme. Troublé par Angélique, Jean-René l’invite au restaurant mais le dîner est un fiasco.

Dénouement Lors d’un nouvel exercice, Jean-René embrasse Angélique. Puis, après avoir maladroitement tenté de vendre leurs produits, Angélique a une idée pour sauver la chocolaterie de la faillite : elle prétend faire appel à l’“ermite” via Internet. Grâce aux succulentes recettes d’Angélique, le succès est au rendez-vous. À la foire du chocolat, Jean-René et elle doivent partager une chambre d’hôtel, ce qui précipite leur relation. Mais suite à un malentendu, Angélique se croit rejetée. Jean-René est encouragé par ses employés, qui ont compris qu’Angélique et l’ermite ne font qu’un, à aller retrouver la jeune femme chez les émotifs anonymes. Là, il lui demande de partager sa vie. Après l’avoir refusé par peur de la difficulté, Angélique accepte son amour. Plus tard, Angélique et Jean-René, morts de trac, s’enfuient ensemble de leur mariage... © les Fiches du Cinéma 2010 - N°2000

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Semaine du 22 décembre

Avec Benoît Poelvoorde (Jean-René), Isabelle Carré (Angélique), Lorella Cravotta (Magda), Lise Lamétrie (Suzanne), Swann Arlaud (Antoine), Pierre Niney (Ludo), Stéphan Wojtowicz (le psychologue), Jacques Boudet (Rémi), Céline Duhamel (Mimi), Grégoire Ludig (Julien), Philippe Fretun (Maxime), Alice Pol (Adèle), Philippe Gaulé (Philippe), Joëlle Séchaud


Mon beau-père et nous (Little Fockers) Comédie

de Paul Weitz

Adultes / Adolescents

Avec Robert De Niro (Jack Byrnes), Ben Stiller (Gaylord “Greg” Furniker), Owen Wilson (Kevin Rawley), Dustin Hoffman (Bernie Furniker), Barbra Streisand (Rozalin Furniker), Blythe Danner (Dina Byrnes), Teri Polo (Pamela Byrnes-Furniker), Jessica Alba (Andi Garcia), Laura Dern (Prudence Simmons), Kevin Hart (l’infirmier Louis), Daisy Tahan (Samantha Furniker), Colin

Équipe technique Scénario : John Hamburg et Larry Stuckey, d’après les personnages du film Mon beau-père et moi de Jay Roach (scn. : Jim Herzfeld et John Hamburg, 2000) Images : Remi Adefarasin Montage : Greg Hayden, Leslie Jones et Myron I. Kerstein Réal. 2e équipe : Garrett Warren Musique : Stephen Trask Son : Willie D. Burton

Baiocchi (Henry Furniker), Tom McCarthy (Docteur Bob), Harvey Keitel (Randy Weir), Yul Vazquez (Junior), Jack Axelrod (Chappy), Deepak Chopra (lui-même), Clent Bowers, Olga Fonda, Sergio Calderón, Stan Egi, Rob Huebel, David Pressman, Robert Miano, Liam Ferguson, Nicole Pano, Hash Patel, Andre Alexsen, Selena Johnson, Evan Campbell, Germaine Mozel Sims.

Décors : William Arnold Costumes : Molly Maginnis Effets spéciaux : Michael Lantieri Maquillage : Steve Artmont Production : Everyman Pictures et Tribeca Productions Coproduction : Relativity Media et DW Studios Producteurs : Jay Roach, Robert De Niro, John Hamburg et Jane Rosenthal Distributeur : Paramount Pictures.

105 minutes. États-Unis, 2010. Sortie France : 22 décembre 2010. Visa d’exploitation : 128223. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SR SRD. 480 copies (vo / vf).

Ben Stiller et Robert De Niro remettent une troisième fois le couvert, dix ans après le premier épisode : les péripéties de Greg Furniker, malmené par un beau-père toujours aussi droit dans ses bottes, ont pris de l’âge. Le film est à leur image : essoufflé !

Commentaire Dix ans après Mon beau-père et moi (signé Jay Roach, comme sa suite en 2004), Ben Stiller et Robert De Niro se retrouvent pour Mon beau-père et nous : un troisième volet concentré sur la famille élargie que les clans Furniker et Byrnes forment désormais. De ce point de vue, le film de Paul Weitz (American Pie, Pour un garçon) préserve la dimension sociologique de la franchise : le premier opus opposait un Juif à une famille WASP, le deuxième des Républicains avérés à d’anciens hippies... Ce qui compte cette fois, c’est de décrire les déboires du pauvre Greg dans sa vie de père. Or, là où le deuxième épisode jouait à fond (et avec succès) la carte du portrait de la société américaine, celui-ci joue la sécurité. Les ressorts scénaristiques sont flagrants, les rebondissements trop prévisibles, et seuls les personnages de Stiller, De Niro et Owen Wilson (de retour dans son rôle d’excentrique) bénéficient d’une vraie épaisseur. Quant aux gags, ils sont à l’avenant : certains sont vraiment drôles (les aphorismes de Kevin font souvent mouche), tandis que d’autres tombent à plat. Pourtant, le film ne se prive pas d’épingler certains travers de l’Amérique moderne : le fantasme d’une éducation privée qui générerait de parfaits prodiges, incarné par une Laura Dern grinçante (Jack retrouve en elle des méthodes de la CIA !) et la collusion ordinaire entre le monde hospitalier et les grands groupes pharmaceutiques. Dans le rôle de la VRP qui met le monde dans sa poche, Jessica Alba prouve (après le controversé The Killer Inside Me) que sa palette d’actrice s’étend à vue d’œil. Mi.G.

© Paramount

Résumé Parents de jumeaux, Henry et Samantha, Greg et Pam Furniker s’apprêtent à emménager dans leur nouvelle maison. Greg, qui a été promu chef de service des infirmiers à l’hôpital, reçoit la visite d’Andi Garcia, jeune et délurée VRP pour un grand groupe pharmaceutique. Elle propose à Greg de faire une présentation en faveur du Sustengo, un médicament contre les troubles érectiles, lors d’une convention. Flatté, Greg décline tout de même l’offre. Le soir, il reçoit un appel de son beau-père, Jack : il a fait un infarctus (qu’il a pu anticiper !) et veut faire de Greg le “Don Furniker”, le patriarche qui lui succèdera.

Dénouement Jack et Dina Byrnes rendent visite à Greg et Pam pour les 5 ans des jumeaux. Fièrement investi de ses nouvelles “fonctions”, Greg accumule les gaffes. C’est le moment que choisit Kevin, l’amour de jeunesse de Pam, pour débarquer... Greg participe à la convention pour arrondir ses fins de mois, et Jack, qui ne se remet pas de la rupture de son autre fille, imagine qu’il a une liaison avec Andi... Jack suggère alors à Pam de se tourner vers Kevin, ce qu’elle refuse. Greg l’apprend et se fâche avec Jack. Greg se retrouve alors à dîner avec Andi, qui essaie de coucher avec lui. Jack surprend la scène. Le lendemain, lors de l’anniversaire des jumeaux, Greg et Jack se battent. Avant d’avoir une attaque, Jack comprend que Greg n’a pas trompé sa fille et s’excuse. Quatre mois plus tard, toute la famille est réunie dans la nouvelle maison de Greg et Pam. © les Fiches du Cinéma 2010 - N°2000

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Bas-fonds Drame

de Isild Le Besco

Adultes / Grands Adolescents

Équipe technique Scénario : Marie Chaduc Images : Thomas Bataille et Jowan Le Besco Montage : Sylvie Lager 1er assistant réal. : Jean-Sébastien Viguié Scripte : Marie Chaduc Musique : Alain Chamfort Son : Pierre Bariaud et Jean-François Viguié Costumes : Florence Sadaune

Production : Sangsho Producteur : Jean-Sébastien Viguié Distributeur : Ciné Classic.

68 minutes. France, 2010. Sortie France : 29 décembre 2010. Visa d’exploitation : 119467. Interdit aux moins de 12 ans. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SR.

Les tribulations de trois jeunes paumées, qui basculent à l’improviste dans la violence et le crime. Le troisième long métrage de fiction signé Isild Le Besco confirme la personnalité originale de cette jeune actrice-réalisatrice hyperdouée.

Commentaire Si le cinéma a exploré tous les aspects de la marginalité, il s’est moins volontiers penché sur les bandes de délinquantes. Il faut reconnaître à Isild Le Besco le mérite de montrer ces trois filles sans la moindre concession : elles bâfrent, éructent, se saoulent et se battent, quand elles ne sont pas vautrées devant la télé. Elles ne sont ni sympathiques, ni émouvantes. Le malaise, d’abord latent, s’amplifie à mesure qu’elles glissent vers l’animalité. Si on pense au duo tchèque des Petites marguerites lors de la mise à sac de la boulangerie, leur chahut dérape alors dans le crime. Il y a certes des précédents, mais plus stylisés, du côté nippon (Onibaba) ou yankee (Faster, Pussycat, Kill Kill !), ou flirtant avec le surréalisme chez nous (Mais ne nous délivrez pas du mal...). Mais l’âpreté évoque davantage Meurtrières, le film que devait tourner Maurice Pialat et qui le fut par Patrick Grandperret, ainsi que ceux qui évoquent les sœurs Papin (puisqu’on retrouve ici deux sœurs), par le biais ou non des Bonnes de Jean Genet : Les Abysses, La Cérémonie ou Les Blessures assassines. Sans parler de Baise-moi, de très ambiguë mémoire. La lamentable odyssée de ce trio reste au-delà ou en-deçà de toute “morale”. C’est sans doute d’un film atypique comme Henry, portrait d’un serial killer qu’Isild Le Besco est la plus proche. Description des faits à l’état brut, pas une once de psychologie et refus de tout jugement. Ce n’est ni agréable, ni confortable, mais c’est très fort. G.L.

© Sangsho

Résumé Trois filles squattent un appartement où règnent la saleté et le désordre. Il y a d’abord Magalie, dite Mag : la meneuse de la bande, qui ne s’exprime qu’en hurlant et mange avec les doigts. Ensuite, il y a sa sœur, Marie-Steph. Elle vénère son aînée, et aurait bien voulu rester seule avec elle, mais voilà... La troisième fille du groupe, c’est Barbara, follement amoureuse de Mag. Malgré son surpoids, ses cheveux gras et ses incessantes grossièretés, Mag a séduit cette blondinette plutôt mignonne, qui lui est indéfectiblement soumise, mais qui court pourtant le guilledou à l’extérieur. Quand elle va retrouver son amant, la jalouse et malveillante Marie-Steph la suit, puis la dénonce à Mag, qui la roue de coups à son retour.

Dénouement Un soir, complètement ivres, elles font une virée en voiture. Tandis que Marie-Steph garde la voiture, les deux autres attaquent une boulangerie, s’emparent de la caisse. Mag brandit une carabine. Un coup de feu part, le boulanger est tué. La police a tôt fait de mettre la main sur les fugitives. Elles sont toutes les trois arrêtées et passent en jugement. Les deux sœurs sont condamnées à de la prison ferme, la peine la plus lourde étant pour Mag. Barbara, libre, va travailler en usine mais se jure de retrouver Mag à sa sortie de prison. © les Fiches du Cinéma 2010 - N°2000

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Semaine du 29 décembre

Avec Valérie Nataf (Magalie), Magalie (Barbara), Noémie Le Carrer (Marie-Steph), Gustave Kervern (l’amant), Ingrid Leduc (la boulangère), Benjamin Belkhodja (le petit ami de Barbara), Alain Ollivier (le président).


Octubre (Octubre) Comédie douce-amère

de Daniel & Diego Vega

Adultes / Adolescents

Avec María Carbajal (Juanita), Carlos Gassols (Don Fico), Bruno Odar (Clemente), Sofía Palacios (Brenda), Victor Prada (Julián Gómez), Gabriela Velásquez (Sofia), Norma Francisca Villarreal (Rosa), Humberta Trujillo (Julia), Sheryl Sánchez (le bébé).

Équipe technique Scénario : Daniel & Diego Vega Images : Fergan Chávez-Ferrer Montage : Gianfranco Annichini 1re assistante réal. : Valentina Viso Musique : Oscar Camacho Son : Guillermo Palacios Pareja Décors : Guillermo Palacios Pomareda Maquillage : Soledad Dibós

Producteurs : Daniel & Diego Vega Distributeur : Eurozoom.

80 minutes. Pérou, 2010. Sortie France : 29 décembre 2010. Visa d’exploitation : 127053. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SR. 15 copies (vo).

Un premier opus à l’atmosphère douce-amère, avec des personnages au seuil d’un changement majeur dans leur vie et une Lima enivrée par l’encens des processions religieuses. L’humour noir des frères péruviens est un délice, et leur film une belle surprise.

Commentaire Le talent des frères Vega, dont c’est le premier film, récompensé du Prix du Jury au dernier festival de Cannes en sélection Un Certain Regard, atteste qu’un vent nouveau souffle sur le Pérou. Les deux réalisateurs, inspirés par le cinéma de Bresson, de Kaurismäki ou de Jarmusch, et dont on peut sentir les influences dans le film, ont toutefois un style bien à eux. Une dimension documentaire apparaît dans les scènes saisies dans la foule des processions du culte religieux célébré à Lima en octobre - marée humaine impressionnante, inquiétante, toute en uniforme mauve et dentelle blanche - et dans les décors “réels”, mais ce qui aurait pu sombrer dans le pathos d’un film social tourne quasiment au burlesque, grâce à un humour noir bienvenu et à des scènes décalées. L’absurde des situations est relayé par des interprètes magnifiques, qui savent donner corps à leurs personnages pour notre plus grand plaisir. En particulier Bruno Odar (Clemente), au départ plutôt antipathique, et que l’on se délecte de voir aux prises avec les mauvais tours que lui joue la vie, anti-héros impassible, finalement irrésistible. Partant d’un postulat tout simple qui pourrait s’apparenter à un fait divers, les réalisateurs ont réussi à construire une histoire riche, où la tension dramatique nous tient de bout en bout. Sans oublier les qualités esthétiques d’un cadre très pictural, qui ajoute au sentiment de satisfaction générale. Ainsi, ils nous livrent une vision du monde plutôt optimiste où, même si on ne croit pas aux miracles, ceux qui décident de saisir leur chance peuvent gagner. L.G.

© Eurozoom

Résumé Clemente, célibataire peu communicatif, est un prêteur sur gages de Lima connu de tous mais solitaire. Un jour, en rentrant d’une visite chez Juanita, sa prostituée régulière, il trouve la porte de sa maison entrouverte et découvre un couffin contenant un bébé déposé dans sa chambre. Il se met en quête de la mère, une autre prostituée, et questionne Juanita. Celle-ci dit ne rien savoir et lui propose de repasser plus tard voir une certaine Brenda. Sofia, une voisine de Clemente, vieille fille et dévote, adepte du culte du “Señor de los Milagros” dont les processions d’octobre ont commencé, joue à la loterie du journal, aidée par Don Fico, un client de Clemente. S’apercevant que ce dernier a recueilli un bébé, elle commence à s’en occuper. Clemente lui demande alors de rester quelques jours chez lui, afin qu’il mène son enquête à bien.

Dénouement Mais les informations que lui donnent ses différentes sources (tout en lui soutirant de l’argent) ne le mènent à rien, ce qui l’irrite. D’autant plus que certains clients ne le paient pas et qu’un receleur l’a roulé avec un faux billet dont il n’arrive pas à se débarrasser. Parallèlement, Sofia tente de s’immiscer dans sa vie et dans son lit. Don Fico récupère ses économies, et Clemente lui glisse le faux billet sous l’œil réprobateur de Sofia. Elle tente de le séduire à nouveau mais il la rejette et la congédie. Puis son absence lui pèse. Il lui achète un parfum et attend qu’elle revienne. © les Fiches du Cinéma 2010 - N°2000

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Le Quattro volte (Le Quattro volte) Chronique rurale

de Michelangelo Frammartino

Adultes / Adolescents

Équipe technique Scénario : Michelangelo Frammartino Images : Andrea Locatelli Montage : Benni Atria et Maurizio Grillo Son : Paolo Benvenutti et Simone Paolo Olivero Décors : Matthew Broussard Costumes : Gabriella Maiolo

Production : Vivo Film, Essential Filmproduktion, Invisible Film et Ventura Film Producteurs : Marta Donzelli, Gregorio Paonessa, Susanne Marian, Philippe Bober, Gabriella Mafrè, Elda Guidinetti et Andres Pfaeffli Dir. de production : Marco Serrecchia Distributeur : Les Films du Losange.

88 minutes. Italie - Allemagne - Suisse, 2010. Sortie France : 29 décembre 2010. Visa d’exploitation : 126873. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD. 30 copies (vo).

Dans un village calabrais, les habitants vivent au rythme de la nature. Chronique contemplative d’un monde voué à disparaître, Le Quattro volte séduit lorsque la caméra de Michelangelo Frammartino se laisse diriger par son sujet.

Commentaire Présenté cette année à la Quinzaine des Réalisateurs, Le Quattro volte raconte le passage des saisons dans un petit village du sud de l’Italie. Les quatre parties du film, organisées autour de l’observation des rythmes immuables de la nature, sont intimement liées pour composer une espèce d’écosystème scénaristique, dans laquelle la caméra n’explore que très peu de lieux. Le récit reste avare en événements dramatiques. Michelangelo Frammartino fait le pari d’abandonner peu à peu l’humain pour le laisser finalement à l’arrière plan, ses sujets devenant de plus en plus “statiques” : un vieillard cacochyme et solitaire, un chevreau encore frêle, puis un arbre qui, logiquement, se contente d’onduler au vent avant d’être coupé et découpé, et enfin carrément un tas de bois qui se transforme peu à peu en charbon. Ces dernières parties sont plus ennuyeuses parce que, paradoxalement, pour faire exister cet arbre mort et ce tas de charbon, le récit est beaucoup plus scénarisé. Or, c’est quand le hasard survient que le film nous emporte, quand le cinéma naît du comportement aléatoire des animaux, par exemple. C’est le cas dans un plan assez extraordinaire durant lequel le chien du berger, agacé par la reconstitution du chemin de croix, commence par chasser un enfant de cœur, le suivre, revenir enfin sur la route et débloquer la cale qui maintenait une camionnette, laquelle vient emboutir une barrière et ainsi libérer le troupeau de chèvres. À la fois cocasse et visuellement géniale, cette séquence suffirait seule à justifier complètement le film. M.Q.

© Les Films du Losange

Résumé Dans un village médiéval de Calabre, un vieux berger conduit son troupeau de chèvres. Malade, il se soigne en buvant avec de l’eau les cendres de l’église qu’une paroissienne lui donne chaque jour. Un après-midi, il perd son échantillon de cendres dans la campagne. Le soir, il se précipite à l’église, en vain. C’est le vendredi saint. Le vieillard se couche. Le lendemain matin, le chien libère la cale de la camionnette des charbonniers, qui détruit alors la barrière de l’enclos. Les chèvres envahissent sa maison. L’une d’elle met bas un chevreau. Le vieillard meurt dans son sommeil.

Dénouement D’autres pastoureaux ont pris la direction du troupeau. Alors que les chèvres adultes partent chaque jour dans la campagne, le jeune chevreau reste à la bergerie avec ses congénères du même âge, avec lesquels il joue. Il grandit, et bientôt vient le jour de sa première sortie. En cabriolant, le chevreau s’égare dans la forêt. Perdu, il se réfugie au pied d’un sapin, où il meurt, épuisé et transi. Les saisons passent, le sapin est coupé. Les villageois le hissent tel un mât au centre du village, avant qu’il ne tombe lors d’une cérémonie. L’arbre est ensuite découpé en bûches. Les charbonniers viennent récupérer le bois. Ils assemblent les bûches et dispersent de la paille sur ces édifications. Ils y mettent feu afin de fabriquer du charbon. © les Fiches du Cinéma 2010 - N°2000

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Semaine du 29 décembre

Avec Guiseppe Fuda (le berger), Bruno & Nazareno Timpano (les charbonniers).


Sound of Noise (Sound of Noise) Enquête musicale

de Ola Simonsson et Johannes Stjärne Nilsson Avec Bengt Nilsson (Amadeus Warnebring), Sanna Persson Halapi (Sanna), Magnus Börjeson (Magnus), Anders Vestergård (Anders), Fredrik Myhr (Myran), Marcus Haraldson Boij (Marcus), Johannes Björk (Johannes), Sven Ahlström (Oscar Warnebring), Peter Schildt (le commissaire), Pelle Öhlund (Sanchez), Paula McManus (Collette), Ralph

Adultes / Adolescents

Équipe technique Scénario : Ola Simonsson et Johannes Stjärne Nilsson, d’après une histoire de Ola Simonsson, Johannes Stjärne Nilsson et Jim Birmant Images : Charlotta Tengroth Montage : Stefan Sundlöf et Andreas Jonsson Hay Musique : Magnus Börjeson & Six Drummers Son : Nicolas Becker, Lasse Liljeholm, Eddie Axberg,

Carlsson (Hagman), Sten Elfström (Backman), Anders Jansson (Bosse), Dag Malmberg (Levander), Björn Granath (le directeur de l’hôpital), Irene Lind (la mère de Warnebring), Iwar Wiklander (Tony), Ola Simonsson (le disquaire), Per Kockum (Saw Man).

Cyril Holz, Philippe Amouroux, Gabor Pasztor et Ulf Olausson Costumes : Gabriella Dinnetz Production : Bliss et DFM Fiktion Coproduction : Kostr-Film, Wild Bunch, Nordisk Film, Film I Väst, Film I Skåne, Europasound et Touscoprod Producteurs : Jim Birmant, Guy Péchard, Christophe Audeguis et Olivier Guerpillon Distributeur : Wild Bunch.

102 minutes. Suède - France, 2010. Sortie France : 29 décembre 2010. Visa d’exploitation : Scope. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD.

S’il ne tient pas toutes ses promesses, ce polar, qui met en scène un authentique groupe de musiciens activistes révolutionnaires face à un enquêteur musicophobe, renouvelle joyeusement le genre malgré l’épuisement final.

Commentaire Issue d’un court métrage expérimental, Music for One Apartment and Six Drummers, réalisé par le même tandem suédois, cette enquête policière musicale orchestre la confrontation d’un authentique groupe de musiciens professionnels (à l’exception de Sanna Persson, actrice passionnée de sons) et d’un personnage de fiction, policier atypique et solitaire qui aspire au silence. Cette originale et excitante idée de scénario intrique donc, dans une narration grand public, deux styles a priori incompatibles : la performance artistique documentaire et le polar traditionnel. Ce mélange inédit fonctionne parfaitement bien durant une grande moitié du film, grâce à une mise en scène d’un classicisme de bon aloi alliée à la virtuosité des deux premiers attentats musicaux (l’hôpital et la banque). Sous l’amusant détournement de genre, l’intrigue aborde des questions plus profondes comme les affinités entre pisteur et pistés ou la permanence des douleurs enfantines. En effet, à l’action directe culturelle du groupe “armé” répond la solitude affective de l’inspecteur, mouton noir de sa tribu qui le raille ; et c’est à ses pénibles souvenirs de piano qu’il doit de reconnaître instantanément la nature musicale du terrorisme qu’il traque. Néanmoins, à trop forcer l’attelage, le récit perd peu à peu en intensité et les deux derniers attentats, spectaculaires sur le papier, semblent à l’écran comme dévitalisés par leur ampleur même. D’autre part, l’esquisse de romance entre Sanna et Amadeus ne s’imposait pas. Petites réserves donc à ce ludique et prometteur premier long métrage. M.D.

© Nils Bergendal

Résumé Petit-fils, fils et frère de musiciens classiques professionnels, Amadeus Warnebring a développé très jeune une allergie radicale à la musique. Traitre à la tradition familiale, il est policier, chargé de la cellule antiterroriste de Malmö. L’étrange attaque d’un commando de six individus sur un patient d’un hôpital va mobiliser sa brigade : ils ont endormi leur victime dans un bloc opératoire puis manipulé autour de lui des instruments médicaux. Devant la vidéo, Amadeus comprend qu’il s’agit de musiciens. Au fil de son enquête, il découvre qu’un groupe, en guerre contre l’ordre musical établi, met en œuvre une partition d’envergure citadine, en quatre mouvements, usant de l’espace et du matériel urbain disponible.

Dénouement Après l’hôpital, leur cible est une banque, puis, lors d’un concert, le pilonnage du parvis du Philharmonique à l’aide d’engins de chantier. Chaque attentat ôte à Amadeus la perception d’un son agressif. Son équipe finit par identifier le groupe de percussionnistes révolutionnaires et leur chef, la belle Sanna, qu’Amadeus a croisée par hasard. Amoureux, il aide le groupe dans sa dernière “attaque”, sur câbles à haute tension, avant de leur conseiller de fuir à l’étranger pour éviter leur imminente arrestation. Plus tard, réfugié dans une île exotique, le groupe survit en animant des soirées folkloriques tandis qu’Amadeus, apaisé, assiste au concert dirigé par son frère. © les Fiches du Cinéma 2010 - N°2000

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Autres films en bref

Burlesque

Les Chimpanzés de l’espace 2

De Silence & d’Amour

(Burlesque) de Steven Antin (116 minutes. États-Unis, 2010) Scn. : Steven Antin. Im. : Bojan Bazelli. Mon. : Virginia Katz. Mus. : Christophe Beck. Production : De Line Pictures. Prod. : Donald De Line. Dist. : Sony Pictures. Sortie France : 22 décembre 2010 (Visa n°127489) Avec Cher (Tess), Christina Aguilera (Ali), Eric Dane (Marcus), Cam Gigandet (Jack), Julianne Hough, Alan Cumming, Peter Gallagher, Kristen Bell, Stanley Tucci, Dianna Agron.

(Space Chimps 2 : Zartog Strikes Back) de John H. Williams (76 minutes. États-Unis, 2010) Scn. : Rob Moreland. Mon. : Eric Lake. Mus. : Ned Douglas et Samuel Stewart. Production : Vanguard Films. Prod. : John H. Williams. Dist. : SND. Sortie France : 22 décembre 2010 (Visa n°127684. 400 copies - vo / vf) Avec les voix originales de Tom Kenny (Ham), Zack Shada (Comet), Patrick Warburton (Titan), Cheryl Hines (Luna), Carlos Alazraqui, Laura Bailey, John Dimaggio, Jane Lynch.

(No Greater Love) de Michael Whyte (100 minutes. Royaume-Uni, 2009) Im. : Michael Whyte. Mon. : Michael Whyte. Production : Hot Property Films. Prod. : Janine Marmot et Michael Whyte. Dist. : Jupiter Communications. Sortie France : 29 décembre 2010 (Visa n°127466. 15 copies - vo)

Débarquée de son Iowa à Hollywood, Ali rêve de chanter. Un soir, elle découvre le Burlesque Lounge, un cabaret rétro, dont les numéros de danse à l’humour sexy sont une révélation pour elle. Reste à convaincre Tess, la charismatique patronne, de son talent. D’abord employée comme serveuse grâce à Jack, le mignon barman, elle réussit à prouver à Tess et à Sean, son directeur artistique et ami, qu’elle peut remplacer une des girls, enceinte. Ali s’installe chez Jack, dont la fiancée, Natalie, joue une pièce à New York. Tess se débat avec les créanciers : son ex-mari et comptable, Vince, tente de la persuader d’accepter la proposition d’achat de Marcus, riche agent immobilier. Effeuillage plus comique qu’érotique, chorégraphié sur des chansons populaires ou coquines, le burlesque fit florès dans les music hall américains jusqu’au milieu du XXe siècle. Ici, S. Antin entend orchestrer la rencontre à l’écran de deux vedettes, chanteuses, danseuses et actrices : une légende, Cher, et une jeune star, Christina Aguilera. Si le genre musical brille rarement par la profondeur de ses thèmes, cet opus atteint des sommets de platitude ! Scénario indigent, péripéties sans une once de surprise et réalisation convenue laissent toute leur place au double but transparent de cette grosse machine : célébrer le retour de Cher, icône des années 1970, et donner un coup de fouet à la carrière d’Aguilera. Dans cet océan de perles, cristaux et velours rouge, surnagent quelques figures masculines, certes déjà vues, en particulier S. Tucci, qui s’acquitte (comme dans Le Diable s’habille en Prada !) avec une élégante distance de son rôle de vieil ami gay à l’humour las.

Une deuxième mission des chimpanzés sur la planète Malgor doit avoir lieu, et le jeune Comet en fait partie aux côtés de Ham, Luna et Titan. Lorsqu’il découvre qu’il a été retiré de l’équipage, Comet pénètre seul dans la fusée et la lance malgré lui. La déflagration libère Zartog, amené sur Terre sous la forme d’une statue, qui veut se venger de Ham. Les autres chimpanzés, eux, sont décidés à sauver Comet, mais lorsqu’ils parviennent à établir une liaison, celui-ci a déjà été aspiré par la faille temporelle... Après que Ham, un singe de cirque, a mis en péril la réussite d’une mission spatiale, c’est au tour de Comet, le génial technicien du premier épisode, d’avoir le beau rôle. Ici, le récit se resserre autour des mêmes personnages - le sénateur, les scientifiques, les singes - pour raconter une histoire très simple, accessible aux plus petits, qui en revanche préféreront sans doute la 2D à la version 3D. L’intérêt tient beaucoup au personnage de Comet, un petit chimpanzé sympathique et serviable, inventeur d’un Bananaberry (!), ici un peu délaissé par les stars que sont devenus ses amis. Les plus petits s’émerveilleront des paysages sucrés de la planète Malgor, avec ses boules de gomme colorées, ses champignons-trampolines et ses petites maisons en forme de muffins. Pour les plus grands, il est moins certain que le charme de ces décors aux couleurs tendres et les quelques gags du film suffisent à les passionner. Quelques séquences gratuites, comme le rêve de danse de l’un des scientifiques, dynamisent un scénario autrement assez morne et aux dialogues parfois trop familiers pour les enfants.

Pendant un an, M. Whyte a suivi le quotidien de religieuses dans un monastère carmélite de Londres. Coupées du monde, les sœurs ont fait vœu de silence, et ne dérogent à cette règle que pour chanter lors des fréquentes prières. Le reste du temps, elles se déplacent en ombres muettes, se saluant d’un mouvement de tête. Aucun bruit de l’extérieur ne vient perturber leur paix. Elles travaillent silencieusement, ne regardent pas la télévision et évitent de sortir. Pour sœur Christine Marie de la Trinité, ce silence presque total n’est pas une entrave mais au contraire “une musique”, un lieu de “grâce”, “de vie et d’espoir”, propice à la réflexion. Le film mêle le récit d’une journée, depuis le réveil jusqu’à l’extinction des feux, et le déroulement d’une année. S’y greffent de petites histoires, comme les différentes étapes de la fabrication des hosties, qui rythment un film très contemplatif. Car seules trois sœurs, dont la prieure, se confient au spectateur : une absence de pluralité qui se révèle assez frustrante. Or, la valeur esthétique des différents rites des couvents reste quasi nulle (l’image est très mauvaise) et c’est des témoignages qu’émerge l’intérêt du film. Celui de la prieure, qui a connu une longue période de doute, est passionnant. Le film se centre alors sur la condition essentielle de la foi catholique : l’espérance d’une vie après la mort. Une mort à laquelle se préparent chaque jour les religieuses, pour la plupart déjà âgées, qu’elles ont su rendre quotidienne et qui ne leur inspire plus peur. Un mystère que résume très pragmatiquement la prieure : “S’il y a une vie après la mort, je suis heureuse de savoir qu’il y aura quelqu’un pour m’accueillir. Et si jamais il n’y a rien après la mort, il n’y aura de toute façon personne pour me le dire”.

M.Q.

M.Q.

M.D. © les Fiches du Cinéma 2010 - N°2000

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Encore un baiser

Love & autres drogues

Que justice soit faite

(Baciami ancora) de Gabriele Muccino (140 minutes. Italie France, 2010) Scn. : Gabriele Muccino. Im. : Arnaldo Catinari. Mon. : Claudio Di Mauro. Mus. : Paolo Buonvino. Production : Fandango. Prod. : Domenico Procacci. Dist. : Mars Distribution. Sortie France : 29 décembre 2010 (Visa n°124014) Avec Stefano Accorsi (Carlo), Vittoria Puccini (Giulia), Perfrancesco Favino (Marco), Claudio Santamaria (Paolo), Giorgio Pasotti, Marco Cocci, Sabrina Impacciatore, Daniela Piazza.

(Love & Other Drugs) de Edward Zwick (112 minutes. États-Unis, 2010) Scn. : Charles Randolph, Edward Zwick et Marshall Herskovitz, d’après l’ouvrage

(Law Abiding Citizen) de F. Gary Gray (108 minutes. États-Unis, 2009) Scn. : Kurt Wimmer. Im. : Jonathan Sela. Mon. : Tariq Anwar. Mus. : Brian Tyler. Production : Warp Film. Prod. : Lucas Foster, Gerard Butler, Alan Siegel, Mark Gill, Kurt Wimmer et Robert Katz. Dist. : Wild Bunch. Sortie France : 22 décembre 2010 (Visa n°126740. Int. - 12 ans.) Avec Gerard Butler (Clyde Alexander Shelton), Jamie Foxx (Nick Rice), Colm Meaney (l’inspecteur Dunningan), Leslie Bibb (Sarah Lowell), Michael Irby, Gregory Itzin, Regina Hall, Viola Davis, Roger Bart, Christian Stolte.

En dix ans, Carlo et ses amis ont changé. Lui est désormais séparé de Giulia, qui a la garde de leur fille et vit avec un acteur raté. Carlo, lui, a refait sa vie avec une autre femme. Le couple de Marco et Veronica bat de l’aile : ils n’ont jamais réussi à avoir d’enfant. Paolo, qui souffre de troubles comportementaux, a repris le magasin d’objets religieux de son père. Il sort depuis peu avec Livia, l’ex d’Adriano, arrêté pour trafic de drogue en Thaïlande. Le jour où ce dernier revient à Rome, tous les amis se retrouvent pour l’accueillir. Ce serait un monde où les hommes seraient virils mais fragiles, immatures mais sensibles. Un monde où les femmes seraient fortes mais hystériques, indépendantes mais passionnément amoureuses. Un monde où l’on se séparerait en criant très fort, pour finalement s’embrasser passionnément après avoir couru sous la pluie. Un monde où, à la fin, on ferait un petit commentaire en voix off pour faire le bilan de ce que l’on vient de vivre. Ce monde, c’est celui qu’Encore un baiser essaie laborieusement de faire exister deux heures durant, dix ans après en avoir posé les bases avec Juste un baiser. Or, comme l’indique le titre, en passant du “juste” à “encore”, ce “baiser” est définitivement celui de trop, recyclant à vide tous les clichés du couple, de l’amitié et de la quarantaine en crise dans une ambiance tire larmes et grands violons que le plus lénifiant des feuilletons n’oserait pas envier. Et Encore un baiser ne peut même pas se savourer comme un film d’acteurs : personne n’a vraiment l’air d’y croire... Sauf peut-être la charmante V. Puccini, dont les yeux s’embuent sur commande !

Hard Sell : The Evolution of a Viagra Salesman de Jamie Reidy. Im. : Steven Fierberg. Mon. : Steven Rosenblum. Mus. : James Newton Howard. Production : New Regency, Stuber Pictures et Bedford Falls. Prod. : Marshall Herskovitz, Charles Randolph, Pieter Jan Brugge, Scott Stuber et Edward Zwick. Dist. : 20th Century Fox. Sortie France : 29 décembre 2010 (Visa n°127460. 200 copies - vo / vf) Avec Jake Gyllenhaal (Jamie Randall), Anne Hathaway (Maggie Murdock), Oliver Platt (Bruce Winston), Josh Gad (Josh Randall), Hank Azaria, Judy Greer, Jill Clayburgh.

1996. Jamie, séducteur impénitent, est au chômage. Son jeune frère, Josh, lui propose alors de l’introduire auprès de la firme pharmaceutique Pfizer. Jamie, embauché comme commercial, doit user de tous ses charmes pour convaincre d’influents médecins de prescrire du Zoloft à la place de son concurrent, le Prozac. Au cours d’une de ses “visites de persuasion” à l’hôpital, Jamie rencontre Maggie, traitée pour une maladie de Parkinson précoce. Il est conquis, elle semble lui rester insensible. Toutefois, ne cherchant ni l’un ni l’autre à s’engager, ils deviennent amants. E. Zwick, plus connu pour ses fresques historiques (Le Dernier samouraï) revient ici au registre intimiste qu’il avait abordé à la télévision au début de sa carrière. S’inspirant du livre de J. Reidy (relatant son expérience de délégué médical ayant battu l’industrie pharmaceutique à son propre jeu à la fin des années 1990), le film repose sur les stars montantes J. Gyllenhaal et A. Hathaway, qui incarnent parfaitement le “couple idéal” de l’intrigue. Hélas, leur talent ne suffit pas à nous tenir en haleine. Car, après un début à la mise en scène enlevée, soutenu par un solide humour et des seconds rôles impeccables, le scénario pèche par excès de conformisme : la fin est vite prévisible et les clichés sautent aux yeux... Zwick, qui voulait rendre compte de ce qu’il y a d’épique dans les luttes intimes, ne parvient pas vraiment à nous captiver.

Un soir, la maison de Clyde est attaquée par deux cambrioleurs qui tuent, sous ses yeux, sa femme et sa petite fille. Les assassins sont arrêtés, mais les preuves sont minces. Nick, le jeune procureur, passe un accord avec l’un des agresseurs, ce que Clyde ne comprend pas. Dix ans plus tard, Nick assiste à l’exécution du seul agresseur condamné. Sa mise à mort tourne à la torture à cause d’un sabotage. Le second meurtrier, qui a retrouvé la liberté, est enlevé et torturé à mort. Nick fait arrêter Clyde, qui monnaie sans arrêt, avec des faveurs absurdes, toutes ses déclarations. Nick comprend que Clyde a en fait prévu son arrestation et joue avec eux... Avec un titre en forme de déclaration de guerre et un casting musclé, Que Justice soit faite semble faire partie d’un revival des “vigilante movies”, s’inspirant du Charles Bronson des années 1970-80. Le début est tout à fait dans cette veine, avec un innocent pour qui la justice, à force de compromis et d’ambitions personnelles, n’est plus là. Puis le film quitte les rives de l’autojustice sans pour autant plonger dans l’originalité : on se retrouve dans un face-à-face entre un véritable génie du mal et un ambitieux représentant de la loi. Un jeu du chat et de la souris devenu cliché depuis le triomphe du Silence des Agneaux... Ici, la formule fonctionne correctement et ajoute une petite touche de Saw pour le sadisme et le goût du spectacle de Clyde. Les acteurs sont plutôt bons, le suspense correct et la réalisation décente, le tout formant un film de genre dénué de toute ambition et s’oubliant sitôt consommé.

L.G.

S.G.

C.L. © les Fiches du Cinéma 2010 - N°2000

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Rendez-vous l’été prochain (Jack Goes Boating) de Philip Seymour Hoffman (91 minutes. États-Unis, 2010) Scn. : Bob Glaudini, d’après sa pièce. Im. : Mott Hupfel. Mon. : Brian A. Kates. Mus. : Susan Jacobs et Evan Lurie. Production : Big Beach et Cooper’s Town Production. Prod. : Marc Turteltaub, Peter Saraf, Beth O’Neil et Emily Ziff. Dist. : Le Pacte. Sortie France : 29 décembre 2010 (Visa n°128276) Avec Philip Seymour Hoffman (Jack), Amy Ryan (Connie), John Ortiz (Clyde), Daphne Rubin-Vega (Lucy), Richard Petrocelli, Lola Glaudini, Isaac Schinazi, Trevor Long.

Le Sentiment de la chair

Les Yeux de Julia

de Roberto Garzelli (91 minutes. France, 2010) Scn. : Roberto Garzelli. Im. : Nicolas Guicheteau. Mon. : Laurence Briaud. Mus. : Cyril Morin. Production : Stella Films. Prod. : Stéphanie Andriot. Dist. : Zelig Films. Sortie France : 29 décembre 2010 (Visa n°116465. 15 copies) Avec Thibault Vinçon (Benoît), Annabelle Hettmann (Héléna), Pascal Nzonzi (Djibril), Emmanuel Salinger (M. Hector), Claudia Tagbo (l’amie de Djibril), Pierre Moure (Thierry).

Un jour, Clyde promet à son ami Jack de lui présenter quelqu’un afin d’interrompre sa période de célibat. La compagne de Clyde, Lucy, a en effet rencontré Connie, une jeune femme fragile, qu’elle tente de chaperonner au travail. Un rendez-vous est prévu entre Jack et Connie, mais la timidité parfois maladive de Jack n’aide pas : il a évoqué un prochain rendez-vous l’été prochain, lorsque le temps sera suffisamment beau pour faire du bateau ! Lorsque Connie est agressée dans la rue, Jack lui rend visite : un sentiment se noue entre eux. Connie promet de dîner avec lui, Clyde et Lucy. Premier long métrage d’un acteur devenu une référence oscarisée du jeu américain, Rendez-vous l’été prochain affiche une modestie surprenante. Avec cette histoire croisant deux couples opposés, aux apparences trompeuses, Philip Seymour Hoffman emprunte le chemin cliché des comédies romantiques pour en détourner les codes et parler de ce qui ne se dit pas : la difficulté d’être ensemble. La réalisation investit New-York et met en avant les personnages, avec des gros plans qui parviennent à ne pas être lourds grâce à la finesse des acteurs. Cette mise en scène confère par moments au film une certaine pesanteur, mais touche souvent juste. Plus le film avance, plus il se libère des lieux communs sur lesquels il semble démarrer, laissant chaque personnage se développer et se complexifier. Le résultat échappe ainsi aux facilités (ni noirceur exagérée, ni mièvrerie) et il se révèle plutôt touchant et réussi.

Souffrant du dos, Héléna, étudiante en dessin anatomique, rencontre Benoît, un radiologue passionné par les variations anatomiques du corps humain. Elle se rend à l’un de ses cours. Le soir, ils se retrouvent et entament une liaison. Benoît fait une échographie à Héléna, où tout apparaît normal. Les deux amants échangent sur leur passion mutuelle pour l’anatomie. Héléna aide un ami à illustrer un journal médical. Elle confie à Benoît qu’elle souhaite “aller plus loin”. Ancien collaborateur de Ferreri, Garzelli partage avec son maître une passion certaine pour la mise en scène du corps, sujet principal de ce premier long métrage de fiction. Soucieux de se connaître totalement, à travers l’exploration de leur “moi” intérieur, les deux amants vont petit à petit transgresser lois et tabous. La situation va dégénérer, jusqu’à mettre en danger les personnages et rendre le spectateur mal à l’aise. Garzelli mène son film avec une précision indiscutable, accordant une grande place aux décors, multipliant les gros plans et les effets de cadre pour mieux étayer les pensées de ses personnages. Tous deux sont un peu déjantés (elle est persuadée que c’est dans la forme de son bassinet qu’il accèdera à son intériorité), ce que met en exergue une esthétique classique mais efficace (tendance monochrome). Mais, à traiter la passion sur le mode chirurgical, le récit finit par manquer d’âme, comme si la mise en scène avait bridé toute transgression du récit. L’exploration clinique des personnages se fait donc au détriment des sentiments, rendant les deux héros plutôt antipathiques, mais aussi de l’intrigue, sans surprise.

S.G.

M.Q.

© les Fiches du Cinéma 2010 - N°2000

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(Los Ojos de Julia) de Guillem Morales (116 minutes. Espagne, 2010) Scn. : Guillem Morales et Oriol Paulo. Im. : Óscar Faura. Mon. : Joan Manel Vilaseca. Mus. : Fernando Velázquez. Production : Rodar y Rodar. Prod. : Joaquín Padró, Mar Targarona, Guillermo del Toro et Mercedes Gamero. Dist. : Universal Pictures. Sortie France : 22 décembre 2010 (Visa n°128078. Int. - 12 ans. 120 copies - vo /vf) Avec Belén Rueda (Julia / Sara), Lluís Homar (Isaac), Pablo Derqui (Iván), Francesc Orella (l’inspecteur Dimas), Joan Dalmau (Créspulo), Boris Ruiz (Blasco), Daniel Grao (le docteur Román), Clara Segura, Andrea Hermosa, Julia Gutiérrez Caba.

Sara se pend sous les yeux d’un homme mystérieux. Sa sœur jumelle, Julia, se rend immédiatement sur les lieux avec son compagnon, Isaac. Elle refuse la thèse du suicide, pourtant étayée par la cécité subite de Sara. Or, Julia commence à ressentir les effets de la même maladie héréditaire. Elle tente de retrouver les traces d’un mystérieux petit ami de Sara. Finalement, Isaac est retrouvé pendu avec des lettres le désignant comme l’amant de Sara. La police conclut que Sara s’est suicidée avec l’aide d’Isaac. Mais Julia n’y croit pas. Le stress accélère sa maladie : elle perd la vue. Après le succès de L’Orphelinat, Les Yeux de Julia est la nouvelle production de G. del Toro. Deuxième long métrage de G. Morales, le film évoque un pan du cinéma italien : le “giallo” ! Morales compte remédier à la disgrâce du genre en en convoquant les figures obligées : la scène primitive, l’héroïne vulnérable, des amoureux réconfortants et suspects, ainsi qu’une ambiance à la lisière du fantastique. Ne manque que le gore : l’horreur est ici psychologique, se concentrant sur la descente aux enfers de Julia. La réalisation adopte donc son regard, détaillant sa paranoïa grandissante et l’effondrement de son univers. Une mise en scène subjective, qui fonctionne à grands coups d’effets souvent bien menés. Néanmoins, l’angoisse a du mal à monter : la faute à un scénario paresseux qui tente de créer du mystère autour d’un coupable repérable à des kilomètres... S.G.


S o m m a i r e

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Spécial N°2000

p.2

Another Year ................................... ★★★★ ............. Cabeza de Vaca .............................. ★★★★ ............. Les Émotifs anonymes ................... ★★★ ................. Mon beau-père et nous ................. ★★ .................... Bas-fonds ......................................... ★★★ ................. Octubre ............................................. ★★★ ................. Le Quattro volte .............................. ★★ ..................... Sound of Noise ............................... ★★★ ................. D’autres films en bref ...................................................

p.21 p.22 p.23 p.24 p.25 p.26 p.27 p.28 p.29

Burlesque ............................................... ❍ Les Chimpanzés de l’espace 2 ........... ★★ De Silence & d’Amour .......................... ★★ Encore un baiser ................................... ❍ ......................... p.30 Love & autres drogues ......................... ★★ Que justice soit faite ............................. ★ Rendez-vous l’été prochain ................ ★★ ..................... p.31 Le Sentiment de la chair ...................... ★ Les Yeux de Julia .................................. ★

Semaine du 29 décembre Bas-fonds Visa : 119467 Interdit aux - 12 ans 1,85 - Dolby SR Copies : n.c. Dist. : Ciné Classic. De Silence & d’Amour Visa : 127466 1,85 - Dolby stéréo 15 copies (vo) Dist. : Jupiter Communication. Encore un baiser Visa : 124014 Scope - Dolby SR SRD Copies : n.c. Dist. : Mars Distribution. Love & autres drogues Visa : 127460 1,85 - Dolby SR SRD 200 copies (vo / vf) Dist. : 20th Century Fox. Nous sommes la nuit Visa : 128175 Interdiction en cours Scope - Son : n.c. Copies : n.c. Dist. : Metropolitan Filmexport. Octubre Visa : 127053 Scope - Dolby SR 15 copies (vo) Dist. : Eurozoom. Le Quattro volte Visa : 126873 Scope - Dolby SRD 30 copies (vo) Dist. : Les Films du Losange. Rendez-vous l’été prochain Visa : 128276 1,85 - Dolby SR SRD DTS Copies : n.c. Dist. : Le Pacte. Le Sentiment de la chair Visa : 116465 1,85 - Dolby SR 15 copies Dist. : Zelig Films. Sound of Noise Visa : 120810 Scope - Dolby SRD Copies : n.c. Dist. : Wild Bunch.

Prochain numéro le 5 janvier 2011

• Directeur de Publication : Cyrille Latour • Rédacteur en chef : Nicolas Marcadé (redaction@fichesducinema.com) • Secrétaire de Rédaction : Michael Ghennam • Ont collaboré à ce numéro : Georges Barret, Christian Berger, Anne Berjon, Jean-Christophe Berjon, Michel Berjon, Géraldine Borrely, Isabelle Boudet, Jef Costello, Marguerite Debiesse, Xavier Ehretsmann, Patrick Flouriot, Leïla Gharbi, Michael Ghennam, (Pierre-)Simon Gutman, Roland Hélié, Rocco Labbé, Cyrille Latour, Camille Lebert-Loiret, Gérard Lenne, Cédric Lépine, Nicolas Marcadé, Julien Nève, Marie Plantin, Marine Quinchon, Sébastien Ragel, Chloé Rolland, Claude Rotschild, Ghislaine Tabareau(-Desseux), Nathalie Zimra. Les commentaires des «Fiches» reflètent l’avis général du comité. • Administration : Chloé Rolland (administration@fichesducinema.com) • Trésorier : Guillaume de Lagasnerie • Conception Graphique : pinkpunk (contact@pinkpunk.fr) • Impression : Compédit Beauregard S.A. Zone industrielle Beauregard 61600 La Ferté-Macé Tél : 02.33.37.08.33 • Dépôt légal : Décembre 2010 • Commission paritaire : 0310 G 86313 • ISSN 0336-9331 «Les Fiches du Cinéma». Tous droits réservés. Toute reproduction même partielle des textes est soumise à autorisation.

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69, rue du Faubourg Saint Martin 75010 Paris • Tél : 01.42.36.20.70 • Fax : 01.42.36.10.65

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Semaine du 22 décembre Another Year Visa : 128018 Scope - Dolby SRD 150 copies (vo) Dist. : Diaphana. Burlesque Visa : 127489 Scope - Dolby SR SRD DTS SDDS Copies : n.c. Dist. : Sony Pictures. Cabeza de Vaca Visa : 128065 1,85 - Mono 10 copies (vo) Dist. : ED Distribution. Les Chimpanzés de l’espace 2 Visa : 127684 1,85 (2D / 3D) - Dolby SR SRD Copies : n.c. Dist. : SND. Les Émotifs anonymes Visa : 121064 Scope - Dolby SRD Copies : n.c. Dist. : StudioCanal. Libre échange Visa : 121105 Scope - Dolby SRD DTS Copies : n.c. Dist. : ARP Sélection. Mon beau-père et nous Visa : 128223 1,85 - Dolby SR SRD 480 copies (vo / vf) Dist. : Paramount Pictures. Que justice soit faite Visa : 126740 Interdit aux - 12 ans Scope - Dolby SR SRD Copies : n.c. Dist. : Wild Bunch. Les Yeux de Julia Visa : 128078 Interdit aux - 12 ans Scope - Dolby SR SRD DTS 120 copies (vo / vf) Dist. : Universal Pictures.

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