Les Fiches du Cinéma #2033 (7 novembre 2012)

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n°2033

Après mai Rencontre avec Olivier Assayas Au-delà des collines de Christian Mungiu Argo de Ben Affleck Augustine de Alice Winocour

N°2033 • 7 NOVEMBRE 2012 • SORTIES DES 7 / 14 / 21 NOVEMBRE 2012 • 6,00 €


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H Amour (n°2032)

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Argo (n°2033)

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Au galop (n°2032)

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Bachelorette (n°2032)

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César doit mourir (n°2032) HHH

Comme des frères (n°2033)

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Être là (n°2033) Frankenweenie (n°2032)

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Genpin (n°2033)

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Into the Abyss (n°2032)

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J’enrage de son absence (n°2032)

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Le Jour des corneilles (n°2032)

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Les Lignes de Wellington (n°2033)

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Little Bird (n°2033)

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Looper (n°2032)

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Red Heart (n°2033) Rengaine (n°2033)

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Sharqiya (n°2033) Sinister (n°2033)

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Thérèse Desqueyroux (n°2033)

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Un plan parfait (n°2032)

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Villegas (n°2033)

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H un film passable

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Without (n°2033)

les films préférés de la rédaction

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Skyfall (n°2033)

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Une famille respectable (n°2032)

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Pays rêvé (n°2032)

Royal Affair (n°2033)

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La Pirogue (n°2032)

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Oliver Sherman (n°2033) Paperboy (n°2032)

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Nuit #1 (n°2033)

m un mauvais film

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Nous York (n°2033)

Paranormal Activity 4 (n°2033)

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End of Watch (n°2033)

In Another Country (n°2032)

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La Chasse (n°2033)

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Augustine (n°2033)

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Astérix & Obélix : au service de Sa Majesté (n°2032)

Au-delà des collines (n°2033)

autres c otes du comit é de réda ction

d Chloé R ollan

Nicolas Marcadé Marine Quincho n Gaël Re yre

Michael Ghenn

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Après mai (n°2033)

Thomas Fouet

Michel B erjon

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François Barge-P rieur Anne Be rjon

Les Étoiles de la Rédaction

HHHH un excellent film

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§ le coup de cœur

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édito

J’attends les slows LES FICHES DU CINÉMA 69, rue du Faubourg Saint Martin 75010 Paris Administration : 01.42.36.20.70 Rédaction : 01.42.36.10.65 Fax : 09.55.63.49.46 .............................................................. RÉDACTEUR EN CHEF Nicolas Marcadé RÉDACTEUR EN CHEF ADJOINT SECRÉTAIRE DE RÉDACTION Michael Ghennam redaction@fichesducinema.com .............................................................. ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO François Barge-Prieur, Christian Berger, Anne Berjon, Michel Berjon, Iris Brey, Jef Costello, Isabelle Danel, Marguerite Debiesse, Caroline Derache, Thomas Fouet, Michael Ghennam, (Pierre-)Simon Gutman, Cyrille Latour, Cédric Lépine, Nicolas Marcadé, David Nathanson, Julien Nève, Marine Quinchon, Gaël Reyre, Chloé Rolland, Louis Roux, Romain Tourbillon, Marie Toutée, Nathalie Zimra. Les commentaires des «Fiches» reflètent l’avis général du comité ..............................................................

PRÉSIDENT Cyrille Latour ADMINISTRATRICE Chloé Rolland administration@fichesducinema.com TRÉSORIER Guillaume de Lagasnerie CONCEPTION GRAPHIQUE 5h55 www.5h55.net IMPRESSION Compédit Beauregard 61600 La Ferté-Macé Tél : 02.33.37.08.33 .............................................................. DÉPÔT LÉGAL Octobre 2012 COMMISSION PARITAIRE 0315 G 86313 - ISSN 0336-9331 «Les Fiches du Cinéma». Tous droits réservés. Toute reproduction même partielle des textes est soumise à autorisation. Photo de couverture : Après mai (MK2 Diffusion) © Toma Baqueni WWW.FICHESDUCINEMA.COM

“Évoquons une situation on ne peut plus banale : un homme qui marche dans la rue. Soudain il veut se rappeler quelque chose, mais le souvenir lui échappe. À ce moment, machinalement, il ralentit son pas. Par contre, quelqu’un qui essaie d’oublier un incident pénible qu’il vient de vivre accélère à son insu l’allure de sa marche comme s’il voulait vite s’éloigner de ce qui se trouve, dans le temps, encore trop proche de lui. Dans la mathématique existentielle cette expérience prend la forme de deux équations élémentaires : le degré de la lenteur est directement proportionnel à l’intensité de la mémoire ; le degré de la vitesse est directement proportionnel à l’intensité de l’oubli.” C’était il y a 17 ans, Kundera écrivait ça, le roman s’appelait La Lenteur. Et notre environnement, alors, n’était même pas encore conditionné par la timeline de Twitter, qui aujourd’hui, à chaque seconde, régénère le présent de l’information et enfonce le clou de l’oubli... Dans le contexte actuel, où l’accélération n’a cessé de croître, ce n’est peut-être pas un hasard si des films, de plus en plus, ralentissent le pas pour se rappeler quelque chose. Ne serait-ce qu’à l’échelle de ce numéro, on peut retrouver déterrés tous les vieux totems qui ont, à un moment ou un autre, pu servir de rampe avant de craquer : la religion (Au-delà des collines), la psychanalyse (ou ses prémisses, dans Augustine), le militantisme (Après mai). Et c’est vrai, il se trouve que tous ces films prennent leur temps. Le Assayas, par exemple, risque d’avoir du mal à se faire entendre et comprendre, précisément parce qu’il ne peut pas être traité rapidement, comme une information, en confrontant des attentes et un résultat. Après mai exige du spectateur qu’il descende dans la lenteur ; qu’il laisse passer du temps sans déterminer son jugement. Il exige d’accepter de ne pas savoir, de laisser infuser, de laisser le sens se faire doucement. Et à ce prix-là, par contre, il peut donner beaucoup plus que ce que ses allures de petite chronique nostalgique autocentrée laissent d’abord imaginer. Mais déjà les malentendus commencent. Dans les Cahiers du cinéma, Joachim Lepastier semble reprocher à Assayas de ne pas nous permettre de nous identifier à son personnage principal (trop “timoré”, “bridé”), et donc de ne pas, à travers lui, nous livrer clés en main le secret perdu de l’accélération révolutionnaire. “La vraie question que la jeunesse de 1971 est en droit de nous poser, aujourd’hui, à tous, jeunes et moins jeunes, écrit-il, on l’entend dans le film. Elle est chantée par Soft Machine, mais pas vraiment reprise en chœur par Assayas : Why are we Sleeping ?”. Oui, mais c’est ne pas prendre en compte le fait que, si pour violenter l’époque dans la France de Pompidou le rythme à adopter était certainement celui de l’accélération, dans le monde de Twitter, changer la donne, ça commence par ralentir. Pourquoi on dort ? Mais parce qu’on se laisse bercer par la vitesse du train. C’est pourquoi, en nous fournissant de la lenteur et de la mémoire, Assayas est loin de ne faire que nous refiler de vieux souvenirs rances : il nous donne précisément les armes qu’il nous faut pour casser la torpeur amnésique engendrée par un monde qui tourne en rond et à toute vitesse comme un manège de fête foraine. NICOLAS MARCADÉ


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Exposition

Les Enfants du Paradis de Marcel Carné Exposition à la Cinémathèque Française “ Le film restauré, le DVD, le BluRay et l’exposition à la Cinémathèque : quatre bonnes raisons d’être heureux. ”

© D.R.

En arrivant dans la première salle de l’exposition consacrée aux Enfants du Paradis à la Cinémathèque Française, on lève les yeux vers la façade du théâtre des funambules. Elle se dresse, majestueuse, avec son Pierrot blanc annonçant le spectacle “Chand d’habits”. Elle est reproduite d’après une aquarelle d’époque, qui a elle-même servi aux décors du film. Mise en abîme parfaite du vrai et du faux. De l’autre côté, d’une salle l’autre, se mélangent réalité et fiction. Les dessins et témoignages sur le Paris du XIXe siècle, et sur le voyou Lacenaire, l’acteur Lemaître, le mime Deburau ; les photos des décors de Barsacq et Trauner construits en studio à la Victorine, les sublimes gouaches préparatoires aux costumes, signées Mayo, ainsi que certaines robes, vestes, tuniques et chapeaux ayant “joué” dans le film ; des contrats et documents de production, où on lit en filigrane l’ombre de la guerre (bobines achetées au marché noir), où on découvre diverses querelles (l’une,

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entre Prévert et Autant-Lara, qui souhaitait faire changer la fin du film, vaut son pesant d’or !) et des affiches françaises et étrangères ; des interviews filmées de Carné et ses collaborateurs et de larges extraits du film. On apprend que Les Enfants du Paradis a failli s’appeler Funambules, qu’il aurait dû comporter une troisième “époque” centrée sur le procès de Deburau en 1836 : il avait tué accidentellement un homme qui avait insulté son épouse, et fit salle comble car les badauds espéraient entendre enfin sa voix... La phrase qui conclut l’exposition est signée François Truffaut : “Je donnerai tous mes films pour avoir réalisé Les Enfants du Paradis”. Ils sont nombreux, les admirateurs de ce chef d’œuvre incontesté du septième art. Sorti le 9 mars 1945, il a connu un succès public colossal (cumulant 52 semaines d’exploitation !). Du côté de la presse, c’était un peu plus mitigé, Georges Charensol ou François Chalais se démarquèrent du

© les Fiches du Cinéma 2012 - N°2033


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© Collection Fondation Jérôme Seydoux / Pathé

concert de louanges. N’en déplaise à ces chipoteurs, Les Enfants du Paradis c’est 160 minutes de bonheur. Le revoir sur grand écran, après une restauration minutieuse, est la cerise sur le gâteau. Tout y est source d’un plaisir extraordinaire. Nous sommes en 1828, à Paris, sur le Boulevard du Temple, le “Boulevard du Crime” dont les baraques foraines attirent les badauds. Dans l’une, la “vérité toute nue” (seulement jusqu’aux épaules !) qui a les traits et les attraits de Garance (Arletty), dans l’autre, un mime aux yeux tristes et à la grâce singulière, Baptiste Deburau (Jean-Louis Barrault). Et aussi un acteur de théâtre beau-parleur à la recherche d’un emploi, Frédérick Lemaître (Pierre Brasseur), et encore un voyou-poète- anarchiste, Pierre-François Lacenaire (Marcel Herrand). Ce dernier

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évoque un “petit acte plein de gaieté et de mélancolie” qu’il est en train d’écrire : “Deux êtres qui s’aiment, se perdent, se retrouvent et se perdent à nouveau.” Les Enfants du Paradis, c’est cela : une histoire à la fois simple et compliquée qui fait spectacle, sarabande et carnaval, passion et jalousie, bruit et fureur, dans un Paris populaire et vibrionnant. Un hymne à l’amour et à la vie, fabriqué pendant la guerre et sorti sur les écrans français en pleine paix. “Vous êtes libre, dit le policier qui a voulu arrêter Garance. - Ça tombe bien, réplique-t-elle, parce que moi j’adore ça la liberté !” ISABELLE DANEL

Exposition à La Cinémathèque Française du 24 octobre 2012 au 27 janvier 2013 ; Le Film (restauré) en salles et en DVD/BluRay à partir du 24 octobre 2012, Pathé.

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Paranormal Activity 4 (Paranormal Activity 4) de Henry Joost et Ariel Schulman Après un troisième volet assez plaisant, Paranormal Activity 4, répétitif, incohérent, voire risible, ne fait aucun effort pour renouveler la franchise. Un produit bâclé, qui semble être uniquement destiné à dominer le box-office pour Halloween.

ÉPOUVANTE Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Kathryn Newton (Alex), Katie Featherston (Katie), Matt Shively (Ben), Brady Allen (Robbie), Stephen Dunham (Doug), Alexondra Lee (Holly), Brian Boland (Daniel), William Juan Prieto (Hunter), Aiden Lovekamp (Wyatt), Alisha Boe (Tara). Scénario : Christopher Landon, d’après une histoire de Chad Feehan D’après : le film Paranormal Activity d’Oren Peli (scn. : Oren Peli, 2007) Images : Doug Emmett Montage : Gregory Plotkin Réal. 2e équipe : James Moran 1er assistant réal. : James Moran Son : Walter Anderson Costumes : Leah Butler Effets visuels : Eddie Pasquarello Dir. artistique : Jason Garner Maquillage : Paula Jane Hamilton Casting : Terri Taylor Production : Room 101 Pour : Paramount Pictures Producteurs : Oren Peli et Jason Blum Producteurs exécutifs : Akiva Goldsman et Steven Schneider Coproducteur : Gregory Plotkin Producteur associé : James Moran Distributeur : Paramount Pictures.

© Paramount Pictures

H Suite du deuxième volet de la franchise, Paranormal Activity 4 reprend exactement la formule de ses prédécesseurs. La réalisation a été confiée à Henry Joost et Ariel Schulman, qui avaient signé le troisième opus, le plus démonstratif et inventif. Le film suit toujours le procédé du “found footage” devenu un véritable sous-genre du film d’horreur : ici, l’héroïne filme avec sa webcam, son téléphone et la caméra infrarouge de sa console (une idée sympathique mais sous-exploitée). Malheureusement ces stratagèmes servent davantage à placer des produits hauts de gamme qu’à justifier le procédé, les réalisateurs laissant passer des incohérences qui mettent à mal sa crédibilité. Paranormal Activity 4 reste, par ailleurs, fidèle au rythme minimaliste de la franchise - il ne se passe quasiment rien pendant la première heure, mais la tension se développe en scrutant les plans longs et non cadrés, dans l’attente du phénomène paranormal - et recycle les mêmes effets simplissimes (mouvements de portes, ombres). Même si elle sent le réchauffé, la recette a encore un certain effet. Cependant les réalisateurs abusent aussi d’effets plus artificiels et paresseux, qui provoquent des sursauts plus agaçants qu’effrayants. La peur ne s’installe finalement pas vraiment, les personnages semblant trop déconnectés des enjeux (aucun ne pense à regarder les images enregistrées !) et incapables d’affronter le démon qui semble, à force, totalement invincible. L’intrigue globale de la série n’avance pas du tout, aucun nouvel élément n’étant révélé, si bien que ce film semble n’être que le long prologue inutile du cinquième épisode, déjà en préparation... _An.B.

88 minutes. États-Unis, 2012 Sortie France : 31 octobre 2012

u RÉSUMÉ Alex, une adolescente, filme sa vie quotidienne : son petit frère Wyatt, son copain Ben et ses parents, Holly et Doug. Sa famille accueille pour quelques jours Robbie, l’enfant étrange d’une voisine, qu’ils ne connaissent pas et qui est hospitalisée. Ben et Alex découvrent que la webcam a filmé Robbie se couchant à côté d’elle, la nuit, et la caméra infrarouge de la console une silhouette à côté de lui. Nuit 1 : Alex suit Robbie et voit une ombre. Ben et Alex installent secrètement des logiciels sur les ordinateurs de la maison et sur la console, afin de filmer en permanence. Le lendemain, Alex entend des bruits et un lustre tombe devant elle. SUITE... Nuit 6 : Alex voit des femmes se réunir dans la maison de Robbie. Elle découvre qu’un symbole dessiné par Robbie fait référence à un culte ancien. Elle rencontre la mère de Robbie, Katie, qui ne semble pas malade. Wyatt apprend à Alex que Robbie a été adopté, comme lui. Nuit 10 : Wyatt, suivi par une silhouette, dément s’appeler Hunter. Pendant son bain, il est noyé par une force puis refait calmement surface. Nuit 11 : Wyatt voit Alex léviter. Il se fait appeler Hunter. Nuit 12 : Des bruits amènent Alex au garage, où elle est piégée, les voitures en marche ; elle défonce la porte. Le lendemain, Katie pénètre dans la maison, tue Holly et Ben, et part avec Wyatt. Doug les suit, tandis qu’Alex trouve le corps de Ben. Elle court chez Katie et voit son père attaqué. Elle est poursuivie par Katie, démoniaque, puis par une horde de sorcières.

Visa d’exploitation : 134911. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD DTS. 250 copies (vo / vf).

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Saudade (Saudâji) de Katsuya Tomita Portrait brut du Japon d’aujourd’hui, Saudade montre la difficulté d’exister de chacun hors du groupe d’individus auquel il appartient. Tomita pose sur son pays et ses personnages un regard à la fois détaché et empreint de poésie, original et frappant.

CHRONIQUE SOCIALE Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Tsuyoshi Takano, Hitoshi Itô, Deejai Paweena, Ai Ozaki, Chie Kudô, Dennis Oliveira de Hamatsu, Ieda de Almeida Hamatstu, Yûsuke Noguchi, Shinji Murata, Ayano, Tomohito Nakajima, Yôta Kawase, Fabio Yuji Mori, Fabio Shimazaki, Young-G de stillichimiya, Bigben de stillichimiya, MMM de stillichimiya, Pony de stillichimiya, Mestar de stilichimiya, KTY de stillichimiya, Maro de stillichimiya. Scénario : Toranosuke Aizawa et Katsuya Tomita Images : Takako Tahano Montage : Katsuya Tomita et Yoshiko Takano 1er assistant réal. : Kentarô Kawakami Musique : Stillichimiya Son : Iwao Yamazaki Production : Kuzoku Producteurs : Kôtarô Date et Tomomi Tomita Producteur exécutif : Takayuki Sasamoto Distributeur : Alfama Films.

© Alfama Films / Kuzoku

HHH Le réalisateur japonais Katsuya Tomita a accouché de Saudade au forceps, en intercalant les temps de tournage dans les creux de son emploi du temps de chauffeur-routier, pendant plus de trois ans. Le film est autoproduit grâce aux souscriptions versées à un collectif de cinéastes fondé par le réalisateur. Le résultat porte, comme toujours, les marques de sa fabrication : le film, qui se veut une sorte de vue en coupe du Japon d’aujourd’hui, à travers ses différentes communautés (brésilienne, coréenne, thaïlandaise), est tourné en lumières et décors naturels, avec une caméra souvent fixe, parfois à l’épaule. Il en résulte une forme très brute, proche du documentaire. Car, malgré une légère trame narrative (par ailleurs très inspirée de faits réels), la manière de filmer de Tomita ne verse jamais dans l’émotion : en refusant les gros plans sur ses personnages, et en les inscrivant toujours dans un ensemble (un lieu, un couple, un groupe de personnes), il n’en fait pas les moteurs d’une fiction romancée, ni même les vecteurs d’une thèse politique ou sociale : juste des parties d’un tout, qui semble entourer l’individu au point de l’empêcher de prendre son envol. Ici, les communautés font bloc, et sont imperméables aux autres. Les groupes se croisent mais ne se mélangent pas : les Brésiliens, les Japonais, les ouvriers, les patrons, les filles... Tous sont prisonniers de leur environnement culturel et social. Ainsi, avec une grande force réaliste, qui n’est pas sans rappeler certains films de Jia Zhang-ke ou de Wang Bing, Katsuya Tomita dresse un tableau détaché d’un monde où la place de l’être humain semble se réduire inéluctablement... Un film fort. _F.B-P.

167 minutes. Japon, 2012 Sortie France : 31 octobre 2012

u RÉSUMÉ À Kôfu, au Japon, Seiji travaille sur les chantiers. Il y rencontre Hosaka, de retour de Thaïlande. Les deux hommes sympathisent, et passent leurs soirées dans les bars, en compagnie de femmes thaïlandaises. Un jour, Takeru, leader d’un groupe de rap local, se joint à leur équipe. Mal dans sa peau et en rage contre la société et la crise économique, il semble s’ennuyer avec les deux autres. À une soirée, il croise une ancienne petite amie, qui travaille dans l’événementiel, et qui a prévu d’organiser une soirée avec un groupe de rap de la communauté brésilienne. Takeru propose de faire une battle avec eux, mais comme le public est brésilien et ne parle pas un mot de japonais, c’est un fiasco. Le groupe brésilien gagne haut la main. SUITE... Takeru décide d’arrêter le rap, tandis que Seiji commence à fréquenter une prostituée thaïlandaise, et hésite à quitter sa femme pour elle. Le chantier ferme, et les trois ouvriers sont licenciés. Takeru se remet avec son amie, tandis que Seiji s’éloigne de plus en plus de sa femme, qui, attirée par le succès facile, devient membre du comité de campagne d’un politicien véreux. Dans la communauté brésilienne, le chômage fait également des ravages, et beaucoup sont obligés de retourner au Brésil. Les tensions raciales montent. Tandis que Seiji se rêve une autre vie en Thaïlande avec son amante, Takeru, de plus en plus renfermé, poignarde le leader du groupe de rap brésilien, avant de se livrer à la police.

Visa d’exploitation : 134243. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 12 copies (vo).

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Skyfall (Skyfall) de Sam Mendes Donné pour mort, James Bond sort de sa retraite pour aider M, prise pour cible par un cyber-terroriste implacable. 007 fête ses 50 ans avec un film en forme d’hommage, compilant les références tout en prônant l’ouverture de la franchise au drame.

© Sony

HHH Pour sa troisième sortie dans le rôle emblématique de 007, Daniel Craig a eu droit au traitement royal. Adieu Marc Forster (auteur du raté Quantum of Solace, 2008), bonjour Sam Mendes (le cinéaste oscarisé dès son premier film, American Beauty). Adieu aussi la mythologie complexe qui se mettait en place depuis Casino Royale (2006) : Skyfall sera un épisode à part. Ce qu’il est à juste titre, par son ambition et ses choix narratifs. Si la logique habituelle est respectée - une séquence d’ouverture mouvementée, suivie de l’incontournable générique, ici très réussi -, Mendes et ses trois scénaristes (Purvis et Wade, qui officient sur la franchise depuis 1999 et Le Monde ne suffit pas, ont été rejoints par le scénariste de Gladiator, John Logan) prennent la tangente : James Bond n’est plus au centre de l’intrigue. À lui de retrouver sa place au MI6 et de se montrer digne de la confiance que l’inoxydable M a toujours en lui. Une quête soulignée par la nette mise en retrait des James Bond girls au profit de Judi Dench. De plus, Mendes a vu The Dark Knight de Christopher Nolan, et reconnaît volontiers s’en être inspiré... Il en a tiré quelques enseignements : l’action de Skyfall fait sens au sein d’une structure chorale, où les personnages sont identifiables et confrontés à leurs démons. Le Silva de Bardem, tour à tour truculent et monstrueux, constitue d’ailleurs une réplique “bondienne” du Joker... Skyfall prouve que la franchise, du haut de son demi-siècle de cinéma, est toujours en mesure d’assimiler la culture pop et les modes. Et c’est cette capacité à ne pas rester figée dans son époque qui lui permet de rivaliser avec les grandes valeurs de l’entertainment hollywoodien. _Mi.G.

ESPIONNAGE Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Daniel Craig (James Bond), Judi Dench (M), Javier Bardem (Silva), Ralph Fiennes (Gareth Mallory), Naomie Harris (Eve), Bérénice Lim Marlohe (Séverine), Ben Whishaw (Q), Albert Finney (Kincade), Rory Kinnear (Tanner), Ola Rapace (Patrice), Helen McCrory (Clair Dowar), Milorad Kapor (le capitaine), Beatrice Curnew (Susan Horrocks), Adebayo Bolaji (le matelot de Silva), Christopher Sciueref (le mercenaire de Silva). Scénario : Neal Purvis, Robert Wade et John Logan D’après : le personnage créé par Ian Fleming (1953) Images : Roger Deakins Montage : Stuart Baird Réal. 2e équipe : Alexander Witt 1er assistant réal. : Michael Lerman Scripte : Jayne-Ann Tenggren Musique : Thomas Newman Chanson : Adele, Skyfall Son : Stuart Wilson Décors : Dennis Gassner Costumes : Jany Temime Effets spéciaux : Chris Corbould Effets visuels : Daniel Kleinman Dir. artistique : Chris Lowe Maquillage : Naomi Donne Casting : Debbie McWilliams Production : EON Productions, MGM et Danjaq Coproduction : Columbia Pictures Producteurs : Michael G. Wilson et Barbara Broccoli Producteur exécutif : Callum McDougall Coproducteurs : Andrew Noakes et David Pope Producteur associé : Gregg Wilson Dir. de production : Callum McDougall Distributeur : Sony Pictures.

143 minutes. Royaume-Uni - États-Unis, 2012 Sortie France : 26 octobre 2012

u RÉSUMÉ Istanbul. James Bond est chargé de récupérer une liste d’agents de l’OTAN infiltrés dans des organisations terroristes, tombée aux mains du mercenaire Patrice. Ce dernier parvient à s’échapper après que Bond a été touché par un “tir ami” de l’agent Eve. Bond est déclaré mort par le MI6. M reçoit des menaces, puis c’est le siège du MI6 qui fait l’objet d’un attentat, après que la liste a été décryptée. Bond refait surface. Il découvre que M est surveillée par la commission de l’ISC, présidée par Gareth Mallory. 007 échoue à ses tests. M maquille son évaluation pour le faire réintégrer. Elle le lance sur la piste de Patrice, à Hong-Kong. SUITE... Bond l’y élimine, non sans avoir repéré la mystérieuse Séverine. Dans un casino à Macao, il la persuade de lui présenter son commanditaire. Sur une île isolée, Bond rencontre alors Silva : un ancien agent de M, de ses années à Hong-Kong, qui a juré sa perte. Il tue Séverine, mais Bond le fait arrêter. À Londres, M passe devant la commission de l’ISC. Silva s’échappe pour la tuer, mais Mallory intervient. Seul, Bond emmène M dans la propriété écossaise de son enfance : Skyfall. Avec Kincade, le garde-chasse, ils se préparent contre l’assaut de Silva. Bond, M et Kincade réussissent à déjouer les attaques de Silva et déciment ses troupes. Mais Silva rattrape finalement M, qui est blessée. Bond le tue à temps, tandis que M succombe à ses blessures. À Londres, au nouveau siège du MI6, Bond rencontre le nouveau M : Mallory, assisté de Eve... Moneypenny.

Visa d’exploitation : 134856. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD DTS SDDS. 820 copies (vo / vf).

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A.L.F. de Jérôme Lescure Sur fond de maltraitance des animaux, l’itinéraire d’un groupe d’activistes, à la veille de Noël. Un film engagé, traité à la fois sur le mode du thriller et du film choral, mais qui ne parvient pas être à la hauteur de ses (grandes) ambitions.

© Les Films à Fleur de Peau

H Pour son premier long métrage de fiction, Jérôme Lescure s’est attaqué à un sujet aussi sensible que vaste, et qu’il semble connaître sur le bout des doigts : la maltraitance des animaux. Il est donc ici question d’une mission, entreprise par un groupe d’activistes, pour sauver des chiens destinés à servir de cobayes pour des expériences en laboratoire. Multipliant les casquettes (scénariste, chef monteur...), le jeune réalisateur a placé la barre assez haut en voulant proposer tout à la fois un film puzzle et un film choral. Dans le premier registre, consistant à construire son scénario de façon à ce que ses différentes pièces s’emboîtent méthodiquement, il ne s’en sort pas si mal et réussit à construire une forme de suspense relativement convaincant. Il se perd, en revanche, dans la dimension chorale. En effet, nombre de personnages sont en fait sacrifiés au profit de quelques-uns (le chef du groupe, la journaliste, le flic). Enfin, pour ce qui est de faire passer son message, Lescure n’y va pas par quatre chemins. L’artificialité de la mise en scène se distingue par son lot d’effets de style à l’esthétisme chic et toc (surimpressions, couleurs désaturées...). La musique, lacrymale au possible, vient appuyer encore l’emphase des personnages, et le film est ponctué ad nauseam d’images choc de souffrances infligées aux animaux. Au sein de ce brouhaha sans nom, les comédiens se débattent comme ils le peuvent dans des face-à-face cruels et parfois intenses, mais seule la paire de flics semble vraiment tirer son épingle du jeu. Le diagnostic est donc sans appel : le film s’est laissé dévorer par son sujet. _R.T.

THRILLER Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Alexandre Laigner (Franck Kovick), Alice Pehlivanyan (Sarah), Jean-Pierre Loustau (le capitaine Chartier), Stéphane Rouabah (Yann), Maxime Lecluyse (Marco), Ophélie Koering (Solenne), Lucie Rébéré (Chloé), Laurent Jumæucourt (le lieutenant Belvaux), Didier Sandre (le psychiatre), Patrick Mimoun (Lionel), Philippe Laudenbach (le père de Yann), Alexandre Cross (Maître Marini), Raphaël Mezrahi (Tibet), Jeanne Savary (Catherine), Roger Cornillac (Victor), Sylvie Bontemps (Jeanne), Perrine Marquès (Madame Sofrenovic), Xavier Bonastre (Mikowsky), Christine Bezault, Lionel Mur, Jean-Paul Nicolaï, Antoine Blanquefort, Jordi Avalos, Candice Barrada, Hyggins Sansa, Nathalie Villard, Stany Coppet, Joël Huet, Isaïe Sultan, Jean-Pierre Pivolot, Jérôme Godgrand, Cyril Conforti, Yanseine Beautour, Gauthier Lamothe, Dorothée Brière Méritte. Scénario : Jérôme Lescure Images : Antoine Carpentier Montage : Jérôme Lescure 1re assistante réal. : Chloé Luizard Scripte : Églantine Cluzel Musique : René-Marc Bini Décors : Laurence Joulia Costumes : Aurore Gouyon Dir. artistique : Jordi Avalos Production déléguée : Gomme Films et Minotaure Films Producteurs délégués : Gauthier Lamothe et Jérôme Lescure Producteurs associés : Alain & Bruno Délélis, Xavier Bonastre, Constantin Nicolae, Emmanuel Votte, Valérie Baccon et Gilles Lartigot Distributeur : Les Films à Fleur de Peau.

96 minutes. France, 2012 Sortie France : 7 novembre 2012

u RÉSUMÉ Le lendemain de Noël. Un homme est interrogé par deux inspecteurs durant une garde à vue. Sarah, une journaliste, parle de la culpabilité à son psychiatre. La veille de Noël, dans une station essence, à l’heure du changement de service, deux hommes se croisent dans les vestiaires. Un couple se réveille le matin. Une jeune femme annonce à son père qu’elle ne peut pas être là pour Noël. Une vétérinaire reçoit un colis. Pendant ce temps, l’interrogatoire continue. Frank, l’homme interrogé par la police, est accusé d’avoir braqué un vigile avec un fusil à pompe. SUITE... La veille de Noël, Frank donne un cours de théâtre auquel participe Chloé, la jeune femme. Puis Chloé passe une audition pour un rôle au théâtre. Frank achète un fusil à pompe chez un trafiquant d’armes. L’homme du couple part récupérer une camionnette taguée. Frank reçoit son avocat et lui avoue être impliqué dans les faits qui lui sont reprochés. Frank se rend chez Sarah alors qu’elle est en train de se disputer avec son copain. Sarah enregistre une confession de Frank, où il décrit ce qu’ils s’apprêtent à faire. Le groupe d’activistes se retrouve dans la camionnette, puis partage un repas avant leur mission : libérer des chiens destinés aux laboratoires. Finalement, la cassette qu’a enregistrée Frank pour Sarah sert de preuve de sa culpabilité, et le conduit en prison. Dix mois plus tard, Frank est libéré : il retrouve Sarah.

Visa d'exploitation : en cours. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD.

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2033 - 10- airderien_Mise en page 1 30/10/12 19:08 Page1

L’Air de rien de Grégory Magne et Stéphane Viard Un huissier de province aide Michel Delpech à éviter la liquidation de ses biens en lui organisant une tournée. Ce premier long aux allures de documentaire est aussi modeste en apparence que son (anti)héros. Comme lui, il recèle des trésors enfouis.

© Julien Poupard

HH Le titre, L’Air de rien, reflète bien la modestie et les vertus cachées de ce premier long signé Grégory Magne et Stéphane Viard, tout en ellipses et en dialogues brefs. Car derrière la rencontre entre un huissier anonyme et une vieille gloire de la chanson, qui vire au “buddy-roadmovie” façon Tandem de Patrice Leconte, il y a l’écume des rêves et des espoirs enfuis (ou seulement enfouis ?). Et derrière le portrait d’un homme sans qualité, qui n’a choisi ni son métier (huissier) ni même son “idole” (Delpech) - puisque les deux lui viennent de son père -, il y a une chronique profonde de la France du même nom. Chronique ni goguenarde, ni misérabiliste, mais consciente et respectueuse, porteuse d’une tendresse non feinte pour les personnages satellites : pêcheurs battant le record du plus gros poisson, pauvres gens aux prises avec les dures réalités de la société de consommation… Car tout a changé depuis l’époque des années 1970 où le père de Grégory écoutait en boucle Le Loir et Cher ou Que Marianne était jolie. Le plein emploi est un mythe pour les jeunes générations ; et le lien social, la solidarité sont les mamelles d’une utopie à réinventer. La formation de documentaristes des deux réalisateurs imprègne fortement la mise en scène, rapide, discrète, avec un goût prononcé pour l’“accident” organisé : plans où le vide a sa place, protagonistes souvent bord cadre. Face à Michel Delpech qui interprète avec talent Michel Delpech sans que ce soit “lui-même”, un nouveau venu, Grégory Montel, apporte une émotion vraie et des nuances infinies. À force de petits riens, ce film devient un grand tout qui distille une bien jolie musique. _I.D.

CHRONIQUE Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Michel Delpech (Michel Delpech), Grégory Montel (Maître Grégory Morel), Fred Scotlande (Maître Max Paturel), Céline Milliat Baumgartner (Lucie), Martine Schambacher (Martine), Christophe Miossec (Miossec), Jérôme Huguet (David), Benoît Belleville (le motard), Pauline Moulène (l’animatrice radio), Delphine Théodore (la journaliste), Alain Dumas (le patron du Cargo), Catherine Davenier (Véronique, la groupie oubliée), Jean-Claude Rousseau (le locataire), Jean-Pierre Plane, Bruno Behague et Gérard Furay (les pêcheurs), Jérôme Paquatte (l’organisateur de motocross), Thomas Bidegain (le gérant de l’hôtel), Jeupeu (le technicien radio), Florie Vialens (la barmaid). Scénario : Grégory Magne et Stéphane Viard, avec la collaboration de Thomas Bidegain Images : Julien Poupard Montage : Olivier Marzin 1re assistante réal. : Camille Pawlotsky Musique : Julien Valette Son : Emmanuel Bonnat Décors : Sidney Dubois Costumes : Sarah Monfort Maquillage : Lucky Nguyen Casting : Laure Cochener, Grégory Magne et Stéphane Viard Production déléguée : Les Films Velvet Coproduction : Garance Capital, Aleph Motion Pictures, Blue Film Productions et Hominem Producteur délégué : Frédéric Jouve Coproducteurs : Patrick André, Jaime Mateus-Tique et Pierre-Emmanuel Bidegaray Dir. de production : Thomas Paturel Distributeur : Rezo Films.

90 minutes. France, 2012 Sortie France : 7 novembre 2012

u RÉSUMÉ Dans un village d’Auvergne, Grégory Montel, 30 ans, reprend la charge d’huissier de justice héritée de son père récemment décédé. Il est associé de fait au partenaire de celui-ci, Maître Max Paturel, qui a moins d’états d’âme que lui envers les débiteurs. Grégory se rend un jour, seul, chez Michel Delpech, retiré du show business et installé dans une vaste maison de campagne. Il doit saisir une partie de ses biens pour couvrir des contraventions et factures impayées. Empathique, comme toujours, il propose au chanteur de vendre sa belle voiture rouge via une petite annonce et s’acquitter ainsi des sommes dues. SUITE... Un accident de la route ayant rendu l’engin invendable, Grégory convainc une patronne de dancing en faillite de faire chanter Michel Delpech dans ses murs, contre un petit arrangement avec les créanciers. Malgré tout, les dettes s’accumulent et Max et Grégory se rendent au domicile du chanteur pour une saisie, désormais inévitable. Ne pouvant se résoudre à acculer ainsi l’idole de son propre père, le jeune huissier organise des tournées le week-end, à l’insu de Max et avec l’aide de la vieille secrétaire de l’étude, Martine, qui sort pour lui les dossiers des bars et autres discothèques en difficulté financière. Il est aussi chauffeur, manager, nounou, vendeur de disques et d’affiches… ami… Lorsque Max découvre la vérité, Grégory quitte l’étude, charge ses cartons dans sa voiture et reprend la route. Seul et souriant.

Visa d’exploitation : 128106. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD.

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2033 - 11- argo_Mise en page 1 30/10/12 19:08 Page1

Argo (Argo) de Ben Affleck Argo reconstitue une incroyable histoire vraie : un film monté de toutes pièces pour permettre l’exfiltration d’otages, lors de la crise iranienne. Ben Affleck livre moins un pamphlet politique qu’une variation virtuose et efficace autour du thriller d’espionnage.

© Warner Bros.

HHH Troisième réalisation de Ben Affleck, Argo marque le passage de l’ancienne star des tabloïds dans la cour des grands : le film est déjà un succès et semble bien parti pour les Oscar. Le sujet est d’ailleurs propice, puisqu’il s’agit de la reconstitution d’une histoire à la fois vraie et totalement invraisemblable : celle d’un faux tournage uniquement monté pour permettre l’exfiltration de plusieurs Américains cachés en Iran, alors que la crise des otages de 1979 bat son plein. La force évidente du film est sa façon de mélanger une reconstitution historique dramatique avec un humour décalé, produit par la rencontre entre deux univers opposés : Hollywood et les services secrets. L’aspect délirant de ce projet donne lieu à plusieurs scènes comiques, ainsi qu’à une inévitable caricature d’Hollywood. Cet aspect est bien traité, mais Affleck ne s’y attarde pas vraiment. Le cinéaste préfère se consacrer à mettre en scène (avec brio) un film d’espionnage d’une grande efficacité dans les passages obligés (suspense haletant, poursuite impossible), mais en décalage par rapport aux codes du genre. En effet, le héros, interprété par le réalisateur lui-même, n’a pas d’arme, et incarne une sorte d’agent neutre et assez mutique, autour duquel s’agitent diverses personnalités. Les enjeux, sociologiques ou politiques, du thème ne sont donc pas traités en profondeur par Affleck, qui a préféré relever un autre défi : respecter à la lettre un genre, tout en allant briser la plupart de ses règles. Le résultat ne satisfera pas forcement les amateurs de drames historico-politiques pointilleux, mais confirme qu’Affleck, servi ici par une distribution six étoiles, est un auteur vraiment étonnant. _S.G.

THRILLER D’ESPIONNAGE Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Ben Affleck (Tony Mendez), Bryan Cranston (Jack O’Donnell), Alan Arkin (Lester Siegel), John Goodman (John Chambers), Victor Garber (Ken Taylor), Tate Donovan (Bob Anders), Clea DuVall (Cora Lijek), Scoot McNairy (Joe Stafford), Rory Cochrane (Lee Schatz), Christopher Denham (Mark Lijek), Kerry Bishé (Kathy Stafford), Kyle Chandler (Hamilton Jordan), Chris Messina (Malinov), Zeljko Ivanek (Robert Pender), Titus Welliver (Bates), Keith Szarabajka (Adam Engell), Bob Gunton (Cyrus Vance), Richard Kind (Max Klein), Richard Dillane (Nichols), Omid Abtahi (Reza Borhani), Page Leong (Pat Taylor), Farshad Farahat (Azizi), Sheila Vand, Taylor Schilling, Karina Logue, Ryan Ahern. Scénario : Chris Terrio D’après : le roman The Master of Disguise d’Antonio J. Mendez (1999) et l’article The Great Escape de Joshuah Bearman dans Wired (2007) Images : Rodrigo Prieto Montage : William Goldenberg 1er assistant réal. : David Webb Musique : Alexandre Desplat Son : Erik Aadahl Décors : Sharon Seymour Costumes : Jacqueline West Maquillage : Kate Biscoe Casting : Lora Kennedy Production : Smokehouse Pictures Pour : Warner Bros. Pictures Prod. associée : GK Films Producteurs : Grant Heslov, Ben Affleck et George Clooney Producteurs exécutifs : David Klawans, Nina Wolarsky, Chris Brigham, Chay Carter, Graham King et Tim Headington Distributeur : Warner Bros.

119 minutes. États-Unis, 2012 Sortie France : 7 novembre 2012

u RÉSUMÉ 1979. L’ambassade américaine en Iran est prise d’assaut. Six Américains - Bob Anders, Cora & Mark Lijek, Joe & Kathy Stafford et Lee Schatz - s’échappent et trouvent refuge chez l’ambassadeur du Canada, Ken Taylor. Les autorités iraniennes ignorant leur existence, les “Invités” attendent dans le secret. À Washington, la CIA et le Département d’État élaborent divers plans pour les sortir du pays. L’agent Tony Mendez, spécialiste de l’exfiltration, suggère alors de monter de toutes pièces un faux film hollywoodien tourné en Iran, et de faire passer les Invités pour des membres de l’équipe. SUITE... Mendez et le maquilleur John Chambers, son contact à Hollywood, persuadent le producteur Lester Siegel de les aider. Ils achètent un scénario de science-fiction, Argo, montent une fausse compagnie de production et organisent même une vraie lecture du scénario devant des journalistes. Mendez part pour l’Iran, avec des faux passeports canadiens. Les Invités sont sceptiques et très angoissés. Pendant ce temps, les autorités iraniennes enquêtent. Hamilton Jordan, le chef de cabinet de la Maison Blanche, annule l’opération. Mais Mendez passe outre, emmenant tout le monde à l’aéroport pour procéder à l’exfiltration. Ils passent difficilement les douaniers iraniens, pendant que Jack O’Donnell, le supérieur de Mendez, relance en urgence l’opération. C’est finalement un succès, mais le Canada en prend le crédit : personne ne doit savoir la vérité pour préserver les otages de l’ambassade.

Visa d’exploitation : 135027. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SR SRD DTS.

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2033 - 12- augustine_Mise en page 1 30/10/12 19:08 Page1

Augustine de Alice Winocour Augustine séduit par l’originalité de son sujet - l’hystérie féminine à la fin du XIXe siècle et la finesse du traitement de la relation entre Charcot et sa patiente la plus célèbre : Augustine. Un premier long métrage élégant et subtil.

DRAME HISTORIQUE Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Soko (Augustine), Vincent Lindon (le professeur Charcot), Chiara Mastroianni (Constance Charcot), Olivier Rabourdin (Bourneville), Roxane Duran (Rosalie), Lise Lamétrie (l'infirmière principale), Sophie Cattani (Blanche), Grégoire Colin (Verdan), Ange Ruzé (Pierre), Audrey Bonnet (Aimée), Frans Boyer (le secrétaire de Conti), Aurore Broutin (la malade illuminée), Jeanne Cohendy (Mélanie), Valentine Herrenschmidt (Marguerite), Stéphan Wojtowicz (Conti). Scénario : Alice Winocour Images : George Lechaptois Montage : Julien Lacheray 1er assistant réal. : Léonard Vindry Scripte : Chloé Rudolf Musique : Jocelyn Pook Son : Jean-Luc Audy Décors : Arnaud de Moléron Costumes : Pascaline Chavanne Maquillage : Michelle Constantinides Casting : Karen Hottois et Nicolas Ronchi Production : Dharamsala Coproduction : ARP Sélection, France 3 Cinéma et Darius Films Productrices : Isabelle Madelain et Émilie Tisné Coproducteurs : Michèle & Laurent Pétin Distributeur : ARP Sélection.

© Dharamsala

HHH Pour son premier long métrage, la jeune Alice Winocour s’empare d’un sujet peu connu : le travail de Charcot sur les hystériques de la Salpêtrière. Son film est d’une remarquable sobriété, et le personnage d’Augustine, la patiente la plus célèbre du professeur, nous est présenté de façon nuancée. Rapidement, l’intrigue se ressert sur la relation entre l’homme de science et la belle hystérique, et la maladie passe au second plan. Winocour filme l’entrée dans la sexualité adulte d’une jeune femme, dont le désir a des répercussions directes sur son corps. Les symptômes de la maladie se laissent influencer par les attentions de Charcot, et Augustine va vers son rétablissement en accédant à la jouissance. Winocour déconstruit la maladie de l’hystérie, fantasme masculin, notamment en filmant la scopophilie des hommes face aux corps de ces femmes en demande de considération. Augustine, d’abord perçue comme bête curieuse, se métamorphose en femme qui s’émancipe en explorant sa sexualité. Soko, que l’on a pu voir dans Bye Bye Blondie et À l'origine, mais que l’on connaît davantage comme chanteuse, réussit à traduire toute l’ambiguïté de sa relation avec Charcot et de cette maladie. Vincent Lindon, tout en retrait et au service de sa partenaire, est magistral. L’atmosphère hivernale et brumeuse du film, le jeu sans fioriture des acteurs, l’évolution subtile et sensuelle de la relation amoureuse apportent une véritable élégance au film. Sélectionné à la Semaine de la Critique à Cannes cette année, deux ans après Belle Épine de Rebecca Zlotowski, Augustine révèle une nouvelle cinéaste, elle aussi issue de la Fémis, section scénario. _Ir.B.

102 minutes. France, 2012 Sortie France : 7 novembre 2012

u RÉSUMÉ Paris, hiver 1885. Augustine travaille avec Rosalie comme domestique pour une famille bourgeoise. Au moment de servir le dîner, Augustine a une crise qui la met à terre : son corps se révulse sans qu’elle puisse le contrôler. Elle est internée à la Salpêtrière, dans le service du professeur Charcot, qui soigne les hystériques. Un jour, Augustine fait une nouvelle crise, sous les yeux de Charcot, à qui elle n’a pas encore été présentée. Une de ses paupières se paralyse. Charcot s’intéresse de près à son cas. Il place Augustine dans une chambre privée et lui accorde une balade journalière. Augustine tombe dans les escaliers ; lorsqu’elle reprend conscience son œil s’ouvre mais sa main reste paralysée. SUITE... Charcot a besoin d’argent pour continuer ses études sur l’hystérie féminine et, avec l’aide de sa femme, l’Académie de médecine se rassemble pour voir le cas d’une hystérique : Augustine. Avant la réunion, Augustine voit une poule qui se fait égorger et la vue du sang la guérit. Pour aider Charcot, elle mime une crise d’hystérie devant l’assemblée de manière si convaincante que l’Académie accorde l’argent. Charcot voit à travers son jeu et la convoque dans son bureau ; ils y font l’amour. Puis au cocktail avec les financiers, Augustine et Charcot échangent un regard sous l’œil de la femme de Charcot qui se doute des sentiments partagés entre le médecin et sa patiente. Augustine s’enfuit en se mêlant à la foule d’invités.

Visa d'exploitation : 119412. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD.

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2033 - 13- etrela_Mise en page 1 30/10/12 20:17 Page1

Être là de Régis Sauder Immersion au cœur du service psychiatrique des Baumettes, aux côtés des soignantes. Régis Sauder révèle l’incessant travail de doute et de confiance auquel elles se livrent pour comprendre le sens de leur présence. Superbe.

DOCUMENTAIRE Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Sophie Sirère, Aude Daniel, Marion Ternaux, Anne Bacci, Séverine Grégoire, Catherine Paulet, Corinne Corona, MariePascale Chenesseau. Scénario : Régis Sauder Images : Régis Sauder Montage : Florent Mangeot Musique : Gildas Étévenard Son : Pierre-Alain Mathieu Maquillage : Audrey Garcia Production : Shellac Sud Coproduction : Toka Producteur : Thomas Ordonneau Dir. de production : Francine Cadet Distributeur : Shellac.

© Shellac

HHH Pendant plusieurs semaines, Régis Sauder (dont nous louions déjà, lors de la sortie en 2011 de Nous, princesses de Clèves, la capacité à faire de son film “une expérience commune”, posant “un regard sans préjugés” sur ses jeunes protagonistes) a filmé le service psychiatrique de la maison d’arrêt des Baumettes à Marseille. S’immisçant dans l’intimité des consultations et mettant à nu un quotidien soumis aux bruits métalliques des portes et aux cris des détenus, Être là interroge le travail des soignantes. Psychiatres, infirmières et ergothérapeutes luttent, au sein de - et parfois même contre - l’administration pénitentiaire, pour continuer à faire exister un espace à part, ouvert malgré l’enfermement de la prison : ouvert à l’écoute, au dialogue et aux soins. Avant d’être des détenus, les patients qu’elles reçoivent sont des hommes en souffrance. À la fois à l’intérieur et à l’extérieur du système carcéral, la place que ces soignantes occupent suscite en elles le doute et le désarroi, voire le désespoir. Peuvent-elles être témoins sans être aussitôt complices ? Comment agir depuis la prison contre la déshumanisation et les effets psychologiques de la prison elle-même ? Quel est le sens qu’elles donnent à leur métier ? Que signifie pour elles, jour après jour, “être là” ? Ces questions sont abordées avec force et délicatesse, à la fois par le rythme lancinant, répétitif jusqu’à l’usure, dont rend compte le film, mais aussi par les bribes de souvenirs de Sophie Sirère, responsable du service. Face caméra, la psychiatre livre ces textes qu’elle consigne régulièrement pour ellemême, tout à la fois pour conjurer son propre malaise et

97 minutes. France, 2012 Sortie France : 7 novembre 2012

pour réaffirmer son engagement. Ses témoignages ont le sens du détail. Ils vont à l’essentiel, sans emphase, et révèlent le douloureux travail de doute, de patience et de confiance que ces femmes mettent sans cesse en œuvre pour comprendre pourquoi elles sont “là”. Être là est donc construit sur le dévoilement d’une double intimité généralement tenue secrète, loin des caméras : d’un côté, les gestes, les mots, les regards ; de l’autre, les pensées. Filmant au plus près des êtres, Régis Sauder a fait d’une contrainte légale - ne pas montrer les détenus - une solution esthétique. Centrées exclusivement sur les visages des soignantes, ses images relèguent hors-champ tout ce qui relève de l’incarcération proprement dite, sans pour autant chercher à l’ignorer - subtil travail sur la prise de son, qui donne à ressentir sans donner à voir -, offrant ainsi un juste reflet cinématographique aux femmes qu’il filme. Si la plupart des documentaires consacrés à la prison optent pour une attitude de dénonciation - nécessaire et pertinente -, ce film tient plutôt du registre de l’annonciation. Être là est une œuvre qui révèle plutôt qu’une œuvre qui accuse, qui relève plutôt qu’elle n’accable. D’où, parfois, quelques partis pris (Noir & Blanc, montage vif, musique contemporaine) qui peuvent flirter avec un esthétisme un peu gratuit... _C.L.

Visa d’exploitation : 129446. Format : 1,77 - Noir & Blanc - Son : Dolby SR SRD DTS.

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2033 - 14- genpin_Mise en page 1 30/10/12 19:16 Page1

Genpin (Genpin) de Naomi Kawase Kawaze livre le portrait complexe d’un médecin japonais qui aide, depuis des décennies, des femmes à accoucher en accord avec les lois de la nature. Réalisé avec talent et finesse, ce documentaire capte l’intérêt et emporte l’adhésion au fil des plans.

DOCUMENTAIRE Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : le docteur Tadashi Yoshimura. Scénario : Naomi Kawase Images : Naomi Kawase Montage : Yusuke Kaneko Musique : Rocket Matsu et Pascals Son : Nobuyuki Kikuchi Production : Kumie Producteurs : Naomi Kawase et Yuko Naito Distributeur : Baba Yaga Films.

© Kumie

HH Une oasis de verdure, isolant des bruits de la ville une magnifique maison traditionnelle japonaise ; des jeunes femmes y arrivent, d’autres, au ventre rond, sont déjà là, qui accomplissent une étrange gymnastique, faite de flexions accroupies. Nous sommes ici près de Okozaki, chez le docteur Yoshimura, 78 ans, qui depuis des décennies prône un accouchement dit naturel, loin des Scialytiques et du bruit qui règne dans les salles d’accouchement des hôpitaux classiques. Vêtu d’un habit traditionnel, le médecin expose sa philosophie et son idée de ce que doit être la naissance : la préparation des mères par une technique qu’il expérimente depuis longtemps, l’accueil du nouveauné dans une atmosphère douce, à l’éclairage tamisé. Nous assistons effectivement aux entretiens avec les parturientes, aux exercices préconisés de 300 flexions par jour (notamment en fendant des bûches !), aux naissances entourées du cercle familial. Pas de péridurale ni encore moins de césarienne dans cette maternité pas comme les autres. C’est par un patient de son acupuncteur que la cinéaste japonaise Naomi Kawaze (La Forêt de Mogari en 2007, Hanezu en 2011, mais aussi Naissance et maternité en 2006) a eu connaissance du travail du docteur Yoshimura, qu’elle a décidé de rencontrer tout d’abord sans caméra. Convaincue que le sujet était d’importance, elle est revenue tourner sur la longueur, entièrement en 16mm. À moins d’être un ou une adepte inconditionnel de l’accouchement à domicile, on craint dans un premier temps une hagiographie sans nuance du personnage et de ses méthodes. Mais Naomi Kawaze est une réalisatrice chevronnée qui sait ménager ses effets : elle conduit peu à peu son documentaire vers une complexité

92 minutes. Japon, 2010 Sortie France : 7 novembre 2012

bienvenue et lui imprime un vrai déroulement narratif. En se focalisant sur telle ou telle jeune femme, en particulier sur cette jeune mère enceinte dont le mari est parti, puis sur l’histoire personnelle du docteur Yoshimura et ses rapports conflictuels avec sa fille qui lui reproche son absence, la cinéaste installe une véritable tension dramatique. De gourou péremptoire qu’il apparaît au début, Yoshimura, personnalité riche et contradictoire (qui ne prive pas ses patientes, quand besoin est, du recours à une technologie salvatrice), dévoile peu à peu son cœur, son amour de la nature, ses convictions profondes, mais aussi ses doutes de vieil homme, et cette sincérité nous touche. Peut-être ne se connaissent-ils pas mais on ne peut s’empêcher, en voyant le “sacerdoce” du docteur Yoshimura, d’évoquer Frédérick Leboyer, obstétricien visionnaire et donc assez radical, qui publia chez nous en 1974 Pour une naissance sans violence. Tout comme le docteur Yoshimura, c’est une prise de conscience de la brutalité des gestes dispensés aux nouveaux-nés au sortir du ventre maternel qui décida de son combat. Décrié par les uns, adulé par les autres, il se retira de l’Ordre des Médecins. La plupart des maternités ont depuis adopté plusieurs de ses recommandations. À peine plus jeune, le docteur Yoshimura, peut également espérer être tardivement un jour prophète en son pays et ainsi honorer “l’esprit de la vallée”, source de vie louée par Lao-Tseu : la Genpin du titre. _M.D.

Visa d’exploitation : en cours. Format : 1,85 - Couleur - Son : DTS. 15 copies (vo).

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2033 - 15- hypothesedumokele_Mise en page 1 31/10/12 00:55 Page1

L’Hypothèse du Mokélé-Mbembé de Marie Voignier Michel Ballot est cryptozoologue. Il traque depuis des années un animal mythique dont l’existence n’a jamais été prouvée : le Mokélé-Mbembé. Étonnant portrait d’un homme singulier, à la fois rêveur et lucide, habité par une quête sans fin.

DOCUMENTAIRE Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Michel Ballot, Jean-Claude Bembo, Étienne Bembo, Patrice Lumumba, Lucien Abagui Iya, Lucien Betti, Janvier, Rémy Boudou, Roger Assamoni, François De Sarre, Gislain Adoumadjeli, Anourou Ousman, Traoré, Anatole, Clément Banga. Scénario : Marie Voignier Images : Marie Voignier Montage : Marie Voignier 1re assistante réal. : Stefanie Baumann Son : Thomas Fourel Production : Capricci Films Coproduction : L’Âge d’or et Espace Croisé Producteur délégué : Thierry Lounas Distributeur : L’Âge d’or.

© Capricci Films

HHH Au cœur du Cameroun, dans la moiteur d’une forêt dense et par endroit inextricable, un homme blanc, accompagné d’un guide pygmée, progresse avec peine. Cet homme, c’est Michel Ballot, chercheur en cryptozoologie. Depuis 1986, ce juriste de profession est en quête d’un animal inconnu des encyclopédies : le Mokélé-Mbembé. Serpent géant possédant griffes et cornes, cette mystérieuse créature aurait la masse corporelle d’un éléphant, et vivrait dans l’eau. Il n’existe d’elle aucune photographie, aucune empreinte, aucun ossement. On ne la trouve que dans des récits de pêcheurs, dans des dessins, des on-dit. Les éléments factuels dont dispose Ballot sont maigres. En 1981, une expédition américaine a identifié la trace d’une queue impressionnante, qui ne serait pas celle d’un crocodile. Une équipe allemande aurait, quant à elle, retrouvé il y a quatre ans le cadavre d’un Mokélé-Mbembé de 15 mètres, sans qu’aucune publication ne soit pourtant venue en attester. Mais qu’est-ce donc qui pousse cet homme, semble-t-il raisonnable, à consacrer son temps et son énergie à la poursuite de ce que la communauté scientifique considère comme une chimère ? C’est ce que tente de capter Marie Voignier dans ce surprenant documentaire, qui suit au plus près l’explorateur lors d’une de ses missions. On accompagne pas à pas cet homme obstiné, sans voix off explicative, guettant avec lui le moindre indice. On scrute avec lui les eaux profondes, on prête l’oreille aux témoignages parfois confus de ses interlocuteurs, on tente de démêler le mythe de la réalité. Et plus le film avance, plus la frontière entre faits et fiction se fait fluctuante. Cet homme qui dessine ce qui ressemble furieusement à un dinosaure reproduit-il

78 minutes. France, 2011 Sortie France : 7 novembre 2012

ce qu’il a vraiment vu ? Retranscrit-il ce qu’on lui a raconté ? Ne fait-il, au fond, que donner au chercheur ce qu’il attend ? La caméra de Marie Voignier suit Ballot sans condescendance. Pas de montage assassin à la façon de l’émission belge Strip-Tease. Il ne s’agit pas d’un illuminé. Son raisonnement paraît somme toute sensé : dans cette forêt, il est déjà très difficile de voir des animaux pourtant bien connus et nombreux, comme l’éléphant, ça l’est donc d’autant plus pour un animal rare et aquatique. Il en est convaincu, le Mokélé-Mbembé existe ou a existé. Contrairement à ce que les scientifiques prétendent, l’Homme, dit-il, n’a pas tout exploré. Une autre dimension de cette quête apparaît cependant quand des villageois lui expliquent ce qu’est un animal “blindé”. On entr’aperçoit alors, à travers cette notion difficilement traduisible, l’univers mystique d’un peuple, où réel et imaginaire se mêlent, où la distinction entre le vrai et le faux n’est plus si pertinente. C’est aussi de cela que nous parle le film : de la rencontre de croyances, de langages différents. Évoquant par moment le climat d’Apocalypse Now, le serpent à cornes remplaçant Kurtz, ou encore Fitzccaraldo, pour l’obstination jusqu’au-boutiste de son héros, L’Hypothèse du Mokélé-Mbembé s’attache avant tout à faire le portrait d’un homme passionné face aux mystères de la nature et du langage. _G.R.

Visa d’exploitation : 128806. Format : 1,77 - Couleur - Son : Stéréo. 10 copies.

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2033 - 16- iletaitunefoi_Mise en page 1 30/10/12 19:16 Page1

Il était une foi Film collectif Deux films courts au programme : Vita di Giacomo (les derniers jours séparant un séminariste de son ordination) et Monsieur l’abbé, témoignage précieux sur l’intimité des couples dans la France de l’entredeux guerres, et son rapport aux dogmes catholiques.

© Local Films

HH Vita di Giacomo joue des antagonismes - le recueillement des séminaristes contre le vacarme du monde (celui d’une Italie fêtant les victoires de la Squadra Azzura en Coupe du monde). De même, où entendre la voix de Dieu - ou la sienne propre - sur une plage bondée de touristes, cependant que des haut-parleurs hurlent des réclames ? Ainsi, le film évoque joliment la difficulté d’incarner (selon les termes d’un ecclésiaste) le point de contact entre “la verticalité de Dieu et l’horizontalité des hommes”. Monsieur l’abbé, quant à lui, est un témoignage précieux sur l’intimé amoureuse d’une époque, continent englouti en somme, et confirme que les pratiques sexuelles (et les questions de société qui en découlent), sont le fruit d’évolutions souterraines et l’objet de luttes incessantes. En plus de valoir pour la beauté des lettres “interprétées” - les tours et détours, précautions langagières et formules préliminaires que prennent les fidèles pour évoquer finalement des choses d’une réelle crudité -, Monsieur l’abbé rend hommage aux âmes damnées des conventions morales et prescriptions religieuses, et révèle l’entreprise de mortification qu’aura parfois été l’Église (“Quand on n’en peut plus, en pouvoir encore”, dit un personnage). Avant de s’achever sur un carton cinglant (“Ceci est notre héritage”), le film, d’inspiration militante, propose une dernière lettre vindicative, l’œuvre d’une femme accusant l’Église d’avoir ravalé les siennes aux rangs de “crachoirs pour hommes” et “machines à procréer”. Reste à déterminer, toutefois, ce que les deux films, relevant de logiques différentes, ont à faire au sein d’un même programme. _T.F.

CHRONIQUE RELIGIEUSE Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE 1. Vita di Giacomo de Diego & Luca Governatori (30’ - 2007 - Visa : 134799) 2. Monsieur l’abbé de Blandine Lenoir (35’ - 2010 - Visa : 124713) Avec : 1. Massimo De Moro, Giovanni Polito, Sergio Canneto, Raffaele Mandolini, Andrea Maraschi, Enrico Marconi, Mauro Pierfederici. 2. Anaïs Demoustier, Nanou Garcia, Pierre Giafferi, Florence Loiret-Caille, Aurélia Petit, Marie Vernalde, Margot Abascal, Marc Citti, Julien Bouanich, Philippe Rebbot, Jeanne Ferron, Sterenn Guirriec, Jean-Pierre Lazzerini, Florence Müller, Guillaume Rannou, Éric Verdin, Benoît Giros, Fanny Lefèbvre, Manuel Lelièvre, Blandine Lenoir. Scénario : Diego & Luca Governatori, Catherine Paillé et Giovanni Polito (1), Blandine Lenoir (2) D’après : l’ouvrage L’Amour en toutes lettres, questions à l’abbé Viollet sur la sexalité (1924-1943) de Martine Sévegrand (1996) (2) Images : Thomas Favel (1), Pénélope Pourriat (2) Montage : Diego Governatori (1), Stéphanie Araud (2) Musique : René Lacaille et Fantazio (2) Son : Jocelyn Robert (1), Dimitri Haulet et Hubert Teissèdre (2) Décors : Théophile de Montalivet (2) Costumes : Claire Gérard-Hirne (2) Production : La Fémis (1), Local Films (2) Producteur : Nicolas Brevière (2) Dir. de production : Julien Naveau (1), Nadège Verrier (2) Distributeur : A3 Distribution.

65 minutes. France, 2007-2010 Sortie France : 7 novembre 2012

u RÉSUMÉ 1. Été 2006. Giacomo, achevant ses études de séminariste, s’apprête à être ordonné prêtre. Il confie ses questionnements à un ecclésiaste de sa paroisse, lui narrant notamment l’histoire d’un prêtre tué par un homme qu’il avait voulu aider. Déjeunant avec d’autres séminaristes, il suit les résultats de la Coupe du monde de football, dont l’Italie dispute les demi-finales. Lorsqu’il ne demeure pas avec ses coreligionnaires, il chemine dans une Italie en proie à la canicule, se livrant à des réflexions solitaires. Un jour, des jeunes, installés à l’arrière d’une camionnette, et qui ont passé la nuit à fêter la qualification de l’Italie, lui proposent de monter. Ils déposent Giacomo en bord de mer. Sur la plage bondée de touristes, celui-ci marche longuement, puis, à l’écart, se baigne en soutane. Quelques jours après que l’Italie a fêté sa victoire en finale, Giacomo, enfin, est ordonné prêtre : il jure de servir le Christ et ses fidèles. 2. Entre 1924 et 1943, l’abbé Viollet rédige une revue, dans laquelle il répond aux questions que lui posent, par courrier, des catholiques de France, à propos de la marche à suivre concernant leurs pratiques sexuelles et devoirs conjugaux. Face à la caméra, en habits d’époque, des comédiens interprètent lesdites lettres, dans lesquelles les fidèles s’interrogent sur leurs doutes et frustrations, sur ce qu’il convient de (ne pas) faire, leur dégoût éventuel de la chose, ainsi que des questions d’ordre “technique”.

Visas d’exploitation : voir ci-dessus. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 10 copies.

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2033 - 17- nousyork_Mise en page 1 31/10/12 02:09 Page1

Nous York de Géraldine Nakache et Hervé Mimran Le duo Nakache / Mimran quitte Nanterre et ses rêves de vie parisienne branchée pour explorer les désillusions de trentenaires exilés à New York. Il en rapporte un objet dont on perçoit toujours l’esprit charmant, mais moins la brillante énergie.

© Jackson Lee Davis

HH De Nanterre à New York, il n’y a qu’un pas, que les acolytes de banlieue - la plupart déjà présents dans Tout ce qui brille, le premier film de Nakache & Mimran, sans que Nous York soit présenté comme sa suite - sautent facilement, baskets aux pieds. Pas une suite, donc, mais un prolongement, alors : toujours un duo de filles, légèrement assagies - trentaine oblige ! -, toujours une ambition d’écart entre les deux, et toujours une clique de “bons copains” pour leur rappeler les vraies valeurs de la vie. Ce sont d’ailleurs ces valeurs qui font la tendresse de ce second film, qui rate cependant la transformation de leur charmant essai. Ces valeurs sont celles de la famille, de l’amitié et de la solidarité. Ça n’a l’air de rien, dit comme ça, mais on devine au travers de scènes assez touchantes que les deux réalisateursscénaristes savent de quoi ils parlent. La réconciliation entre père et fils par webcam interposée fait montre, par exemple, d’une réelle sensibilité. Plus globalement, ce qu’ils réussissent le mieux, ce sont les joutes verbales : entre Nakache et Bekhti ou avec Marthe Villalonga, qui semble retrouver avec délectation son éternel rôle de “mère” envahissante. Seulement, l’absence d’Alexandra Lamy et de sa gouaille de charretière est symbolique du manque d’énergie, qui pèse sur le scénario comme sur la mise en scène. La forme chorale du film ne trouve jamais son rythme, la partition n’étant conçue ni pour un orchestre, ni pour un duo. Personne ne tire donc son épingle du jeu - pas même Manu Payet, qui a pourtant prouvé dans le très inégal Radiostars qu’il sait motiver les troupes un peu assoupies -, comme si la fine équipe était un peu paralysée par le vertige des tours new-yorkaises, survolées dans un générique très réussi, pour le coup. _Ch.R.

COMÉDIE DRAMATIQUE Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Leïla Bekhti (Samia), Géraldine Nakache (Gabrielle), Manu Payet (Michael), Nader Boussandel (Nabil), Baptiste Lecaplain (Sylvain), Marthe Villalonga (Madame Hazan), Dree Hemingway (Denise), Sienna Miller (la star), Nicole LaLiberté (Rachel), Sophie Auster (Antonia), Karl Hammerle (Kyle), Melissa Jackson (Elle), Big John (Samia), Alexandra Metz (Assia), Akéla Sari (la mère de Nabil), John Cameron Mitchell et Haviland Morris (les réalisateurs), Larry Eudene (le rabbin), Jabari Gray, Joseph Basile, Maria Dizzia, Michael Harkins, Caine Sheppard, Paul Senza, Joseph Tudisco, Naeem Uzimann, Steven Vigil, Barbara Vincent, Sheena Colette, Alexandria Delgado, Kenny Shapiro, McKenzie Shea, Brand Rackley. Scénario : Géraldine Nakache et Hervé Mimran Images : Stéphane Le Parc Montage : Benjamin Weill 1ers assistants réal. : Éric McGinty et Stéphanie Champault Scripte : Isabelle Querrioux Musique : Fantastic Nobody Son : Antoine Deflandre, Frédéric Macaras, Gaël Nicolas et François-Joseph Hors Décors : Justin Dragonas et Nicolas Raffy Costumes : Emmanuelle Youchnovsky Casting : Emmanuelle Prévost et Antonia Dauphin Production déléguée : Vertigo Productions Coprod. : Pathé Prod., M6 Films et Lorette Distribution Producteurs délégués : Aïssa Djabri et Farid Lahouassa Prod. exécutifs : Patrick Batteux et Denis Pénot Coprod. : Romain Le Grand Distributeur : Pathé.

95 minutes. France, 2012 Sortie France : 7 novembre 2012

u RÉSUMÉ Michael, Nabil et Sylvain quittent Nanterre pour passer une semaine de vacances à New York, où Gabrielle les a conviés pour les 30 ans de Samia. Les amis se retrouvent donc dans le sublime loft qu’occupe Samia, chez une célèbre actrice dont elle gère les affaires courantes et qui est rarement là. Déçue par la superficialité de Samia, Gabrielle rentre prématurément dans la maison de retraite où elle vit et travaille et où Madame Hazan, une pensionnaire française, joue volontiers sa mère de substitution. Les garçons, quant à eux, squattent le lit de la star, malgré l’interdiction formelle de Samia. Au matin, ils rejoignent docilement leur auberge. Tandis que Sylvain tente un rapprochement avec Samia, et Nabil avec Gabrielle, Michael rencontre à une fête juive une sublime Américaine : Denise, une riche héritière. Ils prolongent leur séjour new-yorkais. SUITE... Les deux amies se disputent : Gabrielle reproche à Samia de ne s’intéresser qu’à elle, en restant aveugle à la maladie de sa mère, toute occupée à “faire la boniche” pour sa vedette. Celle-ci rentre justement d’un tournage : elle met tout le monde dehors et vire Samia sans ménagement. Le groupe s’installe chez Denise. Gabrielle, attristée par la mort de Madame Hazan, et Nabil, réconcilié avec son père par webcam interposée, se rapprochent. Tous décident de rentrer, mais sont sans un sou. Michael leur obtient des billets retours (en vendant un cadeau de Denise) et décide de rester auprès de sa belle.

Visa d'exploitation : 130565. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD.

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2033 - 18- nuitnumeroun_Mise en page 1 30/10/12 19:15 Page1

Nuit #1 de Anne Émond Deux inconnus partagent une nuit de sexe et de discussions. Bien que dédié “à la jeunesse”, Nuit #1 se contente de recycler des formes passées, inspirées d’Eustache ou de Rohmer. Reste la saveur toute littéraire des dialogues et le jeu des acteurs.

CHRONIQUE Adultes / Grands Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Catherine de Léan (Clara), Dimitri Storoge (Nikolaï), Véronique Rebizov, Raphaël Boulanger, Mika Pluviose et Maïsa Bastien (les enfants). Scénario : Anne Émond Images : Mathieu Laverdière Montage : Mathieu Bouchard-Malo 1re assistante réal. : Lyne Legault Scripte : Thérèse Bérubé Musique : Martin Tétreault Son : Martyne Morin, Simon Gervais et Luc Bourdais Chorégraphies : Virginie Brunelle Décors : Éric Barbeau Costumes : Yola Van Leeuwenkamp Effets spéciaux : Guillaume Murray Maquillage : Maïna Militza Production : Metafilms Productrice : Nancy Grant Producteur associé : Sylvain Corbeil Distributeur : Fondivina Films.

© Metafilms

HH La jeunesse telle que la filme le cinéma québécois s’incarne surtout, en France, dans les références pop 80’s de Xavier Dolan. En racontant, une nuit durant, la rencontre de deux inconnus, de leurs ébats passionnés à leurs discussions métaphysiques, Anne Émond signe un premier film dédié, en toute simplicité, “à la jeunesse” qui malheureusement ne rajeunit pas non plus cette image. Étonnant paradoxe d’un cinéma qui veut prendre le pouls de la génération actuelle et se contente de recycler des formes passées, quitte à se faire franchement passéiste. Nuit #1 lorgne ainsi tout autant du côté d’Éric Rohmer (Ma nuit chez Maud) que de Jean Eustache (La Maman et la putain), sans jamais parvenir à se défaire du poids de ses références. Seule l’introduction - un bon quart d’heure sans dialogues centré sur les seuls ébats sexuels du couple semble vouloir échapper à cet héritage. Mais même là, Anne Émond finit par se laisser gagner par une pudeur d’un autre âge (cadrages propres, à bonne distance) qui invalide toute charge provocatrice ou subversive. La suite du film empile des blocs de monologues au langage châtié. Les personnages vivent davantage dans leurs mots que dans leurs actes. Par la parole, ils se devinent, se projettent, s’anticipent, pour aussitôt se rétracter et fuir. Indéniablement Anne Émond a du talent. Mais il est plus littéraire que cinématographique. Ses dialogues expriment avec finesse le mal-être, la solitude, la frustration, l’ennui et la schizophrénie sociale des deux protagonistes. À ce compte-là, Catherine De Léan et Dimitri Storoge relèvent haut la main le défi de ces dialogues. _C.L.

91 minutes. Canada [Québec], 2011 Sortie France : 7 novembre 2012

u RÉSUMÉ Des jeunes dansent dans une boîte de nuit. Un couple rentre dans un appartement. Ils s’embrassent. Il lui demande son prénom. Elle s’appelle Clara. Lui, Nikolaï. Ils couchent ensemble. Il s’endort. Elle se lève, prend un bain et s’en va. Nikolaï se réveille et la rappelle en bas des escaliers. Elle remonte. Il est amer. Il souhaiterait au moins des adieux corrects. Il parle de leur nuit et de ce qu’il sait d’elle à partir de cette expérience physique. Elle écoute sans un mot. Il s’allonge sur son matelas. Elle le rejoint et commence à parler. Elle aurait voulu qu’il la supplie de rester et que cette nuit marque pour eux le début d’une histoire grandiose. SUITE... Clara lit à Nikolaï des passages de son roman préféré. Il somnole. Elle veut refaire l’amour. Il n’en a pas envie. Elle s’en va. Dehors, il pleut. Elle remonte chez Nikolaï. Il lui donne des habits secs. Ils discutent. Nikolaï, d’origine ukrainienne, parle de la violence qu’il ressent en lui, des échecs de sa vie. Il finit par s’en prendre durement à elle. Elle se rhabille et part. Il la rattrape dans la rue. Elle l’insulte et se débat. Ils tombent dans les bras l’un de l’autre. De retour chez Nikolaï, ils prennent une douche ensemble. Assise dans la baignoire, elle raconte son ennui et la double vie qu’elle mène, entre son métier d’enseignante et ses nuits de drogues et d’aventures sexuelles sans lendemain. Elle pleure. Au petit matin, ils se réveillent sur le toit de l’immeuble. À l’école, Clara écoute les poésies que récitent ses élèves.

Visa d’exploitation : 133745. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 50 copies.

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2033 - 19- oliversherman_Mise en page 1 30/10/12 19:15 Page1

Oliver Sherman (Oliver Sherman) de Ryan Redford Sherman, vétéran déboussolé, rend visite à l’ancien soldat qui lui a sauvé la vie. Bien vite, Sherman se montre étrange, voire inquiétant. Avec ce premier film, Ryan Redford signe un drame intimiste d’une belle sobriété, servi par d’excellents acteurs.

DRAME Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Garret Dillahunt (Sherman Oliver), Donal Logue (Franklin Page), Molly Parker (Irene Page), Kaelan Meunier (Jacob Page), Marc Strange (Raymond Saddler), Fiona Highet (Joan), Duane Murray (Glen), Ava Corbeil (le bébé des Page), Mark Carins (le prêtre), Marla J. Hayes (la caissière), Verlyn Plowan (la serveuse du bar), Kristin Shepherd (la serveuse en salle), Jamie Lyle (la danseuse). Scénario : Ryan Redford D’après : la nouvelle Veterans de Rachel Ingalls (recueil Time Like These, 2005) Images : Antonio Calvache Montage : Matthew Hannam 1er assistant réal. : Bruce Speyer Scripte : Donna Gardon Musique : Benoît Charest Son : Daniel Pellerin et Matthew Chan Décors : Oleg M. Savytski Costumes : Lea Carlson Dir. artistique : Kimberley Zaharko Maquillage : Traci Loader Casting : John Buchan et Jason Knight Production : The Film Works Producteurs : Paul Stephens et Eric Jordan Distributeur : Kanibal Films.

© The Film Works

HH Avec ce premier film sobre et maîtrisé, Ryan Redford aborde la question toujours d’actualité du vétéran qui ne trouve plus sa place en société. Cette figure anxiogène d’un homme errant et incontrôlable hante le cinéma américain depuis la fin des années 1970, notamment sous les traits de Robert De Niro dans Taxi Driver, ou encore de Sylvester Stallone dans Rambo. Dans Oliver Sherman, elle prend l’apparence de Garret Dillahunt, qui compose un personnage opaque et inquiétant. Au premier abord poli et discret, il laisse vite échapper des réactions et des propos pour le moins inadaptés et dérangeants, provoquant le malaise chez ses hôtes. Face à lui, Donal Logue incarne celui qui s’en est sorti. Sherman, depuis son cauchemar intérieur, est tiraillé entre la reconnaissance qu’il doit à celui qui lui a sauvé la vie et la jalousie, sinon la haine, à l’égard de celui qui a tout ce qu’il n’a pas. Par une mise en scène jamais ostentatoire, Redford parvient à distiller une atmosphère pesante et viciée autour de son personnage principal. Cet homme est comme maudit, il n’est plus dans la vie. Ce bonheur simple qu’il a sous les yeux lui fait envie mais lui semble dérisoire. “Franklin a tué, vous savez ?” dit-il à la femme de son ami. “Vous croyez qu’il a oublié ?” lui répond-elle. Ce dont Sherman souffre, outre les profondes séquelles physiques et psychiques de la guerre, c’est de l’hypocrisie d’un pays qui glorifie l’image du soldat, mais n’a que faire de l’homme qu’il y a derrière. On aurait sans doute apprécié que le film aille plus loin dans cette dimension politique, mais Redford a préféré dépeindre le drame intime d’un impossible retour. _G.R.

82 minutes. Canada, 2010 Sortie France : 7 novembre 2012

u RÉSUMÉ Sherman Oliver, jeune vétéran traumatisé par la guerre, rend visite à Franklin, l’ancien frère d’armes qui lui a jadis sauvé la vie. Celui-ci a une femme, Irene, et deux enfants. Sherman reste dormir chez eux. Le lendemain soir, Irene essaye de parler avec lui, ce qui s’avère difficile. Le jour d’après, on fête un anniversaire. Sherman apporte un plat, mais trébuche et tombe en jurant avec violence devant les invités. Le soir, il fait part de son malaise à Franklin : y a-t-il une place pour lui dans cette société ? Un soir, Irene évoque Mr. Saddler, qui s’est marié avec sa mère, l’a maltraitée et les a escroqués à la mort de celle-ci. Le lendemain, Franklin, qui dîne avec Irene au restaurant, appelle son camarade pour lui dire qu’il ne le rejoindra pas au bar. SUITE... Dépité, Sherman rentre tard à la maison et réveille le couple. Franklin se fâche. Un soir, Sherman tient à Irene des propos menaçants. Elle raconte tout à Franklin. Ce dernier dit alors à Sherman de partir, et l’accompagne à l’hôtel. Le lendemain, Sherman se rend chez Mr. Saddler, le tue et maquille cela en suicide. Le jour où il va quitter la ville, Sherman dit à Franklin qu’il pourrait peut-être s’installer dans la maison de Mr. Saddler pour refaire sa vie. Franklin lui dit qu’elle est déjà vendue. En se rendant au bus, Sherman marche derrière Franklin, la main sur son couteau. Finalement, il ne fait rien. Plus tard, dans le bus, Sherman est immobile. Il s’est ouvert les veines.

Visa d’exploitation : en cours. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 30 copies (vo).

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2033 - 20- sharqiya_Mise en page 1 30/10/12 19:15 Page1

Sharqiya (Sharqiya) de Ami Livne Sharqiya est un vent d’est, jugé néfaste par les bédouins vivant en Israël, pour avoir la réputation d’apporter poussière et chaleur. C’est aussi la réalité, aride, complexe et douloureuse, de leur quotidien que décrit avec force et pudeur ce très beau film.

CHRONIQUE Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Adnan Abu Wadi (Kamel Naje), Maysa Abed Alhadi (Nadia), Adnan Abu Muhareb (Khaled), Eli Menashe (Miro). Scénario : Guy Ofran Images : Boaz Yehonathan Ya’acov Montage : Zohar M. Sela 1er assistant réal. : Netanel Segal Musique : Assif Tsahar Son : Israel David et Alex Clod Décors : Salim Shehade Costumes : Shams Shaloufi Casting : Einat Fernbach Production : Golden Cinema, EZ Films et Laila Films Coproduction : Detailfilm Producteurs : Eyal Shiray, Elie Meirovitz et Itai Tamir Producteur délégué : Tony Copti Coproducteurs : Fabian Gasmia et Henning Kamm Distributeur : ASC Distribution.

© ASC Dist.

HHH Sharqiya pourrait n’être qu’un film militant et engagé, or il est bien davantage. La caméra fluide d’Ami Livne (dont c’est le premier long métrage) suit au plus près le quotidien de Kamel, fait d’une alternance entre ses longues journées statiques comme gardien de dépôt de bus et ses marches quotidiennes, pendant lesquelles il arpente la terre de ses ancêtres. Elles rappellent et questionnent l’identité nomade de ce peuple sacrifié par des bouleversements géopolitiques comme par l’obligation, partout imposée, de se fixer pour prospérer. Les trois rôles principaux sont tenus par des comédiens non professionnels et bédouins. Par l’extrême densité de leur jeu, ils confèrent à leurs personnages l’épaisseur et l’incandescence qui font de ce travail un grand film. Par touches précises et raisonnées autant qu’empathiques et délicates, le réalisateur se penche sur le destin de ces hommes sans terre, mais pas sans mémoire, qui réclament la reconnaissance, par le gouvernement israélien, de leur droit de propriété, immémorial mais hélas purement oral, en lieu et place de la compensation financière qui leur est proposée pour partir (mais où ?). Leur problématique n’est en rien celle des arabes israéliens, car les bédouins, intégrés à la société, font l’armée et se revendiquent patriotes, comme l’est, à sa manière, ce film qui s’insurge. Ils comprennent alors d’autant moins ce qui pousse à les traiter en citoyens de seconde zone. Et le regard noir, soutenu, vibrant d’accusations, que Kamel lance frontalement au spectateur au dernier plan contient l’ensemble de ces questions, si dérangeantes et qu’il faudra pourtant bien affronter. _N.Z.

85 minutes. Israël - France - Allemagne, 2012 Sortie France : 7 novembre 2012

u RÉSUMÉ Kamel est bédouin. Chaque matin il prend le bus qui le mène à son travail d’agent de sécurité à la gare routière de Be’er Sheva, en Israël, où, quoiqu’un peu isolé, il se sait apprécié par son chef. Chaque soir, il retourne sur la terre de ses ancêtres, dans les baraquements délabrés qu’il partage avec son frère, Khaled, et Nadia, l’épouse de ce dernier. Les deux frères entretiennent des rapports tendus, et le fait que Kamel travaille pour des Israéliens n’aide guère au rapprochement. Un soir, en rentrant chez lui, il apprend qu’a été ordonnée la démolition du village, dont l’installation n’est pas réglementaire. Khaled entre alors en résistance, alors que Kamel continue à se rendre à son travail. SUITE... Un jour qu’il va avec le tracteur remplir la citerne au point d’eau, tracteur et citerne sont volés. Face à l’accumulation des injustices, Kamel décide d’agir. Il déterre une mine enfouie dans un champ qui jouxte ses terres, la dissimule dans un sac à dos qu’il abandonne sous un banc de la gare où il est employé, puis signale le colis comme suspect. Une fois la mine neutralisée, Kamel est interviewé en sauveur par la télé israélienne. Il profite de cette tribune pour parler de leur expropriation prochaine mais constate le soir que son intervention a été censurée. Un matin, un bulldozer détruit le village sous le regard consterné des deux frères et de Nadia. Aidés de leurs voisins bédouins, ils reconstruisent aussitôt les baraquements. Puis Kamel s’en retourne à son travail.

Visa d’exploitation : en cours. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SR. 15 copies (vo).

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2033 - 21- sinister_Mise en page 1 31/10/12 02:39 Page1

Sinister

(Sinister) de Scott Derrickson Un écrivain en mal de gloire emménage avec sa famille dans une maison qui fut le théâtre d'un drame affreux. Très ambitieux par sa forme et son traitement, Sinister use de ses qualités de film indépendant pour construire une tension horrifique finalement assez éprouvante.

© Wild Bunch

HHH Réalisé par Scott Derrickson (le mollasson L'Exorcisme d'Emily Rose et le très oubliable Le Jour où la Terre s'arrêta) et produit par l'indépendant Jason Blum (Insidious, Paranormal Activity), Sinister est un film d'horreur pour le moins ambitieux : il s'agit d'élaborer une atmosphère angoissante en exploitant au mieux une intrigue en huis clos, centrée sur un personnage assez antipathique : Ellison. Dans sa quête de gloire (qu'il n'assume pas), l'écrivain s'enferme dans une enquête haletante, le poussant dans ses retranchements et le faisant progressivement perdre contact avec la réalité. Le grand talent de Derrickson et de son coscénariste, l'ancien journaliste C. Robert Cargill, est de jouer avec des motifs éprouvés du cinéma d'horreur - maison possédée, présence démoniaque, schizophrénie du héros - pour n'en garder que l'essentiel. En résulte un film à la fois extrêmement théorique et, paradoxalement, très efficace en pratique... à condition d'adhérer à son intrigue. Hormis son ambiance résolument oppressante, la principale réussite de Sinister réside dans son protagoniste : Ethan Hawke livre une interprétation sur le fil, à la limite du cabotinage, mais qui se révèle tout en nuances. Il parvient ainsi à faire d'un personnage peu sympathique l'inévitable point d'ancrage du spectateur, qu’il entraîne peu à peu dans sa psychose. De plus, le soin apporté au travail sonore se révèle exemplaire, des grincements de la maison au ronronnement du moteur du projecteur Super 8. Dommage alors que, dans sa conclusion, le film se replie sur un dénouement ultra conventionnel : en rentrant de cette façon dans le rang, Sinister y perd en caractère... _L.R.

ÉPOUVANTE Adultes / Grands Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Ethan Hawke (Ellison Oswalt), Juliet Rylance (Tracy), Fred Dalton Thompson (le shérif), James Ransone (le shérif adjoint), Michael Hall D'Addario (Trevor), Clare Foley (Ashley), Rob Riley (l'auxiliaire aux urgences), Tavis Smiley (le présentateur), Janet Zappala (la journaliste), Victoria Leigh (Stephanie), Cameron Ocasio (le garçon du barbecue), Ethan Haberfield (le garçon de la fête à la piscine), Danielle Kotch (la fille de la pelouse), Blake Mizrahi (le garçon endormi), Nick King (Bughuul / Mr. Cruel), Vincent D'Onofrio (le professeur Jonas [non crédité]), Rachel Konstantin (Mrs. Stevenson [non créditée]). Scénario : Scott Derrickson et C. Robert Cargill Images : Christopher Norr Montage : Frédéric Thoraval 1er assistant réal. : Gerard DiNardi Scripte : Olenka Denysenko et Stacy Rowe Musique : Christopher Young Son : Dane A. Davis et Marc Aramian Décors : David Brisbin Costumes : Abby O'Sullivan Effets visuels : Jason Piccioni Dir. artistique : John El Manahi Maquillage : Arielle Toelke Casting : Sheila Jaffe et Ruth Salen Production : Blumhouse Productions et Automatik Entertainment Pour : Alliance Films Coproduction : Possessed Pictures Producteurs : Jason Blum et Brian Kavanaugh-Jones Producteurs exécutifs : Charles Layton et Scott Derrickson Distributeur : Wild Bunch.

110 minutes. États-Unis - Royaume-Uni, 2012 Sortie France : 7 novembre 2012

u RÉSUMÉ Auteur d'ouvrages policiers inspirés de faits réels, Ellison Oswalt cherche à relancer sa carrière. Il s’installe avec sa femme, Tracy, et ses deux enfants, Trevor et Ashley, dans une nouvelle maison. Il cache à son épouse qu'une famille (dont la plus jeune membre est portée disparue) a été retrouvée pendue dans leur jardin. L'accueil du shérif est glacial. Le soir, Ellison découvre dans le grenier un projecteur Super 8, ainsi que cinq films de vacances. Ellison regarde le plus récent : il s'agit de la pendaison des quatre anciens occupants de sa maison... SUITE... Ellison hésite à prévenir la police, mais se ravise, imaginant tenir un scoop. Il boit trop, et Tracy s'inquiète. Trevor souffre de terreurs nocturnes. Après avoir visionné tous les films, Ellison obtient du shérif adjoint, qui est un fan, d'enquêter. Ce dernier lui apprend que, dans chaque affaire, un enfant de la famille a disparu. Ellison contacte le professeur Jonas, qui fait le lien entre les affaires et un culte voué à la divinité païenne Bughuul, “le dévoreur d'âmes d'enfants”. Un soir, Ellison voit les cinq enfants disparus, puis se retrouve face à Bughuul. À bout de nerfs, Ellison accepte de déménager. Dans le grenier de leur nouvelle maison, Ellison trouve le projecteur, intact, avec les films en “version longue”, montrant que c'est l'enfant disparu qui a massacré sa famille. Ellison s'évanouit, drogué par Ashley : elle décapite toute sa famille puis est aspirée dans l'écran par Bughuul...

Visa d'exploitation : 135027. Interdit aux moins de 12 ans. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD.

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Villegas

(Villegas) de Gonzalo Tobal Deux cousins se retrouvent pour l’enterrement de leur grand-père. Jadis très proches, désormais tout les sépare. Ce premier film un peu trop sage de Gonzalo Tobal évoque cependant avec justesse le blues de ces deux trentenaires à la croisée des chemins.

CHRONIQUE Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Esteban Bigliardi (Pipa), Esteban Lamothe (Esteban), Mauricio Minetti (Hugo), Paula Carreuga (Jazmín), Lucia Cavalloti (Clara). Scénario : Gonzalo Tobal Images : Lucas Gaynor et Fernando Lockett Montage : Delfina Castagnino 1er assistant réal. : Mariano Turek Musique : Nacho Rodríguez Baiguera Son : Francisco Pedemonte Décors : Julieta Dolinsky Costumes : Sandra Fink Maquillage : Sandra Fink Production : Rei Cine, Tresmilmundos Cine, PBK Cine, NFI Productions et Ciné-Sud Promotion Producteurs : Benjamín Doménech, Santiago Galleli et Juan Villegas Coproducteurs : Trent et Thierry Lenouvel Producteurs associés : José Tobal et Matías Galera Distributeur : Épicentre Films.

© Épicentre Films

HH Pour son premier film, Gonzalo Tobal choisit de nous parler de sa génération, de ses espoirs, de ses contradictions et aussi de son vague à l’âme, par le biais d’une situation toute simple : deux cousins, qui ont fait les 400 coups ensemble mais qui ont pris ensuite des chemins différents, se retrouvent sur les lieux de leur enfance à l’occasion de la mort du grand-père. Esteban a une vie bien rangée. Futur marié, rasé de près, il a mis de côté les velléités musicales qu’il partageait hier avec Pipa, qui, lui, persiste dans ses aspirations artistiques. Ce face-à-face tendu pose l’enjeu de Villegas : qu’est-ce qu’entrer dans la vie ? Est-ce remiser ses illusions dans le coffre à jouet de l’enfance ? Ou au contraire donner corps coûte que coûte à ses véritables désirs ? Si le film ne tranche évidemment pas la question, il pointe avec douceur la proximité qui existe en réalité entre les deux personnages. Sous le vernis social et malgré le temps, les cousins ne sont pas si différents de ce qu’ils étaient jadis, et chacun se débrouille finalement comme il peut avec la réalité. Esteban n’est pas le parfait gendre idéal, et Pipa sait bien qu’il n’est pas Kurt Cobain. C’est cette discrète mélancolie qui les réunit et que Tobal restitue bien. Notamment dans cette scène ou, allongés dans le silo à grains comme ils le faisaient enfants, ils retrouvent cette complicité perdue de sales gosses insouciants, laissant un instant de côté les rôles qu’ils ont appris à jouer pour trouver leur place en société. En étoffant son scénario, qui manque de nerfs et d’aspérités, Tobal aurait cependant pu rendre ce constat doux-amer plus ample et plus poignant. _G.R.

96 minutes. Argentine - Pays-Bas - France, 2012 Sortie France : 7 novembre 2012

u RÉSUMÉ Esteban et Pipa, deux cousins, se rendent en voiture à Villegas pour l’enterrement de leur grand-père. Esteban a une vie rangée et se marie bientôt, tandis que Pipa, musicien, est plus bohème. Pendant le trajet, Pipa insiste pour se rendre dans un restaurant qu’ils ont connu enfants. Dans une station-service, une vendeuse leur indique le chemin. Ils mangent au restaurant et discutent avec la patronne, qu’ils ont reconnue. Ils reprennent la route, mais une dispute éclate entre eux au sujet de leurs choix de vie et ils s’arrêtent. Pipa, bouleversé, gifle Esteban, puis dit qu’il veut rentrer à Buenos Aires. Ils dorment finalement dans la voiture et, le lendemain, ils arrivent à la maison familiale où tout le monde est réuni. SUITE... Après l’enterrement, Pipa va avec sa cousine Clara dans la maison du grand-père. Elle l’embrasse, mais il lui dit non. Tous vont ensuite en boîte de nuit. Esteban retrouve une ancienne copine et couche avec elle. Le lendemain, les deux cousins vont à l’exploitation agricole familiale. Le père de Pipa lui propose d’y travailler avec lui. Pipa ne sait que répondre. Esteban lui demande s’il a “recommencé les conneries” avec Clara. Pipa lui dit que non. Esteban lui demande aussi de ne rien dire au sujet de son incartade de la veille. Ils reprennent la route. À la station-service, ils retrouvent la vendeuse et Pipa décide de rester un peu avec elle. Esteban s’en va, et Pipa fête son anniversaire avec la jeune fille.

Visa d’exploitation : 134795. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 50 copies (vo).

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Entretien avec Olivier Assayas

Fin mai, début décembre

Après mai est un film difficile à appréhender, parce qu’il repousse tous les réflexes de spectateurs que l’on peut avoir : chercher l’histoire, chercher la psychologie, chercher le message. L’avez-vous délibérément conçu de cette façon ? Au départ, je suis parti d’anecdotes, de souvenirs très précis, de sensations... Donc d’une matière qu’on peut appeler autobiographique. Mais le terme est ambigu, car cette matière, elle est constituée à la fois de ce que j’ai vécu personnellement et de ce que d’autres ont vécu. Dans le souvenir, on est fait aussi de ce que l’on a ressenti, de ce que l’on n’a pas fait mais que des proches ont fait. Il y avait donc de l’autobiographie, mais aussi de l’“autobiographie générationnelle”. Et partant de là, je n’avais pas envie d’aller vers la fiction comme j’avais pu le faire dans Désordre ou dans L’Eau froide, qui utilisaient une matière au fond assez semblable. Là j’avais envie de me contenter de faire revivre, de la façon la plus juste possible, la plus précise possible, les sensations de l’adolescence, sans y ajouter quelque chose d’artificiel, qui serait de l’ordre de la fiction. Quant à la psychologie, celle de l’adolescence, du sentiment amoureux adolescent, c’est quelque chose que l’on connaît tellement par cœur qu’il m’a semblé que ça allait un peu sans dire. Du coup ce sont deux dimensions du film sur lesquelles j’ai passé mon temps à gommer, et j’ai ainsi fini par faire l’inverse de ce que j’imaginais, c’est-à-dire que je me suis constamment éloigné de l’autobiographie. Et ainsi, à un moment donné, je me suis rendu compte que ce que j’avais envie de raconter, en fait, c’était, certes le trajet singulier d’un jeune homme qui me ressemble à cette époque-là, mais surtout, à travers ça, le chaos de cette époque. Ce qui voulait dire, au lieu de faire un film auto-analytique, me servir de ces éléments véridiques pour aller plutôt vers autrui et vers quelque chose qui serait un portrait de l’époque, où les scènes collectives auraient donc autant d’importance que les scènes intimes, et où les accessoires joueraient un rôle aussi important que les mots dits par les personnages.

Mais faire un portrait de l’époque faisait-il tout de même partie du projet de départ ? Oui, bien sûr. C’est pour ça que je ne raconte pas ma famille, et qu’il est très peu question de celle des uns et des autres : c’est vraiment avant tout un film sur la façon dont les jeunes

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gens ont vécu cette époque-là. Et l’une des raisons qui me stimulaient là-dedans, c’était le fait de constater que l’époque à laquelle j’ai vécu ça, est une époque qui n’intéresse pas le cinéma : il n’y touche pas, il ne la représente pas. Et j’ai commencé à me demander pourquoi. Car c’est une période qui, au contraire, me semble passionnante. Elle est même assez unique dans l’histoire récente, par ses excès, sa folie...

C’est une époque qui fait peur parce qu’elle est associée à beaucoup de clichés, ce qui la rend difficile à représenter. Est-ce que c’était justement un des défis du film que de se confronter à tous les clichés des années 1970 (les logos, les habits, les scènes de drogue, etc.) ? Oui, mais il y a des choses que je suis arrivé à faire et d’autres pas. Par exemple je ne suis pas allé aussi loin que je l’aurais voulu initialement dans la description du rapport à la spiritualité orientale. Parce qu’il aurait fallu en parler mieux, plus longuement que ce qu’il m’était possible de faire. J’avais l’impression que si j’y consacrais deux scènes, ce serait resté un croquis et il aurait été impossible de sortir de ce que ça avait de ridicule. Alors que, au fond, ce que j’aurais voulu montrer à travers ces scènes-là, c’est que, à l’époque, il y avait vraiment quelque chose d’assez héroïque chez ces jeunes gens qui avaient un ou deux ans de plus que nous, qui revenaient d’Orient, et qui ensuite installaient dans leur chambre des petits autels avec la photo de leur gourou. Ces gens avaient rompu, non seulement avec la société dans laquelle ils vivaient, mais aussi avec les études, les ambitions professionnelles, pour aller voyager ; ils avaient adopté les mœurs, la spiritualité, les rêves d’une autre civilisation, qu’ils ramenaient ensuite en Europe. C’était très bizarre, mais il y avait quelque chose d’assez beau là-dedans. Seulement, quand je faisais lire le scénario, je me rendais bien

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“ Tout le monde est radical, aujourd’hui, c’est une sorte de leitmotiv de l’époque, mais sans que l’on demande des comptes à quiconque sur sa manière de gagner sa vie et son rapport au monde matériel. ” compte que les gens tiquaient là-dessus. Ils me disaient : on est mal à l’aise parce que tu es ironique. Or, pas du tout : c’était juste littéralement comme ça. Mais j’ai compris qu’il y avait là un risque d’entraîner vers une mauvaise lecture du film, et j’ai donc éliminé cet aspect, qui n’existe plus qu’en silhouette. De la même manière, j’ai été obligé d’atténuer quelque chose du langage du gauchisme de l’époque. Ça, plutôt à cause de la difficulté qu’avaient les jeunes comédiens à simplement comprendre ce qu’ils disaient. Pour eux c’était vraiment comme si je les avais fait jouer dans une langue étrangère. Ce sont les deux limites auxquelles je me suis retrouvé confronté, mais c’est vrai que pour moi il y avait un peu le défi de dire : je vais vous raconter ça, et non, ça n’est pas ridicule. Et non seulement ça n’est pas ridicule : ça a même une certaine gravité, qui mérite d’être prise au sérieux.

Est-ce qu’il y avait dans votre démarche quelque chose d’un peu réactif par rapport à l’époque actuelle ? Réactif, non. Mais il y avait au minimum une façon de dialoguer avec la manière dont on fantasme les années 1970 aujourd’hui. Il me semble que, justement du fait que cette époque n’a jamais vraiment été représentée par le cinéma, elle est déformée. Soit on la caricature, ce qui est trop facile, soit on l’idéalise, ce qui n’est pas exact non plus. Moi, j’avais envie de montrer les choses d’un point de vue auquel on n’est pas habitué. Parce que l’histoire de ces années-là a plutôt été racontée par des gens qui ont fait Mai 68, qui étaient des repentis du gauchisme et qui disaient : on est parti dans cette direction-là, on a eu tort, on a flirté avec les totalitarismes, etc. Avec donc, à la clé, un côté reniement de l’époque, de ses valeurs, etc. Je n’ai jamais vu les choses comme ça, parce que je n’étais du tout du côté de ces gauchistes-là. Ce que j’ai vécu, c’est davantage une autre histoire, qui se déroulait en parallèle, et qui était celle d’une sensibilité plus libertaire, notamment celle des Situationnistes. Or cette sensibilité libertaire, elle n’a jamais été pro-maosiste, ou pro-soviétique, elle n’a donc jamais été dupe de tout ce qui est aujourd’hui un peu embarrassant dans les engagements du gauchisme “historique”. Et c’est pour ça que c’est une sensibilité politique qui n’a pas eu besoin de se renier, de réécrire l’histoire, et qui n’a donc finalement jamais vraiment rompu avec les valeurs de cette époque-là. Simplement, aujourd’hui, cette tendance libertaire est très peu représentée : elle est médiatiquement et intellectuellement très marginalisée. Mais à cette époque-là, c’était extrêmement présent.

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Par rapport au discours politique de l’époque, dans ce film, comme dans Carlos, vous semblez ne pas prendre parti. Ce discours est très présent, mais, en quelque sorte, il est juste une composante de l’atmosphère de l’époque. Oui, bien sûr, parce que j’essaie de me mettre à une distance qui permet d’être détaché des passions de l’époque, pour pouvoir en parler à froid, et peut-être un peu mieux. Mais il ne faut pas oublier que dans les années 1970, tout le monde était engagé. Ça n’est pas juste moi qui étais un jeune homme politisé : c’est quelque chose qui était partagé par tout le monde. Il était d’une certaine façon impossible de ne pas être engagé, d’une manière ou d’une autre. Chacun était obligé de se situer sur une sorte d’échiquier politique, qui est complètement oublié. Aujourd’hui, quand je discute avec des jeunes comédiens et que je leur raconte qu’au lycée on évoquait des débats entre les trotskistes et les léninistes, des événements de la guerre civile espagnole ou du déroulement de la révolution soviétique, ils me regardent avec des yeux comme des soucoupes ! Mais c’est vrai que c’est de cela qu’on parlait et que c’est en fonction de ça qu’on s’engageait. Après, le gauchisme, il a une histoire, au sens où il a un début, un milieu et une fin. Cette génération-là a été portée par la foi en la révolution. Mai 68 n’était donc pas idéalisé, puisque c’était envisagé comme une sorte de répétition générale de la révolution à venir. Et puis ensuite, progressivement, on s’est rendu compte qu’elle ne venait pas, et que les uns et les autres se retrouvaient à buter dans les impasses de l’époque. Au départ c’étaient des actes de courage de partir vivre en communauté, de s’engager, d’entrer en usine pour aller y prêcher la bonne parole, mais à un moment donné les gens ont commencé à trouver le temps long. Et donc tout ça s’est un peu délité, et s’est décomposé dans le terrorisme. C’est ce que je montrais dans Carlos et que j’essaie de raconter aussi un peu dans Après mai. À partir du moment où le gauchisme a basculé dans cette tentation terroriste, il s’est coupé de ses forces vives. Parce que les jeunes qui étaient partants pour prendre en charge la révolution, ne l’étaient pas pour valider la dérive armée, qui était obligatoirement un truc de minorité suicidaire. J’ai l’impression que, dans Carlos comme dans Après mai, vous faites sentir qu’il y a dans le militantisme, quelque chose qui se joue qui est au-delà des idées ; qu’il y entre aussi en jeu quelque chose de plus émotionnel ou physique, qui répond à un certain besoin de transcendance. Bien sûr. Il y avait une sorte de foi, y compris dans l’acception religieuse du terme. Dans le sens où il y avait véritablement un rejet du présent, et cette idée de se consacrer corps et âme à une sorte de futur abstrait, théorique. En cela, oui, il y avait absolument un rapport à la transcendance, ce qui est quelque chose qu’on a aujourd’hui beaucoup de mal à comprendre et à envisager, tant il est devenu inimaginable de ne pas profiter du présent. Aujourd’hui on est, pour le meilleur comme pour le pire, absolument dans le culte du présent. Dans les années 1970, non : le présent était détestable, ce que la société nous © les Fiches du Cinéma 2012 - N°2033


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Après mai

proposait était détestable, la ville était détestable... Et donc au fond, la seule chose qui avait une certaine valeur, c’était la foi dans l’avènement d’une transformation violente du monde et de la société, et dans l’entièreté de son engagement. Il y avait l’injonction absolue de mettre ses actes en accord avec ses idées : c’était inimaginable autrement. Aujourd’hui, non. Tout le monde est radical, c’est une sorte de leitmotiv de l’époque, tout le monde est plus radical qu’autrui, mais sans que l’on demande des comptes à quiconque sur sa manière de gagner sa vie et son rapport au monde matériel. Dans les années 1970, on vous le demandait et il fallait s’expliquer.

C’est étrange que vous parliez de détestation du présent, parce qu’aujourd’hui, on aurait plutôt tendance à penser que l’idéologie de 68 était, au contraire, une valorisation du présent, de la jouissance au présent. Pas du tout. Mais disons qu’il y avait ce qu’on a appelé la contre-culture, c’est-à-dire l’idée qu’à côté de la société il fallait qu’existe autre chose. Et ça, éventuellement, on pouvait y croire. Mais il n’y avait littéralement rien de la société qui semblait acceptable. Par contre, il y avait un autre côté du miroir dans lequel on pouvait se reconnaître. On pouvait s’identifier à la poésie de la beat génération. On pouvait adhérer à la musique underground qui se faisait à Londres ou à San Francisco, à condition qu’elle ne soit pas commerciale, qu’elle n’apparaisse pas dans les hit parades, qu’elle ne passe pas à la radio. On pouvait s’intéresser au cinéma à condition qu’il n’ait rien à voir avec l’industrie, qu’il n’existe que dans des circuits marginaux. Ce qui était acceptable, c’étaient des rapports neufs entre les uns et les autres, que ce soit dans des appartements collectifs ou des communautés. Là, oui, il y avait un réel, qui était celui qu’inventait au jour le jour cette génération-là, avec le sentiment d’être un peu les pionniers d’un monde nouveau.

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Avez-vous eu vous-même, à un moment, de l’ironie par rapport à cette époque ? Oui, bien sûr. C’est presque mathématique en fait : j’ai eu 15 ans en 1970 et j’avais 21 ans en 76, 22 ans en 77, c’est-à-dire au moment du punk. Donc, comme 21 ans c’est un peu l’âge où on commence à faire des trucs, je me suis complètement identifié à l’énergie de ce moment-là. Et j’ai tout laissé derrière, avec, effectivement, de l’ironie. En 1976, 77, 78, on avait tous, y compris les Sex Pistols, un passé qui avait à voir avec la contre-culture, mais on le rejetait avec une radicalité absolue. Il y avait l’idée de surfer sur un truc complètement neuf, où là, pour le coup, il y avait un rapport avec le présent et avec la société : une volonté de rentrer dedans, de se battre avec, à quelque niveau que ce soit. On ne rejetait plus la société, on la combattait. Le punk rock ça n’a pas à voir avec l’idée de créer un monde parallèle, c’est plutôt une sorte d’assaut. Et moi j’étais partie prenante de ça. Donc ensuite, ça m’a pris un certain temps avant de pouvoir me réconcilier avec le jeune homme que j’étais à l’époque d’Après mai. Du coup le “No future” du punk, vous l’entendez comme une réponse à cette sorte de culte du futur dont vous parliez à propos du début des années 1970 ? Absolument. “No future” c’est une espèce de slogan de carte postale, mais qui au fond recouvre une sorte de vérité absolue du truc. Ça signifie : on ne veut plus projeter dans le futur nos espoirs. Donc c’est littéral : no future / oui présent. Après mai est clairement un prolongement de L’Eau froide (1994). Une des différences les plus frappantes entre les deux films, c’est que dans L’Eau froide tout est plus violent : les personnages, les rapports, le filmage, le montage... L’Eau froide est un film qui a été fait en quatre semaines, dans des conditions de guérilla, et qui est peut-être un peu immergé dans une certaine idée de la jeunesse, de sa violence et de sa radicalité. Au lieu de décrire le monde dans lequel

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La séquence de feu qui est à la fois dans L’Eau froide et dans Après mai est-elle symbolique ou réelle ? Disons qu’elle relève de souvenirs. Mais celle d’Après mai, j’ai le sentiment qu’elle est antérieure à celle de L’Eau froide. Pour le coup, la scène de L’Eau froide est beaucoup plus punk. Oui, complètement. L’Eau froide, c’est un film punk sur les années 1970. C’est ça l’énorme différence en réalité. Avez-vous l’impression que quelque chose a changé dans votre travail et votre manière de faire du cinéma, depuis deux ou trois films ? Je pense que, oui, depuis L’Heure d’été il y a une manière différente et qui, en fait, a à voir avec le fait de moins chercher le “coup de pinceau”, c’est-à-dire le côté longues focales, caméra mobile, énergie un peu rock... J’ai beaucoup exploré ça et je crois en avoir retiré tout ce que je pouvais. Donc j’ai eu, à un moment donné, envie d’être plus dans la lumière, dans le monde, dans la clarté, d’utiliser des focales plus courtes, où le décor existe davantage... J’ai eu envie d’une chose où il y ait un tout petit peu plus de... je serais tenté de dire de plénitude, même si c’est un peu bête, en tout cas de réconciliation avec le monde, une forme d’approbation du monde.

L’Eau froide

il s’inscrit et de l’expliquer, il montre simplement le symptôme. C’est un film où je ne réfléchis pas sur les années 1970, mais où je m’immerge dedans, en essayant de me laisser porter à nouveau par des courants qui étaient ceux de cette époque-là. L’Eau froide était comme un geste, porté par l’énergie du moment. C’est un film qui a été extrêmement important pour moi, qui a été une remise en cause de beaucoup de choses dans ma pratique du cinéma, mais en même temps, je sais que quand je l’ai fini, je me disais qu’au fond, je n’avais pas parlé de choses qui m’importaient à cet âge-là : la politique, la contre-culture, et même la musique. La musique que j’ai utilisée dans L’Eau froide, c’est celle que je pouvais partager avec d’autres gens de ma génération à cette époque. Le film faisait partie d’une série (Tous les garçons et les filles, sur Arte, NDLR), dont une des règles était que la musique soit celle que l’on écoutait à l’époque décrite. Donc je me suis fixé pour contrainte de n’utiliser que des morceaux qui étaient parfaitement synchrones du moment où se passe le film. Et c’est intéressant, parce que ces morceaux, qui sont dans des registres très différents, ont un drôle de dialogue entre eux. Dans Knockin’ on Heaven’s Door de Dylan ou Janitor of Lunacy de Nico, il y a un côté funèbre, on sent que c’est la fin de quelque chose. Et à côté de ça, on a le premier single de Roxy Music, sorti exactement au même moment, qui, lui, pointe absolument la direction du futur et porte déjà tout ce que sera le punk rock cinq ans plus tard. Donc dans L’Eau froide, j’ai utilisé la musique de façon un peu conceptuelle. Dans Après mai, en revanche, c’est vraiment la musique que j’écoutais : tous ces morceaux underground qui cassaient l’ambiance quand j’essayais de les passer dans des fêtes...

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J’ai l’impression qu’avant, il y avait toujours dans vos films une sorte de conflit entre les idées et le corps, la théorie et la pratique, l’abstrait et le figuratif, etc. Depuis L’Heure d’été, on a le sentiment que vous arrivez à faire marcher ces choses-là ensemble. Oui, je le ressens. Et de plus Carlos, pour des raisons presque pratiques, m’a obligé à beaucoup réinventer ma manière de faire des films. Parce que, quand vous faites un film de 5h30, vous ne pouvez pas juste vous servir de ce que vous savez faire. Pour aborder cette ampleur-là, cette profusion de lieux, de thèmes, d’époques, j’ai été obligé de trouver une manière de filmer, un rythme où le film se transforme, se renouvelle. J’ai été obligé d’user mes cartouches relativement vite, et d’en inventer d’autres. Par exemple, depuis Carlos, je ne répète plus du tout. Y compris techniquement. J’explique le plan et je n’attends pas qu’il soit en place pour le tourner : je jette les comédiens dedans, de façon à ce qu’ils aient le sentiment, d’emblée, de se glisser dans la situation et de la vivre. Car, même si on essaie de réduire au maximum la mise en place, il y a forcément un côté laborieux qui vient sans cesse rappeler aux acteurs qu’ils sont dans un film. Carlos, vous l’aviez aussi construit en vous référant à ce qui se fait dans les séries ? Pas du tout, parce que je n’en regarde pas, je n’y connais rien. Je n’avais donc vraiment aucun repère. Ça s’est un peu inventé en le faisant. Si bien qu’à l’arrivée, c’est un film qui ne ressemble à peu près à rien. Il y a eu un débat pour savoir si c’était de la télé ou du cinéma, mais en tout cas, Carlos, c’est d’abord et avant toute chose anti-télévisuel. Après, le débat peut commencer. Mais avant tout, c’est contre tout ce qui se fait à la télé, de A à Z. C’est déterminé par ça.

Propos recueillis à Paris par Nicolas Marcadé

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Après mai de Olivier Assayas Dans un mi-chemin troublant entre la distance et l'implication, à travers des personnages froids mais conducteurs, Assayas nous transmet l’électricité d’une époque sans jamais l’idéaliser. Un film qui, avec une grande élégance, se donne mais ne s’explique pas.

© Carole Bethuel

HHHH Après mai est un objet étrange, d’un abord tout à la fois avenant et rugueux. Un film faussement simple, en fait délicat à appréhender ; faussement classique, en réalité expérimental et inconfortable. Semblant d’abord se glisser docilement sous l’étiquette du récit d’apprentissage nostalgique et solaire, chroniquant la prime jeunesse d’Assayas dans les années 1970, le film, ensuite, se rétracte sans cesse sous la main qui voudrait le saisir, et n’opère que par soustraction. Refus du message, refus de la psychologie, du romanesque, du sentimentalisme. Qu'est-ce qui reste ? Et bien il reste les choses, les instants, leur beauté presque abstraite. C’est dans cela que le film nous invite à baigner : les épiphanies de l’adolescence synchronisées sur les propositions de l’époque. L'écriture d'un graffiti sur un mur. Un feu dans un fête psychédélique. Des acteurs jouant au foot déguisés en nazi. Ces visions remontent sur l'écran, détachées de la chronologie, fixées dans l’absolu du moment. Et les personnages ne sont là que pour nous guider dans ce dédale d’images qui constituait alors le monde tel qu’ils le découvraient. Assayas trouve chaque fois une solution esthétique pour repousser le chromo, le cliché, l’ironie, et retrouver la beauté initiale d’un A gravé dans un cercle ou d’un film d’avant-garde en Super 8. Le temps qu’il faut pour entrer dans Après mai, c’est donc celui qu’il faut pour ajuster notre regard à sa perspective : laisser la toile de fond monter au premier plan, et les personnages basculer derrière. Alors, se dresse devant nous une sorte de tableau impressionniste, diffusant quelque chose d’aussi immatériel, irrationnel et intense que les rêves, la musique, les souvenirs. _N.M.

ÉVOCATION HISTORIQUE Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Clément Métayer (Gilles), Lola Créton (Christine), Félix Armand (Alain), Carole Combes (Laure), India Salvo Menuez (Leslie), Hugo Conzelmann (Jean-Pierre), Mathias Renou (Vincent), Léa Rougeron (Maria), Martin Loizillon (Rackam le Rouge),Philippe Paimblanc (le proviseur), Alain Gluckstein (le professeur de français), Jean-François Ragot (le professeur de philosophie), Simon-Pierre Boireau (Jean-René), Paul Spera (Carl), Manuel Mazaudier (Gérard), Marco di Giorgio (Enzo), Rodney Recor (Andrew), André Marcon, Johnny Flynn, Dolorès Chaplin, Laurent Ramacciotti, Lionel Dray, Guillaume Saurrel, Jeanne Candel, Adrien Lamande, Félix de Givry, Jean Garreau, Louise Chennevière, Louis Dunbar, Yannick Abiven, Colin Deleau, Noël Nahon, Calypso Valois, Blanche Cluzet, Anna Gaia Marchioro, Sylvain Jacques, Luc Bricault. Scénario : Olivier Assayas Images : Éric Gautier Montage : Luc Barnier et Mathilde van de Moortel 1re assistante réal. : Delphine Heude et Valérie Roucher Son : Nicolas Cantin Décors : FrançoisRenaud Labarthe Costumes : Jurgen Doering Maquillage : Stéphanie Aznarez et Aurélie Rameau Casting : Antoinette Boulat Production : MK2 Coproduction : France 3 Cinéma et Vortex Sutra Prod. exécutive : Indigo Films, Poisson Rouge Pictures et Orange Film Producteurs : Nathanaël Karmitz et Charles Gillibert Producteur associé : Marin Karmitz Distributeur : MK2 Diffusion.

122 minutes. France - Italie - Royaume-Uni - Pays-Bas, 2012. Sortie France : 14 novembre 2012

u RÉSUMÉ 1971. Les manifestations étudiantes sont réprimées par la police. Un garçon perd un œil. La riposte ne fédère pas toutes les mouvances de rébellion. Accompagné de camarades, Gilles s’introduit de nuit dans son lycée pour inscrire des slogans anarchistes sur les façades. Le groupe est repéré par des gardiens. Dans leur fuite, Jean-Pierre blesse un des poursuivants : confondu, il est renvoyé du lycée et risque la prison. Dans sa banlieue, Gilles reçoit Laure. Ils font l’amour, puis Laure lui annonce qu’elle part vivre à Londres. Il se rapproche alors de Christine, militante comme lui, tandis qu’il apprend que Laure, influencée par son nouvel amant, se drogue. SUITE... Il reçoit une invitation de Laure à une fête. Peu après son départ, Laure se jette par la fenêtre. Durant les vacances, il est nécessaire que le groupe prenne le large : Gilles part avec Christine, Alain et des amis en Italie. Alain y rencontre Leslie et tous deux partent en Inde, tandis que Christine rejoint une équipe de tournage. Plus tard, à Paris, Christine mène une vie rangée avec un membre de l’équipe, puis Leslie, après avoir avorté, quitte Alain pour retourner aux États-Unis et y poursuivre une formation de danseuse. Après négociation, Jean-Pierre n’est plus inquiété. Gilles refuse in extremis de participer avec lui à des actes terroristes. Christine a quitté son compagnon, et cherche Gilles. Mais Alain lui apprend qu’il est parti en Angleterre sur le tournage d’un film.

Visa d'exploitation : 128842. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SR SRD.

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2033 - 28- beautifulvalley_Mise en page 1 30/10/12 19:17 Page1

Beautiful Valley [Emek Tiferet] de Hadar Friedlich Tandis que son kibboutz est contraint de se privatiser, Hanna, 80 ans, se voit privée d’un travail qui était sa raison d’être. La sobriété et l’intelligence de l’écriture jointes à une indéniable maîtrise formelle servent ici au mieux la complexité des émotions.

PORTRAIT Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Batia Bar (Hanna), Gili Ben Ouzilio (Yaël), Hadar Avigad (Naama), Ruth Geller (Myriam), Eli Ben-Rey (Shimon), Hadas Porat (Odeda). Scénario : Hadar Friedlich Images : Talia (Tulik) Gallon Montage : Nelly Quettier et Hadar Friedlich Musique : Uri Ophir Son : Itay Elohey, Shavit Erez Eyni et Jean-Christophe Julé Décors : Shunit Aharoni Production : July August Productions et Les Films du Poisson Coproduction : Arte France Cinéma Producteurs : Eilon Ratzkovsky, Yaël Fohiel, Laetitia Gonzalez, Yossi Uzrad, Guy Jacoel et Yochanan Kredo Distributeur : Les Films du Poisson.

© Les Films du Poisson

HHH Premier long métrage d’une jeune réalisatrice israélienne, ce récit, empreint d’intelligence et de retenue, à été, à juste titre, plusieurs fois primé. Le scénario en est à la fois très ancré dans la réalité israélienne de l’évolution des kibouttzim, soumis aux lois économiques bien éloignées de leur idéal fondateur, et très en prise avec le sentiment, répandu dans toutes les sociétés occidentales, d’inutilité lié au grand âge. À l’aide de discrètes notations, tels les portraits de Lénine et Marx surplombant le bureau des archives ou le grillage jalonné de miradors clôturant le kibboutz, Hadar Friedlich éclaire sans didactisme ce qui constitua le mélange unique d’utopie collectiviste et d’esprit pionnier des fondateurs de kibboutz. Ce n’est cependant pas le cœur de son propos qui reste son personnage central, Hanna, figure forte, dénuée de pathos et par là attachante au plus haut point, magnifiquement incarnée par une actrice non professionnelle, Batia Bar, elle-même kiboutznik, enseignante à la retraite et archiviste bénévole. Servi par une mise en scène toute de rigueur et de précision, faite de plans fixes, parcourus par l’infatigable Hanna, Beautiful Valley se cale habilement sur un rythme lent, de cette lenteur insidieuse qui vient avec l’âge et dont ceux qu’elle atteint prennent conscience avec un étonnement douloureux. Bien que peu bavard ce récit n’en est pas moins riche de réflexions sur les meurtrissures du temps et la difficulté de transmettre. Hadar Friedlich a de surcroît un sens du cadrage et de la lumière qui donne à son œuvre une dimension esthétique certaine, sans jamais nuire à son sujet. _M.D.

90 minutes. France - Israël, 2011 Sortie France : 14 novembre 2012

u RÉSUMÉ Hanna, 80 ans, vit au kibboutz depuis sa jeunesse. Bien que retraitée depuis plusieurs années, elle ne peut se résoudre à l’inactivité. Sillonnant le kibboutz sur son tricycle, elle se joint aux travaux de jardinage malgré les réticences puis l’interdiction des responsables, sa fille Yaël en tête, en tant que directrice. Épouse d’un des fondateurs du kibboutz, Hanna vit mal cette mise à l’écart, ainsi que les profonds changements survenus en quelques années : la fin du collectif au profit de l’individualisme, et la privatisation, orchestrée par Yaël, des structures devenues non rentables. Hanna cède à son vieil ami, Shimon, en charge des archives, et l’aide pour son exposition sur l’histoire du kibboutz. SUITE... Pour elle, aussi dur qu’il ait parfois été, l’idéal du kibboutz fut le meilleur. Ce n’est pas le cas de sa voisine, Myriam, amère d’avoir, poussée par les fondateurs, sacrifié sa carrière de pianiste. Quand Shimon, victime d’une attaque cérébrale, devient incapable de poursuivre sa tâche, Hanna prend le relais. Elle continue de collecter les souvenirs des anciens et visionne leurs témoignages avec nostalgie. Mais il est trop tard. Après le décès de Shimon, la santé de Hanna s’altère. La jeune Naama qui l’affectionne et se montre curieuse de son expérience se rapproche d’elle. Nommée à la tête d’un autre kibboutz à redresser, Yaël déménage. Le réfectoire et les archives sont définitivement fermés. Réconciliées au chevet de Shimon, Hanna et Myriam restent, soudées par leur passé.

Visa d'exploitation : 118852. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SR.

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2033 - 29- capital_Mise en page 1 30/10/12 21:32 Page1

Le Capital de Costa-Gavras Plongée dans l’enfer des banques, sur les pas d’un jeune loup aux dents longues. Pas déplaisante à suivre, cette charge contre le capitalisme perd son impact en se maintenant tout du long dans un non-choix entre la caricature et l’analyse.

© Mars Dist.

H Avec Le Capital, Costa-Gavras poursuit dans la voie ouverte par Le Couperet : dépeindre la société contemporaine, à travers un personnage catalyseur, sur un mode un peu baroque et un ton oscillant entre l’indignation premier degré et l’ironie grinçante. Les intentions sont bonnes, la colère saine, le rythme plutôt enlevé et le constat assez bien ciblé. Mais entre l’analyse détaillée d’un système, la satire sociale à la française, la représentation surréaliste de la folie du monde et le portrait “vu de l’intérieur” d’un monstre moderne, le film finit par s’y perdre lui-même. Le principal problème est que l’on a du mal à comprendre exactement ce qu’est censé représenter son “héros”. À la fois dedans et dehors, pire que tous mais moins dupe que les autres, porté par des motivations peu claires, il emmène le spectateur partout où la démonstration de Gavras l’exige, mais perd en chemin sa crédibilité (ou du moins sa cohérence). Tantôt il semble être un mix entre le Tony Montana de Scarface et le Patrick Bateman d’American Psycho, tantôt il devient un personnage semigentil, doté d’une psychologie, d’une famille, et peut-être même d’une conscience. Le film, lui, tente d’abord une adhésion glacée et ironique au système qu’il décrit. Puis tout d’un coup, il va se chercher un contrepoint dans une scène de repas à la Sautet. À quelques reprises, il matérialise les pensées de son personnage (façon Ally McBeal), mais grossièrement, et surtout de façon totalement aléatoire et sans suite. On pourrait objecter que ce côté schizophrénique du personnage et du film renvoie à un certain chaos de l’époque. Mais il manque alors une vraie charge explosive dans ce chaos. _N.M.

SATIRE SOCIALE Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Gad Elmaleh (Marc Tourneuil), Gabriel Byrne (Dittmar Rigule), Natacha Régnier (Diane Tourneuil), Céline Sallette (Maud Baron), Liya Kebede (Nassim), Hippolyte Girardot (Raphaël Sieg), Bernard Le Coq (Antoine de Suze), Daniel Mesguich (Jack Marmande), Olga Grumberg (Claude Marmande), Éric Naggar (Théo Craillon), Samuel Parisi (Gabriel Tourneuil), Philippe Duclos (Jean Rameur), Paul Barrett (Matthew Malburry), Angelo Aybar (Yves Zombard), John Warnaby (Stanley Greenball), Yann Sundberg (Boris Breton), Bruno Ricci (Tino Notti), Philippe Cotten (Thierry Kazarian), Vincent Nemeth (Alain Faure), Didier Raymond, Bonnafet Tarbouriech, Karine Pinoteau, Marie-Christine Adam, Jean-François Elberg, Astrid Whettnall, Claire Nadeau, Sébastien Appleby. Scénario : Costa-Gavras, Jean-Claude Grumberg et Karim Boukercha D'après : le roman de Stéphane Osmont (2004) Images : Éric Gautier Montage : Yannick Kergoat et Yorgos Lamprinos 1ers assistants réal. : Joseph Rapp et Dylan Talleux Musique : Armand Amar Son : Olivier Hespel, Thomas Desjonquères et Daniel Sobrino Décors : Sébastien Birchler Costumes : Ève-Marie Arnault Effets spéciaux : Basile & Benoît Maffone Casting : Marie-France Michel Production : KG Productions et France 2 Cinéma Coproduction : The Bureau et Paradoxal Productrice : Michèle Ray-Gavras Prod. exécutive : Florence Masset Distributeur : Mars Distribution.

113 minutes. France, 2012 Sortie France : 14 novembre 2012

u RÉSUMÉ Quand Jack Marmande, le PDG de la banque Phénix, est obligé de prendre du recul, à cause d’un cancer des testicules, il décide de nommer à son poste un de ses fidèles serviteurs, Marc Tourneuil, pensant ainsi pouvoir continuer à diriger par personne interposée. Antoine de Suze, gros actionnaire visant la prise de pouvoir, laisse faire, en attendant la mort de Marmande. Mais Tourneuil montre tout de suite sa détermination à investir pleinement le poste. Dittmar Rigule, actionnaire américain de Phénix, fait venir Tourneuil à Miami et lui demande de dégraisser l’entreprise. Contre l’avis de ses collaborateurs et des actionnaires historiques, il décide de lancer un vaste plan de licenciements. Pour cela, il invite les employés de la firme à dénoncer les failles et les abus de pouvoir de leurs chefs. SUITE... Marc se laisse mener par le bout du nez par Nassim, une mannequin qui le fascine et lui soutire de plus en plus d’argent. Marmande meurt. Rigule commande maintenant à Marc de faire une OPA sur une entreprise japonaise. Grâce à Maud Baron, une experte, il comprend que l’entreprise en question est pourrie et que le but de la manœuvre est de faire baisser l’action de Phénix, pour permettre à Rigule de racheter la banque à bas prix. Piégé, Tourneuil fait semblant de jouer le jeu, mais avertit de Suze de ce qui va se passer, afin qu’il puisse doubler Dittmar en rachetant les parts de Phénix avant lui. En échange de son silence sur ce délit d’initié, il obtient d’être confirmé à la présidence de la banque.

Visa d'exploitation : 127605. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SR SRD.

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2033 - 30- chasse_Mise en page 1 30/10/12 19:14 Page1

La Chasse (Jagten) de Thomas Vinterberg Dans un jardin d’enfants, une petite fille accuse à tort le meilleur ami de son père. La métaphore des chasseurs est justifiée. Un film noir crédible, prenant, réalisé au scalpel. Le retour de Vinterberg et un rôle marquant pour Mads Mikkelsen.

© Zentropa

HHH Omniprésent à l’image, Mads Mikkelsen a mérité son prix d’interprétation à Cannes. Après avoir été remarqué chez Refn, A.T. Jensen et Bier, c’est la première fois qu’il travaille pour Vinterberg, et il est confronté à Thomas Bo Larsen, son acteur fétiche. Le réalisateur de Festen semble retrouver ici un second souffle, après avoir raté sa carrière américaine. Sans refaire le coup du Dogme, il traite frontalement non pas de la pédophilie, mais de la rumeur et des instincts grégaires qu’elle engendre. La société danoise, si tolérante habituellement, révèle ici une faille dans son système de transparence policée : il suffit d’un grain de sable (un éducateur refuse le cadeau d’une petite élève) pour enrayer la mécanique et nous faire douter de pratiques sociales dites civilisées. Une fois l’erreur actée, suite à une procédure approximative (l’interrogatoire de l’enfant, pressée de retourner jouer, par un pseudo psychologue), les adultes bien-pensants propagent la rumeur et ne veulent plus se déjuger quand ils en ont l’occasion, quitte à agir comme des barbares. L’institution n’est cependant pas pourrie puisque l’enquête aboutit, certes tardivement, à la vérité. Entre-temps, le héros aura subi le calvaire d’un “faux coupable” bien peu hitchcockien, car décidé à se défendre, et il aura compris qui sont ses vrais amis. Vinterberg est subtil dans sa direction d’acteurs (étonnante Annika Wedderkopp !) et il opte pour une réalisation fluide, épurée et acérée, pour faire vivre un scénario qui ne moralise jamais, tout en laissant des zones d’ombres (la chienne, le coup de feu) qui rendent le statut de son héros encore plus angoissant. _M.B.

DRAME Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Mads Mikkelsen (Lucas), Thomas Bo Larsen (Theo), Annika Wedderkopp (Klara), Lasse Fogelstrøm (Marcus), Susse Wold (Grethe), Anne Louise Hassing (Agnes), Lars Ranthe (Bruun), Alexandra Rapaport (Nadja), Ole Dupont (l’avocat), Katrine Brygmann (Kirsten), Daniel Engstrup (Johan), Steen Ordell Guldbrandsen (Lars T), Bjarne Henriksen (Ole), Karina Fogh Holmkjær (Ulla), Jacob Højlev Jørgensen (Erik), Jytte Kvinesdal (Inger), Rasmus Lund Rubin (Pede), Frank Rubæk (Elias), Søren Rønholt (le grand Carsten), Sebastian Bull Sarning (Torsten), Hana Shuan (Tiny), Troels Thorsen (Bent), Birgit Petersen, Nina Christrup, Josefine Gråbøl, Øyvind Hagen-Traberg, Allan Wibor Christensen, Nicolai Dahl Hamilton, Rikke Bergmann. Scénario : Thomas Vinterberg et Tobias Lindholm Images : Charlotte Bruus Christensen Montage : Anne Østerud et Janus Billeskov Jansen 1er assistant réal. : Peter Hingebjerg Musique : Nikolaj Egelund Son : Kristian Selin Eidnes Andersen et Thomas Jæger Décors : Torben Stig Nielsen Costumes : Manon Rasmussen Effets visuels : Martin Madsen Maquillage : Bjørg Serup Production : Zentropa Coproduction : Film i Väst Producteurs : Morten Kaufmann et Sisse Graum Jørgensen Coproducteurs : Charlotte Pedersen, Jessica Ask, Madeleine Ekman et Martin Persson Distributeur : Pretty Pictures.

111 minutes. Danemark, 2012 Sortie France : 14 novembre 2012

u RÉSUMÉ Lucas est éducateur dans un jardin d’enfants où il est très populaire. Il raccompagne parfois la petite Klara chez ses parents, Theo et Agnes. Klara supporte mal leurs disputes et les images pornos du grand-frère. Divorcé, Lucas garde son fils, Marcus, un week-end sur deux seulement. Un jour, Klara embrasse Lucas et lui offre un cœur. Il le lui rend et lui dit de garder ses bisous pour ses parents. Klara dit à Grethe, la directrice, que Lucas lui a offert un cœur et a un zizi raide. Lucas tue un cerf lors d’une partie de chasse avec ses amis, Theo et Bruun. Nadja, la cuisinière immigrée, le retrouve chez lui et ils font l’amour. Grethe informe Lucas de l’accusation d’un enfant et le renvoie. Elle fait interroger Klara, qui nie d’abord, puis acquiesce pour avoir la paix. Les parents d’élèves sont informés et la police enquête. SUITE... Theo frappe Lucas et le chasse de chez lui. Klara dit à sa mère qu’elle a tout inventé mais Agnes croit que sa fille veut oublier. Lucas chasse Nadja car elle doute de lui. On tue sa chienne. À part Bruun, tout le village l’ostracise. Marcus assiste à son arrestation. Lucas est blanchi : les enfants avaient décrit son sous-sol, or il n’en a pas. Au supermarché, on le refoule, on le passe à tabac, mais il insiste, se défend. Blessé, il va à l’office de Noël où il fixe longtemps Theo puis le frappe. On le sort. Klara avoue ses mensonges à Theo qui va retrouver Lucas chez lui. Un an après, tout semble oublié. Lors d’une partie de chasse, Lucas est frôlé par une balle.

Visa d’exploitation : 134226. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD. 150 copies (vo).

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2033 - 31- ecuador_Mise en page 1 31/10/12 02:49 Page1

Ecuador Une politique au-delà de l'utopie de Jacques Sarasin Il était une fois, alors que le monde entier a été submergé par le diktat de la dette, un pays qui refusa de s'y soumettre : son nom espagnol est Ecuador, et c’est aussi le titre de ce documentaire, qui s’engage à montrer un autre visage du socialisme au XXIe siècle.

DOCUMENTAIRE Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Scénario : Serge Ellenstein et Jacques Sarasin Images : Remon Fromont Montage : Marie-France Cuénot et Bernard Josse Son : Philippe Lecocq Production : Les Productions Faire Bleu Coproduction : Crescendo Films Distributeur : Myriapodus Films.

© Les Prod. Faire Bleu

HHH Dans un pays d’Amérique latine, une utopie est devenue possible : celle du refus du diktat de la dette économique devenu (quasiment) seul critère d'évaluation “de la bonne santé” d’un pays. Le film documentaire grec Debtocracy (diffusé, et très largement visionné, sur Internet) d’Aris Hatzistefanou et Katerina Kitidi, qui visait à expliquer l’origine de l’odieuse dette grecque, présentait l’exemple de l’Équateur comme l’un des rares pays à avoir su vaincre la dictature de la dette grâce au concept d’“illégitimité de la dette”. À l’heure où les pays européens sont davantage régis par les principes et les valeurs de la “debtocratie” que de la démocratie, l’Équateur (Ecuator en espagnol) apparaît à l’horizon des préoccupations modernes comme une terre promise, un asile politique. Peu à peu et à l’ombre des grands médias, l’Équateur crée un nouveau modèle politique et économique qui défie l’ordre mondial imposé par le FMI. Et Jacques Sarasin, qui a précédemment réalisé Le Monde selon Stiglitz (inédit à l'heure actuelle) mais aussi des documentaires consacrés à des artistes africains (Je chanterai pour toi et On the Rumba River), y a été très sensible. Son documentaire montre ainsi, dès ses premières images et comme l’indique son sous-titre (Une politique audelà de l'utopie), la teneur de son message : présenter l’expérience politique menée par le président équatorien Rafael Correa, beaucoup moins médiatisé sous nos latitudes que son homologue vénézuélien Hugo Chavez, comme un exemple à partir duquel réfléchir. Correa définit sa ligne politique comme un “socialisme du XXIe siècle”, capable de citer Marx aussi bien que Jésus Christ, sans imposer de doctrines. Il a très bien compris la stratégie de la dette,

72 minutes. France, 2010 Sortie France : 14 novembre 2012

lorsqu’il s’oppose à un FMI qui pousse l’Équateur à exploiter toutes ses ressources naturelles pour la rembourser. Or, pour préserver la forêt amazonienne en Équateur, le gouvernement a décidé, à travers le projet Yasuni, de renoncer à exploiter les réserves de pétrole se trouvant dans le sous-sol. Ce type d'exemples cités dans le film contribue à faire du combat mené par l’Équateur, petit pays par sa superficie, celui d’un David face au Goliath des grandes puissances financières, incarné en particulier par le FMI. Le réalisateur ne s’embarrasse cependant nullement de différents points de vue pour juger l’homme qu’il met en valeur. En cela il a l’honnêteté de ne pas essayer de jouer les apprentis journalistes. Mais l’Équateur n’est donc pas présenté dans toute sa complexité, à travers un regard rétrospectif permettant de comprendre la situation actuelle. Nous n’en saurons pas davantage sur l’importance représentative des pro et des anti Correa. Au contraire, le film fait, sans complexe, du président équatorien “l’homme providentiel” face aux crises actuelles, démocratiques tout autant qu’économiques. C’est donc le point de vue d’un cinéaste qui, fort de la réflexion de l’économiste Stiglitz, souhaite présenter un pays tout entier comme un exemple pratique. Sarasin ne s'en cache pas : l'intérêt de son film est de faire de la salle de cinéma un espace citoyen d’enjeux politiques. _Ce.L.

Visa d'exploitation : 124742. Format : 1,77 - Couleur - Son : Dolby SRD. 1 copie.

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2033 - 32- endofwatch_Mise en page 1 30/10/12 21:09 Page1

End of Watch (End of Watch) de David Ayer Le quotidien ordinaire de deux jeunes flics de Los Angeles. David Ayer (Bad Times) signe un polar nerveux - portrait en creux de deux amis s’interrogeant sur leur propre masculinité -, qu’une mise en scène un peu trop systématique vient limiter.

© Scott Garfield / Sole Prod.

HH Scénariste accompli (U-571, Fast and Furious), David Ayer a vu sa cote exploser grâce à son script de Training Day (2001). Tout en collaborant avec l’écrivain James Ellroy (sur Dark Blue et Au bout de la nuit), il signa avec le rugueux Bad Times (2005) un premier long métrage ambitieux, où il dressait le portrait de deux amis entraînés dans une spirale de violence, au sein des quartiers sud de Los Angeles. Avec End of Watch, Ayer reste fidèle à ses obsessions et retrouve ce “South L.A.” qui lui tient à cœur. Ici, il se concentre sur le quotidien de deux jeunes policiers en patrouille. Deux hommes loin d’être des modèles : leurs méthodes sont musclées et ils se complaisent à jouer aux cow-boys, sans jamais envisager que leurs actes puissent être lourds de conséquences (pour leurs carrières ou pour l’image de leur profession). Ayer prend fait et cause pour ses deux protagonistes, les filmant au plus près en détournant le procédé du “found footage”. Il exploite ainsi au mieux les possibilités de l’autofilmage dans les séquences d’action (Brian et Mike portent des micro-caméras sur leurs uniformes ; leur voiture enregistre les poursuites et arrestations) mais ce choix se retourne en partie contre le film, lorsque le cinéaste conserve ce filmage documentaire dans les séquences intimes, qui se seraient prêtées à une mise en scène plus posée. Un bémol qui n’interdit pas à Ayer de démontrer la difficulté pour ces deux “grandes gueules” de se forger une identité propre, loin des clichés attendus (le duo se fait ainsi mener à la baguette par les femmes), tout en livrant un polar d’action convaincant, culminant dans une course-poursuite finale haletante. _Mi.G.

POLAR Adultes / Grands Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Jake Gyllenhaal (Brian Taylor), Michael Peña (Mike Zavala), America Ferrera (Orozco), Anna Kendrick (Janet), Natalie Martinez (Gabby), Frank Grillo (le sergent), Cody Horn (Davis), Jaime FitzSimons (le capitaine Reese), David Harbour (Van Hauser), Cle Sloan (Mr. Tre), Shondrella Avery (Bonita), Leequwid “Devil” Wilkens (CK), James “Pistol” McNeal (DJ), Zone (Too Tall), Alvin Norman (Peanut), Richard Cabral (Demon), Diamonique (Wicked), Maurice Compte (Big Evil), Yahira “Flakiss” Garcia (La La), Manny Jimenez Jr. (Casper), Eric Garcetti (lui-même), Serene Branson (elle-même), Nicholle Barreras, Kristy Wu, Candace Smith, Michael Monks, Hugh Daly, Corina Calderon, McKinley Freeman, David Castaneda Jr., Ramon Camacho, Nelly Castillo, John A. Russo. Scénario : David Ayer Images : Roman Vasyanov Montage : Dody Dorn Réal. 2e équipe : Mike Gunther 1er assistant réal. : Jason Blumenfeld Musique : David S. Sardy Son : Roland N. Thai et Martín Hernández Décors : Devorah Herbert Costumes : Mary Claire Hannan Maquillage : Tina Roesler Kerwin Casting : Mary Vernieu et Lindsay Graham Production : Crave Films Pour : Exclusive Media Producteurs : John Lesher, Nigel Sinclair, Matt Jackson et David Ayer Producteurs exécutifs : Jake Gyllenhaal, Randall Emmett, George Furla, Remington Chase, Stepan Martirosyan, Chrisann Verges et Tobin Armbrust Distributeur : Metropolitan Filmexport.

108 minutes. États-Unis, 2012 Sortie France : 14 novembre 2012

u RÉSUMÉ Los Angeles. Officiers de police, Brian Taylor et Mike Zavala patrouillent quotidiennement dans South Central, théâtre de violences entre gangs rivaux et de divers trafics. Pour ce qu’il qualifie de “projet vidéo”, Brian va filmer leur quotidien. Tre, un Afro-Américain ivre, se bat avec Mike. Ce dernier ne mentionne pas le combat dans son rapport. Le soir, le gang de Tre est attaqué par le gang latino de Big Evil. SUITE... Brian parle à Mike de Janet, une brillante jeune femme qu’il a rencontrée. Très vite, ils nouent une relation. En planque près de la maison de la mère d’un dealer présumé, Brian et Mike procèdent à l’arrestation d’un suspect. Un soir, ils sont les premiers sur les lieux d’un incendie et sauvent des enfants. Ils sont décorés pour leur héroïsme. En intervenant dans la maison d’un suspect, ils mettent à jour un trafic d’esclaves. Ce faisant, ils ont mis en péril une opération de l’ICE, la brigade des douanes. Gabby, la femme de Mike, accouche de leur premier enfant. Deux collègues, Van Hauser et Sook, sont agressés et ne pourront pas reprendre du service. Brian épouse Janet, qui tombe vite enceinte. Chargés de rendre visite à une femme âgée, ils découvrent qu’elle est décédée et que sa maison sert de charnier à un cartel mexicain. Un soir, ils tombent dans un guet-apens : Big Evil et son gang ont été payés par le cartel pour les éliminer. Le gang laisse Brian pour mort et exécute Mike. Tous sont abattus par la police. Brian, grièvement blessé, assiste à l’enterrement de Mike.

Visa d’exploitation : 134030. Interdit aux moins de 12 ans. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD.

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© les Fiches du Cinéma 2012 - N°2033


2033 - 33- freeradicals_Mise en page 1 30/10/12 19:14 Page1

Free Radicals de Pip Chodorov Méconnu du grand public comme des cinéphiles, le cinéma expérimental a pourtant une importance cruciale dans l’Histoire du 7e art. Riche en extraits d’œuvres étonnantes, Free Radicals retrace l’épopée d’un cinéma alternatif et libre.

DOCUMENTAIRE Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Peter Kubelka, Ken Jacobs, Jonas Mekas, Stan Vanderbeek, Maurice Lemaître, Stan Brakhage, Robert Breer, Maya Deren, Michael Snow, Pip Chodorov, Stephan Chodorov, John Mhiripiri, M.M. Serra. Scénario : Pip Chodorov et Lucy Allwood Images : Nicolas Rideau Montage : Nicolas Sarkissian et Jackie Raynal Musique : Slink Moss et Black Lake Son : Allison Jackson, Romain de Gueltzl et Gautier Isern Production : Sacrebleu Productions Producteurs : Ron Dyens et Aurélia Prévieu Distributeur : NiZ !.

© Sacrebleu Prod.

HHH S’il est une catégorie cinématographique que tout le monde ou presque s’accorde à ignorer, c’est bien le cinéma dit expérimental. Coincé entre un marché de l’art qu’il n’intéresse pas et un cinéma à vocation “commerciale” auquel il ne peut par essence s’intégrer, ce cinéma semble voué depuis son origine à la pauvreté et à la clandestinité. À part Un chien andalou de Buñuel ou éventuellement Scorpio Rising de K. Anger, qui peut citer ne serait-ce qu’un seul de ces films bizarres, inconfortables, qui ne ressemblent à rien de déjà vu ? Où les aurait-on vus d’ailleurs, ces films ? En dehors des festivals, connus des seuls initiés, point de salut pour les freaks de la pellicule. Le film de Chodorov vient remettre les pendules à l’heure. Pratique artistique plutôt que genre ou courant, le cinéma expérimental existe depuis les origines du cinéma. Chodorov s’intéresse à son essor, depuis l’Avant-garde du début du XXe siècle jusqu’aux coopératives de cinéastes créées dans les années 1960-70. Généreux en extraits d’œuvres, Free Radicals, en plus de retracer l’histoire d’artistes brillants et attachants, nous initie à leur travail. De l’un des tout premiers films abstraits (Rythmus 21, 1921) dans lequel le dada Hans Richter joue avec des formes géométriques, aux films peints de Stan Brakhage, en passant par l’animation directe, technique de cinéma sans caméra où l’artiste gratte laborieusement le celluloïd pendant des semaines pour obtenir une minute d’images animées, on s’émerveille des trouvailles parfois géniales de ces illustres inconnus qui peuplent cette histoire du 7e art. Et on réalise aussi l’influence insoupçonnée de ce cinéma sur la culture “mainstream”. On découvre, par exemple, comment Terry

88 minutes. France, 2011 Sortie France : 14 novembre 2012

Gilliam s’est largement inspiré des œuvres de Stan Vanderbeek pour ses célèbres séquences animées des Monty Python. On fait également la connaissance de personnalités étonnantes et chaleureuses, comme Jonas Mekas, qui filme début 1970 les immigrés lituaniens auxquels ni les médias ni le cinéma traditionnel ne s’intéressent, et qui finance de sa poche le développement de films de camarades plus pauvres que lui. Encore une fois, on ne parle pas d’artistes à la mode, habitués des galeries de prestige, mais de jeunes gens qui travaillent à l’usine pour pouvoir se payer de temps en temps une bobine de Noir & Blanc pas chère, car périmée. Ce film devrait être diffusé dans les écoles de cinéma et chacun devrait en prendre de la graine : les cinéastes mégalomanes persuadés de révolutionner le cinéma en réalisant des blockbusters soi-disant innovants, comme les cinéastes branchés persuadés de faire du cinéma “indépendant” avec des budgets qui se comptent en millions de dollars. En cofondant en 1962 The FilmMakers’ Cooperative, Mekas et ses amis se sont donné les moyens de diffuser eux-mêmes leurs œuvres. De cette initiative sont nées d’autres coopératives de cinéastes, aujourd’hui toujours en activité. En ces temps de crise économique et de standardisation de la culture, où faire un film réellement indépendant devient de plus en plus improbable, cette voie du “Do It Yourself” devrait nous donner à penser. _G.R.

Visa d’exploitation : 119611. Format : 1,77 - Couleur - Son : Dolby SR. 10 copies.

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2033 - 34- maisonsucreejardin_Mise en page 1 30/10/12 19:13 Page1

Maison sucrée, jardin salé Film collectif Ce programme de courts métrages embarque les petits dans des univers fantasques où tous les sens sont mis à contribution. Une sélection globalement réussie et souvent délicieusement délirante. Les plus grands ne regarderont plus jamais une courge comme avant.

© KMBO

HH Destiné aux enfants à partir de 5 ans, ce programme de courts métrages d’animation ressemble à un de ces livres pour les tout petits dans lequel on touche différentes matières, chaque proposition faisant appel à des techniques d’animation originales : ici la pâte à modeler, là les tissus ou la nourriture, mais aussi la gouache, le crayon de couleur... Surtout, à l’exception de Petit frère, chaque petit film emmène le spectateur dans un univers délirant, bien à lui, avec l’imagination de ses réalisateurs comme seule limite. Ainsi, La Maison est une sorte de cauchemar halluciné dans lequel les murs deviennent plafond, plancher, et où les objets du quotidien, leurs matières, sont systématiquement détournées par l’imagination d’une petite fille. Même délire, quasiment anticapitaliste cette fois, dans Limaçon & caricoles qui fait miroiter à une petite limace le confort de la vie de château avant de donner une bonne leçon aux escargots propriétaires. Plus traditionnelles, les aventures du bonhomme de neige Carotte et du lapin consistent en des courses poursuites effrénées dans un univers dans lequel rien ne se perd et tout se transforme. La seule originalité de Petit frère repose, elle, sur la technique : des gribouillages au crayon de couleur. Le clou du spectacle est donc... au début, avec l’adorable Douce rêverie qui suit les pérégrinations d’une espèce de cupcake vivant dans une forêt de cônes glacés avec ses amis beignets, et qui va découvrir le monde des légumes. Visuellement très réussi, le court métrage de Kirsten Lepore nous enthousiasme aussi par un récit délicieusement incorrect, où le bonheur serait de courir nu au milieu d’un champ de blettes. _M.Q.

ANIMATION Enfants

u GÉNÉRIQUE 1. Douce rêverie (Sweet Dreams) de Kirsten Lepore (10’ - ÉtatsUnis, 2008). 2. Limaçons & carioles de Gwendoline Gamboa et Sylwia Szkiladz (7’ - Belgique, 2011). 3. La Maison (Das Haus) de David Buob (7’ - Allemagne, 2011). 4. Petit frère (Brüderchen Winter) de Charlotte Waltert (6’ - Suisse, 2011). 5. Carotte au théâtre (Porgand suvitab) de Pärtel Tall (6’ - Estonie, 2008). 6. Carotte à la plage (Teatriporgand) de Pärtel Tall (7’ - Estonie, 2006). Avec les voix de : 2. Moïno Bonfanti (le limaçon), Damien Locqueneux (le vieil escargot). Scénario : Kirsten Lepore (1), David Buob (3), Charlotte Waltert (4), Pärtel Tall (5, 6) Images : Ulvi Tiit (5), Ragnar Neljandi (6) Montage : Julie De Laere (2), Priit Tender (5), Peep Pedmanson (6) Animation : Kirsten Lepore (1), David Buob (3), Charlotte Waltert (4), Märt Kivi, Triin Sarapik-Kivi, Andres Tenusaar et Marili Toome(5), Andres Tenusaar, Marili Sokk et Märt Kivi (6) Musique : Chelsea, Kirsten & Megan Lepore (1), Edwin Pierard (2), David Buob (3), Christof Steinmann (4), Tiit Kikas (5), Tiit Kikas (6) Son : Christine Delpit (2), Christian Lutz et David Buob (3), Thomas Gassmann (4) Production : Atelier de Production de la Cambre (2), Hochschule Luzern (4), Nukufilm (5, 6) Coproduction : Schweizer Radio und Fernshene (4) Producteurs : David Buob (3), Jochen Ehmann, Gerd Gockell et Jürgen Haas (4), Arvo Nuut (5, 6) Distributeur : KMBO.

42 minutes. États-Unis - Belgique - Suisse - Estonie, 2006-2011. Sortie France : 14 novembre 2012

u RÉSUMÉ 1. Au pays des gâteaux, un gâteau construit un bateau pour voyager. Il fait naufrage sur une plage, où il est accueilli par des légumes naturistes. Il les aide à construire des bâtiments en carottes et vit une histoire d’amour avec une courge. On lui offre un bateau pour rentrer chez lui. Au pays des gâteaux, une tempête détruit les tours de sucre et le gâteau sauve ses amis grâce à une tour en carottes. 2. Impressionné par les maisons que portent sur leur dos les adultes autour de lui, Limaçon décide de s’en construire une avec une canette. Elle n’est pas confortable... Mais quand les humains se lancent dans la cueillette des escargots, il est bien heureux de pouvoir abandonner sa maison. 3. Dans une maison où les meubles se transforment en membres de sa famille, une petite fille ne pense qu’à s’occuper de sa grand-mère, mais est freinée par les adultes. La grand-mère se coiffe toute seule grâce aux pâtes cuisinées par la fillette. 4. Un garçon veut suivre sa sœur et ses amis, mais ceux-ci l’empêchent de jouer avec eux. Lorsque les enfants se perdent dans la forêt et sont poursuivis par un renard, ils rentrent sains et saufs grâce à la musique que joue le petit frère. 5. Le lapin n’a plus de carottes : il voit le nez de Carotte, le bonhomme de neige, et le poursuit dans un théâtre. Les spectateurs leur lancent des carottes. Le lapin est rassasié ! 6. Carotte fond au soleil. Le lapin fait marcher un canon à neige : Carotte se reforme. Il lui court après. Poursuivis par différents animaux, Carotte et le lapin se débarrassent d’eux grâce au canon.

Visa d’exploitation : en cours. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SR.

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2033 - 35- rengaine_Mise en page 1 30/10/12 20:20 Page1

Rengaine de Rachid Djaïdani Rengaine pointe les tensions intercommunautaires par le biais des a priori raciaux. La dénonciation de ce préjugé est d’une grande maladresse intellectuelle, mais le récit ménage, grâce à ses comédiens, quelques séquences savoureuses.

© Les Films des Tournelles

HH Romancier à succès, acteur sous la direction de Peter Brook, boxeur et maintenant cinéaste, Rachid Djaïdani est un personnage à plusieurs vies. Par volonté d’indépendance, il a choisi de faire son film sans appuis institutionnels. Le moteur de ce geste créatif, dit-il, est l’envie de sortir les Noirs et les Arabes de leur statut victimaire. Comment ? En montrant qu’il existe des préjugés raciaux entre les communautés. Le spectateur, sur cette question, se trouve donc pris entre deux feux. Soit il joue le jeu du cinéaste, et, en bon naïf, découvre interloqué qu’il y a de l’intolérance intercommunautaire. Soit il est informé de ce fait, et Rengaine a alors plutôt tendance à enfoncer des portes ouvertes. Évitons donc la question embarrassante du fond et considérons sa forme. Armé d’une simple caméra DV, Djaïdani contourne les limites de son matériel en filmant “en boxeur”, au plus près de l’épiderme de ses personnages. À l’image, ça donne des plans extrêmement heurtés, à la limite de la lisibilité, le spectateur se cognant plutôt aux pixels qu’à la peau. Heureusement, des personnages hauts en couleur, à la tchatche savoureuse, se succèdent, et font dévier le récit de sa thématique de plomb. Le film ressemble à son auteur, parfois roublard, comme l’indique cette fausse scène de torture (ce n’était qu’un film !), inutile et à l’épate. Gênant dans son propos et maladroit dans sa forme, le film est pourtant sauvé par l’énergie et le naturel d’excellents acteurs. Ceux-ci parviennent à rendre pertinent le projet d’un auteur, dont la posture revendiquée d’artiste sauvage et indépendant est un peu pénible. _J.C.

CHRONIQUE SOCIALE Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Slimane Dazi (Slimane), Sabrina Hamida (Sabrina), Stéphane Soo Mongo (Dorcy), Nina Morato, Hakim Ammar Boudjelal, Mourad Hocine, Matisse Tiby, Jude Camilus, dit Jude Bounce 2 Dis, Mehdi Djaïdani, Stéphane Riah, Brendan Backman, dit Kayone, Kamel Zouaoui, Rachida Nacceur, Marcelline Ngossoo Mono, Gharib El Mezdari, Saïd Benajem, Youssef Diawara, Jérémie Dhjan, Itaïn Porap, Djamel Bouchaïb, Hacene Aït Belkacem, Büche, Nikolafève, Gilles Bornstein, Rabat Aït Oufella, Tahar Dezeri, Raphaël Yem, Samir de Luca, Aladin Jouini, Skandre Beztout, Philippe Urtreger, Béchir Jouini, dit Jiwee, Ahmed Meguini, Max Boulbil, Yassine Mekhnache, dit Yaze, Delphine Montebello, Houcine Ben, Omar, dit Saidou Diop, Walid Ladhari, Christophe Van Huffel, Ilona Llinares, Farid Kounda, Karim El Dib, Steve Tientcheu, Mourad Boudaoud, Rachid Zariouh, Saabi Kazouah, Nadia Layla Bettache, Cheikh Dramé, Jonas Bertrand, dit Sun7. Scénario : Rachid Djaïdani Images : Rachid Djaïdani, Karim El Dib, Julien Bœuf et Elamine Oumara Montage : Rachid Djaïdani, Svetlana Vaynblat, Julien Bœuf et Karim El Dib Son : Rachid Djaïdani, Nicolas Becker et Margaux Testemale Production déléguée : Les Films des Tournelles Coproduction : Sabrazaï Films et Arte France Cinéma Producteurs : Rachid Djaïdani et Anne-Dominique Toussaint Distributeur : Haut et Court.

75 minutes. France, 2012 Sortie France : 14 novembre 2012

u RÉSUMÉ Slimane apprend que sa sœur musulmane d’origine maghrébine, Sabrina, projette de se marier avec un “Renoi”, Dorcy. Habité par le sentiment qu’il s’agit là d’une relation interdite par la tradition communautaire, il décide d’alerter ses quarante frères, disséminés dans différents quartiers de Paris, pour contrecarrer ce projet. Ces derniers réagissent diversement à cette nouvelle. Sabrina et Dorcy vivent leur amour, cachés de tous, et évoquent l’organisation de la cérémonie, avec ou sans l’accord de leurs familles respectives. Dorcy est un comédien qui court sans succès les castings pour obtenir un rôle. Sa mère, coiffeuse, ne partage pas non plus ce projet de mariage tant elle préfèrerait avoir des petits-enfants noirs. SUITE... Slimane rencontre ses frères, chauffeurs de taxi, intellectuels, danseurs, glandeurs et même Sabrina, qui ne veut pas renoncer malgré ses menaces. Il doit aussi faire face à ses propres contradictions car sa petite amie est juive. Cette liaison est cachée de tous, les deux amants se retrouvant de manière clandestine. Dorcy décroche enfin un rôle dans une petite production fauchée, où il est victime de tortures. Slimane fait l’acquisition d’une arme, car il est décidé à tuer Dorcy. Il se dispute violemment avec son amie qui lui pointe ses contradictions. Grâce aux indications du chauffeur de taxi, il retrouve finalement la trace de Dorcy, mais, après un instant d’hésitation, lui demande pardon.

Visa d’exploitation : 134177. Format : 1,85 - Couleur - Son : n.c.

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2033 - 36- surlechemindesd_Mise en page 1 30/10/12 19:13 Page1

Sur le chemin des dunes (Nordzee, Texas) de Bavo Defurne Pim, jeune homme de 15 ans, apprend à vivre son homosexualité dans le terne quotidien de sa petite ville côtière belge. Un film sympathique, à l’esthétique sixties travaillée, qui n’arrive que rarement à tirer de son désir de cinéma un cinéma du désir.

© copyright

H Noordzee, Texas est le titre original de Sur le chemin des dunes, “traduction absurde” d’un film qui rêve une certaine Amérique des années 1960, vue de la Belgique : des escapades en moto, des grands espaces, des bars minables qu’on imaginerait volontiers au bord de la route 66... Mais la comparaison reste dans le domaine du rêve, car le quotidien est bien celui d’une petite ville belge où jeunesse rime avec ennui. Il y a quelque chose de séduisant dans cette esthétique ultra léchée, qui contraste joliment avec la souffrance sourde des personnages. Bavo Defurne refuse tout misérabilisme, et on lui en sait gré. Pour autant, il n’arrive que très rarement à donner du souffle à son histoire, comme si le film était engoncé dans son carcan esthétique. On sent également parfaitement la volonté de ne pas faire de Pim un archétype de jeune homosexuel, mais plutôt de tenter de raconter plus universellement la naissance de l’amour et les souffrances qui en découlent. Mais alors, pourquoi nous donner tous ces éléments qui sont comme des balises psychologiques pour nous aider (mais a-t-on besoin de cette aide ?) à comprendre le parcours de Pim ? Et puis ces moments de lyrisme sur fond de musique sont-ils vraiment nécessaires ? Ils desservent le film plus qu’ils ne le servent, en l’encombrant d’un maniérisme agaçant, qui reste en tête après le générique, quand on préférerait se souvenir d’autres moments. Au final, si le film se laisse regarder sans déplaisir, il ne réussit que rarement à transformer ses envies d’espace en espace de liberté. C’est dommage pour le réalisateur, dont la sincérité est évidente. Et c’est surtout un peu dommage pour nous... _D.N.

CHRONIQUE INITIATIQUE Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Jelle Florizoone (Pim), Eva van der Gucht (Yvette), Mathias Vergels (Gino), Nina Marie Korekaas (Sabrina), Thomas Coumans (Zoltan), Katelijne Damen (Marcella), Luk Wyns (Étienne), Ella-June Henrard (Françoise), Patricia Goermaere (Simone), Daniel Sikora (Maurice), Victor Zaidi (Julien), Ben van den Heuvel (Pim, jeune), Nathan Naenen (Gino, jeune), Noor Ben Taouet (Sabrina, jeune). Scénario : Bavo Defurne et Yves Verbraeken D’après : le roman Nooit gaat dit over d’André Sollie (2004) Images : Anton Mertens Montage : Els Voorspoels 1er assistant réal. : Joke Pevenage Musique : Adriano Cominotto Son : Gareth Llewellyn Décors : Kurt Rigolle Costumes : Nathalie Lermytte Dir. artistique : Merjin Sep Maquillage : Mariël Hoevenaars Casting : Sara De Vries, Johnny De Meyer et Gerda Diddens Production : Indeed Films Coproduction : Mollywood et Eén Production exécutive : Fobic Films Producteurs : Yves Verbraeken Producteurs délégués : Lise Lambert et Jan Vrints Producteurs exécutifs : Mariano Vanhoof Coproducteurs : Guy & Wilfriend van Baelen Distributeur : Outplay.

96 minutes. Belgique, 2011 Sortie France : 14 novembre 2012

u RÉSUMÉ Pim vit seul avec sa mère, Yvette, ancienne Miss devenue chanteuse de cabaret, dans une petite ville côtière de Belgique. Enfant, Pim aime dessiner et revêtir les habits de lumière de sa mère. À 15 ans, il découvre qu’il est attiré physiquement par Gino, son ami et voisin, dont il devient l’amant. Sabrina, la petite sœur de Gino est, elle, amoureuse de Pim, qui ne révèle à personne son homosexualité. Yvette part régulièrement en tournée avec son propre amant, Étienne, que Pim a du mal à supporter. SUITE... Un jour, Pim découvre que Gino a une relation avec une jeune Française, avec qui il part s’installer à Dunkerque. Mais bientôt, Zoltan, beau gitan qui vient louer une chambre chez Yvette le temps de la foire locale, prend la place de Gino dans son cœur. Sauf que Zoltan, plus intéressé par la mère que par le fils, couche avec Yvette puis part avec elle sur les routes, laissant Pim seul et désespéré. Il va alors habiter chez Sabrina et sa mère, qui le recueillent. Sabrina, qui a découvert son homosexualité, ne lui parle quasiment plus. Pim démarre symboliquement une nouvelle vie en brûlant tous les vestiges (dessins et souvenirs) de son enfance. La mère de Gino et Sabrina, malade, tente de réconcilier Pim et son fils sur son lit d’hôpital. Ce n’est que quelque temps plus tard que Gino revient chez lui, montrant à Pim que son amour pour lui est resté intact en l’entraînant dans une étreinte et des baisers sans fin.

Visa d’exploitation : en cours. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD. 50 copies (vo).

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2033 - 37- without_Mise en page 1 30/10/12 19:13 Page1

Without (Without) de Mark Jackson Réalisateur et scénariste de son premier long métrage, Mark Jackson offre un bel exemple du cinéma indépendant américain. Un film sur le deuil courageux et sans concession, magistralement interprété par Joslyn Jensen.

DRAME Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Joslyn Jensen (Joslyn), Ronald Carrier (Frank Matter), Darren Lenz (Darren), Bob Sentinella (Bob), Piper Weiss (Piper), Brooke Bundy (Brooke), Jody Long (Jody Lee), Kristine Haruna Lee (Kristine), Joe & Kate Matter (les enfants). Scénario : Mark Jackson Images : Jessica Dimmock et Diego García Montage : Mark Jackson Musique : Dave Eggar et Nancy Magarill Son : Michael Requa Costumes : Jorge Barba Effets visuels : Zachery Wood Dir. artistique : Alisarine Ducolomb Production : Right on Red Films Producteurs : Mark Jackson, Jessica Dimmock, Michael Requa et Jaime Keeling Producteur exécutif : Jeff Marchelletta Producteur associé : Lance Lobo Distributeur : Atopic Distribution.

© Right on Red Films

HHH Pour son premier long métrage, Mark Jackson signe avec Without un film audacieux, tant le scénario semble a priori austère, voire aride. Consacré exclusivement à la vie quotidienne de Joslyn, étudiante pétillante confrontée, en huis-clos, à un vieillard paraplégique et muet, le récit semble respirer l’ennui. Pourtant, le spectateur se laisse emporter par l’étonnante fraîcheur et la spontanéité de l’héroïne, prise dans l’étau de ses propres contradictions, entre la tentation de trouver auprès de Frank un certain réconfort, pour combler le vide laissé par la disparition de sa petite amie, et la suspicion que lui inspire le comportement du vieillard. La maison isolée, adossée à la forêt, ainsi qu’un iPphone inopérant, véritables personnages secondaires, participent à l’inquiétude de la jeune femme esseulée, gagnée peu à peu par une névrose que nourrit sa douleur. Le réalisateur frôle ici les codes de certains films d’horreur, sans toutefois les développer, car tel n’est pas son propos. L’audace de Mark Jackson et de sa talentueuse comédienne vient également de ce qu’il dévoile l’intimité physique de Joslyn : en gros plans silencieux, elle se rase les jambes, se coupe les ongles de pied, s’observe nue devant la glace, utilise son fil dentaire, change son tampon, se masturbe, mange bruyamment ou fait du yoga. La rareté des dialogues et un sens de l’observation, aiguisé sans doute au Centre Expérimental de la Cinématographie de Rome, ajoutent une touche singulière à cette proximité sans voyeurisme. Enfin, la palette d’émotions exprimées par Frank, contraint à l’immobilité, prisonnier comme Joslyn de sa solitude, emporte l’adhésion. _M.T.

87 minutes. États-Unis, 2011 Sortie France : 14 novembre 2012

u RÉSUMÉ Jeune étudiante désargentée, exclue de son établissement, Joslyn accepte de séjourner sur une île isolée, comme aide à domicile de Frank Matter, un vieillard paraplégique cloué sur un fauteuil roulant. Après les recommandations de Madame Matter (distraire son père avec la chaîne TV Pêche, ne pas mettre les couteaux dans le lave-vaisselle), Joslyn se retrouve seule avec Frank, sans moyens de communication extérieure. Réglant désormais sa vie sur la sonnerie personnalisée du réveil de son portable, “rien ne change... rien ne change”, elle veille consciencieusement sur le vieil homme, muet, réduit à l’état végétatif. Elle le lave, change ses couches avec pudeur, prépare les médicaments hebdomadaires dissouts dans sa soupe, lui prodigue des soins kinesthésiques, l’installe devant la chaîne TV Pêche ou l’extrait avec peine de son fauteuil pour le mettre au lit. SUITE... Consacrant principalement son temps libre au sport, elle prend soin de son corps, aime aller boire un café servi par une serveuse sympa (dont le copain, Darren, se montrera par trop entreprenant...). Mais surtout, Joslyn contemple souvent, sur son iPhone, la vidéo de sa petite amie disparue... Sa vie solitaire se dérègle lorsqu’elle réalise au réveil que son téléphone change de place et que des marques de contusion marquent son dos. Soupçonnant Frank, elle le traite désormais méchamment, allant jusqu’à le gifler. Les Matter revenus lui disent leur profonde déception. Joslyn s’excuse et s’effondre, disant ne pas parvenir à faire son deuil...

Visa d’exploitation : 134598. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 20 copies (vo).

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2033 - 38- audeladescollines_Mise en page 1 30/10/12 19:12 Page1

Au-delà des collines (Dupa dealuri) de Cristian Mungiu Farce à froid, chronique de la destruction d’un cœur et drame social implacable : Mungiu prend son temps pour abattre toutes ses cartes. Jouant la montre et l’austérité (quitte à risquer le rejet de son public), il emporte le morceau dans un final splendide.

© Mobra Films

HHH “Tu ne dois aimer personne davantage que le Seigneur”, dit en substance Voichita à Alina. Fragile, désespérément amoureuse de Voichita - on comprend à mots couverts qu’elles furent autrefois amantes -, en proie à des accès psychotiques, Alina trouble la quiétude de la petite communauté, placée sous l’égide d’un prêtre intransigeant et percluse de dogmes arriérés. Commence alors, pour la jeune femme, un long chemin de croix - simili crucifixion comprise -, ces bonnes âmes étant résolues à la délivrer du Malin qui la tourmente. Il en faut, de la patience, pour voir le film de Cristian Mungiu prendre toute son ampleur : d’abord austère, souvent hermétique, plombé par un récit aussi lent que redondant, et comme pétrifié dans son système formel (longs plans-séquences et imagerie blafarde), Au-delà des collines échappe en bout de course à son académisme de festival. Chronique de la destruction d’un amour, évocation acerbe de la société roumaine (on retrouve là, en filigrane, l’esprit du palmé 4 mois, 3 semaines, 2 jours) et chronique d’un aveuglement collectif, Au-delà des collines atteint sur le tard des hauteurs insoupçonnées. L’interprétation habitée de son duo de comédiennes (récompensées à Cannes) y est sans doute pour beaucoup. Outre les questions que pose le récit (en quoi précisément croit-on lorsque l’on “croit” ? quelle part de fièvre, de foi, de fuite, dans l’engagement ?), c’est à elles que revient de tenir le fragile équilibre du film, proche, parfois, de la farce livide - sous des dehors austères, ça brûle, ça grince des dents -, et d’ébranler, dans un même mouvement, l’austérité de la forme et les mœurs de ses personnages. _T.F.

DRAME Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Cosmina Stratan (Voichita), Cristina Flutur (Alina), Valeriu Andriuta (le prêtre), Dana Tapalaga (la Mère Supérieure), Catalina Harabagiu (Sœur Antonia), Gina Tandura (Sœur Iustina), Vica Agache (Sœur Elisabeta), Nora Covali (Sœur Pahomia), Dionisie Vitcu (Monsieur Valerica), Ionut Ghinea (Ionut), Liliana Mocanu (Maman Elena), Doru Ana (Papa Nusu), Costache Babii (le docteur Solovastru), Luminita Gheorghiu (le professeur), Alina Berzunteanu (le docteur Radu), Teodor Corban (l’officier), Calin Chirila (le policier), Cristina Cristian, Petronela Grigorescu, Liana Petrescu, Alexandra Agavriloaiei, Alexandra Apetrei, Noemi Gunea, Katia Pascariu, Mara Carutasu, Cerasela Iosifescu, Ada Bârleanu, Mariana Liurca, Radu Zetu, Ion Sapdaru, Diana Chirila Ignat, Tania Popa. Scénario : Cristian Mungiu D’après : le recueil de nouvelles Spovedanie la Tanacu de Tatiana Niculescu Bran (2006) Images : Oleg Mutu Montage : Mircea Olteanu 1re assistante réal. : Mihaela Ionita Son : Cristian Tarnovetchi Décors : Calin Papura et Mihaela Poenaru Costumes : Dana Paparuz Production : Mobra Films Coproduction : Why Not Productions, Les Films du Fleuve, France 3 Cinéma et Mandragora Movies Producteur : Cristian Mungiu Producteur délégué : Tudor Reu Coproducteurs : Pascal Caucheteux, Grégoire Sorlat, Vincent Maraval, Jean-Pierre & Luc Dardenne, Jean Labadie et Bobby Paunescu Distributeur : Le Pacte.

150 minutes. Roumanie - France - Belgique, 2012 Sortie France : 21 novembre 2012

u RÉSUMÉ Alina, de retour d’Allemagne, rejoint son amie Voichita dans le monastère où elle s’est retirée, aux confins de la campagne roumaine. Elle entend la convaincre de fuir avec elle. Quelques années plus tôt, les deux femmes, s’étant connues à l’orphelinat, ont noué une relation amoureuse. Mais Voichita, depuis, a cédé à l’appel de la foi. Peu à peu, la conduite d’Alina, désespérément attachée à Voichita, et psychologiquement instable, gêne la tranquillité et les mœurs de la communauté. Voichita, tout à son engagement, conduit Alina à la ville, chez ses anciens tuteurs. Mais Alina repart avec Voichita et, comme gage de sa bonne volonté, fait don de ses économies à la communauté. Bien que la chose lui soit défendue, Alina pénètre dans le sanctuaire du monastère et, hors d’elle, s’en prend violemment au prêtre, qui la chasse. SUITE... Elle revient et, voyant Voichita lui échapper, sombre dans l’hystérie. Le groupe, heurté par ses provocations, n’hésite pas à la cloîtrer. Voichita tarde à intervenir... Sous l’impulsion du prêtre et de la Mère Supérieure, les nonnes, croyant Alina possédée par le démon, s’emploient à l’en délivrer. Elles l’attachent à une croix bricolée à la va-vite et l’enferment, la nuit durant, dans une dépendance, pendant qu’une messe est donnée pour le salut de son âme. Au petit matin, Voichita détache Alina, affamée et épuisée. Lorsque les secours arrivent, ils constatent le décès d’Alina... survenu la veille. Le prêtre et quelques sœurs sont emmenées par la police. Voichita les accompagne pour témoigner.

Visa d’exploitation : en cours. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD.

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© les Fiches du Cinéma 2012 - N°2033


2033 - 39- commedesfreres_Mise en page 1 30/10/12 20:28 Page1

Comme des frères de Hugo Gélin Comédie à la française aussi timide que convenue, Comme des frères reprend tous les ingrédients éculés du genre (road-trip, trio improbable, leçons de vies, bons sentiments), et ne doit sa réussite partielle qu’à l’interprétation de ses comédiens.

© Zazi Films

HH Après deux courts métrages, Hugo Gélin réalise, pour son premier long, une comédie à la française des plus classiques : un road-movie avec trois personnages que tout sépare, sauf le deuil d’une meilleure amie communue, Charlie, et qui vont, évidemment, se rapprocher malgré leurs différences, et même régler, petit à petit, leurs conflits personnels... En l’occurrence, trois crises : celle de la vingtaine (comment sortir de l’adolescence ?), de la trentaine (comment devenir père?) et de la quarantaine (comment apprendre à aimer à nouveau ?). Pour ce faire, Hugo Gélin et ses coscénaristes semblent avoir suivi à la lettre le manuel du parfait scénario : faire avancer les états psychologiques des personnages pas à pas, grâce aux conversations entre eux (deux par deux ou tous ensemble) et aux rencontres faites sur le chemin ; utiliser un astucieux système de flash-backs pour remonter le temps et nous expliquer le rapport (fasciné, et aussi amoureux qu’amical) des trois protagonistes à Charlie ; alterner les scènes drôles et les scènes tristes ; rythmer le tout par des séquences de voyage. Comme des frères est donc un film qui ne réserve aucune surprise en termes de péripéties. Quant à la réalisation, elle est platement calibrée. Heureusement, les trois comédiens principaux (Duvauchelle, Demaison, Niney) parviennent à insuffler un peu de vie et de naturel à leurs personnages. Après un démarrage poussif, le film réussit grâce à eux à être parfois drôle et à réserver quelques scènes touchantes, bien que très cliché (soirée dans un karaoké minable, nuit à la belle étoile à côté de la voiture, etc.). Un exemple type de film français moyen. _F.B-P.

COMÉDIE DRAMATIQUE Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : François-Xavier Demaison (Boris), Nicolas Duvauchelle (Élie), Pierre Niney (Maxime), Mélanie Thierry (Charlie), Florence Thomassin (Line), Cécile Cassel (Jeanne), Micheline Presle (la grand-mère), Philippe Laudenbach (le grand-père), Lannick Gautry (Vassily), Jacques Frantz (Pierre), Flore Bonnaventura (Cassandre), Jean-François Cayrey (le gendarme), Nathalie Roussel (la mère d'Élie), Pierre-Ange Le Pogam (le directeur du théâtre), Katharina Kowalewski (l'Allemande). Scénario : Hugo Gélin, Romain Protat et Hervé Mimran Images : Nicolas Massart Montage : Grégoire Sivan 1er assistant réal. : Jean-Baptiste Pouilloux Scripte : Lisa-Nina Rives Musique : Revolver Son : Olivier Péria Décors : Samantha Gorgowski Costumes : Isabelle Mathieu Dir. artistique : Marco Mélaragni Maquillage : Tina Rovere et Gigi Akoka Casting : Pierre-Jacques Benichou Production déléguée : Zazi Films Coproduction : Stone Angels et Direct Cinéma Producteurs : Hugo Gélin, Danièle Delorme et Laetitia Galitzine Coproducteur : Pierre-Ange Le Pogam Distributeur : Stone Angels.

100 minutes. France, 2012 Sortie France : 21 novembre 2012

u RÉSUMÉ À l’enterrement de leur amie commune, Charlie, Boris, Élie et Maxime décident d’effectuer le voyage qu’ils avaient prévu de faire avec elle en Corse. Ils partent aussitôt en voiture. Leurs rapports sont distants, car ils se connaissent mal et ont peu de choses en commun : Boris est un businessman de 39 ans, et un ex de Charlie. Élie, gagman trentenaire, était son vieil ami. Enfin, Maxime, jeune étudiant boulimique, l’a connue comme baby-sitter. Boris et Élie étaient au courant de la maladie de Charlie, Maxime non. Lors d’un pique-nique, leur voiture est volée. Ils passent alors la nuit chez les grands-parents d’Élie, qui leur prêtent une nouvelle voiture. SUITE... Maxime reçoit un texto de sa copine, qui le quitte. Les deux autres le convainquent de faire un détour pour aller la voir dans sa maison de campagne : ils la trouvent en compagnie d’un autre homme. Après une nuit de beuverie, ils passent une journée dans un parc d’attractions. Élie s’occupe d’un petit garçon, et révèle aux autres ses difficultés à devenir père. Le lendemain, pour fêter les 40 ans de Boris, ils sortent en boîte de nuit. Ils se disputent. Boris croise une amourette de jeunesse, et passe la nuit avec elle. Élie apprend que sa femme est enceinte. Boris, Maxime et lui se réconcilient. Ils arrivent enfin dans la maison de Charlie, en Corse, et dispersent les cendres de leur amie. Le soir, ils se remémorent comment ils s’étaient rencontrés, à la fête de ses 30 ans, tous les trois déguisés en Charlot.

Visa d'exploitation : 121679. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD.

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Les Derniers jours de l’hiver (Akharin rouzhaye zemestan) de Mehrdad Oskouei Le quotidien des jeunes détenus d’un centre de rétention pour mineurs de Téhéran. Une vision chaleureuse, lucidement pessimiste aussi quant à leur avenir. Mais ces 52 minutes de reportage formatées pour le petit écran sont-elles un film de cinéma ?

DOCUMENTAIRE Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Abolfazi, Nameni, Issa, Mohammad, Kaveh, Morteza, Farshad. Images : Ashkan Ashkani Montage : Farid Daghagheleh Musique : Morteza Saedi Son : Hadi Saed Mohkam Production : Oskouei Film Production Distributeur : Les Films du Whippet.

© Oskouei Film Prod.

H Un gamin se fait couper les cheveux, d’autres ricanent en arrière-plan, le coiffeur est plutôt accommodant... Ainsi débute le documentaire que Mehrdad Oskouei, documentariste iranien “indépendant”, a consacré à sept des détenus de la maison de correction pour mineurs de Belleville (sic !) à Téhéran. Abolfazi, 10 ans, est là pour complicité de vol de sacs à main. Pour Mohammad, 12 ans, c’est vol de motos ; Kaveh, 13 ans, vol de bijoux ; Farshad, 13 ans, de téléphones mobiles ; Morteza, 13 ans, de moutons ! Issa, 14 ans, qui vient d’arriver, ne veut pas révéler pourquoi il est là. Quant à Nameni, 13 ans, il a été arrêté en possession de crack. Drogués, nombre d’entre eux le sont ou l’ont été, depuis des années parfois, alors que tous ont moins de 15 ans : ils le confient sans gêne apparente, parfois avec une forfanterie que l’on sent cependant forcée, à la caméra attentive d’Oskouei, qui finit par capter leur angoisse de ne pouvoir s’en échapper. Le grand mérite de ce court documentaire est de nous livrer un portrait à la fois chaleureux et sans complaisance de ces gamins, que l’on découvre peu à peu. Tous plus ou moins (plutôt plus que moins !) abandonnés par leurs parents, tous plus ou moins fiers de leurs exploits ou trafics, d’une fierté de petits mâles se bagarrant parfois, chacun jouant à s’affirmer comme caïd. Mais il ne s’agit pas de jeu, même si parfois ils font semblant : la séquence où ils reconstituent, par “jeu”, en en rajoutant, le procès qu’ils eurent peut-être, crée vite une tension difficilement supportable. “Pour de vrai”, les uns ont été condamnés à des mois de prison, d’autres sont en instance de jugement. On subodore - Oskouei, qui n’intervient jamais

52 minutes. Iran, 2011 Sortie France : 21 novembre 2012

directement, le laisse entendre - qu’une fois sortis ils replongeront. Et pourtant, ces durs restent des enfants, qui regrettent d’avoir fait honte à leurs parents, prient naïvement : le moment le plus déconcertant est celui, dès le début du film, où l’on découvre que les lits de chacun, même les plus coriaces, sont envahis de peluches, de “doudous”, sans qui ils ne peuvent dormir. “La mort ne me fait pas peur”, dit l’un d’eux, “c’est la vie qui me fait peur”. Le centre n’est pas bêtement coercitif, même s’il manque de moyens (un très bref moment le montre), les gamins sont bien traités. Le film fut tourné au moment du Nouvel An 2011, et tous partent alors en sortie pour les rives de la Caspienne : elles sont grises, mornes, mais c’est un moment de liberté joyeuse qui occupe un bon tiers du film. On ne saurait donc nier les qualités humaines ou informatives du film de Mehrdad Oskouei. Mais, hélas !, il n’en va pas de même pour ses qualités cinématographiques. On ne peut que se demander pourquoi est proposé en salles ce produit formaté télévision, ne serait-ce que par sa durée, aux images, aux couleurs et à la construction tristement banales... La dictature iranienne, qui censure et emprisonne ses cinéastes, cherche peut-être simplement à montrer qu’on peut encore faire des films sous le joug des ayatollahs... _Ch.B.

Visa d'exploitation : en cours. Format : 1,85 - Couleur - Son : n.c. 10 copies (vo).

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Les Lignes de Wellington de Valeria Sarmiento Cet ultime projet de Raoul Ruiz, mené à bien par sa collaboratrice et compagne, recrée un épisode mal connu des guerres napoléoniennes : l’enlisement des troupes françaises au Portugal. Une fresque puissante, belle, crue, violente, surréelle souvent, obscure parfois.

© Alfama Films

HHH La mort a empêché Raoul Ruiz de réaliser Les Lignes de Wellington, concocté avec Carlos Saboga, scénariste des Mystères de Lisbonne, son ultime chef d’œuvre. Chef d’œuvre peut-être pas, mais grand film que cette luxuriante et superbe fresque menée à bien par celle qui fut sa compagne et la monteuse de nombre de ses œuvres, et qui, comme lui, traque l’irréalité du réel. Une tragédie historique, aussi importante (ce fut le début de la fin de la domination napoléonienne sur l’Europe) qu’occultée par les manuels, se construit devant nous tel un puzzle constitué de multiples saynètes qui s’articulent in fine. Les faits peuvent paraître parfois abscons, mais l’ambiance et les enjeux ressortent avec justesse. C’est un abbé exalté qui démontre, exemples de viols à l’appui, que les Anglais ne valent pas mieux que les Français et ne sont là que par intérêt. C’est un sergent portugais, solide paysan par ailleurs, qui à travers les Français affirme combattre Juifs et francs-maçons. Masséna est un rustre ignare et grossier. Wellington un maniaque narcissique, qui refuse de voir sur des tableaux les cadavres qu’il sème. Dans ce maelström, au moins vingt personnages importent. Si certains restent à l’état de stéréotype (l’officier anglais coincé, la jeune Anglaise délurée), d’autres s’imposent avec force : Vicente, qui lit le Timée de Platon au milieu des ruines ; Bortalo, le déserteur qui avait cru aux slogans de la Révolution ; la fière Dona Filippa, magistralement incarnée par Marisa Paredes... Tous les interprètes sont d’ailleurs remarquables, jouant comme si chacun avait tenu à rendre un vibrant dernier hommage à Ruiz. _Ch.B.

FRESQUE HISTORIQUE Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : John Malkovich (le général Wellington), Marisa Paredes (Filipa Sanches), Melvil Poupaud (le maréchal Masséna), Mathieu Amalric (le général baron de Marbot), Elsa Zylberstein (Sœur Cordélia), Nuno Lopes (le sergent Francisco Xavier), Vincent Perez (Lévêque), Soraia Chaves (Martírio), Carloto Cotta (le lieutenant Pedro de Alencar), Jemima West (Maureen), Marcello Urgeghe (le major Jonathan Foster), Adriano Luiz (Bordalo), Victória Guerra (Clarissa Warren), João Luís Arrais (Zé Maria), Miguel Borges (Manuel Pena Branca), Albano Jerónimo (l’abbé), Joana De Verona (Brites), Filipe Vargas (Vincente de Almeida), Gonçalo Waddington (l’infirmier Eusébio / l’espion Zanaga), Catherine Deneuve (Severina), Isabelle Huppert (Cosima Pia), Michel Piccoli (Léopold Schweitzer), Malik Zidi (Octave de Ségur), Maria João Bastos (Maria de Jesus), Paulo Pires (Alberto). Scénario : Carlos Saboga Images : André Szankowski Montage : Valeria Sarmiento et Luca Alverdi 1er assistant réal. : João Pinhão Moura Scripte : Paulo Milhomens Musique : Jorge Arriagada Son : Ricardo Leal, António Lopes et Miguel Martins Effets spéciaux : Filipe Pereira Effets visuels : Nuno Mesquita Dir. artistique : Isabel Branco Maquillage : Iris Peleira Production : Alfama Films et Clap Filmes Coproduction : France 3 Cinéma Producteur : Paulo Branco Distributeur : Alfama Films.

151 minutes. France - Portugal, 2012 Sortie France : 21 novembre 2012

u RÉSUMÉ Automne 1810. Les Français conduits par Masséna occupent le Portugal, les Anglais de Wellington interviennent auprès des Portugais. Le caporal Percy meurt auprès du sergent Francisco, qui sauve le lieutenant Pedro, grièvement blessé. Percy laisse une veuve, Maureen. Les Anglais gagnent avec les Portugais les lignes de fortification que Wellington (qui contrôle aussi tout ce que peint Lévêque !) a fait bâtir pour protéger Lisbonne. Entraînant la population, ils pratiquent la politique de la terre brûlée pour affamer les Français, dont les chefs pillent et vivent dans le luxe. Pedro est soigné par Filippa, riche veuve qui n’a pas voulu fuir. SUITE... Dans le sillage des Anglais, un marchand persécute un gamin demeuré ; Vicente emporte avec lui sa bibliothèque et recherche sa femme disparue : quand il la retrouve, elle le rejette ; Miss Warren aguiche le major Foster ; Pedro, en compagnie de Bortalo et de trois Polonais, croise la bande d’un prêtre fanatique et de la sauvage Brites. À nouveau blessé, il est soigné à l’hôpital où officie sœur Cordelia. Filippa y arrive : violée par les Français, elle a perdu la raison. Anglais et Portugais ont rejoint les lignes, où un espion est démasqué. Alors que se marient Ze Maria et la prostituée Martírio, un boulet français tue Alberto, le filleul de Francesco : il sera enterré sur place. Les Français ont capitulé. Vicente, suivi du jeune demeuré, retrouve sa maison, brûlée comme tout ce qui l’entoure...

Visa d’exploitation : 129531. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD.

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Little Bird (Kauwboy) de Boudewijn Koole Jojo, 10 ans, vit seul avec son père colérique depuis que sa mère est morte. Son amitié avec un petit choucas l’aidera à surmonter le deuil. À travers un récit classique, Little Bird réussit à aborder des thèmes dramatiques de manière délicate, souvent poétique.

CHRONIQUE INITIATIQUE Famille

u GÉNÉRIQUE Avec : Rick Lens (Jojo), Ricky Koole (July, la mère), Loek Peters (Ronald, le père), Susan Radder (Yenthe), Cahit Ölmez (Deniz). Scénario : Boudewijn Koole et Jolein Laarman Images : Daniël Bouquet Montage : Gys Zevenbergen 1re assistante réal. : Anne van Dongen Musique : Helge Slikker Son : Joost Roskam Décors : Jorien Sont Costumes : Heleen Heintjes Maquillage : Françoise Mol Casting : Rebecca Van Unen et Annette Maas Production : Waterland Junior Coproduction : NTR Producteurs : Jan van der Zanden et Wilant Boekelman Productrice exécutive : Floor Onrust Coproductrices : Sandra Beerends et Marina Blok Distributeur : Les Films du Préau.

© Waterland Junior

HH Fable contemporaine, Little Bird a le charme d’une histoire atemporelle d’amitié entre un enfant mal dans sa peau et son animal, ici un choucas, qu’il va soigner et qui devient rapidement son confident. Le récit, très classique, devrait séduire un public familial. Car si le titre du film fait référence à l’oiseau, il y est d’abord question de l’éveil de l’enfant, tiraillé entre les jeux de son âge et la préadolescence qu’incarne son amie Yenthe, entre l’insouciance et le sens des responsabilités. Sa mère disparue, le petit garçon essaie en effet, avec plus ou moins de succès, de réparer les dégâts causés par les crises de fureur dévastatrices d’un père malheureux et trop souvent incompréhensif. Ce leitmotiv donne lieu à plusieurs séquences assez dramatiques, contrepoints du récit d’amitié entre Jojo et l’oiseau d’une part, Jojo et Yenthe d’autre part, jusqu’à la fin, triste mais réparatrice. La réussite de ce troisième long métrage du réalisateur néerlandais Boudewijn Koole tient d’abord dans la performance des jeunes acteurs qui interprètent Jojo (le blondinet Rick Lens) et Yenthe (Susan Radder, une version miniature de Kirsten Stewart) avec un grand naturel. De fait, le personnage du père, un ancien musicien de country, devenu vigile après le décès de sa femme, et un peu porté sur la boisson, apparaît en comparaison beaucoup plus monolithique et, à la longue, un peu caricatural. Rythmé par les chansons folk de la mère de Jojo, émule de Joan Baez, Little Bird émeut souvent, même si, à force de vouloir jouer sur la corde sensible, il peut finir par lasser le spectateur. Reste un film très aimable, à la réalisation exigeante. _M.Q.

81 minutes. Pays-Bas, 2012 Sortie France : 21 novembre 2012

u RÉSUMÉ Jojo, 10 ans, vit avec son père, vigile. Un jour, il découvre un jeune choucas tombé du nid. En voulant l’aider, il le blesse. Comme sa mère n’en veut plus, Jojo le ramène chez lui, le cachant à son père, et essaie de le faire manger. Jojo lit des livres sur la question et apprend peu à peu à s’occuper de Chou. Grâce à lui, son équipe de water-polo gagne un match, mais son père s’en moque. Lorsque ce dernier fait une crise, Jojo nettoie tout derrière. Jojo montre Chou à Yenthe, une camarade du water-polo. Son père découvre Chou et demande à Jojo de le ramener dans la forêt. SUITE... Jojo est furieux contre son père. La nuit, craignant pour l’oiseau, il va le chercher et le cache dans l’ancien studio d’enregistrement de sa mère, une chanteuse folk qui les a quittés. Jojo veut faire un gâteau pour son anniversaire, mais son père refuse. Lorsque Jojo fait mal la lessive, son père le bat. Jojo s’énerve au water-polo et son père est convoqué. Chou commence à voler. Un soir, le père, furieux, casse une guitare et manque d’avoir un accident en voiture. Jojo donne une bague de sa mère à Yenthe, qui lui avoue qu’elle est au courant de la mort de sa mère. Ils se disputent. Jojo prépare l’anniversaire, son père pique une crise et relâche Chou, terrifié. Jojo le cherche, mais Chou a un accident et meurt. Jojo fuit son père, qui le rattrape et s’excuse. Ils organisent une petite cérémonie avec Yenthe pour enterrer l’oiseau.

Visa d’exploitation : 134213. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 40 copies (vo / vf).

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Red Heart (Rødt hjerte) de Halkawt Mustafa Au Kurdistan, l’histoire d’amour impossible de deux jeunes Irakiens en fuite, Shirin et Soran. À force de noirceur et de péripéties dramatiques, Red Heart finit par nuire à ses propres objectifs : émouvoir et sensibiliser.

MÉLODRAME Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Shahen Jamal (Shirin), Soran Ibrahim (Soran), Ali Ahmed. Scénario : Halkawt Mustafa et Jabar J. Xarib Images : Kjell Vassdal Montage : Inge-Lise Langfeldt et Arild Tryggestad Musique : Øistein Boassen Son : Merete Mongstad Production : Filmhuset Produkjoner AS Producteurs : Egil Odegard, Anders Graham et Halkawt Mustafa Distributeur : Kanibal Films.

© Filmhuset Prod.

H Red Heart est un film dont le sujet aurait pu, en raison de son contexte culturel et religieux particulier, intéresser les spectateurs curieux ou les amateurs d’histoires d’amour impossible. Malheureusement, la succession de mésaventures qui touche les deux protagonistes, Shirin et Soran, est rapidement désespérante et il est, au fur et à mesure que le film progresse, de plus en plus difficile de compatir à leur tristesse et à leur douleur. Au commencement du film, le jeu hésitant des acteurs, des dialogues peu élaborés et des situations caricaturales nuisent à l’identification du spectateur aux deux amants et à la crédibilité de l’attachement qui lie ces derniers. La pression et le manque de considération dont le père accable Shirin finissent tout de même par nous sensibiliser au sort de la jeune femme. Mais ensuite, face aux malheurs qui s’abattent rapidement sur les deux jeunes amoureux en fuite à Erbil, capitale du Kurdistan, on se sent graduellement de plus en plus submergé et dubitatif. On finit, en effet, par se demander si Shirin et Soran sont victimes de malchance ou bien d’un manque de discernement, dont les conséquences sont aussi dramatiques que prévisibles. Alors que ce film semblait avoir pour but d’attirer l’attention de la communauté internationale sur la violation grave et continue des droits de la femme dans cette région du monde traditionaliste, la morale de cette histoire d’amour impossible semble, curieusement, être que Shirin aurait sans doute été plus heureuse (ou, en tout cas, moins malheureuse) si elle était restée dans son village natal, avec l’époux qui lui a été imposé par son père. _C.D.

78 minutes. Norvège - Irak, 2011 Sortie France : 21 novembre 2012

u RÉSUMÉ Shirin et Soran entretiennent une relation en secret. À la suite du décès de la mère de Shirin, son père cherche une nouvelle épouse qui s’occupera de son foyer. Il trouve une femme du village qui a posé comme condition que Shirin épouse son fils, déficient mental. Lorsqu’elle apprend la nouvelle, Shirin appelle Soran à l’aide. Le jeune homme, accompagné de représentants religieux, demande alors la main de Shirin à son père, qui la lui refuse. Sous la menace violente de son père, Shirin est donc contrainte d’épouser le fils de sa belle-mère. Lorsque, immédiatement après la célébration du mariage, l’époux de Shirin souhaite consommer, Soran intervient et l’enlève. SUITE... Les deux amants fuient ensemble dans la capitale du Kurdistan, croyant qu’ils pourront vivre leur amour sans se cacher. Alors que, rejetés par les commerçants, ils sont forcés à dormir dehors, Soran est arrêté par la police et emprisonné après avoir reconnu qu’il n’était pas marié à Shirin. Livrée à elle-même, celle-ci est victime de chantages et d’un viol. Emprisonnée à son tour, elle reçoit la visite de Soran, qui découvre qu’elle est enceinte et l’abandonne. Compte tenu de l’imminence de son accouchement, Shirin est renvoyée de la prison. Elle mendie et, alors qu’elle accouche dans la rue, est sauvée par un homme qui la dépose à l’hôpital. Méprisée par les infirmières car le père de son bébé est inconnu, Shirin retourne dans la rue. Alors qu’elle mendie avec son enfant, Soran l’aperçoit.

Visa d’exploitation : en cours. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 25 copies (vo [kurde]).

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Royal Affair (En kongelig affære) de Nikolaj Arcel On rit, on pleure et on frissonne face à ce tableau lyrique, dépeignant les derniers soubresauts de la monarchie absolue du Danemark, résistant avec la force du désespoir aux coups de boutoir que lui assène le simple citoyen Struensee.

© Jiri Hanzl

HH Inspiré de faits réels, Royal Affair nous plonge au cœur des intrigues de pouvoir qui, à la fin du XVIIIe siècle, bouleversèrent le destin du Danemark. Et question intrigues, le petit royaume n’avait rien à envier au Roi Soleil. Alors que les Copenhagois, frappés par le choléra, tombent comme des mouches, un roi bouffon place à la tête de l'État un médecin allemand épris de rousseauisme, au grand dam d’une clique de nobles luthériens pas comiques pour un sou, et qui ont d’autant moins envie de rire que le médecin, en plus de leur ravir les rennes du pouvoir, met enceinte la reine. Davantage coutumier des délires psychotiques (Von Trier), des thrillers musclés (Winding Refn) ou des drames familiaux (Vinterberg), le cinéma danois nous livre rarement un film en costume. L’exercice est périlleux, et rares sont ceux qui parviennent à éviter les pièges du Grand Guignol ou de la reconstitution poussiéreuse. Alors que son budget l’oblige à quelques malicieux tours de passe-passe, Nikolaj Arcel, lui, nous offre une reconstitution ne souffrant aucune fausse note, allant même jusqu’à ressusciter l’esprit loufoque dont Milos Forman avait paré son mémorable Amadeus. Et, outre le rire, c’est toute la gamme des émotions que Royal Affair traverse avec élégance. Pour cela, le film doit beaucoup au magnétisme de l’incontournable Mads Mikkelsen, sorte de Patrick Dewaere des glaces, qui habite littéralement le film, tout comme Mikkel Boe Folsgaard, récompensé à Berlin pour son interprétation du roi Christian. Les cinéphiles amoureux des corsets ne seront assurément pas les seuls à se découvrir un cœur d’artichaut. _J.N.

DRAME HISTORIQUE Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Alicia Vikander (Caroline Mathilde), Mads Mikkelsen (Johann Struensee), Mikkel Boe Folsgaard (Christian VII), Trine Dyrholm (Juliane Marie), David Dencik (Ove Høegh-Guldberg), Thomas W. Gabrielsson (Schack Carl Rantzau), Cyron Bjørn Melville (Enevold Brandt), Bent Mejding (J.H.E. Bernstoff), Harriet Walter (Augusta, Princesse de Galles), Laura Bro (Louise von Plessen), Søren Malling (Hartmann), Jakob Ulrik Lohmann (l'officier de Juliane), Søren Spanning (Munter), John Martinus (Reventlow), Frederik Christian Johansen (Arveprinsen), Rosalinde Mynster, Nikol Kouklová, Egob Nielsen, Anna Stiborová, William Jøhnk Juel Nielsen, Julia Wentzel Olsen, Michaela Horká, Alzbeta Jenická, Frank Rubæk, Klaus Tange, Karin Rørbeck, Zinnini Elkington. Scénario : Nikolaj Arcel et Rasmus Heisterberg Images : Rasmus Videbæk Montage : Mikkel E.G. Nielsen et Kasper Leick 1er assistant réal. : Tomas Pavlacky Scripte : Lars von Trier Musique : Gabriel Yared et Cyrille Aufort Son : Petr Cechák Décors : Niels Sejer Costumes : Manon Rasmussen Effets visuels : Esben Syberg et Jeppe N. Christensen Production : Zentropa Coproduction : Film i Väst, Sirena Film, SVT, DR TV et Trollhättan Film AB Producteurs : Louise Vesth, Sisse Graum Jørgensen et Meta Louise Foldager Producteurs exécutifs : Lars von Trier, Peter Ålbæk Jensen et Peter Garde Distributeur : Jour2Fête / Chrysalis Films.

136 minutes. Danemark - Suède - République Tchèque, 2012. Sortie France : 21 novembre 2012

u RÉSUMÉ 1770. La jeune Caroline Mathilde, fille du prince de Galles, quitte famille et patrie pour épouser son cousin, Christian VII, roi du Danemark. Cyclothymique, celui-ci n’est qu’une marionnette aux mains de conseillers ultraconservateurs. Dès l’héritier mis au monde, Caroline Mathilde se détourne de son époux, lequel s’engage dans un long voyage en Europe. Ses crises à répétion poussent son entourage à lui adjoindre un médecin particulier, Johann Struensee, citoyen allemand progressiste. De retour à la cour, Christian et Struensee deviennent inséparables. Tandis que Struensee convainc le roi d’affirmer davantage son pouvoir, Caroline Mathilde tombe sous le charme du médecin éclairé. SUITE... Paniqués par l’influence grandissante de Struensee, les ministres du roi tentent de l’écarter du pays. Mais, dans un éclair de lucidité, Christian les révoque tous et décide de régner avec Struensee comme seul ministre. Désormais au pouvoir, ce dernier met sur pied des réformes d’envergure, telles que l’abolition du servage et de la torture, tout en entretenant une liaison passionnée avec la reine. Enceinte du médecin, celle-ci fait son possible pour que Christian soit considéré comme le vrai père. Découvrant la supercherie, la belle-mère du roi fait pression pour convaincre Christian de se débarrasser de Struensee et d’éloigner la reine de la cour. Struensee sera finalement décapité à l’insu du roi redevenu marionnette. Peu avant de mourir, Caroline Mathilde, déchue, dévoile la véritable histoire à ses enfants.

Visa d'exploitation : 134554. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SR SRD.

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Thérèse Desqueyroux de Claude Miller Adaptation honorable du roman de Mauriac, le dernier film de Claude Miller reste trop retenu pour faire ressentir pleinement la vie intérieure de Thérèse. Il réussit toutefois à restituer la cruauté de ce récit sur la condition féminine au début du XXe siècle.

© Eddy Brière / Les Films du 24 / UGC

HH Habitué aux adaptations littéraires, Claude Miller a voulu réaliser une nouvelle version du roman de François Mauriac, déjà porté à l’écran par George Franju en 1962. Pour ce qui restera son dernier film, il a trouvé dans ce récit cruel et puissant un nouveau personnage ambigu, aux motivations incertaines, opposant une part d’enfance et de violence à l’ordre adulte et social des choses, comme ceux qu’il a aimé filmer tout au long de sa carrière. Mariée par convention, Thérèse se sent prisonnière au sein d’une famille bourgeoise, qui considère qu’elle réfléchit trop et que son unique rôle consiste à donner des héritiers : son existence est niée et elle veut la réaffirmer en empoisonnant son mari. Audrey Tautou s’investit pleinement, notamment physiquement, dans ce personnage dont les ambiguïtés sont parfaitement palpables, comme lorsqu’elle brise l’amour de sa belle-sœur. Mais on ne ressent pas vraiment, ni dans la mise en scène ni dans son jeu, le vertige qui s’empare de Thérèse, guidée par des forces noires qu’elle ne contrôle pas et qui pourtant sont issues d’elle-même. Gilles Lellouche interprète son mari avec tout autant de crédibilité et une certaine humanité, qui permet au rôle de dépasser celui de simple bourreau. Miller réussit à retranscrire le cynisme et la violence du roman, qui montre que même l’acte criminel de Thérèse ne lui permet pas d’exister, son mari ne voulant pas en comprendre les raisons. Il ne tombe jamais dans les pièges de la reconstitution minutieuse ni dans ceux du pathos. Cependant il manque à Thérèse Desqueyroux une ampleur, un souffle, qui lui auraient permis d’être davantage qu’une belle illustration du roman. _An.B.

DRAME Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Audrey Tautou (Thérèse Desqueyroux), Gilles Lellouche (Bernard Desqueyroux), Anaïs Demoustier (Anne de la Trave), Catherine Arditi (Madame de la Trave), Isabelle Sadoyan (la tante Clara), Francis Perrin (Monsieur Larroque), Jean-Claude Calon (Monsieur de la Trave), Max Morel (Balion), Françoise Goubert (Balionte), Stanley Weber (Jean Azevedo), Alba Gaïa Bellugi (Thérèse, à 15 ans), Matilda Marty-Giraut (Anne, à 15 ans), Gérard Bayle (Pedemay), Yves Jacques (Maître Duros), le docteur Lebeau (le ponte de Bordeaux), Frédéric Kneip (le juge), Jack Delbalat (Darquey), Jérôme Thibault (Deguilhem). Scénario : Claude Miller et Natalie Carter D’après : le roman de François Mauriac (1927) Images : Gérard de Battista Montage : Véronique Lange 1er assistant réal. : Hervé Ruet Musique : Mathieu Alvado Son : Éric Rophé et Gwenole Leborgne Décors : Laurence Brenguier Costumes : Jacqueline Bouchard Effets visuels : Thomas Duval Maquillage : Elsa Gendre Production : Les Films du 24 et UGC Coproduction : UGC Images, TF1 Droits Audiovisuels, France 3 Cinéma et Cool Industrie Dir. de production : Bruno Bernard Distributeur : UGC.

110 minutes. France, 2012 Sortie France : 21 novembre 2012

u RÉSUMÉ 1928, dans les Landes. Thérèse est fière d’épouser Bernard Desqueyroux, le frère de son amie Anne, et de réunir leurs domaines de pins. Quand Anne tombe amoureuse d’un Juif, Jean, Thérèse est envieuse de cette passion non tolérée par la famille. Elle s’ennuie et se sent étouffée par sa belle-mère, Mme de la Trave, ainsi que par Bernard, qui la dégoûte. Seul l’enfant qu’elle porte les préoccupe. À la demande de Bernard, elle intervient auprès de Jean, dont l’esprit brillant la séduit. Il lui affirme qu’il n’a jamais eu l’intention d’épouser Anne. Thérèse le pousse à écrire une lettre de rupture. Anne se sent trahie. Thérèse accouche d’une fille. Lors d’un incendie, elle voit Bernard se tromper dans le dosage de son traitement à base d’arsenic. Elle commence alors à le surdoser chaque jour, falsifiant les ordonnances. Bernard tombe malade. SUITE... Thérèse est démasquée par le pharmacien. Une instruction est ouverte mais aboutit à un non-lieu grâce à sa défense, organisée par son père et Bernard, qui la disculpe pour sauver l’honneur de la famille. Thérèse veut expliquer son geste à Bernard mais cela ne l’intéresse pas. Pour les apparences, il refuse de la laisser disparaître et la cloître dans sa chambre, loin de sa fille et de la société. Seule avec ses domestiques, Thérèse ne mange plus et s’affaiblit. Bernard lui demande de tenir jusqu’au mariage d’Anne et l’aide à se rétablir. Puis il l’accompagne à Paris, où elle sera désormais libre. Il lui demande enfin “pourquoi ?” mais ne comprend pas sa réponse.

Visa d’exploitation : 129141. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SR SRD.

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Une nouvelle chance (Trouble with the Curve) de Robert Lorenz Clint Eastwood en coach de baseball vieillissant, qui a oublié de donner de l’amour à sa fille unique, recycle ses ficelles de jeu tandis que le scénario aligne les poncifs. Ce premier long ne dépasse jamais le produit hollywoodien sans surprise.

© Warner Bros.

H D’emblée, le personnage de Gus Lobel est posé : de dos à la caméra, essayant péniblement d’uriner, puis se prenant les pieds dans les meubles, puis accrochant sa voiture en la sortant du garage… Voilà longtemps qu’Eastwood réalisateur joue avec l’image d’Eastwood acteur : déjà dans L’Épreuve de force (1977), il égratignait le mythe du héros infaillible. Depuis la fin des années 1980, chacun de ses personnages accuse un peu plus le poids des ans. Dans La Relève (1990), il est un flic de l’ancienne école qui commet des erreurs ; dans (l’excellent) Impitoyable (1992), un mercenaire qui tombe de cheval ; la retraite est le cœur de Space Cowboys (2000)... Même dans les films réalisés par d’autres, tels Dans la ligne de mire de Wolfgang Petersen (1993), il affiche des capacités sérieusement émoussées. Depuis Les Pleins pouvoirs, il joue volontiers les pères imparfaits, thème qui sous-tend (le magnifique) Million Dollar Baby (2004)… Depuis Gran Torino (2008), il manifeste son irascibilité par des grognements. Tous ces “gimmicks” sont réunis dans Une nouvelle chance, premier scénario de Randy Brown et premier film de Robert Lorenz, collaborateur de longue date d’Eastwood (il fut son assistant puis son producteur). Hélas, il manque ici un regard, une mise en scène, qui transcenderaient un scénario prévisible. Autour d’Eastwood, se pastichant sans y croire lui-même, et malgré l’abattage indéniable de John Goodman et Justin Timberlake, les personnages secondaires restent sommaires et convenus. La palme revenant à Bo Gentry (Joe Massingill), dont même les néophytes parieraient qu’en plus d’être bête et méchant, il est loin d’être un as du baseball. _I.D.

CHRONIQUE Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Clint Eastwood (Gus Lobel), Amy Adams (Mickey), Justin Timberlake (Johnny Flannagan), John Goodman (Pete Klein), Robert Patrick (Vince), Bob Gunton (Watson), Matthew Lillard (Phillip Sanderson), Joe Massingill (Bo Gentry), Ed Lauter (Max), Jack Gilpin (Schwartz), Clifton Guterman (Neil), Tom Dreesen (Rock), Ricky Muse (Jimmy), Louis Fox (Lloyd), Scott Eastwood (Billy Clark), Matt Bush (Danny), Julia Walters (Mickey, jeune), Peter Hermann (Greg), Chelcie Ross (Smitty), Ray Anthony Thomas (Lucious), Norma Alvarez (Grace Sanchez), Tyler Silva (Carlos Sanchez), Jay Galloway (Rigo Sanchez), James Patrick Freetly (Todd), Allan H. Selig (lui-même), Seth Meriwether, Bart Hansard, Rus Blackwell, Brian F. Durkin, George Wyner, Nathan Wright, Eric Mendenhall, Melissa, Jack & Rory Lorenz, Tom Nowicki. Scénario : Randy Brown Images : Tom Stern Montage : Gary D. Roach et Joel Cox 1er assistant réal. : David M. Bernstein Scripte : Mable Lawson McCrary Musique : Marco Beltrami Son : Walt Marin Décors : James L. Murakami Costumes : Deborah Hopper Effets spéciaux : Steven S. Riley Effets visuels : Michael Owens Dir. artistique : Patrick M. Sullivan Jr. Maquillage : Luisa Abel Casting : Shay Griffin Production : Malpaso Pour : Warner Bros. Pictures Producteurs : Clint Eastwood, Robert Lorenz et Michele Weisler Producteur exécutif : Tim Moore Distributeur : Warner Bros.

111 minutes. États-Unis, 2012 Sortie France : 21 novembre 2012

u RÉSUMÉ Gus Lobel fut un génial recruteur pour l’équipe de baseball d’Atlanta. Malgré l’appui de son vieil ami Pete Klein, son contrat risque de ne pas être renouvelé : les méthodes de Gus semblent dépassées et chacun sait que ses yeux ne sont plus ce qu’ils étaient. Inconsolable depuis la mort de sa femme, Gus fut aussi un piètre père pour sa fille, Mickey, et leurs relations sont houleuses. Gus part observer un joueur, Bo Gentry, en Caroline du Nord, et Pete demande à Mickey, pourtant à un tournant crucial de sa vie d’avocate, de l’accompagner. SUITE... Gus retrouve le jeune Johnny Flanagan, ex-espoir du baseball, qui recrute pour les Red Sox. Chaque jour qui passe confirme à Gus que Bo Gentry n’est pas un champion, et à Mickey que le dialogue avec son père est impossible. Celle-ci jongle par téléphone et Internet pour garder son boulot, et se rapproche peu à peu du charmant Johnny. Gus déconseille à ce dernier de sélectionner Bo, et fait de même auprès de ses employeurs. Mais ils passent outre et Bo Gentry rejoint l’équipe des Atlanta Braves. Johnny, croyant avoir été manipulé, part, furieux. Gus disparaît à son tour, laissant sa fille seule au motel. Ayant repéré le fils d’une femme de chambre maniant divinement la batte, elle le ramène à Atlanta où il est engagé aux dépens de Bo. Gus et sa fille se réconcilient et le père convainc ses patrons d’engager sa fille. Lorsqu’ils sortent de réunion, Johnny est là. Les jeunes gens s’embrassent et Gus s’esquive.

Visa d'exploitation : en cours. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD DTS.

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N°2033

4 Exposition Les Enfants du Paradis à la Cinémathèque Française RETARDS

6 Paranormal Activity 4 de Henry Joost et Ariel Schulman .............................................H 7 Saudade de Katsuya Tomita ....................................................................................HHH 8 Skyfall de Sam Mendes ..........................................................................................HHH SORTIES DU 7 NOVEMBRE

9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22

A.L.F. de Jérôme Lescure .............................................................................................H L’Air de rien de Grégory Magne et Stéphane Viard ......................................................HH Argo de Ben Affleck ................................................................................................HHH Augustine de Alice Winocour ..................................................................................HHH Être là de Régis Sauder ..........................................................................................HHH Genpin de Naomi Kawase ..........................................................................................HH L’Hypothèse du Mokélé-Mbembé de Marie Voignier ............................................ HHH Il était une foi Collectif .............................................................................................HH Nous York de Géraldine Nakache et Hervé Mimran .....................................................HH Nuit #1 de Anne Émond ............................................................................................HH Oliver Sherman de Ryan Redford ..............................................................................HH Sharqiya de Ami Livne ............................................................................................HHH Sinister de Scott Derrickson ...................................................................................HHH Villegas de Gonzalo Tobal ..........................................................................................HH

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Entretien avec Olivier Assayas Après mai de Olivier Assayas ..............................................................................HHHH Beautiful Valley de Hadar Friedlich .......................................................................HHH Le Capital de Costa-Gavras ..........................................................................................H La Chasse de Thomas Vinterberg ............................................................................HHH Ecuador de Jacques Sarasin ...................................................................................HHH End of Watch de David Ayer ......................................................................................HH Free Radicals de Pip Chodorov ..............................................................................HHH Maison sucrée, jardin salé Collectif ........................................................................HH Rengaine de Rachid Djaïdani .....................................................................................HH Sur le chemin des dunes de Bavo Defurne .................................................................H Without de Mark Jackson .......................................................................................HHH

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Au-delà des collines de Cristian Mungiu ...............................................................HHH Comme des frères de Hugo Gélin ............................................................................ HH Les Derniers jours de l’hiver de Mehrdad Oskouei .....................................................H Les Lignes de Wellington de Valeria Sarmiento ....................................................HHH Little Bird de Boudewijn Koole ..................................................................................HH Red Heart de Halkawt Mustafa .....................................................................................H Royal Affair de Nikolaj Arcel .....................................................................................HH Thérèse Desqueyroux de Claude Miller ...................................................................HH Une nouvelle chance de Robert Lorenz .......................................................................H

SORTIES DU 14 NOVEMBRE

SORTIES DU 21 NOVEMBRE

AUTRES FILMS... 14 novembre 2012 Hôtel du Paradis > Visa : 128039 - Image : n.c. - Son : n.c. - Dist. : Zelig Films // Twilight - Chapitre 5 : Révélation (2e partie) > Visa : 135115 - Scope - Dolby SR SRD - Dist. : SND // 21 novembre 2012 The Impossible > Visa : en cours - Scope - Dolby SR SRD - Dist. : SND // Jusqu’à mon dernier souffle > Visa : en cours - Scope - Dolby SR SRD DTS Dist. : Aanna Films

PROCHAIN NUMÉRO LE 28 NOVEMBRE


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