Cinéma
les Fiches
du
LE NOM DES GENS de Michel Leclerc
et aussi...
FIX ME de Raed Andoni
INSIDE JOB de Charles Ferguson
N°1996-97
• Bimensuel • 17 NOVEMBRE 2010 • 4,00 €
The American Belle épine (1994) Benvenitu al sud (1996) Boogie (1996) Le Braqueur (1994) Buried (1994) Ce n’est qu’un début (1996) Création (1996) Dernier étage, gauche, gauche (1996) Des filles en noir (1994) Destination Himalaya (1996) Draquila, l’Italie qui tremble (1994) L’Empire du Milieu du Sud (1996) En présence d’un clown (1994) L’Étranger en moi (1996) La Famille Jones (1996) Fin de concession (1994) Fix ME (1996) L’Homme qui voulait vivre sa vie (1994) Inside Job (1996) Memory Lane (1996) Mother and Child (1996) My Joy (1996) Mystères de Lisbonne (1992) No et moi (1996) Le Nom des gens (1996) Outrage (1996) Les Petits mouchoirs (1992) Potiche (1994) La Princesse de Montpensier (1994) Quartier lointain (1996) RED (1996) Les Rêves dansants (1992) Rubber (1994) Le Secret de Charlie (1994) The Social Network (1992) Unstoppable (1996) Vénus noire (1994) Le Village des ombres (1996) Welcome to the Rileys (1994) ● un film désastreux
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❍ un mauvais film
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autres c otes du com ité de réda ction
Nicolas Marcad é Chloé R olland
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Camille Lebert L oiret
Margue rite Deb iesse Michae l Ghenn am Pierre-S imon G utman Roland Hélié
Michel Berjon
Les Étoiles de la Rédaction Anne B erjon
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★ un film passable
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★★ un film honorable
★★★ un bon film
★★★★ un excellent film
★★★★★ une œuvre maîtresse
édito
par Jean-Christophe Berjon
Sarko, capitalisme arrogant, identité nationale : enfin le remède pour en rire !
Les sorties se bousculant en cette fin d’année, nous avons dû, à deux reprises, modifier le calendrier de nos parutions. Nous vous prions de nous en excuser. De plus, certains films ne nous étant présentés qu’au dernier moment, nous ne pouvons les chroniquer qu’avec retard. D’autres films ne sont parfois pas montrés du tout à la presse. Dans ce cas, nous les rattrapons en salle, et publions la fiche directement sur notre site Internet : www.fichesducinema.com.
Le Nom des gens © les Fiches du Cinéma 2010 - N°1996-97
Difficile d’être plus en phase avec ses contemporains ! Alors que la France se réveille tout juste d’une étonnante vague de contestations sociales, empruntant la forme d’une communion nationale autour du rejet d’un gouvernement aux méthodes autoritaires, malhonnêtes et unilatérales ; alors que jamais, sans doute, un Président de la République n’a été rejeté aussi massivement, de façon presque épidermique... Voici qu’arrive sur les écrans une petite comédie romantique à la française qui, en toute tranquillité, met les pieds dans le plat dans un esprit jubilatoire, et sans aucune réserve de “bon goût poli” (dans le bon et le mauvais sens du terme). Car Le Nom des gens qui, au premier abord pourrait presque apparaître comme une comédie gentillette, fait office de véritable pavé dans la mare... et c’est un régal ! “Identité nationale ? Mon cul !” semblent répondre en chœur le réalisateur Michel Leclerc, sa compagne et coscénariste Baya Kasmi, leur personnage Bahia Benmahmoud et sa pétillante interprète Sara Forestier (dont on avait oublié qu’elle pouvait être à ce point débordante d’audace et de charme !). Les valeurs d’une société dominée par le bling-bling, le fric triomphant, la société de consommation ? Raillées, ridiculisées avec un humour bon enfant, qui a néanmoins totalement oublié d’être timide ou mièvre. La quête insatiable d’une perfection technologique ou d’un idéal consumériste est ici présentée comme, non seulement vaine, mais souvent aberrante, et comme n’étant que la preuve d’une vie superficielle dont on cherche à masquer le vide, ou le symptôme d’une déshumanisation absolue de toutes les relations. Et, à l’inverse, il est tout aussi finement montré que rien n’est plus salutaire qu’une belle solidarité, qu’un acte gratuit (dans tous les sens du terme), qu’une discrétion sincère et désintéressée. Et quelle aubaine de pouvoir faire éclater au travers d’un film le dégoût grandissant pour un certain mode de vie exhibitionniste, qui n’en reste pas moins médiocre, injuste, méprisant, irresponsable et, en un mot, vulgaire. Qui plus est au travers d’un film qui a, de surcroît, le très bon goût d’être drôle. Vraiment drôle. Hilarant même, parfois ! (Restez bien attentifs durant le générique de fin et sa chanson “J’suis ton youpin, t’es ma bougnoule”) Car savoir faire rire n’est pas ce que le cinéma ambitieux et exigeant réussit le mieux. Pour le moins... Alors, lorsqu’il allie une telle pertinence et une telle réactivité avec le monde qui nous entoure, avec les enjeux qui dominent notre société d’aujourd’hui : quel bonheur ! Quel délicieux exutoire ! On sera reconnaissant de ce merveilleux parfum libertaire, insolent et, paradoxalement, philosophique et humaniste, qui anime ce couple qui voulait changer le monde avec l’humour (Michel Leclerc et Baya Kasmi souhaitaient appeler leur film La Fille qui voulait changer le monde avec son cul, mais les distributeurs ont préféré la carte consensuelle plutôt que la provoc...).
Commissariat Documentaire
de Ilan Klipper et Virgil Vernier
Adultes / Adolescents
Équipe technique Images : Ilan Klipper et Virgil Vernier Montage : Ilan Klipper et Virgil Vernier Son : François Mereu et Sébastien Savine
Production : Les Films Pelléas Producteurs : Philippe Martin et Géraldine Michelot Distributeur : Chrysalis Films.
89 minutes. France, 2010. Sortie France : 10 novembre 2010. Visa d’exploitation : 124920. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SR. 9 copies.
Seconde partie d’un diptyque sur la police, entamé à la télévision, Commissariat est une plongée sans artifice ni fantasme politique dans le quotidien des policiers et dans la solitude des gens d’Elbeuf. Des voix que nous avons peu l’habitude d’entendre.
Commentaire Au départ, on se dit aïe. Un documentaire sur la police, en caméra infiltrée, cela vous fait pousser des réflexes d’autodéfense. Les premières phrases irritent. Lorsqu’un policier dit des délinquants qu’“ils ne sont pas aidés par la nature en termes de notation de cerveau”, on se dit que l’expression policière est fortement corrompue par le vocabulaire administratif, et que cela pourrait expliquer bien des choses. Et puis, embarquée dans une voiture banalisée, la caméra s’attarde sur les façades de la ville, et on se demande pourquoi. Mais, patience. Car ce préambule introduit en fait l’essence même de ce documentaire du duo Ilan Klipper et Virgil Vernier, déjà co-auteurs d’un film télévisé, Flics (2006), consacré également au milieu de la police, à l’école de police précisément. L’essence, donc, est celle-ci : qu’est-ce qui différencie réellement les flics des voyous ? Sous cet aspect, la ville et les mots prennent toute leur importance. La ville, c’est Elbeuf, près de Rouen, où il ne semble guère étonnant de devenir délinquant ! Les flics y sont nommés et exilés, regardant de loin les faibles lumières sur la ville. Les gens y (sur)vivent à coups d’alcool, de dépression et de combines. Il y a donc deux camps. Les uns ont le sens du bien et sont protégés, forts d’être du bon côté. Les autres peuvent aussi avoir le sens du bien, mais sont visités par le mal, affaiblis d’être du mauvais côté. Tous partagent cependant une certaine forme de solitude. Et à entendre une jeune policière, récemment larguée par son petit ami à la double vie, ils partagent aussi les mots crus pour le dire. Klipper et Vernier illustrent ainsi un texte de Pasolini qui les avait marqués, dans lequel © les Fiches du Cinéma 2010 - N°1996-97
© Les Films Pelléas
l’auteur se moquait des étudiants soixante-huitards, en désignant les CRS qu’ils fustigeaient comme les prolétaires qu’ils étaient censés défendre. Favorisant une parole libre, sans la voiler par un commentaire explicatif, et une mise en scène sobre, composée de plans fixes, les deux réalisateurs réussissent à saisir la confrontation ambigüe entre ces deux mondes. La caméra ne se fait donc pas l’interface entre les spectateurs et le commissariat : la parole de l’un est toujours recueillie par quelqu’un d’autre, elle ne s’adresse jamais à ceux qui les filment. Cette absence de parti pris permet au documentaire de trouver une forme de justesse dans le ton, qu’aucune idéologie ne vient brouiller. Selon le caractère de chacun et selon les situations, les flics se font tantôt bourreau, tantôt assistant social. Face à la misère affective, ils se montrent pédagogues, psychologues ou donneurs de leçon. Toutes les situations filmées montrent alors la complexité de leur position, à la fois proche et nécessairement distante. Ici, le charismatique Patrick James auditionne témoins, plaignants et accusés avec le panache d’un héros de film noir. Là, une fliquette explose de joie, fière d’appartenir à “la police qui sauve les enfants des incendies”. Entre les deux, on leur reproche d’oublier “qu’ils ont affaire à des humains” ou ils chantent en solo Tous les cris les S.O.S. de Balavoine. Éternelle mésentente. Ch.R. 04
Date limite (Due Date) Comédie douce-amère
de Todd Phillips
Adultes / Adolescents
Avec Robert Downey Jr. (Peter Highman), Zach Galifianakis (Ethan Tremblay), Michelle Monaghan (Sarah Highman), Jamie Foxx (Darryl), Juliette Lewis (Heidi), Danny McBride (Lonnie), RZA (l’agent de sécurité de l’aéroport), Todd Phillips (Barry), Bobby Tisdale (Carl), Jakob Ulrich (Patrick), Naiia Ulrich (Alex), Matt Walsh (l’agent de la TSA), Mimi Kennedy
Équipe technique Scénario : Alan R. Cohen, Alan Freedland, Adam Sztykiel et Todd Phillips Images : Lawrence Sher Montage : Debra Neil-Fisher Réal. 2e équipe : Allan Graf 1er assistant réal. : Jeffrey J.P. Wetzel Musique : Christophe Beck Son : Cameron Frankley Décors : Bill Brzeski Costumes : Louise Mingenbach
(la mère de Sarah), Paul Renteria (le garde-frontière), Marco Rodriguez (l’agent fédéral), Brody Stevens (le conducteur de limousine), Sharon Morris (la responsable des rayons X à l’aéroport), Nathalie Fay, Emily Wagner, Steven M. Gagnon, Tymberlee Hill, Keegan-Michael Key, Aaron Lustig, Jon Cryer (Alan Harper), Charlie Sheen (Charlie Harper).
Production : Green Hat Films pour Warner Bros. Pictures Coproduction : Legendary Pictures Producteurs : Todd Phillips et Dan Goldberg Coproducteurs : David Witz et Jeffrey Wetzel Producteurs exécutifs : Thomas Tull, Susan Downey et Scott Budnick Distributeur : Warner Bros.
Un architecte au bord de la crise de nerfs et un apprenti acteur à tendance dépressive partagent une voiture pour traverser les États-Unis. Malgré ses faiblesses de rythme, le nouveau film de Todd Phillips remplit aisément sa mission : faire rire (jaune) !
Commentaire Prenez un espace confiné (ici, une voiture). Installez-y un “coincé” (un architecte qui, visiblement, n’a pas de soucis financiers) et un “excentrique” (un acteur du dimanche perdu dans ses rêves). Ajoutez une épouse enceinte (de neuf mois) et un chien onaniste. Laissez infuser : vous obtenez Date limite, le road-movie “récréatif” que Todd Phillips voulait s’offrir avant de donner une suite à Very Bad Trip, succès pas si surprise de 2009. Sur le papier, et pour les spectateurs français, Date limite rappelle beaucoup les classiques de Francis Veber (La Chèvre, Les Compères). Mais, petite déception, Zach Galifianakis (la découverte de Very Bad Trip) ne campe pas un François Perrin/Pignon. Son personnage de marginal excentrique n’est drôle que par l’influence - néfaste - qu’il exerce sur celui de Robert Downey Jr. On pense alors au raté Self Control, où un doux agneau (Adam Sandler) était poussé aux portes de la folie par un manipulateur diabolique (Jack Nicholson). Or, ici, Ethan est simplement un homme en manque d’amitié et de repères, qui s’attache maladivement à son compagnon de route, et en fait ressortir les travers. Alors le film, dont le rythme est assez inégal, ne fait véritablement mouche que lorsque Peter perd les pédales et révèle un caractère instable derrière son apparence de “WASP” propre sur lui. À travers ce personnage plus en marge qu’il n’y paraît, le film se teinte d’une noirceur et d’un cynisme qui rafraîchissent un genre trop souvent calibré aux bons sentiments. Ainsi, Phillips confirme son goût pour un humour, non pas grand public, mais plutôt inquiétant... Mi.G.
© Warner
Résumé L’architecte Peter Highman doit prendre l’avion à Atlanta pour rejoindre sa femme, Sarah, à Los Angeles, juste avant son accouchement. Dans l’aéroport, il croise la route du nonchalant Ethan Tremblay. Plus tard, dans l’avion, Peter attire l’attention de l’équipage en répondant à une remarque d’Ethan : un Air-marshall le neutralise... Débarqué et interdit de vol, Peter se retrouve sans papiers ni argent. Ethan, lui aussi débarqué de l’avion, loue une voiture et lui propose de faire la route avec lui. N’ayant pas d’autre solution, Peter accepte.
Dénouement D’un naturel bavard et très curieux, Ethan se confie à Peter : il vient de perdre son père et part à Hollywood pour devenir acteur. Il fait un détour pour s’approvisionner en marijuana et le duo se retrouve sans argent. Déboires après déboires, Ethan finit par s’endormir au volant... Peter est blessé dans l’accident, et demande à son ami Darryl de venir le chercher. Pris de remords, il accepte qu’Ethan l’accompagne. Ils reprennent la route. En fumant un joint, ils se retrouvent au Mexique. Peter est arrêté, Ethan le délivre en volant un pick-up de la police. Ils font un crochet par le Grand Canyon : Ethan y avoue à Peter qu’il a son portefeuille... Puis ils filent vers Los Angeles : Ethan trouve un revolver dans la boîte à gant, et tire accidentellement une balle dans la jambe de Peter. Ils arrivent à temps pour l’accouchement de Sarah. Peter s’évanouit... Quelque temps plus tard, Ethan obtient un rôle dans sa série préférée. © les Fiches du Cinéma 2010 - N°1996-97
05
Retards
95 minutes. États-Unis, 2010. Sortie France : 10 novembre 2010. Visa d’exploitation : 127849. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD DTS SDDS. 365 copies (vo / vf).
Unstoppable (Unstoppable) Suspense
de Tony Scott
Adultes / Adolescents
Avec Denzel Washington (Frank Barnes), Chris Pine (Will Colson), Rosario Dawson (Connie Hooper), Ethan Suplee (Dewey), Kevin Corrigan (l’inspecteur Werner), Kevin Dunn (Galvin), Kevin Chapman (Bunny), Lew Temple (Ned Oldham), T.J. Miller (Gilleece), Jessy Schram (Darcy Colson), David Warshofsky (Judd Stewart), Andy Umberger (Janeway), Elizabeth Mathis
Équipe technique Scénario : Mark Bomback Images : Ben Seresin Montage : Chris Lebenzon et Robert Duffy 1er assistant réal. : Adam Somner Musique : Harry Gregson-Williams Décors : Chris Seagers Costumes : Penny Rose Production : Prospect Park et Scott Free pour 20th Century Fox
(Nicole), Meagan Tandy (Maya), Dylan L. Bruce (Michael Colson), Jeff Hochendoner (Clark), Ryan Ahern (Ryan Scott), Christopher Lee Philips (Baker), Kevin McClatchy (Hoffman), Bill Laing, Toni Saladna, Scott A. Martin, Patrick F. McDade, Richard Pelzman, Lissa Brennan, Eric Unger, Heather Leigh, Stephen Taylor, Carla Bianco, Carly Steel, Maxx Hennard, Adam Kroloff.
Coproduction : Firm Films et Millbrook Farm Productions Producteurs : Julie Yorn, Tony Scott, Mimi Rogers, Eric McLeod et Alex Young Coproducteurs : Adam Somner, Skip Chaisson, Lee Trink et Diane Sabatini Producteurs exécutifs : Chris Ciaffa, Rick Yorn et Jeff Kwatinetz Distributeur : 20th Century Fox.
99 minutes. États-Unis, 2010. Sortie France : 10 novembre 2010. Visa d’exploitation : 127082. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SR SRD DTS. 450 copies (vo / vf).
Deux ouvriers tentent d’immobiliser un train lancé à pleine vitesse, qui menace une petite ville. Tony Scott s’essaie au suspense ferroviaire : son scénario laborieux le fait caler dès le premier quart d’heure. À réserver aux inconditionnels du cinéaste.
Commentaire Après le succès public de L’Attaque du métro 1 2 3, son remake des Pirates du métro, Tony Scott était en position de force pour son nouveau projet : une superproduction payée rubis sur ongle par la Fox, dans laquelle il retrouve son vieux complice Denzel Washington (pour leur cinquième collaboration) et Chris Pine, jeune acteur lancé par le Star Trek de J.J. Abrams. L’intrigue est centrée sur deux ouvriers ferroviaires, parfaites incarnations des “héros ordinaires”, et se double d’un passage de témoin entre deux générations d’acteurs. Si le film pouvait attiser la curiosité par son concept minimaliste (deux hommes, seuls face à une machine incontrôlable), il se montre très vite en deçà des attentes. D’abord parce que le script se révèle éminemment laborieux, et que la mise en place du suspense est digne d’un film catastrophe de série Z. Les personnages principaux manquent de chair, et leur opposition, fondée exclusivement sur l’âge, reste très artificielle. Plus grave, la dimension sociale du sujet est totalement évacuée : sur le papier, le sujet du film est autant l’héroïsme de ses personnages, que leur refus d’être broyés par leur condition sociale et leur entreprise. Perdu derrière sa caméra, Scott délaisse toutes ses expérimentations esthétiques et se limite à illustrer assez platement son scénario. Or, en abandonnant ses effets, le cinéaste pensait trouver une nouvelle forme d’efficacité. C’est l’inverse qui se produit : privé de la “patte” de son auteur, Unstoppable devient ordinaire, et apparaît pour ce qu’il ne voulait pas être : un simple film de série. Mi.G.
© 20th Century Fox
Résumé Pennsylvanie, États-Unis. Par inattention, un ingénieur ferroviaire, Dewey, laisse un train de marchandises partir à la dérive. Le train quitte son dépôt, et Connie Hooper, la responsable, suit les consignes de sécurité et ordonne l’évacuation des tronçons concernés. Pendant ce temps, dans un autre dépôt, Will Colson, jeune chef de train, prend son service. Séparé de sa femme, il vit chez son frère depuis quelques semaines. Il doit travailler avec le vétéran Frank Barnes, un conducteur veuf qui se méfie du recrutement “jeuniste” de l’entreprise. Ensemble, ils partent remorquer une série de wagons. Sur le trajet, ils sont avertis qu’ils devront emprunter une voie de garage : un train fonce sur eux...
Dénouement Connie et son supérieur, Galvin, sont sommés de trouver une solution pour stopper le train, qui transporte des combustibles toxiques. Galvin décide de le faire ralentir par une autre locomotive, mais l’opération tourne au fiasco et le conducteur est tué. Toujours à contresens, Frank et Will parviennent à garer leur train de justesse. Frank, qui va bientôt être envoyé en préretraite, suggère alors à Connie de ralentir le train fou en s’y raccordant par l’arrière, contre l’avis de Galvin. Les deux hommes multiplient les risques pour ralentir le train. Avec l’aide de la police, ils parviennent à le stopper et deviennent des héros. Will se réconcilie avec sa femme, et Frank se voit offrir une augmentation... © les Fiches du Cinéma 2010 - N°1996-97
06
Al’lèèssi... Une actrice africaine Documentaire
de Rahmatou Keïta
Adultes / Adolescents
Avec Zalika Souley.
Équipe technique Scénario : Rahmatou Keïta Images : Philippe Radoux-Bazzini Montage : Omar Ba, Sébastien Garcia et Yero Maïga 1er assistant réal. : Manuel Gasquet Son : Manuel Gasquet et Issaka Yousouf
Production : Sonrhay Empire Productions Distributeur : Unzéro Films.
Semaine du 17 novembre
69 minutes. Niger - France, 2005. Sortie France : 17novembre 2010. Visa d’exploitation : en cours. Format : 1,66 - Couleur - Son : Mono.
À Niamey, le portrait de la première actrice nigérienne, Zalika Souley, qui a connu la gloire puis l’oubli, permet d’évoquer l’histoire d’une industrie cinématographique moribonde et les tabous qui persistent dans la société. Un sujet passionnant, qui aurait pu être plus fouillé.
Commentaire Un jour ordinaire dans la vie d’une femme humble, qui fait son marché, va chercher l’eau à la fontaine et attise le feu avant de préparer le repas. Zalika Souley a été la première femme du Niger à accepter de jouer dans des films. Elle raconte comment Mustapha Alassan, alors jeune réalisateur, l’avait choisie pour jouer dans Le Retour d’un aventurier, le premier western africain, dont des extraits (épiques !) émaillent son récit. Zalika avait embrassé la carrière de comédienne par jeu, puis l’avait poursuivie par passion, contre l’avis de ses parents. Des témoignages suivent. Ceux des pionniers du cinéma nigérien : Boubacar Souna, Mahamane Bakabé, Moustapha Diop... La réalisatrice les filme chez eux et chacun y va de son anecdote sur son travail avec Zalika, sur la fabrication des films, et sur cette époque révolue où le tout jeune gouvernement avait encore la volonté de fonder une industrie du cinéma. Aujourd’hui, il n’y a plus d’argent pour faire des films et il n’y a même plus de salles pour les voir. Les prises de vues dans les établissements de la ville attestent que tout tombe en ruines et que le marché est inondé par le commerce illégal de cassettes vidéo et de DVD. Le Niger avait pourtant été le premier pays d’Afrique subsaharienne à développer sa propre industrie, après la décolonisation. Jean Rouch n’y était pas pour rien, puisque certains des jeunes cinéastes avaient été ses assistants. Zalika, elle, avait enchaîné les rôles et gagné beaucoup d’argent, qu’elle avait dépensé aussitôt, sans penser à l’avenir. Naïvement, elle avait sacrifié sa vie de femme pour donner corps à des personnages (entremetteuses, prostituées) qui lui © les Fiches du Cinéma 2010 - N°1996-97
© Sonrhay Empire Prod.
ont collé à la peau, faisant fuir les hommes et attirant la honte sur sa famille. Le public, confondant fiction et réalité, a même fini par la rejeter tout à fait, en l’insultant. Star délaissée, le film la montre honorée à l’étranger pour sa carrière d’actrice, à la suite de quoi elle sera enfin reconnue et décorée dans son propre pays. Grâce à cette distinction, un poste à la MJC locale lui sera confié pour conter des histoires aux jeunes générations et parler de son expérience dans le cinéma. Mais le film se clôt en annonçant brutalement qu’en 2000, Zalika a fini par émigrer en Europe, pour y travailler comme femme de ménage. Si la réalisatrice fait ici un important travail de mémoire en rappelant le destin de cette femme puis l’indifférence dans laquelle elle s’est retrouvée, et par extension les difficultés que connaît le cinéma africain pour exister, on pourra toutefois regretter qu’elle n’ait pas creusé davantage certaines pistes du film comme les rapports entre cinéma colonial et cinéma nigérien, ou la place singulière des femmes dans cet univers très masculin. Il nous manque des repères pour bien saisir les enjeux de cette histoire, mais les quelques extraits de films utilisés en disent long sur la richesse d’un patrimoine trop souvent injustement confiné dans les rétrospectives et les festivals. L.G. 07
Ce n’est qu’un début Documentaire
de Jean-Pierre Pozzi et Pierre Barougier
Adultes / Adolescents
Équipe technique Scénario : Jean-Pierre Pozzi, Pierre Barougier et Cilvy Aupin Images : Pierre Barougier et Jean-Pierre Pozzi Montage : Olivier Cuinat et Jean Condé Son : Stéphane Aupetit, André Bonin, Florent Ravalec, Benoît Henaf, Didier Leclerc et J. Chaumat
Avec Isabelle Duflocq, Pascaline Dogliani et les élèves de la classe maternelle de l’école Jacques Prévert de Le Mée-sur-Seine.
Productrice déléguée : Cilvy Aupin Producteurs exécutifs : Frédérique Albrecht, Isabelle Gripon, Jonathan Martinot et Laurence Hiribarrondo Palmer Dir. de production : Laurence Hiribarrondo Palmer Distributeur : Le Pacte.
95 minutes. France, 2010. Sortie France : 17 novembre 2010. Visa d’exploitation : 124344. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD.
Pascaline, maîtresse à l’école maternelle Jacques Prévert dans une banlieue de Seine-et-Marne, met en place un atelier d’initiation à la philosophie afin d’instaurer un échange à l’intérieur d’un groupe de très jeunes enfants. Sensibe et instructif !
Commentaire Les enfants de cette classe de maternel ont entre 3 ans et 4 ans et sont soumis à une expérience quelque peu particulière pour leur jeune âge, puisqu’il s’agit de les initier à la philosophie, matière qui n’est d’ordinaire étudiée qu’en classe de terminale. C’est autour d’une bougie allumée rituellement par la maîtresse au début de chaque séance que les enfants se mettent à réfléchir puis discuter autour des sujets ou des concepts qui leurs sont proposés, tels que l’amour ou encore la mort. Ils apprennent à s’écouter, à échanger, à donner leur avis en construisant un discours et en formulant leur pensée. Peu à peu, ils se mettent à faire preuve de bon sens tout en s’exprimant de façon spontanée et parviennent à acquérir un raisonnement fondé. La maîtresse n’est pas là pour leur apprendre à penser mais simplement pour les écouter et les guider dans leurs réflexions. Elle les aide à dire ce qu’ils pensent sans gêne, sans honte et sans retenue ; et cela dans une société où il n’est pas toujours évident d’imposer sa pensée et ses idées. Les ateliers deviennent alors des lieux d’expression offrant aux enfants la possibilité de s’exprimer en toute liberté, avec pour unique mot d’ordre le respect. Malgré quelques petites lenteurs dues à certaines répétitions, Ce n’est qu’un début est un documentaire amusant, touchant et dénué de tout artifice. Les réalisateurs ont opté pour une capture du réel plutôt que pour la recherche d’une quelconque forme d’esthétisme. Ici, pas de mise en scène, mais une succession de moments, qui deviennent poétiques parce qu’ils sont spontanés. Une petite fille explique ce qu’est l’intelligence en le mesurant © les Fiches du Cinéma 2010 - N°1996-97
© Le Pacte
au fait de mettre ou non le Nutella dans le frigo, ce qui conduit à ranger son père dans la catégorie des idiots et sa mère dans celle des malins ! Les enfants disent ce qu’ils pensent, prennent la parole à leur façon, se contredisent, parfois s’endorment, où se font des déclarations d’amour. On en oublie presque la caméra, car c’est avec eux, et au même rythme, que nous vivons cette expérience, en assistant à l’évolution des débats au fur et à mesure que passent les mois et les saisons. Parfois, les ateliers donnent également lieu à des anecdotes personnelles. Certains enfants évoquent ainsi leur pays d’origine, des histoires familiales, ou expriment un sentiment amoureux. Nous nous attachons alors à ces enfants, d’autant plus que nous entrons aussi dans leur univers personnel montré de la manière la plus naturelle. Ce n’est qu’un début a aussi une dimension politique, avec la citation du discours de Xavier Darcos qui présente le rôle des écoles maternelles comme du gardiennage et de l’organisation de la sieste. À cela s’ajoutent de nombreux plans, accompagnés d’une bande-son mélancolique, situant le film dans son univers : celui d’une banlieue métissée et excentrée, reliée à Paris par le train. Avec la plus grande simplicité, J-P. Pozzi, P. Barougier et la maîtresse démontrent qu’il n’y a pas d’âge pour penser et construire sa propre réflexion. J.No. 08
Dernier étage, gauche, gauche Comédie sociale
de Angelo Cianci
Adultes / Adolescents
Équipe technique Scénario : Angelo Cianci Images : Laurent Brunet Montage : Raphaële Urtin 1er assistant réal. : Franck Helson Musique : Gast Waltzing et Flemming Nordkrog Son : Jean-Luc Audy Décors : Christina Schaffer Costumes : Uli Simon Effets visuels : Jam Abelanet Maquillage : Fabienne Adam Casting : Paula Chevallet
et Katja Wolf Production déléguée : Tu Vas Voir et Cinémadefacto Coproduction : Iris Productions et Kasso Inc. Productions Producteur délégué : Edgard Tenembaum Producteurs : Gérard Lacroix, Nicolas Steil, Peter Kassovitz et Tom Dercourt Dir. de production : Philippe Roux Distributeur : Memento Films.
98 minutes. France - Luxembourg, 2009. Sortie France : 17 novembre 2010. Visa d’exploitation : 121650. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SR SRD. 80 copies.
Entre satire sociale et constat politique, cette réflexion sur la banlieue impose un huis clos doté de son unité de lieu, de temps et de personnages. L’ensemble séduit par la justesse de jeu de ses comédiens, mais déçoit par une accumulation de clichés.
Commentaire Angelo Cianci, qui mène de front une activité de scénariste pour la télévision et pour le cinéma, nous propose ici une réflexion un peu attendue, oscillant entre réalisme et mythologie urbaine, sur les cités. Il y a vécu lui-même jusqu’à sa majorité. S’il a choisi la forme du huis clos, forme dramatique la plus à même de cerner les individus plutôt que leur environnement, c’est pour s’assurer, dit-il, un moyen de ne pas sombrer dans une vision anthropologique. Il a dupliqué à l’identique le plan de son appartement familial, ce qui souligne plus avant sa proximité avec ce travail et alimente le rapport, toujours agissant, d’amour et de haine qu’il nourrit pour la banlieue. Le problème, d’ailleurs, est peut-être là. Trop en empathie, pas assez à distance, il ne voit pas les écueils de son sujet et ne nous fait l’économie d’aucune naïveté convenue : un huissier inséré mais malheureux, traitre à ses convictions de jeunesse (et qui paye son renoncement au prix fort), ou la belle figure masculine de l’immigré méritant, discret et courageux. Il est vrai que Fellag, subtil, apporte une grande humanité à son personnage avec toute la profondeur de son jeu. Le fils, lui, est un archétype de la seconde génération, sans attaches, empêtré dans son identité et sa problématique fondamentale, la question de la place du père se doublant pour lui d’une recherche des origines. Entre lui et ce père, il y a la différence entre ceux qui ont essayé de s’intégrer à la société et ceux qui rêvent de la désintégrer. Deux visions qui s’affrontent ici sans grande originalité mais dans le tendre souci de se (ré)concilier. N.Z.
© Tu Vas Voir
Résumé François Etcheveria - huissier de son état - aurait dû pouvoir opérer sa saisie du jour dans la cité de banlieue de Cormeilles, au douzième étage d’une tour, mais les locataires, Mohand, un père démuni et son fils, Salem, voleur, dealer nerveux et immature, le prennent en otage. La police, immédiatement informée, cherche à négocier sa libération. Mais, devant le refus inébranlable de Salem, les agents du RAID sont appelés à la rescousse. Salem souhaite simplement, avant de libérer l’otage, se départir des 5 kilos de cocaïne qu’il a cachés dans sa chambre sur la demande du caïd du quartier. Salem sait que son avenir dépend de cette mission, pour laquelle il s’est vu confier une arme à feu dont il ne sait pas vraiment se servir.
Dénouement Etcheveria, lui, souhaite être libéré à temps pour se rendre au rendez-vous qu’il a avec une conseillère conjugale pour tenter de sauver son couple. Mais la situation s’enlise. En fouillant dans les papiers de Mohand, Etcheveria découvre qu’il y a trente ans, ce dernier était très impliqué dans le Mouvement de Libération de la Kabylie, dont il s’était enfui après avoir tué un homme. Salem, qui tient son père pour un minable, l’ignorait : il l’apprend par la télévision, qui relate la prise d’otages. Le père se confie alors à son fils et lui raconte sa jeunesse. Au matin, Salem se débarrasse de la drogue en la rendant au Caïd via le vide ordure. Puis il essaye, vainement, de s’enfuir par la fenêtre en entraînant son père. © les Fiches du Cinéma 2010 - N°1996-97
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Semaine du 17 novembre
Avec Hippolyte Girardot (François Etcheveria), Fellag (Mohand), Aymen Saïdi (Salem), Judith Henry (Anna), Michel Vuillermoz (Baldini), Julie-Anne Roth (le lieutenant Saroyan), Georges Siatidis (le commandant Verdier), Thierry Godard (Villard), Tassadit Mandi (Aïcha), Bruno Henry (Turenne), Cédric Weber (Grandpierre), Lyes Salem, Frédéric Frenay, Tim Rauhut.
L’Envol (The Eagle Hunter’s Son) Conte
de Renè Bo Hansen
Famille
Avec Bazarbai Matei (Bazarbai), Serikbai Khulan (Inaara), Mardan Matei (le père), Asilbek Badelkhan (Khan).
Équipe technique Scénario : Stefan Karlsson, Renè Bo Hansen et Staffan Julén Images : Dixie Schmiedle Montage : Peter Pryzgodda et André Bendocchi-Alves Musique : Sebastien Pille et Steffen Kaltschmidt Son : André Bendocchi-Alves et Claudia Enzmann
Production : Eden Films Coproduction : Stromberg Productions et FBB Producteurs : Staffan Julén, Hannes Stromberg et Christoph Fisser Coproducteur : Per Forsgren Distributeur : Les Films du Préau.
87 minutes. Suède - Allemagne - Danemark, 2009. Sortie France : 17 novembre 2010. Visa d’exploitation : 127229. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD.
Bien décidé à ne pas suivre les traces de son père, un adolescent kazakh s’enfuit dans les steppes mongoles avec un aigle pour compagnon. Le scénario efficace et les images captivantes font de ce film une excellente alternative aux blockbusters de fin d’année.
Commentaire Bazarbai est un adolescent comme les autres. Rechignant à la tâche, en conflit avec son père qu’il prend pour un vieux schnock, pas question pour lui de reprendre l’activité familiale (en l’occurrence l’élevage et, surtout, la chasse à l’aigle). Mais lorsque Bazarbai s’enfuit dans les paysages de Mongolie, sa fugue va se transformer en une véritable épopée. En surmontant divers dangers, le garçon va finalement acquérir la maturité qui l’incitera à revenir auprès des siens. Ce film tient à la fois du récit initiatique - le personnage apprenant petit à petit à reconnaître ses amis, ses ennemis, et à tirer parti de ce que ses parents lui ont transmis - et du conte, avec une morale évidente, qui se dessine tout au long des pérégrinations du jeune Kazakh. La structure du film est donc on ne peut plus classique, avec un dénouement attendu. Mais tout cela n’a finalement qu’une importance relative. Car cette fiction de Renè Bo Hansen, longtemps documentariste, est d’abord un formidable voyage dans les steppes mongoles, à la rencontre des différentes ethnies qui y habitent. Accessible aux enfants grâce à la simplicité de ses thèmes et à son héros sympathique, le film émerveillera aussi les plus grands qui en apprécieront la précision documentaire et surtout les magnifiques paysages. Quand il nous faudrait pour les découvrir un attirail de la taille d’une supérette, le personnage principal s’y risque sans rien d’autre qu’un manteau et son aigle, véritable ange gardien. Heureusement, il y a peu de chances qu’on vous en commande un à Noël. M.Q.
© Eden Films
Résumé Bazarbai habite avec sa famille dans le nord de la Mongolie. Pendant la journée, il aide son père, éleveur de moutons et chasseur à l’aigle royal. Lorsqu’il apprend que son frère, Khan, part pour Oulan-Bator alors que lui doit rester pour succéder à son père, il est furieux. Pour le préparer, son père l’emmène au festival de l’aigle royal. Mais lorsque Bazarbai emprunte l’aigle familial pour poser pour un photographe, celui-ci s’enfuit. Le garçon part à sa recherche, en vain. Lorsque son cheval est dévoré par les loups, il se cache dans une grotte. Le lendemain, le père de Bazarbai envoie l’aigle lui porter secours. Avec l’animal, Bazarbai part à pied pour Oulan-Bator.
Dénouement Bazarbai est pris en stop par un groupe d’hommes, qui s’avèrent être des voleurs. Bazarbai s’enfuit avec Inaara, une adolescente que les voleurs avaient asservie. Lorsqu’ils s’écroulent de fatigue et de froid dans les montagnes, ils sont recueillis par des moines bouddhistes. Bazarbai décide alors de rejoindre un cirque, mais le directeur lui confisque l’aigle et l’oblige à faire des numéros. Le garçon parvient à s’enfuir. À Oulan-Bator, il retrouve la trace de Khan, qui travaille dans une mine. Grâce à l’aigle, ils le sauvent, ainsi que ses camarades, coincés par un éboulement. Bazarbai rentre chez lui, prêt à succéder à son père qui relâche le vieil aigle familial. © les Fiches du Cinéma 2010 - N°1996-97
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L’Étranger en moi (Das Fremde in mir) Chronique
de Emily Atef Équipe technique Scénario : Emily Atef et Esther Bernstorff Images : Henner Besuch Montage : Beatrice Babin Musique : Manfred Eicher Décors : Annette Lofy
(la policière), Markus Lerch (le policier), Steffen Münster (Benedikt), Martina Troschke, Ellen Schlootz.
Production : NiKo Film Coproduction : Arte, ZDF et DFFB Producteurs : Nicole Gerhards et Hanneke M. van der Tas Distributeur : Jour2Fête.
99 minutes. Allemagne, 2008. Sortie France : 17 novembre 2010. Visa d’exploitation : en cours. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 10 copies (vo).
Après la naissance de son bébé, une femme sombre dans la dépression sans parvenir à s’attacher à son enfant. Tout d’abord intrigant, ce portrait de femme en perdition se transforme en film sociétal désincarné et laisse le spectateur sur le chemin, à force de retenue.
Commentaire Une femme éperdue traverse une forêt en titubant. Il fait nuit, les branches s’accrochent à ses cheveux. D’emblée se compose un univers étrange, angoissant, presque horrifique. Puis revoici cette même femme, enceinte, épanouie. Entre ces deux instants, que s’est-il passé ? Happé par le mystère d’un tel basculement, on suit tout d’abord avidement le parcours de Rebecca, l’héroïne. Pour son deuxième long métrage, présenté à la Semaine de la Critique au festival de Cannes 2008, la jeune réalisatrice franco-iranienne Emily Atef s’attaque à un sujet “original” : la dépression post-natale, dont souffre l’héroïne, et qui toucherait environ 10% des mères, qui, comme elle, peinent à s’attacher à leur bébé. La mise en scène toute en retenue, baignée d’une belle lumière d’hiver, accompagne avec maîtrise cette femme troublée. Elle révèle une actrice magnifique, issue du théâtre : Susanne Wolff. Wolff occupe l’écran telle une danseuse, jouant du contraste entre son corps élancé, terrien, solide, et cette fêlure intérieure qui fait vaciller le bel édifice. Mais une fois le diagnostic posé, dans la deuxième partie, le film se trouve pris au piège du document sociétal. Avec un souci de justesse et de précision qui se retourne contre lui, il se transforme insensiblement en documentaire et abandonne les enjeux qu’il avait habilement posés. Le mystère se dissipe et l’intérêt du film avec lui. Seule la piste médicale (une décompression hormonale ?) est explorée pour expliquer le phénomène étrange de rejet de son enfant. Face à cette douleur hermétique, le spectateur lâche prise. I.B.
© NiKo Film
Résumé Rebecca, fleuriste, et Julian attendent leur premier enfant. Rebecca est une femme enceinte épanouie. Elle accouche d’un petit garçon, Lukas. Mais dès les premiers instants qui suivent l’accouchement, Rebecca est déstabilisée. Elle observe son bébé avec distance, incapable de s’attacher à cet “étranger” qui perturbe son quotidien. Julian reprend le travail. Seule face à son bébé pendant la journée, Rebecca perd pied, peu à peu. Un jour, elle l’oublie en pleine rue. Venue le récupérer, elle est raccompagnée chez elle par des policiers. Elle appelle à l’aide sa mère, qui vit loin. Elle rejette Julian. Lui ne comprend plus sa femme et lui demande de “se ressaisir”.
Dénouement Un soir, sentant qu’elle est devenue une menace pour son bébé, Rebecca fuit la maison et erre dans les bois, jusqu’au moment où elle s’évanouit. Internée, elle est prise en charge par des spécialistes. Elle comprend qu’elle souffre de dépression post-natale. Elle s’installe chez son oncle. Julian organise la garde de Lukas avec sa sœur et son père. Rebecca suit aussi des ateliers avec une sage-femme pour redécouvrir les gestes maternels avec son bébé. Peu à peu, le lien se renoue avec Lukas. Mais le père et la sœur de Julian refusent de confier Lukas à celle qu’ils considèrent comme une folle. Julian, tout d’abord d’accord avec eux, accepte enfin de donner une seconde chance à sa femme. Rebecca revient s’installer à la maison. © les Fiches du Cinéma 2010 - N°1996-97
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Semaine du 17 novembre
Avec Susanne Wolff (Rebecca Seidel), Johann von Bülow (Julian Seidel), Maren Kroymann (Lore, la mère de Rebecca), Hans Diehl (Bernhard Seidel, le père de Julian), Judith Engel (Elise Seidel, la sœur de Julian), Herbert Fritsch (le docteur Börner), Kaus Pohl (l’oncle Theo), Dörte Lyssewski (Agnes, la psychothérapeute), Brigitte Zeh (Katja), Tilla Kratochwil
Adultes / Adolescents
La Famille Jones (The Joneses) Comédie
de Derrick Borte Avec David Duchovny (Steve Jones), Demi Moore (Kate Jones), Amber Heard (Jenn Jones), Ben Hollingsworth (Mick Jones), Gary Cole (Larry Symonds), Glenne Headly (Summer Symonds), Lauren Hutton (KC), Christine Evangelista (Naomi Madsen), Chris Williams (Billy), Rob Pralgo (Alex Bayner), Tiffany Morgan (Melanie Bayner), Joe Narciso (Henry), Ric Reitz (Bob Jones),
Adultes / Adolescents
Équipe technique Scénario : Derrick Borte Images : Yaron Orbach Montage : Janice Hampton 1er assistant réal. : Craig Borden Musique : Nick Urata Son : Mary H. Ellis et Tom Taylor Décors : Kristi Zea Costumes : Renee Ehrlich Kalfus Effets visuels : Des Carey Maquillage : Judy Ponder-Patton et Donna M. Premick Production : The Joneses,
L. Warren Young (l’inspecteur Gardner), Hayes Mercure (Tom Madsen), Andrew Di Palma (Will), Jenson Goins (Ami), Norma Zea Kuhling (Beth), Jason Horgan (Mr. Stallings), Cathryn Dyer (Sylvia), Kim Wall, Jennifer Van Horn, John Atwood, Ashley Leconte Campbell, Niko Novick, Jayson Warner Smith, Terrence Gibney, Steve Barnes, Jason MacDonald, Roy McCrerey.
Premiere Picture et Echo Lake Productions Producteurs : Doug Mankoff, Andrew Spaulding, Derrick Borte et Kristi Zea Coproducteurs : Scott Lochmus et Jessica Stamen Producteurs exécutifs : Sheetal V. Talwar, Tom Luse, David Rogers, Paul Young et Peter Principato Distributeur : UGC Ph.
95 minutes. États-Unis, 2009. Sortie France : 17 novembre 2010. Visa d’exploitation : 126533. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD.
Critique à l’américaine de la société consumériste, La Famille Jones stigmatise le modèle économique américain au travers d’une famille idéale incarnée par le couple Demi Moore et David Duchovny. Un conseil : passez votre tour.
Commentaire En 1998, avec Truman Show, Peter Weir signait une fable futuriste cinglante sur les travers de la société américaine. En créant la petite ville de Seahaven, dans laquelle le personnage principal, Truman, était enfermé à son insu, Weir décrivait la vie totalement factice de son héros, où l’intégralité de son environnement était artificielle. Grâce à un scénario finement ciselé par Andrew Niccol (Bienvenue à Gattaca), le cinéaste australien parvenait à démontrer avec subtilité les travers des sociétés modernes, notamment celui du consumérisme forcené. Dix ans plus tard, en pleine crise économique et pour sa première réalisation, Derrick Borte tente de se colleter au même sujet et, pour ce faire, endosse pas moins de trois casquettes, celles de scénariste, de réalisateur et enfin de producteur. Malgré les efforts déployés et le choix d’une belle distribution (le couple Demi Moore / David Duchvony en tête), La Famille Jones ne supporte pas la comparaison. Non seulement le scénario repose exclusivement sur la description d’un concept marketing qui est somme toute assez simple (des familles idéales, composées d’employés performants, sont chargées de vendre à leurs voisins n’importe quel bien en suscitant leur désir de consommation), mais il le fait de manière si manichéenne et avec si peu de subtilité que la sensation éprouvée est presque nauséeuse. L’apothéose est atteinte à la toute fin du film, une fin digne des plus belles histoires de Winnie l’ourson. Rendez-moi Truman Show et Jim Carrey, ou je fais un malheur ! G.Bo.
© UGC Ph
Résumé La famille Jones se compose du couple modèle, Steve et Kate, et de leurs enfants adolescents, Jenn et Mick. Tous s’installent subitement dans la banlieue chic d’une petite ville américaine. En quelques heures, leur maison est équipée de la technologie et de l’électroménager dernier cri qui font pâlir d’envie leur voisinage. Mais tout cela est un leurre. Cette famille n’existe pas ! Il s’agit d’une équipe de commerciaux de choc déguisée en famille idéale. Le but de ces employés d’une grande société de marketing est de donner envie à leurs voisins de les imiter en acquérant les mêmes biens qu’eux, en un mot de leur vendre leur vie idéale.
Dénouement Chaque semaine, tous les membres de la famille doivent rendre des comptes à KC, la dirigeante de cette multinationale. Steve obtient régulièrement des chiffres de vente médiocres, et KC souhaiterait que Kate, la chef de famille, le renvoie pour le remplacer par un nouveau mari plus performant. Kate refuse car, en dépit des apparences, elle n’est pas insensible aux charmes de Steve. Malgré ses réticences, Steve utilise alors son voisin, Larry, pour mettre au point une stratégie de marketing plus agressive. Il parvient à remonter ses ventes au-delà de ses espérances. Mais, acculé financièrement, Larry, qui jour après jour a imité Steve, se suicide. Pour fuir le scandale, la famille Jones se disperse. Steve, amoureux de Kate, vient la surprendre dans la nouvelle famille qu’elle dirige. © les Fiches du Cinéma 2010 - N°1996-97
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Fix ME Documentaire
de Raed Andoni
Adultes / Adolescents
Avec Raed Andoni, le docteur Nasri Qumsia, Fathi Flefel, Yousra Andoni, Majd Andoni, Issam Andoni, Jihan Isaac-Andoni, Rand Andoni, Ramez Andoni, Ghassan Andoni, Mohsen Subhi, Graham Davis, Bruce Inglis, Joshua Talbot, Mofed Awwad, Omar Dabbor, Ahmad Sajadiya, Nasser El Horani, Ragheda Andoni-Isaac, Shawki Abu Farha, Bassem Al Ajouz.
Équipe technique Scénario : Raed Andoni Images : Filip Zumbrunn et Aldo Mugnier Montage : Tina Baz 1ers assistants réal. : Esmail El Habbash et Ala’ Abu Ghoush Musique : Erik Rug Son : Masaki Hatsui Production : Dar Films Production, Arte France Cinéma, Akka Films, Rouge International
et Les Films de Zayna Coproduction : TSR Producteurs : Nicolas Wadimoff, Nadia Turincev et Julie Gayet Productrice déléguée : Palmyre Badinier Producteur exécutif : Saed Andoni Distributeur : Sophie Dulac Distribution.
Semaine du 17 novembre
98 minutes. France - Palestine - Suisse, 2010. Sortie France : 17 novembre 2010. Visa d’exploitation : 121390. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 25 copies.
Producteur né en Cisjordanie, auteur et réalisateur de documentaires, Raed Andoni entraîne son pays dans une psychothérapie burlesque et désespérée. Mué en cousin palestinien de Buster Keaton, il fait de son propre corps le symptôme du mal qui frappe son pays.
Commentaire Raed, un cinéaste palestinien, est reçu en consultation par son médecin de famille. L’examen terminé, le patient interroge le praticien sur l’origine de la migraine dont il souffre depuis un an. Non pas des maux de tête qui fluent et refluent mais une migraine. Unique. Continue. Omniprésente. Ce bourdon, ce fil à la tête occupe son esprit, envahit ses pensées, le martyrise, modifie ses habitudes, son rapport au travail, son tempo. Impuissant à en établir le diagnostic, le médecin lui suggère de s’en ouvrir au Président de l’Autorité Palestinienne, Mahmoud Abbas, ou à “celui d’en face”, l’instance supérieure de l’envahissant voisin. Si le ton du film est donné, Raed ne peut s’en tenir à cette expression d’ironie désabusée. Il veut comprendre son mal, en déterminer la cause, et guérir, s’en libérer. Incidemment, il vit dans un pays qui lui aussi souffre d’une durable céphalée, un pays qui ne parvient pas à se forger une issue dans la constitution d’un État, une portion de territoire occupée, envahie, dépossédée du contrôle de sa propre destinée. Ce nœud douloureux constitue le centre nucléaire du film pour l’innerver en profondeur. Raed se rend dans l’un des services de santé mentale de Ramallah - une antenne du Croissant Rouge palestinien - où il habite. Il commence une thérapie, interroge sa famille sur d’éventuels antécédents familiaux, ses amis, parfois sujets aux mêmes symptômes, les militants dont il a partagé les combats, et les prisons, refait à l’envers le chemin de sa vie. Il en résulte un film-enquête conçu comme une cure analytique qui, déterminée à explorer la psyché d’un sujet singulier, finit par diagnostiquer un groupe © les Fiches du Cinéma 2010 - N°1996-97
© Sophie Dulac Dist.
humain tout entier, groupe humain assujetti à une épuisante domination. Au-delà des attendus politiques du film, Fix ME pose une question, à la fois étrange et belle : qu’estce qu’un corps ? Un corps souffrant ? Et plus précisément encore, qu’est-ce qu’un corps de cinéma ? Si l’on est attentif, si l’on pense que le langage est une affaire sérieuse, on n’aura pas manqué de noter que le “ME” de Fix ME s’écrit en lettres capitales. Et chacun le sait, la capitale, c’est la tête. Si en anglais, “to fix” signifie précisément “réparer”, il n’est pas interdit de décliner “réparer” en “réparation”. Ainsi, l’impérative injonction du titre revient-elle à demander réparation des préjudices subis. Céphalée comprise. Quoi qu’il en soit, avant de songer à le réparer, peut-être faudrait-il savoir ce que c’est que “ME”. De quoi est-ce fait ? De quel capital (encore) d’expériences, familiales, historiques, politiques et culturelles est-ce constitué ? Ces questions, qui pourraient concerner tout un chacun, c’est un corps osseux qui les pose, un corps noué sur lequel semble être passée et repassée la locomotive de l’histoire, un Buster Keaton qui n’a plus le cœur à faire des acrobaties, un visage émacié, barré du sourire désolé qui vient sur les lèvres quand on regarde sa souffrance dans les yeux. Fix ME est un film déchirant, et déchiré, qu’il ne faudrait manquer sous aucun prétexte. R.H. 13
Inside Job (Inside Job) Documentaire
de Charles Ferguson
Adultes / Adolescents
Avec la voix de Matt Damon (le narrateur).
Équipe technique Scénario : Chad Beck et Adam Bolt Images : Svetlana Cvetko et Kalyanee Mam Montage : Chad Beck et Adam Bolt Musique : Alex Heffes Son : Rich Bologna et Abigail Savage
Production : Representational Pictures Producteurs : Charles Ferguson et Audrey Marrs Producteurs exécutifs : Jeffrey & Christina Weiss Lurie Productrices associées : Kalyanee Mam et Anna Moot-Levin Distributeur : Sony Pictures.
120 minutes. États-Unis, 2010. Sortie France : 17 novembre 2010. Visa d’exploitation : en cours. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SR SRD DTS SDDS.
Inside Job aurait pu être sous-titré “La crise pour les nuls”, car, grâce à lui, vous comprendrez comment politiques, banques, sociétés d’assurance ont copiné pour s’enrichir. Ce pourrait être un très bon jeu de société, cela donne un très bon documentaire.
Commentaire En 2008, aux États-Unis, la banque d’affaires Lehman Brothers et AIG, une compagnie d’assurance, font faillite. La bourse s’effondre. L’économie mondiale vacille tel un pantin géant. “Comment en est-on arrivé là ?” C’est la question qu’explore la première partie de Inside Job, présenté Hors Compétition au dernier festival de Cannes. Il y aura quatre autres parties, pour comprendre comment le système financier des plus puissants a conduit vers une dépression planétaire, tenant les responsables à l’abri de toute culpabilité. Le documentaire se présente ainsi sous une forme classique privilégiant le didactisme : plan clairement énoncé, voix off explicative, succession d’interviews. Le réalisateur, Charles Ferguson, ayant été, de longues années durant, professeur en sciences politiques, il aborde avec sérieux et pédagogie les dérives financières. Ce n’est pas le moindre mérite de ce film que de tenter de nous faire comprendre ce que signifient des mots abscons, tels “subprime”. L’autre de ses mérites est de conserver un ton sérieux dans sa démonstration, en usant parfois d’humour (la mauvaise foi fait toujours bien rire... jaune), mais sans céder à la forme parfois démagogique d’un Michael Moore, qui a traité du même sujet dans Capitalism : A Love Story (sorti il y a tout juste un an). Partant du cas exemplaire de l’Islande, Inside Job parcourt tout d’abord l’histoire de ces dernières décennies, favorisant à coups de lobbyings la dérégulation du secteur financier. Nous entrons dans l’ère des années 1980, les “années fric”, vampirisées par la culture de Wall Street. Les banques sont privatisées. Elles enflent comme des soufflés. Les © les Fiches du Cinéma 2010 - N°1996-97
© Sony
instances de contrôle, manquant de moyens, soudoyées ou débauchées, sont rapidement écartés de la rou(t)e de la fortune. Cette dérégulation, tardive en Islande, a conduit le pays dans la banqueroute que l’on sait. À sa suite, d’autres pays ont tremblé, et, comme de “vulgaires” entreprises, se sont retrouvées au bord du dépôt de bilan. C’est ainsi l’état d’un esprit que dresse le documentaire. Un esprit de “lonesome cowboys”, cette fois protégés, valorisés et encouragés par tout un système, et qui, s’ils sont toujours prêts à mettre en péril leur vie en dégainant leur colt, ne le font plus pour la justice de leur patrie, mais uniquement dans un but d’enrichissement personnel. Les yachts ont remplacé la carotte. C’est en quelque sorte la généralisation du pari imaginé dans le film The Box : appuyez sur le bouton, vous recevrez un million de dollars, mais quelqu’un mourra. Ce pari n’aurait pu se tenir sans l’aide précieuse des politiques. Entamée sous Reagan, la dérégulation est devenue l’American Way of Life sous Bush. Son “Tout le monde devrait pouvoir posséder une jolie maison” prend des accents abjectes lorsque l’on voit ce que sont devenus ces jolies maisons et leurs heureux propriétaires, bernés par des taux d’emprunt hautement volatiles. Et lorsque l’on sait que cette mafia organisée régit toujours la politique économique d’Obama, on ne rit plus du tout. Ch.R. 14
Mother and Child (Mother and Child) Mélodrame
de Rodrigo García Équipe technique Scénario : Rodrigo García Images : Xavier Pérez Grobet Montage : Steven Weisberg 1er assistant réal. : John McKeown Musique : Ed Sheamur Son : Peter J. Devlin et Andy Nelson Décors : Christopher Tandon Costumes : Susie DeSanto Maquillage : Sian Richards Casting : Heidi Levitt
Eileen Ryan (Nora), Alexandria Salling (Karen, à 14 ans), Connor Kramme (Tom, à 14 ans), Elpidia Carrillo (Sofia), Simone Lopez (Cristi), S. Epatha Merkerson (Ada), Michael Warren, LaTanya Richardson, Shareeka Epps, Ahmed Best, Gloria Garayua, Elizabeth Peña, Lawrence Pressman, Britt Robertson, Juliette Amara, Susan Nimoy, Dawn Deilbert, Gabrielle Abitol.
Production : Mockingbird Pictures et Everest Entertainment Coproduction : Cha Cha Cha Productrices : Julie Lynn et Lisa Falcone Producteur délégué : Alejandro González Iñárritu Coproducteur : Jonathan McCoy Producteurs exécutifs : Tom Heller et Karen Graci Distributeur : Haut et Court.
125 minutes. États-Unis - Espagne, 2009. Sortie France : 17 novembre 2010. Visa d’exploitation : 126378. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD.
En entremêlant trois histoires d’enfantements et de filiations douloureuses, Rodrigo Garcia donne le jour à un mélodrame aussi long que laborieux, où deux actrices de choc rivalisent de regards humides pour faire pleurer le chaland. Un film très dispensable.
Commentaire Mother and Child met en scène un gynécée tourmenté par la question des origines et de ses sous-ensembles - la filiation, la fécondité, la transmission - et, par voie de conséquence, se penche accessoirement sur la manière dont les secrets inavoués peuvent métastaser les esprits. Il s’ensuit un film relativement illustratif, totalement verrouillé dans son principe d’écriture : rien moins qu’un manuel de psychologie pour les nuls. Il suffit d’imaginer un éléphant s’adonner à son passe-temps favori, le jeu de mikado, pour se faire une idée précise des délicatesses d’écriture et de mise en scène dont se montre capable Rodrigo García avec ce cinquième film. Fils du célèbre Gabriel García Marquez, collaborateur régulier de séries comme Six Feet Under, Big Love, In Treatment et ainsi de suite, l’auteur de Ce que je sais d’elle... d’un simple regard semble s’évertuer à démontrer qu’il tient absolument à réserver la part essentielle de son talent à la réalisation desdites séries. Message reçu, donc. Formaté en mélo choral, pur produit d’usine à fort potentiel lacrymal, le film s’adosse à un duo d’actrices réputées bonnes comédiennes, Annette Benning et Naomi Watts (c’est la Watts qu’il préfère !), qui, malheureusement, n’en restent pas moins ligotées dans un registre où elles ont toutes deux déjà largement fait leurs preuves. Pour finir, on admettra du bout des lèvres qu’on peut aller voir Mother and Child un après-midi, l’un de ces tristes dimanches de la vie qu’évoquait si délicieusement Raymond Queneau. La soirée qui s’ensuivra n’en paraîtra que plus intéressante. R.H.
© Haut et Court
Résumé À la suite d’un cauchemar, Karen, une femme d’âge mûr, se réveille en sursaut. Assistante sociale dans un centre médical, elle vit seule et s’occupe de sa mère invalide. Revêche dans ses relations aux autres, profondément malheureuse, elle ne s’est jamais pardonnée d’avoir, enceinte à l’âge de 14 ans, abandonné sa fille, et de ne l’avoir jamais revue. Brillante avocate de 35 ans, celle-ci, devenue Elizabeth, se fait embaucher dans un prestigieux cabinet, où très vite elle séduit son employeur. Guidée par Sœur Joanne, Lucy, une jeune femme stérile, se lance avec son compagnon dans une procédure d’adoption. La mère de Karen meurt.
Dénouement Elizabeth multiplie les liaisons, séduit son voisin de pallier. Sujette à des nausées, elle passe un examen gynécologique dont le résultat est positif : elle est enceinte. Elle refuse sèchement ce diagnostic, car elle a subi, à sa demande, une ligature des trompes. Karen finit par céder aux avances d’un collègue, auquel elle confesse le secret qui la ronge. Apaisée, elle entreprend de retrouver sa fille. En désaccord sur l’adoption, Lucy et son compagnon se séparent. Lucy adoptera seule. Emmenée aux urgences, Elizabeth meurt en couches. L’enfant est sauvé, Lucy devient sa mère adoptive. Mise au courant, Lucy comprend et accepte que Karen soit la grand-mère du bébé. © les Fiches du Cinéma 2010 - N°1996-97
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Semaine du 17 novembre
Avec Naomi Watts (Elizabeth), Annette Bening (Karen), Kerry Washington (Lucy), Jimmy Smits (Paco), Samuel L. Jackson (Paul), David Ramsey (Joseph), Cherry Jones (Sœur Joanne), David Morse (Tom), Amy Brenneman (le docteur Eleanor Stone), Marc Blucas (Steven), Carla Gallo (Tracy), Tatyana Ali (Maria), Sean Scarborough (le mari de Maria), Lisa Gay Hamilton (Leticia),
Adultes / Adolescents
My Joy (Schastye moe) Drame
de Sergueï Loznitsa
Adultes / Grands Adolescents
Avec Viktor Nemets (Georgy), Vlad Invanov (le commandant de Moscou), Maria Varsami (la bohémienne), Vladimir Golovin (le viel homme), Olga Shuvalova (la jeune prostituée), Alexey Vertkov (le jeune lieutenant), Yuriy Sviridenko (le manchot).
Équipe technique Scénario : Sergueï Loznitsa Images : Oleg Mutu Montage : Danielius Kokanauskis 1er assistant réal. : Catalin Dordea Décors : Kirill Shuvalov Costumes : Mare Raidma
Production : Sota Cinema Group, et Ma.Ja.De Filmproduktion Coproduction : Kinofilm, Arte, Lemming Film, MDM et ZDF Producteurs : Oleg Kokhan et Heino Deckert Producteur exécutif : Od Howell Distributeur : ARP Sélection.
127 minutes. Allemagne - Ukraine - Pays-Bas - France, 2010. Sortie France : 17 novembre 2010. Visa d’exploitation : 127854. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD.
Première fiction d’un documentariste, My Joy part d’une approche réaliste et dévie rapidement vers le cauchemar absurde pour décrire une société entièrement corrompue et à la dérive. À la fois brillant et un peu vain, l’ensemble a tout de même de l’allure.
Commentaire Seul premier long métrage présenté à Cannes en compétition cette année, My Joy a reçu un accueil un peu contrasté. Et il faut dire qu’il est assez difficile de savoir comment recevoir cette première fiction du documentariste ukrainien Sergueï Loznitsa. Faut-il l’appréhender comme un violent flash de lucidité, comme une farce tragique ou comme un manifeste esthétique ? À première vue, My Joy correspond assez bien à un certain archétype du “cinéma de festival” : long, taiseux, très élaboré et esthétique, mettant sa rigueur formelle au service d’une noirceur à couper au couteau. Toutefois, le pessimisme fondamental du film s’exprimant souvent par l’absurde, on sent qu’il pourrait à tout moment basculer vers un humour noir proche de celui du jeune cinéma roumain. Mais il ne franchit jamais explicitement la frontière. Par ailleurs, le film est traversé en son milieu par un long tunnel neigeux, où le récit - jusque-là déconstruit mais fluide et accrocheur - se dissout, et où le film, comme grisé par ses propres partis pris esthétiques, semble se perdre dans une forme d’abstraction un peu vaine. On regrettera d’autant plus ce décrochage dans d’inutiles longueurs que, avant et après, le film ne manque pas d’attraits. La première partie, dressant un portrait de la Russie d’aujourd’hui sous forme de collage (mêlant passé et présent, fantasme et réalité, épisodes romanesques et inserts documentaires), est assez fascinante. Quant à la scène finale, faisant très habilement monter la tension jusqu’à ce que claque la saisissante sanction d’un “no future” sans appel, elle laisse tout de même sur une impression forte. N.M.
© ARP
Résumé Georgy, un jeune routier, monte à bord de son camion. Après quelques kilomètres, il est arrêté à un poste de contrôle. Mais les deux policiers de garde sont déjà très occupés à essayer de soutirer des faveurs à une femme. Georgy remonte dans son véhicule, où a pris place un vieil homme, qui lui demande de le conduire, en échange d’une histoire. Après avoir, donc, raconté un épisode tragique de sa vie de soldat, à la fin de la guerre, le vieillard disparaît. Georgy se retrouve ensuite pris dans un gigantesque embouteillage. Il fait monter à son bord une très jeune prostituée, à laquelle il demande de lui indiquer un raccourci. Elle le conduit au village voisin. Georgy, qui a refusé de coucher avec elle, lui offre tout de même de l’argent. Elle l’insulte.
Dénouement Georgy se perd alors sur une route de campagne. Il s’y arrête pour dormir et se fait agresser par des brigands, qui l’assomment et le laissent pour mort. Georgy, devenu totalement mutique, est recueilli par une gitane qui devient sa maîtresse. Mais, un jour, il part à pied sur la route et tombe inanimé. Le vieux qu’il avait pris en stop le recueille. Peu après Georgy le découvre suicidé. Il lui prend son revolver et s’en va. Un camionneur le fait monter à son bord, mais ils sont arrêtés au poste de contrôle. Là, les deux policiers, qui viennent de passer à tabac un automobiliste, veulent les forcer à signer un faux témoignage. Georgy sort son arme, tue tout le monde, et repart sur la route. © les Fiches du Cinéma 2010 - N°1996-97
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No et moi Chronique initiatique
de Zabou Breitman
Adultes / Adolescents
Équipe technique Scénario : Zabou Breitman et Agnès De Sacy, d’après le roman de Delphine de Vigan (2007) Images : Michel Amathieu Montage : Françoise Bernard 1er assistant réal. : Eliot Mathews Scripte : Brigitte Hedou-Prat Son : Henri Morelle Décors : François Emmanuelli Costumes : Marie-Laure Lasson
Maquillage : Véronique Clochepin-Lassalle Casting : Juliette Denis Production : Épithète Films Coproduction : France 3 Cinéma Producteurs : Frédéric Brillion et Gilles Legrand Dir. de production : Rémi Bergman Distributeur : Diaphana.
105 minutes. France, 2010. Sortie France : 17 novembre 2010. Visa d’exploitation : 123687. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD DTS.
Une adolescente de 13 ans, issue d’un milieu bourgeois, se lie d’amitié avec une jeune SDF. Zabou Breitman adapte avec finesse et enthousiasme un récit aux ressorts psychologiques et sociaux assez schématiques. Plutôt joli, mais peu emballant.
Commentaire Après avoir adapté Anna Gavalda pour son précédent film, Zabou Breitman récidive dans l’adaptation d’un récent succès de librairie français. Et c’est d’ailleurs bien là le principal reproche que l’on puisse lui faire ! En effet, dans No et moi, comme dans Je l’aimais, on a le sentiment que le matériau de base, un peu faible, pèse sur le film et le pousse sur la mauvaise pente : celle d’un cinéma “gentil”, naïf, un peu bourgeois. Pourtant Breitman, dans un cas comme dans l’autre, s’emploie avec talent à tirer le meilleur du texte adapté, et remporte quelques beaux succès. Car No et moi a beau laisser craindre au départ un film didactique et dégoulinant de bons sentiments, il trouve rapidement de beaux accents de justesse et une forme de légèreté extrêmement bienvenue. Breitman adapte avec intelligence, mais aussi avec enthousiasme et elle confirme ici un vrai style, nourri par un plaisir communicatif à jouer avec le cinéma, à inventer des idées de réalisation. Le film s’appuie par ailleurs sur une direction d’acteurs impeccable, qui fait que chaque personnage s’impose avec une forme d’évidence. Et pourtant, malgré tout cela, le film, handicapé par un schéma narratif un peu grossier, ne parvient jamais à nous intéresser totalement ou à tenir une note d’émotion durable. L’humanité et la générosité de Zabou Breitman ont beau ne pas faire de doute, elle a prouvé qu’elle n’était pas pour autant quelqu’un de lisse. On espère donc la voir se confronter de nouveau à ses propres histoires (comme pour L’Homme de sa vie) ou à des auteurs plus complexes (comme Topor, qu’elle a mis en scène au théâtre). N.M.
© Épithète Films
Résumé Lou, 13 ans, est une adolescente surdouée (elle est déjà en classe de seconde). Elle a eu une petite sœur, décédée de la mort subite du nourrisson. Depuis, sa mère reste murée dans un état dépressif. Dans la cadre d’un exposé pour l’école, Lou décide d’interviewer Nora, dite No, une jeune SDF de 19 ans. Elles se voient plusieurs fois et font connaissance. L’exposé est un grand succès, et permet même à Lou de se faire remarquer par le garçon qui lui plaît : Lucas. Un jour, No, affamée et à bout de forces, vient trouver Lou à la sortie de l’école. Celle-ci demande à ses parents d’héberger la jeune fille. Ils acceptent. No se rétablit peu à peu. Le père de Lou passe un contrat avec elle, pour fixer les règles de leur cohabitation. La présence de No dans la maison aide la mère de Lou à sortir de la dépression. Lucas s’intéresse à la jeune fille. Lou, No et lui forment bientôt un trio inséparable.
Dénouement No trouve un emploi dans un hôtel. Elle semble tirée d’affaire. Mais elle boit énormément, et son alcoolisme conduit le père de Lou à lui demander de partir. Elle trouve refuge chez Lucas, qui vit dans un grand appartement que lui laisse sa mère. Quand celle-ci annonce sa visite, No doit s’en aller. Lou fugue de chez ses parents et décide de partir avec elle en Irlande. Mais à la gare No préfère disparaître. Lou erre un moment dans les rues, puis rentre chez ses parents. © les Fiches du Cinéma 2010 - N°1996-97
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Semaine du 17 novembre
Avec Julie-Marie Parmentier (No), Nina Rodriguez (Lou), Antonin Chalon (Lucas), Bernard Campan (le père), Zabou Breitman (la mère), Grégoire Bonnet (Monsieur Vargas), Guillaume Londez (Tante Sylvie), Éric Valero (Oncle Éric).
RED (RED) Comédie d’action
de Robert Schwentke
Adultes / Adolescents
Avec Bruce Willis (Frank Moses), Morgan Freeman (Joe Matheson), John Malkovich (Marvin Boggs), Helen Mirren (Victoria), Karl Urban (William Cooper), Mary-Louise Parker (Sarah Ross), Brian Cox (Ivan Simanov), Julian McMahon (Robert Stanton), Richard Dreyfuss (Alexander Dunning), Rebecca Pidgeon (Cynthia Wilkes), Ernest Borgnine (Henry,
Équipe technique Scénario : Erich & Jon Hoeber, d’après la bande dessinée de Warren Ellis et Cully Hamner (2003-2004) Images : Florian Ballhaus Montage : Thom Noble Réal. 2e équipe : Gary Capo 1er assistant réal. : Andrew Robinson Musique : Christophe Beck Son : Jon Title Décors : Alec Hammond
l’archiviste), James Remar (Gabriel Singer), Jonathan Lloyd Walker (l’agent Burbacher), Jacqueline Fleming (Marna), Michelle Nolden (Michelle Cooper), Jason Giuliano, Emily Kuroda, Tara Yelland, Jake Goodman, Tess Goodman, Heidi von Palleske, Chris Owens, Randy Wade Kelley, Alec Rayme, Lawrence Turner, Joe Chrest, Audrey Wasilewski, Greg Bryk.
Costumes : Susan Lyall Effets spéciaux : James Madigan Dir. artistique : Brandt Gordon Casting : Deborah Aquila et Tricia Wood Production : Di Bonaventura Pictures et DC Entertainment pour Summit Entertainment Producteurs : Mark Vahradian et Lorenzo di Bonaventura Coproducteur : David Ready Distributeur : SND.
111 minutes. États-Unis, 2010. Sortie France : 17 novembre 2010. Visa d’exploitation : 127004. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SR SRD. 400 copies (vo / vf).
Traqués par leurs anciens patrons, des agents de la CIA à la retraite prouvent qu’ils n’ont rien perdu de leurs talents. L’unique intérêt de cette comédie d’action est son casting loufoque, joyeux et explosif, qui nous fait passer un agréable moment.
Commentaire Fortuitement distribué en France en plein débat sur la réforme des retraites, RED met en scène une bande de retraités bien particuliers : des anciens agents de la CIA qualifiés par l’Agence de “Retraités Extrêmement Dangereux”. L’adaptation du comic-book américain éponyme a été confiée à Robert Schwentke, réalisateur allemand installé à Hollywood, qui, entre Flight Plan et Hors du temps, n’a pas encore laissé apparaître de véritable personnalité. Si l’argument - un vieille équipe se réunit pour une ultime mission - ressemble à celui de Expendables, le film, beaucoup moins violent que le comic-book, est plutôt dans la lignée d’une comédie d’action comme Night and Day. Et le résultat est plus réussi, Bruce Willis étant bien meilleur que Tom Cruise quand il s’agit de ne pas se prendre au sérieux. RED repose entièrement sur son casting haut de gamme, réunissant notamment John Malkovich, déchaîné, en ancien agent à qui la CIA a fait prendre des amphétamines pendant des années, Helen Mirren en tueuse hors pair qui ne délaisse jamais sa classe et ses bonnes manières anglaises, ou encore Brian Cox en agent russe romantique, ancien ennemi devenu un improbable allié ! Les comédiens composent des personnages attachants, et leur plaisir à partir en roue libre est communicatif. Tout le reste n’est alors que prétexte pour les mettre en scène : le scénario, pastiche des films de “conspiracy theory” est particulièrement alambiqué et souffre d’incohérences et de facilités, tandis que les scènes d’action sont peu efficaces, et, sur la fin, assez longues et superflues. An.B.
© SND
Résumé Frank Moses, agent de la CIA à la retraite, profite du calme de sa nouvelle vie et flirte par téléphone avec Sarah, employée de son fonds de pension, quand, une nuit, un commando vient l’assassiner. Il en échappe et emmène Sarah de force pour la protéger. La directrice adjointe de la CIA, Cynthia Wilkes, charge l’agent William Cooper de traquer Frank. En retrouvant ses anciens collègues, Joe, atteint d’un cancer en stade terminal, et Marvin, Frank comprend que les agents liés à une mission au Guatemala en 1981, à laquelle il avait participé, ont été éliminés.
Dénouement Avec l’aide de l’agent russe Ivan Simanov, Frank et Sarah infiltrent la CIA pour chercher ce dossier. L’équipe, ralliée par une dernière retraitée, Victoria, piège Alexander Dunning, patron d’une compagnie d’armement, qui leur révèle que la mission était d’évacuer du Guatemala l’actuel Vice-Président Stanton, qui avait organisé un massacre dans un village. Stanton, en campagne présidentielle, veut effacer toute trace de cette affaire. Encerclés, ils s’enfuient grâce au sacrifice de Joe. Mais Cooper capture Sarah. Toute l’équipe, aidée par Ivan, ancien amant de Victoria, kidnappe Stanton pour l’échanger contre Sarah. Au rendez-vous, ils réalisent que Dunning a manipulé Stanton. Cooper coopère alors avec les retraités pour abattre Dunning et sa complice, Wilkes. Mais avant de savourer sa retraite avec Sarah, Frank doit un service à Ivan : une mission en Moldavie... © les Fiches du Cinéma 2010 - N°1996-97
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L’Apprenti Père Noël Animation
de Luc Vinciguerra
Famille
Équipe technique Scénario : Alexandre Révérend, d’après la série créée par Jan Van Rijsselberge et Alexandre Révérend (2006-2007) Montage : Céline Kélépikis 1er assistant réal. : Rafaël Vicente Musique : Nerida Tyson-Chew Chanson : Arthur H Son : Nostradine Benguezzou Décors : Baptiste Lucas Dir. artistique : Richard Despres
Production : Gaumont, Gaumont Alphanim et Avrill Stark Ent. Producteurs délégués : Clément Calvet, Christian Davin, Avrill Stark, Ross Murray et Paul Young Producteurs exécutifs : Jean-Pierre Quenet et Rebecca Tolliday Dir. de production : Tanguy Olivier Distributeur : Gaumont.
80 minutes. France, 2010. Sortie France : 24 novembre 2010. Visa d’exploitation : 124345. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD.
Dessin animé français prolongeant une série télévisée pour enfants, L’Apprenti Père Noël conte l’histoire d’un enfant qui devient l’apprenti du titre, pour un film débordant de bons sentiments simples, sans ironie aucune et pour un public très jeune.
Commentaire Après une série télé plutôt bien accueillie, L’Apprenti Père Noël passe donc sur le grand écran et tente de réveiller notre bonne vieille animation française encore un poil sclérosée. L’esprit de Noël y fait une apparition précoce, à travers une intrigue typique des téléfilms de l’époque, remplie de bons sentiments et de merveilleux souvent mielleux. Au menu donc : un petit orphelin est choisi par le Père Noël pour devenir son remplaçant, malgré sa timidité et ses peurs. L’histoire, les personnages et le style esthétique ramènent l’ensemble du film vers le plus jeune âge : l’humour reste basique, l’émotion provient de ficelles plutôt grosses et jamais un soupçon d’ironie ne vient perturber le récit. Le film bénéficie d’une animation et de visuels plutôt corrects, même s’ils demeurent très classiques. La progression narrative est également convenue, et son impact reste très relatif. Là où les productions américaines ou japonaises continuent de pratiquer avec succès un grand écart en mêlant sophistication du récit et de l’humour (pour les parents) avec émotion et efficacité visuelle (pour leurs enfants), L’Apprenti Père Noël continue de ne viser qu’un public exclusif plutôt fermé, et le fait avec un certain manque d’imagination qui devient, au bout d’un moment, agaçant. Cela fait longtemps que les cinéastes savent que les enfants peuvent tout à fait apprécier les surprises et l’originalité, arguments qui ne touchent visiblement pas les créateurs de ce nouveau Père Noël finalement guère marquant. S.G.
© Gaumont
Résumé À cause de ses trous de mémoire, le Père Noël manque presque de rater (et donc gâcher) sa fête. Solange, son assistante, lui fait comprendre qu’il doit se trouver un successeur. En Australie, le petit Nicolas voit avec tristesse son meilleur ami dans l’orphelinat, Félix, partir avec deux parents américains. Les anciens Pères Noël se réunissent et consultent la boule de cristal pour trouver le remplaçant : c’est Nicolas ! Un lutin se rend à l’orphelinat, mais est surpris par un des camarades de Nicolas, jaloux de comprendre que ce n’est pas lui qui a été choisi. Nicolas part vers le Pôle Nord, où le Père Noël l’accueille pour démarrer sa formation.
Dénouement Les premier pas sont difficiles, et Nicolas manque d’abandonner. En Amérique, les parents de Félix se retrouvent obligés de vivre dans une caravane. À force de persévérer, Nicolas se fait respecter. Mais, par maladresse, il provoque un incendie. Fâché, le Père Noël part faire la tournée des cadeaux sans lui. Mais Nicolas le rejoint avec la boule de cristal magique du Père Noël. À l’orphelinat, le Père Noël se fait arrêter par des policiers pour l’enlèvement de Nicolas. Après un combat acharné contre son camarade jaloux, qui tente de s’emparer de la boule de cristal, Nicolas règle la situation et offre à Félix son cadeau : une nouvelle maison. Le Père Noël lui confie alors sa boule de cristal, et les responsabilités allant avec. © les Fiches du Cinéma 2010 - N°1996-97
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Semaine du 24 novembre
Avec les voix de Benoît Allemane (le Père Noël), Nathan Simony (Nicolas), Line Renaud (Solange Folichon), Isabelle Mergault (Madame Poulmer), Pierre-François Martin-Laval (Edgar), Lorànt Deutsch (Randolph), Julie Gayet, Jean-Pierre Marielle, Bruno Salomone, Didier Brice.
Benvenuti al sud (Benvenuti al sud) Comédie
de Luca Miniero
Adultes / Adolescents
Avec Claudio Bisio (Alberto Colombo), Alessandro Siani (Mattia Volpe), Angela Finocchiaro (Silvia Colombo), Valentina Lodovini (Maria), Nando Paone (le petit Costabile), Giacomo Rizzo (le grand Costabile), Teco Celio (le Grand Maître), Nunzia Schiano (Madame Volpe), Fulvio Falzarano (Mario), Alessandro Vighi (Chicco), Salvatore Misticone (Monsieur Scapece),
Équipe technique Scénario : Massimo Gaudioso, d’après le film Bienvenue chez les Ch’tis de Dany Boon (scn. : Dany Boon, Alexandre Charlot et Franck Magnier, 2007) Images : Paolo Carnera Montage : Valentina Mariani Musique : Umberto Scipione Son : Alessandro Bianchi Décors : Paola Comencini Costumes : Sonu Mishra Production : Medusa Films
Francesco Albanese (le motocycliste), Riccardo Zinna (le policier), Naike Rivelli (la policière), Clara Bindi, Antonio Birillo, Giovanni Franzoni, Ettore Massa, Giorgio Mazzullo, Franco Ravera, Ciro Ruoppo, Federico Tucci, Dany Boon [non crédité].
Coproduction : Cattleya et Sky Producteurs : Giovanni Stabilini, Riccardo Tozzi et Marco Chimenz Producteur délégué : Francesca Longardi Producteurs exécutifs : Giorgio Magliulo, Matteo De Laurentiis et Antonella Iovino Producteurs associés : Oliver Berger et Martin Moszkowicz Distributeur : Pathé.
104 minutes. Italie, 2010. Sortie France : 24 novembre 2010. Visa d’exploitation : 126289. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD DTS. 60 copies (vo).
Tout est dans le titre : Benvenuti al sud, c’est Bienvenue chez les Ch’tis traduit littéralement en italien et transposé en Italie. Si ce n’est pour jouer au jeu des sept erreurs, cette adaptation plus que fidèle ne présente que peu d’intérêt.
Commentaire Benvenuti al sud ne s’en cache pas : c’est un remake fidèle de Bienvenue chez les Ch’tis, phénoménal succès dans l’Hexagone en 2008. Fidèle c’est peu dire, puisque nos amis italiens ont repris au plan et à la blague près le film de Dany Boon (qui fait une apparition amicale en touriste venu poster un colis vers... Bergues). Cette loyauté est d’autant moins louable que le récit, mal ficelé et schématique, était justement l’une des faiblesses des Ch’tis. Le scénariste Massimo Gaudioso s’est donc contenté de transposer dans la réalité italienne, les “typicités” françaises. La chaleur du Sud a remplacé le froid du Nord, Bergues est devenue Castellabate, les nordistes se découvrent des lointains cousins “terronis” (bouseux en italien), un gilet pare-balles succède à la doudoune, etc. etc. On peut poursuivre le jeu des correspondances à l’envi, c’est d’ailleurs l’un des rares intérêts du film (pour ceux qui ont vu la version originale, soit entendu). Côté réalisation, même similitude : Luca Miniero, issu de la publicité, signe une mise en scène fade et approximative, qui se laisse porter par la force du concept de base : l’opposition Nord/Sud. Devant la caméra, Claudio Bisio ne dégage pas la veulerie comique et savoureuse d’un Kad Merad, mais Angela Finocchiaro, en épouse stressée, est autrement plus drôle et convaincante que Zoé Félix. Sorti début octobre en Italie, Benvenuti al sud y a suscité un engouement comparable au film de Boon. Preuve que le sujet est universel, déclinable à l’infini en fonction des oppositions nationales. Aux États-Unis, Will Smith a racheté les droits. À qui le tour ? I.B.
© Gianni Fiorito
Résumé Pour redonner le sourire à Silvia, sa femme, Alberto, directeur d’une agence de La Poste en Lombardie, se démène pour obtenir une mutation à Milan. Afin d’augmenter ses chances, il se fait passer pour handicapé. Mais il est démasqué et se fait muter à Castellabate, près de Naples. Prévoyant un climat torride et des autochtones primitifs et mafieux, Alberto part seul. Il est accueilli par Mattia, le facteur, qui l’héberge d’abord chez sa mère, possessive, puis lui présente la Poste et son équipe. Ne comprenant pas plus les coutumes locales que le parler du Sud, Alberto se montre désagréable. Mais rapidement, il découvre que les collègues sont en fait charmants et efficaces. Avec vue sur la mer, sa vie à Castellabate devient une fête.
Dénouement Toutefois, l’idée d’avoir à soutenir son mari dans cette épreuve semble avoir permis à Silvia de dépasser son tempérament dépressif. Alberto lui fait donc croire qu’il vit le calvaire prévu. Lorsque Silvia décide de venir voir Alberto, ses amis l’aident à mettre en scène un Sud “sauvage”, fidèle à ses descriptions. Silvia n’est pas découragée. Alberto et Mattia font alors un pacte : ils devront trouver le courage, l’un de dire la vérité à sa femme, l’autre de parler à sa mère, qui l’empêche de vivre une histoire d’amour avec la belle Maria. Tous deux s’exécutent. La famille d’Alberto s’installe à Castellabate et y vit trois ans de bonheur. Jusqu’à ce qu’Alberto soit de nouveau muté... à Milan ! © les Fiches du Cinéma 2010 - N°1996-97
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Destination Himalaya Le Pays d’où vient le vent (Himalayaeui sonyowa) Chronique ethnologique
de Jeon Soo-il
Adultes / Adolescents
Équipe technique Scénario : Jeon Soo-il Images : Kim Sung-tai Montage : Kim In-soo et Rho Bong-seo Musique : Kim Hyung-suk Son : Lee Sung-chul Costumes : Han Min-jeong Dir. artistique : Cho Youn-ah
Production : Dongnyuk Film Coproduction : Outside The Box Production Producteur : Jeon Soo-il Coproducteurs : Franck-Nicolas Chelle et Claudia Laramée Distributeur : Zootrope Films.
95 minutes. Corée du Sud - France, 2008. Sortie France : 24 novembre 2010. Visa d’exploitation : 127481. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD.
Pour annoncer la mort d’un de ses employés à sa famille, un entrepreneur sud-coréen se rend au Népal et se retrouve plongé dans une communauté dont le mode de vie est à peu près l’inverse de tout ce qu’il connaît. Beau et généreux, mais un peu obscur.
Commentaire Si Destination Himalaya était un proverbe chinois, ce serait “Quand on est loin de chez soi, on réfléchit sur soi-même”. C’est en tout cas comme ça que Jeon Soo-il (La Petite fille de la terre noire) résume ce film introspectif. Le personnage qu’il suit est déboussolé, dans l’impossibilité de communiquer. À partir d’une situation où il est coupé des autres et de lui-même, il va développer un rapport différent à son entourage et se retrouver un peu. Bien qu’il s’agisse d’une fiction, l’histoire est présentée à la façon d’un documentaire : sa trame narrative s’apparente davantage à une étude ethnologique. Du genre méditatif, ce film nous plonge dans un autre rythme et nous fait voyager au sein des sublimes paysages de l’Himalaya. Superbement éclairés, les cadres épurés, à l’esthétique zen, font émaner une certaine grâce. Il y a peu de dialogues, tout est dans le non-dit, comme si les personnages étaient munis d’antennes captant les subtiles ondes de l’âme, totalement imperceptibles aux spectateurs occidentaux. Car là est le hic : cette patiente atmosphère risque d’endormir jusqu’aux plus bouddhistes d’entre nous. Bien que le film ait beaucoup de qualités, les mœurs de cette population népalaise, vus à travers les yeux d’un apathique Coréen, restent d’une opacité troublante. À l’instar du titre, onirique et mystérieux, d’un précédent film de Jeon Soo-il, The Birds That Stop in the Air, Destination Himalaya nous fait l’effet d’un mantra ancestral, à la signification certainement très sage mais toujours aussi obscure mille ans plus tard. C.L.L.
© Dongnuyk Film
Résumé Choi, un entrepreneur sud-coréen, doit partir au Népal pour annoncer la mort de Dorgy, l’un de ses ouvriers immigrés, à sa famille. Pour cela, il sillonne les chemins arides qui mènent à un village reculé, où vit une véritable tribu ethnique, exclue de tout processus de globalisation. Outre le choc culturel provoqué par sa rencontre avec cette petite communauté - l’anglais n’est pas toujours bien maîtrisé et les verres d’alcool différemment dosés ! -, il est confronté au mal de la montagne, qui provoque vertiges et difficultés à respirer. Hébergé par la famille de Dorgy, il ne sait comment leur dire la vérité. Il est la plupart du temps solitaire, désœuvré au point de passer sa journée à jouer avec le clapet de son portable, ou à écouter les voisins faire l’amour, le regard dans le vague... Comme un homme à côté de la vie, qui chercherait un repère sur lequel se focaliser.
Dénouement Mais petit à petit, Choi adopte le rythme de la communauté, se glisse dans sa vie, observe ses rites... De discrets liens se nouent avec quelques-uns : un léger trouble s’installe avec la femme de Dorgy, mais surtout une complicité naît entre lui et le petit garçon de la famille, qui joue de la flûte et lui communique sa joie de vivre. Il arrive enfin à leur confesser l’objet de sa venue. Après la célébration du deuil, très codifiée, il repart en Corée. © les Fiches du Cinéma 2010 - N°1996-97
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Semaine du 24 novembre
Avec Choi Min-sik (Choi), Tsering Kipale Gurung (la femme de Dorgy), Tenjing Sherpa (le fils de Dorgy), Namgya Gurung (le père de Dorgy), Hamo Gurung (la mère de Dorgy), Tseptam Gurung (le frère de Dorgy), Ham Bahadur Sinjali (Dorgy).
L’Empire du Milieu du Sud Documentaire
de Jacques Perrin et Éric Deroo
Adultes / Adolescents
Avec la voix de Jacques Perrin (le narrateur).
Équipe technique Montage : Vincent Schmitt Musique : Cyrille Aufort Son : Katia Boutin
Production : Galatée Films, ECPAD et Gaumont Pathé Archives Producteurs : Jacques Perrin et Nicolas Dumont Distributeur : Les Acacias.
86 minutes. France, 2010. Sortie France : 24 novembre 2010. Visa d’exploitation : 89402. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SR SRD DTS. 30 copies.
Après celui de l’herbe, du ciel et de la mer, J. Perrin s’intéresse désormais au peuple vietnamien, depuis la colonisation française de 1865 jusqu’à la fin de la guerre du Vietnam. Le principal intérêt du film réside dans la somme d’images d’archives réunie.
Commentaire Une légende explique la création du Vietnam comme “une longue marche vers le sud”, depuis la Chine, au Nord, jusqu’à l’extrémité de la péninsule. Le pays fut longtemps envahi par les Chinois, avant de retrouver sa souveraineté. Le film de Jacques Perrin et Éric Deroo, qui s’appuie presque exclusivement sur des images d’archives, commence son récit à l’occupation française, en 1865, avec la création de la Cochinchine. Au début du XXe siècle, le cinéma immortalise les colons venus “civiliser” la population indochinoise. Chapeaux et costumes blancs impeccables, des moustachus bedonnants admirent les fondations d’une école et applaudissent un chant de bienvenue. À l’appui, des textes tant français que vietnamiens éclairent les sentiments des deux camps : ceux des Vietnamiens qui se méfient de ces Blancs qui ne prennent pas le soleil, et ceux des Français pour lesquels la colonisation est comme un “devoir”, un acte de générosité envers les peuples qui ont le privilège de les accueillir. Une campagne est lancée pour inciter les jeunes à explorer ces contrées hospitalières, dont rend compte encore une fois le témoignage de l’un d’entre eux, séduit par la possibilité de devenir un propriétaire quand en métropole il aurait dû se contenter d’un emploi de bureau et d’un deux-pièces. Tandis que les Vietnamiens travaillent à exploiter pour d’autres les richesses de leurs terres, les colons s’organisent une existence bien plus tranquille, travaillant quelques heures, profitant le reste du temps de loisirs de vacanciers. Séduits par les charmes du pays, ils s’ébahissent de la beauté des femmes et des parfums exotiques, embrassent © les Fiches du Cinéma 2010 - N°1996-97
© Éric Deroo
la synesthésie d’un pays chaleureux et coloré. La suite est connue. Abandonnée par les troupes pendant la Seconde Guerre mondiale, l’Indochine est envahie par les Japonais, “plus brutaux”. Lorsque la France revient, le peuple vietnamien n’est plus si décidé à se laisser dicter ses lois et Ho Chi Minh proclame en 1945 la République démocratique du Vietnam. S’ensuivront huit ans de combats auxquels la débandade suivant la bataille de Dien Bien Phu mettra fin, puis huit ans de guerre du Vietnam, où s’opposeront le communiste, au Nord, et libéralisme américain, au Sud. Le documentaire reste très évasif sur les périodes de guerre, et le spectateur n’en apprendra finalement pas grand-chose qu’il ne sache déjà. Car le film est moins une histoire du peuple vietnamien qu’une approche de leurs colonisateurs, une réflexion moins sur la “fierté” du pays, dont le récit nous rabâche les oreilles, que sur le fameux “mal jaune”, cette immense nostalgie qui frappa les Français à leur retour en France. Si cette absence d’informations concrètes peut s’avérer frustrante au terme du documentaire, le travail des deux réalisateurs reste une passionnante collection d’images d’archives, mises en lumière par des textes souvent très beaux et un montage amoureux, qui, à défaut de nous faire découvrir le Vietnam, nous donne envie d’aller à sa rencontre. M.Q. 22
Memory Lane Chronique
de Mikhaël Hers Équipe technique Scénario : Mikhaël Hers et Mariette Désert Images : Sébastien Buchmann Montage : Pauline Gaillard 1er assistant réal. : Lucas Loubaresse Musique : David “Tahiti Boy” Sztanke Son : Dimitri Haulet, Claire-Anne Largeron et Laurent Gabiot Décors : Catherine Cosme
(Dominique, une copine de Cédric), Morgane Rouault (Audrey, la fille de Dominique), Jeanne Candel (Claire, la sœur de Vincent), Hubert Benhamdine (l’ex de Céline).
Costumes : Catherine Cosme Casting : Amandine Escoffier Production : Les Films de la Grande Ourse Productrice : Florence Auffret Distributeur : Ad Vitam.
98 minutes. France, 2010. Sortie France : 24 novembre 2010. Visa d’exploitation : 119567. Format : 1,85 - Couleur - Son : DTS. 50 copies.
Volontairement avare en événements dramatiques, ce film mélancolique dépeint par petites touches une réalité mouvante, entre Paris et sa province, entre l’adolescence et l’âge adulte, entre l’ennui et les plaisirs simples du quotidien.
Commentaire Film “de bande”, Memory Lane choisit de s’intéresser à une catégorie sociale peu représentée au cinéma, la classe moyenne de la banlieue Ouest de Paris, en suivant le quotidien de plusieurs jeunes actifs. Le temps a passé et seuls les souvenirs les lient encore. Voilà donc ce petit groupe (incarné par une série d’acteurs issus de divers conservatoires de théâtre) réuni le temps d’un été durant lequel ils vont traverser, pour certains de véritables drames (l’imminence de la mort d’un proche, la dépression), pour d’autres des événements plus heureux comme la naissance d’une histoire d’amour. Mikhaël Hers, dont c’est le premier long-métrage, pose sa caméra dans le parc de Saint-Cloud avant de suivre ses personnages dans leurs activités, depuis leurs sorties nocturnes jusqu’à leurs rendez-vous à la piscine. Du quotidien naît un rythme particulier, une certaine idée de la nostalgie - une voix off introduit le film comme une série de moments passés - qui entraîne incidemment le spectateur dans la réalité tranquille de ce mois d’août francilien. Pudique, la mise en scène choisit de rester à distance de ses personnages, laissant le spectateur choisir de se laisser cueillir ou non par cette atmosphère en suspens, soutenue par une bande-son pop mélancolique. À force de ne faire qu’effleurer les sujets du film, Hers risque de laisser à distance également ses spectateurs. Et si pour certains cette chronique douce-amère a le charme éthéré d’un clip de Air, elle peut avoir pour d’autres la candeur agaçante d’une publicité pour les produits laitiers. M.Q.
© Les Films de la Grande Ourse
Résumé Céline, qui travaille à Bourges, vient passer l’été auprès de ses parents et de sa sœur, Muriel, dans la banlieue parisienne où elle a grandi. Pendant ce temps, Vincent et Christelle répètent avec leur groupe de musique dans la cour du collège où Vincent vit avec sa mère, gardienne. Le soir, tous ces amis se retrouvent dans le jardin d’une vieille maison, dans laquelle vit Raphaël. Ils s’amusent en jouant au ping-pong et font une bataille d’eau. Pendant la journée, les garçons vont à la piscine, tandis que Céline fait des courses avec sa mère et s’inquiète de la santé de son père. En se promenant dans un parc, elle rencontre un ami à qui elle confie que son père est atteint d’une maladie incurable.
Dénouement Les jours passent. Vincent travaille à la médiathèque municipale où il reçoit la visite de musiciens. La bande d’amis passe la soirée à Paris, où ils rejoignent une fête privée d’où ils ne reviennent qu’à l’aube. Christelle est invitée chez Vincent et rencontre sa mère et sa sœur. Vincent et Christelle visitent le collège et couchent ensemble dans le gymnase. Muriel va trouver Raphaël et découvre qu’il est complètement dépressif. Lors d’une sortie à deux, Muriel parle avec son père, très ému. Le groupe de Vincent et Christelle répète pour son prochain concert dans un auditorium. Vincent et Christelle passent du temps ensemble. Raphaël se suicide. Le temps reprend son cours. © les Fiches du Cinéma 2010 - N°1996-97
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Semaine du 24 novembre
Avec Thibault Vinçon (Vincent), Lolita Chammah (Muriel), Dounia Sichov (Christelle), Stéphanie Déhel (Céline), David Sztanke (Florent), Thomas Blanchard (Raphaël), Louis-Ronan Choisy (Cédric), Didier Sandre (François, le père des deux sœurs), Bérangère Bonvoisin (Jeanne, la mère des deux sœurs), Marie Rivière (Aude, la mère de Vincent), Caroline Baehr
Adultes / Adolescents
Le Nom des gens Comédie politique
de Michel Leclerc Avec Jacques Gamblin (Arthur Martin), Sara Forestier (Bahia Benmahmoud), Zinedine Soualem (Mohamed Benmahmoud), Carole Franck (Cécile Benmahmoud), Jacques Boudet (Lucien Martin), Michelle Moretti (Annette Martin), Cyrille Andrieu-Lacu (David Cohen, le grand-père d’Arthur), Laura Genovino (Bahia, à 10 ans), Camille Gigot (Arthur, enfant),
Adultes / Adolescents
Équipe technique Scénario : Baya Kasmi et Michel Leclerc Images : Vincent Mathias Montage : Nathalie Hubert 1er assistant réal. : Mathieu Vaillant Musique : Jérôme Bensoussan et David Euverte Son : Sophie Laloy, Emmanuel Augeard et François Groult Décors : Jean-Marc Tran Tan Ba Costumes : Mélanie Gautier
Zakariya Gouram (Hassan Hassini), Rose Marit (Annette, à 7 ans), Nabil Massad (Nassim), Antoine Michel (le photographe), Adrien Stoclet (Arthur, adolescent), Julia Vaidis-Bogard (Annette, à 30 ans), Régis Romele.
Maquillage : Natali Tabareau-Vieuille Casting : Aurélie Guichard Production : Delante Films, Karé Productions et TF1 Droits Audiovisuels Producteurs : Caroline Adrian, Antoine Rein et Fabrice Goldstein Dir. de production : Marianne Germain Distributeur : UGC.
104 minutes. France, 2010. Sortie France : 24 novembre 2010. Visa d’exploitation : 119454. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SR SRD.
Comédie parfaitement enlevée, cette rencontre explosive d’un jospiniste sérieux et d’une militante gauchiste à la méthode aussi inédite que décomplexée est d’une réjouissante liberté de ton. À prescrire sans modération en cette époque désenchantée.
Commentaire Les patronymes sont parfois trompeurs. On peut s’appeler Martin et descendre par sa mère de juifs grecs tout comme se nommer Bahia Benmahmoud et être d’une suave blondeur scandinave. C’est en partant de ce constat autobiographique que le réalisateur M. Leclerc et sa compagne et scénariste B. Kasmi ont inventé cette virevoltante comédie, pleine de trouvailles narratives où la tendresse le dispute à la loufoquerie et l’excès à la générosité. Des scènes d’exposition, dont la forme n’est pas sans rappeler ...Amélie Poulain, le maniérisme en moins, à la rencontre explosive des univers antagonistes des deux héros, les auteurs nous entraînent dans une succession de séquences hautement réjouissantes, au rythme aérien. Les dialogues, vifs, incisifs et jouissifs, sont servis par des comédiens idéalement choisis, que l’on sent en parfaite harmonie. J. Gamblin, quadragénaire un tantinet coincé mais néanmoins passionné, se laisser emporter par le grand huit d’une S. Forestier délicieusement extravertie, qui promène sa gracieuse nudité avec une désarmante désinvolture. Son énergie et sa sincérité emportent sur leur passage ce que le personnage pourrait avoir d’outrancier. Quant aux parents, ils sont tout bonnement craquants, chacun dans leur style. Le film s’offre même l’apparition malicieuse d’un ancien premier ministre. C’est peu dire qu’on sourit : on rit avec gratitude de cette bienveillante auto-dérision qui nous réconcilie avec un certain enthousiasme de gauche. Cocasse, rafraîchissante et intelligente, cette comédie, où même la gravité se transforme en pirouette, est à recommander à tous. M.D.
© Michael Crotto
Résumé Paris, 1961 : Lucien et Annette Martin donnent naissance à... Arthur ! Annette n’évoque jamais la judéité de ses parents disparus dans les camps. Arthur devient vétérinaire, spécialiste du principe de précaution appliqué aux volatiles. Un jour, Arthur, jospiniste convaincu, rencontre la jeune Bahia, née d’un père émigré algérien (peintre en bâtiment, artiste amateur doux et conciliant) marié à une militante féministe (gauchiste et altermondialiste, qui a trouvé dans cet amour l’occasion de racheter un peu les fautes de son pays !). Leur rencontre est un choc des cultures : autant l’un est sérieux et rigide, autant l’autre est brouillonne, directe et libérée.
Dénouement Abusée enfant par son professeur de piano, Bahia a converti son traumatisme en stratégie politique : elle couche avec un maximum de “fachos” pour les ramener à la raison de gauche. Leur amour réciproque fait des étincelles. Bousculé par l’ouragan Bahia, Arthur sort, non sans douleur parfois, de lui-même. Mais, par son jusqu’auboutisme militant, Bahia finit par perdre Arthur, pourtant tolérant (au point d’accepter qu’elle épouse un sans-papier !). Le décès d’Annette pousse Arthur à appréhender de front son identité juive. Après avoir décrédibilisé un leader radical religieux, Bahia écrit un livre sur son expérience. Lors d’une séance de dédicace, ils se retrouvent. Quelque mois plus tard, le soir de l’élection de Sarkozy, Bahia accouche d’un petit Shlomo Martin Benmahmoud ! © les Fiches du Cinéma 2010 - N°1996-97
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Outrage (Autoreiji) Film de yakuza
de Takeshi Kitano
Adultes / Adolescents
Équipe technique Scénario : Takeshi Kitano Images : Katsumi Yanagijima Montage : Takeshi Kitano et Yoshinori Ôta 1er assistant réal. : Hirofumi Inaba Scripte : Kumiko Yoshida Musique : Keiichi Suzuki Son : Senji Horiuchi Décors : Norihiro Isoda Costumes : Kazuko Kurosawa Maquillage : Masako Hosokawa Casting : Takefumi Yoshikawa
Emoto (Emoto), Sîchirô Kitamura (Kan’nai), Akiko Kobayashi (Mamasan), Kenji Morinaga (Abe), Yuya Takayama et Tsutomu Tsuji (les flics), Junko Nakamura, Yukiyo Tanahashi, Tadashi Sakata, Masaki Miura, Jun’ichi Nitta, Kenji Ohhara, Tomo Uchino, Eihi & Kippei Shiina, Takashi Tsukamoto, Tetta Sugimoto, Naoko Watanabe, Kenta Elizabeth III, Makita Sports.
Production : Bandai Visual, TV Tokyo, Omnibus Japan et Office Kitano Producteurs : Masayuki Mori et Takio Yoshida Producteurs exécutifs : Shinji Komiya et Makoto Kakurai Producteurs associés : Katsuji Umezawa, Tadao Hanahi et Yoshinori Takeda Distributeur : Metropolitan Filmexport.
109 minutes. Japon, 2010. Sortie France : 24 novembre 2010. Visa d’exploitation : 127706. Interdiction en cours. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD.
Petits mensonges innocents, coups de poignards dans le dos et veuleries en tout genre : voilà pour le retour de Takeshi Kitano au film de yakuza. Mais s’agit-il de la dénonciation désespérée d’un système gangrené par l’appétit du pouvoir, ou d’une farce virtuose ?
Commentaire Depuis Zatoichi en 2003, Takeshi Kitano s’est consacré à une trilogie où il mettait en scène ses interrogations sur les formes d’art qu’il pratique : interprétation (Takeshis’), réalisation (Glory to the Filmmaker !) et peinture (Achille et la tortue). Et voilà que, dix ans après Aniki mon frère, le Japonais se replonge dans un pur film de yakuza. Mais Kitano a changé, et le film de yakuza qu’on lui réclamait n’a rien de pur : il se transforme en un étrange croisement entre docu-fiction - sur les manœuvres politiques au sein des clans yakuza - et bouffonnerie grotesque à la limite de l’abstraction. Dans un univers où le seul représentant de la justice est corrompu jusqu’à l’os (et donc inexistant), les yakuzas sont livrés à eux-mêmes, libres de se laisser dévorer par leurs luttes intestines, leurs vengeances froides ou leur appétit du pouvoir. Dans Outrage, l’argent a perdu son emprise sur les hommes, et n’est plus qu’une excuse. Le seul enjeu, désormais, est de posséder - littéralement le pouvoir, qui permet de jouer avec les hommes comme on joue aux échecs. Du coup, la démonstration de Kitano, construite en deux temps, souffre d’une brutale rupture de rythme : on passe de stratagèmes politiques alambiqués à un déferlement de violence disproportionnée. La seule logique restant l’attrait incommensurable du pouvoir... Mais si le cinéaste prend un malin plaisir à filmer ses gangsters comme des enfants mal élevés, accumulant les bêtises jusqu’à ce que les “traditions” les rattrapent, son énergie et son humour, d’ordinaire virtuoses, ne sont ici jamais vraiment communicatifs. Mi.G.
© Office Kitano
Résumé Les chefs yakuza de l’organisation Sanno se réunissent sous l’égide du grand patron. Kato, le bras droit de celui-ci, réprimande Ikemoto pour ses liens avec Murase, qui trempe dans la drogue. Or, Ikemoto a un pacte avec Murase. Il demande donc à Ôtomo d’installer un bureau sur le territoire de Murase et de provoquer un incident. Après avoir payé un pot-de-vin à l’inspecteur Kataoka, Ôtomo passe à l’action : l’un de ses hommes est escroqué par ceux de Murase. Murase envoie son second, Kimura, présenter ses excuses.
Dénouement Ôtomo lui lacère le visage. Kimura s’enfuit après avoir déclenché une série de règlements de compte. Sur ordre du grand patron, Murase doit se retirer, et Ikemoto hérite de son territoire. Le trafic de drogue prospère, et l’un des hommes d’Ôtomo, Ishihara, ouvre un casino en forçant la main d’un ambassadeur africain. Mizuno, le bras droit d’Ôtomo, découvre que Murase a repris ses trafics. Avec l’accord du grand patron, Ikemoto ordonne à Ôtomo de l’éliminer... puis il exclut Ôtomo de l’organisation. Le grand patron promet le clan à Ozawa, le bras droit d’Ikemoto, et à Ôtomo, qui exécute Ikemoto. Sur ordre du grand patron, Kato fait éliminer tous les hommes d’Ôtomo, y compris Mizuno. Seul Ishihara, qui les a trahis, est épargné. Pour sauver sa peau, Ôtomo se laisse arrêter par Kataoka. Kato tue Ozawa puis le grand patron. En prison, Ôtomo est tué par Kimura. Kato est devenu le grand patron, avec Ishihara comme bras droit. Kataoka obtient une promotion. © les Fiches du Cinéma 2010 - N°1996-97
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Semaine du 24 novembre
Avec “Beat” Takeshi (Ôtomo), Kippei Shiina (Mizuno), Ryo Kase (Ishihara), Tomokazu Miura (Kato), Jun Kunimura (Ikemoto), Tetta Sugimoto (Ozawa), Takashi Tsukamoto (Izuka), Hideo Nakano (Kimura), Renji Ishibashi (Murase), Fumiyo Kohinata (l’inspecteur Kataoka), Soichiro Kitamura (Monsieur le Président), Yuka Itaya (la femme d’Ôtomo), Tomokazu Miura (Katô), Tokio
Quartier lointain Conte
de Sam Garbarski Avec Léo Legrand (Thomas Verniaz, adolescent), Jonathan Zaccaï (Bruno Verniaz), Alexandra Maria Lara (Anna Verniaz née Zorn), Pascal Greggory (Thomas Verniaz, adulte), Laura Martin (Sylvie Dumontelle), Laura Moisson (Corinne Verniaz), Pierre-Louis Bellet (Rousseau), Laurence Lipski (Rachel), Tania Garbarski (Nelly), Théo Dardenne (Chabrot), Louis Bianchi (Godin,
Adultes / Adolescents
Équipe technique Scénario : Jérôme Tonnerre, Sam Garbarski et Philippe Blasband, d’après le manga Harukana machi’e de Jirô Taniguchi (1998-2009) Images : Jeanne Lapoirie Montage : Ludo Troch 1er assistant réal. : Jim Probyn Musique : Air (Jean-Benoît Dunckel et Nicolas Godin) Son : Carlo Thoss Costumes : Anaïs Romand
adolescent), Augustin Lepinay (Jules), Pauline Chappey (Emma), Juliette Lembrouk (Alice), Évelyne Didi (Mémé Yvette), Sophie Duez (Catherine), Lionel Abelanski (Godin, adulte), Patrick Zimmermann (le docteur Dumontel), Jean-François Wolff (le surveillant), Charlie Dupont, Jacques Berenbaum, Odile Mathieu, Clément Chebli.
Effets visuels : Marc Umé Production : Entre Chien et Loup, Archipel 35, Samsa Film et Pallas Film Coproduction : Les Ateliers de Baere, RTBF et Rhône-Alpes Cinéma Producteurs : Diana Elbaum, Karl Baumgartnet, Denis Freyd, Thanassis Karathanos, Jani Thiltges et Sébastien Delloye Distributeur : Wild Bunch.
98 minutes. Belgique - France - Luxembourg - Allemagne, 2010. Sortie France : 24 novembre 2010. Visa d’exploitation : 122241. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SR SRD.
Les personnages du manga de Jirô Taniguchi transportés en France dans les années 1960 par un réalisateur belge. L’évocation d’un rêve permettant de corriger les imperfections du passé. Le résultat : une adaptation édulcorée de sa poésie.
Commentaire Adaptation du manga éponyme de Jirô Taniguchi, Quartier Lointain est le troisième long métrage de Sam Garbarski (auteur du Tango des Rashevski et de Irina Palm). Avec ses deux coscénaristes, Philippe Blasband et Jérôme Tonnerre, Garbarski réussit le tour de force de transposer l’histoire de ce manga se déroulant originellement dans les années 1960 au Japon, en France dans les mêmes années. Sur le papier, ce défi pouvait sembler audacieux et même impossible à réaliser sans que le déroulement de l’histoire en soit profondément modifié. Pourtant, Sam Garbarski y parvient en conservant l’aspect formel du manga de Taniguchi. Il s’accorde néanmoins quelques libertés, comme celle de faire connaître au personnage principal le départ brutal de son père dès le début de son retour dans le passé, ou de mêler ses propres souvenirs. L’importance accordée au choix des cadres, à la mise en scène, au décor, participent de cette réussite. Mais si la forme est respectée, l’esprit l’est cruellement moins. Car le succès rencontré par Jirô Taniguchi provient non pas de la singularité de l’histoire qu’il raconte mais assurément de la manière avec laquelle il la raconte. Ce qui a touché les lecteurs de Quartier Lointain, l’essence même de ce manga, c’est la poésie avec laquelle Taniguchi est parvenu à transcrire l’indicible, ce qui se dégage des images au-delà des mots. Sur ce point précis, Sam Gabarski échoue et son adaptation relève plus de la coquille vide que de l’épure, malgré une distribution honorable et une bande-son composée par Air. G.Bo.
© Patrick Muller
Résumé Thomas, la cinquantaine, vit à Paris auprès de son épouse et de ses deux enfants. Il est auteur de mangas. En revenant d’un festival consacré à la bande dessinée, Thomas se trompe de train et s’aperçoit qu’il se dirige vers sa ville natale, Nantua. Thomas descend alors du train et erre dans la ville déserte, à la recherche des lieux familiers de son enfance. Il se rend au cimetière, sur la tombe de sa mère. Thomas est alors pris d’un malaise. Lorsqu’il reprend ses esprits, il s’aperçoit que son apparence a changé : il est dans son corps de jeune homme de 14 ans. Thomas se relève, sort du cimetière. Ses pas le portent vers le domicile de ses parents, où il retrouve sa mère et sa petite sœur, mais également son père, dont il sait qu’il va disparaître brutalement quelques mois plus tard, sans plus jamais donner signe de vie.
Dénouement Thomas reprend le chemin des cours et sa vie de collégien avec ses copains. Il retrouve également Anna, la jeune fille dont il était éperdument amoureux et qu’il n’avait jamais osé aborder. Fort de son expérience, il va à sa rencontre. Mais il est difficile d’influer sur son passé et Thomas ne parvient pas à convaincre son père de ne pas quitter sa famille. Il ne réussit pas non plus à vivre pleinement sa relation avec Anna. Triste, saoul, Thomas se rend au cimetière sur le caveau familial et s’endort. Lorsqu’il se réveille, il a retrouvé son corps d’homme. © les Fiches du Cinéma 2010 - N°1996-97
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Tribulations d’une amoureuse sous Staline (Rewers) Comédie dramatique
de Borys Lankosz
Adultes / Adolescents
Équipe technique Scénario : Andrzej Bart Images : Marcin Koszalka Montage : Wojciech Anuszczyk Musique : Wlodek Pawlik Son : Maria Chilarecka et Aleksander Musialowski Décors : Magdalena Dipont et Robert Czesak Costumes : Magdalena Biedrzycka Maquillage : Miroslawa Wojtczak et Ludmilla Krawczyk
Poniedzialek (les officiers), Joachim Lamza (le général Wiktor), Olena Leonenko (la femme du général Wiktor), Marek Probosz (Jason), Justyna Grzybek (Zofia), Klara Bielawka, Pawel Tchórzelski, Agata Zalecka, Grzegorz Emanuel, Krystyna Tkac, Alicja Dabrowski, Wojciech Skibinski, Maciej Dancewicz, Grzegorz Mongialo, Jerzy Moes, Jolanta Olszewska.
Production : Kadr Film Studio Coproduction : Syrena Films et WFDiF Producteur : Jerzy Kapuscinski Coproducteurs : Waldemar Leszcynski, Andrzej Serdiukow et Wlodzimierz Niderhaus Dir. de production : Józef Jarosz Distributeur : KMBO.
99 minutes. Pologne, 2009. Sortie France : 24 novembre 2010. Visa d’exploitation : 127026. Format : Scope - Couleur et Noir & Blanc - Son : Dolby SRD. 50 copies (vo).
Tribulations : épreuves, tourments physiques ou moraux. C’est bien ce dont il s’agit dans ce récit sombrement drôle des amours d’une pure jeune fille sous le régime stalinien en Pologne. Ce mélange formel de genres répertoriés est une réjouissante réussite.
Commentaire Auteur précédemment de quelques documentaires et courtes fictions, Borys Lankosz pourrait bien se révéler avec ce premier long métrage l’un des chefs de file du jeune cinéma polonais. En cinéphile cultivé, il réalise ici, sur un excellent scénario de l’écrivain Andrzej Bart, une sorte de mélo à l’humour noir et tendre à la fois. Tout en conservant l’homogénéité du récit, il jongle et joue avec plusieurs genres codifiés, de la comédie bourgeoise et familiale au film noir, de la satire politique à la romance burlesque, en toute fluidité. Malgré cet aspect “exercice de style multiple”, il réussit à garder une certaine liberté de ton et ne se prive de rien, en témoigne un dîner calamiteux avec un prétendant, ou la comique et longue agonie de Bronislaw, hommage plaisant au cinéma muet, tout comme l’émouvante séquence des retrouvailles, quasi parodie de mélodrame hollywoodien. Sa caméra n’hésite jamais sur les grands classiques et assume, comme à l’école mais avec bonheur, la panoplie des travelings, plongées et contre-plongées, plans rapprochés, incises d’archives... dans un Noir & Blanc historique et entaillé, puis clôt par la couleur contemporaine. Les trois comédiennes polonaises, hélas peu connues en France, servent formidablement ce trio générationnel dont on devine, à quelques répliques, que le régime stalinien ne leur a pas fait de cadeaux mais que la vie leur importe plus que tout. Bien que parfois le rythme fléchisse un peu, la paradoxale originalité de ce pastiche ludique séduit par sa capacité à ne pas étouffer la palette des sentiments en jeu sous ses contraintes formelles. M.D.
© Kadr Film Studio
Résumé Varsovie, 1952. Sabina, sa mère Irena et sa grand-mère vivent dans l’appartement que leur a obtenu, après la confiscation de leurs biens, Arkad, le frère de Sabina, jeune peintre officiel dont l’atelier est voisin. Employée d’une maison d’édition en section poésie, Sabina aime bien son directeur, Barski. Lorsque le régime interdit de posséder de l’or, Sabina use secrètement de son tube digestif à courir pour cacher leur dollar en or. Sa mère et sa grand-mère souhaitant qu’elle se marie, Sabina consent à quelques rendez-vous, puis succombe au séduisant et troublant Bronislaw. Plein d’attentions, il se désole de son inculture due, dit-il, à la guerre.
Dénouement Un après-midi où Irena s’est éclipsée, Bronislaw déflore brutalement Sabina et dévoile sa nature. Agent de la Sécurité, il sait le secret de Sabina et veut l’épouser afin qu’elle espionne Barski. Atterrée par cette révélation, elle l’empoisonne avec une des fioles de sa mère, autrefois pharmacienne. À son retour, celle-ci, aidée de sa fille, hisse le cadavre chez Arkad, absent, et le dissout dans la baignoire. Revenu inopinément, Arkad est mis au courant. Sabina enterre les restes dans le chantier du Palais. Peu après, convaincue par ses mère et grand-mère, elle garde l’enfant qu’elle attend. La mort de Staline réjouit les trois femmes. Aujourd’hui très âgée, Sabina accueille son fils, Marek, qui vit aux États Unis. Sa mère l’a élevé dans le culte d’un père héros de la résistance. © les Fiches du Cinéma 2010 - N°1996-97
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Semaine du 24 novembre
Avec Agata Buzek (Sabina Jankowska), Krystyna Janda (Irena Jankowska, la mère), Anna Polony (la grand-mère), Marcin Dorocinski (Bronislaw Falski), Adam Woronowicz (Monsieur Józef), Bronislaw Wroclawski (le directeur Barski), Lukasz Konopka (Arkadiusz “Arkadek” Jankowski, le frère), Blazej Wójcik (Marcel Wodzicki, le poète), Jerzy Bonczak et Jacek
Autres films en bref
Boogie
Cheminots
(Boogie, el aceitoso) de Gustavo Cova (83 minutes. Argentine, 2009) Scn. : Marcelo Paez-Cubells, d’après la bandedessinée de Roberto Fontanarrosa. Mon. : Andrés German Fernández. Anim. : Sebastian Ramseg. Mus. : Diego Monk. Production : Illusion Studios et Proceso. Prod. : Hugo E. Lauría et José Luis Massa. Dist. : Colifilms Diffusion. Sortie France : 17 novembre 2010 Avec les voix originales de Pablo Echarri (Boogie), Nancy Dupláa (Marcia), Nicolás Frías (Jim Blackburn), Marcelo Armand (Jones), Rufino Gallo (Sony Calabria), Diego Brizzi.
Les Contes de la ferme
de Luc Joulé et Sébastien Jousse (81 minutes. France, 2010) Scn. : Luc Joulé et Sébastien Jousse. Im. : Sébastien Jousse. Mon. : Franck Littot. Production : Comité d’Établissement Cheminots PACA et Shellac. Prod. : Emmanuel Durand et Bruno Jourdan. Dist. : Shellac. Sortie France : 17 novembre 2010 (Visa n°125397)
(Pribehy ze statku) de Hermína Tyrlová (38 minutes. République Tchèque, 1971-1974) Mon. : Jaroslav Petrik. Anim. : Jindrich Liska. Mus. : Milos Horak. Production : Krakty Film. Dist. : KMBO. Sortie France : 10 novembre 2010 (Visa n°127805. 18 copies - vo)
Boogie est réputé pour être le meilleur tueur à gage argentin. Jusqu’au jour où Jim Blackburn, son jeune rival expert en arts martiaux, est engagé à sa place pour éliminer un témoin qui dérange le mafioso Sonny Calabria, et qui n’est autre que son ex-petite amie. Face à la concurrence, Boogie compte bien imposer sa méthode - tirer, tirer, et re-tirer - dans le tas d’abord, dans tous les sens du terme ensuite. Vulgaire, violent, machiste, sadique et sans scrupules, Bougie incarne tous les lieux communs attendus d’un assassin, de manière extrême. Il agit de sang-froid mais n’en a pas moins le tempérament chaud. Sélectionné au Festival de Biarritz et au Festival d’animation d’Annecy, Boogie est la première production argentine en 3D exportée à l’étranger. Il s’agit de l’adaptation de la bande-dessinée de R. Fontanarrosa. Le film n’atteint pas la dimension comique de son modèle, et ne donne pas de sens à cet enchaînement de courses-poursuites bruyantes et ennuyeuses. Il faut voir de l’humour noir à travers ce personnage provocateur et sa violence poussée à l’extrême, mais la dimension parodique échoue par orgueil, en prenant ses effets esthétiques un peu trop au sérieux, et en voulant constamment en mettre plein la vue. De plus, le mélange de 2D (pour les personnages) et de 3D (pour les décors) ne fait que renforcer la migraine produite par le brouhaha des explosions, ou les crissements de pneus... Sans vouloir céder à la vulgarité assumée du film, et en dépit du taux de testostérone affiché, tout cela n’a ni queue ni tête !
Cheminots est un documentaire pertinent par rapport à son époque, qui plonge en plein cœur d’un milieu - celui des cheminots -, de ses traditions et de ses inquiétudes. Cependant, il le fait à travers la privatisation en cours de la SNCF, et les changements qu’elle induit dans la profession. L’une des séquences fortes du film montre d’ailleurs une projection de The Navigators, le film que Ken Loach a consacré à la même réforme au Royaume-Uni, devant des employés inquiets et nerveux. Cheminots prend comme fil rouge des entretiens successifs, dans plusieurs branches du métier des rails, après un bref rappel de l’histoire de la profession. Tous les intervenants parlent de leur quotidien, avant d’évoquer les profondes mutations advenues à la suite des privatisations progressives. Manque de communication, absence d’un esprit d’équipe, séparation des équipes (désormais parfois concurrentes) créant malentendus et retards là ou, avant, la solidarité pouvait pleinement fonctionner : tout cela aboutit donc à une gestion bien plus hasardeuse que par le passé. Chacun parle du sacerdoce, de la fierté ressentie à l’idée d’appartenir à une institution aussi prestigieuse, et de la perte progressive de cette fierté face à ces mutations. Si la démonstration est subjective, la volonté des cinéastes de donner la parole aux intervenants sans les censurer permet d’éviter une certaine démagogie et de faire surgir un vrai débat de fond, un peu biaisé mais passionnant, sur le sujet. D’une facture classique, le film tire sa force de sa capacité à élargir le débat pour y inclure, sans forcer, toutes les angoisses actuelles sur la mondialisation et le désengagement progressif de l’État.
Parce que l’âne de la ferme est triste, tous les autres animaux vont tenter de lui redonner le goût de la vie. Madame Cane est fière de sa progéniture, mais l’un des canetons n’est pas comme les autres : il a une crête ! Le chien de la ferme est triste : il rêve de la jolie chienne du voisin, qu’il aimerait rejoindre. Le petit veau risque bien d’être victime de son désir de s’amuser en liberté. Le chien est bien agressif contre les animaux sauvages, pourtant pacifiques, qui entourent la ferme. Quelque peu oubliée, mal connue en Europe occidentale malgré les succès de Ferda la fourmi (1943) ou de La Révolte des jouets (1947), Hermína Tyrlová (disparue en 1993 à l’âge de 93 ans) fut une pionnière de l’animation tchèque. Réalisatrice d’une soixantaine de films destinés au jeune public, elle devint une spécialiste des marionnettes et des papiers, bois ou tissus découpés : c’est cette dernière technique qu’elle adopta pour ces cinq films, parmi les plus récents qu’elle réalisa. Cinq petits contes, qui mettent en scène toute la faune traditionnelle des fermes de rêve, une ribambelle d’animaux “sauvages” qui l’entoure et la rejoint, ainsi que, parfois, quelques humains. On est donc ici dans un univers volontairement idyllique, créé par le dessin naïf des personnages, le choix de la matière (des toiles souvent grossières) et des couleurs, une absence totale de réalisme, et des histoires par trop répétitives où, finalement (à part un serpent !), tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil... On sait que dans les productions destinées au très jeune public, la gentillesse vire aisément à la mièvrerie. C’est, hélas, souvent le cas ici, particulièrement dans le mal titré La Ferme en fête : seul en réchappe pleinement Le Chien rêveur, de loin le moment le plus réussi de cette sélection.
C.L.L.
S.G.
Ch.B.
© les Fiches du Cinéma 2010 - N°1996-97
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Création
Magma
(Creation) de Jon Amiel (108 minutes. Royaume-Uni, 2009) Scn. : John Collee, avec la collaboration de Jon Amiel, d’après l’ouvrage Annie’s Box de Randal Keynes. Im. : Jess Hall. Mon. : Melanie Oliver. Mus. : Christopher Young. Production : RPC pour Ocean Pictures et BBC Films. Prod. : Jeremy Thomas. Dist. : Mars Distribution. Sortie France : 17 novembre 2010 Avec Paul Bettany (Charles Darwin), Jennifer Connelly (Emma Darwin), Toby Jones (Thomas Huxley), Jeremy Northam (le révérend John Innes), Benedict Cumberbatch, Ian Kelly.
de Pierre Vinour (98 minutes. France, 2010) Scn. : Pierre Vinour et Pascal Mieszala. Im. : Éric Weber. Mon. : Emmanuel Jambu. Mus. : Zone Libre. Production : Les Enragés. Prod. : Aurélie Bordier et Pierre Vinour. Dist. : Les Enragés. Sortie France : 17 novembre 2010 (Visa n°112168) Avec Mehdi Nebbou (Paul Neville), Natacha Régnier (Christie Neville), Arly Jover (Ainhoa Javier, la voisine), Lise Tiersen (Audrey Neville), Aurélien Recoing (le commissaire Darcy), Brigitte Barilley.
1858. Charles Darwin reçoit la visite de son ami scientifique Joseph Hooker. Celui-ci est accompagné de Thomas Huxley, qui admire les recherches que Charles mène depuis plusieurs années sur l’évolution des espèces. Huxley l’incite à publier et “tuer Dieu”, mais Charles ne parvient pas à finir son ouvrage. Depuis la mort de sa fille aînée, Annie, en 1851, il est malade et dévasté. Sa femme, Emma, très pieuse, s’inquiète autant pour sa santé que pour son âme, et ne soutient pas ses travaux. Charles revoit souvent Annie, à qui il racontait ses explorations ou sa rencontre avec l’orang-outang Jenny. Avec ses décors travaillés, sa réalisation et sa photographie soignées, Création de J. Amiel (Copycat, Haute voltige) aurait pu être un biopic très classique si le scénariste J. Collee n’avait choisit de se concentrer sur une période et des aspects précis de la vie du scientifique. En effet, il a préféré aborder la vie privée de Darwin : le drame survenu dans sa famille et ses relations avec son épouse très pieuse. Création est avant tout le portrait émouvant d’un homme dévasté. La construction du récit en flash-backs, et la manière dont sont entremêlés les récits extraordinaires qu’il contait à sa fille est efficace. P. Bettany est aussi convaincant dans les périodes heureuses qu’au bord de la folie, et la présence à ses côtés de sa femme, J. Connelly, n’est pas qu’un argument marketing puisqu’il souligne la complicité, malgré leurs divergences, entre Darwin et son épouse. Pourtant, malgré la délicatesse de ce portrait, on reste assez frustré de ne pas assister d’avantage à l’élaboration des réflexions de Darwin.
Paul Neville arrive en Auvergne pour présenter à des Américains son projet, sur lequel il travaille depuis des années, en concurrence avec les Chinois. Neville est prêt mais se terre dans sa chambre d’hôtel : il confie à ses collègues qu’il souffre d’agoraphobie. Il se rapproche de sa voisine, une belle et mystérieuse Espagnole, avec laquelle il a une aventure. Elle lui avoue alors que son mari est jaloux et l’a menacée. Un soir, alors que Neville est victime d’une attaque d’agoraphobie, il voit dans son délire le corps de la jeune femme transporté par un inconnu. Le lendemain, elle a disparu et le projet a été donné aux Chinois. Deuxième long métrage d’un auteur à mi chemin entre l’expérimental et le cinéma traditionnel, Magma constitue une anomalie notable et méritoire dans la production française. Le film se place en effet dans une tradition plutôt américaine, proche de Lynch et du “film cerveau”. Or, Magma semble assez convenu dans le cadre d’un cinéma d’auteur américain, tel que pratiqué par Lynch donc, mais aussi parfois par les Coen ou Kubrick. La réalisation plonge ainsi dans les obsessions du chercheur, dont le paysage mental est parfaitement relayé par le choix judicieux de l’aride Auvergne, cinégénique et trop peu exploitée au cinéma. La musique se met au diapason du dispositif avec une bande-son dissonante et inquiétante composée par le guitariste de Noir désir. Le tout se joue sur un registre de film noir, avec femme fatale, espionnage industriel et meurtre à la clef. Les intentions sont donc bonnes et l’ambition louable, mais le résultat se révèle finalement prévisible.
Mère au foyer quadra dans une banlieue chic du New Jersey, Sandy découvre, en visionnant une vidéo, que son mari la trompe. Elle le quitte et s’installe avec ses enfants, Sadie et Frank Jr., au cœur de New York, où elle a trouvé un poste d’analyste pour une chaîne sportive. Un jour, dans un café, elle rencontre Aram Finklestein, 25 ans. Aram ne s’est pas remis de sa rupture avec Alice, une Française qui l’a épousé pour obtenir une carte verte, et provoque le désespoir de ses parents, Harry et Roberta, en se cantonnant dans des petits boulots malgré de longues études. Plus tard, lors d’un cours d’auto-défense, Sandy revoit Aram et l’engage comme babysitter. Après le film choral Trust the Man, en 2005, Bart Freundlich se concentre sur le difficile réveil sentimental d’une mère au foyer idéale. Sans quitter le milieu très bourgeois et assez chic de son précédent opus, Freundlich promet un choc des générations, qui n’arrive hélas que tardivement et est sous-exploité, tant la relation de Sandy et Aram est vite acceptée par leur entourage. De fait l’enjeu du film est moins le babysitter du titre français que le “rebound” de l’original. Car pour l’héroïne, il s’agit de rebondir après l’échec de son mariage. Le film pourrait toucher juste si l’auteur ne s’efforçait pas de le placer sur le terrain de la comédie sentimentale, en en reproduisant les clichés et les passages obligés. Dès lors, le résultat est sans surprise, malgré les efforts de C. Zeta-Jones et J. Bartha. On pouvait pourtant attendre plus d’audace de Freundlich, depuis son incursion aux manettes de plusieurs épisodes de la sulfureuse série Californication.
An.B.
S.G.
Mi.G.
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Mon babysitter
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(The Rebound) de Bart Freundlich (94 minutes. États-Unis, 2009) Scn. : Bart Freundlich. Im. : Jonathan Freeman. Mon. : Christopher Tellefsen. Mus. : Clint Mansell. Production : A&F Productions. Prod. : Bart Freundlich, Tim Perell, Mark Gill et Robert Katz. Dist. : Studio 37 / Rezo Films. Sortie France : 17 novembre 2010 (Visa n°127875) Avec Catherine Zeta-Jones (Sandy), Justin Bartha (Aram Finklestein), Joanna Gleason (Roberta), Art Garfunkel (Harry), Andrew & Jake Cherry (Frank Jr.), Kelly Gould (Sadie).
Mords-moi : sans hésitation
Opération 118 318
(Vampires Suck) de Jason Friedberg et Aaron Seltzer (84 minutes. États-Unis, 2010) Scn. : Jason Friedberg et Aaron Seltzer. Im. : Shawn Maurer. Mon. : Peck Prior. Mus. : Christopher Lennertz. Production : New Regency et 3 In the Box. Prod. : Peter Safran, Jason Friedberg et Aaron Seltzer. Dist. : 20th Century Fox. Sortie France : 24 novembre 2010 (Visa n°127084) Avec Jenn Proske (Becca Crane), Matt Lanter (Edward Sullen), Diedrich Bader (Frank Crane), Christopher N. Riggi (Jacob White), Ken Jeong (Daro), Anneliese Van Der Pol (Jennifer), David DeLuise, Kelsey Ford, Dave Foley.
Sévices clients
Severn, la voix de nos enfants
de Julien Baillargeon (86 minutes. France, 2010) Scn. : Daive Cohen, David Azencot, Manuel Jacquinet et Booder. Im. : Raphaël Bauche. Mon. : Jean-François Élie. Mus. : Philippe Lees. Production : 118 Productions. Prod. : Manuel Jacquinet. Dist. : Artédis. Sortie France : 17 novembre 2010 (Visa n°124203. 80 copies) Avec Bruno Hausler (Mathieu Polivennes), Booder (Kader), Lionnel Astier (Segondas), Jackie Berroyer (l’agent Pôle-Emploi), Anouk Feral (Florence Jarry), Nicolas Ullmann (Ricky / Dunod), David Azencot (l’agent Locacar), Francis Coffinet (Jacques Léandri).
de Jean-Paul Jaud (120 minutes. France, 2010) Scn. : Jean-Paul Jaud. Im. : Jean-Paul Jaud et Cyril Thépenier. Mon. : Isabelle Szummy. Mus. : Gabriel Yared. Prod. : Béatrice Camurat Jaud et Lucile Moura. Dist. : J+B Séquences. Sortie France : 10 novembre 2010 (Visa n°121758. 32 copies) Avec Severn Cullis-Suzuki, Takao Furuno, Édouard Chaulet, Gilles-Éric Seralini, Sjoerd Wartena, Guy Kastler, Paul François, Nicolas Wisser, Benoît Biteau, Nicolas Hulot, Pierre Rabhi et la voix de Jean-Paul Jaud.
Becca, 17 ans, s’installe chez son père dans la ville de Sporks. Elle rencontre Jacob, un indien. Un pêcheur est tué par trois vampires. Becca entre au lycée, où tous se moquent d’elle. Elle est immédiatement attirée par Edward Scullen, membre d’une étrange famille. Pendant ce temps, les élèves organisent le bal de fin d’année, sur le thème des vampires. Edward sauve Becca d’un accident, et ils commencent à se fréquenter. Des épisodes de Twilight à leur parodie, il n’y avait qu’un tout petit pas que la Fox a franchi. Les spectateurs des films savent qu’il y a de la matière, et les réalisateurs de Mords-moi : sans hésitation, J. Friedberg et A. Seltzer (déjà responsables de plusieurs parodies) se sont finalement contenté d’ajouter quelques traits d’humour à l’histoire initiale. Leur principal mérite est donc d’avoir condensé en 1h30 les deux premiers films de la saga, en y ajoutant çà et là quelques gags, parfois drôles et souvent balourds. Pour le reste, les films sont plagiés dans les règles de l’art : de nombreuses scènes sont pratiquement identiques, et, surtout, les acteurs se sont attachés à reproduire les tics de leurs prédécesseurs. Si ce nouvel Edward, interprété par Matt Lander, est plutôt pâlot, Jenn Proske met en revanche toute son énergie à imiter les vagues à l’âme adolescents de Kristen Stewart. Elle prend le parti de jouer sérieusement son personnage, laissant aux metteurs en scène le second degré. Et c’est cette dichotomie qui amuse le plus dans cette parodie un peu paresseuse.
En région parisienne, Kader cherche du travail auprès de Pôle emploi. Pendant ce temps, Mathieu Polivennes, un énarque, rencontre son patron qui lui demande de partir pour l’Auvergne, où il doit remettre sur pied un centre d’appels afin d’éviter un plan social, et permettre ainsi à son patron de remporter les élections locales. Arrivé à Tence, il croise Kader, récemment embauché par le centre d’appel, et rencontre ses nouveaux collègues. Il se lie d’amitié avec Florence Jarry, qu’il emmène au restaurant. Mais Baltard, inspecteur du travail, décrète la fermeture administrative du centre. Le producteur et coscénariste du film, M. Jacquinet, a lui-même travaillé dix ans auprès de “call centers”, et s’inspire naturellement de son expérience. Il est regrettable qu’il n’ait pas également dix ans d’expérience dans le cinéma. Car si les bonnes intentions sont là - dénoncer les méthodes de management -, la mise en scène laisse en revanche à désirer. Pour réinventer le petit monde des centres d’appel, le film recourt à une distribution hétéroclite, qui livre une composition de groupe plutôt bancale, le jeu pertinent des uns (Feral, Steiger, Berroyer, Duhamel) étant dynamité par la performance désastreuse de Booder, qui hurle à tout bout de champ, et par les tics de B. Hausler. Tous deux omniprésents, ils ôtent tout naturel aux dialogues du film. En jouant des paroxysmes, le film s’éloigne de la réalité et la satire n’a plus l’effet escompté. Aussi le sujet, même passionnant, n’aboutit qu’à un film très anecdotique.
Au sommet de la Terre de Rio en 1992, au nom de l’ECO (l’Organisation des Enfants pour l’Environnement), Severn Cullis-Suzuki, une petite Canadienne d’origine eurojaponaise de 12 ans, tenait tête à des dirigeants du monde entier. Elle leur demandait de prendre leurs responsabilités pour que le monde reste vivable pour les générations futures, et terminait par ces mots : “Mon père me disait : “Tu es ce que tu fais, pas ce que tu dis”. Et bien, ce que vous faites me fait pleurer la nuit !” La force de conviction de cette fillette a marqué les esprits et son discours continue de circuler sur Internet. J-P. Jaud a retrouvé Severn, dix-sept ans plus tard. Elle est mariée à un Indien Haïda des Iles Charlotte, près de l’Alaska. Éternelle militante écologique, elle se demande pourquoi l’économie règne en puissance, plutôt que l’écologie. Severn est donc le fil conducteur de ce documentaire sur l’agriculture biologique et les menaces que les technologies font peser sur notre écosystème. Jaud part donc à la recherche des pionniers du bio qui peut-être vont nous permettre de survivre au massacre de notre planète. Il les trouve sur l’île de Kyushu, en Charente ou en Corse. Mais ce film a l’inconvénient d’arriver après de nombreux autres. Or, Severn a beau être moins mégalo que Home, moins égocentrique que le film de Hulot, et moins foutraque que celui de Serreau, il est surtout moins documenté que les films de Gore et Wagenhofer, moins modeste que Herbe, et moins convainquant que Le Temps des grâces ou Notre pain quotidien.
M.Q.
M.Q.
M.B.
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Small Is Beautiful de Agnès Fouilleux (109 minutes. France, 2010) Production : Les Films Bonnette et Minette. Dist. : Les Films Bonnette et Minette. Sortie France : 10 novembre 2010 (Visa n°125486. 5 copies) Avec Edgar Pisani, Bernard Ronot, Aurélie Trouvé, Helen Holder, Martin Pigeon.
Documentariste engagée, A. Fouilleux avait convaincu avec Un aller simple pour Maoré (2009) sur la complexité de la situation de Mayotte. Face à la complexité de la situation agroalimentaire de la planète, elle semble avoir oublié tout ce qui faisait la force de son précédent opus : la clarté du propos, la qualité des images, la nervosité du montage. Ici, Fouilleux n’a pas su se dépêtrer de son sujet, ni dans le fond, ni dans la forme. La forme ? Des entretiens filmés de manière conventionnelle, parfois exagérément passéistes, de longs tunnels didactiques, des interventions en off soutenues par des images de famines ou de désastres écologiques... La forme, c’est surtout le choix de Fouilleux de proposer un film-puzzle pour évacuer toute construction solide : ici, malgré la taille des morceaux, la bonne volonté du spectateur ne parvient pas à reconstituer un quelconque ensemble. Les témoignages s’enchevêtrent, et la plupart n’apportent rien qui n’ait déjà été montré avec plus de vie et de talent, notamment sur la biodiversité et les sols. Curieusement, E. Pisani, ancien ministre de l’Agriculture de de Gaulle et alors apprenti-sorcier de l’américanisation de notre agriculture, n’apparaît pas à l’image : on l’entend esquisser une sorte d’autocritique désabusée, et proclamer maintenant que “50 fermes de 100 hectares valent mieux qu’une seule de 5000”. On retiendra tout de même les interventions de B. Ronot, agriculteur bourguignon qui abandonna le tout-chimique et participe au réseau des “semences paysannes”, au propos clair, simple, étayé, hélas trop morcelé. Et une séquence bruxelloise, au contenu captivant, guidée par M. Pigeon, sur le lobbying des grands groupes d’intérêts qui assiègent les institutions européennes, avec en prime, le témoignage franc et direct d’un lobbyiste.
Takers
Le Village des ombres
(Takers) de John Luessenhop (107 minutes. États-Unis, 2010) Scn. : Peter Allen, Gabriel Casseus, John Luessenhop et Avery Duff. Im. : Michael Barrett. Mon. : Armen Minasian. Mus. : Paul Haslinger. Production : Rainforest Films et Overbrook Entertainment pour Screen Gems. Prod. : Jason Geter, William Packer et Tip “T.I.” Harris. Dist. : Sony Pictures. Sortie France : 24 novembre 2010 (Visa n°127488) Avec Paul Walker (John Rahway), Matt Dillon (Jack Welles), Idris Elba (Gordon Jennings), Tip “T.I.” Harris (Ghost), Hayden Christensen, Michael Ealy, Jay Hernandez, Zoe Saldana.
de Fouad Benhammou (103 minutes. France, 2010) Scn. : Lionel Olenga, avec la collaboration de Fouad Benhammou et Pascal Jaubert. Im. : Romain Lacourbas. Mus. : Stéphane Le Gouvello. Production : Kobayashi Prod. Prod. : Laurent Bruneteau et Thomas Bruxelle. Dist. : DistriB Films. Sortie France : 17 novembre 2010 (Visa n°112328. 180 copies) Avec Christa Theret (Emma Valeyre), Bárbara Goenaga (Lila Paredes), Ornella Boulé (Marion Valeyre), Cyrille Thouvenin (David Fontana), Axel Kiener (Lucas Frantz), Jonathan Cohen (Mathias Guérin).
Une banque se fait attaquer par un groupe parfaitement ordonné et préparé. Après le casse, John, Gordon et leurs complices comptent leur argent et préparent leur départ dans les îles. Jack Welles est chargé de l’affaire et se heurte à une impasse. En rentrant chez lui, John tombe sur Ghost, un ancien membre de l’équipe qui s’était fait prendre et avec lequel ils avaient convenu de ne plus avoir aucun contact. Ghost vient de sortir de prison et leur propose une affaire : l’attaque d’un fourgon blindé dont il a l’itinéraire. Gordon accepte, même si ses rapports avec Ghost sont tendus. Premier film de J. Luessenhop, Takers se résume à un canevas et à des personnages d’une originalité très discutables. Il se range dans un genre devenu assez en vogue ces dernières années grâce au succès de la franchise Ocean’s Eleven : le film de cambriolage avec voleurs “old school” rivalisant de glamour. Takers ajoute simplement un autre personnage convenu : le flic dont l’aspect débraillé et la vie personnelle lamentable s’opposent à l’aisance et à la réussite de ceux qu’ils traquent. En lieu et place de G. Clooney et B. Pitt, le cinéaste propose P. Walker (guère à la hauteur) et I. Elba (l’immortel Stringer Bell de la série Sur écoute, ce qui est déjà mieux). Quant au flic, ce n’est autre que ce vieux routard de M. Dillon. L’intrigue suit son cours entre préparation, trahison et fusillade finale, dans une ambiance élégante, qui peut rappeler un bon clip de néo soul. Le tout n’est donc pas désagréable à regarder, juste peu crédible et très balisé...
8 mai 1944. Deux soldats allemands sont assaillis par une force maléfique dans le village de Ruiflec. Plus de soixante ans après, neuf amis, en deux voitures, se rendent à Ruiflec où se trouve la maison inoccupée des grands-parents de l’un d’eux. Tout près du but, la voiture de Lucas, David, Mathias, Lila et Emma heurte la première voiture, stoppée au milieu de la route, vide de ses passagers. En pleine nuit, les cinq gagnent à pied le village, désert. Malgré leurs différends, Emma est inquiète pour sa sœur Marion. À peine entrés dans la demeure, une angoisse les pousse à fuir. Mais Emma refuse de partir sans sa sœur. Le fantastique à tendance maléfique paraît être devenu le terrain de jeu apprécié de jeunes réalisateurs français s’essayant au long métrage. Compte tenu de la difficulté du genre - faire peur n’est pas si aisé reconnaissons-leur une certaine forme d’ambition. C’est le cas de F. Benhammou, qui s’inspire du nouveau cinéma fantastique espagnol. Il nous sert un récit classique, ponctué par les disparitions successives et mystérieuses des protagonistes, sur fond d’abomination villageoise... S’il a indéniablement un certain sens des atmosphères et des décors, il est dommage qu’il ne se soit pas attaché à développer l’idée du village vivant, organique et malfaisant qu’il effleure au début. De plus, il s’encombre d’un scénario à dormir debout qu’il ne réussit pas à mettre “sous tension”, et les acteurs ne semblent jamais croire à l’histoire qu’ils défendent. Décidément, n’est pas Guillermo del Toro qui veut...
S.G.
M.D.
Ch.B. © les Fiches du Cinéma 2010 - N°1996-97
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Les Étoiles de la rédaction p.2 Édito p.3 Commissariat ................................... ★★ ..................... p.4 Date limite ........................................ ★★★ ................. p.5 Unstoppable .................................... ★ ......................... p.6 Al’lèèssi... ......................................... ★★ ..................... p.7 Ce n’est qu’un début ...................... ★★★ ................. p.8 Dernier étage, gauche, gauche ... ★★ ..................... p.9 L’Envol .............................................. ★★★ ................. p.10 L’Étranger en moi ........................... ★★ .................... p.11 La Famille Jones ............................. ★ ......................... p.12 Fix ME ............................................... ★★★ ................. p.13 Inside Job ........................................ ★★★ ................. p.14 Mother and Child ............................ ★★ ..................... p.15 My Joy .............................................. ★★ ..................... p.16 No et moi .......................................... ★★ ..................... p.17 RED .................................................... ★★ ..................... p.18 L’Apprenti Père Noël ..................... ★ ......................... p.19 Benvenuti al sud ............................. ★★ ..................... p.20 Destination Himalaya ..................... ★★ ..................... p.21 L’Empire du Milieu du Sud ............ ★★★ ................. p.22 Memory Lane .................................. ★★ ..................... p.23 Le Nom des gens ............................ ★★★★ ............. p.24 Outrage ............................................. ★★ ..................... p.25 Quartier lointain .............................. ★ ......................... p.26 Tribulations d’une amoureuse sous Staline ..................................... ★★★ ................. p.27 D’autres films en bref ................................................... p.28
toutes les sorties 10 novembre Belle épine Visa : 118871 Scope - Dolby SRD 52 copies Dist. : Pyramide. Le Braqueur Visa : en cours Scope - Dolby SRD 11 copies (vo) Dist. : ASC Dist. Commissariat Visa : 124920 1,85 - Dolby SR 9 copies Dist. : Chrysalis Films. Les Contes de la ferme Visa : 127805 1,37 - Mono 18 copies (vo) Dist. : KMBO. Date limite Visa : 127849 Scope - Dolby SR SRD DTS 365 copies (vo /vf) Dist. : Warner Bros. The Dinner Visa : 126550 1,85 - Dolby SR SRD 9 copies (vo / vf) Dist. : Paramount. Potiche Visa : 124669 1,85 - Dolby SRD 430 copies Dist. : Mars Dist. Réfractaire Visa : 127046 1,85 - Dolby SRD 10 copies Dist. : Albany Films / Aramis Films. Rubber Visa : 124473 1,85 - Dolby SRD 25 copies (vo) Dist. : UFO Dist. Saw 3D Visa : 127904 Interdit aux - 16 ans 1,85 (3D) - Dolby SRD 181 copies (vo / vf) Dist. : Metropolitan. Le Secret de Charlie Visa : 127237 Scope - Dolby SR SRD DTS SDDS 185 copies (vo / vf) Dist. : Universal. Severn, la voix de nos enfants Visa : 121758 Format : n.c. - Dolby SR 32 copies Dist. : J+B Séquences. Small Is Beautiful Visa : 125486 1,85 - Dolby SR 5 copies Dist. : Les Films Bonnette et Minette. Unstoppable Visa : 127082 Scope - Dolby SR SRD DTS 450 copies (vo / vf) Dist. : 20th Century Fox. Welcome to the Rileys Visa : 127601 1,85 - Dolby SRD 71 copies (vo) Dist. : Bac Films.
17 novembre
Copies : n.c. Dist. : CTV International. RED Visa : 127004 Scope - Dolby SR SRD 400 copies (vo / vf) Dist. : SND. Le Village des ombres Visa : 112328 Scope - Dolby SRD 180 copies Dist. : DistriB Films.
24 novembre L’Apprenti Père Noël Visa : 124345 1,85 - Dolby SR SRD Copies : n.c. Dist. : Gaumont. Benvenuti al sud Visa : 126289 Scope - Dolby SRD DTS 60 copies (vo / vf) Dist. : Pathé. Destination Himalaya Visa : 127481 1,85 - Dolby SRD Copies : n.c. Dist. : Zootrope Films. L’Empire du Milieu du Sud Visa : 89402 1,85 - Dolby SR SRD DTS 30 copies Dist. : Les Acacias. Harry Potter et les Reliques de la Mort - 1ère partie Visa : en cours Scope - Dolby SR SRD DTS Copies : n.c. Dist. : Warner Bros. Memory Lane Visa : 119567 1,85 - DTS 50 copies Dist. : Ad Vitam. Mords-moi : sans hésitation Visa : 127084 1,85 - Dolby SR SRD Copies :thn.c. Dist. : 20 Century Fox. Mugabe et l’Africain blanc Visa : 127891 1,85 - Dolby SRD Copies : n.c. Dist. : Pretty Pictures. Le Nom des gens Visa : 119454 1,85 - Dolby SR SRD Copies : n.c. Dist. : UGC. Outrage Visa : 127706 Interdiction en cours Scope - Dolby SRD Copies : n.c. Dist. : Metropolitan. Quartier lointain Visa : 122241 1,85 - Dolby SR SRD Copies : n.c. Dist. : Wild Bunch. Takers Visa : 127488 Scope - Dolby SR SRD DTS Copies : n.c. Dist. : Sony Pictures. Tribulations d’une amoureuse sous Staline Visa : 127026 1,85 - Dolby SR 50 copies (vo) Dist. : KMBO.
Prochain numéro le 1er décembre 2010
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Al’lèèssi... Visa : en cours 1,66 - Mono
Copies : n.c. Dist. : Unzéro Films. Boogie Visa : en cours Format : n.c. (2D / 3D) Dolby SRD Copies : n.c. Dist. : Colifilms Diffusion. Ce n’est qu’un début Visa : 124344 1,85 - Dolby SRD Copies : n.c. Dist. : Le Pacte. Cheminots Visa : 125397 1,85 - Dolby SR Copies : n.c. Dist. : Shellac. Création Visa : en cours Scope - Dolby SRD Copies : n.c. Dist. : Mars Dist. Dernier étage, gauche, gauche Visa : 121650 1,85 - Dolby SR SRD 80 copies Dist. : Memento Films. L’Envol Visa : 127229 1,85 - Dolby SRD Copies : n.c. Dist. : Les Films du Préau. L’Étranger en moi Visa : en cours 1,85 - Dolby SRD 10 copies (vo) Dist. : Jour2Fête. La Famille Jones Visa : 126533 Scope - Dolby SRD Copies : n.c. Dist. : UGC Ph. Fix ME Visa : 121390 1,85 - Dolby SRD 25 copies (vo) Dist. : Sophie Dulac Dist. Inside Job Visa : en cours Scope - Dolby SR SRD DTS SDDS Copies : n.c. Dist. : Sony Pictures. Magma Visa : 112168 Scope - Dolby SRD Copies : n.c. Dist. : Les Enragés. Mon babysitter Visa : 127875 1,85 - Dolby SRD Copies : n.c. Dist. : Studio 37 / Rezo Films. Mother and Child Visa : 126378 Scope - Dolby SRD Copies : n.c. Dist. : Haut et Court. My Joy Visa : 127854 Scope - Dolby SR Copies : n.c. Dist. : ARP Sélection. No et moi Visa : 123697 1,85 - Dolby SRD DTS Copies : n.c. Dist. : Diaphana. Opération 118 318 Visa : 124203 1,85 - DTS 80 copies Dist. : Artédis. Le Pacte du mal Visa : 127886 1,85 - Dolby SRD
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Boogie ..................................................... ★ Cheminots ............................................... ★★★ Les Contes de la ferme .......................... ★★ Création .................................................. ★★ ..................... p.29 Magma .................................................... ★ Mon babysitter ...................................... ★ Mords-moi : sans hésitation ............... ★ ......................... p.30 Opération 118 318 .................................. ★ Severn, la voix de nos enfants ........... ★★ Small Is Beautiful .................................. ❍ ......................... p.31 Takers .................................................... ★ Le Village des ombres .......................... ❍
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Semaine du 24 novembre
Semaine du 17 novembre
Retards
S o m m a i r e
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