Contes et comptines, fables et fabliaux, en guise de premiers pas vers le septième art. Les films sélectionnés, souvent brefs, couvrent différentes techniques d’animation et proposent une transition harmonieuse entre l’histoire entendue, le soir, au fond de son lit, et celle que l’on découvre sur un écran.
Fantasia Film collectiF
née des désirs conjoints de Walt Disney et d’un chef d’orchestre renommé des années 1940, cette succession de séquences animées illustrant sept compositions musicales classiques allie qualité graphique et imagination débordante.
Défini par ses initiateurs, Walt Disney et Leoplold Stokowski, comme un “concept cinématographicomusical évolutif”, ce projet inédit, à destination d’un large public, de mise en images animées de pièces de musique classique vit le jour à New York en 1941, après plusieurs années de préparation. Bien qu’il reçut au départ une volée de bois vert de la part de certains critiques stigmatisant la qualité de l’interprétation musicale, Fantasia n’en est pas moins aujourd’hui considéré comme l’une des productions les plus ambitieuses et les plus réussies de Disney. Bénéficiant pour le son et l’animation des meilleures technologies d’alors, cette succession de séquences sans paroles inspirées à ses créateurs par les plus grands compositeurs européens ou slaves est un régal d’inventivité, d’humour et de poésie visuels. À l’origine du projet, la séquence de L’Apprenti sorcier , devenue un classique, touche à la perfection. Casse-noisette et sa ronde de champignons chinois est un enchantement de délicatesse et de drôlerie. Plus jamais vous ne verrez autruches, hippopotames, éléphants et crocodiles sans penser à l’inénarrable agitation de la Danse des heures, parodie cocasse du ballet classique. Imprégné d’art européen, le graphisme, d’une grande qualité, est un véritable plaisir des yeux à tout âge. Certaines séquences, comme l’orage final de la Symphonie pastorale , les combats de dinosaures ou le monstrueux démon d’ Une nuit sur le mont Chauve , susceptibles d’impressionner le très jeune public, seront sans doute à réserver aux plus grands. Néanmoins, la plus grande partie fera les délices de tous, adultes compris. À l’instigation d’un neveu de Disney, un Fantasia 2000 est sorti en 1999 qui n’arrive, hélas, pas à la cheville de l’original. _M.D. GénéRiQue 1. Toccata et Fugue en ré mineur de Samuel Armstrong 2. Cassenoisette de Samuel Armstrong 3. L’Apprenti sorcier de James Algar 4. Le Sacre du printemps de Bill Roberts et Paul Satterfield 5. La Symphonie pastorale de Ford Beebe, Jim Handley et Hamilton Luske 6. La Danse des heures de Norman Ferguson et T. Hee 7. Une nuit sur le mont Chauve / Ave Maria de Wilfred Jackson scénario : Joe Grant et Dick Huemer D’après : le poème Der Zauberlehrling de Goethe (1797) (3) Production : Walt Disney Pictures Distributeur : RKO Radio Films éditeur DVD : Disney.
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Résumé : Sur fond d’écran bleu, les musiciens de l’orchestre de Philadelphie, dirigés par Leoplold Stokowski, accordent leurs instruments. Un narrateur décrit les trois styles de musique classique - narrative, illustrative et absolue - qui vont être proposées aux spectateurs. 1. La Toccata et Fugue en ré mineur de J.S. Bach est illustrée par de mouvantes formes abstraites. 2. Des extraits de Casse-noisette de Tchaïkovski enchaînent danses et rondes de fées, de champignons chinois, de fleurs sur l’eau, de poissons, de chardons cosaques et orchidées paysannes, de feuilles et flocons de neige. 3. L’Apprenti sorcier de Paul Dukas met en scène un Mickey aux prises avec les balais et les seaux qu’il a ensorcelés profitant du sommeil de son maître magicien. 4. Le Sacre du Printemps de Stravinski dépeint la formation de la Terre, l’apparition de la vie, l’extinction des dinosaures et l’émergence des montagnes. Un bref intermède donne à voir les vibrations d’ondes sonores variées. 5. C’est sur un Olympe peuplé de pégases, faunes et centaures partageant les libations de Bacchus, que se déploie La Symphonie pastorale de Beethoven jusqu’à l’orageux courroux de Zeus. 6. Tirée de l’opéra La Gioconda de Ponchielli, La Danse des heures est un tourbillonnant ballet d’autruches, hippopotames et crocodiles. 7. Au cours d’ Une nuit sur le mont Chauve de Moussorski, un gigantesque démon aspire les morts dans sa fournaise. Il est neutralisé par les mâtines tandis que s’élève d’une sainte procession l’ Ave Maria de Schubert.
F ant aisie
musicale
- c ouleuR
125 minutes. États-Unis, 1940 Sortie France : 1 er novembre 1946
© les Fiches du cinéma
Petit à petit, les histoires s’allongent, prennent de l’ampleur, les thématiques deviennent plus complexes. L’animation prédomine, mais humains et animaux cohabitent dans des récits aux tonalités variées. De Méliès à Ernest et Célestine, parents et enfants trouveront matière à s’émerveiller à l’unisson.
les Fables de starewitch De laDislas staReWitch
magnifiquement restaurées et remontées telles que les avait conçues starewitch, ces cinq interprétations de fables de la Fontaine, qui mêlent poésie, humour et cruauté, sont en tous points recommandables, mais d’un accès un peu difficile pour les plus jeunes.
En 1998, Le Monde magique de Ladislas Starewitch , puis, en 2003, Les Contes de l’horloge magique nous faisaient redécouvrir cet immense cinéaste d’animation, passionné d’entomologie, qui, dès les années 1910, en Lituanie où il vivait, puis à Paris où il s’installa en 1920 après la révolution bolchevique, n’a cessé, jusqu’à sa mort en 1965, de créer un univers fascinant, où cruauté et poésie cohabitent avec bonheur. Présentées ici au plus près de leur aspect et esprit d’origine, restaurées avec un soin méticuleux et un respect visible des intentions de l’auteur, ses adaptations, ou plutôt ses réinterprétations de cinq fables de La Fontaine, sont un régal pour cinéphiles. Bien que, compte tenu des sujets et de la forme, les jeunes spectateurs puissent y trouver un plaisir certain, ils risquent parfois de se perdre un peu, notamment dans La Cigale et la fourmi , dont la construction est complexe. En revanche, ils seront sans doute émerveillés par ces marionnettes articulées, vêtues de chiffons, auxquelles la virtuosité et l’infinie patience de Ladislas & Irène Starewitch donnent, image par image, une vie et une expressivité que le numérique peut leur envier. Judicieusement choisies, et dites, par Léona-Béatrice, petite-fille de Ladislas, gardienne et promotrice de son fabuleux héritage, ces Fables révèlent toute l’ampleur de l’imagination et du talent du cinéaste, mais aussi son humour et son humanité. Saluons le travail formidable de la BO, dans laquelle le compositeur Jacques Cambra intègre les musiques d’origine de 1932. Alliance d’exigence formelle et artistique, ce programme est passionnant ! _M.D.
GénéRiQue
Résumé : 1. Entouré de ses courtisans, le roi lion s’apprête à condamner un lapin quand, soudain, un moucheron armé d’une dague et d’une trompette le pique. Si bien que le lion, rendu fou, tombe de son trône. Le triomphe du moucheron est bref : une araignée le croque. 2. Pour remercier le rat des champs de l’avoir dépanné lors d’un accident de voiture campagnard, le rat de ville l’invite chez lui à une fête mondaine, au cours de laquelle un chat sème la panique. Rescapé, le rat des champs retrouve avec bonheur sa paisible fermette. 3. Lasses d’une démocratie difficile, les grenouilles réclament à Jupiter un roi. Il leur envoie un bien peu actif roi-tronc d’arbre. Les grenouilles en exigent un nouveau. Irrité, Jupiter leur envoie une grue qui les gobe une à une avec son long bec. 4. À l’approche de l’hiver, la cigale imprévoyante demande assistance à la fourmi. Celle-ci lui rappelle qu’aux beaux jours, les cigales n’ont cessé de faire la fête, de boire et de railler les fourmis laborieuses. Elle laisse la cigale mourir de froid devant sa porte. 5. Tandis que le roi lion, au soir de sa vie, rêve à ses victoires et à ses folles amours mauresques, les courtisans s’emparent du trône. L’âne vient donner le coup de pied fatal au monarque déchu.
1. Le Lion et le moucheron (13 ‘ - 1932 - N&B) 2. Le Rat de ville et le rat des champs (12’ - 1926) 3. Les Grenouilles qui demandent un roi (17’ - 1922) 4. La Cigale et la fourmi (16’ - 1927) 5. Le Lion devenu vieux (1932 - 9’ - N&B) coréal. : Irène Starewitch scénario : Ladislas & Irène Starewitch D’après : Jean de La Fontaine animation : Ladislas & Irène Starewitch Décors : Ladislas & Irène Starewitch costumes : Ladislas & Irène Starewitch Distributeur : Les Acacias éditeur DVD : Doriane Films. avec la voix de : Léona-Béatrice Starewitch (la narratrice).
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F ables - couleuR
et
noiR & b lanc
70 minutes. France, 1922 - 1932 Sortie France : 9 février 2011
© les Fiches du cinéma
Fictions animalières, burlesques indémodables, films d’aventures classiques, le cinéma laisse apercevoir une partie de sa formidable diversité. Babe, Wallace & Gromit, Blanche Neige et tant d’autres, sont autant de manières singulières et lumineuses, enchantées ou réalistes, d’habiter le monde.
the Kid De chaRlie chaPlin
the Kid fut un triomphe dès sa sortie, en 1921. Dans ce premier long métrage, chaplin retrouve, avec un art consommé de l’ellipse et de l’efficacité dramatique, les conditions de son enfance, mêlant fantaisie, rire et drame. un indestructible chef-d’œuvre.
“ Un film pour sourire et peut-être pour pleurer ” avertit Chaplin en exergue de son premier long métrage. The Kid connut dès sa sortie, dans le monde entier, un triomphe qui ne se démentit jamais. C’est que dans ce film, où il évoquait certainement ce que furent les conditions de son enfance, Chaplin manie avec une précision de mise en scène, une maîtrise impressionnante de l’ellipse et de l’efficacité dramatique, tout ce qui peut séduire le spectateur, du plus jeune au plus âgé (peu de films peuvent se vanter d’être autant “tous publics”), sans jamais le flatter ni lui complaire : un double miniature de “Charlot” (Jackie Coogan, extraordinaire), un réalisme volontairement surréel, une intemporalité de conte (les personnages n’ont pas de nom), une satire sociale et une dénonciation des injustices de l’“ordre” des riches subtilement acerbes, un discret plaidoyer humaniste qui irriguait déjà Une vie de chien (1918 [v.p. 70]), avec, là aussi, le happy-end qui soulage... Les rares détracteurs du film, tel Jean Tulard, l’accusent de réunir “ tous les défauts de Chaplin, son mauvais goût et sa tendance au larmoyant ”. Procès fallacieux: les séquences mélodramatiques (et mélodrame n’est pas synonyme de médiocrité), le kitsch de la séquence de rêve, qui en devient hautement poétique, sont ici pleinement assumés et dominés. C’est d’ailleurs Chaplin qui a le mieux éclairé son film : “ je voulais depuis longtemps faire un film sérieux qui, parmi beaucoup d’incidents comiques ou burlesques, cachât une ironie éveillant la pitié avec un sens de la satire soulignant les côtés les plus bouffons ” (propos rapportés dans l’inégalé Chaplin de Pierre Leprohon, 1970). _Ch.B.
GénéRiQue titre original : The Kid scénario : Charlie Chaplin images : Roland Totheroh montage : Charlie Chaplin musique : Charlie Chaplin costumes : Mother Vinot Production : Charles Chaplin Productions éditeur DVD : MK2. avec : Charlie Chaplin (le vagabond), Jackie Coogan (l’enfant), Edna Purviance (la mère de l’enfant), Carl Miller (le jeune peintre), Tom Wilson (le policier), Albert Austin (un voleur), Nelly Bly Baker, May White, Robert Gaillard.
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Résumé : Après avoir accouché à l’hôpital, une fille-mère abandonne son enfant dans une luxueuse voiture, avec un mot pour qui le recueillera. La voiture est volée par deux malfrats qui laissent alors le bébé dans une pauvre ruelle. Un vagabond le trouve, tente de s’en défaire, et se résigne à l’emmener chez lui. Là, il va déployer des trésors d’attentions et d’imagination pour l’élever... et cinq ans plus tard, l’enfant l’accompagne dans son job de vitrier, l’aidant… en cassant les vitres avant son passage. La manœuvre est repérée par un policier, qui les poursuit, en vain... La mère est devenue une vedette, et, pensant sans cesse à son fils, visite pour apporter son aide les quartiers pauvres, dont celui du vagabond, au moment où l’enfant affronte un gamin qui lui a pris son seul jouet. suite... Plus tard, l’enfant tombe malade. Le vagabond appelle un médecin, lui révèle son histoire et lui montre la lettre : le médecin alerte les services sociaux. Le directeur d’un orphelinat vient chercher l’enfant, qui parvient à s’échapper par les toits avec le vagabond. Réfugiés dans un asile de nuit, ils sont repérés par le patron, qui emmène l’enfant au commissariat, où la mère le récupère. Épuisé, le vagabond s’endort sur le seuil de son logis : il rêve alors qu’il est dans un monde empli d’anges, où, victime d’un ange tentateur, il est abattu par un policier. Un policier le secoue en effet, le réveille, et le conduit dans une villa où l’accueillent l’enfant et sa mère.
m éloDRame - n oiR & b lanc - m uet 68 minutes. États-Unis, 1921
© les Fiches du cinéma
Comédies musicales, science-fiction, drames, policiers, séries B : le cinéma règne. On trouvera ici d’innombrables occasions de rire, trembler, s’émerveiller et même, pourquoi pas, s’ennuyer. Attention ! Certains de ces films, rencontrés au bon moment, risquent d’être les compagnons d’une vie.
les Demoiselles de Rochefort De jacQues Demy
Deux jumelles rêvent de réussir leur vie et de trouver l’âme sœur. la plus célèbre des comédies musicales françaises est un chant d’amour à l’amour, toutes générations confondues. le plaisir des mots, des couleurs et des musiques. et le charme des années 1960.
L’impression de joie de vivre que dégage ce film “parlé, chanté, dansé” est due à la magie du spectacle, la comédie musicale, dont Les Demoiselles de Rochefort est l’un des rares exemples aboutis du cinéma français. Le jeu des couleurs bigarrées des costumes comme des décors (pour l’occasion, Rochefort a été entièrement repeint en tons pastel), tout comme la musique de Michel Legrand (éclectique, elle va du rock à la sonate en passant par les couplets de chansonniers et le jazz), mais aussi l’intelligence cocasse des paroles de Jacques Demy et enfin la présence rare à l’écran des sœurs Dorléac (Françoise et Catherine D.) : tout cela constitue un feu d’artifice contant un chassé-croisé amoureux jamais mièvre. Avec ces atouts, la bonne humeur de ce film “enchante” toujours filles et garçons. Un des symptômes de ce sortilège est une envie irrésistible d’entonner la chanson des jumelles à tue-tête et à longueur de journée. Les parents sont prévenus ! Conçu comme un jeu de piste, le scénario ludique invite à deviner comment se formeront les couples : Delphine convolera-t-elle avec Guillaume ou Maxence ? Il est aussi possible de mener l’enquête : qui est le mystérieux assassin qui terrorise la petite ville ? Plus tard, les enfants découvriront les taches d’ombre de cette œuvre solaire. C’est un film qui revendique le droit au rêve dans une salle obscure. Avec le recul, on appréciera le charme des sixties, entièrement assumé par le réalisateur, qui a su réunir ici ses thèmes de prédilection : les marins, les départs et les retrouvailles, le hasard, la fidélité de l’esprit et la faiblesse de la chair. _M.B. GénéRiQue scénario : Jacques Demy images : Ghislain Cloquet montage : Jean Hamon musique : Michel Legrand Décors : Bernard Evein costumes : Jacqueline Moreau Production : Madeleine Films Producteur : Gilbert de Goldschmidt Distributeur : Comacico éditeur DVD : Arte Éditions. avec : Catherine Deneuve (Delphine Garnier), Françoise Dorléac (Solange Garnier), Jacques Perrin (Maxence), Danielle Darrieux (Yvonne Garnier), Michel Piccoli (Simon Dame), Gene Kelly (Andy Miller), George Chakiris (Étienne), Grover Dale (Bill), Jacques Riberolles (Guillaume Lancien).
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Résumé : À Rochefort, à l’occasion de la foire exposition, des forains s’installent sur la place Colbert. Mme Yvonne Garnier y tient une brasserie. Ses jumelles, Delphine et Solange, donnent respectivement des cours de danse et de musique, et rêvent de gloire artistique. Yvonne a refusé autrefois d’épouser l’homme qu’elle aimait, parce qu’il s’appelait Monsieur Dame. Ses filles ne l’ont jamais su. Or, il se trouve que Solange entretient des rapports professionnels avec Simon Dame, le marchand de musique, sans savoir qu’il est le père de Boubou, son petit frère. M. Dame va lui faire rencontrer son ami, le compositeur américain Andy Miller, qu’elle admire énormément, et qui est de passage en France. Delphine, elle, attend le Prince charmant. Or, Maxence, un jeune marin en garnison à Rochefort, poète et peintre à ses heures, a fait, d’imagination, le portrait de sa princesse et celui-ci ressemble trait pour trait à Delphine ! suite... Guillaume Lancien, le galeriste amoureux de Delphine, garde le secret sur l’identité du peintre. En allant chercher Boubou à l’école, Solange rencontre Andy, sans savoir qui il est. Ils tombent secrètement amoureux l’un de l’autre. Étienne et Bill, les joyeux forains qui courtisent les jumelles, leur proposent de chanter et danser à la fête du dimanche. Là, Simon retrouve Yvonne, qui accepte enfin de devenir Mme Dame. Solange et Andy s’avouent leur amour. Le lendemain, Maxence est pris en stop par le camion des forains, avec lequel Delphine partait pour Paris.
coméDie
musicale
- couleuR
120 minutes. France, 1967 Sortie France : 8 mars 1967
© les Fiches du cinéma
Reé p ertoire Pour vous permettre d'aller plus loin, ou de prendre ce livre par des chemins transversaux, voici quelques portes. Nous avons sélectionné 37 grands thèmes et noms importants évoqués dans ces pages. Chacun fait l'objet d'une notice, complétée par un renvoi vers les titres ayant une fiche dans ce volume, ainsi que par des suggestions d'autres films, à voir tout de suite (“et aussi”) ou un peu plus tard (“et après”). Par michel berjon, jef costello, sébastien Dalloni, Francis Gavelle, michael Ghennam, cécile Giraud, nicolas marcadé et benjamin untereiner
aardman (studios) Heureux parents des personnages de Wallace et de son chien Gromit, le studio Aardman s'est longtemps spécialisé dans les courts métrages en stop motion, remportant deux Oscar pour Un mauvais pantalon et Rasé de près. À la fin des années 1990, Aardman saute le pas vers le long métrage en signant un contrat avec DreamWorks Animation : de leur partenariat naîtra le haletant Chicken Run et le survolté et référentiel Wallace & Gromit : le mystère du lapin-garou. Marquant le passage du studio à l'image de synthèse, pour suivre le modèle de Pixar, Souris City se révèlera moins réussi. Se cherchant aujourd'hui encore une identité hors de ses personnages cultes, Aardman a depuis signé Mission Noël et Les Pirates !, deux productions un peu trop consensuelles mais où brille, par intermittence, l'imparable humour british du studio. chicken Run Wallace & Gromit ET AUSSI : mission : noël (sarah smith, 2011) les Pirates ! (Peter lord, 2012) souris city (sam Fell & David bowers, 2006) Wallace & Gromit : le mystère du lapin-garou (nick Park & steve box, 2005)
animauX À partir du moment où il est en mesure d’écouter des histoires,
l’enfant vit parmi les bêtes. Qu’ils se nomment Ernest, Célestine, Loulou, Munk, Lemmy, les animaux sont les héros privilégiés des fictions des premiers âges car, l’habit faisant le moine, ce sont des caractères faciles à comprendre : une souris est un être fragile et sans défense alors qu’un ours impressionnera par sa puissance. Enfants et animaux sont proches, les uns protégés, accompagnés ou éduqués par les autres. Une fois l’animal adopté par les petits, il est intéressant de réintroduire une dimension animale à ce qui avait été auparavant considérablement humanisé. Les récits deviennent plus complexes, les animaux tels que Pom le poulain, la girafe Zarafa, la petite ménagerie de Katia, retrouvent une partie de leur radicale altérité. Dans le même temps, les enfants découvrent qu’ils font partie de l’humanité. Chacun trouve ainsi sa place. Les premiers pas de l’enfant dans le cinéma, c’est le passage du monde animal à la compagnie des hommes. Lorsque son apprentissage est achevé et qu’il est temps de grandir, le petit d’homme, comme Mowgli, quitte le peuple de la jungle et rejoint la civilisation. l’Âge de glace les aristochats babe brisby et le secret de nimh la carpe chang
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le cheval venu de la mer la clé des champs cheburaska et ses amis l’enfant qui voulait être un ours ernest et célestine les Fables de starewitch le Gruffalo le hérisson dans le brouillard Katia et le crocodile loulou et autres loups malin comme un singe ma vache et moi le mulot menteur munk, lemmy et cie la Petite taupe le Petit monde de bahador Pom le poulain la Prophétie des grenouilles le tigre et les animaux de la forêt une vie de chien Zarafa ET AUSSI : babar, roi des éléphants (Raymond jafelice, 1998) bambi (David D. hand, 1942) le château des singes (jean-François laguionie, 1999) l'histoire du chameau qui pleure (byambasuren Davaa & luigi Falorni, 2003) le livre de la jungle (Wolfgang Reitherman, 1967) microcosmos (claude nuridsany & marie Pérennou, 1996) ET APRÈS : Fantastic mr Fox (Wes anderson, 2009) la Ferme des animaux (john halas & joy batchelor, 1954) la Folle escapade (martin Rosen, 1978) la Grenouille et la baleine (jean-claude lord, 1987) Kes (Ken loach, 1969) océans (jacques Perrin & jacques cluzaud, 2009) l'ours (jean-jacques annaud, 1988) Pierre et le loup (clyde Geronimi, 1946) un animal, des animaux (nicolas Philibert, 1994)
animisme La croyance en une intention des choses à notre égard, qu’elle soit bienveillante ou négative ne nous quitte jamais totalement. Le cinéma s’amuse parfois à faire vivre des objets à qui il ne manque plus que la parole et le mouvement : figurines, jouets, statues. Une fois qu’ils ont pris vie, ils agissent en conformité avec ce qu’ils représentent : Woody le cow-boy est intrépide ; Buzz l’Éclair est un astronaute aventureux et, la nuit, dans le musée, les militaires miniatures sont bellicistes. Il existe aussi des tentatives d’animation d’objets dont la caractérisation ne va pas de soi. Peut-on être ému par les rêves de Flash McQueen, bolide de course, la théière d’Alice ou une maquette d’avion ? Dans la plupart des cas, oui, parce qu’ils sont dotés de désirs, de qualités et défauts propres à l’être humain. Enfin, quelques approches isolées s’appliquent à observer un objet, un ballon rouge par exemple, sans anthropomorphisme. En faisant cela, elles le rendent complètement opaque à l’interprétation, le restaurant dans sa condition d’objet certes, mais vivant. Cette condition rend possibles toutes les identifications et projections des petits spectateurs comme des plus grands. le ballon rouge cars la nuit au musée toy story Wall-e ET APRÈS : l'avion (cédric Kahn, 2005) bach et bottine (andré melancon, 1986) small soldiers (joe Dante, 1998)
bluth, don Animateur chez Disney au moment de la perte de vitesse du studio, Bluth est avant tout célèbre dans l'industrie pour avoir claqué la porte de la prestigieuse compagnie à la veille des années 1980 pour voler de ses propres ailes. Une indépendance qui sera de courte durée, car Brisby et le secret de NIMH ne sera un succès commercial que quelques années plus tard. Suivront une association courte mais lucrative avec Steven Spielberg (qui va engendrer deux personnages populaires : la souris Fievel et le dinosaure Petit Pied) puis un inexorable déclin dans les années 1990, malgré le succès d'Anastasia. La carrière de Bluth a toujours été intimement liée à
Disney. En voulant proposer à la fois une alternative avant-gardiste aux films du studio et renouer avec la magie des grands classiques fondateurs, le réalisateur a su profiter des carences artistiques de son concurrent, mais a peiné à se réinventer lorsque Disney a retrouvé sa vitalité à partir de la sortie de La Petite sirène. Son chef-d'œuvre, totalement maîtrisé et profondément poétique, reste ainsi son premier film : Brisby... brisby et le secret de nimh ET AUSSI : anastasia (1997) charlie, mon héros (1989) Fievel et le nouveau monde (1986) le Petit dinosaure et la vallée des merveilles (1988) titan a.e. (2000)
burlesque Les enfants ont de la chance. Ils ont accès dès leur plus jeune âge à d’immortels chefs d’œuvres du cinéma : les grands films burlesques. L’âge d’or se situe bien sûr pendant la période du muet, avec le trio magique Chaplin, Keaton et Lloyd (et tant d’autres à découvrir par la suite !), qui a manié le genre à la perfection. Le burlesque, c’est l’art du cirque, ce mélange de pirouettes et de gags, adapté aux contraintes du cinéma. Le hors champ, le gros plan, le montage ont transformé des numéros de scène hilarants en jeux parfois complexes avec le caractère obtus du réel. On aurait tort de réduire le genre à l’image stéréotypée de la tarte à la crème généreusement étalée sur les visages. La science du gag qui fait rire et rend heureux est infiniment plus complexe que ça (même si rien n’est plus drôle que de voir quelqu’un se cogner contre un réverbère !). L’absence de son privilégiait l’expression des corps. Avec l’arrivée du parlant, le potentiel comique du sonore est mis en valeur par les héritiers. Lewis, Tati, Etaix, de Funès ont chacun enrichi par leurs œuvres un genre pourtant si fragile qu’il peut basculer en un clin d’œil dans le graveleux et l’énorme. le cirque the Kid jour de Fête ma vache et moi le mécano de la Général monte là-dessus ! sherlock jr sidewalk stories une vie de chien
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ET AUSSI : la jeune fille au carton à chapeau (boris barnet, 1927) les folles inventions de mr.bricolo (charley bowers & harold l. muller, 1924) ET APRÈS : les aventures de Rabbi jacob (Gérard oury, 1973) certains l’aiment chaud (billy Wilder, 1959) le Distrait (Pierre Richard, 1970) Dr jerry & mr love (jerry lewis, 1963) Frankenstein jr (mel brooks, 1974) hellzapoppin’ (henry c. Potter, 1941) laurel et hardy - têtes de Pioche (john G. blystone, 1938) la Party (blake edwards, 1968) Rumba (Fiona Gordon, bruno Romy & Dominique abel, 2008) shaolin soccer (stephen chow, 2001) une nuit à l’opéra (sam Wood & edmund Goulding, 1935) yoyo (Pierre etaix, 1964)
campagne Quelles que soient les circonstances, l’époque et le lieu, quand un petit citadin se retrouve à la campagne, c’est toujours pour être plongé dans un monde insolite, et donc vivre une expérience inoubliable. Bien des films nous racontent un été passé à la campagne, par exemple chez un aïeul, l’occasion d’entrevoir d’autres modes de vie, de côtoyer le monde animal, de découvrir de nouveaux jeux (souvent loin du regard des adultes) et surtout d’admirer les beautés de la nature. D’autres films nous plongent directement au cœur des familles vivant dans des contrées exotiques, comme la jungle thaïlandaise (Chang) ou la steppe mongole (Le Chien jaune de Mongolie). Enfin, des conteurs adoptent le ton de la fable pour aller au-delà de l’anecdote, et faire réfléchir sur les enjeux de la société (Fantastic Mr Fox, La Ferme des animaux, Le Jour des corneilles) ou de la protection de l’environnement : c’est le cas de certains dessins animés japonais ajoutant la fibre écologiste à l’imagination poétique. chang la clé des champs jiburo jour de fête mon voisin totoro Pom le poulain Pompoko ET AUSSI : le chien jaune de mongolie (byambasuren Davaa, 2005) le jour des corneilles (jean-christophe Dessaint, 2011) ET APRÈS : cache-cache (yves caumon, 2005) Fantastic mr Fox (Wes anderson, 2009) le Grand chemin (jean-loup hubert, 1987)
PREMIERES
SEANCES 100 films pour les 3-6 ans “À partir d'un certain âge, j'ai montré à mes filles des films des cinéastes que j'aime. Et je ne me ramassais pas ! Parce que Les Amants crucifiés de Mizogushi, si votre fille n'aime pas ça, vous pouvez la déshériter ! Que les enfants regardent les films qui les intéressent, c’est leur affaire. Mais à un certain moment, sans le leur imposer, leur montrer ce qui m'intéresse moi, je pense que c'est un peu ça l'éducation.” C’est Jacques Doillon qui nous a raconté cela, il y a trois ans, au cours d’un entretien. L'idée de cette collection a germé quelque part par là.
Premières Séances est un guide, constitué de fiches, car c'est notre savoir-faire (nous nous appelons Les Fiches du Cinéma). 100 fiches pour 100 films, classés par âge du public auquel ils s’adressent (entre 3 et 6 ans pour ce premier volume ; 7 et 10 ans, pour le suivant...). Pour en établir la liste, nous avons adopté la méthode évoquée par Jacques Doillon : proposer des films que l'on aime. Vous trouverez donc ici des classiques et des films récents (du Voyage dans la Lune à Ernest et Célestine), des incontournables et des trésors cachés, des films de tous âges, de tous styles et de tous pays, du dessin animé tchèque au blockbuster hollywoodien. Et ensuite, comme tous les guides, celui-ci est fait pour vous permettre d’établir votre propre circuit.
Les Fiches du Cinéma est une maison d’édition fondée en 1934. Elle publie notamment L’Annuel du Cinéma, ouvrage de référence pour les cinéphiles et les professionnels du cinéma, et, sur son site internet, édite chaque semaine une chronique dediée au cinéma pour la jeunesse : Les Petits et l’écran.
Sous la direction de Nicolas Marcadé et Jef Costello.
Précédé d’un entretien avec Marie-Noëlle Clément, pédopsychiatre.
160 pages - 19 € 9 782902 516216
Distribution DAUDIN