Focus n°6

Page 1

FOCUS F.W.I

GÉNÉRALISTE • GRATUIT • #6 • MAI-JUIN 2015

FOCUS FWI | 1


2 | FOCUS FWI


FOCUS FWI | 3


4 | FOCUS FWI


T

édito

La traite négrière, un acte dont nous avons bien légitimement du mal à nous remettre nourrit actuellement nos plus ardents penchants : Qui est responsable ? À cause de quoi ? Au nom de quoi ? Faut-il demander réparation ? Y a qu’à, faut qu’on… Crime contre l’humanité, génocide, apartheid, ségrégation : des mots creux à force d’avoir été récupérés et psalmodiés à chaque occasion. En effet, tout est dit, dans tous les sens, mais surtout “pas d’amalgame”. Aujourd’hui, l’amalgame est devenu un colmatage intellectuel, pansement des affirmations hasardeuses qui tire d’embarras tous ceux qui ont besoin d’un airbag sémantique. Ainsi, il ne faut pas faire d’amalgame, par exemple entre la Shoah et la Traite Négrière, entre réparation financière et mémorielle, entre l’esclavage et la colonisation ou encore entre un génocide et (…) les autres crimes. Nous devons la culture de l’amalgame à ces hommes de tous bords paniqués, qui ménagent la chèvre (nous) et le chou (leurs ambitions). L’objectif étant le consensus, une méthode qui a fait ses preuves pour n’aboutir à rien et déplaire mollement à tout le monde. Quand on manque de culture et d’arguments, reste la formule magique pour combler la carie intellectuelle : ‘‘il ne faut pas faire l’amalgame’’, tout est dit. Mais en vrai, comment rétablir le devoir de mémoire esclavagiste si l’on cultive la culpabilité collective en permanence en l’opposant à la responsabilité individuelle ? Aujourd’hui, la culture de la victimisation mémorielle envahit les débats. Ainsi, l’actualité est un formidable tremplin pour que nous nous livrions sans vergogne à nos passe-temps favoris: décortiquer, touiller les problèmes, se lancer à la tête des accusations, chercher des responsabilités (celles des autres), pour sans doute fuir la réalité, pas celle du passé mais celle du présent. Dans cette tourmente économique et politique, le monde de 2015 est au bord de la crise de civilisation. C’est ainsi que si l’esclavage a disparu de nos sociétés, la haine et le mépris qui l’ont rendu possible sont, eux, toujours là. Et pour cause, nous nous sommes habitués depuis plusieurs années à la montée de la haine, que ce soit l’antisémitisme, l’islamophobie, enfin, le racisme en général. Toutes ces haines s’expriment à visage découvert et font florès dans notre pays. C’est contre cela, que nous devons nous battre. Il nous faut sortir du silence, refuser qu’il y ait 100% d’augmentation d’actes racistes, nous ne devons plus accepter qu’il y ait des sorties médiatiques racistes en permanence. Et, nous ne pouvons pas accepter que le vivre ensemble soit aujourd’hui devenu la guerre des uns contre les autres. Enfin ! Je ne crois guère que la question des réparations contre la Traite Négrière, peut se résoudre par des milliards d’euros que demandent des indépendantistes de nouveau genre qui cherchent en vain un coupable. Que se passera-t-il après avoir reçu ces milliards – 20 000 milliards d’euros demandés par la Martinique – Allons-nous enfin nous décider à briser nos chaines, à panser nos plaies ? L’argent est-il le seul moyen de réparer au détriment du devoir de mémoire ? Et après… En revanche, je pense qu’il serait peut-être temps que nous demandions réparation à nos politiques, ceux-là même qui en 30 ans n’ont jamais réglé les problèmes de l’eau, de l’économie, qui n’ont jamais su faire face aux effets de la crise systémique du capitalisme telle que la crise sociale qui se décline sur tous les terrains: crise de la cohésion sociale, crise urbaine, crise des systèmes de protection sociale et de solidarité, crise démocratique... Ils nous évangélisent de beaux discours, de promesses sans lendemain…Le tout, en nous laissant rêver devant la vitrine d’un pays rêvé, rêver mais sans changer le « modèle politique » dont personne ne sait en quoi il consiste sinon qu’il est hors de prix.

Ken Joseph FOCUS FWI | 5


FOCUS MAI - JUIN 2015

FOCUS / ÉDITION RUNWAY 97100 BASSE-TERRE M. contact@agence-runway.com

Rédacteur en Chef Ken JOSEPH

ken.joseph@agence-runway.com Directeur de Publication : Mike MATTHEW mike.matthew@agence-runway.com Rédacteurs : Ken Joseph, Pierre-Yves Chicot, Steve Gadet - Salomé Berry - Marc Lemoine Georges Bruno - C.M - H.S

Département Artistique

Direction Artistique : Agence Runway Graphisme : Agence Runway

Régie Publicitaire

Agence Runway : P. 0690 589 688

Crédits photos:

Fondation Cartier, AFP, CCI des îles de la Guadeloupe, Véronique & Aurélien BRUSINI, Éric Corbel, Beats, Samsung, Blackberry, Yotaphone, Sky Sports, Apple, Cédrick Isham Calvados, Azuma Makoto, Child health foundation, wwf,Cartier, Armin Strom, Graham, Bell&Ross, Rotary, Hublot, Hamilton, Perrelet, Roger Dubuis, Franck Muller, Tissot, Rado, Lancel, Giorgio Armani, Guerlain, Calvin Klein, Tod’s, Mulberry, Nocibé, Nina Ricci, Créme de la mer, Lancôme, Make up for erver, Nars, Sisley, Gemey Maybeline, Fendi, Van cleef & Arpels, Chanel, Boivin,

Impression : En Union européenne Distribution : Colibri Distribution ISSN 2425-729X

Remerciements

Tendacayou - Lionel LAURENDOT Tahiana GUSTAVE - Sophie CORVO Karine GATIBELZA - Éric CORBEL Tabara DARTRON - Olivier NICOLAS Cédrick ISHAM CALVADOS - Ministére de l’Outre-mer Véronique & Aurélien BRUSINI

En couverture, Lionel L, photographiée par Éric Corbel, porte une veste et un pantalon, Eclipse by Daniel 6 | FOCUS FWI Création. Mise en beauté par Karine Gatibelza.


FOCUS FWI | 7


18

APARTHEID : LA FRANCE FRACTURÉE PAR UNE SÉGRÉGATION NON DITE ?

Sommaire MAGAZINE

12 Billet d’humeur 14 Mécanique du temps 16 L’air du temps

GRAND ANGLE

18 Apartheid, la France fracturée par une ségrégation non dite ? 19 Les « sans-dents » de la République 20 Le grand scandale du mal-logement 22 Ce passé qui passe mal...

ÉCONOMIE

30

DOSSIER : LE POIDS DE LA DÉPENDANCE RETRAITE : COMMENT MIEUX PRÉPARER DEMAIN 8 | FOCUS FWI

26 Cas d’économie 27 La bataille pour l’emploi : Un plan pour les chômeurs longue durée ? 28 Les 35 heures : une loi maudite ?

DÉCRYPTAGE

30 Le poids de la dépendance 31 Les casse-tête de la dépendance 32 Retraite : Comment mieux préparer demain ?


FOCUS FWI | 9


10 | FOCUS FWI


PLACEMENTS

34 Les meilleures alternatives au Livret A 34 Compte-titre

IMMOBILIER

35 Le dispositif Pinel : acheter pour louer.

SANTÉ

36 Le poids du surpoids : Maladie complexe, intime et sociale.

SPORT

38 Thierry Henry : The King

CULTURES 40 Focus Book 41 Musique 42 Be Geek

AVANT-GARDE

44 Les trésors du Vaudou 50 Évasion : Envie des îles de la Guadeloupe

MODE 62 63 64 66 67 68

Horlogerie homme Accessoires homme Beauté Accessoires femme Bijoux Envie de Mode : L’appel de l’exotisme

65

MODE : L’APPEL DE L’EXOTISME

82 CARNET D’ADRESSES

48

ÉVASION : ENVIE DES ÎLES DE LA GUADELOUPE FOCUS FWI | 11


#BILLET D’HUMEUR

LE PLUS PETIT DE NOS FRÈRES

de la société simplement parce qu’ils ne sont pas nés dans le pays alors qu’on exploite leur force de travail. Derrière ce mot, je vois aussi certaines femmes du pays qui subissent une violence multiforme et intolérable. Ils peuvent aussi être ceux qui passent par des difficultés émotionnelles et psychologiques même s’ils sont à l’abri du besoin matériel. Ils peuvent aussi être une minorité religieuse ou raciale en proie à la persécution. Ce sont ceux qui peinent à suivre leur cursus scolaire pour des raisons variées, ceux qui n’ont personne pour les encadrer en fin de journée. Je pense aux détenus qui cherchent à se former durant l’exécution de leur peine. Nous devons continuer à rendre l’éducation accessible derrière les barreaux afin d’optimiser leurs chances de réinsertion. Je pense aux associations qui font un travail extraordinaire en créant des espaces d’échanges et des projets pour revitaliser le lien social, venir en aide aux familles et aux individus en difficulté. J’en ai croisé partout en Guadeloupe et en Martinique. Elles doivent être soutenues de toutes les manières possibles, par un virement mensuel, par du temps et des mains mis à leur disposition bénévolement et régulièrement. Le vent du désespoir aurait été cent fois plus violent dans nos îles si ces associations n’étaient pas en place. Nous leur devons une fière chandelle. Je pense aux épiceries solidaires et à tous les autres dispositifs en place pour faire reculer l’extrême précarité, aux ateliers mis en place avec les demandeurs d’emploi afin de les équiper sur le chemin de l’emploi. Comme le disait le rédacteur en chef de Christianisme Aujourd’hui, Christian Willy : « dans une société de slogans, où chacun cherche la plus forte caisse de résonance possible pour faire progresser ses idées, certains sortent du lot en cherchant le bien du prochain plutôt que leur propre intérêt. Ces individus qui passent de la parole aux actes m’inspirent ».

orsqu’on analyse la situation internationale ou parfois la situation locale, certains crient au complot monté par des groupes d’hommes d’affaires très puissants qui s’appuient aussi sur des cercles métaphysiques. Je ne crois pas au complot mais surtout à l’existence de groupes, de personnes ayant des intérêts et des moyens de les défendre. Leurs meilleurs alliés, c’est notre fatalisme et/ou notre indifférence. Certains d’entre eux cherchent à limiter la capacité d’agir du plus grand nombre. S’ils ont réussi à te faire croire que tout est joué et que l’histoire est déjà écrite, j’espère que ces quelques lignes te convaincront du contraire : l’histoire n’est jamais écrite à l’avance et les petites mains qui s’organisent auront toujours un impact! En tant qu’universitaire, je ne veux pas seulement voler de conférence en conférence pour partager mes idées. Ce qui m’intéresse, c’est en faire bénéficier mes gens et nourrir nos conversations pour la construction de nos sociétés. Je veux enseigner aux jeunes de nos îles qu’une vie au service des autres a beaucoup de puissance et de sens.

Nos sociétés antillaises sont très attachées à la croyance en Dieu et particulièrement à la foi chrétienne. Je suis moi-même chrétien protestant, ce n’est un secret pour personne. Tous ceux qui décident de tendre la main à ces communautés ou à ces individus, répondent à ce grand idéal du Christ, à savoir, faire du bien au plus petit de ses frères, c’est œuvrer à la rédemption de l’humanité, c’est l’empêcher de s’autodétruire. Le grand théologien anglican John STOTT déclarait, il y a trente ans, que le plus grand obstacle des chrétiens dans le partage de leur conviction était leur échec à être ce qu’ils affirmaient être . En d’autres termes, il y avait trop de vide entre ce qui sortait de nos bouches et nos manières de vivre en société. Et ce fossé de crédibilité entre notre message et nos actions rendait Dieu invisible aux yeux de la société. Loin de moi l’idée de dire que toutes les églises sont dans ce cas. Cet engagement va en droite ligne avec la mission de l’église chrétienne, défendre les plus faibles et éveiller les consciences pour une société plus juste. L’église catholique, l’église adventiste, l’église baptiste et bien d’autres églises protestantes se mobilisent aux Antilles pour leur tendre la main au quotidien. Cette main tendue, aussi honorable soit-elle, mérite quand même d’être examinée pour savoir si elle répond aux attentes, si elle utilise les bons moyens pour recenser les besoins et toucher les gens. Le but final, ne l’oublions pas, doit être la responsabilisation afin que ces personnes puissent tenir debout seules sans être constamment dépendantes de cette main. J’ose croire aussi qu’à leur tour, une fois sorties des griffes de l’épreuve, elles pourront devenir un doigt de cette main.

Avec les moyens que nous avons en main, nous devons œuvrer à l’amélioration des conditions de vie des plus vulnérables. Et derrière le mot vulnérable se cachent beaucoup de réalités différentes. Les plus faibles, les anonymes, les « sans-voix » et les « sans-visage» peuvent être en bas de l’échelle socio-économique. Ils peuvent être des personnes en situation de handicap, des prisonniers qui séjournent derrière les barreaux mais dans des conditions dégradantes, des ex-prisonniers qui traînent leur casier judiciaire comme un tatouage sur le front, des marginaux sans domicile fixe. Mais ils peuvent aussi être des émigrés en situation régulière ou irrégulière, poussés à la marge

Le devoir de ceux qui ont plus de ressources pour faire face aux défis de la vie, c’est de pointer le faisceau de la justice sur ces personnes afin qu’elles aient la possibilité de prendre leur propres décisions et qu’elles ne subissent plus les décisions de ceux qui ont plus de pouvoir qu’elles. Chaque citoyen concerné doit être cette voix et ce trait d’union entre eux et les institutions, entre eux et les ressources manquantes. Tout cela sans aucune naïveté et sans aucun misérabilisme. Si les plus vulnérables d’entre nous ne sont pas encadrés, enseignés, défendus, responsabilisés, soignés et écoutés, le climat de paix auquel nous aspirons tous ne restera qu’un rêve lointain...

Billet signé par Steve Gadet

L

12 | FOCUS FWI


Focussement votre

www.focus-fwi.com À l ’heure où tout le monde voudrait

écrire comme personne. FOCUS interroge

le monde pour éclairer

ceux qui font les idées, les mots et les images de notre société. Un souffle énergique et cryptique explorant

les lieux où parfois se rejoignent intérêts du grand public, sommet

de la contre-culture, expérimentation et

tendances de demain.

Prolongez aussi l’expérience FOCUS F.W.I sur les vols d’AIR CARAIBES et retrouvez votre magazine préféré en intégralité.

FOCUS FWI | 13


#MÉCANIQUE DU TEMPS

LE GRAND BAZAR

ET SI ON LÉGALISAIT LA « GANJA »... ? 2 milliards d’euros.

C’est ce que pourraient rapporter à l’État français la dépénalisation et la légalisation du cannabis, selon une étude – publiée le 19 décembre dans Le Monde – du think thank Tera Nova, groupe de réflexion classé à gauche. Les très sérieux auteurs de cette étude, trois économistes, développent plusieurs scénarios, dont celui de la légalisation de la production, de la vente et de l’usage dans le cadre d’un monopole public. Cette hypothèse pourrait entraîner la création de 13 000 emplois, une réduction de 523 millions des dépenses publiques et une augmentation des recettes fiscales de 1,3 milliard d’euros. L’idée est assez planante ! Mais il convient de revenir sur terre et d’envisager les choses avec un peu de réalisme. Notamment en tournant le regard vers l’étranger, dans un de ces pays où le cannabis a été légalisé, pour voir simplement comment cela se passe. Ni enfer ni paradis, depuis sa légalisation au 1er janvier 2014, l’État du Colorado a connu une explosion du business lié au chanvre. En effet, en arpentant les routes du Colorado il est difficile de ne pas être ébahi devant cette avalanche de « canna-cônes » (méga-joints), de brownies à la marijuana, de pizzas, de «potcorns ». Ou devant cette cohorte d’avocats spécialisés dans le « droit de la marijuana » et de conseillers en investissement dans le « canna-business». L’État n’a pas seulement légalisé la marijuana. Il l’a banalisé, avec tout le génie américain pour le marketing et l’organisation. Le cannabis a désormais pignon sur rue, avenue et boulevard. La marijuana est entrée dans les mœurs avec une telle 14 | FOCUS FWI

facilité que beaucoup semblent avoir perdu de vue qu’elle «continue à être illégale dans 99 % du monde », souligne Ricardo Baca, le rédacteur en chef de The cannabist. Le 1er janvier 2014, la vente libre aux adultes de 21 ans a commencé. Depuis, il n’y a eu ni émeute ni effondrement de l’ordre public. « Le ciel ne nous est pas tombé sur la tête », résume Andrew Freeman, le coordonnateur pour la légalisation de la marijuana au cabinet du gouverneur. « On nous avait prédit du sang dans les rues, des batailles de cartels. Rien de tel n’est arrivé», exulte Ean Seeb, le cofondateur de Denver Relief, une entreprise de vente de cannabis médical et président de la National Cannabis Industry Association. Ainsi, selon le FBI, le nombre d’agressions violentes a diminué de 5,2% à Denver pendant les cinq premiers mois de 2014. La délinquance a chuté de 10,1%. Contrairement aux prévisions alarmistes, il n’y a pas eu plus d’accidents de la route - leur nombre a même baissé. Nulle trace de décadence à Denver. Toutefois quelques accidents, dus à une surconsommation ou, plutôt, à une ‘‘ mauvaise ’’ consommation. En conclusion, moins de crime, plus de tourisme, de nouveaux emplois et … trop d’argent soit 30 millions de dollars de trop ! En effet, l’État du Colorado fait aujourd’hui face à un cas sans précédent : les taxes prélevées (30 % ) sur la vente de cannabis rapportent tellement à l’État américain que selon une loi de 1992, celui-ci pourrait se voir obligé d’en reverser une partie à l’ensemble des contribuables. L’ensemble donne à réfléchir. Et laisse rêveur.

Soyons créatif ! Si l’emploi du mot ‘‘génocide’’ est jugé abusif pour parler des meurtres de masse dont les Africains réduits en esclavage ont été victimes pendant des siècles, peut-être devons-nous parler de ‘‘ NÉGRICIDE’’...

Jocelyn Valton

ÉCONOMIE

20e CONFÉRENCE DES RÉGIONS ULTRAPÉRIPHÉRIQUES Du 2 au 7 février 2015, la Région Guadeloupe a accueilli la 20e conférence des Régions ultrapériphériques (RUP). Les principaux thèmes abordés étaient l‘emploi, la nécessaire prise en compte de la spécificité des RUP, l’agriculture et la pêche. Afin de lutter contre le chômage, les 9 présidents des RUP ont acté la création du réseau emploi RUP, destiné à favoriser l’échange d’idées et le développement de politiques communes. Les présidents des RUP ont également réaffirmé la nécessité d’adapter l’application du droit de l’Union européenne aux RUP, ces dernières étant en concurrence avec des États voisins qui ne sont pas soumis aux mêmes règles économiques et sociales que celles appliquées en Europe. En ce qui concerne l’agriculture, les présidents des RUP ont rappelé leurs incertitudes face à la fin des quotas sucriers prévus pour la fin 2017. Enfin, ils ont demandé à l’Union européenne de valoriser le potentiel de la pêche des RUP pour en faire un véritable secteur économique pourvoyeur d’emploi.


DAECH

TUER LA CONSCIENCE TRANQUILLE

N

Aucune raison sociologique n’explique l’émergence de Daech. Ce qui pousse tant de jeunes à rejoindre cet ‘‘Etat’’ est sa capacité, au nom du sacré, à semer la terreur.

Nos sociétés Occidentales ont toujours voulu ‘‘expliquer’’ la montée du nazisme en Europe. Ils invoquent les conséquences de la Première Guerre mondiale pour les Allemands, c’est-à-dire l’humiliation nationale du traité de Versailles [1919] et l’amputation de son territoire, ainsi que la crise économique, l’inflation sans précédent et un chômage record. C’est cela qui avait permis au nazisme de progresser en Allemagne, de commettre des crimes contre l’humanité et de planifier l’Holocauste. Aujourd’hui, nous cherchons encore des ‘‘raisons’’ pour expliquer un autre phénomène, à savoir le départ de jeunes Européens vers l’Irak et la Syrie pour rejoindre Daech. Nos intellectuels et commentateurs de tout genre citent des témoignages pour apporter des éléments à ce qui est déjà connu, à savoir que les apprentis djihadistes se recrutent parmi une jeunesse marquée par une crise d’identité, le chômage, des fantasmes sexuels, le racisme, la marginalisation, un besoin de reconnaissance et de dignité, les survivances du colonialisme européen et la recherche d’une cause pour donner un sens à leur vie. Eux les Orientaux, font de même quand ils parlent des ‘‘raisons sociologiques’’ qui pousseraient leurs jeunes à rejoindre le djihad. Ils évoquent la terrible misère, l’absence d’avenir, la soif de dignité ou encore le désir d’en finir avec les traces de la colonisation des ‘‘croisés’’. Et ils y ajoutent comme explication l’affrontement entre sunnites et chiites qui fait rage dans la région, pour dire que les jeunes partent défendre les sunnites contre l’agression des chiites. Un autre sujet passionnant consiste à parler des motifs de ceux qui financent Daech en sousmains. Ceux-là ne sont victimes ni de la pauvreté ni du chômage. Qu’est-ce qui les pousse donc à soutenir Daech ? Qu’y a-t-il de commun entre de riches donateurs et de pauvres jeunes ? Ce qui les rassemble réside dans le caractère exceptionnel de Daech, dans son inventivité criminelle, qui permet de tuer la conscience tranquille, au nom du sacré. Tué en groupe, sans se cacher, sans la peur d’être découvert, mais au contraire comme au cinéma, en s’en vantant ouvertement et en revendiquant le fait de ramener l’humanité aux siècles de la barbarie. Et chaque fois, Daech repousse les limites de l’horreur par un crime plus violent, plus sophistiqué, plus spectaculaire au point qu’on se demande toujours que sera leur prochaine trouvaille. Les raisons qui poussent des jeunes à rejoindre Daech résident moins dans la crise économique ou identitaire que dans l’alchimie faite de terreur, d’outrance assumée, de résilience face aux frappes aériennes et de la capacité particulière de l’organisation terroriste à faire peser un fardeau sur l’humanité. Cela ne vient pas de nulle part. C’est le produit d’un mélange entre la mondialisation, une régression culturelle et des pratiques mortifères préexistantes. Daech amène des jeunes à se fourvoyer sans qu’il y

ait besoin de raisons sociologiques et anthropologiques. Quand il prêche la mort avec la ferveur de celui qui se prend pour Dieu, il y en a qui l’écoutent. Quand on demande aux membres de l’État islamique [EI, Daech en arabe] pourquoi ils se battent, ils répondent le plus souvent : ‘‘Pour que la charia soit appliquée et que la bannière de l’islam continue à flotter.’’ Selon Marwan Shehade, spécialiste jordanien des groupes djihadistes, ‘‘il est certain que ces organisations reposent sur trois piliers : la charia, la force armée et les médias. Leur principal slogan s’inspire d’un précepte d’Ibn Taymiyya, célèbre théologien du XIIIe siècle, selon lequel les fondements de l’islam sont un livre comme guide et un sabre comme soutien. Par le mot ‘livre’, il fait référence au Coran.’’ Malgré le débat sur la question de savoir si l’EI représente l’islam et ce qu’est le ‘‘vrai islam’’, les mouvements, groupes et érudits islamiques pensent que le groupe djihadiste croit sincèrement au Coran et Hadiths sous la conduite du Conseil de la charia. Ce conseil, qui est sans doute l’organe le plus important de l’EI, est chargé de superviser les discours de l’autoproclamé ‘‘calife Ibrahim’’ (Abou Bakr Al-Baghdadi) et de ses subordonnés, de fixer les sanctions, de prêcher, de servir de médiateur, de contrôler les médias du groupe, d’assurer la formation idéologique des nouvelles recrues et de conseiller le calife sur la manière d’agir avec des otages une fois que la décision de les exécuter a été prise. Djihad, ce que dit vraiment le Coran. Dans un livre à paraître prochainement, Islam, les vérités interdites, le docteur en islamologie Jean-Jacques Walter le rappelle : « Pour les musulmans, le projet de répandre l’islam par la force reste toujours l’objectif à atteindre. Il ne s’agit nullement d’une déformation de l’islam par les extrémistes. Mahomet a déclaré : “On demanda à l’envoyé d’Allah quel était l’homme le plus méritant. Il répondit: c’est le musulman qui pratique le djihad.” » (Hadith 56, 2-1.) Et : «Un homme vint trouver l’envoyé d’Allah et lui dit : “Indique-moi une œuvre qui ait la valeur du djihad.” “Je n’en trouve pas”, répondit le Prophète. » (Hadith 56, 1-4.) « Combattez ceux qui ne croient pas en Allah et au jour dernier, écrit le Coran ; ceux qui ne déclarent pas illicite ce qu’Allah et son prophète ont déclaré illicite; ceux qui, parmi les gens du Livre [les chrétiens et les juifs ne pratiquent pas la vraie religion. » (Sourate 9, verset 29.) Dans le Coran, « l’injonction d’obéir aux prophètes apparaît 76 fois […] ; l’obligation d’avoir peur d’Allah apparaît 150 fois ; les menaces contre les insoumis apparaissent 849 fois — menaces de sanctions “atroces”, “terribles”, “douloureuses”, “humiliantes” ; à l’inverse les mots tendresse, amour, aimer au sens occidental n’ont strictement aucune occurrence ». Par Salomé Berry

FOCUS FWI | 15


#L’AIR DU TEMPS

LE TEMPS JOUE-T-IL CONTRE NOUS ? En présentant le dernier rapport de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), son secrétaire général, Michel Jarraud, n’a pas caché l’urgence de la situation. Selon cette agence de l’ONU, les gaz à effet de serre ont atteint en 2013 des concentrations records. Entre 2012 et 2013, le taux d’accroissement du dioxyde de carbone atmosphérique a été le plus important depuis 1984. Les conséquences de cette dégradation pourraient être désastreuses pour la planète. Pour tenter d’y remédier, il faut s’attaquer aux causes. L’homme premier responsable. Si une grande partie des gaz à effet de serre sont d’origine naturelles (la vapeur d’eau étant la plus importante et le moins nocive), les plus dangereux résultent de l’activité humaine. Et de la combustion de combustibles fossiles (charbon, pétrole, gaz naturel) venue surtout des transports et de la production d’électricité. Depuis 1880, les rejets de ces gaz ont été multipliés par soixante. Au total, plus de 1 100 milliards de tonnes de CO2 ont été rejetées dans l’atmosphère. La déforestation galopante est aussi à pointer du doigt. Le CO2 émit par les arbres brûlés étant trop importants pour être absorbé par ceux qui restent debout. L’élevage intensif est quant à lui responsable de 18 % des émissions, avant tout du méthane (CH4). Légèrement moins nocif pour la planète que le CO2, sa concentration s’est accrue de 260 % par rapport au niveau préindustriel. Mais le rapport de l’OMM met en exergue une nouvelle cause expliquant la concentration très importante de gaz à effet de serre en 2013. Selon elle, les quantités de dioxyde de carbone absorbées par la terre elle-même (notamment par les plantes), environ un quart des émissions, ne seraient plus aussi grandes qu’avant. Un constat qui, s’il se confirme, pourrait être « lourd de conséquences ». Réchauffement et acidité. La première conséquence de cette concentration record reste le réchauffement climatique. Les spécialistes prévoient une augmentation globale pouvant aller de 1° à 6°C au cours du siècle, ce qui entraînerait une augmentation du niveau de la mer de plusieurs dizaines de centimètres et des événements climatiques (inondations, sécheresses, tempêtes…) plus intenses et récurrents. L’homme pourrait aussi être le premier à subir les conséquences avec la multiplication des maladies liées à la pollution : affections respiratoires, cancers du poumon, etc. À plus long terme, les 16 | FOCUS FWI

océans, qui absorbent aujourd’hui un quart des émissions de gaz à effet de serre, devraient aussi devenir plus acides, menaçant la survie de milliers d’espèces. Pour inverser la tendance, ou tout du moins la ralentir, la communauté internationale doit enclencher une décroissance des émissions de gaz à effet de serre autour de 2020. Un objectif qui semble irréalisable aujourd’hui. CES MALADIES INDUITES PAR LE CHANGEMENT CLIMATIQUE. « Le réchauffement climatique représente la même menace pour la santé que le manque d’assainissement et la pollution au début du XXe siècle. » Ces propos sont ceux des chercheurs ayant publié, dans le Journal of the American Medical Association au mois d’octobre dernier, une étude sur les effets du changement climatique sur notre santé. Elle compile 56 études menées sur l’influence du climat, de la hausse des températures à la multiplication des catastrophes naturelles. Séquelles émotionnelles. D’ici à 2050, les villes américaines verront leurs températures grimpées. A New York ou à Milwaukee, le mercure devrait passer au-dessus des 32°C trois fois plus souvent qu’actuellement. Ce phénomène aura des conséquences sur la santé des habitants, estiment les chercheurs, qui évoquent le stress, les troubles respiratoires, l’asthme, les allergies… Difficile de croire que les Antilles seront épargnées. Les fortes pluies engendrées par le changement climatique risquent, pour leur part, de rendre l’eau du robinet non potable générant une augmentation du nombre de maladies gastro-intestinales. Sans compter les maladies transportées par les moustiques. À côté des maladies physiques, l’étude pointe les effets sur l’esprit qu’engendrent les catastrophes naturelles liées au changement climatique. Les personnes déplacées, ayant tout perdu lors d’un tremblement de terre ou de passage cyclonique, subissent parfois de graves séquelles. Les chercheurs soulignent enfin que le domaine de la santé ne serait pas le seul bénéficiaire d’une baisse des émissions de gaz à effet de serre. L’économie pourrait en bénéficier aussi, par effet de ricochet. Comme le cas des ouvriers travaillant à l’extérieur qui, si les vagues de chaleur se multiplient, seront plus souvent absents de leur poste de travail. Le cercle vicieux de l’air vicié, en somme. Par C.M


TĂŠl : 05 90 41 55 55 - Fax : 05 90 41 55 56 www.guadeloupe-parcnational.fr FOCUS FWI | 17


#GRAND ANGLE

«Apartheid», la France fracturée par une ségrégation non dite?

U

ne telle question peut apparaître comme particulièrement saugrenue tant le régime inique et impie de l’apartheid qui a existé en Afrique du Sud de 1948 à 1991 n’a jamais eu son pareil en France sur le sol hexagonal. L’apartheid a eu pour but de réaliser une politique de développement séparé affectant la population selon des critères raciaux et ethniques. Ce système raciste a également eu droit de citer en Namibie entre 1959 et 1979. La ségrégation raciale états-unienne qui fut le fruit de nombre d’administrations entre 1896 à 1967 entretient à bien des égards des convergences avec le modèle sud-africain, singulièrement en s’appuyant sur un postulat de départ qui consiste à mettre en lumière la supériorité de la communauté dite blanche sur toutes les autres. La République, dont le fondement repose sur le principe d’égalité a-telle été tant pervertie, donnant alors l’occasion de dire que l’apartheid n’est pas étranger à la France ? Le propos étant tenu par un des plus hauts responsables politiques français : le Premier Ministre. La République française et l’apartheid : un rapport antagonique Dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 qui gouverne encore l’actuelle Constitution en vigueur, l’article 1er exprime avec la plus grande limpidité la conviction qui suit : « les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit ». Le texte politique fondamental qui constitue le premier instrument de régulation sociale en France, autrement dit la Constitution, notamment celle du 4 octobre 1958, sous l’empire de laquelle nous vivons, dresse un rempart contre toute tentative de ségrégation raciale en énonçant que : « la France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion ». On y trouve par ailleurs une affirmation symbolique emportant pour autant des conséquences juridiques, et qui concerne la devise républicaine, inscrite sur le fronton des édifices républicains : « liberté, égalité, fraternité ». Dans le même ordre d’idées, en s’intéressant aux sphères supranationales de décisions politiques qui obligent par conséquent la France, on invoquera volontiers la Charte européenne des droits fondamentaux qui pose l’interdiction de « toute discrimination fondée notamment sur le sexe, la race, la couleur, les origines ethniques…». Au regard de ce qui précède Manuel Valls, Premier Ministre du Gouvernement de la République, aurait-il été submergé par un climat singulier ayant fait suite aux dramatiques événements du 7 janvier 2015 ? On peut en douter. Le Premier Ministre, haut responsable politique, dit la parole de la France, mais agit également en politicien soucieux de conserver le pouvoir qu’il a tout en souhaitant en conquérir d’autres. En ce qui le concerne, il ne fait guère mystère de son ambition d’occuper à terme la magistrature suprême dont le siège matériel est à l’Élysée. Après avoir réagi sur le terrain de la fermeté ; ordonné aux uns et aux autres en vue de rétablir la sécurité et la pacification du territoire national, il place en dernier lieu le débat sur le terrain social.

18 | FOCUS FWI

En effet, les terroristes qui tueront dans les locaux du journal Charlie Hebdo et dans l’hypermarché casher en ce début d’année 2015 sont des ressortissants nationaux issus de quartiers populaires. De ce fait, les attaques qualifiées de « terroristes » perpétrées en France comportent des explications qu’il convient de rechercher au sein même de la communauté nationale. La République française et l’apartheid : un rapport d’attraction Le principe d’unité et d’indivisibilité de la République, aussi fondamental que celui d’égalité fait trop souvent oublier la réalité du territoire national, tant d’un point de vue matériel que d’un point de vue social. On peut bien sûr comprendre le désir de construire pied à pied la cohésion nationale. C’est louable ! Cependant, la nation qui traduit le besoin de vivre ensemble pour perdurer ne peut se contenter du lyrisme du discours pour que l’effectivité de l’ambition soit au rendez-vous. La France est diverse dans sa manière d’envisager le rapport à Dieu, à la mort, à la vie, aux libations festives, à ce qui est aussi élémentaire que de se nourrir. Et ce, pour la simple et bonne raison que des communautés humaines ontologiquement différentes la composent. A vouloir le nier à tout prix est créateur de désordres. Des progrès ont certes été enregistrés à l’image de la promotion constitutionnalisée des langues régionales. Même si les minorités ne sont pas reconnues par le droit français, cela veut-il autant dire qu’elles n’existent pas ? Evidemment non ! Et quand leur reconnaissance survient, c’est à un ton plutôt condescendant auquel on a recours. Mohamed Coulibaly et les frères Kouaschi faisaient partie de ce qu’on a coutume d’appeler aujourd’hui en France : « les minorités visibles» sans qu’on ne sache exactement l’interprétation réelle et surtout latente à donner à cette expression. D’autres manières de désigner certains français ont une tonalité tout aussi dévalorisante. On songe à titre d’exemples à : « français d’origine étrangère» ou encore «membres de la diversité ». Au final, insidieusement mais résolument, est introduite une diffraction de la communauté nationale laissant penser qu’il faut désormais raisonner par catégories, par communautés, bref de façon « séparée ». Et le mot est lâché. Parce que, à la vérité, la coexistence séparée ne constitue pas un leurre. Le département de la Seine-SaintDenis en est certainement l’exemple le plus emblématique. L’apartheid français s’il en existe un, réside vraisemblablement dans les inégalités trop criantes entre les citoyens, les territoires, les quartiers, les institutions éducatives. Trop fréquemment, les politiques de la ville et d’éducation dite prioritaire ont eu comme corollaire pervers de légitimer des territoires clos où on trouve en très grand nombre des familles issues de la politique coloniale française. Plus d’un tiers des municipalités assujetties à la loi Solidarité et renouvellement urbain (SRU) ne remplissent toujours pas leurs obligations de construction de logements sociaux. Et les aides au logement ont d’abord bénéficié aux organismes d’habitations à loyers modérés qui ont organisé la répartition ethnique dans les logements sociaux. Les Gouvernements ont mal à la diversité de l’être de la France. Ils font ainsi de l’égalité, un principe qui a encore beaucoup de promesses à honorer. Par Pierre-Yves Chicot


LES « SANS-DENTS » DE LA RÉPUBLIQUE "Dans deux semaines, il se peut que je n'aie plus de toit au-dessus de ma tête. C'est très difficile pour moi depuis quelques années. Je ne sais pas comment je vais faire. J'ai 4 enfants qui vivent en Métropole, ils sont tout ce que j'ai de plus cher. Je me bats encore, car je n'ai qu'un souhait : les rejoindre...", Précillia, 29 ans. Dans son livre Merci pour ce moment, Valérie Trierweiler affirme que François Hollande utilise la formule « sans-dents » pour qualifier les « pauvres ». « Il s’est présenté comme l’homme qui n’aime pas les riches. En réalité, le Président n’aime pas les pauvres. Lui, l’homme de gauche, dit en privé ‘‘les sans-dents’’, très fier de son trait d’humour », écrit la journaliste. Cette expression qui passe mal, renvoie à une dure réalité : une part importante de Français doit renoncer à tout soin dentaire par manque d’argent. Ce n’est guère étonnant, mais plus que jamais d’actualité : l’accès aux soins buccodentaires dépend du niveau de revenu, au point que les plus pauvres sont le plus souvent obligés de s’en passer. Et dans 50 % des cas, le motif de ce renoncement est le coût de la consultation. Résultat : pour les plus pauvres, l’expression « sans-dents » prend malheureusement tout son sens. L’ONG Médecins du Monde a par exemple estimé que les patients recourant à ses centres d’accueil comptent en moyenne 5,3 dents manquantes. Une proportion qui grimpe à huit dents pour ceux âgés de 40 à 59 ans. Au regard de l’indicateur le plus communément employé, la pauvreté monétaire relative (définie comme la part des individus vivant avec moins de 1 000 euros par mois), 8,5 millions des Français sont pauvres soit 14 %. Il n’y a jamais eu autant de pauvres en France depuis 1997 vivants avec moins de 964 euros par mois. Il y a la pauvreté visible, celle qu’on croise au coin de la rue. Les SDF, les personnes qui dorment dans leur voiture ou fouillent les poubelles. Et il y a la précarité moins ostensible de ceux qui ne peuvent pas survivre sans l’aide alimentaire, qui doivent choisir entre manger et se soigner… Dans son

dernier rapport, le Secours catholique révèle que ceux qui poussent chaque jour ses portes touchent en moyenne 515 euros par mois. Oubliés de bien des études nationales, les départements d’outre-mer sont pourtant confrontés à des difficultés économiques et sociales majeures. Les inégalités qui règnent sont beaucoup plus importantes que sur le reste du territoire national. La pauvreté est plus répandue dans les DOM qu’en métropole : 6 % des ménages de métropole sont considérés comme pauvres, mais 12,5 % de ceux de la Guadeloupe, 12 % de ceux de la Martinique et 20,7 % de ceux de Guyane. Les différences sont plus marquées quand on mesure la pauvreté des enfants: 16 % des enfants guadeloupéens, 13 % des enfants martiniquais et 32 % des enfants guyanais vivent en dessous du seuil de pauvreté contre 8% en France métropolitaine. Le nombre de bénéficiaires de minima sociaux représente un moyen d’approcher les réalités de la pauvreté. Aujourd’hui, la pauvreté est étroitement liée à l’absence d’emploi. Le taux de pauvreté en Guadeloupe est nettement plus élevé (12,5 %) qu’en France (6,5 %) Les Français n’ont pas besoin de statistiques officielles, données en plus avec deux ans de retard, pour constater ce qu’ils voient chaque jour dans la rue : les gens qui ramassent les fruits et les légumes abandonnés à la fin des marchés, les hommes qui dorment dans les entrées d’immeubles, qui font la manche à la sortie des magasins d’alimentation, les enfants qui prennent un seul repas consistant par jour, celui de la cantine. Un comble dans une nation aussi riche que la nôtre, qui connait malgré tout 400 000 pauvres de plus chaque année. Par K.J FOCUS FWI | 19


LE GRAND SCANDALE DU MAL-LOGEMENT Voilà vingt ans que, faute de statistiques de l’État, la Fondation Abbé-Pierre (FAP) dresse l’état des lieux du mal-logement en France. Son dernier diagnostic, publié en février, est implacable : le phénomène s’enracine et se stabilise à un haut niveau (3,5 millions de personnes mal logées) sous l’effet d’une crise interminable. Plus grave, « les dispositifs imaginés dans les années 1990 sont à bout de souffle et s’empilent, illisibles, ce qui alimente le sentiment d’injustice », tranche Christophe Robert, délégué général de la FAP. Si le logement est en effet le premier poste de dépense des Français, tous ne sont pas logés à la même enseigne. Et pour cause, on estime à 17 000 le nombre de personnes vivant dans des bidonvilles en France hexagonale, la situation est tout autre par ailleurs, puisqu’il sont plus de 150 000 rien qu’en Guadeloupe, Martinique, Guyane et Réunion vivant dans des logements insalubres, généralement informels. Souvent présentée comme l’un des territoires de la diversité, la Guadeloupe n’échappe pas à cette image dès lors qu’on s’intéresse aux enjeux qui ont à voir avec la question du logement. En effet, derrière des traits généraux qui parfois distinguent, parfois rapprochent la réalité guadeloupéenne de celle de la métropole, émergent des phénomènes plus complexes et ambigus, révélateurs d’une société fragilisée. L’affirmation progressive du modèle urbain et la forte croissance du parc de logements ne doivent pas occulter la croissance alarmante des situations d’isolement (personnes seules, familles monoparentales…), ainsi que le recours de nombreux ménages à des conditions d’habitats dégradées et souvent à la marge du droit commun, moins soumis à la pression foncière, mais aussi éloignés des aménités (services, équipements, commerces) à même de leur apporter des perspectives durables d’insertion. À l’analyse, se dessine ainsi un territoire en clair-obscur, un territoire où les évidences – besoins familiaux, densification des villes, amélioration des logements, moyens mis en œuvre par les pouvoirs publics – détournent d’autres réalités pourtant difficiles : l’isolement d’une part croissante de ménages, la recrudescence de l’habitat de fortune qui fait persister le phénomène d’habitat dégradé, le déficit de coordination entre les acteurs locaux. Finalement, beaucoup d’indices laissent à croire que les enjeux sociaux liés au logement restent encore trop mésestimés. Les données récoltées auprès des divers acteurs du logement de l’île 20 | FOCUS FWI

permettent ainsi d’avoir un aperçu des manières selon lesquelles se manifestent les cinq formes de mal-logement définies par la FAP: les personnes sans domicile personnel, les difficultés d’accès au logement, les personnes contraintes de vivre dans de mauvaises conditions de logement, les ménages en difficultés pour se maintenir dans leur logement et la mobilité difficile. Le poids des vulnérabilités sociales comme les fragilités de l’aménagement du territoire guadeloupéen exposent ainsi la population de l’île à d’importantes difficultés pour accéder ou se maintenir dans un logement digne, adapté à leurs besoins comme à leur capacité. Chez nous, où la faiblesse des revenus, la précarité de l’emploi et l’extrême difficulté de bénéficier d’un logement social expliquent un passage au marché de l’insalubre d’une grande partie de la population. En effet, le nombre de ménages concernés est estimé à près de 15 000 selon la Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DEAL), dont 7000 se situant à Pointe-à-Pitre et aux Abymes. Toutefois, les habitations de fortune et les cases traditionnelles ne représentent plus que 3,9 % des résidences principales en 2009 contre 15 % en 1999. Néanmoins, selon le recensement 2009 de l’Insee, environ 3 300 ménages vivent sans électricité et 4 700 sans salle de bain ni douche. Cet éclairage transversal sur le mal-logement en Guadeloupe permet de constater à quel point la prise en compte de cette problématique doit désormais s’inscrire au cœur des politiques de développement, social et urbain. C’est en effet à une véritable urgence sociale que sont confrontés les acteurs locaux : développement diffus de l’habitat informel, publics « oubliés » par le droit commun, «reste à vivre» plus proches du « reste à survivre », etc., sont autant de symptômes d’un mal-logement qui appellent à une mobilisation partenariale des institutions impliquées dans les politiques du logement et de l’habitat. Mais dans un contexte de réduction des dépenses publiques, la tentation est grande de resserrer toujours plus les critères d’éligibilité aux aides, de restreindre encore davantage la cible des populations visées par les différents dispositifs. Toutefois, les situations de fragilité qui n’obtiennent aucune réponse de la part des pouvoirs publics finissent par s’aggraver, leurs conséquences de plus en plus lourdes et les coûts toujours plus élevés pour la collectivité, qui paie finalement au prix fort son insuffisante mobilisation en amont. Par K.J


Du dispositif «location-accession» • D’une TVA réduite à 2.10 % • D’une exonération de la taxe foncière pendant 15 ans, • D’un accompagnement sécurisé garantie de rachat et de relogement en cas d’accident de la vie. •

Nos futurs programmes • Terre de bas les Saintes • Baie-Mahault • Saint-Claude • Petit-Canal • Basse-Terre • Gosier Pour toute information contactez : SIG Cellule Accession mail : accession@sig-guadeloupe.fr - tel : 0590 93 41 48 FOCUS FWI | 21


CE PASSÉ QUI NE PASSE PAS...

L

’altercation entre Mr Augustin et Mr Chaulet à Basse-Terre révèle ce que la société de consommation essaie de nous faire oublier : le passé esclavagiste ne passe pas. On ne le voit pas tous les jours mais c’est encore une ombre qui recouvre certains domaines dans le pays. Cette dispute, ces injures racistes évoquent la question de la race, de la mémoire, de l’histoire et la question socio-économique aux Antilles. Je condamne fermement les propos et les gestes de Mr Chaulet. Ceux qui croyaient que la Guadeloupe de 2015 ne portait plus ce genre de d’état d’esprit reviennent de loin. Il y a encore des gens qui pensent comme lui dans nos îles, des jeunes qui grandissent en étant biberonnés par l’esprit anti-nègre. Certaines personnes ne disent rien mais leur attitude, leur action et leur manière de vivre viennent de cet esprit là. Le racisme, d’où qu’il vienne, est criminel parce qu’il déshumanise, affaiblit et marginalise des êtres humains. Je suis indigné mais lucide. Bien que j’ai des raisons de le faire, je refuse de cultiver l’amertume et la haine. Je serai du côté de ceux qui travaillent à une meilleure entente entre les gens qui partagent ce bout de terre que nous aimons tant, la Guadeloupe. Le discours du Président de la République qui a provoqué la réaction de Joëlle Ursull démontre autre chose. Les Français Blancs qui vivent dans l’Hexagone et les Français Noirs qui vivent aux Antilles pensent à partir de lieux mémoriels différents. En fonction de certaines questions, ils pensent leur passé, leur existence et leur futur différemment. On pense l’histoire à partir d’angles différents. Certaines choses ont plus ou moins d’importance que d’autres en fonction de notre 22 | FOCUS FWI

communauté. En cherchant à désavouer Joëlle Ursull, la Ministre de la France d’Outre-mer a été très maladroite. Est-ce parce qu’elle vit en France hexagonale depuis longtemps ? A vous de voir. George Pau-Langevin est une femme intelligente et engagée depuis longtemps pour une société plus équilibrée. Je ne vais pas faire comme certains l’ont fait et la disqualifier seulement à partir de ces propos. Elle devra néanmoins un jour réparer le tort qu’elle a causé chez certains d’entre nous. Il me faut quand même répondre à son argument. Selon elle, les intentions des bourreaux des Juifs et ceux des Africains n’étaient pas les mêmes donc les crimes commis n’ont pas la même ampleur. Ce ne sont pas les intentions qui comptent ici, ce sont les faits. Déshumaniser, brutaliser pour exterminer ou déshumaniser, brutaliser pour le travail forcé, les faits restent. L’esclavage a été un système brutal, vicieux et inhumain qui a broyé des femmes, des hommes et des enfants. C’est un système économique, politique, culturel, religieux et éthique qui a profité à des groupes. Il a provoqué des handicaps psychologiques et sociétaux sur plusieurs générations dans la région Caraïbe et ailleurs. Certaines personnes en Guadeloupe ne respectent pas ceux qui sont dans une position socio-économique inférieure. C’est un fait même si d’un point de vue éthique, le respect et la dignité ne devraient pas dépendre de notre condition socio-économique. Face à ça, je suis d’accord avec le Dr. Boyce Watkins lorsqu’il dit que le pouvoir politique sans le pouvoir économique, c’est comme avoir le permis sans avoir la voiture. Vous n’irez nulle part sauf si quelqu’un vous permet d’avoir une voiture. L’impact de l’esclavage est encore palpable aujourd’hui quoi qu’en disent les partisans du «An nou finn èvè sa ». Si j’étais au pays, j’aurais pris part aux manifestations pour dire non au racisme dignement et pacifiquement. • • •


FOCUS FWI | 23


E

st-ce que l’agonie des Juifs et des Noirs était différente parce que les objectifs de leurs bourreaux étaient différents ? Non. L’ignominie, la brutalité et l’exploitation à des fins économiques ou politiques n’ont pas de mesure ni de nationalité. Les comparaisons entre des souffrances n'ont jamais rien amené de bon. Cela ne signifie pas qu’il ne faille pas chercher à comprendre et évaluer les préjudices subits. Ceci dit, ceux qui comparent les souffrances ont un message à faire passer. Parfois, il vaut la peine d'être entendu. D'autres fois ils déshonorent la mémoire de ceux qui ont vécu ces souffrances. En France Hexagonale, la présence des communautés de couleurs dans la culture dominante ne leur ont pas toujours été favorable et des stéréotypes ont renforcé certaines perceptions. Ces communautés ont souvent été jugées et classées par rapport à des standards qui n'avaient aucun fondement dans la réalité. On peut comprendre leur besoin de reconnaissance et leur besoin de s’organiser pour défendre leurs intérêts. Cela ne veut pas non plus dire que toutes les personnes issues de ces communautés ont attendu des paroles de reconnaissance ou des dispositifs spéciaux pour se construire. Dans une société multiculturelle, l'histoire envisagée du point de vue d'une seule communauté nous donne ce qu'on a connu récemment d'où la réaction de Joëlle Ursull. Elle disait simplement au Président : « Attention, vous parlez et regardez l'histoire que d'un seul côté. De mon côté, je ne la vois pas comme ça car voilà ce que mes ancêtres ont vécu. » Peut-être que son ton et ses mots ne sont pas toujours lisses mais c’est ce que je garde du texte. Le 25 mars 2015, l’ONU a fait comme la Guadeloupe 24 | FOCUS FWI

à Darboussier en inaugurant une stèle à son siège de New-York en mémoire des victimes de l’esclavage. Ils l’ont fait afin de construire l’avenir sans oublier les conséquences du racisme et de l’avidité. On peut ne pas être d’accord avec les prises de position des uns et des autres par contre, il y a une chose dont nous devons nous préoccuper : c'est de la vérité des faits. La conscience des faits a été le point de départ de nombreux mouvements de réforme, de nombreux efforts pour faire cesser les injustices. La conscience fait partie du processus d'éducation. Peu importe notre couleur de peau, on doit tous apprendre à reconnaître comment notre groupe ethnoracial est entré en contact avec d'autres groupes. Les Blancs doivent le faire, les Noirs aussi, les Indiens, les Métisses, les Haïtiens, les Dominicains, les Békés, etc... Ce processus veut que nous apprenions à mettre les « chaussures » des autres. Nous ne sommes pas obligés de les garder mais voir la vie, l'histoire à partir d'autres perspectives que la nôtre. Cela nous donne une compréhension plus profonde de l'histoire. Cela nous aide aussi à voir comment ces différents groupes ont répondu ou pas aux injustices. Nous avons tous des efforts à faire pour ne pas être captifs de notre vision du monde, captifs de notre culture. Moi le premier. Pourquoi? Parce qu’elle nous met des lunettes lorsque nous regardons le monde. Le risque c'est que ces lunettes nous empêchent de comprendre la vision des autres. De temps en temps, nous devons apprendre à déposer nos lunettes et mettre celles des autres et vice versa. Ce qui s'est passé à Basse-Terre nous montre que le passé ne passe pas pour certaines personnes. Lorsqu'on ignore cela, il nous revient un jour en pleine figure. Je ne m'attends pas à ce que Nicolas Chaulet voit les Noirs autrement à la suite du procès. Comment puis-je changer le cœur d'un homme ? Seulement, je m'attends à ce que la Justice lui rappelle que sa couleur et le passé de sa famille ne lui donne pas le droit de traiter les Noirs en Guadeloupe comme il a traité Mr Augustin. En privé, l'amour se manifeste par de la tendresse mais lorsqu'il montre son visage dans l'espace public, on l’appelle Justice. Et ça, c'est le "job" de nos institutions. Si elles ne restaurent et ne protègent pas, le risque est grand de voir le malaise racial s'approfondir sous le soleil. Wole Soyinka, le prix Nobel de littérature en 1986 a dit: "Entre la vérité et la réconciliation, il y a un devoir de réparations". Cette réparation peut prendre plusieurs formes. La justice doit réparer ce qui a été brisé à Basse-Terre au risque de continuer à porter l'héritage d’une « certaine justice sous les tropiques ». Cette même idée de la justice que nos grandes robes noires comme Félix Rodes, comme feux René Falla et Gerty Archimède ont souvent combattu farouchement. Le Dr. Cornel West, l'un de mes modèles chrétiens et mon philosophe noir préféré, m'a appris que la douleur de mon peuple ne devait pas m'empêcher de comprendre celles des autres peuples ni chercher à les minimiser. Autrement dit, je ne dois jamais laisser la souffrance noire me rendre aveugle ou insensible à la souffrance des autres peu importe leur couleur, leur culture ou leur civilisation. Dans un pays comme la France, des descendants de personnes réduites en esclavage ont eu parfois l'impression que la société et ses institutions ne prenaient pas en compte la souffrance de leurs ancêtres de la même manière que la souffrance des autres communautés. Il y a surement plusieurs raisons à cela que je ne vais pas commenter ici. La lutte pour la dignité est commune à tous les peuples. Tous en ont besoin alors qu'ils se battent pour avoir plus d’emprise sur leur existence. A la lumière de ce passé qui a du mal à passer, l'un de nos défis est de ne pas rester emmurer derrière les slogans et les démonstrations. La route de l'action et du dialogue reste à défricher. Je ne sais pas ce qu’elle me réserve mais je veux y poser les pieds. L’un de mes rappeurs préférés s’appelle Ali et c’est un musulman. Ce jeune homme de 40 ans a dit récemment dans un entretien : « Comment arriver à la paix sans dialogue ? ». Nous devons continuer à devenir plus conscient du monde dans lequel nous vivons sans être immobilisé dans ce processus sinon le passé ne passera pas... Par Steve Gadet


FOCUS FWI | 25

Š Exhibit B par Brett Bailey


#CAS D’ÉCONOMIE ÉTUDE

EN BREF

Quelques repères sur l’évolution des demandeurs d’emplois Guadeloupe sur 10 ans. DEFM *

2003

2005

52 152

53 619

-

3%

Évolution %

2007

2009

2010

2011

49 901 57 323 59 627 63 421 -7 %

15 %

4%

6,3 %

[PAUVRETÉ]

2012

2013

66 766

67 937

5,3 %

2%

*DEFM : Demandeur d’emploi en fin de moi catégorie A, B et C

Les chômeurs de longue durée 2013, sur 67 937 demandeurs d’emploi catégorie A,B et C ‘‘Eninscrits au Pôle emploi 54,7 % (soit 37 157) y était inscrit depuis plus d’un an au 31 décembre 2013. 57 %

43 %

57 % des chômeurs inscrits depuis plus de un an au Pôle emploi sont des femmes 43 % des chômeurs inscrits depuis plus de un an au Pôle emploi sont des hommes

Inscrits depuis plus d’un an au sein des demandeurs en catégorie A, B et C, au 31 décembre 2013 29 %

Moins de 25 ans

45 %

25 ans à 29 ans 30 à 49 ans

11 %

50 ans et plus

68%

Part au sein des demandeurs d’emploi, catégorie A, B et C 56% 54%

[CODE DU TRAVAIL]

Y aura-t-il des changements du côté du code du travail ? Le flou demeure autour des intentions du gouvernement. Le porte-parole de l’exécutif, Stéphane Le Foll, à confirmé qu’il fallait discuter de «tout» pour lever les freins à l’embauche. Mais le ministre du Travail, François Rebsamen, s’est dit peu convaincu de la nécessité de toucher au contrat de travail. Seule certitude : pas question de revenir sur le CDI, ainsi que l’a promis Manuel Valls.

[BOUCLIER QUALITÉ-PRIX]

Le 27 février 2015, l’accord annuel de modération des prix (dit «bouclier qualité-prix») a été signé entre le préfet Jacques Billant et différents représentants du secteur de la grande et moyenne distribution. Entré en vigueur en 2013, le bouclier qualité-prix est un dispositif de lutte contre la vie chère, qui s’articule autour d’un accord des prix pour une liste de produits de grande consommation. En 2015, le taux de remise consenti sur le panier bouclier qualité-prix par rapport à celui «hors bouclier qualité-prix» a été fixé entre 11,5 % et 14,5 % selon la taille du magasin. Entre 103 et 106 produits sont concernés.

[MAJORATION DU CICE ET DU CIR]

52% 50% 48% 46% 44%

Création d’une prime d’activité. Mise en place au 1er janvier 2016 et versée tous les mois, la prime d’activité viendra remplacer la prime pour l’emploi (PPE) et le RSA activité qui bénéficiera aux actifs gagnant moins de 1 400 euros (1,2 smic), a annoncé le premier ministre Manuel Valls, en mars dernier. Cette mesure, au cœur du Plan de pauvreté, pourrait être ouverte aux apprentis et aux étudiants sous condition de ressources : un groupe de travail devrait se pencher sur la définition du jeune actif.

2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

*source : dieccte guadeloupe 26 | FOCUS FWI

Le 14 novembre 2014, les députés ont adopté la majoration du crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) et du crédit d’impôt recherche (CIR) dans les Outremer. Le taux du CICE dans les Outre-mer (égal à 6 % en métropole) sera de 7,5 % en 2015 et de 9 % en 2016. Le taux du CIR (égal à 30 % en métropole) a été fixé à 50 %. Pour les secteurs particulièrement exposés à la concurrence (comme le tourisme, les technologies de l’information, l’agriculture et l’agroalimentaire), le gouvernement devrait prochainement proposer aux députés un outil permettant d’abaisser le coût du travail de façon similaire à un CICE muni d’un taux à 12%.


#EMPLOI

LA BATAILLE POUR L’EMPLOI Un plan pour les chômeurs de longue durée ?

L

e temps a dû paraître long aux chômeurs de longue durée. Mais sept mois après que François Hollande les érigés en « cause nationale », François Rebsamen, ministre du Travail, a présenté au mois de février dernier un plan d’action dédié à cette population qui explose depuis 2009 et dont l’ampleur interpelle particulièrement : en incluant ceux en activité réduite, plus de 2,2 millions de chômeurs pointent désormais depuis plus d’un an à Pôle Emploi, dont la moitié depuis plus de deux ans. Ces chiffres globaux cachent toutefois des situations hétérogènes et Pôle Emploi chiffre en million les chômeurs vraiment « très éloignés de l’emploi », qui cherchent activement, mais ne décrochent jamais rien, même pour de courtes durées. Faute de croissance et donc d’offres d’emploi, des résultats rapides sont utopiques. Tout l’enjeu, et la philosophie du plan, est dès lors de travailler sur l’employabilité afin qu’ils ne restent pas à quai quand viendra la reprise. Si l’ensemble a le mérite de la cohérence, il est aussi placé sous le sceau d’un contexte budgétaire très contraint: aucun nouveau geste financier majeur (hors fléchage des fonds gérés par les partenaires sociaux) ni aucune nouvelle mesure d’ampleur n’ont été dévoilés. Le plan est en fait un agrégat de décisions déjà annoncées ces derniers mois. De l’art de faire du neuf avec du vieux : plusieurs des pistes annoncées l’avaient déjà été en juin 2014 dans le plan en faveur des chômeurs seniors…, qui sont souvent les mêmes que ceux en longue durée. Premier volet : l’accompagnement. Les chômeurs de longue durée bénéficieront en priorité du doublement prévu d’ici à 2017 du nombre de chômeurs en accompagnement renforcé par Pôle Emploi ( de 230 000 aujourd’hui à 460 000). Ce suivi se prolongerait même en cas de reprise d’emploi, jusqu’à la fin de la période d’essai, pour éviter les ratés si près du but... Sur le volet formation, l’exécutif mise sur l’entrée en vigueur, depuis janvier, du compte personnel de formation (CPF) pour permettre aux chômeurs d’accéder plus vite à des formations qualifiantes. Aujourd’hui, via une demande à Pôle Emploi, le délai dépasse fréquemment six mois, une aberration au vu de l’importance des emplois non pourvus faute de candidats qualifiés… Reste que si 220 millions d’euros seront tirés du fonds paritaire de sécurisation (FPSPP) pour financer les CPF des chômeurs, la mesure n’aura de portée réelle que si, comme le promet le ministère, Pôle Emploi et les conseils régionaux complètent bien ce financement. Deuxième volet : doper la réinsertion par le travail. Une partie des contrats de professionnalisation sera redirigée vers les seniors – au détriment des jeunes, donc – et adaptée à leurs besoins spécifiques (durée, type de formation, etc.). L’exécutif table aussi sur un soutien accru aux acteurs de l’insertion par l’activité économique et au secteur associatif. Les

« mises en situation professionnelle », des périodes de formation directement en entreprise, devraient aussi monter en puissance. Une prestation « suivi dans l’emploi » pour accompagner l’employeur et le nouveau salarié, du recrutement à la fin de la période d’essais, sera mise en place en 2015. Dernier pan du plan : un travail, trop souvent négligé jusqu’ici, sur les freins périphériques à l’accès à l’emploi. L’exécutif mise sur la montée en puissance de l’« accompagnement global» testée en 2014 par Pôle Emploi en lien avec des conseils régionaux et qui a vocation à se généraliser à terme. L’État veut faire bénéficier les chômeurs de longue durée d’un accès facilité aux futures places en crèche en construction et leur ouvrir la garantie de loyers impayés quand ils ont dû déménager pour reprendre un emploi. Un enjeu colossal. Reste à savoir si le dispositif sera à la mesure de l’enjeu, qui est colossal. Les chômeurs de longue durée en Guadeloupe représentent plus de cinq inscrits à Pôle Emploi sur dix (54,7%) et leur nombre a augmenté de 0,7 % en 2013. Parmi eux, 16 315 sont même dans les fichiers de l’organisme depuis plus de trois ans, soit une hausse de 9 % en 2013. Et si les chiffres donnent le tournis, ils sont probablement sous-estimés, ne prenant pas en compte les personnes qui ne s’inscrivent pas, ou plus, à Pôle Emploi. En outre, la tâche est rendue plus difficile par la diversité de leurs profils. 68% des plus de 50 ans à la recherche d’un emploi le sont en effet depuis plus d’un an. Mais les ouvriers peu qualifiés et les non-diplômés sont aussi en première ligne. Si certains n’exercent aucune activité et restent très éloignés du marché du travail, d’autres enchaînent les contrats courts et/ou à temps partiel, faute de mieux. Et rien ne dit que le frémissement de la croissance anticipé pour 2015 bénéficiera à ces publics, pénalisés par leur exclusion prolongée du marché du travail et leurs faibles qualifications. Par Goerges Bruno

UN PROBLÈME MONDIAL ? Le chômage de longue durée n’est pas un fléau circonscrit aux frontières françaises. Dans un rapport publié en septembre dernier, l’OCDE tirait la sonnette d’alarme pour nombre de pays développés. Elle évaluait ainsi à 16,3 millions le nombre de personnes au chômage depuis plus d’un an dans sa zone, soit un tiers des demandeurs d’emploi. Un chiffre qui n’a cessé d’augmenter depuis 2007. L’OCDE a jugé la situation très préoccupante en Grèce, où 67,5 % des chômeurs le sont depuis plus d’un an. Seuls les pays comme l’Allemagne ou la Suisse ont vu leur chômage de longue durée baisser avec la crise. FOCUS FWI | 27


#EMPLOI

I

LES 35 HEURES : UNE LOI MAUDITE ? 45 % des Français se disent favorable à l’idée d’une suppression pure et simple des 35 heures en France, selon le baromètre de l’économie d’Odoxa pour BFM Business. Cette proportion est en nette augmentation, puisqu’elle ne concernait qu’un peu plus d’un Français sur trois (34 %) en janvier 2011.

Il avait fallu des mois pour accepter les 35 heures. Il y a quinze ans, le 15 décembre 1999, la loi de réduction du temps de travail portée par Martine Aubry alors ministre de l’Emploi et de la Solidarité, était adoptée à l’Assemblée nationale. Ce texte qui concrétisait une promesse faite par François Mitterrand dès 1981, est depuis devenu un symbole de la politique de la gauche. Si des aménagements ont pu y être apportés, aucun des gouvernements au pouvoir ne s’est risqué à la supprimer. Pourtant, les 35 heures n’ont cessé d’être contestées par la quasi-intégralité des forces politiques. En effet, aujourd’hui, le débat sur les 35 heures rebondit encore en France et reste toujours aussi confus. Pourtant, il est clair que nous travaillons moins que nos homologues de l’Europe de l’Ouest. Nos salariés « plein temps », qui sont l’ossature de l’entreprise, travaillent en moyenne 200 heures de moins par an. De plus, nous partons plus tôt en retraite et notre taux d’emploi est beaucoup plus faible. Notre potentiel de croissance est donc largement minimisé. « Du temps pour soi, une chance pour l’emploi. » Le slogan, popularisé à l’époque par le service d’information du gouvernement, résumé les ambitions de l’équipe Jospin. En abaissant la durée légale du travail à 35 heures, après un passage à 39 heures en 1982, celui-ci comptait faire d’une pierre deux coups. D’un côté, il s’agissait de stimuler la création d’emplois, en partageant au mieux le volume de travail au sein de la population française. De l’autre, la réforme devait permettre aux salariés de mieux articuler vie professionnelle et vie privée, en offrant plus de temps libre pour la seconde. Mais le texte a réveillé la colère du patronat, qui voyait dans ces dispositions un carcan qui freinerait les entreprises et la croissance. Quant à la droite, elle dénonçait une perte de la valeur du travail, estimant que les 35 heures encourageaient les Français à se concentrer plus volontiers sur leurs loisirs que sur les tâches qui les attendaient au bureau. Et ces critiques ont perduré depuis, faisant de la loi Aubry l’une des plus polémiques de toutes. Les 35 heures, en alourdissant notre coût du travail de l’ordre de 10 %, ont dégradé notre compétitivité par rapport à nos principaux concurrents européens et sont responsables de notre chômage massif. En effet, pour recruter, une entreprise a besoin de remplir son carnet de commandes et donc trouver des clients qui lui achètent de bons produits à des prix compétitifs. Si vous alourdissez votre coût du travail, vous renchérissez le prix de vos produits et perdez vos clients. En conséquence, vous réduisez votre carnet de commandes. Ré-

28 | FOCUS FWI

sultat : licenciement et la spirale infernale est enclenchée ! De plus, la flexibilité des horaires, allègement de charges et modération salariale n’ont pas suffi à freiner la hausse rapide des coûts unitaires de production française tandis que, dans le même temps, en Allemagne, Gerhard Schöder restaurait la compétitivité allemande. C’est la raison pour laquelle cette augmentation du coût du travail, conséquence directe des 35 heures, est en grande partie responsable du décrochage de la France vis-à-vis de l’Allemagne, le coût horaire de maind’œuvre s’étant accru d’environ 30 % en France entre 2000 et 2008, contre 15 % en Allemagne. Lorsque, cette dernière engageait des efforts de modération salariale, le gouvernement Raffarin ajustait le SMIC horaire décidé par les lois Aubry, afin de maintenir la rémunération des salariés au SMIC désormais aux 35 heures. L’harmonisation des différents minima sociaux engendrés par la seconde loi Aubry votée en 2000 aboutissait ainsi à une augmentation du SMIC horaire de 31 % entre 1998 et 2005. Les 35 heures représentent une vision archaïque de l’économie « fordiste » de l’emploi : monotâche, répétitive, totalement déconnectées de l’économie de la connaissance. Cela n’a plus aucun sens aujourd’hui dans les économies développées, où les usines traditionnelles ont disparu, où les robots remplacent peu à peu les derniers ouvriers. Les 35 heures sont en complet décalage avec tertiarisation de notre économie, et plus encore l’ère de « l’iconomie», où l’industrie et les services se fondent dans l’industrie servicielle et les NBIC (nanotechnologies, biotechnologies, informatiques et sciences). Et pourtant, en dix ans de pouvoir, jamais la droite n’est revenue sur les 35 heures. Pourfendeur de la première heure du dispositif, Jacques Chirac a estimé, durant son deuxième mandat, qu’il était trop populaire pour s’y attaquer. Après son arrivée au pouvoir en 2007, Nicolas Sarkozy a assoupli les modalités des heures supplémentaires, notamment en les défiscalisant. Mais le procès des 35 heures ne connaît pas de clivage politique. La gauche aussi a pointé la mesure du doigt, « loi trop rigide » pour Jack Lang et « trop uniforme » selon Dominique Strauss-Kahn. De Jean-Marc Ayrault à Emmanuel Macron, la question de l’assouplissement du dispositif n’a cessé de revenir sur la table. L’abandon d’une mesure aussi symbolique, encore considérée par beaucoup comme un acquis social essentiel, reste peu probable. Et la levée de boucliers que suscite chaque déclaration choc montre que le sujet reste très sensible. Mais en multipliant les ballons d’essai, la gauche semble néanmoins bien décidée à ne plus en faire un tabou. Par Marc Lemoine


VIVEZ L’EXPÉRIENCE 100% INTERACTIVE Chercher la perfection en tout. Prendre le meilleur de ce qui existe et l’améliorer. Et, quand rien n’existe, le concevoir.

FOCUS est le

résultat d’une synergie

intergénérationnelle, qui démontre qu’ensemble

et qu’au-delà de nos

différences, que nous sommes capables de construire.

Nous gardons l ’idée que toute création ne vaut

que si elle résulte d’une pulsion intellectuelle,

artistique et émotionnelle. Que si elle provoque une

révolution harmonique, une explosion, une renaissance, le désordre d’un nouvel

ordre intellectuel inspirant et inspiré.

LE MAGAZINE D’UNE NOUVELLE GÉNÉRATION WWW.FOCUS-FWI.FR FOCUS FWI | 29


LE POIDS DE LA DÉPENDANCE Le regard porté sur les personnes âgées, et plus particulièrement sur les personnes âgées en perte d’autonomie, a largement évolué au cours des dernières décennies. En 2002, la prise en charge de cette dépendance est nommée « priorité nationale », avec la mise en place de « l’Allocation Personnalisée d’Autonomie » (APA). La gestion de cette prestation, qui permet également de soutenir les plus de 60 ans dans un état de dépendance légère, est confiée aux départements, avec l’assistance de l’État. Mais son financement, au regard de la démographie, constitue un défi majeur à relever. La France vieillit et cela coûte cher à tout le monde. C’est ce que souligne une étude publiée par Cap Retraite. Si les Français vivent plus longtemps, ils sont aussi plus dépendants que leurs aînés, Cap Retraite prévoit qu’à l’horizon 2040, le nombre des bénéficiaires de l’allocation pour l’autonomie (APA) avoisinera les 2 millions (contre 1,2 million aujourd’hui) et que son coût doublera pour atteindre 11,2 milliards d’euros (contre 5,5 milliards d’euros aujourd’hui). D’ici à 2040, le coût de la dépendance continuera à représenter un poids très variable pour les départements, en fonction de leur démographie et de leur budget. Les départements ruraux de la Creuse, du Gers et des OutreMer sont ceux où les sommes allouées à l’APA grèvent le plus les budgets départementaux : respectivement entre 13 % et 15 %, alors que la moyenne nationale se situe à 7,8 %. « Plus un département est vieillissant, en perte de vitesse démographique, plus les revenus des habitants sont faibles, plus le coût de l’APA va peser sur le budget », explique Bemard Lasry, fondateur et président de Cap Retraite. L’étude révèle aussi qu’actuellement, les départements au plus faible potentiel fiscal ne sont pas en mesure de faire face au coût de l’APA, avec une situation particulièrement critique. Ce qui laisse présager encore plus de difficultés à l’avenir. Les ménages risquent par conséquent d’être d’avantage sollicités. Actuellement, selon Cap Retraite, 30 | FOCUS FWI

ils contribuent au financement de l’APA à hauteur de 157 euros en moyenne par an et par foyer. À l’inverse des images convenues de sociétés jeunes à la démographie galopante, la Guadeloupe compte aujourd’hui parmi les départements français les plus concernés par le vieillissement démographique. Selon les projections établies par l’Insee, la part des personnes âgées de 60 ans et plus devrait doubler d’ici 2040, passant de 20 % à 40 %, sous l’effet de l’arrivée aux grands âges des générations les plus nombreuses aujourd’hui et de l’installation de retraités dans le département. Le départ des jeunes adultes, pour se former ou trouver un emploi devrait également contribuer au vieillissement accéléré de la population, dont l’âge moyen passera de 36,2 à 47,7 ans en 2040. À cette date, la Guadeloupe sera la troisième région la plus âgée de France derrière la Corse et la Martinique. Un autre indicateur, le taux de dépendance vieillesse, rapport entre le nombre de personnes âgées de 60 ans et plus et celui des individus d’âge actif (20-59 ans), pourrait tripler d’ici 2030. Avec environ 70 personnes de 60 ans et plus pour 100 personnes de 20 à 59 ans en Guadeloupe, notre taux de dépendance serait alors supérieur à celui de la métropole (61 %). Aussi, constatons que les plus de 75 ans représentent 7,1% de la population en 2013 contre 4,5 % en 1999. Or, le taux d’équipement en établissements d’hébergement pour personnes âgées et dépendantes (EHPAD) est très faible sur le département (17 pour 1 000 personnes de 75 ans et plus contre 93 au niveau national). Le chômage et la précarité de nombreux actifs font craindre des conditions difficiles pour les futurs retraités qui risquent de ne pas pouvoir bénéficier autant qu’aujourd’hui de la solidarité familiale. En Guadeloupe, le montant de l’APA versé par le Conseil Général en 2013 est de 55,5 millions d’euros soit un total de 7 694 bénéficiaires. Par K.J


P

#SOCIÉTÉ

LES CASSE-TÊTE DE LA DÉPENDANCE

Le Gouffre financier des maisons de retraite. Prenez le coût d’une maison de retraite 3 500 euros mensuel (moyenne locale), retranchez-en le montant des aides (1 222 euros), puis celui d’une pension de retraite moyenne (1 288 euros). Résultat ? Il manque près de 1 000 euros chaque mois. Pour joindre les deux bouts et tenter de résoudre ce casse-tête financier, la seule solution consiste à puiser dans son patrimoine ou faire appel à la solidarité familiale. « C’est une double peine. Non seulement les personnes en perte d’autonomie doivent se résigner à aller en établissement, mais en plus, elles dilapident leurs économies et sollicitent leurs enfants, déplore Joëlle Le Gall à la Fédération nationale des associations et amis de personnes âgées et de leurs familles (FNAPAF). Depuis dix ans, les gouvernements promettent de baisser ce reste à charge, mais à chaque fois ils font volte-face. » La prise en charge en établissement fut, en effet, la grande absente de la loi sur la perte d’autonomie au Sénat le 17 mars dernier. Cette question avait été décalée à la deuxième partie du quinquennat avant que Laurence Rossignol, la secrétaire d’État chargée de la famille, des personnes âgées de l’autonomie, n’annonce que le gouvernement n’avait pas « les marges budgétaires » pour cette réforme. Tout juste a-t-elle lancé des groupes de travail sur la transparence et la tarification des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ephad). Il faut dire qu’entre les prestations de base (gîte et restauration), les options (télévision, coiffure, animation, linge…) parfois intégrées au prix, et parfois pas, il est difficile de s’y retrouver. Leur clarification et le lancement d’un site permettant de comparer les prix feront-ils baisser les tarifs ? C’est en effet le pari de Mme Rossignol. Evidemment, les professionnels ne l’entendent pas ainsi. «Un comparateur en ligne ne sera jamais opérationnel avant au moins un an, ensuite les discussions sur un tarif socle sont loin d’être terminées, enfin à moins de revoir les nombreuses normes (surface minimale par personne, accessibilité…), baisser les prix est impossible », tranche Florence Arnaiz-Maumé, déléguée générale du Syndicat national des établissements et résidences privés pour personnes âgées (Synerpa), tout en soulignant la nécessité d’un toilettage du « tarif hébergement ». Pour bien comprendre, il faut savoir que le coût d’une maison de retraite se décompose en trois postes : l’hébergement (entièrement à la charge du particulier), les soins (financés par la Sécurité sociale) et les frais liés à la dépendance (payés en partie par l’allocation personnalisée d’autonomie). Selon l’observatoire des Ehpad de KPMG, l’hébergement représente 53 % du coût d’un établissement privé non lucratif. Et encore davantage dans les maisons de retraite privées. Or « tarif hébergement » comprend des postes qui alourdissent la facture et ne devraient pas être payés par les patients. « Pourquoi doivent-ils acquitter une partie des frais de fonctionnement de l’établissement ou financier la présence d’une assistance sociale ? », interroge Pascal Champvert, directeur de l’association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA). Les associations de familles pointent d’autres charges « indues » comme l’amortissement des investissements de l’établissement… Nécessaire, la remise à plat ne changera pas radicalement la donne. Dommage, car selon une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), publiée en septembre 2014, le prix est un des facteurs expliquant que près de deux tiers des résidents

ne vont pas dans l’établissement le plus proche de chez eux. Un éloignement lourd de conséquences. « Plus c’est loin, moins la famille vient. C’est particulièrement dramatique si le conjoint ne peut plus conduire », souligne Mme Le Gall. La proximité est un critère essentiel dans le choix d’un établissement. Encore faut-il avoir le choix, car les familles ont aussi tendance à s’y prendre au dernier moment. Or dénicher le bon lieu ne s’improvise pas. Dans l’idéal, mieux vaut prendre le temps de comparer les établissements, leurs équipes médicales (nombre de soignants, turnover, constitution de l’équipe de nuit, soins paramédicaux, prise en charge en cas d’évolution de la pathologie…) et d’interroger les familles des autres pensionnaires… Prévenir pour rester chez soi. La future loi sur la perte d’autonomie prévoit quelques mesures financières qui permettront d’adapter au grand âge 80 000 logements privés d’ici 2017. Mais la disette qui règne sur les finances publiques contraint le gouvernement à réserver ces dispositifs aux « plus modestes ». Les seuils de ressources permettant d’en bénéficier seront définis par décret. En attendant de connaître les modalités, il existe déjà plusieurs aides permettant de financer des travaux d’adaptation du logement. Action logement (ex-1 % logement) en distribue aux actifs, certaines associations spécialisées visent des publics spécifiques (handicapés, seniors). De plus, les caisses de retraite donnent quasiment toutes des subventions, sous condition de ressources, pour des travaux précis. Tournez-vous aussi vers les services sociaux de votre mairie ou de votre département (maison départementale des personnes handicapées [MDPH]), ils abondent souvent le budget travaux de quelques milliers d’euros. Si vos ressources sont modestes, vous pourrez profiter des aides de l’Agence nationale de l’habitat (ANAH) pour financer jusqu’à 50 % du montant des travaux. Enfin, jusqu’au 31 décembre 2017, certains travaux pour personnes âgées ou handicapées bénéficient d’un crédit d’impôt de 25 % dans la limite de 5 000 euros pour un célibataire (10 000 euros pour un couple). Pour éviter la paperasse, faites appel au mouvement de protection, amélioration, conservation, transformation de l’habitat (PACT Guadeloupe Accors). Même s’il est difficile de se projeter dans vingt ans et dans un état diminué, il est essentiel d’anticiper. Trop souvent les personnes attendent les premiers signes d’handicap ou la première chute pour réfléchir aux travaux. L’idée n’est pas de transformer votre logement en annexe d’hôpital, mais de penser sur le long terme, en finançant des équipements évolutifs. Aide sociale à l’hébergement (ASH). Lorsque les ressources de la personne ne permettent pas de couvrir les coûts des frais d’hébergement et ceux liés à la dépendance et si les obligés alimentaires ne sont pas en mesure d’aider, les départements prennent en charge les frais de l’établissement à travers l’ASH. En échange, le bénéficiaire doit abandonner 90 % de sa pension de retraite et le département se remboursera ensuite, lors de la succession. La personne doit intégrer un établissement habilité à recevoir l’ASH. Aide personnalisée au logement (APL) et allocation de logement sociale (ALS). Les personnes résidant en Ehpad peuvent demander une APL. Celle-ci est attribuée en fonction des ressources et du montant du loyer. Il existe aussi l’ALS, destinée à minorer le montant du loyer, attribuée sous condition de ressources et si la personne ne perçoit pas les APL. FOCUS FWI | 31


Retraite

COMMENT MIEUX PRÉPARER DEMAIN ? D’ici à 2020, selon l’Insee, 8 millions de Français prendront leur retraite, soit 31 % des actifs actuellement en activité. Au fil des ans, ces retraités toucheront une pension de plus en plus faible. En cause : les difficultés des régimes obligatoires et complémentaires, l’augmentation de l’espérance de vie, la baisse des cotisations.

32 | FOCUS FWI


‘‘

#ÉCONOMIE

Pour espérer détenir 100 000 euros à 62 ans, le nouvel âge de départ à la retraite, c’est 620 euros qu’il faut mettre chaque mois de côté à partir de 50 ans (et sur un support rapportant 2% net par an), contre 190 euros si l’on commence dès 30 ans...

(…)ÉPARGNER POUR GAGNER PLUS.

U

n cadre qui était assuré de partir à la retraite avec une pension égale à 75 % de son dernier salaire au début des années 2000 ne pourra prétendre qu’à 62 % en 2020 et à 58 % en 2040. Et encore, selon les projections les plus optimistes… Plus le salaire est élevé, plus le taux de remplacement est faible, parfois inférieur à 40%. En 2013, les partenaires sociaux ont décidé que les revalorisations des retraites seraient inférieures de 1 point à l’inflation pendant trois ans. Autant dire qu’il n’y aura aucune revalorisation, la hausse des prix étant actuellement de l’ordre de 0 % par an. Reste à agir ! Face aux chiffres, les Français ont intérêt à se constituer un bas de laine qui leur permettra de maintenir un niveau de vie satisfaisant après leur sortie de la vie active. En matière de retraite, comme en gestion de portefeuille, il n’y a aucune réponse type. En effet, la meilleure complémentaire retraite se construit selon une approche personnalisée. Certains dispositifs sont plébiscités de longue date, comme l’assurance vie. D’autres ont depuis peu le vent en poupe, comme le plan d’épargne retraite populaire (PERP) ou encore le Plan d’épargne en actions (PEA). OPTER POUR LES ENVELOPPES INDIVIDUELLES DÉFISCALISÉES: ASSURANCE VIE ET PEA Assurance vie. Ce sont les meilleures complémentaires retraites par la souplesse qu’elles offrent en matière de gestion et les avantages fiscaux après huit années de détention. L’assurance vie, créée à l’ori-

gine pour transmettre un capital à une personne de son choix sans impôt, permet, on le sait moins, de se procurer des revenus défiscalisés réguliers. Chaque année, l’épargnant peut prélever 4 600 euros de son contrat (le double pour un couple) sans être imposable. Mais, attention, l’univers de l’assurance vie est très large. Ne souscrivez pas un contrat auprès de n’importe quel établissement. Privilégiez les professionnels transparents en matière tarifaire et en mesure de délivrer de bonnes performances sur le long terme. En fonction de l’âge du souscripteur, certaines compagnies proposent des contrats types. Par exemple, à 60 ans, le contrat est composé à 40 % d’actions (unités de compte) et à 60% d’obligations. Attention aussi à ne pas devenir prisonnier des unités de compte. Avec la baisse des rendements des fonds en euros (2,4 % au mieux attendus cette année), certaines compagnies exigent de leurs clients qu’ils investissent une part croissante dans les unités de compte. Et que penser des nouveaux contrats d’assurance vie euro-croissance? Cette génération de contrats est censée offrir des rendements supérieurs à ceux des fonds traditionnels en euros. Mais ils sont plus risqués car ils sont davantage investis en actions. Le capital n’est garanti qu’après huit années de détention. Raison de plus pour sélectionner attentivement l’émetteur. Plan épargne en actions. En complément de l’assurance vie, le plan épargne en actions (PEA), qui permet d’investir jusqu’à 132 000 euros uniquement en actions européennes, peut aussi être un très bon outil pour préparer sa retraite. Beaucoup l’ignorent, mais on peut transformer le capital accumulé en une rente viagère totalement exonérée d’impôts sur le revenu, à condition que le plan soit ouvert depuis au moins huit ans. Autre nouveauté, le PEA-PME. Malgré les efforts du gouvernement, ce plan connaît des débuts difficiles. Il n’a en réalité de PME que le nom, car les critères d’éligibilité des sociétés incitent les gestionnaires à privilégier les entreprises importantes, qui n’ont rien de petite ou de moyenne. Le risque de cette nouvelle enveloppe disponible depuis un an est de concentrer les flux sur un marché de riche et de conduire à une survalorisation des sociétés. Profiter des enveloppes spécifiques à la retraite : Perp, contrat Madelin Les produits spécifiques d’épargne peuvent être accessibles à tous, comme le plan d’épargne retraite populaire (Perp), ou réservés à certaines catégories professionnelles, comme le contrat Madelin, dédié aux travailleurs non salariés, à commencer par les professions libérales. Ces enveloppes répondent à une motivation fiscale supplémentaire : les sommes investies sont entièrement déductibles du revenu imposable (ou du bénéfice imposable pour les professions libérales), dans la limite de 10 % des revenus nets de l’année précédente. Ainsi, plus le taux d’imposition marginal du souscripteur est élevé, plus l’économie d’impôts est importante. Le Perp n’a de populaire que le nom ; l’attrait fiscal est d’autant plus fort si on est imposé à un taux marginal de plus de 30 %. C’est encore plus vrai si le contribuable est assujetti à l’ISF, car le capital échappe à l’assiette de cet impôt en période de perception de la rente, dès lors que les primes ont été régulièrement versées pendant plus de quinze ans avant le départ à la retraite. En contrepartie de ces avantages fiscaux, les fonds sont bloqués jusqu’à la retraite en dehors de quelques cas de sortie encadrés (décès du conjoint, invalidité, surendettement …). À l’origine, le Perp a été conçu comme un produit tunnel où les fonds sont bloqués jusqu’au départ à la retraite puis reversés sous forme de rente viagère. Mais, depuis un amendement de 2010, cette rigidité a été atténuée. Il est désormais possible de récupérer 20 % de la valeur du contrat sous forme de capital lors du départ à la retraite. Ce qui confère un avantage notable au Perp et incite les professions libérales à ne plus capitaliser exclusivement sur un contrat Madelin, mais à combiner les deux enveloppes. À chacun sa solution... Par K.J

FOCUS FWI | 33


#PLACEMENTS

LES MEILLEURES ALTERNATIVES AU LIVRET A

C

’est le placement vedette des Français. Pourtant le Livret A n’a plus le vent en poupe. L’an dernier, il a enregistré une décollecte nette (différence entre les retraits et les dépôts) de 6,13 milliards d’euros. Un phénomène qui n’a rien de surprenant, car sa rémunération est proche du plancher : 1 %. Il y a près de deux mois, le gouvernement décidait de maintenir ce taux quand les voix de la banque de France suggéraient de le descendre à 0,75%. Mais malgré ce répit, force est de constater que son attractivité est en berne. Même à ce taux historiquement bas 1 %, le Livret A (plafonné à 22 950 euros) présente l’avantage d’être disponible immédiatement et d’être défiscalisé. Mais son faible rendement pousse les Français à se tourner vers d’autres placements. Nous vous présentons ici les plus intéressants. LE PLAN ÉPARGNE LOGEMENT. Depuis 2003, sont taux était resté inchangé. Le Plan épargne logement a été ajusté au mois de février dernier. Sa rémunération est tombée à 2 %, contre 2,5 % auparavant. Le ministère des Finances a évoqué une question de «cohérence ». Mais malgré cette baisse, le PEL demeure une piste intéressante. Il reste supérieur au Livret A puisqu’il revient, après impôt à 1,69 % net. Attention ce placement comporte quelques contraintes : il faut s’engager à la doter au minimum de 225 euros à son ouverture, puis le faire bénéficier d’au moins 540 euros de versements par an. De plus, hors intérêts, ce plan d’épargne est plafonné à 61 200 euros. Par ailleurs,

34 | FOCUS FWI

pour profiter de ce taux avantageux, l’argent doit être bloqué quatre ans. Initialement, ce produit bancaire est à destination des futurs acquéreurs à la propriété. À l’issue des quatre années, il donne accès à un emprunt à un taux fixé à l’avance. Depuis le mois de février dernier, le taux d’emprunt est de 3,2 % (sur une durée de deux à quinze ans). Il est certes au-dessus de ce que les établissements bancaires proposent actuellement : le taux moyen enregistré en janvier est de 2,33 %. Mais si les taux des crédits devaient repartir à la hausse, il pourrait très rapidement redevenir attractif. LA SOLUTION DES SUPER LIVRETS. Pour placer son argent sans prendre de risque, la piste des super livrets peut s’avérer intéressante. À l’origine, ce sont les banques en ligne qui proposaient ces produits bancaires (ING Direct, Bforbank, etc.) à des taux attractifs. À titre d’exemple, certaines proposent en ce moment un livret rémunéré à 4 % brut sur une durée de deux mois avec un plafond de 150 000 euros. À l’issue de cette période boostée, le taux retrouve un niveau standard de 1 %. Mais attention, les super livrets sont soumis aux prélèvements sociaux (15,5 %) et sont ensuite imposés selon le barème progressif de l’impôt sur le revenu ( de 3 % à 45 %). Toutefois, si le montant total des intérêts perçus au cours de l’année par le foyer fiscal n’excède pas 2 000 euros, une option pour une imposition forfaitaire au taux de 24 % est possible. En général, il faut retirer 1 % du taux brut pour approcher la rémunération nette.

COMPTE-TITRE Est-il encore opportun de détenir des actions dans un compte-titre ? La question mérite d’être posée, tant la fiscalité applicable aux cessions de valeurs mobilières s’est montrée fluctuante au cours des deux dernières années. Depuis le 1er janvier 2013, la plus values dégagée est assujettie au barème progressif de l’impôt sur le revenu après application éventuelle d’abattements. La loi finances pour 2014 a amélioré le taux de ces abattements, les portant jusqu’à 50 % pour des titres détenus depuis plus de deux ans et à 65 % lorsqu’ils le sont depuis huit ans (contre précédemment 20 % entre deux et quatre ans, 30 % entre quatre et six ans et 40 % au-delà

Les abattements décidés par la loi de finances sont susceptibles de créer des distorsions économiques. de six ans). Si l’abattement n’existait pas avant le 1er janvier 2013, la plus-value était auparavant taxée au taux proportionnel de 19 % (puis de 24 %), quand la tranche marginale d’imposition applicable à la fraction taxable est aujourd’hui de 45 % ! Enfin, ces abattements s’appliquent aux plus-values et aux moins-values et sont susceptibles de créer des distorsions économiques. Même minorée, la fiscalité des plus-values de cession de valeurs mobilières demeure pénalisante pour nombre de contribuables, à mois que leurs titres soient détenus au sein d’un PEA (Plan épargne en actions) ou d’un contrat d’assurance vie. Cette dernière enveloppe reste l’atout maître de l’épargnant. Le compte-titre ordinaire permet de gérer ses investissements en Bourse et de passer ses ordres sur les marchés financiers. Le compte-titres permet d’investir sur des valeurs mobilières de placement françaises, européennes ou internationales : actions, obligations, SICAV, FCP…


#IMMOBILIER

LE DISPOSITIF PINEL : ACHETER POUR LOUER

D

ans un contexte de crise immobilière durable, et alors que les chiffres concernant les projets de construction de logement neufs sont en baisse, la loi Pinel apparaît comme une des solutions afin de relancer l’achat de biens immobiliers. Elle encourage en effet les futurs propriétaires de biens locatifs à investir grâce à, entre autres, des réductions fiscales, mais aussi un certain nombre d’autres avantages, plus souples et mieux adaptés aux besoins des propriétaires. Revenons plus en détail sur ce que cela pourrait changer pour vous. Plus souple, elle permet de défiscaliser une partie du prix d’achat du bien si celui-ci est loué. Pour rebooster l’investissement locatif, mis à mal durant l’élaboration de la loi Alur, le gouvernement a élaboré ce nouveau dispositif fiscal destiné à «recentrer l’offre de logement sur les zones tendues et les ménages modestes », selon le ministère de l’Économie et des Finances. Conditions pour en bénéficier. L’acquéreur doit acheter ou faire construire un logement neuf ou achevé avant le 3 décembre 2016, respectant par ailleurs certaines normes de performance énergétiques. Ce dernier doit être mis en location durant 6, 9 ou 12 ans. L’investisseur peut alors déduire de ses revenus imposables une somme correspondant respectivement à 12, 18 ou 21 % du prix d’achat du logement, dans la limite de 300 000 euros, de 5 500 euros au mètre carré et de deux logement par ans. Ainsi, pour un bien acheté 210 000 euros et loué durant 9 ans, le propriétaire pourra bénéficier d’une réduction d’impôt de 4 200 euros par ans, soit 37 800 euros au bout de 9 années et 18 % du montant total de l’achat. Condition de location. Le loyer doit respecter un plafond généralement inférieur d’environ 20 % au marché local, qui varie en fonction de la zone, dans laquelle le bien est situé : de 13,72 euros le mètre carré en zone A bis et à 8,69 euros le mètre carré en zone B2. Le

locataire doit également remplir les conditions de ressources. Mais contrairement au dispositif Duflot, celui-ci peut-être l’ascendant ou le descendant du propriétaire, dans la mesure où il n’est pas rattaché à son foyer fiscal. La zone Pinel d’Outre-Mer. Guadeloupe, Guyane, Martinique, La Réunion, Mayotte, Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Saint Pierre-etMiquelon, La Nouvelle-Calédonie, Polynésie française, îles Wallis et Futuna, tous ces départements d’Outre-mer sont aussi éligibles au dispositif Pinel. Elles sont classées en zone B1. Investir ces îles s’avère plus avantageux qu’en métropole. Si vous choisissez de louer votre bien 6 ans, votre taux de réduction d’impôt s’élèvera à 23 %. Pour 9 ans, il sera de 29 % et de 32 % pour une location d’une durée de 12 ans. Comme sur le continent, des plafonds de loyers s’appliquent pour les DOM, à Saint-Martin et à Saint-Pierre et Miquelon, le plafond est fixé à 10,02 €/m2. Il est à 12,45 €/m2 en Nouvelle-Calédonie, en Polynésie française et dans les îles de Wallis et Futuna. Il faut également noter qu’un amendement au projet de budget 2015 permettant de relever de 10 000 à 18 000 euros le plafonnement annuel global des avantages fiscaux, dans le cadre d’un investissement locatif Pinel dans les territoires d’outre-mer, a été voté. Cette loi fait partie d’un dispositif plus important de relance de la construction de logements, engagé par le Gouvernement, aux côtés d’autres mesures telles que le prêt à taux zéro (PTZ), la simplification de la réglementation d’urbanisme, ou encore le soutien de l’État dans la construction de logement sociaux. Le coût de la mesure est estimé à 7 millions d’euros en 2016 et 33 millions d’euros en 2017. Espérons donc qu’il soit un moyen efficace de relancer le marché de l’immobilier et de soutenir, sur le long terme et de façon solide, les futurs propriétaires. Par H.S FOCUS FWI | 35


#SANTÉ

LE POIDS DU SURPOIDS Maladie complexe, intime et sociale.

A

u mieux, on l’ignore. Au pire on l’abhorre, et on tente de l’éliminer. Dans la liste des constituants du corps auxquels l’individu tient le plus, la graisse arrive probablement bonne dernière, après les poils ou les glandes sudoripares… Il est loin, le temps où l’on priait des déesses aux formes généreuses. Oubliée, l’époque où l’embonpoint était signe extérieur de richesse. Dans nos sociétés occidentales modernes, sédentaires et suralimentées le tissu adipeux n’est associé qu’au surpoids et à ses effets négatifs. Un non-dit honteux, car l’obésité n’est plus un problème de « riche qui mangent trop » - elle touche aussi des pays émergents – mais une maladie chronique qui « se tricore » avec les changements nutritionnels et une alimentation dégradée, orchestrés par l’industrie agroalimentaire, la pauvreté, des blessures psychiques et la sédentarité. L’obésité reste d’ailleurs un impensé, un non-dit honteux pour les personnes qui consultent ‘‘pour un problème de poids’’ ou de ‘‘diabète’’ et ignorent la gravité de cette maladie, pour laquelle il n’existe à ce jour aucun médicament. Or on sait maintenant qu’elle n’est pas

36 | FOCUS FWI

que comportementale mais plurifactorielle, aggravée par des prédispositions génétiques. La recherche ouvre des pistes sur le lien obésité-sommeil, la déficience en amylase salivaire, et avec le programme européen MetaCardis sur le rôle des gènes de la flore intestinale dans le développement des maladies cardiométaboliques. Un individu est considéré comme obèse lorsque son indice de masse corporelle (le rapport de la masse et du carré de la taille) dépasse 30 kilogrammes par mètre carré. En France, l’enquête ObEpi a révélé que 15 % des individus étaient obèses en 2012 (contre seulement 8.5% en 1997), auxquels s’ajoutaient 23% en surpoids sans être obèses. En revanche, en Guadeloupe 55 % des adultes sont en surpoids contre 13 % en situation d’obésité. Chez les enfants de 5 à 14 ans, 23 % sont en surpoids et 9 % ainsi confrontés à l’obésité. En trois ans, ce sont les 18-24 ans qui ont subi la plus forte progression avec une prévalence de l’obésité de plus de 35 %. Cela sans rappeler que dans un article du France Antilles paru en 2012, Laurence Barru, médecin nutritionniste, déclarait que la Guadeloupe était la deuxième région de France la plus touchée par l’obésité.


Sommes-nous bien informés ? Selon l’enquête de la MGEN, la quasi-unanimité, des Français se déclarent bien informés en matière de nutrition (84 %). Les médias (77 %) et en particulier Internet (49 %), sont leurs sources d’informations privilégiées. En matière d’accompagnement, ils seraient principalement intéressés par le remboursement d’activités sportives (75 %), des informations sur l’activité physique ou le sport (68 %) et, dans une moindre mesure, des contacts de nutritionnistes proches de chez eux (52 %). 78 % d’entre eux jugent leur mutuelle légitime pour leur proposer un accompagnement en matière de prévention santé et d’activité physique ou de nutrition (pour 70 %). L’information n’apparaît pas comme le facteur clé du changement de comportement individuel pour lutter contre l’obésité. Les Français semblent savoir et comprendre. Il leur manque les moyens d’agir : insuffisance de moyens financiers pour choisir une alimentation de qualité, pressions de la consommation de masse qui offre des produits alimentaires industriels « vite faits », trop salés, trop sucrés, « mal bouffe », emploi du temps surchargé (on pense notamment aux familles monoparentales) qui interdit la liberté d’une activité sportive, nouveaux modes de vie marqués par la pression publicitaire et les offres des supermarchés, sédentarité et disparités territoriales liées

notamment à la précarité et au chômage : les facteurs sont multiples. L’implication des mutuelles auprès de leurs adhérents pour contribuer à faire changer les comportements est utile et nécessaire. Elle ne pourra toutefois pas résoudre la question pour l’ensemble de la société française. Améliorer les conditions de vie de chacun, et en particulier des catégories populaires et des personnes à faible revenu devient ainsi et aussi une question de santé publique pour inverser la courbe du poids de l’obésité. « Lorsqu’il n’y a personne pour vous aimer autour, ça devient de la graisse », dit Momo, dans « La vie devant soi » de Romain Gary. Manger quand ça va mal, ça réconforte ; grossir à la suite d’abus sexuels, ça protège ; être gros à 9 ans dans une famille d’obèses, c’est ne pas la « trahir »… Derrière chaques obésités s’esquissent une histoire singulière et un mal-être qui amène à se maltraiter. Mais il y a aussi un enjeu de santé publique, trop souvent occulté. Dire qu’il faut passer de l’assiette aux baskets ne suffit pas ! Surtout lorsqu’on est en permanence soumis aux injonctions paradoxales du ‘‘Consommez plus, mais soyez mince’’, de l’industrie agroalimentaire et au diktat de la minceur dans la pub – plus de 30 % des femmes ayant un IMC normal et 15 % des femmes minces suivent un régime, alors que leur effet pervers a été démontré… Par K.J

‘‘

Près de 500 000 des nouveaux cas de cancer survenus en 2012 chez les adultes - soit 3,6% du nombre total des cancers dans le monde - seraient liés à un surpoids ou une obésité, selon une étude publiée dans The Lancet Oncologye, en Novembre dernier.

L’ÉTUDE La pilule anti-obésité. Des scientifiques ont créé une pilule qui fait croire à votre corps que vous avez déjà consommé un repas, selon une étude publiée par la revue scientifique Nature Médicine. Ce médicament, à base de « fexaramine » stimule un capteur d’acide biliaire dans l’intestin, ce qui favorise la perte de poids. Les recherches ont été effectuées sur des souris : perte de poids et réduction des taux de cholestérol de glycémie ont été enregistrés sur cinq semaines. Les essais cliniques sur des humains devraient maintenant être lancés. «Cette pilule est comme un repas imaginaire. Elle envoie les mêmes signaux que lorsque vous mangez beaucoup de nourriture », évoque le professeur Ronald Evans, directeur du laboratoire du Salk Institute’s Gene (États-Unis) et auteur principal de cette étude. L’étude suggère aussi que ce médicament pourrait un jour offrir une alternance non chirurgicale pour lutter contre l’obésité morbide. FOCUS FWI | 37


#footlegend 38 | FOCUS FWI


#SPORT

THIERRY HENRY

« Pour moi, il était bon, voire très bon encore. Il aime tellement le foot que s’il pouvait jouer à haut niveau jusqu’à 90 ans, il le ferait. » C’est une page du football français qui se tourne. Après vingt années de professionnalisme, Thierry Henry a décidé de prendre sa retraite. On ne le reverra plus enrouler ses frappes en lucarne opposées, et c’est franchement dommage. À 37 ans, le meilleur buteur de l’histoire des Bleus (51buts) avait encore le niveau pour briller. Ça n’aurait pas été à Arsenal, où « Titi » n’a jamais vraiment envisagé de revenir, lui qui avait déjà fait sa tournée d’adieu aux Londoniens lors d’une pige en 2012. « Combien de come-back peuton faire ? A un certain point, ce serait devenu comme un mauvais film. Tout le monde aime le premier Rocky, mais tout le monde n’aime pas les derniers », rigole Thierry Henry. Exilé aux États-Unis depuis 2010, aux New York Red Bulls, après avoir écrit la légende d’Arsenal entre 1999 et 2007, et effectué un passage au Barça (2007-2010), qui lui a permis de soulever sa seule Ligue des champions en 2009, le « King » a déjà trouvé sa reconversion. L’ex-attaquant est depuis le mois de janvier consultant de luxe pour la chaîne Sky Sports (on parle d’un contrat de plus 30 millions d’euros), où il commente les matchs d’Arsenal. Damien Perrinelle, qui a partagé les cinq derniers mois en pro de la star aux New York Red Bulls, est pourtant formel ; « Pour moi, il était bon, voire très bon encore. Il aime tellement le foot que s’il pouvait jouer à haut niveau jusqu’à 90 ans, il le ferait. » De nombreux clubs de L1, et même de haut de tableau, auraient pu profiter de sa science. Aux ÉtatsUnis, « il jouait sur sa vision du jeu, son expérience, raconte Damien Perrinelle. Il jouait plus comme un meneur de jeu excentré côté gauche. Il était très malin dans ses déplacements. Et ça prouve l’intelligence du joueur; il

s’est adapté à son âge. Mais je peux vous dire qu’il allait encore très vite. Et sur un terrain, c’est un dictionnaire du foot. » Quant à sa stature, elle poussait souvent ses coéquipiers à se sublimer. Avec lui, « tu es obligé d’élever ton niveau, parce que tu n’as pas envie de le décevoir. Tu te dis que tu as l’honneur de partager un vestiaire et un terrain avec lui. Forcément, ça ne te met pas la pression, mais ça te galvanise et ça t’exhorte à être meilleur », assure Damien Perrinelle, qui n’hésite pas à classer son ex-coéquipier «au même niveau qu’un Zidane ou qu’un Platini ». Une légende donc, mais une légende qui n’aurait sûrement pas supporté les déplacements à Evian ou Bastia avec des muscles qui grincent. « Parfois, il avait beaucoup de douleurs, et à, ce niveau, on est obligé d’écouter son corps, enchaîne Perrinelle. Et puis, il a tellement eu l’habitude d’être toujours le meilleur qu’il aurait peut-être mal vécu le fait de redescendre. » Même si, au passage, Rocky II est au moins aussi bon que le premier. PAS PROPHÈTE DANS SON PAYS. Seul bémol, s’il peut se targuer d’avoir été l’un des acteurs majeurs de l’âge d’or de l’équipe de France (champion du monde, champion d’Europe) son idylle avec la France est restée tumultueuse, liée en partie à sa fameuse main contre l’Eire en barrage retour du Mondial en 2009, puis au fiasco sud-africain en 2010. «Les Anglais lui ont fait une statue, mais en France il n’a pas été reconnu à sa juste valeur » a considéré Frédéric Thiriez, le président de la LFP (Ligue de Football professionnel). Attendons surement de le revoir un jour sur le bord du terrain en tant qu’entraîneur… « Le désir est là, on verra », confie Thierry Henry. FOCUS FWI | 39


#CULTURE Soumission

FOCUS BOOKS Imaginant l’accession à l’Élysée d’un leader musulman, le romancier s’interroge sur le sentiment religieux dans les sociétés occidentales. Quelle hypothèse, quelle expérience ? Dans la France de 2022, au terme du second mandat de François Hollande, l’accession au pouvoir, à la faveur de l’élection présidentielle, de la Fraternité musulmane et de son leader, Mohammed Ben Abbes. Cet homme religieux, s’affichant comme modéré et soucieux de « présenter l’islam comme la forme achevée d’un humanisme nouveau, réunificateur », est parvenu à rallier le soutien des partis traditionnels, droite classique, centre et Parti socialiste, unis pour repousser la progression de l’extrême droite et de la mouvance identitaire. C’est dans ce contexte politico-historique orageux que Michel Houellebecq propulse le narrateur de Soumission : un universitaire quadragénaire, spécialiste de Huysmans et des écrivains décadents de la fin du XIXe siècle, par ailleurs personnage houellebecquien par excellence, solitaire, détaché, parfaitement indisposé par son époque – ses élites politiques et intellectuelles, ses idéaux progressistes et ses réflexes bien-pensants, ses mœurs mercantiles – et dont les exécrations, prononcées sans colère, nourrissent une satire politique et sociale ter-

MICHEL HOUELLEBECQ

riblement précise, urticante, un peu ­répétitive, mais souvent hautement comique. En dépit de « son désir désespéré de s’incorporer à un rite », il ne ressent rien qui s’apparente au transport de la foi. Il n’approche pas des « espaces infinis qui effrayaient Pascal, qui plongeaient Newton et Kant dans l’émerveillement et le respect ». Surtout, il n’éprouve plus rien du lien noué pendant des siècles entre la civilisation européenne et «ce quelque chose de mystérieux, de sacerdotal» que cristallisait le christianisme. Alors ? Alors, c’est vers l’islam qu’il se tournera, par pragmatisme, voire opportunisme, et sans en faire un drame. Au fond, « ... ce serait la chance d’une deuxième vie, sans grand rapport avec la précédente. Et je n’aurais rien à regretter », concluera-t-il tout simplement. Et c’est précisément, tout au long du roman, cette simplicité et cette évidence avec lesquelles le récit avance vers son dénouement qui captivent et dérangent. Michel Houellebecq ne fait pourtant ici que poursuivre sa froide méditation, engagée de longue date, sur le désenchantement du monde occidental. Captant – en l’exagérant, peut-être, pour les besoins de son expérience – une anxiété diffuse de la modernité et de notre temps, dont il dresse le constat avec une efficacité, une absence de nostalgie confondantes.

Ce livre présente une sélection des chroniques que Natacha Polony a publiées dans Le Figaro au fil des dernières années. Y sont traités les grandes questions qui ont fait l’actualité et les principaux débats qui ont marqué cette période: la crise économique, la politique, les questions de société… Une relecture des moments forts de notre histoire récente, vue et analysée avec la pertinence d’une essayiste de renom qui refuse le politiquement correct. Voici un livre avec une pensée claire et cohérente dans un style plein d’élégance

Savourer la Fête des Cusinières, comptempler les irisations turquoise du lagon, gravir la Soufrière et tutoyer ses fumerolles. Écouter le grondement des gwoka au crépuscule, vibrer sur les conques à lambis du carnaval, explorer la luxiriante forêt tropicale, remonter aux sources amérindiennes... « Îles de Guadeloupe au coeur » par Véronique & Aurélien BRUSINI Préface de M. Victorin LUREL, ancien Ministre des Outremer, Beau-livre bilingue français-anglais. Livré filmé sous jaquette dans son coffret. Format : 24,6 cm x 30 cm à la française. 320 pages / Environ 200 illustrations Prix public de vente : DOM : 44.85€ TTC (métropole: 39€ TTC)

40 | FOCUS FWI

Steve Gadet nous emmène dans une série de réflexions variées avec un fil rouge : l’harmonie d’une société passe par le sort des plus vulnérables. Nos plus grands réformateurs, qu’ils soient politiques, religieux, ou issus de la société civile, ont souvent pris comme repère les personnes ayant le moins de ressources pour faire face aux défis de la vie. Parfois ces personnes habitent près de chez nous ou dans nos maisons. Certaines d’entre elles vivent dans les endroits les plus fiévreux et les plus instables de nos îles. D’autres évoluent dans nos entreprises ou dans nos administrations...


#MUSIQUE

BASALTE

ÉCOLE CRÉOLE

LUMINESCENCE

A chacun sa pierre précieuse. Certains pensent diamant, saphir, émeraude ou rubis. Véronique Hermann Sambin, c’est le basalte qui l’exalte. Elle a choisi cette roche volcanique à la couleur entre chien et loup pour nommer son deuxième album, dont la floraison arrive trois années après le premier, Ròz Jériko. Elle lui prête des vertus providentielles, dévoilées dans un conte allégorique, dit tout à la fin de cette nouvelle rivière de mélodies. Un conte incitant à l’éveil, à la curiosité : “Pa dòmi, rété véyatif”, c’est- à-dire restons vigilants. Si le français et l’anglais sont présents, dans Basalte, le créole, ses rondeurs chamarrées, son délié félin, prend avantageusement ses aises, il irradie de sa présence majuscule. Douze titres qui nous offrent plusieurs occasions de partir à la conquête de trésors enfouis sous les océans superficiels des modes, des cultures, des illusions. Un beau bijou taillé et poli avec passion et conviction, auquel le temps ne saurait réserver que sa plus belle patine.

Poète à la voix brûlante et à la présence envoûtante, Erik sait mêler les sonorités acoustiques en rompant avec les clichés. Formé à l’école de la soul, il crée la surprise avec l’album « Chayé ko’w », il y a tout juste sept ans. Il revient en 2013 avec un nouvel album « Ecole créole » entouré d’une nouvelle équipe de musiciens. Ce nouvel album est une pure merveille, où s’entrechoquent les sons du Ka, le tambour des esclaves, et les harmonies boisées du piano et de la contrebasse. Un album chaud et organique, délicieusement surprenant dont la plupart des titres ont été enregistrés en prise unique, à la manière des groupes mythiques des années 70… Un souffle nouveau et « old school ». Comme il le dit lui-même, il a aujourd’hui la maturité nécessaire pour aborder « des thèmes d’homme » : la solitude… les tentations… l’amour… A chaque opus son histoire. Cet album en raconte une nouvelle.

D’abords les jam parisiennes, puis les groupes communs... Un même constat : une entente musicale d’exception. C’est tout naturellement que quelques années plus tard, Grégory Privat et Sonny Troupé décident de travailler un concept original autour du piano et du ka ! « Tout est dit dans le titre, 2 instruments guident le concert : le piano et le Ka, rien d’autre ! Une course-poursuite. Un échange sans mots. La langue du ka vient se lier à celle du piano. Ils se comprennent, progressent à la même cadence, riment avec la même allure. On ne sait qui du piano, qui du ka suit l’autre. Tous deux se répondent, hurlent en accord. Le piano et le Ka s’emboîtent, se superposent pour former un tout indivisible. Tout se joue avec eux, au dernier morceau on se retrouve dans un triptyque des plus surprenants : un mélange de Jazz, Biguine, Hip Hop relevé par les sonorités du Gwoka. Une cacophonie intérieure, on ne sait à quel organe se raccrocher. Une éjaculation des styles ! »

SUR LA VOIE ENSOLEILLÉE Sur La Voie Ensoleillée, le premier album de Malika Tirolien, tisse son univers sur le thème du cheminement. Un parcours qu’elle choisit baigné de lumière et qui la mènera à la paix et à la compréhension de soi même et des autres. Elle se sert de son expérience personnelle pour illustrer le thème récurrent de la voie de l’amour que chacun est libre de choisir (car maître de son existence et des expériences qui en découlent) et de l’importance du trajet et non de la destination. À travers des pièces telles que « Sew » qui traite du choix de devenir maître de son destin, ‘I ja fin» qui dépeint la fin d’une histoire ou la fin d’une route, «So long ago» qui met l’emphase sur les âmes sœurs qui se retrouvent sur les chemins de leurs nombreuses existences ou encore «Révolution» qui exhorte au changement assumé de direction des oppressés forcés à marcher sur la voie qui les asservit, Malika Tirolien ancre la tonalité profonde et positive de l’opus. FOCUS FWI | 41


BE GEEK •

Apple WATCH, APPLE, dès 649 €.

JEUX D’ADULTES

42 | FOCUS FWI

Smartphone PASSPORT BLACKBERRY, 620 €.

Casque audio SOLO 2, BEATS, 200 €.

iPad Air 2 Wi-Fi 16Go Sliver, APPLE, 499 €.

YotaPhone 2 double écran, YOTAPHONE, 699 €.

Disque dur ultra fin 7mm et 500Go, SEGATE SEVEN, Prix n.c.

Gear S, SAMSUNG, Prix n.c.


FOCUS FWI | 43


44 | FOCUS FWI


FOCUS FWI | 45


#EXIBITION

LES TRÉSORS DU VAUDOU

M

alraux écrivait : « Le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas », ce qui ne signifie pas «soumis à un pouvoir religieux » mais « doté d’une charge spirituelle», et l’acte créateur, au premier chef, en est investi. Même s’il est représentant d’une idéologie, l’art demeure une ouverture, il est par excellence la manifestation de la liberté. Global, universel, atemporel, il est mis à la disposition de tous les hommes, pour tous ceux qui savent l’entendre. « Vaudou » a en soi une résonance magique et cette magie doit rester intacte. Il n’est pas dans notre propos de faire de la récupération exotique ou de percer un mystère, mais d’aborder l’aspect purement esthétique de cet art. En Occident, peu de sujets sont aussi chargés de mystère et entachés d’incompréhension. Le vaudou est un culte religieux ancien et une tradition philosophique originaire de la « côte des Esclaves » d’Afrique occidentale. Aujourd’hui, il est encore pratiqué de la côte du Togo à l’ouest du Nigeria. Avec la traite des esclaves, aux XVIIe et XVIIIe siècles, ce culte s’est propagé jusqu’aux Caraïbes ainsi qu’en Amérique du Nord et du Sud où il s’est mêlé au catholicisme et à d’autres traditions religieuses. La cosmologie vaudou est organisée autour d’esprits et de figures d’essence divine, dans une hiérarchie allant des divinités majeures – qui régissent la société et les forces de la nature – aux esprits des ruisseaux, des arbres et des rochers. Les adeptes du vaudou pensent qu’il y a un lien entre le monde visible des vivants et celui, invisible, des esprits, et que ces mondes peuvent communiquer par le sacrifice, la prière, la possession et la divination. Le terme « vaudou » a connu différentes orthographes au fil des siècles (vodou, vodun, vaudoun) mais sa première apparition sous forme écrite remonte à 1658, dans la Doctrina christiana, ouvrage rédigé par l’ambassadeur du roi d’Allada à la cour de Philippe IV d’Espagne. Ce terme a été traduit de diverses manières par les spécialistes à travers l’histoire. Certains ont établi un lien entre le mot de la langue Ewe vo, qui signifie « trou » ou « ouverture » – par rapport à quelque chose de caché, de secret –, et du, qui désigne des signes divinatoires ou des messagers. Vaudou signifierait alors «messager de l’invisible». Récemment, Suzanne Preston Blier, professeur à l’université Harvard, a suggéré qu’il pourrait trouver son origine dans l’expression «attendre calmement et puiser l’eau » en langue Fon, à partir des verbes vo (« se reposer ») et d’un (« puiser de l’eau »), signifiant allégoriquement « la nécessité de rester calme lorsque des difficultés se présentent sur le chemin ». L’ART DU VAUDOU : LES SCULPTURES BOCIO. Les sculptures bocio sont reliées à l’énergie des divinités vaudou. Dans ce culte, elles sont les intermédiaires entre le monde visible et le monde spirituel. Assemblages d’éléments composites – cordes, ossements, coquillages et mèches de cheveux – recouverts d’une épaisse couche de matière pouvant être faite d’argile, d’huile de palme et de matériaux sacrificiels, ces statues étranges et mystérieuses dégagent un sentiment de tension et d’appréhension. Faites d’une accumulation de divers matériaux, elles sont utilisées dans le but de nuire et/ou de protéger et sont susceptibles de modifier le cours des existences. Leur force est à la fois visuelle et métaphysique, comme l’indique leur nom, bocio, qui signifie « cadavre (cio) doté de pouvoirs (bo) ». Disposées à l’intérieur des maisons et des temples, ou en plein air dans les villages, les champs ou aux croisements de routes, on leur attribue des fonctions variées et complexes, à l’image des intentions de leurs commanditaires. Certaines sont destinées à protéger les récoltes, d’autres à encourager la fertilité, d’autres encore à défendre la famille contre la sorcellerie. Objet alchimique, la statuette vaudou est constituée de remèdes ou de matériaux investis de pouvoirs particuliers, qui recouvrent sa surface ou lui sont intégrés. Les éléments qui entrent dans sa composition ainsi que son mode de fabrication sont déterminés par le devin après consultation de son commanditaire. Cette accumulation énigmatique matérialise les pensées humaines et les sentiments les plus profonds: la jalousie, la peur, la douleur, le désespoir, la méfiance, l’amour. Ainsi, le fait de nouer des cordes autour d’une statuette peut être associé à la colère et à l’emprisonnement, l’insertion de taquets en bois à la volonté d’aller au cœur d’un problème et l’ajout de cauris à l’attente ou au désir. Les ingrédients utilisés pour fabriquer les statuettes sont secrets et leurs sens sont multiples, si bien que seuls quelques initiés en connaissent le contenu et la destination exacts. 46 | FOCUS FWI

FIGURE 1 : Sculpture vaudou Fon, Bénin Bois, corde, os, crâne de canard, métal, terre cuite, coquillages, perles, plumes, tissu, poils, végétaux, 30 x 18 x 17 cm Collection Michel Propper. FIGURE 2 : Sculpture vaudou Fon, Bénin Bois, corde, patine sacrificielle, 34 x 6,5 x 9,5 cm Collection Anne et Jacques Kerchache. FIGURE 3 : Objet vaudou Fon, Bénin Bois, crâne et bec de canard, cadenas, clés, tissu, plumes, argile, patine sacrificielle, 13,5 x 12 x 5 cm Collection Anne et Jacques Kerchache. FIGURE 4 : Sculptures vaudou Nago et Fon, Bénin Bois, corde, argile, patine sacrificielle. © Fondation Cartier


FOCUS FWI | 47


48 | FOCUS FWI


FOCUS FWI | 49


50 | FOCUS FWI


Envie d’évasion

LA GUADELOUPE, ÎLES AU PLURIEL Majestueuse, Inoubliable, Surprenante, Éblouissante, Authentique Photographe Aurélien BRUSINI. Îles de Guadeloupe au coeur par Véronique & Aurélien BRUSINI

FOCUS FWI | 51


#atmosphères Cinq voyages en un Basse-Terre, la majestueuse. Point de départ, le centre de Basse-Terre. Au pied de la magnifique forêt tropicale du Parc National de Guadeloupe, l’imposante silhouette de la Soufrière vous met au défi de la découverte. Empruntez un des nombreux itinéraires de randonnée balisés – très faciles d’accès pour certains – et découvrez la flore. Dans une végétation luxuriante ponctuée de majestueuses cascades, mille et une espèces attendent de croiser votre regard... Prêt pour l’aventure ? Grande-Terre, l’inoubliable. Du nord au sud, tout est enchantement et exploration. Haut lieu de la culture de la canne à sucre, Grande-Terre est chargée d’histoire. Amateur de farniente ? De magnifiques plages de sable blanc subtilement ombragées vous attendent. En GrandeTerre, de tranquilles lagons de mer turquoise côtoient aussi de magnifiques spots de surf. Quant aux nombreux restaurants et hôtels qui jalonnent la Riviera, ils témoignent du savoir-vivre et de l’art culinaire créole... La désirade, la surprenante. Surnommée « l’oubliée », La Désirade vit hors du temps, comme coupée du monde. Authenticité, calme et simplicité caractérisent cette île où la bienveillance règne. De superbes plages 52 | FOCUS FWI

de sable blanc protégées par de longues barrières de corail enchantent baigneurs et plongeurs. À quelques encablures, laissez- vous conter les secrets des îles de la Petite-Terre, classée réserve naturelle... Bienvenue au jardin d’Eden ! Marie-Galante, l’authentique. Sur l’île aux cent moulins, les routes sont paisibles. À l’orée des plantations de cannes à sucre, une charrette à bœufs passe. Montez à bord... Cap sur les plus belles plages de sable blanc des Caraïbes. Arrêtez-vous dans un des chaleureux restaurants, tenus par des cuisiniers des plus accueillants. Puis repartez au milieu d’une végétation diversifiée. Sur la « terre des meilleurs rhums du monde », les balades sont enivrantes... Les Saintes, l’éblouissantes. Les Saintes, ce sont 9 îlots sauvages. Le plus connu : Terre-deHaut et sa baie aux eaux turquoises, inscrite au Club des Plus Belles Baies du Monde. Et Terre-de-Bas n’a pas à rougir : le sable doré de la plage de Grande-Anse vaut tout autant le détour. Les spécialités culinaires des Saintes sont faites de passion : ne repartez pas sans avoir goûté aux plaisirs d’une délicieuse salade de « poisson coffre » ou du traditionnel « tourment d’amour ». Idéal pour les romantiques.


FOCUS FWI | 53


54 | FOCUS FWI


FOCUS FWI | 55


V

Cinq sens...

VOIR l’une des plus belles baies du monde, les kilomètres de plages de sable blanc protégées par des barrières de corail, des lagons turquoises parsemés d’îlets paradisiaques, les couleurs chatoyantes des costumes des carnavaliers, les tortues marines pondre leur œufs... et toutes les teintes de vert d’une végétation flamboyante et préservée. TOUCHER l’eau, le sable, la rondeur lissée d’une mangue ou côtelée d’un melon Philibon, les impressionnantes Roches Gravées de Trois-Rivières ou celles de la réserve géologique de La Désirade... et même les nuages au sommet de la Soufrière. GOUTER les mille et une saveurs d’un art culinaire métissé, où s’entremêlent fruits et légumes de la Caraïbe et de l’Afrique, épices indiennes et savoirfaire européen, la confiture de cajou de la Désirade, les Tourments d’Amour des Saintes, le sorbet Coco, si rafraîchissant...et les meilleurs rhums de Marie-Galante. SENTIR la caresse des alizés, les odeurs enivrantes des marchés aux épices, du café et du cacao, la fragrance du bois d’inde à Terre-de-Bas, l’air sucré enveloppant Marie-Galante au moment de la coupe des cannes, les effluves soufrées à la Soufrière... et les mille et une senteurs fleuries des jardins créoles ! ÉCOUTER le fracas des cascades, le ruissellement des rivières et des eaux vives, le doux ressac de la mer, le bruit du vent lors d’un saut en parachute au-dessus de la Grande-Terre, l’incessant bavardage des hôtes de la forêt tropicale, le son du Gwo Ka... et les rythmes langoureux

56 | FOCUS FWI


FOCUS FWI | 57


58 | FOCUS FWI


FOCUS FWI | 59


#écolabels

1 2

3 4

Hôtel, gîte ou résidence de tourisme, faites la différence et agissez dès maintenant dans une démarche de développement durable !

L’obtention d’un écolabel permet de diminuer ses charges et donc augmenter son bénéfice, préserver l’attractivité de la Destination Guadeloupe et donc de préserver son fonds de commerce et se différencier des autres produits touristiques. Aujourd’hui, 9 hébergements touristiques ont fait ce choix éco-responsable, pour cibler une clientèle de plus en plus soucieuse de l’environnement !

Willisa River

Couleurs Paradis

Les Gites d'Arles

Le Palmaretum

1- Gracieusement implanté à Pigeon commune de Bouillante en Guadeloupe, à seulement 35 minutes de l’aéroport Pôle Caraïbes, à deux pas de la plage de Malendure et son îlet Pigeon, Willisa River offre 2 villas confortables de qualité, au cœur d’un jardin exotique préservé de 2500 m2. La villa Willisa (3/4 pers). Willisa a l’âme particulière, vous permettra de séjourner dans une maison confortable au charme créole. La villa Starbay (6 /8pers). Starbay offre un confort moderne. Elle conjugue: ambiance zen et atmosphère de convivialité et se fond dans un environnement paisible. 10, Chemin de la Glacière- Pigeon 97125 BOUILLANTE T. 0590 95 03 74 P. 0690 47 50 03

2- En bord de mer des Caraïbes, notre petite structure vous propose 3 hébergements avec piscine et jacuzzi pour 2 à 4 personnes. Afin de promouvoir et de vous faire partager notre démarche environnementale fondée sur les principes de protection de l’environnement et du développement durable, nous avons choisi le label CLEF VERTE qui correspond à notre choix de vie. A l’arrivée de la Route de la Traversée, vous pourrez profiter aussi bien des magnifiques spots de plongée que des randonnées dans le Parc National de Guadeloupe. 535, Route de Monchéri 97116 POINTE-NOIRE T. 0590 95 19 28 P. 0690 85 35 17 www.couleursparadis.com

3- Lors de vos prochaines vacances ou week-end, vous pourrez profiter pleinement de notre espace bien-être équipé d’un hammam ou vous laisser séduire par nos nombreuses offres de massages ou de soins ayurvédiques et relaxants effectués sur place. Désireux de nous engager dans une démarche écologique pour un tourisme durable et responsable, l’ensemble de nos actions s’est porté vers un profond respect de l’environnement. Notre démarche a été récompensée par l’obtention du label CLEF VERTE et nous sommes lauréats du trophée écocitoyenneté en 2014. Nos hébergements sont classés 4 étoiles et nous avons obtenu 4 clés vacances. Route de la Cour des Braves 97160 LE MOULE T. 0590 23 54 55 P. 0690 57 56 25 www.lesgitesdarles.fr

4- Le Palmaretum havre de paix, le jour, la quiétude n’est troublée que par les chants des oiseaux, le soir, c’est la symphonie des petites grenouilles antillaises qui vous berce dans une ambiance calme, accueillante et tranquille. Nous proposons différents hébergements d’une à quatre personnes. Vous pourrez séjourner en chambre d’hôtes de standing ou dans nos quatre gîtes colorés bénéficiant chacun d’une terrasse ouvrant sur le jardin. Pour plus d’authenticité, je vous conseille nos cases créoles situées au cœur des palmiers royaux. Dans cet espace verdoyant, nous sommes sensibles à l’environnement et avons obtenu la certification Ecolabel Européen. 19, l’Espérance Vernou 97170 PETIT-BOURG T. 0590 38 78 12 / P. 0690 42 18 78 www.lepalmaretum.com

60 | FOCUS FWI


5

7

8 9

Chéchéti

Ti kaz Malanga

Kaladja

Kotési

Soleil couchant

5- Situés à Trois-Rivières, nos 8 gîtes sont destinés aux familles, aux groupes mais également aux couples en quête de tranquillité. Idéalement placés sur l’île la plus verte de l’archipel guadeloupéen, les amateurs de randonnée, de plongée et d’écotourisme seront proches des spots pour la pratique d’activités « nature ». Un prix abordable, une vue panoramique sur la Mer des Caraïbes et l’archipel des Saintes, ainsi qu’un jardin tropical rafraîchi par les alizés, sont les atouts qui caractérisent les Gîtes de Checheti. 12, route de Savane 97114 TROIS-RIVIERES T. 0590 92 96 40 P. 0690 55 27 74 www.checheti.com

6- Ti Kaz Malanga, un p’tit paradis dans un beau jardin tropical, 4 petites villas tout en bois, très bien isolées les unes des autres afin de préserver votre intimité et préserver votre tranquillité. Chacune des villas a une piscine privative bien isolée par la végétation, idéale pour un petit bain matinal ou après une rude journée de plage… Ti Kaz Malanga s’est investi dans un programme de respect et protection de l’environnement et bénéficie depuis janvier 2015 du Label environnemental la Clef Verte. Section Burat 97180 SAINTE-ANNE T. 0590 89 94 58 www.tikazmalanga.com

7- En Grande-Terre, Kaladja vous invite à la détente dans un cadre campagnard et protégé (cannes à sucre, bananeraies, moulins, plages, falaises,…), à l’écart des grands centres et à proximité de la superbe plage du Souffleur. Autour de la piscine, un jardin tropical et un carbet où les 4 studios et le F3 (accessible aux personnes handicapées), baptisés aux noms des rythmes du Gwoka, vous accueillent dans une ambiance conviviale. Kaladja a obtenu le label Clef Verte en 2015 et invite ses hôtes à des comportements écocitoyens durant leur séjour. Pelletan - Plaisance 97177 PORT-LOUIS T. 0590 22 38 98 P. 0690 99 17 09 www.kaladja.com

8- Le gîte de Kotési comprend des bungalows en bois en pleine nature dans un domaine écotouristique, alliant tradition et modernité, situé à Pointe-Noire en côte-sous-le-vent. Sa localisation exceptionnelle dans le cœur du Parc National au pied du piton de Belle-Hôtesse, lui confère une végétation luxuriante. L’esthétique des lieux offre une succession d’arbres et de roches enchevêtrées et abrite une avifaune riche facilement observable qui font de Kotési la destination incontournable. Chemin de Belle Hôtesse - Gommier 97116 POINTE-NOIRE T. 0590 38 04 56 P. 0690 75 64 74 www.kotesi.com

9- Les gîtes Soleil Couchant sont le lieu idéal pour vos vacances en Guadeloupe, à 200 mètres de la plage de Grande Anse et à 5 minutes du bourg de Deshaies. Depuis 2010, nous mettons tout en œuvre pour moderniser chaque gîte et y apporter un confort maximal. Respectueux de la nature, nous nous sommes engagés dans une démarche environnementale où nous avons obtenu depuis janvier 2015 le label la Clef Verte. Gage de notre qualité, nous sommes aussi classés trois étoiles pour les Meublés de Tourisme et possédons deux clés pour le label Clé Vacances. Ziotte Section Grande Anse Chemin des Amandiers 97126 DESHAIES T. 0590 28 40 64 www.soleilcouchant.fr

INFORMATIONS : ATHT@GUADELOUPE.CCI.FR

FOCUS FWI | 61

© CCI du Var avec le soutien financier de la Région Provence Alpes Côtes d’Azur, de l’ADEME et de l’Europe – 2012 – Tous droits réservés –

6


#HORLOGERIE/HOMME

1

2

3

4

5

7

6

9

11

8

10

12

LES SQUELETTES 1. ARMIN STROM, Skeleton pure collection, Prix n.c. 2. CARTIER, Tank MC Skeleton, 44 800 €. 3. GRAHAM, Skeleton Gold, Prix n.c. 4. Bell&Ross, BR-X1Chronographe, 10 000 €. 5. ROTARY, Skeleton watch, Prix n.c. 6. HUBLOT, Red’n Black Skeleton tourbillion, Prix n.c. 7. HAMILTON, Viewmatic skeleton Gent auto, 1 200€. 8. PERRELET, Skeleton chrono rattrapante, 19 000 €. 9. ROGER DUBUIS, Excalibur double flying tourbillon, Prix n.c. 10. FRANCK MULLER, Skeleton Giga tourbillon round, Prix n.c. 11. TISSOT, T-Complication squelette, 1 470 €. 12. RADO, Diamaster XL Automatic Skeleton, 5 000 €.

62 | FOCUS FWI


HOMME •

Sac cuir grainé, Vulcain LANCEL, 600 €

Ça va faire Mâle

Eau de toilette, Aqua Di Giò Bleue, GIORGIO ARMANI, 50 ml, 79 €.

Eau de toilette, L’homme Idéal, GUERLAIN, 50 ml, 58 €

Eau de toilette, CK Free Sport, CALVIN KLEIN, 50 ml, 69 €.

Mocassin daim et cuir, Gommino TOD’S, 385 €

Sac cuir, MULBERRY, 1 056 €.

Bracelet en cuir, TOD’S, 155 €.

FOCUS FWI | 63


BEAUTY • L’IMPÉRATIF Des ferments éclaircissants + des perles marines au pouvoir de réfraction inédit = le combo gagnant d’un regard reposé et radieux. Gel ultra-frais, sui défroisse, réveille et met le regard en lumière. Le Gel illuminateur Contour des yeux, CRÉME DE LA MER, 120 € www.cremedelamer.fr

CANDY PARADISE

SECRET D’ÉCLAT

Un must-have inspiré de l’univers délicieusement régressif des candies. Une expérience « sugar high » dédiée aux jeunes filles en quête de saveurs nouvelles. Un hit... un délice ! Eau de toilette, Les délice deNina , NINA RICCI, 60 €

Le soin jour hydratant repulpant spécifiquement formulé pour les peaux normales à mixtes apporte immédiatement une sensation d’hydratation et de confort sans laisser de film gras. Sans paraben. Testé sous contrôle dermatologique. Existe aussi pour les peaux sèches à sensibles

Soin du jour hydratant repulpant, NOCIBÉ, 24,95 €

LE GRAND JEU La rose Lancôme, dans une version démesurément voluptueuse… Plus corsée, plus intense, cette nouvelle déclinaison de Trésor s’appuie sur des notes d’encens, de patchouli, d’orchidée et de vanille Tahitensis pour exprimer l’hyper-sensualité du creux de la nuit.. Eau de pafum, La nuit Trésor, LANCÔME, 60 €

ROSES EN FOLIE Il suffit de laquer les ongles avec le dernier vernis Baby Rose de la marque pour qu’ils se transforment en pétale de fleur. Laque Couleur Baby Rose, GUERLAIN, 24 €

BUZZ BEAUTY STEP 1 est la gamme de primers conçue pour affiner et lisser le grain de peau tout en unifiant le teint avant l’application du maquillage. Le Complexe Equalizer exclusif agit sur 3 points clés du maquillage : l’APPLICATION, le RESULTAT et la TENUE. Step 1, MAKE UP FOR EVER, 30,90 €

MUST HAVE Pour la première fois, toute l’expertise anti-âge de Sisley intégrée dans une huile de soin visage, précieuse et délicieusement parfumée, pour les peaux les plus exigeantes. Dès 1 mois, le visage est repulpé, les rides sont visiblement réduites. Huile Précieuse à la Rose Noire, SISLEY, 150 €

SENSATIONAL LE BEST-SELLER

Ce n’est pas un hasard si ce blush figure parmi les best-sellers de la marque: dès le premier coup de pinceau, il nimbe la peau d’une teinte rose pêche, épicée par des reflets dorés. Un flush ultra-sexy, comme après l’amour… Fard à joues Orgasm, Nars, 30 €

64 | FOCUS FWI

Ses pigments explosifs boostent les pastels d’un éclat vif. Sa formule au nectar de miel apporte un confort sensationnel. Rouge à lèvres Color Sensational Rebel Bouquet, GEMEY MAYBELINE, 12 €


Rendez-vous dans votre parfumerie NOCIBE, et essayez le nouveau Concentré Zone Regard Multi-Intensif pour découvrir votre nouveau regard! FOCUS FWI | 65


Sac à main 2JOURS en python jaune. FENDI, 4 020 € 66 | FOCUS FWI


1. CARTIER, Broche, 2 500 €. 2. VAN CLEEF & ARPELS, Boucles d’oreilles, Rose de Noel, 20 000 €. 3. CHANEL, Sautoir, 2 500 €. 4. CARTIER, Montre bracelet et broche, les Indomptables de Cartier, Prix n.c. 5. BOIVIN, Broche Papillon, 18 000 €. 6. CHANEL, Broche, 1 500 €. 7. CARTIER, Broche, les Indomptables de Cartier, Prix n.c. 8. CARTIER, Bague or rose, Paris nouvelle vague, 8 400 €. 9. CARTIER, Boucles d’oreilles, Bouquets, Prix n.c. FOCUS FWI | 67


Envie de Mode

L’APPEL DE L’EXOTISME Photographe Éric Corbel . Réalisation Mike et Ken. Mise en beauté Karine Gatibelza pour Make UpBox. Lieu, Tendacayou.

68 | FOCUS FWI


CHEMISE NOIRE, ECLIPSE BY DANIEL CRÉATION. SHORT DE BAIN, SELMARK MARE, OPALINE LINGERIE.

FOCUS FWI | 69


COIFFE, GUIMBO ALL STAR. BOUCLES D’OREILLE, SHOWROOM B. COLLIER ET BRACELET, JO BOUTIQUE. ENSEMBLE RÉTRO, SELMARK DIABOLO, OPALINE LINGERIE.

70 | FOCUS FWI


SHORT DE BAIN, SELMARK MARE, OPALINE LINGERIE.

FOCUS FWI | 71


72 | FOCUS FWI


VESTE MARINE, JOUR ET NUIT. MAILLOT DEUX PIÈCES, SELMARK MARE, OPALINE LINGERIE. COLLIER, SHOWROOM B.

FOCUS FWI | 73


COLLIER, SHOWROOM B. CHEMISE ET CEINTURE, JOUR ET NUIT. SHORT, FLEUR DE CANNE BY DENIS DEVAED. SANDALES COMPENSÉES VERNIS, GIANVITO ROSSI, TALONS AIGUILLES SUITE. COLLIER ET BRACELETS, SHOWROOM B. DÉBARDEUR NOIR ET JUPE ZÉBRÉ, OCHUN FASHION DESIGN. SANDALES NOIRES, ERAM.

74 | FOCUS FWI


CHEMISE ET PANTALON, MARLBORO CLASSICS. MOCASSINS CAMEL, LODING. MONTRE, DIESEL.

FOCUS FWI | 75


COLLIER ET BRACELET, SHOWROOM B. ROBE, GÉRARD DAREL, JOUR ET NUIT. SANDALES NOIRES, JO BOUTIQUE. VESTE ET PANTALON, ECLIPSE BY DANIEL CRÉATION. BOXER, DIESEL, ANTIDOTE. BOUCLES D’OREILLES, SHOWROOM B. COMBINAISON EN DENTELLE, MOANA BOUTIQUE.

76 | FOCUS FWI


COLLIER, SHOWROOM B. ROBE, MOANA BOUTIQUE. ESCARPIN ROUGE VERNIS, TALONS AIGUILLES SUITE. COLLIER, SHOWROOM B. ROBE ET SANDALES, JO BOUTIQUE.

FOCUS FWI | 77


COLLIER, SHOWROOM B. CHEMISE EN JEAN ET WAX, JUPE EN WAX ET BRACELET WAX, OCHUN FASHION DESIGN. SANDALES COMPENSテ右S, JO BOUTIQUE. CHEMISE, PANTALON ET CEINTURE, MARLBORO CLASSICS. BOOTS MARRON, ERAM. MONTRE, DIESEL.

78 | FOCUS FWI


VESTE ET PANTALON, ECLIPSE BY DANIEL CRÉATION. COLLIER, SHOWROOM B. ROBE NOIRE FOURREAU, GRACY F.W.I.

FOCUS FWI | 79


CHEMISE, PANTALON ET CEINTURE, MARLBORO CLASSICS. BOOTS MARINE, ERAM.

80 | FOCUS FWI


CEINTURE BIJOUX, SHOWROOM B. VESTE, JO BOUTIQUE. JEAN, DIESEL, ANTIDOTE.

FOCUS FWI | 81


Carnet d’adresses SHOWROOM B 5 rue du Docteur Cabre 97100 Basse-Terre T. 0580 988 535 MAKE UP BOX Imm Technopolis 2 14 lot Agat – Z.I Jarry 97122 Baie-Mahault T. 0590 810 495 M. 0690 575 324 LODING Imm Bravo Voie Verte - Zi de Jarry 97122 Baie-Mahault T. 0580 810 984 TALONS AIGUILLES SUITE Les Galleries de Houelbourg Zi de Jarry 97122 Baie-Mahault T. 0590 926 214 DENIS DEVAED * FLEUR DE CANNE * Galerie de Houelbourg 97122 Baie-Mahault T. 0590 981 023 * LY & NAJ * 93 rue dy Fg St Martin 75011 Paris T. 0145 235 677

82 | FOCUS FWI

JOUR ET NUIT 1476 rue H. Becquerel Imm SAS - Zi de Jarry 97122 BAIE-MAHAULT T. 0590 996 620 ERAM Jardi Village 97122 Baie-Mahault T. 0590 958 136 ECLIPSE BY DANIEL CRÉATION Jardi Village 97122 Baie-Mahault T. 0590 926 214

MOANA BOUTIQUE 4 rue Barbes 97100 Basse-Terre T. 0590 814 276 ANTIDOTE 24 rue Ferdinand Forest - Jarry 97122 Baie-Mahault T. 0590 263 326 Angle r. Nolivos Place St-François 97100 Basse-Terre T. 0590 320 657

OPALINE LINGERIE Jardi Village 97122 Baie-Mahault T. 0590 909 095

MARLBORO CLASSICS MCS C.c Destreland 97122 Baie-mahault T. 0590 955 564

JO BOUTIQUE Bd de Houelbourg - Jarry 97122 Baie-Mahault T. 0590 867 334 36 avenue Hegesippe Ibene 97180 Sainte- Anne T. 0590 887 832

NOCIBÉ ROGER ALBERT C.c Destreland Patio RDC Baie-Mahault C.c Destreland 1er étage Baie-Mahault C.c de Bas-du -Fort Gosier C.c Milénis Les Abymes C.c Baie Side le Moule 25 Cours Nolivos Basse-Terre

TENDACAYOU 97126 DESHAIES T. 0590 284 272 - www.tendacayou.com

GRACY F.W.I T. 0690 857 157


FOCUS FWI | 83


GRAND PRIX DE MONACO EN EXCLUSIVITÉ SUR

© N. LeGuic / FEP / Panoramic

© Sutton Motorsport Images

DUO DE CHOC

ROLAND GARROS EN INTÉGRALITÉ SUR

UNE TÉLÉ OFFERTE ≥ POUR TOUT ABONNEMENT À

ET LIBREMENT ≥≥

canalplus-caraibes.com ≤≥ Offre valable aux Antilles-Guyane du 29 avril au 30 juin 2015 pour tout nouvel abonnement (toute personne non abonnée au cours des 6 derniers mois) de 12 mois souscrit simultanément à LES CHAINES ¢ et ∏ LIBREMENT au tarif de 54,90€/mois, un téléviseur LED HD de 19 pouces, d’une valeur unitaire de 155€ est offert. Remis en boutique ¢ STORE sur présentation du contrat d’abonnement valide. Dans la limite d’un téléviseur par foyer (même nom, même adresse) (2600 téléviseurs disponibles). Offre valable uniquement en réception individuelle par satellite, non disponible auprès d’un opérateur tiers. Modalités et tarifs disponibles au 0810 501 502 ≥≥ ou sur canalplus-caraibes.com. ≥≥ 0,0701€ l’appel puis 0,0205€/min. ¢ ANTILLES SAS au capital de 3 200 000 €. 388 543 126 RCS Fort de France (92 B 612). Espace Aeroservices Ancien Aéroport 97232 LAMENTIN. ¢ SAS au capital de 400 000€. 398 354 134 RCS Cayenne. Centre Commercial Marengo 97300 CAYENNE. 84 | GUYANE FOCUS FWI CANALSATELLITE CARAIBES SAS au capital de 40.000 €. 419 007 596 RCS Pointe-à-Pitre. ZI de Jarry Moudong Centre Immeuble CANAL MEDIA 97122 BAIE-MAHAULT.


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.