FOTOLOFT #16

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FOTOLOFT

AUTOMNE - HIVER 2019

#16

GALERIE NEGPOS

PRINTEMPS PHOTOGRAPHIQUE LA MER QU’ON VOIT DANSER... #2 TIAN’ANMEN par PATRICK ZACHMANN TAROT TRANS par ZAIDA GONZALEZ RIOS HOMMAGE À XAVIER BARRAL


AGENDA AGENDA

Retour sur...

LA MER QU’ON VOIT DANSER... #2 Toutes les expositions du Printemps photographique sont visibles du vendredi 22 novembre 2019 au 31 janvier 2020. La bibliothèque de l’Université de Nîmes (Site Vauban) sera néanmoins fermé entre le 22/12/2019 et le 06/01/2020, en raison des fêtes de fin d’année, la galerie NegPos Fotoloft sera ouverte entre ces dates uniquement sur rendez-vous.

Tian’anmen, un printemps chinois – P. Zachmann ................. 4

Fotolimo #4 ................................................................................................. 10

Printemps photographique #14 Introduction ................................................................................................ 15

RIP Anker – Ben Graville ....................................................................... 16

Kandinskyana, promenade

avec le cavalier bleu – Paola Mongelli .......................................... 19

Redes – F. Zinnemann, E. Gómez Muriel ........................................ 22

Né.e.s pour être libres – Juan Carlos Alom ................................. 25

Plage + Ikaros, un monde flottant – Marc Dumas .................... 28

El juicio final : tarot trans – Z. Gonzalez Ríos ....................................... 32 Hommage à Xavier Barral .............................................................................. 37

ÉQUIPE Direction artistique : Patrice Loubon Chargées de communication : Hannako Guillemot, Shanon Olivier, Adeline Pichon, Romane Sanche et Chléo Tournel Médiation culturelle tous quartiers : Fatima Dali Formation impression 3D : Gauthier Quercia Mise en page revue Fotoloft : Matthieu Péronnet

Site web NegPos : Bruno Généré Assistante montage expositions : Carla Espinola Traductions : Daniela Montecinos

PRINTEMPS PHOTOGRAPHIQUE #14

SOMMAIRE SOMMAIRE

RIP ANKER (I LUV U ANKER) + 5 YEARS LATER ANCHOR / ANKER par Ben Graville (Royaume Uni) Du vendredi 22 novembre 2019 au 31 janvier 2020 Bibliothèque Universitaire Site Vauban, Université de Nîmes, 1 rue du Dr Salan, Nîmes. Ouvert du lundi au vendredi de 8h à 19h et le samedi de 9h à 12h30, T : 0466364540

KANDINSKYANA, PROMENADE AVEC LE CAVALIER BLEU par Paola MONGELLI (Italie) Du vendredi 22 novembre 2019 au 31 janvier 2020 Bibliothèque Universitaire Site Vauban, Université de Nîmes, 1 rue du Dr Salan, Nîmes. Ouvert du lundi au vendredi de 8h à 19h et le samedi de 9h à 12h30, T : 0466364540 Également le vendredi 22 novembre 2019 à 14:30, projection du film

REDES de Fred Zinnemann et Emilio Gómez Muriel, scénario d’Agustín Velásquez Chávez et Paul Strand, 65’, 1936-1937. Bibliothèque Universitaire Site Vauban, Université de Nîmes, 1 rue du Dr Salan, Nîmes, T : 0466364540

PLAGE + IKAROS UN MONDE FLOTTANT par Marc DUMAS (France) Du vendredi 22 novembre 2019 au 31 janvier 2020 galerie NEGPOS FOTOLOFT, 1, cours Nemausus, Nîmes. Ouvert du lundi au vendredi de 10h à 19h, T : 0975209589

NÉ.E.S POUR ÊTRE LIBRES par Juan-Carlos ALOM (Cuba) Du vendredi 22 novembre 2019 au 31 janvier 2020 galerie NEGPOS FOTOLOFT, 1, cours Nemausus, Nîmes. Ouvert du lundi au vendredi de 10h à 19h, T : 0975209589

Intervenante ateliers photo/ANRU Mas de Mingue : Laurence Charrié

1, COURS NEMAUSUS 30000 NÎMES negpos.fr - contact@negpos.fr - T : 0975209589 - M : 0671080816

Remerciements : La revue fotoloft est éditée par l’association NegPos qui bénéficie du soutien de :

L’association NegPos remercie particulièrement tou.te.s les bénévoles engagé.e.s auprès de nos actions ainsi que les personnes qui participent gracieusement à l’accueil des artistes. Photographie de couverture : © Marc Dumas


AGENDA AGENDA ÉDITO ÉDITO SEMAINE DE DÉCOUVERTE AU MAKERSPACE ! Animé par Gauthier QUERCIA et Patrice LOUBON Du lundi 09/12 au 13/12 de 14h à 19h, séances gratuites d’initiation au labo n/b, à la post-production numérique (photoshop), à l’impression digitale grand format et à l’impression 3D ! Equipement unique sur la ville de Nîmes, le MakerSpace NegPos offre un plateau technologique jamais vu nulle part ! Une chaine d’outils et d’espaces reliés par la photographie : - un labo n/b professionnel entièrement équipé. - un studio photo mobile pour le portrait individuel ou familial. - une galerie de photographie ouverte à tous publics - un labo numérique : ordinateur performant, photoshop, scanner pour documents à plat et transparents, imprimante numérique grand format. - un labo dédié à l’impression 3D A noter : le MakerSpace NegPos est ouvert du mercredi au vendredi de 10h à 17h. CECI N’EST PAS UNE PHOTO II : TAROT TRANS par Zaida GONZALEZ RIOS (Chili) Photographie mise en scène et coloriée à la main du 7 février au 27 mars 2019 galerie NEGPOS FOTOLOFT, 1, cours Nemausus, Nîmes. Ouvert du lundi au vendredi de 10h à 19h, T : 0975209589 STAGE DE COLORIAGE DE PHOTOGRAPHIE NOIR ET BLANC avec Zaida GONZALEZ Les samedi 08/02/20 et le dimanche 09/02/20 de 10h à 19h, 150 € (non-adhérents), 100 € (adhérents). Matériel fourni.

B

ulletin météo impromptu... alors que notre Printemps photographique ouvre ses portes pour une 14e édition, NegPos contre toute attente vous amène à la mer prendre un bain ! Loin de cette insouciance finement (d’) aiguisée, rien ne sera plus comme avant semble nous dire le monde qui bascule dans un véritable maelström de conflits sociaux et militaires sans précédents en cette fin de quart de XXIe siècle. « Qu’allons nous faire, qu’allons nous devenir, dites moi, dites moi, quel est mon avenir ? » entonnait il y a déjà quelques décennies le groupe de hip hop français Assassin. Effectivement, on se demande bien ce qu’il va à présent se passer... ?! A quelques jours d’un tremblement de terre « rhodanien » inattendu dont nous avons ressenti jusqu’à Nîmes les violentes secousses sismiques quelque peu altérées, à l’heure où le Chili semble revivre les heures les plus sombres de son histoire contemporaine, à l’instant où la France sombre dans une dynamique ultra-libérale reconnue obsolète et destructrice de nos acquis sociaux les plus brillants : retraite par répartition, assurance chômage, etc. au moment où la récession se dessine à l’horizon sur fond de guerre économique USA-RPC qui bat son plein, ne vaut-il pas mieux effectivement aller à la plage et ne plus penser à rien, si ce n’est au soleil qui frappe et à l’eau qui glisse sur nos peaux alanguies. « Mais vous êtes fou ! » clame le lecteur en lisant cet appel à l’indolence... « il fait trop froid à présent, l’hiver est venu et je ne mettrai aujourd’hui ni un arpion dans cette Méditerranée infestée de plastique et fosse commune de milliers de migrants. » La civilisation humaine aurait pourtant selon moi beaucoup à gagner en étant plus indolente, plus lente... cette course effrénée à la productivité et à la consommation, qui nous entraine on ne sait où, n’est à dire vrai qu’une chute sans fin vers notre propre disparition. « Le monde a commencé sans l’homme et il s’achèvera sans lui », écrivait Claude Levi-Strauss en introduction à « Tristes tropiques » (1955). On ne peut qu’en être sûr, en auscultant l’état actuel de notre impact sur l’environnement. « Pourtant que la montagne est belle. Comment peut-on s’imaginer ; en voyant un vol d’hirondelles ; que l’automne vient d’arriver ? » chantait le poète (Jean Ferrat, 1964) En effet, le monde est beau et il est bien dommage d’en être arrivé là aussi rapidement. Mais la beauté n’est pas forcément là où on l’attend et la mer n’est plus forcément ce qu’elle était. Les auteurs que nous présentons en cette fin d’année font chacun à leur manière cette ode au monde, à notre civilisation et à nos vies sur terre. Tout d’abord, un retour sur l’exposition de rentrée, le somptueux travail de Patrick Zachmann nous plonge dans les plus âpres combats sociaux de la fin du siècle dernier, dans le souvenir des événements vécus en Chine en 1989 et plus connus sous le nom de leur localisation : Tian’AnMen ou un printemps chinois. Puis comme annoncé plus haut c’est à la mer qu’on vous emmène, vous savez... celle qu’on voit danser le long des golfes clairs. La joie de s’envoyer en l’air et/ou de barboter paisiblement entre deux eaux, littéralement célébrée, avec tendresse et enthousiasme par l’oeil (le fisheye?!!!) de Marc Dumas ; le bonheur de s’immerger, libres et conscients de l’être, dans l’eau de la mer Caraïbe si chère aux retraités cubains, photographié.e.s par Juan-Carlos Alom ; les analogies au grand art de Kandinsky, relevées tels des pièces à conviction par Paola Mongelli à travers des petits éléments étalés au sol ramenés par les vagues sur la plage ; la métaphore de l’ancre de marine qui dans le regard de Ben Graville devient l’enjeu d’une problématique sociale épique où la gentrification et le nettoyage des reliques de convivialité urbaine vont avoir la peau d’un espace de liberté et de rencontres comme il en existaient tant auparavant. Un film aussi... REDES, à propos des pécheurs Mexicains et de leur lutte pour une vie meilleure, d’une beauté plastique sans nom, dont l’un des scénaristes n’est autre que l’un des plus grands photographes du XXe siècle et de la modernité, Paul Strand. Vamos a la playa ! Donc ! Tel devrait être notre futur si tout s’arrange... Pour finir cette saison hivernale en beauté et ouvrir la primavera sur une tonalité rafraichissante... c’est une invitée de marque qui sera parmi nous en février 2020, la sulfureuse photographe chilienne Zaida Gonzalez Rios, dont nous sommes les apôtres inconditionnels, exposera son dernier opus : Le jugement final : Tarot Trans. Encore une fois, il sera question de questionner ce futur qui nous échappe, lire les tarots et entrevoir peut-être en eux une issue favorable... Patrice Loubon

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RETOUR SUR...

Mardi 16 mai On dit que les troupes ont été sollicitées mais que les soldats ont refusé de réprimer les étudiants. On dit... Les rumeurs les plus folles circulent. Il y a ici une excitation incroyable qui me rappelle les images de mai 68.

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FOTOLOFT - RETROSPECTIVE

un printemps chinois

UNE EXPOSITION DE

PATRICK ZACHMANN

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Photographe de Magnum Patrick Zachmann se trouvait à Pékin en mai 1989, il travaille sur un reportage à propos de la diaspora chinoise, quand à l’improviste et sur ​​une période de plusieurs semaines, des centaines de milliers de personnes se rassemblent sur la place Tian’anmen (la Place de la Paix céleste) pour protester contre le régime. Le 4 Juin, l’armée écrase brutalement la manifestation, tuant des centaines de personnes. Les documents de Zachmann ne sont pas essentiellement un compte rendu de cet événement historique. Dans le premier des courts documentaires, il parle de ce qui a conduit jusqu’à ce jour fatidique. Dans la seconde partie, il interviewe une jeune femme chinoise qui étudie à Paris et un homme chinois plus âgé qui protestait sur la place en 1989 et qui a fui plus tard vers la France. Zachmann leur demande de partager leurs réflexions sur la famille, la démocratie, étant chinois, et les rêves de l’année 1989. Les entretiens et les réflexions sur leurs idées produisent un sentiment de l’éphémère et un aperçu des nouvelles générations qui voient le monde avec des yeux nouveaux. De cette façon, Zachmann révèle quelque chose du cours cyclique de l’histoire elle-même.

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Jeudi 18 mai C’est au tour des ouvriers de manifester. Ils sont très organisés dans des camions, avec drapeaux rouges. Mon ami Cheng, nous raconte que les gens viennent de partout et leur apportent même des télévisions couleur ! La classe ouvrière aux côtés des étudiants : le rêve de n’importe quel révolutionnaire !


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Dimanche 21 mai La loi Martiale a été décrétée hier. Les tanks auraient tenté de s’approcher de la ville. On dit que les camions de soldats sont massés dans le Hall du Peuple, dans la Cité Interdite et dans des souterrains sous la place. Tout le monde est tendu, les Chinois ont peur. Place Tian’ Anmen, le campement a pris des allures de bidonville, les jeunes sont exténués, désorganisés, nerveux et moins nombreux. Une guerre d’usure est entamée.

Dimanche 14 mai Minuit. Les étudiants chantent des chants révolutionnaires dans un climat à la fois euphorique et angoissant. Une jeune fille de L’Ecole d’Art dramatique de Pékin, mime « la douleur du peuple chinois ».

Lundi 15 mai Gorbatchev arrive aujourd’hui à 12h et il est donc probable que la police dégage la place. Alors, je reste et j’attends ! 7h du matin, un jeune professeur, s’improvise en leader et déchaîne la foule. Autour de lui, un groupe de « fans » lui prépare amoureusement cigarettes, coca-cola et oranges pelées ! Une ouvrière arrive avec des gâteaux à la vapeur. Ovation ! Discours ! AUTOMNE - HIVER 2019

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Vue de l’exposition « Tian’anmen, un printemps chinois » dans la galerie NegPos.

Mercredi 17 mai 8h30. Aujourd’hui a lieu la manifestation historique. Plus d’un million de personnes sont venues soutenir les étudiants. C’est extraordinaire d’être là ! Il y a un enthousiasme fou, une joie, une soif de liberté. Chacun extériorise des sentiments cachés pendant des décennies. C’est tellement triste la Chine d’habitude que je n’arrive pas à y croire ! Nous sommes souvent applaudis en tant que symbole de la presse libre. Je prends un manifestant en photo. Il m’embrasse ! C’est bien la première fois qu’un chinois m’embrasse.

Vendredi 19 mai 6h. Les jeunes sont endormis, blottis les uns contre les autres. Spectacle émouvant mais aussi angoissant !

BIO Patrick Zachmann se lance en 1976, après un stage avec Guy Le Querrec lors des Rencontres d’Arles, dans une carrière de photographe indépendant. Il réalise de nombreux reportages pour la presse française et internationale, s’intéressant aux questions liées à l’identité, à la mémoire et à l’immigration, que ce soit dans le cadre de ses recherches personnelles ou de commandes. Il réalise ainsi de nombreux travaux sur l’immigration à travers le monde : l’insertion des jeunes immigrés dans les quartiers nord de Marseille, la diaspora chinoise ou encore l’émigration malienne. En 1982, il s’intéresse à la mafia napolitaine et publie l’année suivante son premier livre, Madonna!, aux éditions des Cahiers du cinéma. En 1987, il publie aux éditions Contrejour Enquête d’identité, fruit d’un projet de sept ans sur l’identité juive, faisant directement référence à ses propres origines. 8

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En 1985, il intègre l’agence Magnum dont il devient membre à part entière en 1990. En 1989, son reportage sur les événements de la place Tiananmen à Pékin marque le début d’une vaste étude sur la diaspora chinoise à travers le monde qui durera huit ans, publiée en 1995 sous le titre W. ou l’œil d’un long-nez chez Marval. En novembre 2014, à la Galerie Magnum, lors du Mois de la Photo à Paris, puis en mars 2015, au musée Nicéphore Niépce, à Chalon-sur-Saône, Patrick Zachmann présente, le résultat d’un travail de deux ans sur les migrants sur les deux rives de la Méditerranée, dans une exposition intitulée Mare Mater. Le 13 novembre 2015, lors des attentats de Paris, il filme un échange de tir entre les terroristes et les forces de l’ordre. En avril 2016 les éditions Xavier Barral publient So Long, China, un ouvrage rassemblant près de 350 photographies noir et blanc et couleur, fruit d’un travail au long cours réalisé lors des nombreux séjours effectués depuis 1982 dans un pays en pleine mutation, dans lequel Patrick Zachmann s’attache en premier lieu à la question de l’identité. Ce livre est récompensé par l’attribution du prix Nadar 2016.



FOTOLIMO

#4

La 4e édition du festival Fotolimo s’est déroulé du 20 au 29 septembre 2019 entre Cerbère et Portbou. Ici, vous pourrez voir, ou revoir en images, quelques moments forts, amusants, difficiles ; les visages des artistes, des bénévoles, des créateurs de cet évènement ainsi que ceux de leurs équipes. L’intensité du festival ne permet pas de rendre compte en quelques pages de sa globalité, c’est donc en conscience et parfaitement subjectivement que cette sélection vous est proposée.

La frontière, une ouverture, un lieu des possibles La frontière, mot polysémique par excellence, est le leitmotiv du festival FotoLimo. La façon dont nous l’appréhendons révèle bien souvent notre conception du monde, de sa géopolitique, mais aussi de notre humanité. En ces temps difficiles, trop de forces cyniques veulent transformer les frontières en murs, en lignes nettes et sans épaisseur, en enceintes pour un repli sur soi funeste, pour une fermeture mortifère. Trop de force veulent nous conduire à construire d’illusoires obstacles aux autres, à refuser la différence et l’inconnu dans un nationalisme mortel. Fermé sur lui-même tout organisme s’étouffe et meurt. Sans l’altérité nous dépérissons. Nous avons besoin des autres. Cette année nous souhaitons mettre en avant une frontière qui nous unit. Loin de la limite (que les mots anglais « boundary » ou « border » définissent mieux) c’est dans l’acceptation de son épaisseur que nous souhaitons l’aborder. La frontière est un système membranaire, une interface, c’est l’endroit des échanges qui nous nourrissent. C’est de là que 10

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se construisent nos mondes, dans une vision cosmopolite, internationaliste et universelle en refusant l’indétermination et la dissolution, mais en promouvant l’addition, la collaboration, la somme plutôt que la soustraction... ensemble nous sommes plus forts, plus vivants. À l’image des ces femmes et de ces hommes qui aux bords de nos territoires, accueillent, soignent, aiment ceux qui demande de l’aide. La frontière est un espace de vie, de créativité, de mélanges, un espace d’invention qui nous permet de construire notre avenir ; la frontière peut, doit être cette frange mouvante des confins, ces marches du territoire où demain se crée. La frontière est le lieu de l’art, de la création du sensible. La frontière comme espace de liberté, où nous ne sommes plus complètement nous-mêmes et pas encore autres, ce no man’s land des choses, cette fluctuation, ce lieu d’échange essentiel et primordial, cette continuité de l’humanité, de notre humanité. Claude Belime


CRÉDITS Les artistes : Camille Carbonaro, Soeurs Chevalme, Anne-Sophie Costenoble, David del Campo, Philippe Dollo, Pascal Fayeton, Beatriz Polo Iañez, Nathalie Lescuyer, Gilles Mercier, Xavi Millan, Ning Zuohong, Richard Petit, Pauline Sauveur, Neus Sola, Laetitia Tura, Carla Yovane Perez. Les photographes : Philippe Dollo et Patrice Loubon FOTOLIMO est organisé par les associations NegPos (30) et Lumière d’Encre (66) avec le soutien des villes de Cerbère et de Portbou, du Conseil Départemental des Pyrénées Orientales, de la région Occitanie, de la DRAC Occitanie / Pyrénées-Méditerrannée, du Mémorial de Rivesaltes et de la Société des Auteurs d’Images Fixes (SAIF) . Du 20 au 29 septembre, inauguration le vendredi 20 septembre 2019 à 18h00. Présidente : Daniela Montecinos Direction artistique : Claude Belime et Patrice Loubon Coordination générale : Véronique Volkmann Chargée de développement international et européen : Maguy Borras Chargé du développement scientifique : Patric Clanet Tous travaux graphiques : Matthieu Péronnet Régie Technique : Jean Georget Remerciements spéciaux : M. et Mme Esper, Michel Bial et la Mairie de Cerbère, Xavier Barranco et la mairie de Portbou, les étudiants de Los Enlaces (Saragosse), Amar, Marc Curto, Rive Diaz Bernal, Elo, Cathy la chef et son staff, Steff, la boulangerie de Cerbère, la Roumaguère, la Daurade, le ciel et la mer, ainsi que tou.te.s les bénévoles engagé.e.s auprès de nos actions. FotoLimo 23 Avenue Général de Gaulle, 66290 Cerbère T : 0975209589 - M : 0671080816


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PRINTEMPS PHOTOGRAPHIQUE 2019 La mer qu’on voit danser... #2

« Non je ne veux plus jamais travailler Plutôt crever Non je n’irai plus jamais au supermarché Plutôt crever Non mais laissez moi Non mais laissez moi Manger ma banane Non mais laissez moi Non mais laissez moi Manger ma banane tout nu sur la plage » Philippe Katerine

La mer, source de toute vie sur terre, est pour la deuxième fois mise en lumière par NegPos et les regards de photographes qui font intrinsèquement de la vie leur sujet. Marc Dumas, formé à bonne école en tant que graphiste et photographe autodidacte, nous entraine dans une eau chaude et tropicale où il fait apparemment bon séjourner mais aussi plonger ! Dans ce jaillissement soudain des corps ou par leur permanence aquatique, il reproduit le geste amusé et curieux de Jacques-Henry Lartigue qui s’adonnait à la photographie comme d’autres à la pêche, attendant avec philosophie et dextérité que le poisson morde à l’hameçon. Juan-Carlos Alom, photographe culte et aventurier aime la liberté. Il nous ouvre les hublots d’une retraite à la cubaine où s’offrir à la déesse Yemaya devient un luxe abordable et à nul autre pareil. Le bonheur est dans... l’eau de mer, semble nous dire ces visages apaisées de séniors libéré.e.s du travail, non-soumis à une société consumériste, dans un pays au système alternatif qui continue malgré tout à exister en dépit des pressions permanentes d’un monde qui voudrait bien le voir disparaître. Paola Mongelli, revisite l’oeuvre d’un très grand et en tout modestie nous initie à sa redécouverte. Point et ligne sur plan (1926), telle était le paradigme dressé par Kandinsky (alors professeur au Bauhaus) quant à la « théorie des formes qui participe de la même rigueur et de la même volonté de constituer le langage des moyens purs de l’art qui, au-delà des apparences, va parler à l’âme humaine. Dans ce texte capital et souvent mal compris, Kandinsky pose les bases de la future science de l’art, clef pour un art abstrait authentiquement prophétique. » Cet hommage « photographique » et quasi mystique est né grâce à la mer, lorsqu’en se promenant le long d’une plage de Bretagne un après-midi d’hiver...

Chez Ben Graville, la mer est une ancre et la petite place londonienne qu’il photographie de sa fenêtre, le triste théâtre d’une dépossession urbaine contemporaine. Cette place où le petit peuple du quartier prenait un malin plaisir à venir festoyer et s’enivrer est devenue le lieu du crime et ce n’est justement pas à un photographe d’enquête judiciaire qu’il faut tenter de le dissimuler. A la manière brute et directe d’un Alan Sekula, Ben Graville dénonce par l’image et le suivi de cette épisode typique de nos vies en ville, nos existences malmenées et le fait que nous n’avons que peu ou pas d’emprise sur ce contexte urbain qui nous circonscrit. Gentrification, nettoyage, boboisation de l’espace public... appelez le comme vous le voulez, ce phénomène est général et sans frontière. Si l’ancre a bien survécu au ravage commis par les aménageurs urbains sans âme, la vie a malheureusement déserté cet espace. Né au cœur d’une époque empreinte d’espoir et de braises révolutionnaires encore vives, Redes est un film d’une beauté renversante ! Il est évident que l’apport de Paul Strand à l’esthétique et la photographie de ce moyen métrage n’est pas moindre. Malgré les difficultés qu’il a eu à imposer au réalisateur sa « vitesse », c’est à dire en fait sa lenteur, sa pesanteur à vouloir montrer le monde et cet élément d’où nous venons tous, la mer, l’objet filmique est un vrai chef d’oeuvre. Du 22 novembre 2019 au 31 janvier 2020, l’inauguration de ce panorama marin se tient en présence des auteurs, une raison de plus pour se jeter à l’eau, plonger profondément et ressurgir dans la lumière aveuglante du soleil baignant la mer.

Patrice Loubon


RIP ANKER

(I luv u Anker) + 5 years later Anchor / Anker

par Ben Graville

Situé sur Deptford High St, au sud-est de Londres, cette ancre est devenu au fil du temps un important point de repère culturel. Elle a été installée à l’origine en 1988 et retirée en 2013 lors d’une rénovation / gentrification du quartier. L’ancre était depuis longtemps un endroit convivial où les gens se retrouvaient pour boire un verre et se parler. Le conseil municipal de Lewisham souhaitait évacuer ces personnes de la rue haute car elle les jugeait indésirables et a donc entrepris de retirer l’ancre pour créer une zone pavée où les personnes ne pourraient ni s’asseoir ni se rassembler. Cinq ans plus tard, après une énorme pression locale, l’ancre est revenu sur son site d’origine après que le conseil municipal ait tenté de la faire disparaître. Une campagne en ligne et des expositions sur la vieille ancre ont finalement influencé le conseil municipal et l’ancre a donc été finalement réinstallée en 2018, mais sans plus de sièges ni d’espace de convivialité. Le lieu s’est transformé en un espace lisse et gentrifié. Ces photos montrent la pré-gentrification de l’ancre entre les années 2007 et 2013, ainsi que la nouvelle ancre réimplantée l’année dernière en 2018 - 2019, elle incorpore deux séries de photos RIP Anker (I luv u Anker) et 5 years later Anchor / Anker tous photographiés depuis la fenêtre de ma cuisine où je regarde le paysage évolué d’une réalité concrète à un environnement nettoyé et à un avenir coûteux.

BIO Photographe anglais vivant à Londres, Ben Graville est spécialisé dans les affaires judiciaires et la musique. Collaborateur au Sunday Times magazine il a travaillé régulièrement pour le quotidien anglais l’Indépendant de 2002 à 2009. En parallèle de ses activités professionnelles, il a développé une pratique d’auteur marquée par une approche documentaire de la photographie. www.bengraville.co.uk 16

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KANDINSKYANA promenade avec le Cavalier Bleu

par Paola Mongelli

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BIO Paola Mongelli est née à Turin. Elle est photographe et artiste visuelle. Diplomée à l’Académie Albertine de Beaux Arts de Turin, elle commence à se dédier à la photo fine-art en noir et blanc vers la moitié des années ’90 et à partir de 1998 ses œuvres sont exposées et collectionnées en Italie et à l’étranger. Aujourd’hui, elle s’exprime aussi à travers le dessin et l’art de la performance, se focalisant principalement sur les thèmes du corps, de la nature et de l’autoportrait. En 2008, elle intervient comme formatrice dans les milieux universitaire ainsi que privé, en matière de photographie et d’éducation à la vision. En parallèle à l’activité artistique, elle suit de nombreux projets de recherche en collaboration avec des artistes et des écrivains, dans des actions socials et culturelles. www.paolamongelli.com

« L’œil ouvert et l’oreille vigilante transforment les moindres secousses en expériences grandioses. Comme des explorateurs qui s’enfoncent dans des pays inconnus, nous faisons des découvertes dans la dimension quotidienne, et notre milieu, habituellement muet, commence à parler un langage toujours plus clair. Aussi les signes morts déviennent des symboles vivants, et ce qui est mort devient vif. » Ainsi écrivait Vassily Kandinsky en 1926 dans « Point et ligne sur plan ». Le traité et le texte « Le spirituel dans l’art » que j’ai lu à l’âge de 20 ans, ont nourri mes premières expériences artistiques au tout début de ma formation. Ces théories sur l’art et sur la composition ont une grande valeur sur le plan mystique et spirituel, plus encore que sur le plan esthétique. Aujourd’hui, je me rends compte

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combien la pensée sur l’art et sur la vie de ce grand artiste m’ont profondement marquée. J’ai eu la chance de m’y replonger grâce à la mer, en me promenant le long d’une plage de Bretagne un après-midi d’hiver ... C’était les derniers jours de l’année, l’air était glacial et la lumière voilée. Sous mes pas, des formes et signes luisants étaient disséminées sur un immense tapis de sable, pièces encore humides que la mer venait d’abandonner. Tout à coup le ciel et la mer, très présents jusque-là, me sont alors devenus invisibles et j’ai senti fort un appel… j’ai eu la sensation qu’un cavalier mystérieux, arrivé de très loin, me prenait par la main et m’invitait à la peinture. J’ai pris mon appareil photo et j’ai commencé à composer des tableaux.

J’étais comme suspendue entre l’abstraction et le concret, à découper, avec le cadre de mon viseur, des compositions qui fragmentaient, dans ma perception, l’unité de cette étendue démesurée. Je n’ai rien dû déplacer ou altérer, il n’y a rien à améliorer quand la nature donne son spectacle. J’ai arrêté de penser, et une voix a rejoint mon oreille pour me murmurer : « ce sont les configurations qu’on donne aux éléments, et non pas les élements même, qui leur confèrent tension, énergie et transforment la réalité inerte en pulsion vitale… quand tu crées des rélations à l’intérieur du champ, naissent les vibrations qui font palpiter la matière de couleur et de forme ... ce n’est que dans l’expérience de la vision que la réalité s’anime... c’est notre regard qui donne au monde son sens. » La mer m’a offert l’occasion de rendre hommage à Kandinsky à travers cette série de photographies. Je remercie ce maître qui m’a appris à ne pas séparer le matériel de l’immatériel, de percevoir le sacré dans l’ordinaire. Il m’a permis de me fondre un peu dans son esprit oriental qui reconnaît dans le caractère instable et transitoire de tout ce qui existe, la vraie beauté et la vraie richesse de la vie. Et si, comme Aristote nous le dit, « l’âme est la forme du corps », il arrive qu’on s’égare en réfléchissant sur le sens de la vision, sur la dicotomie forme/contenu, sur les liens entre l’essence et l’apparence, avec le risque de tomber amoureux de chaque cadre du film de l’existence... et pour cela, la photographie est le complice idéal !


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MINI-STAGE

dimanche 24 novembre 2019 - Nîmes

VOYAGE AUTOUR DU VISAGE : pratiquer le regard

« L’esprit est le meilleur des télescopes. » Evgen Bavcar

Un parcours expérimental-créatif sur le thème de la représentation du corps, à travers la photographie et le dessin – avec Paola Mongelli Qu’est-ce que regarder, observer… voir ? Et quelle est la différence entre « vue » et « vision » ? Nourri par l’expérience artistique et professionnelle du portrait et de l’autoportrait photographique, ce projet nait à partir d’une réflection sur le sens profond du regard et sur la qualité de l’attention dans la relation. À travers des pratiques créatives individuelles et collectives ce parcours assume comme sujet la figure humaine entendue comme lieu d’exploration et d’écriture. La journée est ouverte à tous ceux qui sont intéressés par les thèmes proposés, aucune compétence spécifique en matière de photographie ou de dessin n’est demandée. Pour plus d’informations : pao.mongelli@gmail.com http://www.paolamongelli.com/projects/the-practice-of-vision/ AUTOMNE - HIVER 2019

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REDES un film de de Fred Zinnemann et Emilio Gómez Muriel, scénario d’Agustín Velásquez Chávez et Paul Strand, 65’, 1936-1937

Autour du film En 1933, le ministre des Beaux-Arts mexicain demanda au photographe new-yorkais Paul Strand d’établir un plan pour le développement du cinéma sonore mexicain, alors pratiquement inexistant. On décida de réaliser des films sur la production dans diverses branches et destinés à l’éducation de la population du pays, en majeure partie illettrée. Une ébauche de scénario sur le monde de la pêche, écrite par Velázquez Chávez, fut, par la suite, profondément modifiée par Paul Strand et ses collaborateurs qui s’inspirèrent des récits de la population d’Alvarado, alors qu’une série de prises de vues saisissait minutieusement la gestuelle et les techniques du métier. Initialement muet, le film fut post-synchronisé à Mexico, par des acteurs, selon des méthodes qui furent ultérieurement utilisées par les néoréalistes italiens. Paul Strand assura le découpage et la photographie, Zinnemann la direction d’acteurs et le Mexicain Gómez Muriel, coréalisateur en titre, fut, en fait, un premier assistant. « Le film, d’une grande valeur plastique et 22

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puissant, fut une des premières belles réalisations du Mexique, mais aussi de l’École de New York dont Paul Strand était alors la personnalité la plus remarquable. » 1 On peut rapprocher Les Révoltés d’Alvarado de La terre tremble de Luchino Visconti ou parfois de Le Sel de la terre de Herbert J. Biberman, mais rien n’indique qu’il les ait plus ou moins influencés. Selon l’historien James Krippner, professeur au Haverford College (États-Unis), Redes fait écho aux photographies que Paul Strand prit préalablement au Mexique. Dans un sens, le travail effectué dans ce pays correspond à une période de transition chez l’artiste, ajoute-t-il. Ici, Paul Strand, initiateur de l’objectivité photographique (straight photography), mêle le documentaire à vocation sociale et une volonté artistique affirmée. « La forme du film correspond davantage à la créativité de Strand qu’aux prérogatives du secrétariat de l’Éducation publique mexicain », affirme James Krippner 2.


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Synopsis La rude existence des pêcheurs d’Alvarado, une petite commune située sur la côte atlantique du Mexique. L’un d’eux, Miro, enterre son fils qu’il n’a pu soigner. Même lorsque poisson abonde, les salaires versés aux pêcheurs demeurent extrêmement bas. Révolté, Miro incite ses compagnons à entamer une grève de protestation.

Fiche technique Titre du film : Les Révoltés d’Alvarado Titre original : Redes (Filets) Titre aux États-Unis : The Wave Réalisation : Fred Zinnemann et Emilio Gómez Muriel Scénario : Agustín Velásquez Chávez et Paul Strand Adaptation : E milio Gómez Muriel, Fred Zinnemann, Henwar Rodakiewicz Photographie : Paul Strand Musique : Silvestre Revueltas Son : Roberto et Joselito Rodriguez Production : Secretaría de Educación Pública / Azteca Films Format : Noir et blanc - 1,33 Durée : 58 minutes Lieux de tournage : Papaloapan, État de Veracruz, Mexique Pays d’origine : Mexique Sortie : au Mexique ; en France Genre : Drame social

Distribution Silvio Hernández : Miro, David Valle González : Don Anselmo, Rafael Hinojosa : El Candidato, Antonio Lara : El Zurdo Miguel Figueroa : Miguel, Felipe Rojas : Mingo, Les pêcheurs de la localité d’Alvarado (Mexique)

Toutefois, au cours du tournage, des divergences apparurent très nettement entre Paul Strand et Fred Zinnemann. Ils s’opposèrent sur le rythme des scènes. Zinnemann considérait que la succession des séquences s’effectuait trop lentement. Si Strand avait l’œil pour saisir des images sublimes, il n’appréhendait pas suffisamment la question du mouvement au cinéma, explique James Krippner 2. Il est indéniable, cependant, que le

photographe new yorkais caressait, au sujet du film, de claires ambitions : « Notre film sera aussi bon que celui d’Eisenstein (le Que Viva Mexico! de 1932.), j’y tiens ! », dit-il à Agustín Velázquez Chávez, son scénariste. Plus encore, les aspirations de Paul Strand furent contrariées par deux facteurs essentiels : le contexte politique mexicain marqué par la répression anti-syndicale et les querelles idéologiques concernant la production du film. Dès l’automne 1934, le photographe new yorkais sentit qu’il perdait le contrôle de son projet. « Ce qui avait commencé comme une coopérative utopiste se solda par un conflit humain des plus ordinaires. » 2 Paul Strand jugea, plus tard, que si la réalisation de Redes était intéressante sur le plan artistique, elle s’avérait, finalement, décevante et très éloignée de ses espérances. Pour James Krippner, Redes doit, cependant, être considéré comme le point de départ de l’histoire d’un cinéma mexicain qui allait exploser au cours des années 1940/1950, époque de son âge d’or. Le film a été restauré en 2009 par la World Cinema Foundation 3. Notes et références 1 Georges Sadoul : Dictionnaire des films, Microcosme/Éditions du Seuil, 1965, (ISBN 2-02-010904-2). 2 in : Supplément DVD Carlotta, Paul Strand et Les Révoltés d’Alvarado. 3 (en) Redes [archive] sur le site de la World Cinema Foundation AUTOMNE - HIVER 2019

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BIOGRAPHIE DE PAUL STRAND Paul Strand (1890-1976) est né à New York. À l’âge de 17 ans, il commence à suivre des cours de photographie et étudie auprès du célèbre photographe Lewis Hine. Au cours de sa formation, Strand a également rencontré Alfred Stieglitz, dont la 291 Gallery de New York a inspiré Strand et d’autres photographes et artistes modernistes en herbe. En 1915, il effectue un tournant dans sa carrière lorsqu’il commence à découvrir les capacités intrinsèques de l’appareil photo grand format. Appelé « photographie directe », sa photographie est issue de scènes de rue du New York moderne. Elles reflètent l’énergie et le mouvement de la ville et de ses habitants, elles ciblent les expressions de la réalité objective. Les images de Strand tirent par ailleurs leur puissance de l’intégration de la réalité et de l’abstraction dans leur composition. Au cours de cette période, de nombreuses œuvres de Strand se concentrent sur des éléments architecturaux et des natures mortes curvilignes, sujets inspirés par Stieglitz et le peintre Charles Sheeler. En 1920, un autre tournant se produisit dans la carrière de Strand. Sa conscience sociale l’a amené à explorer les relations entre art et politique et à se consacrer à des causes progressistes. Il se tourne vers la cinématographie pendant une dizaine d’années, de 1920 à 1930 environ. En 1934, Strand aida à fonder Frontier Films, une société de production de documentaires sociaux et militante de la cause ouvrirère. Strand, tout en travaillant dans le cinéma, est néanmoins resté actif en tant que photographe, mais son sujet a changé. Il s’est concentré sur des images d’agriculteurs et de villageois de la Nouvelle-Angleterre et du Mexique, exprimant sa nostalgie et son admiration pour une vie plus simple. En 1936, Strand s’associe à Berenice Abbott pour établir la Photo League à New York. Son objectif initial est de fournir à la presse socialiste des photographies d’activités syndicales et de manifestations politiques. 24

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Plus tard, le groupe décide d’organiser des projets locaux dans lesquels les membres ont photographié des communautés de la classe ouvrière. Au début des années 1950, en raison du climat politique conservateur qui régne aux États-Unis, Strand s’installe en Europe. Il passe six semaines dans la communauté agraire de Luzzara, dans le nord de l’Italie, et se rendit ensuite dans les Hébrides extérieures, îles situées au nordouest de la côte écossaise. communautés appauvries qu’il documente. Dans les années 1960, il voyage également en Afrique du Nord et de l’Ouest pour photographier les populations. Il est un pionnier de la photographie d’avant-garde du XXe siècle, capable de démontrer au monde l’efficacité de l’art dans la promotion du changement social.


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NÉ.E.S POUR ÊTRE LIBRE

par Juan Carlos Alom Le fait d’être aussi définit géographiquement et si étroitement circonscrit par la mer, a mené à ce que de nombreux événements quotidiens à Cuba soient étroitement liés à la condition insulaire. La mer a été la voie de grandes vagues de migration hors de l’île. Mais malgré cette relation dramatique, cette mer chaude incarne aussi la santé et la vie, c’est une sorte d’ersatz de protection maternelle. Après de nombreuses années de vie sur l’île, il n’est peut-être donné qu’aux personnes âgées de redécouvrir leur condition insulaire et de retrouver alors une relation saine et vitale avec la mer. Cependant que Cuba doit faire face à un vieillissement démographique croissant au cours des prochaines décennies, mon appareil photo assiste à ce rituel de la vie des insulaires qui s’immergent dans l’eau, goûtant la seule attente de renouveau et de joie. AUTOMNE - HIVER 2019

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BIO Juan Carlos Alom, La Havane, 1964. Photographe et cinéaste. Il a étudié la restauration de négatifs et d’images photographiques à la Fototeca de Cuba en 1989. En 1990, il étudie la sémiotique à la faculté de journalisme de l’Université de La Havane. Son travail photographique et ses films 16mm ont été exposés dans différentes galeries et musées. Ses oeuvres figurent entre autres dans les collections permanentes du Musée national des beaux-arts de Cuba, au Musée d’art du comté de Los Angeles, LA, Californie, au Ludwig Forum pour l’art international,

Allemagne, à la Photothèque Pachuca, Mexique et au PAMM, Miami, FL. En l’an 2000, il est sélectionné par Time Magazine comme l’un des photographes du millénaire en Amérique latine. Son exposition personnelle la plus récente: Cuban Analogs, a eu lieu à Fort Mason, Institut d’art de San Francisco, Californie. Une partie de sa filmographie en 16 mm intègre le cycle de projection d’Ismo, Ismo, Ismo, qui met en valeur les créations les plus importantes du cinéma expérimental d’Amérique latine et des Caraïbes. juancarlosalom.com


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PLAGE IKAROS, Un monde flottant

par Marc Dumas

Plage La baignade – activité dilettante par excellence – permet ce détachement du monde, ce flottement dans un état d’âme approprié, cette disponibilité dans l’apesanteur aquatique, à quelques mètres du rivage. Tel Monsieur Palomar (Italo Calvino, 1983) regarder, mais regarder précisément. Regarder une vague, l’horizon, le mouvement d’un bateau, un canot, un pêcheur, un nageur, un plongeur, un reflet, un nuage, un poisson… Qui n’a pas un jour compté les vagues ? et qui n’a été avec plaisir au creux de la vague, à voir apparaître et disparaître la ligne de l’horizon ? La photo est le meilleur prétexte pour persévérer sans aucune culpabilité dans ce plaisir, alliant contemplation et précision de l’observation. Approcher le bonheur et le partager ou simplement en garder une trace voluptueuse, de celles qui se bonifient.

Ikaros - Un monde flottant Être en l’air – s’envoyer en l’air, dirait mon amie psychanalyste –, se déjouer de l’attraction terrestre qui nous fait malgré tout retomber dans l’eau, avec les poissons. Contrairement à Icare, aucune fatalité. Nous ressortons plus vivants que jamais et nous recommençons, pour le plaisir, sous l’œil goguenard des mouettes. Faire de la photo sans s’inquiéter, tel Jacques-Henri Lartigue demandant à son entourage un saut, un instant en apesanteur, pour voir… Les plongeurs occasionnels du Porto da Barra à Salvador de Bahia se jettent spontanément à l’eau, et assurent le spectacle. La photo les valorise peut-être… mais le plaisir de flotter un instant dans les airs est le plus important. Il n’est pas question de l’astreinte du professionnel, de la recherche du 10 sur 10, d’un quelconque temps passé au gymnase sur trampoline. Le geste est aux antipodes de la performance du professionnel, car il s’agit d’une quête du bonheur et de la liberté. Être suspendu dans un équilibre improbable, dans une position incongrue, mais qui ne manque pas d’élégance, chez le plongeur comme chez le preneur d’images.

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BIO Marc Dumas est designer graphique et photographe. Il obtient en 1981 le diplôme de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs. En 1981 il intègre le célèbre collectif Grapus. En 1983, il fonde l’atelier de design graphique Tout pour Plaire qui, depuis lors, collabore avec des prestigieuses institutions comme le ministère de la Culture, le Centre Georges Pompidou, Parc de la Villette, la Cité des Sciences, la Cité la Musique, le Centre des Monuments Nationaux… Depuis 2000, l’atelier se consacre aussi à la création de sites internet pour des structures culturelles et à partir de 2005, conçoit la signalétique de nombreux sites, dont ceux du Centre des Monuments Nationaux. Depuis 1991, Marc Dumas est enseignant de communication visuelle à l’école Camondo à Paris. À partir de 2000, il développe un travail photographique. Il a réalisé, entre autres : Voyage autour de ma table (2000), Porto da Barra (2004), Cargos (2005), Vagues (2006), Nature (2007), Robomorphe (2007), Ikaros (2007), São Paulo de todas as sombras (2013), Cinza SP (2015), Réburbain (2017),Rêve de nature (2019),… En 2007, il crée les Cahiers Atlantiques, collection consacrée à l’édition expérimentale à tirage limité. Le travail graphique de Marc Dumas est visible sur : www.toutpourplaire.com. Son travail photographique est visible sur : www.marcdumas.fr 30

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> défense

> perception

> répartition des droits

Société des Auteurs des arts visuels et de l’Image Fixe

d’ auteurs

Société civile dont la mission est de défendre, percevoir et répartir les droits des auteurs des arts visuels. En 2017, la SAIF représente plus de 7 000 auteurs en France, dont 4 000 photographes.

82, rue de la Victoire • 75009 Paris tél. 01 44 61 07 82 saif@saif.fr www.saif.fr

En adhérant à la SAIF, vous devenez collectivement propriétaire de votre société (achat d’une part sociale de 15,24 euros)

et participez à ses décisions lors de l’Assemblée générale,

au Conseil d’administration et dans les Commissions. Les ayants droit peuvent également adhérer à la SAIF.

Pourquoi adhérer à la saif ?

g ra ph is m e : ate l ie r A u fo nd à g au ch e - 2 0 1 7

Pour bénéficier des droits  « collectifs » Les droits dits « collectifs » ne peuvent être gérés et perçus que par une société d’auteurs. Avec le foisonnement des nouvelles techniques de diffusion des œuvres qui rendent impossible le contrôle de leur utilisation, le législateur institue régulièrement de nouveaux droits (ou redevances) gérés collectivement par les sociétés d’auteurs.

Les droits « collectifs »  sont les suivants : • La copie privée audiovisuelle et numérique : La rémunération pour copie privée compense la possibilité pour un individu de copier des œuvres pour un usage strictement privé. Créée en 1985 uniquement pour les supports audiovisuels, elle est étendue depuis 2001 aux supports numériques. 25 % de la rémunération pour copie privée sont affectés à des actions culturelles comme l’aide aux festivals par exemple. • Le droit de reprographie : Cette rémunération est perçue pour les photocopies des œuvres publiées dans le livre ou dans la presse.

• Le droit de prêt public : Depuis 2003, la loi française institue une gestion collective obligatoire de la rémunération pour le prêt public des œuvres dans les bibliothèques. La SAIF perçoit et répartit cette rémunération au titre des images fixes publiées dans les livres. • La retransmission par câble : Cette rémunération est perçue au titre de la reprise des émissions de télévision sur les réseaux câblés. Seules les sociétés d’auteurs sont habilitées à percevoir et répartir ces sommes aux auteurs. • Usages pédagogiques Ces droits sont perçus sur une base forfaitaire négociée avec le Ministère de l’Éducation Nationale. Ils sont par la suite redistribués aux auteurs par les sociétés de gestion collective.

La SAIF peut également intervenir pour ses membres qui le souhaitent auprès et de tous types de diffuseurs (chaînes de télévision, sites Internet, etc.) : • pour le droit de présentation publique (expositions) ; • pour le droit de reproduction (presse, livres, cartes, posters…) ; • et également pour percevoir le droit de suite (rémunération sur la revente publique d’œuvres originales) ; La SAIF œuvre pour la défense et l’amélioration de la protection du droit d’auteur. Elle est ainsi présente auprès des institutions nationales et internationales (ministère de la Culture, Parlement, CSPLA, Union européenne…) et agit pour défendre collectivement les droits des auteurs.



EL Juicio Final: Tarot Trans par Zaida Gonzalez Ríos


EL Juicio Final: Tarot Trans Le jugement dernier : Tarot Trans Il s’agit d’un projet photographique qui s’approprie les 22 arcanes majeurs du Tarot (puisant dans le Rider-Waite Smith Tarot, le Tarot de Marseille et le Tarot du chat de Marseille) en remplaçant les figures des cartes par des modèles non standardisés, tels que des travestis, des transgenres, des transsexuels, des migrants, des jeunes atteints du syndrome de Down, des personnes âgées et d’autres personnes qui correspondent au sens de la carte attribuée. À l’heure actuelle, les groupes représentants la diversité sexuelle, les migrants, les personnes handicapées mentales et cataloguées qui font la une dans notre pays, sont nombreux à s’organiser et à manifester tels des citoyens luttant pour que leurs droits soient respectés, pour l’inclusion sociale et pour la fin de la discrimination, étant donné qu’au Chili, ils sont catalogués, violentés et discriminés via une stigmatisation ayant la valeur d’un procès ignorant et répugnant. N’oubliez pas que dans notre pays, les groupes LGBT et les migrants en particulier, ont été victimes d’abus répétés, d’homicides et de féminicides volontaires. La relation qui se crée entre le tarot et ces groupes de personnes, grâce au support même, doit implicitement servir à faire tomber les masques. Ce jeu de cartes est consulté par de nombreuses personnes appartenant à toutes les couches socioculturelles. Bénéficiant d’une diffusion massive et populaire, il s’agit donc d’un média très visible et auquel on peut facilement s’identifier. Il est construit sur l’union du langage et de la vision. Le tarot est également l’une des traditions magiques principales de l’occident, il véhicule une riche iconographie et de nombreux symboles intéressants à contextualiser dans une représentation non normative. Chaque carte a permis d’extraire un ensemble de valeurs identificatrices pour une réflexion qui se manifeste à travers des concepts tels que: la liberté, l’indépendance, le pouvoir, la création, l’autorité, la sagesse, la revendication, l’amour, la lutte, la transcendance, la victoire et la guérison, entre autres. L’exposition comprend 22 photographies au format 60x90cms.

El diablo

Zaida Gonzalez Rios

BIO Zaida Gonzalez Ríos 1977, San Miguel. Santiago du Chili. Elle expose au Chili depuis 1999 dans diverses expositions collectives et individuelles. Au niveau international, son travail a été présenté en Colombie, en Argentine, aux États-Unis, en Belgique, au Pérou, en Espagne, en Uruguay, au Vénézuela, à Barcelone, en France, au Portugal, en Lituanie, en Italie, en Suède, à la frontière franco-espagnole dans le cadre de FotoLimo, en Suisse, en Angleterre et au Mexique. À ce jour, elle a produit cinq livres en tant qu’auteur: « Las Novias de Antonio » (2009) éditions La Visita, « Recuérdame al morir con mi último latido » (Fondart 2010), « Zaida González De Guarda » (Fondart 2011), « Ni Lágrimas Ni Culpa » édition indépendante El Gato de la Acequia (2017) y « El Juicio Final: Tarot Trans » édition indépendante World Knife (2017) Elle a obtenu le Prix Rodrigo Rojas De Negri en 2012. Elle est lauréate du prix du meilleur jeune artiste à la IVe Foire internationale d’art contemporain ARTVILNIUŚ13 de Lituanie, pour la présentation de l’exposition « Primera comunión » à la galerie Serpente au Portugal. www.zaidagonzalez.cl 34

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El mago



La rueda

La fuerza

STAGE COLORIAGE DE PHOTOGRAPHIES NOIR ET BLANC avec Zaida GONZALEZ RIOS Quoi ? L’atelier consiste à apprendre à colorier manuellement des photographies en noir et blanc et ainsi à reproduire une ancienne technique. Destiné à tout type de personne qui veut apprendre, aucune expérience préalable n’est nécessaire. Zaida González Ríos a plus de 20 ans d’expérience dans le coloriage photographique de son propre travail. Quand ? Le samedi 08/02/20 et le dimanche 09/02/20 de 10h à 19h, 150 € (non-adhérents), 100 € (adhérents). Matériel fourni. Où ? NegPos Fotoloft 1, cours Némausus 30000 Nîmes contact@negpos.fr — T : 0975209589 36

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HOMMAGE à Xavier Barral

Xavier Barral (1955-2019) trace un chemin qui ignore les habitudes et la répétition. Sa passion de la passion des autres – photographes et artistes, auteurs, chercheurs –, son inlassable curiosité en attente de découvertes et de rencontres autant que sa poursuite d’une démarche très personnelle font de chacun de ses projets un nouveau départ, une nouvelle occasion d’arpenter l’espace et le temps, comme en témoignent avec force les ouvrages Évolution (2007) et Mars (2013). Formé à l’École supérieure d’arts graphiques Penninghen, Xavier Barral y rencontre Robert Doisneau et Roman Cieslewicz qui le marquent et l’inspirent. Mais c’est d’abord l’ailleurs qui l’attire. Il dessine, voyage, navigue et travaille comme photographe reporter avant de collaborer, en tant que directeur artistique, à plusieurs magazines. Sa rencontre avec l’éditeur Éric Hazan marque un premier tournant vers l’édition, celui-ci lui confie la réalisation de ses premiers ouvrages notamment Doisneau/ Renault. Ce livre-objet avec son étui métallique annonce la forme singulière, toujours si étroitement solidaire du contenu, que Xavier Barral donnera ensuite à chacun des livres qu’il publiera.

Xavier Barral (au milieu) feuilletant le livre de Mathieu Asselin (à gauche) en compagnie de Martin Parr, au sujet de la publication de son travail photographique autour de Monsanto.

Patrick Zachmann – So long, China Des triades de Hong Kong dans les années 80 à la transformation de la ville de Pékin en passant par Tian’anmen, le tremblement de terre du Sichuan et l’exposition universelle de Shanghai, cet ouvrage rassemble près de 350 photographies N&B et couleur, mêlant la petite et la grande histoire dans un pays en pleine mutation. Dans un format intimiste, cet ouvrage rappelle le carnet de voyage ponctué d’extraits du journal de bord tenu par Patrick Zachmann lors de ses voyages, qui apportent un éclairage supplémentaire à ces images, mais aussi sur le travail de photographe dans une société où règnent la censure et la manipulation du régime. Relié,17 x 23 cm, 592 pages 345 photographies N&B et couleur Textes : Patrick Zachmann Avec le soutien de la Fondation Gan pour le Cinéma Édition limitée Sous coffret, ouvrage signé accompagné d’un tirage argentique N&B signé, réalisé avec le soutien de PICTO. Lauréat du Prix Nadar 2016 AUTOMNE - HIVER 2019

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En 1992, il fonde, avec Annette Lucas et Stéphane Trapier, Atalante, une agence de création visuelle et de communication culturelle qui conçoit les identités de nombreuses institutions françaises (Opéra de Paris, Cité de la Musique, théâtres de la Colline et du RondPoint, Fondation Cartier pour l’art contemporain) ainsi que la création de livres d’art et de catalogues d’exposition. Xavier Barral y affirme un savoir artisanal, un regard, un sens du dialogue avec les artistes et une façon d’aborder la matière même des livres qui feront sa marque comme dans Pleine mer de Jean Gaumy (2001). C’est en 2002 qu’il s’engage dans l’aventure à laquelle l’ont préparé et conduit ses différents métiers : encouragé par un autre éditeur, Hervé de La Martinière, par Daniel Buren et par quelques amis auteurs, il crée les Éditions Xavier Barral et publie son premier livre : Mot à mot de Daniel Buren. Dès lors alternent les ouvrages qui consacrent de longues amitiés intellectuelles et artistiques – de M’as-tu vue conçu avec Sophie Calle en 2003 à Depardon/USA en 2018 – et ceux dédiés à l’œuvre de figures majeures de la photographie telles que Sergio Larrain en 2013 et plus récemment, Masahisa Fukase en 2018. Intéressé par les pratiques artistiques et par les rapprochements entre le monde de l’art et le monde des sciences, l’éditeur initie lui-même des projets nés de nouvelles rencontres, avec l’enthousiasme de l’explorateur, ou bien parce qu’une idée et un désir portés depuis de longues années peuvent enfin trouver à s’accomplir – publié en 2015, L’Esprit des hommes de la Terre de Feu rend ainsi hommage au travail photographique de Martin Gusinde, sur les peuples Selk’nam, Yamana et Kawésqar, découvert par Xavier Barral dans les années 1980 lorsqu’il naviguait en Terre de Feu. Il accompagne plusieurs de ses ouvrages d’expositions dont il assure le commissariat et la scénographie parmi lesquels AutoPhoto (Fondation Cartier pour l’art contemporain, 2017) et Wall avec Josef Koudelka (C/O Berlin en 2017 et la Fondation Dar El-Nimer à Beyrouth, 2018). Il venait d’imprimer La Comète, le voyage de Rosetta.

Toutes les images sont extraites du livre de Patrick Zachmann « So long, China », paru aux éditions Xavier Barral

L’ensemble du travail effectué par la maison d’édition Xavier Barral est consultable en ligne à cette adresse : exb.fr

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FOTOLOFT - RETROSPECTIVE Martin Gusinde - L’esprit des hommes de la terre de feu Martin Gusinde est l’un des rares occidentaux à avoir vécu parmi les peuples Selk’nam, Yamana et Kawésqar. Le photographe et missionnaire allemand effectue quatre voyages en Terre de Feu entre 1918 et 1924. Il s’immerge en profondeur au sein de ces sociétés jusqu’à parler la langue et être introduit aux rites initiatiques. Les 1200 clichés qu’il rapporte, réalisés à la chambre photographique portable, constituent un témoignage unique sur ces peuples aujourd’hui disparus. Relié, toilé, 25 x 31 cm, 300 pages 230 photographies N&B Textes : C hristine Barthe, Dominique Legoupil, Marisol Palma Behnke, Anne Chapman

Sergio Larrain - Valparaiso Cette version présente plus de 80 photographies inédites prises entre 1952 et 1992. Dans cet ouvrage intimiste, les notes manuscrites, correspondances et dessins nous font partager sa vision singulière du monde. Sans oublier le texte de Pablo Neruda spécialement écrit pour Sergio Larrain. Relié, toilé, 16,5 x 23,5 cm, 212 pages 120 photographies N&B dont 82 inédites Textes : Sergio Larrain, Pablo Neruda, Agnès Sire

Susan Meiselas - En première ligne Cet ouvrage transporte le lecteur, dans un récit passionnant à la première personne, au cœur du processus créatif des grandes séries de Susan Meiselas depuis les années 1970 jusqu’à aujourd’hui : des stripteaseuses de fêtes foraines en Nouvelle Angleterre, aux zones de conflits du Salvador au Kurdistan en passant par l’insurrection sandiniste au Nicaragua. À travers une sélection de photographies pour certaines iconiques, pour d’autres rarement publiées, enrichie d’un long entretien conduit par Mark Holborn, ce livre revient sur une carrière remarquable « en première ligne » au sein de l’agence Magnum. Relié, toilé avec bandeau 17 x 21 cm, 256 pages 120 photographies couleur et N&B Texte : S usan Meiselas, issu d’entretiens menés par Mark Holborn

Graciela Iturbide - Des oiseaux L’équilibre puissant de ses compositions donne à voir des ciels saturés d’oiseaux, des situations cocasses et inattendues où des poulets attendent sagement sur des étals de marché, où des pigeons se disputent avec des singes, ailleurs se sont des nuées mouvantes qui ressemblent à de véritables organismes vivants aux mouvements souples et fluides. De l’Inde au Mexique, des fronts de mer aux terrasses urbaines, mouettes, aigles, pigeons, hérons, corbeaux envahissent l’espace des hommes ou s’y glissent de manière inopinée et solitaire. Relié, 20,5 x 26 cm, 104 pages, 53 photographies N&B Texte : Guilhem Lesaffre AUTOMNE - HIVER 2019

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