RESSOURCES NATURELLES
LA NATURE, RICHESSE APPRIVOISÉE Les stations de sports d’hiver ont construit leur modèle économique à partir des richesses naturelles qu’offre la montagne. Ressource fragile qu’il convient à la fois de sauvegarder et d’utiliser à des fins vertueuses. Textes : Cécile Ronjat - Illustrations : Anne Bosquet
LA SOBRIÉTÉ D’ABORD Un domaine s’est bâti sur la sobriété. Arêches-Beaufort a été la première station française signataire de la charte nationale en faveur du développement durable dans les stations de montagne, en 2007. Cette station-village savoyarde a
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M O U N TA I N P L A N E T
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SAM INGLES
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n montagne, le dérèglement climatique n’est pas un concept. Cette réalité, les montagnards la vivent, la ressentent, la constatent. Ils sont aux premières loges. La perception du phénomène est finalement peu tangible ailleurs que dans les océans, les littoraux, et en montagne. « Comme tout autre acteur économique, les domaines skiables ont une responsabilité sur les impacts environnementaux et sociaux, sur les ressources naturelles et la biodiversité. Ils ont un rôle à jouer d’autant plus important qu’ils seront demain des territoires éducatifs et pédagogiques », considère Camille Rey-Gorrez, directrice de l’association Mountain Riders, à l’origine du label Flocon Vert. Ils ont aussi tout intérêt à soigner ce qui est finalement leur outil de travail. Faire sa part, engager des démarches vertueuses. Les domaines skiables, et plus largement les communes qui les accueillent, s’emploient depuis quelque temps déjà à diminuer leur empreinte carbone, souvent grâce à l’innovation. « Des technologies ont permis d’optimiser les coûts et d’économiser la ressource. Il y a eu une évolution très positive, mais on ne se pose pas assez la question de comment baisser la consommation, ce qui nécessite de revoir les pratiques », estime Mme Rey-Gorrez. A l’instar de l’Ademe, Mountain Riders plaide pour la sobriété énergétique avant de penser à la production d’énergie renouvelable. L’énergie la plus propre est celle qu’on ne consomme pas... Pour celle qu’on doit malgré tout consommer, mieux vaut avoir recours à des énergies d’origine 100% renouvelable, certes plus chères. Une initiative adoptée par 48 sociétés de remontées mécaniques françaises.
La forêt est un trésor, son bois une ressource locale.
véritablement tiré parti de son environnement pour se construire. Sa situation géographique, sur les contreforts du Mont-Blanc, lui garantit des chutes de neige exceptionnelles, bien conservées grâce à l’orientation Nord et l’altitude du domaine skiable. Les enneigeurs ne couvrent donc que 15 % du domaine, sur les parties basses. Cette neige de culture est d’ailleurs fabriquée uniquement à partir du barrage de Roselend, le réseau étant alimenté par pression gravitaire, ce qui nécessite moins d’énergie. La sobriété passe aussi par des choix, comme la fermeture des remontées mécaniques en période creuse, les zones non damées. « Ces actions permettent de changer d’échelle en termes d’impact », assure Camille Rey-Gorez. Pour Laurent Reynaud, délégué général de Domaines skiables de France (DSF), « l’innovation est primordiale, et comportementale aussi, autant de la part des professionnels