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N° 8

LE journal du cercle du Grand Théâtre et du Grand tHéâtre de GEnève

C ult ure

les priorités de Sami Kanaan

pa s sio n

confidences de jeunes solistes Polémiques et idées reçues sur l’opéra

Dan se

Andrea Chénier

un poète guillotiné en place de neuve

Millepied, YADI, CANTILLON : Les ballets ruSses revisités


L EVER DE RIDEAU À G ENÈVE SUR … …la plus ancienne banque de Suisse, Wegelin & Co. Depuis 1741, en tant que banquiers privés, nous avons tout vécu: périodes d'euphorie et de joyeuse insouciance mais également guerres, réformes monétaires, crises économiques et krachs boursiers… Pourtant nous sommes toujours là! Et nos clients, qui ont vu leur patrimoine familial fructifier au fil des générations, aussi! Aspirez-vous également à cette confiance réciproque et à ces relations privilégiées? Nous sommes faits pour nous rencontrer. www.wegelin.ch

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Buzz op 3-5 Quoi de neuf dans le monde de l’opéra à Genève et ailleurs opération 8-11 Entre Verdi et Puccini... Umberto Giordano en ballet 12-15 Créer le désir Entrez dans la danse Plein feux 16-32 Sami Kanaan Polémiques et idées reçues Revue de troupe carnet du cercle 20-22 Entretien avec Guy Demole didactique 34-36 Beaux traits ! Un vent jeune Beaux arts ! Beaux airs ! Le Foyer accueille... Agenda 40

Image de la couverture :

her public. à l’approche des festivités 2012 Rousseau pour tous, et au moment où André Chénier, le poète, va occuper la scène de la place de Neuve qu’il n’ a jamais fréquenté auparavant, j’ai le plaisir de vous souhaiter une excellente rentrée et de vous faire partager quelques nouvelles du Grand Théâtre. Je voudrais tout d’abord remercier nos fidèles abonnées et abonnés qui nous témoignent d’année en année une confiance sans faille, mais également celles et ceux qui ont décidé de nous rejoindre afin d’avoir la certitude de pouvoir partager tous les moments de la saison qui s’annonce. Nous avons encore bien d’autres raisons de nous réjouir que nous voulons partager avec vous en les esquissant brièvement. Grâce à nos amis partenaires du journal Le Temps, notre magazine a furtivement changé de format et sera diffusé à 50 000 exemplaires. En nous réitérant sa confiance, la Fondation BNP Paribas contribue largement à la présence de jeunes artistes en résidence. Dès la rentrée, ils ne seront plus six mais huit, un baryton et une basse nous ont rejoints et vous aurez le plaisir de les découvrir tout au long de la saison qui commence. Le Grand Théâtre sera également présent, pendant plusieurs semaines, rue de la Corraterie, grâce aux commerçants qui sans hésiter nous ont ouvert leurs portes et soutiennent le Grand Théâtre. Le Cercle du Grand Théâtre qui regroupe les amis de l’institution, qui s’engage à nos côtés et qui nous permet d’envisager chaque saison avec sérénité, fêtera ses 25 ans, un bel âge qui ouvre bien de belles perspectives. 2012 Rousseau pour tous approche à grand pas, nous sommes ravis de pouvoir vous annoncer quatre représentations de deux intermèdes : La Serva padrona de Giovanni Battista Pergolesi et Le Devin du village de Jean-Jacques Rousseau, qui nous transporteront au cœur de la Querelle des bouffons, une controverse parisienne des années 1752 -1754, et qui témoigneront de l’importance de la musique dans la vie du citoyen de Genève dont le carillon automatique de la Cathédrale égrène, au mois de juillet, une mélodie du Devin. Ce projet a pu se concrétiser grâce à la synergie institutionnelle entre l’Opéra Studio et le Grand Théâtre, et grâce au soutien de la Ville de Genève et du Crédit Suisse qui retrouve les chemins du Grand Théâtre.Nous voudrions également partager avec vous l’invitation que nous venons de recevoir pour une tournée en Chine afin de présenter la production de L’Amour des trois oranges à Guangzhou, Shanghai et Beijing au cours de l’été 2012. Merci à vous tous, merci à nos collaboratrices et collaborateurs ! Merci à Monsieur Sami Kanaan, magistrat en charge du département de la culture, de nous avoir consacré du temps pour une interview que vous découvrirez dans les pages de ce magazine de rentrée. Tobias Richter

11, bd du Théâtre

© Deutsche Oper Berlin / CP 5126 CH-1211 Genève 11 Bernd Uhlig T +41 22 418 30 00 F +41 22 418 30 01

Directeur de la publication Tobias Richter Responsable éditorial Albert Garnier Responsable graphique & artistique Aimery Chaigne Coordination Frédéric Leyat Ont collaboré à ce numéro Kathereen Abhervé, Carlos Carillo, Anne Davier, Daniel Dollé, Albert Garnier, Frédéric Leyat, Alessandro Maeder, Christopher Park, Matthieu Poncet, Anne Zendali. Impression Kreis Druck AG Parution 4 éditions par année Achevé d’imprimer en Août 2011 6000 exemplaires Il a été tiré 40 000 exemplaires de ce numéro et encartés dans le quotidien LE TEMPS

grandtheatre@geneveopera.ch www.geneveopera.ch

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L’excellence du Ballet du Grand Théâtre de Genève, sa création sans cesse renouvelée et la diversité de ses 22 danseuses et danseurs, en font une compagnie unique, que JTI est fier de soutenir. JTI est porté par la créativité de ses 25 000 collaborateurs de 90 nationalités différentes.

© Vincent Lepr esle

www.jti.com

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FÜR DIE KINDER...

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Gurnemanz

Avant-goût estival de la production inaugurale d’Andrea Chénier à Genève, le Festival de Bregenz, sur le Lac de Constance a enchanté son public pendant les mois de juillet et d’août avec une mégaproduction du chef-d’œuvre de Giordano. Les Bregenzer Festpiele, qui se jouent sur la fameuse scène lacustre en plein air devant 6000 spectateurs ont bénéficié pour Andrea Chénier d’une équipe artistique de choc, le Britannique Keith Warner, connu pour ses mises en scènes wagnériennes grandioses, et son complice décorateur David Fielding. Transformant l’iconique tableau de David, La Mort de Marat, en une montagne insulaire, secouée d’effets scéniques stupéfiants, ils y ont fait évoluer Héctor Sandoval, en Chénier passionné et élégant, Scott Hendricks en Gérard athlétique et Norma Fantini en Maddalena émouvante. Le tout sous la baguette d’Ulf Schirmer, dont le public genevois se souvient avec plaisir (Les Oiseaux, 2004; Tannhäuser, 2006). ChP

accompli

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dans le futur, quelques jours meilleurs car tout n’est pas perdu. Certes la baguette flamboyante et suractive mais avec finesse de Daniel Barenboim hisse ce récital wagnérien à son sommet ; un volet tout aussi passionnant orchestralement parlant que le récital titre de Jonas Kaufmann, lequel sous la direction de Claudio Abbado incarnait d’une manière inoubliable, Siegmund (chez Deutsche Grammophon également). Wagner attire les meilleurs interprètes. S’il n’est pas tout à fait convaincant, René Pape dans ce programme Wagner, n’en est pas pour autant platement neutre. Car ses Sachs, Marke, Wolfram, Henri L’Oiseleur et surtout Gurnemanz, sont eux prenants voire convaincants. Avant de l’écouter sur la scène de Neuve le 3 février 2012, vous pourrez vous délecter avec cet enregistrement.

Rousseau a

son Crédit « Quel don pourrait jamais payer un tel service !  » (J.-J. Rousseau, Le Devin du village). C’est avec un plaisir particulier que le Grand Théâtre retrouve parmi ses sponsors le Crédit Suisse, en tant que partenaire pour l’année Rousseau 2012. Ce soutien important nous permettra de financer nos deux productions marquant le tricentenaire du Citoyen de Genève, la première, en janvier 2012, du Devin du village, l’intermède à succès (1752) grâce auquel le buste de Jean-Jacques figure parmi les compositeurs lyriques ornant la façade du Grand Théâtre, et JJR, un hommage lyrique à Rousseau pour public jeune de Philippe Fénelon et Ian Burton, programmé pour la saison 2012-2013. ChP

15 000 spectateurs en une soirée d’été Un événement gratuit et un succès populaire vu par plus de 15 000 spectateurs et internautes... Samedi 16 juillet, l’Opéra de Lyon a multidiffusé sur grand écran, en simultané, la représentation de Così fan tutte de Mozart, mis en scène par Adrian Noble et dirigé par Stefano Montanari, sur 13 sites de la région Rhône-Alpes. Cette multidiffusion reposait sur la volonté d’ouverture de l’Opéra de Lyon et

[Source ClassiqueNews.com /Carl Fisher]

sur quelques principes essentiels qui passent par la décentralisation, la gratuité et le plein air... Ainsi ce Così fan tutte – chef-d’œuvre du répertoire et spectacle d’excellence – a pu être partagé par le plus grand nombre.
À ces spectateurs se sont joints les internautes sur Arte Live Web et sur le site de l’Opéra de Lyon. Rendez-vous est déjà pris en juillet 2012 avec Carmen.

© fusina Dominik

Il était temps que le grand wagnérien qu’est René Pape enregistre tout un album lyrique aux rôles choisis, de Wotan, Hans Sachs à Wolfram et au Roi Henri... Le timbre très en place, abonné victorieux (à Orange entre autres) aux personnages démoniaques, affirme un tempérament d’acier, monolithique, qui dans sa langue native gagne en expressivité. Hier Hunding haineux et sombre, ou Marke déchiré, il assure aujourd’hui sous la direction de Daniel Barenboim (et avec la complicité de Placido Domingo pour Parsifal) une performance versatile qui démontre sa capacité à incarner et insuffler au texte, un relief mordant et puissamment charpenté ; évidemment ses emplois de basses (Gurnemanz, Fasolt à Bayreuth) lui conviennent plus naturellement et ici les parties de baryton dévoilent parfois ses limites dans les aigus et des fin de phrases pas toujours idéalement tenues et couvertes. Son Sachs contient assez d’humanité et de générosité pour emporter l’adhésion ; le Gurnemanz est impérial (avec Domingo en partenaire étonnant !) ; Reste que les adieux de Wotan à sa chère et tendre Walkyrie Brünnhilde manquent singulièrement d’accentuation, d’incarnation, de subtilité : le débit y est souvent unilatéral sans guère de trouble ou de profondeur émotionnelle. Mais Marke relève le niveau et son Wolfram laisse envisager

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Chénier lacustre

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René Pape Wagner

Extraits des opéras Les Maîtres Chanteurs, Parsifal, Lohengrin, Walkyrie, Tannhäuser. Staatskapelle de Berlin Chœur Staatsoper de Berlin. direction Daniel Barenboim Deutsche Grammophon. 4776617

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Meyer,

Dîner

au palais Le 27 juin, le restaurant de l’Opéra Garnier a été inauguré après quatre ans d’études et de travaux. C’est l’aboutissement du projet ultramoderne d’un haut lieu culturel de Paris. Le restaurant l’Opéra des frères Blanc a été inauguré sous la rotonde de la descente à couvert. Il pourra servir 80 couverts en salle, 90 en mezzanine et 180 sur la terrasse couverte de parasols. Un nouvel atout pour l’Opéra Garnier. En 1875, déjà, les architectes de l’Opéra Garnier indiquaient un emplacement possible pour un restaurant. Mais il aura fallu cent trente-six ans pour que le couvert soit finalement servi dans ce vaste monument historique destiné à la danse et à l’art lyrique. 6

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Le danseur étoile José Martinez fait ses adieux à l’Opéra de Paris. À 42 ans, comme le veut la règle, José Martinez quitte la célèbre institution parisienne. Pour sa soirée d’adieu au Palais Garnier le 15 juillet, il à interprété Baptiste dans les « Enfants du Paradis », le ballet dont il avait signé la chorégraphie en 2008. En septembre prochain, il prendra la direction de la compagnie nationale de danse d’Espagne.

Monsieur

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Adios José !

Le Français Dominique Meyer, pour sa première saison à la tête de l’Opéra de Vienne, a réussi son pari de redynamiser le prestigieux Staatsoper en donnant la priorité absolue aux artistes, selon sa formule « les dieux sont sur la scène, pas dans les bureaux ». Une performance saluée par la presse autrichienne, à l’instar du magazine News, qui a fait de cet Alsacien de 55 ans originaire de Thann, « l’homme culturel de l’année » en Autriche. Dans un entretien avec l’AFP, Dominique Meyer a relevé «les résultats statistiques formidables» de la saison 2010-2011, qui s’est achevée le 30 juin. Cela « illustre l’attachement du public viennois, l’un des plus exigeants au monde, au Staatsoper, ainsi que son adhésion à l’entreprise de dynamisation engagée il y a dix mois », a-t-il estimé. Pour sa première saison avec Dominique Meyer à sa tête, l’Opéra de Vienne capitalise des records historiques d’affluence et de ventes avec un taux moyen de fréquentation de 98,33%, et jusqu’à 99,70% pour l’opéra. Le chiffre d’affaires généré par la vente des billets a atteint un record de 29,53 millions d’euros, soit 3,128 millions d’euros de plus que prévu. « Des chiffres de rêve pour beaucoup d’opéras dans le monde », a-t-il souligné.

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Un « Jeune homme »

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avec Noureev et Margot Fonteyn, à Johannesburg... Au début des années 70, après un très bref passage à la direction de la danse à l’Opéra de Paris, il reprend le Casino de Paris et monte deux spectacles, La Revue puis Zizi je t’aime, un écrin pour sa femme auquel participent Erté, Yves Saint-Laurent, Vasarely ou César pour les décors et costumes, et Guy Béart, Jean Ferrat, Michel Legrand ou Serge Gainsbourg pour les chansons. Une aventure qui connaît le succès mais pas la réussite financière. En 1972, le maire socialiste de Marseille Gaston Defferre l’invite à venir animer l’opéra municipal de sa ville. Les Ballets de Marseille sont créés, pour lesquels, pendant 26 ans, Roland Petit va créer sans cesse. Il commence avec une œuvre présentée au Festival d’Avignon, Allumez les Étoiles, d’après Maïakovski. Suivront des dizaines d’œuvres, comme La Chauve-souris ou La Dame de Pique, qu’il reprendra dans le monde entier. Il travaille aussi avec l’Opéra de Paris, La Scala de Milan ou l’American Ballet Theater, faisant des incursions au théâtre où il fait jouer Zizi dans Marcel et la Belle excentrique de Marcel Jouhandeau. Car Zizi Jeanmaire, avec qui il a eu une fille, Valentine, en 1955, reste au cœur de toutes ses créations. Du Bolchoi à Tokyo, les années 2000 ne freinent pas son activité, même si c’est l’heure des premiers bilans. Ainsi, en 2004, il créée au Théâtre Jean-Vilar de Suresnes un spectacle où il retrace sa carrière. En 2008, l’Opéra de Paris organise une exposition sur son œuvre, tandis qu’il crée Last Paradise pour le Ballet national de Chine. L’an dernier, il remontait pour l’Opéra de Paris trois de ses grandes oeuvres, Le Rendez-vous, Le Loup et Le Jeune Homme et la Mort.

[source AFP /Frederick Florin]

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l’année suivante crée, avec l’aide financière paternelle, « Les Ballets des Champs-Elysées » : Picasso, Cocteau ou Prévert collaborent à ses oeuvres qui connaissent d’emblée le succès, comme Le Jeune Homme et la Mort. En 1948, il fonde Les Ballets de Paris, Roland Petit et entame une carrière internationale, notamment à Londres où il travaille avec Orson Welles en 1953 pour The Lady in the Ice. Pendant quatre ans il part à Hollywood où il fait danser Zizi Jeanmaire avec Danny Kaye (Hans Christian Andersen), puis Bing Crosby (Anything Goes). En 1954, il tourne Daddy Long Legs (Papa Longues Jambes) avec Fred Astaire et Leslie Caron. à son retour à Paris, encore imprégné de cinéma américain, il fait connaître aux Français la comédie musicale en montant La Revue des Ballets de Paris. En 1960, Zizi Jeanmaire, Moira Shearer et Cyd Charisse enfilent Les Collants Noirs, un film de Terence Young. L’année suivante, il fait triompher Zizi dans La Revue, dont elle descend le grand escalier vêtue par Saint-Laurent de son célèbre « truc en plumes », qui lui collera à la peau. Les années 60 le consacrent dans le monde entier, à Londres et Milan

Luisier chez Besson Le 30 janvier 2012, une page va se tourner à Yverdon-lesBains. Pierre Bauer, directeur du Théâtre Benno-Besson, fermera la porte de l’institution pour la dernière fois. Il remettra les clés à son successeur, Thierry Luisier. Connu depuis peu, ce dernier a été choisi parmi les 34 dossiers reçus par la municipalité. Les critères de cette nomination? Il est « très ouvert, innovant, au service du public et des créateurs », communique le Service des affaires culturelles.

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De Marseille à Hollywood, du Bolchoï au Casino de Paris, avec Jean Cocteau, Rudolf Noureev ou Fred Astaire, le chorégraphe français Roland Petit, mort en juillet dernier à Genève, a exploré sans tabou toutes les facettes de la danse, inspiré sa vie durant par sa muse et épouse Zizi Jeanmaire. Fêté et reconnu dès ses premières oeuvres, couvert de décorations, Roland Petit était, avec Maurice Béjart, l’un des plus grands chorégraphes français de la deuxième moitié du XXème siècle. Créateur insatiable, il invente des ballets empreints de sensualité pour les plus grands danseurs classiques, Noureev ou Mikhail Baryshnikov, mais aussi les étoiles d’Hollywood, de Fred Astaire à Leslie Caron, puisant son inspiration dans Carmen ou Duke Ellington. Des artistes comme Yves SaintLaurent, Vasarely ou César, pour des décors ou des costumes, l’ont aidé à créer des oeuvres d’une immense théâtralité. Né le 13 janvier 1924, Roland Petit n’a que 9 ans quand il entre à l’École de danse de l’Opéra de Paris, un univers familier : il est le fils de Rose Repetto, costumière de l’Opéra, qui créera pour lui les célèbres chaussons de danse. Il est nommé sujet en 1943 mais, à 20 ans, il démissionne et, dès

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et la mort

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> Andrea Chénier de Umberto Giordano

Direction musicale : John Fiore Mise en scène : John Dew André Chénier : Zoran Todorovich Madeleine de Coigny : Adina Nitescu Charles Gérard : Boris Statsenko

Au Grand Théâtre, 7 | 11 | 15 | 17 | 19 | 22 septembre 2011

« Du haut en bas, c’est un divertissement continu de lyrisme »

Jamais présenté sur la scène de Neuve depuis 1962, l’œuvre vériste qui a fait la gloire internationale de son compositeur Umberto Giordano, Andrea Chénier, ouvre la saison du Grand Théâtre.

©Bernd Uhlig

Amintore Galli

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par Daniel Dollé

Verdi & Puccini... Umberto Giordano

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ès la fin de 1896, Andrea Chénier connaît la consécration internationale. L’œuvre est représentée en allemand, en anglais, en flamand, en suédois, en polonais, en croate. En 1898, Giordano écrit Fedora qui sera suivi de six autres opéras qui ne sont plus que mentionnés dans les ouvrages pour spécialistes. À propos de Fedora, on entendait en Italie : « Fedora fè d’oro » (Fedora donne la fortune). Comme bien des compositeurs catalogués, parfois trop rapidement, dans le courant du verismo, Umberto Giordano reste l’homme d’une seule œuvre et Italien au plus profond de son être.

Cavalliera rusticana de Pietro Mascagni qui emporta la palme. Parmi les six projets ayant retenu l’attention du jury figurait une œuvre du jeune Giordano. Amintore Galli, directeur artistique des éditions Sonzogno et son collègue Filippo Marchetti, recommandèrent le jeune compositeur à l’éditeur. Il fut invité à Rome pour composer un opéra en 3 actes, Mala vita qui connut un succès mitigé, mais suffisant pour que l’éditeur reconduise le contrat qui fut stoppé après l’échec de Regina Diaz en 1893. Alberto Franchetti se lia d’amitié

(de gauche à droite)

Pietro Fléville (Bernd Valentin), La Comtesse de Coigny (Cheri Rose Katz) , L’Abbé (Peter Maus) et Maddalena de Coigny (Maria Guleghina) dans la production du Deutsche Oper Berlin en 2005.

Genèse de l’œuvre En 1888, l’éditeur Sonzogno, rival de la Casa Ricordi, avait lancé un concours international pour l’écriture d’un opéra en un acte. Le jury reçut 73 partitions dont

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©Bernd Uhlig

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(de haut en bas)

L’Incroyable (Ralf Lukas), et le Chœur du Deutsche Oper Berlin dans la production du Deutsche Oper Berlin en 1994. Carlo Gérard (Lado Ataneli) dans la production de 2005. Le Chœur du Deutsche Oper Berlin dans la production de 2005.

avec Umberto Giordano et lui céda le livret de Chénier écrit par le librettiste de Puccini, Luigi Illica qui travaillait alors sur Tosca. Franchetti et la présence d’un librettiste tel qu’Illica suffirent à convaincre Sonzogno de renouveler sa confiance au compositeur. En janvier 1896 la partition fut achevée, cependant elle a failli ne pas voir le jour. Il faudra l’intervention de Pietro Mascagni auprès de Sonzogno, devenu directeur de La Scala, pour que l’œuvre soit représentée, et connut le succès avec une vingtaine de rappels. L’air du ténor, Un dì all’azzuro spazio, fut bissé. Qui est André Chénier ? Né à Constantinople le 30 octobre 1762, André Marie Chénier, poète français, fut guillotiné le 7 thermidor de l’an II (20 juillet 1794), deux jours avant la chute de Maximilen de Robsepierre. En parlant de lui, Sainte‑Beuve disait : « Notre plus grand classique en vers depuis Racine et Boileau ». Sous la plume d’Anatole France, on peut lire ceci : « Loin d’être un initiateur, André Chénier est la dernière expression d’un art expirant, il est la fin d’un monde. Voilà précisément pourquoi il est exquis, pourquoi il est parfait. Il achève un art et il en commence un autre. Il ferme un cycle. Il n’a rien semé, il a tout moissonné [...]. Novateur ! Personne ne le fut moins. Il est étranger à tout ce que l’avenir prépare [...]. Il n’a soupçonné ni le spiritualisme, ni la mélancolie de René, ni l’ennui d’Obermann, ni les ardeurs romanesques de Corinne… » Sa santé exige une vie calme et un régime sévère. En 1783, il accepte l’invitation des frères Trudaine et les accompagne en Suisse, où il séjourne aux bords du lac Léman, et en Italie où il visite Naples et Rome qui lui laissent une impression profonde. Attaché comme secrétaire à l’ambassade de France en Angleterre, il réside trois ans à Londres sans s’y plaire. Vers la fin de 1790, il quitte la diplomatie pour retrouver le charme de l’existence libre. Dans l’Avis au peuple français, un écrit politique en prose, il fustige les fauteurs de trouble et nommément le club des Jacobins auquel appartient son frère Marie-Joseph, écrivain et dramaturge. C’est l’occasion d’une polémique et d’une brouille. Les royalistes vont l’accuser faussement d’avoir fait exécuter son frère et le traitent de Caïn. Deux seules pièces en vers sont publiées de son vivant : Le Jeu de Paume à David peintre et Hymne aux soldats de Châteauvieux. Il participe aux tentatives pour arracher Louis XVI à l’échafaud. Le 19 ventôse (9 mars) de l’an II, il est écroué à St Lazare. Accusé de conduite incivique, impliqué dans « la conspiration des prisons », il est guillotiné, en même temps que JeanAntoine Roucher, un poète également, le 7 thermidor à la barrière de Vincennes. Leurs tombes se trouvent au cimetière de Picpus à Paris. La veille de sa mort, il aurait écrit l’ode : La Jeune Captive, le poème qui parle d’Aimée de Coigny. La bête révolutionnaire a dévoré Chénier, elle a occis un Orphée, « un mâle génie où souffle l’esprit d’un siècle » qui est bien plus qu’un artisan peintre de petits tableaux pseudo-grecs ou néo-romains. André Chénier rêvait de Révolution, comme il rêvait de la Grèce.

(en haut à droite)

L’Incroyable (Burkhard Ulrich) et Carlo Gérard (Lado Ataneli) dans la production de 2005.

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L’éloge de l’Amour Dans l’opéra de Giordano, au cours de la Révolution française, pendant la Terreur, le poète Andrea Chénier,

qui fut un temps un adepte de la révolution, est poursuivi, écroué et condamné. La Comtesse Maddalena de Coigny, une aristocrate, cherche refuge auprès du poète. Elle admire son courage et sa droiture. Elle s’éprend de lui. Maddalena le rejoint en prison et prend la place d’une autre condamnée à mort afin de mourir avec lui : « Viva la morte insiem ». Luigi Illica, le librettiste de Giacomo Puccini, conçut une trame centrée sur un triangle amoureux composé d’Andrea Chénier, de Maddalena de Coigny, la jeune aristocrate, et de Carlo Gérard, le domestique devenu ponte révolutionnaire, qui, amant éconduit, transforme son désir de vengeance en miséricorde et repentir. Avec ce livret, Illica esquisse un genre construit sur la politique et la passion qui engendrera une série d’ouvrages lyriques dont le plus connu est Tosca de Giacomo Puccini en 1900. Andrea Chénier pourrait bien être l’opéra de la désillusion. Les protagonistes ne sont pas seulement déçus par les actes de barbarie de la soi-disant « glorieuse Révolution française », mais ils sont anéantis par la dictature, dévorés par la Bête révolutionnaire. La seule chose qui leur soit restée, demeure l’amour. D’autres révolutions eurent lieu en France, mais le sacro-saint idéal : Liberté, Egalité, Fraternité, fut-il jamais atteint ? « La nostra morte è il trionfo dell’amor ! » Politique et poésie ne font pas bon ménage, et Robespierre refusant de recevoir Gérard lui aurait remis un billet sur lequel on pouvait lire : « Même Platon bannit le poète de sa République. » Chénier, rêveur et intellectuel trompé, a trouvé avec Maddalena sa raison de vivre dans l’irréel poétique. L’œuvre Seule la fin de l’œuvre est authentique. Mais qu’importe. Luigi Illica offre des personnages crédibles et émouvants à Giordano. Il exploite des faits réels en mettant, par exemple, dans la bouche du poète la paraphrase de son dernier poème. « Come un bel dì di maggio » accompagné par la harpe, les bois et les cordes, pendant qu’au loin on entend La Marseillaise. ACT.0 | 8

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ma chambre), auquel Holywood a rendu un hommage en 1993 avec le film de Jonathan Damme, Philadelphia avec Tom Hanks et Denzel Washington, grâce à la voix de Maria Callas. L’œuvre s’ achève sur un extatique adieu à la vie de Maddalena et de Chénier qui proclament avant de monter dans la charrette : « Vive la mort ensemble ! » Tous les ingrédients d’une belle et agréable soirée lyrique sont réunis à condition de ne pas rechercher dans ce chef-d’œuvre l’introuvable. Andrea Chénier est porté par la mélodie. Umberto Giordano utilise les apports de Verdi mais également ceux de Wagner qui ont également influencé Puccini. L’orchestre va audelà de la simple retranscription d’un texte. Laissez-vous séduire par une partition qui va au-delà du vérisme avec un trio vocal, cher au répertoire italien du XIXe : un soprano très aisé dans l’aigu, un ténor lyrique avec un beau spinto et un baryton capable d’accent dramatiques verdiens. DD

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En somme, il fournit au compositeur une belle matière avec une galaxie de personnages adroitement croqués, tels que l’Incroyable, Bersi ou encore la vieille Madelon. Umberto Giordano déploie une technique sans faille avec le plus souvent une inspiration remarquable. L’orchestre est mouvant et coloré. Il écrit un des plus sublimes solo du mélodrame italien qui fait le bonheur des grands ténors. Dans l’acte II, on reconnaîtra le « Ça ira » et d’autres chants révolutionnaires qui marquent l’agitation de la foule des Sans-culottes, des Merveilleuses et des Incroyables. La liesse populaire remplace les divertissements aristocratiques du premier acte. L’ambiance bon enfant n’est pas sans rappeler le Quartier Latin de La Bohème. Au troisième acte le temps des réjouissances est passé. Des cuivres sentencieux annoncent le tribunal et le Comité de salut public. On y découvre quatre solos remarquables : l’entrée de Madelon, le monologue verdien de Gérard, la défense de Chénier, et surtout l’air de Maddalena : « La mamma morta m’hanno alla porta della stanza mia » (Ils ont tué ma mère à la porte de

Ne connaissez-vous pas La Jeune Captive ? Quoi que l’heure présente ait de trouble et d’ennui, Je ne veux point mourir encore. Qu’un stoïque aux yeux secs vole embrasser la mort, Moi je pleure et j’espère ; au noir souffle du nord Je plie et relève ma tête. S’il est des jours amers, il en est de si doux ! Hélas ! quel miel jamais n’a laissé de dégoûts ? Quelle mer n’a point de tempête ? L’illusion féconde habite dans mon sein. D’une prison sur moi les murs pèsent en vain, J’ai les ailes de l’espérance ; Échappée aux réseaux de l’oiseleur cruel, Plus vive, plus heureuse, aux campagnes du ciel Philomèle chante et s’élance. Est-ce à moi de mourir ? Tranquille je m’endors, Et tranquille je veille, et ma veille aux remords Ni mon sommeil ne sont en proie. Ma bienvenue au jour me rit dans tous les yeux ; Sur des fronts abattus mon aspect dans ces lieux Ranime presque de la joie.

première à La Scala de Milan, le 28 mars 1896. (de haut en bas)

Mon beau voyage encore est si loin de sa fin ! Je pars, et des ormeaux qui bordent le chemin J’ai passé les premiers à peine. Au banquet de la vie à peine commencé, Un instant seulement mes lèvres ont pressé

Giuseppe Borgatti est Andrea Chénier, Evelina Carrera est Maddalena de Coigny et Mario Sammarco Carlo Gérard.

La coupe en mes mains encor pleine. Je ne suis qu’au printemps, je veux voir la moisson ; Et comme le soleil, de saison en saison, Je veux achever mon année. Brillante sur ma tige et l’honneur du jardin, Je n’ai vu luire encor que les feux du matin : Je veux achever ma journée. Ô mort ! tu peux attendre ; éloigne, éloigne-toi ; Va consoler les cœurs que la honte, l’effroi, Le pâle désespoir dévore.

Le ténor Zoran Todorovich reprend le rôle d’Andrea Chénier pour cette production au Grand Théâtre. Ici, en plein débat

Pour moi Palès encore a des asiles verts, Les Amours des baisers, les Muses des concerts ; Je ne veux point mourir encore !’ Ainsi, triste et captif, ma lyre toutefois S’éveillait, écoutant ces plaintes, cette voix, Ces vœux d’une jeune captive ; Et secouant le faix de mes jours languissants, Aux douces lois des vers je pliai les accents De sa bouche aimable et naïve. Ces chants, de ma prison témoins harmonieux,

avec le metteur en scène John Dew et le chef d’orchestre John Fiore pendant les répétitions en août dernier au studio Stravinski du Grand Théâtre. © vincent lepresle

‘L’épi naissant mûrit de la faux respecté ; Sans crainte du pressoir, le pampre tout l’été Boit les doux présents de l’aurore ; Et moi, comme lui belle, et jeune comme lui,

Les trois créateurs des rôles principaux pour la

Feront à quelque amant des loisirs studieux Chercher quelle fut cette belle : La grâce décorait son front et ses discours, Et, comme elle, craindront de voir finir leurs jours Ceux qui les passeront près d’elle.

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> soirée Ballets russes

Les Sylphides de Frédéric Chopin Le Spectre de la rose de C. M. von Weber

Chorégraphie : Benjamin Millepied Petrouchka d’Igor Stravinski Chorégraphie : Laurence Yadi & Nicolas Cantillon Ballet du Grand Théâtre de Genève

par Christopher Park

Créer le désir

Orchestre de la suisse Romande Direction musicale : David Parry

Au Grand Théâtre, 11 | 13 | 14 | 15 | 16 octobre 2011

Le Ballet du Grand Théâtre fêtera cinquante années d’avant-garde.

La danseuse Madeline Wong et le danseur Damiano Artale sur la scène du Grand Théâtre en 2010 dans Transit Umbra, une chorégraphie de Francesco Ventriglia.

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’est en 1962, lors de sa réouverture après dix années de reconstruction et de transformation que le Grand Théâtre de Genève s’est doté d’une compagnie de ballet en résidence, associant ainsi pour la première fois à sa saison lyrique un programme chorégraphique à part entière. Non pas que le public de Neuve boudait le genre. La forte proximité culturelle du goût français, d’humeur autant dansante que chantante, avait assuré une présence continuelle de la danse dans les productions de l’ancien Théâtre de Neuve, puis du Grand Théâtre. Mais ce sont Émile Jaques-Dalcroze, pédagogue musical dont la rythmique libéra la danse contemporaine de ses origines académiques, et Ernest Ansermet, promoteur passionné des Ballets Russes de Diaghilev, qui donnèrent à Genève son goût particulier pour l’innovation chorégraphique. Le début du XXe siècle voit défiler sur la scène de Neuve des pièces et des noms qui appartiennent à la légende de la danse: Isadora Duncan ou les Ballets Russes avec Les Biches de Bronislava Nijinska, L’Oiseau de feu de Michel Fokine, Le Tricorne de Léonide Massine... Un corps de ballet prend forme pendant cette période et jusqu’après la guerre de 39-45, se produit essentiellement dans les intermèdes dansés des opéras et des opérettes. Un grand nom de la chorégraphie lui est associé pour la première fois en 1951 : George Balanchine propose un Casse-Noisette ACT.0 | 8

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Un petit dans la cour des grands Avec 22 danseurs, onze femmes et onze hommes, le Ballet du Grand Théâtre fait figure de poids plume en comparaison avec les grands corps de ballet de maisons d’opéra telles que Paris, Covent Garden ou le Bolchoi. Il a su cependant faire de ses dimensions restreintes un atout puissant. Au rythme de deux productions originales par saison, la compagnie s’est construit un répertoire où figure une longue liste de créateurs renommés, ou destinés à l’être : Michel Kelemenis, Nacho Duato, Maguy Marin, Saburo Teshigawara, Jorma Uotinen, Gilles Jobin, Sidi Larbi Cherkaoui, Cisco Aznar, Jean-Christophe Maillot, Joëlle Bouvier, Emanuel Gat, et tant d’autres. Si l’on demande à Philippe Cohen quelle est la force inhérente à sa compagnie, il n’hésite pas à l’attribuer à sa taille modeste ainsi qu’à la diversité de son répertoire : « En étant capable de se plier au style de tant de chorégraphes différents, le Ballet fait preuve d’un renouvellement constant de son art. Chaque programme est tellement différent ; la surprise est toujours au rendez-vous. C’est ce qui plaît et c’est aussi ce qui attire l’attention internationale croissante sur notre compagnie. Or, notre effectif léger nous donne la mobilité idéale pour répondre aux invitations des maisons de danse et des festivals du monde entier qui ACT.0 | 8

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sont de plus en plus nombreux à nous remarquer, si bien que nous devons actuellement refuser certains engagements, afin de rester fidèles à la source de notre créativité : créer le désir de la danse pour le public genevois. » Après huit années à la direction du Ballet, Philippe Cohen a la conviction que la présence de la compagnie sur les scènes du monde entier n’a fait que contribuer au rayonnement de Genève. Mais les tournées du Ballet ne sont pas faites que de lieux prestigieux : petites villes de province françaises et salles modestes de bourgades réunionnaises côtoient Broadway et Chaillot parmi les destinations de la compagnie. Dans le passé récent du Ballet, certaines étapes sont néanmoins les jalons d’un prestige croissant. Le Two thousand and three du Suisse Gilles Jobin, présenté au Festival Montpellier Danse de 2004, a ouvert les yeux du public international sur cette petite compagnie capable de grande innovation. En 2007, sa première apparition au Joyce Theatre de New York (avec le triplé mythique Teshigawara/Foniadakis/Cherkaoui, Paradice, Selon désir et Loin) s’est soldée par ce souhait du critique du New York Times : « May they soon return » Meilleur spectacle de danse de l’année à São Paulo (en 2004, puis en 2010), Coppélia à Singapour et à Perth en 2008... On entend parler du Ballet jusqu’à Los Angeles, où une invitation au Music Arts Center est prévue pour 2012. Ce succès ne se construit pas de manière aléatoire. Philippe Cohen l’attribue au travail enthousiaste et passionné de ses danseurs, une équipe qui réussit à maintenir une image et un style forts malgré les inévitables changements à l’effectif de la troupe. « Ce sont vingt-deux personnalités qui doivent chacune trouver sa place, autant en fonction de ce qu’elle a à exprimer qu’en fonction des projets de création. » Lors de la récente prestation au festival de Jacob’s Pillow, dans l’état de New York, on a fait remarquer à Philippe Cohen que ses danseurs avaient la remarquable qualité de savoir s’incarner. C’est ce « quelque chose de plus » que le directeur du Ballet essaie de nourrir dans la compagnie, en ses propres termes : « Savoir la différence entre ce qu’ils aimeraient être et ce qu’ils sont. » Et si on lui demande qui, dans la composition actuelle du Ballet, l’impressionne particulièrement, il exprime autant d’admiration pour ceux qui ont investi du temps et du travail pour épanouir la pleine mesure de leur talent, comme le Suisse Loris Bonani, que pour celles qui sont arrivées à la compagnie dotées d’une grâce (autant dans le sens de l’élégance que du charisme) personnelle qui transparaît quelle que soit la place qu’elles occupent, solo ou ensemble, dans les chorégraphies, comme l’Australienne Madeline Wong. Pour les plus jeunes de ses danseurs, autant que pour ceux qui cheminent avec lui depuis un certain temps, Philippe Cohen affirme continuellement sa maïeutique de la danse : refuser la complaisance avec soi-même. Entre les moments de création, dans les entrailles du Grand Théâtre au Studio Balanchine, et les incessantes tournées de la compagnie, il n’est pas permis de laisser la torpeur ou l’esprit de « service minimum » s’installer. Le public du Grand Théâtre de Genève ne peut être qu’admiratif devant un tel engagement, humain et artistique, qui ne cesse de « créer le désir » de la danse, en y associant le nom de sa ville. ChP

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au public du Grand Casino avec le corps de ballet du Grand Théâtre. Mais Genève reste surtout un lieu de tournée pour les grandes compagnies, le Ballet des Champs-Élysées avec le jeune Roland Petit en marsmai 1946, le Ballet de l’Opéra de Paris en 1954. La nouvelle Compagnie de Ballet du Grand Théâtre va intégrer la programmation d’un opéra flambant neuf, ressurgi de ses cendres, d’abord sous la direction de Janine Charrat, jusqu’en 1964. Collaboratrice et amie de Maurice Béjart, elle attire le Ballet du XXe siècle pour la première fois dans la région lémanique. Son successeur, Serge Golovine, fera revenir les Ballets Russes à l’affiche. En 1970, George Balanchine, conseiller artistique, délègue à Alfonso Cata, de 1969 à 1973, le poste de directeur, qui sera repris par Patricia Neary, soliste du New York City Ballet. En 1978, l’ère Balanchine s’achève et Peter van Dyk assure la direction du Ballet jusqu’en 1980. Tout au long de ces années, de prestigieux artistes sont également invités à Genève, dont Marcia Haydée, Jacques d’Amboise, Mikhail Barishnikov, Vladimir Vassiliev et Rudolf Noureev. De 1980 à 1988, Hugues Gall, le directeur général, fait appel à Oscar Araiz qui inspire à la troupe un souffle expressionniste. De 1988 à 1995, Gradimir Pankov prend en main les rênes de la compagnie. Il en est le premier directeur non chorégraphe. Dès lors, le Ballet, n’étant plus rattaché à un style particulier, ouvre un nouveau chapitre de son histoire, devient polyvalent et s’adapte aux divers styles des chorégraphes invités, tels que Jirˇí Kylián, Christopher Bruce et Ohad Naharin dont l’œuvre Axioma 7 marque sans doute une importante étape dans la reconnaissance du Ballet sur le plan international. De 1996 à 2001, la direction du ballet est confiée conjointement à François Passard et Giorgio Mancini. Dès août 2001, ce dernier en assure seul la direction artistique. Enfin, c’est depuis la saison 2003-2004, que Philippe Cohen, précédemment directeur du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Lyon, prend sa tête.

Avant 1962, George Balanchine (en haut) utilisera

le corps de ballet du Grand Théâtre pour son Casse-noisettes puis deviendra conseiller artistique de la compagnie entre 1969 et 1978. à partir de 1962, plusieurs directeurs se succèdent pour diriger le Ballet du Grand Théâtre jusqu’à aujourd’hui : (de haut en bas)

Janine Charat, Serge Golovine, Alfonso Cata, Patricia Neary, Peter van Dyk, Oscar Araiz, Gradimir Pankov, François Passard, Giorgio Mancini et enfin Philippe Cohen

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De nombreux ateliers et cours publics ont eu lieu pendant les Journées de la danse en juin 2011 au Grand Théâtre

La danse à Genève et dans les environs, c’est plus de soixante spectacles par an. Néoclassique, danse contemporaine ; spectacles de ballets institutionnels ou de compagnies locales ; danse qui flirte avec le théâtre, la performance, la musique… L’offre est riche et peut perdre celui qui veut se lancer, peut-être pour la première fois, à voir de la danse.

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omment s’y retrouver et que choisir ? Le passedanse * permet au public d’avoir une vision globale de toute la programmation danse de Genève et de la France voisine, et de faire son propre parcours entre les propositions des huit structures réunies depuis seize ans sous le passedanse. La danse est complexe, entend-on souvent. C’est vrai : elle part du corps et parle au corps, elle émeut, questionne le monde, le transfigure parfois. Elle agace certains quand elle ne « danse pas », elle en énerve d’autre lorsqu’elle « danse trop ». Elle fait douter, souvent : que dit-elle, à quoi se réfère-t-elle ? Le spectacle de danse, quel qu’il soit dans cette saison, ouvrira les imaginaires, celui des néophytes comme celui des amateurs éclairés. Quelques exemples : le tendre mais complexe Enfant de Boris Charmatz, présenté à Avignon cet été avant La Bâtie-Festival de Genève, nous remue. Petrouchka, revisité par les chorégraphes genevois Laurence Yadi et Nicolas Cantillon pour le Ballet du Grand Théâtre de Genève en octobre prochain, ébranle notre perception d’un ballet classique. Jan Fabre, le Flamand endiablé, emporte dans le tourbillon fascinant de l’amour et de la mort. La Genevoise Cindy Van Acker met le public face à cette part flottante qui donne l’impression que « quelque chose nous échappe » : pas de narration, ou si peu, pour cette danse qui se déploie dans un bain de musique et de lumière d’une folle intensité. La danse de Pina Bausch, encore, est émouvante et spectaculaire, mais pas seulement : dans Für die Kinder…, elle est aussi intelligente, délicate, fine dans sa façon de nous appréhender. Vous saurez tout de la danse avec le passedanse, qui vous permet de bénéficier d’une réduction allant de 20 à 50% à l’entrée des spectacles. Vous recevrez aussi le Journal de l’adc, ainsi qu’une newsletter mensuelle qui vous rappelle les spectacles et événements à venir. N’hésitez pas, entrez dans la danse ! AD

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Entrez dans la danse !

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de Genève.

par Anne Davier & Frédéric Leyat

(de haut en bas)

Enfant de Boris Charmaz créé cette année au Festival d’Avignon sera au Théâtre de Carouge tout début septembre 2011. Les chorégraphes genevois Laurence Yadi et Nicolas Cantillon revisitent Petrouchka en octobre 2011 au Grand Théâtre. Preparatio Mortis de Jan Fabre en octobre 2011 à l’adc. Obtus de la Genevoise Cindy Van Acker en 2009 à La Bâtie en attendant sa création Diffraction pour l’adc en novembre prochain. Für die Kinder von gestern, heute und morgen de la très regrettée Pina Bausch sera présentée au Grand Théâtre fin octobre 2011.

* Le passedanse réunit la programmation danse des institutions suivantes : Forum Meyrin, l’ADC, le Théâtre de l’Usine, Château Rouge d’Annemasse, la Bâtie-Festival de Genève, le Grand Théâtre de Genève, l’Esplanade du Lac à Divonne et le Festival Antigel. Le passedanse est en vente pour 20 francs aux billetteries du Grand Théâtre de Genève, de La Bâtie, de Forum Meyrin, de Château Rouge, de l’Esplanade du Lac ou à la caisse avant les spectacles des différents partenaires (sauf pour La Bâtie).

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heures, les quatre danseurs-musiciens du groupe Paul K ont appris à 300 privilégiés des danses de couple, de groupes, des guigues et des rondes, le tout accompagné d’accordéon, mandoline, trombone et percussions, tandis qu’une centaine de danseurs en herbe attendaient patiemment dans le hall du théâtre que les foyers se vident un peu afin de pouvoir y accéder. Le virus de la danse a définitivement envahi Genève. La Fête de la danse est désormais victime de son succès. FL

Les 14 et 15 mai 2011, la Suisse a dansé : la 6ème édition de la Fête de la danse a accueilli 44 000 participants dans 25 villes et communes de Suisse et a enflammé le Grand Théâtre de Genève.

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* Réseau danse suisse - réunit les organisations travaillant dans le domaine de la danse professionnelle dans le but d’améliorer

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les conditions pour la danse en Suisse. (de haut en bas)

Emanuel Gat, le chorégraphe de Préludes & Fugues se prête volontiers au jeu des questions des nombreux spectateurs présents à sa répétition publique au BFM. Les rythmes latino ont séduit un large public.

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nitiée par Reso* en 2006 à Zurich, cette manifestation nationale consacrée à la danse est devenue, en à peine six ans, un événement incontournable en Suisse. Aujourd’hui, grâce au soutien actif de nombreux partenaires locaux dont le Grand Théâtre de Genève, elle est désormais organisée dans tout le pays. Son succès grandissant – 35 000 participants en 2010, 44 000 participants en 2011 – démontre que la danse n’est pas une pratique minoritaire réservée aux élites culturelles, mais qu’elle fait partie intégrante de la culture populaire. Le Grand Théâtre participe à la Fête de la danse depuis 2007, année de la première édition genevoise, en accueillant une partie des cours proposés. Cette année encore, la vénérable institution de la place Neuve a accueilli des amateurs de flamenco, de foxtrot, de valses, de cha-cha-cha, de salsa cubaine, de danses orientales ou encore de Bollywood dans une ambiance chaleureuse et conviviale dont le mot d’ordre était découvrir en s’amusant. Ainsi, durant le week-end, plus de 1 000 personnes ont dansé dans la salle Balanchine, lieu de répétition du Ballet du Grand Théâtre, dans le bar du sous-sol ou encore dans les fastueux foyers publics. Samedi en fin de matinée, le Grand Théâtre ouvrait au public les portes du Bâtiment des Forces Motrices (BFM) afin qu’il puisse assister à une répétition du spectacle Préludes & Fugues, création mondiale du Ballet du Grand Théâtre présentée au BFM du 21 au 29 mai 2011. Près de 500 personnes acceptèrent l’invitation et participèrent à ce moment privilégié durant lequel ils eurent la possibilité d’échanger avec le chorégraphe Emanuel Gat et Philippe Cohen, directeur du Ballet du Grand Théâtre. Dimanche en fin d’après-midi, les foyers publics du Grand Théâtre accueillaient le bal clôturant l’édition genevoise de la Fête de la danse. Durant plus de deux

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un entretien avec Albert Garnier

Sami Kanaan ACT-O Sami Kanaan, vous êtes selon L’Hebdo, « l’inconnu préféré des Genevois », qu’aimeriez vous que les lecteurs d’ACT-O sachent à votre sujet ? Sami Kanaan Sous forme de boutade je dis souvent que je suis un vrai Genevois puisque je ne suis pas né à Genève et que je n’y ai pas fait mes écoles. Je suis venu pour accomplir la seconde partie de mes études universitaires. Ma mère était suisse allemande et mon père libanais, à ce titre je suis représentatif de cette Genève très suisse mais ouverte sur le monde, un brassage qui permet à quelqu’un comme moi de trouver sa place et même d’assumer un mandat politique, ce qui ne serait pas possible partout. Mon investissement local a facilité les choses, que ce soit dans le quartier des Eaux-Vives, dans le domaine des transports ou de la lutte contre le VIH/ sida, ainsi qu’au parti socialiste. Partout mon travail a été reconnu, même si les médias me présentent volontiers comme un inconnu, oubliant parfois mon action politique avant mon engagement dans l’administration. Les cinq ans que j’ai passés dans l’administration municipale m’ont donné la dimension du terrain, et si médiatiquement j’étais peu présent, je continuais à l’être dans le cadre de mon travail quotidien avec de nombreux milieux actifs de la Cité. AO Vous êtes désormais en charge du département de la culture et du sport, est ce que c’était votre premier choix… et après ces quelques semaines comment concilier deux thématiques aussi différentes que le sport et la culture dans l’administration d’un seul dicastère de la ville ? ACT.0 | 8

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Le nouveau magistrat à la culture et aux sports nous parle des priorités de son mandat et de son approche de la culture à Genève.

SK La répartition des dicastères s’est faite naturellement, dans la sérénité et ce n’était pas forcément opportun de devenir le magistrat du département pour lequel je travaillais auparavant. Concernant la combinaison de la culture et des sports, on m’a souvent demandé comment je pensais concilier ces deux domaines, qui, à Genève, sont au cœur de l’actualité. En fait, plusieurs enjeux sont de même nature dans ces deux domaines qui ont en commun de concerner potentiellement toutes les Genevoises et tous les Genevois. Tout en devant séduire et conquérir leur public respectif, personne n’est obligé de faire du sport ou de profiter de l’offre culturelle. Au-delà d’une impression de concurrence sur les ressources et la visibilité qui pourrait exister, je souhaite relever les opportunités de synergies et d’interactions, pour d’enrichir mutuellement la culture et le sport. Ce sont aussi tous deux des domaines qui se prêtent bien, par exemple, au partenariat public-privé… Sans compter le fait que ce sont de très jolis leviers pour créer du lien et contribuer à la qualité de vie pour toutes et tous, ainsi que pour favoriser la collaboration intercommunale et la collaboration entre la ville et le canton.

(page de gauche)

Sami Kanaan lors d’une interview dans les rues de Genève en 2010 avec Causes Communes, le magazine de son parti politique.

AO Quels sont vos dossiers prioritaires dans le domaine culturel, ceux que vous avez mis au dessus de la pile ? SK Je suis encore en phase de découverte et de contact, j’amène un œil neuf mais j’ai besoin d’un peu 17

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de temps pour apprécier la complexité propre à la culture et aux sports. Dès ma prise de fonction j’ai demandé aux responsables de départements de définir les priorités et les échéances, c’est un programme sur quatre ans avec des priorités immédiates et d’autres à moyen terme. Il y a un passionnant défi à relever autour des musées : la rénovation et l’extension du Musée d’art et d’histoire, l’ouverture du nouveau Musée d’ethnographie, etc. mais aussi l’ambition de fédérer et de valoriser au mieux l’offre des musées, publics et privés. Dans le domaine du théâtre, je me suis notamment trouvé confronté, dès mon arrivée, au dossier des effets collatéraux de la nomination à la tête du Grütli, ou à la séparation entre Omar Porras et le Forum Meyrin. Le Grand Théâtre est quand à lui une priorité permanente, il faut bien entendu aborder la question des moyens et de la gouvernance. Les discussions passionnelles autour du Grand Théâtre sont le signe de l’attachement que lui portent les politiques, les Genevois et les Genevoises.

AO En tant que magistrat, comment définissezvous la mission de service public du Grand Théâtre à l’heure où une institution comme la nôtre doit faire de plus en plus appel au soutien du privé ? SK Dans les grandes lignes, les finances publiques sont supposées financer le fonctionnement et les privés les productions, ce n’est bien entendu pas aussi linéaire que cela mais le principe reste valable. La mission de service public du Grand Théâtre reste entière, mettre l’art lyrique à la portée de toutes et tous est un défi que le Grand Théâtre a su relever par le passé et face auquel il peut encore s’améliorer dans le futur. Cet objectif passe par différents moyens : la manière de communiquer, la politique tarifaire…il y a un équilibre financier et artistique à trouver et en visant l’excellence, il ne s’agit pas de faire de l’opéra « facile »… Le Grand Théâtre est une des cartes de visite de la ville, un acteur économique important et un « vivarium » de métiers qui, sans cette institution, n’existeraient plus à Genève. L’art lyrique a la chance d’être séduisant pour le privé, et l’apport du privé est nécessaire, mais il peut y avoir un glissement entre le mécénat et le sponsoring. Les règles du jeu doivent être claires et ce ne sont certainement pas les sponsors qui doivent déterminer la ligne artistique. AO Le Grand Théâtre, la Comédie de Genève, mais aussi d’autres institutions culturelles ont pu se sentir délaissées lors de la précédente législature, sentez-vous le besoin d’un processus de réconciliation entre la Ville et ses grandes institutions culturelles?

J’écoute tout aussi bien la Messe en si mineur de Bach que Massive Attack ou Katie Melua. Dans la dernière saison du Grand Théâtre, je retiendrais, par exemple, I Puritani qui m’a enthousiasmé, tant pour ses voix, sa musique que pour une mise en scène extraordinaire.

SK Les ressources ont clairement augmenté pour la plupart de ces institutions ces dernières années. Les institutions doivent comprendre que les fonds publics sont précieux et que leur utilisation est soumise à des règles, même si cela peut signifier des contraintes en termes de gestion. Sans parler de choix artistiques, le Grand Théâtre a connu dans le passé des années houleuses en raison d’une certaine confusion dans l’interprétation et l’application des règles. La transition vers une relation mieux structurée entre la Ville et l’institution est difficile, mais c’est à nous de veiller à ce qu’elle se passe le mieux possible en collaboration étroite avec la Fondation du Grand Théâtre. Nous tendons à terme vers une gouvernance des institutions sous la forme, d’une part, d’un conseil de fondation responsable de la gestion financière et administrative, et, d’autre part, d’une direction artistique. Cette approche doit aussi bien apporter la stabilité administrative et financière que favoriser l’excellence artistique. Elle s’inspire de ce qui se fait ailleurs, notamment en France, où on trouve des conseils d’administration pour la plupart des établissements publics dans le domaine culturel. AO L’offre culturelle est immense à Genève, c’est indéniablement une richesse, mais aussi un casse tête financier… Comment les choix sont ils faits ? SK Compte tenu de la nouvelle donne fiscale à

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venir, la suppression de la taxe professionnelle, la baisse programmée de la fiscalité des entreprises et la réforme de la péréquation intercommunale, il y a globalement un danger majeur sur les ressources. Cependant la culture est une carte de visite de la ville, de même que le sport, et constitue le cœur de l’action publique touchant toutes et tous à l’échelle de l’agglomération et de la région. Tous les acteurs petits et grands, prestigieux et plus modestes, se nourrissent mutuellement. Tout le monde a sa place, c’est la qualité des projets, dans le cadre d’une politique culturelle cohérente, qui au final motive l’engagement de la ville. Il est évident que dans certains domaines culturels l’offre est quelque peu dispersée, nous recherchons à encourager les synergies, pour fédérer les projets et éventuellement leur donner plus d’ampleur et de visibilité aussi en dehors des frontières du canton et de la Suisse. AO Pour cette nouvelle saison, le Grand Théâtre a clairement communiqué sur son ouverture à tous les publics, cette campagne s’inscrit t’elle dans votre vision du paysage culturel genevois? SK Totalement, j’aurais pu l’initier moi-même. Il est certain que ce n’est pas simple de conquérir et de fidéliser du public dans l’art lyrique. C’est une très belle initiative, je ne peux qu’en féliciter le Grand Théâtre et je suis curieux des résultats de cette campagne qui dans un grand village comme peut l’être Genève, n’est pas passée inaperçue. Par ailleurs, si on fait venir des adolescents et des adolescentes au Grand Théâtre, tous les intervenants devront s’adapter car cela va forcément bousculer les habitudes… Plus largement il est question de l’accessibilité de la culture et ce serait une erreur de penser que les spectatrices et spectateurs sont « monogames » : vous trouverez des gens qui apprécient d’aller au théâtre puis à un match de hockey sur glace. Le décloisonnement des publics est une réalité, pourquoi pas pour l’art lyrique ? AO Le Grand Théâtre est-il, à votre avis, à la hauteur de son rôle d’institution-phare de la Genève internationale ?

importante rénovation, pensez vous que c’est aussi une opportunité ? Avez-vous des éléments à nous donner sur ce dossier ? SK Le processus avance. Le crédit d’étude de deux millions a été voté à l’unanimité en commission des travaux (ce qui n’est pas fréquent pour un crédit d’étude) et devrait passer en séance plénière du Conseil municipal en septembre. Cette étude permettra de préciser les contours d’un crédit de rénovation d’environ vingt millions … Ce crédit va comprendre aussi bien la rénovation du bâtiment en général que l’amélioration des performances énergétiques et la mise à niveau des équipements. C’est donc un gros budget pour un projet d’envergure qui devrait se concrétiser en 2015. AO Quelle est votre approche culturelle personnelle, êtes-vous un amateur d’opéra, de ballet, de rock, de pop… de punk ou de hardcore, dans quels lieux et pour quels spectacles peut on s’attendre à vous rencontrer ? SK En tant que responsable de la culture et des sports j’ai accès à une offre immense dont je me garde bien de donner publiquement mes préférences. Je serai bien entendu présent aussi bien au bord des terrains de sport que dans les salles de spectacle ou dans les manifestations. Mes choix sont guidés par le contexte et l’état d’esprit du moment. J’écoute tout aussi bien la Messe en si mineur de Bach que Massive Attack ou Katie Melua. Dans la dernière saison du Grand Théâtre, je retiendrais, par exemple, I Puritani qui m’a enthousiasmé, tant pour ses voix, sa musique que pour une mise en scène extraordinaire. Il est probable que vous me croiserez régulièrement au Grand Théâtre pour la saison à venir, entre autres scènes culturelles... Diana Damrau (Elvira) et Alexey Kudrya (Lord Arturo Talbot) sur la scène de Neuve en février dernier dans I Puritani, un opéra qui a marqué notre magistrat à la culture.

SK La question est importante. Tant de la part des fidèles spectateurs et spectatrices que des politiques, l’ambition est évidemment de voir le Grand Théâtre comme une des scènes de référence. Aujourd’hui, c’est une scène dont nous pouvons être fiers ; nous devons accepter que les avis soient partagés sur certaines productions et que le débat s’ouvre et occupe l’espace public. C’est un signe de vigueur et d’intérêt pour l’institution. En revanche, nous savons que la concurrence est rude, que les budgets des meilleures scènes du monde sont bien au-delà de ce sur quoi le Grand Théâtre peut compter, même si ce sont des montants importants. L’objectif n’est pas d’être à tout prix dans un quelconque « hitparade », mais de viser l’excellence. Pour une ville de taille modeste comme Genève, cela va être le défi et un choix fondamental de maintenir ce niveau de qualité à long terme. AO Le bâtiment de la Place Neuve à besoin d’une ACT.0 | 8

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Fondé en 1986, le Cercle du Grand Théâtre s’est donné pour objectif de réunir toutes les personnes et entreprises qui tiennent à manifester leur intérêt aux arts lyrique, chorégraphique et dramatique. Son but est d’apporter son soutien financier aux activités du Grand Théâtre et ainsi, de participer à son rayonnement.

Bureau

Mme Françoise de Mestral, présidente M. Jean Kohler, vice-président M. Gabriel Safdié, trésorier Mme Véronique Walter, secrétaire

Autres membres du comité Mme Diane d’Arcis S. A. S. la Princesse Andrienne d’Arenberg M. Friedrich B. Busse Mme Muriel Chaponnière Rochat M. David Lachat M. Paul Saurel M. Pierre-Alain Wavre

Membres bienfaiteurs

Rejoigneznous !

Nous serions heureux de vous compter parmi les passionnés d’arts lyrique et chorégraphique qui s’engagent pour que le Grand Théâtre de Genève conserve et renforce sa place parmi les plus grandes scènes européennes. Adhérer au Cercle du Grand Théâtre, c’est aussi l’assurance de bénéficier des avantages suivants : • Priorité de placement • Service de billetterie personnalisé • Echange de billets • Dîner de gala à l’issue de l’Assemblée Générale • Cocktails d’entractes réservés aux membres • Voyages lyriques • Conférences thématiques « Les Métiers de l’Opéra » • Visites des coulisses et des ateliers du Grand Théâtre. Rencontre avec les artistes • Possibilité d’assister aux répétitions générales • Abonnement au journal ACT-O • Envoi des programmes • Vestiaire privé Pour recevoir de plus amples informations sur les conditions d’adhésion au Cercle, veuillez contacter directement : Madame Gwénola Trutat (le matin, entre 8 h et 12 h) T + 41 022 321 85 77 F +41 022 321 85 79 cercle@geneveopera.ch Cercle du Grand Théâtre de Genève Boulevard du Théâtre 11 1211 Genève 11

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M. et Mme Luc Argand Mme René Augereau M. et Mme Guy Demole Fondation de bienfaisance de la banque Pictet Gonet & Cie, Banquiers Privés M. et Mme Pierre Keller MM. Lombard Odier Darier Hentsch et Cie M. et Mme Yves Oltramare Mrs Laurel Polleys-Camus SFG - Société Fiduciaire et de Gérance SA Union Bancaire Privée – UBP SA M. Pierre-Alain Wavre M. et Mme Gérard Wertheimer

Membres individuels

S.A. Prince Amyn Aga Khan Mme Diane d’Arcis LL. AA. SS. Le Prince et la Princesse Etienne d’Arenberg Mme Dominique Arpels Mme Véronique Barbey Mme Christine Batruch-Hawrylyshyn M. et Mme Gérard Bauer M. et Mme Pierre Benhamou M. et Mme Philippe Bertherat Mme Antoine Best Mme Saskia van Beuningen Mme Françoise Bodmer Prof. Julien Bogousslavsky M. Jean Bonna M. Alain Boucheron Comtesse Brandolini d’Adda Mme Robert Briner M. et Mme Yves Burrus M. Friedrich B. Busse Mme Caroline Caffin Mme Maria Livanos Cattaui Mme Muriel Chaponnière-Rochat Mme Anne Chevalley M. et Mme Neville Cook M. Jean-Pierre Cubizolle M. et Mme Alejandro Dahlhaus M. et Mme Claude Demole Mme Virginia Drabbe-Seemann Grace, Countess of Dudley M. et Mme Olivier Dunant Mme Denise Elfen-Laniado Mme Maria Embiricos Mme Diane Etter-Soutter Mme Catherine Fauchier-Magnan Mme Clarina Firmenich Mme Pierre Folliet Mme Pierre-Claude Fournet M. et Mme Eric Freymond Mme Elka Gouzer-Waechter Mme Bibi Gritti Mme Claudia Groothaert M. et Mme Philippe Gudin de La Sablonnière M. et Mme Philippe Jabre Mme Marie-Josèphe Jacquet M. et Mme Jean Kohler Mme Maria Pilar de La Béraudière M. et Mme Pierre de Labouchère M. David Lachat M. Marko Lacin

Me Jean-Flavien Lalive d’Epinay M. Christian Langlois-Meurinne M. et Mme Pierre Lardy Mme Michèle Laraki M. et Mme Guy Lefort Mme Eric Lescure M. et Mme Thierry de Loriol Mme France Majoie - Le Lous Mme Eva Lundin M. Ian Lundin M. et Mme Colin Maltby M. Thierry de Marignac Mme Mark Mathysen-Gerst M. Bertrand Maus Mme Anne Maus M. Olivier Maus M. et Mme Charles de Mestral M. et Mme Francis Minkoff M. Pierre G. Mirabaud M. et Mme Bernard Momméja M. et Mme Christopher Mouravieff-Apostol Mme Pierre-Yves Mourgue d’Algue M. et Mme Trifon Natsis Mme Laurence Naville M. et Mme Philippe Nordmann M. et Mme Alan Parker M. et Mme Shelby du Pasquier Mme Sibylle Pastré M. Jacques Perrot M. et Mme Gilles Petitpierre M. et Mme Charles Pictet M. et Mme Guillaume Pictet M. et Mme Ivan Pictet M. et Mme Jean-François Pissettaz Mme Françoise Propper Mme Ruth Rappaport Mme Karin Reza M. et Mme Gabriel Safdié Comte et Comtesse de Saint-Pierre M. Vincenzo Salina Amorini M. et Mme René Sanchez M. et Mme Paul Saurel M. et Mme Julien Schoenlaub Mme Noëlie Schoenlaub Mme Anne Segré Baron et Baronne Seillière M. Thierry Servant Marquis et Marquise Enrico Spinola Mme Christiane Steck Mme Isabelle Stoffels M. André-Pierre Tardy M. et Mme Riccardo Tattoni M. et Mme Kamen Troller M. Richard de Tscharner M. et Mme Gérard Turpin M. et Mme Jean-Luc Vermeulen M. et Mme Olivier Vodoz M. Gerson Waechter Mme Véronique Walter M. et Mme Lionel de Weck Mme Paul-Annik Weiller

Membres institutionnels

1875 Finance SA Activgest SA Christie’s (International) SA Fondation BNP Paribas Suisse Fondation Bru Fondation de la Haute Horlogerie Givaudan SA H de P (Holding de Picciotto) SA JT International SA Lenz & Staehelin Mandarin Oriental, Genève MKB Conseil & Coaching MM. Mourgue d’Algue & Cie, Genève Notz, Stucki & Cie, SA La Réserve, Genève SGS SA Organe de révision : Plafida

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GUY DEMOLE

un entretien avec Albert Garnier

Le discret mécène Guy Demole Le mécénat est une tradition genevoise qui souvent s’exerce dans la discrétion. Travailler pour l’OSR, le Grand Théâtre et le Conservatoire de Musique m’a beaucoup apporté. Le Grand Théâtre est devenu pour moi une famille. Le mécénat est venu presque automatiquement et même un peu obligatoirement avec les difficultés financières de la Ville de Genève qui avaient conduit à l’époque à une réduction et même une suppression de l’indexation de la subvention municipale. C’est avec infiniment de plaisir que je l’ai fait. Il y a un proverbe qui dit : « Nous sommes ainsi faits dans ce pays qu’un bienfait n’est jamais pardonné ». Quand on est mécène, il ne s’agit pas de chercher à recueillir des louanges ou des remerciements mais de s’engager pour une cause ou une institution qui vous est chère. AO Vous êtes l’arrière petit-fils de Gustave Ador et de Théodore Turrettini, votre famille est profondément ancrée à Genève et dans l’action en faveur de la Ville de Genève, vous sentez-vous investi d’une mission en faveur de la communauté à laquelle vous appartenez ? GD Oui un peu, je suis très chauvin, j’aime Genève et la Suisse et je m’y suis beaucoup investi. J’ai eu une enfance et une vie très heureuses, j’ai eu la chance d’exercer une profession qui m’a beaucoup apporté et qui a été prospère, notamment en raison du bon fonctionnement des institutions politiques de ce pays. Ayant beaucoup reçu, il était normal pour moi de renvoyer l’ascenseur. ACT.0 | 8

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AO Dire que vous êtes un mélomane est très réducteur, vous êtes l’incarnation même du mélomane, vous êtes en ce moment à Verbier pour le festival, seriez vous un peu boulimique en matière de musique ?

GD J’ai environ 120 000 disques dans mes collections qui sont essentiellement du jazz, mais également je possède tous les enregistrements d’Ernest Ansermet ou de l’Orchestre de la Suisse Romande, dans toutes les éditions qui ont été produites, car c’est un peu la manie ou le vice du collectionneur. Je suis donc en effet un peu boulimique. Pour ce qui a trait à Sidney Bechet, sa musique m’a toujours passionné et comme lui j’ai joué de la clarinette et du saxophone soprano. Depuis l’âge de 8 ans j’ai commencé à collectionner tout ce qui se rapportait à ce musicien, non seulement ses disques mais aussi ses photos, ses films et d’autres documents. Dans mes années de jeunesse le jazz n’était pas reconnu comme un art musical valable, on le traitait souvent de musique de nègre, voire même de musique de sauvage. Pour l’anecdote, quand j’étais jeune j’avais une petite formation de jazz, et nous avions programmé une semaine de concerts au Moulin Rouge. A l’entrée, il y avait une affiche qui annonçait « Guy Demole et son Orchestre », mon père a eu la mauvaise Suite en page 22

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Collectionneur féru de tout ce qui a trait à Sidney Bechet, Guy Demole, mélomane éclairé, nous parle de son expérience, de ses passions autour de la musique et du Grand Théâtre.

© carole parodi

ACT-O M. Demole, vous êtes un mécène comme on n’en trouve plus… Généreux, obstiné et surtout d’une incroyable discrétion, qu’elle est votre motivation ?

(en haut)

Guy Demole chez lui, devant un tableau représentant une pochette de disque de Sidney Bechet. Passionné de vinyles, le Genevois a consacré une grande partie de sa collection au clarinettiste de jazz américain. (ci-dessus)

Dialogues des Carmélites en 1993, mis en scène par François Rochaix et dirigé par Michel Plasson et Pelléas et Mélisande, mis en scène par Patrice Caurier & Moshe Leiser et dirigé par Louis Langrée avec Simon Keenlyside (Pelléas) et Alexia Cousin (Mélisande) sont les deux opéras qui restent gravés dans la mémoire de Guy Demole.

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Suite de la page 21

L’aménagement du Bâtiment des Forces motrices pour recevoir les spectacles du Grand Théâtre pour la saison 97-98

idée de passer devant l’entrée en voiture ; compte tenu de la réaction familiale, cet épisode a signé la fin de ma petite aventure musicale.

AO Conserver une scène lyrique de la qualité du Grand Théâtre est un défi permanent, pensez vous que ce soit possible ?

AO Cet épisode et votre parcours de vie ne vous ont pas permis de poursuivre dans cette voie, avez vous des regrets ?

GD Vous avez raison d’évoquer cette question car toutes les dépenses sont toujours en augmentation, que ce soit les frais fixes de l’institution ou les frais de production des spectacles. C’est donc en effet un défi qu’il faudra relever. La prochaine Loi Cantonale sur la Culture pourra sans doute contribuer à renforcer le financement de l’institution car elle permettra à l’Etat de s’investir d’avantage dans le soutien des institutions culturelles aux cotés de la Ville de Genève qui pour l’instant assure l’essentiel de ces charges. Bien entendu, à l’image du Cercle, les privés ont leur rôle, notamment les entreprises suisses et étrangères qui sont nombreuses et florissantes à Genève, mais cette forme de financement doit venir en renforcement des fonds publics, mais en aucun cas en remplacement. Les subventions publiques doivent couvrir les frais fixes de l’institution, alors que les fonds privés doivent être consacrés exclusivement à la production des spectacles.

restera une expérience unique pour Guy Demole.

GD Non je n’ai pas de regrets, j’étais un amateur… ne sachant pas déchiffrer la musique, je jouais mal mais avec passion. J’ai compensé ce besoin de musique par mon investissement dans des structures qui, elles, fédéraient de véritables talents. Président ou Vice-président, de l’OSR, du Grand Théâtre et du Conservatoire de Musique, j’ai pu constater à quel point la vie d’un musicien ou d’un chanteur est difficile et parfois ingrate. AO Et le Grand Théâtre dans tout cela… Vous avez connu tous les directeurs, vu toutes les productions, vous réjouissez-vous toujours de la prochaine saison, du prochain spectacle ? GD Oui je m’en réjouis toujours, mais mon investissement personnel n’est plus le même. Quand j’étais président de la Fondation, j’allais à toutes les répétitions, je passais un temps infini sur de multiples dossiers tels que la réfection du Grand Théâtre, je me sentais donc plus « dans le coup ». Mais je garde de très bons contacts avec Tobias Richter et le Conseil de Fondation actuel, notamment avec sa présidente Lorella Bertani que j’apprécie beaucoup. Nous nous voyons régulièrement et je vais à tous les spectacles avec beaucoup d’enthousiasme. J’ai gardé des souvenirs extraordinaires des spectacles et certains d’entre eux resteront à jamais gravés dans ma mémoire, notamment le Dialogue des Carmélites à l’époque d’Hugues Gall et Pelléas et Mélisande produit par Renée Auphan. Un de mes souvenirs les plus mémorables restera l’aménagement du Bâtiment des Forces Motrices pour lui permettre d’accueillir pendant la saison 1997/98 tous les spectacles du Grand Théâtre. Cette année de délocalisation au BFM, pendant laquelle les travaux étaient réalisés au Grand Théâtre, restera pour tous ceux qui l’ont vécue une expérience unique et incroyablement stimulante.

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AO Le Cercle, un bon outil pour le développement du Grand Théâtre ? GD Un outil essentiel, indispensable à la vie de notre Opéra. Membre du Cercle depuis sa création, j’ai pu constater le travail prodigieux accompli par le Comité du Cercle et notamment par ses présidents depuis Elisabeth Salina Amorini jusqu’à Françoise de Mestral. Ce qui est remarquable et il convient de le souligner, c’est que malgré son engagement vis-à-vis du Grand Théâtre, le Cercle ne fait pas d’ingérence, n’a jamais exercé de pression et ne s’est jamais mêlé de la programmation qui est du ressort du Directeur Général, avec l’appui de la Fondation. Lorsque la Fondation avait partagé pendant plus d’une année les locaux du Cercle mis gracieusement a disposition par Pictet et Cie, j’étais en constante relation avec Françoise de Mestral et certains membres de son Comité, j’aimerais leur rendre hommage en leur exprimant mon admiration pour leur dévouement et pour l’engagement indéfectible dont ils font preuve quotidiennement pour le bien du Grand Théâtre. Notre opéra leur doit beaucoup.

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À L’heure où le Grand Théâtre de Genève ose un slogan ambitieux, « L’opéra pour tous », pour une campagne de lancement de saison à haute visibilité, on doit tout de même admettre que l’énormité d’une telle affirmation est directement proportionnelle à la ténacité de certaines idées reçues sur l’opéra et le ballet. Pour distiller un peu de nuance dans la notion que l’opéra serait, ou ne serait pas, pour tous, nous avons pensé à articuler quelques unes des polémiques dérivant de ces idées reçues et de les proposer aux lecteurs d’ACT-O. À commencer par celle qui inspira notre campagne : les différences vestimentaires parmi le public…

Des textes de Christopher Park et des illustrations de LUZ

Polémiques & idées r L’opéra, tenue de soirée, ou jeans et baskets?

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’il est un faux débat, c’est bien celui-là. Il y a des hipsters dont l’élégance vintage propose une réponse autrement plus intelligente à la question vestimentaire que la solution facile (et couteuse) de l’Armani/ Louboutin. Disons que la raison doit dicter la tenue : par exemple, porter le tailleur ou la cravate à l’amphithéâtre du Grand Théâtre, en septembre ou en juin, est une torture inutile. La géographie de la salle a aussi son mot à dire : plus on y est assis vers le bas, plus le regard des autres est sévère. Donc, si vous vous attendez à être vu, vous habiller en conséquence. Si vous êtes sûr que personne ne sera là pour vous juger – ce qui peut être une saine attitude générale dans la vie –, du moment que vos vêtements et votre personne sont propres (il y a parfois, en salle, des cravates raffinées qu’accompagne une haleine pestilentielle), vous n’avez pas de souci à vous faire.

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eux mythes se confrontent: l’opéra est cher et réservé aux classes bourgeoises/nanties, et l’opéra dans son environnement naturel appartient à toutes les classes sociales : les maçons en Italie qui chantent des airs de Verdi sur leurs échafaudages. Or, il suffit d’aller observer les échafaudages de Milan, Rome et Naples par les temps qui courent pour se rendre compte que les maçons sont maintenant presque tous Tunisiens et préfèrent chanter du Khaled ou du Reda Taliani… Tandis qu’à la Place Neuve, c’est plus souvent Champel et Malagnou que Meyrin et Palettes. Mais l’échelle de prix ne trompe pas : pour le coût de deux billets de cinéma on a une place d’amphithéâtre à l’opéra et un abonnement à Paléo ne coûte pas plus cher que certains abonnements du Grand Théâtre de Genève, et en prime on y est assis! ACT.0 | 8

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certaines représentations au Grand Théâtre de Genève on pourrait croire que l’âge moyen du public est de 77 ans. Est-ce que l’opéra et le ballet ont quelque chose à proposer aux générations X, Y ou Z, ou est-ce qu’il faut être baby-boomer ou avoir connu la Mob’ pour aimer ce genre de divertissement ? À la micro-échelle genevoise, 270 adhérentes et adhérents du club Labo-M pour le public des jeunes adultes de 18 à 30 ans, des scolaires endiablées où s’entasse une marmaille enthousiaste lorsque Philippe Béran dirige La Petite Zauberflöte, ou un programme pédagogique qui réussit à émouvoir des ados boudeurs du Cycle d’orientation en leur présentant Lulu par Olivier Py ou Bach par Emanuel Gat sont la preuve que le Grand Théâtre est capable de séduire la jeunesse du haut de ses 132 ans.

L’opéra peut faire battre les jeunes cœurs, ou c’est juste l’antichambre des EMS?

s reçues L’opéra, sport de riches ou fête populaire?

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armi les motifs de réticence à la salle lyrique, il y en a un qui est particulièrement coriace : « On ne sait jamais quand il faut applaudir ! » Comme si l’on risquait l’ignominie et l’humiliation en manifestant un plaisir légitime. Et en plus, ce n’est pas si compliqué que ça. Exception faite des récitals, où effectivement règnent des règles absconses, combinant appréciation musicale et littéraire, on serait tenté de dire au Grand Théâtre qu’il vaudrait mieux applaudir trop que pas assez. L’entrée du chef d’orchestre déclenche les applaudissements, comme la fin de l’ouverture devant un rideau fermé. Dans certains opéras, un air en solo particulièrement réussi va susciter l’enthousiasme, et puis, qui bouderait les artistes lorsque le rideau tombe et qu’ils font leurs saluts ? Si vous ne savez pas, modérez un instant votre enthousiasme, il y a toujours quelqu’un qui commencera avant vous. Et puis, si vous êtes seul(e) à vous manifester, c’est votre droit absolu d’aimer ce que les autres n’aiment pas (ou sont trop coincés pour l’exprimer). Félicitations...

Applaudir: une science exacte?

Les « Bravo ! » et leur contraire

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’il n’y avait que les applaudissements.... Mais il y a aussi cette interjection, à l’origine un adjectif qui signifie « t’as assuré un max » et son accord, par nos voisins transalpins et les puristes italophiles, en genre et en nombre avec le, la ou les interprètes qui vous ont fait vibrer... Admettons que s’il y a quelque chose de presque intime ou d’amoureux à lancer « Brava ! » à une pulpeuse colorature qui vient de terminer son air de folie, cela devient un peu pervers et pédant de donner du « Brave ! » au trio de Rosenkavalier... La solution ? Passer à l’allemand ? En élidant la voyelle finale : « Brav ! Brav ! Brav ! », même si la sémantique en est légèrement condescendante... Quant aux sifflements et aux huées, ils sont la preuve ultime que la classe sociale n’a rien à voir avec la classe tout court : si le public de l’opéra était vraiment composé de gens raffinés et distingués, au lieu de dégénérer en bronca assourdissante au salut d’un metteur en scène un peu trop d’avant-garde, la salle entière se tairait comme un seul homme. Un silence glacial est tellement plus insultant que des vociférations énervées.

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L’opéra : art vivant ou destiné à finir en retransmissions HD dans votre multiplex?

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es deux, mon capitaine. L’opéra au cinéma, c’est... du cinéma. Le 7e art a une lourde dette à payer à l’opéra. La structure narrative du long métrage moyen (ainsi que sa bande-son) est essentiellement similaire à celle que les compositeurs lyriques modernes, de Wagner à Puccini, ont fait dériver du grand opéra français, en réécrivant le genre pour en faire le prototype du film hollywoodien « à grand spectacle et en couleur ». Visible sur la Place Neuve, de septembre à juin, chaque année, en live, solistes, chœurs, figurants se donnant à fond et gouttes de transpiration volant dans les poursuites : on n’a rien fait de mieux que le spectacle vivant. Maintenant, si vous êtes trop fauchés pour vous payer le weekend à New York et l’Upper Circle du Met, il n’y a pas de mal à vous accorder un moment de rêve dans une salle obscure. Mais alors, par pitié, n’y allez pas en smoking et n’en faites pas un événement de gala : pas de champagne et pas de petits fours. Même si c’est Renée Fleming ou le Ballet du Bolchoi qui sont sur le grand écran devant vous, reprenez vos esprits : vous êtes au royaume des esquimaux glacés et du popcorn grand format. ChP

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Isabelle Henriquez

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Fabrice Farina

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Après les confidences d’Isabelle Henriquez, de Fabrice Farina et de Carine Séchaye dans les pages d’ACT-O de décembre 2010, voici celles de cinq autres « voix » qui viennent complèter la troupe des jeunes solistes en résidence. Ils seront donc huit pour cette saison 20112012 à vous faire partager leur passion sur le plateau du Grand Théâtre.

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Revue de troupe

Carine Séchaye

Khachik Matevosyan Un éclat d’Arménie

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ous allez me rencontrer sur la scène du Grand Théâtre chez la Comtesse de Coigny, ou encore dans la prison SaintLazare d’Andrea Chénier qui ouvrira la saison du Grand Théâtre. Mais nous aurons bien d’autres occasions de faire connaissance au cours de la saison 2011-2012, car je viens de rejoindre les sept autres collègues de la troupe des jeunes solistes en résidence. Je viens d’Arménie, le pays où la célèbre soprano Cathy Berberian a vu le jour. Né à Artashat, ancienne capitale de l’Arménie dans l’antiquité, j’ai étudié au conservatoire d’Erevan, actuelle capitale. Très vite, j’ai eu envie de découvrir d’autres cités où je pouvais perfectionner l’art du chant, mais également retrouver des résonnances et certaines couleurs de mon pays, des montagnes, des lacs et des forêts. Mes pas m’ont conduit en Suisse, à Zurich et à Bienne, où j’ai pu travailler avec László Polgar, la célèbre basse hongroise qui, malheureusement, nous a quitté en 2010. Comme lui, je suis passionné par l’opéra et l’oratorio que j’ai pu étudier avec Elias de Felix Mendelssohn Batholdy en compagnie de Cornelia Kallisch, membre de la troupe de l’Opéra de Zurich. Aujourd’hui, j’ai la chance de venir à Genève, un autre haut lieu de la vie lyrique internationale. J’ai le souci de la perfection, et je vais essayer de profiter de cette merveilleuse opportunité pour perfectionner mon jeu

et mon chant grâce aux grands artistes internationaux avec lesquels je vais travailler sur la scène du Grand Théâtre. Pour vivre, il me faut la scène, car si j’adore chanter, j’adore également jouer, ma passion, c’est le théâtre et la musique, en d’autres termes l’opéra. J’ai déjà eu la chance d’interpréter un beau répertoire varié à l’opéra et au concert. J’ai, notamment, chanté Haly dans L’Italiana in Algeri de Gioacchino Rossini, ou encore Alberich de Das Rheingold de Richard Wagner, qui est devenu un de mes rôles de prédilection que je rêve de chanter en scène dans le futur, tout comme Rigoletto, un rôle de caractère qui sollicite des talents d’acteur et de chanteur. Je vous confierai que j’ai, peut-être, une autre corde à mon arc, un second métier, celui de joailler. Après avoir été séduit par Athènes et avoir plongé dans le berceau des civilisations, j’aimerai découvrir Rome afin de rencontrer une autre facette de la culture méditerranéenne, à la recherche des racines profondes de la culture. à présent je me plonge dans la lecture des poèmes d’André Chénier que j’ai pu trouver et rassembler, et j’ose espérer vous retrouver nombreux au rendez-vous avec cet ouvrage lyrique. Tout au long de la saison et des ouvrages auxquels j’aurai la chance de participer, nous ferons probablement plus ample connaissance en partageant la passion commune qui nous anime. ACT.0 | 8

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Emilio Pons La mélodie avant tout

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’est moi Trouffaldino de L’Amour des trois oranges qui a conclu la saison 2010-2011 du Grand Théâtre. Voilà déjà un an que je fais partie de la troupe des jeunes artistes en résidence. Ne seraitil pas temps de faire plus ample connaissance ? Né à Mexico City d’un père producteur de télévision et de films et d’une mère journaliste, j’étudie le piano et le droit devant l’insistance de mes parents qui trouvaient les carrières artistiques trop aléatoires et trop risquées. Muni d’un diplôme de pianiste et d’un diplôme d’avocat la même année, il ne me restait plus qu’à faire un choix. Ayant eu l’occasion d’accompagner des chanteurs durant mes études, le choix fut vite fait, je décide à mon tour de devenir chanteur. Je pars aux États-Unis pour étudier à l’Université de musique d’Indiana sous la tutelle du ténor cubain Carlos Montané. Passionné par l’histoire de l’art, la philosophie, l’architecture, mais également par les langues, je me mets au russe. Le charme, la beauté et la complexité de cette langue m’amènent à l’Opéra-Studio du Théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg où je peux faire mes débuts en interprétant Arturo dans Lucia di Lammermoor de Gaetano Donizetti. Je reste sous le charme de cette expérience qui aura marqué ma vie. Je serais retourné avec beaucoup d’enthousiasme à Saint-Pétersbourg, mais ma rencontre avec Francisco Araiza, le célèbre ténor mexicain, en décida autrement. Je déménage en Allemagne afin d’étudier avec lui à Munich. Étrange, car je n’avais pas songé à vivre en Allemagne. Aujourd’hui, je parle couramment l’allemand, et c’est en Allemagne que je rencontre l’amour de ma vie. Certains de mes amis allemands prétendent que je serais devenu plus germanique qu’eux. C’est au Prinzregenten Theater de Munich que je fais mes débuts en Allemagne en chantant Ferrando dans Così fan tutte de Wolfgang Amadeus Mozart, avant d’interpréter le Comte Almaviva dans Il Barbiere di Siviglia de Gioacchino Rossini à Fribourg. Par la suite j’intégre la troupe du Théâtre de Heidelberg où je travaille pendant ACT.0 | 8

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deux saisons. Le temps passé dans un théâtre de répertoire permet d’accumuler une grand expérience et de se constituer un répertoire conséquent, une expérience riche mais qui ne rime pas forcément avec fortune financière, un rythme de travail très soutenu qui ne permet nullement de répondre aux invitations d’autres théâtres. En 2010, je décide de quitter Heidelberg pour tenter ma chance en tant que soliste indépendant. Une nouvelle fois, l’invitation du Grand Théâtre de Genève à rejoindre sa troupe de jeunes artistes en résidence allait changer mes plans. Sans hésiter j’accepte l’invitation, conscient qu’une fabuleuse opportunité s’offre à moi, une expérience qui combine les meilleurs aspects du système de stagione et de répertoire. J’allais pouvoir travailler avec des stars internationales, des chefs de grande renommée tout en ayant la possibilité d’aller chanter sur d’autres scènes lorsque je ne serai pas sollicité par les activités du Grand Théâtre. Ainsi, je peux me rendre à Mexico pour interpréter Jaquino dans Fidelio de Ludwig van Beethoven au Palacio de Bellas Artes à Mexico, et au Festival de Sankt-Margarethen en Autriche pour chanter Don Ottavio de Don Giovanni de Wolfgang Amadeus Mozart, un rôle que je reprendrai pour mes débuts au Théâtre municipal de Santiago du Chili en 2012-2013. Pas mal, me direz-vous, peut-être. Mais je brûle d’impatience de pouvoir faire d’autres rôles sans pour autant mettre en danger ma santé vocale. Sans prétention aucune, je voudrais pouvoir suivre la trace d’illustres prédécesseurs : Fritz Wunderlich, Nicolaï Gedda, Jussi Björling et bien sûr Francisco Araiza, mon maître. Fasciné par l’art du lied et de la mélodie, j’attends avec impatience de pouvoir vous faire partager mon enthousiasme pour cet art exigeant et intime qui permet au soliste d’exprimer au mieux sa personnalité et sa sensibilité. En attendant, je vous donne rendezvous pour La Petite Zauberflöte au Grand Théâtre où j’interprèterai Tamino en compagnie de mes collègues de la jeune troupe, mais également pour d’autres aventures. Quoi de plus beau que le chant et la musique ! 29

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Clémence Tilquin Mes deux amours

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h bon ? Tu chantes aussi ? » me souffle un collègue en coulisse. Nous sommes en juillet 2007. Cheveux noués, souliers sans talon, nuque et poignets sans bijou, ongles au rasoir, archet dans la main droite et violoncelle contre le cœur, j’entre en scène. Confident depuis l’enfance, le violoncelle est ma première langue. De l’émerveillement à la tristesse la plus profonde, toutes les humeurs se déclinent avec une couleur si proche de la voix. On peut murmurer, déclamer, sussurer, crier… chanter surtout ! « Imagine que tu chantes », me disait François Guye, mon si cher professeur. Conseil sur mesure, car pendant des années, j’ai étudié au conservatoire en double cursus. Violoncelle au rez-de-chaussée, chant au premier étage, soirées à quatre cordes ou à deux cordes... J’ai mené une véritable double vie, mais le violoncelle était prioritaire. C’était lui, mon vrai métier. Et puis, à l’automne 2007, j’ai rejoint le Chœur du Grand Théâtre pour Les Troyens de Berlioz. Nous avions une scène avec Anna Caterina Antonacci, Cassandre inoubliable. Elle circulait parmi nous avec tant d’intensité, les yeux en feu, les mains fiévreuses… à chaque représentation, j’étais émerveillée.

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La production finie, ma décision fut prise : j’allais travailler ma voix à plein temps. J’ai reçu instantanément le soutien de ma professeure de chant Danielle Borst, qui jusque-là avait eu la patience d’être en second plan, compréhensive et confiante, ce pour quoi je lui suis profondément reconaissante. Le Conservatoire m’a également accompagnée, et les institutions culturelles suisses m’ont soutenue. Je ne saurais trop les remercier car durant trois ans, j’ai eu le privilège d’étudier le chant dans les meilleures conditions, entourée, conseillée, stimulée... Et c’est avec un émerveillement intact qu’à la sortie du Conservatoire, j’ai intégré la troupe des jeunes solistes en résidence et retrouvé la scène du Grand Théâtre, précisément. Danielle Borst dans la salle, François Guye dans l’orchestre, une saison superbe, des partenaires admirables et une équipe aux petits soins : pour mes débuts, j’ai été gâtée. Ainsi, le violoncelle a cedé sa place, mais il reste mon complice de choix. Il a la grâce surprenante de répondre encore à mes attentes… bien plus modestes j’en conviens ! Mais à présent, on me souffle en coulisse : « Ah bon ? Tu joues du violoncelle aussi ? » ACT.0 | 8

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Les jeunes solistes ont trouvé leur voie Le rêve de Tobias Richter, « créer et accompagner la naissance de nouveaux talents à travers une troupe de jeunes solistes en résidence » est devenu réalité grâce au soutien de la Fondation BNP Paribas.

Bénédicte Tauran Pasionaria

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assurez-vous, chers lecteurs, cette photo, c’est dans le cadre de mon boulot ! Alors non, je ne tournais pas de spot publicitaire en faveur des dépoussiérants, il s’agissait d’un essayage perruque pour la production du Barbier de Séville l’année dernière ici au Grand Théâtre de Genève. Ah ! que j’aime me déguiser ! Cela a toujours été une passion. Se permettre d’être quelqu’un d’autre par le truchement d’un costume, d’une perruque, d’un maquillage et ainsi prêter corps et vie à un personnage, quelle sensation ! Le premier essayage justement est un moment magique, celui de la transformation, la sensation visuelle que je produirais sur le public. Et c’est mon travail à l’opéra, du moins en partie, avec la musique qui occupe une place prépondérante. Ce métier, qui est avant tout une passion dévorante, occupe beaucoup de mon temps et de mes pensées. Observer, être en quête, collecter, dans le formidable kaléïdoscope humain, des expressions, une manière d’être. Je suis passionnée par la vie même et toutes ses manifestations. Les êtres humains sont si incroyables, leur histoire, leur attitude face à la vie, les « lunettes » qu’ils choisissent de porter pour regarder la vie, leur

création extraordinaire ou ordinaire, leur masque. J’observe avec intérêt, inlassablement. Quelqu’un m’a dit une fois : il y a deux catégories d’artistes. Ceux qui vont chercher leur inspiration dans les étoiles et ceux qui reflètent le monde. J’appartiens à la deuxième catégorie en tant qu’observatrice des émotions humaines, les absorbant et les régurgitant sur scène. Échanger, converser... C’est fou comme les gens ont envie de communiquer pour peu qu’on leur prête une oreille attentive. Rencontres parfois cocasses, parfois bouleversantes. C’est plus facile de parler à quelqu’un que l’on sait ne pas revoir. Je pense à toute cette faune des conducteurs de taxi. Bénis soient les conducteurs de taxi ! Le temps d’un trajet, vous pouvez avoir une conversation banale de politesse, des confessions, de la philosophie (oui, oui !) et même une fois en Argentine, on m’a chanté du tango ! Ou encore les gens dans les aéroports, les trains, les restaurants, autant de possibilités d’échanger. Je suis également une incorrigible cinéphile et lectrice insatiable. Là aussi, les histoires prennent vie et résonnent en vous. Rien ne vaut une bonne histoire ! N’est-ce pas cela au fond être artiste ? Savoir raconter et donner de l’émotion à l’état brut. Alors laissez-vous embarquer et au plaisir de vous voir bientôt à l’opéra !

Le projet d’une troupe de solistes en résidence répond pleinement aux objectifs que la Fondation BNP Paribas s’est fixés en permettant à la fois d’accompagner de jeunes talents lyriques et de soutenir une maison dont l’excellence et la renommée ne cessent de croître. Construit conjointement avec un partenaire solide comme la Fondation, ce projet concrétise l’engagement que s’est fixé le Grand Théâtre auprès de la relève lyrique. Au-delà de sa participation dans le développement du projet depuis sa création, la Fondation BNP Paribas intervient également en finançant directement la rémunération des solistes. Ces derniers sont engagés sur une période de trois ans environ et sont sélectionnés en fonction des rôles qui leur correspondent le mieux pour participer aux différentes productions du théâtre. Ce mode de collaboration initié par Tobias Richter s’est rapidement imposé comme une manière pérenne de permettre au public du Grand Théâtre de retrouver régulièrement l’esprit d’une troupe et des voix auxquelles il s’attache. Nous vivons une époque où l’accès à la formation, la multiplication des modes d’expression et la diversité des cultures contribuent à l’émergence sans cesse plus importante de jeunes artistes et talents prometteurs. Cela signifie qu’il est aussi toujours plus difficile pour ces jeunes, passionnés et prêts à s’investir pleinement, de se distinguer et de pouvoir véritablement exercer leur talent. C’est pourquoi il est essentiel aujourd’hui que des entreprises s’engagent pour Suite en page 36

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Marc Scoffoni Un cœur tendre

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soutenir cette jeunesse, et ce de manière durable, afin que les talents de demain puissent perpétuer, enrichir et transmettre à leur tour le patrimoine culturel de l’humanité. Favoriser leur talent en côtoyant régulièrement les plus grands metteurs en scène, chefs d’orchestre et chanteurs confirmés, telle est la mission à laquelle la Fondation s’est attachée en s’engageant dans cette démarche aux côtés du Grand Théâtre. La Fondation BNP Paribas est convaincue que ces jeunes solistes vont éveiller la sensibilité des plus jeunes, qui auront ensuite envie de venir régulièrement les entendre. Des efforts sont également consentis par le Grand Théâtre qui propose à ce public des abonnements et spectacles à des prix adaptés à ses moyens. En tant que Partenaire Fondateur de la troupe du Grand Théâtre de Genève, la Fondation BNP Paribas a également mis tous les moyens en sa possession pour éveiller l’intérêt de ses collaborateurs pour le chant et l’expression vocale : nombreuses invitations pour chaque production, visites guidées et articles dans la presse et l’intranet du groupe permettent notamment à la Fondation de transmettre et faire partager au plus grand nombre l’émotion de cet art universel qu’est l’art lyrique.

la veille des vacances scolaires, me voilà face à un devoir de vacances. La tâche consiste à se présenter en évitant les banalités, à évoquer ses rêves et ses passions sans disserter et à se caractériser en donnant envie de se faire connaître. Vaste programme ! Sans surprise, l’introspection m’a conduit tout droit dans le mur de la contradiction : j’aime le farniente mais ne suis pas dilettante, j’adore les langues, mais ne suis pas interprète, j’apprécie la douceur du foyer, mais suis toujours par monts et par vaux. Je suis passionné avec tendresse, un extraverti discret et un méditerranéen actif ! J’ai passé deux ans dans la City à Londres pour étudier le chant, décroché un master de linguistique anglaise pour entrer au conservatoire et appris l’espagnol pour chanter Mozart ! Me voilà mal parti ! Procéder par analogie sera, à n’en pas douter, plus réussi. J’ai donc choisi le portrait chinois pour me présenter à vous, mais n’ai pas toujours pu me contenter d’une seule réponse, ce qui, je l’espère ne sera pas interprété comme une incapacité à faire des choix, mais plutôt comme un signe (intérieur) de richesse. Si j’étais une région je serais la Corse de mes origines et ses chants polyphoniques souvent interprétés a cappella pour véhiculer des idées et des valeurs chères au peuple corse. Ou alors, ma Provence natale où je me ressource l’été, jamais très loin des festivals : con accento, bien sûr. Si j’étais une ville, je serais le Londres de mes études d’opéra, où j’ai chanté : « Figaro here, Figaro there, | Figaro there, Figaro where | Figaro high, Figaro low, | Figaro stay, Figaro go! ». Ou alors, le Paris de mon quotidien : Allegro molto, agitato : les répétitions, les récitals, les spectacles, les amis.

Si j’étais une langue, je serais l’italien du bel canto, l’allemand des Lieder, le français des mélodies, l’espagnol des zarzuelas. Si j’étais un rôle, je serais un Onéguine appassionato, un Guglielmo affetuoso, un Papageno giocoso, un Figaro animato. Si j’étais un hobby je serais la cuisine : harmonie des saveurs sans fausse note, symphonie du goût, concert de sensations. Si j’étais une qualité, je serais discret sempre bocca chiusa, fiable con forza, sympathique sempre amabile. Si j’avais une phobie, ce serait celle de tous les chanteurs : l’extinction de voix. Si j’avais un rêve, ce serait de chanter con brio, con affetto, con fuoco, con allegrezza, con anima, longtemps… Toujours. Si j’étais un des sept péchés capitaux, je serais... Mais il me paraît plus sage de ne pas me dévoiler complètement. Chacun ne doit-il pas garder un jardin secret ?

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Soirée BalletS ruSSeS leS SylphideS | le Spectre de la roSe | petrouchka Benjamin millepied

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Morio Lampriera, 9 ans

Louise Chappuis, 10 ans

Concours de dessin autour de la petite zauberflöte

par Kathereen Abhervé

Beaux traits !

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Laura Stresemann, 11 ans

Alerina Lipovica, 11 ans

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u printemps dernier le jeune public fut l’hôte privilégié du Grand Théâtre qui, pour la première fois depuis près d’une dizaine d’années, programmait un spectacle à l’intention des enfants. Le résultat fut au-dessus de toute attente. Les trois représentations de La petite Zauberflöte, version réduite de La Flûte enchantée de Wolfgang Amadeus Mozart, furent données à guichets fermés. Les deux premières séances réservées aux établissements scolaires de l’enseignement primaire et du cycle d’orientation ont attiré près de 2400 élèves de 10 à 14 ans et environ 460 enseignants. Ayant proposé un concours de dessin autour des personnages de Papageno et de la Reine de la Nuit, le Grand Théâtre a reçu une centaine de dessins provenant de 8 classes d’écoles publiques et privées genevoises. Choisis pour leur originalité, leurs couleurs ou pour la qualité de leur trait, six de ces petits chefsd’œuvre ont été sélectionnés avec beaucoup de soin par un jury constitué des membres du service de la communication et du marketing auquel s’était joint le responsable de la création visuelle du Grand Théâtre. Les dessins des six lauréats Sur les cinquante-cinq dessins représentant la « Reine de la Nuit », trois ont été retenus pratiquement à l’unanimité. Celui de Louise Chappuis, 10 ans, élève de 5e primaire de l’école des Cropettes, pour l’élégance de la robe étoilée d’or de la reine ; l’esquisse de Laura Stresemann, 11 ans de l’école de la Tour du GrandSaconnex, pour le côté monstrueux de la souveraine ; le coloriage d’Emma Brawand, 10 ans, en 5e primaire à l’école de Crêts-de-Champel, a séduit pour la délicatesse de sa reine-magicienne. Des cinquante dessins de « Papageno » envoyés

principalement par des garçons, trois ont eu l’heur de plaire au jury qui a retenu l’oiseleur-jardinier riant au soleil au milieu de gracieux volatiles du jeune Morio Lampriera, 9 ans, en 4e primaire de l’école du 31-décembre des Eaux-Vives. Tel un grand oiseau protégé par trois colombe divines, le Papageno d’Ukshini Arbnor, 10 ans, en 5e primaire de l’école des Palettes, a aussi été apprécié, tout comme celui s’abritant des nuages sous un parapluie à oiseaux d’Alerina Lipovica, 11 ans, élève de 6e primaire de l’école des Libellules. En guide de prix, chacun des lauréats était invité avec deux personnes de son choix, à la pré-générale de L’ amour des trois oranges de Serge Prokofiev programmé en juin dernier. Gageons que ce spectacle drôle et coloré leur aura inspiré de nouvelles compositions. KA

Ukshini Arbnor, 10 ans

Emma Brawand, 10 ans

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Labo-M entame sa troisième saison

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d ACTqu par Christopher Park

Un vent jeune

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hénomènes récents dans le panorama des offres des maisons d’opéra et de ballet, les clubs et associations destinées au public des jeunes adultes (de 18 à 30 ans) ont fleuri un peu partout dans la dernière décennie, suite au constat du vieillissement accentué du public traditionnel pour le genre et du besoin de préparer la relève des amateurs lyriques. Couplés aux projets scolaires et pédagogiques des théâtres d’opéra, destinés aux enfants et adolescents, les clubs publics jeunes ne sont pas de simples variations commerciales pour faire mousser les ventes en billetterie mais une démarche complexe pour fidéliser un public extrêmement volatile et mieux le connaître. Sur l’initiative des directions d’opéra ou des jeunes publics eux-mêmes, ils proposent à la génération montante des opportunités de rencontres, de formation, de découvertes et d’échanges essentielles à la connaissance des genres lyrique et chorégraphique. C’est dans cet esprit qu’en 2008, le Grand Théâtre de Genève a fondé son propre club pour les publics jeunes, Labo-M, en le dotant d’un poste à temps partiel dans son personnel pour assurer sa gestion et son animation. Très rapidement, l’effectif des adhérents dépasse la centaine, grâce à des opérations de proximité dans les institutions d’enseignement supérieur et une équipe de relais bénévoles, recrutés parmi les jeunes abonnés du Grand Théâtre. À la fin de la saison 2010-2011, les adhérents Labo-M atteignent le nombre de 270, dont plus des trois-quarts sont des jeunes femmes. L’âge le plus représenté dans la pyramide Labo-M est de 21 ans (avec 13% des adhérents). Plus de trois-quarts des adhérents Labo-M sont également abonnés du Grand Théâtre, mais l’adhésion gratuite au club ces dernières deux saisons a également attiré de nombreuses inscriptions de la part de jeunes, sans doute pas assez passionnés pour oser l’abonnement mais suffisamment curieux pour tenter l’expérience. Preuve que Labo-M a su, dès le départ, accomplir ses premiers objectifs: créer un réseau genevois de jeunes amateurs d’opéra et de ballet, ainsi qu’une émulation jeune autour des arts de la scène et d’alimenter cette dynamique. Les avantages proposés aux adhérents Labo-M sont variés. Ils sont de nature tant commerciale que socioéducative et conviviale. Dans ce dernier domaine, les rencontres Labo-M, moments d’échange avec interprètes ou équipes artistiques des diverses productions, souvent in situ au milieu du décor sur le plateau, sont particulièrement populaires. L’accès gratuit aux conférences de l’Association genevoise des amis de l’opéra et du ballet offre aux adhérents Labo-M des perspectives approfondie sur les œuvres de la saison. L’intégration à la vie du Grand Théâtre se fait de manière à la fois informelle, lorsque les adhérents Labo-M se retrouvent lors des entractes des représentations, et formelle lorsqu’on leur propose de s’inscrire sur la liste des invités aux réceptions de première. Le sentiment de participer à une mouvance qui dépasse de loin les murs de la cité est présent par l’accueil, depuis ACT.0 | 8

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trois saisons, de membres d’autres clubs et associations de jeunes d’institutions lyriques européennes, par le réseau Juvenilia, lors de fins de semaine où la programmation du Grand Théâtre est particulièrement riche. En tsfévrier ignemen Rense 2010, par exemple, dix-neuf membres de Juvenilia ont saisi l’occasion exceptionnelle d’un tiercé opéra-récital-ballet (Lulu, Récital Simon Keenlyside, Être/Dov’è la luna), forfait aménagé pour eux par la billetterie du Grand Théâtre. Il est certain que l’aspect commercial est également essentiel à une offre attractive pour les jeunes adultes. Administré depuis le secteur communication et marketing du Grand Théâtre, en étroite collaboration avec la billetterie, Labo-M doit pouvoir renouveler chaque saison sa panoplie de prestations et compter sur une réflexion permanente à propos des exigences des publics jeunes. À ce titre, l’engagement bénévole des relais Labo-M est essentiel. À mi-chemin entre le groupe-focus et l’équipe de multiplicateurs, les relais servent de pierre de touche à l’administration du Grand Théâtre pour assurer la pertinence de ses opérations cherchant à toucher les jeunes adultes. Un bel exemple de cette dynamique mutuelle est la création, pour la saison 2011-2012, de l’Abo-M, un abonnement proposant cinq productions et un récital aux jeunes de 18 à 30 ans. Sensibles au fait que les tarifs jeunes du Grand Théâtre ne sont pas accessibles au jeunes de plus de 26 ans non étudiants (37% de l’effectif des adhérents Labo-M) , les relais n’ont eu cesse de rappeler aux responsables de la commercialisation l’importance d’une offre tarifaire adaptée aux 26-30 ans. Avec l’Abo-M, cette lacune est, en partie, comblée. La saison 2011-2012 de Labo-M commencera dès la fin août. Elle proposera pour la première fois, des rencontres à l’accent particulièrement musical, avec un chef d’orchestre, John Fiore, pour Andrea Chénier et un duo compositeur-librettiste, Giorgio Battistelli et Ian Burton, pour Richard III. Des synergies avec les activités du Cercle du Grand Théâtre, un nouveau programme Juvenilia, une cotisation pour les nonabonnés incluant deux représentations gratuites en last minute, ainsi que les traditionnelles rencontres scéniques et techniques figurent au menu. Il ne reste donc qu’à formuler le souhait que les adhérents Labo-M continuent de croître en nombre et qu’ils se fassent de beaux souvenirs de jeunesse dans ce Grand Théâtre qu’ils vont longtemps fréquenter. ChP

Le public des jeunes adultes au Grand Théâtre a le vent dans les voiles

n municatio vice Com nes | Ser Public jeu âtre de Genève CP 5126 Grand Thé du Théâtre | rd leva Bou 11 11 Genève CH-1211 418 31 50 pera.ch T +41 22 . @geneveo ® labo-m o-M sur res de Lab ne les memb tar if jeu . contrez et accès au nd Théâtre vez ren ans ont r du Gra Retrou es au cœu ins de 18 mo jeun de Les larisés agogique nes sco mme péd Les jeu u progra ainsi qu’a

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Le dépliant présentant la nouvelle saison 11-12 de Labo-M est à votre disposition dans le hall du Grand Théâtre.

Remerciements particuliers à l’équipe des relais Labo-M 10‑11 pour leur disponibilité et leur engagement : Julie Wynne, Pilar Reina, Laura Mancilla, Laetitia Gratton Fourcade, Camille Loup, Saskia Jarrell, Adriano Pitteri, Gaël Constantin, Alessandro Paoletti, Elio Bonalume, Alexander Wolhoff et Shahrooz Zarei.

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visite guidée

par Kathereen Abhervé

Beaux arts !

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© GTG / CArole Parodi

ous les Genevois et particulièrement les mélomanes qui fréquentent le Grand Théâtre, connaissent cet édifice imposant de pierre et de molasse dressant fièrement sa façade sur la Place Neuve, entre le Musée Rath et le Conservatoire de Musique. Tout le monde connaît ce fleuron de l’art lyrique bâti au pied de la Vieille Ville, face au parc des Bastions. Du moins croient-ils le connaître. Savent-ils, lorsqu’ils passent devant ce bâtiment familier, à pied, en voiture, à vélo ou dans le petit train blanc de l’office de tourisme, qu’il fut construit entre 1875 et 1879 grâce à l’héritage inespéré du duc Charles de Brunswick. Il remplaça le Théâtre de Neuve construit un siècle plus tôt, dont la scène et la fosse d’orchestre étaient très rapidement devenues obsolètes et inadaptées aux spectacles programmés. Il paraît même que les musiciens devaient ramper pour atteindre la fosse... Ce théâtre avait pourtant accueilli des ouvrages de Donizetti, Rossini et Weber quoique le public d’alors leur préférât le répertoire français. Les opéras de Meyerbeer, d’Auber et de Gounod y furent programmés.

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Un joyau de style Second Empire Inauguré en 1879, le Grand Théâtre, à la pointe du progrès technique, plus spacieux, plus en conformité avec le prestige grandissant de la ville et en meilleure adéquation avec les goûts de la grande bourgeoisie de la fin du XIXe siècle, devint l’une des scènes lyriques les plus renommées d’Europe. Une réputation qu’il n’a cessé d’entretenir depuis plus d’un siècle. Les Genevois sont fiers de leur « Opéra », mais ontil seulement pris le temps de le regarder ? D’en contempler l’élégante façade de style Second Empire percée de hautes fenêtres ouvrant sur des balcons ? D’en admirer les colonnes de marbre gris et le fronton de marbre blanc ? De remarquer, après avoir gravi les quelques marches qui mènent au perron, les quatre sculptures allégoriques représentant la Comédie, la Danse, la Musique et la Tragédie qui accueillent stoïquement le public depuis plus de 130 ans ? Le poignard de la tragédienne et la lyre de la musicienne disparaissent d’ailleurs régulièrement, emportés comme souvenir par des touristes peu scrupuleux. Lorsque les lourdes portes sont ouvertes, curieux et passants tentent souvent un petit coup d’œil à l’intérieur. De la décoration somptueuse réalisée par les artistes, peintres et sculpteurs du XIXe siècle, il ne reste qu’un magnifique escalier de marbre rose à double volée et un luxueux foyer de style Louis XIV dont la splendeur rappelle la célèbre Galerie d’Apollon du Louvre. Les spectateurs du Grand Théâtre connaissent bien cette salle qui les accueille durant les entractes. Les visiteurs, quant à eux, sont littéralement éblouis par les stucs et les ors, le plafond peint, les grands miroirs, les lustres de bronze et de cristal et le parquet en marqueterie qui donne envie de valser ! La salle de spectacle est d’une autre époque. La faute à un incendie qui, le 1er mai 1951, dévasta une partie du

Grand Théâtre, consumant la scène, la fosse d’orchestre et endommageant sérieusement la salle. On répétait La Walkyrie de Wagner et les exercices pyrotechniques déployés pour emprisonner la jeune rebelle furent fatals au théâtre qui resta fermé pendant 11 ans. Le Grand Théâtre renaît de ses cendres Ce désastre eut toutefois l’avantage de reconsidérer l’architecture de la salle et de moderniser la machinerie. La salle de spectacle, bien qu’ayant perdu sa forme à l’italienne, ses dorures et ses petites loges, offre depuis 1962, aux 1500 spectateurs, une visibilité totale quelle que soit leur place. Les ors ont disparu au profit du bois de palissandre dont les murs furent recouverts, garantissant une acoustique exceptionnelle et conférant à la salle une certaine austérité. Les visiteurs sont alors fascinés par la voûte dorée du plafond éclairée par une spirale étoilée évoquant la voix lactée. Cet impressionnant toit de métal constitué de plaques d’aluminium rehaussées de feuilles d’or et d’argent, a été conçu par l’artiste polonais Jacek Styjenski décédé avant d’avoir vu la réalisation de son œuvre. Percée d’orifices lumineux en verre de Murano, ce plafond métallique concave se prolonge à la verticale par un monumental rideau de feu de près de 17 tonnes servant à fermer l’espace scénique. Une scène moderne Lorsqu’il n’y a pas de répétition, de réglage lumières, de montage ou démontage de décors, on sollicite l’un des techniciens disponible pour nous conduire sur le plateau, dans les coulisses et dans les dessous de scène afin de nous en dévoiler les secrets. La visite est déconcertante. Au-dessus du plateau, le plus grand de Suisse, une cage de scène de 30 mètres de haut permet d’accueillir des équipes de projecteurs et de puissantes perches capables de soulever des toiles peintes et des décors de plusieurs tonnes. Mais les décors peuvent également disparaître en quelques secondes sous la scène grâce à six ponts montés sur vérins hydrauliques. La descente dans les dessous de scène, à une profondeur de 13 mètres est une étrange aventure et les visiteurs qui ont le fait le voyage, frissonnent au fond de ce gouffre, à l’idée d’approcher de la demeure de Hadès. Mais malgré leur technologie de pointe, ces installations des années 60 font l’objet de fréquentes réparations et modernisations qui obligent le théâtre à fermer ses portes durant des périodes plus ou moins longues. Explorer le Grand Théâtre est une formidable aventure, une sorte de plongée au cœur d’une fourmilière qui permet de découvrir la face cachée d’un monde complexe et tout à fait passionnant. Toutefois cette découverte resterait incomplète si l’on ne rendait pas visite aux nombreux artisans qui, dans les ateliers, dessinent et construisent les immenses décors, les peignent, confectionnent chaussures, costumes et accessoires. Après une telle visite, le monde du spectacle n’aura plus de secrets pour vous ! KA

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CHOISIR LE TEMPS, CULTIVER L’ÉCRIT

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Le ménestrel au Grand Théâtre

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d ACTqu par Carlos Carrillo

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e Ménestrel, le magasin spécialisé dans la musique classique le plus ancien de Genève, connu dès les années cinquante pour ses partitions, et aujourd’hui pour son choix de disques, s’est vu dans l’obligation de quitter les locaux pleins de charme qu’il a occupés au Quai de l’Ile pendant plus d’un siècle. C’est dans une petite arcade de la rue des CorpsSaints, dans le quartier historique de Saint-Gervais, qu’il s’est installé à l’automne 2008, à côté de l’Auberge de la Mère Royaume. Il y côtoie des enseignes pittoresques dont un luthier, la fameuse épicerie orientale Lyzamir, l’Imprimerie des Arts, la brocante « Au Vieux Saint-Gervais », et le dernier grainier de Genève. Successeur de Walter Wolf, réputé pour ses connaissances et ses conseils, Carlos Carrillo vous accueille au Ménestrel avec son enthousiasme et sa fougue tout latino-américaine. La saison 2011-2012 du Grand Théâtre verra Le Ménestrel rouvrir la boutique musicale du Grand Théâtre, les soirs de représentations, à côté du bar. En plus des CD et des DVD relatifs à l’œuvre et aux artistes à l’affiche, vous trouverez un choix

d’enregistrements de qualité pour les opéras et les ballets les plus importants du répertoire ainsi que pour les grandes voix de la scène lyrique. Vous pourrez toujours commander des enregistrements rares ou absents de l’étalage, et en prendre livraison au Grand Théâtre, lors d’un prochain spectacle, ou au magasin de la rue des Corps-Saints, ou même directement à votre domicile, par courrier postal. Bien entendu, en dehors des soirs de spectacle au Grand Théâtre, vous serez les bienvenus à la rue des Corps-Saints où vous pourrez écouter quelques plages ou visionner des extraits d’œuvres que vous souhaiteriez acquérir. Pour rendre votre recherche plus intéressante, le stock est ordonné par année de naissance des compositeurs. Vous trouverez donc d’abord la musique médiévale, puis celle de la Renaissance, suivie des musiques baroque, classique, romantique, et finalement celles des XXe et XXIe siècles. Les amateurs de vinyles pourront obtenir un fichier répertoriant plusieurs milliers de disques d’occasion, dont un certain nombre de raretés, qui ne sont malheureusement pas visibles au magasin, faute de place. CC

L’ensemble contrechamps au grand théâtre

© DR

Beaux airs !

par Matthieu Poncet

À

l’image d’une suite de dessins ou de gravures qui irait au plus près de la réflexion artistique d’un peintre, la musique de chambre a toujours été l’un des lieux privilégiés et de révélation du cheminement musical. C’est en effet dans ce répertoire qu’apparaît de façon lumineuse l’évolution des enjeux stylistiques des compositeurs et que les émotions communes aux individus se partagent intimement. Ainsi, depuis de nombreuses années, l’Ensemble Contrechamps tient à offrir à ses publics une programmation dans laquelle ce répertoire, en association avec des opus dirigés de plus grands formats, permet de tracer un portrait pluriel des compositeurs de notre temps. Par ailleurs, et comme chaque mélomane peut naturellement le vérifier en toute occasion, la qualité acoustique dans laquelle se déploie le phénomène sonore est – à l’aune de l’engagement des instrumentistes qui participent à ces concerts – un des acteurs essentiels qui permettent à l’auditeur de vivre au mieux cette aventure auditive si personnelle. Comme d’autre part, lors des deux saisons passées, le Grand Théâtre de Genève et le Musée d’art et d’histoire de Genève, ont toujours manifesté un vif intérêt à nos diverses propositions, cela grâce notamment à la ACT.0 | 8

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qualité d’écoute des directions de ces deux institutions et à l’entrain de leurs équipes, nous pouvons dorénavant inscrire nos choix programmatiques concernant ce répertoire dans un environnement acoustique et culturel qui réponde totalement aux enjeux de la contemporanéité. Contrechamps a par conséquent le plaisir de vous annoncer que lors de notre saison 11-12, un abonnement spécifique de musique de chambre vous sera proposé, en coproduction avec le Grand Théâtre de Genève et le Musée d’art et d’histoire de Genève. Enfin nous souhaiterions affirmer que, dans l’optique d’une démarche pérenne, le but de cette programmation ne sera pas de réaliser des projets événementiels, mais bien de tendre des passerelles qui, se focalisant sur la thématique de ces deux institutions, feront résonner les fils ténus qui de génération en génération, d’esthétique en esthétique, révèlent les communautés d’esprits et les enjeux voisins propres à la création. MP

© DR

Le Foyer accueille...

Les trois concerts au Grand Théâtre Autour d’Igor Stravinski Dimanche 2 octobre 2011 à 11 h Autour de Bohuslav Martinu Dimanche 4 mars 2012 à 11 h Dramaturgie Dimanche 3 juin 2012 à 11 h

Au Musée d’art et d’histoire Le POrtrait Dimanche 29 janvier 2012 à 11 h La lumière Dimanche 29 avril 2012 à 11 h

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Soirée Ballets Russes

Pina Bausch

Für die Kinder von gestern, heute und morgen

Trois créations mondiales

Tanztheater Wuppertal Mise en scène et chorégraphie Pina Bausch scénographie Peter Bapst costumes Marion Cito Collaborations musicales matthias Burkert, andreas Eisenschneider Au BFM 27 | 28 | 29 octobre 2011 à 20 h 30 octobre 2011 à 15 h

Les Sylphides

Musique de Frédéric Chopin

Le Spectre de la Rose

Musique de Carl Maria von Weber

Chorégraphies de Benjamin Millepied Scénographie et costumes Paul Cox Lumières Madjid Hakimi

Petrouchka

Musique de Igor Stravinski

opéra

Die Entführung aus dem Serail

Chorégraphie & scénographie de Laurence Yadi & Nicolas Cantillon Costumes Philippe Combeau Lumières Patrick Riou

L’enlèvement au sérail

Komisches Singspiel en trois actes de Wolgang Amadeus Mozart Au Grand Théâtre 16 | 18 | 22 | 25 novembre 2011 à 20 h 20 | 27 novembre 2011 à 15 h Direction musicale Johnathan Darlington Mise en scène Mira Bartov Décors Gunnar Ekman Costumes Kajsa Larsson Lumières Kristin Bredal Chœur Ching-Lien Wu Avec Laura Claycomb (Konstanze), Daniel Behle (Belmonte), Peter Rose (Osmin), Olga Peretyatko (Blonchen), Norbert Ernst (Pedrillo), Peter Nikolaus Kante (Selim) Chœur du Grand Théâtre Orchestre de la Suisse Romande Nouvelle production

Au Grand Théâtre 11 | 13 | 14 | 15 octobre 2011 à 20 h 16 octobre 2011 à 15 h Ballet du Grand Théâtre Orchestre de la Suisse Romande Direction musicale David Parry

spectacle

La petite zauberflöte

Papageno raconte La Flûte enchantée en français

chant

66 Concours de Genève e

Au Grand Théâtre

Demi-finale

17 novembre 2011 à 20 h

Finale

21 novembre 2011 à 20 h

D’après l’opéra en deux actes de Wolfgang Amadeus Mozart. Au Théâtre Les Salons 20 | 21 octobre 2011 à 14 h (scolaires) 22 | 23 octobre 2011 à 14 h 30 23 octobre 2011 à 17 h Direction musicale Philippe Béran Mise en scène Ulrich Peter Décors & costumes Luigi Perego Lumières Simon Trottet

Récital

MArlis petersen

Soprano

Piano Jendrik Springer Au Grand Théâtre 26 novembre 2011 à 20 h

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