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saison 09 10
N°
Verdi
| N°0 | septembre 2009 |
Le cercle du grand Théâtre et le grand Théâtre de GEnève présentent :
¡ te quiero !
Dimitri
José Luis Gómez met en scène Simon Boccanegra
Le conteur Kelemenis
en marche
Flicka
revient
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Mythe N° 4
RIEN NE RESSEMBLE PLUS À UNE BANQUE QU’UNE AUTRE BANQUE Faux! En tant que plus ancienne banque suisse, nous bénéficions d’une longue expérience et d’une expertise reconnue. En 268 ans d’histoire, nous avons vu les périodes d’euphorie et de joyeuse insouciance succéder aux guerres, aux révolutions, aux crises économiques et aux krachs boursiers. Pourtant, nous sommes toujours là! Et nos clients qui ont vu leur patrimoine fructifier au fil des générations aussi. Nous serions heureux de vous rencontrer et de vous démontrer à quel point nous sommes différents. Genève: téléphone 022 307 21 21 ou geneve@ge.wegelin.ch Lausanne: téléphone 021 213 25 25 ou lausanne@vd.wegelin.ch www.wegelin.ch
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> edito
« Il n’y a de simple que l’hypocrisie et la routine. » Jean Giraudoux
Surpris
, étonnés, voire déçus de ne pas retrouver La Grange, le journal du Grand Théâtre ? Peut-être le temps était-il venu de changer le concept et l’aspect du journal avec l’arrivée d’une nouvelle direction et d’une nouvelle équipe ? Désormais votre magazine portera le nom d’ACT·O, une référence au monde théâtral où très souvent les œuvres sont divisées en actes et à l’action, mais également une présence forte de ceux qui sont à l’origine du journal et qui en permettent sa réalisation : Le Cercle du Grand Théâtre. Chez Aristote, un bloc de marbre recèle en puissance une infinité de statues, mais une seule en émergera et ce, grâce à l’acte humain qui donne sa forme au monde. Ainsi notre vie est-elle ponctuée par des actes aux possibles multiples. A la fois et semblable aux revues et magazines qui s’accumulent dans les kiosques, ACT·O se veut un outil de communication et de dialogue, pour participer encore davantage à la vie de votre institution. Tout en restant ludique, il se voudra et incontournable afin de vous ouvrir grand les portes du monde Le numéro O qui se trouve entre vos mains est le premier d’une série que nous espérons longue et enrichissante. Il n’a probablement pas encore acquis sa forme définitive, mais laissons-lui le temps de grandir et d’évoluer. Ce numéro vous fera rencontrer des personnages et des équipes clefs dans la vie d’un théâtre. Des personnes qui n'apparaissent que trop rarement sous les feux de la rampe, mais sans qui une scène ne pourrait s’animer. Ils agissent dans la discrétion mais avec efficacité au sein d’une grande famille dont le souci premier est de vous plaire et de vous distraire. Tout changement bouscule des habitudes et suscite des commentaires. Changer ce n’est pas forcément remettre en cause ou condamner ce qui a existé. Très souvent, le changement contribue à donner une nouvelle vie, de nouveaux éclairages et redynamise la motivation. Laissez-vous tenter, et sillonnez avec nous et Le Cercle du Grand Théâtre d’autres routes pour partager encore davantage la vie de votre maison. TR
différent
ambitieux
Saison 09 | 10 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | ACT.0
lyrique.
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Sotheby’s offers the finest art and collectibles to the world’s most discerning buyers.
Edgar Degas Petite danseuse de quatorze ans ESTIMATION 14.8 – 19.8 MILLIONS CHF ADJUGÉ 21.8 MILLIONS CHF LE 3 FÉVRIER 2009 À LONDRES
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HAUTE JOAILLERIE ET HORLOGERIE
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ACT.0 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | Saison 09 | 10
Somme-ère Voici la somme d’une nouvelle ère pour un magazine que nous avons voulu éclectique au possible
BUZZ OP pp.4-6 Quoi de neuf dans le monde de l’opéra à Genève et ailleurs
WHAT’S ON p.7 Events and premieres on major opera stages across the world
OPERATION pp.8-13 Et si on vous disait tout sur Simon Boccanegra ?
PLEIN FEUX pp.14-15 Vision d’un grand théâtre espagnol : le Liceu de Barcelone
BALLET pp. 16-17 Un programme tout nouveau tout beau
CONTACTS Grand Théâtre de Genève
LE CERCLE pp.18-19 Le Cercle, fidèle partenaire du Grand Théâtre
11, bd du Théâtre CP 5126 CH-1211 Genève 11 T +41 22 418 30 00 F +41 22 418 30 01
HOMMAGE pp. 20-21 Pina Bausch, Merce Cunningham, deux monstres sacrés nous ont quitté
grandtheatre@geneveopera.ch www.geneveopera.ch IMPRESSUM Directeur de la publication Tobias Richter Ont collaboré à ce numéro: Mona Zouhir, Philippe Cohen, Daniel Dollé, Alain Perroux, Jon Tolansky, Kathereen Abhervé, Christopher Park
EN COULISSES pp.22-24 L’équipe technique du Grand Théâtre sous la lumière
ON STAGE pp.25-27 - Etre Gidon Kremer ou ne pas être, tel est l’humour de la question. - Flicka, une voix légendaire
Coordination Illyria Pfyffer Direction artistique Aimery Chaigne (csm sa) Impression m+h genève Parutions 4 éditions par année. Achevé d’imprimer en septembre 2009 Image de la couverture et du sommaire: Portrait de Guiseppe Verdi (1813-1901) de Giovanni Boldini (1842-1931) © THE BRIDGEMAN ART LIBRARY
SPECTACLE pp.28-29 Dimitri est formel : le diable est de retour
DIDACTIQUE pp.30-31 Les enfants ont la parole
24H p.32 Dans la vie de Ching-Lien Wu
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buzzop >DD
Verdi et la politique…
La création
« J'aurais aimé une politique plus généreuse, j'aurais aimé que l'on payât une dette de reconnaissance. Cent mille des nôtres pouvaient peut-être sauver la France et nous en même temps. Quoi qu'il en soit, j'aurais préféré nous voir signer la paix, vaincus aux côtés des Français, plutôt que cette inertie qui nous fera mépriser un jour. » Giuseppe Verdi
de Simon Boccanegra à La Fenice
« J’ai eu à Venise un fiasco aussi GTG/Mario del Curto
grand que celui de La Traviata. Je croyais avoir fait quelque chose de passable, mais il semble que je me sois trompé. » G. Verdi au moment de la création de Simon Boccanegra en 1857
On demande la lune Il y a quarante ans déjà. Cependant la lune, ce satellite de la terre, intrigue et intéresse les hommes depuis des lustres. Lucien de Samosate, un sophiste du IIème siècle, satiriste et rhéteur d’Asie Mineure, écrit Voyage dans la Lune. Dans son prologue, il prévient qu’ il ne dira rien de vrai ! Plus près de nous, Hergé et son héros Tintin
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nous font aussi marcher sur la lune... Les compositeurs également ne restent pas indifférents à la magie de cet astre symbole du féminin. En 1777, Joseph Haydn compose un opéra pétillant, Il mondo della luna. Au mois d’avril 2008, le public du Grand Théâtre fait la connaissance de Monsieur Brouček né de la
plume de LeoŠ JanáČek. Le 20 juillet 1969, le rêve est devenu réalité, Neil Armstrong a marché sur la lune. L’humanité s’invente de nouveaux défis, mais la poésie reste…
ACT.0 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | Saison 09 | 10
DR
« La seule idée que les Autrichiens pourraient venir ici me ferait courir à des milliers de kilomètres sans reprendre mon souffle, pour ne pas voir leurs sales gueules. » Giuseppe Verdi
© philippe combeau
Verdi, un artiste engagé ? Préméditation ou subversion par le contexte historique ? ou alors tout n’est-il que farce ?
Sergueï Prokofiev à propos de Cendrillon «… je vois Cendrillon non seulement comme un personnage de conte de fées mais également comme une personne en chair et en os qui ressent et vit parmi nous »; « Ce que j'ai voulu exprimer avant tout par la musique de Cendrillon est l'amour poétique de Cendrillon et du Prince, la naissance et l'éclosion de cet amour, les obstacles dressés sur son chemin et, finalement, l'accomplissement d'un rêve.»
Les Japonais ont-ils fait mieux que Walt Disney ? Rendez-vous au Grand Théâtre pour rencontrer la Cendrillon de Michel Kelemenis et du Ballet du Grand Théâtre.
Valse la vie quand tu souris, Ma jolie Cendrillon, Mais tout n'est pas si facile, Quand on est Cendrillon. Ta vie n'est qu'un tourbillon, Tu connais la leçon. Même quand un joli garçon, T'embrasse, Cendrillon. L'aventure vous tend les bras Et le danger guette vos pas, Mais à deux on est plus fort, Ma jolie Cendrillon. Valse, valse et tourbillonne, Heureuse Cendrillon, Moi je veillerai sur toi. Le temps passe et n'attends pas, N'oublie pas notre contrat. Valse la vie quand tu souris, Ma jolie Cendrillon, Un jour tout sera facile, Ma jolie Cendrillon.
Maquette des costumes de Philippe Combeau
En verre ou en vair ?
Paroles de la chanson générique de Cinderella monogatari Série TV en 26 épisodes Production ItaloJaponaise : Tatsunoko, Mondo TV
Dans les contes et légendes du pays d’Oc, on apprend que les conteurs occitans terminaient leur conte de la manière suivante : Cric, crac ! Mon conte es acabat Abió un escloupoun de veire Se l’abio pas trincat Aro lou vous farió veser Cric, crac, mon conte est achevé J’avais un petit sabot de verre Si je ne l’avais pas brisé, Je vous le ferais voir Mais est-ce bien raisonnable d’aller au bal avec des pantoufles, de surcroît en verre ? Saison 09 | 10 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | ACT.0
Le doge de Gênes et Louis XIV
En 1685, aux termes d’un traité signé à Versailles le 12 février, le doge est chargé de porter à Louis XIV les excuses de la république : « l’accident le plus fatal, le plus funeste que ma république pût jamais éprouver, a été d’avoir pu offenser Votre Majesté. » Reçu dans la galerie des Glaces, on interroge le doge sur ce qui l’avait surpris à Versailles, il répondit, « C’est de m’y voir… »
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> contretemps l'heure musicale émission sur RSR - Espace 2
rencontre avec : Heinz Holliger et Philippe Albèra Ensemble Contrechamps Au Grand Théâtre, 1er novembre 2009 à 17h
Septantième Avec l’Ensemble Contrechamps et le Grand Théâtre, fêtez le septantième anniversaire
DR
de Heinz Holliger, le 1er novembre
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«Je suis l'interprète que je suis parce
que compositeur, et je suis le compositeur que je suis car interprète; les deux sont indissociables.
»
«…J'ai peu de temps pour écrire, alors je me
concentre jour et nuit durant des semaines et j'évacue les tensions intérieures acquises durant ce travail en donnant des concerts, en retrouvant mon souffle sur scène. Une sorte d'hygiène psychologique ! Le compositeur est un être tellement isolé.
»
heinz holliger
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Lauréat en 1959 du fameux Concours international de Genève, Heinz Holliger est certainement le hautboïste le plus célèbre au monde. De nombreux compositeurs lui ont dédié des œuvres dont il a assuré la création, entre autres, Berio, Carter, Ligeti, Lutoslawski et Stockhausen. Ne parler que de l’instrumentiste serait oublier qu’il est également chef d’orchestre, compositeur et pédagogue. C’est avec Pierre Boulez qu’il étudie la composition. Inlassable et infatigable travailleur, il vit sa passion intensément. Difficile d’énumérer toutes les distinctions qui l’honorent tout au long de sa carrière. Au disque, il nous donne à entendre des œuvres pour l’instrument dont il est probablement le maître absolu. Ses compositions sont nombreuses et variées et s’adressent aux formations instrumentales les plus diverses. Au cours de la saison 1993/1994, il est compositeur en résidence à l’Orchestre de la Suisse Romande; en 1998, il est compositeur en résidence au Festival de Lucerne. Auteur d’un opéra, Schneewittchen (Blanche-Neige) en 5 scènes avec 1 prologue et un épilogue, il participe également en tant que chef à la tête de l’Orchestre de la Suisse Romande à Ombres, un documentaire d’Edna Politi: naissance du « Concerto pour violon – Hommage à Louis Soutter » de Heinz Holliger.
Le 4 août 2009 les célèbres Proms à Londres ont marqué l’anniversaire de Heinz Holliger. Thierry Fischer, à la tête du BBC national Orchestra of Wales a interprété (S)ira(ó), une œuvre composée entre 1992 et 1993. Il s’agit d’un hommage à l’un de ses maîtres qui venait de décéder, Sándor Veress, un élève de Zoltán Kodály et de Béla BartÓk. Alors, rendez vous au Grand Théâtre le 1er novembre pour voir ou revoir une vingtaine d’œuvres de Louis Soutter. Vous aurez aussi l’occasion de mieux connaître ce peintre grâce à la conférence de Michel Thévoz. A 17h vous pourrez assister à l’enregistrement en direct de l’émission Contretemps – l’heure musicale RSR-Espace 2 en présence de Heinz Holliger. Au cours de cette émission vous pourrez entendre des œuvres du compositeur avec la participation de l’Ensemble Contrechamps : Sonata, Induuchlen, Piano Quintet et Sieben Stücke. Le 30 octobre au Victoria Hall vous pourrez assister à un hommage à Louis Soutter avec l’Orchestre de Chambre de Laussane et l’Ensemble Contrechamps ! placés sous la direction de Heinz Holliger. >DD
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What's on W
agner's Tristan und Isolde receives a new production at the Royal Opera House, Covent Garden on September 29, and October 2, 5, 9, 15 and 18. Antonio Pappano, Music Director of The Royal Opera, conducts and the Stage Director is Christof Loy. The designer is Johannes Leiackerand and lighting is by Olaf Winter. Ben Heppner sings the role of Tristan and Nina Stemme is Isolde, while the part of Brangäne is taken by Sophie Koch. Michael Volle is cast as Kurwenal, Matti Salminen is King Marke, and Richard Berkeley-Steele takes the part of Melot. This is a coproduction with Houston Opera, and it is set to attract a substantial amount of interest with a principal cast and conductor of such high acclaim.
he Opera National de Paris is presenting Korngold's Die Tote Stadt at the Opera Bastille on October 3, 9, 13, 16, 19, 22, 24 and 27. Directing this hallucinatory tour-de-force, a formidable challenge to stage, is Willy Decker,
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anáček’s From the House of the Dead receives its The Metropolitan Opera (New York) premiere on November 12 in a new production by Patrice Chereau, with Esa-Pekka Salonen conducting. Peter Mattei sings the role of Shishkov, Stefan Margita is Filka Morozov, Kurt Streit is cast as Skuratov, Peter Hoare takes the part of Shapkin, and Willard White is cast as Gorianchikov. Set designs are by Richard Peduzzi,
the associate director is Thierry Thieû Niang, the costume designer is Caroline de Vivaise, and the lighting designer is Bertrand Couderc. The opera is based on a story of Fedor Dostoyevsky and it takes place in a Russian prison camp. Patrice Chereau says “The prison camp is a different society, parallel to ours, but there are many similarities between the two. Power, relationships, humiliation, and passion
– all those things exist in both worlds.” The production is mounted by the Metropolitan Opera and the Wiener Festwochen, in co-production with the Holland Festival, Amsterdam, the Festival d’Aix-en-Provence, and the Teatro alla Scala, Milan. >JT
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DR
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the conductor is Pinchas Steinberg, decors and costumes are by Wolfgang Gussman, lighting is by Wolfgang Goebbel, and the choreography is by Athol Farmer. Robert Dean Smith takes the role of Paul who obsessionally clings to the memory of his dead wife, Ricarda Merbeth is Marietta, the dancer in whom Paul thinks, at first, that his wife has been reborn, and Stéphane Degout takes the roles of Frank and Fritz. This is a co-production of l’Opéra National de Paris, the Wiener Staatsoper and the Salzburg Festival.
GTG/MAGALI DOUGADOS
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WHAT'S ON THAT'S SPECIAL AROUND THE WORLD
new production of Berlioz's epic scale Les Troyens opens at the Palau de les Arts Reina Sofia in Valencia on October 31 2009, with further performances on November 3, 6, 8 and 12. This is a co-production with the Mariinsky Theatre in Saint-Petersburg and Teatr Wielki (Opera Narodowa) in Warsaw, and the Mariinsky Theatre's celebrated General Director and Artistic Director Valery Gergiev is the conductor. The stage director is La Fura dels Baus (Carlus Padrissa is his real name) and included in the cast are Stephen Gould as Énée, Veronica Simeoni and Elena Zhidkova sharing the role of Didon, Gabriele Viviani as Chorèbe, and Elisabete Matos as Cassandre. Even today, performances of Les Troyens are not frequent on account of the work's vast size, and here is an opportunity to see it in the very new “state-ofthe-art” environment of the Palau de les Arts Reina Sofia, which opened just four years ago.
Les Troyens Grand Théâtre de Genève 07 08 Season Staging by Yannis Kokkos
L e G ra n d T h é â t r e de Genève n’oublie pas… LILIANE MARTINEZ Au début du mois d’août une longue maladie l’a emporté sur son courage et sa détermination. Elle commence sa carrière professionnelle au TNP à Villeurbanne avant de la poursuivre dans des institutions culturelles nationales et internationales. Lorsque Jean-Marie Blanchard prend la direction du Grand Théâtre, Liliane Martinez fait partie de son équipe afin d’initier de nouvelles stratégies. Sa personnalité, son charisme et sa grande disponibilité ont marqué les deux saisons qu’elle a passé à Genève. Deux saisons seulement, mais que d’énergie et d’enthousiasme ! Sa passion s’appelle théâtre, danse et musique et elle appartenait aux artistes et au public qui la reconnaissaient et l’appréciaient. En 2003, suite à un grand dilemme, elle décide de retourner au TNP en tant que codirectrice avec Christian Schiaretti. Ceux qui l’ont rencontrée, côtoyée ou connue ne pourront jamais l’oublier. WALTER PRACCHIA Sa passion, la scène, de formation ingénieur, il arrive en Suisse et se tourne immédiatement vers les métiers de la scène. Il y a 35 ans qu’il a intégré le Grand Théâtre de Genève en tant qu‘électricien. Viendra une escapade à la Comédie de Genève, nommé responsable des lumières, il travaillera pendant 20 ans au contact des plus grands metteurs en scène à Genève ou en tournée à l’étranger. En 1999, il revient à ses premières amours; il retrouve le Grand Théâtre où il est nommé sous-chef électricien. Il savait enthousiasmer et embraser son auditoire lorsqu’il parlait de son métier. Ses collègues directs, ou indirects, ne tarissent pas d’éloges sur son professionnalisme, sa disponibilité et sa gentillesse. Le 20 juin, un phare s’est éteint, mais il marquera encore longtemps les mémoires.
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Finale du prologue Simon Boccanegra coproduction Gran Teatre del Liceu Grand Théâtre de Genève
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ACT.0 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | Saison 09 | 10
Doge ? Duce ? Dogat ? Dogaresse ?
Opération
À Gênes, la rivale de Venise, à l’époque ou les querelles des Guelfes et des Gibelins bouleversent l’Italie entière, dans le peuple las de passer une existence au milieu des crimes et des angoisses de toute nature, une voix inconnue s’élève : « Nous ne voulons plus du gouvernement des capitaines, il nous faut un abbé du peuple, et c’est Simon Boccanegra que nous choisissons. » D’abord étonnés, les Génois se mettent à crier « Oui, oui, que Boccanegra soit notre abbé ! » Boccanegra proteste et réplique qu’il ne se sent pas digne d’un tel honneur. La foule insiste : « Eh bien, qu’il soit seigneur de la ville ! » Boccanegra refuse encore, une voix s’élève encore : « Qu’il soit le doge perpétuel !» Le peuple acclame, Simon accepte. C’est ainsi qu’en 1339 naquit à Gênes le gouvernement des doges perpétuels qui dura jusqu’en 1528. Le corsaire, l’homme de la mer, inspire à Verdi l'un de ses chefsd’œuvre. Pour en savoir plus, venez nous rejoindre dans ce premier spectacle de la saiosn 09-10. >DD
> Simon Boccanegra de Giuseppe Verdi
Direction musicale : Evelino Pidò Mise en scène : Jose Luis Gómez Au Grand Théâtre, 9 | 12 | 15 | 18 | 20 | 22 | 24 septembre 2009
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Opération
> Simon Boccanegra de Giuseppe Verdi
Direction musicale : Evelino Pidò Mise en scène : José Luis Gómez Au Grand Théâtre, 9 | 12 | 15 | 18 | 20 | 22 | 24 septembre 2009
«Une bête
José Luis GÓmez est surtout connu pour son amour du théâtre et du cinéma. Simon Boccanegra n’est que sa deuxième mise en scène lyrique après Carmen en 1993
Los abrazos rotos (Etreintes brisées) Film de Pedro Almodóvar Penelope Cruz et José Luis GÓmez
Homme de cinéma…
Lorsque José Luis Gómez commence à mettre en scène le chef-d’œuvre de Verdi au Liceu de Barcelone, il vient de sortir du tournage du dernier film de Pedro Almodóvar qui faisait partie de la sélection du Festival de Cannes 2009. Etreintes brisées, Los Abrazos Rotos, une histoire d’amour fou, dominée par la fatalité, la jalousie, la trahison et le sentiment de culpabilité, où il partage la vedette avec Penelope Cruz et Lluis Homar en jouant le rôle d’Ernesto Martel. Dès 1968, il commence son activité cinématographique, et à présent sa filmographie compte plus de 30 films, tant pour le petit que pour le grand écran. Il tourne sous la direction de Carlos Saura, Les yeux bandés en 1978 et Le 7ème jour en 2005; de Joseph Losey, Les routes du Sud en 1978, et de Milos Forman, Les fantômes de Goya en 2007, entre autres. En 1976 il obtient le Prix du meilleur acteur au Festival de Cannes dans Pascual Duarte, un film de Ricardo Franco, un moment clef dans sa carrière. Pas moins de trois Prix Goya décernés par l’Académie des arts et des sciences cinématographiques d’Espagne sont à son palmarès.
Homme international…
Né le 19 avril 1940 en Espagne, il se forme à l’Institut d’Art Dramatique de Bochum et à l’Ecole de Jacques Lecoq à Paris. C’est en Allemagne qu’il fait ses premiers pas d’acteur et de metteur en scène. On le rencontre sur les scènes de Gelsenkirchen, de Nuremberg, de Munich, de Francfort, de Düsseldorf,… En 1971, il retourne en Espagne où il joue et met en scène des pièces de Kafka, de Peter Handke ou de Bertolt Brecht. Après une escapade à New York auprès de Lee Strasberg, il revient en Espagne où il prend la direction du Théâtre national d’Espagne en compagnie de Nuria Espert et de Ramón Tamayo, puis deux ans plus tard il dirige le Teatro Espan¯ol. Homme polyglotte d’une grande sensibilité, il porte de nombreuses distinctions et illustre parfaitement un univers qui depuis fort longtemps a aboli les frontières. Au Théâtre de l’Odéon, il met en scène La vie est un songe de CalderÓn de la Barca, et sous la direction de Georges Lavaudant, il joue dans Play Strindberg de Dürrenmatt.
Directeur du Teatro de La Abadia
© Ros Ribas
© Paolo Ardizzoni et Emilio Pereda
à l’Opéra national de Paris.
En 1991, la Région Autonome de Madrid sollicite José Luis GÓmez pour créer et diriger un nouveau théâtre et mettre en œuvre des idées nouvelles afin de revitaliser le théâtre madrilène. Avec son équipe, José Luis GÓmez crée une structure qui correspond à la tradition européenne des théâtres d’art et dans laquelle la formation des comédiens et des metteurs en scène, ainsi que la recherche de nouvelles techniques, ne sont pas des vains mots. La Abadia était née avec une troupe motivée par des visions communes, et ouvre ses portes en 1995. La compagnie occupe, après restauration, les bâtiments abandonnés d’une église de Madrid. Grâce à son dynamisme et à ses innovations, le Teatro de La Abadia reçoit en 1995 le Prix National du Théâtre du Ministère de l’Education et de la Culture ainsi que le Prix des Critiques de Madrid. Le théâtre obtient également de nombreux prix pour différentes productions. Depuis 1998, La Abadia fait partie de l’Union des Théâtres d’Europe. Chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres décerné par le ministère de la culture en France, José Luis GÓmez vit sa passion, joue et met en scène de nombreuses pièces qui tournent dans le monde. >DD
«
La façon de travailler avec les acteurs varie en fonction de chaque individu. Une personne dénuée de toute compréhension de la nature humaine ou du sens de la communication ne pourra être un bon réalisateur. Les acteurs avec qui je travaille, m’autorisent à les toucher au plus profond d’eux-mêmes, y compris des choses douloureuses. Ils me permettent véritablement d’aller fouiller en eux. Et je suis chanceux car tous mes acteurs se montrent très généreux. Pour certains, je donne toutes les informations sur la manière dont j’appréhende le personnage ; parfois, c'est le contraire, je ne dis rien af in qu'ils jouent instinctivement.
»
Pedro Almodóvar
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ACT.0 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | Saison 09 | 10
de scène...» José Luis GÓmez (Edgar) «Play Strindberg» Friederich Dürrenmatt Mise en scène : Georges Lavaudant Production : Teatro de La Abadia 2006
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Opération
> Simon Boccanegra de Giuseppe Verdi
Direction musicale : Evelino Pidò Mise en scène : José Luis Gómez Au Grand Théâtre, 9 | 12 | 15 | 18 | 20 | 22 | 24 septembre 2009
Boccanegra: Distinguished insights artists who have performed in Verdi's Simon Boccanegra express their distinguished insights into the work.
The artists' comments were made to Jon Tolansky* during interviews he originally made for: 1) radio documentaries aired by the WFMT Radio Network (www.wfmt.com) 2) the Verdi Centenary Oral History Project of the Royal Opera House Collections (www.rohcollections.org.uk)
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drama style that so strikingly took the world by surprise in Otello, six years later. With all this, and the composer's new subtle chromaticism so ingeniously mingling with the tough, often pentatonic contours of the original, we immediately sense from the very first scene that this is a work of psychological rather than overt theatrical tension. Baritone Paolo Gavanelli, whose Boccanegra is one of his important roles, takes up the story for us.
Verdi's Simon Boccanegra was one of the very favourite operas of the great baritone Tito Gobbi. He greatly admired it and particularly felt a calling to advocate it at a time when it was not often performed. Indeed for a very long time, up until the 1970's, this deeply searching masterpiece of Verdi was one of the least popular of all his works. That is no longer the case, thanks to a series of highly successful revivals that notably began when Giorgio Strehler directed the opera at Milan's La Scala in 1971. And yet despite the triumph of its long overdue rehabilitation, there is still a perception in some places that this is not one of the easiest Verdi operas to “sell” well. Why is this view still held sporadically ? We have some answers coming along in the penetrating insights some of the most distinguished opera artists of our time have given to me about this opera and its demands on the performer. In these artists' hands, Simon Boccanegra is an overwhelmingly moving experience. First of all, let us look at Boccanegra himself. He is not a conventional opera “hero”, any more than was Rigoletto six years before him. He becomes a great statesman unexpectedly, after initially only agreeing to be the candidate for Doge because he knows that if he is elected he will have a right to the hand of his beloved Maria, the daughter of his implacable opponent, Fiesco. He is not motivated by any social conscience at the outset. It is as though by accident that we first suddenly see his fortitude when he somehow manages to carry on as he is elected just seconds after his devastating discovery that Maria is dead. That moment is one of Verdi's most remarkable strokes of musical irony – the thrilling, bouncing rhythms of the jubilant crowd obscuring the terrible inner agony of Boccanegra. It is also, in its deep ambivalence, a sign of the unusual musical language and structure of this work in the context of 19th century Italian opera. Of course, we are dealing here with the 1881 revised version, in which Verdi and his librettist Arrigo Boito made notable changes to the original 1857 edition that the composer had produced with Francesco Maria Piave. Actually even that had been an unusual kind of opera by Italian 19th century strictures, with an austerity, darkness and psychological inwardness that often eschewed direct dramatic effects of a more traditional kind. By 1881, though, Verdi's musical expression and approach to dramatic form had advanced on their way to the extended, continuous music-
The fact that there is basically no aria for the title part of Simon Boccanegra – unless you call Plebe ! Patrizi ! an aria, which really it isn't – tells you something fundamental about this work : often it achieves its power without conventional dramatic effects of Italian opera. In many scenes the music is relatively restrained, and particularly with Boccanegra himself there are few if any high notes and virtually no self-contained numbers finishing with cadences that allow applause afterwards. Even after the vitally important duet when Boccanegra and Maria (Amelia) realise they are father and daughter - Figlia ! a tal nome io palpito - the music continues straight on afterwards as Paolo arrives. Verdi absolutely did not want any applause to interrupt the action here. Altogether, there are few of the traditional kinds of “effects”, and that is because in this work Verdi particularly wanted to evoke the private, inner world and feelings of the main characters, and most especially Boccanegra. Even the other characters have few traditionally written arias, and maybe the only more conventionally written one in terms of its form and shape is Fiesco's Il lacerato spirito in the Prologue. Perhaps this opera may seem as though it is not quite as popular as some other Verdi operas because there really are so few places where one can possibly applaud, and also because a lot of the work has this very inward looking feeling, which is really so unusual for 19th century Italian opera. Actually though, audiences do deeply love this opera now, but they enjoy it by themselves, privately, rather than by breaking out into applause during its course – because most of the time you just can't in this work, in the way that you also can't in Otello.
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Acclaimed
Another major interpreter of Boccanegra, baritone Sergei Leiferkus, points up a further challenge – and how to address it. At face value, there is a big difficulty, both for Boccanegra
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There are further unusual challenges in the subject matter of Simon Boccanegra and the consequent character of the music Verdi wrote. Particularly atypical for 19th century Italian opera is the relative lack of romantic love in the opera. The relationship between Amelia and Gabriele Adorno is ultimately, relatively speaking, secondary to the all-important relationship that transpires between Boccanegra and Amelia after they both discover that she is his long-lost daughter, Maria. Particularly in the 1881 version, Verdi's handling of this, notably in the newly composed Council Chamber Scene, reveals his novel style and concept, as the acclaimed Amelia/Maria, virtuoso soprano Angela Gheorghiu, comments. For me, Simon Boccanegra is more a musical creation than a dramatic work, that is in the conventional sense of the word 'dramatic'. In many ways, Verdi has composed the opera, certainly in the 1881 version, in a more symphonic style, and he deliberately strove to do this at that time because of how he was then reacting to the nature of the story and its characters. To me, this opera could perhaps be called a vocal symphonic creation, although within that framework there is of course nevertheless so much wonderful vocal and human expression. In some ways it is in the same family as Don Carlo in its orchestration and in how Verdi wrote for the singers in relation to the orchestra - and he wrote so marvellously for all the singers in Simon Boccanegra. I feel there are stylistic links between this opera, Don Carlo and his Requiem Mass. The scene of Amelia's first appearance in the opera, at the start of Act One following the Prologue, is one of the most magically evocative moments Verdi conceived. Both in the extraordinary orchestral introduction to and during the aria Come in quest'ora bruna, the music uncannily suggests the physical sensation, almost the scent, of a starlit night by the Mediterranean sea, as Amelia gazes into the distance and the scene brings back memories of her childhood. Verdi does conjure up the feeling of the sea and the people of the sea in Simon Boccanegra, comments the distinguished conductor Sir Charles Mackerras. At the time that the action takes place, in the 14th century, the country of Genoa (as it was then) was a merchant nation but it lived by its sailors and its fleets of ships. That Boccanegra, a Plebeian sailor, becomes Doge was something very close to Verdi's heart, and particularly as we then see how Boccanegra wants the Plebeians and Patricians to live together in harmony. That they finally
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do come together on the same side, and especially when Boccanegra and Fiesco are reconciled through a human situation that transcends rivalry, is very much a Verdi subject and typical of the powerful sympathy the great man had for the common people.
* Formerly a musician at the Royal Opera House, Covent Garden, Jon Tolansky specialises in making documentary features on composers and performers for international
DR
and Fiesco, and indeed also for Paolo, to play their characters when they have to age 25 years between the Prologue and the First Act. In the case of Boccanegra, the audience really has to believe that he has aged a great deal, even more than the other characters because of the huge weight of responsibility he has taken on as Doge since his election. It's so easy to overplay how Boccanegra ages, and then at the end, when he is poisoned and he has to come across as a desperately ill old man, one can very easily fall into to overacting both vocally and theatrically. But – if you really just follow all the markings in Verdi's score, it will work. He gives you every detail, how to achieve the proper gesture, the right inflection, the exactly correct amount of sound. He did fantastic work by writing all of this into the score – absolutely everything: all the most minute details are written in, all the tiny but vital changes of inflection and sound. If you read Verdi's score carefully and fully, in it you can find everything you need to solve these big problems.
And one of the leading interpreters of Fiesco, Robert Lloyd, continues :
radio organisations and recording companies. As an independent producer he pioneered the first sets of CD
We must not forget that although of course the 1881 version is so different from the original of 1857 in many important ways, Simon Boccanegra was first of all written very much at the time of the fight for Italian independence and unity, and so it still has resonances of being what can be called a “risorgimento” opera. It takes place in Genoa, which is so close to Piedmont, which was the centre of Vittorio Emmanuele who was going to become the King of Italy. That's also where the Guelphs and Ghibellines, who feature in the opera, were in conflict in the 14th century, and it's interesting that the terms Guelph and Ghibelline were actually reactivated as political phenomena in the 19th century. In fact Boccanegra himself begins to look very much like Garibaldi – he has that same sort of cavalier, corsaire quality, which turns into great statesmanship. And then you have Fiesco, who is a man of tremendous pride, hauteur and aristocratic grandeur. He holds his resentments locked in his heart for 25 years, and he can't let go until the very end when suddenly there is this wonderful duet with Boccanegra where he weeps and weeps – cries his heart out. When he finally learns the truth, he has to let go – and that's very dramatic. I think it's particularly significant that actually on just a couple of occasions beforehand Fiesco has grudgingly had to acknowledge to Boccanegra “Yes, you are a great man, but... I still hate you for what you did to me”, because his final breakdown feels even more poignant after that. The specially distinguished artists quoted here have been some of the most vitally important performers whose devotion and great skills have revealed the true and inspiring greatness of this unusual and deeply powerful creation of Giuseppe Verdi – Simon Boccanegra. Its fundamental subtlety provides a particularly strong challenge, which, when met with special understanding and expertise, brings forth one of the most profoundly rewarding experiences in all opera. >JT
series featuring documentary profiles, in which he personally recorded artists such as Dietrich Fischer-Dieskau, Mirella Freni, Angela Gheorghiu, Carlo Maria Giulini, Marilyn Horne, discussing their lives, careers and musical repertoire. Jon Tolansky has contributed articles on music and performers to the Oxford Companion to Music, Opera House (the magazine of the Royal Opera House, Covent Garden)… He sometimes hosts public interviews with artists preceding their appearances at venues such as the Royal Opera House Covent Garden. He also initiated and hosted an historical series of interviews with dozens of major international performers for the Royal Opera Archives (Royal Opera House Collections) to celebrate the Verdi Centenary in 2001. Musicien au Royal Opera House Covent Garden, Jon Tolansky se spécialise ensuite dans des documentaires sur les compositeurs et les interprètes pour de nombreuses institutions, opéras, maisons de disques, radios… En tant que producteur indépendant, il a initié une série de «CD biographiques» avec des artistes tels que Dietrich FischerDieskau, Mirella Freni, Angela Gheorghiu, Carlo Maria Giulini, Marilyn Horne qui parlent de leur vie, leur carrière et leur répertoire. Il a contribué à de nombreux articles sur la musique et les artistes dans de nombreuses revues telle que Opera House (la revue du Royal Opera House, Covent Garden)… Parfois, il organise des rencontres avec les artistes et le public avant leurs représentations au Royal Opera House Covent Garden... Il est également l’auteur d’une série d’entretiens avec des artistes internationaux pour le Royal Opera Archives (Royal Opera House Collections) pour célébrer le centenaire de la mort de Verdi en 2001.
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PleinsFeux
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© Sandro Vannini/Corbis/Specter
PleinsFeux
Le Liceu,
entre passé et avenir
Impavide et serein, il trône modestement entre bistrots et commerces sur la fameuse avenue de la Rambla,
accueillantes est si discrète que le touriste un peu distrait pourrait passer devant lui sans le remarquer. Ce qui serait dommage. Car le Gran Teatre del Liceu est l’un des plus beaux opéras du monde. A l’heure où le Grand Théâtre de Genève présente une nouvelle mise en scène de Simon Boccanegra coproduite par les deux institutions (entre « grand théâtres », on se comprend mieux !), il n’est pas inutile de rappeler au bon souvenir des spectateurs romands ce haut-lieu de l’art lyrique qui, historiquement, demeure la plus éminente scène espagnole consacrée à l’opéra. C’est que le Liceu est à l’image de Barcelone : un lieu cosmopolite et profondément catalan en même temps, un endroit convivial conçu avec infiniment de goût, un espace de créativité et d’excellence. Son histoire elle-même est déjà remarquable. Inauguré le 4 avril 1847, le bâtiment actuel est né du succès rencontré par une société destinée à la formation des musiciens et à la mise sur pied de représentations d’opéra (voir encadré ci-contre). Mais rapidement l’école devint temple où des artistes exceptionnels prenaient plaisir à venir se produire. Ouvert sur le monde, le Gran Teatre del Liceu connut aussi quelques épisodes rocambolesques. Par exemple lorsque l’anarchiste Santiago Saovador lança une bombe sur la scène, un soir de 1893, causant la mort de 20 personnes. Ou lors de deux incendies de triste mémoire : le premier se déclara le 14 avril 1861 et nécessita un an de travaux ; le deuxième, beaucoup plus récent et d’origine accidentelle, ravagea la scène et la salle le 31 janvier 1994. Ce dernier incendie fut si violent qu’il obligea à fermer le théâtre pendant cinq ans, période mise à profit pour moderniser radicalement ses équipements techniques et ses espaces, seule la salle ayant été reconstruite à l’identique.
met. Et s’il n’a qu’une marge de manœuvre restreinte pour présenter des nouvelles productions, il fait de nécessité vertu en louant ou en coproduisant des spectacles avec les plus grands opéras européens : chaque saison, une dizaine de productions (données toujours sur des périodes assez longues, avec généralement deux distributions en alternance) permettent au public catalan de découvrir des spectacles du Covent Garden de Londres, de l’Opéra national de Paris ou de la Semperoper de Dresde. A cela il faut ajouter des spectacles de ballet, de nombreux récitals et de fréquents spectacles pour les jeunes.
Les jeunes forment d’ailleurs le club très dynamique des «Joves Amics del Liceu» qui est le pendant «démocratique» du très fermé «Cercle du Liceu» créé dès 1847 et toujours actif aujourd’hui. Ce cercle des plus sélectifs s’est constitué au fil du temps une bibliothèque extrêmement riche et il possède des salons privés dans l’enceinte du théâtre qui regroupent des merveilles de mobilier et d’architecture d’intérieur. Si ce cercle reste environné d’une aura mythique, c’est parce qu’il a toujours été réservé aux hommes (et à leurs veuves !) jusqu’à 2001, où une entorse a été faite pour deux femmes cheffes d’entreprise ! Mais ces particularismes de l’opéra catalan ne doivent pas dissimuler la diversité du public qui fréquente le Liceu et qui en fait une salle souvent pleine à craquer. Jeunes mélomanes, touristes en goguette, vieux habitués se côtoient dans cette belle salle à l’italienne qui a su garder son âme tout en évoluant avec les siècles. Depuis que Barcelone s’est réveillée pour devenir l’une des villes les plus courues d’Europe, le Liceu est devenu quasiment l’emblème du mariage entre passé et avenir que les Catalans ont si bien réussi. >AP
Vo u s a v e z d i t « L i c eu» ? Le Grand Teatre del Liceu
© O. Alamany & E. Vicens/Corbis/Specter
à Barcelone. Sa façade aux courbes
doit son nom à ses origines. Au départ, un bataillon de la Milice Nationale avait créé
Depuis sa réouverture en 1999, le Liceu de Barcelone a retrouvé son rang de théâtre lyrique le plus en vue de la péninsule ibérique, dans le climat euphorique qui a vu, en même temps que l’économie espagnole s’envolait, les opéras se développer dans tout le pays. Aujourd’hui, en dépit des programmations passionnantes du Teatro Real de Madrid, du très récent (et impressionnant) Palau de las Artes Reina Sofia de Valence, des scènes de Séville, Bilbao ou Palma, le Gran Teatre del Liceu reste au som-
Saison 09 | 10 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | ACT.0
une école de musique dans un couvent aux abords de Barcelone, d’où le nom de «lycée» donné à cette école
1837 et 1847, la salle d’opéra bien connue aujourd’hui sous le nom de Gran Teatre del Liceu. Mais au fait, vous avez bien dit «Liceu» et non pas «Liceo» ? C’est que si «Liceo» est la version espagnole, c’est-à-dire
dont les élèves donnaient
reprendre possession de leur
castillane du mot «Lycée»,
des représentations
cloître. On proposa donc à
«Liceu» en est l’équivalent
d’opéra : Liceo Filodramático
ce «Lycée Philodramatique»
catalan. Dans la capitale
de Montesión. Ouverte en
d’acheter un autre couvent
de la Catalogne, ce
1837, cette institution dut
situé au cœur de la Rambla
changement de voyelle est
bientôt déménager lorsque
de Barcelone, et c’est là
loin d’être un détail…
les nonnes voulurent
que fut construite, entre
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e n Ballet
Damiano Artale a reçu le prix de Danza e Danza du meilleur danseur italien à l’étranger à la suite de son interprétation remarquée de Roméo dans Roméo et Juliette.
Entre Terpsichore et Polymnie 22
Loin, pièce emblématique de la compagnie, créée par Sidi Larbi Cherkaoui, sera retransmise en direct sur la chaîne franco-allemande Arte en avril 2010.
artistes,
une
compagnie
réunie
par la passion de la danse, revisitent depuis le mois de juin un grand classique : Cendrillon dans l'imaginaire de Michel Kelemenis. GTG/Mario del Curto
Le Ballet entre tradition et ouverture. Le Ballet du Grand Théâtre de Genève est l’héritier d’une longue tradition, enrichie de strates successives. Il est fondé sur les principes de la danse classique, où se fixèrent les bases et les codes sur lesquels on s’appuie encore pour placer son corps. Le Ballet a donc connu les grandes envolées lyriques du répertoire classique avant d’être traversé par l’ouragan magique de chorégraphes tels que George Balanchine, Jiří Kylián, Mats Ek, William Forsythe et plus récemment Saburo Teshigawara ou Sidi Larbi Cherkaoui. Car depuis quelques années, le Ballet du Grand Théâtre s’est affirmé comme une compagnie de répertoire et non comme l’instrument d’un seul chorégraphe. Chargé d’histoire, il est aujourd’hui un foyer d’art vivant. Le Ballet ouvre une nouvelle page de son histoire. Un changement de direction implique nécessairement des perspectives nouvelles qui donnent le ton et affirment des choix tout en initiant d’autres sensibilités à explorer. Soucieux de préserver une cohérence indispensable à l’image de la maison, le Ballet se trouve vis-à-vis du Grand Théâtre dans une position clé : à un stade ou à un autre, l’ensemble de ses activités y puise ses ressources et ses circuits. Si cette position clé lui confère un pouvoir de faire et d’initier, elle lui prescrit également responsabilités et devoirs. Le Ballet révise ses classiques. Après un Roméo et Juliette à la pureté tragique, signé Joëlle Bouvier, le Ballet se lancera dans une nouvelle aventure avec Cendrillon, confiée à Michel Kelemenis. Gageons que la danse ciselée et ludique du chorégraphe apportera une note épicée et féerique mais néanmoins tendre à ce conte qui a bercé notre enfance. Autre classique revisité, La Belle, de Jean-Christophe Maillot, dont les images puissantes ont marqué les esprits ; comme Aurore dans sa bulle géante, que les prétendants tentent de percer sur le magnifique Adage à la rose. Deux heures de rêve et d’émotion. Toujours de Jean-Christophe Maillot, le Ballet inscrit à son répertoire Dov’è la luna, opus majeur du chorégraphe. Celui-ci cisèle l’ombre et la lumière, pour mettre en
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Loin de Sidi Larbi Cherkaoui au Grand Théâtre de Genève, saison 2004-2005
évidence une gestuelle aérienne toute en nuance. Dans la même soirée, Eric Oberdorff, ancien danseur des Ballets de Monte-Carlo, créera Être. Il en émergera une mise en tension des corps pour revenir aux essentiels de la danse. >PC
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GTG/Isabelle meister
Sarawanee Tanatanit participera au prochain festival de danse de Cannes dans un spectacle mis en scène et chorégraphié par Benjamin Millepied. Elle sera entourée par les solistes de l’American Ballet Theatre et du New York City Ballet.
e n Ballet
Michel Kelemenis en répétition avec Yanni Yin
Une famille recomposée... Au mois d’octobre, venez découvrir ou redécouvrir l’histoire d’une jeune fille. Peut-être a-t-elle bercé votre enfance ? Peut-être vous a-t-elle fait rêver ? On ignore son vrai nom, on l’appelle Cendrillon, car une fois ses missions accomplies elle repose dans les cendres et songe à une autre vie, à un deus ex machina qui viendrait la mener sur les chemins du bonheur. Elle rejoint la galerie des héroïnes qui n’ont plus de mère. Ce conte de tradition orale a inspiré toutes les disciplines artistiques. Perrault et les frères Grimm s’en sont emparé. Les compositeurs ne sont pas en reste, Massenet, Rossini et Prokofiev pour ne citer qu’eux. Le conte fait partie d’un patrimoine sans âge et répond assurément aux questionnements de l’humanité. Il constitue une source précieuse d’informations sur les épreuves à traverser. Loin de traumatiser, il participe à la catharsis et touche aussi bien l’esprit vierge de l’enfant que les esprits plus perfectionnés des adultes. Dans Psychanalyse des contes de fées, Bruno Bettelheim invite à découvrir les richesses inépuisables de ces histoires. « Ces histoires, qui abordent des problèmes humains universels, et en particulier ceux des enfants, s’adressent à leur moi en herbe et favorisent son développement, tout en soulageant les pressions préconscientes et inconscientes. Tandis que l’intrigue du conte évolue, les pressions du ça se précisent et prennent corps, et l’enfant voit comment il peut les soulager tout en se conformant aux exigences du moi et du surmoi. » Et si le conte, les arts, la musique étaient les meilleurs moyens pour donner un sens à la vie ? >DD
> Cendrillon de Sergueï Prokof iev
chorégraphie : Michel Kelemenis Avec le Ballet du Grand Théâtre et l'Orchestre de la Suisse Romande Au Grand Théâtre, 6 | 8 | 9 | 10 | 11 octobre 2009
Saison 09 | 10 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | ACT.0
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Le Carnet du Cercle du Grand Théâtre
Fondé en 1986, le Cercle du Grand Théâtre s’est donné pour objectif de réunir toutes les personnes et entreprises qui tiennent à manifester leur intérêt aux arts lyrique, chorégraphique et dramatique. Leur but est d’apporter leur soutien financier aux activités du Grand Théâtre et ainsi, de participer à son rayonnement. Bureau M. Charles Pictet, président Mme Françoise de Mestral, vice-présidente M. Shelby du Pasquier, trésorier Autres membres du Comité Mme Diane d’Arcis S. A.S. la Princesse Andrienne d’Arenberg Mme Muriel Chaponnière Rochat M. Jean Kohler Mme Charlotte Leber M. Gabriel Safdié M. Paul Saurel
M. et Mme Robert Briner
M. et Mme Jean-Luc
Mme Nicole Bru
Vermeulen
M. Friedrich Busse
M. et Mme Olivier Vodoz
Mme Maria Livanos Cattaui
M. Gerson Waechter
Mme Muriel Chaponnière-
Mme Véronique Walter
Rochat
M. et Mme Pierre-Alain
Mme Anne Chevalley
Wavre
M. et Mme Neville Cook
Mme Paul-Annik Weiller
M. Jean-Pierre Cubizolle
Comte et Comtesse
M. et Mme Claude Demole
Massimiliano
M. Manuel J. Diogo
Zanon di Valgiurata
Mme Virginia Drabbe-Seemann M. et Mme Olivier Dunant
Membres institutionnels
Mme Denise Elfen-Laniado
Activgest SA
Mme Maria Embiricos
Banque Audi (Suisse) SA
Mme Catherine Fauchier-
Fondation BNP Paribas Suisse
Magnan
Fondation de la Haute
Mme Clarina Firmenich
Horlogerie
CONCOURS DE CHANT
Mme Pierre Folliet
H de P (Holding de Picciotto)
DU 30 OCTOBRE AU 12 NOVEMBRE 2009
Dr. et Madame Patrick Fréchet
SA
Venez nombreux soutenir vos candidats au Prix du Cercle 2009 !
M. et Mme Eric Freymond
JT International SA
- Demi-finale le lundi 9 novembre 2009
Mme Elka Gouzer-Waechter
Lenz & Staehelin
- Finale au Grand Théâtre le jeudi 12 novembre 2009
Mme Claudia Groothaert
Mandarin Oriental Hôtel du
M. et Mme Urs Hodler
Rhône
M. et Mme André Hoffmann
MM. Mourgue d’Algue & Cie
M. et Mme Philippe Jabre
Notz, Stucki & Cie, SA
Mme Marie-Josèphe Jacquet
SGS - Société Générale de
M. et Mme Jean Kohler
Surveillance SA
M. et Mme Pierre de Labouchère M. Marko Lacin Me Jean-Flavien Lalive d’Epinay M. et Mme Pierre Lardy Mme Michèle Laraki Mme Charlotte Leber M. et Mme Guy Lefort
Organe de révision : Plafida
En préparation : visites, conférences ainsi que deux voyages à l’étude pour l’automne et le printemps prochains !
ASSEMBLEE GENERALE DU CERCLE DU GRAND THEATRE Première assemblée générale avec notre nouveau directeur le mardi 1er décembre 2009 à 18h30. Dîner sur scène !
R E J O I G N EZ L E C E RC L E D U G R A N D T H É ÂT R E D E G E N È V E ! Nous serions heureux de vous compter parmi les passionnés d’arts lyrique et chorégraphique qui s’engagent pour que le
Membres bienfaiteurs
Mme Eric Lescure
M. et Mme Guy Demole
M. et Mme Thierry de Loriol
Fondation de bienfaisance de la
Mme France Majoie - Le Lous
banque Pictet
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Adhérer au Cercle du Grand Théâtre, c’est aussi
Gonet & Cie, Banquiers Privés
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l’assurance de bénéficier des meilleures places dans les
M. et Mme Pierre Keller
Mme Mark Mathysen-Gerst
meilleures conditions :
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M. et Mme Yves Oltramare
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M. et Mme Charles de Mestral
SFG - Société Fiduciaire et de
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M. et Mme Gérard Wertheimer
M. et Mme Philippe Nordmann M. et Mme Alexander Notter
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S ave the dates !
Grand Théâtre de Genève conserve et renforce sa place parmi les plus grandes scènes européennes.
- Service de billetterie personnalisé - Priorité de placement - Echange de billets - Activités culturelles et voyages organisés autour de l’opéra et de la danse - Visites des coulisses et des ateliers du Grand Théâtre - Rencontres avec les artistes, conférences thématiques - Possibilité d’assister aux répétitions générales - Vestiaire privé - Envoi des programmes
Membres individuels
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S.A. Prince Amyn Aga Khan
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S.A Princesse Catherine Aga
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Khan
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M. et Mme Charles Pictet
Pour recevoir de plus amples informations sur les
LL. AA. SS. Le Prince et la
M. et Mme Bruno Prats
conditions d’adhésion 2009/2010 au Cercle, veuillez
Princesse Etienne d’Arenberg
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contacter directement :
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M. et Mme Gabriel Safdié
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ACT.0 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | Saison 09 | 10
Le Prix du Cercle du Grand Théâtre et le Concours de Genève
Soutenir l’excellence musicale, c’est préparer la relève de demain : promouvoir de jeunes talents et contribuer à lancer leur carrière lyrique. C’est pourquoi le Cercle du Grand Théâtre a décidé en 2007 de s’associer au Concours de Genève en créant le Prix du Cercle. Un Prix du Cercle : pour qui et pourquoi Le Prix du Cercle est attribué à un ou une des finalistes du concours de chant. Ce prix prend la forme d’un engagement pour un premier ou second rôle au Grand Théâtre dans les trois années qui suivent son attribution. Il est entièrement financé par des mécènes, tous membres du Cercle. Une valeur inestimable pour de jeunes artistes, à qui la possibilité est donnée d’entamer une carrière en se produisant sur une scène internationalement reconnue. Un jury prestigieux Le jury du Prix du Cercle diffère de celui du Concours de Genève. Outre le Président du Concours, il comprend également le Directeur du Grand Théâtre ainsi que deux membres du Cercle. En 2009, il sera composé des cinq personnalités suivantes: - S.A. le Prince Amyn Aga Khan (Président du Jury Prix du Cercle) - M. Jean Kohler (Membre du Comité du Cercle) - M. Simon Estes (Président du Jury de Chant du Concours de Genève) - M. Tobias Richter (Directeur du Grand Théâtre) - Un autre membre désigné du Jury du Concours Le Prix du Cercle 2007 : une belle histoire Lauréate du Prix du Cercle 2007, c’est la soprano géorgienne Anna Kasyan qui interprétera prochainement le rôle de La Calisto au Grand Théâtre. « Timbre fruité et aiguisé… une actrice née » pour reprendre les termes des critiques musicaux, Anna Kasyan fait indéniablement partie de ces jeunes talents sur lesquels se fondent de grands espoirs. Le Cercle se réjouit d’avoir pu contribuer à faire découvrir au public genevois cette magnifique voix.
Anna Kasyan, lauréate du Prix du Cercle 2007
« Pour la 2ème édition du Prix du Cercle, je me réjouis de découvrir le nouvel espoir qui contribuera avec toute sa jeunesse et sa fougue à une prochaine production du Grand Théâtre » Charles Pictet Président du Cercle du Grand Théâtre
Bienvenue à notre nouveau directeur ! Le Cercle du Grand Théâtre est heureux
la direction du Festival de musique classique
d’accueillir Monsieur Tobias Richter qui a repris
«Septembre Musical » de Montreux Vevey.
cet été le flambeau de notre institution culturelle
Genève accueille donc un homme d’expérience au
genevoise. Pour ceux qui ne le connaissent
parcours musical accompli. Nous lui souhaitons
pas encore, cet homme de théâtre accompli,
une magnifique saison 2009/2010 que nous nous
fils du grand organiste et chef d’orchestre Karl
réjouissons tous de découvrir dès cet automne.
Richter, très attaché à Genève et à son opéra depuis l’enfance, a entre autres, développé
Le Cercle du Grand Théâtre
une importante carrière de metteur en scène auprès de prestigieux théâtres, assumé la direction générale de trois opéras (Kassel, Brême et Düsseldorf/Duisburg) et repris avec brio Saison 09 | 10 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | ACT.0
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© Robbie Jack/Corbis/Specter
e n Hommage
« Il n’y a que grâce
à la scène que j’arrive à exprimer certaines choses. Il n’existe pas de mots assez merveilleux pour ça. J’ai beaucoup de mal à exprimer ça. Ce que je recherche, ce que je ressens, ce que ça représente à mes yeux, je crois qu’il n’existe rien pour décrire ça.
>
Pina Bausch
»
Le 30 juin, dans une clinique de la
Elle a grandi dans un café à Solingen.
et surréalistes. Elle a su nous
Ruhr, une icône de la danse faisait
« Pour une enfant, un restaurant,
hypnotiser, nous rendre accros. Elle a
ses adieux à la scène. Le 12 juin, sur
peut être un lieu merveilleux, il y
changé nos regards et fait découvrir
la scène de l’Opéra de Wuppertal au
avait tant de gens et tant de choses
la danse et le théâtre à bien des gens.
milieu de ses artistes, elle recevait
étranges s’y passaient. »
Que nous reste-t-il à présent ? Des
une immense ovation de son public
Dès l’âge de 14 ans, elle fréquente la
tournées dans le monde entier, des
debout, accouru pour assister à la
Folkwangschule d’Essen et apprend
spectacles à guichets fermés, des
création de son nouveau spectacle.
la danse auprès du chorégraphe
comédiens-danseurs qui évoluent
Elle avait convié des chorégraphes
expressionniste Kurt Joos. En 1973,
dans un champ d’œillets ou sur
et des troupes du monde entier, ses
elle prend la direction du Tanztheater
une pelouse, en s’adressant à
amis, pour célébrer leur art. Être
de Wuppertal et offrira à son public,
nous, un mur qui s’écroule, le son
engagé sur tous les plans, physique,
à ses publics, plus d’une création par
d’un bandonéon, des danseuses
mental, intellectuel et émotionnel,
an. Comme bien des créateurs, elle
aux longs cheveux épars perchées
elle était discrète et timide, ne lisait
sera incomprise, huée et violemment
sur de hauts talons, des cheveux
jamais ou rarement les critiques
critiquée à ses débuts car son langage
mouillés, une femme qui se précipite
et répondait aux questions par
trouble, dérange et interroge.
inlassablement dans les bras d’un
d’autres questions. Elle allait avoir
Cependant très rapidement elle sera
homme qui, à chaque fois, la laisse
69 ans le 27 juillet.
réclamée et acclamée dans le monde
retomber, des hommes et des
entier et de nombreux prix viendront
femmes en quête éternelle d’amour ?
couronner son travail.
Orphée pleure Eurydice, aujourd’hui
Celle qu’on a coutume d’appeler Pina
nous regrettons une référence de
a supprimé les frontières de la danse
la danse contemporaine que nous
et du théâtre, elle communique
devions accueillir au Grand Théâtre
Au Grand Théâtre
d’âme à âme et met en scène les
de Genève au cours de la saison
de Genève Saison
souffrances, les espoirs et les joies
2010-2011. Elle a tant donné à son
2002-2003
du quotidien. Elle sait révéler ce qui
art, à son ensemble et à ses publics
Café Müller
échappe à la parole et à la raison.
en s’oubliant. Le mal a triomphé de
Sacre du printemps
Avec ses complices, elle a su créer
sa vie, mais ni de son Art, ni de son
17 et 18 octobre 2002
des espaces gigantesques, magiques
nom.
>DD
Désormais, il nous faudra 20
ACT.0 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | Saison 09 | 10
© Catherine Cabrol/Corbis/Specter
Après Pina Bausch à la fin du mois
pièce sera Nearly Ninety pour fêter
de juin, Merce Cunningham s’est
ses 90 ans, il avait alors collaboré
éteint le 26 juillet à l’âge de 90 ans.
avec des musiciens de Led Zeppelin
Celui qu’on surnomme l’Einstein
et Sonic Youth. Il lègue à la postérité
de la danse était déjà devenu de
plus de 200 œuvres et réalise la
son vivant une légende de la danse
transition entre la danse moderne
moderne. A l’ordre, aux choses
et la danse contemporaine. A partir
préétablies, il préfère le hasard,
des années 90, il gérait la danse
l’aléatoire, la déstabilisation et les
par ordinateur et n’a pas hésité à
distorsions, mais cela ne signifie
proposer l’usage des iPods pendant
nullement le désordre. Il explore des
ses spectacles. Nombreux sont ceux
voies nouvelles et donne naissance
qui ont fréquenté son studio : Trisha
à une danse abstraite remarquable
Brown, Lucinda Childs, Dominique
par sa rigueur. Ses danseurs sont des
Bagouet, Angelin Preljocaj, Philippe
corps en mouvement qui explorent
Decouflé pour ne citer qu’eux. Une
l’espace scénique et l’espace sonore
nouvelle page se tourne. Merce
parfois créé par son compagnon John
Cunningham, figure unique en avance
Cage. Pour lui le mouvement n’a
sur son temps, aura écrit jusqu’à son
pas à traduire l’émotion, il en est la
dernier souffle des pages inoubliables
source. Ce géant de la chorégraphie
de la danse et aura chamboulé ses
écrit une des pages essentielles de
conventions. Malgré le vide qu’il
la danse, il fait de chaque pièce une
laisse… the show must go on. >DD
expérience visuelle et sonore, une beauté qui s’assume pleinement. Il aimait le stress du hasard, ce hasard moyen de se surprendre soi-même et d’échapper à la routine. Sa dernière
«Le monde est autour de nous, pas seulement devant. Chaque personne est un centre, cela crée une situation libre où tout change perpétuellement. »
Saison 09 | 10 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | ACT.0
>
danser seuls…
Merce Cunningham
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encoulisses
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ACT.0 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | Saison 09 | 10
© Danilo Calilung/Corbis
encoulisses
Une merveille de diversité ! Jean-Yves Barralon, le nouveau directeur technique du Grand Théâtre de Genève,
est formel : un opéra recèle une fabuleuse somme de compétences techniques ! Cette large palette de spécificités professionnelles est rarement connue du public. Si chacun sait que l’atelier de costumes est indispensable, qui se doute de l’importance de l’équipe de serruriers ? © YUNUS DURUKAN
Pour que tous les métiers techniques puissent vivre en harmonie et que le stress inhérent au monde du spectacle soit écarté le plus possible, Jean-Yves Barralon avance des maîtres-mots : management et conduite de projet. Sous d’autres plafonds, ces vocables ne font plus sourciller personne. Mais dans un opéra, les méthodes de management peuvent parfois susciter des craintes… Que les artistes se rassurent : jamais la dimension artistique ne sera soumise à des contraintes de type industriel !
Ravi de retrouver une nouvelle équipe, dans une institution emblématique, Jean-Yves Barralon, le nouveau directeur technique du Grand Théâtre.
Mais les partenaires artistiques, eux aussi, gagnent à une bonne harmonisation des interventions de différents corps de métier. Et si la tradition du théâtre n’est pas de travailler selon des planifications rigides, il n’en reste pas moins qu’il vaut mieux réduire au maximum la marge des surprises jalonnant la mise sur pied d’un spectacle. En vertu de quoi Jean-Yves Barralon pose plusieurs jalons : le premier consiste à laisser se déployer l’artistique durant un temps donné, mais en réglant soigneusement le passage de relais avec la technique. Bref, de prévoir une transition entre le moment où tout paraît possible et où tout n’est plus possible. Le second prévoit de faire en sorte que tous les aspects techniques d’une production soient définis et arrêtés un an à l’avance ; le troisième insiste sur un certain rapport au collectif, fait de responsabilisation de tous les protagonistes - vive le leadership distribué. Afin que tout se déroule au mieux, il faut segmenter la planification. Contrôler qu’à certains stades déterminés, les objectifs intermédiaires sont atteints. Réguler, le cas échéant, mais avant que les retards et les problèmes ne s’accumulent.
Saison 09 | 10 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | ACT.0
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encoulisses
une merveille de diversité
Dans la grande équipe technique, voici quelques partenaires de cette méthode proactive. Philippe Alvado Adjoint du dir. technique
« L'adjoint du directeur technique est chargé de l'organisation technique de la scène, soit la préparation des plannings de production avec la régie générale, le choix des principes de fonctionnement des décors avec l'ingénieur du bureau d'études et le suivi des productions en scène avec les chefs de plateau. » ;
Pierre Frei Ingénieur bâtim. & sécurité
« Le maître-mot est : sécurité ! Traiter tout ce qui concerne la sécurité pour tout le personnel touchant de près ou de loin les activités du GTG. Préparer et suivre tous les chantiers liés aux bâtiments dépendant du théâtre, entre autres les aspects techniques (machinerie, etc..). Organiser la commission de santé-sécurité et l’animer, en tenant compte des problèmes intérieurs concrets qui surgissent. » Alexandre Forissier Ingénieur du bur. d'études
« Le bureau d'études du Grand Théâtre, c'est un ingénieur civil, trois dessinateurs et une secrétaire. Nous intervenons tout au long de la préparation technique des productions, en réalisant d'abord les plans d'implantation des scénographies puis les plans de fabrication des éléments de décors et enfin les plans de montage sur la scène. Nous participons à la coordination et au suivi de ces trois étapes. » Olivier Loup Machinerie
« La mission du responsable des machinistes est de gérer le personnel fixe et supplémentaire, y compris les horaires et les engagements ; de superviser les transports
24
et stockage de décors, en collaboration avec le chef des transports, en plus de l'entretien du matériel de la machinerie. Ainsi que les commandes de matériel nécessaire à la machinerie et au spectacle et la participation aux diverses réunions concernant le service. »
vidéo des productions du Grand Théâtre. Elle gère tous les systèmes d'intercommunication du bâtiment et procède aux enregistrements des archives audio et vidéo. La sensation de ne jamais sombrer dans la routine, des émotions dont la nature est sans cesse
cles, il s’agit de faire que chaque costume soit prêt au bon moment, ce qui exige chaque soir dynamisme et performance. » Fabienne Duc Ateliers de Costumes
« Les Ateliers de costumes (couture, déco/accessoires et cuir), c'est l'orchestra-
« La sensation de ne jamais sombrer dans la routine, des émotions dont la nature est sans cesse renouvelée, l'obligation de progresser sur le plan technologique, percevoir les réactions du public, tout cela forme un mélange très attachant. »
Michel Boudineau Son et video
Dominique Baumgartner Accessoires
« Le métier de tapissieraccessoiriste est un ensemble de compétences et de complémentarités. L’accessoiriste décorateur est celui qui réalise par ses mains et son savoir-faire l’objet qui finalisera le mouvement dans le chant, mais également une indispensable touche finale à tous les décors. Notre métier est celui de tromper la réalité en créant l’illusion, le rêve… » Michel Boudineau Son et vidéo
« La régie "son et vidéo" est en charge de toutes les prestations sonores et
renouvelée, l'obligation de progresser sur le plan technologique, percevoir les réactions du public, tout cela forme un mélange très attachant.» Simon Trottet Electricité
« Techniciens de l’ombre travaillant pour la lumière, les électriciens ont la chance d’être associés aux équipes artistiques tout au long du processus de création, ajoutant leur valeur technique aux compétences artistiques des équipes invitées. » Brigitte Angers Habillage
« Dans le cadre des specta-
tion de talents spécifiques et variés qui œuvrent de la tête aux pieds, pour affirmer le caractère d'un rôle, habillé, bien sûr, ou… nu, par le biais des costumes. C'est le passage de la deuxième à la troisième dimension, de l'image à la magie... » Carole Schoeni Perruques & maquillages
« Vingt personnes composent ce service. Il faut posséder une grande expérience du métier. Etre à la fois technicienne et artiste. Posséder un sens aigu de la connaissance des autres. Ne pas rester sur ses acquis, continuer à découvrir, se parfaire.
Spécificité : entrer dans l'univers mental du costumier afin de concrétiser ses idées. Faire partie de la convergence de tous les métiers artistiques réunis. Ressenti : émotion, adrénaline. » Michel Chapatte Ateliers
« Nous travaillons à réaliser du faux... pour créer l'illusion... et rendre la magie à l'opéra... Mais tout finira un jour ou l'autre à la poubelle, ce qui rend notre labeur encore plus beau, à travailler sur de l'éphémère. » Serge Helbing Serrurerie
« Les serruriers sont appelés à réaliser tout ce qui concerne la construction métallique d'un décor : structures en métal ou aluminium telles que passerelles, escaliers, barrières ou encore, des charpentes en métal, des comblages de ponts, des structures porteuses dans les cintres. Mais il y a également des choses plus mécaniques comme des tampons, des tournettes, des trappes, des chars, etc. qui vont fonctionner par des systèmes de roulettes, de galets, de poulies, de câbles, de tendeurs, etc. Et toutes ces choses sont bien évidemment actionnées par des moteurs ou encore par la force des bras. Nous créons, modifions ou inventons certains accessoires et également mille autres ferrures selon les besoins de notre service ou celui des autres. » Fabrice Carmona Peinture et décoration
« Déposer un peu de rêve dans nos réalités et imaginer des univers toujours différents... »
>MZ
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onstage
> Cinéma & Comédie :
L’ascension et la chute d’un musicien classique Sketches sur des musiques de Schubert, Morricone, Chaplin, Nyman,
Kremer, Igudesmann et Joo violon : Gidon Kremer, Aleksey Igudesmann piano : Richard Hyung-Ki Joo production : Nadia Maleh Spectacle au Grand Théâtre, le 20 octobre 2009 à 20 h
Absurde ! De Joseph Haydn, Mozart disait déjà :
« Lui seul a le secret de me faire sourire, de me toucher au plus profond de mon âme. » Mais qu’aurait-il dit ou pensé s’il avait eu votre privilège d’assister au spectacle que nous proposent Gidon Kremer et ses complices dans le bel écrin
© yunuy durukan
du Grand Théâtre ?
Gidon Kremer, Richard Hyung-Ki Joo et Aleksey Igudesmannen plein délire musical.
Il faut se rappeler certains récitals d’une grande artiste aujourd’hui disparue, Cathy Berberian qui savait faire sourire et rire aux éclats. Très souvent, elle choisissait de nous faire partager sa passion grâce à l'humour. Et lorsqu’elle parcourait des siècles d’histoire de la musique, de Monteverdi aux Beatles, l’auditoire concentré éclatait de rire sans jamais se lasser de cette rencontre entre la musique dite savante et la dérision.
Saison 09 | 10 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | ACT.0
Difficile d’imaginer une vie sans humour. Ils sont nombreux à s’être penchés sur la thérapie par les zygomatiques. Le rire s’avère un excellent allié du thérapeute, pour ne pas le qualifier de thérapie lui-même. Contrairement au dicton, mourir de rire, aucune chance, bien au contraire. Malgré les chapelles, les écoles, ils sont tous d’accord, le sourire, le rire améliorent les fonctions sociales et cognitives et chasse le stress. Certains n’hésitent pas à parler de drogue, mais voilà une drogue à consommer sans modération car aucune cure de désintoxication ne se profile à l’horizon. Gageons que les seules conséquences seront une demande accrue « d’encores » et l’ouverture vers de nouvelles perspectives. Le sourire et le rire sont rois, le rire est médecin, depuis des siècles il trône à l’Académie, mais point besoin d’être malade pour en consommer. Un seul regret, peut-être, le temps passera trop vite, la soirée aura été trop courte en compagnie de ces prestigieux artistes qui ont choisi de nous faire partager des siècles de musique et des genres variés avec humour. Ce soir se côtoient deux nécessités, la musique et le rire indispensables à la vie. >DD
«
La tragédie stimule le sens du ridicule, car le ridicule est une attitude de déf i : il faut rire de notre impuissance face aux forces de la nature.
»
charles chaplin
h
Eight Seasons Gidon Kremer – Kremerata Baltica Vivaldi, Piazzola Nonesuch (Warner)
a Dvd Gidon Kremer
Kremer & Kremerata Baltica Schubert, Piazzolla, Schnittke, Rozsa, Ruskatov NTSC – Naxos Deutschland GmbH
Gidon Kremer et la Kremerata Baltica en ligne kremerata-baltica.com
>
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Heureux vous qui choisirez le chemin de la Place Neuve afin d’y rencontrer Gidon Kremer, ses artistes, son talent et son pouvoir magique de séduction. Vous ne regretterez certainement pas votre choix. Le violoniste et ses amis vous entraîneront avec un talent impressionnant, presque trop rare, vers de nouvelles cimes, à la découverte d’un nouveau monde, à la redécouverte du plaisir de la musique classique avec des sourires et des rires aux éclats. Non, la vie du musicien n’est pas un long fleuve tranquille. Son parcours est semé d’embûches, d’obstacles, l’ascension vers la gloire est ardue et lente. Quant à la chute, elle ne prévient pas, son arrivée est souvent rapide et brutale. Ce que vous croyez connaître n’est que la partie apparente de l’iceberg. Alors laissezvous surprendre et gagner par la féerie de cette soirée. Pour un temps, qui vous paraîtra assurément trop court, plongez-vous dans une cure de jouvence. Peut-être les larmes ne seront-elles pas superflues, mais ce seront des larmes de rire et de plaisir.
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© Stephanie Rausser/Outline/Corbis/Specter
onstage
> Frederica von stade Mezzo-soprano
piano : Martin Katz Récital au Grand Théâtre, le 17 novembre 2009 à 20 h
Le retour de « Flicka » Non, elle n’a rien a envier à ses sœurs lorsque dans Cendrillon de Jules Massenet elle
chante : « Ah ! Que mes sœurs sont heureuses ! Pour elles c’est chaque jour nouveau plaisir. » Depuis plus de 30 ans le public international accourt pour l’entendre et la voir. Elle est la reine du bal, c’est elle qu’on acclame et que l’on courtise. Sa voix est un merveilleux écrin pour les compositeurs du passé et un faire-valoir pour les musiciens de notre temps. Dominik Argento écrit pour elle Casa Guidi et Chris Brubeck, qui a le jazz dans son sang, compose River of Song pour elle. Décrite par le New York Times comme l’une des meilleures artistes d’Amérique, Frederica von Stade est incontestablement une des artistes chéries du public, et ce bien audelà des Etats-Unis. Depuis son apparition sur la scène du Met, elle aura marqué fortement par une carrière exceptionnelle les dernières décennies. Sa famille, ses amis et même ses fans lui ont attribué un petit nom : « Flicka ».
©
Tout commence en 1970, lorsque, suite à une audition, Sir Rudolf Bing lui offre un contrat pour la prestigieuse scène du Metropolitan Opera, où elle chante par la suite tous ses grands rôles. Pour fêter ses 25 ans de présence, la compagnie affiche une nouvelle production de Pelléas et Mélisande et pour marquer le 30ème anniversaire, en janvier 2000, le Met programme une nouvelle production de La Veuve joyeuse. Mais son succès ne s’arrête pas à New York, elle collabore avec les plus grandes compagnies en Amérique du Nord. Sa carrière est également spectaculaire en d’autres points du globe. La Scala, le Royal Opera Covent Garden, la Wiener Staatsoper, l’Opéra national de Paris, entre autres, la sollicitent régulièrement. Y a-t-il un chef, un orchestre prestigieux qui n’aie jamais souhaité la voir apparaître avec lui sur scène pour un concert ? Son intelligence, son talent aux multiples facettes, sa détermination lui ont permis d’aborder un large répertoire allant de Monteverdi à Jake Heggie. Cenerentola exemplaire, dont le film de Jean-Pierre Ponnelle est un sublime témoignage, elle excelle en interprétant Rossini et Bellini. Grande styliste, elle reste incomparable dans
Saison 09 | 10 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | ACT.0
le répertoire français, les critiques évoquent une délicieuse Mignon ou encore Périchole, sans parler de sa Mélisande de rêve. Et que dire de ses interprétations de rôles travestis ? Celui qui l’a vu, ou seulement entendu dans Cherubino de Le nozze di Figaro ne peut jamais oublier cette élégante figure. Sa curiosité et son talent ont redonné un nouvel essor à des œuvres négligées voire oubliées. Son extraordinaire talent de comédienne lui permet de porter à des sommets insoupçonnés l’opérette et le théâtre musical. Sans relâche, elle inscrit de nouveaux rôles à son actif. Dominik Argento écrit pour elle The Aspern Papers, elle chante Madame de Merteuil dans Les Liaisons dangereuses de Conrad Susa et Madame Patrick de Rocher dans Dead Man Walking de Jake Heggie. En 2005, le public la découvre pour la première fois dans le rôle-titre de La Grande Duchesse de Gerolstein. Plus tard dans la saison, elle fait ses débuts dans le rôle d’Ottavia de L’incoronazione di Poppea avec le Houston Grand Opera.
Grand Théâtre de Genève Récital le 14 mai 1990 Piano Martin Katz Respighi, Schubert, Puccini, Mozart, Messiaen, Honegger, Satie, Poulenc, Schönberg
h
A Portrait of Frederica von Stade Brahms, Chausson, Massenet, Mozart, Offenbach, Schumann CBS - B0000025ZR
Immense talent sur scène, Frederica von Stade est également une merveilleuse récitaliste. Son charisme, son style, son exceptionnel don pour la communication charment les publics les plus exigeants. Dans ce domaine également, son répertoire ne connaît pas de frontières, des « Arie Antiche » aux comédies de Broadway en passant par des chansons de compositeurs contemporains. Elle compte plus de 70 enregistrements avec les plus grandes maisons de disque. Ce sont autant de témoignages qui nous permettent de revivre des moments rares. Les 6 nominations aux Grammy et les nombreux prix internationaux n’étonneront personne. Ils viennent simplement souligner le talent d’une des grandes dames du lyrique qui s’arrête, l’espace d’un soir, à Genève. Une soirée de plus à ne pas manquer et à vivre ensemble avec une mezzo-soprano qui reste un exemple à méditer pour les talents en devenir. >DD
Le nozze di Figaro W.A. Mozart dm: Herbert von Karajan Wiener Philharmoniker Decca - B00004VRM3
Cendrillon J.Massenet dm: Julius Rudel Philharmonia Orchestra of London CBS- B000026A7Z
Show Boat J.Kern dm: J.McGlinn EMI - B000002RR9
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spectactle
> l'histoire du soldat d'Igor Fedorovitch Stravinski
Mise en scène : Dimitri Spectacle au Grand Théâtre, en novembre à 20 h
« Regardez-le vous dis-je, c’est un
véritable clown. Qu’est-ce qu’un véritable clown ? Je ne sais pas, mais regardez-le : il sait faire mille et une choses et en invente toujours de nouvelles, tout heureux de ses trouvailles, toujours plus incroyables. On est émerveillé comme devant un enfant qui déjoue la malice des objets comme par miracle, sans jamais trébucher. Je suis curieux de chaque instant, un peu tendu, et voilà qu’il y a toujours quelqu’un pour se mettre à rire, à s’esclaffer comme s’il était tout seul, pas comme on rit à une bête blague, mais en éclatant d’un rire joyeux, comme un gamin ; en fait, c’est moi, et le clown s’appelle Dimitri. max Frisch, écrivain et ami
»
>
Où rencontre-tAu cirque ! Non pas forcément. On peut
également retrouver Dimitri sur la scène du Grand Théâtre. A plus de septante ans bien révolus, Dimitri poursuit sa quête perpétuelle du bonheur, de la joie et de l’ingénuité. Il se passe peu de journées sans qu’il brûle les planches. Depuis plus de 40 ans, il manie poésie et don de soi avec brio. Lorsqu’il naît à 9h30 le 18 septembre 1935 à Ascona, les fées et les muses se sont penchées sur son berceau et lui offrent un talent à nul autre pareil et qu’il saura développer. Il voit le jour en face d’un théâtre de marionnettes dans une famille où culture et sensibilité ne sont pas des vains mots. Il grandit entouré d’artistes les plus divers aux centres d’intérêts les plus variés. Lorsqu’à sept ans, en pleine guerre mondiale, il assiste à une représentation du Cirque Knie où le célèbre clown Andreff le fascine et le laisse bouche bée, son destin est scellé, le clown Dimitri est né, un clown en demi-tons, comme il aime à se définir lui-même. Aurait-il décidé de rester un enfant ? « Le clown est un poète, déclare-t-il, qui ne met pas sa poésie en mots, mais en scène. C’est un poète en action, il ne décrit pas ses personnages, il les vit. » Comme lui, ses enfants attrapent le virus du cirque et
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des planches, ce qui n’est pas pour lui déplaire. Pour lui l’Art est essentiel. Grâce à son talent, il a su effacer, ou estomper les limites du cirque et du théâtre.
Il a charmé des publics en Australie, en Asie, en Amérique du Sud, à New York, à Paris et à Tokyo. Vedette du Cirque Knie avec lequel il part en tournée en 1970, du Big Apple Circus et de bien d’autres, il est également un artiste de la scène. Seul, ou en compagnie de ses partenaires, il apparaît toujours comme une étoile au charme complexe, mélange de poésie, de nostalgie et d’espièglerie. Et même s’il demeure persuadé « qu’on ne peut pas passer sa vie entière à rire », il a rapidement pris conscience « que l’Être humain a besoin de rire, qu’il a besoin d’humour pour se libérer et transcender son quotidien… », ce qui ne l’empêche pas d’être préoccupé par les grands problèmes actuels et d’avoir une conscience politique aiguë. Poète, acrobate, musicien, Dimitri est également un plasticien, un peintre. Entre autres, il crée un timbre pour la poste suisse, un timbre né de de son imagination. Le jongleur représente un clown qui fait danser des lettres avec ses mains et ses pieds. Comme Dimitri, il jongle avec les mots, avec les couleurs, avec la vie. Que ce soit un pinceau à la main, sur la piste ou sur la scène, sa vie est placée sous le signe du rire et de l’humour le plus subtil. Chaque jour constitue une quête permanente. Il observe le monde avec une imagination débordante et crée un univers poétique, une sorte de contre-univers. Il reste un conteur unique et exceptionnel. Et pour les enfants
DR
-on les clowns ? de 4 à 120 ans un pédagogue unique. En 2008, l’Association artistes-théâtres-promotion, Suisse (atp) honore Dimitri pour son œuvre unique en quête de sérénité et de bonheur.
Il n’est pas étonnant alors qu’il se soit passionné pour L’Histoire du soldat née en terre suisse de la rencontre du poète Ramuz et de Stravinski, le compositeur russe en exil déçu par l’histoire de son pays natal et la guerre environnante. L’instigateur de cette entreprise a pour nom Ernest Ansermet, le célèbre chef d’orchestre qui dirige l’œuvre à la création à Lausanne en 1918. Qui mieux que Dimitri pouvait s’emparer de ce conte relatant une histoire sans âge ? Ne sont-ils pas légions ceux qui cèdent ou cèderaient leur âme au diable pour posséder la fortune ? Qui mieux que ce sosie de l’humanité a compris la nécessité de l’Art pour transcender le quotidien ? C’est en 1986 qu’il joue pour la première fois le rôle du diable. Lors d’un saut, il se déchire le tendon d’Achille, mais rien ne l’arrête, après une opération il continue à jouer. Le lyrique n’est pas une terre étrangère pour Dimitri. Après avoir joué le double rôle de Mozart et d’Arlequin dans la pièce Mozart, il met en scène La f inta giardiniera de Mozart au Bremer Theater. Il crée également les décors et les costumes. Au Wiener Kammeroper, il réalise Les bandits de Jacques Offenbach. Avec sa « Famiglia », il a posé ses valises sur la scène de Brodway, une première à plus de 70 ans. Il a subjugué et
convaincu le public du New Victory Theater de la 42ème rue Pour quelques trop rares représentations, vous aurez le privilège de l’accueillir sur le plateau du Grand Théâtre pour la première fois. En compagnie de sa fille Masha, de son gendre Kai Leclerc, et Andrea Noce Noseda, élève de la Scuola Teatro Dimitri, comédien et metteur en scène, il vous raconte l’histoire du soldat qui « … a marché, a beaucoup marché. S’impatiente d’arriver parc’ qu’il a beaucoup marché. » >DD
Les dates des spectacles au Grand Théâtre:
Jeudi 5 novembre à 20h et à 15h représentation scolaire Samedi 7 novembre à 20h Dimanche 8 novembre à 17h
Dimitri en dates… 18 septembre 1935 9h30
1970
1986
Naissance de Dimitri à Ascona
Premier livre sur Dimitri
Il interprète le rôle du diable
1942
Clown Dimitri- Ich (Bentelli
dans L’histoire du soldat.
Dimitri deviendra clown
Verlag Berne)
1990
1947
1979
Première exposition des
Il tombe amoureux pour la
Un nouveau livre de Patrick
tableaux de Dimitri à Aarau
première fois de celle qui
Ferla Dimitri Clown
2009
deviendra sa femme, Gunda
1980
Dans le rôle du diable Dimitri
1958
Der Schaufenclown avec des
au Fetival de musique
Il entre dans la troupe du
contes et des illustrations de
Montreux-Vevey, Septembre
Mime Marceau
Dimitri
Musical, et en novembre sur
14 juillet 1959
la scène du Grand Théâtre.
Clown au Cirque Medrano Saison 09 | 10 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | ACT.0
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« J’ai aimé le moment où Salomé a pris la tête de
d i d act i q u e
Jean-Baptiste dans ses mains
un élève de 10e de préapprentissage (SCAI) Après la première de salomé
Verbatim
un élève de 6e primaire de l’Ecole des Cropettes.
« Celle où on a dû monter une scène », dit un autre de 9e du Cycle du Foron. « J’ai trop aimé l’atelier de danse », s'extasie un élève de 7e du Cycle du Foron. « J’ai aimé le moment où Salomé a pris la tête de JeanBaptiste dans ses mains » lâche une élève de 10e de préapprentissage (SCAI). « En général, RIEN ! », affirme un autre de 8e B du Cycle du Foron. « Me regarder dans le miroir », avoue enfin un élève d’une classe de complément de formation de l’ECG Henri-Dunant. Aimerais-tu revenir au Grand Théâtre ? « Oui, mais pas pour un ballet ou un opéra », lance un élève de 5e primaire de l’école Robert-HainardLuchepelet (Bernex) Interrogée sur la longueur du spectacle Salomé, une élève de 10e d’une classe de préapprentissage (SCAI) répond : « J’aurais préféré que ce soit plus long. » >KA
2008-2009
Une bonne pêche Au moment d’entamer une nouvelle saison, le programme pédagogique du Grand Théâtre fait aussi des bilans. Depuis 2000-2001, saison qui vit la création du service pédagogique du Grand Théâtre, des milliers d’élèves des établissements scolaires du canton de Genève ont été pris dans les filets tendus par les deux responsables du service, K. Abhervé et Ch. Park. Ceux-ci ne cachent pas leur satisfaction devant la bonne pêche de la saison écoulée : 1450 jeunes auraient été touchés de près ou de loin par les spectacles programmés sur les scènes de Neuve et du BFM. Petite promenade alphabétique au cœur des chiffres. A comme ateliers : « découverte d’un métier » dont 8 ateliers d'initiation à la scénographie « Fabrication de maquettes », 7 ateliers d'art de la mise en scène « Devenez metteur en scène », 8 ateliers « Entrons dans la danse :
Danse viennoises », 34 ateliers d’art lyrique ou « comment chanter à l’opéra », 24 ateliers d’art chorégraphique « Mouvement-Danse ». B comme 766 billets vendus aux élèves des écoles publiques et privées. D comme 6 dossiers pédagogiques réalisés et 300 exemplaires distribués et disponibles en ligne. E comme 1450 élèves ayant fréquentés le GTG en 08-09. F comme 20 filleuls de l’OSR invités à la Générale d'Il Trovatore (de 7 à 18 ans). G comme 7 répétitions générales, 752 élèves invités. I comme 157 inscriptions d'enseignants au programme pédagogique : 49 enseignants retenus. N comme nouveauté : un programme spécial sur Peter Grimes créé à l’intention des élèves anglophones : 135 élèves. P comme 117 élèves des écoles privées du Canton. R comme retour des 317 élèves ayant fréquenté le GTG en 07-08 invités à la répétition générale de La Chauve-Souris. V comme 109 visites du GTG et des ateliers. Z comme 25 Zamis de l’OSR invités à la répétition générale de Peter Grimes (de 5 à 18 ans) >KA
Des élèves très critiques
Regarder danser et... écrire Partenaire du projet Danse et Ecriture réalisé par Danse+médiation culturelle, le Grand Théâtre a permis à 4 classes de 2
ème
année des collèges de Staël et
Claparède d’écrire un texte autour du Roméo et Juliette de Joëlle Bouvier. Suivis par Alexandre Demidoff, chef de la rubrique culturelle au Temps, quelques cinquante élèves ont suivi 2 à 4 spectacles de danse sur l’année pour exercer leur regard critique. Le texte lauréat permet à son auteur de passer une journée en stage au Temps. En voici un extrait. «(…) La scène, les costumes, l’éclairage tendent au plus simple. La scène pourvue d’une volute comme seul élément de décor laisse de l’espace aux danseurs tout en les oppressant. Une lumière froide, monochrome, descendant des cintres à la verticale sur la scène, ne fait qu’amplifier ce phénomène, qui contraste avec une musique puissante et profonde, sublimement interprétée par L’Orchestre de Chambre de Genève, sous la houlette de Philippe Béran.
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Des élèves interrogés à l’issue de la répétition générale du spectacle, pour lequel ils s’étaient préparés pendant plusieurs semaines, répondent à quelques questions. Quelle activité as-tu préférée ? « Les chaussures ! », dit
»
Le lauréat du projet Danse et Ecriture, Massimo Del Gaudio, lors du discours d’Alexandre Demidoff (chef de la rubrique culturelle du Temps), à la Villa Bernasconi.
Les scènes de combats mortels entre les Capulet et les Montaigu, où les corps claquent : peau contre peau, chair contre chair ; où les danseurs, presque acrobates, s’élancent dans des courses sans fin, dans des chutes violentes, contrastent avec des scènes de bonheur absolu, intenses, lentes et somptueuses. Les éléments de décor y sont tout aussi simples mais la lumière soudain plus douce, plus chaude, les transforme. Un décor abstrait qui prend sens tout au long de la pièce, suivant l’amour et la haine, se disloquant en trois morceaux vers la fin du ballet laissant libre cours à l’imagination du spectateur quant à son interprétation.(…)» (Massimo del Gaudio, Collège Claparède) >Hélène Mariéthoz(déléguée à la culture de Lancy)
30 | JITIJI | Le magazine du Grand Théâtre de genève | Saison 09 | 10 | 01
2009-2010
L'arrivée de la Chaconne... Les projets de la saison 2009-2010, ce sont : 60/62 classes, environ 1200 élèves et 8 productions (7 lyriques et 1 ballet). Environ 8 classes par production participeront au programme pédagogique. L’école primaire est concernée par 6 productions ; le cycle d’orientation par 7 productions ; le postobligatoire (collège, écoles professionnelles…) par 6 productions. L’Etoile, Don Giovanni, Lulu, Parsifal, La Calisto, La Donna del Lago et Alice in Wonderland feront l’objet d’ateliers vocaux. L’Etoile et Alice in Wonderland donneront lieu à des ateliers de scénographie. Les ballets Dov'è la luna et Être seront précédés d’un atelier mouvement-danse. La Calisto sera l’occasion de travailler la danse baroque et, en particulier, la Chaconne, une danse d'origine sud-américaine qui fit se trémousser l'Europe longtemps avant la salsa.
Dessins de Roméo et Juliette, réalisés par des enfants de primaire en atelier. David (en haut) et Léna (ci-contre).
Saison 09 | 10 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | ACT.0
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24h
Pleine d'enthousiasme et d'énergie, elle aime les grands espaces propices à la méditation. Discrète, elle partage sa passion et son talent avec les artistes du chœur du Grand Théâtre. Pas de chance, tout le monde la connaît et la reconnaît et bien au-delà
24 h
de nos frontières. Heureux et
compter sur elle, et de pouvoir partager 24h avec Ching-Lien.
© YUNUS DURUKAN
fiers sommes-nous de pouvoir
dans la vie de Ching-Lien Wu 01 h 00 A son domicile, Ching-Lien Wu éteint la lumière. Après les derniers saluts sur la scène de Neuve, elle est rentrée chez elle, s’est fugitivement plongée dans la lecture. Après une telle journée, le sommeil peut se faire prier – maintes fois elle en a fait l’expérience. Il arrive qu’elle rêve du Chœur du Grand Théâtre, qu’elle dirige depuis huit ans et qui ne compte plus aujourd’hui que quarante-deux choristes fixes (ce qui, pour une scène comme celle de Neuve, est vraiment peu)… au lever du soleil et quelles que soient ses ruses pour obscurcir sa chambre, elle se réveille. Elle dit en souriant que « ce cycle de travail n’est pas très sain » ! Au cœur de l’hiver, il arrive qu’elle puisse se reposer jusqu’à huit heures. Mais ensuite, « on bosse, on bosse et on bosse ». Mais attention ! Il y a bosser et… bosser. Ne pas confondre, donc, les aspects musicaux – répétitions, mises en place, recherches de sonorités, auditions… – , l’organisation (planification du travail, échanges formels et informels…) et le travail personnel des partitions. 10 h 00 Ching-Lien Wu met au point les aspects organisationnels du travail. Comme le Chœur du Grand Théâtre travaille dans le cadre d’une convention, le planning mensuel est établi en fonction des services mensuels alloués. Ching-Lien Wu procède par élimination. Elle prend toutes les séances de travail impliquant le chœur et d’autres partenaires : chaque spectacle, générale, prégénérale, générale avec piano ainsi que les « italiennes » – ces séances de travail avec orchestre -, sans oublier les répétitions scéniques avec orchestre (qui cumulent plusieurs services, calculés en fonction de l’ouvrage ; les plus « gourmands » étant les grands ouvrages du type Meistersinger von Nürnberg de Wagner). Une fois que tout cela est
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fixé, Ching-Lien Wu organise le temps restant, en répétitions dites « musicales », sans oublier les séances de mise en scène. 11 h 15 Jean-Marc Perrin (assistant) et Omar Garrido (régisseur de chœur) la rejoignent. Les trois se coordonnent, en fonction des attributions des choristes – de qui chantera quoi, où et quand, pour le dire de façon lapidaire. 12 h 00 Direction : la buvette. Le lieu des rencontres entre collaborateurs, où l’on « gossipe » ferme, pour reprendre un néologisme furieusement en vigueur. C’est durant une pause de midi qu’on en vient, chemin faisant, à discuter des modalités de participation du Chœur à la Fête de la musique… Ching-Lien Wu en conclut que les pauses de midi à la buvette lui font souvent gagner du temps. 14 h 00 Répétition avec le chœur fixe. Enjeu : ne pas laisser triompher la routine. « Si les choristes sont en bonne forme, j’en profite pour aller loin dans la recherche de sonorités, dans le travail des phrasés, dans les détails qui font la qualité d’un ensemble ». En cours de saison, il arrive que tout le monde soit fatigué : des baisses de régime passagères. La recette de Ching-Lien Wu ? Faire le clown, animer, différencier (prendre à part ceux qui n’ont pas encore leur partie « au bout de la langue »). 17 h 45 Ching-Lien Wu répond aux courriers électroniques. Puis elle se rend dans un studio de travail, avec une partition et se prépare pour des ouvrages à venir. 19 h 30 S’il n’y a pas de spectacles ni de répétition avec mise en scène, c’est le moment des répétitions du chœur complémentaire. La journée, ces choristes-là exercent un autre métier. Et comme ils n’ont pas la même expérience que les choristes fixes, ils n’ont pas non plus les mêmes rythmes de travail ni les mêmes objectifs… >MZ
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