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saison 10 11
N°
Nuit & jour du
ballet Sed Lux Permanet Chorégraphies de Francesco Ventriglia et Ken Ossola
Le couple
| N°4 | septembre 2010 |
Récitals
| LE journal du cercle du Grand Théâtre et du Grand tHéâtre de GEnève
Elektra
Strauss au féminin
de Don Quichotte au Grand Théâtre L'évènement
Le double-jeu du
Barbier
Opération
Lever de rideau à Genève sur... la plus ancienne banque de Suisse, Wegelin & Co. Depuis 1741, en tant que banquiers privés, nous avons tout vécu : périodes d’euphorie et de joyeuse insouciance, mais aussi guerres, révolutions et krachs boursiers… Pourtant, nous sommes toujours là. Et nos clients aussi qui, de génération en génération, ont vu leur patrimoine familial fructifier. Toujours en quête de techniques de gestion les plus performantes, nous avons développé des stratégies de placement avant-gardistes basées sur des instruments simples et accessibles. Aspirez-vous à des relations privilégiées? Nous serions heureux de vous rencontrer au boulevard Georges-Favon 5.
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GENÈVE
LAUSANNE
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LUCERNE
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> edito
Accepter le regard de l’autre… par Tobias Richter
à l'heure où la notion d'empathie semble gagner le vocabulaire courant, il nous a paru intéressant, à la veille d'une nouvelle saison, de nous interroger sur la place de cette notion en art. L'empathie peut-elle rimer avec passion ? L'objet de l'empathie est tout simplement la compréhension et se distingue de la sympathie qui reste une contagion émotionnelle. Il ne s'agit nullement de se mettre à la place de l'autre, mais de s'ouvrir tout en restant distinct sans être distant. Mais où se trouve la distance optimum ? Ne serait-ce qu'une nouvelle pierre philosophale, car il ne semble pas facile d'être soi face à quelqu'un à qui on accorde le droit d'être pleinement lui. Pourquoi une telle réflexion au retour des festivals et à l'orée d'une nouvelle saison qui, espérons-le, nous offrira des regards nouveaux, croisés et diversifiés et fera de notre belle institution un théâtre phare, dynamique et audacieux ? Que de fois assistons-nous à des représentations qui, au rideau final, s'achèvent en tollé général ? Le premier Ring du centenaire à Bayreuth, en 1976, dirigé par Pierre Boulez et mis en scène par Patrice Chéreau, permit d'assister à une nouvelle bataille d'Hernani ou à une nouvelle version de la querelle des Bouffons, un chahut qui dura plus de 20 minutes. Mais dès l'année suivante, ce fut un succès couronné par une ovation d'environ 30 minutes, on percevait à peine quelques « bouhhs » épars. Depuis les représentations du centenaire sont devenues une référence, et les wagnériens qui gravissent chaque année la verte colline pour rejoindre le temple en briques rouges en parlent encore avec émotion. Et Le Barbier de Séville qui va ouvrir votre saison fut un fiasco à la première, mais connut un succès croissant dès la deuxième, et reste, près de deux siècles plus tard, parmi les opéras les plus joués au monde. Nous pourrions également évoquer Carmen ou La Traviata. Sans vouloir dresser une liste exhaustive des œuvres qui ont reçu un accueil glacial, voire défavorable, à la création, il est juste de citer quelques compositeurs adulés aujourd'hui, ignorés ou vilipendés en leur temps, tels que Mozart, Beethoven ou encore Schumann. L'histoire ne voudrait-elle pas nous inviter à plus de tolérance, à plus d'ouverture, et à éviter des jugements à l'emporte-pièce dictés par notre monde, nos visions parfois trop étriquées ou trop sélectives, et qui mènent souvent à l'intolérance. Essayer d'analyser, de comprendre, d'accepter un autre regard, ne signifie nullement adhérer ou perdre son identité, ce n'est qu'une manière de prendre les chemins de l'empathie dans un domaine qui devrait rester un exemple phare de la tolérance et du respect. Difficile pour chacun de nous d'accepter un jugement sans avoir été compris ou sans qu'on ait cherché à nous comprendre. Et si dans chacun de nous sommeille l'âme d'un Beckmesser, laissons-la sommeiller pour accepter une marche en avant capable de donner à toutes les œuvres une vraie vie à chaque époque, sans les confiner au rang de pièces de musées. Mais peut-être les mots restent-ils trop souvent des conventions, et qu'il est plus important de se remettre en cause, et ne pas se forger des idées par rapport à ce qu'on nous dit, mais de se mettre aux commandes. Ce qui semble essentiel, ce n'est pas la négation, la destruction du passé, ou d'avoir raison, c'est de faire évoluer les choses et d'accepter les enrichissements. Prendre les chemins de l'empathie, ne signifie nullement perdre le sens critique. TR
> sommaire
Buzz op 2-3
Quoi de neuf dans le monde de l’opéra à Genève et ailleurs
Opération 4-13
Un cruel début d'été Double-lames Rosina ou le choix de la couleur L'heure exquise de Christof Loy Les muses de Richard Strauss
En ballet 14-15
Royal ballet ! Un programme ambitieux
On Stage 16-17 Jennifer Larmore José Van Dam
Pleins feux 18-23
Choisir, voir et imprimer sa place... La saison 09-10 vue par la presse De Nederlandse Opera
Didactique 24-25
Une surprenante maturité J'ai 20 ans ! J'aime l'opéra...
En coulisses 26-27
Les faux du Roi
Carnet du cercle 28-29
Le voyage est un retour vers l'essentiel
11, bd du Théâtre CP 5126 CH-1211 Genève 11
Agenda 30
T +41 22 418 30 00 F +41 22 418 30 01
24 h 32
grandtheatre@geneveopera.ch www.geneveopera.ch
Dans la vie de Daniel Dollé
Directeur de la publication Tobias Richter Responsable de l'édition Aimery Chaigne Image de la couverture : © GTG
Saison 10 | 1 1 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | ACT.0
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| N°4
Coordination Frédéric Leyat
Ont collaboré à ce numéro: Kathereen Abhervé, Philippe Cohen, André Couturier, PaulAndré Demierre, Daniel Dollé, Florence Dozol, Isabelle von Hildebrand, Christopher Park, Illyria Pfyffer. Impression m+h genève Parutions 4 éditions par année. Achevé d’imprimer en août 2010
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buzzop © DR
Une playmate à
l'opéra
lyriques
Après les Molières pour le théâtre, les Césars et les
Cette
ancienne
Ci-contre]
Alfredo Troisi, le secrétaire général de la fondation Verona per l’Arena. On primera
mouvementée. Voilà un point de départ tout
les meilleurs artistes internationaux des catégories
trouvé pour questionner la célébrité et la fragilité
suivantes : soprano, ténor,
des individus. La composition est confiée à Mark-
baryton,
Anthony Turnage et le livret à Richard Thomas, © ANGELI
Bien que l'annonce fit l'effet d'une bombe dans
ballet, costumier, metteur Ils recevront une statuette inspirée par la Victoire de
caractéristiques d'une œuvre lyrique, avec, en
Samothrace, créée spécia-
premier lieu, la démesure. Le 17 février 2011,
lement par le sculpteur Alberto Zucchetta. La pre-
au Royal Opera House, la soprano hollandaise
mière édition s'est dérou-
Eva - Maria Westbroek [Photo Ci-contre] sera Anna
lée le 31 août 2010 aux © DR
Nicole Smith dans Anna Nicole sous la baguette >FD
Arènes de Vérone sous le parrainage de la soprano italienne Katia Ricciarelli
Régine s'expose annotées, des costumes, retracent sa vie privée, mondaine, son activité d’enseignante ainsi que sa carrière internationale de cantatrice, de ses débuts à Nîmes jusqu’à ses triomphes sur les plus grandes scènes internationales. Voilà une opportunité de redécouvrir cette héroïne multiple, au chant noble, et l’une des premières artistes françaises à chanter les livrets dans leur langue originale. >IP
© DR
© BnF/Georges Henri
chestre, chœurs, corps de en scène, et décorateurs.
l'univers de l'opéra, sa vie rassemble toutes les
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mezzo-soprano,
basse, contralto, chef d’or-
qui avait déjà écrit Jerry Springer : The Opera.
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ci-
Lirica, a été imaginé par
trois ans son aîné, a eu une vie pour le moins
Un bel hommage à Régine Crespin, l’une des plus illustres cantatrices du siècle dernier, vient d’être publié en coédition avec l’Opéra de Paris et la bibliothèquemusée de l’Opéra. Le livre expose son parcours à travers plus de cent vingt photographies, pour beaucoup inédites. Pour l’occasion, une exposition lui a été consacrée du 19 juin au 15 août 2010 au Palais Garnier. Des clichés, des partitions
le
projet, intitulé Oscar della
américaine,
mariée à un octogénaire invalide et de soixante-
d'Antonio Pappano.
pour
est aussi récompensé. Ce
se concrétise.
strip-teaseuse
Oscars
néma, le monde lyrique
Le projet de monter un opéra sur la vie d’Anna Nicole Smith [Photo
Oscars
et présenté par l'acteur Massimo Ghini. Le réalisateur et acteur Michele Placido
en
était
l'hôte
d'honneur. Plus de 300 nominés pour 12 catégories. Deux Oscar della Lirica ont été attribués pour leur immense carrière à la soprano italienne Mirella Freni [Photo page de droite, en haut],
une des grandes
« Mimi » du XXème siècle et au célèbre ténor verdien Carlo Bergonzi [Photo page de droite, en-dessous].
A
l'heure où nous mettons sous presse, nous n'avons pas encore le palmarès.>FD www.internationaloperaawards.org
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Más Carreras
à l’heure où le monde théâtral et littéraire vient de
perdre Bernard Giraudeau, une figure de la lutte contre le cancer, l’opéra retrouve José Carreras. Alors qu’il avait annoncé son départ en retraite, le ténor espagnol sera de retour à La Scala en octobre prochain pour un concert soutenu par l’European Society for Medical Oncology, dont le congrès annuel se tiendra à cette date à Milan. Les bénéfices seront redistribués en faveur de la recherche contre cette maladie. Cette cause, José Carreras la défend. Atteint lui-même d’une leucémie en 1987, deux de ses amis ténors ont succombé au cancer. >FD
David Zinman (ci-contre) va diriger les Gurrelieder de Schoenberg le 12 septembre 2010 pour le Septembre Musical Grigory Sokolov (à gauche) sera un autre moment fort du Festival
Les Gurrelieder au bout du lac Une programmation d’anthologie : pas moins de quatorze concerts et quelques moments rares qui
reste-ront dans les annales, notamment les Gurrelieder de Schönberg, le 12 septembre 2010
ça butine
au Wiener Staatsoper L’Opéra de Vienne propose une programmation quelque peu particulière pour cette nouvelle saison. L’intrigue aura lieu sur le toit ! Les artistes ? Soixante mille abeilles, dont la performance sera filmée en
par l’OSR et la Tonhalle de Zurich réunis sous la baguette de David Zinman, accompagnés par quatre chœurs : le Norddeutscher Rundfunk Chor, le Chœur de femmes du Grand Théâtre de Genève et le Chœur d’Etat de Lettonie ! Près de 350 personnes sur scène! Les grandes formations suisses et européennes seront aussi magistralement représentées : le Royal Philharmonic de Londres (en résidence) sous la
baguette de Charles Dutoit ainsi que Sir Andrew Davis et Pinchas Zukerman, sans oublier l’Orchestre national de France, dirigé par Daniele Gatti. Soulignons également une palette d’interprètes d’exception : Grigory Sokolov, Jean-Yves Thibaudet, Paul BaduraSkoda, etc. >IP
Festival de musique classique Montreux-Vevey Septembre Musical. 64e édition, Du 27/08 au 12/09/2010 www.septmus.ch
111 Le label le plus prestigieux de la musique classique, Deutsche Grammophon, a fêté ses 111 ans en 2009. L’occasion de sortir plusieurs coffrets CD et DVD, parmi lesquels 111 The Collectors’ Edition (coffret de 55 CD), 111 Years of Deutsche Grammophon (111 pistes de 111 artistes répartis sur 6 CD), ou encore 11 Classic Videos (13 DVD). La grande maison édite également State of Art Limited Edition (livre et six CD disponibles en version française), un ouvrage retraçant son histoire, avec des archives, des interviews d’artistes, des photographies... Pour l’évènement, la marque a également créé le site internet des 111 ans et organisé un concours. Une belle opportunité de savourer les incontournables enregistrés par le célèbre logo jaune et s’approprier davantage cette institution centenaire. >FD www.dg-111.com
continu et rediffusée sur www.bienenfreunde.at/livedu projet Vielfaltleben (diversité biologique), sponsorisé par le ministère autrichien de l’environnement,
© DR
cam. Cette œuvre particulière s’inscrit dans le cadre
en effet, 2010 a été déclarée « Année internationale de la diversité » par l’ONU. Au cours d’un gala, une partie du miel produit sera vendu au profit du projet. Une initiative insolite de l’Opéra de Vienne en faveur de la biodiversité. >FD
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Opération
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Maureen Forrester Le choix de Walter Le 16 juin dernier, on annonçait le décès à Toronto d e l a co nt r a l t o canadienne, à l’âge d e 8 0 a n s . Né e en 1930, dans un quartier populaire francophone de Montréal, elle était la plus jeune des quatre enfants d’une famille d’ouvriers aux origines écossaise et irlandaise. À l’âge de 13 ans, elle interrompit ses études secondaires pour travailler comme secrétaire, afin de financer ses premiers cours de chant à l’École Vincent-d’Indy et à l’Université McGill, où elle rencontra le pianiste-accompagnateur John Newmark, en 1953. C’est avec Newmark qu’elle commença une carrière de soliste de concert qui lui fit rencontrer, en 1958, le grand chef mahlérien Bruno Walter, qui la choisit pour enregistrer, avec l’Orchestre philharmonique de New York, la 2e symphonie dite « Résurrection » et Das Lied von der Erde. Le choix de Walter consacra Forrester comme l’une des plus grandes interprètes de Mahler. À l’époque de l’apogée des orchestres symphoniques des États-Unis, les plus grands chefs comme Ormandy, Muench, Reiner se la disputaient. Sa voix semblait naturellement faite pour cette musique: un son d’une rare beauté, une musicalité infailliblement juste et une expressivité aux nuances sombres qui lui permettait de conférer au pianissimo le plus doux la magie inquiétante d’un enchantement. Sa carrière lyrique commença sur le tard. Sa réputation d’artiste de récital et concertiste gênait les directeurs de maisons d’opéra, qui présumaient qu’elle n’aurait aucun talent pour la scène. En 1970, à l’âge de 40 ans, le réalisateur et compositeur canadien Norman Campbell l’engagea pour jouer dans deux productions télévisées: la Sorcière dans Hänsel und Gretel de Humperdinck, puis Marceline dans Le Nozze di Figaro. Le plaisir évident qu’eut Maureen Forrester à prendre ces deux rôles et son instinct naturel pour le jeu scénique eurent vite raison des réticences des © DR
Sir Charles Mackerras Un passionné de Janáček Le décès subit du chef d’orchestre le 16 juillet dernier, a pris le monde musical par surprise. On connaissait son grand âge, on savait la lutte acharnée qu’il menait contre le cancer, mais l’éternel jeune homme, après avoir dirigé Così fan tutte à Glyndebourne en juin, parlait encore de projets artistiques, comme si six décennies d’activité musicale ne lui suffisaient pas. Chef d’orchestre et directeur musical des plus polyvalents, il pouvait exécuter Haendel ou Mozart avec l’autorité d’un « baroqueux », défendre avec passion l’opéra français, briller dans le répertoire classique viennois, ou tout simplement communiquer son enthousiasme pour les opérettes victoriennes de Gilbert & Sullivan. Le jeune Australien, né en 1928 à Schenectady, dans l’état de New York, émigra au Royaume-Uni en 1947. Ayant obtenu une bourse du British Council pour étudier la direction d’orchestre à Prague auprès de Václav Talich, il y développa son amour profond pour la musique tchèque, notamment celle de Leoš Janáček. Le travail direct sur les manuscrits du compositeur affina le sens de l’exégèse musicale chez le jeune Mackerras et lui permit d’être le fer de lance d’une nouvelle pratique d’interprétation, conforme aux intentions de Janáček. Le fruit de ce travail de jeunesse fut une longue série de productions internationales du maître de Brno, couronnée par l’enregistrement de l’intégrale Janáček. Si Charles Mackerras n’avait été que chef symphonique, il eut certes excellé. Mais la rétrospective de sa carrière trahit une passion immense pour l’art lyrique. Il fit son début au Sadler’s Wells Opera de Londres en 1948 en dirigeant Die Fledermaus. Jeune membre du English Opera Group et fasciné par la musique de Britten, il fit un jour une remarque mal placée à l’égard de ce dernier qui l’exclut à jamais du sérail d’Aldeburgh, mais qui ne l’empêcha pas de défendre les opéras de Britten sa vie durant, notamment à Genève où il dirigea Peter Grimes en 1964-1965. En 1963, il fit son début à Covent Garden, avec la Katerina Ismailova de Chostakovitch et en 1965, pour le Sadler’s Wells, il fit figure de pionnier avec la première tentative d’exécution de Le Nozze di Figaro tel qu’on aurait pu l’interpréter à l’époque de Mozart, avec deux bonnes décennies d’avance sur la révolution des instruments et pratiques d’origine. En 1973, devenu directeur du Sadler’s Wells, rebaptisé English National Opera, il eut le privilège d’inaugurer l’Opéra de Sydney, avec la soprano Birgit Nilsson. En 1977 commença une décennie d’activité indépendante, le ramenant à Genève en 1982-1983 où il mit à l’œuvre ses talents de haendélien, dirigeant Tatiana Troyanos dans le rôle-titre de Giulio Cesare in Egitto. Directeur musical du Welsh National Opera en 1987, poste qu’il tint jusqu’en 1992, il y présenta en 1989 une Lucia di Lammermoor jouée à partir d’un facsimilé du manuscrit autographe de Donizetti, version reprise au Met en 2000. Revenu à Prague, pour y diriger en 1991 un Don Giovanni dans son théâtre d’origine, il devint principal chef invité de l’Orchestre philharmonique tchèque (1997-2003) et c’est avec cet ensemble qu’il donna libre cours à sa passion
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Un cruel début d'été
pour Janáček, réalisant avec eux en 2000 le premier enregistrement mondial de Šárka, le premier opéra du compositeur. Sa passion pour l’authenticité lyrique et sa conviction que toute production doit rester fidèle dans une certaine mesure aux intentions du compositeur et du librettiste l’amenèrent parfois à des conflits avec certains metteurs en scène contemporains. Mais c’est grâce à ce perfectionnisme que Mackerras pouvait évoluer avec une égale aisance dans le classicisme de Gluck ou la finesse de Massenet, autant que dans l’intensité dramatique de Verdi ou Wagner. Fait chevalier en 1979, Sir Charles Mackerras laisse derrière lui une vaste discographie et le souvenir d’un directeur musical plein d’humour et de bon sens, aux qualités intellectuelles et analytiques immenses. CP
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Opération
© Metropolitan Archive/ Louis Melancon
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programmateurs lyriques. Elle brilla par la suite dans des rôles de R. Strauss, Verdi et Wagner (Brangaene, Ulrica, Mistress Ford, Hérodiade, Clytemnestre) ainsi que celui de Madame de la Haltière, la méchante belle-mère de la Cendrillon de Massenet. Elle fit ses débuts au Met en 1975, comme Erda dans Das Rheingold et à La Scala, à 60 ans, dans le rôle de la Comtesse de La Dame de Pique de Tchaïkovski. Sa voix de mezzo (officiellement contralto !) riche et généreuse, assortie d’une présence physique imposante, convenait non seulement à Mahler, Brahms ou Dvořak, mais disposait aussi de l’agilité et de la souplesse nécessaire pour Bach et Haendel, se faisant gouailleuse pour les chansons folkloriques ou l’opérette, ou discrète et intime pour le lied et la mélodie. Sa personnalité unique réunissait les extravagances de la diva avec une simplicité engageante et une bonne humeur constante, qui la rendit très populaire auprès de ses compatriotes. Pour preuve, les 30 doctorats honoris causa, qu’elle se vit octroyer par des universités canadiennes. Présidente du Conseil des Arts du Canada entre 1983 et 1988, elle y fit preuve d’un leadership hors pair, défendant avec brio la composition et la création musicale dans son pays. L’expérience de son métier, unie à une rare capacité de concentration et d’analyse, lui permettaient de travailler avec une rapidité et une précision redoutables. Mais elle refusait toujours de se prendre au sérieux en public: lors d’une représentation de Werther, elle obligea le régisseur à retenir en coulisse le ténor qui voulait lui concéder le dernier salut: « Après tout, aurait-elle dit, le titre de l’opéra n’est pas Charlotte. » Il est d’autant plus tragique qu’une femme d’un tel esprit et d’intelligence ait vu ses dernières années obscurcies par le déclin de ces capacités et la lutte contre la maladie d’Alzheimer. Pour l’auteur de ces lignes, lui-même d’origine canadienne, la disparition de Maureen Forrester est un moment de grande tristesse. Sa voix, reconnaissable entre toutes, faisait naturellement partie du paysage audiovisuel et médiatique de ma jeunesse. Une vieille cassette, repiquée d’un vinyle d’odes et de chansons de Purcell interprétées par Mme Forrester, m’accompagna lors d’un séjour universitaire en Chine populaire en 1983-1984. Avant l’heure des discothèques entières sur lecteur MP3, cette cassette mille fois écoutée sur un baladeur Walkman, m’a souvent permis de déconnecter du choc culturel parfois assez traumatisant des circonstances extérieures, ou de prendre tout simplement plaisir à un accompagnement musical aussi élégant et édifiant que les paysages et sites que je visitais. CP
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Giuseppe Taddei Falstaff n’est plus… Le 4 juin, Le Temps, sous la plume de Julian Sykes, titrait : « Giuseppe Taddei, une voix d'or s'éteint ». En effet, le 2 juin 2010, Giuseppe Taddei, un des barytons partenaires de Callas, de Pavarotti et de bien d'autres, fait ses adieux dans sa maison romaine. Il a tout juste 18 ans, quand, sous la baguette d'Arturo Toscanini, il chante le Héraut de Lohengrin. A 63 ans, il connaît la consécration au Metropolitan Opera de New York. Il débute sa carrière à Rome, elle sera interrompue par la guerre. En 1946, le Staatsoper de Vienne lui ouvre ses portes, désormais, il sera l'invité des plus grandes scènes internationales et du Festival de Salzbourg, où il chante son premier Figaro en 1948 et son premier Falstaff en 1949. Il est coutume de dire en Italie : « Nous avons donné Tito Gobbi au reste du monde, mais nous avons gardé Taddei pour nous. » Quoi qu'il en soit, les deux barytons auront marqué fortement l'histoire de l'art lyrique au milieu du XXème siècle. Chanteur et acteur remarquable, il interprète plus de 100 rôles, entre autres, les deux Figaros (des Noces et du Barbier), Leporello et Don Giovanni, Dulcamara, Macbeth, Rigoletto ou encore Iago, mais il brûle littéralement les planches avec Gianni Schicchi et Falstaff dont il nous reste des enregistrements et une vidéo du Met. Il n'interprétait pas Falstaff, il était Falstaff, et en 2006, lorsqu'on publia ses mémoires Moi, Falstaff, il révèlera le secret pour être un bon Sir John : « Il faut aimer les femmes, le bon vin, la bonne chère. » En 1991, il chante Simon Boccanegra sous la direction de Claudio Abbado à Vienne, et quatre années plus tard, après plus de 60 ans de carrière, Giuseppe Taddei quitte les planches en laissant le souvenir d'une voix chaleureuse et exceptionnelle que nous pouvons heureusement retrouver dans les bacs des disquaires, même si ce n'est parfois qu'un pâle reflet de la réalité. DD Cesare Siepi Une voix d'or grave et veloutée Le 5 juillet 2010, la basse préférée d’Arturo Toscanini nous dit adieu… C’est à Schio qu’il fait ses débuts dans Sparafucile de Rigoletto, il a juste 18 ans. Lorsque survient la guerre, il fuit le fascisme et l’armée mussolinienne et se réfugie en Suisse. à son retour en Italie à la fin de la guerre, il chante à La Fenice, puis à La Scala le rôle de Zaccaria de Nabucco. Boris Christoff n’ayant pas obtenu son visa pour chanter Philippe II de Don Carlo au Metropolitan Opera de New York, Rudolf Bing, pour son premier mandat en tant que Directeur général du Met, fait appel à Cesare Siepi qu’on allait considérer comme le digne successeur d’Ezio Pinza. C’est le début de 24 saisons d’affilée au Met et plus de 500 représentations. Cependant, il sera régulièrement présent sur les scènes européennes, à Milan, à Vienne, ou au Festival de Salzbourg qui nous lègue à travers quelques enregistrements le souvenir de ce chanteur de légende. Parmi les Don Giovanni, on n’oubliera pas celui de 1953 dirigé par Wilhelm Furtwängler avec Mesdames Grümmer et Schwartzkopf. Il fut également un Figaro inoubliable qu’on peut retrouver sur un disque de 1955 avec Lisa Della Casa sous la baguette d’Erich Kleiber. En 1994, après cinquante ans de carrière, il quitte la scène en interprétant Oroveso de Norma. Sa prestance physique pouvait rivaliser avec les acteurs hollywoodiens. Sa voix grave, veloutée et flexible en fait avant tout un mozartien et un verdien, mais également un interprète des œuvres de Wagner ou de Moussorgski. Certains mélomanes chanceux se rappelleront d’un inoubliable Gurnemanz. Il brillait dans tous les rôles qu’il décidait d’inscrire à son répertoire. Il était un Basilio remarquable et truculent du Barbier de Séville. DD
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Opération > il BArbiere di Siviglia de Gioacchino Rossini
> Rencontre avec Alberto Zedda
Direction musicale : Alberto Zedda Mise en scène : Damiano Michieletto Au Grand Théâtre, 4 | 5 | 7 | 8 | 12 | 13 | 14 | 16 | 18 | 19 septembre 2010
Au Grand Théâtre, le 6 septembre 2010 à 18 h 30
Double-lames par André Couturier
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Nouvelle production à Genève Direct. musicale: Alberto Zedda M. en scène : Damiano Michieletto Décors : Paolo Fantin Costumes : Silvia Aymonino Lumières : Fabio Barettin Chœur : Ching-Lien Wu Continuo : Xavier Dami
Deux versions
Version Mezzo-Soprano 4 | 7 | 12 | 14 | 18 septembre 2010 Almaviva : Juan Francisco Gatell Bartolo : Alberto Rinaldi Rosina : Silvia Tro Santafé Figaro : Tassis Christoyannis Don Basilio : Burak Bilgili Fiorello : Nicolas Carré Berta : Bénédicte Tauran Un Ufficiale : Aleksandar Chaveev Version Soprano 5 | 8 | 13 | 16 | 19 septembre 2010 Almaviva : John Tessier Bartolo : Eduardo Chama Rosina : Jane Archibald Figaro : Pietro Spagnoli Don Basilio : Ugo Guagliardo Fiorello : Harry Draganov Berta : Carine Séchaye Un Ufficiale : Romaric Braun Orchestre de la Suisse Romande Chœur du Grand Théâtre de Genève [Photos page de gauche, en haut]
Juan Francisco Gatell (Almaviva), Silvia Tro Santafé (Rosina), Tassis Christoyannis (Figaro) et Alberto
© GTG/vincent Lepresle
la soprano. Et si vous vous sentez toujours indécis pourquoi ne pas aller écouter les deux ? Cette propriété de dédoublement de la partition a été rendue possible grâce au spécialiste de la musique rossinienne, Alberto Zedda qui nous fera l’honneur de diriger à cette occasion l’OSR dans la fosse du Grand Théâtre. Le maestro est directeur à Pesaro du Rossini Opera Festival et le pionnier des éditions des opéras du compositeur notamment Il barbiere di Siviglia, édité déjà en 1969 et qu’il vient de rééditer dans une nouvelle version élaborée grâce à ses recherches récentes. Le chef d’orchestre est par ailleurs directeur de la société Rossini en Allemagne et connaît jusqu’au bout de la baguette chaque inflexion du bel canto rossinien dont il saura distiller l’essence avec justesse. La ville de Pesaro semble bien être le dénominateur commun de cette nouvelle production : Rossini y est né, Maestro Zedda y est le directeur du Festival Rossini et, pour couronner le tout, le metteur en scène Damiano Michieletto, à 35 ans, après avoir monté Così fan tutte à Tokyo, Don Giovanni à Venise et Luisa Miller à Zurich, vient de signer une mise scène acclamée de Sigismondo de Rossini à Pesaro. Le jeune metteur en scène vénitien saura assûrément redonner un souffle nouveau à ce melodramma buffo. La mise en scène sera loin d’être « rasoir » ou encore « barbante » puisque Damiano Michieletto, lauréat du prestigieux prix « Franco Abbiati », nous promet un lot de surprises et de trouvailles correspondant bien à l’humour pétillant de Rossini qui emprunte à un Beaumarchais l’art du théâtre comique. Au détour, vous pourrez reconnaître quelques chanteurs qui ont déjà fréquenté la scène genevoise ces dernières années: Pietro Spagnoli, Burak Bilgili, Jane Archibald. Tout semble concourir dans cette production, à redonner une nouvelle jeunesse à l’un des opéras les plus connus de Rossini et nous laisser le souvenir inoubliable d’un Barbier véritable, c’est-à-dire virevoltant au service du bonheur de chacun : Figaro-ci Figaro-là. Il faudra donc courir pour attraper le Una voce poco fa de Rosina, frémir sous l’air de la calomnie et rire aux efforts répétés de travestissement du comte d’Almaviva et de Figaro qui tentent de détourner l’attention du grotesque Bartolo. AC
Rinaldi (Bartolo) en répétition dans les décors de Paolo Fantin. [en bas] John Tessier (Almaviva) et
Jane Archibald (Rosina) Le Maestro Alberto Zedda dirige cette nouvelle production.
© el pais/Luis MAgan
Ecco ridente in cielo (Voici la riante aurore), chante le Comte d’Almaviva à Rosina qui l’écoute à son balcon. Nul autre air ne saurait mieux convenir pour introduire une œuvre raffinée, pétillante, virtuose qui séduit le mélomane averti et le néophyte, en somme un opéra pour tous. Un ouvrage qui fait sourire, parfois rire, non pas à cause de ses personnages, mais à cause des situations qu’il génère. Rosina, la jeune fille, qui aspire à un amour sincère, est la prisonnière de son tuteur, le Docteur Bartolo. Un homme probablement plus intéressé par la dot que par le mariage et qui est prêt à tout, afin de ne pas la perdre. La détermination du Comte pour enlever Rosina est sans faille, il n’exclut aucune extravagance pour arriver à ses fins. Figaro, le factotum, l’homme virevoltant, le virtuose, assure la mise en scène. Il est toujours présent au bon moment. Don Basilio, le maître de musique, le stratège conseiller de Bartolo, ne pourra pas empêcher l’oiselle de s’envoler de sa cage. Toute précaution restera inutile. Berta ne manquera pas de nous surprendre sur la scène du Grand Théâtre. Elle est interprétée par deux membres de la jeune troupe : Bénédicte Tauran et Carine Séchaye. Loin des clichés habituels de la servante du docteur Bartolo, nous suivons une Berta sémillante et aguicheuse. La jeunesse sera à l’honneur pour cette production qui débute cette saison 2010-2011 au Grand Théâtre de Genève. Tout comme Rossini qui n’a que 25 ans lorsqu’il compose Il Barbiere di Siviglia. Le duc Cesarini, imprésario du théâtre Argentina à Rome, lui en fait commande en décembre 1815 ce qui laisse à Rossini environ deux mois pour composer et créer l’opéra. Un premier livret est échafaudé mais il est jugé inintéressant si bien qu’on demande au librettiste Cesare Sterbini de sauver la situation. On dit que le compositeur, en raison du retard accumulé, écrit la partition en une quinzaine de jours. La création, le 20 février 1816, est une suite d’événements tragi-comiques : une guitare avec une corde qui casse et une chanteuse qui change son texte suffirent à susciter sifflets et rires du public. On aurait pu penser que cette œuvre tomberait aux oubliettes, toutefois cela aurait été mal connaître le génie de Rossini. Après certaines modifications du compositeur elle gagne rapidement le haut du podium de la scène lyrique. Ces modifications ont pour conséquence une démultiplication des versions possibles. Rossini a d’abord dédié le rôle de Rosina à une voix de mezzo-contralto, chantée à sa création en 1816 par la cantatrice Giorgi-Righetti, cependant la voix de soprano est rapidement venue la remplacer pour permettre à l’interprète de briller par sa virtuosité ornementant à volonté les notes les plus haut perchées. Mais avec la production représentée à Genève vous ne serez pas frustrés de n’avoir pu entendre l’une ou l’autre puisque les deux versions seront alternativement chantées : un jour chantée par la mezzo espagnole Silvia Tro Santafé et l'autre par la soprano canadienne Jane Archibald. Ainsi vous pourrez choisir ad libitum entre les teintes chaleureuses et introspectives de la voix de mezzo et la virtuosité vertigineuse et brillante de
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> il BArbiere di Siviglia de Gioacchino Rossini
La mezzo-soprano espagnole Silvia Tro Santafé
Direction musicale : Alberto Zedda Mise en scène : Damiano Michieletto Au Grand Théâtre, 4 | 5 | 7 | 8 | 12 | 13 | 14 | 16 | 18 | 19 septembre 2010
et la soprano canadienne Jane Archibald sont les Rosina de cette production du Grand Théâtre.
Rosina
ou le choix de la couleur par Paul-André Demierre*
Qui écoute la cavatina de Rosina, Una voce poco fa, chantée d’abord par Teresa Berganza puis par Edita Gruberova, perçoit immédiatement une différence dans le coloris et dans l’orne-
seconde. Y aurait-il donc une version mezzo/contralto et une
© WNO/Karin Cooper
autre pour soprano léger ?
En septembre 2009, Silvia Tro Santafé est Rosina dans la production du Washington
© GTG/Carole paRODI
National Opera.
En décembre 2008, Jane Archibald est Adèle dans la production de Die Fledermaus (La Chauve-Souris) au Grand Théâtre de Genève.
S
i l’on prend en considération les dix ouvrages bouffes qui, depuis novembre 1810, ont précédé ce Barbiere di Siviglia, trois d’entre eux, L’Equivoco stravagante, La Pietra del paragone et L’Italiana in Algeri, ont pour protagoniste la même artiste, la contralto Maria Marcolini, qui exhibait une tessiture de plus de deux octaves, s’étendant du la 2 (ou la en dessous de la clé de sol) au si 4 (ou si au dessus de la portée). Rossini calque la musique qu’il lui confie sur ses moyens spécifiques. En début d’année 1853, n’écrivait-il pas à Luigi Crisostomo Ferrucci : « Le contralto est la norme à laquelle il faut subordonner les voix et les instruments dans le cadre de la composition musicale. Si l’on veut se passer du contralto, on peut pousser la prima donna assoluta jusqu’à la lune et le basso profondo dans le puits. Et cela, c’est faire voir la lune dans le puits. Il convient de travailler sur la corde du milieu pour obtenir la justesse ? » Penchons-nous maintenant sur le rôle de Rosina, incarné au Teatro Argentina de Rome le 20 février 1816, par la contralto Geltrude Righetti-Giorgi (qui, onze mois plus tard, sera la première Angelina de La Cenerentola au Teatro Valle). La tonalité originale de la cavatina d’entrée est celle de mi majeur ; la ligne vocale touche tant le sol dièse 2 que le si 4. Comme souvent chez Rossini, le ductus mélodique commence par huit mesures de declamato, avant que ne se profilent les traits d’une ornementation plutôt modérée ; la seconde partie de l’aria (sur les mots Io son docile) est deux fois plus longue que la première et fait appel à une coloratura beaucoup plus développée, juxtaposant gruppetti, trilles mesurés et volatine (ou traits descendants, parfois ascendants) jusqu’à la cadenza finale. Le respect de la tessiture originale a d’abord pour conséquence que le rôle de la servante Berta doit être confié à une soprano, par souci d’équilibre de la distribution vocale ; il faut relever aussi qu’il prête à Rosina un coloris de femme mûre et consciente du rang social qu’elle va devoir tenir, ce qu’évoque avec pertinence Alberto Zedda dans la préface de son édition critique de 1969. Cela n’empê-
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mentation du texte musical, beaucoup plus brillante chez la
chera pas la voix de mezzo de greffer au texte nombre de traits virtuoses étirant la ligne vers l’aigu, procédés que codifiera, en 1903, le maestro Luigi Ricci dans son traité Variazioni – Cadenze – Tradizioni. Incidemment, ce fait permettra à des soprani illustres de notre temps comme Maria Callas ou Victoria de los Ángeles de respecter la tonalité originale de mi majeur, tout en insérant des formules brillantes d’agilità, typiques du registre aigu. Venons-en maintenant à ce qu’écrivait, en 1958, le chef d’orchestre Tullio Serafin dans son livre Stile, Tradizioni e Convenzioni del Melodramma italiano del Settecento e dell’Ottocento : « Le rôle de Rosina, écrit à l’origine pour mezzosoprano, chose sue, rabâchée, graphiquement sans équivoque, est passé depuis longtemps à l’usage du soprano léger… L’on a ressenti, en général, qu’à Rosina convient la voix du soprano léger comme celle qui correspond le mieux à sa féminité… Les voix claires, blanches, légères, fraîches et juvéniles sont les voix de l’expansion lyrique doucement caressante et capricieuse, à la différence de celles qui sont charnellement sombres, d’un brun luisant rappelant les nuits sereines et lunaires de mai qui conviennent aux expressions fortes du tragique et aux tonalités élégiaques plus attristées et suggestives. » Dès les années 1820, d’illustres soprani comme Giulia Grisi ou Henriette Sontag s’emparaient du rôle, avant l’avènement des Sembrich, Hempel, Galli-Curci ou Tetrazzini de l’orée du XXème siècle. à quand remonte la pratique d’élever Una voce poco fa d’un ton (et de confier le rôle de Berta à un contralto), nul ne le sait. Notons que ce qui concerne la première aria de Rosina fait force de loi dans la leçon de chant de l’acte II : la tonalité originale est ré majeur, la transposition pour soprano léger recourt à celle de fa majeur. Selon la remarque d’Alberto Zedda, une indication de la main de Rossini, au terme du récitatif précédant cette aria, aurait d’emblée concédé à la chanteuse le droit d’exécuter n’importe quel morceau de son choix. Cela a permis à une Galli-Curci d’intercaler la Polonaise de Philine (extraite de Mignon), à une Lily Pons, les Variations de Proch, à une Bidú Sayão, le Bel raggio lusinghier de Semiramide. Mais, heureusement, notre époque a le respect du texte original. Et qu’importe que cohabitent une Rosina mezzo/contralto et une Rosina soprano leggero, si Rossini est bien servi par ces dames ! PAD * Paul-André Demierre a été élève du Conservatorio Giuseppe Verdi de Milan dans la classe de direction d’orchestre orientée vers le théâtre lyrique ; il est docteur-ès-lettres de l’Université de Fribourg. Depuis septembre 1991, il est producteur à la Radio Suisse Romande, notamment des émissions Vocalises, AvantScène et à l’Opéra. Paraîtra, en novembre prochain aux éditions Papillon à Genève, son livre consacré aux opéras napolitains de Rossini à la lumière des critiques de l’époque.
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Opération > Die Lustige Witwe (La veuve joyeuse)
de Franz Lehár Direction musicale : Rainer Mühlbach Mise en scène : Christof Loy Au Grand Théâtre, 14 | 16 | 18 | 19 | 21 | 23 | 26 | 28 | 29 | 31 décembre 2010
L'heure exquise de
Christof Loy « Aber wo ist denn der Vaterland ? (Mais où donc est ma patrie ?) ». Cette question oratoire que pose le Comte Danilo Danilowitsch au début de Die lustige Witwe, au moment où l’on requiert qu’il serve le Pontevedro en contractant un mariage de raison, a sans doute une résonance particulière dans l’esprit de Christof Loy. Ce n’est pas que le metteur en scène natif d’Essen ait des doutes sur ses origines. Mais l’homme qui ne cesse de risquer ses visions radicales et contemporaines sur un public d’opéra largement conservateur de nature, doit également lutter pour ne pas perdre de vue son objectif artistique, sa patrie spirituelle en quelque sorte. « Ce qui m’intéresse, c’est d’où nous venons et où nous devons aller. » La profession de foi de Christof Loy tient en ces quelques mots dont l’apparente simplicité donne pourtant à réfléchir. Ses mises en scène, dont la première au Grand Théâtre fut une reprise en 2006-2007 de l’Ariadne auf Naxos montée pour Covent Garden, ont amplement prouvé la profondeur et la minutie de sa lecture des livrets, et son refus de se laisser dicter son travail par les lieux communs de ce qu’on conçoit comme « être fidèle à l’œuvre ». Christof Loy nous met en garde: « Une fausse fidélité à l’œuvre peut empêcher le public d’avoir une perspective sur ce qui est essentiel à une pièce. » Cet avertissement, le public de Covent Garden eut bien fait de le garder à l’esprit, avant d’aboyer son mécontentement devant le Tristan sans bateau de Loy en octobre 2009. Les lauriers du Laurence Olivier Award, décernés cette année-là au Royal Opera House, pour la meilleure nouvelle production lyrique de la saison, en l’occurrence celle de Christof Loy, prouvent la pertinence de sa démarche sans compromis. Si le public genevois de la première de La Donna del lago, proposée par Loy en mai dernier, a réagi de manière similaire à son homologue londonien, l’Alceste qu’il réalisa cet été a su offrir aux festivaliers d’Aix une mise au point sur la grande partition de Gluck d’une netteté et d’une fraîcheur singulières, soulignées par la critique. Au moment de la rédaction de ces lignes, la co-production Grand Théâtre de Genève-De Nederlandse Oper des Vêpres siciliennes, mise en scène par Christof Loy, programmée en mai 2011 pour la scène de Neuve, est encore en répétition à Amsterdam. Mais avant de se remettre à dégager la signifiance contemporaine des grands drames historiques romantiques, Loy se permettra pour Genève, une incursion fort attendue dans l’opérette. Qui n’a pas dans son cœur un peu de La Veuve joyeuse? Les mots seuls d’heure exquise déclenchent une valse d’images surannées, floutée par le passage du temps, tendrement pervertie par des souvenirs du cinéma de grand-maman (Ah ! Maurice Chevalier... Ah ! Jeanette MacDonald...), où
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une femme légère était une « grisette » et où les diplomates portaient inévitablement un titre. N’y a-t-il pas une certaine futilité à vouloir faire la relecture d’une partition aussi figée dans le temps et l’imaginaire ? Christof Loy n’en est pas à sa première Veuve. En 1992, au tout début de sa carrière, il l’a mise en scène pour le Stadttheater d’Ulm. Presque vingt ans plus tard, il y revient, préparant pour le Grand Théâtre une nouvelle production qui s’engagera certes dans la recherche du temps perdu, mais délaissant le kitsch austro-hongrois Belle-Époque pour des évocations genevoises inopinées. La scénographie ne manquera pas de rappeler les travertins angulaires d’une architecture très « Société des Nations », familière aux habitants et visiteurs de notre ville. La réécriture polyglotte d’un livret sera l’écho de conversations qu’on s’imagine résonner depuis Belle du Seigneur dans les couloirs de la Genève internationale. Si les parti-pris de Loy n’ont pas toujours eu l’heur de susciter des ovations, la qualité de son travail remporte inévitablement les suffrages des interprètes avec lesquels il travaille. Joyce DiDonato, dont l’Elena de La Donna del Lago de Loy à Genève déclencha des tonnerres d’applaudissements, exprime avec ferveur sur son blog sa solidarité avec le metteur en scène: « Même si on est en train de huer un groupe bien précis sur la scène, lorsqu’arrive l’heure de la première, nous sommes comme les membres d’une même famille. Si l’on s’attaque à un membre en particulier de cette famille, il est quasiment impossible de ne pas faire corps avec lui. On en ressent une vive douleur. » Les qualités intellectuelles, artistiques et humaines de Christof Loy seront, comme toujours, mises au service de sa distribution, qui réunira, pour le temps des fêtes, un quatuor de pointures de l’art vocal. Des figures d’expérience, d’abord, Jennifer Larmore (Valencienne) et José van Dam (Baron Zeta). Les deux complices préparent chacun un récital, qui dans le cas de José Van Dam sera également un adieu personnel à la scène de Neuve. Pour donner la réplique à Larmore et Van Dam, deux voix, non moins talentueuses, de la génération émergente : Johannes Martin Kränzle (Danilo) et la délicieuse Annette Dasch (Hanna Glawari). Une équipe d’interprètes chevronnés, comédiens talentueux de surcroît, est donc prête à soutenir Christof Loy dans son plaisir pas si coupable que cela, celui de laisser un temps le « grand » répertoire pour taquiner la muse légère. Car c’est en fin d’analyse le plaisir qui compte. Nous souhaitons vivement que le public genevois puisse partager le plaisir du metteur en scène, à qui il convient de laisser le dernier mot à ce propos: « Je sens en moi un plaisir extrême à dégager ce que j’apprécie tant chez "mes" compositeurs pour le rendre présent à nos yeux. » CP
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par Christopher Park
En 1934, Ernst Lubitsch porte à l'écran The Merry Widow, avec les légendaires Jeanette MacDonald et Maurice Chevalier.
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Opération > elektra de Richard Strauss
Direction musicale : Stefan Soltesz Mise en scène : Christof Nel Au Grand Théâtre, 10 | 13 | 16 | 19 | 22 | 25 novembre 2010
Les muses de Richard Strauss par Daniel Dollé
La fille du roi Agamemnon et de
Clytemnestre est de retour sur la scène de la place Neuve après plus de 10 ans d'absence.
Sœur
de
Chrysothémis,
d'Iphigénie et d'Oreste, dont elle arme le bras pour venger le père assasiné par égisthe et leur mère, électre a fasciné Euripide, Sophocle, Jean Giraudoux, Richard
Strauss,
Jean-Paul
Sartre,
Marguerite Yourcenar et les psychanalystes. Carl Gustav Jung parlera du complexe d'Electre. C'est l'occasion pour nous d'évoquer la femme, la muse, l'éternel féminin dans l'œuvre de Richard Strauss qui tout au long de sa longue carrière nous a laissés une galerie de portraits d'archétypes féminins.
Caricature de Richard Strauss
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le montrant avec Salomé et Elektra.
Chacune des œuvres de Richard Strauss nous donne à découvrir un ou plusieurs aspects de l'éternel féminin. C'est aux femmes qu'il confie ses plus belles inventions mélodiques, la virtuosité vocale et le meilleur de son art. En parcourant son œuvre et sa vie, nous ne serons pas surpris du choix de ses héroïnes qui nous interpellent et nous font vibrer sur les scènes lyriques. Nous ne nous arrêterons pas trop longuement sur les deux premiers opéras empreints des héritages wagnériens : Guntram et Feuersnot. Hans von Bülow, son maître, ne l'appelait-il pas Richard II ? En 1894, Hans von Bülow meurt d'une tumeur au cerveau, Richard Strauss dirige Tannhäuser à Bayreuth et crée son premier opéra : Guntram. Lors de l'une des dernières répétitions, lorsque vint le tour de Pauline de Ahna au troisième acte, cette dernière manqua d'assurance, elle s'arrêta et voulut lancer à la tête du compositeur le piano-chant qu'elle tenait en main, ce dernier retomba sur le pupitre d'un violoniste. Strauss interrompit la répétition et se rendit dans la loge de la cantatrice. Il y entra sans frapper. Après quelques altercations, il sortit de la loge et annonça les fiançailles avec l'artiste. Le 10 mai 1894, le jour de la création de Guntram, on envoya les fairepart de fiançailles. Pendant près de 60 ans, une femme impétueuse marquera la vie du compositeur. Jeune, il éprouve une attirance envers des femmes plus mûres, il semble ignorer les filles de son âge à cause de leur manque d'esprit. Il recherche la Substanz, l'esprit, l'intériorité et non le sexe. Le côté charnel ne paraît guère l'intéresser. Il rencontre une femme de quatre ans son aînée, la très belle et coquette Dora Wihan-Weiss. Peut-être la femme idéale, mais son divorce aurait pu nuire à Strauss et altérer sa renommée : Dora part pour la Grèce, puis pour l'Amérique. Ils se renvoient en 1911, pour la dernière fois. Dora doit se contenter d'observer de loin la carrière de Richard et de vivre seule avec ses souvenirs. Pauline de Ahna l'avait fasciné. Elle était la fille d'un maréchal de la cour et n'oubliait jamais ses origines ni son rang, alors que Strauss n'était que le fils d'un corniste. Elle n'était pas ce qu'on appellerait de nos jours un sex-symbol, une beauté, il lui manquait le charme, l'érotisme et l'intelligence de Dora. Elle a 25 ans et s'exprime sans détours, elle est directe et fait penser à Alma Mahler. Elle est plus préoccupée par sa carrière de soprano et ne souhaite pas vivre dans l'ombre d'un mari célèbre. Elle craint que Richard ne lui dise la phrase que Mahler avait adressée à Alma : « à partir de maintenant, tu n'as plus qu'une seule profession : me rendre heureux. » La sœur de Pauline, Mädi, lui explique que la plus grande patience a des limites et que renoncer à Richard Strauss serait la plus grande erreur de sa vie. Elle la supplie de faire preuve de plus de self-control. Pauline irrite souvent son vieux père qui lui rappelle qu'il en a assez de voir ses vieux jours ternis par ses comportements. Le choix de Strauss laisse plus d'un perplexe :
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Hugo von Hofmannstahl qu'il rencontre en 1900 et Romain Rolland, pour ne citer qu'eux. La femme du poète Richard Dehmel, Ida, ainsi que Gustav Mahler pensent que la relation conjugale du compositeur relève du masochisme. Ils voient en Pauline le tyran, la femme maîtresse qui tient d'une main les rênes et de l'autre le fouet. Malgré tout cela, Richard fait une cour assidue à Pauline pendant sept ans, et ce malgré le succès auprès d'autres femmes peut-être plus talentueuses et plus séduisantes. Les extravagances imprévisibles de Pauline auraient fait fuir plus d'un prétendant, mais pas Richard Strauss qui disait : « De ma femme on pourrait faire dix pièces. » Dans la corbeille de noces, le compositeur dépose quatre lieder, et quels lieder ! Ruhe, Meine Seele, Morgen, Heimliche Aufforderung, et Cäcilie. à la naissance de leur fils unique, en avril 1897, Pauline décide de quitter la scène avec la crainte de perdre son identité. Jamais elle ne pourra complètement oublier ce renoncement. Malgré son humeur imprévisible, Strauss est persuadé qu'elle le motive, qu'elle veille à sa concentration et qu'elle lui permet d'être toujours au meilleur niveau de sa capacité créatrice. Pauline veille sur ses jours, son régime et sa garde-robe. Elle lui fait des scènes qui semblent indispensables au compositeur et pour lesquelles elle a un talent fou. Un jour dans une calèche, le cocher ne put s'empêcher de dire. « Schmeißen S' doch des Luder raus ! » (Foutez donc la garce dehors). Tous se mirent à rire. à sa taille, elle porte une chaîne avec au bout un gros trousseau de clefs. Tout est sous verrou, rien ne lui échappe. En visite, elle ne peut s'empêcher de passer ses mains sur les meubles afin de contrôler la poussière, d'ouvrir les tiroirs et de jeter un œil sous les lits. Elle est jalouse, même si elle ne doute pas de la fidélité
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Opération
Annie Krull est Elektra pour la première qui a lieu à Dresde le 25 janvier 1909.
«
Cette exaltation audelà de l'érotisme est bonheur exorbitant tout autant que pure souffrance : l'une et l'autre mettent en passion les mots.
»
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La soprano américaine
>
julia kristeva, Histoires d'amour
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Jeanne-Michèle Charbonnet
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sera Elektra pour cette nouvelle production au Grand Théâtre
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Opération
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Pauline de Ahna
Nicolas Perscheid
Hans von Bülow
Hugo von Hofmannstahl
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de Richard. Les belles femmes telles que Viorica Ursuleac l'irritent. À chaque fois que le compositeur évoque une cantatrice célèbre pour son charme, sa beauté et sa voix, le regard de Pauline s'assombrit. Sa personnalité éblouit Strauss. Peut-être avait-il besoin d'une femme maîtresse, d'un autre type de femme que celui qui représentait l'idéal de la féminité, qu'il avait connu dans sa jeunesse, et qui avait laissé un goût d'insatisfaction ? À écouter Pauline, le sexe n'intéresse guère Richard. Pour lui, il est essentiel et plus simple de sublimer ses pulsions charnelles en musique. Dans l'art, Strauss voyait une solution globale, un idéal auquel il consacra sa vie. Son credo : « L'avenir de l'humanité réside en l'Art et plus particulièrement dans la Musique. » En apparence, Richard Strauss ne se montra jamais infidèle, il ne suscita aucun scandale d'alcôve et partagea près de soixante ans de vie commune avec Pauline. était-elle l'Eurydice idéale pour cet Orphée ? Qui aurait pu imaginer qu'après le succès de ses deux premiers ouvrages Richard Strauss allait livrer à la scène lyrique une femme, une vierge assoiffée d'amour et de sang ? En 1905, Salome dément tous les pronostics. Pour accompagner les caprices et la détermination d'une jeune fille en âge d'être une femme, le compositeur laisse échapper de la fosse d'orchestre des torrents de lave et de sensualité. La princesse biblique de Judée, être étrange et fascinant, entourée de Juifs qui se chamaillent autour de questions théologiques, de Romains brutaux, d'êtres veules et décadents comme son beau-père, va à la conquête des scènes du monde entier et permettra à Strauss d'acquérir sa villa de Garmisch. Salomé devra payer son étrangeté et sa détermination par la mort, mais auparavant elle aura baisé les lèvres du prophète. Elle triomphera grâce à une irrésistible séduction cruelle. Les tensions alternent avec les accalmies menaçantes. La princesse fascine, dérange, serait-elle l'incarnation du danger ? Salomé est le premier grand rôle féminin straussien. La danse des sept voiles de l'héroïne est en quelque sorte le premier striptease sur une scène lyrique au moment où Franz Lehár emmène Danilo chez Maxim dans La Veuve joyeuse. Les grandes héroïnes de Strauss, toutes dissemblables commencent à peine leur vie. Quatre années plus tard, vient la sœur jumelle de Salomé. Sœur hystérique, Elektra marque la première collaboration entre Strauss et le poète Hugo von Hofmannstahl. Ensemble, ils réalisent un des sommets de la tragédie lyrique inspirée par Sophocle. Elektra, qui a sûrement intéressé Freud et ses disciples, transforme sa haine inassouvie en un orgasme, en une sexualité débordante. Elle danse, et s'abat épuisée à mort au son d'une musique audacieuse allant de la polytonalité à l'atonalité. À la cour des Atrides règne un climat de vengeance et de mort. Trois motifs caractérisent ou résument Elektra : la douleur de sa solitude et sa sauvagerie, la tendresse pour son père Agamemnon, la vengeance et la haine. Deux autres femmes très différentes sont également au cœur de l'ouvrage, et pourtant elles sont liées par le sang. Elles dialoguent avec Elektra. Chrysothemis, sa sœur, veut vivre son destin de femme (ein Weibschiksal) et exprime son désir de maternité. Klytämnestra, la mère, tour à tour frémissante de colère, hautaine et féroce, a tué le père et s'affronte avec sa fille à la manière de deux bêtes fauves qui s'observent et se livrent un combat sans merci. Symphonie en un seul mouvement où la férocité alterne avec une certaine tendresse, elle entraîne au vertige instrumental et vocal. Agamemnon vengé, Elektra peut enfin jouir et mourir dans l'extase. évoquons à présent une des collaborations les plus abouties entre le poète et le musicien au théâtre lyrique : Der Rosenkavalier, amalgame d'une comédie légère et d'un
drame pathétique, un opéra à la manière de Mozart. Malgré l'omniprésence du baron Ochs von Lerchenau, trois femmes se partagent les plus belles pages d'une partition qui se déroule à Vienne au temps de l'impératrice MarieThérèse aux tempi d'une valse anachronique. Octavian combine les deux types de travestis, une mezzo qui joue le rôle d'un jeune homme, et nous fait penser à Cherubino, puis il se déguise en jeune fille au dernier acte. Octavian est plus qu'un Cherubin d'amore. Sophie, la jeune fille qui vient de sortir du pensionnat, est promise à Ochs mais elle s'éprend d'Octavian lorsque ce dernier vient présenter la rose en argent. Et enfin la Maréchale, féminine jusqu'au bout des ongles, amante-mère pour Quinquin, constitue le plus beau portrait de femme que nous offre l'opéra. Sur ses lèvres « un sourire un peu triste qui se mêle à une mélancolie un peu légère», elle médite sur le temps qui passe au travers d'une sensualité libertine et galante dans un univers baroque. À peine Le Chevalier à la rose achevé, les deux complices nous livrent Ariadne auf Naxos, théâtre dans le théâtre. Le rôle le plus émouvant revient à Ariadne, prima donna dans la première partie, et abandonnée sur son rocher par la suite. Elle incarne un thème cher et essentiel pour Richard Strauss : celui de l'humanisation. « Es gibt ein Reich » constitue un lied émouvant, un chant d'appel à la mort et à l'oubli confié à une voix que Strauss affectionnait tant, une voix de soprano lyrque aux couleurs subtiles, capable de s'éclaircir et de s'assombrir, et surtout capable d'un grand lyrisme. Mais n'oublions pas Zerbinetta, l'opposée d'Ariadne, elle est charmante, coquette parfois impertinente. Elle chante un des airs les plus longs pour soprano coloratura du répertoire lyrique qu'elle termine sur un contre-ré. Au compositeur, autre rôle de travesti, Strauss confie son credo : « La musique est un art sacré ! (Die Musik ist eine heilige Kunst) » C'est un écorché vif capable d'exaltation et d'insouciance qui retrouve la tendresse lorsqu'il est habité par l'inspiration. Souvent comparée à Die Zauberflöte, Die Frau ohne Schatten constitue l'ouvrage initiatique de Strauss et de Hofmannsthal. C'est l'enfant de la douleur achevé pendant la guerre. Il s'agit d'une œuvre ambitieuse et profonde qui nous offre trois portraits de femmes, deux couples, l'un appartenant au monde féerique, l'autre au monde terrestre symbolisé par la tierce et son renversement, la sixte. Les deux univers s'opposent et s'affrontent. Les personnages masculins sont plutôt menés qu'agissants. S'il fallait une nouvelle preuve de la fascination qu'exerçait le caractère féminin dans ses infimes nuances sur le compositeur, la voici. L'impératrice qui appartient au monde des esprits et qui choisit celui des humains, traverse les épreuves initiatiques qui conduisent à la purification et à la transfiguration salvatrice. Elle ne porte pas d'ombre, symbole biblique de la fécondité, caractérisé musicalement par la quarte. Elle se tourne alors vers la femme du teinturier Barak qui mène une vie médiocre. Cette dernière succombe à l'appel de la richesse et de la beauté, mais les épreuves la conduiront à la conscience de l'Amour et au désir de maternité. N'oublions pas la nourrice omniprésente à l'acte II, elle est l'image ou l'instrument de la tentation et du démon, une espèce de Mephisto femelle capable des pires machinations : nous retrouvons une triade féminine qui illustre une fois encore l'influence des déclinaisons de la femme sur le compositeur. Intermezzo est une comédie bourgeoise qui prend ses origines au sein du couple Strauss en crise. L'ouvrage fait référence à un imbroglio dont les époux furent victimes en 1903. Il s'agit d'un vaudeville qui serait dépourvu des situations comiques du genre, et qui se termine par la réconciliation des époux. Hofmannsthal avait refusé d'écrire le livret, Herrman Bahr avait abandonné le projet en cours
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Daphne nous fait retrouver le thème de l'humanisation de la femme. Elle s'est laissée enlacer un instant par le dieu Apollon. Elle accepte sa féminité et sera transformée en laurier toujours verdoyant, symbole d'un amour éternel. Nymphe, puis femme, Daphné aspire à ne faire qu'un avec la Nature. À la fin de l'ouvrage la parole a disparu, il ne reste plus que la vocalise de Daphné et le scintillement des cordes. Avec cette tragédie bucolique, Strauss nous offre une preuve supplémentaire de son humanisme, de son panthéisme et de son grand amour pour l'Antiquité. Die Liebe der Danae ne fait que confirmer les constantes de la dramaturgie straussienne : figure féminine centrale, triomphe de l'amour et de la fidélité, et fascination pour l'Antiquité. L'amour sera-t-il plus important que l'or ? Viorica Ursuleac, soprano célèbre et femme du chef d'orchestre Clemens Krauss, réunissait toutes les qualités requises par le compositeur pour interpréter Danaé. À 78 ans, Richard Strauss dépose aux pieds des cantatrices qu'il a tant chéries un dernier hommage à l'éternel féminin : Capriccio, une éloquente réplique lancée à la barbarie environnante par un vieillard alors que la Wehrmacht occupait Paris. Au cœur de l'ouvrage, une femme, la Comtesse Madeleine courtisée par le musicien Flamand et le poète Olivier. Elle ne sait qui choisir : « Prima le parole ? Prima la musica ? » Le poète et le musicien aiment la même femme qui devient alors le symbole de l'art. Strauss aurait pu dire : « Capriccio, c’est moi. » Il signe là son testament. Le monologue de la Comtesse au clair de lune constitue un dernier hommage à l'éternel féminin et ses adieux à l'opéra. À Clemens Krauss qui lui suggère d'entreprendre une nouvelle création, il répond : « Ce ré bémol majeur ne constitue-t-il pas la plus belle péroraison de mon œuvre pour le théâtre ? Il est impossible de laisser plus d'un testament ! » Pas étonnant alors que le jour de ses funérailles à Munich, on entende le trio final du Rosenkavalier d'une rare et sublime beauté qui exprime les interrogations sur la nature humaine et la fragilité du bonheur, trois femmes dans toute Femme. Richard Strauss est entré dans l'éternité, sa musique dans l'immortalité. Il est né à l'époque des calèches, il meurt à l'ère atomique du supersonique, des télécommunications, des voyages en avion. Il a connu les reflets jaunâtres des lampes à huile, Vienne au crépuscule. Il a vécu les profondes mutations politiques, économiques, sociales et culturelles de l'Europe. Accouché par Wagner, il n'a jamais renié le post-romantisme, mais il s'est forgé un langage qui génère une musique puissante et voluptueuse au-dessus du temps à l'image de la femme. Il représente la fusion de la musique et de la poésie et nous lègue une galerie de portraits de femmes à nulle autre pareille. Elles ne sont pas issues d'une «côte», mais de la plume d'un compositeur et des poètes qu'il a su choisir. Elles représentent différents aspects de la Femme, de l'idéal féminin, parfois raillée, parfois maltraitée, mais toujours recherchée et adulée. Femme, lorsque tu nous tiens ! Elle n'appartient à aucune époque, à aucune classe, tour à tour câline ou féline, elle est universelle, pour ne pas dire cosmogonique. DD © DR
de route à cause des exigences du compositeur qui termina l'ouvrage. Il met en scène le Maestro Robert Storch (Richard Strauss) et sa femme Christine (Pauline) qui aura le mot de la fin après avoir demandé pardon et promis d'obéir à son mari en toutes choses : « C'est bien cela qu'on appelle un mariage heureux, mon cher Robert ? » Auparavant le chef dit : « Cela me fait du bien, il me faut autour de moi de la vie et du tempérament. », c'est ainsi que Strauss expliquait et excusait les agissements de son épouse qu'il qualifiait de « Zornbrötlein ». Le livret de Die ägyptische Helena donna beaucoup de soucis à Richard Strauss, mais une nouvelle fois il confie à la soprano Elisabeth Rethberg les plus belles pages de l'ouvrage qui recèle de très beaux passages et de réelles qualités vocales. « Seconde nuit de noces ! Nuit enchantée ! » du début du deuxième acte anticipe déjà le climat sonore des Vier letzte Lieder. Le compositeur s'était entiché de la Grèce antique et faisait un parallèle entre la Grèce et Bayreuth. En visitant l'Olympie, il parle d'un génie exceptionnel et d'une grande intériorité. Une nouvelle fois Richard Strauss nous offre un couple en crise qui se réconcilie à la fin de l'ouvrage afin de commencer une nouvelle vie. À la pulsion de mort succède la pulsion de vie différente, de vie transfigurée. Hugo von Hofmannsthal ne connaîtra pas le résultat de leur ultime collaboration : Arabella. Le poète compare Arabella et Zdenka à Carmen et à Micaela. L'œuvre se déroule dans la Vienne de François-Joseph. Arabella, mélange de gravité et de grande coquetterie, est en quête du grand amour, du véritable amour. Elle se place dans la continuité de la Maréchale et précède la dernière héroïne de Strauss : la Comtesse de Capriccio, ultime portrait de femme. Elle est la figure centrale d'une histoire d'amour écrite pour la scène lyrique, ou le romanesque rejoint le fantastique. Arabella ne serait-elle pas une sœur éloignée de Senta ? Elle trouve l'homme de sa vie, et conclut : « Je ne puis devenir autre, prends-moi comme je suis ! » Zdenka/ Zdenko, travestie en garçon parce les Waldner n'ont pas les moyens de doter les deux jeunes filles, est à l'origine de bien des quiproquos qui ne parviendront pas à altérer les fiançailles, l'hymne à l'amour et au mariage. À la fin de l'ouvrage, elle redevient fille, elle aura abusé Matteo, mais ce dernier lui pardonne et l'épousera. Quand au cours du bal des fiacres au deuxième acte, la «Milli» lance ses vocalises et sa tyrolienne aux accents des valses, hommage à Johann Strauss père et fils, elle personnifie la Vienne crépusculaire qui cède à la frivolité, à la tentation du jeu et à l'appétit du plaisir. Avec Die schweigsame Frau, nous entrons dans une nouvelle collaboration, celle du compositeur avec le poète Stefan Zweig. Une collaboration de courte durée, car le poète devra fuir devant la montée du nazisme. Ils se rencontrent le 20 novembre 1931, Richard Strauss, alors septuagénaire, est enchanté par l'idée d'adapter Epicoene, or the Silent Woman de Ben Jonson (1610) à la scène lyrique. Il venait de trouver la matière qu'il cherchait depuis longtemps, « un mélange de noble lyrisme et de farce ». Une nouvelle variation sur le mariage qui rappelle Don Pasquale, Il Barbiere di Siviglia, ou encore Falstaff. Aminta/Timida pourrait être une réincarnation de Zerbinetta, elle doit alterner tendresse et furie. Elle est un ange de douceur qui sait si bien faire le diable. Elle n'est pas toujours ravie de jouer la méchante et de faire souffrir Morosus. Et si derrière Aminta se cachait Pauline de Ahna devenue Madame Strauss ? Ne nous attardons pas sur Friedenstag (Le jour de paix). Cette œuvre présente l'image de la femme salvatrice, Marie, la femme du commandant d'une ville assiégée à la fin de la guerre de Trente Ans. Elle pourrait fuir la citadelle, mais elle reste près de son mari pour attendre l'heure de la paix.
Strauss dans son bureau à Garmisch.
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Royal Ballet !
© gtg/Gregory Batardon
par Philippe Cohen
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C'est le 14 juillet. Sur les Champs-élysées à Paris le défilé militaire se déroule sous une pluie quasi tropicale pendant que les danseurs du Grand Théâtre répètent dans le studio du Théâtre de la Ville. L’inquiétude point sur les visages car à 22 heures aura lieu la première du programme Dominique Bagouet dans les jardins du Palais Royal, donc en plein air ! L’équipe technique est sur le pied de guerre pour abriter le matériel lumière et son, l’équipe du festival est en relation permanente avec Météo France pour suivre l’évolution du temps et les danseurs, toujours sous la coupole du studio, peaufinent leur dernière répétition tout en se demandant s’ils pourront se produire le soir. 16h00, la pluie s’arrête, le soleil fait son apparition et la scène du Palais Royal s’anime comme une ruche pour essuyer, assécher, vérifier le fonctionnement électrique. 19h00, les danseurs prennent possession de la scène pour une mise en place menée tambour battant par les deux maîtres de ballet. 20h30, dernières vérifications techniques pendant que les danseurs se préparent. 21h30, le public rentre, qui muni d’un parapluie, qui d’un imperméable. 22h00, les gradins sont complets, le spectacle commence dans la lumière d’une belle nuit d’été sensiblement renforcée par les projecteurs. La garden party à l’élysée a été annulée, mais les danseurs du Ballet du Grand Théâtre se sont produits pour leur dernière tournée de la saison, sous les fenêtres du Ministère de la Culture… La compagnie s’est produite trois fois à guichets fermés, dans ce lieu magique et élégant. Cette tournée avait un goût particulier car pour cinq danseurs, elle aura été la dernière de leur carrière… L’émotion était palpable au soir du 16 juillet… Au matin du 23 août c’est une compagnie renouvelée pour un tiers qui s’est retrouvée pour entamer une nouvelle saison qui s’annonce riche en projets artistiques : création de deux nouveaux programmes, participation à la production d'Orphée et Eurydice et les reprises de Roméo et Juliette, Cendrillon et Loin. La compagnie reprendra la route à travers le monde. On pourra les applaudir en Suisse, en Italie, en Espagne et pour une longue tournée en France, notamment à La Maison de la Danse à Lyon et au Théâtre National de Chaillot à Paris. Enfin, le Ballet du Grand Théâtre est invité au Brésil en octobre 2010 et aux états-Unis en juin 2011. On n’oublie pas notre public genevois qu’on espère retrouver nombreux pour partager nos émotions et notre enthousiasme pour nos deux programmes : Sed Lux permanet et Préludes & fugues. PC
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> «
> sed lux permanet Ballet du Grand Théâtre de genève transit umbra Chorégraphie & scénographie : Francesco Ventriglia
Autant que je puisse en juger, le seul but de l'existence humaine est d'allumer une lumière dans l'obscurité de l'être
e n Ballet
»
C. G. JUNG
Musique de Arnold Schönberg - Verklärte Nacht
sed lux permanet Chorégraphie : Ken Osssola Musique de Gabriel Fauré - Requiem Au Grand Théâtre, 5 | 7 | 8 | 9 | 10 octobre 2010
Un programme ambitieux
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écrit une promenade nocturne dédiée à Mathilde Zemlinsky, qui deviendra sa femme. La maternité, à laquelle aspire La Femme sans ombre de Richard Strauss, est au cœur de la nuit transfigurée et du dépassement. L'autre pièce de la soirée sera le sublime Requiem de Gabriel Fauré, qui réunira l'Orchestre de la Suisse Romande et le Chœur du Grand Théâtre, placés sous la direction de Karl Anton Rickenbacher, et bien sûr le Ballet. Du Pie Jesu, le mouvement le plus connu de l'œuvre, Camille Saint-Saëns disait : « Tel l’Ave verum corpus de Mozart qui est le seul Ave verum corpus, c’est le seul Pie Jesu. » Cependant laissons à Gabriel Fauré le mot de la fin : « Mon Requiem a été composé pour rien... pour le plaisir si j’ose dire... Peut-être ai-je ainsi, d’instinct, cherché à sortir du convenu, voilà si longtemps que j’accompagne à l’orgue des services d’enterrement ! J’en ai par-dessus la tête. J’ai voulu faire autre chose. » Mais les représentations qui démarrent le 5 octobre nous réserveront bien d'autres surprises. En effet, les deux chorégraphes ont décidé de faire appel à l'ensemble de la compagnie, aux 22 artistes, pour chacune de leurs créations. Une occasion pour retrouver des figures connues, mais également pour découvrir de nouveaux visages, de nouveaux talents internationaux. A la fin de la saison écoulée, certains danseurs ont quitté le Ballet, sept nouveaux talents sont venus les remplacer, une première occasion pour faire leur connaissance et de leur souhaiter la bienvenue à Genève. Au cours de ces représentations, la musique rencontre la danse, non pas pour raconter une histoire, mais pour tendre vers l'indicible, pour échapper aux chaînes du quotidien et accéder à l'essentiel, aux valeurs essentielles à travers la sublimation ou la transfiguration dans la dialectique de la lumière – ténèbre, un symbole universel. DD
© GTG/Gregory Batardon
Alors que le virevoltant Barbier occupe le plateau de la scène de la place de Neuve, l'agitation est grande au sein de l'un des fleurons du Grand Théâtre. En effet, la fièvre de la création a gagné le Ballet, qui après avoir brillé sous les cieux parisiens, non loin des colonnes de Buren, prépare son premier programme de la saison, avant de repartir en tournée à la conquête de nouvelles villes et de nouveaux publics. Une saison qui semble prometteuse, car le Ballet offrira au public genevois, non pas deux programmes, comme habituellement, mais trois, en participant à une production lyrique, Orphée et Eurydice, mis en scène par le fameux chorégraphe Mats Ek. Une preuve supplémentaire, s'il le fallait, que le ballet et l'opéra ne forment qu'un. Le début du mois d'octobre s'annonce exceptionnel sur le plan chorégraphique. Sans avoir l'apparence d'un ballet à programme , il s'agit bel et bien de cela. Et quel programme, puisqu'il sera question d'ombre et de lumière qui interagissent et rythment nos vies ! Philippe Cohen, le directeur du Ballet, a choisi deux œuvres marquantes de la fin du XIXème, à l'orée d'un nouveau siècle, pour demander à deux chorégraphes de se laisser inspirer par ces musiques à la fois théâtrales et intimistes. La lumière et l'ombre dialoguent au travers des sensibilités et les langages riches et différenciés de Francesco Ventriglia et de Ken Ossola, séduits à leur tour par la beauté magistrale de ces œuvres. Naître, vivre et mourir, ou naître pour mieux mourir, est-ce possible sans ombre ? Voir la lumière pour mieux pénétrer dans l'ombre et s'en échapper transfiguré. Inspirée par une histoire d'amour, La Nuit transfigurée est basée sur un poème de Richard Dehmel, un ami du compositeur Arnold Schoenberg qui, en moins de trois semaines,
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par Daniel Dollé
Francesco Ventriglia [ au-dessus ] et Ken Ossola,
les deux chorégraphes de Sed Lux Permanet
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o n stage > Jennifer LArmore Mezzo-soprano
piano : Antoine Palloc Récital au Grand Théâtre, le 14 novembre 2010 à 20 h
Son calendrier 19 octobre 2010 du 12 au 22 mars 2011 Paris, Théâtre des Champs-élysées Orlando Furioso (Alcina) 14 avril 2011 Las Palmas, Concert avec OpusFive 14 mai 2011 Venise, Concert avec OpusFive 22 mai 2011 Washington, Werther (Charlotte)
Jennifer la belle envoûteuse
par Isabelle von Hildebrand
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Pampelune, Concert avec OpusFive
14 juin 2011 Francfort, Récital avec A. Palloc du 22 au 30 juin 2011 Nancy, Orlando Furioso (Alcina) du 14 au 28 septembre 2011 Vienne, The Turn of the Screw (Miss Jessel)
Son dernier enregistrement
Royal mezzo Jennifer Larmore Grant Park Orchestra Dir. Carlos Kalmar Cedille, 2008
jeune Camille de Rosillon qui lui fait la cour. Inconditionnelle du travail de Christof Loy, Jennifer se réjouit de collaborer à nouveau avec le metteur en scène allemand : « S’il me demandait de chanter le bottin téléphonique, j’accepterais ! » Elle aime sa façon d’impliquer les acteurs sur scène, d’explorer la psychologie des personnages et de construire ses mises en scène en fonction des rapports humains : « Christof Loy considère chaque personnage, majeur ou mineur, et l’explore en profondeur. Il fouille la partition et l’œuvre pour y trouver les réponses à ses questions. »
Valencienne, une « Desperate Housewife » ? « En temps normal, j’aurais interprété le rôle de Hanna, mais lorsque Christof Loy m’a proposé celui de Valencienne, j’ai tout de suite accepté. » Jennifer Larmore a été séduite par ce personnage qu’elle perçoit comme une véritable « Desperate Housewife », une femme arrivant à Paris, épousant un homme plus âgé, le Baron Mirko Zeta, en espérant qu’il lui ouvre les portes du monde. Quinze ans plus tard, rêvant toujours de romance, elle succombe au charme du
Un récital intimiste Les spectateurs du Grand Théâtre auront également le plaisir de partager un moment privilégié avec la mezzo américaine: « Lors d’un récital, il y a vous, le pianiste et le public. Il s’agit de la forme la plus intime en musique classique. J’ai toujours le trac avant de monter sur scène. Toute la pression est sur vous, contrairement à l’opéra, où vous pouvez quitter la scène pour boire un verre d’eau et reprendre votre souffle. » Au programme de la soirée : des chansons d’amour de Quilter, Duke, Barber, Hundley, Ives, Heggie, Weill, Bernstein, Obradors, Guastavino, Nin, Ravel, Gounod, Debussy et Fauré ! Par une composition éclectique, Jennifer souhaite explorer différentes facettes de l’amour, du badinage aux ravages provoqués par celuici. Elle a choisi de commencer par des mélodies dans sa langue maternelle – l’anglais – car, pour elle, les premières minutes d’un récital sont décisives : « Je dois envoûter le public et je me sens plus à l’aise pour entrer en contact avec lui dans ma propre langue. »
© ken howard
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La mezzo-soprano américaine Jennifer Larmore n’est plus à présenter tant elle s’est taillée une place de choix dans le répertoire baroque et bel cantiste. Audacieuse, elle s’essaie aujourd’hui, pour la première fois, à l’opérette. Jennifer Larmore interprétera, au Grand Théâtre, Valencienne dans La Veuve joyeuse de Franz Lehár, aux côtés du célèbre baryton-basse José Van Dam. Couple sur scène, les deux stars ont déjà partagé plusieurs affiches, comme celles de Don Quichotte de Massenet en 2010 et de La Damnation de Faust de Berlioz en 2001.
Nouvelles perspectives Au cours de ses vingt-cinq ans de carrière, Jennifer Larmore a exploré beaucoup de rôles comme Rosina, Romeo, Giulio Cesare, Carmen, Sesto, Valencienne bientôt, et de nouvelles perspectives s’ouvrent encore à elle. Sa voix a évolué au fil des changements physiques et émotionnels qu’elle a connus tout au long de sa vie : « J’ai élargi ma palette de couleurs ; j’ai gagné des aigus plus sûrs et plus brillants. Ma voix a grandi et je peux aborder des nouveaux rôles comme Kostelnicka dans Jenůfa de Janáček, Lady Macbeth dans Macbeth de Verdi et la Comtesse Geschwitz dans Lulu de Berg. » Et de conclure avec humour : « It looks like there is a future for me in this business! » IvH
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S’il me demandait de chanter le bottin téléphonique, j’accepterais !
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Jennifer larmore à propos de Christof Loy
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o n stage
de La Monnaie pour la première de Don Quichotte
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> José Van Dam Baryton-basse
Mon passage au Grand Théâtre a été une des expériences les plus importantes de ma carrière. J’y ai appris mon métier de chanteur-comédien, notamment grâce à Lotf i Mansouri qui m’a aidé à m’exprimer sur scène, à investir mes rôles, à incarner mes personnages avec plus de force.
Récital au Grand Théâtre, le 5 décembre 2010 à 20 h
de Massenet, Jennifer Larmore est Dulcinée (en alternance avec avec Silvia Tro Santafé) et José Van Dam est Don Quichotte (en alternance avec Vincent Le Texier)
José Le maître de musique
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José VAn Dam
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En mai 2010, au Théâtre
© Tanja Niemann
Propos recueillis par Isabelle von Hildebrand
José Van Dam est, nul doute, un des interprètes lyriques les plus prisés de notre époque. Invité par des maisons aussi prestigieuses que l’Opéra de Paris, Covent Garden, La Scala ou le Met, il se produit également dans les meilleurs festivals internationaux : Aix-en-Provence, Orange, Salzbourg, pour ne citer que certains. à l’occasion du spectacle de fin d’année du Grand Théâtre, José Van Dam partagera la vedette avec la mezzo Jennifer Larmore dans La Veuve joyeuse de Franz Lehár. De retour sur les planches de l’Opéra de Genève après de nombreuses années, le baryton-basse belge donnera également un récital exceptionnel dédié à la mélodie française. Entretien avec un maître de musique.
José Van Dam 30 ans à La Monnaie Chœur et Orchestre symphonique de la Monnaie Dir. Sylvain Cambreling, Sir John Pritchard, Antonio Pappano, Michael Schønwandt et Iván Fischer Cypres Archive, 2010 B003D83DWS
Incontournable Vous avez abordé le récital tardivement… Je me suis consacré au récital après une quinzaine d’années de carrière, car c’est un exercice difficile qui retourne aux sources de la musique vocale - un piano et une voix. Tous les artifices qui vous aident à l’opéra comme les décors, les costumes, la mise en scène sont absents dans un récital. Aujourd’hui, j’ai décidé de ralentir ma carrière d’opéra, mais je souhaite continuer à donner des récitals et des concerts.
Comment abordez-vous une nouvelle partition ? Je vais interpréter le Baron Mirko Zeta pour la première fois au Grand Théâtre. Lors de la préparation, je travaille séparément le texte et la musique avant de les « assembler », et cela afin de bien saisir le contexte et le sens des morceaux. Vous avez été fidèle à votre premier professeur de chant, M. Frédéric Anspach, durant vingt-trois ans. Que vous a-t-il appris d’essentiel ? Le style et la beauté du chant, à être patient et à bien me connaître moi-même.
Comment avez-vous apprivoisé votre voix ? Une recommandation que je fais toujours aux jeunes chanteurs est de suivre sa voix sans vouloir la forcer. Il ne faut pas l’emmener dans des rôles qui lui sont néfastes, mais chanter un répertoire qui lui convient. IvH
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Récital à Frameries (Belgique)
Son dernier enregistrement
Comment composez-vous vos programmes ? Souvent, j’aime chanter une première partie germanique et une deuxième partie française, mais il m’arrive aussi de donner un récital complet en allemand ou en français, comme dans ce cas-ci. Mon tour de chant à Genève sera consacré à la mélodie française avec, au programme, du Fauré, Duparc, Debussy et Poulenc.
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9 octobre 2010 Des récitals au Japon en 2011
Vous avez débuté votre carrière sur les planches du Grand Théâtre de Genève. Quels souvenirs conservezvous de cette période ? Mon passage au Grand Théâtre a été une des expériences les plus importantes de ma carrière. J’y ai appris mon métier de chanteur-comédien, notamment grâce à Lotfi Mansouri qui m’a aidé à m’exprimer sur scène, à investir mes rôles, à incarner mes personnages avec plus de force. Au bout de deux ans, je suis parti à l’Opéra de Berlin où j’ai pu chanter des rôles plus importants comme Figaro, Leporello, Attila, Philippe II, Boris Godounov, avec succès, notamment grâce à ce passage à Genève. Vous avez chanté avec les plus grands. Après tant d’années dédiées à la musique, quel regard portez-vous sur votre carrière ? J’ai eu la chance de vivre un moment charnière de la vie de l’opéra, lorsque celui-ci est devenu un spectacle complet, grâce à des personnalités comme Herbert von Karajan, Giorgio Strehler, Jean-Pierre Ponnelle, Claudio Abbado, et beaucoup d’autres de mes collègues. Aujourd’hui, j’estime que l’opéra est un peu en danger : certains metteurs en scène se permettent trop de débordements. Ils veulent provoquer le public plutôt que de lui apporter de la beauté et de la satisfaction.
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José Van Dam Henri Duparc Les Mélodies Victoire de la musique 1994
piano, Maciej Pikulski avec Florence Bonnafous, soprano Forlane, 1994 B003D83DWS
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La billetterie en ligne fait peau neuve
La présentation des nouveautés de la billetterie en ligne se devait forcément d’être accompagnée par celles et celui qui règnent en maîtres absolus sur la machine. N’ayons que soient les progrès apportés par les systèmes informatiques, rien ne saurait remplacer une voix chaleureuse et compréhensive au téléphone, ou un regard complice et passionné lors de votre
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visite à la billetterie.
Jean-Pascal Cottalorda Responsable billetterie & développement commercial
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Il est le Figaro de la billetterie, l’âme, l’animateur du service. Tantôt au 4ème étage devant ses écrans, d’une main il caresse le clavier de son ordinateur, de l’autre il décroche le téléphone qui ne cesse de sonner, tantôt à la billetterie parmi ses troupes pour rassurer, encourager et veiller au bien-être de ses collaboratrices. Son regard est un merveilleux indicateur du remplissage des salles. Lorsqu’il est sombre, il reste quelques fauteuils vides pour les représentations à venir ; lorsque ses yeux s’illuminent, les jauges frisent les 100% et risquent de les dépasser. En quête d’excellence, il vise avec son équipe la perfection et à rendre les spectateurs satisfaits. Il aime tisser de nouveaux réseaux et développer de nouveaux projets. Son rythme de travail est dicté par les nécessités et vous croiserez son regard et sa bonne humeur à chaque représentation. Sportif à ses heures, ne soyez pas étonnés de le voir prendre la barre avec le Ballet...
Carine Druelle Nul doute que Jean-Pascal Cottalorda sait choisir ses collaboratrices, lorsque vous croiserez sa dynamique adjointe. Alors que beaucoup avaient fui les bords du Léman, Carine arpentait les couloirs du Grand Théâtre et veillait sur la billetterie. à la tête d’une équipe réduite, elle met un point d’honneur à traiter et à satisfaire les nombreuses demandes d’abonnements. Bien avant le jour J de votre premier spectacle, vous trouverez grâce à son efficacité légendaire des pochettes garnies de billets qu’elle espère conformes à vos attentes. Comme pour toutes celles et tous ceux qui l’accompagnent dans son travail, la disponibilité et l’excellence du service ne sont pas des vains mots.
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Choisir, voir et imprimer sa place... *
crainte de le rappeler, quels
par Daniel Dollé
Étonnés, surpris de voir apparaître sur vos billets un code barre ? Au cours de l’été, le Grand Théâtre a souhaité perfectionner son système de billetterie en ligne afin d'encore mieux vous servir et de répondre aux attentes des plus exigeants d’entre vous. Depuis le 1er septembre, sans quitter votre bureau ou votre domicile, vous pouvez être en possession de ce précieux sésame vous permettant d’assister aux spectacles de la nouvelle saison, et ce, en quelques clics. Non seulement vous pourrez acheter des spectacles individuels, mais vous pourrez également vous abonner et avoir accès à des abonnements intéressants uniquement disponibles en ligne. Laissez-vous tenter, car les manipulations sont aisées et ne s’adressent pas seulement aux experts chevronnés du clavier. Dès que vous serez connectés, vous verrez apparaître des écrans qui vous mèneront pas à pas vers l’impression de votre billet. Parmi les nouveautés, vous pourrez visualiser sous quel angle vous verrez la scène. Les places disponibles à la vente apparaissent en bleu sur votre écran sur le plan de la salle. Cliquez sur la place que vous aimeriez acheter, une fenêtre va s’ouvrir et vous donner la vue que vous aurez sur la scène du Grand Théâtre. Si la place vous convient, il vous suffit alors de passer à l’étape suivante, le paiement sécurisé vous permettant d’accéder in f ine à l’impression de votre billet sur votre imprimante domestique ou professionnelle. à présent, il ne vous reste plus qu’à patienter jusqu’au jour J pour nous rejoindre Place de Neuve, afin de partager notre passion et de vous divertir. N’oubliez pas de vous munir de votre billet, qui sera contrôlé grâce à une « douchette », un lecteur optique, et voilà la raison du code barre devenu un acteur discret et omniprésent de la vie courante. Vous pouvez, en lisant ce nouveau numéro d’ACT-O, vous familiariser avec les écrans qui vont progressivement faire partie de votre quotidien. Mais soyez tous rassurés, l’équipe de la billetterie vous accueillera toujours avec le même sourire et le même enthousiasme pour répondre à vos questions et vous servir. à présent, tous en ligne ! Soyons branchés… DD
* Visualiser sous quel angle vous verrez la scène
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Après avoir cliqué sur un des boutons "Achetez des billets" de l'un des spectacles, il faut tout d'abord vous identifier [1]. Si vous n'êtes toujours pas enregistré dans notre base, vous pouvez le faire en ligne [2]. Vous accédez alors à un choix de spectacles que vous pouvez réserver [3].
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Fanny Claivaz
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Notre nouveau module de visualisation des places. Vous pouvez, en cliquant sur les places restantes qui s'affichent en bleu, découvrir sous quel angle vous verrez le
Hawa Diallo-Singare
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spectacle.
Nathalie Lécuyer
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Au mont Ida, le berger Pâris rencontra trois déesses, lorsque vous franchissez les portes de la billetterie vous croiserez trois sourires. Elles ne vous demanderont pas de départager la plus belle d’entre elles, car elles n’ont qu’un désir, répondre le mieux possible à votre attente. Un écouteur sur les oreilles, prêtes à répondre le plus rapidement aux nombreux appels, le regard rivé sur les écrans, elles n’attendent que vos questions, cherchent à vous faire partager leur passion et à traiter vos attentes du mieux possible. Leur sourire n’est jamais artificiel ou commercial, elles laissent chaque jour leurs soucis au vestiaire pour vous offrir ce qu’aucune billetterie en ligne ne saurait faire. En premier lieu pour entendre vos doléances, vos réclamations, votre mécontentement, elles ne se départiront jamais de leur enthousiasme et de leur sourire pour vous satisfaire. Vous aurez franchi le pas de la billetterie le regard sombre, l’esprit quelque peu ronchon. Il est fort à parier que vous descendrez les marches du Grand Théâtre en chantonnant un air de votre prochain spectacle grâce à elles. N’oubliez jamais que les hôtesses d’accueil à l’aéroport ne sont aucunement responsable du retard des avions... 10
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Vous choisissez votre séance, votre étage [4] et votre catégorie [5] et avant de cliquer sur le bouton "Réserver" [6], allez donc faire un tour à notre nouveau module de réservation [en haut] en visualisant sous quel angle vous verrez le spectacle.
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Après validation de votre choix. Le prix total de vos places s'affiche. Vous en validez le montant [7]. Votre « panier » s'affiche. Vous décidez d'imprimer vos places [8]. Après avoir réglé, via notre site de paiement en ligne, cliquez sur l'icône d'imprimante [9] et imprimez votre billet [10].
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Simon Boccanegra
L’Étoile
Don Giovanni
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PArsifal
La production de José Luis Gómez [...] baigne dans un climat prenant et raff iné, qui doit beaucoup au remarquable dispositif scénique de Carl Fillion et aux effets de lumière d'Albert Faura.
Dans la fosse, la direction raff inée de Jean-Yves Ossonce, à la tête de l'Orchestre de la Suisse Romande, jamais ne force le trait et rend justice à une musique épique et tendre, qui mêle délicatesse et dérision.
[...] On mettra au crédit de la production de jolis décors et costumes, des éclairages soignés, ainsi qu'une grande clarté des différents plans d'action dans les ensembles et f inales, ce qui n'est pas fréquent.
Avec un tel niveau musical, la reprise de ce Parsifal est particulièrement bienvenue
Opéra magazine, A. Caron
Le Monde, M.-A. Roux
Opéra magazine, T. Guyenne
Memorabile e massiccia la prestazione del Coro del Grand Théâtre, severamente messo alla prova, sotto la direzione precisa ed infallibile di ChingLien Wu, magnif ica la concertazione di Evelino Pidò, di grande f inezza, precisione e tenerezza, che, alla testa di un Orchestre de la Suisse Romande come sempre in splendida forma.
La partition de Chabrier est un modèle d’harmonie, de justesse et de raff inement.
On a rarement admiré une réalisation qui tienne la gageure d’être à la fois une plongée dans l’enfer de la déchéance sociale et du sordide sexuel, en même temps qu’une apocalypse joyeuse, scandée de dérapages vaudevillesques, éclaboussées de couleurs criardes, dignes des toiles d’un Emil Nolde ou d’un Otto Dix.
ODB, Gérard Ferrand
Grâce à une mise en scène épurée et visuellement flatteuse, le Parsifal genevois rend avec une distance prudente le testament mystique de Wagner.
la calisto la don
L'opera, G. Di Vittorio
Cortège ininterrompu de sentiments extrêmes, il agence à un rythme soutenu trahison, lourds secrets, complots, ferveur, amour, conflits de loyauté partisanes et familiales, utopie et réalisme politique. L'hebdo, d. Rosset
Du début à la f in, on rit, on sourit, on est émerveillé par tant de surprises, de délicatesse, d’humour, mais aussi de sarcasme.
[...] Cela reste du très bon Savary [...] Le metteur en scène est en cela très aidé par les décors et les costumes d'Ezio Toffolutti. Superbes et inventifs, ils f ilent la métaphore du jeu et du rêve d'enfants [...] Le Figaro,
Avec Marthe Keller, Don Giovanni quitte sa palette d’Espagne et puise ses couleurs aux source de la Renaissance picturale; la lecture de la Suissesse, créée au très conservateur Metropolitan Opera de New-York assume un classicisme appuyé. Le Temps, J. pulver
La voici qui reprend et adapte à la scène genevoise cette production – là encore saluée par le public et la critique – du chefd’œuvre mozartien.
e d on
N. d'EStienne d'Orves
télérama, G. Macassar
Au Grand Théâtre de Genève, la foisonnante mise en scène de la pièce d’Alan Berg par Olivier Py révèle une Patricia Petitbon éblouissante
e c i l a d
Le Figaro magazine, F. Delétraz
Noblesse et fluidité s’entrecroisent pour révéler les ambiguïtés virtuoses du décor musical.
n a rl
La croix, E. Giuliani
Le CourRier, C. Imperiali
La Lulu de Olivier Py es indudablemente un gran espectáculo teatral. [...] La puesta en escena de Py se impone en primer lugar por la dirección de actores. Cada personaje resulta de una veracidad excepcional, sin artif icios.
L'hebdo, d. Rosset
Comment rendre sans outrance, la musique envoûtante de Wagner et le bric-à-brac mystique qui sert de livret ? La mise en scène de Roland Aeschlimann y parvient plutôt bien, servie par des interprètes de haut vol. concertclassic.com, L. Hernandez
si
na
Au f il des productions magistrales de cette dernière décennie, le Grand Théâtre de Genève s’est aff irmé comme un des pôles d’excellence mondiaux en matière d’opéra wagnérien. Ce Parsifal conf irme la chose de la plus belle façon : rares sont les scènes où l’on peut espérer trouver réuni, pour la « grande messe » parsifalienne, un plateau vocal d’un tel niveau.
r d n e c
Scherzo, B. Serrou
Oui, le plateau est surchargé jusqu'à la dispersion [...] mais quelle virtuosité, quel sens du spectacle au service d'une vision du monde ! [...] Admirable direction musicale de Marc Albrecht, transparente sans être radiographique, tendue sans être raide et qui tire, de l'OSR des couleurs à la fois crues et chaudes, entêtantes.
W in dove la l unaêtre
Œuvre rude, à la musique âpre, sans concession et presque astringente, Simon Boccanegra est ici défendu par une superbe distribution vocale.
Sobre, élégante et pertinente, sa mise en scène est désarmante de naturel et d’évidence, dès la première scène. anaclase, J. Szpirglas
ClaSsica, N. d'EStienne d'Orves
Le CourRier, C. Imperiali
Le Figaro, C. Merlin
La Belle
Frederica von Stade
Simon Keenlyside
Patricia Petibon
Une soirée sentimentale sur le Rhône, où brillent deux signatures, celle du Français JeanChristophe Maillot, celle surtout du maître Jiri Kylian. [...] Séparés par un néon blanc dressé comme une lame, le danseur noir Prince Credell et la danseuse Yanni Yin surgissent d'une éternité de théâtre – la seule qui vaille, au fond – félins aux aguets. Ils sont beaux, immédiatement beaux, pantalons blancs, torse nu l'un et l'autre, lui tout en muscles, elle tout en dune.
Accompagnée avec f inesse par Martin Katz, Federica von Stade sourit à l'heure des applaudissements, révèle son talent d'actrice et titube pour mimer La Périchole d'Offenbach « Je suis un peu grise... un peu grise ». Parfait !
Le public comblé et distribuant chaleureusement ses applaudissements aura droit à quatre bis de lieder de Brahms et de Schubert de la même veine musicale que le récital prouvant, si besoin était, l’admirable préparation de cette visite sur la scène genevoise du Grand Théâtre
[Une] voix étonnamment agile, [un] jeu d'acteur suggestif, mais pas trop...
LA BeLLe Le Temps, J. Sykes
S i m o n K e e n l y S i FRedeRica de Von S pa Le Temps, A. Demidoff
Le Temps, Julian Sykes
tricia p etibon
resmusica, J. Schmitt
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a v o r sa
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La calisto
Un vero trionfo del barocchismo, messo in scena senza veli [...] Una produzione ricca d'ingegno.
La Donna del LAgo
Alice in Wonderland
Die gesamte Wiedergabe war durchtränkt von wunderbar ausgeloteten Rhythmen, wie man sie nur selten so differenziert und sensibel erleben durfte.
Unsuk Chin ist hier ein Wurf gelungen, der zwei kurzweilige, ebenso unterhaltsame wie anregende Stunden bietet [...] Das ist neues Musiktheater, aber ein Vergnügen erster Güte. Erst recht, wenn es so präsentiert wird, wie das in Genf geschieht. [...] Mit dieser Produktion beschliesst das Genfer Grand Théâtre seine Saison auf blendendem Niveau.
sifal Giornale della musica,
A. Di Profio
Comme toute cette saison à Genève, la distribution fait un sans faute, avec une mention spéciale pour Matthew Shawn.
tribune de Lyon, L. Hernandez
Les yeux pétillants du spectateur qui sortait de la première de La Calisto, [...] au BFM, disaient mieux que tout un discours l’allégresse ressentie lors de la représentation, jubilatoire.
Der neue Merker, M. Paolino
Christof Loy s’approprie l’œuvre, détourne les conventions, quitte à déranger et heurter les sensibilités. Le Temps, J. Sykes
On aura rarement entendu un chef aussi intelligemment rossinien que Paolo Arrivabeni.
a del l tribune de genève, S. Bonier
La substance grivoise et comique de La Calisto de Cavalli est un délice. Cette fantaisie érotique est un des chefs-d’œuvre de l’opéra baroque vénitien.
concertclassic.com, L. Hernandez
ago
Regards, échanges, intériorisation, le plateau est une mine d’informations et de vie, chaque chanteur un être vibrionnant d’idées... sur un fil narratif et un rapport au mot chanté rendu tellement absurde que ces idées et informations semblent les perles disparates d’un collier cassé.
i
Neue Zürcher Zeitung, P. Hagmann
L’opéra de la compositrice Unsuk Chin séduit par sa musique illustrative et un traitement scénique intelligent. Le Chœur du Grand Théâtre et la Maîtrise du Conservatoire populaire entourent avec talent la troupe en scène, au centre de laquelle Rachele Gilmore déploie de jolies qualités vocales sur un jeu sobre mais très touchant.
n o l l i dr Le Temps, J. Sykes
Succèdant à la reprise bruxelloise de la mythique réalisation Wernicke-Jacobs, la production genevoise apporte inattendu et enchantement. [...] Et l'ingénieuse mise en scène signée Philipp Himmelmann se déploie dans un somptueux dispositif qui oppose un Olympe baroque aux machineries apparentes et un embarcadère dévasté où viennent s'échouer les illusions terrestres.
Avant-Scène Opéra,C. CAzaux
bALLET 2000, E. Rüegger
Le Temps, a. dEMIDOFF
Sur la partition de Prokof iev allégée de quelques passages, Kelemenis a ourlé une pièce fluide, drôle et délicieuse.
Cette pièce pour trois danseuses et quatre danseurs est un petit chef-d’œuvre bercé par Sergey Koudriakov jouant sur scène au piano de délicates pages de Scriabine.
daNSER, sOPHIE lESORT
Une scénographie sans démesure encombrante, un récit « éternel » ponctué de fantaisie très moderne : c’est une Cendrillon subtile que Michel Kelemenis est parvenu à créer. lA MARSEILLaISE, d. bONNEVILLE
Les 22 danseurs de la troupe genevoise participent avec brio et sensibilité à cette féerie contemporaine, à la fois sobre et raff inée. tribune de genève, B. Chaix
à propos de Dov’è la luna. tribune de genève, b. cHAIX
Quand s’éteint la lumière, on reste envahi par l’émotion comme si le couple prolongeait encore sa danse dans le noir revenu. Un moment d’extase qui à lui seul pouvait remplir le spectateur de bonheur. à propos de BLACKBIRD.
Images d’une grande beauté encore et dont la précision de la chorégraphie est renversante. Là encore, la simplicité du dessin corporel touche. à propos de Dov’è la luna. resmusica, Jacques Schmitt
Le Temps, J. pulver
on Sta vue par la presse de ACT-0_N°4.indd 21
Grammaire d’amour pour danseurs.
La partition est riche, impressionniste, bruitiste et illustrative. Les voix tissent sur cette trame très décorative un contrepoint bien f icelé. Entre rythmique et harmonies oscillantes, Alice in Wonderland séduit l’oreille et l’œil.
La saison LLe09|10 Saison 10 | 1 1 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | ACT.0
Blackbird Dov’è la luna Être
Ce ballet est une véritable réussite et nous retournerions le voir avec plaisir.
tribune de genève, S. Bonier
Diapason, D. Morrier
bon
Cendrillon
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Gidon Kremer
Histoire du soldat
Tout ce beau monde [Gidon Kremer, Richard Hyung-Ki Joo et Aleksey Igudesman] se lance dans une délirante aventure musicale entre les genres bourrée d’énergie, de drôlerie et de dérision
C'est un ouvrage unique. Ce n'est ni de l’opéra, ni du théâtre, ni un concert ou un ballet. C’est tout à la fois et, pourtant, tellement plus ! La formule est si géniale qu’on voudrait la copier !
TRibune de Genève, S. Bonier
L'hebdo, d. Rosset
Lassique
© GTG/ Yunus Durukan/Gregory BAtardon/Vincent Lepresle/carole parodi/Magali Dougados/Monica Rittershauss/ Les BAllets de monte-carlo/LAurent Philippe
giov ann
PleinsFeux
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De Nederlandse Opera par Daniel Dollé
Au plus près du public Après avoir présenté le Liceu de Barcelone
© Hans Hijmering
au
moment
de
Simon
Boccanegra,
le Metropolitan Opera de New York
à l'occasion des représentations de Don Giovanni au Grand Théâtre, et le Deutsche Oper am Rhein lors des spectacles de La Calisto au BFM, il est normal d'évoquer aujourd'hui un autre partenaire d'importance, De Nederlandse Opera qui rayonne depuis Amsterdam à travers l'espace lyrique international.
DNO emploie environ 100 personnes à temps plein, dont 60 artistes des chœurs, le reste étant réparti dans les secteurs de l’artistique,de la dramaturgie, de la communication et de la production artistique (planning, régie,…). Les décors, les costumes, les accessoires et les perruques sont réalisés dans les ateliers de
En effet, le Grand Théâtre présentera au cours de la saison qui vient de commencer deux coproductions réalisées avec cette institution qui depuis de nombreuses années imprime sa marque au paysage lyrique grâce à ses innovations, son originalité et ses audaces. Actuellement se déroulent à Amsterdam les répétitions pour Les Vêpres siciliennes que vous découvrirez au mois de mai, mais auparavant nous aurons fait une escapade dans le monde fascinant du bel canto avec I Puritani de Vincenzo Bellini, également coproduit avec DNO, notre partenaire néerlandais.
Het Muziektheater et dans le Decorcentrum d’Amsterdam Zuidoost La plupart des 11 productions présentées par DNO chaque saison se déroulent à Het Muziektheater, cependant certaines peuvent avoir
Le rideau va se lever sur la saison de l'Opéra d'Amsterdam, avec l'œuvre composée par Verdi à l'occasion de l'exposition universelle de 1855, Les Vêpres siciliennes, le 10 septembre [Voir encadré ]. Elle sera suivie par onze autres productions lyriques dont Roméo et Juliette, Die Soldaten, Fidelio, La Petite Renarde rusée, Legende de Peter-Jan Wagemans, Billy Budd,
Platée, Don Giovanni, Der Rosenkavalier, Eugène Onéguine, et Dionysos de Wolfgang Rihm créé au cours de l'été au Festival de Salzbourg. Dans le rôle de Tatiana, de l'opéra Eugène Onéguine de Tchaïkovski, le public pourra admirer Krassimira Stoyanova qui nous avait tant séduit dans le rôle d'Amelia de Simon Boccanegra, à ses côtés Bo Skovhus et Andrej Dunaev, également des hôtes du Grand Théâtre. Un peu d’histoire… L’Opéra fut créé après la Seconde Guerre mondiale en tant que théâtre de répertoire avec un ensemble permanent. La compagnie a tourné à travers le pays en mettant l’accent
lieu à l’Amsterdam Stadsschowburg, au Koninklijk Theater Carré ou dans la Westergasfabriek Amsterdam. La fréquentation moyenne des
© DR
représentations avoisine les 100%.
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PleinsFeux O DEO N
sur des villes telles que, Amsterdam, La Haye, Rotterdam et Utrecht. En 1964, l’Opéra est rebaptisé De Nederlandse Operastichting, c’est également à ce moment que la nature de la compagnie change et devient une structure stagione, c’est-à-dire de nouvelles distributions et de nouvelles équipes artistiques à chaque nouvelle production. Le changement essentiel intervient en 1986 lorsque la compagnie quitte son siège, le Stadsschouwburg, pour s’installer dans Het Muziektheater, ses nouveaux locaux aux bords de l’Amstel, fleuve canalisé du sud de la province de Hollande septentrionale et qui a donné en partie son nom à la ville d’Amsterdam. à partir de ce moment, l'institution est baptisée De Nederlandse Opera (DNO) Ellle constitue l'une des trois structures qui donnent des représentations à Het Muziektheater, les deux autres étant Het Nationale Ballet et Gastprogrammering Het Muziektheater. Truze Lodder est le directeur administratif de DNO depuis 1987, et en 1988 Pierre Audi le rejoint en tant que directeur artistique. Pierre Audi est un metteur en scène international qui vient de signer la mise en scène de Dionysos, la création mondiale du Festival de Salzbourg, sous la direction d’Ingo Metzmacher que le public du Grand Théâtre aura l’occasion de découvrir au cours des prochaines saisons. Chaque année DNO collabore avec le Holland Festival pour présenter l’une des productions, mais également en projetant sur écran géant un des opéras en direct qui se déroulent sur la scène de Het Muziektheater. Cet évènement qui se déroule chaque année dans l'Oosterpark d'Amsterdam attire des milliers de spectateurs. Parmi les nombreuses synergies institutionnelles cultivées et sans cesse développées par DNO, on peut mentionner la coproduction avec Gastprogrammering Het Muziektheater et Suntory Hall de Tea : A Mirror of Soul de Tan Dun. L’œuvre en trois actes, mise en scène par Pierre Audi, fut créée le 22 octobre 2002 à Tokyo. Elle connut sa première européenne à Amsterdam le 7 janvier 2003. Acclamée par la presse, l’œuvre rencontra également un vrai triomphe et une grande résonance parmi le public. En novembre 2008, DNO a également présenté Marco Polo du même compositeur, spectacle que l’on peut voir sur DVD grâce à un enregistrement en direct de deux représentations néerlandaises.
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| N°4
Au cours de la saison, DNO, en collaboration avec Holland Symfonia et la ville d’Amsterdam, présente chaque semaine des concerts gratuits à l’heure du déjeuner. Des œuvres vocales et de petites pièces constituent le répertoire présenté. Un des objectifs essentiels de DNO reste d’atteindre le plus de public possible à travers ses activités au sein de Het Muziektheater et hors les murs, et surtout grâce à ses projets pédagogiques. Les différents projets imaginés au cours des saisons doivent permettre à un large public, et surtout au jeune public, d’accéder au monde de l’opéra, de l’appréhender dans son actualité et de permettre l’accès à un opéra présenté par DNO. Certaines productions sont retransmises en direct, quelques unes sont télévisées et/ou font l’objet d’un DVD.
e Opera De Nederlands Magazine van / juni/ juli 2010 / nr. 77 mei 20ste jaargang
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ODEON Le magazine de DNO Le magazine paraît quatre fois par an. Il présente les productions à venir et leurs points forts. Il contient également des interviews de
De nombreuses institutions lyriques et des festivals s’intéressent régulièrement aux productions du Nederlandse Opera. Durant les dernières années, DNO a été invité par le Metropolitan Opera House, par la Brooklyn Academy of Music et le Lincoln Center Festival à New York, ainsi que par le Adelaide Festival en Australie.
chefs et d’artistes lyriques. Le numéro qui correspond aux mois de mai, juin et juillet 2010, n°77, marque son vingtième anniversaire. Uniquement en néerlandais, il est tiré à 25 000 exemplaires.
A partir de la saison 2011-2012, Marc Albrecht, qui a dirigé Lulu au Festival de Salzbourg après avoir servi brillamment l’œuvre de Berg au Grand Théâtre, deviendra le directeur musical de DNO. DD Pour en savoir plus : www.dno.nl
> les vêpres siciliennes
Opéra en cinq actes de Giuseppe Verdi Direction musicale : Paolo Carignani Mise en scène : Christof Loy De Nederlandse Opera, les 10 | 14 | 17 | 20 | 23 | 29 Septembre à 19 h le 26 septembre et le 3 Octobre 2010 à 13 h 30 Scénographie : Johannes Leiacker Costumes : Ursula Renzenbrink Lumières : Bernd Purkrabek Livret du ballet : Thomas Jonigk Dramaturgie : Yvonne Gebauer Video : Thomas Wollenberger / Evita Galanou Chef des Chœurs : Martin Wright
Orchestre philharmonique des Pays-Bas Chœur du Nederlandse Opera Distribution (Amsterdam) Hélène : Barbara Haveman Ninetta : Livia Aghova Henri : Burkhard Fritz Guy de Montfort : Alejandro Marco-Buhrmester Jean Procida : Balint Szabo Thibault : Hubert Francis Danieli : Fabrice Farina Mainfroid : Rudi de Vries Robert : Roger Smeets Le Sire de Béthune : Jeremy White Le Comte de Vaudemont : Christophe Fel
Les conflits politiques entre les Siciliens et leurs occupants français, des intrigues amoureuses avec en toile de fond des intérêts politiques incompatibles, et des confrontations inattendues avec le passé constituent la trame, les principales clefs de l’opéra de Verdi qui se déroule au XIIIe siècle. Le gouverneur français Guy de Montfort s’avère être le père du patriote sicilien, Henri amoureux d’Hélène, dont le frère a été assassiné par les Français. Un mariage heureux semble enfin démêler l’écheveau des intrigues, mais un massacre vient mettre un terme cruel à la félicité du couple. Verdi donne des personnages une représentation musicale sublime, et nous découvrons une orchestration atypique à la fois dans les passages vocaux et dans la musique de ballet qui n’est pas sans importance dans cet ouvrage.
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didactique
Bilan 09-10 du service pédagogique
Une surprenante maturité
par Kathereen Abhervé
Le service pédagogique du Grand Théâtre
soutenu par la Fondation de bienfaisance de la banque Pictet et le département de l’instruction publique de la République et © DR
canton de Genève, affichait en juin dernier Dessins réalisés par des élèves
d'une classe de 7e du Cycle de Foron (Enseign. Véronique Reverdin)
une satisfaction bien compréhensive devant les chiffres superlatifs résultant de sa politique de formation et d’accueil.
Des chiffres Sur les 181 classes ayant postulé en septembre 2009 pour effectuer un parcours pédagogique autour de l’un des ouvrages lyriques et chorégraphiques de l’affiche 20092010, 63 demandes ont été retenues, soient 1 177 élèves et 123 enseignants provenant d’établissements publics et privés du canton. Ces jeunes de 10 à 19 ans ont assisté, à l’issue d’un travail préparatoire soutenu et exigeant de plusieurs semaines, à une répétition générale. D’autres jeunes, diversement préparés, sont venus grossir le chiffre des spectateurs invités, comme la dizaine d’enfants de collaborateurs de la banque Pictet lauréats d’un concours organisé par le Grand Théâtre, sans oublier la cinquantaine de Zamis et filleuls de l’OSR invitée au terme d’un travail pédagogique rigoureux, ni la trentaine d’élèves d’un établissement d’intégration et de formation professionnelle scrupuleusement préparée pour affronter le monde, nouveau pour eux, de l’opéra. De plus près de 200 élèves et enseignants ayant suivi un parcours pédagogique durant la saison 2008-
Certains élèves de l’enseignement secondaire postobligatoire, impressionnés, choqués ou ravis par les spectacles auxquels ils étaient conviés, ont joué les journalistes sur les conseils de leurs professeurs. Des étudiants d’une classe de Maturité professionnelle post CFC du Centre de Formation professionnelle HEPIA, après avoir assisté à la répétition générale de Lulu d’Alban Berg, nous livrent, à la demande de leur professeur Stéphane Nydegger, quelques-unes de leurs réflexions. Fatiha estime avoir assisté à « un très beau spectacle, grand carrousel de couleurs ». Elle découvrait l’opéra et le Grand Théâtre, et assure ne pas « avoir été choquée par les scènes érotiques de la pièce ». Margot reconnaît quant à elle, que « Le film X en noir et blanc, flouté, surprend, certes à l’opéra. Olivier Py ajoute-elle, transpose Lulu d’hier à aujourd’hui. Il utilise les moyens actuels pour montrer les aléas de la vie, vieux comme le monde. » Elle conclut ravie : « Pari osé, pari gagné ! Lulu vit, joue et perd. Lulu meurt ! Vive Lulu ! » Aline a elle aussi aimé l’opéra, surtout le décor et la musique. C’était pour elle « une expérience très intense et intéressante. ». Enfin Duncan pense que la mise en scène d’Olivier Py a sans doute choqué les habitués des opéras classiques. Pour sa part, il était « sceptique et curieux en même temps à l’idée d’introduire de telles images à l’opéra, mais, Olivier Py, estime-t-il, a réussi à intégrer parfaitement le film X, créant un ensemble homogène extrêmement intéressant. » Il ajoute : « Moi qui ne suis pas vraiment fan d’opéra j’ai pu apprécier celui-ci et me laisserai sûrement tenter par un prochain spectacle de ce même type. »
générale de la saison écoulée. Aussi, sachant que 8 représentations générales ont accueilli près de 1 360 élèves, on peut déterminer qu’environ 170 jeunes étaient présents à chacune des générales...
Des projets pédagogiques de bon augure La saison s’est poursuivie avec La Donna del lago de Rossini dont la scénographie de Herbert Murauer a dérouté la plupart des élèves, en particulier ceux d’un centre de formation professionnelle regroupant, sous la houlette de leur enseignant, Séverin Brocher, cuisiniers et coiffeuses : « Nous avons été surpris par la libre interprétation de la pièce par le metteur en scène qui n’en a fait qu’à sa tête, en nous aspergeant de faux-semblants. ». Un autre ajoute que « cette mise en scène contemporaine l’a déçu ». Les élèves n’ont pas non plus été transportés par les costumes : « Le style salle de classe et les habits d’écoliers ne m’ont pas du tout fait vibrer. » Un autre regrette que Elena ait ressemblé « à une clocharde avec son attelle et son manteau gris ». Mais laissons le mot de la fin à deux élèves dont l’un constate que malgré tout, cette expérience l’aura enrichi et permis d’atténuer ses idées préconçues sur l’opéra. Il ajoute qu’elle « restera une chose utile à avoir fait au moins une fois dans sa vie ». Le second trouve « de bon augure que des projets pédagogiques de ce type puissent être mis en place, surtout dans des écoles professionnelles comme le CFP. C’est très encourageant ! » Message entendu. De nombreux projets pédagogiques attendent l’enthousiasme des enseignants qui seront sans doute cette année encore, très nombreux à collaborer avec le Grand Théâtre. KA Etude pour une scénographie de La Donna del lago signée Antoine, Kévin et Cédric, (2e du CFP
2009, ont également été invités à revenir assister à une représentation
aucun moment la voix et le souffle des chanteurs n’ont été mis à mal. » Même satisfaction pour cette élève enthousiaste : « J’ai été agréablement surprise par la qualité des voix. Elles sont restées justes tout en procurant un effet comique. De plus le jeu des acteurs m’a semblé tout bonnement formidable. » Celui-ci par contre estime que « la mise en scène est parfois trop explicite et frôle le mauvais goût (diverses scènes de représentation de l’acte sexuel très peu artistiques), parfois beaucoup trop lente comme la scène finale qui a semblé s’éterniser... » Un autre enfin semble ne pas avoir particulièrement apprécié le décor : « Bien que l’idée de plateforme et de creux ne soit pas mauvaise, je suis sûr que le metteur en scène aurait pu imaginer quelque chose de mieux, comme un peu de verdure, une grotte... ».
Des prouesses vocales et physiques Des élèves d’une classe de 2ème du Collège Sismondi (M.I. Pernoud, professeure de musique) ayant assisté à la La Calisto de Pier Francesco Cavalli ont unanimement admiré les prouesses physiques et vocales des chanteurs confrontés au décor périlleux de Johannes Leiacker. L’un d’eux s’en explique : « Malgré tous leurs déplacements, à
SHR, enseign. Séverin Brochet). « La fille cadette de Kadhafi est amoureuse du chef des rebelles suisses, Malcom Stoebli, heureux propriétaire d'une station Tamoil. Mais le patriarche tyran la force à épouser Umberto Sarkosy...»
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didactique
Une bande de joyeux lutins sèment des fleurs au Grand Théâtre Cette après midi-là, il pleuvait sur la fête de la musique et les parapluies multicolores chantant sur la place Neuve n’étaient que le pâle reflet des fleurs éclatantes et des animaux fantastiques qui, jaillissant des pinceaux d’une bande d’enfants émerveillés, recouvrirent peu à peu le parquet du foyer du Grand Théâtre. Après avoir distribué morceaux de toile, brosses et gobelets de peinture, Gemy Aik et Ali Bachir-Cheif, peintres-décorateurs aux ateliers du GTG, veillèrent sur ces joyeux lutins aux minois barbouillés de couleurs qui, inspirés par les personnages fabuleux des contes et oubliant les © Daniel Dollé
ors et les stucs du magnifique foyer, peinturlurèrent toute l’après-midi avec frénésie. Dehors il pouvait bien pleuvoir ! KA
« J'ai 20 ans !...
J'aime l'opéra ! »
visites du GTG, événements À l’orée d’une nouvelle saison sociaux, etc. Un interface lyrique et chorégraphique, Labo-M en 2009-2010 vital de Labo-M auprès c’est un plaisir parfois que 237 adhérents dont 53% moins de 26 ans et dont 74% sont des de son public-cible et de se retourner sur les abonné-e-s du Grand Théâtre. 9.7% des adhérents ont 20 ans, le gage de l’excellente vicissitudes des mois passés l’année de naissance la mieux représentée parmi les adhérents fréquentation de ses actiet se rendre compte qu’elles Labo-M. 215 adhérents résident en Suisse, dont 186 dans le vités est l’engagement des sont aussi le témoignage canton de Genève, preuve du rayonnement de notre club hors des relais, douze adhérents du d’accomplissements et de frontières cantonales. Les jeunes femmes constituent la grande club qui jouent le rôle de réussites. Labo-M, le club majorité des adhérents, avec 73% des effectifs. Avec tant de multiplicateurs auprès de jeune du Grand Théâtre, grâce et de charme féminins dans le groupe, nous disposons d’un leurs amis, leurs réseaux nous a donné, par la vivacité argument massue pour convaincre les garçons que la fréquentation et leurs environnements de ses adhérents et la de Labo-M a des avantages indirects considérables ! Labo-M, académiques ou profesmultiplicité des activités c’est aussi un réseautage virtuel eff icace : le groupe Labo-M sur sionnels. De la part de Tobias qu’il a suscité, des raisons Facebook comportait 110 membres et 395 fans au moment de la Richter et de toute l’équipe de contrer la morosité et la parution de cette édition d’ACT-O. du Grand Théâtre, un routine; l’engagement et l’enthousiasme du jeune public lors de la saison dernière énorme merci à Stéphanie, Laetitia, Julien, Laura, Pilar, donnant des signes encourageants pour la pérennité de Antoine, Aïna, Katy, Alexander, Julie et Shahrooz ! En dehors des activités Labo-M, la billetterie du Grand l’institution. Pour mémoire, Labo-M est le club des publics jeunes du Théâtre réalise aussi des chiffres qui indiquent clairement Grand Théâtre, composé d’amateurs d’opéra, de ballet et l’intérêt du jeune public pour nos productions: la saison de musique entre 18 et 30 ans. Labo-M constitue donc un 09-10 a vu la vente de 332 abonnements jeunes, et de 4226 nouveau réseau genevois de jeunes amateurs d’opéra et billets au tarif jeune ! de ballet, en créant une émulation autour des arts de la Pour la saison 2010-2011, Labo-M reprendra de plus scène. Il permet ainsi au Grand Théâtre de démontrer son belle ses activités et nous nous réjouissons de la reprise engagement envers les jeunes qui sortent ou sont sortis d’un partenariat actif avec les Activités culturelles de de l’expérience première des activités pédagogiques de l’Université de Genève qui ne manquera pas d’amener notre maison, de fidéliser ce public extrêmement volatile encore plus de jeunes, néophytes ou connaisseurs, ou simplement curieux, à la rencontre d’autres amateurs et mieux le connaître. CP Les adhérents Labo-M bénéficient d’avantages considé- d’opéra, de danse et de musique. rables : surclassements, invitations à des rencontres, www.geneveopera.ch/labom ou sur Facebook
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© Daniel Dollé
par Christopher Park
La mezzo-soprano Joyce DiDonato, les ténors Grégory Kunde et Luciano Botelho lors d'une rencontre avec les jeunes de Labo-M dans le décor de La Donna del lago au mois de mai dernier.
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e n coulisses
Les peintres du Grand Théâtre
Les faux du Roi !
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Propos recueillis par Illyria Pfyffer
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Une joyeuse équipe de cinq personnes emmenée par Fabrice Carmona, et nous voilà dans l’univers des peintres du Grand Théâtre. Ces rois de l’illusion, ces as du trompe-l’œil et de la démesure, se muent en philosophes pour parler de leur métier.
© GTG/CArole PArodi / Vincent Lepresle
Quelle est la signification de ce métier dans un théâtre? C’est de l’artisanat plus que de la création, au service du scénographe et du décorateur. Nous cherchons à nous fondre dans leur peau, affiner leurs envies, être au plus près de leur vision, leur univers. Il faut savoir pour cela interpréter des images ou des idées : la mort, la joie, le drame. La maquette et parfois un dossier visuel complet nous sont d’une aide précieuse dans ce sens. C’est aussi un travail d’une grande humilité, tant le format de notre maison est grand ! Il faut peindre des surfaces immenses, se confronter à des kilomètres carrés. Imaginez, pour les Maîtres Chanteurs par exemple, nous avons collé près de 30 000 briques de polystyrène pour représenter les façades d’une ville ! Cela implique la cohésion de toute l’équipe pour avancer dans le même sens, appréhender les subtilités du décor et ne pas perdre le fil, même si la tâche peut s’avérer parfois rébarbative. Quels types de peinture réalisez-vous ? Tout est à peu près envisageable et son contraire ! Pour créer de l’illusion : faux béton, faux marbres, faux carrelages, etc. Des plus simples aux plus complexes. Sans oublier les veines ou les nervures. Pour cela, nous utilisons du « bircher », un mélange de plâtre et de sciure pour donner des effets de craquelé ou d’écaillé. Je me rappelle aussi avoir utilisé de l’huile d’olive pour un Mozart. Très joli et très parfumé !
Que considérez-vous comme important dans ce métier ? Je suis très sensible aux relations humaines. Nous sommes un melting pot de cinq individualités dotées de personnalités un peu atypiques, qu’il faut laisser s’exprimer tout en recherchant in f ine un résultat homogène. Car nous avons tous sans exception la volonté de bien faire, de se mobiliser pour le plus beau des résultats. Chacun injecte tellement de soi-même ! Au fond, c’est une équipe un peu saltimbanque, qui ne se prend pas au sérieux mais qui travaille sérieusement. Quelques réalisations dont vous êtes particulièrement fiers ? La Calisto ou Galilée nous ont permis de réaliser de belles peintures à l’italienne, des compétences qui se raréfient à l’heure actuelle. à l’exception de deux ou trois ateliers en Italie qui travaillent pour quelques films ou opéras, il n’existe bientôt plus ce type d’activité dans les théâtres européens. Je pense aussi à Un Re in ascolto où le ciel constellé d’étoiles formait un splendide tableau de points fluorescents. Cette saison, nous allons réaliser pour le ballet une reproduction d’un tableau de Klimt, un merveilleux défi ! Pour nous, la peinture académique et les effets de perspective sont un peu comme la cerise sur le gâteau. Réaliser un ciel à la Tiepolo, une imitation de Michel-Ange et nous nous sentons renouer avec la tradition. C’est un challenge, une adrénaline où chacun se met la pression. Cela dit, même un cyclo de 40 mètres – la toile qui cache le fond et les côtés de la scène – peut donner un effet saisissant lorsqu’il est entièrement recouvert de noir !
Quelques exemples des réalisations de l'atelier des peintres du Grand Théâtre : La Calisto cette année [page de gauche], Un Re in ascolto en 2002 [ci-dessus à gauche] et Galilée en
2006 [ci-dessus]
Les photos des ateliers des peintres ont été réalisées pendant la création des décors des Maîtres Chanteurs en 2006.
Ce que vous aimez par dessus tout dans ce métier ? Lorsqu’il y a une part de mystère, lorsque le public ne comprend pas comment le décor est construit. C’est le plus beau compliment que l’on puisse nous dire. Nous aimons émerveiller, créer un univers lyrique, poétique, ou même fantastique ! IP
Sur quels supports peignez-vous ? Normalement, nous peignons sur une toile fixée sur un châssis avec des semences de tapissier qu’on appelle « broquettes ». Mais nous intervenons régulièrement sur du polystyrène ou du Sagex pour réaliser des sculptures, des colonnes, des bas-relief, des moulures, ou même des arbres !
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Carnet du cercle
Fondé en 1986, le Cercle du Grand Théâtre
Mme Clarina Firmenich
s’est donné pour objectif de réunir toutes
Mme Pierre Folliet
les personnes et entreprises qui tiennent
Dr. et Madame Patrick Fréchet
à manifester leur intérêt aux arts lyrique,
M. et Mme Eric Freymond
chorégraphique et dramatique. Son but est
Mme Elka Gouzer-Waechter
d’apporter son soutien financier aux activités
Mme Bibi Gritti
du Grand Théâtre et ainsi, de participer à son
Mme Claudia Groothaert
rayonnement.
M. et Mme Philippe Gudin de La Sablonnière
M. et Mme Lionel de Weck Mme Paul-Annik Weiller Comte et Comtesse Massimiliano Zanon di Valgiurata Membres institutionnels
M. Pierre-Alain Wavre
M. et Mme Guy Lefort Mme Eric Lescure M. et Mme Thierry de Loriol
Organe de révision : Plaf ida
Membres bienfaiteurs M. et Mme Luc Argand
Mme France Majoie - Le Lous
Bureau Mme Françoise de Mestral, présidente M. Jean Kohler, vice-président M. Gabriel Safdié, trésorier
M. et Mme Alan Howard M. et Mme Philippe Jabre Mme Marie-Josèphe Jacquet M. et Mme Jean Kohler Mme Maria Pilar de La Béraudière
Autres membres du Comité
M. et Mme Pierre de Labouchère
Mme Diane d’Arcis
M. David Lachat
S. A. S. la Princesse Andrienne d’Arenberg M. Friedrich B. Busse Mme Muriel Chaponnière Rochat M. David Lachat M. Paul Saurel
Mme René Augereau M. et Mme Guy Demole Fondation de bienfaisance de la banque Pictet Gonet & Cie, Banquiers Privés M. et Mme Pierre Keller MM. Lombard Odier Darier Hentsch et Cie M. et Mme Yves Oltramare Mrs Laurel Polleys-Camus SFG - Société Fiduciaire et de Gérance SA Union Bancaire Privée – UBP SA
M. Marko Lacin Me Jean-Flavien Lalive d’Epinay M. et Mme Pierre Lardy Mme Michèle Laraki Mme Charlotte Leber
M. et Mme Colin Maltby
Save the date !
M. et Mme Thierry de Marignac
Assemblée Générale
Mme Mark Mathysen-Gerst
Le 23 novembre 2010
M. Bertrand Maus
Suivie d’un dîner sur scène
Mme Anne Maus
Rejoignez-nous !
M. Olivier Maus M. et Mme Charles de Mestral M. et Mme Francis Minkoff M. Pierre G. Mirabaud M. et Mme Bernard Momméja
Nous serions heureux de vous compter parmi les passionnés d’arts lyrique et chorégraphique qui s’engagent pour que le Grand Théâtre de Genève conserve et renforce sa place parmi les plus grandes scènes européennes.
M. et Mme Gérard Wertheimer
M. et Mme Christopher Mouravieff-Apostol
Membres individuels
M. et Mme Trifon Natsis
S. A. Prince Amyn Aga Khan
Mme Laurence Naville
Adhérer au Cercle du Grand Théâtre, c’est aussi
M. et Mme Philippe Nordmann
l’assurance de bénéficier des avantages suivants :
M. et Mme Alan Parker
• Priorité de placement • Service de billetterie personnalisé • Echange de billets • Dîner de gala à l’issue de l’Assemblée Générale • Cocktails d’entractes réservés aux membres • Voyages lyriques • Conférences thématiques
S. A. Princesse Catherine Aga Khan Mme Diane d’Arcis LL. AA. SS. Le Prince et la Princesse Etienne d’Arenberg Mme Dominique Arpels M. et Mme Gérard Bauer M. et Mme Pierre Benhamou M. et Mme Philippe Bertherat Mme Antoine Best Mme Saskia van Beuningen Mme Françoise Bodmer M. Jean Bonna M. Alain Boucheron Comtesse Brandolini d’Adda Mme Robert Briner M. Friedrich B. Busse Mme Caroline Caffin Mme Maria Livanos Cattaui Mme Muriel Chaponnière-Rochat Mme Anne Chevalley M. et Mme Neville Cook M. Jean-Pierre Cubizolle M. et Mme Alejandro Dahlhaus M. et Mme Claude Demole Mme Virginia Drabbe-Seemann Grace, Countess of Dudley M. et Mme Olivier Dunant Mme Denise Elfen-Laniado Mme Maria Embiricos Mme Diane Etter-Soutter Mme Catherine Fauchier-Magnan
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M. Pierre-Alain Wavre
1875 Finance SA Activgest SA Banque Audi (Suisse) SA Christie’s (International) SA Fondation BNP Paribas Suisse Fondation Bru Fondation de la Haute Horlogerie Givaudan SA H de P (Holding de Picciotto) SA JT International SA Lenz & Staehelin Mandarin Oriental , Genève MM. Mourgue d’Algue & Cie, Genève Notz, Stucki & Cie, SA SGS SA
M. et Mme André Hoffmann
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Mme Véronique Walter
Mme Pierre-Yves Mourgue d’Algue
M. et Mme Shelby du Pasquier Mme Sibylle Pastré M. Jacques Perrot M. et Mme Gilles Petitpierre M. et Mme Charles Pictet M. et Mme Jean-François Pissettaz Mme Françoise Propper Mme Karin Reza M. et Mme Gabriel Safdié Comte et Comtesse de Saint-Pierre M. Vincenzo Salina Amorini M. et Mme Paul Saurel M. et Mme Julien Schoenlaub Mme Noëlie Schoenlaub
•
« Les Métiers de l’Opéra »
Visites des coulisses et des ateliers du Grand Théâtre. Rencontre avec les artistes
• • Abonnement au journal ACT-O • Envoi des programmes • Vestiaire privé
Possibilité d’assister aux répétitions générales
Mme Anne Segré Baron et Baronne Seillière
Pour recevoir de plus amples informations sur les
M. Thierry Servant
conditions d’adhésion au Cercle, veuillez contacter
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Marquis et Marquise Enrico Spinola Mme Christiane Steck M. André-Pierre Tardy
Madame Gwénola Trutat (le matin, entre 8 h et 12 h)
M. et Mme Riccardo Tattoni
T + 41 022 321 85 77
M. et Mme Kamen Troller
F +41 022 321 85 79
M. Richard de Tscharner M. et Mme Gérard Turpin
cercle@geneveopera.ch
M. et Mme Jean-Luc Vermeulen
Cercle du Grand Théâtre de Genève
M. et Mme Olivier Vodoz
Boulevard du Théâtre 11
M. Gerson Waechter
1211 Genève 11
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Portraits Les membres du Cercle Richard de Tscharner
« Le voyage est un retour vers l’essentiel » Propos recueillis par Illyria Pfyffer
Il y a une vie après la banque. Richard de
Vous semblez préférer les paysages aux personnages, les visages aux corps. Pour quelles raisons ? Le corps est probablement le paysage le plus difficile à traiter photographiquement. J’ai préféré commencer par des paysages plutôt que des visages. Photographier une personne que je ne connais pas, qui ne me demande rien, m’a donné une certaine appréhension, le sentiment de perturber. Peu à peu, au fur et à mesure des voyages, je me suis rapproché de l’humain. L’homme est devenu paysage pour moi, surtout lorsqu’on regarde au-delà de la façade, à l’intérieur.
Tscharner en est la preuve. Cet ancien associé de LODH se consacre désormais exclusivement à la photographie avec passion, mais aussi avec les émois du dé-
La photographie paraît relativement éloignée de votre ancien métier de banquier. D’où vous est venu cet engouement ? Un premier voyage initiatique au Mali en 2006, à la découverte de la vallée des Dogons, a été pour moi comme une révélation. Je suis parti en compagnie de mon ami Jean-Baptiste Huyn, photographe et grand portraitiste qui terminait un ouvrage sur ce pays. Les Dogons sont des gens d’une telle profondeur ! Il règne une humilité que l’on retrouve partout dans les endroits dépourvus de privilège. A cette occasion, j’ai renoué avec la photo que j’avais délaissée en raison de mon travail. Je n’ai pas réalisé au départ que j’étais en train de préparer une deuxième vie. J’ai continué en faisant le tour du monde en 2008 durant 108 jours et cela m’a permis de sortir des sentiers battus. Ma prochaine exposition à Genève est le point final de ce travail photographique. Pourquoi être allé si loin pour prendre des clichés ? Je voulais absolument réaliser un tour du monde pour appréhender, saisir, une image différente de notre monde. Aujourd’hui, je le connais un peu mieux que la plupart des banquiers. La photographie est en effet une manière de voyager extraordinaire, elle vous motive à visiter des endroits qui sortent du déjà vu, à faire des découvertes extraordinaires, de paysages comme d’être humains.
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© Nevil de Tscharner
butant dans le métier.
Vous êtes à la fois grand mélomane et photographe. Quels sont pour vous les points communs entre ces arts ? Dans les deux cas c’est un voyage intérieur, une expérience mystique, qui invite à la réflexion, la méditation et la recherche. Ce que je chéris dans le métier de photographe est cette capture de l’instant, du naturel. Tout à fait l’inverse de l’opéra qui offre une vision plus élaborée, plus construite. En photographie, je n’aime pas les mises en scène, ne travaille pas avec la lumière électrique, ne cherche pas à « construire » une photo. Par contre, j’établis un scénario, dessine un parcours afin de pouvoir photographier ce que je recherche tout en laissant un espace pour l’improvisation en fonction du temps, de la lumière, des rencontres etc. Votre prochain défi ? Je travaille actuellement sur un projet qui vise à illustrer les traces de l’histoire, les vestiges du temps. Des traces de civilisations éteintes comme au Soudan, l’ancien royaume de Nubie, ou d’érosion, comme en égypte avec le désert blanc et le désert noir, ou encore au Groenland en saisissant des images des icebergs, ces ruines qui vont mourir. J’aime l’idée de laisser un certain témoignage. La photographie constitue en effet pour moi à la fois un épanouissement personnel mais aussi un moyen de faire du bien à d’autres. Pour cela, j’ai créé la fondation CARENE à laquelle je verse le fruit de mon travail photographique. Cette fondation promeut l’éducation et la préservation des racines culturelles, deux piliers sur lesquels reposent ma trajectoire de vie.
Exposition Tout un monde de Richard de Tscharner. Du 15/09 au 19/11 2010 Espace SIG, Pont de la Machine à Genève.
Maheswar, dans l'état du Madhya Pradesh, sur les rives du Narmada, pendant les rituels du Nouvel An indien. La Femme au peigne [1] Regard [3] Vallée de l'Omo en Ethiopie, chez les Mursi. Regard vigilant [2]
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Agenda
Récitals
Jennifer Larmore
14 novembre 2010 à 20h au Grand Théâtre de Genève Originaire d’Atlanta, c’est à Nice qu’elle fait ses débuts dans La Clemenza di Tito en 1986. Durant la même période, elle chante Rosine dans une mise en scène de Jérôme Savary. Rôle fétiche, elle le chantera plus de 500 fois. Les plus grandes maisons lyriques la réclament et l’acclament, les maisons de disques s’arrachent cette mezzosoprano probablement la plus enregistrée de tous les temps. Grâce à sa voix, à ses talents d’actrice, à son énergie et à son charme, elle fascine et conquiert le public du monde entier. Au moment où elle répète Valencienne dans Die lustige Witwe au Grand Théâtre de Genève, elle nous fait partager ses exceptionnels talents de récitaliste.
José Van Dam
5 décembre 2010 à 20 h au Grand Théâtre de Genève Un maître du chant de retour sur la Place Neuve... 2010 est une année riche en anniversaires pour ce baryton-basse mondialement connu et reconnu. Il fête 50 ans de carrière, le 30ème anniversaire de ses débuts au Théâtre Royal de la Monnaie, sans oublier ses 70 ans. Malgré ses triomphes et ses innombrables succès, il a su rester humble, simple et généreux. C’est pourquoi il n’a jamais voulu aborder certains rôles que lui proposaient de grands chefs. Peut-être manquet-il à sa discographie impresionnante le rôle de Don Giovanni, mais pour lui l’important est que, le jour où il s’arrêtera de chanter, les gens disent « c’est dommage que Van Dam ne chante plus » plutôt que « c’est dommage qu’il chante encore ».
Opéras
Il Barbiere di Sivigilia
Melodramma buffo en deux actes de Gioacchino Rossini 4 | 7 | 8 | 13 | 14 | 16 | 18 septembre 2010 à 20 h 5 | 12 | 19 septembre 2010 à 17 h Direction musicale Alberto Zedda Mise en scène Damiano Michieletto Orchestre de la Suisse Romande Chœur du Grand Théâtre Nouvelle production au Grand Théâtre de Genève 2 versions... pour Mezzo-soprano et Soprano. Le Dr. Bartolo tient sa pupille, la belle Rosina, jalousement enfermée. Tous les galants de Séville viennent lui faire la sérénade mais le jeune Comte Almaviva l’aime plus que tout autre. Il se déguise en un pauvre étudiant, Lindoro, pour s’assurer qu’elle ne l’aimera pas pour sa fortune et engage son ancien valet, Figaro, pour organiser un rendezvous avec la belle. Il se présentera chez Bartolo, déguisé en soldat ivre, muni d’un billet de logement. Chez Bartolo, Rosina se rappelle de la sérénade de Lindoro et lui écrit un billet doux qu’elle remet à Figaro. Mais Basilio, son maître de chant, a mis son tuteur en garde : le Comte est en ville ! Pour l’écarter, ils auront recours à la calomnie. Rencontre avec Alberto Zedda Lundi 6 septembre 2010 à 18 h 30 au Grand Théâtre Conférence de présentation par Sandro Cometta, en collaboration avec l’Association genevoise des Amis de l’Opéra et du Ballet, le 1er septembre 2010 à 18 h 15. Diffusion du spectacle sur Espace 2, le samedi 23 octobre 2010 à 20 h
Elektra
Opéra en un acte de Richard Strauss 10 | 13 | 16 | 19 | 22 | 25 novembre 2010 à 20 h Direction musicale Stefan Soltesz Mise en scène Christof Nel Orchestre de la Suisse Romande Choeur du Grand Théâtre de Genève Nouvelle production au Grand Théâtre de Genève L’intrigue – en un seul acte – d’Elektra prend racine dans le retour victorieux d’Agamemnon, roi de Mycènes, du siège de Troie, avec la princesse troyenne Cassandre comme concubine. Son épouse Clytemnestre, outrée par cette insulte s’ajoutant à l’injure du sacrifice de leur fille Iphigénie avant le départ pour Troie, a pris comme amant le cousin d’Agamemnon, égisthe, qui l’aide à assassiner son mari. électre, princesse de Mycènes, a sauvé son frère Oreste de la fureur de leur mère en l’envoyant en exil. L’opéra commence, bien des années plus tard, avec les remords de Clytemnestre qui craint que son crime ne soit découvert par ses enfants. électre, animée d’un désir obsessionnel de venger son père, a déjà deviné l’adultère homicide de sa mère, et tente d’associer sa soeur, la timide Chrysothémis, à son projet. Avant qu’elle ne le mette en œuvre, Oreste, qu’on croyait mort, revient comme prétendant au trône et, informé de la vérité par électre, brûle de venger son père. Conférence de présentation par Pierre Michot, en collaboration avec l’Association genevoise des Amis de l’Opéra et du Ballet, le 9 novembre 2010 à 18 h 15.
Die lustige Witwe
Opérette en trois actes de Franz Lehár 14 | 16 | 18 | 21 | 23 | 28 | 29 | 31 décembre 2010 à 20 h 19 | 26 décembre 2010 à 17 h Direction musicale Rainer Mühlbach Mise en scène Chrisrof Loy Orchestre de la Suisse Romande Chœur du Grand Théâtre de Genève Version genevoise en 3 langues : allemand, français et anglais avec surtitres. Nouvelle production au Grand Théâtre de Genève Le Grand-Duché du Pontevedro est au bord de la faillite et pourtant, son ambassade parisienne fête l’anniversaire du souverain par un grand bal. La richissime veuve Hanna Glawari y est invitée et l’ambassadeur, le baron Zeta aimerait qu’elle épouse un compatriote pour que sa fortune ne quitte pas le pays. Le fiancé idéal : son premier secrétaire, le comte Danilo Danilovitsch. Son projet semble mal parti: Danilo et Hanna, autrefois amoureux, ont dû se quitter parce que la famille de Danilo s’opposait à leur union, Hanna n’ayant alors aucune fortune. Ils s’aiment encore, mais Danilo refuse de lui faire la cour, par fierté, et Hanna attend qu’il lui dise qu’il l’aime. Pendant ce temps, Valencienne, l’épouse de Zeta, flirte avec l’attaché d’ambassade local, Camille de Rosillon, qui saisit son éventail pour y écrire «Je vous aime». Valencienne proteste qu’elle est une femme mariée et respectable. Mais l’éventail tombe dans les mains de Zeta, qui le confond avec celui d’une autre dame: la pièce à conviction de leur indiscrétion a pris le large. Conférence de présentation par Alain Perroux, en collaboration avec l’Association genevoise des Amis de l’Opéra et du Ballet, le 9 décembre 2010 à 18 h 15. Diffusion du spectacle sur Espace 2, le samedi 29 janvier 2011 à 20 h
Ballet
Sed Lux Permanet
Ballet du Grand Théâtre de Genève Créations mondiales au Grand Théâtre de Genève Orchestre de la Suisse Romande Direction musicale : Karl Anton Rickenbacher 5 | 7 | 8 | 9 octobre 2010 à 20 h 10 octobre 2010 à 17 h
Transit Umbra
Musique de Arnold Schönberg Verklärte Nacht (La Nuit transfigurée) Chorégraphie & scénographie : Francesco Ventriglia
Sed Lux Permanet
Musique de Gabriel Fauré Requiem Chorégraphie : Ken Ossola Scénographie : Jean-Marc Puissant Conférence de présentation par Jean-François Kessler, en collaboration avec l’Association des Amis de l’Opéra et du Ballet, le 6 octobre 2010 à 18 h 15.
Diffusion du spectacle sur Espace 2, le samedi 15 janvier 2011 à 20 h.
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24h
Niché dans un modeste bureau au 4e étage du Grand Théâtre, Daniel Dollé, le dramaturge et conseiller artistique maison depuis une année, est rapidement devenu l’une des figures emblématiques de l’institution. Décrire sa journée ? Impossible à moins d’y consacrer la nuit ! Ce
24 h
bourreau de travail ne s’accorde en effet que 4 ou 5 heures de sommeil, et encore ! personnalité hors du commun, s’est malgré tout gentiment efforcé de nous ouvrir les yeux sur son planning dantesque.
© GTG/Yunus DURUKAN
Cet Emmanuel Kant de l’opéra, doté d’une
dans la vie de
Ses joies ? Des plaisirs simples !
« Croiser tous les jours des collègues qui partagent la même passion. Je me plais à penser que nous sommes une grande famille, où il n’y a pas vraiment de hiérarchie mais un esprit de communauté, entièrement tourné vers un projet artistique. J’aime ainsi particulièrement rencontrer ceux dont le métier n’existe quasiment pas ailleurs que chez nous, le maître bottier, l’armurier ou le perruquier par exemple. Il y a une forme de miracle permanent dans le monde du spectacle. Même quand ça grippe un peu, il y a cette magie du spectacle. Et rien ne peut me faire plus plaisir que de voir des spectateurs ravis et une équipe technique et artistique f ière de son travail accompli ! Je me rappelle aussi la participation du Théâtre à la Cité des Métiers. Un moment très drôle avec les collaborateurs de l’atelier de couture. Nous avons offert un déf ilé de costumes, pris en sandwich entre un camion de pompiers et un corbillard d’un autre âge. Une façon elliptique de raconter la vie. »
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Daniel Dollé 5 h - 5 h 30 Lever de rideau sur la journée de notre vibrionnant dramaturge qui se permet la folie de prendre un peu de temps pour lui, histoire de lire le journal. Celui de la veille forcément… Avant d’arriver dès potron-minet dans un Grand Théâtre presque désert. 7 h 30 « Je suis là, annonce-t-il timidement, relativement seul à part quelques techniciens ou le personnel d’entretien, ce qui m’offre une occasion rare de travailler sans être assailli d’une ribambelle de questions, ou de téléphones » C’est que ce physicien de formation, pédagogue, metteur en scène, ancien directeur d’opéra, pianiste et organiste à ses heures, est encore aujourd’hui de tous les fronts, de tous les chantiers, de toutes les négociations, des plus agréables – rares forcément - aux plus ardues. Le matin de notre interview, il se partage, voire se démultiplie, entre une discussion avec les délégués des chœurs pour envisager une collaboration avec une prestigieuse maison de disques et une longue conversation avec deux accortes jeunes femmes qui emporteront avec elles la promesse d’une conférence. Tout ça, en moins d’une heure car sa fonction de dramaturge l’appelle ailleurs. Dramaturge késako ? Il s’agit d’un concept qu’on connaît mieux dans les théâtres germaniques, lesquels disposent, en général, d’un ou plusieurs dramaturges. Celui-ci assume la fonction de « penseur », soumet ses idées à la direction générale et participe à la réflexion autour de la ligne artistique. Il peut participer à la conception de la ligne artistique des saisons, à la recherche d’une équipe de production. Il élabore également la ligne rédactionnelle de l’institution et entretient une relation privilégiée avec des auteurs, des compositeurs, etc. 12 h 30 C’est à peine s’il sort, question de prendre l’air. Même s’il dit adorer faire à manger, il ressort clairement que ce ne sont que des connaissances livresques. Quand pourrait-il bien se faire à manger alors qu’il ne sort pas de son bureau ? à peine lui concèdera-t-on d’être grand amateur de thé devant l’éternel. Cela dit, il fréquente la
buvette du théâtre avec enthousiasme : « de toutes mes expériences théâtrales en tant qu’assistant ou metteur en scène, c’est l’une des meilleures buvettes que j’ai jamais fréquenté ! L’accueil y est très chaleureux et convivial, doublé d’une nourriture de qualité. » 13 h - 23 h Le revoici plongé dans ses mille et une activités. Les choix sont légion : l’écriture du prochain programme d’Elektra, la réalisation du contrat d’un futur metteur en scène, une petite discussion pas piquée des vers sur les droits d’auteur et last but not least, la responsabilité de veiller au moral des troupes ! Il devient alors protéiforme, étant à la fois sur scène, dans la salle, les coulisses, les bureaux etc. « En général, je suis chargé de régler tout ce qui va un peu de travers, assumer une forme de médiation en quelque sorte. » Le soir ? Le soir, quel soir ? Vous voulez dire la nuit, une fois les répétitions terminées ? Il « file » (sic !) chez lui entre 11 heures et minuit. Mais nous ne sommes pas dupes, le fantôme de l’opéra c’est lui ! >IP
Un moment fort au cours de sa première saison ? Un moment d’émotion intense correspond à mes retrouvailles avec Marthe Keller. Il s’agissait de Don Giovanni en décembre dernier. Nous nous connaissons depuis longtemps. Pensez, c’était chez moi, à Strasbourg, qu’elle a fait sa première mise en scène ! Nous lui avions proposé Der Rosenkavalier, mais elle avait renoncé à ce projet qui cependant la séduisait. Pugnaces, nous lui avons soumis plus tard un autre projet, Dialogues des Carmélites, dont on se souvient encore. »
Son credo ? « Je me bats pour une institution, pour défendre les projets que j’aime, profondément persuadé on ne peut avoir du plaisir que quand on fait les choses qu’on aime. Je me bats avec passion, je brûle pour mon métier et je souhaite partager cet élan. »
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Opération
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