ACT-O n° 31

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| Mai / Juin / Juillet / Août 2017 N° 31

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Le journal du Cercle du Grand Théâtre et du Grand Théâtre de Genève

BARBE-NEIGE ET LES SEPT PETITS COCHONS AU BOIS DORMANT PIERRE ET LE LOUP & LE BÛCHER D'HIVER

Deux productions « enchantées » pour le jeune public

COSÌ FAN TUTTE

NORMA

Alexandra Deshorties en tragédienne absolue

David Bösch nous invite à sa comédie des sentiments

KARITA MATTILA LYNETTE TAPIA & JOHN OSBORN PATRICIA PETIBON

Un festival de récitals clôt la saison 16-17

L'Espace d'une saison

SAISON 1718

LE GRAND THÉÂTRE PRÉSENTE SA DERNIÈRE SAISON À L'OPÉRA DES NATIONS

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Le thème de la saison 16-17

Rencontre sur l’Amour...

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Così fan tutte

ou la sincérité introuvable

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Norma

Le retour d’une tragédienne

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Un festival des récitals

Cher public, Le 1er juillet, le rideau tombera sur la dernière représentation de Norma qui vous aura permis de retrouver Alexandra Deshorties, l’incroyable et irrésistible Médée de la saison 14-15. Nos équipes vous préparent déjà une nouvelle saison. Merci à leur enthousiasme, leur professionnalisme et leur diponibilité. Grâce à ces équipes, nous avons pu vous faire partager ce monde fabuleux de la danse et du lyrique. Les productions se sont succédé, vous nous avez suivis et vos applaudissements ont couronné ces intenses moments de partage. Trois récitals majeurs. Après son succès dans La Pucelle d’Orléans et sa magnifique performance au Temple de la Madeleine, ne manquez pas le concert du Chœur du Grand Théâtre. Les jeunes et moins jeunes ne sont pas en reste car ils pourront découvrir, nombreux et en famille, Barbe-Neige et les sept petits cochons au bois dormant, un spectacle tout public, intelligent et désopilant. À la veille d’une nouvelle production de Così fan tutte, ouvrons l’œil sur une saison que nous souhaiterions à nouveau surprenante et enrichissante. Des œuvres, des artistes et des talents à découvrir ou à redécouvrir dans cet écrin de bois qui nous laissera tant de souvenirs. Le Ballet du Grand Théâtre, entre ses nombreuses tournées, vous réserve deux créations chorégraphiques : l’une centrée autour d’une diva mythique – Callas – chorégraphiée par l’une des grandes prêtresses du Tanztheater, Reinhild Hoffmann ; l’autre vous emmènera, dans un Vertige romantique, au chœur des musiques de Schubert, Schumann et Tchaïkovski. Février 2018 nous permettra de découvrir le flamenco (Voces) avec Sara Baras et sa troupe, un moment fort et incontournable. La fin de l’été et le début de l’automne seront chauds et intenses du côté de la Place des Nations. Teodor Currentzis et MusicAeterna vous invitent à écouter La Clemenza di Tito suivi d’un feuilleton en trois épisodes où nous vous présenterons Figaro. Gioachino Rossini, Wolfgang Amadeus Mozart et Elena Langer, en trois jours, trois chefs d’orchestre et trois metteurs en scène dans un dispositif scénique remarquable. Une expérience unique, avant de rencontrer l’un des personnages de Musset : Fantasio – œuvre de Jacques Offenbach annonciatrice des Contes d’Hoffmann. Qui dit Faust, dit Goethe qui aux côtés de Beaumarchais, Musset et Molière illustre notre volonté de poursuivre la mise en évidence des liaisons étroites entre littérature et opéra. Notre coproduction avec notre partenaire privilégié, l’Orchestre de la Suisse Romande, nous donnera une nouvelle approche de ce mythe toujours actuel de Faust. Deux antipodes emblématiques du théâtre italien, Emma Dante et Serena Sinigaglia (Il Giasone, 16-17), continueront à dépeindre l’histoire du vérisme, ou du naturalisme hérité d’Émile Zola. Chaque production mériterait quelques mots, nous les souhaitons toutes différentes et polymorphes. Une fois encore, les stars de la scène internationale ont répondu présent soit pour vous retrouver, soit pour vous découvrir. Sonya Yoncheva, Simon Keenlyside, Nicole Cabell, Willard White, Marie-Nicole Lemieux, Ildebrando d’Arcangelo, David Bösch, Ruzan Matashyan, Mikhail Petrenko, Christian Räth et Nina Stemme sont de retour alors que Reinhild Hoffmann, Dorothea Röschmann, Georges Lavaudant et Melody Loulédjian nous rejoignent. Laissez-vous tenter et rejoignez-nous pour de nouvelles aventures au cours de la dernière saison du Grand Théâtre à l’Opéra des Nations. Merci pour votre fidélité et rendez-vous pour un nouveau voyage au pays du rêve, de l’imaginaire et de l’âme.

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Barbe-Neige...

Les contes vont à l’eau

O Tobias Richter Directeur général

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Saison 17-18

L’espace d’une saison

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Les Jeudis du Chœur

Au cœur du Chœur

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Pierre et le Loup Le Bûcher d’hiver

Un monde enchanté

CP 5126 - CH-1211 Genève 11 T +41 22 322 50 00 F +41 22 322 50 01

grandtheatre@geneveopera.ch www.geneveopera.ch Directeur de la publication Responsable éditorial Responsable graphique & artistique Ont collaboré à ce numéro Impression

Tobias Richter Mathieu Poncet Aimery Chaigne Daniel Dollé, Leandro Garcimartin, Aurélie Gfeller, Olivier Gurtner, Catherine Lovey, Mathieu Poncet, Tania Rutigliani, Charles Sigel, Patrick Vallon, Alan Woodbridge FOT Suisse SA

Parution 4 éditions par année ; achevé d’imprimer en avril 2017. 5 000 exemplaires. Il a été tiré 45  000 exemplaires de ce numéro encartés dans le quotidien Le Temps.

La couverture Ouvrez l’œil l’espace d’une saison à l’Opéra des Nations

Photo montage & direction artistique Aimery Chaigne

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Prochainement dans le n°32

La Clemenza di Tito 27/08/2017 Nina Stemme 02/09/2017 La Trilogie de Figaro 12 > 26/09/2017 Callas 10 > 17/10/2017 Marie-Nicole Lemieux 28/10/2017 Fantasio 03 > 20/11/2017 Figaro-ci, Figaro-là ! 08 > 15/11/2017

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Vivez l’histoire passionnée de Norma avec les transports publics ! Les abonnés du Grand Théâtre bénéficient de la libre circulation en transports publics dans le périmètre d’unireso Tout Genève, 2h avant et 2h après le spectacle. Pour l’Opéra des Nations : Arrêt Nations ou Sismondi : Tram 15 - Bus 5, 8, 11, 22, F, V et Z.

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Rencontre sur l’Amour.. par Catherine Lovey*

Le dernier volet de notre thématique de saison : « En 16-17, laissez-vous transporter à l’Opéra des Nations » offre à l’auteur de L’Homme interdit, Catherine Lovey, le plaisir de nous relater ses aventures littéraires sur le fleuve Amour.

© ZOOM TEAM / SHUTTERSTOCK

© DR

I

nouvelles, pas pour ses pièces de théâtre qu’il n’a pas encore écrites.  Parvenu à l’extrémité du fleuve, il ne sait plus lui-même quelle mouche l’a piqué. Il a quitté Moscou, les malades qu’il soigne et les nuées de complimenteurs venus célébrer son talent littéraire, pour entreprendre un périple insensé qui doit l’amener dans un endroit plus insensé encore : l’île de Sakhaline, entièrement peuplée de colonies pénitentiaires, de bagnards et de matons. À Nikolaïevsk, une ville remplie de trafiquants d’or et de cornes de rennes supposées aphrodisiaques, Tchekhov en a assez du bateau. D’autant que le prochain navire, qui le fera traverser le détroit de Tatarie pour l’amener enfin sur Sakhaline, ne partira pas avant quatre ou cinq jours. Il aimerait donc trouver un hôtel ou au moins une chambre à louer pour y passer quelques nuits à peu près civilisées. Or, il n’y en a pas. Ses bagages sont sur le quai. Il déambule sans but le long du rivage, observe les gens. « Seigneur ! Que leur vie est éloignée de celle de la Russie », note-t-il. Il n’a pourtant pas encore atteint la terre de déportation. À ce moment précis de sa déroute, je l’imagine entendre dans sa tête le « Va, pensiero, sull’ali dorate, Va, ti posa sui clivi, sui colli… » du chœur des esclaves de Verdi. Du point de vue des dates, c’est possible. Compte tenu du bagne qui l’attendait de l’autre côté, c’est possible aussi. Mais Anton Pavlovitch ne dit rien de Nabucco dans le Sakhaline qu’il écrivit avec peine par la suite, pour raconter comment il avait passé trois mois à recenser les forçats, et combien il les avait vus souffrir. Ce que j’imagine plus volontiers encore, c’est qu’on puisse trouver aujourd’hui sans problème des chambres à louer sur Sakhaline, quand on en a marre de sa cabine de bateau. Je crains d’ores et déjà d’en avoir par-dessus la tête de la mienne, et de la mer, et des brouillards de juin, lorsque j’accosterai par le sud de l’île. Que restet-il donc à répertorier là-bas, maintenant qu’il n’y a plus d’hommes et de femmes dans les fers ? Des pipelines  et des contrats d’affaires ? Je verrai bien. En attendant, sur l’écran, je m’attarde encore un peu dans le delta du fleuve, parce que je songe à faire le chemin inverse de celui de Tchekhov : aller à Nikolaïevsk après avoir quitté Sakhaline. « Attention ! », m’écrit une correspondante « Si vous voulez revenir à Vladivostok depuis Nikolaïevsk en train, ce ne sera pas possible pour tout le voyage. Là-bas, il n’y a pas de train. » Dois-je en conclure qu’il me faudra bientôt, à mon tour, naviguer envers et contre tout sur l’Amour ? ■

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Les méandres du fleuve Amour quand il arrive à son embouchure près de l’Ile de Sakhaline.

© YVONNE BÖHLER

l existe, en Russie, un fleuve immense qui s’appelle l’Amour. Il n’est pourtant pas le plus long du pays. Il a beau s’étirer sur des milliers de kilomètres et folâtrer longuement avec la Chine, il se fait devancer par l’Ob et la Léna du point de vue des dimensions. C’est une chose qui arrive souvent en Russie. Il y a toujours, ailleurs, dans une autre région, un delta plus vaste, une steppe plus monumentale, les traces d’une tragédie plus effroyable. Voici une dizaine d’années, j’ai fait la connaissance, en Sibérie, d’une femme qui est devenue une amie et qui s’appelle Amour. Lors de notre première rencontre, je m’étais beaucoup étonnée qu’elle ne s’appelle pas Irina, Anna, Elena, Nadia, Sacha, Maria ou Natalia, comme tout le monde. Elle m’avait alors raconté qu’elle était née très loin de son lieu de domicile, dans une ville de l’Extrême-Orient russe qui donne sur le fleuve Amour. J’avais aussitôt conclu, en mon for intérieur, qu’elle portait ce prénom exceptionnel précisément parce qu’elle était née près de ce fleuve-là. Je n’avais pas tardé à me faire toute une idée de cette géographie lointaine, me figurant des berges sauvages, mais tendres, une végétation chiffonnée, mais grasse, et aussi de ses parents, un jeune homme et une jeune femme, certes soviétiques, mais romantiques. Ils s’étaient aimés, peut-être en secret, et ils avaient osé prénommer leur petite fille selon le fleuve et pas du tout selon les traditions. Au cours des nombreuses conversations qui avaient suivi, je n’avais pas pu m’empêcher d’attribuer les éclairs d’indiscipline qui, parfois, parcouraient les magnifiques yeux de mon amie Amour, à l’affranchissement originel de ses parents. Le jour arriva donc où, dans un russe encore flageolant, je lui confiai que, décidément, il me faudrait trouver une occasion d’aller voir ce fleuve Amour, d’autant qu’elle portait son nom et que j’y voyais un signe. Comment décrire l’éclat de rire qui s’empara d’elle ? Une cascade d’étonnement, puis de joie irrépressible lorsque le pot aux roses fut découvert. Cette amie s’appelle en effet Lioubov, un prénom féminin à la terminaison très inhabituelle, quasi masculine, et qui est bel et bien employé comme nom commun pour dire « amour » en russe. Or, le fleuve ne s‘appelle pas du tout Lioubov. Il s’appelle Amour. Quand on lit son nom en cyrillique « Амур », on prononce « a.m.ou.r », un mot qui ne veut strictement rien dire dans cette langue. Ma pauvre tête de francophone, écrasée par la grammaire russe et l’immensité sibérienne, n’avait rien fait d’autre, lors de ce séjour, que de s’accrocher au fleuve Amour et à mon amie Lioubov comme à une seule et même évidence. Jusqu’à cet éclat de rire qui m’avait fait prendre conscience qu’autour de moi, personne n’avait pu établir un tel lien, puisque personne ne parlait ma langue maternelle. En ce mois d’avril 2017, je suis en train de suivre l’interminable tracé du fleuve Amour sur l’écran de l’ordinateur. Bien qu’à l’abri et au sec, je m’y perds déjà. Me voici dans la région du delta, près de la ville de Nikolaïevsk-sur-l’Amour. Je m’y attarde, parce que c’est là qu’Anton Tchekhov débarque d’un bateau, le 5 juillet 1890. Malade des bronches, l’écrivain s’acharne à faire comme s’il ne crachait pas du sang. Il bataille contre le gel, le dégel et les inondations depuis plus de deux mois, afin de traverser son pays d’ouest en est, à bord de trains, calèches et bateaux. Le voyageur est célèbre pour ses

* Catherine Lovey est écrivain et journaliste spécialisée en économie et finance. Son dernier roman publié, Monsieur et Madame Rivaz (Zoé 2016), met en scène un couple de personnes âgées qui refusent de faire une croisière qui leur a pourtant été offerte. Voyageant souvent en Russie, elle a publié Un roman russe et drôle (Zoé 2010) qui évoque notamment le destin de l’oligarque Khodorkovski, emprisonné après avoir été l’homme le plus riche du pays. Son site internet www.catherinelovey.com propose des textes de réflexion inédits, des chroniques de voyage, ainsi que la série originale La question qui tue, où elle répond avec humour aux lecteurs qui lui écrivent.

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OPÉRATION

› Così fan tutte Dramma giocoso en 2 actes

Wolfgang Amadeus Mozart Direction musicale

Hartmut Haenchen

Mise en scène

David Bösch

Décors

Falko Herold Costumes Bettina Walter Lumières Michael Bauer Fiordiligi

Veronika Dzhioeva Dorabella Alexandra Kadurina

Guglielmo

Vittorio Prato

Ferrando

Steve Davislim

Despina

Monica Bacelli

Don Alfonso

Laurent Naouri

© GTG / CAROLE PARODI

Chœur du Grand Théâtre de Genève Direction Alan Woodbridge Orchestre de la Suisse Romande À l’Opéra des Nations du 30 avril au 14 mai 2017

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OPÉR ATION COSÌ FAN TUT TE

Così fan tutte ou la sincérité introuvable

E

par C harles S igel

Dans Così fan tutte « la musique est

n fait c’est très simple, au départ, il y a une situation bancale : une soprano (Fiordiligi) est fiancée avec un baryton (Guglielmo), et une mezzo-soprano (Dorabella) avec un ténor (Ferrando). Deux paires bancales, donc. Deux aberrations opératiques. Survient alors la commedia montée par deux roués, un vieux libertin (basse) et une soubrette (soprano léger) et voilà que, par l’effet du déguisement, la soprano s’éprend (ou croit s’éprendre) du ténor et la mezzo-soprano (idem) du baryton. À ce moment-là, tout est donc dans l’ordre normal des choses (des choses d’opéra, s’entend). Puis la comédie se dénoue, les masques tombent et on revient au désordre initial, à la dissymétrie, à l’équivoque. Et voilà ! Résumé : si l’on s’est approché d’une certaine vérité, c’est par le stratagème, la tromperie, le biais, le mensonge. C’est en se masquant qu’on se démasque. Paradoxe.

charmante, et le sujet fort amusant »

Veronika Dzhioeva (Fiordiligi) et Alexandra Kadurina (Dorabella) pendant les répétitions au studio de Meyrin en avril 2017.

(comte Karl von Zinzendorf). Ces quelques mots ne suffisent pas à mettre en évidence la place de choix qu’occupe cet opéra dans le répertoire lyrique. Jeu de travestissement, d’ambiguïté où s’opposent les genres, les classes, cette œuvre marque l’histoire de l’opéra de son

Il est poli d’être gai (Voltaire)

empreinte d’avant-garde tout en restant un divertissement accessible à tous.

[ci-dessous]

Le Baryton Vittorio Prato (Guglielmo) expose tous ses «talents» à la belle Dorabella (Alexandra Kadurina) pendants les répétitions à Meyrin en avril 2017.

© GTG / CAROLE PARODI

On imagine Mozart découvrant le livret de Da Ponte, ce quiproquo sur un thème buffo, qui lui a fortement été suggéré par Joseph II, cette intrigue de déguisement tellement cliché d’époque (cf. les innombrables échanges d’identité chez Marivaux, qui lui aussi penchait vers le doux-amer). Que faire de ce scénario pour porcelaines de Saxe ? Il s’agit d’écrire une comédie, d’être gai. Or Mozart n’est jamais tout à fait gai. D’autant qu’à ce moment de sa vie, il va plus mal que jamais. Même la reprise à succès des Noces de Figaro au Nationaltheater ne le rassérène pas. Il suffit d’écouter le Quintette avec clarinette qu’il compose fin septembre 1789 pour entendre comment il va, la plainte déchirante du larghetto, le désir de joie quand même du finale. L’argent manque chroniquement, d’où de pressantes demandes de secours à l’ami/frère Puchberg pour subsister jusqu’à la saison nouvelle (« Mon unique ami, voulez-vous ou pouvez-vous me prêter encore 500 florins ? Je vous rembourserai à raison de 10 florins par mois », il en recevra 150, comme une aumône). La santé de Constance chancelle, ses cures à Baden coûtent cher. Elle accouche d’un enfant, Anna, qui naît et meurt quasi en même temps, le 16 novembre 1789. Et de surcroît elle se laisse conter fleurette par quelques godelureaux (« Réfléchis seulement qu’avec aucune des femmes qu’ils connaissent peut-être mieux que toi, ces messieurs ne se conduisent aussi librement qu’avec toi »). Mozart jaloux, inquiet, incertain de la fidélité de sa femme ? Tiens, voilà qui résonne curieusement avec l’intrigue de Così.

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[ci-dessus]

Tom Fox (Le Docteur) et Stefan Rügamer (Le Capitaine) pendant les répétitions au studio de Meyrin en octobre 2016.

© GTG / CAROLE PARODI

Aux femmes le beau rôle

Ici, une parenthèse : avant les trois grands chefs-d’œuvre en collaboration avec Da Ponte, il y a eu avec lui une première tentative avortée au printemps 1784, un opera buffa, Lo sposo deluso, o sia la Rivalità di tre Donne per un solo Amante. Mozart a composé quelques airs et ensembles, puis a laissé tomber. Pourquoi ? Parce que, semble-t-il, les trois rôles de femmes étaient des coquettes, des péronnelles sans arrière-plan. Sans doute, Da Ponte ne s’était-il pas plié alors aux demandes de changements de l’exigeant Mozart. Qui ne pouvait concevoir un opéra, même buffo, sans au moins un per[suite page suivante]

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© GTG / OLIVIER GURTNER

OPÉRATION COSÌ FAN TUT TE

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La scène de l’Opéra des Nations pendant les toutes premières répétitions de la production en avril 2017.

sonnage de femme aux accents tragiques. À l’époque de La Finta Giardiniera (1783), il écrivait : « L’une devrait être seria, l’autre mezzo carattere, la troisième peut être tout à fait buffa. » C’est-à-dire exactement le schéma Fiordiligi-Dorabella-Despina…

La fin des certitudes

Un grand vent de dérision, ironique, grinçant, souffle sur Così fan tutte. Après tout, peut-être Mozart a-t-il été sensible aux nouvelles venant de Paris. C’est à l’automne 1789 qu’il l’écrit. La Bastille, symbole de l’ordre ancien, est tombée, le peuple contraint Louis XVI et l’« Autrichienne », sœur de Joseph II, à quitter Versailles. Così, à sa manière faussement légère, inaugure « l’ère du soupçon » : que reste-t-il des certitudes auxquelles on adhérait sans trop se poser de questions ? Corollaire sur scène : à quel moment les sentiments du quatuor sont-ils authentiques ?

Drames dérisoires

Tragique, mais dérisoire en même temps, Fiordiligi quand elle clame (en montant sur ses grands chevaux comme une héroïne d’opera seria) que son amour est aussi indéracinable qu’un chêne (« Come scoglio »). Est-elle alors plus sincère que quand elle vacille (« Per pieta, ben mio, perdona… ») ? Pathétique, mais dérisoire en même temps, Dorabella clamant son désespoir et son dessein de se précipiter aux enfers (« Smanie implacabili »). Lyrique et tendre, mais dérisoire en même temps, Ferrando quand il pousse la romance (« Un’aura amorosa »), la main sur le cœur, comme à l’opéra, ou quand il avoue sa blessure (« Tradito, schernito »). Seul Guglielmo, positif comme un baryton (un futur Alfonso ?), semble déjà désillusionné (« Donne mie, la fate a tanti ») et n’avoir jamais été dupe, même quand il tenait sa partie dans le sublime (mais dérisoire lui aussi) quintette « des Adieux ».

Une tragédie ironique

Il serait tentant, par paradoxe, de soutenir que cette « commediola » (« Piu bella commediola non si potea trovar ») est en fait une tragédie, à la rigueur un drame. S’il n’y avait cette fine couche de cruelle ironie, noire, glacée, à la Flaubert, qui travestit tout : rien n’est vrai à aucun moment, tout est faux-semblant, romanesque de convention, tout le monde joue l’amour. Or quelles sont les valeurs que cultive le maçon Mozart ? Ce sont l’honnêteté, la franchise, la sincérité. Le contraire de la comédie de Così fan tutte. Mais il est aussi cet homme qui connaît les faiblesses humaines, et qui leur est indulgent. Qui ne juge, ni ne condamne. Simplement, il prend distance, la distance de la raillerie voire du pastiche. Et c’est alors la musique qui prend le pas sur le théâtre. Faux airs d’opera seria, trio aux accents religieux (« Soave sia il vento »), et tout l’arsenal des trilles, coloratures, sauts d’intervalle… Et puis surtout il y a cet orchestre qui se gausse, commente, s’émeut parfois, s’attendrit aussi (ah ! cette clarinette, commune à Fiordiligi et Ferrando), et surtout emporte tout, les deux roués comme leurs quatre marionnettes, dans des finales ensorcelés.

Fiordiligi, c’est lui

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Des marionnettes ? Vraiment ? Écoutons Fiordiligi, elle a quinze ans, mais elle sait tout de l’amour : « Io ardo, è smania, affanno, rimorso, pentimento, leggerezza, perfidia e tradimento ! » (« Je brûle, c’est frénésie, anxiété, remords, repentir, légèreté, perfidie et trahison… » ) Car, au-dessus de tout, plus fort que la dérision, plus fort que le drame, plus fort que le tragique, au-dessus de tout, il y a l’amour. Fiordiligi (cette héroïne aux accents tragiques à laquelle Mozart tient tant) le pressent, de source mystérieuse, au-dessus de tout. Fiordiligi, c’est la Comtesse, c’est Elvira, c’est Mozart. ■

Quelques questions à David Bösch à propos de Così fan tutte David Bösch est de retour à l’Opéra des Nations. C’est avec sa mise en scène d’Alcina de Haendel que nous avions ouvert cette salle. Il est de retour pour nous proposer sa lecture de l’un des opéras les plus subtils de Mozart. Charles Sigel Pourquoi Così fan tutte ? Est-ce un désir de longue date ? Quelle place prend Così après Mitridate, Idomeneo, Le Nozze di Figaro que vous avez déjà mis en scène ? David Bösch Pourquoi Così ? Parce que dans toute l’histoire de l’opéra, c’est l’un des meilleurs jamais composés. Mozart et Da Ponte démontrent là cette vérité, que l’art s’appuie sur la collaboration, sur la mise en commun des idées, des forces, des imaginaires. Ensemble, ils étaient « meilleurs » que seuls. CS Mais, est-ce que parmi ceux de Mozart, c’est un opéra qui vous intéresse de façon particulière ? Je vous pose cette question parce que je vois que vous avez mis en scène La Dispute de Marivaux, qui d’une certaine façon ressemble à Così ? DB La Dispute est l’une de mes pièces préférées... Parce que, comme Così, c’est une expérience... On y voit des personnages qui ont été isolés du monde depuis leur naissance et qui sont mis sous le regard d’un observateur. Così fan tutte, c’est un peu pareil. Et évidemment qu’une situation de ce genre, au théâtre, c’est toujours un très bon point de départ : il y a quelque chose qui se passe en dehors de la société. On crée un contexte où le monde n’existe pas, il y a seulement ces personnages, qui sont là, sous nos yeux. C’est un peu comme sur une île ou après une tempête. À partir de là, vous allez pouvoir découvrir quelque chose sur le comportement humain. Peut-être même sur la nature. CS Quelle relation avez-vous avec Mozart ? Il compose Così à un moment très difficile de sa vie. Est-ce que vous le percevez en travaillant sur cet opéra ? DB Pour moi, Mozart est non seulement en tant que compositeur un grand « partenaire », il est aussi un modèle comme artiste. Il y a ce qu’il a composé, mais il y a aussi sa manière de composer. Il y a sa manière de collaborer avec les chanteurs, d’écrire sur mesure pour eux. Son ouverture d’esprit. Sa manière d’accepter les changements. Sa souplesse. Créer, c’est toujours accomplir un processus. Les deux maîtres-mots du théâtre et de l’opéra, ce sont collaboration et processus. Et puis il y en a un troisième, c’est créativité. CS Alors, pratiquement, comment cela se passe-t-il pour vous avec les chanteurs ? J’imagine que vous essayez comme Mozart d’être ouvert, souple et créatif  ?... DB Ce n’est pas tellement moi, c’est surtout lui, Mozart, qui m’aide beaucoup à créer une atmosphère de légèreté, de gratuité, d’invention dans la salle de répétition ! Moi, je m’efforce de lui restituer la créativité, la joie, le rire, et de ne pas insister sur le fait que Così est un opéra sombre.

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OPÉRATION WOZZECK

CS Justement, à la fin, pour vous, est-ce que c’est une comédie ou un drame ? Ou les deux ?

en lien avec les doutes de Mozart à propos de la coquetterie de Constance ?

DB C’est sombre et c’est plein de couleur à la fois. C’est brillant et c’est très noir. Tout se mélange. Ça commence comme une blague qu’on lirait dans un magazine, et à la fin ce magazine traîne par terre dans une flaque. Est-ce qu’il sèchera, qui peut savoir ?

DB La musique de cet opéra parle souvent de l’écart entre ce que les personnages ressentent et ce qu’ils savent… Plus exactement, entre ce qu’ils pensent ressentir et ce qu’ils croient savoir… Ou plutôt, entre la manière dont ils imaginent qu’on doit ressentir l’amour et ce qu’ils ressentent vraiment ! Et c’est cela qui le rend drôle, ironique et très honnête, vrai et génial.

CS Mais vous-même, David Bösch, comment est-ce que vous percevez cela ? DB Est-ce que c’est une tragédie ou une comédie ? Il me semble que la grandeur de Mozart, de Shakespeare, Molière, de Kafka, de Charlie Chaplin, c’est évidemment que c’est toujours les deux. Et qu’on passe de l’une à l’autre tout le temps et à toute vitesse... Ce que j’aime beaucoup chez Mozart, c’est qu’il s’en fout, il ne se pose pas la question de savoir de quel genre il est... Il est libre ! Et qui peut en dire autant à propos de soi-même ? CS Quelle sera la tonalité de votre Così fan tutte ? DB Ce qu’il faut, c’est que ce soit drôle. Il ne faut pas oublier que Così appartient au genre de la comédie. Et que la tournure d’esprit de Mozart et da Ponte, c’est de toujours jouer. Avec leurs thèmes, leurs sujets, leurs personnages. C’est leur vérité. D’être inventifs, étonnants, amusants. De mélanger toutes sortes de saveurs différentes, comme dans un cocktail. Et nous, notre rôle c’est aussi de jouer, créer, inventer. CS Quelle est la part de la sincérité dans l’expression des sentiments ? Est-ce qu’il y a un moment où les quatre personnages sont sincères, est-ce que c’est quand les deux garçons sont déguisés ou quand ils sont au naturel ? Est-ce qu’ils ont des sincérités successives ? DB Ah, c’est difficile, la question de la sincérité… Qui peut savoir si quelque chose est sincère ? et quand ? Je ne sais jamais si je peux faire confiance à mes sentiments. Ne pas oublier que dans cet opéra les personnages sont assez jeunes… Rappelez-vous votre premier amour, votre premier rendez-vous, votre premier baiser. La certitude, quand ça a pris fin, que jamais plus vous n’aimerez à nouveau, jamais plus ! Vous avez crié, pleuré, promis avec votre sang et vos larmes… Et c’était la vérité de ce que vous ressentiez à ce moment-là, non ? Et peut-être que c’était beaucoup plus vrai, plus authentique, plus sincère que ce que vous croyez maintenant savoir de l’amour... CS Est-ce qu’il n’y a pas quelque chose de désespéré dans la manière sont s’enchevêtrent les sentiments dans Così, peut-être

CS Est-ce qu’en étudiant Così de très près, pour le mettre en scène, vous y découvrez autre chose que ce que vous pensiez y trouver ?

Le metteur en scène David Bösch expliquant une scène à Alexandra Kadurina (Dorabella) avec son assistant Benjamin David pendant les répétitions au studio de Meyrin en avril 2017. [ci-dessus, de gauche à droite]

Steve Davislim (Ferrando) et Vittorio Prato (Guglielmo). Laurent Naouri (Don Alfonso) et Monica Bacelli (Despina). Les Ateliers de peinture du Grand Théâtre avec la préparation du plancher de scène de cette production.

DB J’espère toujours qu’à la fin d’un processus de répétition, j’en saurai davantage à propos de l’opéra, mais aussi à propos de moi, de la vie et de l’amour, et j’espère évidemment qu’il en ira de même pour un public après une représentation. Nous venons de commencer à travailler, mais j’en sais déjà plus que la semaine dernière, mais beaucoup moins que je n’en saurai dans quatre semaines ! Vous connaissez la phrase : «Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien. » Il y a aussi une phrase de Beckett à laquelle je pense souvent : « Tout est vieux. Jamais rien d’autre maintenant. Déjà essayé. Déjà tombé. Peu importe. Réessayer. Échouer à nouveau. Échouer mieux. » Et puis ce que j’espère aussi en commençant à travailler, c’est de passer un bon moment. Et c’est aussi quelque chose à quoi le public a droit, non ? Il y a une autre phrase de Beckett qui me revient : « D’abord danser. Ensuite penser. C’est l’ordre naturel. » Il me semble que Mozart pourrait dire la même chose… ■

« Est-ce que c’est une tragédie ou une comédie ? Il me semble que la grandeur de Mozart, de Shakespeare, Molière, de Kafka, de Charlie Chaplin, c’est évidemment que c’est toujours les deux. Et qu’on passe de l’une à l’autre tout le temps et à toute vitesse... Ce que j’aime beaucoup chez Mozart, c’est qu’il s’en fout, il ne se pose pas la question de savoir de quel genre il est... Il est libre ! Et qui peut en dire autant à propos de soi-même ? David Bösch

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OPÉRATION

› Norma Tragedia lirica en 2 actes Vincenzo Bellini Direction musicale

John Fiore

Mise en scène & dramaturgie

Jossi Wieler & Sergio Morabito

Décors & costumes

Anna Viebrock

Pollione

Rubens Pelizzari Oroveso Marco Spotti Norma

Alexandra Deshorties

Adalgisa

Ruxandra Donose

Clotilda

Mary Feminear*

Flavius

Migran Agadzhanyan*

* Membre de la Troupe des jeunes solistes en résidence Chœur du Grand Théâtre de Genève Direction Alan Woodbridge Orchestre de la Suisse Romande À l’Opéra des Nations du 16 juin au 1er juillet 2017

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OPÉRATION NORMA

Le retour d’une tragédienne La soprano Alexandra Deshorties avait bouleversé les spectateurs du Grand Théâtre de Genève en 2014, quand ils avaient découvert sa personnalité de tragédienne, dans Medea, de Cherubini. Elle chantera pour la première fois Norma, sur la scène du Théâtre des Nations le 17 juin 2017. Conversation avec elle le 28 mars dernier, alors qu’elle chantait le rôle-titre d’Elisabetta, regina d’Inghilterra de Rossini au Theater an der Wien. Un entretien avec A lexandra D eshorties par C harles S igel

Charles Sigel Norma, c’est pour vous une prise de rôle, c’està-dire un personnage que vous n’avez pas encore abordé. Comment vous y prenez-vous ?

chanté longtemps beaucoup de Mozart, Fiordiligi, Elettra, Donna Anna, la Comtesse, puis avoir abordé Desdemona, Lucia, Maria Stuarda, Medea…

Alexandra Deshorties Comme toujours, c’est-à-dire en étudiant de très près la partition. Je me fabrique un cahier avec la partition photocopiée, avec le livret que je recopie à la main entièrement ! et des pages blanches pour prendre des notes. Voilà pour le côté matériel. Et puis j’étudie beaucoup, c’est-à-dire que je regarde le côté historique, le compositeur, le contexte, etc. Tout ce qui peut nourrir ma construction du personnage.

AD Oui, ça s’est fait un peu comme ça, on ne contrôle pas vraiment tout dans son parcours, il m’est arrivé de refuser des rôles lourds parce qu’on me les proposait trop tôt, mais du coup on ne me les proposait plus, et finalement je les aborde assez tard, mais peut-être que, tout compte fait, c’est mieux pour ma voix…

CS Autrement dit, vous travaillez le côté théâtre ou tragédie autant que le côté purement musical ? AD Ah, il n’est pas question de séparer l’un de l’autre, sinon il n’y a qu’à faire du concert ! Évidemment qu’il faut chanter toutes les notes, mais ça ne suffit pas. Il faut faire la synthèse entre la voix et le théâtre. Il faut construire le personnage, de l’intérieur. CS Donc, ça signifie qu’avant de rencontrer le metteur en scène, vous avez bâti votre interprétation. AD Je l’ai bâtie, c’est ça. Parce que vous savez, parfois on se trouve en face de metteurs en scène qui ont très bien réfléchi à tout, mais qui ne savent pas trop ce que c’est que la direction d’acteur ou la cohérence intérieure d’un personnage… Et alors qu’est-ce que vous faites dans ces cas-là ? Est-ce que vous voulez vous retrouver avec un personnage complètement désarticulé ?

© GTG / WILFRIED HOESL

CS Mais qu’est-ce qui se passe si votre conception ne cadre pas avec celle du metteur en scène ? AD Eh bien, on en parle ! Moi je suis très ouverte à ce genre de discussion, avec honnêteté. On en parle, et on arrive à une synthèse, à une conciliation. Et ça marche… CS Pour en venir à Norma, vous l’abordez donc, très sagement, maintenant, comme si vous montiez en puissance, après avoir

Sur la scène du Grand Théâtre de Genève en avril 2015, Alexandra Deshorties incarne une Médée d’anthologie.

CS De Norma, on dit que c’est un rôle très lourd, parce qu’il monte très haut dans les passages extatiques, comme « Casta Diva », et qu’il descend dans le registre de mezzo pour les scènes de colère, et que de surcroît il est presque constamment tendu… AD Oui, il y a cette difficulté technique, évidemment, c’était écrit pour une voix exceptionnelle, celle de la Pasta, mais c’est difficile aussi parce que c’est lourd émotionnellement. Norma, comme Medea, est une personne humaine, avec des émotions vraies, et ces émotions sont parfois anti-chant. C’est difficile émotionnellement, du coup ça devient difficile vocalement. C’était plus facile autrefois, du temps où on chantait les notes, et puis voilà tout. On ne demandait pas aux chanteurs d’être des acteurs. Je ne m’en plains pas, au contraire, parce que c’est ce que j’aime, mais c’était moins lourd. Et puis on prenait des libertés, on coupait les cabalettes, ou on transposait la tonalité… Aujourd’hui, heureusement, plus question de ça, on ne coupe plus dans la partition. Par contre, dans les opéras français du dix-neuvième, on supprime le ballet et du coup on perd les vingt minutes où la voix pouvait de reposer ! En plus, n’oublions pas que le diapason est monté. CS Est-ce que vous vous êtes renseignée sur la mise en scène de Jossi Wieler et Sergio Morabito ? AD Non ! J’arriverai en mai, pour les répétitions, avec mon personnage prêt, et sans préjugé. Quand c’est une reprise, comme c’est ici le cas, je ne veux pas voir ce qu’ont fait d’autres interprètes, je ne veux pas êtes influencée, et puis si je trouve que c’est bien, ce peut être source d’anxiété ! Non, je me concentre sur mon travail à moi. [suite page suivante]

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OPÉRATION NORMA

Norma, une femme en colère Jossi Wieler et Sergio Morabito vont nous proposer du 16 juin au 1er juillet leur lecture d’un des opéras essentiels de l’âge romantique, Norma, créé en 1831 et constamment représenté depuis lors.

© MARTIN SIGMUND

Conversation avec Sergio Morabito à

« Il faut que les spectateurs sortent du théâtre bouleversés, sinon ce n’est pas la peine. » Alexandra Deshorties

C’est comme ça que je fonctionne. J’ai un tempérament et une voix très identifiable. Il y a trente ou quarante ans, vous entendiez un chanteur ou une chanteuse, et tout de suite vous pouviez mettre un nom sur cette voix. Aujourd’hui, il y a une uniformisation, tout est un peu pareil. Moi, je pense qu’il n’y a pas de chanteur qui soit parfait pour un rôle, il faut que chaque chanteur ou chanteuse intériorise le rôle, et parvienne à sa propre synthèse, à la fois humaine, cathartique et personnelle. Pour parvenir à sa propre véracité. CS Il n’y a donc pas de modèle ? AD Il m’arrive d’écouter des enregistrements, mais finalement j’évite cela quand je travaille un rôle. Il faut être soi-même. Vous savez, c’est une vie difficile que celle de chanteur. D’abord, c’est très coûteux. Peut-être qu’il y a quelques stars qui vivent une vie très confortable, mais combien d’autres reviennent à la maison avec pas grand-chose en poche, après avoir assumé deux mois de répétitions, qui dévorent le cachet des représentations. Il y a des compagnies qui réduisent tous les frais. Je dis tout de suite que ça ne concerne pas Genève où on est reçu magnifiquement, comme si on avait un rôle social… CS Et tout cela est au prix d’une certaine solitude… AD Oui, il faut faire le sacrifice de sa vie familiale. Pendant deux mois ne pas voir mon fils qui a cinq ans et qui est à New York. Mais là, dès que j’aurai fini la série d’Elisabetta à Vienne, je retourne chez moi mener une vie normale, m’occuper de mon fils, de ma maison et travailler Norma à longueur de journée. CS Ce petit garçon vous rapproche de Médée et de Norma, qui sont deux mères… AD Ah, tout à fait, évidemment, on y pense. On construit ses personnages avec sa propre vie, avec ce qu’on ressent. Je pense que toutes les mères qui sont dans la salle devraient ressentir une catharsis en voyant des rôles comme ça. Je n’aime pas qu’on sorte en me disant «Ah, c’était joli !» On fait trop de joli dans notre métier. Si je voulais faire du joli, je ferai du concert. Ce n’est pas ça qui m’intéresse. Ce qui justifie tous nos efforts, c’est quand quelqu’un me dit «J’ai pleuré ou j’ai été bouleversé parce que j’ai compris cette femme». Ou quand une spectatrice me dit : «Je n’ai pas parlé à ma mère depuis trois ans, mais là j’ai compris cette femme, j’ai compris sa douleur.» CS Mais, malgré tous ces sacrifices, et ce travail difficile, c’est tout de même un bonheur que d’aborder un rôle comme Norma ? AD Ah, c’est d’une beauté tragique qui vous brise le cœur. ■

propos des enjeux de cette œuvre qu’on croit, peut-être à tort, bien connaître. Charles Sigel Norma, est-ce que ce n’est pas, une fois de plus à l’opéra, l’histoire de la défaite d’une femme ? Sergio Morabito Je crois que le scandale de cet opéra consiste dans le fait qu’une femme est le chef d’une religion et de tout un peuple, ce qui signifie qu’elle n’est pas soumise à la loi paternelle. Il faut remarquer que le mot «norma» en italien signifie «la loi». C’est donc la mère qui dans cette société est la représentante de la loi. Nous avons devant nous un groupe qui vit sous le signe du matriarcat ! Et je crois qu’il faut s’intéresser au culte de la Lune dans cet opéra, la Lune qui est l’emblème de la fécondité. Le fait que cette prêtresse a deux fils n’est pas une infraction à la loi religieuse, ce pouvoir d’engendrer des enfants démontre au contraire sa plénitude et sa nature divine. CS C’est paradoxal, ce que vous dites là, parce qu’en principe l’état de prêtresse implique la virginité. SM Nous pensons, Jossi Wieler et moi, que Norma se trouve dans la situation des prêtresses de beaucoup de religions ou de mythes. Que ce soit Erda dans la Tétralogie, qui pourtant peut prédire tout ce qui va arriver, ou que ce soit dans les mythes grecs et romains, vous voyez cette situation de transition où le patriarcat, qui est supérieur, qui est vainqueur, assujettit la prophétesse du culte matriarcal. Et la contraint à promulguer les lois du patriarcat. Je crois que cela nous amène à comprendre l’enjeu central de cet opéra : au début de Norma, nous voyons les Gaulois (et Bellini fait chanter là uniquement les voix masculines du chœur) exhorter la druidesse à proclamer l’état de guerre. Et elle s’y refuse. « Sediziose voci, Voci di guerra avvi chi alzar si attenta / Presso all’ara del Dio ! V’ha chi presume / Dettar responsi alla veggente Norma. » Ce sont ses premiers mots quand elle apparaît, cela signifie : «Quelqu’un parmi vous oserait-il élever des voix séditieuses, des voix de guerre, près de l’autel de Dieu ? Quelqu’un prétend-il dicter ses oracles à Norma la prophétesse. » CS Autrement dit, elle s’écarte du rôle qu’on lui assigne. SM L’explication psychologique traditionnelle nous raconte platement qu’elle veut protéger sa vie familiale ! Selon nous, pas du tout. L’enjeu de la pièce ne se laisse pas réduire à ce type de conflits, à cette problématique « bourgeoise ». Il suffit de regarder l’aria Casta Diva, qui vient juste après son entrée, où elle dit « Tempra tu, o Diva, / Degli cori ardenti lo zelo audace, / Spargi in terra quella pace / Che regnar tu fai nel ciel » (Adoucis, ô Déesse / le zèle audacieux des cœurs ardents / Répands sur terre cette paix / que tu fais régner dans le ciel.) C’est la proclamation des antiques lois du matriarcat, antique pouvoir de plus en plus menacé à mesure qu’on avance dans la pièce.

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O P É R A T I OE N N BA O LRLME AT

AD Donc, si je comprends bien, vous la montrez non pas comme une victime, mais comme une rebelle ? SM Exactement, et on a vu en Italie, pays évidemment très catholique, certains, je pense au musicologue Michele Scherillo, à la fin du XIXème siècle, se gausser de cette «papesse gauloise»… Cela montre la gêne, le scandale, de voir une femme se hausser au sommet de l’instance religieuse de tout un peuple. Nous pensons qu’il faut absolument comprendre les enjeux de ce conflit. Par exemple, cela permet de comprendre l’opposition radicale, l’antagonisme, au fil de l’opéra, entre le chœur masculin et le chœur féminin. Bellini fait chanter les hommes seuls quand c’est de guerre qu’il s’agit, alors que les femmes prennent le parti de Norma. Il y a un espace sacré (dans notre production, c’est l’avant-scène, délimitée par la barrière du chœur) et on voit les hommes chercher à occuper cet espace, pourtant dévolu aux femmes. Norma est le porte-voix des femmes, et elle pressent qu’elle ne sera bientôt plus en mesure, quand l’existence de ses enfants sera révélée, de défendre cet espace sacré, et féminin. AD Dans sa fureur d’avoir été trompée par Pollione, elle a d’abord le mouvement de vouloir poignarder ses enfants… SM Oui, mais l’important, c’est de voir qu’elle se ressaisit, et qu’à la fin, dans le grand concertato final, elle implore son père de protéger ces enfants innocents contre les « barbares », dit-elle en parlant de son propre peuple. Elle prend donc à nouveau le parti de la vie ! Et elle supplie Oroveso de s’inscrire contre les lois d’Irminsul, contre les lois de la guerre. C’est son ultime message. D’ailleurs, autre chose très intéressante, dans le drame romantique d’Alexandre Soumet, qui a inspiré Romani et Bellini, on voit Norma, rongée par la culpabilité, devenir folle et tuer ses enfants. Alors qu’ici, on voit le librettiste et le compositeur prendre le contre-pied de cela : Norma ne se renie pas, même en prenant le chemin du bûcher. Elle poursuit sa révolte contre le patriarcat, elle supplie Oroveso de choisir la vie, en protégeant celle de ses enfants. Elle persiste à être traîtresse envers les lois patriarcales, mais elle reste fidèle à ses propres valeurs. Pollione l’implore de lui pardonner, mais elle ne lui pardonne pas, elle dit : «Qual cor tradisti, qual cor perdisti», « Quel cœur tu as trahi, quel cœur tu as perdu… » Elle ne cède pas, elle ne concède rien. Son ultime regard n’est pas pour Pollione, mais pour son père

(c’est bien précisé dans les didascalies), un regard qui signifie « J’espère au moment de mourir que tu accompliras mon vœu » : «Pensa che son tuo sangue, ah ! padre, abbi di lor pietà. (Pense qu’ils sont de ton sang, aie pitié d’eux.)»

[ci-dessus]

Jossi Wieler (à droite), actuel directeur général de l’Opéra de Stuttgart et Sergio Morabito, son acolyte et actuel dramaturge en chef du même opéra. [page de gauche]

CS Évidemment, pour les spectateurs d’aujourd’hui, cette rébellion d’une femme, qui de surcroît est prêtresse, contre les institutions masculines, paternelles, religieuses, cela suggère des prolongements…

Le Chœur de l’Opéra de Stuttgart et Catherine Naglestad (Norma) lors des représentations en 2002 de cette production.

SM Évidemment… Et notre mise en scène avec les décors et les costumes de Anna Viebrock conduit à une lecture contemporaine. CS Le décor donne à voir un espace qui évoque à la fois une église peut-être sicilienne, un préau d’école, peut-être une salle de réunion du Parti communiste à l’époque de Togliatti, éventuellement les murs d’une prison… Il y a sur la gauche un espace privé, une chambre à coucher éclairée par un tube néon… Impression personnelle, ça m’évoque un film néo-réaliste à la De Sica ou à la Rosselini… SM Si vous voulez… Et les costumes suggèrent une période d’occupation, où on manque de tout… C’est la manière un peu surréaliste d’Anna Viebrock, qui accumule des détails réalistes, a priori incongrus, qui finissent par faire sens… À un moment, Norma porte à la fois une chasuble de prêtre catholique et des talons hauts, avec des lèvres très rouges à la Anna Magnani… C’est l’idée de créer un personnage qui ne se laisse pas réduire à une identité définie. À cet égard, il y a un autre personnage de femme très passionnant, c’est Adalgisa, qui au début est presque une enfant, qui n’a conscience de rien, et puis, à la fin du premier acte, on la voit comprendre qui est ce Pollione qui l’a trahie, et on la voit refuser ce que Norma lui propose, c’est-à-dire de s’exiler avec Pollione et les deux enfants (toujours cette idée de préserver les enfants). C’est fantastique, cette évolution fulgurante, sa maturité, et de la voir chercher à réconcilier, à réunir Norma et Pollione. Les femmes sont magnifiques dans Norma. Elles portent la vie. Tous ces personnages sont extrêmement intéressants, et très riches. Oroveso aussi, le père, qui n’est pas une simple basse comme il y en a dans tous les opéras : il ne sait rien du mariage de Norma, ni des enfants, mais l’avenir repose sur lui. C’est très beau que cet opéra nous communique l’espérance qu’Oroveso sera prêt à vivre le message spirituel de Norma. C’est un opéra passionnant, qu’on croit bien connaître, parce qu’il est monté très souvent, mais il est plus complexe que l’image qu’on en a. Avec d’une part le niveau très réaliste du conflit entre les quatre personnages, mais aussi, au niveau supérieur, le conflit symbolique ou idéologique patriarcat-matriarcat. À l’instant, nous évoquions le décor, eh bien, ces différents niveaux, c’est que nous avons, Jossi Wieler et moi, voulu suggérer dans l’espace scénique, et en somme incarner. ■

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Norma pressent qu’à partir du moment où l’existence de ses enfants sera découverte, les Gaulois (mâles !) comprendront que la menace pour eux, ce ne sont pas les Romains, mais elle, la femme, la mère, la prêtresse. Friedrich Lippmann, le musicologue très fameux en Allemagne pour ses études belliniennes, a bien démontré qu’elle se transforme elle-même en divinité lunaire.

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CARNET DU CERCLE

« Il faut oser le Un entretien avec E va L undin par A urélie É lisa G feller

Eva Lundin, partenaire du concert exceptionnel de Joyce DiDonato, jette un regard neuf sur la philanthropie et l’engagement personnel. Mécène discrète dont l’opéra n’a pas bercé l’enfance, elle souhaite découvrir et faire découvrir cette forme d’expression artistique par son soutien au Cercle Grand Théâtre de Genève. [ci-dessus]

Joyce DiDonato lors de son ovation à l’Opéra des Nations le 17 mars 2017.

Aurélie Élisa Gfeller Le 17 mars 2017, vous avez apporté votre soutien à un concert exceptionnel avec Joyce DiDonato. Ce concert a marqué le retour à Genève de la mezzo-soprano américaine après une absence de six ans. Que représente pour vous Genève ?

associées à des productions spécifiques, et je me suis dit : pourquoi ne pas le faire à Genève ? Quelques mois plus tard, Françoise de Mestral a évoqué le concert avec Joyce DiDonato. J’ai aussitôt pensé que c’était idéal et c’est ainsi que je me suis associée à ce concert exceptionnel.

Eva Lundin Je ne suis pas née à Genève mais à Stockholm. Jeune, j’ai vécu dans plusieurs pays. Nous avons choisi de mettre un terme à cette vie nomade pour assurer une continuité dans la scolarité de nos quatre enfants. Nous nous sommes ainsi établis à Genève, en 1966, où mon mari a été engagé comme directeur adjoint du Centre d’études industrielles, le prédécesseur de l’International Institute for Management Development. Nous y sommes restés et mes enfants qui, après de longs séjours à l’étranger, ont tous choisi de revenir vivre sur l’arc lémanique. Aujourd’hui, après plus de cinquante ans, je me sens plus genevoise que suédoise.

AEG Quel est votre sentiment face à cette démarche ?

AEG Comment en êtes-vous venue à vous intéresser au Grand Théâtre de Genève et à son cercle de mécènes ? EL C’est à Genève que je me suis initiée à l’opéra. Enfant, à Stockholm, j’allais souvent au théâtre et j’ai conservé cet intérêt tout au long de ma vie. J’ai également appris très tôt à monter à cheval. C’est une passion qui m’a accompagnée depuis lors. L’opéra ne faisait pas partie de ma vie car il nous apparaissait difficile d’accès. Mon intérêt pour l’opéra est ainsi venu plus tard, pour beaucoup grâce à Françoise de Mestral [ndr Présidente du Cercle du Grand Théâtre de Genève de 2009 à 2012 et membre du Conseil de Fondation du Grand Théâtre de Genève depuis 2012]. Je me suis tout d’abord intéressée davantage aux arts visuels, notamment dans le cadre des Amis du Musée d’art moderne de Stockholm et de leurs activités. Je suis également devenue propriétaire d’une maison d’enchères en Suède. Puis Françoise de Mestral, qui est proche, avec son mari, de l’un de mes fils, Ian, m’a proposé d’adhérer au Cercle du Grand Théâtre de Genève. J’ai aussitôt accepté. C’était en effet un moyen, pour moi, de découvrir une nouvelle forme d’expression artistique tout en soutenant l’institution qui, à Genève, propose des productions lyriques. AEG Quelles sont les raisons qui vous ont conduite à soutenir ce concert exceptionnel ? EL J’en ai eu l’idée à l’occasion d’un voyage organisé par le Cercle du Grand Théâtre de Genève au Festival de Glyndebourne. J’y ai vu le nom de personnes privées – et pas seulement d’institutions –

EL Il faut oser le faire et je n’ai pas peur. Je suis cependant consciente du fait que cette forme de soutien ne correspond pas exactement aux mœurs de Genève, ville calviniste. Je suis également protestante, mais luthérienne, et le substrat culturel n’est pas le même. Je me suis ainsi dit a posteriori : certains vont-ils penser que j’agis de manière étrange parce que je suis étrangère ? Je n’en demeure pas moins fière de l’avoir fait. Mon souhait est d’inciter, par cet exemple, d’autres amateurs d’opéra à s’engager dans cette démarche au bénéfice du Grand Théâtre de Genève et de son public. J’ai en effet éprouvé beaucoup de plaisir à le faire. C’est très satisfaisant de voir que les gens sont heureux. AEG On a le sentiment, à vous entendre, qu’un tel soutien va bien au-delà de la dimension financière. Comme décririez-vous votre vision ? EL Je ne conçois pas la philanthropie sans engagement personnel. Nous soutenons également, avec mes enfants, des projets caritatifs en Afrique, notamment d’aide à l’entrepreneuriat des jeunes. Nous sommes très impliqués dans ces projets à titre personnel. Nous nous rendons tous les ans sur les lieux pour nous assurer du bon usage des fonds. À mes yeux, un engagement philanthropique n’implique pas seulement un don d’argent mais aussi un investissement de sa personne. AEG Joyce DiDonato est souvent présentée comme une diva assoluta. Qu’avez-vous ressenti en la voyant entrer sur la scène de l’Opéra des Nations ? EL J’ai aussitôt été impressionnée par son charisme et son assurance, dans un sens positif bien sûr. Elle m’est apparue comme très humaine, belle aussi, même s’il ne s’agit peut-être pas d’une beauté conventionnelle, et surtout elle dégageait une présence rare. AEG Qu’avez-vous ensuite ressenti en l’entendant interpréter des airs connus et moins connus du répertoire du bel canto ? EL Dès qu’elle a entonné son premier air, j’ai tout de suite compris

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e n t cl A C e

LE CARNET DU CERCLE

Fondé en 1986, le Cercle du Grand Théâtre s’est donné pour objectif de réunir toutes les personnes et entreprises qui tiennent à manifester leur intérêt aux arts lyrique, chorégraphique et dramatique. Son but est d’apporter son soutien financier aux activités du Grand Théâtre et

que c’était une très grande artiste, qu’elle était hors norme, dans une classe à part. Nous avons la chance, à Genève, d’entendre de très bons chanteurs, et nous voyons beaucoup de belles productions. Joyce DiDonato était tout simplement extraordinaire. C’est ainsi que l’on peut apprendre ce qu’est la perfection en chant, ce vers quoi les jeunes artistes doivent tendre. Deux de mes enfants m’ont accompagnée, et bien qu’ils ne soient pas versés dans l’art lyrique, ils ont été touchés. Ils ont compris, eux aussi, qu’il y avait là quelque chose d’exceptionnel.

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AEG Au-delà de sa technique vocale et de son talent d’interprétation, quelles sont les qualités de Joyce DiDonato qui vous ont le plus marquée ? EL Son humanité d’abord, et aussi son aisance de contact, qui est sans doute liée à ses origines. Les Américains sont plus ouverts. Ils ont plus de facilité à se présenter et à engager une conversation avec des inconnus. C’est naturel pour eux. C’est un côté que j’aime beaucoup et que j’admire. Enfin j’ai été frappée par la beauté de sa voix parlée.

Rejoignez-nous !

Nous serions heureux de vous compter parmi les passionnés d’ arts lyrique, chorégraphique et dramatique qui s’engagent pour que le Grand Théâtre de Genève conserve et renforce sa place parmi les plus grandes scènes européennes. Adhérer au Cercle du Grand Théâtre, c’est aussi l’assurance de bénéficier d'une priorité de placement, d'un vestiaire privé, d'un service de billetterie personnalisé et de pouvoir changer de billets sans frais. Vous participerez chaque année au dîner de gala à l’issue de l’Assemblée générale et profiterez des cocktails d’entracte réservés aux membres. De nombreux voyages lyriques, des conférences thématiques « Les Métiers de l’Opéra », des visites des coulisses et des ateliers du Grand Théâtre et des rencontres avec les artistes vous seront proposés tout au long de la saison. Vous pourrez assister aux répétitions générales et bénéficierez d'un abonnement gratuit à ce magazine. Vous recevrez également tous les programmes de salle chez vous.

EL J’ai été touchée par ses propos sur le pouvoir de l’art de transcender les divisions et de réunir les gens. Cette dimension était d’ailleurs palpable durant le concert. Nous formions un groupe uni à l’entendre et la regarder. C’était très beau. L’art peut faire beaucoup pour réunir les êtres humains. L’art c’est l’épice de la vie. AEG Le public a gratifié la mezzo-soprano américaine d’une longue ovation. Qu’est-ce que cet accueil du public a représenté pour vous ?

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EL Cet accueil était fantastique. Une telle ovation est rare à Genève. À la Scala, j’ai entendu des Italiens dans le public chanter avec les artistes. À Genève le public est plus réservé. Ce soir-là, cependant, il était réellement enthousiaste. Et on le sentait d’autant plus que la salle favorise un sentiment de communion. C’est en entendant un concert comme celui-ci que l’on comprend que le chant est un art extraordinaire. AEG Vous croyez ainsi qu’il est important de faire l’expérience d’un concert pour pouvoir apprécier l’art lyrique ?

EL Assurément, et c’est pour cette raison que j’ai également souhaité soutenir les spectacles « jeune public » par le biais du Cercle du Grand Théâtre de Genève. Aujourd’hui les enfants passent beaucoup de temps devant des écrans multiples. C’est important de les tirer de cette réalité virtuelle pour leur faire voir une scène habitée par des artistes vivants. Si on offre aux enfants des spectacles qui les initient tôt à l’opéra, on peut espérer qu’ils continueront plus tard à apprécier cet art, peut-être pas durant l’adolescence mais à l’âge adulte. Souvent on se dit : l’opéra ce n’est pas pour moi. Il faut baisser les barrières, et c’est sans doute plus facile avec les enfants qui n’ont pas d’a priori. Ils pensent qu’au lieu du cinéma, ils vont à l’opéra et cela les amuse. ■

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Pour recevoir de plus amples informations sur les conditions d’adhésion au Cercle, veuillez contacter directement : Madame Gwénola Trutat (du lundi au vendredi de 8 h à 12 h) T + 41 22 321 85 77 F + 41 22 321 85 79 cercle@geneveopera.ch Cercle du Grand Théâtre de Genève CP 5126 1211 Genève 11

Nos membres Bureau M. Luc Argand, président M. Rémy Best, vice-président M. Jean Kohler, trésorier Mme Brigitte Vielle, secrétaire Mme Françoise de Mestral

Autres membres du comité Mme Christine Batruch-Hawrylyshyn M. Jean Bonna Mme Claudia Groothaert Mme Coraline Mouravieff-Apostol Mme Beatrice Rötheli-Mariotti M. Gerson Waechter

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AEG Joyce DiDonato est aussi une artiste engagée. Qu’avez-vous pensé des paroles qu’elle a adressées au public ?

© GTG / MAGALI DOUGADOS

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faire..  »

ainsi, de participer à son rayonnement.

Membres bienfaiteurs M. et Mme Luc Argand M. et Mme Guy Demole Fondation Hans Wilsdorf M. et Mme Pierre Keller Banque Lombard Odier & Cie SA M. et Mme Yves Oltramare M. et Mme Adam Saïd Union Bancaire Privée – UBP SA M. Pierre-Alain Wavre M. et Mme Gérard Wertheimer Membres individuels S. A. Prince Amyn Aga Khan Mme Diane d’Arcis S. A. S. La Princesse Étienne d’Arenberg M. Ronald Asmar Mme René Augereau Mme Véronique Barbey Mme Christine Batruch-Hawrylyshyn Mme Maria Pilar de la Béraudière M. et Mme Philippe Bertherat Mme Antoine Best M. et Mme Rémy Best Mme Saskia van Beuningen Mme Françoise Bodmer M. Jean Bonna Prof. et Mme Julien Bogousslavsky Mme Christiane Boulanger Mme Clotilde de Bourqueney Harari Comtesse Brandolini d’Adda M. et Mme Robert Briner M. Thaddeus Burns M. et Mme Yves Burrus Mme Caroline Caffin M. et Mme Alexandre Catsiapis Mme Maria Livanos Cattaui Mme Muriel Chaponnière-Rochat M. et Mme Neville Cook

M. et Mme Claude Demole M. et Mme Olivier Dunant Mme Denise Elfen-Laniado Mme Diane Etter-Soutter Mme Catherine Fauchier-Magnan Mme Clarina Firmenich M. et Mme Eric Freymond Mme Elka Gouzer-Waechter Mme Claudia Groothaert M. et Mme P. Gudin de La Sablonnière Mme Bernard Haccius M. Alex Hoffmann M. et Mme Philippe Jabre M. et Mme Éric Jacquet M. Romain Jordan Mme Madeleine Kogevinas M. et Mme Jean Kohler M. Marko Lacin Mme Brigitte Lacroix M. et Mme Pierre Lardy M. Christoph La Roche Mme Éric Lescure Mme Eva Lundin M. Bernard Mach M. et Mme Colin Maltby Mme Catherine de Marignac M. Thierry de Marignac Mme Mark Mathysen-Gerst M. Bertrand Maus M. et Mme Olivier Maus Mme Béatrice Mermod M. et Mme Charles de Mestral Mme Francis Minkoff Mme Jacqueline Missoffe M. et Mme Ch. Mouravieff-Apostol Mme Pierre-Yves Mourgue d’Algue M. et Mme Philippe Nordmann M. Yaron Ophir M. et Mme Alan Parker M. et Mme Shelby du Pasquier Mme Sibylle Pastré M. Jacques Perrot M. et Mme Wolfgang Peter Valaizon M. et Mme Gilles Petitpierre M. et Mme Charles Pictet M. et Mme Guillaume Pictet M. et Mme Ivan Pictet M. et Mme Jean-François Pissettaz Mme Françoise Propper Comte de Proyart Mme Adeline Quast Mme Ruth Rappaport M. et Mme François Reyl M. et Mme Andreas Rötheli

M. et Mme Gabriel Safdié Comte et Comtesse de Saint-Pierre M. Vincenzo Salina Amorini M. Julien Schoenlaub Mme Claudio Segré Baron et Baronne Seillière Mme Christiane Steck M. et Mme Riccardo Tattoni M. et Mme Kamen Troller M. et Mme Gérard Turpin M. et Mme Jean-Luc Vermeulen M. et Mme Julien Vielle M. et Mme Olivier Vodoz Mme Bérénice Waechter M. Gerson Waechter M. et Mme Stanley Walter M. et Mme Rolin Wavre M. et Mme Lionel de Weck

Membres institutionnels 1875 Finance SA Banque Pâris Bertrand Sturdza SA Christie’s (International) SA Credit Suisse (Suisse) SA FBT Avocats SA Fondation Bru JT International SA Lenz & Staehelin MKB Conseil & Coaching SGS SA Vacheron Constantin

Organe de révision : Plafida SA Compte bancaire N° 530 290 MM. Pictet & Cie

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Opéras

L’espace

La Trilogie de Figaro Il Barbiere di Siviglia de Gioachino Rossini Le Nozze di Figaro de Wolfgang Amadeus Mozart Figaro Gets a Divorce d’Elena Langer

Trois épisodes de la vie de Figaro en trois jours ! Vous connaissez Figaro, le barbier, l’entremetteur, qui permet au Comte Almaviva d’enlever Rosina et Figaro, au service du Comte, sur le point d’épouser Susanna. Mais que deviennent ces couples quelques années plus tard ? Inspiré de La Mère coupable de Beaumarchais et de Figaro lässt sich scheiden (Figaro divorce), David Poutney écrit un livret pour la compositrice Elena Langer. La boucle est bouclée, venez suivre les aventures de Figaro à travers les âges !

Fantasio de Jacques Offenbach Depuis 1872, l’œuvre antichambre des Contes d’Hoffmann avait disparu des affiches. Aujourd’hui Fantasio renaît de ses cendres grâce à une coproduction avec l’Opéra-Comique. Remanié en livret par Paul de Musset, le texte d’Alfred de Musset prend des airs d’opérette. L’œuvre raconte l’histoire d’un jeune étudiant, Fantasio, qui prend la place de bouffon de la cour. Ses aventures le mène à convaincre Elsbeth, la princesse, qu’il vaut mieux suivre son cœur que de se soumettre à la raison d’État.

Récitals

Rencontrez les solistes du Grand Théâtre de Genève dans un cadre plus intime grâce aux récitals proposés lors de cette nouvelle saison. Découvrez d’abord Marie-Nicole Lemieux, aux sons de Fauré, Chausson, Debussy, Duparc, Schumann, Schubert, Wolf – sur des poèmes de Baudelaire et Goethe –et laissez vous enchanter. S’ensuivra un récital de Sir Willard White que vous avez pu entendre, entre autres, lors de ses deux apparitions durant la saison 16-17 dans The Indian Queen et Il Giasone. Avec un programme consacré notamment à Mahler et Wagner, Dorothea Röschmann sera la troisième récitaliste de cette saison. Une voix et une interprète à découvrir, mais avant tout une soirée mémorable en perspective. Notre quatuor de récitals se termine avec la voix de basse Mikhail Petrenko lors d’un concert qui met à l’honneur des pièces de Tchaïkovski.

Le Baron Tzigane de Johann Strauss

Pour les fêtes de fin d’année découvrez l’une des opérettes les plus populaires de Johann Strauss (fils). Inspiré du roman Sáffi, l’histoire raconte le retour d’exil de Barinkay. Celui-ci découvre que ses terres sont occupées par l’éleveur de cochons Zsupan. Que faire ? Épouser Arsena et reprendre ses terres ou se laisser charmer par la mystérieuse tzigane Sáffi ? Laissez-vous emporter par les valses, mazurkas, polkas et czardas qui ont tant entousiasmé le public viennois et parisien.

Faust de Charles Gounod Dès 1838, le Faust de Goethe ne quitta plus Charles Gounod. Un argument simple et vieux comme le monde qui repose sur une légende atemporelle. Le mythe l’obsède depuis sa tendre jeunesse. Mais c’est avant tout Marguerite qui l’intéresse, cette jeune fille ambiguë, frivole, séduite et abandonnée, infanticide. L’ouvrage a perdu sa dimension philosophique, mais garde un grand charme et demeure une icône de l’opéra français. Szenen aus Goethes Faust de Robert Schumann

Cet oratorio, fruit d’une longue gestation, près de dix ans, sera le cadeau d’anniversaire qu’offre Robert Schumann à sa femme Clara. Il y livre au monde son lyrisme lumineux, ses interrogations religieuses, philosophiques et existentielles. Il suggère la lutte entre le bien et le mal et présente un personnage en quête de paix et de sérénité. Un ouvrage à découvrir ou à redécouvrir pour compléter le portrait d’un Faust mis à l’honneur lors de cette saison.

Cavalleria Rusticana de Pietro Mascagni I Pagliacci de Ruggero Leoncavallo

Bien que Mascagni et Leoncavallo ne se soient jamais concertés, Cavalleria Rusticana et I Pagliacci sont devenus deux inséparables du monde de l’opéra. Chacun d’eux étant trop court pour faire une soirée, ils se sont retrouvés sur la même affiche du Met, un soir de 1895. Depuis, rien ne les sépare. Composés uniquement à deux années d’intervalle, tout les destinait à devenir deux jumeaux du lyrique.

King Arthur d’Henry Purcell

Célèbre pour son fameux « air du froid » le semi-opéra King Arthur raconte la naissance du Royaume-Uni et la victoire du roi Arthur sur les Saxons. À ces aventures, où le féerique côtoie le fantastique, se joint une intrigue amoureuse. Comment le valeureux héros va-t-il sauver sa promise ? Henry Purcell compose ici sa plus élégante des musiques de scène où s’alternent drame et humour.

Opéras, version de concert

Teodor Currentzis est de retour avec son Ensemble MusicAeterna pour interpréter un des ultimes chefs-d’œuvre de Mozart : La Clemenza di Tito. Pièce où il sublime par sa musique les notions d’amitié, de vengeance, de passion, d’intrigue politique ou encore de dilemme moral. Ascanio vous est présenté en coproduction avec la Haute école de musique de Genève sous la baguette de Guillaume Tourniaire. Cette œuvre mêle, dans un savant canevas de leitmotivs, la sensualité de la musique française, les accents passionnés du lyrisme italien au raffinement des mélodies et danses du répertoire de la Renaissance.

Don Giovanni de Wolfgang Amadeus Mozart

En l’espace d’une année, la scène de l’Opéra des Nations aura accueilli la trilogie Da Ponte – Mozart. Dans cette œuvre où le grotesque flirte avec le tragique, nous atteignons la quintessence du génie mozartien. Toutes les facettes de la nature humaine y sont révélées, du dérisoire au sublime. N’hésitez pas à venir découvrir le Don Giovanni de l’Opéra des Nations. . ACT­­- O | 31

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Ge so fl


d’une saison

PLEIN FEUX

L’espace d’un instant, profitez de notre nouvelle programmation pour la saison à venir ! Une véritable odyssée à travers le temps et l’espace, vous mèneront de Goethe à Beaumarchais, de Leoncavallo à Langer. Dans cet espace temporaire qu’est l’Opéra des Nations – que nous n’occuperons plus que l’espace d’une saison –, le Grand Théâtre de Genève déploie tous les moyens possibles pour vous transporter et vous enchanter. Que ce soit une trilogie autour du personnage de Figaro, des ballets aux accents romantiques ou flamenco, des concerts exceptionnels qui marquent le retour de grands noms de la scène lyrique, tout a été pensé pour vous faire rêver. Et n’oubliez pas nos récitals, ce moment priviliégié et intime qui permet de jouir des plus belles voix du moment. L’espace d’une saison, laissez libre cours à votre imagination, juste l’espace d’un instant.

Spectacle jeune public

Afin d’initier jeunes et moins jeunes au monde, parfois complexe, de l’opéra, le Grand Théâtre de Genève vous invite à découvrir Figaro-ci, Figaro-là. Ce spectacle, spécialement pensé pour l’éveil lyrique, fera honneur à l’un des personnages pivots de l’opéra en général, et de cette saison en particulier : Figaro.

Concert du Chœur

Avec son concert Coup de Chœur ! les artistes du Chœur du Grand Théâtre de Genève vous feront découvrir un programme haut en couleur. Dans l’impressionnante accoustique du Temple de SaintGervais résonneront les notes de Rachmaninov, Tchaïkovksi, Bach, Bernstein, Howell, Cornelius, Reger et Wagner. Mêlant sacré et profane, allant du XVIIème au XXème siècle, le Chœur vous fera découvrir tout un pan du répertoire choral.

Ballets Callas

Voces

Le Grand Théâtre vous invite à découvrir le monde du flamenco avec l’une de ses plus prestigieuses ambassadrices : Sara Baras. L’expression flamenca fait appel à un monde de tensions et de violences, de passions et d’angoisses, de forts contrastes et d’oppositions qui engendrent le cri du retour aux origines. Ce spectacle a juste ce qu’il faut de folie et de fièvre pour plaire à l’amateur de flamenco. Une venue immanquable.

Vertige romantique

© GTG / SHUTTERSTOCK / DR / AIMERY CHAIGNE

Concerts exceptionnels

Nina Stemme revient au Grand Théâtre de Genève. Bien qu’acclamée pour sa carrière lyrique, l’une de ses passions demeure le lied, et c’est ainsi qu’elle se présente à nouveau sur la scène de l’Opéra des Nations, accompagnée par l’Orchestre de chambre suédois. Avec des mélodies de Gershwin, Wagner et Weill, Nina Stemme nous offre un aperçu de l’un de ses domaines de prédilection. Un autre retour marquant est celui de Sonya Yoncheva pour un récital avec orchestre. Son timbre rond et capiteux vous fera passer une soirée inoubliable à l’Opéra des Nations. Un moment trop rare qu’il convient de ne pas rater. Le Maestro Ricardo Muti honorera également le Grand Théâtre de sa présence. Pour ce concert de gala il dirigera l’Orchestra Giovanile Luigi Cherubini, orchestre qu’il fonde en 2004 afin de donner à des jeunes musiciens italiens l’opportunité de se forger une solide pratique d’orchestre. Un dernier concert de gala est organisé est par le Concours de Genève dans le cadre de son Festival des Lauréats. Au programme : des musiques de Wolfgang Amadeus Mozart et Carl Philipp Emanuel Bach. Ce concert des lauréats vous fera découvrir les jeunes talents à venir et à ne pas manquer.

Un événement chorégraphique à ne pas manquer, car Reinhild Hoffmann, figure emblématique du théâtre dansé, remonte avec le Ballet du Grand Théâtre de Genève une pièce créée en 1983. Maria Callas a interprété et marqué de son sceau toutes les héroïnes au sort funeste. Une chorégraphie rendant hommage à une femme qui fut à la fois une muse et une pionnière.

Tel un parcours méditatif teinté de nostalgie, Natalia Horecna et Andrew Skeels proposent un voyage où l’amour, la passion, le lyrisme jalonneront leur chemin vers une spiritualité assumée et empreinte de liberté. Deux artistes prêts à sonder leur cœur pour nous offrir leur vision intime et sensible de cet état de calme et de trouble que leur inspire le Romantisme. ACT­­- O | 31 . 15

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ON STAGE

Le festival

› Karita Mattila

des récitals

A par D aniel D ollé

vant l’évasion estivale, nous accueillerons encore trois soirées d’exception où sont mis à l’honneur le chant. En compagnie de quatre grandes stars de la scène lyrique internationale, nous écrirons de nouvelles pages de la mélodie, du lied et de l’aria. La voix, le plus humain des instruments, permet l’expression du plus intime de soi, des amours et des nostalgies. Qui saurait rester insensible à ces noces mystérieuses du verbe et de la musique ?

Soprano piano

Ville Matvejeff Brahms (Zigeuner-lieder, Op. 103), Wagner (Wesendonck Lieder) Berg (Four Songs) Strauss À l’Opéra des Nations Mardi 9 mai 2017 à 19 h 30

› Lynette Tapia

Soprano

Ténor

John Osborn

Karita Mattila

Très rares, trop rares sont les apparitions de la soprano finlandaise sur les scènes européennes. Habituée du Metropolitan Opera ou du Royal Opera House Covent Garden, elle fait de temps à autre escale à Paris. Voilà pourquoi nous sommes heureux qu’au cours de sa tournée de récitals elle s’arrête à Genève pour nous offrir un programme séduisant qui fait appel à ses compositeurs de prédilection : Brahms, Wagner et Strauss. Le programme révèle des univers très variés qui nécessitent des approches très différentes. Des Chants Tziganes de Brahms, elle passe, sans transition, au Wesendonck Lieder de Wagner ; et de l’expressionnisme des Four Songs de Berg elle se jette dans le post-romantisme straussien. À ses débuts, ce sont Mozart et la Comtesse des Noces de Figaro qui lui tendent les bras. Très rapidement, le répertoire de l’artiste évolue en bonne intelligence avec sa voix. Plus large et plus sombre, elle a gagné en densité ce qu’elle a légèrement perdu en agilité, mais elle reste toujours égale à elle-même : puissante, ardente, frémissante et passionnée. Elle atteint un parfait équilibre entre l’interprétation dramatique et l’approche vocale des personnages. Rapidement elle se sépare de Desdemona, car son potentiel dramatique ne lui semble pas suffisant. Chaque rôle qu’elle aborde, elle le porte à l’incandescence sur les plus grandes scènes du monde. Malgré ses origines nordiques, elle incarne les rôles les plus brûlants. Oui, Karita Mattila est une diva humaniste, à chaque personnage qu’elle interprète elle donne de nouvelles couleurs. Son timbre intense et introspectif éblouit le public de puis plus de 30 ans. Sa voix-caresse, sa voix-tigresse et sa personnalité magnétique en font une vraie diva. Un autre grand moment du chapitre des récitals. Vous ne regretterez en rien votre soirée à l’Opéra des Nations.

piano

Beatrice Benzi Donaudy, Tosti, Rossini, Obradors, Donizetti Brahms, Strauss, Duparc, Debussy, Delibes À l’Opéra des Nations Dimanche 28 mai 2017 à 19 h 30

› Patricia Petibon

Soprano piano

Susan Manoff Parlez-moi d’amour... Barber, Britten, Bacri, De Falla, Rodrigo, Obradors, Villa Lobos, Bridge, Poulenc, Collet, Semos/ Stanton, Mignone À l’Opéra des Nations Samedi 17 juin 2017 à 19 h 30

« Je veux que les gens aient accès à la beauté. Qu’elle ne soit pas un luxe. Le côté snob d’un certain public qui dit “Chut !” aux applaudissements m’agace. J’adore les ambiances rock’ n’roll. » 16 . ACT­­- O | 31

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© TELERAMA / RUDY VASK /LAURI ERIKSON / DR

Lynette Tapia & John Osborn

Il a été un Arnold sublime dans Guillaume Tell sur la scène du Grand Théâtre – et également à travers le monde. Il s’apprête à faire ses débuts dans Faust sur la scène de l’Opéra des Nations, John Osborn est devenu un familier de la scène genevoise. Il sera de retour parmi nous, fin mai, avec Lynette Tapia son épouse, pour un récital au cours duquel ils alterneront entre solos et duos. Si le nom de John Osborn figure parmi ceux des meilleurs ténors actuels, celui de son épouse est moins connu, et pourtant c’est en couple qu’ils ont triomphé au concours Operalia à Bordeaux,

Patricia Petibon

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ON STAGE

Au cœur

du Chœur

A par A lan W oodbridge

Patricia Petibon

Son seul nom suffit pour amener le sourire aux lèvres et voir le public affluer. Eh oui, vous n’hallucinez pas, la « Petibon » est de retour sur la scène de l’Opéra des Nations ! En interprétant une Manon émouvante, séduisante et mémorable, elle nous a offert, avec son complice de longue date Olivier Py, le premier grand succès de la saison 16-17. Pour s’assurer d’être présents en juin, certaines et certains d’entre vous se sont dirigés très tôt vers la billetterie, car un rendez-vous avec la flamboyante cantatrice ne doit pas se manquer. Chaque récital est différent et intelligemment composé, l’humour n’y est jamais absent. Elle vient nous parler d’amour, tout un programme, surtout lorsque c’est Patricia qui nous en parle. La rouquine, aux mines volontiers mutines et coquines, n’est pas qu’une Belle excentrique – titre d’un de ses disques emprunté à une pièce pour piano à quatre mains d’Erik Satie. Elle a en elle la capacité d’être grave et pleine d’émotion. Celles et ceux qui l’ont vue sur scène incarner Lulu d’Alban Berg à Genève et au Festival de Salzbourg ou encore Constance de Dialogues des Carmélites de Francis Poulenc, savent de quelle riche palette d’expressions elle sait témoigner. Éclectique, anticonformiste, avec Patricia on ne risque jamais un récital académique. Patricia a toujours chanté et elle reste persuadée que la musique est une grande chance « pour se rapprocher des autres. Elle nous aide à grandir, à réfléchir sur le monde, nous apprend l’humilité aussi par rapport au corps ». ■

près avoir été l’interprète de l’immense partie chorale d’Orleanskaya Deva de Tchaïkovski au Victoria Hall, le Chœur du Grand Théâtre de Genève s’attèle à ses projets de fin de saison : Così fan tutte, le concert du 11 mai et Norma. Pour leur concert, les chanteurs du Chœur sortiront des coulisses de l’Opéra des Nations pour interpréter un programme haut en couleur, à l’affiche  : Claude Debussy et Johannes Brahms. Lors de son récital du 9 mai à l’Opéra des Nations, Karita Mattila vous fera découvrir une version soliste des Zigeunerlieder de Brahms. Pour ceux qui se seront laissé charmer par cette œuvre, cette soirée leur permettra de découvrir cette même pièce dans sa version originale à quatre voix de chœur. Cela vous donnera l’occasion d’apprécier la haute qualité du travail de groupe qui, souvent, ne se distingue pas lors d’opéras où les solistes prennent le devant de la scène. Par ailleurs, c’est également l’opportunité idéale d’entendre certains membres du Chœur en solo ou en quatuor. Le travail musical d’un chœur a capella en formation et répertoire chambriste est un élément essentiel pour le Chœur qui se retrouve ainsi confronté au répertoire racine de la formation. Après tout, que ce soit dans les parties chorales de Così fan tutte ou de Wozzeck, ces interventions sont de la musique de chambre qui exige une sensibilité et une qualité d’écoute entre les chanteurs – clé d’une interprétation réussie. Dans cette optique, pour celles et ceux qui n’ont jamais eu la chance de découvrir les Trois chansons de Charles d’Orléans de Claude Debussy, il ne faut pas rater cette occasion. La poésie de ces pièces évoque au compositeur la fantaisie et la rêverie, éléments qui ne peut se retrouver que s’il y a une parfaite osmose entre les chanteurs (par la rythmique, la sonorité et la précision de l’intonation). Dans ces œuvres, toutes les voix fusionnent et deviennent une palette sonore unie, un peu comme les couleurs d’un tableau de Monet. Vous découvrirez quelques « tubes » du répertoire choral de Johannes Brahms qui, malgré le fait qu’il n’a jamais composé d’opéra, dédie deux tiers de son répértoire aux voix avec une sensiblité lyrique omniprésente. Brahms manie à la fois les grandes pièces symphoniques mais est également à son aise dans des œuvres plus courtes telles que : Die schöne Nacht op. 22, Nächtens op. 112 ou encore avec l’insertion d’une berceuse écossaise dans Intermezzo op. 117/1. Pour le Zigeunerlied op. 103 précédemment cité, la version à quatre voix permet de dévoiler toute la richesse d’une écriture qu’un simple accompagnement au piano ne dévoile pas à sa juste valeur. Vous retrouverez le Chœur du Grand Théâtre de Genève tout au long de la programmation lyrique de la saison 17-18, mais également pour le concert au Temple de Saint Gervais – Coup de chœur ! À l’affiche de ce concert : Rachmaninov, Bernstein, Wagner. Comme chaque année le Chœur se démènera pour vous proposer des prestations chorales de haut niveau tout au long de la saison 17-18. Bonne écoute ! ■

› Les Jeudis du Chœur Chœur du Grand Théâtre

Direction musicale & piano solo

Alan Woodbridge

Piano

Réginald Le Reun Jean-Marc Perrin Debussy, Brahms À l’Opéra des Nations Jeudi 11 mai 2017 à 19 h 30

Programme Claude Debussy Trois chansons de Charles d’Orléans Dieu ! qu’il la fait bon regarder ! Quant j’ai ouy le tabourin sonner* Yver, vous n’estes qu’un villain** * Johanna Rittiner-Selmer (alto solo) ** Chloé Chavanon, Mi-Young Kim, Jaime Caicompai, Nicolas Carré

Johannes Brahms Vier Quatette, Op. 92 O schöne Nacht Spätherbst Abendlied Warum Ballade Op.118 n° 3 Intermezzo Op.117 n° 1 Rhapsodie Op.79 n° 2 Alan Woodbridge (piano solo)

Sechs Quartette, Op. 112 Sehnsucht Nächtens Himmel strahlt so helle und klar Rote Rosenknospen Brennenessel streht an Weges Rand Liebe Schwalbe Victoria Martynenko, Mariana Vassilev-Chaveeva, Jaime Caicompai, Wolgang Barta

Zigeunerlieder, Op. 103 He, Zigeuner, greife in die Saiten ein! Brauner Bursche führt zum Tanze sein blauäugig schönes Kind Röslein dreie in der Reihe blühn so rot Kommt die manchmal in den Sinn* Horsch, der Wind klagt in den Zweigen traurig sacht Weit und breit schaut Niemand mich an Mond verhüllt sein Angesicht Rote Abendwolken ziehn am Firmament * Chloé Chavanon, Marianne Dellacasagrande, Nauzet Valeron, Harry Draganov

© GTG / SAMUEL RUBIO

il y a plus de vingt ans – en interprétant le duo de l’Elisir d’amore. D’origine américano-bolivienne, Lynette Tapia fait ses débuts européens avec Lakmé à Bordeaux. En 2014, au Festival de Pâques à Salzbourg, elle est aux côtés de Cecilia Bartoli, Javier Camarena et Nicolai Alaimo dans La Cenerentola, mise en scène par Damiano Michieletto - metteur en scène d’un mémorable Il Barbiere di Siviglia qui fait, à présent, les beaux jours de l’Opéra National de Paris. Invitée par les grandes compagnies américaines, Los Angeles Opera, Portland Opera, Atlanta Opera, Opera Colorado, Washington Opera, Lyric Opera of Chicago, Arizona Opera, Santa Fe Opera, Opera Pacific, entre autres, et les scènes européennes, Lynette Tapia est une soprano colorature qui interprète des rôles tels que Blondchen dans Entführung aus dem Serail, Lucia dans Lucia di Lammermoor, Marie dans La Fille du régiment, Cunégonde dans Candide de Bernstein, ou encore Adele de Fledermaus. Suivant les pas de Nicolai Gedda, qu’il admire, John Osborn avance sereinement. Après Donizetti, Bellini. Mozart et Rossini, il explore de nouveaux rôles qu’il inscrit à son répertoire, tout en restant fidèle à certaines figures positives de l’art lyrique telles que Nemorino ou Tonio. Il considère Nemorino comme un des meilleurs rôles du répertoire de ténor : « Il est sympathique, plein de charme, c’est un paysan dont le cœur est pur, comme Tonio. Le chanter est une médecine pour la voix, car il faut pouvoir retrouver la douceur après l’héroïsme. » Après une série de représentations du Prophète de Giacomo Meyerbeer à Essen, John et Lynette s’arrêtent, l’espace d’un soir, à Genève pour un récital que seuls eux pouvaient nous offrir.

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ON STAGE

Les contes vont à l’eau !

› Barbe-Neige

et les Sept Petits Cochons au bois dormant

Musiques de Niccolò Paganini Chorégraphie

Laura Scozzi avec la participation des danseurs Collaboration artistique

Olivier Sferlazza Scénographie

Natacha Le Guen de Kerneizon Costumes

Olivier Bériot Lumières

Ludovic Bouaud

Accueil de la coproduction entre le Théâtre de Suresnes Jean Vilar, les Théâtres de la Ville de Luxembourg et le Theater im Pfalzbau de Ludwigshafen.

À l’Opéra des Nations Du 19 au 22 mai 2017

À y regarder de plus près, les contes de fées présentent des univers plutôt figés.

Danseurs

Dorel Brouzeng Lacoustille, John Degois, François Lamargot, Céline Lefèvre, Sandrine Monar, Karla Pollux, Mélanie Sulmona, Jean-Charles Zambo

La morale y règne en maître, on célèbre le culte de la beauté et les rencontres amoureuses se déroulent selon des règles bien établies. Mais que se passerait-il si la Belle au bois dormant ne se réveillait pas, si Cendrillon ne retrouvait pas sa pantoufle et si Blanche-Neige était noire ?

L

© LAURENT PHILIPPE / DAN AUCANTE

par T ania R utigliani

a chorégraphe Laura Scozzi, connue pour ses mises en scène d’opéra et qui a collaboré durant la saison 14-15 à La Grande-Duchesse de Gérolstein, se joue des codes du genre. Elle balaie clichés et références pour réinterpréter quelques-uns des classiques du conte. À la croisée de la danse, du mime et du théâtre, Barbe-Neige et les Sept Petits Cochons au bois dormant est une comédie désopilante servie par huit talentueux danseurs de hip-hop : Dorel Brouzeng Lacoustille, John Degois, François Lamargot, Céline Lefèvre, Sandrine Monar, Karla Pollux, Mélanie Sulmona, Jean-Charles Zambo. Sur des extraits d’enregistrements de la musique de Niccolò Paganini (ses sonates pour violon), les danseurs, qui sont aussi acteurs et chanteurs, font preuve d’une virtuosité comique enthousiasmante. Laura Scozzi veut avant tout utiliser le rire comme véhicule de l’art chorégraphique. La Direction du Grand Théâtre de Genève a choisi de présenter ce spectacle vu son succès depuis sa création au Théâtre Jean Vilar à Suresnes en 2014, comme en témoigne l’article de Marie-Christine Verney (Libération) :

« L’ensemble du spectacle, où la chorégraphie mêle le vocabulaire hip-hop à celui du classique, en passant par des acrobaties et une pure invention, déclenche rapidement le rire. S’il est en effet facile de détourner les contes de leurs héros – et ce spectacle n’a d’autre prétention que d’être un divertissement, quitte à passer à saute-mouton sur l’aspect cauchemardesque et psychanalytique des fables – il est plus difficile de tenir la durée sur un mode comique. La chorégraphe y parvient sans défaillir, ne s’interdisant aucune irrévérence. » En effet, il est tout particulièrement susceptible d’éveiller l’intérêt du jeune public pour la danse et la musique. Les costumes d’Olivier Bériot et la scénographie de Natacha Le Guen de Kerneizon créent une ambiance espiègle. Les couleurs vives, les costumes rappelant les personnages de Walt Disney ajoutent un contraste cocasse aux mouvements savamment élaborés par Laura Scozzi. La forme même du hip-hop et les mutations drôles et insolites que la chorégraphe fait subir à des histoires bien connues contribuent à faire de Barbe-Neige et les Sept Petits Cochons au bois dormant un moment d’éblouissement propre à susciter l’adhésion du jeune public. ■

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ON STAGE

Le monde enchanté de Prokofiev

Cette saison voit fleurir entre Joan Mompart, l’Orchestre du Collège de Genève et

› Pierre et le Loup

le Grand Théâtre de Genève une collaboration qui sera particulièrement appréciée

Le Bûcher d’hiver

des enfants. Du bout de sa baguette, Philippe Béran mène les musiciens provenant

de tous les établissements du Collège de Genève à travers le monde enchanté de Pierre et le Loup et les plaines enneigées du Bûcher d’hiver.

Contes musicaux de Sergueï Prokofiev Direction musicale

Philippe Béran

Mise en espace & récitant

Joan Mompart Orchestre du Collège de Genève À l’Opéra des Nations Du 25 au 28 juin 2017

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[ci-dessus]

Joan Mompart avec la pantomime Emmanuelle Annoni lors de la représentation du spectacle Pulcinella à l’Opéra des Nations en novembre 2016. [ci-contre]

Philippe Béran

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ondateur de la compagnie « le Llum Teatre », Joan Mompart a mis en scène aussi bien des œuvres du XXème siècle – On ne paie pas, on ne paie pas ! de Dario Fo ou L’Opéra de quat’sous de Kurt Weill et Bertolt Brecht – que des spectacles pour enfants – La Reine des neiges de Domenico Carli d’après Hans Christian Andersen, Ventrosoleil de Douna Loup ou encore Münchhausen de Fabrice Melquiot. Pour cette production à l’Opéra des Nations, Joan Mompart retrouve Philippe Béran. Le comédien s’est déjà associé avec succès à ce chef d’orchestre au dynamisme communicatif, notamment pour Eh bien ! Dansez maintenant – un divertissement pour narrateur et orchestre de Vladimir Cosma d’après les Fables de Jean de La Fontaine. Avec Pierre et le Loup les timbres des différents instruments prennent vie au son de la voix du récitant. les collégiens deviennent, tour à tour, des animaux de la ferme et des bois, initiant petits et grands aux sons et aux couleurs d’un orchestre. Après une introduction du récitant, Pierre (quatuor à cordes) entame son périple qui le confronte à tous les mystères et les dangers de la nature et du monde animal. Dans la forêt, il rencontre un canard (hautbois), un oiseau (flûte traversière), un chat (clarinette) et tant d’autres personnages qui rythment son périple. Une œuvre accessible et entraînante, mêlant divertissement et pédagogie que la verve truculente et le talent d’acteur de notre récitant vous feront redécouvrir. La représentation se poursuivra avec Le Bûcher d’hiver, une suite d’une vingtaine de minutes pour orchestre, chœur d’enfants et récitant, dont la musique est écrite sur un texte de Samouil Marchak (poète spécialisé en littérature enfantine). Cette œuvre décrit la découverte de la campagne par de jeunes citadins en colonie de vacances. Dans cette version, les petits moscovites sont interprétés par le Chœur d’enfants de l’école des Pâquis. Dix-huit enfants qui ont entre dix et onze ans constituent le chœur à quatre voix qui est accompagné par l’Orchestre du Collège de Genève. Le fil narratif, illustré par l’orchestre, raconte la journée de ces enfants qui découvrent la campagne. Lors des huit mouvements de cette suite, le spectateur entend le bruit des pistons d’un train à vapeur, son sifflet et sa corne de brume, le jeu des enfants qui patinent sur la glace, puis enfin le feu de camp accompagné d’un champ patriotique qui clôt la journée. Les rêves des enfants sont également mis en musique puis interrompus par un son de clairon qui annonce le départ des enfants et leur retour à la ville. Le Grand Théâtre de Genève veut former le public de demain aux sons et aux couleurs de l’orchestre. Que ce soit par l’opportunité offerte aux jeunes musiciens ou par celle donnée au public de découvrir un répertoire léger et entraînant, ce programme a pour but d’initier une nouvelle génération à la magie de la scène. ■

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Le Ballet en tournée... à Lyon

La Dudnikova, une Jeanne d’Arc d’exception

ristan & Isolde de la chorégraphe Joëlle Bouvier a trouvé une nouvelle opportunité de s’exporter au-delà de nos frontières. Sur la musique de Richard Wagner, elle revisite cette œuvre que rien ne disposait à être dansée. Créée durant la saison 1415 au Bâtiment des Forces Motrices

our ses débuts au Grand Théâtre de Genève, la mez zosoprano Ksenia Dudnikova incarne la Pucelle d’Orléans dans l’Orleanskaya Deva de Piotr Ilitch Tchaïkovski dans une version de concert en coproduction avec l’Orchestre de la Suisse Romande. Sous la

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pour le Ballet du Grand Théâtre de Genève, cette pièce rencontre un succès immédiat auprès du public. Le Ballet se réjouit donc d’annoncer son invitation à la Maison de la Danse à Lyon lors de la saison 1617, du 8 au 13 avril 2017, à ne pas manquer ! Le titre à la création au BFM était Tristan & Isolde - Salue pour moi le monde ! ■

baguette de Dmitri Jurowski, son interprétation de la Pucelle a enchanté et ému le public. Pour celles et ceux qui n’ont pas eu l’opportunité d’entendre Ksenia Dudnikova au Victoria Hall, ils pourront la découvrir cet été, aux côtés de Nina Stemme, au Festival de Salzbourg dans Lady Macbeth de Mzensk de Dimitri Chostakovitch sous la direction de Mariss Jansons. ■

Le Chœur au temple compagnées par Geneviève Chevallier à la harpe, sous la direction d’Alan Woodbridge. Au programme  : A Ceremony of Carols de Benjamin Britten, la Missa Brevis du même compositeur, les Laudi alla Vergine Maria de Giuseppe Verdi et l’Ave Maria de

Gustav Holst. Amateurs d’art choral, n’hésitez pas à venir découvrir notre Chœur pour son prochain concert, cette fois-ci en formation mixte, interprétant Claude Debussy et Johannes Brahms le jeudi 11 mai à 19h30 à l’Opéra des Nations ! (voir l’article page 17) ■ © GTG / CAROLE PARODI

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e 9 mars dernier les femmes du Chœur du Grand Théâtre de Genève présentaient, sans les artifices du théâtre, un programme délicat et raffiné au Temple de la Madeleine ac-

Le Médecin à l’écran

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harles Gounod, grand amateur de Rossini et fin littéraire, choisit de transposer l’esprit de Molière en musique. Le Médecin malgré lui, mis en scène par Laurent Pelly (du 4 au 16 avril 2016), a été diffusé sur France 3 le 18 avril 2016, à l’image de nos nombreux partenariats avec des chaînes de diffusion (Mezzo, RTS, France 3). « Œuvre excellente de tout point de vue » selon les dires de Berlioz, cet opéra-comique combine astucieusement l’humour farcesque de la pièce originale et une musique fort séduisante. ■

Nouvelle billetterie Un nouvel espace convivial situé au 9 rue du Général-Dufour (en face du Victoria Hall) vous accueille en remplacement de nos guichets à la Maison des arts du Grütli. Un point abonnement pour la saison 17-18 vous recevra, à cette nouvelle billetterie, dès le vendredi 28 avril à 10 h.

Un Wozzeck qui fait date © GTG / CAROLE PARODI

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ne production appelée à faire date […] Une réussite absolue et l’un des incontestables temps forts de la saison 16-17 du Grand Théâtre de Genève », Opéra Magazine (avril 2017). Ces quelques

mots suffisent à décrire l’enthousiasme de la critique quant à la production de David McVicar – reprise ici par Daniel Ellis. Des décors à la distribution, les différents aspects de ce Wozzeck auront su séduire à la fois le public et la presse. ■

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