| Mai / Juin / Juillet 2019 N° 39
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Le journal du Cercle du Grand Théâtre et du Grand Théâtre de Genève
... et Verdi en finale UN BALLO IN MASCHERA
MÉDÉE
Le dernier volet du triptyque Médée ILDAR ABDRAZAKOV & CHRISTIAN GERHAHER
Deux voies de basse pour le lied
Pour rendre hommage au Maître de Busseto, la décade artistique de Tobias Richter se termine comme elle a commencé.
LA BELLE AU BOIS DORMANT
Un ballet haut de gamme en apothéose SAISON 19-20
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Médée
Un autre visage de Médée
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Un ballo in maschera
Un trio masqué
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Saison 19-20
une saison pleine d'espoir
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F rançoise Peyronnet
Au plus près des artistes
Cher Public, Nous voici de retour à la Place de Neuve pour tourner une nouvelle page de l’histoire de l’institution lyrique genevoise. Nous ne pensons pas que le magazine que nous avons créé il y a dix ans, soit le lieu pour faire le bilan de dix saisons passées en votre compagnie, l’histoire s’en chargera. Sans vous, sans les équipes du Grand Théâtre, tous les projets qui ont vu le jour au cours de mon mandat n’auraient pas pu exister. Les équipes du Grand Théâtre ont travaillé avec le professionnalisme et l’enthousiasme qui les caractérisent afin de vous offrir des moments d’exception ; et vous, cher public, vous nous avez suivi et soutenus sans vous soucier du rang qu’occupait le Grand Théâtre sur l’échiquier international. À chaque instant, vous avez répondu présent et contribué à la pérennité d’un art qui a toujours suscité émotions et passions et qui a inspiré cet humaniste, encyclopédiste et médecin du savoir, Jean Starobinski qui vient de nous quitter. Vous nous avez suivi sur la rive droite, à l’Opéra des Nations qui a permis d’illustrer la réalité des mécènes genevois et engendré des projets originaux. Permettez-moi de vous redire une fois encore un grand MERCI pour votre présence, pour votre fidélité et votre soutien ! Mais la saison n’est pas terminée et nous avons encore des moments d’intenses émotions à vous proposer. Avec Médée de Charpentier, vous aurez, après Medea et Il Giasone, un troisième visage de ce personnage mythique qui ne cesse d’inspirer. Vous retrouverez la Cappella Mediterranea et son chef Leonardo García Alarcón devenus des habitués du Grand Théâtre dont la réputation n’est plus à faire. Pour clore la saison des récitals, nous avons convié deux stars que les grandes scènes internationales se disputent. Verdi et son Un ballo in maschera, dans sa version Gustavo III, viendront conclure – en compagnie de l’OSR – la saison lyrique. La danse n’étant pas un vain mot du côté de la Place de Neuve, nous terminerons la saison, ma dernière saison parmi vous, avec un ballet emblématique : La Belle au bois dormant, interprété par le Yacobson Ballet de Saint-Pétersbourg accompagné par le Saint Petersburg State Academic Symphony Orchestra. Le 1er juillet 2019 une nouvelle ère commence avec de nouveaux projets, de nouvelles ambitions qu’il conviendra de soutenir. Les artisans de l’ombre seront toujours avec vous et n’ont qu’un souhait : vous séduire et vous enchanter avec un monde peuplé d’enchanteresses. Merci !!! Excellente fin de saison ! Tobias Richter Directeur général
« La musique [...] est la vapeur de l’art. Elle est à la poésie ce que la rêverie est à la pensée, ce que le fluide est au liquide, ce que l'océan des nuées est à l'océan des ondes.» victor hugo, william shakespeare (1864)
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Deux récitals
Les voies basses du lied
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La Belle au bois dormant
Un baiser de rêve en apothéose
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CP 5126 - CH-1211 Genève 11 T +41 22 322 50 00 F +41 22 322 50 01
Le motto 18-19
La Place de la danse
grandtheatre@geneveopera.ch Directeur de la publication Responsable éditorial Responsable graphique & artistique Ont collaboré à ce numéro Impression
geneveopera.ch
Tobias Richter Alain Duchêne Aimery Chaigne Anne Davier, Daniel Dollé, Aurélie Elisa Gfeller, Olivier Gurtner, Isabelle Jornod, Tania Rutigliani, Patrick Vallon FOT SA
Parution 4 éditions par saison ; achevé d’imprimer en avril 2019. 3 000 exemplaires. Il a été tiré 42 000 exemplaires de ce numéro encartés dans le quotidien Le Temps.
La couverture Direction artistique Aimery Chaigne
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© GTG / CAROLE PARODI
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Le Grand Théâtre brille de mille feux !
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5 000 personnes se sont rassemblées sur la place de Neuve fermée pour ces deux soirées exceptionnelles. Petits et grands ont pu vivre une expérience magique, retraçant les hauts faits du Théâtre dans un son et lumière à couper le souffle. Pour ceux qui auraient manqué ce rendez-vous ou ceux qui aimeraient le revivre, retrouvez-nous sur les réseaux sociaux ! ■ © GTG / CAROLE PARODI
Revoir Il Giasone
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Son sourire est parti...
© GTG / MAGALI DOUGADOS
e DVD de la captation de la production de Il Giasone, donné à Genève en février 2017, puis à l’Opéra Royal de Versailles en 2018, est enfin disponible ! Dans un décor signé Ezio Toffolutti, la metteure en scène Serena Sinigaglia fait évoluer les personnages dans ce mythe qu’elle a revisité avec beaucoup d’humour. Dans la fosse, la Cappella Mediterranea et Leonardo García Alarcón font honneur à ce chef d’œuvre oublié de Francesco Cavalli. ■
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e Grand Théâtre est en deuil après la mort du chanteur francoarménien Daniel Djambazian. Depuis plus de 16 ans, il était membre de la troupe du Deutsche Oper am Rhein où il a travaillé avec les plus grands metteurs en scène tels que Giancarlo del Monaco, Christof Loy ou David McVicar ; et les plus grands chefs tels que Pinchas Steinberg,
Marcello Viotti ou Marco Guidarini. Ces dernières saisons, il a enchanté le public genevois, que ce soit par ses rôles plus sombres tels que Lovell dans Richard III de Giorgio Battistelli (2011-12) ou des rôles de caractère tels que le comte Carnero dans Le Baron Tzigane (2017-18). Son humour, sa gentillesse et son professionnalisme resteront un souvenir chéri par les équipes du Grand Théâtre de Genève. ■
© DR
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n immense merci au Cercle du Grand Théâtre qui a offert le premier « mapping » du Grand Théâtre au public genevois venu en nombre. Une expérience qui marquera les esprits. En effet, la magnifique façade rénovée du Grand Théâtre était dans tous ses états les 23 et 24 mars derniers. Plus de
uel jour de fête pour les Genevoises et les Genevois qui ont pu réinvestir leur théâtre! Ce fut la foule des grands jours le samedi 23 mars 2019. Près de 15 000 personnes ont pu redécouvrir ce bâtiment qui leur est cher et découvrir les parties tout récemment rénovées. Ateliers maquillage, ateliers danse, répétition publique du ballet, animation du plafond de la salle, visites guidées, exposition « la ligne du temps » du Grand Théâtre, récitals, etc. tout a été mis en œuvre pour faire de cette journée un magnifique succès populaire. ■
L’explorateur de la mélancolie s’en est allé…
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« Nous vivons des passions dont les mots nous précèdent et que nous n’aurions pas éprouvées sans eux. » jean starobinski
© MANUEL BRAUN
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taro », comme l’appelaient ses étudiants et ses familiers genevois, nous a quittés le 4 mars 2019, en nous laissant ses lumières éternelles. Citoyen universel, il est né à Genève et s’est intéressé à tous les auteurs du siècle des Lumières, notamment Diderot et Rousseau, à qui il consacre une thèse, La Transparence et l’Obstacle. Essayiste, critique littéraire, médecin spécialisé en psychiatrie, Jean Starobinski a marqué plusieurs générations d’étudiants à travers le monde. Il écrit sur l’art, la poésie et sur l’opéra et devient une référence mondiale. Humaniste, amoureux des arts, il a fait se rencontrer la
littérature et la psychiatrie. Pour lui la mélancolie est l’humeur des poètes, des artistes, des philosophes et pourquoi pas de tout un chacun ? En 2005, il publie Les Enchanteresses, comme toujours une œuvre de longue haleine, qui parle de l’art lyrique et des figures du désir et de l’égarement passionnel. Certains textes sont rédigés à l’occasion de spectacles du Grand Théâtre de Genève et font la place belle aux « opéras de Da Ponte ». Il nous offre une promenade tentatrice en compagnie de certaines sirènes d’opéra, de femmes chantantes et magiciennes et donc encore davantage irrésistibles. La femme chante, et, comme dit Baudelaire,
la musique « creuse le ciel ». Il nous donne de beaux portraits de femmes d’opéra, ces femmes se regardant aux miroirs de la séduction, de la trahison ou de l’abandon. La musique ferait-elle perdre la tête, serait-elle une quête du perdu ? Médecin du savoir, pianiste, polyglotte, il a écrit en musicien, il a su ausculter les textes et compte parmi les plus grands encyclopédistes de tous les temps. Adepte de ce que Barthes appelait la musica practica, Jean Starobinski savait ce que variation et déchiffrer voulaient dire : « Il y a du mystère dans la musique parce qu’elle est une autre langue, en deçà ou audelà des mots. » Merci « Staro » pour tout ce que tu nous as légué !
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MÉDÉE OPÉRATION
Pour clore le triptyque..
Un autre visage de Médée Qui ne connaît pas le mythe de Médée ? Rappelez-vous, Jason, les Argonautes, la Toison d’or qui ont donné naissance à un mythe, celui de Médée. Mais qui est-elle, cette nièce de Circé ? Une magicienne, comme elle. Normal répondrez-vous, car elle est la fille d’Hécate,
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Anna Caterina Antonacci (Médée) invoque les esprits et sa magie noire piour ensorceler la robe de Créuse dans l'acte III.
divinité maléfique de la Magie et de la Divination. Sa légende, particulièrement sombre, est une sorte de périple à travers la Grèce antique ponctué de meurtres et de fuite. Sa vengeance meurtrière a donné naissance au complexe de Médée, à de nombreux récits et écrits. Elle a inspiré et inspire encore.
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› Médée
Tragédie en 5 actes de Marc-Antoine Charpentier
Direction musicale
Leonardo García Alarcón Mise en scène David McVicar Décors & costumes
Bunny Christie Lumières Paule Constable Chorégraphie Lynne Page Médée
Anna Caterina Antonacci Jason Cyril Auvity Créon Willard White Oronte Charles Rice Créuse | 1er fantôme Keri Fuge Nérine
Alexandra Dobos-Rodriguez Arcas | Argien | Vengeance Alban Legos Cléone | Amour | 1ère captive Magali Léger Corinthien | Jalousie | 3ème captif Jérémie Schütz Italienne | 2ème captive | 2ème fantôme Mi-Young Kim 1er Corinthien | Argien José Pazos Chœur du Grand Théâtre de Genève Direction Alan Woodbridge
Cappella Mediterranea Au Grand Théâtre de Genève du 30 avril au 11 mai 2019
« Nous ne prétendons donc pas montrer comment les hommes pensent dans les mythes, mais comment les mythes se pensent dans les hommes, et à leur insu.» claude lévi-strauss, le cru et le cuit (1964)
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Anna Caterina Antonacci (Médée) dans l'acte III pendant la générale piano en avril 2019 sur le plateau du Grand Théâtre.
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MÉDÉE OPÉRATION
A par Daniel Dollé
David McVicar
d’amour et qui souffre lorsqu’elle se sent trahie par celui à qui elle a tout donné. Folle de colère, elle oublie son amour maternel et ses sentiments pour se venger d’avoir été trahie et condamnée à l’exil. Médée a inspiré de nombreuses œuvres littéraires et lyriques, ses aventures restent un incontournable de la culture grecque ancienne. Nul ne s’étonnera que Médée soit omniprésente dans certains traités consacrés aux femmes. L’intensité des passions est soit valorisée, devenant l’une des premières qualités féminines, soit dénoncée comme étant « funeste » lorsqu’elle prend la forme de la jalousie qui, bien souvent, suscite quelque vengeance. Le personnage de Médée contribue à la pensée du genre féminin, voire concourt à cristalliser des conceptions antagonistes, en même temps que les réécritures dramatiques traduisent les conceptions dominantes et révèlent parfois les ambiguïtés des textes théoriques sur les femmes. Enfin, cet ouvrage, encore trop rarement représenté, arrive sur la scène genevoise grâce à une coproduction avec l’English National Opera. L’œuvre de Charpentier, l’auteur du Te Deum qui a été repris pour l’Eurovision, présente les caractéristiques de la tragédie classique : règle des trois unités, cinq actes, dilemmes tragiques (passion et raison), suscitant crainte et pitié. À en croire Sébastien de Brossard, prêtre, compositeur et théoricien de la musique, c’est une œuvre clef dans l’histoire de la musique lyrique : « Médée a plusieurs visages selon les auteurs et les époques, mais loin d’une légende, elle est un mythe qui se définit par l’ensemble des versions, comme nous le rappelle Claude Lévi-Strauss : « Donc chaque tentative d’expliquer un mythe, ne fait en réalité que lui ajouter une nouvelle version ni plus ni moins authentique. Médée est sans contredit le plus savant et le plus recherché de tous ceux qui ont été imprimés, du moins depuis la mort de M. de Lully [...] c’est celui de tous les opéras, sans exception, dans lequel on peut apprendre plus de choses essentielles à la bonne composition. C’est ce qui fait que j’ai douté longtemps si je ne devais pas le mettre plutôt parmi les théoriciens, c’est-à-dire parmi les maîtres de l’art de la musique, que dans le rang des simples opéras. » Un grand moment théâtral et musical, qui raconte la vie, en perspective sur la scène de la place de Neuve lorsqu’à la Fondation Hardt se sera déroulé un colloque sur Les émotions de Médée, les 3 et 4 mai 2019. ■
Né à Glasgow, David McVicar a étudié à la Royal Scottish Academy of Music and Drama mais se tourne rapidement vers la mise en scène. Il découvre l’opéra grâce au film La Flûte enchantée d’Ingmar Bergman et y fait ses débuts en 1991 avec L’Histoire du Soldat de Stravinsky. Au Grand Théâtre, dans le cadre du bicentenaire de Giuseppe Verdi en 2013, il présente La Traviata. La presse titrait : « L’œuvre de Verdi s’épanouit pleinement dans cet écrin… » (forumopera 2013). Quelques années plus tard, il retourne dans la cité de Calvin avec « une mémorable plongée dans les abîmes » (Tribune de Genève 2017) pour Wozzeck d’Alban Berg. La renommée de cet enfant terrible de la mise en scène n’est plus à faire. Il enchaîne les succès au Metropolitan Opera : Tosca, Norma, Cavalleria rusticana-Pagliacci ; ou encore à Covent Garden, au Théâtre Mariinski, au Théâtre des ChampsÉlysées, etc. David McVicar est un metteur en scène soucieux de rester fidèle à l’œuvre, comme il le dit : « de donner une illustration viscérale plutôt qu’un commentaire critique de la pièce ». Ce sont aussi ses décors somptueux qui marquent les esprits. Ses études d’acteur lui ont permis d’avoir une approche particulière de la mise en scène et plus spécifiquement du jeu. Pour McVicar, la meilleure direction de chanteur se fait quand le public ne remarque pas que ceux-ci ont été aiguillés. Le public est l’ingrédient ultime d’une belle production, il l’intègre à sa réflexion artistique dès le début, ce qui rend sa narration aussi claire et limpide.
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u cours de la saison 2014-2015, le Grand Théâtre a présenté Medea (1797) de Luigi Cherubini, à la place de Neuve. On aura l’occasion de revoir cette production sur les antennes de la RTS, le 23 juin 2019. En 2016-2017, Il Giasone (1649) de Cavalli fut à l’affiche de l’Opéra des Nations, une production avec La Cappella Mediterranea sous la direction de Leonardo García Alarcón, qui connut un immense succès et qui fait l’objet d’un DVD, sorti au début de l’année. Au minimum, il manquait un autre visage fort de Médée, celui que lui ont donné Marc-Antoine Charpentier et Thomas Corneille, le frère cadet de l’auteur du Cid, de Cinna, ou d’Horace. En 1693, ils créent une tragédie en musique en 5 actes et un prologue qui n’avait pas ou peu de rapport avec l’histoire qui allait suivre et n’était souvent qu’une espèce d’hymne à la gloire du roi. Avec Médée de Charpentier, interprétée par La Cappella Mediterranea sous la direction de Leonardo García Alarcón, devenu un habitué de la scène genevoise, et mise en scène par Sir David McVicar, l’un des metteurs en scène majeurs des dernières années, le Grand Théâtre aura présenté trois ouvrages lyriques, trois visages d’une figure archétypale qui est née dans l’Antiquité et qui demeure toujours contemporaine. Est-elle l’infanticide dont tout le monde se souvient ? Rappelons que chez Eumélos de Corinthe, ou chez Créophylos de Samos, ses enfants meurent mais ne sont pas tués par sa main. Est-elle l’archétype de la femme victime d’amour ? Et si elle était une sorte d’expression du féminisme de l’Antiquité ou du féminisme tout court, que l’on croit découvrir aujourd’hui ? Quoi qu’il en soit, Médée est une femme passionnée qui brûle
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OPÉRATION MÉDÉE
« La narration met parfaitement en évidence l’importance du mensonge et de la marginalisation de Médée qui la pousseront à agir de manière aussi violente. »
© FRÉDÉRIC MAUREL
anna caterina antonacci
Cappella Mediterranea
un entretien avec Anna Caterina Antonacci par Tania Rutigliani
Ils ont marqué les esprits lors de leur interprétation de Il Giasone de Francesco Cavalli en 2017 (« Un Giasone déjanté » titrait Le Temps) et le public genevois a le plaisir de les (re)découvrir pour conclure la trilogie autour du personnage de Médée dans cette nouvelle production en français de Médée de Marc-Antoine Charpentier. Fondé, à l’origine, par une passion pour les musiques du bassin méditerranéen – comme l’indique leur nom : La Cappella Mediterranea, l’ensemble de Leonardo García Alarcón explore une nouvelle approche de la musique baroque latine. Rapidement, la Cappella Mediterranea se diversifie au niveau du répertoire intégrant madrigal, motet polyphonique et aussi l’opéra. Par sa vocation de donner une seconde vie aux œuvres oubliées ou méconnues, l’ensemble a pu dépoussiérer des œuvres telles que Alcina de Haendel, Il Giasone de Cavalli ou King Arthur de Purcell à l’Opéra des Nations. La vaste discographie de la Cappella Mediterranea est largement saluée par la critique, parmi les événements récents on peut notamment mentionner que Il Giasone est sorti en DVD chez Alpha Classics en février 2019.
Ce n’est pas votre première Médée, vous avez également incarné celle de Cherubini. Est-ce le même personnage ? Chaque auteur, que ce soit un écrivain ou un compositeur, raconte sa version de Médée : Euripide, Sénèque, Charpentier, Cherubini, etc. Elles se ressemblent, se complètent mais ne sont jamais identiques. Cherubini met particulièrement l’accent sur le désespoir, la rage, la jalousie de cette femme. Il s’intéresse à la pathologie mentale qui peut pousser quelqu’un à tuer ses enfants. En bref, la Médée de Cherubini pourrait être n’importe quelle femme. Chez Charpentier en revanche l’accent est mis sur ses pouvoirs magiques, sa toute-puissance. Même si l’on perçoit le désespoir de Médée, on assiste surtout à la transformation de son amour en haine violente et la manière dont elle fait appel à ses pouvoirs pour se venger. Malgré les actes horribles qu’elle commet, est-il possible de s’identifier ou d’être pris d’affection pour Médée ? C’est un personnage fascinant que j’aime malgré ses actes. Ce qui me plaît en particulier avec Médée c’est cette déchirure de la mère qui doit tuer ses enfants malgré elle, les moments de détresse extrême qui la pousse à l’infanticide. Chez Cherubini, Médée vit l’infanticide presque comme un suicide, alors que chez Charpentier elle tue les fils de Jason. Il y a un détachement que je suis ravie d’explorer avec cette nouvelle Médée que j’incarne. Elle tue les fils du traître, de l’homme qui lui a déchiré l’âme.
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Keri Fuge (Créuse) meurt sous l'effet diabolique de Anna Caterina Antonacci (Médée) dans l'acte V.
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Cyril Auvity (Jason) et Keri Fuge (Créuse) pendant l'acte II.
Pensez-vous que la marginalisation de Médée a pu participer à sa rage ? Parfois on oublie qu’elle est victime d’un complot aberrant. Créon, sa cour, sa fille et Jason décident arbitrairement qu’elle est deve-
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À Genève vous avez déjà interprété deux rôles majeurs de la tragédie grecque : Cassandre (Les Troyens de Berlioz en 2007-08) et Iphigénie (Iphigénie en Tauride de Gluck en 2014-15). Qu’est-ce qui vous fascine dans ces femmes de la mythologie ? C’est avant tout l’intemporalité et la force de ces femmes qui me fascine. Dans la tragédie grecque il est question de passions, d’émotions et de sentiments qui sont les mêmes qui nous animent aujourd’hui. Un spectateur du XXIème siècle peut se sentir interpelé par ces thématiques, vu que la violence, les faiblesses et les crimes de l’Homme sont éternels.
nue incommode, encombrante et veulent l’éloigner et la séparer de ses enfants. Elle se retrouve seule, comme jetée aux ordures. Sa présence gêne tout le monde et ils décident qu’elle doit être éliminée. En sus de la trahison de Jason, c’est à cet ostracisme que Médée réagit. Dans la version de Charpentier l’importance des mensonges est particulièrement mise en avant. Dans une scène il lui promet de l’aimer, de tout faire pour sauver leur couple et leurs enfants ; s’ensuit, de manière éhontée, une scène d’amour entre lui et Créuse. La narration met parfaitement en évidence l’importance du mensonge et de la marginalisation de Médée qui la pousseront à agir de manière aussi violente. Cette production de Médée serait-elle un bon moyen pour découvrir cet opéra, ou l’opéra en général ? Absolument, les productions de David McVicar, avec qui j’ai eu plusieurs fois le plaisir de travailler, sont toujours très fascinantes. Sa manière de mettre en scène l’histoire est très claire, bien racontée et touchante. Que ce soient les décors, les chorégraphies ou le jeu d’acteur, tout participe à une excellente communication avec le spectateur – qu’il soit un mélomane averti ou non. Il a une vive imagination et un respect extrême du texte et de la musique. En plus il travaille étroitement avec le chef, Leonardo García Alarcón, pour faire fusionner les idées musicales et les idées théâtrales. ■
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UN BALLO IN MASCHERA OPÉRATION
Le costume et le masque que portait le roi de Suède Gustave III lors de son assassinat pendant le fameux bal masqué du 12 février 1792.
Un trio masqué par Olivier Gurtner
Nouvelle et ultime production
› Un ballo
in maschera (Gustavo III)
d’une direction : Un ballo in maschera sera le dernier opéra de l’ère de Tobias Richter. Pour célébrer ses dix années, c’est un trio con brio qui célébrera son théâtre de tréteaux. En fosse, Pinchas Steinberg conduira l’Orchestre centenaire, Giancarlo Del Monaco mettra en scène les talents vocaux et Richard Peduzzi façonnera le plateau. Rendez-vous dès le 4 juin pour la première. En attendant, voici le portrait d’un
Melodramma en 3 actes de Giuseppe Verdi
Direction musicale
Pinchas Steinberg Mise en scène Giancarlo Del Monaco Décors Richard Peduzzi Costumes
Gian Maurizio Fercioni Lumières Caroline Champetier Gustavo III
Ramón Vargas Comte Anckarström Franco Vassallo Amelia Irina Churilova Ulrica Judit Kutasi Oscar Kerstin Avemo Comte Ribbing
Günes Gürle Comte Horn Grigory Shkarupa
Chœur du Grand Théâtre de Genève Direction Alan Woodbridge
Orchestre de la Suisse Romande Au Grand Théâtre de Genève du 4 au 22 juin 2019
triangle amoureux de l’opéra. SUITE PAGE SUIVANTE
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Globetrotter à toute heure
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Faut-il encore présenter Giancarlo Del Monaco ? Fils du célèbre ténor Mario Del Monaco, le metteur en scène est un artiste véritablement planétaire, qui met en scène à Melbourne (Luisa Miller), Macao (Turandot), Tbilissi (Tosca), Skopje (Turandot), New York (La Fanciulla del West), Belgrade (Norma) ou encore Helsinki (Il barbiere di Siviglia). Comme si les fuseaux horaires n’avaient pas de prise sur ses mises en scène. Celui que Time Magazine qualifie de « thrilling director » est aussi un coureur de fond dans Verdi, ayant mis en scène La Traviata, Simon Boccanegra, Tosca, Otello, Don Carlo, Rigoletto, Ernani… tous donnés ces quatre dernières années ! Le Ballo in maschera de Genève fait donc figure d’événement. Sur la scène de Neuve, il mènera d’immenses talents, comme Ramón Vargas, qui avait joué un Don Ottavio très présent l’année dernière à l’Opéra des Nations et Franco Vassallo, que le public a eu l’occasion d’apprécier dans Il pirata en février dernier (« une personnalité vocale affirmée » selon le Wanderer). ■
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Esquisses pour les masques des chœurs et des solistes pour cette production par le costumier Gian Maurizio Fercioni.
Genève connaît bien Pinchas Steinberg, lui qui a dirigé quelques années l’Orchestre de la Suisse Romande, après l’étincelant Fabio Luisi et avant l’exigeant Marek Janowski. À son initiative, la formation qui fête cette saison son centenaire avait été reçue aux Chorégies d’Orange pour la toute première fois. Invité à diriger de nombreux orchestres –comme le Radio-Symphonieorchester de Vienne ou le Philharmonique de Budapest– Pinchas Steinberg se produit très souvent à l’opéra. Verdi, il le connaît très bien, pour avoir dirigé Simon Boccanegra au Théâtre des Champs-Élysées, Otello et La traviata à l’Opéra de Budapest (2015-16), Falstaff et Aida au San Carlo de Naples, Macbeth à Marseille et Munich, Il trovatore à Turin et Bologne. Ce marathonien du compositeur italien aura donc toutes les facilités à mener son Bal masqué, puisqu’il maîtrise –en plus– la fosse du Grand Théâtre, étant venu… pour Verdi ! Son dernier passage, c’était en 2015, avec un Fidelio puissant, profond et ample rehaussé par la mise en scène intense de Matthias Hartmann. Le public se rappelle sans doute cette ouverture poignante de l’acte II… ■
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Baguette de talent pour phalange de 100 ans
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Maquette du projet de scénographie de Richard Peduzzi pour Un ballo in maschera présentée en novembre 2018.
Richard Peduzzi transforme tout ce qu’il trouve en argent, non dans un style plaqué et clinquant mais profond et pur. Impossible de ne pas évoquer son comparse Patrice Chéreau. Comment oublier leur Ring du centenaire à Bayreuth ? Avec ce décor digne de L’Île des Morts de Böcklin dans Die Walküre, écrin pour l’adieu entre Donald McIntyre et Gwyneth Jones. Ils en feront tant d’autres, par exemple Elektra à New York et La Scala, De la maison des morts à Bastille. Bien sûr il y a aussi Luc Bondy, avec qui il travaille à New York pour Tosca et au palais Garnier pour Yvonne princesse de Bourgogne, reprogrammée en début 2020. À Genève, il conçoit un ensemble de majestueuses et sobres façades, permettant de concentrer là encore le regard sur l’essentiel : le drame. L’alchimie des interactions, l’immensité simple, le décor au service de l’action, le contenant au service du contenu. Gageons que ce triptyque amoureux de Verdi saura séduire les inconditionnels comme les éconduits. ■
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Richard aux mains d'argent
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Gustavo III La genèse d'une œuvre L par Tania Rutigliani
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Verdi aux répétitions de Un ballo in maschera avec le ténor Fraschini et la soprano Fioretti. Caricature de Melchiore Delfico Collection privée, Gravure
’Europe au XIXème siècle est en plein bouleversement, les vieux empires s’effondrent, les consciences nationales émergent ; en bref, on sent comme une odeur de révolution sur le Vieux Continent. En 1857, dans cette ambiance pré-Risorgimento, Verdi se voit confier un nouvel opéra pour le Teatro San Carlo à Naples. Plusieurs projets se bousculent alors dans l’imagination du compositeur – entre autres un King Lear inspiré de Shakespeare. Faute de temps, il se tourne vers un ancien livret d’Eugène Scribe intitulé Gustave III, ou le bal masqué (mis en musique par Daniel Auber). Verdi et Antonio Somma, son librettiste, décident de le traduire et de le remanier pour l’occasion. Cette première histoire retrace le drame de Gustave III, roi de Suède, assassiné lors d’un bal masqué de l’opéra royal de Stockholm en 1792. Le climat politique incertain pousse la censure napolitaine à rejeter en bloc le livret, il était alors inimaginable de présenter l’assassinat d’un monarque sur scène. Verdi et Somma remanient une première fois le livret et Gustavo III qui devient Una vendetta in domino. L’action est sensiblement la même, mais déplacée de Stockholm à un duché mineur (Stettin en Pologne actuelle) – Verdi imaginant qu’il suffit de transformer un roi en un duc pour que la censure s’apaise. Que nenni ! Le compositeur est en route vers Naples pour présenter cette nouvelle version du livret quand, le 14 janvier 1858, Felice Orsini, un révolutionnaire italien, essaie d’assassiner Napoléon III. Si la paranoïa de la censure pouvait être tempérée jusque-là par quelques modifications mineures, elle est à présent à son comble. Verdi, pensant avoir un opéra prêt à être joué, doit remodeler entièrement son histoire. L’œuvre devient alors Adelia degli Adimari : toute l’action se trouve transposée à Florence au Moyen Âge – même les masques sont censurés. Verdi outré rejette cette version. Quelques altercations et débâcles juridiques plus
tard, Verdi et le Teatro San Carlo acceptent d’annuler le contrat. Il se retrouve alors avec un opéra aux multiples livrets sur les bras. Il contacte un imprésario à Rome, sachant que ceux-ci sont moins obsédés par les complots politiques que les Napolitains. Bien que la pièce soit reçue avec enthousiasme, Rome reste tout de même un siège papal où foi et moralité font foi. C’est dans cette optique de « re-moralisation » de l’œuvre que les Romains demandent un certain nombre de modifications du livret. Le compositeur étant gentiment à bout de nerf, négocie ardemment. Finalement un consensus est trouvé : s’il déplace l’action hors d’Europe, il peut garder l’histoire et les personnages. Verdi déplace l’action dans la Boston coloniale et, finalement, le 17 février 1859 la première d’Un ballo in maschera eut lieu.
Mais que reste-t-il de Gustavo III ?
Cette partition a connu un long périple de modifications et de remaniements. Si, jusqu’au milieu du XXème siècle, il a été coutume de présenter uniquement la version « finale » de l’œuvre, certaines maisons d’opéra ont montré un intérêt croissant à un retour aux sources – en superposant le contexte et le nom des personnages suédois à la musique d’Un ballo in maschera. En 2002, un reconstruction « hypothétique » de Gustavo III a été créée à l’opéra de Göteborg (Suède) – basée sur les fragments des différentes versions d’origines – Una vendetta in domino et Adelia degli Adimari. Cependant, comme le fait remarquer l’un des responsables des différentes éditions de cet opéra (le musicologue Philip Gossett), il est dommage de ne pas jouer une version musicalement aboutie et retravaillée par Verdi. C’est ainsi qu’une nouvelle version s’est créée : la partition d’orchestre étant celle d’Un ballo in maschera, de 1859, et le livret original de Somma (Gustavo III de 1857) lui est superposé. C’est cette dernière version qui vous sera présentée au Grand Théâtre de Genève du 4 au 22 juin 2019. ■
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LE TEMPS
SAMEDI 19 JANVIER 2019
8 Suisse
Les jeunes décrètent l’urgence climatique
GRÈVE Gymnasiens, apprentis, étudiants: ils étaient 22 000, de Genève à Zurich en passant par Fribourg, à bouder les cours vendredi pour descendre dans la rue en faveur du climat. Cet afflux massif et inédit presse les autorités de prendre des mesures radicales autant de changements proposés par les jeunes rencontrés à la m a n i f e s t at i o n . A p r è s d e s clameurs et un regroupement au complet au-dessus de la gare, la foule compacte poursuit son défilé direction le pont Chaude Chauderon, Bel-Air, la rue Centrale pour affluer sur la place de la Riponne vers midi.
JULIA RIPPSTEIN t @JuliaRippstein
«Il n’y a pas de planète B», «Politiques, faites votre taf», «Make weather great again»: ces slogans ont régné en maître toute la journée de vendredi lors de la grève du climat des jeunes. Ce mouvement d’ampleur nationale a vu 22 000 gymnasiens, apprentis et étudiants crier à l’urgence climatique dans les rues de Lausanne, Fribourg ou Saint-Gall au lieu d’aller en classe. Au total, une quinzaine de villes du pays ont été investies par les jeunes dans une ambiance festive et sans faire d’incidents. C’est dans la capitale vaudoise que la mobilisation a été la plus massive, avec plus de 8000 participants de tout le canton et auxquels Le Temps s’est mêlé. La fièvre écologique a aussi essaimé au bout du lac: plus de 4000 écoliers genevois, également au degré obligatoire grâce à la tolérance des autorités, ont fait grève. D’abord dans les établissements scolaires avec des activités organisées par les enseignants en lien avec la thématique, puis dans les rues de Genève. A Neuchâtel, 1500 jeunes ont déposé une résolution à la Chancellerie d’Etat et vont lancer une motion populaire. Les élèves fribourgeois étaient au nombre de 1000. Bienne a vu défiler 300 participants, idem à Sion. Les militants valaisans seront entendus par les autorités cantonales.
«L’environnement, c’est notre avenir»
Le mouvement a été moins suivi côté alémanique où deux actions ont déjà eu lieu en décembre, comme à Zurich et Bâle, qui ont néanmoins vu défiler quelque 2000 personnes, respectivement 1000. A Berne, Lucerne et Aarau, plusieurs centaines de gymnasiens ont déserté les bancs d’école pour battre le pavé. Si Genève s’est montrée permissive tout en encadrant les élèves (aucune absence tolérée le matin), certains cantons, comme le Valais et Saint-Gall, ont décidé d’appliquer la tolérance zéro. Dans le canton de Vaud, les directives variaient selon les établissements, mais la plupart se sont montrés ouverts. Près de la cathédrale de Lausanne,
Et après?
L’heure est aux discours. Une militante rappelle les revendica revendications de cette grève: proclamer l’état d’urgence climatique, sortir des énergies fossiles d’ici à 2030 et, si ces requêtes ne sont pas concrétisées, changer le système. S’adressant aux autorités, la jeune femme affirme que «les change changements individuels, c’est bien, mais
«C’est triste de voir que les autorités se dégonflent et font passer les intérêts économiques avant l’écologie» UN GYMNASIEN DE BURIER
«A quoi bon étudier si nous n’avons pas d’avenir?», ont clamé des gymnasiens de Lausanne. (YVES LERESCHE POUR LE TEMPS)
les gymnasiens de la Cité se sont réunis à 9h50 précises. Avec comme mot d’ordre «A quoi bon étudier si nous n’avons pas d’avenir?», ils sont plusieurs centaines, banderoles et pancartes en main, à se mettre en marche pour rejoindre le grand rassemblement, près de la gare. En chemin, le cortège des gymnasiens de la Cité se mêle à celui de l’Ecole supérieure de la santé. «L’environnement, c’est notre avenir. Les politiques ne prennent pas des mesures assez fortes dans ce domaine. On dirait qu’ils préfèrent mettre de l’argent ailleurs, par exemple dans l’armée, alors que le climat devrait être priori prioritaire», explique Léa Quartenoud, 21 ans. «C’est triste de voir que les autorités se dégonflent et font passer les intérêts économiques avant
l’écologie», renchérit un gymnasien de Burier. Car si les jeunes Suisses ont décidé de sécher les cours, c’est bien pour dénoncer la passivité des dirigeants du pays face au réchauffement climatique, démontrée début décembre lorsque le Conseil national a rejeté la loi sur le CO2, qui visait à respecter les engagements de l’Accord de Paris sur le climat. Près de 4000 jeunes ava i e nt d é j à m a n i f e s t é l e 21 décembre outre-Sarine, après une première action le 14. La vague de mobilisation a ensuite rapidement déferlé en Suisse romande, via les réseaux sociaux, et des groupes Whatsapp se sont créés pour chaque établissement. Un mouvement entièrement horizontal. Et international.
Les jeunes Suisses ont répondu à l’appel de Greta Thunberg, étudiante suédoise de 16 ans, qui sèche les cours tous les vendredis depuis des mois pour réclamer des actions urgentes face au réchauf réchauffement planétaire devant le parlement suédois. Celle qui incarne le visage de ce combat avait prononcé un discours remarqué lors de la COP24 en Pologne. Elle est attendue au Forum économique mondial (WEF) de Davos. Vendredi, les jeunes Allemands et Belges se sont aussi mobilisés.
Mieux sensibiliser à l’école
Sifflant avec énergie et scandant avec ferveur «On est plus chauds que le climat», le cortège descend la rue du Petit-Chêne, noire de monde, où convergent les mani-
festants des autres établissements. Brandissant une pancarte «Moins d’école, plus d’écologie», un groupe de cinq gymnasiens engagés explique l’importance de la démarche: «Il est rare qu’on se mobilise, c’est donc un signal fort. Nous, les jeunes, devons montrer l’exemple pour les générations futures, c’est comme ça que les mentalités peuvent changer à long terme.» Ils déplorent d’ailleurs qu’il n’y ait pas davantage de sensibilisation sur le thème du climat à l’école. Récompenser ceux qui font les bons gestes en matière d’écologie, rendre les produits bios, Minergie et les voitures électriques accessibles à tous, s’inspirer des pays scandinaves, ou encore taxer les multinationales qui polluent sont
«Nous vivons un moment historique»
Naissances
CLIMAT La grève n’a pas attiré que des jeunes en formation. Le Vaudois Jacques Dubochet, 76 ans, Prix Nobel de chimie 2017, s’est mêlé à la foule
JACQUES DUBOCHET PRIX NOBEL DE CHIMIE 2017
EN VIDÉO NOUS NOUS ENGAGEONS, ABONNEZ-VOUS ! Pourquoi avez-vous participé à la grève scolaire pour le climat? Nous vivons un
Retrouvez les interviews du politologue Pascal Sciarini et du philosophe Dominique Bourg
moment historique! Lorsque j’ai entendu le discours que la Suédoise Greta Thunberg, qui milite pour le climat, a tenu lors de la COP24, j’ai pleuré. Je l’ai réécrit sur un bout de papier que j’ai glissé dans ma poche. Je ne m’en sépare plus. Et maintenant, les écoliers en Suisse! C’est magnifique. La veille encore, quelqu’un disait que ce ne serait qu’un feu de paille. C’est faux. Ces jeunes ne peuvent pas faire autrement, c’est leur vie qu’ils prennent en main. Je crois en leur force.
ou irréaliste? C’est de nature à En vous abonnant au Temps, vous ne nous apportez pas seulement unAmbitieux soutien provoquer un électrochoc auprès de la classe politique. Et elle en a besoin! Le essentiel, vous protégez aussi les fondements de vos libertés individuelles. changement ne viendra pas de l’establishNous avons le grand bonheur d’annoncer la naissance de
Diane
Marie et Guillaume Pineau Résidents à Bernex
letemps.ch/video.
Toutes nos offres d’abonnement sont à découvrir sous www.letemps.ch/abos ou au 0848 48 48 05 Quel impact peut avoir ce mouvement? Arthur
ment, mais de la jeunesse.
INTERVIEW
le 11 janvier 2019
Nous sommes très heureux d’annoncer la naissance de
il faut maintenant des mesures globales». «Agissez pour un avenir convenable, c’est la jeunesse qui vous le demande!» conclut-elle sa prise de parole acclamée par la foule agitant drapeaux et affiches affiches. Difficile de prédire l’impact qu’aura cette action. Léa Quarte Quartenoud souligne toutefois l’ampleur de la mobilisation et la forte atten attention médiatique. D’autres sont plus résignés: «Parfois j’ai l’im l’impression que rien ne va changer, qu’il faudrait une catastrophe comme Fukushima pour que les autorités réagissent.» Une nou nouvelle action est d’ores et déjà pré prévue le 2 février. Il se murmure aussi que la conseillère fédérale chargée de l’environnement, Simonetta Sommaruga, devrait rencontrer une délégation de
Marc et Emilie Leurent Rue du Grand-Pré 70a 1202 Genève
le 15 janvier 2019 à 15h20
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Leurs demandes sont extrêmement sévères: ils réclament davantage que ce qui a été signé dans les Accords de Paris. Décréter l’urgence climatique, cela signifierait que toutes les décisions politiques devraient tenir compte du climat. Sortir du carbone d’ici à 2030, c’est très ambitieux! J’aurais plutôt misé sur 2035…
N’y a-t-il pas chez les jeunes une contradiction entre discours et comportements? Il faut leur don-
ner le temps! Ils ont grandi dans une société qui les a éduqués à consommer. L’électrochoc, c’est aussi pour eux qu’il a lieu. Vous avez dit craindre que les jeunes traitent un jour votre génération de «salauds» pour n’avoir pas assez agi pour le climat. Est-ce en train de se produire?
Je n’ai pas entendu une seule insulte pendant le cortège. Il y avait une atmo-
sphère extraordinaire, les gens étaient à la fois joyeux et étonnés. Ce sont des débutants, pas des routards de la politique. On assiste à un éveil. Et si les jeunes veulent quelque chose, les vieux ne pourront pas y résister. Et après? Le parlement a décidé de ne
pas prendre de mesures pour le climat. Eh bien il faut continuer à faire pression pour qu’il se mette au travail. Les forces au pouvoir seront secouées, mais je ne crois pas que leur réaction sera à la mesure des attentes. La prochaine étape, ce sont les élections d’octobre 2019: les circonstances semblent favorables à un changement. Pourtant, le vote de la population suisse ne reflète pas ce souci écologiste… Le pro-
grès ne viendra pas seulement des rangs écologistes. L’économie libérale doit se mettre au boulot. Il faudrait pour cela qu’elle considère que le capital n’est pas seulement financier. Il englobe aussi l’environnement, la qualité de vie et bien d’autres choses encore. n PROPOS RECUEILLIS PAR CÉLINE ZÜND t @celinezund
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Pour clore la série prestigieuse des récitals de la saison 2018-2019, le Grand Théâtre vous présente deux basses, ou si vous préférez une basse et un baryton-basse, réclamés et acclamés sur toutes les grandes scènes internationales et qui toujours séduisent celles et ceux qui ont le privilège de croiser leurs chemins et de les entendre. L’univers du lied vous semble inaccessible, ou réservé à un public élitiste, alors n’hésitez pas à vous laisser convaincre et séduire par ces deux interprètes qui comptent parmi les plus grands. On ne saurait imaginer meilleure initiation ou introduction dans
› Ildar
Abdrazakov
le monde de l’art du lied.
Récital sur des musiques de Liszt, Schubert, Kabalevski, Glière, Sviridov, Chostakovitch, Rachmaninov Mzia Bakhtouridze (piano) © SERGEÏ MISENKO
Au Grand Théâtre de Genève
Mercredi 8 mai 2019
› Christian Gerhaher
Récital sur des musiques de Brahms & Schumann Gerold Huber (piano)
Au Grand Théâtre de Genève
© SONY / GREGOR HOHENBERG
Lundi 20 mai 2019
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ON STAGE
Les voies basses du lied
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© SERGEÏ MISENKO
par D aniel D ollé
« One of the most exciting Russian singers to emerge on the international scene in the past decade! » opera news
© SONY / GREGOR HOHENBERG
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onnaissez-vous Song of Love (Passion immortelle), un film de Clarence Brown (1947) ? Il réunit Robert Schumann et Johannes Brahms autour de Clara Wieck, interprétée par Audrey Hepburn. Christian Gerhaher les a réunis dans le programme qu’il propose en compagnie de son fidèle et immuable accompagnateur, Gerold Huber qu’il a rencontré lors de ses études et avec qui il travaille depuis près de 30 années. Brahms et Schumann partagent certaines mêmes passions, celle pour Clara Wieck et celle du lied. Après Schubert et avant Brahms, Schumann reste un des maîtres dans le domaine du lied. Le film de Clarence Brown reste peut-être modeste, mais quelles émotions et quelle musique ! Architectes des sons, Schumann et Brahms ont mis en musique le bonheur et la douleur. Ils ont su se démarquer du modèle schubertien et leur individualité se manifeste dans le choix des poètes, des sujets des poèmes, ou de leur traitement musical. Émerveillés par le chant, ils réalisent l’union de la musique et de la poésie. Depuis trente ans, Christian Gerhaher est un familier de l’univers du lied, nul doute qu’il saura donner un souffle, une émotion et une âme à ces lieds qui parlent de rêve et dans lesquels s’entrecroisent ardeur, nostalgie, ferveur et renoncement. Ne résistons pas à ces fleurs prélevées dans les bouquets de chants, c’est ainsi que Brahms parlait de ces recueils de lieds, de Brahms et de Schumann. Christian Gerhaher et Gerold Huber nous convient à une exploration de la psychologie humaine dans son rapport avec la nature. Le baryton allemand combine une émotion vocale intense et un chant analytique. Le temps d’un lied, souvent très court, il cherche à nous communiquer une chose à la fois complexe et intense. Le chanteur et son accompagnateur deviennent la voix du poète et du musicien et nous transportent vers le subconscient et la psychologie profonde. ■
l ne s’est encore jamais présenté sur la scène genevoise et pourtant il sillonne le monde. Depuis qu'Ildar Abdrazakov a fait ses débuts au Théâtre Mariinski, en 1998, et qu’il a remporté le Concours International Maria Callas, à Parme, l’artiste a enchanté les publics de La Scala, de Covent Garden, du Met, du Festival de Salzbourg, de l’Opéra national de Paris où, sous la direction de Philippe Jordan, il interprète Philippe II, aux côtés de Sonya Yoncheva, Elīna Garanča, Jonas Kaufmann et Ludovic Tézier, tous déjà venus au Grand Théâtre de Genève ces dernières saisons. Il interprète des rôles comme Selim du Turc en Italie, Don Basilio du Barbier de Séville, Assur de Sémiramide, Alidoro de La Cenerentola, Figaro des Noces de Figaro, Raimondo de Lucia di Lammermoor, Leporello et le rôle-titre de Don Giovanni, Méphistophélès dans Faust, La Damnation de Faust et Mefistofele de Boito, Oroveso de Norma, Dosifeï de La Khovantchina, le rôle-titre du Prince Igor, les rôles-titres d’Attila et Oberto, Banco de Macbeth, Philippe II de Don Carlo, Procida des Vêpres siciliennes, Walter de Luisa Miller, les quatre rôles maléfiques des Contes d’Hoffmann… Son parcours évoque celui de Samuel Ramey, un habitué de la scène genevoise, qu’il a découvert à travers une vidéo d’Attila à La Scala de Milan, sous la direction de Riccardo Muti qui lui ouvre les portes de La Scala, le 7 décembre 2003, pour interpréter le rôle de Moïse dans Moïse et Pharaon. Vous ne pourrez pas résister à cette voix somptueuse avec une musicalité raffinée, une technique solide qui donne vie à la musique et au texte. L’espace d’un récital vous aurez un aperçu de l’incroyable polyvalence de cette basse, née à Oufa, qui illustre la grande tradition des basses russes en ayant conquis le public grâce à Rossini et à Verdi. ■
« Le bonheur n’est qu’apparences, formes brillantes qui s’évanouissent presque en même temps qu’elles apparaissent. Au fond de tout est la douleur : si vous me demandiez le nom de ma douleur, je ne pourrais pas vous le dire. Je crois que c’est la douleur elle-même. » robert schumann
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« Une saison pleine d’espoir » Une création mondiale, sept nouvelles productions, trois productions invitées,
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quatre spectacles de danse, des artistes issus de différentes disciplines artistiques, la saison 2019-2020 sera la première de son directeur général désigné Aviel Cahn. par O livier G urtner
Placée sous les auspices de la devise « Oser l'espoir », la programmation débute avec un pilier de la musique américaine minimale du XXème siècle : Philip Glass. Son Einstein on the Beach 1 sera présenté en ouverture, dans une nouvelle production conçue par Daniele Finzi Pasca, qui réalise l’édition 2019 de la Fête des Vignerons. En fosse, le Suisse Titus Engel dirigera un EinsteinEnsemble formé de musiciens de la Haute école de musique (HEM), du 11 au 18 septembre 2019. Le mois suivant, Aida 2 de Verdi sera à l’affiche. Si l’œuvre inspire souvent des mises en scène monumentales, Phelim McDermott recentrera cet opéra sur ses protagonistes, offrant un regard intime sur cette intrigue politique. Antonino Fogliani dirigera l’Orchestre de la Suisse romande (OSR) pour l’occasion. Le Budapest Festival Orchestra sous la baguette de son créateur Iván Fischer donnera L’Orfeo 3 de Monteverdi, les 28 et 29 octobre avec Valerio Contaldo dans le rôle-titre et Emőke Baráth en Eurydice. Le Ballet du Grand Théâtre vient accompagner l’art lyrique, en l’occurrence Les Indes galantes 4 , un opéra-ballet de Rameau. Cette nouvelle production est imaginée par l’Américaine Lydia Steier en collaboration avec le chorégraphe Demis Volpi. Une figure familière du public, vue dans Medea, Alcina ou encore Il Giasone mènera l’orchestre : Leonardo García Alarcón. De leur côté, le metteur en scène belge Luk Perceval et l’écrivaine turque exilée en Allemagne Aslı Erdoğan travaillent sur Die Entführung aus dem Serail 5 de Mozart, présenté du 22 janvier au 2 février. Cette coproduction avec le Grand Théâtre de Luxembourg et du Nationaltheater Mannheim sera dirigée par Fabio Biondi. Plus donnés depuis 1927, Les Huguenots 6 de Meyerbeer, seront l’œuvre de Jossi Wieler et Sergio Morabito, récemment venus pour Norma à l’Opéra des Nations, l’occasion de faire écho à l’histoire de Genève. Du 26 février au 8 mars, Marc Minkowski dirigera l’OSR, John Osborn chantera Raoul de Nangis et Rachel WillisSørensen Valentine de Saint-Bris. Le Grand Théâtre commande une création mondiale au compositeur Christian Jost. Intitulée Voyage vers l’espoir 7 , elle est une évocation au film éponyme de Xavier Koller. Kornél Mundruczó sera invité à mettre en scène ce drame sur l’espoir et le refuge, joué par l’OSR sous la direction de Gabriel Feltz, du 30 mars au 8 avril. Walt Disney, Jules Massenet, Charles Perrault… nombreux sont les auteurs à s’être essayés au fameux conte de Cendrillon, cette belle-fille dénigrée par sa marâtre et ses belles-sœurs. Laurent
Pelly revient à Genève –après son Viva la Mamma! d’anthologie– pour La Cenerentola 8 de Rossini. Du 4 au 20 mai, c’est Stefano Montanari qui donnera la battue à l’OSR. Œuvre spirituelle et poétique, Saint François d’Assise 9 est jouée pour la toute première fois au Grand Théâtre et sur scène en Suisse. Le plasticien contemporain Adel Abdessemed mettra en scène cette nouvelle production, avec l’OSR emmené par son directeur artistique et musical Jonathan Nott, du 26 juin au 5 juillet. Une façon de conclure de manière forte le cycle opératique.
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Les ballets
Toujours sous la direction de Philippe Cohen, le Ballet du Grand Théâtre sera à l’honneur de la saison 2019-2020. Ainsi, trois références de la danse viendront pour une production inédite, Minimal Maximal 1 qui fera écho à Einstein on the Beach: Sidi Larbi Cherkaoui, Andonis Foniadakis et Ioannis Mandafounis. La production marque le retour de l’OSR en fosse pour accompagner le Ballet du Grand Théâtre, l’occasion de révéler les couleurs des musiques minimales d’Arvo Pärt, Philip Glass et John Adams. Daniel Inbal dirigera les chorégraphies signées Sidi Larbi Cherkaoui (Fall), Andonis Foniadakis (Paron) du 10 au 17 novembre 2019. En février 2020, Anne Teresa De Keersmaeker sera invitée pour présenter sa dernière création The Six Brandenburg Concertos 2 avec sa compagnie Rosas et l'orchestre B’rock. Philppe Cohen clôt la saison en invitant jeune Jérémy Tran à proposer une création chorégraphique mondiale, Ce qu’il nous reste 3 , du 6 au 14 juin, au Bâtiment des Forces motrices.
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La plage
À travers de nombreux formats, comme les Apéropéras, En coulisse, Voilà Voilà, les Late Nights, les Duels ou encore les Intropéras, La Plage propose une programmation hors des sentiers battus. Parmi les productions proposées, In the Penal Colony, un opéra de chambre de Philip Glass en coréalisation avec La Bâtie (6-7.09.2019 Au Lignon), Cenerentolina créé spécialement pour les enfants d’après Rossini (décembre 2019) et la création suisse de Electric Dreams, un opéra pour les jeunes ou les familles composé par Matthew Shlomowitz, en coproduction avec Contrechamps, et donné en avril 2020 au Théâtre Am Stram Gram. Enfin, Aida sous les étoiles clôturera la saison, en diffusant sur grand écran l’opéra de Verdi au Parc des Eaux-Vives, le 19 juin 2020, dans le cadre de la Fête de la musique. ■
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LE CARNET DU CERCLE
« Un Cercle élargi aux jeunes.. » © DR
un entretien avec F rançoise
de
M estral par A urélie E lisa G feller
Aurélie Elisa Gfeller Quels sont vos premiers souvenirs de l’opéra ? Françoise de Mestral J’ai découvert l’opéra à l’âge de sept ans à l’occasion d’une représentation de La Flûte enchantée dans le Théâtre antique de Lyon. C’était une sortie avec mon père. Il y avait tout un cérémonial. Je me souviens encore des arènes au soleil couchant et de la magie du spectacle. Un autre souvenir marquant est celui de Lorin Maazel à l’Opéra de Lyon. J’avais seize ans et j’ai pris conscience du fait que quiconque peut être touché par la musique et y prendre du plaisir. Des émotions et un plaisir que l’on partage avec le reste du public. Cette dimension de partage est la raison pour laquelle j’apprécie tellement l’art lyrique. AEG Vous êtes une grande mélomane. Avez-vous suivi une formation musicale ? FdM Durant mon enfance et mon adolescence, j’ai fréquenté une institution religieuse catholique. Tous les matins nous chantions. C’était le seul moment de l’éducation où il y avait une concentration totale de tous les élèves. L’art nous éveillait et nous sortait de notre quotidien rigoureux. La musique a cette capacité de réjouir l’âme et d’être thérapeutique. AEG Comment l’opéra est-il venu à prendre la place qu’il a dans votre vie ? FdM Durant les années 1980, je vivais aux États-Unis. Avec de jeunes enfants et un mari qui voyageait beaucoup, je n’ai eu que de rares opportunités d’aller à l’opéra ou au concert. À notre retour à Genève dans les années 1990, ce sont Guy et Françoise Demole qui nous ont incités à fréquenter l’opéra, nous invitant dans leur loge. Puis nous avons décidé de rejoindre le Cercle du Grand Théâtre de Genève afin d’avoir un repère culturel dans un quotidien très rempli. AEG Quels sont vos souvenirs du Grand Théâtre de Genève durant cette période ? FdM Je me souviens en particulier du Ring, présenté sur plusieurs saisons par la directrice Renée Auphan. Patrice Caurier et Moshe Leiser signèrent une mise en scène fabuleuse. Une quinzaine d’an-
nées plus tard, j’ai été heureuse de retrouver le Ring sur la scène du Grand Théâtre de Genève, sous la direction de Tobias Richter. L’interprétation très lisible de Dieter Dorn et Jürgen Rose prouve qu’un grand maître comme Richard Wagner peut être accessible aux jeunes. AEG Vous êtes très engagée dans le Cercle du Grand Théâtre de Genève, dont vous avez assumé la présidence et dont vous êtes toujours membre du Bureau. Quelles étaient vos motivations ? FdM Elles étaient plurielles. J’avais envie de partager avec les membres du Cercle ma soif de compréhension, ma curiosité et ma passion pour le Grand Théâtre de Genève et de créer ainsi de nouvelles activités. J’avais également envie de rendre à tous ceux qui, au sein du Grand Théâtre, avaient répondu à mes questions en soutenant le Cercle dans son rôle de mécène. Un beau spectacle mérite toute notre reconnaissance. Or le nerf de la guerre, ce sont les ressources financières. Les fonds privés constituent une réserve qui permet au directeur de ne pas être gêné aux entournures et d’améliorer la qualité de son projet artistique. AEG Vous avez été et vous êtes toujours très active dans la recherche de fonds. Quelle est votre vision ? FdM À mes yeux, des fonctions au sein du Cercle impliquaient une responsabilité. J’ai toujours insisté sur l’importance de trouver des mécènes pour le Grand Théâtre de Genève, et je n’ai jamais hésité à solliciter de potentiels mécènes, qu’il s’agisse de particuliers ou d’entreprises. Je l’ai toujours fait avec des projets susceptibles de mettre en valeur la personne ou l’entreprise que j’approchais et je leur suis très reconnaissante pour leur écoute. AEG Vous avez quitté la présidence du Cercle tout en restant membre du Bureau pour devenir membre du Conseil de Fondation du Grand Théâtre de Genève. Qu’a signifié cette nouvelle expérience pour vous ? FdM Dans cette fonction, j’ai appris à mieux connaître les rouages organisationnels de l’institution. Le Grand Théâtre de Genève est une institution très complexe et cela m’a permis ensuite de l’expliquer aux mécènes.
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LE CARNET DU CERCLE
Fondé en 1986, le Cercle du Grand Théâtre s’est donné pour objectif de réunir toutes les personnes et entreprises qui tiennent à manifester leur intérêt aux arts lyrique, chorégraphique et dramatique. Son but est d’apporter son soutien financier aux activités du Grand
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Théâtre et ainsi, de participer à son rayonnement.
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© GTG / MARIO DEL CURTO
Rejoignez-nous !
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AEG Quelle est votre vision pour l’avenir du Cercle ? FdM Je souhaite que le Cercle ait une forte identité et une plus grande complémentarité avec les acteurs locaux. Je voudrais également qu’il s’élargisse pour compter de nouveaux membres, notamment parmi les jeunes. Le recrutement des jeunes est l’un de mes Leitmotive et j’ai tout naturellement soutenu activement l’idée d’inviter de nombreux jeunes à la soirée tenue à l’occasion du mapping de la facade du Grand Théâtre de Genève, organisé à l’initiative du Cercle.
AEG Les jeunes, c’est aussi l’éducation, qu’il s’agisse de l’initiation des enfants et des adolescents aux arts lyrique et chorégraphique ou de la formation des jeunes artistes. FdM S’il y a un sujet qui me touche, dans tous les domaines d’ailleurs, c’est bien celui de l’éducation. Grâce à des mécènes qui partageaient mon intérêt, le Prix du Cercle a été créé en collaboration avec le Concours de Genève. Le lauréat de ce Prix se voit offrir un rôle choisi par Tobias Richter dans une production. Imaginez l’expérience accélérée pour ce jeune chanceux sur une grande scène ! Comme Prix, c’est unique et très prisé par les participants du concours. ■
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Pour recevoir de plus amples informations sur les conditions d’adhésion au Cercle, veuillez contacter directement : Madame Gwénola Trutat (du lundi au vendredi de 8 h à 12 h) T + 41 22 321 85 77 F + 41 22 321 85 79 cercle@geneveopera.ch Cercle du Grand Théâtre de Genève CP 5126 1211 Genève 11
Nos membres Bureau M. Jean Bonna, président M. Rémy Best, vice-président* Mme Brigitte Vielle, secrétaire Mme Françoise de Mestral
Mme Denise Elfen-Laniado Mme Diane Etter-Soutter Mme Catherine Fauchier-Magnan Mme Clarina Firmenich M. et Mme éric Freymond * également trésorier Mme Elka Gouzer-Waechter Mme Claudia Groothaert Autres membres du Comité M. et Mme Philippe Gudin de La Sablonnière Mme Christine Batruch Mme Claudia Groothaert Mme Bernard Haccius Mme Coraline Mouravieff-Apostol M. et Mme Philippe Jabre Mme Beatrice Rötheli M. et Mme éric Jacquet M. Rolin Wavre M. Romain Jordan M. Antoine Khairallah Membres bienfaiteurs Mme Madeleine Kogevinas Mme René Augereau M. et Mme Jean Kohler M. Jean Bonna M. Marko Lacin Fondation de bienfaisance Mme Brigitte Lacroix du groupe Pictet M. et Mme Pierre Lardy M. et Mme Pierre Keller M. Christoph La Roche Banque Lombard Odier & Cie SA Mme éric Lescure M. et Mme Yves Oltramare Mme Eva Lundin Union Bancaire Privée – UBP SA M. Bernard Mach M. et Mme Gérard Wertheimer Mme France Majoie Le Lous M. et Mme Colin Maltby Membres individuels M. et Mme Thierry de Marignac S.A. Prince Amyn Aga Khan Mme Mark Mathysen-Gerst Mme Diane d’Arcis M. Bertrand Maus M. et Mme Luc Argand M. et Mme Olivier Maus M. Ronald Asmar Mme Béatrice Mermod Mme Christine Batruch-Hawrylyshyn M. et Mme Charles de Mestral Mme Maria Pilar de la Béraudière Mme Jacqueline Missoffe M. et Mme Philippe Bertherat M. et Mme Christopher Mouravieff-Apostol Mme Antoine Best M. et Mme Rémy Best Mme Philippe Nordmann Mme Saskia van Beuningen M. et Mme Patrick Odier Prof. Julien Bogousslavsky M. et Mme Alan Parker Mme Clotilde de Bourqueney Harari M. Shelby du Pasquier Comtesse Brandolini d’Adda Mme Sibylle Pastré M. et Mme Yves Burrus M. Jacques Perrot Mme Caroline Caffin M. et Mme Wolfgang Peter Valaizon Mme Maria Livanos Cattaui M. et Mme Gilles Petitpierre M. et Mme Jacques Chammas M. et Mme Charles Pictet Mme Muriel Chaponnière-Rochat M. et Mme Guillaume Pictet M. et Mme Claude Demole M. et Mme Ivan Pictet M. et Mme Guy Demole M. et Mme Jean-François Pissettaz M. et Mme Olivier Dunant Mme Françoise Propper
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AEG Le mandat de Tobias Richter arrivera à son terme le 30 juin. Quels ont été vos liens avec celui qui aura dirigé le Grand Théâtre de Genève pendant dix ans ? FdM J’ai beaucoup apprécié le premier accueil qu’a réservé Tobias Richter aux membres du Comité du Cercle alors qu’il était encore en poste à Düsseldorf. Une fois à Genève, Tobias Richter s’est ensuite montré à l’écoute du Cercle. Pour les concerts exceptionnels parrainés par le Cercle, il a trouvé des artistes qui répondaient à nos attentes : Elīna Garanča qui a subjugué le public ; Jonas Kaufmann, avec sa voix envoûtante ; ou encore Joyce DiDonato, qui nous a offert une pure soirée de grâce. Tobias Richter a aussi réservé la scène du Grand Théâtre de Genève au Cercle pour son dîner annuel, qui constitue depuis lors la plus belle soirée de Genève. Dans ses fonctions de directeur, il a l’immense mérite d’avoir osé acheter l’Opéra des Nations, ce qui a permis de garder le public et les équipes durant les travaux du bâtiment historique de la place de Neuve entre 2016 et 2019. C’est enfin un metteur en scène que je respecte et dont j’admire le sens du jeu scénique.
Nous serions heureux de vous compter parmi les passionnés d’ arts lyrique, chorégraphique et dramatique qui s’engagent pour que le Grand Théâtre de Genève conserve et renforce sa place parmi les plus grandes scènes européennes. Adhérer au Cercle du Grand Théâtre, c’est aussi l’assurance de bénéficier d'une priorité de placement, d'un vestiaire privé, d'un service de billetterie personnalisé et de pouvoir changer de billets sans frais. Vous participerez chaque année au dîner de gala à l’issue de l’Assemblée générale et profiterez des cocktails d’entracte réservés aux membres. De nombreux voyages lyriques, des conférences thématiques « Les Métiers de l’Opéra », des visites des coulisses et des ateliers du Grand Théâtre et des rencontres avec les artistes vous seront proposés tout au long de la saison. Vous pourrez assister aux répétitions générales et bénéficierez d'un abonnement gratuit à ce magazine. Vous recevrez également tous les programmes de salle chez vous.
Comte de Proyart M. et Mme Christopher Quast M. et Mme François Reyl M. et Mme Andreas Rötheli M. et Mme Gabriel Safdié Marquis et Marquise de Saint-Pierre M. Vincenzo Salina Amorini M. Julien Schoenlaub Baron et Baronne Seillière Mme Charlotte de Senarclens Mme Christiane Steck M. et Mme Riccardo Tattoni M. et Mme Kamen Troller M. et Mme Gérard Turpin M. et Mme Jean-Luc Vermeulen M. et Mme Julien Vielle M. et Mme Olivier Vodoz Mme Bérénice Waechter M. Gerson Waechter M. et Mme Stanley Walter M. et Mme Rolin Wavre Membres institutionnels 1875 Finance SA Banque Pâris Bertrand SA FBT Avocats SA Fondation Bru International Maritime Services Co. Ltd. JT International SA Lenz & Staehelin Schroder & Co banque SA SGS SA
Organe de révision : Plafida SA Compte bancaire N° 530 290 MM. Pictet & Cie
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EN BALLET LA BELLE AU BOIS DORMANT
› La Belle au
bois dormant
Ballet en un prologue, 3 actes
et 5 tableaux sur une musique de Piotr Ilitch Tchaïkovski
Chorégraphie Jean-Guillaume Bart Yacobson Ballet Saint-Petersburg State Academic Ballet Theater and Symphony Orchestra Au Grand Théâtre de Genève Du 27 au 30 juin 2019
Un baiser de rêve en apothéose par D aniel D ollé
La danse n’étant pas un vain mot à Genève, et surtout pas au Grand Théâtre qui présente un 4ème programme de danse au cours de la saison 2018-2019, nous vous invitons à un moment de rêve, avec un des grands classiques du répertoire de la danse présenté par le Yacobson Ballet, accompagné par l’Orchestre symphonique académique de SaintPétersbourg. 60 danseuses et danseurs accompagnés par un orchestre de plus de 60 musiciens vous invitent à partager le plus mythique des ballets de Tchaïkovski, dans une chorégraphie de Jean-Guillaume Bart d’après Marius Petipa.
© MIKHAIL LOGVINOV
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n 1886, Ivan Vsevolojski avait proposé à Tchaïkovski de composer un ballet sur le thème d’Ondine, mais le musicien qui avait déjà écrit un opéra sur le sujet dont il était mécontent et en avait brûlé la partition, refusa net ce projet. Le directeur des théâtres impériaux eut alors l’idée de La Belle au bois dormant. Tchaïkovski adhéra immédiatement au projet et lui répondit aussitôt : « Je veux vous dire combien je suis charmé et enthousiaste. L’idée me plaît et je ne souhaite rien de mieux que d’en écrire la musique. » L’ébauche du ballet fut terminée en 40 jours. La création du ballet fut assurée par Marius Petipa qui travailla avec le compositeur main dans la main. Le chorégraphe indiquait clairement à Tchaïkovski la sorte de musique dont il avait besoin, ce qu’elle devait exprimer et le nombre de mesures souhaitées. Le soir de la générale, le tsar Alexandre III se contenta de dire au compositeur : « Très joli ! » Tchaïkovski fut très déçu car il était persuadé d’avoir composé là une de ses meilleures musiques. Mais le ballet n’eut pas à attendre le réveil après un sommeil de cent ans, ni le baiser d’un prince, les muses, les bonnes fées s’étaient penchées sur son berceau, La Belle au bois dormant devint rapidement un succès mondial qui toujours fascine le public de tous les âges. Combien de petites filles ont été et seront encore émerveillées
par la princesse Aurore et rêveront de devenir danseuses ? Créé par Leonid Yacobson en 1969, le Ballet Yacobson devient très rapidement un événement clé dans l’histoire de la culture du Ballet russe. Si la compagnie développe aussi la danse contemporaine, elle se veut également la garante des traditions du répertoire classique et de l’héritage de son fondateur. On ne sera donc pas étonné de lire sous la plume de Raphaël de Gubernatis : « Une troupe de haut vol, parfaite représentante de cette école russe au lyrisme assumé, à la technique rigoureuse, sinon éblouissante, portée de bout en bout par des danseurs classiques de la tête à l’extrémité des membres et qui n’ont jamais rien fait d’autre dans leur vie que de danser dans la pure veine académique… » Comment résister à de tels arguments ? Venez nombreux partager les aventures d’une princesse née de la plume de Charles Perrault. Une lutte entre le bien et le mal qui se termine dans une apothéose féerique, plus proche de la version des frères Grimm (Dornröschen, Églantine, le nom de la princesse Aurore, est réveillée par le baiser du prince Désiré. Elle se marie avec lui au cours d’une fête somptueuse où sont réunis de nombreux personnages, certains tout droit sortis des Contes de ma mère l’Oye : Le Petit Chaperon rouge, Cendrillon, Le Chat botté, Le Petit Poucet ou encore, outre L’Oiseau bleu, La Chatte blanche de Madame d’Aulnoy. Un ballet de légende qui s’annonce comme un moment d’exception. ■
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© GTG / MATILDE FASSÓ
GROS PLAN
Au plus près des artistes un entretien avec F rançoise P eyronnet directrice technique du Grand Théâtre de Genève, par T ania R utigliani
Tania Rutigliani Quel est votre parcours ? Françoise Peyronnet Un parcours assez atypique m’a mené à ce métier. À l’origine, j’ai une formation scientifique, en physique et en math – que j’enseignais. Cependant, j’ai baigné dans la culture dès le plus jeune âge grâce à ma famille à Paris. En France, les années 80/90 étaient une époque très porteuse, de nouvelles esthétiques et le foisonnement d’artistes internationaux omniprésents, c’est par ce biais que j’ai fait la connaissance de plusieurs metteurs en scène. Mais, ma passion c’est avant tout les projets : au théâtre, en architecture ou autre. C’est ainsi que, vers l’âge de 25 ans, Antoine Vitez m’a proposé de l’accompagner au sein de son équipe artistique pour remonter le Théâtre National de Chaillot à Paris. On s’est rencontrés alors que je construisais un bateau. Je pense que ce qui lui a plu est cette dualité qui me caractérise : d’une part la structure et l’esprit de synthèse qui me vient de mes études scientifiques ; d’autre part, la capacité de monter un projet. Et je n’ai plus quitté le milieu. Tout au long de ma carrière, j’ai eu la chance de pouvoir choisir mes projets et travailler avec les artistes avec lesquels j’avais des affinités – en général des gens « de plateau ». Avec cet ensemble de metteurs en scène et décorateurs, Antoine Vitez, Patrice Chéreau, Richard Peduzzi, j’ai occupé différentes fonctions : directrice technique, directrice de production ou administratrice. Parmi les plus gros projets il y a eu : le Théâtre national de Chaillot avec Antoine Vitez ; le Théâtre NanterreAmandiers à Nanterre avec Patrice Chéreau ; le Théâtre national de l’Odéon avec Lluis Pasqual ; l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs à Paris où j’étais l’adjointe de Richard Peduzzi et le Théâtre de la Ville à Paris avec Emmanuel Demarcy-Mota. Dans ces théâtres j’ai fait de la maîtrise d’ouvrage, en aidant le ministère de la Culture à établir les cahiers des charges des travaux et la programmation. Au Théâtre de la Ville, j’ai appris à envisager le spectacle par le prisme de cultures différentes. C’était un théâtre qui accueillait près de 70 productions par année du monde entier (l’Europe, l’Asie, les Amériques, les pays nordiques, etc.).
Il ne faut pas oublier qu’au début des années 1980 les équipes étaient entièrement masculines – surtout dans les institutions qui ont toujours eu un peu de mal à évoluer à ce niveau. Mais depuis quelques années, dix ans environ, l’évolution a été très nette. J’ai évité d’avoir une attitude conquérante et laissé la situation évoluer par elle-même. La plupart de mes collègues ne se rendaient même pas compte de ces transitions – peu à peu les posters ont disparu ! Le travail en équipe en m’appuyant sur les compétences de chacun est fondamental dans ce métier. Mon autorité était basée sur cet échange de compétences qui permet, aux uns et aux autres, de s’épanouir, de prendre confiance et d’évoluer. TR … et le Grand Théâtre de Genève ? FP La première chose qui m’a plu c’est d’avoir l’opportunité de travailler dans un nouveau pays, même si la Suisse et la France sont proches géographiquement, les mentalités y sont sensiblement différentes. De pouvoir m’immerger dans une nouvelle manière de travailler a été une superbe expérience. Les équipes sont magnifiques : réactives et passionnées ; de collaborer avec elles a été très enrichissant. C’est aussi la première fois que j’ai découvert l’envers du décor de l’opéra, jusque-là je connaissais ce monde par ses équipes artistiques. L’efficacité de la manière de structurer le travail, en comparaison avec le théâtre, m’a fascinée – surtout la rentabilité des actions dans le temps y est supérieure. TR … et au niveau artistique ? FP Je ne pourrais pas dire qu’une production en particulier m’a marquée plus qu’une autre. Dans chacune d’elle j’ai apprécié des éléments différents. Par exemple : l’esthétique et la justesse du Wozzeck et de Médée de David McVicar, celles différentes mais proches d’Emma Dante et de Serena Sinigaglia dans Cavalleria rusticana et I Pagliacci, la sensibilité de David Bösch dans Così fan tutte ou encore le Faust de Georges Lavaudant. Mais l’artiste qui m’aura le plus marqué reste Teodor Currentzis… quel magnifique chef d’orchestre. ■
[ci-dessous, de gauche à droite]
Au Grand Théâtre, c'est l’esthétique de Wozzeck qui a séduit Françoise Peyronnet et c'est le chef d'orchestre Teodor Currentzis qui l'a impressionnée.
TR Ça n’a pas dû être facile en tant que femme ? FP J’ai été la première directrice technique en France. Mais, je dois avouer, que je ne m’en suis pas vraiment rendue compte. J’avais l’énergie de mon optimisme et les choses se sont très bien déroulées. Évidemment, arriver dans les ateliers couverts de poster de femmes dénudées n’était pas particulièrement agréable.
© GTG / CAROLE PARODI / ANTON ZAVJYALOV
TR Qu’est-ce qui vous passionne dans votre métier ? FP Le premier aspect qui m’intéresse c’est d’être au plus près des artistes, m’imprégner de leurs concepts et de leurs idées artistiques et de leur donner vie. Cette transcription, voire transfiguration est fascinante et a toujours été un moteur. Je sais aussi amener à la modification quand, entre le concept et la réalité, les ajustements sont nécessaires ; pour que ce soit pérenne tant au point de vue financier que technique. L’autre aspect important, ce sont les équipes techniques. Faire converger toutes les équipes nécessaires dans un même but afin de réaliser un projet a toujours été l’aspect le plus fondamental de mon métier.
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La Place de la danse
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Le futur Pavillon de la danse conçu par le cabinet ON Architecture s'érigera sur la Place Sturm pour une période de 10 ans.
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© STEEVE IUNCKER GOMEZ
par Anne Davier
© ON ARCHITECTURE
Titulaire de deux Masters, en Lettres et en Sciences de l’éducation, ainsi que d’un diplôme en Arts, danse et performance, Anne Davier a été nommée en octobre 2017 directrice de l'ADC en remplacement de Claude Ratzé qui partait pour diriger la Bâtie Festival. Auparavant collaboratrice artistique, chargée de projets auprès de ce dernier et rédactrice en chef du Journal de l’adc. De 2004 à 2011, elle a été aussi conseillère pour la danse à Pro Helvetia – Fondation suisse pour la culture, pour laquelle elle est experte indépendante, à partir de 2012, pour la danse et la performance. Elle a publié en 2016 La danse contemporaine en Suisse. 1960-2010. Les débuts d'une histoire avec l'historienne de la danse Annie Suquet. Auparavant en 2005, elle avait rédigé les notices de danse pour le Dictionnaire du théâtre en Suisse et collaboré en 2011 à l'ouvrage collectif À quoi servent les artistes? avec un essai intitulé La danse suisse, affaires d'artistes et affaires d'État.
t si le lundi 7 janvier 2019 était une journée historique pour la danse à Genève ? Ce jour-là, des palissades de chantier ont ceint la place Sturm, des ouvriers ont dessiné les contours d’un grand rectangle au sol avec une bombe rose fluo : 51 mètres de long sur 18 mètres de large. Ces mensurations sont celles du futur Pavillon de la danse, fruit d’un travail porté depuis plus de vingt ans par l’Association pour la Danse Contemporaine (ADC) et qui se dressera à l’automne 2020, à quelques encablures de l’Église russe. Enfin un lieu spécifique dédié à la danse ! Nous nous en réjouissons. Précédemment, différentes générations, confrontées à l’absence presque totale de structures pour encadrer leur travail, se sont battues pour faire sortir la danse contemporaine de la confidentialité et la faire accéder à la visibilité. À Genève, un certain nombre de manifestations, éphémères ou devenues pérennes, ont concouru à la construction du milieu chorégraphique. Et tout au long des années 1980, des combats collectifs ont mobilisé les danseurs indépendants : pour la reconnaissance de leur art et de leur métier, pour la conquête de lieux de travail et de soutiens financiers par les pouvoirs publics. Dès l’orée des années 1990, des esquisses de Maisons de la danse ont été tracées par les uns et les autres, mais la conjoncture ne leur a guère été propice. Ainsi, lorsqu’un projet naît à Genève au début des années 1990, il passe immédiatement à la trappe, faute d’un financement minimal. Nulle revendication, pourtant, d’un outil luxueux ou d’un théâtre prestigieux. À ce sujet, il faut dire comment les exemples à l’étranger ont donné des élans. Divers centres pour la danse ont été créés au siècle dernier en Europe – tels The Place à Londres (fondé en 1966), La Maison de la danse de Lyon (née en 1980) ou le studio de danse du Klapstuck à Louvain (ouvert en 1988). Sans oublier, début des années 80, les nombreux Centres chorégraphiques nationaux en France (CCN) : Jack Lang donnait alors une impulsion décisive à la danse contemporaine en la dotant d’un programme de développement, d’un vrai budget et d’une autonomie au sein de l’Institution. Aujourd’hui, le dynamisme et l’attractivité de ces lieux constituent des exemples de la viabilité et de la force d’impact d’une telle formule. À Genève, comme dans le reste de la Suisse d’ailleurs, la question d’un lieu pour la danse a mis plus longtemps à convaincre et té-
Dernier motto pour ACTO, comme un ultime moment de réflexion et de respiration. Pour ce numéro 39, on évoque le mouvement, entre provisoire qui dure et structure éphémère. Focus donc sur la danse, avec Anne Davier qui évoque sa discipline mais aussi la perspective du nouveau Pavillon, prévu pour dix années au cœur de la Cité. moigne avec acuité des relations plus ou moins aisées qu’il faut tisser avec les élus, rarement enclins à considérer le sort de la danse comme un enjeu majeur. La question des lieux dédiés à la danse (qu’il s’agisse de lieux de représentations, de résidence et de travail ou de studios de création) reste pourtant essentielle. Ce sont bien eux qui ancrent la discipline au sein d’un territoire et qui favorisent non seulement l’émergence d’une jeune création en mettant des outils à disposition, mais également des croisements plus importants entre différentes générations d’artistes, différentes esthétiques, différents horizons. Ce sont aussi les lieux qui développent la surface de contact, d’échange entre les artistes et les habitants, au service de nouvelles pratiques et formats ajustés à la réalité sociétale : migrations, vieillissement de la population, culture virtuelle… Ces structures, telle que le Pavillon de la danse, sont aussi plus à même d’interroger les institutions pour créer des passerelles supplémentaires. Notamment entre la scène indépendante et la scène institutionnelle, invitées à dialoguer et interagir. Car entre elles, les articulations, les synergies et les transversalités restent encore trop rares – par exemple, la rencontre singulière entre un chorégraphe contemporain de la scène indépendante genevoise et le corps de ballet institutionnel s’est produite à quatre reprises seulement entre 2003 et 2017 (Gilles Jobin, Guilherme Botelho, Laurence Yadi et Nicolas Cantillon, Cindy Van Acker). Les lieux de danse ou d’autres domaines artistiques sont disposés à travailler ensemble. On se réjouit d’envisager une plus grande solidarité et perméabilité entre tous. ■
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Les abonnés du Grand Théâtre bénéficient de la libre circulation en transports publics dans le périmètre d’unireso Tout Genève, 2h avant et 2h après le spectacle. Pour le Grand Théâtre Arrêt Place de Neuve : Tram 12 14 18 Bus 3
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