1819 - programme opéra - Médée - 04/19

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Opéra | Médée | Charpentier Grand Théâtre de Genève

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Marc-Antoine Charpentier

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Passion et partage La Fondation de bienfaisance du groupe Pictet est fière de soutenir le projet «Les jeunes au cœur du Grand Théâtre».

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En participant à ce programme de formation, nous nous engageons en faveur de la génération à venir. Nous sommes particulièrement heureux de pouvoir offrir aux talents de demain l’opportunité de découvrir les joies de l’opéra et du ballet, et peut-être même de susciter des vocations. Les associés du groupe Pictet vous souhaitent une très belle saison 2018-2019.

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SUBVENTIONNÉ PAR LA VILLE DE GENÈVE

AVEC LE GÉNÉREUX SOUTIEN CERCLE DU GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE

ASSOCIATION DES COMMUNES GENEVOISES

MÉCÈNES

MADAME ALINE FORIEL-DESTEZET

PARTENAIRE DU BALLET

PARTENAIRES DU PROGRAMME PÉDAGOGIQUE

PARTENAIRE DES RÉCITALS

FONDATION VALERIA ROSSI DI MONTELERA

DONATEURS

FONDATION PHILANTHROPIQUE FAMILLE FIRMENICH

MADAME EVA LUNDIN

FONDATION OTTO ET RÉGINE HEIM

PARTENAIRES MÉDIA

PARTENAIRES DU GENEVA OPERA POOL CARGILL INTERNATIONAL SA

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UNION BANCAIRE PRIVÉE, UBP SA

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Marc-Antoine Charpentier Tragédie mise en musique en 5 actes Livret de Thomas Corneille. Créé le 4 décembre 1693, à l’Opéra de Paris. en collaboration avec l’ensemble

Chanté en français avec surtitres anglais et français Durée : approx. 3 h 30 (incluant 2 entractes)

Diffusion samedi 11 mai 2018 en direct Fréquences FM 100.1 et 100.7

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Grand Théâtre de Genève / Photo : Carole Parodi

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Direction musicale

Leonardo García Alarcón Mise en scène

David McVicar Décors & costumes Lumières Reprise des lumières Chorégraphie Reprise de la chorégraphie Dramaturge Médée Jason Créon Créuse | 1er fantôme Oronte Nérine Cléone | Amour | 1ère captive Arcas | Un Argien | Vengeance Un Corinthien | Jalousie | 3ème captif | 2ème Corinthien Une Italienne | 2ème captive | 2ème fantôme 1er Corinthien | Un Argien

Bunny Christie Paule Constable Martin Doone Lynne Page Gemma Payne Christopher Cowell Anna Caterina Antonacci Cyril Auvity Willard White Keri Fuge Charles Rice Alexandra Dobos-Rodriguez Magali Léger Alban Legos Jérémie Schütz Mi-Young Kim* José Pazos*

Cappella Mediterranea Chœur du Grand Théâtre de Genève Direction

Alan Woodbridge Danseuses Angela Rebelo, Daisy West, Natasha Henry, Casia Vengoechea TingAn Ying, Mahelys Beautes, Sophie Ammann (cover) Danseurs Wendel Mota Silva, Kiyan Khoshoie, Michael Doolan, Evan Schwarz Daniel Perin, Po-Nien Wang, Theo Onana (cover) * membre du Chœur du Grand Théâtre de Genève

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DE VISU-REIMS

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L6’ A GRAND B U STHÉÂTRE D ’ DEA GENÈVE L C O• MÉDÉE O L |EOPÉRA S T D A N G E R E U X P O U R L A S A N T É . À C O N S O M M E R AV E C M O D É R AT I O N . GTG1819_Medee_Programme_71_C1.indd 6

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DE VISU-REIMS

SOMMAIRE Prélude Introduction Argument Synopsis Qui es-tu Médée ? par Daniel Dollé Médée d’Euripide Médée de Sénèque Médée de Pierre Corneille Médée de Marc-Antoine Charpentier Medea de Luigi Cherubini Médée-Matériau de Heiner Müller Le mythe de Jason et de la Toison d’or Now I am Medea: Charpentier and the tragédie en musique by Graham Sadler Maintenant je suis Médée : Charpentier et la tragédie en musique par Graham Sadler Médée, fille d’Acete... par Jean de la Péruse Voir Médée en toute femme par Violaine clément Médée dans l’actualité

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Livret

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Cette année-là. Genève en 1693 Références

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Production Biographies

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Informations pratiques Billetterie du Grand Théâtre Mécénat & partenariat La Fondation du Grand Théâtre Le Cercle du Grand Théâtre L’équipe du Grand Théâtre

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Prochainement

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GRAND THÉÂTRE OPÉRA 1816 | G EDE N GENÈVE È V E .•ZMÉDÉE Ü R I| C H . L A U S A N N E . PA R I S . LY O N . A N N E C Y. D U B A Ï . H O N G K O N G | B C G E . C H

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PRÉLUDE par Daniel Dollé

« Pour flatter mes ennuis, que ne puis-je te croire ! Tout le voudrait, mon repos et ma gloire ; mais en vain à douter je trouve des appas, Jason est un ingrat, Jason est un parjure ; l’amour que j’ai pour lui, me le dit, m’en assure, et l’amour ne se trompe pas. » MÉDÉE ACTE I, SCÈNE 1

L’œuvre

Avec Médée, Marc-Antoine Charpentier (1643– 1704) offre un sublime monument à l’art lyrique. Mais qu’attendait-il pour écrire un opéra ? La réponse est sans équivoque, ce sont les lullistes qui protègent leur bastion qu’ils considèrent imprenable. Grâce à des appuis princiers, le compositeur parvient à forcer l’entrée de l’Académie Royale de Musique de Paris, mais les lullistes n’auront pas dit leur dernier mot. Pour établir le livret, Thomas Corneille, le frère cadet de Pierre Corneille, s’appuie sur la Médée (1634) de ce dernier, en inventant un canevas nouveau. Il écrit une trame avec des ressources dramatiques continues et fortes. L’apport de figures nobles telles que Créuse et Oronte est incontestable. Tout en respectant les formes de la tragédie en musique et la règle des trois unités, Thomas Corneille donne à l’ouvrage un caractère tragique accusé. Le 4 décembre 1693, 6 ans après la mort de Lully, Médée est créée à l’Académie Royale de Musique. Le succès est très relatif, il n’y aura que 10 représentations. La cabale des fervents de Lully a eu raison, ces derniers considéraient Lully comme l’unique inventeur de l’opéra français. Médée sera repris à Lille le 17 novembre 1700. Mais un incendie détruisit les décors, mettant fin tragiquement à la carrière de cet opéra. Il faudra attendre 1984, une production de l’Opéra de Lyon, dirigée par Michel Corboz et mise en scène par Robert Wilson, pour découvrir l’œuvre dans son intégralité. Environ dix ans plus tard, William Christie et les Arts Florissants donnent une preuve supplémentaire que Médée est le chef-d’œuvre de Marc-Antoine Charpentier. Cependant, dès 1724, le compositeur

et musicologue Sébastien de Brossard déplorait que cet ouvrage : « sans contredit le plus savant et le plus recherché de tous ceux qui ont été imprimés, du moins depuis la mort de M. de Lully » ait été victime « des cabales des envieux et des ignorants, alors qu’il est celui de tous les opéras sans exception, dans lequel on peut apprendre plus de choses essentielles à la bonne composition ».

L’intrigue

Avant le lever de rideau… Médée, comme sa tante Circé, est une magicienne. Lorsque les Argonautes débarquent en Colchide à la conquête de la Toison d’or, Médée, la fille du roi, tombe amoureuse de Jason et l’aide à conquérir la Toison grâce à ses pouvoirs magiques. Jason et Médée se marient et fuient en Thessalie où Médée commet des crimes par amour pour Jason. Obligés de fuir une nouvelle fois, ils trouvent refuge en Corinthe avec leurs deux enfants. Une fois à Corinthe, Jason est sur le point de répudier Médée pour épouser Créuse (Glaucé)… Médée fait part à sa confidente Nérine de ses soupçons à l’égard de Jason ; à ce dernier, elle reproche son empressement auprès de Créuse, fille du roi Créon. Cependant elle accepte d’offrir à la jeune femme sa plus belle robe. Jason cherche l’amour de Créuse, tout comme Oronte, prince d’Argos, qui offre son aide militaire contre la Thessalie. Prétextant l’hostilité du peuple, Créon enjoint à Médée de quitter, seule, Corinthe. Elle confie ses enfants à Créuse. S’ensuit une scène d’amour entre Créuse et Jason, puis la déclaration d’amour d’Oronte. Grâce à Médée, Oronte apprend que Jason est son rival. Médée supplie Jason de ne pas l’abandonner. Médée dit son désespoir et apprend

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PRÉLUDE (SUITE)

les desseins de Créon et de Jason. Elle décide de se venger en empoisonnant la robe qu’elle va offrir à Créuse. Créuse a revêtu sa robe de mariée. Jason est transporté d’admiration. Créuse lui reproche sa tiédeur. Oronte parle d’un rival qu’il feint de ne pas connaître. Médée affronte Créon et veut le contraindre à réaliser le mariage d’Oronte avec Créuse. Créon ordonne d’arrêter la magicienne qui ensorcelle les gardes et précipite Créon dans la folie. Médée se résout à tuer ses enfants. Créuse la supplie de guérir son père. Médée subordonne sa clémence au mariage d’Oronte et de Créuse. On apprend alors le meurtre d’Oronte par Créon et le suicide de ce dernier. Créuse crie sa haine à Médée qui déclenche l’action des poisons contenus dans la robe. Créuse expire dans les bras de Jason, Médée lui apprend qu’elle a tué leurs enfants et s’enfuit.

La musique

En 1953, le Te deum de Marc-Antoine Charpentier lance une maison de disque et devient très vite le générique de l’Eurovision. Cependant son legs est bien plus important : des cantates profanes, la tragédie biblique David et Jonathas, des musiques pour Molière et Corneille, douze messes, des hymnes, des motets et tant d’autres. Il est le maître de l’émotion et fait preuve d’un talent particulier pour le chromatisme, la dissonance et la modulation. Il aurait pu être le premier musicien du royaume, mais il y avait Lully, de onze ans son aîné. Le style unique de Marc-Antoine Charpentier résulte d’un mélange des styles. Apparemment Médée est un opéra à la Lully dans sa forme, son thème, son style littéraire. Cependant, Charpentier et Corneille ont brisé le moule de la tragédie lyrique à la « Lully » grâce à la maîtrise magistrale de la polyphonie instrumentale et chorale. La référence à Lully est évidente, mais on chercherait en vain un domaine où Charpentier lui serait inférieur. Médée devient un personnage de théâtre et la manière dont sont évoqués les autres personnages font de Médée une œuvre théâtrale. Marc-Antoine Charpentier et Thomas Corneille ont leur propre conception de la légende. Au livret de Corneille, Charpentier ajoute une musique puissamment évocatrice des

passions et des émotions humaines. Dès le premier acte, le compositeur nous entraîne dans les tréfonds du caractère passionné de Médée. L’inspiration harmonique de Charpentier se nourrit des situations dramatiques intenses fournies par le livret. L’acte II s’achève sur un divertissement fantaisie italianisant, au cours duquel des Captifs d’Amour s’adressent à Créuse. À partir de l’acte III la tension dramatique s’intensifie. Médée chante plusieurs grands monologues. C’est là qu’apparaissent les reflets de la magie, de la sorcellerie dans « Noires filles du Styx », ou encore dans la musique plus sombre qui accompagne « Dieu du Cocyte et des royaumes sombres ». L’acte IV s’ouvre sur un prélude d’un chromatisme délicat. Créuse apparaît dans sa robe empoisonnée, s’en suit une bouleversante scène d’amour entre elle et Jason. C’est également le moment des derniers affrontements entre Créon et Médée qui échappe aux gardes grâce aux sortilèges. Avec « Noires divinités, que voulez-vous de moi », Créon sombre dans la folie, l’accompagnement est abyssal, noir et sombre. Le prélude de l’acte V est construit sur l’air de la colère de Médée qui devient pratiquement un thème conducteur. On remarquera particulièrement le lamento du chœur des Corinthiens sur la mort de Créon, le duo d’amour et de mort de Créuse et Jason et enfin le féroce adieu de Médée à Jason. Trop longtemps la Médée de CharpentierCorneille est restée dans l’oubli…

« J’étais musicien, considéré comme bon parmi les bons, ignare parmi les ignares. Et comme le nombre de ceux qui me méprisaient était beaucoup plus grand que le nombre de ceux qui me louaient, la musique me fut de peu d’honneur mais de grande charge […] Guérit, purif ie, sanctif ie les oreilles de ces hommes pour qu’ils puissent entendre le concert sacré des anges ! » MARC-ANTOINE CHARPENTIER

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INTRODUCTION by Daniel Dollé

“To allay my misgivings, I wish I could believe you! Everything would be f ine, both my peace of mind and my reputation; but I doubt I will f ind such charms, Jason is ungrateful, Jason is a traitor; my love for him, tells me and assures me this is so, and love cannot be mistaken..” MEDEA, ACT I, SCENE 1

The work

With Medea, Marc-Antoine Charpentier (1643 - 1704) offers a sublime monument to opera. But why did he wait so long to write an opera? The answer is beyond doubt, it is because of the Lullists who insisted on protecting their bastion that they considered impregnable. However, the composer managed to force his way into the Royal Academy of Music in Paris princely support, but the Lullists had not said their last word.To write the libretto, Thomas Corneille, the younger brother of Pierre Corneille, based his work on his brother’s Medea (1634), designing a new canvas. He wrote a plot with strong drama throughout. The contribution of noble figures such as Creusa (Glauce) and Oronte is undeniable. While respecting the forms of tragedy in music and the rule of the three units, Thomas Corneille gave the work a distinctly tragic character. On December 4, 1693, 6 years after the death of Lully, Medea was produced at the Royal Academy of Music. The success was limited, with only 10 performances. The cabal of Lully enthusiasts was right to consider Lully as the only inventor of French opera. Medea was further resumed in Lille on 17 November, 1700, but a fire destroyed the sets, tragically ending the life of this opera. It was not until 1984, that a production of the Lyon National Opera, directed by Michel Corboz and staged by Robert Wilson, was to discover the work in its entirety. About 10 years later, William Christie and Les Arts Florissants provided further proof that Medea is the masterpiece of Marc-Antoine Charpentier. However, as early as

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1724, the composer and musicologist Sébastien de Brossard deplored the fact that this book: “without a doubt the most learned and most sought-after of all those printed, at least since the death of Monsieur de Lully,” was a victim “of the cabals of the envious and the ignorant, whereas it is in this of all operas, without exception, that one can learn more about the components, which are essential to good composition “

The plot

Before the raising of the curtain ... Medea, like her aunt Circe, is a sorceress. When the Argonauts land in Colchis to capture the Golden Fleece, Medea, the king’s daughter, falls in love with Jason and helps him to capture the Fleece, thanks to her magical powers. Jason and Medea marry and flee to Thessaly, where Medea commits crimes out of love for Jason. Forced to flee again, they find refuge in Corinth with their two children. Once in Corinth, Jason is about to renounce Medea to marry Creusa (Glaucé) ... Medea tells her confidante Nerine of her suspicions about Jason; she takes him to task him for his over attentiveness towards Creusa, the daughter of King Creon. Nevertheless, she agrees to offer the young woman her most beautiful dress. Jason seeks the love of Creusa, as does Oronte, prince of Argos, who also offers his military aid against Thessaly. Alleging the hostility of the people as a pretext, Creon persuades Medea to leave Corinth alone. She entrusts her children to Creusa. A love scene follows between Creusa and Jason,

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INTRODUCTION

and then Oronte’s declaration of love. Thanks to Medea, Oronte learns that Jason is his rival. Medea begs Jason not to abandon her. Medea expresses her despair and learns of the intentions of Creon and Jason. She decides to take revenge by poisoning the dress she has offered to Creusa. Creusa puts on her wedding dress. Jason is filled with admiration. Creusa reproaches him for his half-hearted reaction. Oronte talks of a rival whom he pretends not to know. Medea confronts Creon and wants to force him to perform Oronte’s wedding with Creusa. Creon orders the arrest of the sorceress who bewitches the guards and drives Creon mad. Medea resolves to kill her children. Creusa begs her to heal her father. Medea says she will be clement, if Oronte marries Creusa. One then hears of the murder of Oronte by Creon and then of Creon’s suicide. Creusa screams out her hatred of Medea, which triggers the action of the poisons contained in her dress. Creusa dies in Jason’s arms, Medea tells him that she has killed their children and flees.

The music

In 1953, the Te deum by Marc-Antoine Charpentier launched a record company and quickly became the theme music of Eurovision. However his legacy is much more important, including secular cantatas, the biblical tragedy David and Jonathas, music for Molière and Corneille, 12 masses, hymns, motets and many others. He is the master of emotion and has a special talent for chromaticism, dissonance and modulation. He could have been the kingdom’s leading musician, but for Lully who was 11 years older than him. MarcAntoine Charpentier’s unique style comes from a mix of styles. Clearly, Medea is a Lully-type opera in its form, theme and literary style. However, Charpentier and Corneille broke the mould of “Lully-style” lyric tragedy, thanks to their supreme mastery of instrumental and choral polyphony. The reference to Lully is obvious, but even so, one would search in vain to find a domain, where Charpentier is inferior to him. Medea is becoming a theatrical character in her own right and the

way in which the other characters are developed makes Medea a theatrical work. Marc-Antoine Charpentier and Thomas Corneille have their own perception of legend. Charpentier adds a music to Corneille’s libretto that is powerfully evocative of human passions and emotions. From the first act, the composer takes us into the depths of Medea’s passionate character. Charpentier’s harmonic inspiration feeds on the intense dramatic situations provided by the libretto. Act II ends with an entertaining Italian-style fantasy, during which the two enamoured rivals profess their love to Creusa. From act III the dramatic tension intensifies. Medea sings several great monologues. This is where the reflections of magic and witchcraft appear in “Black Daughters of the Styx”, or in the darker music that accompanies “God of Cocytus and Dark Kingdoms”. Act IV opens with a prelude of delicate chromaticism. Creusa appears in her poisoned dress, followed by a shocking love scene between her and Jason. This is also the moment of the last clashes between Creon and Medea, who escapes the guards thanks to her spells. With “Black divinities, what do you want from me?” Creon sinks into madness, the accompaniment is unfathomable, dark and sombre. The prelude to Act V is built on the air of Medea’s wrath that is practically a driving theme. Of particular note is the lamento of the Corinthian choir at the death of Creon, the duo of love and death of Creusa and Jason, and finally the ferocious farewell of Medea to Jason. For too long the Medea of ​​CharpentierCorneille has remained forgotten...

“I was a musician, considered as good among the good, and ignorant among the ignorant. However, as the number of those who despised me was much greater than those who praised me, music gave me little honour and was a great burden ... Heal, purify and sanctify the ears of these men, so that they can hear the sacred concert of angels!” MARC-ANTOINE CHARPENTIER

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ARGUMENT Traduit du programme de salle de l’English National Opera par Tania Rutigliani

Afin de reconquérir le trône, dont il est l’héritier légitime, Jason s’est rendu en Colchide afin de ravir la Toison d’or. La princesse de Colchide - la sorcière Médée, tombe amoureuse de Jason et use de sa magie et du meurtre pour l’aider. Elle tue, entre autres, l’usurpateur Pélias et retourne avec Jason en Thessalie – terre natale de celui-ci. Acaste qui décide de venger son fils et pousse les deux amants à la fuite – avec leurs deux jeunes enfants, vers Corinthe, royaume de Créon (et de sa fille Créuse). Acte I Médée craint que l’amour de Jason soit en déclin. En effet, celui-ci courtise Créuse afin de s’assurer la protection et les faveurs de son père Créon. Mais Médée suspecte, et le raconte à sa confidente Nérine, que cette relation ait dépassé le simple stade du badinage. Jason rassure Médée et lui jure fidélité, il lui demande cependant d’offrir sa belle robe dorée à Créuse. Une fois seul, Jason se confie à son ami Arcas et lui avoue qu’il aime Créuse. Arcas le supplie de garder à l’esprit que Médée est une magicienne puissante à la nature vengeresse. Créuse est promise au prince Oronte d’Argos, ses armées sont nécessaires à Créon s’il veut vaincre Acaste de Thessalie dans la guerre imminente. Malgré les promesses faites à Oronte, Créon encourage cependant Jason à courtiser sa fille en lui promettant sa main à la fin de la guerre. Oronte et son armée arrivent alors à la cour de Créon et font serment d’allégeance à celui-ci. À la fin de cet acte, les corinthiens célèbrent l’union de Vénus et de Mars. Acte II Créon annonce à Médée que, pour la sécurité du royaume et pour calmer l’animosité de son peuple, elle doit s’exiler de Corinthe pendant la guerre – abandonnant Jason et ses enfants. Elle proteste en arguant que les crimes qu’elle a commis en Colchide étaient faits par amour, mais Créon ordonne qu’elle soit partie d’ici la fin de la journée. Elle confie ses enfants à Créuse et part. Seuls, Jason et Créuse se déclarent leur amour

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mais ce rendez-vous est interrompu par Oronte. Celui-ci a préparé un petit divertissement servant à prouver à la princesse corinthienne l’amour sincère qu’il lui porte. Des Captifs d’Amour entrent tirant derrière eux un chariot sur lequel trône Cupidon – qui exhorte Créuse d’accepter la main d’Oronte sans délai. Acte III Oronte promet l’asile à Médée si elle l’aide à accélérer le mariage entre lui et Créuse. Elle lui confie alors ses doutes concernant Jason et Créuse et que son bannissement ne serait qu’une mascarade afin que les deux amoureux puissent se marier. Oronte et Médée se promettent de s’entraider. Oronte part et Jason vient dire adieu à Médée. Elle le supplie de ne pas la laisser errer seule, il lui répond que pour le bien de leurs enfants et les nécessités de la guerre, il est obligé de rester à Corinthe. Il part laissant Médée seule à contempler son destin. Nérine confirme alors les soupçons de Médée en lui rapportant les propos d’Arcas - Jason ayant confié à Arcas qu’il compte se marier avec Créuse et régner sur Corinthe. Médée, folle de rage, fait appel à ses pouvoirs magiques et invoque l’esprit de la Jalousie et de la Vengeance. Des démons surgissent et l’aident à ensorceler la robe dorée destinée à Créuse. Acte IV Jason et Cléone, confidente de Créuse, admirent la robe dorée offerte par Médée à Créuse. Les amants sont alors interrompus par Oronte laissant libre cours à sa colère – due aux insinuations de Médée. Il est convaincu que Médée a raison quand celle-ci apparaît et jure que Créuse ne sera jamais la femme de Jason. Médée ordonne à Jason de quitter sa maitresse – Créuse contemplant la scène tremblante. Créon et ses soldats arrivent et, furieux, ordonne que Médée soit escortée hors du palais. Médée jette un sors qui désarme les gardes et fait paraître une magnifique femme qui ensorcèle Créon. Devenu fou par cette vision, Créon prend la fuite.

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SYNOPSIS From English National Opera programme

In order to regain his stolen throne and birthright, Jason has sailed to Colchos in the Argo to retrieve the Golden Fleece from its sacred shrine. The Colchon princess (and sorceress) Medea has fallen in love with him and aided him in his quest through use of magic arts and murder. Returning with him to his native Thessaly, she has killed the usurping King Pelias. Pursued by his avenging son, Acastus, the couple have fled with their two young sons to Corinth, kingdom of Creon and his daughter Creusa. Act I Medea fears that Jason’s love is waning. He has paid court to the princess Creusa in order to win the favour and protection of her doting father, but Medea tells her confidante, Nerina, that she suspects the liaison has become no mere dalliance. Jason enters and dismisses her suspicions but asks her for a beautiful golden dress to give to Creusa. Left alone with his confidant Arcas, Jason admits the extent of his true feelings for Creusa. Arcas begs him to be mindful of the vengeful nature and magic powers of Medea. Creusa is betrothed to Prince Orontes of Argos, whose alliance Creon needs in the war that looms with Acastus of Thessaly. Although promised to Orontes, Creon tells Jason that Creusa shall be his once the battle is won. Orontes arrives, eager to meet his bride and commits his army to Corinth’s defence. The Corinthians celebrate the union of Venus and Mars. Act II Creon tells Medea that, for the safety of the realm and to calm the animosity of his people, she must be exiled for the duration of the war, leaving Jason and her children behind in Corinth. She protests that her crimes have all been for the sake of Jason but Creon orders her to be gone by the end of the day. She places her children in Creusa’s care and leaves. Alone together, Creusa and Jason declare their love but their tryst is interrupted by Orontes, who has prepared an entertainment to illustrate the sincerity of his passion for the princess. Captives of Love enter, pulling the chariot of

Cupid, who urges Creusa to accept Orontes’ hand without further delay. Act III Orontes promises Medea refuge in the land of Argos if she aids him in speeding the wedding to Creusa. She tells him her suspicions of the love between Jason and Creusa and that her banishment is a pretext to enable their marriage. They vow to support each others cause. Orontes leaves and Jason comes to bid Medea farewell. She begs him not to let her wander alone without him, but he argues the necessity of war, his allegiance to Creon and the good of their children. He leaves and Medea sadly contemplates her fate. Nerina confirms her suspicions, telling Medea that Arcas has confessed to her the full extent of Jason’s plan to wed Creusa and reign in Corinth. Medea forces her from the room and summons her powers, unleashing the spirits of Jealousy and Vengeance. Demons arise and aid her as she casts a spell and poisons the golden dress destined for Creusa. Act IV Creusa’s confidante Cleonis and Jason admire Creusa’s beauty in the golden dress of Medea. The lovers steal a few moments together before Orontes arrives, giving vent to his angry suspicions. He is convinced of the truth of Medea’s words, but Medea appears, vowing that Creusa shall never be Jason’s bride. She orders him to leave her as she contemplates, trembling, the course her revenge must now take. Creon and soldiers enter. He is angry to find her within his palace and orders them to take her away. Medea casts another spell, disarming the guards and summoning the spirits of beautiful women to enchant the senses of Creon. Creon is driven insane by the vision and runs away, wildly through his palace.

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SYNOPSIS

Acte V Nérine raconte à Médée que Créon est en plein délire. Médée lui répond que sa vengeance ne connaît pas de limites s’il s’agit de faire souffrir Jason. Même ses propres fils ne seront pas épargnés. Créuse apparaît et supplie Médée de lever l’enchantement de son père. Médée lui promet de le faire si Créuse se marie avec Oronte et la confronte à ses actes adultères. Terrifiée, Créuse accepte de quitter Jason pour sauver la vie de son père. Cléone et la cour arrivent en annonçant que Créon, dans son délire, a tué Oronte et s’est ensuite suicidé. Créuse renvoie Cléone et les corinthiens avant d’affronter avec rage Médée, elle lui jure que Jason la vengera. Médée effleure Créuse et part. L’enchantement de la robe dorée s’active et le poison se déverse sur Créuse qui s’effondre en agonisant. Jason se précipite vers son aimée qui meurt dans ses bras. Bouleversé, il cherche une arme afin de punir Médée. Il se retourne et fait face à Médée surplombant les corps sans vie de leurs enfants. Médée déclare sa vengeance accomplie et part. Le palais est détruit.

Act V Nerina tells Medea of Creon’s ravings. Medea replies that her vengeance shall know no bounds in her desire to inflict suffering on Jason. Even his own sons shall not be spared. Creusa appears, begging Medea to lift the spell on her father. Medea promises to do so once she has seen Creusa wedded to Orontes and confronts the princess with her adulterous love for Jason. Terrified, she agrees to give Jason up if her father’s life is spared. Cleonis and the court enter with news that Creon, raving, has killed Orontes and then himself. Creusa dismisses the lamenting Corinthians and turns in fury on Medea, swearing that Jason will take revenge. Medea touches her and leaves. The enchanted dress releases its poison and Creusa collapses in agony. Jason rushes in and she dies in his arms. Jason runs, distraught to find a weapon to punish Medea but is confronted by her and the vision of his two sons, dead. Medea declares herself revenged and departs. The palace is destroyed.

Medea Corrado Giaquinto, 1750 National Gallery. Hinton Ampner, Angleterre Huile sur toile

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ARGUMENT

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Medea (détail) d’après le tableau d’Eugène Delacroix. Paul Cezanne, 1880 Kunsthaus, Zurich, Suisse Huile sur toile

« Pour comprendre ce qu’est un mythe, n’avons-nous donc le choix qu’entre la platitude et le sophisme ? Certains prétendent que chaque société exprime, dans ses mythes, des sentiments fondamentaux tels que l’amour, la haine ou la vengeance, qui sont communs à l’humanité tout entière. Pour d’autres, les mythes constituent des tentatives d’explication de phénomènes difficilement compréhensibles, astronomiques, météorologiques, etc. Quelle que soit la situation réelle, une dialectique qui gagne à tous coups trouvera le moyen d’atteindre à la signification. » CLAUDE LÉVI-STRAUSS, ANTHROPOLOGIE STRUCTURALE

Qui es-tu Médée ?

D

par Daniel Dollé

epuis Ovide, Euripide et Sénèque, depuis La Péruse et Corneille, le mythe de Médée fut revisité des centaines de fois et a donné naissance à des ouvrages majeurs, telle la Médée de Pasolini, dans lequel le cinéaste fait de Médée, interprétée par Maria Callas, une tragédie de la barbarie et de la démesure, une œuvre primitive et cérémonielle. Au cours des saisons écoulées, le Grand Théâtre de Genève vous a présenté deux approches du mythe incontournable de Médée, en programmant Medea de Luigi Cherubini (en 2014-2015 à la Place de Neuve) et Il Giasone de Francesco Cavalli (en 2016-2017 à l’Opéra des Nations). Pour compléter le tryptique, il fallait encore une autre approche grâce à une œuvre essentielle du répertoire lyrique : Médée de Marc-Antoine Charpentier, un ouvrage resté trop longtemps sous-estimé et dans l’oubli, mais qui compte parmi les joyaux de la musique baroque. Trois manières d’appréhender le mythe qui nous vient de la Grèce antique, le

berceau de la civilisation et qui nous transporte au temps des Argonautes et de la Toison d’or. Des siècles se sont écoulés et le personnage de Médée fascine et interroge toujours. Au XX ème siècle (1946) Jean Anouilh transpose le mythe dans un espace contemporain. Médée, dans une roulotte tirée par un vieux cheval, attend des nouvelles de Corinthe où l’on fête le mariage à venir de Jason et de Créuse. Après le meurtre de ses enfants, Médée se suicide à la fin de la pièce. En 1949, Corrado Alvaro écrit Longue nuit de Médée. Il nous présente une Médée qui a perdu sa rage vengeresse, elle vit la tragédie de l’abandon. Il nous donne à voir une femme abandonnée, condamnée à la solitude impénétrable et qui doit malgré tout continuer à vivre. Plus près de nous, de 1982 à 1984, Heiner Müller écrit trois textes (Rivage à l’abandon, Medeamaterial, Paysage avec Argonaute) autour de la figure centrale de Médée. Il s’agit d’une approche très originale du mythe, en moins de dix pages. L’ouvrage commence par un bref dialogue entre Médée et Jason

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séparés, et laisse ensuite la parole à la magicienne jusqu’à l’accomplissement de ses crimes. Le monologue de Médée concentre les griefs à l’encontre de Jason qui représente un monde fondé sur la violence et la trahison de Médée. Médée n’est pas uniquement une magicienne, une mère cruelle, mais une figure de tous les temps, à la fois antique et contemporaine, c’est-à-dire un mythe, une parole vive. Dans le grand mythe fondateur de Médée, le poète allemand, Heiner Müller trouve une métaphore des combats socio politiques contemporains. Avec Heiner Müller, Médée tue la vie qu’elle a donnée et condamne l’homme à la mortalité. Elle reste un monstre de cruauté et une victime, même ses enfants l’ont trahie en choisissant la vie facile à la cour de Corinthe, plutôt que de la suivre dans son exil. « Des comédiens voilà ce que vous êtes / Des enfants de la trahison. / Plantez vos dents dans mon cœur et partez / Avec votre père qui a fait de même avant vous. » Médée est confrontée au vide : « Je veux déchirer l’humanité en deux / Et demeurer dans le vide au milieu Moi / Ni femme, ni homme. » E n 1 9 9 2 , L a M o n n a i e d e B r u xe l l e s c r é e Medeamaterial de Pascal Dusapin, compositeur de musique contemporaine, né en 1955, dont le livret fait appel au texte du poète allemand, Heiner Müller. L’œuvre devient un immense et exigeant monologue. En 2007, la chorégraphe allemande, Sasha Walz chorégraphie Medeamaterial pour le Grand Théâtre du Luxembourg. Avant de poursuivre notre rencontre avec Médée, ou plutôt les Médées, femme protéiforme à la fois victime et coupable rappelons-nous que le muthos grec indique une sorte de dérapage inscrit dans la nature du signifiant et certains écrits de Roland Barthes qui nous rappellent que l’homme qui parle exagère, sacralise même le banal, il mythifie sans qu’on sache si c’est lui qui s’exprime, l’autre, les autres ou le milieu. On perçoit alors mieux que le socle du mythe reste ancré dans l’histoire de l’Antiquité mais que les personnages, surtout la protagoniste principale, évoluent avec le narrateur et le temps. Gaston Bachelard nous rappelle : « Tout humain est engagé dans le mythe. »

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Résumons l’histoire de Médée en cinq mythèmes 1 : En Colchide : la conquête de la Toison d’or. Médée aide Jason à conquérir la Toison d’or, étant tombée amoureuse de lui, en échange d’une promesse de mariage. En Thessalie. Suite à un nouveau crime, Jason et Médée sont bannis. Corinthe. La mort des enfants. Médée retrouve son statut d’étrangère, de barbare. Plusieurs versions s’affrontent quant à la mort des enfants. Athènes : Egée et Thésée. Médée se réfugie à Athènes, mais cédant à ses funestes penchants, elle est expulsée. Médée fonde l’empire des Mèdes. Seul le troisième mythème a largement passé à la postérité et continue à être revisité, interrogé et interprété. Médée est et restera une figure capitale de la légende de la Toison d’or. Dès le VIIIème siècle avant J.-C., elle apparaît comme « la vierge aux yeux qui pétillent » dans la Théogonie du poète grec Hésiode. Dans les différentes versions de Médée, la magicienne n’est pas toujours l’infanticide, certaines nous apprennent que les enfants ont été victimes des Corinthiens après le départ de Médée – en représailles de ses agissements criminels. Dans une des premières versions de Médée, chez Eumélos de Corinthe, les enfants meurent également à la fin, mais Médée n’est pas la meurtrière. Euripide (431 avant J.-C.) semble avoir été le premier à proposer une étude de caractère de Médée et des personnages qui l’entourent. Il est le premier à opter pour la version de l’infanticide maternel, il invente le crime. On remarquera que chez cet auteur, les enfants ne portent pas de nom, Euripide a imaginé un personnage victime de la cruauté masculine et fait preuve d’empathie à l’égard de l’héroïne : « Celui qui était ma vie, mon 1

Un mythème est un énoncé élémentaire constitutif d’un mythe. Ce néologisme a été créé par Claude Lévi-Strauss

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propre époux, a fait preuve à mon égard de la pire des cruautés ». Nous ne nous attarderons pas sur les récits du livre VII des Métamorphoses d’Ovide construit sur le mythe de la conquête de la Toison d’or et de ses conséquences, pour nous arrêter quelques instants sur la Médée (1 er siècle après J.-C.) de Sénèque qui a une conception presque opposée à celle d’Euripide. Il accentue l’isolement et la barbarie du personnage. Il décrit longuement les incantations magiques (v. 740-848) et dépeint Médée comme une Ménade sanglante 2. « C’en est trop, ô mon âme égarée ; ce forfait inouï, ce meurtre abominable, je ne veux pas le commettre. Quel est le crime de ces malheureux enfants ? Leur crime, c’est d’avoir Jason pour père et surtout Médée pour mère. Qu’ils meurent, car ils ne sont pas à moi ; qu’ils périssent, car ils sont à moi. Ils ne sont coupables d’aucun crime, d’aucune faute ; ils sont innocents : je l’avoue... mon frère aussi était innocent. » Les enfants sont tués sur scène. Sénèque nous livre une tragédie déclamatoire qui se démarque du modèle grec. Sénèque construit sa pièce sur une opposition entre le monde des femmes et celui des hommes. Les spectatrices et les spectateurs pouvaient-ils éprouver de la compassion pour le monstre que Sénèque met en scène à l’époque de l’empereur Néron ? À présent, faisons un grand bond à travers les siècles pour arriver chez Pierre Corneille qui choisit un sujet mythologique pour sa première tragédie, Médée, en 1635. Avant lui, Jean de La Péruse (1529-1554) avait osé une Médée (imprimée en 1556) qui lui valut une solide réputation de son vivant et qui depuis est tombé dans l’oubli. Il souhaitait créer une tragédie française capable de rivaliser avec celle des anciens. Oserons-nous dire que Pierre Corneille réalise la synthèse des visions du mythe d’Euripide et de Sénèque ? Il met en scène la passion de l’épouse révoltée, la mère luttant contre celles et ceux qui veulent lui arracher l’âme du corps. Il interroge et approfondit les données 2

Médée, in : dénouement (v. 891 – fin)

initiales du mythe. Il structure la pièce sur la situation tragique de la femme abandonnée par l’homme qu’elle aime. Le double affrontement qui l’oppose à Jason, qui l’abandonne pour épouser Créuse (Glauce), et au roi de Corinthe, Créon, éveille en elle le désir de vengeance et déclenche un double crime, régicide et infanticide. Corneille amplifie le pathos, sa Médée est la victime de l’ingratitude de Jason, malgré ses deux enfants, elle n’est que la concubine de Jason, elle n’est plus rien en Grèce qu’une barbare à qui on demande de partir pour laisser sa place à une rivale. Sa folle passion pour Jason et le désespoir lié à l’abandon vont faire d’elle une infanticide, une régicide, après avoir été une patricide, une criminelle. Les enfants deviennent pour elle la meilleure façon de punir l’amant infidèle, elle en oublie qu’ils sont ses propres enfants qu’elle aime et qu’elle protège : « Il me prive de vous, je vais l’en priver » (Médée, Acte V). Transpercée par les flèches de l’amour, Médée perd une partie de la responsabilité de ses actes. Elle est plongée dans, ce que Blaise Pascal appellera (Les Pensées) : « les misères de leur aveuglement et de leur concupiscence qui est devenue leur seconde nature. » La magicienne ne pouvait pas accepter son exil sans résistance, ou respecter les lois. Elle s’empare de tout ce qui revient normalement au héros et l’utilise contre lui. Elle est une héroïne cornélienne et affirme que toutes celles et que tous ceux qui ont réussi à surmonter les viles passions ont pu le faire grâce à Médée. Elle réplique à Créon : « Tous vos héros tiennent de moi la vie. » (Acte II, sc.2, v. 441) Grâce à Freud, nous savons que tout crime interroge le désir. Elle ne projette pas de tuer celui qui l’abandonne, mais de le priver de ses enfants en étant consciente que la nouvelle épouse n’enfantera pas, car elle l’a occise. Elle se prive de ce qu’elle a de plus cher pour créer chez Jason le manque qu’elle ressent. Médée devient une figure paradigmatique de la mère meurtrière. Pour rétablir la justice, elle est prête à en payer le prix et à rester seule. Les enfants objet du désir du père deviennent des objets de vengeance. L’éros s’est transformé en une pulsion de destruction. En

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tuant Créuse, l’éros est devenu thanatos. La parure érotique, que Médée offre à Créuse qui a enflammé Jason, se transforme en parure mortelle. La mort de Créuse, ainsi que la mort de Créon sont liés au pouvoir magique de Médée qui devient une sorcière, mais également une héroïne, l’ancêtre des héroïnes noires. Médée est une femme lacanienne 3, au moment où Médée tue se propres enfants, elle abandonne tous les désirs phalliques ; elle assume son vide même. C’est dans ce sens que l’acte, dans le mythe, de tuer ses propres fils a transformé Médée en « vraie femme ». Avant de tuer ses enfants, elle a éliminé les hommes de sa famille, elle traverse son Œdipe et forge sa féminité sur le sacrifice des hommes. Thomas Corneille, le frère cadet de Pierre, écrit le livret de la tragédie lyrique en cinq actes et un prologue de Marc-Antoine Charpentier qui reprend tous les éléments du théâtre antique : texte, danse et musique. La tragédie en musique comporte toujours cinq actes ordonnés autour d’un acte central, l’acte III qui est celui de Médée – au cours duquel elle dévoilera toutes les facettes de sa personnalité : magicienne, épouse délaissée, amoureuse transie et mère monstrueuse. Le Prologue nous rappelle que le principal destinataire de l’œuvre était le roi, Louis XIV, et qu’il s’agit « d’un art typiquement versaillais ». En d’autres termes, une sorte de mise en condition musicale qui explique le parti pris de supprimer le Prologue par certaines équipes de production. Tout en citant des vers de son frère aîné dans son texte, Thomas Corneille a su donner au personnage de Médée une humanité, une grandeur qui suscitent chez le public une sympathie, une empathie pour un personnage qui cristallise la cruauté. Comme dans la plupart des ouvrages lyriques, symétrie inversée de la tragédie parlée, Médée est une femme passionnée, plutôt qu’une criminelle amoureuse. Elle se transforme en personnage archétypal. La partition se nourrit de l’intensité dramatique du livret et Charpentier 3

de Jacques Lacan, psychiatre et psychanalyste du XXème siècle

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rend Médée émouvante. Lorsque Jason, devenu pitoyable, veut se venger de Médée, elle part et le palais en feu s’effondre. Mais où va-t-elle ? Dans Médée de Christa Wolf, la magicienne se demande : « Où vais-je aller. Y a-t-il un monde, une époque où j’ai ma place ? Personne, ici, à qui le demander. Voilà la réponse. » Et Sénèque fait répondre Jason : « Va parmi les espaces de l’éther sublime, / Porte témoignage qu’il n’y a pas de dieux / Là où tu te rendras. » Médée, emportée par sa passion, parvient à l’abîme. En tuant le fruit de ses entrailles, elle se tue en tant que mère, refuse sa maternité puisqu’elle n’est plus le désir d’un homme. Sa souffrance la conduit à la dissolution de tous les liens et à la solitude. Elle part vers un monde sans assujettissement. Selon Georges Bataille, elle rejoint le monde de l’immanence grâce à une élévation extatique hors du monde des choses. Médée représente également l’ambivalence du féminin, une sorte de dialectique de l’ombre et de la lumière. N’est-elle pas la petite-fille du soleil et ne convoque-t-elle pas les esprits infernaux ? Médée est bien une victime en même temps qu’une criminelle. Elle est victime de Jason et de son destin. Elle est en exil et apparaît comme une étrangère, comme une barbare à Corinthe. Elle ne saurait être l’épouse de Jason, son statut est celui d’une concubine et ses enfants sont des bâtards. Médée n’est pas uniquement jalouse et infanticide par un excès de passion humaine. En elle, cohabitent l’amour maternel, le désir de vengeance, l’enfantement et l’infanticide. Cette dualité de sentiments contraires, cette ambivalence est parfaitement traduite dans un tableau d’Eugène Delacroix qui nous présente Médée étreignant ses enfants contre son sein en même temps qu’elle serre la dague qu’elle va utiliser pour les occire. En tuant ses enfants, elle a transgressé l’image de donneuse de vie, et incarne le monstrueux. Médée devient une femme virile et renverse la norme patriarcale grecque. Son crime révèle une inversion des rôles masculin et féminin. D’un bout à l’autre de son existence, Médée est transgressive et hors règles, mais elle reste

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impunie. Dans l’œuvre de Jean Anouilh apparaît l’infériorité du statut de femme, Médée se qualifie d’amputée : « Ô soleil, si c’est vrai que je viens de toi, pourquoi m’as-tu faite amputée ? Pourquoi m’as-tu faite une fille ?... N’aurait-il pas été beau le garçon Médée ? Femme ! Femme ! Chienne ! Chair faite d’un peu de boue et d’une côte d’homme ! Morceau d’homme ! Putain ! » Une réplique qui pourrait faire rêver les féministes. Pour parvenir à ses fins, Jason l’a utilisée, à présent, il la répudie et ses enfants considérés comme bâtards risquent de devenir des esclaves. Médée donnera naissance au « Complexe de Médée ». Elle se place en-dehors de la normalité, elle est une figure paradoxale. Euripide en aura fait une héroïne et Sénèque nous présente une femme folle furieuse. Quoi qu’il en soit, Médée se place en marge du droit, elle applique la loi du talion, elle ne discute pas, ni ne pardonne, en cela elle exprime la résurgence d’un monde archaïque. À l’époque le ventre féminin est comme la matière, la glaise. Il est purement passif, comme une cire sur laquelle la semence de l’homme s’imprime de sorte que la figure de l’enfant, c’est l’homme qui l’a donnée. Dans une société patriarcale basée sur l’exclusion des femmes, des étrangers et des esclaves, Médée pourrait bien manifester la résurgence d’une société matriarcale. Ne serait-elle pas l’illustration de la nature bafouée, colérique et vengeresse ? Ne représenterait-elle pas l’éternel féminin ? Où serait le mal ? « Seuls les dieux qui le premier a fait le mal » nous rappelle la dernière réplique de Médée dans Longue nuit de Médée, la pièce de Alvaro Corrado. Mais qui es-tu Médée ? Si Christa Wolf, en 1997, dans sa Médée, un « concerto à 6 voix », la réhabilite, d’autres l’accusent d’être patricide, fratricide, régicide et infanticide et ne voient en elle que la criminelle, une incarnation du chaos. Mais l’ordre laisse souvent indifférent, pour ne pas dire ennuie. Médée traverse les siècles, les générations et continue à inspirer. Qui es-tu sorcière de Colchis pour nous interpeler tant, pour nous arracher tant de mots, tant de réflexions ? Ton trait dominant serait-il la magie, le mystère ?

BIBLIOGRAPHIE

Georges Bataille, La part maudite, L’expérience intérieur et Théorie de la religion, Les éditions de minuit, 1967. Pierre Corneille, Médée, édition Hatier Classiques & Cie, 2013. Euripide, Médée, édition Librio, 2002. Jacques Lacan, Le Séminaire, tome XVIII et XX, édition Seuil, 2007. Claude-Noële Pickmann, Colette Soler : Ce que Lacan disait des femmes. Étude de psychanalyse, in : Figures de la psychanalyse, vol. n°10, 2004. Christine Poisson-Lepoire, La femme n’existe pas, édition erès, 2000. Louis Séchan, La légende de Médée, in : Revue des Études Grecques, tome 40, 1927. Sénèque, Médée, édition Flammarion, 2019. Christa Wolf, Médée, édition roman stock, 2001.

« Nous ne prétendons donc pas montrer comment les hommes pensent dans les mythes, mais comment les mythes se pensent dans les hommes, et à leur insu. » CLAUDE LÉVI-STRAUSS, LE CRU ET LE CUIT

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© GTG / MAGALI DOUGADOS

Anna Caterina Antonacci (Médée) pendant les répétitions au studio de Meyrin en mars 2019.

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Médée

Euripide Traduction de René Biberfeld

[ … ] jason

Espèce de monstre, femme haïe entre toutes Des dieux, de moi, et de tout le genre humain, Qui a osé frapper de ton épée les enfants Que tu as mis au monde, et m’as tué en m’ôtant mes fils. ] Et après l’avoir fait, tu regardes le soleil Et la terre, toi, l’auteur d’un acte si abominable. Puises-tu crever ; aujourd’hui, je me rends compte, j’étais aveugle ] Quand, de ta demeure, de ta terre barbare, Je t’ai ramenée chez moi, en Grèce, immonde peste, Et tu avais trahi ton père et la terre qui t’a nourrie. Les dieux m’ont lancé ton génie vengeur ; Tu avais tué ton frère à ton propre foyer avant D’embarquer sur le navire Argo, à la belle proue. C’était un bon début ; tu m’as épousé Moi et tu m’as donné des enfants, Que tu as sacrifiés à tes noces et à ta couche. Il n’est pas de femme grecque qui L’aurait osé ; plutôt qu’elles, c’est toi Que j’ai épousée, m’unissant à une fatale ennemie, Une lionne, pas une femme, d’une nature Plus sauvage que la Thyrénienne Scylla. Mais je pourrais t’abreuver de milliers d’injures, tu n’en sentirais pas La morsure, tu respires une telle impudence ! ] Va te faire pendre ailleurs, être abject, immonde infanticide. Il ne me reste plus qu’à gémir sur mon sort, Je ne profiterai pas de mon nouvel hymen, Les enfants que j’ai engendrés et nourris, je ne les Aurai plus en vie, pour leur parler ; je les ai perdus.

médée

J’aurais beaucoup à dire pour répondre À tes discours, si Zeus, notre père, ne savait pas Ce que j’ai fait pour toi, et ce que tu m’as fait ; Tu n’allais pas, après avoir fait si peu de cas de ma couche, ] Mener une vie plaisante en te payant ma tête, Et la princesse, non plus que Créon qui en a fait Ta femme, m’expulser impunément de ce pays. Traite-moi alors de lionne, si tu veux, Et de Scylla, qui réside sur le sol tyrrhénien ; Je t’ai frappé ton cœur, je le devais, comme tu me l’as fait. ] jason

Tu souffres, toi aussi, et partages ce malheur. médée

Sache-le : cette douleur me libère, si ça te coupe l’envie de rire. ] jason

Ô mes enfants, vous avez trouvé là une mauvaise mère. médée

Ô mes fils, comment vous êtes morts de la folie de votre père ! ] jason

Ils n’ont pas été tués de ma main. médée

À cause de tes outrages, et de ton nouveau mariage.

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MÉDÉE EURIPIDE

jason

Tu as pris sur toi de les immoler à ton lit. médée

Crois-toi que ce n’est qu’une légère atteinte pour une femme ? ] jason

Oui, si elle sait se tenir ; tu respires la méchanceté.

jason

médée

Ils ne sont plus, eux ; cette douleur te rongera.

Puisse te faire périr l’Érinys de tes enfants Et la Justice de sang.

jason

médée

médée

jason

jason

médée

médée

jason

Ils vivent, implacables vengeurs accrochés à ton crâne. Ils savent, les dieux, qui a commencé à faire souffrir. ] Ils savent donc tes abjectes pensées. Déteste-moi ! je ne supporte pas tes ignobles discours. ]

Quel est le dieu ou le génie qui t’écoute ? Tu ne tiens pas ta parole et tu trompes tes hôtes. Pouah ! Pouah ! femme immonde, qui tue ses enfants. ] Va chez toi ensevelir ta femme. J’y vais, privé de mes enfants. médée

jason

Ni moi les tiens ; il est facile d’y mettre fin.

Ce n’est pas assez pleurer ; attends donc la vieillesse. ]

médée

jason

Comment ça ? Que me faut-il faire ? Je ne demande que ça. ] jason

Laisse-moi enterrer leurs dépouilles et les pleurer. médée

Absolument pas, je les enterrerai, moi-même, de ma main, ] Je les emporterai au sanctuaire d’Héra qui protège cette hauteur, ] Qu’ils ne risquent pas de voir leurs tombes renversées ]

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Par l’un de nos ennemis. Sur cette terre de Sisyphe Je créerai une fête et des rites solennels, Toujours célébrés, en expiation de mon crime impie. Moi-même, je gagnerai le terre d’Érechthée, Je vivrai chez Égée, le fils de Pandion. Et toi, comme tu le mérites, tu mourras salement, (La tête écrasée par un débris d’Argo) Après avoir vu la triste fin de tes nouvelles noces.

Ô mes enfants chéris ! médée

De leur mère, pas de toi. jason

C’est pour ça que tu les a tués ? médée

Je voulais que tu souffres. jason

Ah ! les lèvres chéries de mes garçons

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EURIPIDE MÉDÉE

Me manquent, pauvre de moi, je voudrais tant les embrasser. ] médée

Tu leur parles à présent, tu les aimes, Tu les chassais avant. jason

Laisse-moi, par Zeus, Toucher la tendre peau de mes enfants. médée

C’est impossible ; ce sont là paroles jetées au vent. jason

Zeus, tu vois comme on me repousse, Ce que me fait subir cette abominable Lionne qui assassine ses enfants ? ] Mais, comme c’est tout ce que je peux faire, Je les pleure et j’en appelle aux dieux, Je prends à témoins les divinités Qu’après m’avoir tué mes enfants, tu m’empêches De les toucher de mes mains, et d’ensevelit leurs cadavres, ] Ah si j’avais pu ne jamais les engendrer, Pour les voir tués de tes mains ! le coryphée

Dieu règle bien des affaires dans l’Olympe, Les dieux accomplissent bien des choses imprévues, ] Ce qu’on attendait n’arrive pas, À ce qu’on n’attendait pas, un dieu trouve la voie. C’est ainsi que ce drame se termine. FIN

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Médée

Sénèque Traduction d’Eugène Greslou

[ … ] médée Quoi ! Je répandrais le sang de mes fils, des enfants que j’ai mis au monde ? C’en est trop, ô mon âme égarée ; ce forfait inouï, ce meurtre abominable, je ne veux pas le commettre. Quel est le crime de ces malheureux enfants ? Leur crime, c’est d’avoir Jason pour père, et surtout Médée pour mère. Qu’ils meurent, car ils ne sont pas à moi ; qu’ils périssent, car ils sont à moi. Ils ne sont coupables d’aucun crime, d’aucune faute ; ils sont innocents : je l’avoue ?.. mon frère aussi, était innocent. Mon âme, pourquoi balancer ? Pourquoi ces pleurs qui coulent de mes yeux ? Pourquoi ce combat de l’amour et de la haine qui déchire mon cœur et le partage dans un flux et reflux de sentiments contraires ? Quand des vents furieux se font une guerre cruelle, les flots émus se soulèvent les uns contre les autres, et la mer bouillonne sous leurs efforts opposés. C’est ainsi que mon cœur flotte irrésolu ; la colère chasse l’amour, et l’amour chasse la colère. Cède à la tendresse maternelle, ô mon ressentiment. Venez, chers enfants, seuls appuis d’une famille déplorable, accourez, entrelacez vos bras autour de mon sein ; vivez pour votre père, pourvu que vous viviez aussi pour votre mère. Mais la fuite et l’exil m’attendent. Bientôt on va les arracher de mes bras, pleurants et gémissants. Ils sont perdus pour leur mère ; que la mort les dérobe aussi aux embrassements paternels. Ma colère se rallume, et la haine reprend le dessus. La furie qui a toujours conduit mes mains les réclame pour un nouveau crime ; la vengeance m’appelle, et j’obéis. Plût au ciel que mon sein eût été aussi fécond que celui de l’orgueilleuse fille de Tantale, et que

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je fusse mère de quatorze enfants ! Ma stérilité trahit ma vengeance. J’ai mis deux fils au monde, c’est assez pour mon père et pour mon frère. Mais où court cette troupe épouvantable de Furies ? Qui cherchent-elles, et quel est le but que vont frapper leurs traits enflammés ? Pour qui sont les torches qu’agitent les mains sanglantes de ces tilles d’enfer ? Des serpents gigantesques se dressent en sifflant sur leurs têtes. Quelle est la victime que Mégère veut frapper avec cette poutre qu’elle brandit entre ses mains ? Quelle est cette ombre qui traîne avec effort ses membres séparés ? C’est mon frère ; il demande vengeance ; il sera vengé. Tourne contre mes yeux toutes ces torches enflammées, tourmente, brûle ; j’ouvre mon sein aux Furies. Dis à ces divinités vengeresses de se retirer, ô mon frère ; dis-leur qu’elles peuvent retourner sans crainte au fond des enfers. Laisse-moi avec moimême, et repose-toi sur ma main du soin de ta vengeance ; cette main, tu le sais, a déjà tiré l’épée. Voici la victime qui doit apaiser tes mânes. Mais quel bruit soudain frappe mon oreille ? On arme contre moi, on en veut à ma vie. Je vais monter sur la terrasse élevée de ce palais, ma vengeance à moitié satisfaite. Toi, nourrice, viens, je t’emporterai avec moi de ces lieux. Maintenant, courage ! Il ne faut pas que ta puissance reste cachée dans l’ombre ; il faut montrer à tout un peuple ce dont tu es capable. jason Sujets fidèles, qui pleurez le malheur de vos rois, accourez tous, et que l’auteur de ce crime tombe entre nos mains : ici, braves guerriers, ici, frappez,

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SÉNÈQUE MÉDÉE

détruisez ce palais de fond en comble. médée J’ai recouvré mon sceptre, et mon frère, et mon père ; Colchos a reconquis la riche toison du bélier de Phrixos. Je reprends ma couronne et ma virginité ravie. Ô dieux redevenus propices ! ô jour de gloire et d’hyménée ! Va, maintenant ton crime est consommé ? Ta vengeance ne l’est pas. Achève donc, pendant que tes mains sont à l’œuvre. Pourquoi hésiter, ô mon âme ? Pourquoi balancer ? Tu peux aller jusqu’au bout. Ma colère est tombée, je me repens, j’ai honte de ce que je viens de faire. Qu’ai-je donc fait, malheureuse ? Le repentir ne sert de rien, maintenant que je l’ai fait. Voilà que, malgré moi, la joie rentre dans mon cœur ; elle s’augmente et devient plus vive ; il ne manquait à ma vengeance que Jason lui-même pour témoin. Il me semble que je n’ai rien fait encore ; ce sont des crimes perdus, que ceux que j’ai commis loin de ses yeux. jason La voilà sur le bord du toit : lancez des feux contre elle, et qu’elle périsse consumée dans les flammes, instruments de ses forfaits. médée Tiens, Jason, occupe-toi de faire les funérailles de tes enfants, et de leur élever un tombeau : ton épouse et ton beau-père ont reçu de moi la sépulture et les derniers honneurs qu’on doit aux morts. Celui-ci a déjà cessé de vivre ; l’autre va subir le même sort, et tes yeux le verront. jason Au nom de tous les dieux, au nom de nos fuites communes, au nom de cet hymen dont je n’ai pas volontairement brisé les nœuds, épargne cet enfant. Si quelqu’un est coupable, c’est moi : tuemoi donc, et que le châtiment tombe sur ma tête criminelle. médée Non, je veux frapper à l’endroit douloureux, à l’en-

droit que tu veux dérober à mes coups. Va, maintenant, chercher la couche des vierges, en désertant celle des femmes que tu as rendues mères.  jason Mais un seul doit suffire à ta vengeance. médée Si j’avais pu me contenter d’une seule victime, je n’en aurais immolé aucune. Mais c’est même trop peu de deux pour apaiser l’ardeur de ma colère. Je vais fouiller mon sein pour voir s’il ne renferme pas quelque autre gage de notre hymen, et le fer l’arrachera de mes entrailles. jason Achève et comble la mesure de tes crimes, je ne te fais plus de prières ; seulement ne prolonge pas davantage la durée de mon supplice. médée Jouis lentement de ton crime, ô ma colère, ne te presse pas : ce jour est à moi, je dois profiter du temps qu’on m’a laissé. jason Mais ôte-moi la vie, cruelle ! médée Tu implores ma pitié ! C’est bien, mon triomphe est complet : je n’ai plus rien à te sacrifier, ô ma vengeance. Ingrat époux, lève tes yeux pleins de larmes : reconnais-tu Médée ? Voilà comme j’ai coutume de fuir : un chemin s’ouvre pour moi à travers le ciel ; deux serpents ailés se courbent sous mon joug et s’attellent à mon char. Tiens, reçois tes enfants, et moi je m’envole à travers les airs. jason Oui, lance-toi dans les hautes régions de l’espace, et proclame partout, sur ton passage, qu’il n’y a point de dieux. FIN

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Médée

Pierre Corneille (1682) Acte V, scène 6 et 7

SCÈNE 6 médée Lâche, ton désespoir encore en délibère ? Lève les yeux, perfide, et reconnais ce bras Qui t’a déjà vengé de ces petits ingrats : Ce poignard que tu vois vient de chasser leurs âmes, ] Et noyer dans leur sang les restes de nos flammes. Heureux père et mari, ma fuite et leur tombeau Laissent la place vide à ton hymen nouveau. Réjouis-t-en, Jason, va posséder Créuse : Tu n’auras plus ici personne qui t’accuse ; Ces gages de nos feux ne feront plus pour moi De reproches secrets à ton manque de foi. jason Horreur de la nature, exécrable tigresse ! médée Va, bienheureux amant, cajoler ta maîtresse : À cet objet si cher tu dois tous tes discours ; Parler encore à moi, c’est trahir tes amours. Va lui, va lui conter tes rares aventures, Et contre mes effets ne combats point d’injures. jason Quoi ! Tu m’oses braver, et ta brutalité Pense encore échapper à mon bras irrité ? Tu redoubles ta peine avec cette insolence. médée Et que peut contre moi ta débile vaillance ? Mon art faisait ta force, et tes exploits guerriers Tiennent de mon secours ce qu’ils ont de lauriers.

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jason Ah ! C’est trop en souffrir : il faut qu’un prompt supplice ] De tant de cruautés à la fin te punisse. Sus, sus, brisons la porte, enfonçons la maison ; Que des bourreaux soudain m’en fassent la raison : Ta tête répondra de tant de barbaries. médée en l’air, dans un char tiré par deux dragons. Que sert de t’emporter à ces vaines furies ? Épargne, cher époux, des efforts que tu perds ; Vois les chemins de l’air qui me sont tous ouverts : C’est par là que je fuis, et que je t’abandonne Pour courir à l’exil que ton change m’ordonne. Suis-moi, Jason, et trouve en ces lieux désolés Des postillons pareils à mes dragons ailés. Enfin je n’ai pas mal employé la journée Que la bonté du roi, de grâce, m’a donnée ; Mes désirs sont contents. Mon père et mon pays, Je ne me repens plus de vous avoir trahis ; Avec cette douceur j’en accepte le blâme. Adieu, parjure : apprends à connaître ta femme ; Souviens-toi de sa fuite, et songe une autre fois Lequel est plus à craindre ou d’elle ou de deux rois.

SCÈNE 7 jason Ô dieux ! Ce char volant, disparu dans la nue, La dérobe à sa peine, aussi bien qu’à ma vue ; Et son impunité triomphe arrogamment Des projets avortés de mon ressentiment. Créuse, enfants, Médée, amour, haine, vengeance,

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PIERRE CORNEILLE MÉDÉE

Où dois-je désormais chercher quelque allégeance ? Où suivre l’inhumaine, et dessous quels climats Porter les châtiments de tant d’assassinats ? Va, furie exécrable, en quelque coin de terre Que t’emporte ton char, j’y porterai la guerre : J’apprendrai ton séjour de tes sanglants effets, Et te suivrai partout au bruit de tes forfaits. Mais que me servira cette vaine poursuite, Si l’air est un chemin toujours libre à ta fuite, Si toujours tes dragons sont prêts à t’enlever, Si toujours tes forfaits ont de quoi me braver ? Malheureux, ne perds point contre une telle audace ] De ta juste fureur l’impuissante menace ; Ne cours point à ta honte, et fuis l’occasion D’accroître sa victoire et ta confusion. Misérable ! Perfide ! Ainsi donc ta faiblesse Épargne la sorcière, et trahit ta princesse ! Est-ce là le pouvoir qu’ont sur toi ses désirs, Et ton obéissance à ses derniers soupirs ? Venge-toi, pauvre amant, Créuse le commande : Ne lui refuse point un sang qu’elle demande ; Écoute les accents de sa mourante voix, Et vole sans rien craindre à ce que tu lui dois. À qui sait bien aimer il n’est rien d’impossible. Eusses-tu pour retraite un roc inaccessible, Tigresse, tu mourras, et malgré ton savoir, Mon amour te verra soumise à son pouvoir ; Mes yeux se repaîtront des horreurs de ta peine : Ainsi le veut Créuse, ainsi le veut ma haine. Mais quoi ! Je vous écoute, impuissantes chaleurs ! Allez, n’ajoutez plus de comble à mes malheurs. Entreprendre une mort que le ciel s’est gardée,

C’est préparer encore un triomphe à Médée. Tourne avec plus d’effet sur toi-même ton bras, Et punis-toi, Jason, de ne la punir pas. Vains transports, où sans fruit mon désespoir s’amuse,] Cessez de m’empêcher de rejoindre Créuse. Ma reine, ta belle âme, en partant de ces lieux, M’a laissé la vengeance ; et je la laisse aux dieux : Eux seuls, dont le pouvoir égale la justice, Peuvent de la sorcière achever le supplice. Trouve-le bon, chère ombre, et pardonne à mes feux ] Si je vais te revoir plus tôt que tu ne veux. Il se tue. FIN

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Médée

Thomas Corneille, mis en musique par Marc-Antoine Charpentier (1693) Acte V, scène 8

médée en l’air sur un Dragon C’est peu, pour contenter la douleur qui te presse, D’avoir à venger la Princesse ; Venge encore tes Enfants ; ce funeste poignard Les a ravis à ta tendresse. jason Ah, barbare ! médée Infidèle ! après ta trahison, Ai-je dû voir mes fils dans les fils de Jason ?

Médée fend les Airs sur son Dragon, et en même temps les Statues et autres ornements du Palais se brisent. On voit sortir des Démons de tous côtés, qui ayant des feux à la main embrasent ce même Palais. Ces Démons disparaissent, une nuit se forme, et cet édif ice ne paraît plus que ruine et monstres, après quoi il tombe une pluie de feu. FIN

jason Ne crois pas échapper au transport qui m’anime, Pour te punir j’irai jusqu’aux Enfers. médée Ton désespoir choisit mal sa victime. Que pourra-t-il, puisque les airs Sont pour moi des chemins ouverts ? jason Ah, le Ciel qui toujours protégea l’innocence... médée Adieu Jason, j’ai rempli ma vengeance. Voyant Corinthe en feu, ces palais embrasés, Pleure à jamais les maux que ta flamme a causés.

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Medea

de Luigi Cherubini. Traduction du livret de Carlo Zangarini (1797) Acte III, scène 6

Le temple s’ouvre, on voit sortir Medea – qui a encore en main le poignard. Giasone s’arrête consterné, le peuple est indigné d’horreur. […] medea Arrête ! et reconnais ton épouse outragée ! giasone Qu’ai-je vu justes dieux ! chœur Ô spectacle d’effroi ! giasone Barbare ! où sont mes fils ? medea Tout leur sang m’a vengée... giasone Que t’ont fait mes enfants ? medea Ils étaient nés de toi. giasone Dieux ! medea Va, fidèle époux, tendre et sensible père ! Cherche une jeune épouse, abandonne une mère !

giasone Malheureuse ! Ah ! Du moins dans ces affreux moments, ] Laisse-moi la douceur de revoir mes enfants ! Que je puisse apaiser leurs ombres gémissantes ! Que les derniers devoirs enfin leur soient rendus, Et que dans le tombeau... medea Tu ne les verras plus. giasone Mes fils, rends-moi mes fils ! medea Ils ont suivi mon frère, adieu ! Dans Iolchis va traîner la misère, De rivage en rivage errant désespéré En tous lieux fugitif, en tous lieux abhorré ! Va cacher les remords de ton âme éperdue ! Que les mères partout frémissent à ta vue ! Plus heureuse que toi je m’en vais dans les airs ! Par des chemins connus pour moi toujours ouverts ! ] Dans les Enfers bientôt je te verrai descendre, Et sur les bords du Styx mon ombre va t’attendre ! neris, giasone & chœur Juste Ciel ! Tout l’enfer se découvre à nos yeux ! L’enfer, l’enfer se découvre à nos yeux ! Fuyons de ces funestes lieux ! Fuyons ! Fuyons ! FIN

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Médée-Matériau

Heiner Müller, traduit de l'allemand par Jean Jourdheuil et Heinz Schwarzinger (1985) In : Germania Mort à Berlin et autres textes, les éditions de minuit, Alençon, 1985

médée Jason . Mon bonheur et mon malheur Nourrice. Où est mon mari nourrice Chez la fille de Créon madame

médée Comment fais-tu pour vivre dans les ruines de ton corps ] Avec les fantômes de ta jeunesse nourrice Apporte un miroir Mais ce n’est pas Médée Jason

médée Chez Créon as-tu dit

jason Femme quelle voix

nourrice Chez la fille de Créon

médée On Ne me désire pas ici Que la mort m’emporte Trois fois cinq nuits Jason tu ne m’as Appelée ni de ta voix Ni de la voix d’un esclave ni De la main ni du regard

médée Tu as bien dit chez la fille de Créon Et pourquoi pas chez la fille de Créon qui doit avoir De l’influence sur Créon son père qui Peut nous accorder droit de cité à Corinthe Ou nous chasser dans un autre exil À l’instant même peut-être embrasse-t-il Jason De ses prières ses genoux sans rides Pour moi et ses fils qu’il aime Tu pleures ou tu ris nourrice nourrice Maîtresse je Suis plus vieille que mes pleurs et que mes rires

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jason Que veux-tu médée Mourir jason J’ai souvent entendu cela

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médée Ne signifie-t-il ce corps Plus rien pour toi Veux-tu boire mon sang Jason jason Quand cela cessera-t-il médée Quand cela a-t-il commencé Jason jason Avant qu’étais-tu femme médée Médée Tu me dois un frère Jason jason Pour un frère je t’ai donné deux fils médée Donné Les aimes-tu Jason tes fils Veux-tu les ravoir tes fils Ils sont à toi Qu’est-ce qui pourrait m’appartenir à moi ton esclave ] Tout en moi est à toi instrument tout entière Pour toi j’ai tué et enfanté Moi ta chienne ta putain moi Moi barreau sur l’échelle de ta gloire Ointe de tes déjections sang de tes ennemis Et voudrais-tu pour commémorer ta victoire Sur mon pays et mon peuple qui fut ma trahison De leurs entrailles tresser une couronne Autour de tes tempes ils sont à toi Mon bien la vision des massacrés Les cris des écorchés ma propriété Depuis que j’ai quitté la Colchide ma patrie Suivant ta trace sanglante du sang des miens Pour ma nouvelle patrie la trahison Aveugle à cette vision sourde aux cris J’étais jusqu’à ce que tu aies déchiré le filet Tissé de mon et de ton plaisir Qui était notre demeure à présent mon exil

Dans ses mailles me voici disloquée La cendre de tes baisers sur les lèvres Entre les dents le sable de nos années Sur la peau rien que ma sueur Ton souffle la puanteur d’un autre lit Un homme donne la mort à sa femme en cadeau d’adieu ] Ma mort n’a pas d’autre corps que le tien Si tu es mon mari je suis encore ta femme Que ne puis-je de mes dents te l’arracher ta putain ] Avec laquelle tu m’as trahie ainsi que ma Trahison qui fut ton plaisir Merci de ta Trahison qui me rend des yeux Pour voir ce que j’ai vu cette vision Jason Qu’avec les bottes de ta troupe Tu as peintes sur ma Colchide des oreilles Pour entendre la musique que tu as jouée Avec les mains de ta troupe et les miennes À moi qui étais ta chienne et ta putain Sur corps os tombeaux de mon peuple Et mon frère Mon frère Jason Qu’en travers de la route de tes poursuivants j’ai jeté ] Dépecé de ces mains les miennes de sa sœur Pour que tu échappes à ce père dépouillé Le mien et le sien Aimes-tu tes fils Veux-tu les ravoir tes fils Tu me dois un frère Jason Qui aimez-vous le plus Le chien ou la chienne Quand vous faites les yeux doux à votre père Et à sa nouvelle chienne et au roi Des chiens son père ici à Corinthe Peut-être votre place est-elle à son auge Prends Jason ce que tu m’as donné Les fruits de la trahison issus de ta semence Et fourre-les dans les entrailles de ta putain Mon cadeau de mariage pour tes et ses noces Allez avec votre père qui vous aime À tel point Qu’il chasse du pied votre mère cette barbare Parce qu’elle fait obstacle à votre ascension

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MÉDÉE-MATERIAU HEINER MÜLLER

Ne voulez-vous pas vous asseoir à la haute table J’étais la vache à lait votre repose-pied à présent C’est ce que vous voulez Ne vois-je pas briller dans vos yeux Le bonheur anticipé des ventres pleins Pourquoi vous agripper encore à cette barbare Qui est votre mère et votre marque d’infamie Des comédiens voilà ce que vous êtes Des enfants de la trahison Plantez vos dents dans mon cœur et partez Avec votre père qui a fait de même avant vous Laisse-moi les enfants Jason un jour encore Et je me retirerai dans mon désert Tu me dois un frère Jason Je ne puis pas haïr longtemps ce que tu aimes L’amour vient et passe Je n’ai pas été sage de l’oublier Pas de rancune entre nous Ma robe de mariée prends-la en cadeau de noces pour ] Qu’il est dur à ma bouche ce mot ta jeune mariée Qui va enlacer ton corps pleurer Sur ton épaule gémir parfois dans l’ivresse Que la robe de l’amour mon autre peau Brodée par les mains de la femme dépouillée Avec l’or de la Colchide et teinte du sang Des pères frères fils lors du repas de noces Habille ton nouvel amour comme De ma peau Ainsi je serai proche de toi Proche de ton amour on ne peut plus loin de moi Eh bien pars pour tes nouvelles noces Jason Je ferai de la jeune mariée une torche nuptiale Regardez maintenant votre mère vous offrir un spectacle ] Voulez-vous la voir brûler la jeune mariée La robe de la barbare a le pouvoir De s’unir mortellement à une autre peau Blessures et cicatrices font un bon poison Et la cendre qui était mon cœur crache du feu La mariée est jeune non une chair ferme lisse Que n’ont ravagée ni l’âge ni aucun enfantement Sur son corps à présent j’écris mon spectacle Je veux vous entendre rire quand elle criera Avant minuit elle sera en flammes

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Mon soleil se lèvera sur Corinthe Je veux vous voir rire quand pour moi il se lèvera Partager ma joie avec mes enfants Voici le fiancé dans la chambre nuptiale Le voici qui dépose aux pieds de sa jeune épouse La robe de mariée de la barbare mon cadeau de noces ] Imbibé de ma sueur de soumission La voici qui se campe la putain devant le miroir Voici l’or de la Colchide qui obstrue les pores de sa peau ] Plante dans sa chair une forêt de couteaux La robe de mariée de la barbare célèbre ses noces Jason avec ta virginale épouse La première nuit m’appartient C’est la dernière La voici qui crie Avez-vous des oreilles pour ce cri Ainsi criait la Colchide quand vous étiez dans mes entrailles ] Elle crie toujours Avez-vous des oreilles pour ce cri Elle brûle Riez Je veux vous voir rire Mon spectacle est une comédie Riez Quoi Des larmes pour la jeune mariée Ah mes petits Traîtres Vous n’aurez pas pleuré pour rien Je veux de mon cœur vous arracher vous La chair de mon cœur Ma mémoire Mes chéris Le sang de vos veines rendez-le-moi Réintégrez mon corps vous entrailles C’est aujourd’hui l’échéance Jason Aujourd’hui Ta chère Médée recouvre son dû Pouvez-vous rire maintenant La mort est un présent De mes mains vous allez le recevoir J’ai abandonné en ruines derrière moi Ma patrie maintenant derrière nous mon exil

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HEINER MÜLLER MÉDÉE-MATERIAU

De peur qu’à ma honte il ne devienne votre patrie De ces humaines mains les miennes Ah Que ne suis-je restée l’animal que j’étais Avant qu’un homme ne fît de moi sa femme Médée la barbare ] Maintenant dédaignée De ces mains-là les miennes les mains Ô combien gercées rougies usées de la barbare Je veux déchirer l’humanité en deux Et demeurer dans le vide au milieu Moi Ni femme ni homme Qu’avez-vous à crier Pire que la mort Qui vous fait don de la mort si vous connaissiez la vie ] C’était Corinthe Qui êtes-vous Qui vous a Revêtus du corps de mes enfants Quel animal dans vos yeux se cache Faites les morts Vous ne tromperez pas votre mère Des comédiens voilà ce que vous êtes des menteurs et des traîtres ] Une demeure pour chiens rats serpents Ça aboie couine siffle Je l’entends bien Oh je suis maligne je suis Médée Je N’avez-vous plus de sang Maintenant plus aucun bruit Les cris de la Colchide aussi se sont tus Et plus rien jason Médée médée Nourrice Connais-tu cet homme

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Le mythe de Jason et de la Toison d’or

J

ason fut élevé sur le mont Pélion, par le centaure Chiron après que son père Aeson l’eut éloigné de son oncle Pélias, roi illégitime de Thessalie. Plus grand, Jason décide de retourner dans sa terre natale pour venger son père et récupérer le trône. En chemin il aide une vieille femme à traverser un torrent dangereux. La vieille femme n’est autre qu’Athéna qui pour le remercier, lui promet de le protéger. Pendant cette traversée Jason perdra une sandale et continuera sa route avec un pied nu. Arrivé en Thessalie, Pélias est terrifié, l’oracle de Delphes lui avait apprit qu’il sera tué par un homme chaussé d’une seule sandale. Jason demande à récupérer le trône mais avant Pélias lui ordonne de ramener la Toison d’or, en échange il pourra récupérer le trône. Avec l’aide d’Athéna et d’Héra, Jason se munit d’un navire, nommé l’Argo, et d’un redoutable équipage constitué entres autres d’Héraclès, Orphée, Thésée, etc. Les hommes de Jason seront appelés les Argonautes. Ils prirent donc la route pour Colchide, là où la toison est gardée dans une forêt par un dragon. En chemin il croise la route de Phinée, le devin aveugle et victime des Harpies. Les Argonautes se débarrassent des Harpies, libérant Phinée qui reconnaissant, leur indique la

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route pour la Colchide. Ils ont également croisé la route des roches bleues, le roi inhospitalier Laomédon etc. Arrivés en Colchide, le roi Éétès qui détient la Toison accepte de la donner à Jason s’il réussit la série d’épreuves. Jason devra donc se battre avec deux taureaux et affronter les Spartes, issus de dents de dragon. Avec l’aide de Médée, Jason triomphe, mais le roi revient sur sa décision de livrer la Toison. Alors Jason va la chercher de lui-même et en ressort indemne après que Médée eut ensorcelé le dragon. Puis ils prennent la fuite à bord de l’Argo. Pour semer son père qui le poursuit, Médée découpe son frère et jette les morceaux à la mer afin de ralentir le navire du roi. Sur le retour les Argonautes doivent faire face aux sirènes, à Charybde et Scylla, Talos etc. De retour en Thessalie, Jason livre la Toison à Pélias mais le roi à déjà tué le père et toute la famille de Jason. Alors Médée va embrouiller l'esprit des filles du roi qui tuent leur propre père en le faisant bouillir. Plus tard Jason et Médée vont se marier mais le jeune homme va quitter sa femme pour la princesse Glaucé. Pour se venger, Médée tue Glaucé et ses propres enfants qu’elle a eu avec Jason. Ce dernier trouvera la mort et Médée épousera le roi Egée.

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Now I am Medea: Charpentier and the tragédie en musique

Graham Sadler introduces Charpentier’s opera

I

t is tempting to regard Marc-Antoine Charpentier (1643–1704) as an outsider, the misunderstood genius beloved of Romantic biographers. Here was the most gifted French composer of his generation, yet one who never gained a major appointment at Louis XIV’s court, and who was long excluded from a career at the Paris Opéra by the machinations of a powerful rival. Moreover, there are glimpses in his biography of what seem injustices: a longterm employer who excluded him (but not other musicians) from her will; a cabal which led to the failure of his dramatic masterpiece Medea; and even, in the competition for one royal appointment, a suspicion of sharp practice. In reality, the picture is more complex. While Charpentier never made much impact on musical life at court, he did enjoy considerable recognition there. The king even granted him a pension, perhaps as a consolation after the composer was prevented by illness from gaining a position in the royal chapel. Charpentier also acquired several major posts in Paris which brought him great esteem,

while among connoisseurs his music was always highly prized.Hardly the unrecognized genius, then. Yet Charpentier himself was to complain of being misunderstood, albeit in a tongue-incheek context. In the Epitaphium Carpentarij the composer’s own ghost sums up his achievement: “I was a musician, considered a good one by the good musicians and an ignorant one by the ignorant. But since those who scorned me were more numerous than those who praised me, music became a small honour and a heavy burden.” There is one particular aspect of the composer’s biography which helps explain this state of affairs. Charpentier was unique among contemporary French composers in travelling to Italy, and his youthful studies in Rome in the late 1660s under the tutelage of Giacomo Carissimi left an indelible impression on his style. Without renouncing his native French idiom, he sought to enhance it with techniques and stylistic features borrowed from Italy. Yet although such features are among the aspects of his music that we relish today, many French contemporaries found

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them problematic. The brothers Parfaict, for example, considered that Charpentier ‘refused to write anything but very difficult music, music whose harmony and theoretical basis were hitherto unknown to the French’. Serré de Rieux, writing about tonight’s opera, considered that Charpentier ‘imparted to Medea, with too much liberality, the misplaced charms of high science’. Nowadays such reactions are hard to comprehend. But we should recall that the prevailing style in France, epitomized by the music of JeanBaptiste Lully, was characterized by an elegant simplicity and an avoidance of artifice. Any composer who cultivated unfamiliar harmonies or intricate formal devices was regarded with suspicion. Indeed, in the view of many people, a ‘learned’ (savant) composer was one who was too clever by half. Cou ld s uc h at t it udes h ave i n fluenced Charpentier’s choice of subject-matter for his opera Medea? The parallels are intriguing. Medea is a foreigner in Corinth, where she is feared and mistrusted for her magic powers. Charpentier, though not a foreigner, had imported to France various powerful but ‘alien’ features, which had likewise earned him mistrust. As Downing Thomas observes: ‘the magic that Medea deploys for her revenge evoked the dubious musical wizardry of Italianate harmony.’ Moreover, Charpentier’s display of this wizardry – the ‘misplaced charms of high science’ – is at its most evident in his music for Medea herself, where it contributes to a psychological portrait unsurpassed in the history of French baroque opera for its dramatic power and, above all, for the obvious sympathy with which it is drawn. It was evidently during his time in Italy that Charpentier first encountered an operatic treatment of the Medea myth, in Cavalli’s Il Giasone (1649). He was clearly impressed by the archetypal scene in which Medea deploys her occult powers to summon up the Underworld, since he used it as a model for the Witch of Endor’s invocation in his oratorio Mors Saülis et Jonathae. It would be many years before Charpentier had the opportunity to write

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a dramatic work on this subject. When French opera emerged in the 1670s, it soon came under the iron control of Lully. At the newly formed Académie Royale de Musique (colloquially known as the Opéra), Lully enjoyed a total monopoly on the public performance of French opera. Not until his death in 1687 did other composers get the chance to write for this institution. By that time, as it happens, Charpentier already had much experience of writing for the stage. Soon after his return from Italy, he was asked by Molière to compose music for Le Malade imaginaire (1673) and other plays at what would become the ComédieFrançaise. Charpentier later circumvented Lully’s monopoly by writing operas for private performance – notably La descente d’Orphée aux enfers and Les Arts florissants for his aristocratic patron Mademoiselle de Guise, and two five-act sacred tragedies, Celse mar tyr (now lost) and David et Jonathas (1688), for the pupils at the Jesuit Collège Louis-le-Grand. He was thus much the most experienced opera composer to take up the reins at the Académie Royale after Lully’s death. Medea was first performed at the Opéra on 4 December 1693, by which time Charpentier was already fifty. The libretto is by Thomas Corneille (1625–1709), a former collaborator at the ComédieFrançaise and younger brother of the great tragedian Pierre Corneille. In adapting the Medea myth, Thomas borrowed elements from dramas by Euripides and Seneca and, to lesser extent, his own brother. The plot centres on the faithlessness of Jason, Medea’s husband, who forsakes her for Creusa, King Creon’s daughter. This betrayal, and the king’s self-serving order to banish Medea from Corinth without her children, provokes the sorceress to prepare a horrific revenge. Using her occult powers, she prepares a poisoned robe for Creusa which causes the princess a lingering death, she drives Creon insane, and eventually brings about the deaths of her own children and of almost all the principal characters except Jason. For Voltaire, writing in the following century, the Medea myth was an inappropriate subject for a modern drama: ‘a poisoner, an assassin,

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cannot touch well-formed hearts and minds’. But he was evidently unaware of Thomas Corneille’s treatment of this material. The librettist chose to begin the drama at an earlier stage than his models, so that it is not until Act III that Medea becomes certain of her husband Jason’s infidelity, having discovered the truth by accident only a few moments after he has protested his innocence. This important change of perspective allows librettist and composer to humanize the portrayal of Medea, an otherwise monstrous figure, and to elicit our sympathy for her predicament. The opera received a glowing review in the Mercure galant: “The emotions are so vivid that even if the role [of Medea] were merely spoken, it would not fail to make a great impression. … Mlle Rochois, one of the finest actresses in the world, who acts with warmth, subtlety and intelligence, brings out its beauties so well. … True connoisseurs find many admirable passages in Medea.” In reality, however, audience reaction was less favourable than this suggests. The opera was lampooned in scurrilous verses which circulated in Paris, and Corneille and Charpentier had to suffer the indignity of seeing their work taken off the stage after only ten performances. Sébastien de Brossard put this down to a ‘cabal of the envious and the ignorant’. He also blamed the negligence of the orchestral players, who were later fined ‘for their incapacity or their malice’. Such hostile reactions may seem puzzling. In most respects Medea conforms quite closely to the model of the so-called tragédie en musique established by Lully. It takes its subject-matter from classical myth; its overall structure comprises the traditional five acts, preceded by a prologue in praise of Louis XIV (the prologue is not performed in these performances); and each act except the last respects the Lullian convention of including a divertissement featuring ballet, chorus and solo song. Charpentier likewise adopts Lully’s style of declamatory recitative and limits the use of extended solo arias, which moreover include little if any vocal display.

« By that time, as it happens, Charpentier already had much experience of writing for the stage. Soon after his return from Italy, he was asked by Molière to compose music for Le Malade imaginaire (1673) and other plays at what would become the ComédieFrançaise. Charpentier later circumvented Lully’s monopoly by writing operas for private performance – notably La descente d’Orphée aux enfers and Les Arts florissants for his aristocratic patron Mademoiselle de Guise [...]. He was thus much the most experienced opera composer to take up the reins at the Académie Royale after Lully’s death. » OPÉRA | MÉDÉE • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE

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Rameau – another composer who, in Voltaire’s words, had ‘the misfortune to know more about music than Lully’. Charpentier’s Medea was never revived at the Paris Opéra. A project to perform it in Lille in 1700 was abandoned when the scenery was destroyed by fire. To that extent it must be considered a flop. But at least some of the composer’s contemporaries were aware of the exceptional stature of this work, and I give the last word to Charpentier’s erudite colleague Sébastien de Brossard: “[Medea] is without question the most expert and exquisite of all that have been published, at least since the death of Mr de Lully. … It is this opera, more than any other without exception, from which may be learned the essentials of good composition.”

Caricature de la comédienne Adelaide Ristori interprétant Médée d'Ernest Legouvé paru dans Le Journal amusant, 1856 Pinacothèque Ambrosienne, Milan, Italie Gravure

© DE AGOSTINI PICTURE LIBRARY / BRIDGEMAN IMAGES

All this is what his contemporaries would have expected. What they were unprepared for was the musical content itself, and in particular the harmonic idiom. Charpentier clearly accepted the need to keep his penchant for colourful chords within reasonable bounds, knowing that the notoriously conservative Opéra audience was more used to a mild – some would say bland – harmonic diet. But from time to time, and especially in music involving Medea herself, Charpentier piles dissonance upon dissonance in a way which we nowadays find poignant, exhilarating or even spine-tingling, but which set some of his listeners’ teeth on edge. Such harmonic richness is only occasionally evident in the first two acts. But from the point where Medea reluctantly decides to unleash her supernatural powers, Charpentier increasingly reveals his own true colours. Listening to his astounding representation of Medea’s transformation from loyal wife and sensitive mother to the vengeful, demonic character she becomes in Act III, one wonders whether the composer might have identified with the line ‘Now I am Medea’ in Seneca’s classic treatment of this drama, uttered at the point where the protagonist prepares her final revenge on the uncomprehending Corinthians. Never before had French opera audiences been exposed to the intensity of harmony and expression of Medea’s invocation of the Underworld, the Corinthians’ lamentations on the death of Creon, or Creusa’s heart-rending demise. And whereas audiences expected such musical set-pieces to be distributed fairly thinly over the course of the opera, Charpentier includes far more of them than Lully, and he often allows his monologues, ensembles, choruses and ballet movements to expand to what would have been thought inappropriate lengths. The orchestra, too, is used with far greater colour and diversity than in Lully’s operas and with a degree of forcefulness not heard again in French opera until Rameau’s debut forty years later. Indeed, in this and many other respects it is remarkable how often Charpentier anticipates

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© ETROIT INSTITUTE OF ARTS, USA / CITY OF DETROIT PURCHASE / BRIDGEMAN IMAGES

L'attrait Sebastiano del Plombo, XVIème Detroit Institute of Arts, USA Huile sur toile

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Maintenant je suis Médée: Charpentier et la tragédie en musique

Graham Sadler présente l'opéra de Charpentier

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l est tentant de considérer Marc-Antoine Charpentier (1643-1704) comme un marginal, le génie incompris tant prisé des biographes romantiques. Il était le compositeur français le plus doué de sa génération, mais il n’a jamais obtenu de poste important à la cour de Louis XIV et, pendant longtemps, il a été tenu à l’écart d’une carrière à l’Opéra de Paris suite aux machinations d’un puissant rival. Sa biographie laisse également entrevoir ce qui semble être des injustices : un employeur de longue date qui l’a rayé (mais pas les autres musiciens) de son testament, un complot qui a abouti à l’échec de son chef-d’œuvre dramatique Médée, et même très probablement des pratiques déloyales dans la course à une nomination royale. En réalité, le tableau est plus complexe. Bien que Charpentier n’ait jamais eu beaucoup d’influence sur la vie musicale à la cour, il y jouissait d’une reconnaissance considérable. Le roi lui accorda même une pension, peut-être en guise de compensation suite à une maladie qui empêcha le compositeur d’obtenir un poste à la Chapelle Royale. Charpentier

trouva également plusieurs emplois importants à Paris qui lui valurent une grande reconnaissance, alors que sa musique était toujours très prisée chez les connaisseurs. Il était alors loin d’être ce génie méconnu. Pourtant, Charpentier se plaignait luimême d’être un incompris, même s’il le disait de manière un peu ironique. Dans l’Epitaphium Carpentarij, le fantôme du compositeur résume son œuvre : « J’étais un musicien, considéré comme un bon musicien par les bons musiciens et un ignorant par les ignorants. Mais comme ceux qui me dédaignaient étaient plus nombreux que ceux qui me louaient, la musique devint un honneur insignifiant et un lourd fardeau. » Un aspect particulier de la biographie du compositeur permet d’expliquer cet état de fait. Charpentier fut l’un des seuls compositeurs français de l’époque à séjourner en Italie, et les études qu’il suivit à Rome durant sa jeunesse à la fin des années 1660 sous la direction de Giacomo Carissimi marquèrent à jamais son style. Sans pour autant renoncer à son idiome français natal,

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il chercha à l’enrichir de techniques et de traits stylistiques empruntés à l’Italie. Mais bien que ces particularités constituent l’un des aspects de sa musique dont nous nous délectons aujourd’hui, de nombreux Français de l’époque les jugèrent problématiques. Les frères Parfaict, par exemple, considéraient que Charpentier « refusait d’écrire autre chose que de la musique difficile, une musique dont l’harmonie et la base théorique étaient jusqu’alors inconnues des Français ». Serré de Rieux, écrivant au sujet de l’opéra du soir, estimait que Charpentier « donnait à Médée, avec trop de libéralité, les charmes mal placés de la science de haut niveau ». De nos jours, de telles réactions sont difficiles à comprendre. Mais rappelons que le style dominant en France, incarné par la musique de Jean-Baptiste Lully, était caractérisé par une simplicité pleine d’élégance et le souci d’éviter tout artifice. Tout compositeur qui cultivait des harmonies insolites ou des procédés formels complexes était considéré avec suspicion. En effet, de l’avis de beaucoup de gens, un compositeur savant était celui qui se montrait trop subtil. De telles attitudes auraient-elles pu influencer le choix du sujet de Charpentier pour son opéra Médée ? Les parallèles intriguent. Médée est une étrangère à Corinthe où elle est crainte et méprisée pour ses pouvoirs magiques. Bien que n’étant pas un étranger, Charpentier avait importé en France divers traits caractérisques puissants mais « étrangers », ce qui lui avait également valu de la défiance. Comme Downing Thomas l’observe : « La magie déployée par Médée pour se venger évoque la magie musicale sujette à caution de l’harmonie italianisante. » De plus, l’expression de cette magie par Charpentier – les « charmes déplacés de la science de haut niveau » – est à son apogée dans sa musique pour Médée elle-même, où elle contribue à un portrait psychologique inégalé dans l’histoire de l’opéra baroque français par sa puissance dramatique et, surtout, par la sympathie manifeste qu’elle suscite. C’est évidemment au cours de son séjour en Italie que Charpentier découvrit pour la première fois le mythe de Médée abordé sous un angle lyrique, dans Il Giasone de Cavalli (1649). Il

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fut très impressionné par la scène archétypique dans laquelle Médée déploie ses pouvoirs occultes pour invoquer les Enfers, puisqu’il l’utilisa comme modèle pour invoquer la Sorcière d’Endor dans son oratorio Mors Saülis et Jonathae. Il faudra de nombreuses années avant que Charpentier n’ait l’opportunité d’écrire une œuvre dramatique sur ce sujet. Lorsque l’opéra français apparut dans les années 1670, il passa rapidement sous le contrôle de fer de Lully. À la nouvelle Académie Royale de Musique (communément appelée l’Opéra), Lully avait le monopole total sur les représentations publiques de l’opéra français. Ce n’est qu’après sa mort en 1687 que d’autres compositeurs eurent l’opportunité d’écrire pour cette institution. À cette époque, Charpentier avait déjà beaucoup d’expérience dans l’écriture pour la scène. Peu après son retour d’Italie, Molière lui demanda de composer la musique du Malade imaginaire (1673) et d’autres pièces de théâtre dans ce qui deviendrait la Comédie-Française. Charpentier court-circuita par la suite le monopole de Lully en écrivant des opéras pour des représentations privées, notamment La descente d’Orphée aux enfers et Les arts florissants pour le compte de sa protectrice aristocratique Mademoiselle de Guise, et deux tragédies sacrées en cinq actes, Celse martyr (maintenant perdu) et David et Jonathas (1688), pour les élèves du Collège jésuite Louis-le-Grand. Il fut ainsi le compositeur d’opéra le plus expérimenté à diriger l’Académie Royale après la mort de Lully. La pièce de Médée fut d’abord jouée à l’Opéra le 4 décembre 1693, époque à laquelle Charpentier avait déjà cinquante ans. Le livret est de Thomas Corneille (1625–1709), un ancien collaborateur de la Comédie-française, et le frère cadet du grand tragédien Pierre Corneille. En adaptant le mythe de Médée, Thomas emprunta certains éléments aux tragédies d’Euripide et de Sénèque et, dans une moindre mesure, à son propre frère. L’intrigue est centrée sur l’infidélité de Jason, le mari de Médée, qui l’abandonne pour Créuse, la fille du roi Créon. Cette trahison et l’ordre intéressé du roi de bannir Médée de Corinthe sans ses enfants, met la sorcière en colère et l’incite à préparer une hor-

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rible vengeance. Utilisant ses pouvoirs magiques, elle prépare une robe empoisonnée pour Créuse qui entraîne la mort lente de la princesse, elle rend Creon fou, et finalement provoque la mort de ses propres enfants et de presque tous les personnages principaux, sauf de Jason. Voltaire, qui écrivit au siècle suivant, considérait que le mythe de Médée était un sujet inapproprié pour un drame moderne : « une empoisonneuse, une meurtrière, ne peut pas toucher des cœurs et des esprits bien faits ». Mais il n’était manifestement pas au courant de la manière dont Thomas Corneille avait abordé ce sujet. Le librettiste choisit de démarrer cette tragédie plus tôt que ses modèles, si bien que ce n’est qu’à l’acte III que Médée est convaincue de l’infidélité de son mari Jason, après avoir découvert la vérité par hasard, quelques instants seulement après avoir clamé son innocence. Cet important changement de perspective permet au librettiste et compositeur d’humaniser le portrait de Médée, un personnage autrement monstrueux, et de susciter notre sympathie pour sa situation difficile. L’opéra fit l’objet d’une critique très élogieuse dans le Mercure Galant : « Les émotions sont si vives que même si le rôle [de Médée] était simplement parlé, il ne manquerait pas de faire bonne impression. … Mlle Rochois, l’une des cinq plus grandes actrices au monde, qui joue avec chaleur, subtilité et intelligence, met si bien ses atouts en valeur. … Les vrais connaisseurs trouvent de nombreux passages admirables dans Médée. » Mais en réalité, la réaction du public fut moins favorable que cela ne le laisse supposer. L’opéra fut la cible de vers calomnieux qui circulaient dans Paris. Corneille et Charpentier se trouvèrent réduits à voir leur œuvre retirée de la scène au bout de seulement dix représentations. Sébastien de Brossard attribua cela à une « cabale d’envieux et d’ignorants ». Il dénonça également la négligence des musiciens de l’orchestre qui furent par la suite condamnés pour « leur incapacité ou leur malveillance ». De telles réactions hostiles peuvent sembler déroutantes. À bien des égards, Médée se conforme très étroitement au modèle de la tra-

« À cette époque, Charpentier avait déjà beaucoup d’expérience dans l’écriture pour la scène. Peu après son retour d’Italie, Molière lui demanda de composer la musique du Malade imaginaire (1673) et d’autres pièces de théâtre dans ce qui deviendrait la Comédie-Française. Charpentier court-circuita par la suite le monopole de Lully en écrivant des opéras pour des représentations privées, notamment La descente d’Orphée aux enfers et Les arts florissants pour le compte de sa protectrice aristocratique Mademoiselle de Guise [...] Il fut ainsi le compositeur d’opéra le plus expérimenté à diriger l’Académie Royale après la mort de Lully. » OPÉRA | MÉDÉE • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE

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à la mort déchirante de Créuse. Et alors qu’il s’attendait à ce que ces ensembles musicaux soient répartis assez subtilement tout au long de l’opéra, Charpentier en inclut beaucoup plus que Lully, et laisse souvent ses monologues, ses ensembles, ses chœurs et mouvements de ballet s’étirer sur des longueurs que l’on pensait inappropriées. L’orchestre, lui aussi, est utilisé avec beaucoup plus de couleurs et de diversité que dans les opéras de Lully et avec une certaine vigueur que l’on n’entendit plus à l’opéra français avant les débuts de Rameau, quarante ans plus tard. En effet, à cet égard et à bien d’autres encore, il est remarquable que Charpentier ait souvent anticipé Rameau - un autre compositeur qui, selon les termes de Voltaire, avait « le malheur d’en savoir plus sur la musique que Lully ». La Médée de Charpentier n’a jamais été reproduite à l’Opéra de Paris. Un projet de représentation à Lille en 1700 fut abandonné lorsque le décor fut détruit par un incendie. Dans cette mesure, il faut considérer cela comme un bide. Mais au moins certains des contemporains du compositeur étaient conscients de l’envergure exceptionnelle de cette œuvre, et je laisse le mot de la fin à Sébastien de Brossard, collègue érudit de Brossard. « [Médée] est sans conteste la plus experte et la plus exquise de toutes les œuvres publiées, du moins depuis la mort de M. de Lully. … Cet opéra, plus que de tout autre sans exception, permet d’apprendre les fondamentaux d’une bonne composition. »

La mort de Créuse gravé par Knesing, 1880 The Universe Illustrated, USA Gravure

© TARKER / BRIDGEMAN IMAGES

gédie en musique établie par Lully. Elle tire sa substance du mythe classique ; sa structure générale comprend les cinq actes traditionnels, précédés d’un prologue faisant l’éloge de Louis XIV (le Prologue n’est pas joué dans ces représentations) ; et chaque acte, sauf le dernier, respecte la convention Lullyenne d’inclure un divertissement mettant en scène un ballet, un chœur et un chant solo. Charpentier adopte également le style récitatif déclamatoire de Lully et limite l’utilisation d’arias solistes prolongées, qui ne comportent en outre que peu ou pas de ressources vocales. Tout ce à quoi ses contemporains se seraient attendus. Ce à quoi ils n’étaient pas préparés, c’était le contenu musical lui-même, et en particulier le langage harmonique. Charpentier a clairement admis la nécessité de maintenir son penchant pour les accords colorés dans des limites raisonnables, sachant que le public notoirement conservateur de l’Opéra était plus habitué à un régime harmonique léger – certains diraient fade. Mais de temps en temps, et notamment dans la musique impliquant Medée elle-même, Charpentier accumule dissonance sur dissonance d’une manière que nous trouvons aujourd’hui poignante, exaltante ou même palpitante, mais qui mit en colère certains de ses auditeurs. Une telle richesse harmonique ne se manifeste qu’occasionnellement dans les deux premiers actes. Mais à partir du moment où Médée décide à contrecœur de recourir à ses pouvoirs magiques, Charpentier dévoile de plus en plus ses propres couleurs. En écoutant sa stupéfiante version de la transformation de Médée d’épouse loyale et de mère sensible au personnage vengeur et démoniaque qu’elle devient dans l’acte III, on peut se demander si le compositeur ne se serait pas identifié avec la phrase « Maintenant je suis Médée » dans la version classique de cette tragédie par Sénèque, proférée au moment où la protagoniste prépare sa revanche ultime sur les Corinthiens pleins d’incompréhension. Le public de l’opéra français n’avait encore jamais été exposé à l’intensité de l’harmonie et de l’expression de l’invocation des enfers par Médée, aux lamentations des Corinthiens sur la mort de Créon, ou

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par Jean de la Péruse (1529-1554)

Médée, fille d’Acete, Roy de Coches, devint éperdument ravie en la beauté et gentilesse accorte de Jason, qui avecq’ quelques autres jeunes hommes de la Grece avoit entrepris le voyage de la Toison d’or, tellement que, pour mettre à fin le dessein de son amour conceu, elle promit au dict Jason toute ayde et support, et les plus certains moyens par lesquels il falloit proceder à facilement recouvrer cette proye tant estimée que la toison d’or, gardée et de jour et de nuit par le dragon non dormant. Ce qu’ayant Jason bien entrepris et mieux executé, par l’art de ceste Medée, print la route en Grece accompagné d’icelle et de son petit frere nommé Absyrthe, lequel ne luy servit que d’objet à sa cruauté: car ainsi, comme son pere la poursuivoit, elle le desmembra piece à piece en espandant les morceaux parmy le chemin, afin qu’il s’amusast, esmeu de pitié paternelle, à les ramasser, comme ils flotoient sur le dos escumeux de la marine, et ce pendant qu’elle avecq’ son train eschapoit mieux à son aise, finesse vrayment par trop cruelle! Depuis (ce qui est le vray contenu de ceste tragedie), abandonnée et repudiée de son Jason, se print à faire de si estranges mines et furieuses menaces qu’elle donna occasion au Roy Creon, la fille duquel Jason avoit depuis espousée, de la bannir et chasser de son Royaume. Or, ayant

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perdu patience et indignée de desloger sans se voir aucunement vangée, faict tant avecq’ le Roy qu’il luy octroye le delay d’un seul jour, afin qu’elle mist ordre et pourveust à son departement. Et, durant ce petit espace, elle charma par son art une bien riche et precieuse couronne, qu’elle avoit choisie entre ses joyaux les plus rare, pour la presenter à Glauque, faignant de ce faire en intention qu’elle traitast plus doucement et humainement ses enfants qu’elle laissait à son départ en ce lieu. Mais, à peine les deux petits enfants s’estoient acquitéz de leur devoir, que ceste misérable et pauvre nouvelle épouse s’en étant parée, aussi le palais, et le père qui estoit accouru pour la secourir, commencerent et se prindrent à brusler. Ce que voyant Jason, il recourt aux armes et la poursuit, pensant la guerdonner de tous ses merites et la faire mourir. Mais tant s’en faut qu’il en vinst à bout, que se voyant en ce poinct poursuivie, apres avoir en sa presence cruellement mis à mort les deux enfans qu’elle avoit eus de luy, afin de luy laisser pour heritage un crevecœur et ennuy continuel, bourreau de son ame, perdant femme, pere et enfans, elle se sauve parmy l’aer dans un chariot à aisles que le Soleil son ayeul lui avoit envoyé.

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© MONDADORI PORTFOLIO/ELECTA/ANTONIO GUERRA / BRIDGEMAN IMAGES

Les charmes de Médée (détail) Ludovico Carracci, 1584 Palazzo Ghisilardi Fava, Bologne, Italie Fresque

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© MUCHA TRUST / BRIDGEMAN IMAGES

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Affiche représentant Sara Bernhardt en Médée Mucha, 1898 Mucha Trust Lithographie

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Les émotions de Médée

Colloque international 3-4 mai 2019, Fondation Hardt, Vandœuvres, Genève - Entrée libre*

Organisé par La Faculté des Lettre de l’Université de Genève, Unité de Latin, Centre Interfacultaire en Sciences Affectives et la Commission Administrative

Il s’agit du troisième et dernier colloque dans une série de rencontres dédiées à l’étude des émotions dans l’Antiquité gréco-romaine, dans le cadre d’un projet de recherche issu d’une collaboration entre l’Unité de Latin du Département des Sciences de l’Antiquité (UNIGE) et le CISA (Centre interfacultaire en sciences affectives, UNIGE). Dans le cadre de ce projet, Chiara Battistella (Professeure associée de Latin, Université d’Udine), Douglas Cairns (Professeur de Grec ancien, Université Édimbourg) et Damien Nelis (Professeur de Latin, Université de Genève) ont déjà organisé deux colloques à la Fondation Hardt. Le premier, qui eut lieu en mai 2013, était intitulé « Emotions in the Classical World: Methods, Approaches, and Directions », et le second, en octobre 2014, « Seneca’s Tragic Passions. Philosophical and Literary Perspectives ». Les actes de ces colloques ont désormais fait l’objet des deux publications suivantes : Emotions in the Classical World: Methods, Approaches, and Directions (Stuttgart 2017) et Seneca’s Tragic Passions. Philosophical and Literary Perspectives (MAIA, Rivista Quadrimestrale di Letterature Classiche, nuova serie, Brescia. Volume 69.2, 2017). Pour notre troisième et dernier colloque, intitulé « Les émotions de Médée », nous avons réuni un groupe de spécialistes de la littérature grecque et latine, mais aussi des spécialistes de la réception de l’Antiquité́ (littérature, musique, théâtre), de la médecine, de la psychanalyse, et du théâtre moderne, afin d’étudier la figure de Médée à travers le prisme de ses émotions. Daniel Dollé, conseiller artistique et dramaturge, adjoint du directeur général du Grand Théâtre, participera, afin de présenter la production de la Médée de Charpentier. Le CISA collabore depuis quelques années déjà avec le Grand Théâtre afin d’étudier les rapports entre musique, performance et émotions, et nous souhaitons continuer dans cette voie avec notre colloque. En outre, nous avons invité à participer à nos discussions des spécialistes de la mise en scène des tragédies antiques, afin de nous permettre d’aborder la vaste question de la réception moderne des tragédies gréco-romaines. damien nellis

PROGRAMME

VENDREDI 3 MAI 2019

SAMEDI 4 MAI 2019

SESSION 1 (Modérateur : Damien Nelis) 9 h Accueil 9 h 20 Medea’s emotions in Euripides: issues and prospects Douglas Cairns (Edimbourg) 10 h The virtuous emotions of Euripides’ Medea William Allan (Oxford) 10 h 40 Pause 11 h 10 Love, grief, fear, and shame: Medea’s interconnecting emotions in book 3 of Apollonius’ Argonautica Ed Sanders (Londres) 11 h 50 Medea and the Stoics – can they help us to make sense of her emotions? Chris Gill (Exeter)

SESSION 3 (Modérateur : Douglas Cairns) 9h40 The politics of emotion in Irish Medeas Isabelle Torrance (Aarhus) 10h20 From hearth to Hades: adventures with Medea and ballet d’action Fiona Macintosh (Oxford) 11h Pause 11h20 Medea and the manipulation of emotion David Stuttard (Brighton) 12h Acting with Medea: pity, fear, empathy, and estrangement Olga Taxidou (Edimbourg)

SESSION 2 (Modératrice : Lavinia Galli Miliĉ) 14h Voir Médée en toute femme Violaine Clément (Fribourg) 14h40 À propos d’infanticides Bruno Gravier (Lausanne) 15h20 Pause 15h40 « Orridi demoni, spiriti » : Médée ou la magie au service des émotions Giulia Riili (Genève) 16h20 Présentation de la Médée de Charpentier Daniel Dollé (Genève)

SESSION 4 (Modérateur : Olivier Clerc) 14h The emotions of Medea the letter-writer (Ovid, Heroides 12) Andreas Michalopoulos (Athènes) 14h40 Médée et la joie de tuer Chiara Battistella (Udine) 15h20 Reason and passion: representing Medea’s emotions under the Roman Empire Judith Mossman (Coventry) 16h La Médée de Valerius Flaccus : émotion et intertextualité Damien Nelis (Genève)

* inscription obligatoire, damien.nelis@unige.ch

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© UISA RICCIARINI / BRIDGEMAN IMAGES

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Médée pensant à tuer ses enfants Tommaso Solari, 1863 Galerie d'art moderne, Collection du prince Oddone de Savoie, Gênes ,Italie Sculpture en marbre

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« Il faudrait que les hommes fassent naître les enfants d’un autre endroit, n’importe, et qu’il n’y ait pas la race femme. De cette façon, le mal n’existerait pas chez les humains. »2

Voir Médée en toute femme

EURIPIDE MÉDÉE, V. 573-5 [ JASON ]

1

par Violaine Clément*

C

omme Hélène, la belle Spartiate, Médée de Colchide est l’un de ces personnages que les hommes ont inventés pour dire quelque chose de l’éternel féminin, auquel nous sommes tous confrontés, hommes et femmes. Qu’y a-t-il de commun entre ces deux héroïnes tragiques qui ont tant fait parler d’elles, et qui sont presque aussi célèbres que la Vierge Marie ? Euripide a écrit une Hélène qui donne une autre vérité de cette femme qu’on diffame : la vraie Hélène serait en Égypte, alors que l’autre, celle qui a causé tant de malheurs, n’est qu’une fantaisie, un fantôme. Si Hélène est connue pour sa beauté, Médée devient célèbre par ses crimes. Leur nom propre peut nous dire quelque chose d’elles par consonance et par l’étymologie : Hélène, qui consonne avec Hellène, dans une allitération évidente 3, est La femme qui réunit les Grecs par excellence. Quant à Médée, son nom résonne fort en grec et en latin. En 1

Titre pastiche de Voir Hélène en toute femme, d’Homère à Lacan, de Barbara Cassin, avec des peintures de Maurice Mathieu, éd. La Découverte, coll. Empêcheurs de tourner en rond, Paris 2000.

2 Euripide, Médée, Les Belles-Lettres, PUF, Paris 2017, traduction Myrto Gondicas et Pierre Judet de la Combe,

grec, Μήδεια équivoque avec mèden, le rien 4, et avec médomai, méditer ; en latin avec remedium, le fameux pharmakon, ou même avec metuenda (celle qu’il faut craindre)5.

* Violaine Clément

Médée est un nom propre, il ne se traduit pas, il sonne, ce nomen sacer, le nom de celle qui a osé accomplir le geste le plus interdit : tuer ses propres enfants. Moins connue pour l’heure qu’Œdipe, à qui Freud a donné une gloire nouvelle, Médée pourrait lui voler la vedette dans un monde qui se féminise, et où la question de la migration devient centrale. Originaire de Colchide, cette princesse avait tout : la beauté, la gloire, l’intelligence, les charmes, la position sociale. Mais à Corinthe, tout cela n’est rien. C’est le lot des exilés. Médée est la femme étrange, étrangère, savante, qui fait peur ; jeune, c’était une fée, mais au fil du temps, elle est devenue une sorcière, criminelle sans limite. Sous son nom, les poètes ont décliné mille facettes de la femme. Contrairement à Hélène, elle est autre ; victime d’Aphrodite, donc déraisonnable, aphrosunè, elle est fière, pleine d’amour-propre, et n’accepte pas sans se révolter d’être quittée pour une autre. Elle n’oublie pas qu’elle est d’un rang illustre, supérieur à celui de Jason, la petite-fille

psychanalyse –

4

v. 573-5. C’est Jason qui parle. 3

Déjà repérée par Isocrate, cité par Barbara Cassin, Voir Hélène en toute femme …, op. cit. p. 27.

V. 401-2 : ἀλλ΄ εἶα· φείδου μηδὲν ὧν ἐπίστασαι͵Μήδεια. « Allons, Médée, n’économise rien de ce que tu sais. »

5

est enseignante et psychanalyste. À côté de sa pratique en cabinet de membre de la NLS (New Lacanian School) et de l’AMP (Association Mondiale de Psychanalyse), elle enseigne le grec depuis plus de 30 ans au Cycle d’Orientation de Pérolles à Fribourg. Elle travaille, entre autres, à l’analyse des liens entre la psychanalyse et la philologie, afin d’actualiser et rendre leur fraîcheur aux textes de l’Antiquité, de la tragédie grecque.

Relevé par Chiara Battistella et Damien P. Nelis, The ambiguous emotions of Seneca’s Medea, pp. 14-15.

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du Soleil. Elle renverse les codes. C’est elle l’héroïne, la mi-divine, c’est elle qui a les qualités d’un homme, le courage et la puissance, pas Jason. Euripide est le premier, semble-t-il, à avoir inventé cette version du mythe où Médée tue ses deux garçons, auxquels Euripide n’a pas donné de nom. D’où lui vient une telle prescience en ce qui concerne le désir féminin, si énigmatique ? Nous avons beaucoup de peine à savoir comment elle résonnait à cette époque. Comme il s’agissait d’un concours de poésie, nous aimerions par exemple savoir pourquoi celle-ci n’a pas obtenu le premier prix. Comment a-t-elle été reçue par les contemporains d’Euripide ? A-t-elle fait scandale ? Ce serait merveilleux de savoir ce qu’en ont pensé les femmes, les Athéniennes, voire les Corinthiennes ou même les habitantes de Colchide. Les questions se bousculent : comment les spectateurs du siècle de Périclès, cet homme qui n’a pas hésité à vivre en concubinage avec une autre étrangère, Aspasie, ont-ils entendu les femmes du chœur soutenir la plainte de Médée de sa position de sujétion ? Y a-t-il eu des cris, des huées, des rires ? Qu’il serait fascinant d’assister à une représentation de Médée parmi les Athéniens au tout début de la guerre du Péloponnèse ! Il nous est plus facile de comprendre celle que Christa Wolf a écrite en 1996, avec le sous-titre Voix, qui met en scène une version du mythe antérieure à celle d’Euripide : les enfants, sans nom, ne sont pas tués par Médée, mais par les Corinthiens, après qu’elle fut rejetée de la ville comme bouc émissaire. Avec celui des artistes, le travail des philologues est plus que jamais nécessaire, qui seul permet de faire encore résonner à nos oreilles modernes ces paroles prononcées il y a plus de vingt-quatre siècles. On peut en saisir quelque chose dans la lecture précise et précieuse qu’en fait Judith Mossman6, ouvrant son édition de Médée par un infanticide commis récemment, donnant ainsi à lire quelque chose d’éternel dans Médée. Ainsi également dans les textes de Douglas Cairns, 6

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quand il pose la question si moderne du féminisme ou de la misogynie d’Euripide, ou de son siècle 7. Certains mots nous semblent ainsi traverser ce mur du temps. Certaines émotions, l’amour, la colère, la peur, la trahison, nous font trembler, pleurer, rire… La jouissance est très contagieuse, c’est dans notre corps que s’inscrit ce message, éternel puisqu’il est figé dans les lettres qui en constituent le texte, le tissu, et que nous qui sommes obligés, à chaque nouvelle génération, de leur redonner vie, de trouver pour les traduire les mots qui les trahiront le moins. Ainsi l’émoi de Médée pour Jason pourrait-elle trouver à notre époque une traduction heureuse dans ce néologisme lacanien : l’hainamoration. Médée enamourée couve en germe la haine qui l’amènera à tuer les enfants pour se venger d’avoir été trahie malgré les serments. Médée est une tragédie, qui pourrait aisément basculer dans la comédie. Sans s’arrêter aux détails pratiques qui voulaient que trois acteurs masculins jouent tous les personnages, l’amour au théâtre revêt souvent des aspects courtelinesques. Ne rend-il pas toujours ridicule ? Un des motifs essentiels de l’acte de Médée est qu’elle ne veut pas être objet de risée, objet de honte : petite-fille du Soleil, elle a occupé une fonction importante de prêtresse, elle connaît les pharmaka qui guérissent et qui tuent, et dans le regard des autres, elle ne peut être victime. Pour devenir Médée, pour être enfin cette exception, pour devenir inoubliable, elle doit passer à l’acte : elle doit tuer ses trois ennemis : Glaukê, l’autre femme, Créon, qui veut la chasser, et Jason. Une seule chose la bloque : si elle se fait prendre et qu’elle meurt avant de réaliser son crime, alors on se moquera d’elle8. Peu lui 7

Euripides’ Medea: Feminism or Misogyny ? D. Stuttard (ed.), Looking at Medea (London: Bloomsbury, 2014), 123-137.

8

V. 381-3, « Mais une chose me bloque, une seule : si on me surprend à pénétrer dans la maison et à machiner

Judith Mossman, Euripides Medea, Oxbow Book, Oxford

une vengeance, je mourrai et ma mort sera la risée de

2011, p. 1.

mes ennemis. »

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importe de mourir, pourvu que ce ne soit pas de ridicule. Ce stratagème qu’elle a médité est nécessaire et urgent. En tuant ses enfants, elle vise plus loin qu’en le tuant : elle le prive de descendance, il ne l’oubliera jamais, jusqu’à son dernier souffle9. Jason est un très bel homme, mais il n’a rien : partant de rien, ce va-nu-pied, ce pirate, a construit un bateau et s’est associé des hommes vaillants pour reconquérir ce qu’il avait perdu, et qu’on ne lui rendra que s’il revient avec la Toison d’or. Le père de Médée a la Toison, mais ne veut pas la perdre. Il s’engage à la donner pour autant que Jason vienne à bout d’exploits qu’il sait impossibles à réaliser. Sans Médée, Jason n’y parviendrait pas, elle le soutient, elle l’accompagne, elle anticipe ses demandes, rien ne lui est impossible, puisque les dieux sont avec elle. Les dieux d’en haut, Aphrodite et Héra, mais aussi celle d’en bas, Hécate. Elle trahit donc son père, et va jusqu’à tuer son petit frère et à le couper en morceaux pour ralentir son père qui cherche à se venger. Là déjà, on reconnaît Médée, que rien n’arrête : ni tuer son frère, ni même le découper en morceau pour ralentir son père qui les poursuit… Jason n’y voit toujours rien : il a la Toison, et Médée, il ne doute de rien, il l’épouse, et, espérant que cela suffira à la calmer, lui fait des enfants. Médée tombe amoureuse, d’un amour fou, érotomaniaque : puisqu’elle l’aime, il faut qu’il l’aime. Elle croit en l’amour toujours réciproque. Médée ne veut pas être une femme comme les autres, sur le mode d’amour masculin qui rend possibles l’église et l’armée, tous pareils, unis par la haine d’un ennemi commun. Elle, c’est la femme que rien n’arrête, pas même la maternité, une femme qui ne supporte pas le mépris, ni la méprise. Une vraie femme, selon Lacan, c’est celle qu’il vaut mieux ne pas ignorer dans toute femme, et que Gide, partant avec un amant, n’a pas su voir en Madeleine. « Pauvre Jason, parti pour la conquête de la Toison dorée du bonheur, il ne reconnaît 9

V. 1396.

Médée est une tragédie, qui pourrait aisément basculer dans la comédie. [...] L’amour au théâtre revêt souvent des aspects courtelinesques. Ne rend-il pas toujours ridicule ? Un des motifs essentiels de l’acte de Médée est qu’elle ne veut pas être objet de risée, objet de honte : [...] dans le regard des autres, elle ne peut être victime. Pour devenir Médée, pour être enfin cette exception, pour devenir inoubliable, elle doit passer à l’acte : elle doit tuer ses trois ennemis : Glaukê, l’autre femme, Créon, qui veut la chasser, et Jason. OPÉRA | MÉDÉE • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE

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Avoir des enfants ou être une vraie femme, le choix de Médée n’est pas aisé : elle en appelle à son thumos. [...] C’est par amour qu’elle les tue, parce qu’elle sait qu’ils sont condamnés, que Jason ne pourra les protéger, et qu’il vaut mieux qu’ils meurent d’une main amie. En les tuant, elle mutile celui qu’elle aime, parce qu’en lui elle a vu quelque chose qu’elle aime plus encore que lui. Toujours insatisfaite, scandale impardonnable, elle devient alors Médée : elle n’a plus rien, mais s’en va, vivante, privant en outre Jason des cadavres de ses enfants, preuves réelles de l’amour qu’il y a eu. 58

pas Médée ! »10 Là où un homme, avec naïveté, peut oublier qu’il y a dans l’amour qu’il suscite un risque mortel, là se trouve toujours la vraie femme. « Allons jusqu’au bout : une vraie femme, c’est toujours Médée. »11 Il vaut mieux le savoir ! Ce qui la caractérise, c’est l’orgè, la colère, cet organe supplémentaire hors corps, qui fait gonfler le corps. Cette colère, qui se dira furor en latin, n’est certes pas un caractère spécifique aux femmes. Mais chez une femme de bien, comme Euripide le fait dire à Déjanire, céder à cette orgè est indigne. Or l’indignité, pour Médée, serait de ne pas y céder. Elle serait déshonorée, réduite à son nom, Rien. Qu’est-ce qu’elles veulent donc, ces femmes ? Cette question, Euripide la pose à ses spectateurs, lorsqu’il leur montre cette femme qui refuse de céder sur son désir, là où tant d’autres cèdent, et s’en lamentent. Le chœur (les femmes de Corinthe12) soutient Médée quand elle veut se venger d’un parjure de trop, après celui de son père, puis de l’oncle de Jason, Pélias, et enfin de Jason lui-même. Or Jason, loin de reconnaître ce qu’il doit à Médée, lui expose dans une fatale inconscience tout ce qu’elle lui doit. Il lui montre qu’il est raisonnable et que c’est pour faire une vraie famille et élever ses enfants d’une manière digne de sa maison qu’il épouse Glaukê. Il ne lui cache même pas qu’il va faire d’autres enfants et qu’ils seront au même rang que les siens. La nourrice nous dit qu’elle ne supporte plus ses enfants. Eh bien, elle s’en sert, c’est à eux qu’elle demande d’apporter à Jason cette robe magnifique, cadeau pour ses noces. Comment Glaukê, qui par colère et amertume, détourne son regard des enfants, ne voit-elle pas 10

Lacan, « Jeunesse de Gide ou la lettre et le désir », Écrits, Seuil, Paris 1966, p. 761.

11

Jacques-Alain Miller, « Médée à mi-dire », La Cause du désir n° 89, Paris 2015, p.  114.

12

Patricia Easterling, « Le chœur dans la tragédie grecque d’après les commentaires », in Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 150 ème année, n° 3, Paris 2006, pp. 1585-1597.

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que cette robe sera son linceul ? Après ce crime, Médée doit quitter la ville, pour redevenir une fugitive, une exilée, mais elle doit emporter avec elle ses enfants. Jason ne s’arrête pas là, il continue de provoquer Médée en lui lançant : « Toi, qu’as-tu besoin d’enfants ? »13 Là, sans le savoir, il touche Médée en plein cœur. Il ignore que « les femmes ne connaissent pas la perversion, elles se contentent d’avoir des enfants. »14 Elle décide de faire disparaître la mère. Le génie d’Euripide est d’avoir saisi cela. Médée ne peut se satisfaire d’avoir des enfants, si elle perd Jason. Elle ne se serait jamais mariée avec lui si elle avait su que c’était ça qu’il voulait, des fils et un trône pour s’assurer une vieillesse glorieuse, parce qu’alors elle aurait compris que ce n’était pas avec elle qu’il finirait sa vie. Elle qui voulait, comme toutes les femmes, être une exception, se rend compte qu’elle l’a cru, qu’elle est sa dupe. Elle voit maintenant que celui pour lequel elle a tout fait, les yeux pleins d’amour, « ose tous les crimes sous le voile de l’éloquence »15. Dès ce moment, elle ne peut plus reculer, par amour-propre. Ces mêmes enfants, qu’elle adore et ne supporte plus, Jason les a mis à mort en lui montrant qu’ils sont son point faible : c’est là qu’elle le visera, dans sa paternité qu’elle détruira, tuant les enfants déjà nés, après avoir tué celle qui pouvait en faire naître d’autres, de la même semence. Arrive alors ce curieux passage, central chez Euripide, où Égée arrive d’Athènes, à la recherche d’un moyen de devenir père. On peut le lire comme l’exposition du lien entre homme et femme, sans mode d’emploi, mais scellé par la naissance d’un enfant. En effet, Égée vient dans la région chercher un remède à son mal. Médée entend alors comment elle peut blesser Jason lorsque Égée lui 13 14

Avoir des enfants ou être une vraie femme, le choix de Médée n’est pas aisé : elle en appelle à son thumos. Aura-t-elle le cœur de tuer ses enfants ? Il le faut. Elle sait quel acte elle va devoir assumer, l’acte d’une vraie femme, ravageuse pour les ennemis, favorable aux amis17. C’est par amour qu’elle les tue, parce qu’elle sait qu’ils sont condamnés, que Jason ne pourra les protéger, et qu’il vaut mieux qu’ils meurent d’une main amie. En les tuant, elle mutile celui qu’elle aime, parce qu’en lui elle a vu quelque chose qu’elle aime plus encore que lui. Toujours insatisfaite, scandale impardonnable, elle devient alors Médée : elle n’a plus rien, mais s’en va, vivante, privant en outre Jason des cadavres de ses enfants, preuves réelles de l’amour qu’il y a eu. Il ne les touchera pas, ne leur parlera pas. Elle seule peut leur donner une sépulture digne d’eux. Elle quitte la pièce glorieuse, sur un char solaire, pour se rendre à Athènes, là où se joue la pièce, comme si Euripide avertissait ses concitoyens : elle arrive, celle qui n’a rien, afin d’être toute, méfiez-vous ! Oui, nous dévoile Euripide, il faut se méfier de la femme, car elle ne peut que se mi-dire ; ce qui manque, ce qui est sacrifié, ce qui fait trou, il faut toujours le recouvrir d’un tissu, d’un semblant, comme quelque chose de honteux. Vouloir réduire la femme à la mère peut avoir des conséquences terribles. « Je suis une femme qui n’a pas de chance. »18« Médée est là pour nous montrer ce qui arrive quand surgit le ‘de la femme’ tapi dans la mère - quand la logique du signifiant femme l’emporte sur mère - quand la castration l’emporte sur l’avoir qui la masque. »19 16

V. 671.

V. 565.

17

V. 807-9

Jacques-Alain Miller, Les divins détails (1989), séminaire

18

V. 1250.

inédit, séance du 1er mars 1989. 15

dit16 : « C’est la violence d’un démon qui me prive d’enfant. »

V. 582-3.

19

Jacques-Alain Miller, « Médée à mi-dire », La Cause Du Désir n° 89, op. cit., pp. 114.

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Jason et Médée de José-Maria de Heredia À Gustave Moreau En un calme enchanté, sous l’ample frondaison De la forêt, berceau des antiques alarmes, Une aube merveilleuse avivait de ses larmes, Autour d’eux, une étrange et riche floraison.

© MUCHA TRUST / BRIDGEMAN IMAGES

Étude pour Médée Mucha, 1898 Mucha Trust crayon sur papier

Par l’air magique où flotte un parfum de poison, Sa parole semait la puissance des charmes ; Le Héros la suivait et sur ses belles armes Secouait les éclairs de l’illustre Toison. Illuminant les bois d’un vol de pierreries, De grands oiseaux passaient sous les voûtes fleuries, Et dans les lacs d’argent pleuvait l’azur des cieux. L’Amour leur souriait, mais la fatale Epouse Emportait avec elle et sa fureur jalouse Et les philtres d’Asie et son père et les Dieux.

Médée d’André Chénier

Au sang de ses enfants, de vengeance égarée, Une mère plongea sa main dénaturée ; Et l’amour, l’amour seul avait conduit sa main. Mère, tu fus impie, et l’amour inhumain. Mère ! amour ! qui des deux eut plus de barbarie ? L’amour fut inhumain ; mère, tu fus impie.

Lysistrata d’Aristophane

Salut à toi la plus virile de toutes les femmes ! C’est le moment d’être bienveillante et méchante, tendre et teigneuse, tolérante et intransigeante, bref : expérimentée. À toi de jouer !

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Plût aux dieux que la Thrace aux rameurs de Jason Eût fermé le Bosphore, orageuse prison ; Que, Minerve abjurant leur fatale entreprise, Pélion n’eût jamais, au bord du bel Amphryse, Vu le chêne, le pin, ses plus antiques fils, Former, lancer aux flots sous la main de Tiphys, Ce navire animé, fier conquérant du Phase, Qui sut ravir aux bois du menaçant Caucase L’or du bélier divin, présent de Néphélé, Téméraire nageur qui fit périr Hellé !

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« Le mythe permet de nommer l’innommable, l’inacceptable, il peut raconter l’horreur, dire l’interdit car il contient dans sa puissance poétique sa propre rédemption. Il s’agit donc à travers la fable, de tenter de raconter l’intime, l’indicible du lien amoureux, du lien filial, l’insatiable et tragique quête de l’amour, la solitude face au monde et à la société. » JEAN-RENÉ LEMOINE

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© SAFRAN-ARTS.COM

Medea Bernard Safran, 1964 Collection privée, New York Huile sur isorel

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Médée dans l’actualité

L

es mères infanticides ponctuent régulièrement l’actualité. En Suisse, par exemple, l’un des cas qui a marqué l’esprit est celui de cette mère infanticide de Chamoson (VS) en 2002. Voici quelques extraits des articles couvrant cette sombre histoire (RTS info, 28 juin 2010) : « La mère qui avait noyé son fils cadet dans sa baignoire à Chamoson (VS) et avait tenté de tuer ses trois autres enfants écope définitivement de douze ans de réclusion. Le Tribunal fédéral (TF) l’a déboutée en dernière instance. […]

Drame en plusieurs étapes Après avoir noyé son fils cadet de cinq ans dans la baignoire, le 20 septembre 2002, la mère de Chamoson avait attendu que les aînés rentrent de l’école. Elle leur avait proposé de jouer à cachecache sur un pont traversant le Rhône, à Riddes (VS), et avait poussé sa fille de dix ans et son fils aîné, âgé de 13 ans, dans les flots. L’adolescent avait pu regagner la rive alors que la mère voulait pousser sa fille de douze ans dans le fleuve. Il l’avait ensuite suppliée d’arrêter et de rentrer. La mère avait repris le volant et avait roulé en direction de Bex (VD) où elle avait précipité sa voiture contre une pompe à essence, blessant gravement son fils. Quant à la fillette de dix ans jetée dans le Rhône, elle avait également réussi à regagner la rive plus en aval, où elle avait été prise en charge par un automobiliste. Les trois enfants, qui ont conservé un vif ressentiment à l’égard de leur mère, vivent aujourd’hui au Vietnam avec leur père. […] Devant les juges cantonaux, l’accusée a longuement témoigné de la manière dont elle avait noyé son garçon âgé de cinq ans le 20 septembre

2002 dans la baignoire. Elle a aussi raconté comment elle a ensuite tenté de tuer ses trois autres enfants sans pouvoir expliquer à la cour les raisons de cet acharnement. « Lorsque je suis allée le chercher au bus après l’école je n’avais pas en tête de le noyer. Je ne sais pas ce qui a déclenché ça », a déclaré l’accusée. « Je sais que vous cherchez à comprendre », a-t-elle dit à la cour, « mais je ne peux pas l’expliquer ». […] Mari absent L’avocat de l’accusée a plaidé le meurtre passionnel et demandé une atténuation « très sensible de la peine ». Il a mis en avant le désespoir qui s’est installé peu à peu. Le mari de l’accusée s’absentait de plus en plus souvent pour de longs séjours au Vietnam en raison de son travail. L’accusée n’existait que comme épouse et comme mère, a expliqué le défenseur. A ses retours, son mari ne s’intéressait ni à elle ni aux enfants. Il ne les informait pas de ses voyages, des dates de départ ni même de retour. Le rôle d’épouse s’est donc peu à peu estompé. Le déclencheur du drame a été un téléphone avec le mari, qui était alors au Vietnam, et qui a laissé entendre à l’accusée qu’elle allait le perdre. Pour le défenseur tout a donc basculé ce 20 septembre. Une femme désespérée peut, par amour, pour ses enfants en l’occurrence, en arriver au pire. Elle pensait, à tort, que ses enfants seraient malheureux sans elle. […] “Les regrets sincères ne sont pas au rendez-vous aujourd’hui. Elle pleure surtout sur son sort”, a dit la procureure. Selon elle, l’accusée a préféré organiser la mort de ses enfants plutôt que de résoudre un conflit conjugal.»

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Jason et Médée Anonyme, XVIIème BnF, Paris Gravure

Livret

Marc-Antoine Charpentier Tragédie mise en musique en 5 actes (version du Grand Théâtre de Genève) Livret de Thomas Corneille. Créé le 4 décembre 1693, à l’Opéra de Paris. PERSONNAGES créon (roi de corinthe) - créuse (fille de créon) - médée (princesse de colchos) jason (prince de thessalie) - oronte (prince d'argos) arcas (confident de jason) - nérine (confidente de médée) - cléone (confidente de créuse) troupe de corinthiens - troupe d’argiens - un petit argien (déguisé en amour) troupe de captifs de l’amour - troupe de démons

© 2019

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MÉDÉE LE LIVRET ACTE I, SCÈNE 1

PROLOGUE OUVERTURE ACTE I

SCENE 1

12a. Ritournelle 12b. Récitatif médée Pour flatter mes ennuis, que ne puis-je te croire ! Tout le voudrait, mon repos et ma gloire ; Mais en vain à douter je trouve des appas, Jason est un ingrat, Jason est un parjure ; L’amour que j’ai pour lui, me le dit, m’en assure, Et l’Amour ne se trompe pas. 12c. Air nérine Un mouvement jaloux vous l’a peint infidèle, Mais d’injustes soupçons troublent votre repos ; Créuse est destinée au souverain d’Argos.

12f. Récitatif médée Qu’il soit abandonné de Créuse et du Roi, S’il lui faut un appui, ne l’a-t-il pas en moi ? Quand de Colchos il prit la fuite, Maître de la riche Toison, Mon père eut beau s’armer contre ma trahison, Quel fut l’effet de sa poursuite ? nérine Quoi, vous résoudre à fuir toujours ? médée La fuite, l’exil, la mort même, Tout est doux avec ce qu’on aime. nérine Jason pour vos enfants cherche ici du secours.

12d. Récitatif

médée Qu’il le cherche, mais qu’il me craigne.

nérine Sur quel espoir Jason brûlerait-il pour elle ?

12g. Air

12e. Récitatif médée Je sais qu’Oronte est prêt d’arriver en ces lieux ; Il vient rempli d’un espoir glorieux : Mais à le recevoir si Corinthe s’apprête, Ce n’est point son hymen qui le fait souhaiter. Il s’élève contr’elle une affreuse tempête, Son secours la peut écarter. nérine Acaste contre vous arme la Thessalie. La cruelle mort de Pélie Vous rend l’objet de sa fureur. Si Créon ne vous abandonne, De la guerre en ces lieux il va porter l’horreur ;

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Et lorsqu’en ce péril, comme l’amour l’ordonne, Jason veut de Créuse acquérir la faveur, Faut-il que ce soin vous étonne ?

médée Un dragon assoupi, de fiers taureaux domptés, Ont à ses yeux suivi mes volontés. S’il me vole son cœur, si la Princesse y règne, De plus grands efforts feront voir Ce qu’est Médée et son pouvoir. 13a. Air nérine Forcez vos ennuis au silence, Un courroux violent ne doit jamais parler. On perd la plus sûre vengeance Si l’on ne sait dissimuler.

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ACTE I, SCÈNE 1 MÉDÉE LE LIVRET

13b. Duo

14b. Air

médée & nérine Forçons nos ennuis au silence Forcez vos ennuis au silence, Un courroux violent ne doit jamais parler. On perd la plus sûre vengeance Si l’on ne sait dissimuler.

médée Pour nous la rendre favorable, Vos soins trop assidus devraient vous alarmer. Une douce habitude est facile à former ; Et voir souvent ce que l’on trouve aimable, C’est flatter le penchant qui nous porte à l’aimer.

13c. Ritournelle

14c. Récitatif

SCÈNE 2

jason Quoi ! vous me soupçonnez ?

14a. Récitatif médée D’où vous vient cet air sombre, et qu’allez-vous m’apprendre ? Créon nous voudrait-il bannir de ses États ? jason Créon redoute Acaste, et ne s’explique pas ; Mais contre nous quoi qu’on puisse entreprendre, Du moins pour nos enfants j’ai su fléchir les Dieux. ] S’il faut d’un fier destin suivre la loi cruelle, Ils trouveront un asile en ces lieux ; La Princesse les doit retenir auprès d’elle. médée C’est être généreuse. jason Elle me laisse voir Que nous pouvons espérer davantage. Sur son père elle a tout pouvoir Et j’attends tout du zèle où sa bonté l’engage. médée L’ardeur que vous montrez à lui faire la Cour. jason Ignorez-vous d’un père où va le tendre amour ?

médée Jason doit me connaître ; Il me coûte assez cher pour ne le perdre pas. jason Ah ! que me dites-vous ? médée Ce que je crains. jason Hélas ! Que ne puis-je faire paraître Ce que mon cœur pour vous sera jusqu’au trépas ! 14d. Duo médée & jason Que de tristes soucis, malgré tous ses appas, Dans un cœur bien touché l’injuste amour fait naître ! 14e. Récitatif médée De trop cuisants remords accablent les ingrats ; Jason ne le voudra pas être.

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MÉDÉE LE LIVRET ACTE I, SCÈNE 2

15. Air

17b. Récitatif

jason Quittez ces détours superflus. Pour m’assurer du Roi, je voyais la Princesse. Mais si c’est un soin qui vous blesse, Parlez, je ne la verrai plus.

jason Médée avec ardeur dans mon sort s’intéresse, Je lui dois toute ma tendresse : D’une autre cependant je me trouve charmé ; Et malgré moi j’adore la Princesse.

16a. Récitatif

17c. Air

médée Non, Jason, cherchez à lui plaire. Dans les rigueurs d’un sort trop inhumain Son secours nous est nécessaire.

jason Que je serais heureux, si j’étais moins aimé !

jason Pour nous le rendre plus certain, Dirai-je ce qu’il faudrait faire ?

arcas Si vous l’abandonnez, songez-vous à la rage Où la mettra son désespoir ?

16b. Air

jason Je sais la grandeur de l’outrage, Je manque à la foi qui m’engage, Et vois tout ce que je dois voir ; Mais un fier ascendant asservit mon courage. En vain je cherche à n’y point consentir ;

jason Cette robe superbe où partout nous voyons, Du Soleil votre Aïeul éclater les rayons, Par son brillant a touché son envie, Ses yeux m’en ont paru surpris. Nous verrions sa faveur d’un prompt effet suivie, Si de ses soins vous en faisiez le prix. 16c. Récitatif médée Vous le voulez, je la donne sans peine ; Mais du Ciel irrité quel que soit le courroux, Songez que si je puis me répondre de vous, Je n’ai point à craindre sa haine.

SCÈNE 3 17a. Air jason Que je serais heureux, si j’étais moins aimé !

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18a. Récitatif

18b. Air jason Des grandes passions c’est le sort qui décide. Je rougis, je me hais d’être ingrat et perfide, Et je ne puis m’en garantir. 18c. Récitatif arcas Dans ce que peut Médée, oserais-je vous dire Que vous ne sauriez trop redouter son courroux ? Si sur votre âme encore la gloire a quelque empire, Voyez ce qu’elle veut de vous.

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ACTE I, SCÈNE 3 MÉDÉE LE LIVRET

19. Air jason Que me peut demander la Gloire Quand l’Amour s’est rendu le maître de mon cœur ? Dans le triste combat, où si j’ose la croire, L’avantage cruel de demeurer vainqueur, Doit me coûter tout mon bonheur, Que peut me demander la Gloire ? Si je traite Médée avec trop de rigueur, Un objet tout charmant trouve de la douceur À me céder une illustre victoire : Je touche au doux moment d’en être possesseur. Serments de ma première ardeur, Devoirs que je trahis, sortez de ma mémoire, Et ne m’opposez plus vos chimères d’honneur : Que peut me demander la Gloire, Quand l’Amour s’est rendu le maître de mon cœur ? 20. Chœur de Corinthiens qu’on ne voit pas Disparaissez, inquiètes alarmes ; Vaines terreurs, fuyez, éloignez-vous. Le secours d’un Héros vient se joindre à nos armes, Nos plus fiers ennemis trembleront devant nous. Disparaissez, inquiètes alarmes ; Vaines terreurs, fuyez, éloignez-vous.

SCÈNE 4 21. Récitatif créon L’allégresse en ces lieux, ne peut être plus grande. Mon peuple voit Oronte, et son secours promis Doit étonner nos ennemis. Rendons-lui les honneurs que son rang nous demande. ] jason L’Amour fait son empressement. Mais, Seigneur, j’ose croire au moment qu’il éclate Que si sa présence vous flatte, Vous cherchez plus en lui le guerrier que l’Amant.

créon J’ai fait naître votre espérance, Aimez, persévérez... Mais Oronte s’avance. 22. Fanfare

SCÈNE 5 23a. Récitatif oronte Seigneur, la Thessalie attaquant vos États, Pour vous de mon secours je craindrais la faiblesse, Si ma seule valeur répondait de mon bras ; Mais quand pour mériter les vœux de la Princesse, L’honneur de la servir m’attire en votre Cour, 23b. Air oronte J’ose tout espérer de l’ardeur qui me presse. Que ne peut point un cœur animé par l’amour ? 23c. Récitatif créon Prince, je sais que l’amour a des charmes, Qui sont les soins des jeunes cœurs ; Mais la guerre aujourd’hui, par ses tristes alarmes, En doit suspendre les douceurs. Vous brûlez pour ma fille, avant qu’elle se donne, Il faut affermir ma couronne : Jason la soutiendra, si vous le secondez. oronte Après l’heureux succès de la Toison conquise, Sa valeur dans cette entreprise, Assure les exploits que vous en attendez. jason Les vôtres sont certains, un grand prix vous anime, Et rien n’est impossible à qui peut l’acquérir.

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MÉDÉE LE LIVRET ACTE I, SCÈNE 5

créon Voyez nos peuples accourir, Et souffrez que leur joie auprès de vous s’exprime. 22. Fanfare

SCÈNE 6 24a. Air un corinthien ( à oronte ) Courez aux champs de Mars, volez, jeune Héros. Ouvrez-nous le chemin qui conduit à la gloire. Nos cœurs ont trop langui dans le sein du repos : Pour nous mener à la victoire, Courez aux champs de Mars, volez, jeune Héros. 24b. Chœur de Corinthiens chœur de corinthiens Courez aux champs de Mars, volez, jeune Héros. Ouvrez-nous le chemin qui conduit à la gloire. Nos cœurs ont trop langui dans le sein du repos : Pour nous mener à la victoire, Courez aux champs de Mars, volez, jeune Héros. 25. Air oronte Courons, volons, d’un courage intrépide, Sur la foi de l’amour, affrontons les hasards : Ce Dieu peut tout ; puisqu’il me sert de guide La Victoire en tous lieux suivra mes étendards. 26. Chœur d’Argiens chœur d'argiens Ce Dieu peut tout ; puisqu’il nous sert de guide La Victoire en tous lieux suivra nos étendards. 27. Chœur de Corinthiens et d’Argiens chœur de corinthiens et d’argiens Que d’épais bataillons, sur ces rives descendent. À nos vaillants efforts il faudra qu’ils se rendent. deux corinthiens & un argien Unissons-nous en ce grand jour, La Gloire et l’Amour le demandent.

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Unissons-nous en ce grand jour, Nous ferons triompher et la Gloire et l’Amour. chœur de corinthiens et d’argiens Nous ferons triompher et la Gloire et l’Amour. Les Corinthiens font un essai de Lutte. Les Argiens font une danse galante. 28. Rondeau pour les Corinthiens 29. Second Air pour les Argiens 30a. Un Corinthien & un Argien un corinthien & un argien Quel bonheur suit la tendresse ! Heureux l’amant qui l’obtient. Quelque désir qui le presse, Dans l’espoir qui l’entretient ; L’Amour n’a point de faiblesse, Quand la gloire le soutient. C’est un charmant avantage, Que l’heureux nom de vainqueur ; Mais le plus noble courage, N’en goûte bien la douceur, Que lorsque l’amour l’engage, À la conquête d’un cœur. 30b. Sarabande 27. Chœur de Corinthiens et d’Argiens chœur de corinthiens et d’argiens Que d’épais bataillons, sur ces rives descendent. À nos vaillants efforts il faudra qu’ils se rendent. deux corinthiens & un argien Unissons-nous en ce grand jour, La Gloire et l’Amour le demandent. Unissons-nous en ce grand jour, Nous ferons triompher et la Gloire et l’Amour. chœur de corinthiens et d’argiens Nous ferons triompher et la Gloire et l’Amour. 31. Entracte

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ACTE II, SCÈNE 1 MÉDÉE LE LIVRET

ACTE II

SCÈNE 1

32a. Ritournelle 32b. Récitatif créon Il est temps de parler sans feindre. Acaste vous poursuit, vous n’avez rien à craindre ; Sur quelqu’espoir qu’il forme ses desseins, Tombe sur Corinthe la foudre, Plutôt qu’on puisse me résoudre, À vous livrer entre ses mains. médée Seigneur, une bonté si grande, Marque le cœur d’un véritable Roi. créon Lorsque pour vous je fais ce que je dois, À votre tour, la justice demande Que vous fassiez quelque chose pour moi. À vous voir dans ma Cour, mon peuple s’inquiète, Il craint ce qu’avec vous vous traînez de malheurs, Et que ma complaisance à vous donner retraite Ne lui soit un sujet de pleurs. 32c. Air créon Pour le guérir de ses alarmes, Allez attendre en d’autres lieux, Pendant le tumulte des armes, Ce que de nos destins ordonneront les Dieux. À vos enfants je veux servir de père ; Pour eux, puisque je l’ai promis, Je combattrai vos Ennemis, C’est plus que je ne devrais faire. 33a. Récitatif médée Sans m’étonner j’écoute mon arrêt. Quels que soient les ennuis où mon destin me livre, Jason à partir est-il prêt ? Je fais tout mon bonheur du plaisir de le suivre.

créon Pour ne vous pas livrer, j’expose mes Etats Aux malheurs que la guerre attire, Et pour défendre cet empire, Jason voudrait nous refuser son bras ? Me ravir ce Héros, c’est m’ôter la Victoire. médée Me séparer de lui, c’est me priver du jour. 33b. Duo créon S’il m’ose abandonner, que deviendra sa gloire ? médée S’il m’ose abandonner, que devient son amour ? créon & médée ( ensemble ) S’il m’ose abandonner, que deviendra sa gloire ? S’il m’ose abandonner, que devient son amour ? 34. Récitatif créon Par une lâcheté, voulez-vous qu’il ternisse L’éclat des grands exploits, qui le font redouter ? médée Ils sont grands, il est vrai, mais rendez-moi justice ; Si malgré les périls qu’il fallait surmonter, La Toison emportée a fait voir son courage, À qui doit-il cet avantage ? créon Je veux que ce qui rend son nom si glorieux, De vos enchantements soit l’effet admirable ; Ignorez-vous qu’un murmure odieux Vous fait partout croire coupable ? médée Doit-on m’imputer des forfaits, Sans voir pour qui je les ai faits ?

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MÉDÉE LE LIVRET ACTE II, SCÈNE 1

35. Air médée Vos reproches, Seigneur, ne sont pas légitimes. Si pour Jason je me suis tout permis, Puisque lui seul a joui de mes crimes, C’est lui seul qui les a commis. 36. Récitatif créon En vain sur ce Héros vous rejetez la haine Qui ne doit tomber que sur vous. Du pouvoir de votre art peut-être est-on jaloux, Mais enfin mes sujets vous souffrent avec peine. Pressé par eux, pour sortir de ma Cour, Je ne puis vous donner que le reste du jour. médée Ai-je donc mérité cette rigueur extrême ? On me chasse, on m’exile, on m’arrache à moi-même.

SCÈNE 3 39a. Récitatif créon Enfin à ton amour tout espoir est permis, Ta rivale à partir s’apprête ; Et puisque tes appas tiennent Jason soumis, Tu peux jouir de ta conquête. créuse Seigneur, souvenez-vous que c’est par votre aveu Que Jason dans mon âme alluma ce beau feu.

37. Air

39b. Air

créon Faisons taire les mécontents. Quand on entend gronder l’orage, C’est être sage, Que de céder au temps ; Faisons taire les mécontents.

créuse L’amour sur tous les cœurs remporte la victoire, La plus fière à son tour reconnaît son pouvoir ; Mais il n’est doux que quand la gloire, Pour le faire éclater, suit les lois du devoir.

SCÈNE 2 38. Air médée Princesse, c’est sur vous que mon espoir se fonde. Le destin de Médée est d’être vagabonde. Prête à m’éloigner de ces lieux, Je laisse entre vos mains ce que j’aime le mieux. Je sais qu’une pitié sincère Pour mes enfants a touché votre cœur ;

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Prenez-en quelque soin, et souffrez qu’une mère Au moins dans son exil goûte cette douceur. Ce sera pour mes vœux une grande victoire, Si de mon triste sort le Ciel leur fait raison. Je ne vous dis rien pour Jason, Jason aura soin de sa gloire.

39c. Récitatif créon D’Oronte par ce choix je trompe l’espérance ; Mais l’hymen de Jason t’arrête en mes États. Au plus grand des Héros j’en remets la défense, En préférant son alliance, Je te donne, et ne te perds pas. 39d. Prélude

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ACTE II, SCÈNE 4 MÉDÉE LE LIVRET

SCÈNE 4 40a. Récitatif créon Prince, venez apprendre une heureuse nouvelle. Médée est prête à nous quitter, Et veut bien qu’en ces lieux vous demeuriez sans elle,] Tant que nos ennemis seront à redouter. Comme dans vos adieux il faudra de l’adresse À lui cacher, sous quel espoir , Pour l’éloigner, j’use de mon pouvoir, Prenez avis de la Princesse. 40b. Prélude

SCÈNE 5 41a. Récitatif jason Qu’ai-je à résoudre encore ? Il faut vivre pour vous. Est-il un plus grand avantage Que de borner mes souhaits les plus doux À rendre à vos beautés un éternel hommage ? Plus je vous vois, plus je me sens charmé : À mon amour mon cœur ne peut suffire.

créuse Avant que de vous voir mon cœur était tranquille, Et quand vous en troublez la paix, Je sens qu’à mon bonheur la perte en est inutile. Vous, où j’ai tant trouvé de sensibles attraits, Doux repos, quittez-moi, ne revenez jamais. jason De la tranquillité doit-on se mettre en peine, Quand on sent un trouble si doux ? créuse J’en jouirais encore sans vous. jason Contre l’amour la résistance est vaine. Goûtons l’heureux plaisir de perdre cette paix. créuse Doux repos, quittez-moi, ne revenez jamais. 41d. Duo jason et créuse Goûtons l’heureux plaisir de perdre cette paix. Doux repos, quittez-nous, ne revenez jamais. 42a. Air

41b. Air jason Quand on aime ardemment, quel plaisir d’être aimé. ] Quel triomphe de l’oser dire !

créuse Médée eut sur votre âme un souverain empire, L’amour lui soumettait toutes vos volontés ; Pour rallumer vos feux la pitié peut suffire. Quel désespoir si vous la regrettez !

41c. Récitatif

42b. Air

créuse Pour régner partout à son choix, L’impérieux Amour ne respecte personne.

jason Oronte vous adore, il viendra vous le dire. L’amour tiendra sur vous ses regards arrêtés ; Ses soupirs vous pourront parler de son martyre. Quel désespoir si vous les écoutez !

jason Il faut faire ce qu’il ordonne, Le vrai bonheur est de suivre ses lois.

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MÉDÉE LE LIVRET ACTE II, SCÈNE 5

42c. Air

43b. Air

créuse Quand son amour serait extrême Vous n’avez rien à redouter. Dans le temps même Que je paraîtrai l’écouter, Quand son amour serait extrême Vous n’avez rien à redouter : Mes yeux vous diront, je vous aime.

créuse Mon cœur qui s’applaudit d’une illustre victoire, Aime dans son penchant à trouver son devoir ; L’hommage d’un Héros que couronne la gloire Est toujours doux à recevoir.

42d. Air jason Ah ! disons-le cent fois, dans mes tendres désirs Que le sincère amour inspire, On ne saurait assez le dire, Le plaisir d’être aimé passe tous les plaisirs.

43c. Récitatif oronte Ne le différons plus, ce tendre et pur hommage Qui vous répondra de ma foi ; Et qu’ici mille voix par un doux assemblage, De mon amour vous parlent avec moi.

SCÈNE 7 44a. Prélude

42e. Duo 44b. Chœur de Captifs d’Amour Jason et créuse Ah ! disons-le cent fois, dans mes tendres désirs Que le sincère amour inspire, On ne saurait assez le dire, Le plaisir d’être aimé passe tous les plaisirs.

chœur des captifs d’amour. Qu’elle est charmante, qu’elle est belle ! Ah, qu’il est doux de soupirer pour elle ! 44c. Air

42f. Ritournelle

SCÈNE 6 43a. Récitatif oronte Puisqu’un fier ennemi par le bruit de ses armes, Suspend le succès de mes feux, Du moins, belle Princesse, agréez qu’à vos charmes J’offre l’hommage de mes vœux. Dans le doux espoir qui me flatte, Mon amour ne peut plus se tenir renfermé ; Il faut enfin que cet amour éclate Aux yeux qui m’ont charmé.

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un captif Venir l’adorer en ces lieux, Est un destin bien glorieux ; Mais si la douceur de ses yeux Doit tromper une ardeur si belle, Ah, quel malheur pour un amant fidèle ! 44d. Trio chœur Ah, quel malheur pour un amant fidèle ! 44e. Air un captif Une rigoureuse fierté Siérait mal à tant de beauté,

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ACTE II, SCÈNE 7 MÉDÉE LE LIVRET

L’amour partout si redouté L’empêchera d’être cruelle ; Ah, quel bonheur pour un amant fidèle ! 44f. chœur chœur Ah, quel bonheur pour un amant fidèle !

45g. Air l’amour Tendres Captifs, faites-lui votre cour, Et que chacun de vous s’applique tour à tour À l’hommage qu’il faut lui rendre. Tendres captifs, faites-lui votre cour. 46a. Chaconne

45a. Air 46b. Air italien l’amour à Créuse Régnez ; l’Amour à vos lois Vient soumettre son empire, Chacun à vous plaire aspire ; Voulez-vous faire un beau choix ? Vous n’avez qu’à dire. 45b. Ritournelle L’Amour offre son Arc à Créuse, qui refuse de le prendre. 45c. Air Tous mes traits sont doux, C’est par eux qu’on aime, Mon Arc est à vous, Lancez-les vous-même. 45d. Ritournelle 45e. Air

une italienne Chi teme d’amore Il grato martire, O non vuol gioire, O cuore non hà. Son gusti i dolori, Le spine son fiori Ch’Amore ne dà ; Ma solo penando Ardendo, e sperando, Un’alma legata Fra ceppi beata, Per prova lo sà. Chi teme d’amore Il grato martire, O non vuol gioire, O cuore non hà 1 . 46c. Chœur

l’amour Vous me résistez, J’ai lieu de m’en plaindre. Montez sur mon char, montez, Un Enfant n’est pas à craindre. 45f. Récitatif créuse Quoiqu’il soit dangereux d’obéir à l’Amour, Le moyen de s’en défendre ? Créuse monte sur le char de l’Amour. Jason & Oronte se placent à ses côtés.

le chœur Son gusti i dolori Le spine son fiori 1

Celui qui craint d’amour / L’agréable martyre, / Ou bien ne veut-il pas jouir, / Ou bien n’a-t-il ni cœur ni courage. / On a du goût pour les malheurs, / Les épines sont des fleurs, / Si c’est Amour qui les donne en partage ; / Mais ce n’est que dans la souffrance, / Dans l’ardeur, et dans l’espérance, / Qu’une âme à ses liens vouée, / Et par ses chaînes envoûtée, / Le sait pour l’avoir éprouvé. / Celui qui craint d’amour / L’agréable martyre, / Ou bien ne veut-il pas jouir, / Ou bien n’a-t-il ni cœur ni courage.

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MÉDÉE LE LIVRET ACTE II, SCÈNE 7

Ch’amore ne dà. Ma solo penando, Ardendo, e sperando, Un’alma legata Fra ceppi beata, Per prova lo sà. la captive Chi teme d’amore Il grato martire, O non vuol gioire, O cuore non hà. le chœur O non vuol gioire, O cuore non hà. 47. Passacaille 48. Trio et chœur

les trois captifs Amants, portez vos chaînes D’un esprit content. chœur L’amour a pour vos peines Un prix éclatant. les trois captifs D’un amant qui veut plaire L’hommage est sincère, D’un amant qui veut plaire L’hommage est constant. chœur D’un amant qui veut plaire L’hommage est sincère, D’un amant qui veut plaire L’hommage est constant. 49. Suite de la Passacaille

trois autres captifs D’un amant qui veut plaire L’hommage est sincère, D’un amant qui veut plaire L’hommage est constant. chœur D’un amant qui veut plaire L’hommage est sincère, D’un amant qui veut plaire L’hommage est constant. les trois captifs Aimer et l’oser dire, C’est ce qu’il désire ; Aimer et l’oser dire, C’est ce qu’il prétend. chœur D’un amant qui veut plaire L’hommage est sincère, D’un amant qui veut plaire L’hommage est constant.

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50a. Air l'amour à Créuse après qu’elle est descendue du char. Vous voyez à quoi j’aspire. Pour faire un heureux vainqueur, Je compte sur votre cœur. Oserez-vous m’en dédire ? oronte Parlez, belle Princesse, il s’agit en ce jour D’avoir le cœur sensible et d’aimer qui vous aime. jason L’amour sur ce qu’il veut s’est expliqué lui-même, Vous devez contenter l’amour. créuse En vain l’amour me sollicite. Qu’un amant se fasse estimer Par tout ce que la gloire ajoute au vrai mérite, Il est sûr de se faire aimer.

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ACTE II, SCÈNE 7 MÉDÉE LE LIVRET

50b. Chœur

53a. Récitatif

chœur Ton triomphe est certain, victoire, amour, victoire. L’amant que tu veux rendre heureux, Est sûr de l’être par la gloire ; La gloire est l’objet de ses vœux. Ton triomphe est certain, victoire, Amour, victoire.

médée Vous ignorez ce qui se passe. Il faut vous découvrir par quelle trahison On veut m’éloigner de Jason ; Il faut vous faire voir jusqu’où va ma disgrâce. Tremblez Prince ; mes maux enfin trop confirmés En m’accablant retombent sur vous-même. Jason me trahit, Jason aime, Et peut-être est aimé de ce que vous aimez.

50c. Entr’Acte

ACTE III

SCÈNE 1

51a. Ritournelle 51b. Récitatif

oronte Ciel, que me dites-vous ! je perdrais la Princesse ! Au mépris de mes vœux elle aimerait Jason ?

oronte L’orage est violent, il a dû vous surprendre ; Mais sans vous alarmer laissez gronder les flots. Je viens vous offrir dans Argos Un bras armé pour vous défendre.

médée N’en doutez pas, ma présence les blesse, Je fais obstacle à leur tendresse, C’est là de mon exil la pressante raison.

médée Si par l’exil que m’impose le Roi Corinthe s’affranchit des fureurs de la guerre, Pourquoi charger une autre terre Des maux que je traîne avec moi ? Acaste veut que je périsse ; Et lorsque pour ma perte il arme son courroux, Je croirais faire une injustice De l’étendre sur vous. 52. Air oronte Le fier appareil de ses armes Me cause de faibles alarmes. Pour les attirer contre moi, Dans la vive ardeur qui me presse, Que Jason obtienne du Roi, Que par l’hymen de la Princesse Demain il couronne ma foi. Alors dans mes États Jason pourra vous suivre, Et si vos Ennemis veulent vous désunir, Ils verront en cessant de vivre Si je sais comme il faut punir.

oronte En vain je voudrais me le taire. On vous bannit, mon hymen se diffère. J’ouvre les yeux sur mon malheur. Tout me le dit, j’en vois la certitude. Qui l’aurait cru, que tant d’ingratitude Dût payer le beau feu qui règne dans mon cœur ? 53b. Duo oronte et médée Qui l’aurait cru, que tant d’ingratitude Dût payer le beau feu qui règne dans mon cœur ? médée Souffrirez-vous qu’on vous enlève Ce cher objet de vos désirs ? oronte Si cette trahison vous coûte de soupirs, Souffrirez-vous qu’elle s’achève ? médée Quel plus sensible coup pouvais-je recevoir !

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MÉDÉE LE LIVRET ACTE III, SCÈNE 1

tous deux N[on], dans un cœur, quand l’amour est extrême, Rien n’approche du désespoir D’être trahi par ce qu’on aime. Unissons nos ressentiments Contre ces perfides Amants, Que Jason à mes feux préfère la Princesse ! Que Jason à mes vœux ravisse la Princesse ! Son crime ne peut s’égaler. 53c. Récitatif

Voyons finir la guerre, et le coup qui vous blesse Pour un temps seulement nous aura séparés. médée Hélas ! pendant ce temps, je connais ma faiblesse, Quels ennuis vous me coûterez ! Je tâche à vaincre les alarmes Que me cause un soupçon jaloux ; Mais enfin malgré moi je sens couler mes larmes. Ingrat, m’abandonnerez-vous ? 56a. Air

médée Il vient ; mon cœur s’émeut et reprend sa tendresse. Elle en triomphera, laissez-moi lui parler.

SCÈNE 2 54. Ritournelle pour les flûtes 55. Récitatif

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jason S’il faut de tout mon sang racheter votre vie, Je suis tout prêt à le donner. Partager les malheurs dont elle est poursuivie, Est-ce là vous abandonner ? 56b. Air

médée Vous savez l’exil qu’on m’ordonne. Venez-vous me dire en quels lieux, Lorsque tout ici m’abandonne, Je dois fuir le courroux des Dieux. En vain j’irai partout, dans l’excès de ma peine, De cet injuste arrêt leur demander raison ; Les crimes que j’ai faits pour trop aimer Jason, De l’Univers entier m’ont attiré la haine. La Thessalie arme contre mes jours, Colchos a résolu mon trop juste supplice ; Le seul Jason me restait pour secours, Et ce Jason si cher permet qu’on me bannisse.

médée Rien ne m’est plus doux que de croire Tout l’amour que vous me jurez ; Il fait mon bonheur et ma gloire, Mais je pars, et vous demeurez.

jason N’appelez point exil un triste éloignement Que l’honneur à souffrir m’engage J’en ressens le coup en amant, J’en gémis, je m’en fais un rigoureux tourment, Mais je ne puis rien davantage. Voulez-vous que je quitte un Roi Qui pour épargner votre tête, Attend sans s’ébranler, l’éclat de la tempête Qui remplit son peuple d’effroi ?

médée Il faut donc me résoudre à ce départ funeste. Soutenez une guerre où vous serez vainqueur ; Mais conservez-moi votre cœur, C’est l’unique bien qui me reste. Je ne m’en repends point ; pour m’attacher à vous J’ai quitté mon pays, abandonné mon Père ; On m’exile ; et l’exil ne peut m’être que doux, S’il assure à Jason la gloire qu’il espère.

56c. Récitatif jason Je demeure, il est vrai, mais quand on nous sépare Vous n’avez rien à redouter ; Partez, les vains efforts que l’Ennemi prépare Ne pourront longtemps m’arrêter.

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ACTE III, SCÈNE 2 MÉDÉE LE LIVRET

jason Ah, c’est m’en dire trop ! cessez de m’attendrir ; Je ne me connais plus dans ce trouble terrible. médée J’y consens, je veux bien être seule à souffrir, Un Héros ne doit pas avoir l’âme sensible. jason Je vous l’ai déjà dit, je sens tous vos malheurs. Ce qu’a fait votre amour gravé dans ma mémoire... Adieu, je ne puis plus soutenir vos douleurs, Et je dois me cacher vos pleurs, Si je veux en sauver ma gloire.

SCÈNE 3 57. Air médée Quel prix de mon amour, quel fruit de mes forfaits ! Il craint des pleurs qu’il m’oblige à répandre ; Insensible au feu le plus tendre Qu’on ait vu s’allumer jamais Quand mes soupirs peuvent suspendre L’injustice de ses projets ; Il fuit pour ne les pas entendre. Quel prix de mon amour ! quel fruit de mes forfaits ! J’ai forcé devant lui cent Monstres à se rendre. Dans mon cœur où régnait une tranquille paix, Toujours prompte à tout entreprendre, J’ai su de la nature effacer tous les traits, Les mouvements du sang ont voulu me surprendre, J’ai fait gloire de m’en défendre, Et l’oubli des serments que cent fois il m’a faits, L’engagement nouveau que l’amour lui fait prendre, L’éloignement, l’exil, sont les tristes effets De l’hommage éternel que j’en devais attendre ? Quel prix de mon amour ! quel fruit de mes forfaits !

SCÈNE 4 58a. Récitatif médée Croiras-tu mon malheur ? Hélas, Jason lui-même, L’infidèle Jason me presse de partir. nérine Ah, gardez-vous d’y consentir. Arcas sait son secret, il m’aime, Et de sa perfidie il vient de m’avertir. Son hymen avec la Princesse Par le Roi même est arrêté, Et votre exil n’est qu’une adresse Pour mettre contre vous ses jours en sûreté. médée Dieux, témoins de la foi que l’ingrat m’a donnée, Souffrirez-vous cet hyménée ? 58b. Prélude 58c. Air médée C’est est fait, on m’y force ; il faut briser les nœuds Qui m’attachent à ce perfide. Puisque mon désespoir n’a rien qui l’intimide, Voyons quel doux succès suivra ses nouveaux feux. À qui cherche ma mort je puis être barbare, La vengeance doit seule occuper tous mes soins ; Faisons tomber sur lui les maux qu’on me prépare, Et que le crime nous sépare, Comme le crime nous a joints. 58d. Récitatif nérine Avant que d’éclater, rappelez dans son âme Le souvenir de sa première flamme. médée Malgré sa noire trahison, Je sens que ma tendresse est toujours la plus forte ; Mais Corinthe, le Roi, la Princesse, Jason,

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MÉDÉE LE LIVRET ACTE III, SCÈNE 4

Tout doit trembler si je m’emporte. N’en délibérons plus. Vous qui m’obéissez, Esprits à me plaire empressés, Volez, apportez-moi cette robe fatale Que je destine à ma rivale. Il paraît ici des esprits en l’air qui disparaissent aussitôt. Des poisons que j’y veux verser Je suspendrai la violence, Et je ne les ferai servir à ma vengeance Que quand je m’y verrai forcer. nérine De la pitié vous pourrez-vous défendre ? En punissant Jason craignez de vous punir. médée Retire-toi, tes yeux ne pourraient soutenir L’horreur qu’ici je vais répandre :

SCÈNE 5 59a. Prélude 59b. Air

60c. chœur chœur de démons L’enfer obéit à ta voix, Commande, il va suivre tes lois. médée Punissons d’un ingrat la perfidie extrême. Qu’il souffre, s’il se peut, cent tourments à la fois En voyant souffrir ce qu’il aime. chœur L’enfer obéit à ta voix, Commande, il va suivre tes lois. Les Démons Aériens apportent la Robe. 61a. Prélude 61b. Air médée Je vois le don fatal qu’exige ma rivale. Pour le rendre funeste, il est temps, faisons choix Des sucs des plus mortels de la rive infernale. 61c. Duo

médée Noires filles du Styx, Divinités terribles, Quittez vos affreuses prisons.

SCÈNE 6

61d. chœur

60a. Air

chœur de démons L’enfer obéit à ta voix, Commande, il va suivre tes lois. Les Démons apportent une Chaudière infernale, dans laquelle ils jettent les herbes qui doivent composer le poison, dont Médée a besoin pour empoisonner la robe.

médée Venez mêler à mes poisons La dévorante ardeur de vos feux invisibles. Il paraît tout à coup une Troupe de Démons. 60b. Duo la jalousie & la vengeance L’enfer obéit à ta voix, Commande, il va suivre tes lois.

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la jalousie & la vengeance L’enfer obéit à ta voix, Commande, il va suivre tes lois.

62. Premier Air pour les Démons 63. Air médée Dieu du Cocyte et des Royaumes sombres, Roi des pâles Ombres, Sois attentif à mes enchantements.

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ACTE III, SCÈNE 6 MÉDÉE LE LIVRET

Pour m’assurer qu’Hécate m’est propice, Que l’Averne frémisse, Et fasse tout trembler par ses gémissements. On entend un bruit souterrain. 64a. Air médée L’Enfer m’a répondu, ma victoire est certaine. Naissez, Monstres, naissez, tous mes charmes sont faits. Du funeste poison, par une mort soudaine, Faites-moi voir les prompts effets. 64b. Trio un démon, la jalousie & la vengeance Naissez, Monstres, naissez, tous les charmes sont faits. Du funeste poison, par une mort soudaine, Faites-nous voir les prompts effets. Pendant ce Chœur les Monstres naissent, et après que les Démons ont répandu du poison de la chaudière sur eux, ils languissent & meurent. Tout répond à notre envie, Les Monstres perdent la vie. Médée prend du poison dans la chaudière, et le répand sur la robe. 65. Seconde Entrée des Démons 66a. Duo la jalousie & la vengeance Non, non, les plus heureux amants, Après une longue espérance, N’ont des plaisirs qu’en apparence. En voulez-vous de charmants ? Cherchez-les dans la vengeance.

67a. Récitatif médée Vous avez servi mon courroux ; C’est assez, retirons-nous. Médée emporte la robe & les Démons disparaissent. 67b. Intermède

ACTE IV

Le Théâtre représente l’avant-cour d’un Palais, et un jardin magnif ique dans le fond.

SCÈNE 1 68a. Prélude 68b. Air cléone Jamais on ne la vit si belle, La robe de Médée augmente ses appas ; Et dans l’éclat qu’elle répand sur elle, Il faut être sans yeux pour ne l’admirer pas. 69a. Récitatif jason À peine dans ses mains cette Robe est remise, Et déjà la Princesse a voulu s’en parer ! cléone L’agrément qu’elle en sait tirer Vous causera de la surprise. Elle paraît. 69b. Air

66b. chœur chœur Non, non, les plus heureux amants, Après une longue espérance, N’ont des plaisirs qu’en apparence. En voulez-vous de charmants ? Cherchez-les dans la vengeance.

cléone Voyez quel air de Majesté Anime et soutient sa beauté. 69c. Ritournelle

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MÉDÉE LE LIVRET ACTE IV, SCÈNE 2

SCÈNE 2

72b. Air

70a. Air

jason Non, jamais tant d’amour, jamais flamme si belle N’embrasa le cœur d’un Amant.

jason Ah ! Que d’attraits, que de grâces nouvelles ? À voir ce vif éclat que mes yeux sont contents ! Des fleurs que produit le Printemps Les couleurs ne sont pas si belles. Ah ! que d’attraits, que de grâces nouvelles ? 70b. Air créuse Si j’ai quelques appas assez vifs pour toucher, S’ils brillent plus qu’à l’ordinaire ; Cet avantage ne m’est cher, Que par la gloire de vous plaire. 70c. Air jason Quels feux brûlants dans mon cœur Cette assurance fait naître ? N’ont-ils pas assez d’ardeur ? Et cherchez-vous à l’accroître ? 71. Récitatif créuse Si cette ardeur peut s’augmenter, Croyez-vous qu’en vouloir borner la violence, Ce ne soit pas une offense Capable de m’irriter ? 72a. Air créuse D’un amour qui se ménage Les cœurs tendres sont blessés. Malgré les vœux empressés Qui m’assurent votre hommage, Pouvant m’aimer davantage, Vous ne m’aimez pas assez.

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72c. Air créuse C’est peu d’y voir un sort charmant, Son ardeur doit être éternelle. jason Ah ! j’en fais ici le serment. 72d. Air jason Puisse l’Amour dans sa juste colère Exercer contre moi sa plus grande rigueur, Si jamais il trouve mon cœur Détaché du soin de vous plaire. 72e. Duo Jason et créuse Puisse l’Amour dans sa juste colère Exercer contre moi sa plus grande rigueur, Si jamais il trouve mon cœur Détaché du soin de vous plaire. 73. Récitatif créuse Je finis à regret un entretien si doux, Mais le Prince d’Argos s’avance ; Et son importune présence Me force à m’éloigner de vous.

SCÈNE 3 74a. Prélude 74b. Récitatif oronte Sitôt que je parais, la Princesse vous quitte ; Mon amour s’en doit alarmer.

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ACTE IV, SCÈNE 3 MÉDÉE LE LIVRET

jason Cette crainte est injuste ; un éclatant mérite peut trop ] Sur les grands cœur pour ne pas l’estimer 74c. Air oronte Quand sur un espoir légitime On peut se flatter d’être heureux, Pour satisfaire un cœur bien amoureux, Est-ce assez que de l’estime ? 74d. Récitatif jason La Princesse a de quoi rendre vos feux sont constants, Aimez, on obtient tout du temps. 74e. Air oronte Non, non, dans sa froideur extrême Je vois le refus de mon cœur. Quelque Rival se cache, elle est aimée, elle aime ; Je pourrai découvrir ce trop heureux Vainqueur, Et mon bras disputant cette noble victoire, Fera voir qui de nous en mérite la gloire. 74f. Récitatif jason L’Amour promet souvent plus qu’il ne peut tenir. oronte Jugez mieux d’un Amant que le mépris outrage ; S’il forme une entreprise, il sait la soutenir. 75. Air jason Vous savez à quels soins la Guerre ici m’engage. Les Troupes qu’aujourd’hui fait assembler le Roi, N’attendent plus que moi.

SCÈNE 4 76. Récitatif oronte Vos soupçons étaient vrais, j’ai vu, j’ai vu moi-même L’inexcusable trahison, Qui doit être le prix de votre amour extrême ; J’ai lu dans le cœur de Jason, Il séduit la Princesse, il l’aime. De tant de perfidie, ô Ciel, fais-nous raison. 77a. Récitatif médée Eût-il le Ciel à ses vœux favorable, Ne craignez point cet Hymen odieux ; 77b. Air médée Au pouvoir de Médée il n’est rien de semblable, Elle asservit la terre, elle commande aux cieux. Je tiens la Foudre suspendue, Mais si Créon ne cède pas, Il verra quelle peine est due À qui se fait le soutien des ingrats. 77c. Récitatif oronte Pardonnez à ma faiblesse, L’Amour a su m’engager. Un juste courroux vous presse ; Mais à ne rien ménager, Le plaisir de vous venger Me rendra-t-il la Princesse ? 78. Air médée Je me déclare pour vous. Jamais, quoi que puissent faire, Les Dieux, Créuse et son Père, Jason n’en sera l’époux : Je me déclare pour vous.

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MÉDÉE LE LIVRET ACTE IV, SCÈNE 4

médée Laisse-moi seulement ; dans ce que je médite J’ai besoin de calmer le trouble qui m’agite.

médée Je pars, et ne veux plus troubler votre repos, Mais je dois tenir ma promesse. Pour m’en voir dégagée, il faut que la Princesse Épouse le Prince d’Argos.

SCÈNE 5

82c. Air

79. Récitatif

80a. Prélude 80b. Air médée D’où me vient cette horreur ? Est-ce à moi de trembler ? ] Prête à punir la criminelle flamme Qui cause les ennuis dont on m’ose accabler, Puis-je me souvenir que je suis mère et femme ? 80c. Air nérine Ses yeux sont égarés, ses pas sont incertains. Dieux, détournez ce que je crains. 81. Air médée Non, non, à la pitié je dois être inflexible. Jason méprisera mon désespoir jaloux ? Venez, venez, fureurs, je m’abandonne à vous. Je prends une vengeance épouvantable, horrible ; Mais pour voir son supplice égaler mon courroux, C’est par l’endroit le plus sensible Qu’il faut porter les derniers coups.

SCÈNE 6 82a. Prélude 82b. Récitatif créon Vos adieux sont-ils faits ? Le murmure s’augmente, C’est aigrir les esprits que de ne céder pas. D’un Peuple qui vous fait sortir de mes États Craignons la fureur insolente.

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médée À serrer ces beaux nœuds la Gloire vous invite, Pressez ce doux moment, l’Hymen fait, je vous quitte. 83a. Récitatif créon Quelle audace vous porte à me parler ainsi, Vous, l’objet malheureux de tant de justes haines ? Ignorez-vous que je commande ici, Et que mes volontés y seront souveraines ? C’est à moi seul de les régler. médée Créon, sur ton pouvoir cesse de t’aveugler. Tu prends une trompeuse idée De te croire en état de me faire la loi ; Quand tu te vantes d’être Roi, Souviens-toi que je suis Médée. créon Cet orgueil peut-il s’égaler ? médée Sur l’Hymen de ta fille il m’a plu de parler ; En vain mon audace t’étonne. Plus puissante que toi dans tes propres États, C’est moi qui le veux, qui l’ordonne : Tremble si tu n’obéis pas. créon Ah ! c’est trop en souffrir ; Gardes, qu’on la saisisse. Les Gardes vont pour saisir Médée, elle les touche de sa Baguette, & en même temps ils tournent leurs Armes les uns contre les autres.

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ACTE IV, SCÈNE 6 MÉDÉE LE LIVRET

83b. Charge 84. Les Combattants 85a. Récitatif créon Que vois-je ! ah, justes Dieux ! Par quel mouvement furieux, Vouloir que par vos mains chacun de vous périsse. médée Montre ici ta puissance à retenir leurs bras ; Sois Roi, si tu peux l’être, et suspens leurs combats. Créon veut s’avancer vers Médée, et les gardes l’environnent pour l’arrêter. 85b. Charge 86. Récitatif

88b. Air premier fantôme seul Après de mortelles alarmes, Qu’un heureux calme semble doux ! 88c. chœur chœur Après de mortelles alarmes, Qu’un heureux calme semble doux ! 88d. Air premier fantôme seul Cœurs agités d’un vain courroux, Cédez, rendez-vous à nos charmes. Où prendrez-vous des armes Qui tiennent contre nous ? 88e. chœur

créon Quoi, lâches, contre moi tous vos efforts s’unissent ? médée Je plains ton triste sort, tes sujets te trahissent, Mais ne crains rien de leur emportement ; Pour le faire cesser je ne veux qu’un moment. Elle fait un cercle en l’air avec sa Baguette, & aussitôt on voit des Fantômes sous la f igure de Femmes agréables.

SCÈNE 7 87a. Prélude tendre 87b. Air médée Objets agréables, Fantômes aimables, Apaisez les fureurs De ces farouches cœurs. 88a. Premier Air pour les Fantômes

le chœur Cœurs agités d’un vain courroux, Cédez, rendez-vous à nos charmes. 88f. Air premier fantôme seul Où prendrez-vous des armes Qui tiennent contre nous ? 88g. chœur chœur Cédez, rendez-vous à nos charmes. Où prendrez-vous des armes Qui tiennent contre nous ? 88h. Air premier fantôme seul Où prendrez-vous des armes Qui tiennent contre nous ?

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MÉDÉE LE LIVRET ACTE IV, SCÈNE 7

88i. chœur

SCÈNE 8 92a. Récitatif

chœur Où prendrez-vous des armes Qui tiennent contre nous ? 89. Fantômes et gardes 90. Air créon Par quel prodige, à moi-même contraire, En voyant ces objets, n’ai-je plus de colère ? 91a. Duo deux fantômes Tout ressent le pouvoir Du plaisir de vous voir. Une âme de glace S’en laisse émouvoir, Et quoi que l’on fasse, Le chagrin le plus noir Lui doit céder la place. Tout ressent le pouvoir Du plaisir de nous voir.

médée Mon pouvoir t’est connu, j’ai mis ta Garde en fuite, Pour te forcer à l’Hymen que je veux, Mon art secondera mes vœux, J’ai commencé, crains en la suite. créon Quoi, l’on viendra me braver dans ma Cour ! Périsse tout plutôt que je l’endure. créon Votre sang odieux lavera mon injure, Ou les Dieux m’ôteront le jour. médée D’un indigne mépris c’est trop souffrir l’outrage. Viens, Fureur, c’est à toi d’achever mon ouvrage. 92b. Symphonie La Fureur paraît avec son flambeau, et passe par devant Créon.

SCÈNE 9 93a. Prélude 93b. Air

91b. chœur le chœur Tout ressent le pouvoir Du plaisir de nous voir. Une âme de glace S’en laisse émouvoir, Et quoi que l’on fasse, Le chagrin le plus noir Lui doit céder la place. Tout ressent le pouvoir Du plaisir de nous voir. 91c. Ritournelle Les Fantômes disparaissent, et les gardes charmés de leur beauté abandonnent le Roi pour les suivre.

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Créon seul. Noires Divinités, que voulez-vous de moi ? Impitoyables Euménides, Vous faut-il le sang des perfides Qui n’ont pas respecté leur Roi ? Mais où suis-je ? D’où vient tout à coup ce silence ? Le Ciel s’arme de feux. Ah, c’est pour ma vengeance. Courons, n’épargnons rien. Que d’horribles éclats ! Où veux-je aller ? Tout tremble sous mes pas. Tout s’abîme, la terre s’ouvre. Dans ses gouffres profonds quels monstres je découvre ! ] Ils saisissent Médée. Ah, ne la quittez pas. Les sombres flots du Styx n’ont rien qui m’épouvante. ] Pour la voir condamnée aux plus affreux tourments, ]

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ACTE IV, SCÈNE 9 MÉDÉE LE LIVRET

Je vais apprendre à Radamante Jusqu’où va la noirceur de ses enchantements. 94. Intermède

ACTE V

SCÈNE 1

95. Prélude 96. Récitatif nérine On ne peut sans effroi soutenir sa présence. Il court de toutes parts, menaçant, furieux, Dans ce funeste état tout ce qu’il voit l’offense ; La Princesse elle seule, en s’offrant à ses yeux, Semble de sa fureur calmer la violence ; Il s’arrête, il soupire, et garde un long silence. médée Et que dit son heureux Amant ? nérine Jason ignore encore ce triste événement. Occupé par les soins que la guerre demande, Il range avec nos chefs les troupes qu’il commande. médée Que d’horreurs ! que de maux suivront sa trahison ! C’est lui seul qui les cause, il m’en fera raison ; Vengeons-nous. Ma fureur, à tant de Rois fatale, A-t-elle assez de ma Rivale ? Non, s’il ose garder ses sentiments ingrats, Si toujours il perd la mémoire De ce que j’ai fait pour sa gloire, Il aime ses Enfants, ne les épargnons pas. 97. Air médée Ne les épargnons pas ! ah, trop barbare Mère, Quel crime ont-ils commis pour leur percer le sein ? Nature, tu parles en vain,

Leur crime est assez grand d’avoir Jason pour Père. Quel désespoir m’aveugle et m’emporte contre eux ? Leur âge permet-il cet affreux parricide, Et sont-ils criminels pour être malheureux ? 98. Récitatif médée Quoi, je craindrai de punir un perfide ! De ses vœux triomphants ma mort serait l’effet ! 99. Air médée Oublions l’innocence, et voyons le forfait, Une indigne pitié me les fait reconnaître ; C’est mon sang, il est vrai, mais c’est le sang d’un traître. Puis-je trop acheter, en les faisant périr, La douceur de le voir souffrir ? SCÈNE 2 100. Air créuse Si la pitié vous peut trouver sensible, Voyez une Princesse en pleurs, Qui vient vous demander la fin de ses malheurs : À votre art rien n’est impossible. Pour garantir l’Etat des maux que je prévois, Si la pitié peut vous trouver sensible, Apaisez la fureur du Roi. 101. Air médée Si vous voulez obtenir ce miracle, C’est au Prince d’Argos qu’il faut vous adresser. Par son hymen vos maux doivent cesser, Vos désirs n’auront point d’obstacle : Mais je veux qu’en ce même jour, En recevant sa foi, vous payez son amour.

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MÉDÉE LE LIVRET ACTE V, SCÈNE 2

102. Récitatif créuse Sur cet hymen quel parti dois-je prendre, Quand d’un Père et d’un Roi le ciel m’a fait dépendre ? ] médée J’ai parlé, c’est assez ; ne cherchez plus qu’en moi, Le pouvoir d’un Père et d’un Roi. créuse Pourquoi précipiter un dessein... médée Point d’excuse. Du trouble où je vous mets je connais la raison ; Quand au Prince d’Argos votre cœur se refuse, Il veut se garder à Jason. créuse Se garder à Jason ? médée Je sais sa perfidie, En lui vous aviez un amant ; Mais on n’offense pas Médée impunément ; D’une entreprise si hardie L’univers étonné verra le châtiment. créuse Ah, reprenez Jason, et me rendez mon Père. Que Jason parte, et qu’il fuie avec vous.

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créuse Que ce grand bruit m’est redoutable ! chœur Dieux cruels, est-ce ainsi que votre haine accable Ceux que vous devez soutenir ?

SCÈNE 3 104. Récitatif créuse à Cléone Venez, parlez ; qu’avez-vous à m’apprendre ? Je vois vos yeux baignés de pleurs. cléone Je viens vous annoncer le plus grand des malheurs. Le Roi ne respirait que du sang à répandre, Quand voyant le Prince d’Argos, Il a paru plus en repos. Sa fureur semblait dissipée ; Mais dans le temps qu’on n’a rien redouté De sa fausse tranquillité, De ce malheureux Prince il a saisi l’épée, Et lui perçant le flanc, son bras nous a fait voir Ce que peut un prompt désespoir. créuse Hélas !

médée Non, de ma main vous prendrez un Époux, Ce seul moyen peut satisfaire Les transports de mon cœur jaloux.

cléone Dans ce malheur extrême, Chacun s’est empressé de lui prêter secours. Le Roi dans cet instant a terminé ses jours, Du même fer il s’est percé lui-même. Ah, s’est-il écrié, le Ciel l’a donc permis, J’ai vaincu tous mes ennemis.

103. Chœur de Corinthiens

105a. Chœur de Corinthiens

chœur de corinthiens qu’on ne voit pas Ah, funeste revers ! fortune impitoyable ! Corinthe, hélas ! que vas-tu devenir ?

chœur de corinthiens Ah, funeste revers ! fortune impitoyable ! Corinthe, hélas ! que vas-tu devenir ? Dieux cruels, est-ce ainsi que votre haine accable

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ACTE V, SCÈNE 3 MÉDÉE LE LIVRET

Ceux que vous devez soutenir ? Refusons notre encens, notre hommage, À ces Dieux inhumains ; Tous nos respects sont vains, Nos malheurs sont leur injuste ouvrage ? Refusons notre encens, notre hommage À ces dieux inhumains. 105b. Récitatif créuse C’est assez, laissez-moi, vos pleurs ne font qu’aigrir, Les maux que je me dois préparer à souffrir.

SCÈNE 4 106. Récitatif créuse Eh bien, barbare, êtes-vous satisfaite ? Par de plus grands forfaits voulez-vous mériter Le détestable honneur de faire redouter Le pouvoir que l’Enfer vous prête ? médée Un peu de sang versé vous met-il en courroux ? Si c’est pour vos regards un spectacle funeste, Le cœur de Jason qui vous reste, Pour vous en consoler, est un prix assez doux. créuse Ah, si j’ai sur lui quelque empire, Craignez à vous punir la dernière rigueur. Je ne m’en servirai, que pour mettre en son cœur Toute la haine que m’inspire Ce que pour vous je sens d’horreur. médée Que peuvent contre moi ces desseins de vengeance ? Quels effets en seront produits, Puisque vous ignorez jusqu’où va ma puissance, Connaissez tout ce que je suis. Médée touche Créuse de sa baguette et s’en va.

SCÈNE 5 107a. Prélude 107b. Récitatif créuse Quel feu dans mes veines s’allume ? Quel poison, dont l’ardeur tout à coup me consume, Dans cette robe était caché ? Soutenez-moi, je n’en puis plus, je tremble, Je brûle. Sur mon corps un brasier attaché Me fait souffrir mille tourments ensemble. Mon mal est sans remède, à quoi servent ces pleurs ? Rien ne peut soulager l’excès de mes douleurs.

SCÈNE 6 108a. Récitatif jason Ah, Roi trop malheureux ! mais ô ciel ! la Princesse Paraît mourante entre vos bras ! Qui la met dans cette faiblesse ? créuse Approchez-vous, Jason, ne m’abandonnez pas. Mon père est mort, je vais mourir moi-même. Je péris par les traits que Médée a formés ; Mille poisons dans sa robe enfermés, Par une violence extrême, Vous ôtent ce que vous aimez. Ce que j’endure est incroyable ; Mais au moins j’ai de quoi rendre grâces aux Dieux, Que sa fureur impitoyable Me laisse la douceur de mourir à vos yeux. jason Appelez-vous douceur un effet de sa rage ? De cet affreux spectacle elle a su la rigueur. Pouvait-elle mettre en usage Un supplice plus propre à m’arracher le cœur ? 108b. Duo tous deux Hélas ! près d’être unis par les plus douces chaînes, Faut-il nous voir séparés à jamais ?

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MÉDÉE LE LIVRET ACTE V, SCÈNE 6

créuse Peut-on rien ajouter à l’excès de ma peines ?

jason Ah, barbare !

jason Peut-on lancer sur moi de plus terribles traits ?

médée Infidèle ! après ta trahison, Ai-je dû voir mes fils dans les fils de Jason ?

tous deux Hélas ! près d’être unis par les plus douces chaînes, Faut-il nous voir séparés à jamais ? créuse Ah, ne cherchez point à mourir. Vivez, si vous voulez me plaire J’ai causé la mort de mon père, Vengez-la, c’est le prix qu’exigent mes douleurs.] 109. Air créuse Mais déjà ; de la mort les horreurs me saisissent, Je perds la voix, mes forces s’affaiblissent, C’en est fait, j’expire, je meurs. On emporte Créuse.

jason Ne crois pas échapper au transport qui m’anime, Pour te punir j’irai jusqu’aux Enfers. médée Ton désespoir choisit mal sa victime. Que pourra-t-il, puisque les airs Sont pour moi des chemins ouverts ? jason Ah, le Ciel qui toujours protégea l’innocence... médée Adieu Jason, j’ai rempli ma vengeance. Voyant Corinthe en feu, ces palais embrasés, Pleure à jamais les maux que ta flamme a causés.

SCÈNE 7 110a. Récitati jason Elle est morte, et je vis ! courons à la vengeance, Pour être en liberté de renoncer au jour : La perte de Médée est due à mon amour. Quel supplice assez grand peut expier l’offense ? Mais par quel effet de son art...

111b. Symphonie Médée fend les Airs sur son Dragon, et en même temps les statues et autres ornements du palais se brisent. On voit sortir des démons de tous côtés, qui ayant des feux à la main embrasent ce même palais. Ces démons disparaissent, une nuit se forme, et cet édif ice ne paraît plus que ruine et monstres, après quoi il tombe une pluie de feu.

110b. Prélude

SCÈNE 8 111a. Récitatif médée en l’air sur un Dragon C’est peu, pour contenter la douleur qui te presse, D’avoir à venger la Princesse ; Venge encore tes Enfants ; ce funeste poignard Les a ravis à ta tendresse.

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CETTE ANNÉE-LÀ... GENÈVE EN 1693 par Gérard Duc ( Prohistoire* )

Dans l’esprit collectif, le XVIIème siècle demeure avant tout celui de la Guerre de Trente Ans (16181648), coûtant la vie à environ cinq millions de personnes, soit 25 à 30% de la population européenne de l’époque. Siècle de terreur et d’adversité, son atmosphère de misère est encore accrue par les hivers rigoureux du Petit Âge glaciaire. La noirceur des temps n’épargne guère Genève, dont le siècle débute avec l’Escalade, tentative de coup de main du duc de Savoie Charles-Emmanuel pour s’emparer de la cité et qui échoue dans la nuit du 11 au 12 décembre 1602. Cette agression n’est que l’ultime épisode d’une guerre commencée en 1598, opposant les troupes savoyardes aux milices genevoises soutenues par la France et les cantons suisses, entraînant pillages et massacres dans les campagnes et laissant la région exsangue. Mettant un terme aux calamités de la guerre, le traité de Saint-Julien de 1603 ne desserre que temporairement l’étau puisque, dès 1615, plusieurs épidémies de peste et des crises frumentaires régulières frappent la cité jusqu’au milieu du siècle. L’édit de Fontainebleau et la guerre de la Ligue d’Augsburg : deux éléments pour une sombre fin de siècle genevois L’édit de Fontainebleau, signé en octobre 1685 par Louis XIV, révoque l’édit de Nantes de 1598 qui accordait certaines facilités au culte réformé dans le Royaume de France. Il a des répercussions à Genève. Durant la seule année 1693, la « Rome protestante » accueille 3300 réfugiés huguenots, alors qu’elle compte environ 16 200 habitants : en une seule année, sa population bondit de plus de 20%. Dans ces années-là, la cité compte 260 habitants par hectare (contre 123 actuellement) et les propriétaires surélèvent leurs immeubles, garnissent cours et jardins de nouvelles constructions pour accueillir les réfugiés. Dans le même temps, la guerre de la Ligue d’Augsburg (1688-1697), opposant la France à une coalition formée de la Savoie, de l’Autriche, de l’Empire germanique et de l’Espagne accélère le déclin d’une période d’embellie économique sur tout le continent. Les circuits commerciaux sont interrompus et le secteur de la dorure, uti-

lisée dans la passementerie ou dans la production d’étoffes précieuses, employant une maind’oeuvre très nombreuse à Genève, est frappé de plein fouet. Des milliers d’ouvriers sont au chômage, la misère augmente.

* Prohistoire est un

Le terrible hiver 1693 Fin 1693, la situation, rendue déjà délicate depuis plusieurs années par la crise industrielle et l’arrivée de nombreux réfugiés, s’aggrave suite à l’augmentation du prix du pain consécutive à une très mauvaise récolte. Selon les Registres du Conseil, celle-ci fournit, dans les environs de Genève, « tout juste pour la semence ». Le prix du pain atteint des sommets inégalés et on assiste à une augmentation des vols de draps, de combustible et de pain. Certains habitants, sans aucune ressource, demandent à être admis à l’hôpital et le Conseil doit accorder une distribution de pain aux ouvriers et ouvrières des manufactures. Dans les campagnes voisines de Savoie, les villageois sont contraints de se nourrir d’herbe crue ou de pain de son. Dans ce contexte émerge un sentiment de rejet des réfugiés, qui ne fera que croître les années suivantes. Il faut dire que parmi les quelques 3 300 réfugiés de 1693, 1 600 sont à la charge de l’assistance.

deux historiens

Le décès d’une cheffe d’entreprise Le 12 septembre 1693, Elisabeth Baulacre décède trois jours avant son quatre-vingtième anniversaire. Placée à la tête d’une boutique d’articles de mercerie à la mort de son mari en 1641, elle a parfaitement su développer l’entreprise qui devient, les années suivantes, une manufacture active dans la production de dorures. L’entreprise compta jusqu’à 1200 ouvriers. Au moment de son décès, Elisabeth Baulacre est la seconde plus grosse fortune de la République.

du bicentenaire

atelier d’écriture de l’histoire créé en 2006 par Gérard Duc et Olivier Perroux, indépendants issus du milieu académique. Prohistoire a participé à l’élaboration d’expositions, à la rédaction d’ouvrages historiques, dont une Histoire des énergies à Genève et à plusieurs projets historiques, notamment pour la Banque Lombard Odier & Cie. En 2015, dans le cadre des festivités de l’entrée de Genève dans la Confédération suisse, Prohistoire a conçu l’exposition Genève et la Suisse. Un bicentenaire en 200 chroniques, pour le compte de l’Association GE200.CH. Cette exposition a été présentée entre mai et fin juillet 2015 sur le quai Wilson.

www.prohistoire.ch

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RÉFÉRENCES À LIRE

O À ÉCOUTER

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L’Avant-Scène Opéra N° 68 Paris, 1993 Un musicien oublié, MarcAntoine Charpentier, 1634-1704 Claude Crussard Paris, 1945

William Christie studio, 1984 Harmonia Mundi HMC Jill Feldman Agnès Mellon Gilles Ragon Jacques Bona Philippe Cantor Sophie Boulin Orchestre et Chœur Les Arts Florissants

Marc-Antoine Charpentier Catherine Cessac Paris, Fayard, 1988 Marc-Antoine Charpentier H. Wiley Hitchcock Oxford, 1990 New perspectives on Marc-Antoine Charpentier Shirley Thompson (dir.) New York, 2010

William Christie studio, 1995 Erato Lorraine Hunt Monique Zanetti Mark Padmore Bernard Deletré Jean-Marc Salzmann Noémie Rime Orchestre et Chœur Les Arts Florissants

À REGARDER

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Hervé Niquet (DM) Olivier Simonet (MS) L’Opéra royal du château de Versailles 2004 Armide classics Stéphanie d’Oustrac Gaëlle Méchaly François-Nicolas Geslot Renaud Delaigue Bertrand Chuberre Caroline Mutel Les Chantres du Centre de musique Baroque de Versailles Le Concert spirituel Ordre de distribution : Médée Créuse Jason Créon Oronte Nérine

POUR LES INTERNAUTES

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1

La partition imslp.org/wiki/M%C3%A9d%C3%A9e%2C_H.491_(Charpentier%2C_Marc-Antoine)

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Le livret www.operalib.eu/zpdf/medee_1693.pdf

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© GTG / MAGALI DOUGADOS

Anna Caterina Antonacci (Médée) pendant les répétitions au studio de Meyrin en mars 2019.

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© GTG / MAGALI DOUGADOS

[de gauche à droite et de haut en bas]

Cyril Auvity (Jason) ; Keri Fuge (Créuse) ; le metteur en scène David McVicar ; le directeur musical Leonardo García Alarcón [page de droite, idem]

Charles Rice (Oronte) face à Cyril Auvity (Jason) sous l’oeil du metteur en scène David McVicar ; Anna Caterina Antonacci et Charles Rice (Oronte) ; Alexandra Dobos-Rodriguez (Nérine) pendant les répétitions au studio de Meyrin en mars 2019.

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PRODUCTION

Chefs de chant Xavier Dami Assistant musical à la direction artistique Fabián Schofrin Assistant à la direction & chef de chant Jacopo Raffaele Coach linguistique en français Thibaut Lenaerts Assistant à la mise en scène Morgan Richards Régisseur de production Jean-Pierre Dequaire Chef de plateau Stéphane Nightingale Régisseur Valérie Tacheron Régie lumières Claire Peverelli Réalisation des surtitres Richard Neel Régie surtitres Saskia van Beuningen

Ensemble Capella Mediterranea Dessus de violon Florence Malgoire (Violon Solo) Stéphanie De Failly Sue-Ying Koang Amandine Solano Gevorg Vardanyan Jeanne Mathieu Haute-contre Girolamo Bottiglieri Catherine Plattner Juliette Roumailhac Vanessa Monteventi Stéphanie Erös Tailles Martine Schnorhk Lola Fernandez Carmen Martinez Cruz Quintes Pierre Vallet Isabelle Gottraux

Dessus de flûte Rodrigo Calveyra Timea Nagy

Hautbois Magdalena Karolak Gustav Friedrichson (3 Mai), Béatrice Zawodnik Flûtes allemande Serge Saitta Olivier Riehl Basson Catherine Pepin Westphall Trompettes Serge Tizac Charles Thuillier

CONTINUO Théorbe et guitares Quito Gato Monica Pustilnik Basson Philippe Miqueu Violone Eric Mathot Basse de viole Juan Manuel Quintana Basse de violon Diana Vinagre Clavecin Ariel Rychter Clavecin & orgue Jacopo Raffaele

Percussions Marie-Ange Petit

Basse Henrikke Rynning

L’ensemble Cappella Mediterranea est soutenu par le Ministère français de la Culture et de la Communication – DR AC Auvergne Rhône Alpes, la région Auvergne-Rhône-Alpes, la Ville de Genève et une fondation privée genevoise. L’ensemble Cappella Mediterranea est membre de la FEVIS (Fédération des ensembles vocaux et instrumentaux spécialisés) et du Bureau Export.

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PRODUCTION

Chœur du Grand Théâtre de Genève

Haut dessous Magali Duceau Martina Möller-Gosoge Cristiana Presutti

Hautes-contres José Pazos Lyonel Grelaz Arnaud ledu* Stephen Collardelle* Renaud Tripathi*

Basses Romaric Braun Nicolas Carré Phillip Casperd Christophe Coulier Harry Draganov Rodrigo Garcia Seong-Ho Han

* Chœur complémentaire

Tailles Jaime Caicompai Rémi Garin Omar Garrido Georgi Sredkov Valerón Nauzet

Figuration

Danseuses -eurs

Hommes Giusi Sillitti Hilder Seabra Alexandre Alvarez

Danseuses Angela Rebelo Daisy West Natasha Henry Casia Vengoechea TingAn Ying Mahelys Beautes Sophie Ammann (cover)

Enfants Vidal Arzoni George Birbeck Gaetan Haro

Médée Louis Hertault, 2012 Collection personnelle Bronze

© DR

Haut dessus Fosca Aquaro Chloé Chavanon Nicola Hollyman Victoria Martynenko

Danseurs Wendel Mota Silva Kiyan Khoshoie Michael Doolan Evan Schwarz Daniel Perin Po-Nien Wang Theo Onana (cover)

Personnel technique auxiliaire Technique de scène Machinerie Julien Périllard Benjamin Surville Éclairage Stephan Grandjean Juliette Ricabonni Romain Toppano Alessandra Vigna

Ateliers décors Emma Conus Laurent Genin Ateliers costumes Couture Bérangère Desmarty

Perruques-maquillage Nicole Chatelain Delfina Degiorgi Nicole Hermann-Babel Nathalie Monod Carole Schoeni Christina Simoes Nathalie Tanner Séverine Uldry Léa Yvon Habillage Annie Bard Claire Barril Irène Munier Kim Muriel

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BIOGRAPHIES

L’ensemble Cappella Mediterranea les plus prestigieuses au monde. Les projets d’opéra s’enchaînent ces dernières années : Alcina de Haendel en 2016 et Il Giasone en 2017 à l’Opéra des Nations avec le Grand Théâtre de Genève, Eliogabalo de Cavalli à l’Opéra national de Paris en 2016 et au Nationale Opera d’Amsterdam en 2017, Erismena de Cavalli à Aix-en-Provence et à l’Opéra royal de Versailles en 2017. En 2018, l’ensemble entre en Résidence à l’Opéra de Dijon pour plusieurs saisons avec une série d’œuvres inédites comme El Prometeo de Draghi (juin). La discographie de la Cappella Mediterranea compte près de 30 disques, enregistrés notamment chez Ambronay Éditions, Naïve et Ricercar. Elle a reçu de nombreuses distinctions de la presse spécialisée (Editor’s Choice de BBC, Diamant d’Or d’Opéra Magazine, Choc de Classica, Diapason d’Or, ffff de Télérama...). En septembre 2016 sortait I 7 Peccati capitali de Monterverdi, une première collaboration avec le label Alpha Classics couronnée d’un beau succès et d’une nomination aux Victoires de la musique 2017. En 2018, paraît Lettera Amorosa, des œuvres de Monteverdi, De Vez en Cuando la Vida, Joan Manuel Serrat y el Siglo de Oro, et un coffret des œuvres de Jacques Arcadelt.

Au Grand Théâtre de Genève : Récital Anne Sofie von Otter 12-13, Alcina 15-16, Il Giasone, concert autour de la musique de Cavalli 16-17, King Arthur or The British Worthy 17-18.

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© FRÉDÉRIC MAUREL

L’ensemble Cappella Mediterranea a été fondé en 2005 par le chef suisso-argentin Leonardo García Alarcón. Comme son nom l’indique, l’ensemble se passionne à l’origine pour les musiques du bassin méditerranéen, et entend proposer une autre approche de la musique baroque latine. Dix ans plus tard, le répertoire de Cappella Mediterranea s’est diversifié. Avec plus de 45 concerts par an, l’ensemble explore le madrigal, le motet polyphonique et l’opéra. Un mélange des genres qui ont modelé un style unique imprégné par une grande complicité entre le chef et ses musiciens. En quelques années, l’ensemble s’est fait connaître à travers la redécouverte d’œuvres inédites issues, pour la plupart, de la musique sicilienne telles que Il Diluvio universale et Nabucco de Michelangelo Falvetti mais aussi en proposant de nouvelles versions d’œuvres du répertoire telles que les Vespro della Beata Vergine ou Orfeo de Monteverdi, dont la création à Saint-Denis en juin 2017 tourne en Europe et en Amérique latine, ou encore la Messe en Si qui a inauguré le Festival Bach de Lausanne à l’occasion de ses 20 ans en novembre 2017. Après le succès recueilli par la recréation de l’opéra Elena de Cavalli au Festival d’Aix-en-Provence en 2013, l’ensemble est l’invité des scènes lyriques

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BIOGRAPHIES

Mise en scène

Après avoir étudié le piano en Argentine, il s’installe en Europe en 1997 et intègre le Conservatoire de Genève dans la classe de la claveciniste Christiane Jaccottet. Membre de l’Ensemble Elyma, il devient l’assistant de Gabriel Garrido, puis fonde la Cappella Mediterranea en 2005. De 2010 à 2013, il est en résidence au Centre culturel de rencontre d’Ambronay, où il est aujourd’hui artiste associé. En 2010, il est nommé directeur artistique et chef principal du Chœur de chambre de Namur. Sa discographie a été unanimement saluée par la critique. Il est aussi professeur de la classe de Maestro al cembalo et de chant baroque à la Haute École de Musique de Genève. Il est invité à diriger son ensemble Cappella Mediterranea dans le monde entier : Teatro Colón de Buenos Aires, Concertgebouw d’Amsterdam, Carnegie Hall de New York, Teatro de la Zarzuela à Madrid, Opéra national de Paris, Nederlandse Opera d’Amsterdam, Festival d’Aix-en-Provence... - scènes où il a proposé notamment un cycle Francesco Cavalli très remarqué : Elena, Eliogabalo, Il Giasone et Erismena. En qualité de chef invité, il dirige entre autres l’Orchestre de Chambre de Paris, le Freiburger Barockorchester, Les Violons du Roy de Montréal, Insula Orchestra et Accentus. En 2018, ses projets s’intensifient avec notamment l’entrée en résidence à l’Opéra de Dijon qui débutera avec El Prometeo d’Antonio Draghi, et plus récemment, Il Giasone à Versailles (production du Grand Théâtre de Genève).

Né à Glasgow, David McVicar étudie à la Royal Scottish Academy of Music and Drama, puis se tourne vers la mise en scène. À l’opéra, citons notamment : Andrea Chénier, Les Troyens, Adriana Lecouvreur, Aida, Salome, Le Nozze di Figaro, Faust, Die Zauberflöte et Rigoletto à Covent Garden, Die Entführung aus dem Serail, Die Meistersinger, Giulio Cesare, Carmen et La Bohème à Glyndebourne, Cavalleria rusticana / I Pagliacci, Giulio Cesare, Maria Stuarda, Anna Bolena, Il Trovatore au Metropolitan, Wozzeck, Rusalka, Elektra, Giulio Cesare, Manon, Il Trovatore et Billy Budd au Lyric Opera, La Traviata au Liceu et Manon, Così fan tutte, Le Nozze di Figaro, Don Giovanni à Opera Australia, Les Troyens à La Scala, La Clemenza di Tito à Aix-enProvence, Tristan und Isolde au Wiener Staatsoper, The Rake’s Progress, Così fan tutte, La Traviata, Madama Butterfly, Der Rosenkavalier, Idomeneo au Scottish Opera, Medea, Der Rosenkavalier, The Turn of the Screw, La Clemenza di Tito, Tosca, The Rape of Lucretia, Manon et Alcina à l’ENO, Sweeny Todd, Don Giovanni, Hamlet, Il Rè pastore à Opera North, Semele au Théâtre des Champs-Élysées, Don Giovanni, A Midsummer Night’s Dream La Monnaie, The Turn of the Screw et Macbeth au Mariinski, Agrippina à Bruxelles, Francfort, Barcelone et Paris (Champs-Élysées), L’Incoronazione di Poppea au Théâtre des Champs-Élysées, au Staatsoper Berlin, à l’Opéra du Rhin et à La Monnaie, Così fan tutte et le Ring à Strasbourg, Don Carlo à Francfort, Les Contes d’Hoffmann à Salzbourg. Plus récemment, citons : Tosca et Adriana Lecouvreur au Met, Il Trovatore et Elektra au Lyric Opera, Macbeth au Mariinski, Falstaff au Wiener Staatsoper, Der Rosenkavalier à Oslo, Wozzeck à Helsinki et Faust à Covent Garden.

Au Grand Théâtre de Genève : clavecin continuo d’Ariodante 07-08, assistant à la direction musicale de La Calisto 09-10,

© JEAN-BAPTISTE MILLOT

Direction musicale

© KK DUNDAS

Leonardo García Alarcón David McVicar

récital Anne Sofie von Otter, Cappella Mediterranea 12-13 et Alcina 15-16, Il Giasone 16-17, King Arthur 17-18.

Au Grand Théâtre de Genève : La Traviata 12-13, Wozzeck 16-17.

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BIOGRAPHIES

Bunny Christie

Paule Constable

Elle crée de nombreux décors p o u r l e N a t i o n a l Th e a t r e , notamment de Th e C u r i o u s Incident of the Dog in the Night-Time (West End puis en tournée en Angleterre et aux États-Unis), remportant son 3ème Olivier Award et le Tony Award. Elle gagne un Evening Standard Best Design Award pour trois de ses productions : Ink à l’Almeida et Duke à New York, Heisenberg au Wyndham’s Theatre et The Red Barn au National Theatre. Elle signe les décors de People, Places and Things au National Theatre, puis au Wyndham’s Theatre et St Ann’s Warehouse à New York. Ses autres créations au National Theatre comprennent Cherry Orchard, Men Should Weep, Our Class, Emil and the Detective, Philistines, Women of Troy avec Katie Mitchell et A Streetcar named Desire avec Glenn Close (Oliver Award Best Set Design), Husbands and Sons, Comedy of Errors et The White Guard (Olivier Award et Critics Circle Award). Elle est engagée au Donmar Warehouse pour Julius Caesar et Henry IV, repris au St Ann’s Warehouse, et The Tempest au Donmar King Cross. Elle travaille aussi dans le cinéma, notamment pour Swan Song de Kenneth Branagh, nominé aux Oscars. En 2018, elle crée les décors de Company au Gielgud Theatre à Londres (Critics Circle Award for Best Design), puis à Broadway et Ink à Londres puis à New York. Cette année, elle est engagée au Bridge Theatre pour A Midsummer Night’s Dream, après Jules César. Ses créations pour l’opéra comprennent : Tosca et Brief Encounter, création d’André Previn au Houston Grand Opera et Tosca au Los Angeles Opera. Sa collaboration avec David McVicar pour Médée à l’English National Opera date de 2013.

Paule Constable travaille dans le domaine du théâtre, de la danse et de l’opéra. Au théâtre, elle travaille fréquemment pour le Royal National Theatre, la Royal Shakespeare Company, la Royal Court (notamment pour la production de The Weir donnée en tournée au West End et à Broadway), les Donmar, Young Vic et Lyric Hammersmith. Pour le ballet, elle collabore avec Kim Brandstrup au Royal Opera House 2, avec Matthew Bourne, avec le Royal Ballet et le BalletBoyz. À l’opéra, elle est engagée pour de nombreuses productions au Royal Opera House, au Festival de Glyndebourne, à l’English National Opera, à l’Opera North, au Lyric Opera de Chicago, au Metropolitan de New York, au Festival de Salzbourg, au Théâtre des Champs-Élysées, à La Monnaie de Bruxelles, à l’Opéra national du Rhin de Strasbourg, au New National Opera de Tokyo et maints autres opéras en Europe, Amérique du Nord, Australie et Nouvelle-Zélande. Parmi ses collaborations récentes avec David McVicar figurent : Rigoletto et Faust au Royal Opera House, Cavalleria rusticana / I Pagliacci au Metropolitan, Ariodante au Wiener Staatsoper, Giulio Cesare au Festival de Glyndebourne, Der Rosenkavalier à l’opéra d’Oslo et Wozzeck à l’opéra d’Helsinki. Elle remporte notamment 9 prix Olivier et 3 Tony, Hospital pour sa contribution au théâtre, LA Drama Desk, New York Critics Circle, Helpmann, Tonic, ainsi que 3 Knight of Illumination, Opera Award 2013 et Ryane Award 2018. Elle est employée des scènes du National Theatre, Lyric Hammersmith et New Adventures. Projets en 2019 : Carmen avec Francesca Zambello à San Francisco, Le Nozze di Figaro avec David McVicar au Royal Opera House, Billy Budd avec Michael Grandage à San Francisco.

Débuts au Grand Théâtre de Genève.

© DR

Lumières

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Décors & costumes

Au Grand Théâtre de Genève : Kátia Kabanová 03-04, Wozzeck 16-17.

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BIOGRAPHIES

Lynne Page

Gemma Payne

Ly n ne P a ge a ét u d ié à l a London Contemporary Dance School. Ses chorégraphies comprennent celles de Viva Forever! (West End), Company (Sheffield Th e a t r e s ) , M y F a i r L a d y (Mariinski, Châtelet), Andrea Chénier (Bregenz), Cherr y Orchard, Never So Good, Merchant of Venice (Royal National Theatre), La Cage au x folles (Menier Chocolate Factory, West End, Broadway – What’s On Stage Award 2009, Olivier Award Nomination, Drama Desk Nomination, Tony Award Nomination), Little Night Music (Menier, West End, Broadway), Aspects of Love (Menier), Carmen (Holland Park), Rise and Fall of Little Voice (West End), Little Shop of Horrors (Menier, West End en tournée), Bad Girls: The Musical, Blonde Bombshells of 1943 (West Yorkshire Playhouse), Assassins (Crucible, Sheffield), There Came a Gypsy Riding, Late Henry Moss (Almeida), Fabulation (Tricycle), Two Gentlemen of Verona (Royal Shakespeare Company), Bat Boy: The Musical, Tell Me on a Sunday (West End) et Jesus Christ Superstar (tournée européenne). Pour la TV et le cinéma, elle est engagée pour les chorégraphies de Hippie Hippie Shake, White Lightnin’ (F&ME/Film Council) et Fred Clau s (Warner Bros). Dans le domaine musical, elle travaille aussi en 2009 pour le Pet Shop Boys Pandemonium World Tour, Kanye West Festival Tour et le Muse Resistance Tour, et pour les vidéos d’Ellie Goulding, Imogen Heap et Duffy.

Gemma Payne travaille en tant que chorégraphe et maître de ballet pour le théâtre, l’opéra, la télévision et le cinéma. Elle a étudié au Royal Ballet Upper School et Central School of Ballet. En tant qu’assistante chorégraphe et coach, elle est notamment engagée pour INK (Almeida Theatre & West End en 20172018), Albion (Almeida), The Crown Season 2 (Netflix en 2017), Farewell Christopher Robin (Fox Seachlight Film en 2016), Les Troyens (San Francisco Opera en 2015 et Wiener Staatsoper en 2018), Veils avec GoGo Penguin au EFG London Jazz Festival en 2015 et Sadler’s Wells Stage Latitude Music Festival 2016. Elle fait partie de l’équipe chorégraphique de Run Mary Run d’Arthur Pita pour le duo des étoiles du Royal Ballet Natalia Ossipova et Sergueï Polounine au Sadler’s Wells en 2016. Elle est première danseuse de la troupe Matthew Bourne’s New Adventures pendant 11 ans. Elle reçoit une maîtrise en chorégraphie en 2018. Elle est maître de ballet pour The Fateful Voyage dans une mise en scène de James Bonas avec Alex Jennings. Elle crée la chorégraphie d’Acis & Galatea à l’English National Opera en 2018. En 2019, elle signe, sous le nom de Payne Produtions, la chorégraphie de The Chambers Scent (Bluebeard), elle est maître de ballet pour Des Knaben Wunderhorn, sous la direction de Roger Vignoles, pour le Royal College of Music au Britten Theater et chorégraphe associée pour Ink à l’Almeida Theatre Broadway.

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Chorégraphie (reprise)

Chorégraphie (création)

Débuts au Grand Théâtre de Genève. Débuts au Grand Théâtre de Genève.

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BIOGRAPHIES

Jason • Ténor

Parmi les concours qui ont salué l’arrivée d’Anna Caterina Antonacci sur la scène lyrique figurent les concours Verdi de Parme, Callas et Pavarotti. Du Rossini brillant de ses débuts, elle est passée au Rossini serio (Mosè in Egitto, Semiramide, Elisabetta, regina d’Inghilterra, Ermione). Elle incarne ensuite les reines de Donizetti, Elvira, Elettra et Vitellia de Mozart, Armide de Gluck (mis en scène par Pier Luigi Pizzi et dirigé par Riccardo Muti en 1997 à La Scala), Alceste à Salzbourg, et Médée de Cherubini à Toulouse et au Châtelet. En 2003, son triomphe en Cassandre des Troyens au Châtelet avec John Eliot Gardiner, marque le passage vers les grandes héroïnes du répertoire français. Elle s’illustre dans La Juive, puis Carmen (notamment à Covent Garden et à l’Opéra Comique) puis dans Agrippina et Rodelinda de Händel. Elle chante Poppée à Munich, Néron à Paris dans la même Incoronazione di Poppea, diversité d’incarnations qui conduisent à Era la Notte, onewoman-show, autour du Combattimento di Tancredi e Clorinda, en tournée mondiale. Avec le pianiste Donald Sulzen, elle se concentre sur la mélodie italienne et française. En 2013, elle interprète La Voix humaine, en concert Sigur et Pénélope. 2014 la voit reprendre Carmen à Covent Garden et Cassandre à La Scala. En juin 2015, elle crée La Ciociara, composé pour elle par Marco Tutino au San Francisco Opera. Plus récemment, elle interprète La Voix humaine dans plusieurs opéras italiens. Projets : Oedipus Rex au Concertgebouw, La Voix humaine au Teatro Petruzelli de Bari et Iphigénie en Tauride à l’Enescu Festival.

Remarqué par William Christie, Cyril Auvity fait ses débuts sous sa direction au Festival d’Aix-en-Provence dans le rôle de Telemaco (Il Ritorno d’Ulisse in patria), qu’il reprendra au Teatro Real, il poursuit sa collaboration avec lui dans David & Jonathas, puis Atys. Spécialisé dans la musique ancienne, il se produit dans Persée à Toronto avec Hervé Niquet, Pygmalion (rôle-titre) au Châtelet, ainsi que dans Dido & Æneas avec Jane Glover, et à l’Aldeburgh Festival dans Actéon (rôle-titre) avec Emmanuelle Haïm, qu’il retrouvera dans Thésée (mise en scène Jean-Louis Martinoty). Il chante King Arthur avec Joël Suhubiette pour une série de concerts et Partenope avec Ottavio Dantone. Il s’intéresse particulièrement aux cantates et airs de cours dont il enregistre Stances du Cid (Diapason d’Or), ainsi que La Descente d’Orphée aux enfers. Il collabore avec Christophe Rousset depuis ses débuts : The Fairy Queen, Platée (Tespis/Mercure) à l’Opéra national du Rhin, La Calisto (Pan/Natura), Les Indes galantes (mise en scène Laura Scozzi) au Capitole de Toulouse, Actéon pour une série de concerts, il enregistre Bellérophon et Amadis (rôles-titres). Parmi ses projets récents et futurs : Platée (Tespis/Mercure) avec William Christie et Robert Carsen au Teater an der Wien, puis à l’Opéra Comique, Acis and Galatea (Acis) avec Le Banquet Céleste, Damien Guillon et AnneLaure Liégeois, Les Indes galantes (Valère/Tacmas) avec Ivor Bolton et Sidi Larbi Cherkaoui à Munich, L’Orfeo (rôle-titre) en tournée européenne avec Les Arts Florissants et Paul Agnew (DVD), Alcyone (Ceix), Phaéton avec Vincent Dumestre et Benjamin Lazar à l’opéra de Perm et Opéra royal de Versailles, et Pinocchio de Philippe Boesmans, mis en scène par Joël Pommerat à l’Opéra de Bordeaux.

Au Grand Théâtre de Genève : La Clemenza di Tito (Vitellia) 05-06, Les Troyens (Cassandre) 07-08, récital 10-11, Sigurd

© JD SHAW

Médée • Soprano

© LINA KHEZZAR

Anna Caterina Antonacci Cyril Auvity

(Brunehild) et récital 13-14, Iphigénie en Tauride (rôle-titre) 14-15, récital avec Donald Sulzen 15-16.

Débuts au Grand Théâtre de Genève.

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BIOGRAPHIES

Willard White

Keri Fuge

Il étudie à la Jamaican School of Music, puis à la Juilliard School. Depuis ses débuts au New York City Opera en 1974, il chante sur les plus prestigieuses scènes lyriques. Il interprète notamment le Commandeur (Don Giovanni) à La Monnaie, Wotan (Das Rheingold) avec le Mariinski en tournée, Trinity Moses (Mahagonny) et Klingsor (Parsifal) à Covent Garden, Ibn-Hakia (Iolanta) au Festival d’Aix-en-Provence, le Pape Clément VII (Benvenuto Cellini) à l’English National Opera, Hercule (Alceste) au Teatro Real, le Prêtre (Babylon de Jörg Widmann) au Bayerische Staatsoper, Hermann (Tannhäuser) au Kongelige Teater, Arkel (Pelléas et Mélisande) et Goriantchikov (De la maison des morts) au Berliner Staatsoper. Il est Trinity Moses à Rome et Londres (Covent Garden), Ibn-Hakia à Lyon, Vodnik (Rusalka) à Glasgow, Créon (Oedipus Rex) à Aix-en-Provence et Schigolch (Lulu) à Londres (ENO). En 2017, il chante notamment le Docteur (Wozzeck) au Nationale Opera d’Amsterdam. En concert, on a pu l’entendre dans une version de concert de Pelléas et Mélisande et de Porgy and Bess avec le Berliner Philharmoniker et Simon Rattle, et en Barbe-Bleue avec le Los Angeles Philharmonic et Esa-Pekka Salonen. Plus récemment, il est Publio au De National Opera et au Théâtre des ChampsÉlysées, Goriantchikov à l’Opéra national de Paris et de Lyon, au Royal Opera House et à La Monnaie, le Commandeur au ROH, Cadmus (Die Bassariden) au Festival de Salzbourg et Thibaut (La Pucelle d’Orléans) au Theater an der Wien. Il est président du Royal Northern College of Music.

Keri Fuge étudie à la Guildhall School of Music and Drama (2008-2010) puis au National Opera Studio (2012-2013). Elle interprète des rôles comme Despina et Doña Isabel (The Indian Queen) à l’English National Opera, Barbarina (Le Nozze di Figaro) et Gretel (Hänsel und Gretel) pour le Glyndebourne Tour, Barbarina et Chocholka (La Petite Renarde rusée) au Festival de Glyndebourne, Cupidon (Orpheus) au Royal Opera House, Poppea (Agrippina) avec le Brisbane Baroque, Sophie (Werther) et Zerlina (Don Giovanni) au Stadttheater Klagenfurt, Flavia (Lucio Silla) à l’International Händel-Festspiele Göttingen et au Ludwigsburger Schlossfestspiele et Aquillo (Adriano in Siria) avec l’Opera Rara au Teatr Słowackiego de Cracovie. En concert, on a pu l’entendre dans le Stabat Mater de Pergolesi et Amarilli vezzosa au Barbican, puis en tournée, avec l’Academy of Ancient Music, Solomon de Händel (Reine de Saba / 1ère Femme) avec les London Mozart Players, l’Exsultate Jubilate et Let Bright Seraphim en tournée européenne, le Requiem de Mozart au Royal Festival Hall et en Norvège avec le Stavanger Symphony Orchestra, le Messiah de Händel avec le Polski Chór Kameralny à Gdansk, Armida abbandonata avec le London Haendel Festival Orchestra, des Carols de Candlelight au Royal Albert Hall et Symphony Hall à Birmingham et le Messiah au Royal Festival Hall à Londres. Elle donne aussi des récitals au Wigmore Hall et The Forge Camden avec la Berlioz Society. Ses enregistrements comprennent : A Midsummer Night’s Dream de Mendelssohn avec le City of Birmingham Symphony Orchestra et le Stabat Mater de Pergolesi avec l’Academy of Ancient Music.

Créon • Baryton

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© CHRIS HALL

Créuse | 1er fantôme • Soprano

Au Grand Théâtre de Genève : Don Giovanni (Leporello) 90-91, Billy Budd (John Claggart) 93-94, La Damnation de Faust

Au Grand Théâtre de Genève : King Arthur (Philidel / Nymph /

(Méphistophélès) 08-09, The Indian Queen (Sacerdote Maya)

Honnour / Syren) 17-18

16-17, Il Giasone (Oreste / Giove) 16-17, La Clemenza di Tito (Publio) 17-18.

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BIOGRAPHIES

Charles Rice

Alexandra Dobos-Rodriguez

L e ba r y ton f ra nco-a ngl a i s Cha rles R ice a ét ud ié à l a Roya l Academy of Music et au National Opera Studio. Il a été finaliste des Azuriales Young Ar tists Competition 2009 en France et lauréat du Garsington Prize 2009. Il est engagé pour Harlekin (Ariadne auf Naxos) à l’Opéra de Toulon, Sid (Albert Herring) à l’English Touring Opera, Gloria – A pigtale de HK Gruber en tournée avec le Mahogany Opera Group, Ned Keene (Peter Grimes) à l’Aldeburgh Festival, Bello (L a Fanciulla del West) à l’English National Opera, Comte Robinson (Il Matrimonio segreto) au Festival de Sédières, Moralès (Carmen) au Royal Albert Hall, Angelotti (Tosca) au Grange Park Opera, Guglielmo (Così fan tutte) et le Vicaire (Alber t Herring) au R AO. En 2016-2017, il chante Escamillo (Carmen) au Stadttheater Klagenfurt, Arthur Koestler (Benjamin, dernière nuit), Albert (La Juive) et Procolo (Viva la mamma) à l’Opéra national de Lyon, Marcello (La Bohème) à l’Opera Theatre Company, Silvio (I Pagliacci) à l’Opéra de Toulon, Hermann (Les Contes d’Hoffmann) au Royal Opera Hou se. En 2017-2018, i l i nter prète Si mon son (Risurrezione) au Wexford Festival, Ned Keene (Peter Grimes) au Palau de les Arts de Valence, Sir Robert Cecil (Gloriana) au Teatro Real de Madrid, Figaro (Il Barbiere di Siviglia) et Maximilian (Candide) au Grange Festival de Northington. Parmi ses engagements récents et futurs en concert figurent les Carmina burana avec l’orchestre symphonique de Lettonie, Camelot (Lancelot) au London Palladium et The Silver Tassie (Barney) avec le BBC Symphony Orchestra au Barbican.

Sopra no f ra nça i se, née en Roumanie, Alexandra DobosRodriguez commence très tôt ses études musicales. Après des études de droit, elle intègre la classe de chant de Leontina Vaduva à la Haute École de musique de Lausanne où elle obtient son diplôme de master en juin 2018. À la scène, elle a abordé notamment les rôles de la comtesse Almaviva des Nozze di Figaro (direction Leonardo García Alarcón), le rôle-titre de Cendrillon (Marie) de Pauline Viardot à l’Opéra de Lausanne, celui de la Première Dame dans Die Zauber flöte au Nouvel Opera Fribourg Équilibre. Outre son goût pour l’opéra qui l’amène à se perfectionner auprès de Leontina Vaduva et Hedwig Fassbender (Exzellenz-Labor Gesang 2017), elle bénéficie des conseils de Jean-François Gardeil, pour la mélodie française, de Helmut Deutsch pour le lied, et de Thierry Pillon pour le théâtre. Elle est lauréate de la fondation du Pour-cent culturel Migros en 2017 et 2018.

Oronte • Baryton

© ESTELLE VIDON

© RAPHAELLE PHOTOGRAPHY

Nérine • Soprano

Au Grand Théâtre de Genève : Il Pirata (Adele) 18-19.

Débuts au Grand Théâtre de Genève.

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BIOGRAPHIES

Magali Léger

Alban Legos

Maga l i L éger com mence s e s ét u d e s d e c h a nt ave c Christiane Eda-Pierre et les p o u r s u it ave c C h r i s t i a n e Patard au CNSM de Paris, où elle obtient le premier prix à l’unanimité. En 2003, elle est nommée dans la catégorie « Révélation » des Victoires de la Musique. Sous la direction de William Christie et ses Arts Florissants, elle chante Rameau, Maître à danser (Cité de la Musique, Barbican Center, Bolchoï, Brooklyn Academy of Music, notamment). Elle interprète Minka (Le Roi malgré lui) à l’Opéra de Lyon et à l’Opéra Comique, Léonore (L’Amant jaloux) à l’Opéra Comique et à l’Opéra royal de Versailles, Gabrielle (La Vie parisienne) au Capitole de Toulouse, Thérèse (L es Mamelles de Tirésia s) au Festival de Feldkirch et au Théâtre impérial de Compiègne, Fatime (A b u-H a s s a n) à Besa nçon , Mu setta (L a Bohème) à Saint-Étienne et Frasquita (Carmen) à Compiègne. Elle enregistre 3 disques avec son ensemble baroque Rosasolis : des motets et sonates de Händel, des cantates de Pergolèse et le Stabat Mater de Boccherini. Elle se produit régulièrement en concert, entre autres lors d’une tournée Händel en Europe avec Le Concert d’Astrée et avec les pianistes Rémy Cardinale et Marcela Roggeri. Elle travaille depuis plusieurs années avec le compositeur et pianiste Michaël Levinas, ils enregistrent les mélodies de Fauré, elle chante en 2011 la Sœur de Gregor dans La Métamorphose en 2011 à Lille, et dans son oratorio La Passion selon Marc en 2017 pour les 500 ans de la Réforme. Cette saison et la saison prochaine, elle collabore avec Emmanuelle Haïm au Théâtre des Champs-Élysées pour un gala Mozart, à l’Opéra de Dijon pour Pygmalion de Rameau (la Statue) et L’Amour et Psyché de Mondonville (Psyché), repris en 2019 à Lille, puis au Luxembourg et à Caen en 2020.

Flût i s te d e pu i s l’e n f a nce , l e j e u n e b a r y t o n  A l b a n Legos débute ses études de c h a nt au CR R de Lyon en 2009, puis à la Haute École de Musique de Genève d’où il sort diplômé d’un Bachelor, puis d’un Master of Musical Art. En 2015, Yves Coudray lui confie le rôle d’Oreste dans L a Belle Hélène pour la 10 ème édition du festival Offenbach d’Etretat. En 2017, il est finaliste du Concours de Béziers. Dans son travail de soliste, il aborde les rôles de L’A lcade dans L e s Bavard s d’Offenbach, de Mat hu r i n d a n s L’Iv r o g n e c o r r i g é de Gluc k et de Frisotin dans l’opérette Là-haut de Maurice Yvain, spectacle qui a fait l’ouverture de la saison 2015-2016 du théâtre de Romont (Suisse). Les hautes écoles de musique de Genève et de Lausanne lui confient le rôle du Podestat dans Le Docteur Miracle de Bizet lors de leur production de l’été 2016, et très récemment, il incarne Fred Graham dans Kiss me, Kate de Cole Porter, dirigé par Nader Abbassi. Passionné par le corps et son fonctionnement, Alban obtient également un diplôme de massothérapeute à Genève en 2009, et travaille la danse classique avec la danseuse étoile Floriane Vergères.

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Arcas | Vengeance | Un Argien • Baryton

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Cléone | Amour | 1ère captive • Soprano

Débuts au Grand Théâtre de Genève.

Débuts au Grand Théâtre de Genève.

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Jérémy Schütz

Mi-Young Kim*

Très jeune, Jérémie Schütz s’intéresse à la scène. Adulte, il choisit d’étudier la musique et se tourne vers l’opéra. En 2015, il intègre la classe de Hiroko Luyet-K awam ichi à la Haute École de Musique de Lausanne. De 2015 à 2018, il se perfectionne auprès de Ludovic Tézier et en 2017 à l’Accademia Teatro alla Scala. Il participe à plusieurs classes de maître, entre autres, avec Helmut Deutsch, Martin Katz, John Fiore, Ludovic Tézier, Renato Bruson et Gregory Kunde. Il remporte le prix de la mélodie contemporaine et le prix jeune espoir au concours Symphonies d’Automne à Mâcon en 2014 et gagne la Weltner Stiftung en 2016. En 2015, il se produit au Grand Théâtre de Genève, au Victoria Hall et à l’Opéra national de Lyon dans Mesdames de la Halle (Raflafla). En 2016, il enregistre Mélodies françaises avec l’Orchestre symphonique de Mâcon dirigé par Eric Geneste, il incarne Odoardo (Ariodante de Händel) à l’Opéra de Lausanne, Rinuccio (Gianni Schicchi) à l’Opéra national de Lorraine et Pedrillo (Il ratto dal serraglio per i Bambini) à La Scala, où il apparaît aussi en Giuseppe (La Traviata), Lehrbuben (Die Meistersinger) et Venditore (La Bohème). En 2017, il tient le rôle du Guépard dans Les Zoocrates de Thierry Besançon à l’Opéra de Lausanne et donne un concert du nouvel an au Symphony Hall d’Osaka. En 2018, il donne un récital à l’Abakan Music Festival, chante dans le Requiem de Mozart au Victoria Hall, dans Paulus de Mendelssohn à Fribourg-en-Brisgau, dans la Misa Criolla y Navidad Nuestra à Bâle. Projets en 2019 : un récital à l’Abakan Music Festival et I due Foscari (Jacopo) à Saint-Moritz.

M i-Yo u n g K i m é t u d i e l e chant, le piano et la composition à l’université Yonsei de Séoul et au conservatoire de Santa Cecilia à Rome. Elle fait ses débuts dans le rôle de Su z u k i (M a d a m a B u t t e r f l y) . Elle a donné de nombreux concerts en Europe et aux États-Unis, notamment au Jefferson Memorial de Washington. Son répertoire va du baroque au contemporain sans oublier la musique sacrée. En tant que cheffe de chant, Mi-Young Kim a, entre autres, travaillé au Teatro Manzoni de Rome et au Concours international de chant de Zenzano. Elle est saluée par la critique pour sa prestation dans l’opéra Madonna Oretta. En 2009, elle reçoit le 1er prix du concours de Bourgogne, à l’unanimité du jury présidé par Natalie Dessay. En 2010, elle chante Orphée (Orphée et Eurydice de Gluck, dans la version de Berlioz), au Victoria Hall de Genève. En 2014, elle était Berta (Il Barbiere di Siviglia) au Teatro Moderno de Grossetto. Récemment, une compilation de gospels composés par Mi-Young Kim a été commercialisé en Corée.

© YUKI TSURUSAKI

© GTG / NICOLAS SCHOPFER

Une Italienne | 2ème captive | 2ème fantôme • Mezzo-soprano

Jalousie | 3ème captif | 2ème corinthien | Un Corinthien • Ténor

Au Grand Théâtre de Genève : Les Troyens (Une nubienne) 07-08, Der Freischütz (Une demoiselle d’honneur) 08-09, Alice in Wonderland (Juré / Lézard) 09-10, La Petite Zauberflöte (3ème Dame) 10-11, Juliette ou la Clé des songes (3ème Monsieur) 11-12, JJR (chef de chant), Les Aventures du roi Pausole (Une girl) et Madama Butter fly (la Mère de Cio-Cio-San) 12-13, Iphigénie en Tauride (1ère Prêtresse) 14-15, Les Troyens (Hécube) 15-16, Szenen aus Goethes Faust (la Misère) 17-18, King Arthur, or the British Worthy (Spirit of Philidel / Nymph) 17-18.

Au Grand Théâtre de Genève : Guillaume Tell (Rodolphe) 15-16, Les Troyens (Hélénus) 15-16.

* Membre du Chœur du Grand Théâtre de Genève

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Un Argien | 1er Corinthien • Ténor

José Pazos est né à Irún, en Espagne. En 2000, il rejoint le Chœur du Grand Théâtre de Genève. En 2002, il interprète Alfredo (La Traviata) à l’Opernfestival en Engadine. Tout en travaillant à Genève, il fait ses débuts en Rodolfo au National Concert Hall de Dublin avec le RTÉ, puis au Theatre Royal Waterford au Loughcrew Opera Festival, à Genève et à Divonne ; il est Roméo (Roméo et Juliette), Ernesto (Don Pasquale), Werther, Des Grieux (Manon de Massenet), Edgardo (Lucia di Lamermoor), Don José (Carmen), Turiddu (Cavalleria rusticana), Don Sebastiano (Don Sebastiano Re di Por togallo) au Victoria Hall, Bertrando (L’Inganno felice), Canio (I Pagliacci), Alfred (Die Fledermaus) et Babylas (Monsieur Choufleuri). Son répertoire comprend aussi le Requiem de Verdi, la Petite Messe solennelle et le Stabat Mater de Rossini, la Messa di Gloria de Puccini, Elias de Mendelssohn, Rejoice of the Lamb de Britten, le Requiem de von Suppé, le Requiem de Mozart, la Misa Criolla et la Navidad Nuestra d’Ariel Ramírez à Zurich, Bâle, Genève, Rochester, Novare, Lausanne et à La Réunion. Récemment on a pu l’entendre dans la Messa di Gloria e Credo de Donizetti au CERN, en Don José (Carmen) à Neuchâtel ou Alfredo (La Traviata) au BFM. Parmi ses projets figurent : Roberto dans Le Villi à Genève, le Requiem de Verdi à Berne, le Stabat Mater de Dvořák à Annecy et Genève, la Messa di Gloria de Puccini en Espagne et le rôle-titre de Faust au BFM à Genève.

© GTG / NICOLAS SCHOPFER

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José Pazos*

Au Grand Théâtre de Genève : Maria di Rohan (Aubry) 01-02, Il Turco in Italia (Albazar) 02-03, Les Oiseau x (Un turcol) 03-04, Mémoires d’une jeune fille triste (Octuor vocal) 04-05, L’Étoile (Patacha) et Alice in Wonderland (Pat) 09-10, Die lustige Witwe (Cascada) 10-11, Fidelio (1er Prisonnier) 14-15, Le Médecin malgré lui (Lucas) 15-16, La Bohème (Parpignol) 16-17.

* Membre du Chœur du Grand Théâtre de Genève

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INFORMATIONS PRATIQUES Horaires des représentations Les représentations ont lieu généralement à 19 h 30 en soirée et à 15 h en matinée. Pour certains spectacles, ces horaires peuvent être différents. Les horaires sont toujours indiqués sur les billets. Ouverture des portes L’accès à la salle est possible 30’ avant le spectacle. Retardataires Par respect pour le public et les artistes, après le début du spectacle l’accès à la salle se fait à la première interruption et aux places accessibles. Un circuit vidéo permet généralement de suivre le début du spectacle. Aucun remboursement ou échange de billet ne sera effectué en cas de retard. Vestiaires Des vestiaires payants sont à la disposition du public aux différents niveaux du Grand Théâtre de la place de Neuve (Fr. 2.-). Jumelles Des jumelles peuvent être louées dans tous les vestiaires (Fr. 5.-). Rehausseurs Disponibles aux vestiaires (service gratuit). Enregistrements Il est interdit de photographier, de filmer ou d’enregistrer les spectacles. Tout contrevenant peut être soumis à des poursuites. Surtitrage Les ouvrages font généralement l’objet d’un surtitrage bilingue français-anglais. Programmes Les programmes du spectacle sont en vente sur place auprès du personnel de salle ainsi qu’à la billetterie du Grand Théâtre.

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BARS 1 heure avant le spectacle Les bars du hall, des foyers et du sous-sol vous proposent boissons et petite restauration. Dès 30 minutes avant le spectacle Le bar des foyers vous propose boissons et petite restauration. À l’entracte Les bars du hall, des foyers, du sous-sol et de l’amphithéâtre vous proposent boissons et petite restauration.

CONFÉRENCE DE PRÉSENTATION

Trente minutes avant chaque opéra, un musicologue vous donne quelques clés pour mieux apprécier le spectacle.

SUR L’ŒUVRE

Pour chaque opéra et création chorégraphique de la saison 18-19, une conférence très complète sur l’œuvre est organisée quelques jours avant la première représentation, toujours à la même heure, 18 h 15, par l’Association genevoise des amis de l’opéra et du ballet au Théâtre de l’Espérance, 8, rue de la Chapelle, 1207 Genève. www.amisdelopera.ch

Soirées prestige Les entreprises souhaitant organiser une soirée lors d’une représentation au Grand Théâtre peuvent prendre contact avec Aurélie Élisa Gfeller. T +41 22 322 50 58 mecenat@geneveopera.ch Soirées privées Les personnes souhaitant organiser une soirée privée à but non lucratif dans les espaces du Grand Théâtre peuvent prendre contact avec Corinne Béroujon. T +41 22 322 50 03 c.beroujon@geneveopera.ch

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BILLETTERIE DU GRAND THÉÂTRE Àu Grand Théâtre de Genève Du lundi au samedi de 10 h à 18 h et jusqu’à 19 h 30 les jours de spectacle. Le dimanche dès 1 h 30 avant le début de la représentation. Par téléphone T + 41 22 322 50 50. Du lundi au vendredi de 10 h à 18 h Par courriel ou courrier Billetterie du Grand Théâtre CP 5126 - CH 1211 Genève 11 billetterie@geneveopera.ch En ligne sur le site geneveopera.ch Choisissez vos places et téléchargez vos billets sur votre smartphone ou imprimez-les. Les places réservées sont à régler dans les 48 h. Selon les délais, les billets réservés et payés peuvent être envoyés à domicile (Frais de port : Fr. 4.-). Modes de paiement acceptés : Mastercard, Visa et Amex. Dans le réseau FNAC en Suisse et en France Tarifs réduits Un justificatif doit être présenté ou envoyé pour tout achat de billet à tarif réduit. Remboursement / échange Les billets sont remboursés ou échangés seulement lors d’annulation de spectacle et non en cas de modifications de programmation ou de distribution en cours de saison. Les abonnés et les détenteurs de billets au tarif Flex peuvent échanger librement leur billet pour une autre date du même spectacle, jusqu’à la veille de la représentation à midi. Réservation de groupe Les associations et groupements à but non lucratif peuvent réserver des places de spectacle à tarifs préférentiels durant toute la saison. T +41 22 322 50 50 groupes@geneveopera.ch

TARIFS SPÉCIAUX TARIF JEUNE (moins de 26 ans) 50 % de réduction sur le plein tarif dans toutes les catégories (sauf Or) dans la limite des disponibilités et sur présentation d’un justificatif. TARIF ÉTUDIANT 25 % de réduction sur le plein tarif, dans toutes les catégories (sauf Or), dans la limite des disponibilités et sur présentation d’un justificatif. TARIF DERNIÈRE MINUTE 30 minutes avant le début de la représentation et en fonction de disponibilités, une sélection de places vous est proposée au tarif de Fr. 50.- pour tous, et de Fr. 30.- pour les moins de trente ans. Attention: en fonction de la fréquentation des représentations, la disponibilité de ce tarif n’est pas garantie. TARIF FLEX En choisissant le tarif Flex au moment de votre commande, vous pouvez échanger gratuitement votre billet pour une autre date du même spectacle. L’échange est possible jusqu’à la veille de la représentation à midi, et dans la limite des disponibilités. CARTE 20 ANS/20 FRANCS Les titulaires de la carte bénéficient d’un rabais supplémentaire de Fr. 2.- par rapport au tarif jeune et reçoivent un programme de spectacle (une pièce d’identité sera demandée pour accéder à la salle). TITULAIRES DU CHÉQUIER CULTURE Réduction de Fr. 10.- par chèque sur l’achat de places de spectacle à la billetterie (chèques cumulables). PASSEDANSE D’une valeur de 20 francs et valable de septembre 2018 à juin 2019, il est offert gratuitement par le Grand Théâtre avec l’abonnement pleine saison et l’abonnement danse. TARIFS PERSONNES EN SITUATION DE HANDICAP Les personnes à mobilité réduite peuvent être placées en catégorie A au premier rang, pour le prix d’un billet de catégorie F. Les personnes malentendantes peuvent être placées en catégorie C pour le prix d’un billet de catégorie H. Les personnes malvoyantes, aveugles ou avec un handicap mental, peuvent bénéficier d’une place gratuite pour leur accompagnant.

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MÉCÉNAT & PARTENARIAT EN SOUTENANT LE GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE VOUS ÊTES PARTENAIRE DE L’EXCELLENCE

Depuis plusieurs années, le Grand Théâtre de Genève mène une politique de partenariat évolutive avec les entreprises. Chaque proposition vise à offrir à nos partenaires à la fois un service inédit comportant une large palette d’approches avec les différents secteurs artistiques et techniques inhérents à la vie d’un théâtre, mais également un service utile et flexible tout au long de la saison. En soutenant le Grand Théâtre de Genève vous devenez partenaire de l’excellence. Vous touchez un public large et diversifié – plus de 100 000 spectateurs par saison – et bénéficiez ainsi d’un impact médiatique fort et positif. Vous montrez votre attachement à la diffusion de spectacles des arts vivants et permettez la réalisation de projets culturels innovants.

Contactez-nous pour une offre personnalisée Aurélie Élisa Gfeller T + 41 22 322 50 58 F + 41 22 322 50 98 a.gfeller@geneveopera.ch

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LA FONDATION DU GRAND THÉÂTRE La Fondation du Grand Théâtre de Genève est une Fondation d’intérêt public communal, subventionnée par la Ville de Genève, dont l’objet est artistique et culturel. Le but de la Fondation est d’assurer l’exploitation du Grand Théâtre de Genève, notamment en y organisant des spectacles d’art lyrique, chorégraphique et dramatique. Le Statut de la Fondation a fait l’objet d’une loi cantonale de 1964. La Fondation est composée de quatorze membres désignés par le Conseil municipal et le Conseil administratif de la Ville de Genève. Le Bureau compte cinq membres du Conseil de Fondation. Conseil de Fondation (au 01.05.2016) Mme Lorella Bertani, présidente M. Guy-Olivier Segond, vice-président M. Pierre Conne, secrétaire M. Claude Demole M. Sami Kanaan M. Rémy Pagani M. Manuel Tornare M. Jean-Pierre Jacquemoud M. Pierre Losio Mme Danièle Magnin Mme Françoise de Mestral M. Albert Rodrik M. Pascal Rubeli Mme Salika Wenger M. Guy Demole, président d’honneur M. Jean-Flavien Lalive d’Epinay, président d’honneur †

Secrétariat Cynthia Haro T +41 22 322 51 71 F +41 22 322 50 01 c.haro@geneveopera.ch

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LE CERCLE DU GRAND THÉÂTRE Fondé en 1986, le Cercle du Grand Théâtre s’est donné pour objectif de réunir toutes les personnes et entreprises qui tiennent à manifester leur intérêt aux arts lyrique, chorégraphique et dramatique. Son but est d’apporter son soutien financier aux activités du Grand Théâtre et ainsi, de participer à son rayonnement. Bureau (novembre 2018) M. Jean Bonna, président M. Rémy Best, vice-président et trésorier Mme Brigitte Vielle, secrétaire Mme Françoise de Mestral Autres membres du Comité (novembre 2018) Mme Claudia Groothaert Mme Coraline Mouravieff-Apostol Mme Beatrice Rötheli Mme Véronique Walter M. Rolin Wavre Membres bienfaiteurs Mme René Augereau M. Jean Bonna Fondation de bienfaisance de la banque Pictet M. et Mme Pierre Keller Banque Lombard Odier & Cie M. et Mme Yves Oltramare Union Bancaire Privée – UBP SA M. et Mme Gérard Wertheimer

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Membres individuels S.A. Prince Amyn Aga Khan Mme Diane d’Arcis M. et Mme Luc Argand M. Ronald Asmar Mme Christine Batruch-Hawrylyshyn Mme Maria Pilar de la Béraudière M. et Mme Philippe Bertherat Mme Antoine Best M. et Mme Rémy Best Mme Saskia van Beuningen Prof. Julien Bogousslavsky Mme Clotilde de Bourqueney Harari Comtesse Brandolini d’Adda M. et Mme Yves Burrus Mme Caroline Caffin Mme Maria Livanos Cattaui M. et Mme Jacques Chammas Mme Muriel Chaponnière-Rochat M. et Mme Claude Demole M. et Mme Guy Demole M. et Mme Olivier Dunant Mme Denise Elfen-Laniado Mme Diane Etter-Soutter Mme Catherine Fauchier-Magnan Mme Clarina Firmenich M. et Mme Éric Freymond Mme Elka Gouzer-Waechter Mme Claudia Groothaert M. et Mme Philippe Gudin de La Sablonnière Mme Bernard Haccius M. et Mme Philippe Jabre M. et Mme Éric Jacquet M. Romain Jordan M. Antoine Khairallah Mme Madeleine Kogevinas M. et Mme Jean Kohler M. Marko Lacin Mme Brigitte Lacroix M. et Mme Pierre Lardy M. Christoph La Roche Mme Éric Lescure Mme Eva Lundin M. Bernard Mach Mme France Majoie Le Lous

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M. et Mme Colin Maltby M. et Mme Thierry de Marignac Mme Mark Mathysen-Gerst M. Bertrand Maus M. et Mme Olivier Maus Mme Béatrice Mermod M. et Mme Charles de Mestral Mme Jacqueline Missoffe M. et Mme Christopher Mouravieff-Apostol Mme Philippe Nordmann M. et Mme Patrick Odier M. et Mme Alan Parker M. Shelby du Pasquier Mme Sibylle Pastré M. Jacques Perrot M. et Mme Wolfgang Peter Valaizon M. et Mme Gilles Petitpierre M. et Mme Charles Pictet M. et Mme Guillaume Pictet M. et Mme Ivan Pictet M. et Mme Jean-François Pissettaz Mme Françoise Propper Comte de Proyart M. et Mme Christopher Quast M. et Mme François Reyl M. et Mme Andreas Rötheli M. et Mme Gabriel Safdié Marquis et Marquise de Saint-Pierre M. Vincenzo Salina Amorini M. Julien Schoenlaub Baron et Baronne Seillière Mme Charlotte de Senarclens Mme Christiane Steck M. et Mme Riccardo Tattoni M. et Mme Kamen Troller M. et Mme Gérard Turpin M. et Mme Jean-Luc Vermeulen M. et Mme Julien Vielle M. et Mme Olivier Vodoz Mme Bérénice Waechter M. Gerson Waechter M. et Mme Stanley Walter M. et Mme Rolin Wavre

Membres institutionnels 1875 Finance SA Banque Pâris Bertrand SA FBT Avocats SA Fondation Bru International Maritime Services Co. Ltd. JT International SA Lenz & Staehelin Schroder & Co banque SA SGS SA

Inscriptions Cercle du Grand Théâtre de Genève Mme Gwénola Trutat 11, boulevard du Théâtre • CH-1211 Genève 11 T +41 22 321 85 77 F +41 22 321 85 79 du lundi au vendredi de 8 h à 12 h cercle@geneveopera.ch Compte bancaire N° 530 290 Banque Pictet & Cie SA Organe de révision Plafida SA

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LE GRAND THÉÂTRE L’ÉQUIPE DIRECTION GÉNÉRALE Directeur général Tobias Richter Adjointe administrative Sandrine Chalendard SECRÉTARIAT GÉNÉRAL Secrétaire générale Carole Trousseau Secrétaire Cynthia Haro Consultant Claus Hässig ARTISTIQUE Conseiller artistique & dramaturge Daniel Dollé BALLET Directeur du Ballet Philippe Cohen Adjoint Vitorio Casarin Coordinatrice administrative Émilie Schaffter Maîtres de ballet Grant Aris, Grégory Deltenre Pianiste Serafima Demianova Danseuses Yumi Aizawa, Céline Allain, Angèle Cartier, Ornella Capece, Diana Dias Duarte, Léa Mercurol, Tiffany Pacheco, Mohana Rapin, Sara Shigenari, Lysandra Van Heesewijk, Madeline Wong Danseurs Valentino Bertolini, Adelson Carlos, Zachary Clark, Andrei Cozlac, Armando Gonzalez Besa, Xavier Juyon, Juan Perez Cardona, Simone Repele, Sasha Riva, Geoffrey Van Dyck, Nahuel Vega TECHNIQUE DU BALLET Directeur technique du ballet Philippe Duvauchelle Régisseur lumières Arnaud Viala Régisseur plateau Mansour Walter Service médical Dr Jacques Menetrey HUG Physiothérapeute Thomas Meister Ostéopathe Bruno Soussan TROUPE DES JEUNES SOLISTES EN RÉSIDENCE Melody Louledjian

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CHŒUR Chef des chœurs Alan Woodbridge Assistant/pianiste Roberto Balistreri Pianiste répétiteur Réginald Le Reun Régisseur et chargée de l’administration Marianne Dellacasagrande Sopranos Fosca Aquaro, Chloé Chavanon, Magali Duceau, Györgyi Garreau-Sarlos, Nicola Hollyman, Iana Iliev, Victoria Martynenko, Martina Möller-Gosoge, Iulia Elena Preda, Cristiana Presutti Altos Vanessa Beck-Hurst, Audrey Burgener, Céline Kot, Marianne Dellacasagrande, Lubka Favarger, Varduhi Khachatryan, Mi-Young Kim, Mariana Vassileva Chaveeva, NN Ténors Jaime Caicompai, Yong-Ping Gao, Omar Garrido, Rémi Garin, Lyonel Grélaz, Sanghun Lee, José Pazos, Terige Sirolli, Georgi Sredkov, Bisser Terziyski, Nauzet Valerón Basses Krassimir Avramov, Wolfgang Barta, Romaric Braun, Nicolas Carré, Phillip Casperd, Aleksandar Chaveev, Peter Baekeun Cho, Christophe Coulier, Harry Draganov, Rodrigo Garcia, Seong-Ho Han, Dimitri Tikhonov PRODUCTION ARTISTIQUE Chargé de production artistique Markus Hollop Assistante & Respons. figuration Matilde Fassò Resp. ressources musicales Éric Haegi Pianistes / Chefs de chant Todd Camburn, Xavier Dami, Réginald Le Reun RÉGIE DE SCÈNE Régisseure générale Chantal Graf Régisseur de scène Jean-Pierre Dequaire

MARKETING ET COMMUNICATION Resp. marketing & communication Alain Duchêne Responsable presse & actions de communication Olivier Gurtner Responsable des éditions et de la création visuelle Aimery Chaigne Assistante communication Corinne Béroujon Assist. presse & communication Isabelle Jornod Concepteur communication web Wladislas Marian Chargée du mécénat et des partenariats Aurélie Élisa Gfeller Chargé-e des actions pédagogiques NN Archiviste Anne Zendali Dimopoulos ACCUEIL ET PUBLICS Responsable de l’accueil des publics Pascal Berlie Personnel d’accueil Lydie Bednarczyk, Herminia Bernardo Pinhao, Patrick Berret, David Blunier, David Briffod, Nguyen Phuong Lê Bui, Aude Burkardt, Maxime Chapellier, Michel Chappellaz, Chantal Chevallier, Vanessa Depensaz, Fumiko Morgane Doucet, Jean-Marie Fahy, Iljaz Feka, Arian Iraj Forotan Bagha, Agathe Frasson-Cochet, Estelle Frigenti, David Gillieron, Teymour Kadjar, Nelli Kazaryan Peter, Yannick Kuemmerling, Océane Leprince, Martin Liechti, Yann Lodjima, Marlène Maret, Sophie Millar, Eva Miranda, Sayaka Mizuno, Lydia Pieper, Lucas Seitenfus, Kadiatou Baga Soumah, Céine Steigger Zeppetella, Noémie Stockhammer, Victor Stresemann, Quentin Weber TECHNIQUE Directrice technique Françoise Peyronnet Adjointe administrative Sabine Buchard Ingénieur bâtiment et sécurité NN Chargée de production technique Catherine Mouvet Responsable d’entretien Thierry Grasset Technicien-ne/production vidéo NN

LOGISTIQUE Responsable logistique Thomas Clément Chauffeur Dragos Mihai Cotarlici, Alain Klette BUREAU D’ÉTUDES Ingénieur bureau d’études Alexandre Forissier Chargé d’études de productions Fabrice Bondier Assistant Christophe Poncin Dessinateurs Stéphane Abbet, Denis Chevalley, Antonio Di Stefano SERVICE INTÉRIEUR Huissier responsable Stéphane Condolo Huissier-ère-s Bekim Daci, Antonios Kardelis, Michèle Rindisbacher Huissiers / Coursiers Valentin Herrero, Cédric Lullin Coursier Bernard Thierstein TECHNIQUE DE SCÈNE Adjoint-e au directeur technique NN Chefs de plateau Gabriel Lanfranchi, Stéphane Nightingale MACHINERIE Chef de service Patrick Savariau Adjoint planificateur Olivier Loup Sous-chefs Juan Calvino, Stéphane Desogus, Yannick Sicilia Sous-chef cintrier Patrick Werlen Brigadiers Killian Beaud, Henrique Fernandes Da Silva, Sulay Jobe Sous-brigadiers Stéphane Catillaz, Manuel Gandara, Johny Perillard Machinistes cintriers Vincent Campoy, Stéphane Guillaume, Alfio Scarvaglieri, Nicolas Tagand Machinistes Philippe Calame, Vincent de Carlo, Éric Clertant, Sedrak Gyumushyan, Michel Jarrin, Daniel Jimeno, Julien Pache, Hervé Pellaud, Alberto Araujo Quinteiro, Damien Villalba Menuisier de plateau & chargé de l’entretien Jean-François Mauvis

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SON ET VIDÉO Chef de service Michel Boudineau Sous-chef Claudio Muller Technicien-ne-s Amin Barka, Jean-Marc Pinget, NN ÉCLAIRAGE Chef de service Simon Trottet Sous-chefs de production Marius Echenard, Robin Minkhorst Sous-chef opérateur lumières et informatique de scène Stéphane Gomez Coordinateur de production Blaise Schaffter Technicien-ne-s éclairagistes Serge Alérini, Dinko Baresic, Salim Boussalia, Stéphane Estève, Camille Rocher, Juan Vera Electronicien Jean Sottas Opérateurs lumière et informatique de scène Clément Brat, Florent Farinelli, David Martinez Responsable entretien électrique Fabian Pracchia ACCESSOIRES Chef de service Damien Bernard Sous-chef Patrick Sengstag Accessoiristes Vincent Bezzola, Joëlle Bonzon, Françoise Chavaillaz, Cédric Pointurier Solinas, Anik Polo, Padrut Tacchella, Cécilia Viola, Pierre Wüllenweber ELECTROMÉCANIQUE Chef de service Jean-Christophe Pégatoquet Sous-chef José-Pierre Areny Electromécaniciens Fabien Berenguier, David Bouvrat, Stéphane Resplendino, Christophe Seydoux, Emmanuel Vernamonte HABILLAGE Cheffe de service Joëlle Muller Sous-chef-fe Sonia Ferreira Gomez Responsable costumes Ballet Caroline Bault Habilleur-euse-s Raphaële Bouvier, Cécile Cottet-Nègre, Célia Haller, Angélique Ducrot, France Durel,

Sylviane Guillaume, Philippe Jungo, Olga Kondrachina, Christelle Majeur, Veronica Segovia, Lorena Vanzo Pallante, NN PERRUQUES ET MAQUILLAGE Cheffe de service Karine Cuendet Sous-cheffe Christelle Paillard Perruquières et maquilleuses Lina Frascione Bontorno, Cécile Jouen, Alexia Sabinotto, ATELIERS DÉCORS Chef des ateliers décors Michel Chapatte Assistant Christophe Poncin Magasiniers Marcel Géroudet, Roberto Serafini MENUISERIE Chef de service Stéphane Batzli Sous-chef-fe NN Menuisiers Pedro Brito, Giovanni Conte, Ivan Crimella, Frédéric Gisiger, Philippe Moret, Manuel Puga Becerra, German Pena SERRURERIE Contremaître Serge Helbling Serruriers Patrick Barthe, Yves Dubuis, Patrice Dumonthey, Marc Falconnat PEINTURE & DÉCORATION Chef de service Fabrice Carmona Sous-chef Christophe Ryser Peintres Gemy Aïk, Ali Bachir-Chérif, Stéphane Croisier, NN TAPISSERIE-DÉCORATION Chef de service Dominique Baumgartner Sous-chef Philippe Lavorel Tapissier-ères-s et décorateur-trice-s Pierre Broillet, Fanny Silva Caldari, Daniela De Rocchi, Raphaël Loviat, Dominique Humair Rotaru ATELIERS COSTUMES Cheffe des ateliers costumes Fabienne Duc

Assistant-e-s Armindo Faustino-Portas, Carole Lacroix ATELIER DE COUTURE Chef de service Khaled Issa Costumier-ère-s Amar Ait-Braham, Caroline Ebrecht Tailleur-e-s Lurdes Do Quental, NN Couturier-ère-s Sophie de Blonay, Ivanna Costa, Julie Chenevard, Marie Hirschi, Gwenaëlle Mury, Léa Perarnau, Xavier Randrianarison, Ana-Maria Rivera, Soizic Rudant, Liliane Tallent, Astrid Walter

RESTAURATION Responsable restauration, Christian Lechevrel Cuisinier Olivier Marguin Collaborateur-trice-s Norberto Cavaco, Maria Savino RESSOURCES HUMAINES Responsable des ressources humaines Juriste Lucienne Ducommun Assistante Priscilla Richon Gestionnaires ressources humaines Valérie Aklin, Marina Della Valle, Luciana Hernandez

ATELIER DE DÉCORATION & ACCESSOIRES COSTUMES Cheffe de service Isabelle Pellissier-Duc Décoratrices Corinne Baudraz, Emanuela Notaro ATELIER CUIR Chef de service Michel Blessemaille Cordonnières Salomé Davoine, Catherine Stuppi SERVICE FINANCIER Chef de service Philippe Bangerter Comptables Paola Andreetta, Andreana Bolea-Tomkinson, Chantal Chappot, Marc Doelker, Laure Kabashi, BILLETTERIE Responsable du développement des publics et billetterie NN Responsable adjointe de la billetterie Carine Druelle Responsable adjointe et développement des publics Audrey Peden Collaborateurs-trice-s billetterie Hawa Diallo-Singaré, Bernard Riegler, Maxime Semet INFORMATIQUE Chef de service Marco Reichardt Administrateurs informatique & télécoms Lionel Bolou, Ludovic Jacob

PERSONNEL SUPPLÉMENTAIRE TEMPORAIRE SAISON 18-19 Direction générale Valentina Salinas Welsh (assistante) Marketing & communication Tania Rutigliani (Dramaturgie) Création visuelle & édition Leandro Garcimartin (apprenti) Service pédagogique Sébastien Brugière (actions pédagogiques) Fabrice Farina (collaboration artistique) Direction technique Laurent Mercier Technique de scène Simon Isely (apprenti) Son & vidéo Benjamin Vicq Décoration-costumes Ella Abbonizio Billetterie Julien Coutin Sylvia Taboada Ressources humaines Joëlle Messerli (apprentie)

Situation au 16.04.2019

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PROCHAINEMENT RÉCITALS

OPÉRA

Un ballo in maschera

Ildar Abdrazakov Basse Mercredi 8 mai 2019 à 19 h 30

Melodramma en 3 actes de Giuseppe Verdi Nouvelle production (version Gustave III)

piano Mzia Bakhtouridze Giordani, Stradella, Schubert, Massenet, Fauré, Kabalevsky, Glière, Sviridov, Chostakovitch, Rachmaninov

4, 7, 11, 13, 19, 22 juin 2019 à 19 h 30 16 juin 2019 à 15 h Direction musicale Pinchas Steinberg Mise en scène Giancarlo del Monaco

Christian Gerhaher Baryton Lundi 20 mai 2019 à 19 h 30

Avec Ramón Vargas, Franco Vassallo, Irina Churilova, Judit Kutasi, Kerstin Avemo, Günes Gürle, Grigory Shkarupa

piano Gerold Huber

Orchestre de la Suisse Romande Chœur du Grand Théâtre de Genève (Direction Alan Woodbridge)

Lieds de Robert Schumann

Conférence de présentation 1 par Sandro Cometta Au Théâtre de l’Espérance 8, rue de la Chapelle, 1207 Genève Lundi 3 juin 2019 à 18 h 15

1

En collaboration avec l’Association genevoise des amis de l’opéra et du ballet.

Directeur de la publication Tobias Richter Responsable de la rédaction Daniel Dollé Responsable graphique & édition Aimery Chaigne Collaborations Corinne Béroujon, Isabelle Jornod, Tania Rutigliani Impression Atar Roto Presse SA ACHEVÉ D’IMPRIMER EN AVRIL 2019

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Passion et partage La Fondation de bienfaisance du groupe Pictet est fière de soutenir le projet «Les jeunes au cœur du Grand Théâtre».

“In private banking, it’s time for common sense to be more common.”

En participant à ce programme de formation, nous nous engageons en faveur de la génération à venir. Nous sommes particulièrement heureux de pouvoir offrir aux talents de demain l’opportunité de découvrir les joies de l’opéra et du ballet, et peut-être même de susciter des vocations. Les associés du groupe Pictet vous souhaitent une très belle saison 2018-2019.

Expect the expected Hyposwiss Private Bank Genève SA, Rue du Général-Dufour 3, CH-1204 Genève Tél. +41 22 716 36 36, www.hyposwiss.ch

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