Die EntfĂźhrung aus dem Serail Singspiel de Wolfgang Amadeus Mozart
SUBVENTIONNÉ PAR
POUR LE PROGRAMME PÉDAGOGIQUE
AVEC LE GÉNÉREUX SOUTIEN
PARTENAIRES MÉDIA
PARTENAIRES D’ÉCHANGE MANOTEL
MANDARIN ORIENTAL
SOMMAIRE
DISTRIBUTION
9
INTRODUCTIONS
11
ARGUMENT
17
SYNOPSIS
18
STRUCTURE DE L’ŒUVRE
21
CONVERSATION AVEC FABIO BIONDI 25 CONVERSATION AVEC LUK PERCEVAL
30
LIBRETTO
JEU DRAMATIQUE POUR DIE ENTFÜHRUNG AUS DEM SERAIL 34
FONDATION MARTIN BODMER TURCS OU PERSANS : LA MODE EUROPÉENNE POUR L’ORIENT AUX XVII E–XVIII E SIÈCLES
46
BIOGRAPHIES ET ÉQUIPES
48
3
1
2
3
4
MOODBOARD
1 Gravure de Frans Masereel (1889-1972) – La Ville / Die Stadt, 100 bois, Paris/Leipzig, Albert Morancé/Kurt Wolff, 1925, réédition 1928 2 Couverture de l’édition originale turque du Mandarin miraculeux d’Asli Erdogan (Istanbul : Everest, 1996) 3 © DR Couple d’amants âgés 4 Image de Playtime (1967) de Jacques Tati 5 © DR Vieille femme à l’église 6 © DR Menhir du Monte Corrru Tundu, Sardaigne
5
6
5
OSER L’ESPOIR
DIE ENTFÜHRUNG AUS DEM SERAIL (L’ENLÈVEMENT AU SÉRAIL) KV 384
Singspiel de Wolfgang Amadeus Mozart Livret de Johann Gottlieb Stephanie Créé à Vienne en 1782 Jeu dramatique basé sur des textes d’Aslı Erdoğan adaptés par Luk Perceval En coproduction avec le Grand Théâtre de Luxembourg et le Nationaltheater Mannheim Dernière fois au Grand Théâtre de Genève 2011-2012 22 · 24 · 28 · 30 janvier 2020 — 20 h 26 janvier 2020 — 15 h 01 · 02 février 2020 — 20 h Le spectacle durera environ deux heures vingt.
Avec le soutien de
7
OSER L’ESPOIR
DISTRIBUTION Direction musicale Fabio Biondi Mise en scène Luk Perceval
Scénographie Philipp Bussmann
Costumes Ilse Vandenbussche Lumières Mark Van Denesse Dramaturgie Luc Joosten
Chorégraphie Ted Stoffer
Direction des chœurs Alan Woodbridge
Chant Konstanze Olga Pudova ● Rebecca Nelsen (1.2.2020) Blonde Claire de Sévigné ○
Belmonte Julien Behr ●
Pedrillo Denzil Delaere ●○ Osmin Nahuel Di Pierro Jeu
Konstanze Françoise Vercruyssen Blonde Iris Tenge
Orchestre de la Suisse Romande Chœur du Grand Théâtre de Genève
Belmonte Joris Bultynck
Osmin Patrice Luc Doumeyrou ● Prise de rôle ○ Membre du Jeune Ensemble
9
INTRODUCTION FR
Intro | 0 L’Espagnol Belmonte cherche à libérer son amour – Constance qui porte bien son nom – prisonnier d’un autre. Enfermée dans le sérail du turc Bassa Selim, la belle Konstanze attend patiemment la libération du dehors. Sera-t-elle sauvée ? Et par qui finalement ? Au-delà de cette histoire particulière, d’un amour suspendu, interrompu, c’est l’histoire universelle des hommes que nous raconte Wolfgang Amadeus Mozart : celle du désir, celle d’un désir de l’unité primordiale, d’un besoin de fusion avec l’univers et avec les autres qui nous entourent. Quoique ce désir divise et oppose… On a souvent mis l’accent sur l’orientalisme exotique et forcé de ce « jeu chanté » (Singspiel ), riche en caricatures plus osées les unes que les autres, car on est ici à l’extrême opposé du politiquement correct, à tel point que toute profondeur disparaît de cette farce, ridiculisant tour à tour le Turc ottoman aux portes de Vienne et le bourgeois viennois chantant sa belle. De la critique à la Montesquieu et du Cervantès des galères, il reste toutefois le regard ironique et inquisiteur. Mais on peut aussi revisiter cette pièce avec le regard critique d’aujourd’hui, un regard immergé dans un monde profondément différent de celui de Mozart.
Intro | 1 Aslı Erdoğan est turque et vit en exil en Allemagne. En 1991–1992, elle est chercheuse sur le boson de Higgs au CERN à Genève. Deux ans plus tard, elle quitte le monde de la science et livre son destin à la plume. Depuis, sa carrière d’écrivaine et d’activiste contre les fascismes et en particulier le gouvernement de son homonyme l’ont rendue célèbre dans le monde entier. Ses chroniques narrent son expérience de prisonnière politique en 2016 ; elle y évoque poétiquement les thèmes de la liberté piétinée et du droit universel à l’existence. Ses romans et écrits sont traduits en français, anglais, allemand et en partie interdits en turc. Sous la plume d’Aslı Erdoğan et dans le concept du metteur en scène belge Luk Perceval, la pièce prendra cependant des résonances consonantes et dissonantes à la fois, épiques et d’une intime tristesse. Comme des Don Quichotte, les personnages esseulés perdus dans une foule qu’agite une vie absurde, n’arrivent pas à se tirer de leur propre sérail et tous les essais pour pallier l’unité, qu’elle soit sentimentale ou politique, échouent sans cesse, freinés par les ailes de moulin de la société, qui écrasent dans leurs engrenages les destins individuels et collectifs. Le grand chef italien Fabio Biondi, vedette du renouveau de la pratique historique avec son ensemble Europa Galante, dirige pour la première fois l’Orchestre de la Suisse Romande dans cette farce douce-amère, où la jeune troupe de solistes mozartiens sera flanquée d’acteurs : leurs doubles devenus vieux. Le Grand Théâtre de Genève ouvre donc les portes du sérail pour une turquerie contemporaine, consistant en une critique dévoilée des absolutismes et abus de pouvoir en tout genre.
11
INTRODUCTION EN
Intro | 0 Belmonte, a Spaniard, is on a mission to free his lover, the aptly-named Constance, who has been taken captive by another man. A prisoner in the seraglio of the Turkish pasha Selim, the fair Konstanze patiently awaits her freedom to come from outside the palace walls. But will it? And from whom? Beyond this specific story of love interrupted, Mozart is telling us the universal story of humanity, or rather the Belgian director Luk Perceval is telling it through Mozart. A story of desire for timeless unity. A desire to be one with the universe and those who surround us. Even if such a desire can divide and oppose… Performances of this “sung play” (Singspiel ) have often dwelled on its exotic and somewhat contrived orientalism, piling one outrageous caricature on top of another, since the work is at the antipodes of political correctness, to the point of stripping the piece of any depth of meaning. It then becomes nothing more than an exercise in poking fun at the Ottoman Turk at the gates of Vienna or the Viennese dandy serenading his lady love. But Montesquieu’s critique and Cervantes’ time in the galleons of the Turk are also part of this ironic and inquisitive gaze. This entitles us to revisit the piece with a contemporary critical eye, one that is immersed in a world radically different from that of Mozart.
Intro | 1 Aslı Erdoğan is Turkish and currently living in exile in Germany. In 1991–1992, she was a researcher in physics at CERN in Geneva, working on the Higgs boson. Two years later, she quit the world of science to become a writer. Since then, she has become world famous as a writer and activist opposing fascism of every kind, particularly the government of the man with whom she shares a last name. Her novels and journals, where she raises the issue of freedom along with her experience as a political prisoner arrested in 2016, her determination to never stop writing about the constantly violated rights of individuals to exist, have been translated into French, English, German and partially censored in Turkish. With Aslı Erdoğan’s written contributions to Luk Perceval’s stage concept, the work echoes with both consonances and dissonances of epic proportions and intimate sadness. Our Quixotic heroes are alone, lost in the madding crowd of an absurd life, unable to abduct themselves from their own seraglio. All their efforts to achieve sentimental or political unity are forever failing, frustrated by the wings of society’s windmills that crush individual and collective destinies with every spin. The great Italian conductor Fabio Biondi, famous for his research in historically informed musical interpretation with his ensemble Europa Galante, directs the Orchestre de la Suisse Romande for the first time, with a cast of young Mozartian experts, shadowed by body doubles of themselves having aged, performing this bittersweet farce. When we open the doors of this seraglio, the Turkish delight that expects us is an unveiled critique of autocracy and abuses of power of every kind.
13
15
ARGUMENT Argument par Luc Joosten Le sérail est une ville. C’est une vie qui ne cesse de courir. Il n’y a pas de temps pour aujourd’hui. Les gens essaient de se toucher, de s’aimer, de s’échapper. Mais quand tombe le soir, il n’y a plus que la solitude et le vide. Le sérail est une prison de solitude. 1er ACTE Dans la solitude de la ville, Belmonte se languit pour Konstanze, sa bien-aimée disparue. Le vieil Osmin insulte tout le monde pour le mal qu’ils lui ont fait. Belmonte souffre de la solitude et veut revoir Konstanze le plus tôt possible. Un groupe de manifestants passe par là, ils clament leur espoir qu’un certain Bassa Selim les conduira vers des jours meilleurs. Konstanze se rappelle de sa jeunesse et pense à son amour : elle souffre aussi de la séparation avec Belmonte. Une discussion a lieu entre Belmonte, le jeune soldat Pedrillo et Osmin, qui est ivre ; la discussion finit en bagarre. 2e ACTE Blonde réfléchit à sa relation avec Pedrillo, qui s’est terminée de manière brutale. Elle cherche des mots d’amour et de tendresse. Konstanze souffre toujours de son amour perdu. Elle n’arrive pas à dire à quel point son âme est blessée. Elle attend de l’amour plus qu’il ne peut lui redonner. Blonde se rappelle de la tendresse d’une soirée passée avec son amoureux. Elle espère qu’elle sera bientôt soulagée de sa douleur. Pedrillo doit partir pour une dernière bataille et il prie pour avoir du courage. Il croise encore une fois Osmin et ils se mettent tous les deux à boire.
Belmonte croit qu’il y a de l’espoir. Il se réjouit de revoir sa Konstanze. Enfin, les deux couples rêvent d’être réunis : « La solitude est oubliée, les blessures sont pansées. » Mais qu’en sera-t-il du retour à la réalité ? 3e ACTE L’attente anonyme de quelque chose qui n’a pas de nom. Bien qu’il ne soit pas encore revenu de la déception que lui a causée sa réunion avec Konstanze, Belmonte affirme sa foi en l’amour et continue à rêver son rêve. Pedrillo chante l’histoire d’un soldat courageux qui sauve une princesse brutalisée de sa captivité ; c’est son histoire à lui, comment il a sauvé Blonde de la solitude et de l’ennui. Arriveront-ils un jour à se marier ? Et pour combien de temps ? Osmin ne peut pas s’empêcher de se moquer de ceux qui croient en l’amour. Il est le noir démon de la solitude, celui qui dit la vérité sur l’amour et l’existence. Il est insensé, impossible de faire revivre un amour disparu. Mais si l’on abandonne son passé, on ne retrouvera jamais le chemin vers soi-même. Belmonte et Konstanze essaient d’en découdre avec leur passé en croyant à l’idéal d’être réunis tous deux dans l’amour après la mort. Ich würd‘ auf meinem Pfad mit Tränen Oft hin zum fernen Ende seh‘n, Säh‘ ich nicht Kenner meiner Leiden So mitleidsvoll am Wege steh‘n. Je regarderais souvent de mon chemin, plein de larmes, la fin éloignée, si je ne voyais pas sur la route, plein de compassion, celui qui connaît mes douleurs.
17
SYNOPSIS
Synopsis by Luc Joosten The serail is a city. It is a life of constant running. There is no time for today. People try to reach and love each other, try to escape. But when the evening falls, there is only loneliness and emptiness. The serail is a prison of solitude. 1 ACT In the solitude of the city, Belmonte is longing for Konstanze, his lost beloved. The old Osmin is insulting everybody for the harm they did to him. Belmonte suffers from the loneliness and wants to see Konstanze soon. A group of people passes by - demonstrating and hoping a certain Bassa Selim will lead them to better times. Konstanze remembers her youth, and thinks about her love: she also suffers from the separation with Belmonte. Between Belmonte, the young soldier Pedrillo and the drunk Osmin, there is a discussion that leads to a fight. st
2nd ACT Blonde reflects on her relationship with Pedrillo. It has ended in a brutal way. She looks for caring words of love. Konstanze is still in pain about her lost love. She cannot tell how much her soul is wounded. She expects more from love then it can give back. Blonde remembers the tenderness of an evening with her beloved. She hopes that she will be relieved of her pain soon. Pedrillo has to leave for a final battle and hopes to find courage in his prayers. He meets again with
18
Osmin and both of them start to drink. Belmonte thinks there is hope. He is excited about meeting his Konstanze again. Finally, the two couples dream about being reunited: “The loneliness is forgotten, the wounds are healing”. But what will reality bring? 3rd ACT The anonymous waiting for something that has no name. Although his disappointment about their reunion is not over, Belmonte confirms his faith in love, he keeps on dreaming his dream. Pedrillo sings about a brave soldier that saved a brutalized princess from the prison; it is his own story: how he saved Blonde from loneliness and boredom. Will they finally be able to marry? How long will it last? Osmin cannot help but laugh about having faith in love. He is the black demon of solitude, the one who will tell the real truth about love and existence. It is meaningless, hopeless to try to revive a lost love. But whoever gave up their past will never find the way to themselves again. Belmonte and Konstanze try to overcome the past by their belief in the ideal of being reunited in love after death. Ich würd‘ auf meinem Pfad‘ mit Tränen Oft hin zum fernen Ende seh‘n, Säh‘ ich nicht Kenner meiner Leiden So mitleidsvoll am Wege steh‘n. I’d take my path with tearful eyes Cast on its distant end, If there were not my sorrow’s friend Benevolent beside.
STRUCTURE DE L’ŒUVRE (VERSION DE GENÈVE)
DIE ENTFÜHRUNG AUS DEM SERAIL KV 384 (1782) Wolfgang Amadeus Mozart (1756 – 1791) Livret : Johann Gottlieb Stephanie d. J. (1741 – 1800)
OUVERTÜRE - OUVERTURE ERSTER AUFZUG - PREMIER ACTE No 1 Aria Belmonte Hier soll ich dich denn sehen No 2 Aria Osmin Solche hergelaufne Laffen No 3 Aria Belmonte Konstanze ! dich wiederzusehen ! No 4 Chor Chor des Janitscharen Singt dem grossen Bassa Lieder No 5 Aria Konstanze Ach ich liebte, war so glücklich No 6 Terzett Osmin, Belmonte, Pedrillo Marsch ! Marsch ! Marsch !
ZWEITER AUFZUG - DEUXIÈME ACTE No 7 Aria Blonde Durch Zärtlichkeit und Schmeicheln No 8 Aria Konstanze Traurigkeit ward mir zum Lose No 9 Aria Konstanze Martern aller Arten
21
STRUCTURE DE L’ŒUVRE (VERSION DE GENÈVE)
No 10 Aria Blonde Welche Wonne, welche Lust No 11 Aria Pedrillo Frisch zum Kampfe ! No 12 Duett Pedrillo, Osmin
Vivat Bacchus !
No 13 Aria Belmonte Wenn der Freude Tränen fliessen No 14 Quartett Konstanze, Belmonte Pedrillo, Blonde
Ach Belmonte ! Ach mein Leben !
DRITTER AUFZUG – TROISIÈME ACTE No 15 Aria Belmonte Ich baue ganz auf deine Stärke No 16 Romanze Pedrillo In Mohrenland gefangen war No 17 Aria Osmin
O, wie will ich triumphieren
No 18 Duett Belmonte, Konstanze
Edle Seele
No 19 Finale (rajouté) « An die Hoffnung » (Ich würd’ auf meinem Pfad), KV 390 Musiques de ballet tirées d’Ascanio in Alba, KV 111
22
23
CONVERSATION AVEC FABIO BIONDI
La part d’ombre du Sérail Une entrevue de Fabio Biondi réalisée par Christopher Park
Fabio Biondi, c’est la première fois que vous venez diriger au Grand Théâtre de Genève. Votre nom est pourtant très connu et votre travail avec Europa Galante a fait votre célébrité : quelles sont vos origines musicales ? Je suis Sicilien, originaire d’une famille de Palerme où mon père, médecin, était passionné par la musique. Mon frère et moi avons été poussés vers la musique, aussi parce que notre grandpère maternel, avocat de métier, était un pianiste qui avait connu de grandes figures musicales comme Pietro Mascagni et Vladimir Horowitz ; il avait dirigé une grande société de concerts à Rome. Nous écoutions toujours de la musique à la maison : mon frère a commencé le piano et comme j’étais très jaloux de lui, on a décidé que Fabio commencerait le violon. Très rapidement, j’ai été considéré comme un enfant prodige, au
grand bonheur de toute la famille. J’ai poursuivi mes études musicales à Rome, puis après à Parme et c’est là que j’ai fait la connaissance, vers l’âge de 15 ans, de la musique baroque. Nous étions au milieu des années 1970, c’était vraiment l’archéologie du baroque initiée par des figures comme Nikolaus Harnoncourt ! Ces premières approches m’ont fasciné parce que je trouvais que c’était quelque chose qui tentait de détruire la routine interprétative. Mais je suis quand même resté fidèle à l’instrument moderne ; j’ai terminé mes études sans interruption. Et même quarante ans plus tard, je considère que ces deux domaines ne sont séparés que par des différences structurelles et de pensée interprétative. Cela m’intéresse à vrai dire plus que la question organologique, elle-même assez complexe. Une grande aventure a commencé : j’ai participé à beaucoup de productions en tant que 25
premier violon et une productrice de la maison Erato m’a demandé si j’étais intéressé de fonder un orchestre baroque italien pour une nouvelle étiquette qu’elle mettait en place. C’est de là qu’est née Opus 111 avec laquelle Europa Galante a signé les enregistrements baroques italiens qui nous ont fait connaître : Le Quattro Stagioni, etc. Ce parcours continue aujourd’hui, avec le plaisir de partager mes expériences avec la musique moderne, même si je suis contre les dénominations trop arrêtées. Je n’aime ni baroque, ni moderne : ce sont des termes de marketing et pas de musique. D’ailleurs, pour quelqu’un qui a l’étiquette de « baroque » collée sur lui, vous en avez surpris plus d’un avec votre dernier enregistrement de Macbeth de Verdi dans la version de Florence (1847). Comment est-ce qu’un « baroqueux » en arrive là ? Les étiquettes sont-elles complètement relatives ou est-ce que votre pratique historiquement informée vaut aussi pour la musique romantique ? Les étiquettes sont toujours de mauvaises structures dans la vie d’un musicien parce que cela risque de devenir du racisme musical, en quelque sorte. Et même au sein d’un genre comme le baroque, avoir eu beaucoup de succès dans la musique italienne fait de vous une référence de la musique italienne, même cela c’est une forme de racisme musical. Il est faux de prétendre que quelqu’un puisse être dépositaire d’une seule vérité. Quand on a commencé la pratique baroque dans les années 1970, c’était dans le but de mieux comprendre le langage musical en général. La philologie musicale peut et doit être appliquée à tout le répertoire, même Chostakovitch ou Debussy. Il faut réfléchir profondément sur les raisons d’un langage, d’une géographie de la musique, de la manière de l’interpréter pour être 26
encore plus à son service. Pourquoi Verdi ? Ces dernières années, nous avons fait beaucoup de musique romantique dans un partenariat avec la Pologne, dans un projet d’enregistrement de l’œuvre complète de Stanisław Moniuszko qui était un grand ami de Chopin. Nous venons de terminer son opéra le plus important, Halka, et nous travaillons maintenant sur une autre de ses œuvres, Flis. Avec Europa Galante, nous avons fait Il Corsaro de Verdi sur des instruments d’époque, qui sortira en avril 2020. Ce répertoire est très lié à la grande leçon du classicisme, on entend cette continuité chez Schumann et Mendelssohn. Approcher le répertoire romantique par le passé, plutôt que par la pratique moderne, nous sert à mettre plusieurs choses en évidence. La première est valable pour la musique baroque comme pour la classique ou la romantique, c’est l’amour pour le détail. Dans les partitions romantiques, surtout celles de l’opéra italien, il y a une abondance de relations dramaturgiques fortes entre l’orchestre et les chanteurs. Je cherche à mettre l’accent non pas sur ce qui se passe sur le plateau mais ce qui, dans l’écriture musicale, relie l’orchestre et les chanteurs. Les compositeurs savaient comment mettre en avant certains mots, certains détails et c’est pour cela que je revendique avec passion un Donizetti, un Bellini, un Verdi plus grand que celui qui se résume aux seuls chanteurs. S’il y a un compositeur pour qui le détail du mot informait de manière vitale sa pratique dramatique, c’est bien Mozart. Pour vous, qui est ce jeune homme avec un pied dans le rococo et un œil sur l’horizon romantique, peut-être même déjà dans Die Entführung aus dem Serail ? C’est un jeune homme qui tente d’une manière presque violente de démontrer ses capacités. Le Sérail est une partition qui me fait beaucoup
CONVERSATION AVEC FABIO BIONDI
penser, pour d’autres raisons, à Idomeneo. C’est le moment où Mozart se trouve au bon endroit, au bon moment pour démontrer son talent. D’abord son séjour à Mannheim, auprès du fabuleux orchestre de l’Électeur, qui nourrit la partition extraordinaire d’Idomeneo, et puis l’arrivée à Vienne qui expose Mozart à la critique viennoise, autrement plus difficile à plaire que celle du monde galant, rococo comme vous dites, de Salzbourg et de son orchestre démodé. Il est vraiment dans un endroit futuriste, pour cette époque. Il a le désir d’affirmer ses capacités de créateur et cela explique les complexités et la richesse de la partition du Sérail. Et pourtant, cela reste un Singspiel, un « jeu chanté », une comédie musicale qui ne fait, en théorie, pas le poids d’une opera seria comme Idomeneo. Alors, le Sérail est-il un opéra light, ou est-ce qu’il y a des profondeurs ignorées à dévoiler dans cette œuvre ? Je pense que le Sérail est une partition à mille lieues de l’opéra italien qu’est Idomeneo. Le Sérail regarde plus en direction de Paris, où un genre national, à savoir l’opéra-comique de Grétry et Philidor, commence à fleurir. Mozart veut relever le défi de créer un opéra national allemand, même s’il s’est heurté par la suite à des difficultés dans cette entreprise, au vu de la domination de l’opéra italien à Vienne. Le Singspiel aide Mozart à faire se rencontrer deux mondes très différents : le monde théâtral et le monde musical. C’est sa nouvelle carte de visite qui dit : « Je suis le meilleur compositeur et je voudrais bien inventer un nouveau style. » Cela se présente effectivement comme un opéra light, mais le Sérail et Zauberflöte ne sont pas très éloignés l’un de l’autre. C’est un opéra en apparence léger, avec une histoire très simple, mais qui profite de cela pour explorer les sentiments humains les plus profonds.
L’exploration des sentiments présents dans les numéros musicaux sera essentielle à l’approche dramatique de Luk Perceval sur les textes d’Aslı Erdoğan qui remplacent les dialogues du Singspiel. Ainsi débarrassée de son bagage textuel un peu indigent et rempli de clichés aux confins du racisme et de la xénophobie, l’œuvre est insérée dans une nouvelle coque dramatique. La partition a elle aussi connu certains remaniements. Pouvez-vous nous parler de ce processus ? J’ai rencontré Luk Perceval et Aviel Cahn au mois de juin pour parler de cette production : j’ai pu donc prendre la température de ce spectacle, en quelque sorte, discuter de choses et d’autres… Je ne viens pas à cette aventure sans m’être préparé ! C’est essentiel d’avoir le directeur musical à bord pour ce genre d’expérience théâtrale. J’ai immédiatement compris en discutant avec Luk qu’il allait s’agir d’une réinterprétation du Sérail. J’ai accepté parce que je pense que ce genre d’expérience est très intéressante et parce que, même si je suis intégriste pour certaines choses comme la philologie musicale, je suis tout de même un homme moderne. Je n’ai pas de nostalgie du passé et surtout je ne suis absolument pas tenté par la reproduction de l‘authenticité. Quarante années d’études musicales m’ont permis d’apprendre que même si nous savons très bien comment était faite la musique autrefois, il est impossible et inutile de vouloir la reproduire à l’identique. Le concept sociologique et la façon d’écouter ont tellement changé que cela rend l’entreprise insensée. Le Singspiel du Sérail est profondément anachronique aujourd’hui. L’histoire est assez simple, voire puérile, et n’arrive pas à toucher les concepts véritablement « adultes » que l’œuvre contient : l’idée d’être otage, emprisonné. Je rejoins donc le parti pris de Luk sur cette production. Après, mon problème n’était pas tant de couper certains numéros musi 27
caux, mais plutôt d’adapter une musique qui à son origine, tendait vers un idéal radieux et lumineux et qui, dans ce concept dramatique, explore les zones d’ombre et de douleur intérieures. Certaines articulations ou tempi devront être repensés en fonction, parfois même dans le sens inverse : les rendre plus lumineuses encore pour mieux les contraster avec leurs pendants dark. J’ai donc dû faire la part des choses entre mon désir de faire mon travail et mon adhésion au projet de Luk Perceval : nous ferons donc ensemble ce parcours qui n’est pas un work in progress, car nous avons chacun des idées bien définies, mais plutôt une construction commune pour que le public comprenne que nous sommes tous deux à l’œuvre. Vous savez, des fois le public ferme les yeux et ouvre les oreilles, ou vice versa, surtout quand quelque chose est très choquant ou très nouveau. Nous allons reconstruire cette dramaturgie de notre point de vue. Musicalement, quels sont les choix que vous avez fait sur la partition ? D’abord, j’ai changé la disposition de l’orchestre, en plaçant les vents devant les cordes, ce qui donnera une extraordinaire couleur chambriste à 28
l’orchestre, beaucoup moins percussive, loin du tapage des janissaires du Sérail. Un son intime, beau, lumineux… On aura un fortepiano dans l’orchestre. Et puis, le chœur final ne paraîtra pas. Mais cela n’a pas fait partie des coupures relativement douloureuses que nous avons dû faire. Le magnifique duo entre Osmin et Blonde fait partie de celles-là, mais ça ne marche pas avec la dramaturgie, donc on va faire avec. Et puis cette longue méditation sur le ressenti, les émotions, l’intérieur, on ne peut pas la terminer avec un chœur final qui est une sorte de jubilation bruyante barocco-turque. On va conclure avec un lied de Mozart, qui souligne la solitude humaine, suivi d’un fragment d’orchestre que j’ai choisi dans la musique de ballet que Mozart a composée pour Ascanio in Alba. Chez Mozart, il y a toujours une sorte de miracle à l’œuvre, que je n’ai jamais réussi à m’expliquer, c’est que sa tristesse et sa joie étaient les mêmes à 36 ans qu’à 14 ans, son état émotionnel reste le même. La scène où Cecilio attend Giunia près des tombeaux dans Lucio Silla a les mêmes couleurs que le Requiem. Mozart, c’est un enfant sans âge, un homme mûr avec un cœur de petit garçon. Il n’y a pas d’âge pour la nostalgie et la tristesse.
Et en cinq secondes… Qui vouliez-vous être quand vous seriez grand ? Un homme mûr. Si vous étiez un personnage d’un opéra de Mozart, laquelle ou lequel ? Guglielmo, de Così fan tutte. C’est une des œuvres les plus profondes de Mozart et Guglielmo, comme homme, désire fermement accepter la faiblesse. Si vous deviez avoir un superpouvoir de chef d’orchestre, quel serait-il ? Disparaître. Quel est votre sérail à vous ? L’angoisse de la mort. Un conseil pour le public qui viendra voir Die Entführung aus dem Serail ? D’être un peu comme Mozart enfant, capable d’être touché par les émotions sans trop de constructions intellectuelles.
29
Silence & musique Entretien avec Luk Perceval, propos recueillis par Clara Pons
À l’âge de 36, 37 ans, vous étiez arrivé au point de mourir ou de vivre le reste de votre vie en chaise roulante. Tout d’un coup, le focus de votre vie est véritablement dans la survie et non plus dans la course au succès : vous découvrez alors l’importance du calme et du mouvement, du yoga et de la pratique bouddhiste de la méditation. L’épuisement précoce fait place à une nouvelle énergie et à des questions de prémisses, Luk Perceval, pourquoi faites-vous votre travail ? L’art n’est pas de l’amusement : c’est-à-dire l’art de faire passer le temps, entertainment en anglais ou Unterhaltung en allemand – ce que 30
par exemple est la politique pour le moment. L’art est une réponse au monde et aux gens désorientés et déprimés. Comme le silence et la rencontre sont le pendant du bruit et du mouvement, l’art permet au moins de formuler le point d’interrogation, de poser la question. Ainsi, la douleur a été pour moi un point crucial dans mon existence. Ce fut une expérience pivot, à partir de laquelle j’ai appris que la vie est sombre et que l’art peut constituer une catharsis et nous aide à accepter la douleur, la douleur physique bien sûr mais aussi celle de cette découverte. Dans ce sens, la scène est pour moi un miroir de la vie, un reflet du monde. Et elle est aussi un miroir de l’esprit.
CONVERSATION AVEC LUK PERCEVAL Vous explorez le désir du désir (Sehnsucht nach der Sehnsucht), occasionné, provoqué, selon vous, par la fugacité de la vie et notre perception dramatique du passage du temps.
Dans le Sérail, votre recherche a été celle de l’au-delà de l’anecdotique: que veut raconter Mozart sous ses derrières de turqueries et de numéros slapstick ? Le désir de se libérer de la souffrance et des peurs en chacun de nous sont au centre de la pièce, une thématique que nous renforçons encore par le lied que nous avons choisi comme finale avec Fabio Biondi. C’est un lied qui est l’expression intime de l’intersection entre le désir et sa résolution. J’ai en effet construit la mise en scène de ce jeu dramatique autour de deux pôles: d’une part celui des vivants, des gens actifs qui se dépêchent dans la ville, qui courent et arrivent toujours trop tard mais ont encore de l’espoir et d’autre part, ceux qui attendant la mort, regardent les autres courir, entre nostalgie, envie et défaitisme : « À quoi bon, si tout ce qui reste est bientôt la mort, au-delà du souvenir ? »
Le désir – ou plutôt Sehnsucht en allemand, qui a un sens à la fois plus large et plus précis – est en effet le noyau du Sérail : il est défini quelquefois comme désir de mort ou bien d’autres fois comme la peur de la mort. Ce ne sont que différents aspects d’une même recherche, une recherche de quelque chose qui puisse répondre à ce désir et qui se traduit de manières distinctes: dépression, amertumes, nationalisme, amours. Il y a bien sûr la figure résultant d’une idéologie unique et celle qui peut découler d’une spiritualité figée. Il y a aussi la nécessité de s’allier, de s’unir individuellement dans l’amour romantique ou de former un collectif qui renforce et justifie l’objet inventé du désir. Car une chose est certaine : il doit y avoir quelque chose de plus, quelque chose de plus à comprendre, à attraper. Il manque toujours quelque chose ou, autrement dit, le désir d’autre chose provoque le manque. Mais le manque de quoi ? Cette pièce est sur ce que les gens n’ont pas, sur ce désir et ce manque. Pourquoi tant de gens connaissent l’air de Constance ? Cet air énonce l’amour romantique, l’amour de l’absence plus que du manque comblé. Luk Perceval, vous cherchez le secret derrière l’émotion, c’est-à-dire pour vous la manière de (ne pas) montrer l’émotion sur scène, de montrer quelque chose plus près de la réalité ? L’art sert à exprimer l’intériorité de ses émotions, à les développer, à les « trouver ». Mon questionnement, c’est comment puis-je trouver la forme théâtrale qui exprime cela vers l’intérieur et non vers l’extérieur. Et comment articuler cela, comment articuler les effets de miroir et de synchronisme avec les hasards de la musique. 31
Nous vivons dans une société qui est dirigée par un désir de reconnaissance et par la pression de réussir, c’est-à-dire l’obligation de succès. Le discours est orienté vers l’extérieur seulement. Il semblerait qu’en 2050, la première cause de maladie sera la dépression. C’est ce manque de certitude, ce manque de repères auxquels s’accrocher que je thématise en disant « monde et gens désorientés », c’est ce que j’essaye de faire apparaître dans ce jeu en apparence si anodin et léger de Mozart. En choisissant de doubler les rôles chantés par leurs rôles parlés, de mettre les mots du Mandarin miraculeux dans la bouche des personnages, âgés, de Mozart, de faire dialoguer les temporalités entre ceux qui regardent en avant et ceux qui regardent en arrière, entre ceux qui observent depuis le seuil de la nuit et ceux qui courent et cherchent encore après le sens de leur propre existence, nous faisons apparaître tout d’un coup au lieu du sérail le grand arc entre le deuil et le mariage, entre la naissance et la mort, tout un déroulé de vie en quelques moments clés.
Vous réintroduisez la forme du mélodrame, c’est-à-dire le texte parlé sur la musique, en cherchant une forme d’interaction, une sorte de fusion entre le chanté et le parlé.
Pas d’orientalisme donc mais une simplification à la racine, une radicalisation sans tout le superflu et l’apparent en somme ?
Dans les pays du Sud, je regarde les gens âgés et je pense qu’ils trouvent un vrai salut dans la prière et dans les rituels. Nos textes sont comme des conversations intérieures, des monologues intimes avec soi-même. Or, quand est-ce que ça arrive encore aujourd’hui ? Quand a-ton l’occasion de parler encore avec soi-même ? Quand quelqu’un de nos proches meurt, on ressent peutêtre quelque chose de cet ordre-là. Quand on supprime le tabernacle, où prie-t-on encore pour soi-même ? Nous avons besoin de nos désirs, nostalgies et manques, de nos histoires, ces histoires que nous nous racontons à nous-mêmes. Peu importe que nous sachions que ce sont des histoires. Elles nous sont nécessaires.
Oui, c’est ce qui m’a touché dans les textes du Mandarin de Aslí, cette proximité à la fragilité de sa propre existence, sans tabou, avec même un peu de cruauté envers soi-même pour regarder là où ça fait mal, là où la cicatrice laisse encore respirer la blessure. Scéniquement, je cherche aussi cette sincérité. Elle vient s’insérer dans le décor extrêmement sobre et abstrait qui a quelque chose du monolithe de 2001, l’Odyssée de l’espace : personne ne sait ce qu’il y a dedans, c’est une surface de projection, comme l’est la forme théâtrale en elle-même et les monologues que nous avons ajoutés. 32
À l’opéra, il y une forme de solitude unique, il n’y a pas vraiment d’expérience collective, chacun est seul face à ses émotions, à son état intérieur, unique à cet instant. Pour moi, les airs mozartiens du Sérail expriment le sentiment d’être étranger à soi-même, à sa propre vie, à sa ville – être sans attache aussi – c’est de tout cela dont Aslıparle dans son texte. Bien sûr, chez Mozart, ils sont cachés derrière les marionnettes de l’amusement mais ça ne les empêche pas, au contraire même, d’être des surfaces de projection universelles. La tristesse est souvent quelque chose de beau en art. Peutêtre parce qu’elle touche aux extrêmes, à nos limites. Qu’elle nous libère même enfin de nos limites et de nos peurs de rater.
L’exil ou la perte des mots Propos d’Aslı Erdoğan Je suis en train de le perdre, le language. Juste parce que je ne peux pas l’entendre, je ne peux écouter du turc. Je sens, quand j’essaye d’écrire, que mes phrases sont étranges, peut-être pas à un œil extérieur mais pour moi, je sais, elles sont étranges. Parce que je pense de plus en plus en anglais maintenant et le turc et l’anglais sont très très différents dans leur structure.
Je suis loin de ma langue, je suis loin de ma bibliothèque. Je n’avais rien d’autre qu’une bonne bibliothèque : 3 000 livres, la plupart en turc, et je devais les utiliser avant de commencer à écrire. Je commence à écrire en lisant, c’est mon rituel. — Maintenant, sans ma bibliothèque, je suis perdue. La langue ne vient pas par elle-même. Elle doit être cultivée à travers d’autres : d’autres écrivains, d’autres poètes.
33
Jeu dramatique pour Die Entführung aus dem Serail par Luk Perceval, sur des textes d’Aslı Erdoğan
LIBRETTO Les textes tirés du Mandarin miraculeux d’Aslı Erdoğan et choisis par Luk Perceval alterneront avec ou se mêleront aux numéros chantés OUVERTURE PREMIER ACTE ARIA BELMONTE Hier soll ich dich denn sehen MONOLOGUE BELMONTE Des Pakis blafards, des hindous avec leurs femmes emballées dans des saris, des Indiens chassés de la cordillère des Andes, des Ghanéens, des Nigérians, des Angolais qui même aux jours les plus froids de l’hiver se promènent dans leurs costumes de coton bariolé, des Arabes affairés et des Turcs, qui ne se laissent disputer par personne leur monopole du kebab et de l’héroïne, des Brésiliens au sang chaud qui ne se font pas prier pour danser avec passion, des Portugais, des Rastas, des réfugiés politiques, des policiers en civil, des travailleurs saisonniers, des joueurs, des voleurs, des contrebandiers, des ouvriers en bâtiment, des prostituées, des dealers, de tout jeunes écrivains en goguette de par les ruelles paumées, des accros à l’héroïne, des punks, des Roms, des étudiants anarchistes… La foule des gens chics – banquiers, entrepreneurs, diplomates, cheiks arabes, etc. — qui remplit les hôtels cinq étoiles les vendredis et samedis soirs, ne descend de ses autos qu’aux places de stationnement. Comme ça, les trottoirs restent réservés aux étrangers sans moyens comme moi. De toute façon, n’importe qui, n’importe où dans le monde, qui se promène après minuit dans les rues est, sans doute aucun, un étranger. Mais cette ville est tout à fait sûre, si sûre qu’elle en est ennuyeuse. Parce que les banques, source
de sa richesse séculaire, sont établies ici, la police bien organisée a ses yeux partout. Même si on ne voit presque jamais en public des voitures de police ou des agents en uniforme, la main d’acier du pouvoir, gantée de brouillard, est posée à tout moment sur la nuque de tous, surtout des étrangers. Je t’en prie, reviens, où que tu aies disparu, reviens ! Je ne te ferai pas mal… ARIA OSMIN Solche hergelaufne Laffen MONOLOGUE BELMONTE Je t’en prie, reviens, où que tu aies disparu, reviens ! Je ne te ferai pas mal… Je suis un vide dans le cœur de la vie, à peine un commentaire, un point d’interrogation, un regard, donc un néant, je ne suis rien du tout… Je t’en prie, reviens, où que tu aies disparu, reviens ! Je ne te ferai pas mal… Je dois flotter entre deux Moi sans espoir, l’un dissimulé dans le passé et l’autre dans l’avenir. Je t’en prie, reviens, où que tu aies disparu, reviens ! Je ne te ferai pas mal… Mon passé, je l’ai laissé sur l’autre rive du fleuve, comme quelqu’un qui éclot d’une coquille. Je t’en prie, reviens, où que tu aies disparu, reviens ! Je ne te ferai pas mal… Ma mémoire est desséchée, dégonflée, sans vie. Ombres sans vies, créatures de l’imagination se sont transformées en un désert rempli des squelettes du souvenir. Je t’en prie, reviens, où que tu aies disparu, reviens ! Je ne te ferai pas mal… Je désire ardemment bannir même l’avenir de mes pensées, me perdre, me dissoudre et ce pendant ne devoir même pas penser à l’infini. Je t’en prie, reviens, où que tu aies disparu, reviens ! Je ne te ferai pas mal… 35
36
LIBRETTO ARIA KONSTANZE Ach ich liebte MONLOGUE KONSTANZE Lorsque j’avais quinze seize ans, dans les années où je tentais, sans soutien ou assistance, les premiers pas solitaires du voyage de ma vie, je me précipitais dans la rue dès que mon père et ma mère sortaient le soir. Je ne me souciais pas le moins du monde de l’heure tardive et que je n’avais nulle part où me rendre. Il m’était interdit de sortir la nuit de la maison. C’était la première restriction de mes années de jeune fille emplies du va-et-vient continuel entre les extrêmes, une restriction qui me remplissait d’une rage meurtrière, faisait couler mes pleurs de douleur, révolte et désespoir. Je ressentais comme l’injustice la plus terrible qu’on me prive de la lueur du crépuscule, de la nuit magique qui déployait tendrement ses ailes. Je n’avais pas peur de l’obscurité, bien au contraire, elle était ma seule complice. Dans mes voyages nocturnes, je faisais toujours semblant d’être sous couvert d’une mission très importante et secrète. Sans regarder à droite et à gauche, je marchais d’un pas rapide, décidé, offensif ; mon visage empruntait une dureté qu’on voit rarement chez une jeune fille de cet âge. J’imaginais que je me mettais en route vers un hold-up des plus dangereux, tenant cachée une arme dans ma poche, un voleur solitaire qui chasse sa proie dans la nuit de Nouvel An. À l’époque, ma vie était encerclée de grillages et je cherchais, même au risque de me faire mal, en vain, à déchirer en morceaux les fils de fer barbelés.
DEUXIÈME ACTE MONOLOGUE BLONDE Il était aussi étranger dans ce pays, avec un peu de sang arabe, mais vivait sa condition d’étranger comme en invité ; il profitait autant qu’il pouvait de l’avare hospitalité de l’Europe. Nous avions la même approche de la vie que de notre exil. Chaque instant, il était conscient de de son temps limité dans ce monde, cherchait à boire le jus de cette vie, à petites gorgées, jusqu’à la dernière goutte. Moi, en revanche, je cherchais à fuir dans l’obscurité comme un chat sauvage, j’étais une personne déplacée et lui, un voyageur. Je défendais bec et ongles ma liberté, mais quand quelqu’un m’offrait juste un peu de tendresse, j’étais prête à devenir sa servante, son esclave. Il était exactement l’opposé, il pouvait tomber amoureux, s’enflammer de passion, s’unir immortellement à quelqu’un, mais son être ne lui échappait jamais des mains. J’aimerais aimer quelqu’un, non pas parce qu’il est ceci ou cela, parce qu’il te raconte ceci ou cela, mais parce qu’il m’aime et revient toujours à moi, aussi mal que je puisse le traiter, il revient toujours comme un chien… ARIA BLONDE Durch Zärtlichkeit MONOLOGUE BLONDE Même au cœur de l’Europe, je peux reconnaître les femmes du Proche-Orient du premier coup d’œil. Dans les yeux de toutes gît une crainte et une tristesse profondes. Nous n’avons pas gagné notre confiance en nous-mêmes, notre fierté est pleine de blessures. Chez nous, pas une seule trace du maintien physique des femmes occidentales. Mes premiers deux mois en Europe, je les ai consacrés à découvrir tout cela, à faire l’addition de tout ce dont la société dans laquelle je suis née et où j’ai grandi m’avait privée. 37
La rage et la colère fermentaient en moi, je devins une étrangère débridée, imprévisible, ne croyant plus en rien. J’en avais plein le cul des gens qui ressemblaient à des produits de supermarchés. Je haïssais de toute ma force ce troupeau qui avait une peur mortelle de se mettre à nu, de se laisser aller, de dévoiler son âme, d’être faible et dépendant. Peu à peu, la migrante grandit en moi, elle mûrit, elle apprit à s’exprimer avec plus de recherche et de finesse. Que « la patrie » ce sont les quelques personnes avec qui je suis en relation, que je suis moi-même ma langue maternelle, je l’ai seulement appris avec le temps. Mon enfer n’était ni mon pays, ni ici. Je l’ai porté en moi-même, tout comme mes rêves d’un paradis. ARIA KONSTANZE Selbst der Luft darf ich nicht sagen MONOLOGUE KONSTANZE Ne le prends pas au sérieux s’il te plaît. Si un homme se pavane devant toi, sur un ton qui te fait comprendre que tu ne vaux pas même une seule de ses côtes et prétend te donner des leçons sur toi-même, sur ton passé et ton avenir, sur ce que tu es et ce que tu ne seras jamais, alors ne l’écoute en aucun cas. S’il te dit que tes hanches sont trop grasses, tes seins pendent, tes yeux endormis, ta tête trop lente, s’il se moque secrètement de tes premières tentatives maladroites d’écrire des poèmes ou de composer, alors quitte-le sur-le-champ. Et s’il a l’audace d’affirmer que tu ne pourras jamais être heureuse, alors il mérite un coup de poing sur le nez. En fin de compte, c’est un crime de laisser croire quelqu’un à un univers qui n’existe pas, de le préparer à un bonheur qui n’arrivera jamais, d’habituer à la tendresse un pauvre chien des rues qui recevra des coups de pied et de pierre toute sa vie. 38
C’est une bêtise d’attendre plus de l’amour qu’il n’est capable de donner. ARIA KONSTANZE Martern aller Arten MONOLOGUE BLONDE Nous avons bu tous deux sans interruption, les verres à vin étaient emplis d’un trait, vidés et à nouveau remplis. Lorsqu’il appela vers lui une vendeuse de fleurs et qu’il m’offrit une rose orange, tout commença à changer. Il m’avait tendu la fleur presque comme une demande d’excuses, avec une timidité que je n’aurais vraiment pas attendue de lui, puis il baissa un peu la tête et dit : il n’avait pas osé acheter une rose rouge. Ce dont nous avons parlé ensuite, comment il me dompta, comment il arriva que je me liai soudainement à lui avec une folle passion, de tout cela je ne me souviens absolument plus. Je lui trouvais toujours l’air un peu malade, quelque peu mélancolique et aussi quelque peu moqueur, comme si j’étais un coffret ancien sans poignées. Il parlait volontiers ; il racontait des histoires amusantes, émouvantes, banales. Sur son petit village près de Séville, son premier chien, l’accident qu’il avait eu à l’âge de huit ans et qui lui avait valu dix-huit points de suture au bras, ses deux hivers glacials à Oslo, des villes qu’il avait vues, des femmes qu’il avait aimées, son épouse, morte de leucémie, la Forêt-Noire où il avait passé des fins de semaine à camper … Il me disait : mon sourire est comme un défi au duel. Que l’attirance magique que j’exerce sur lui est comme l’auréole de la tragédie que je porte immanquablement au-dessus de ma tête. Quand nous nous aimions, alors j‘étais à nouveau complètement différente ; dès la première fois,
LIBRETTO il l’avait senti, que ces vêtements de deuil et ces regard sévères et douloureux n’étaient pas ma nature véritable. « Tu es comme une enfant, tout aussi pure, naturelle, pas compliquée. Innocente. J’ai remarqué, tu n’es jamais devenue adulte. Tu as besoin vingt-quatre heures sur vingt-quatre d’affection et de tendresse. » ARIA PEDRILLO Frisch zum Kampfe MONOLOGUE OSMIN Un mandarin vieux et laid se rend pour une nuit chez une prostituée inimaginablement belle, mais avec un cœur de pierre. Au petit matin, la jeune femme profite que le vieil homme s’endort et fait venir ses amis brigands. Mais il se trouve que le mandarin se réveille de son sommeil de renard et commence à se défendre et à combattre de toutes ses forces. Les brigands arrivent sans trop de peine à l’acculer dans un coin de la pièce. Néanmoins peu importe comment ils le frappent, ils doivent se rendent compte que leurs coups mortels ne lui infligent aucune traces. Le couteau le plus affilé, l’épée la plus impitoyable ne peuvent rien contre le mandarin. À la fin, ils prennent peur et s’enfuient. La femme est impressionnée par le pouvoir merveilleux du vieil homme et désire l’aimer encore une fois, cette fois par amour seulement. Elle commence à le caresser. Mais à chaque contact de la jolie femme, une nouvelle blessure apparaît sur le corps du mandarin ; les blessures du combat, les coups, du couteau, des épées. Elles sont restées cachées jusqu’à ce qu’une tendresse et une affection venant directement du cœur les accepte. Le mandarin couvert de sang finit par tomber dans les bras de la femme et meurt.
ARIA BELMONTE Wenn der Freude Tränen fließen MONOLOGUE KONSTANZE Pendant mes premières nuits à Genève, quand je voyais des gamines de treize, quatorze ans dans la rue, dans les bars et les boîtes, qui se promenaient, dansaient, se bécotaient, riaient heureuses et décomplexées, enlacées avec leur amoureux, je sentais toujours en moi comme un coup de poignard. MONOLOGUE BELMONTE Entre un passé rempli de douleur et un avenir inquiétant, je suis figé sur place et je n’arrive pas à atteindre l’instant où je me trouve. Je croyais m’enfuir et suis pris au piège. La seule chose optimiste que je puisse dire au sujet de la vie de migrant : je ne connais aucune autre expérience qui rende la vie aussi compréhensible. MONOLOGUE BLONDE Ma virginité, je l’ai déchirée de mes propres doigts et je l’ai jetée et je me suis enfuie à chaque occasion dans la nuit. La folie me poursuivait jusque dans les profondeurs de la nuit. Tout comme une ombre grandit avec l’obscurité, ma folie grandit dans la nuit et occupa une grande partie de moi-même. MONOLOGUE KONSTANZE Avec le temps, je compris que plus que leur liberté, c’était le bonheur de ces gamines, ce qui me blessait le plus. Elles considéraient le monde avec un regard jeune et plein d’espoir et les jeunes hommes à leurs côtés les embrassaient avec amour, émerveillement et désir ; elles n’avaient jamais été giflées et elles ne le seraient très probablement jamais leur vie durant ; déjà maintenant, chacune d’entre elles était une petite déesse. Les hommes de mon pays ne regardent pas les femmes comme ça, ils ne les traitent pas comme ça. Que m’est-il resté 39
40
LIBRETTO comme souvenir de mes premières relations à cet âge-là ? Une sexualité vécue sous la devise « Prends tout ce que tu peux ! », des humiliations que je n’arriverai jamais à expliquer, des tyrans qui apparaissaient subitement devant moi, des crocodiles, des rituels où les sorcières sont brûlées vives, des marquages au fer rouge comme putain. MONOLOGUE BELMONTE Je cours et cours et cours… Dans l’attente de me rencontrer moi-même dans un coin abandonné d’un cul-de-sac paumé, je vais encore et toujours. MONOLOGUE KONSTANZE Des rues pavées, des statues, des fontaines, des réverbères avec une lumière blanche jaunâtre, des magasins aux vitrines éclairées, des antiquaires, des bouquinistes, des galeries, des vieilles cartes topographiques, des timbres-poste, des livres imprimés au siècle dernier, des bougeoirs, des lustres, des pianos, des machines à écrire, des gramophones, des bibelots en porcelaine, des boîtes chinoises, des petites sculptures africaines, des masques vénitiens, Marie et son fils crucifié, des lampes en papier de riz, des secrétaires, des sets de thé en porcelaine, des cendriers en argent, des Bouddhas obèses, des éléphants de cristal, des tissus indiens… Parmi ces mille objets divers il n’y en a, qui sait pourquoi, pas un seul qui me rappelle mon enfance et ma jeunesse indubitablement malheureuse, immobile et ratée. Uniquement et seulement les marrons d’Inde, sur lesquels je tombe de temps à autre sur le trottoir. MONOLOGUE BELMONTE Des pas, des rues et le silence… des pas… des pas… silence… Avec une détermination sans merci, le monde marche sur mes talons. MONOLOGUE BLONDE « Nous devons finir maintenant, je ne suis pas prête pour une relation », avais-je dit pour commencer.
MONOLOGUE BELMONTE Je jette un regard furtif à travers la fenêtre d’un restaurant. Entre les assiettes et toutes sortes de vaisselle, je vois des visages blancs porcelaine plongés avec un maintien plein de dignité dans leur conversation. Ce ne sont pas des êtres humains assis aux tables, mais des marionnettes. Sous une lumière aveuglante, ils répètent leurs mouvements mécaniques, ils ouvrent, ferment et ouvrent à nouveau leur bouche, ils étendent leurs mains vers les aliments, verres et parfois aussi, les uns les autres, contractent à intervalles réguliers leurs gorges et avalent. MONOLOGUE BLONDE J’avais un iceberg géant dans le cœur. Je me sentais attaquée et occupée ; ma solitude, dont mon être a besoin pour respirer, était encerclée, ses murs de défense percés. MONOLOGUE KONSTANZE Les corps parlent, comme s’ils avaient attendu ce moment toute leur vie, et tout ce qui est sur terre se tait et écoute. MONOLOGUE BLONDE D’un tiède soir d’été est resté le souvenir d’une émotion puissante, d’un bonheur confondu de mélancolie, un bonheur si intense qu’il inquiète et fait mal. Un état dans lequel je ne me reconnaissais pas, une extase, un vertige, une ivresse… MONOLOGUE KONSTANZE Je crois que ni les jardins de thé de Kalamiş, ni la jeune fille de quinze ans, essayant de tirer sur une cigarette et obsédée par sa virginité, ne me manquent. Si je pouvais parler avec cette jeune fille pour deux, trois minutes dans un coin tranquille…
41
MONOLOGUE BLONDE Je marche entre des groupes enivrés et joyeux que je provoque avec ma solitude. Je suis du coin de l’œil le ridicule ballet amoureux d’un couple aux bras et aux jambes entremêlés.
QUATUOR KONSTANZE, BELMONTE PEDRILLO, BLONDE Ach Belmonte ! Ach mein Leben !
MONOLOGUE KONSTANZE En fait, je ne sais pas ce que je devrais lui dire. Vraisemblablement, il ne m’arriverait rien d’important à l’esprit. Nous nous regarderions l’une l’autre avec méfiance. Et je considérerais en soupirant sa candeur, son optimisme et son espoir. Mais il y a une chose que je ne lui dirais jamais : qu’elle se transformera un jour en cette créature qui la regarde avec des yeux remplis d’émerveillement, de compassion et d’effroi, cela je ne lui révélerais jamais, sous aucun prétexte.
MONOLOGUE BELMONTE Des cris, qui soudainement déchirent l’obscurité. Des bébés qui pleurent et des disputes qui accompagnent le lever du jour. Des gémissements d’amour qui s’échappent de fenêtres ouvertes, des insultes, baffes, l’odeur d’oignons, d’ail et d’épices. Des chats de gouttière et des prostituées qui survivent dans ce quartier. Disco, rap, reggae, jazz, blues, rythmes latins. Et partout et sans cesse des déceptions…
MONOLOGUE BLONDE J’écoute les voix des gens, petites, gentilles, adorables, leurs rires dénués de passion, douleur ou même profondeur, entraînés, dressés, vernis. En fin de compte, chacun de nous se satisfait de sa propre solitude. MONOLOGUE BLONDE Pendant que la nuit, caressante et veloutée, s’approchait de la ville, nous ne pouvions pas cesser de nous parler. MONOLOGUE KONSTANZE Les solitudes sont oubliées, pansées les blessures ; un être vivant qui cherche à survivre dans ce monde dangereux, chaotique et dénué de sens, cherche refuge auprès d’un autre être, atteint un sentiment de sécurité éphémère, un paradis artificiel. D’un coup, cette personne entend la musique de la vie dans son incroyable beauté. Et elle comprend que cette musique a toujours été là. Mais elle ne s’est jamais arrêtée, ne l’a jamais écoutée.
42
TROISIÈME ACTE
MONOLOGUE BLONDE Nous nous étions donné rendez-vous pour le souper. Nous nous étions assis dans un petit restaurant, sur une des rues principales qui mènent au Rhône, où on ne servait que de la cuisine française et où les tables occupaient le trottoir. MONOLOGUE BELMONTE Demain, qui pourra sauver sa tête, qui trouvera un boulot, qui sera emmené par la police, qui se jettera de sa piaule de location obscure et malodorante au huitième étage ? MONOLOGUE KONSTANZE Chaque fois que je levais les yeux, je rencontrais son regard chaleureux qui ne voulait pas lâcher une seule seconde mon visage et je me disais : « C’est bien cela l’amour, exactement cela et rien d’autre. » MONOLOGUE BELMONTE La beauté des premiers moments, des irremplaçables premiers moments … Les commencements sont toujours beaux.
LIBRETTO MONOLOGUE BLONDE Il m’écoutait avec une tristesse tendue, dans ses regards gisait le désarroi d’un homme adulte qui voit qu’il a perdu la partie. MONOLOGUE BLONDE L’attente secrète de quelque chose qui n’a pas de nom. MONOLOGUE KONSTANZE La fragilité transparente d’un bébé qui commencera dans un instant à pleurer. ARIA BELMONTE Ich baue ganz auf deine Stärke ROMANZE PEDRILLO In Mohrenland gefangen war MONOLOGUE BLONDE Le plus souvent, je suis satisfaite des contes que les hommes inventent sur moi ; de toute façon, ce n’est pas moi qu’ils aiment, mais une image… …ils aiment, jugent, méprisent, abandonnent l’image qu’ils ont créée eux-mêmes… …ils tombent amoureux de l’image et lui déclarent en même temps la guerre. MONOLOGUE OSMIN Je suis le noir fantôme de la solitude. Un regard fait d’un seul œil. Voleurs, aveugles et Noirs connaissent mieux la nuit. Nous disparaissons dans l’obscurité, nous dissolvons, comme si nous étions de la même matière qu’elle, nous apprenons à connaître la nuit d’une autre manière, nous nous l’approprions. Et moi, borgne, je résiste de tout mon être à ce qu’on me vole ma nuit, qu’elle soit sacrifiée aux amoureux passionnés, aux chambres à coucher qui sentent la sueur et le sperme. Ceux qui utilisent la nuit au service de la volupté, des rêves et de la jouissance
ne la connaissent pas du tout, ils attendent d’elle des choses qu’elle ne contient pas. Au lieu de vous annoncer : « Soit une chose existe, soit elle n’existe pas », je dis : « C’est là et en même temps pas là », et ainsi j’assume le rôle du témoin vivant de la disparition, celui du messager maudit. Mon œil proclame d’un cri muet qu’un regard porte en lui l’ombre, l’existence et la disparition. ARIA OSMIN O, wie will ich triumphieren MONOLOGUE OSMIN Je laisse le monde dans sa vitrine crûment illuminée dans laquelle il est enfermé et je hante tout le long des chemins obscurs de mon âme. Je renonce à considérer, à analyser et interpréter, à m’efforcer sans espoir, à atteindre la vie. Pour ne pas que la foi en notre propre existence soit interrompue, les êtres humains ont besoin d’yeux avec lesquels ils seront vus. Avec ce demiregard, je mets votre existence fondamentalement en question. Un œil unique appelle en vous la pensée de quelque chose d’éveillé, encore plus insupportable que la mort, un déchirement, un désaccord, une lacune, la suspension de la symétrie universelle. Mon œil perdu vous met à la place de ce que vous avez perdu ou que vous pourriez encore perdre. Il vous transforme en un abîme, en votre propre abîme qui vous saisit par la force de son attraction et dans lequel vous serez précipité. Il devient une fosse terrible, un trou noir qui ne rend même pas la lumière ! RÉCITATIF ET DUO KONSTANZE, BELMONTE Welch ein Geschick… Weil ich dir zur Seite bin MONOLOGUE KONSTANZE Comme la tendresse peut déchirer particulièrement les personnes qui en ont le plus besoin en morceaux ! 43
MONOLOGUE BLONDE Pourquoi n’ai-je jamais su que nous sommes tous seuls sur le voyage vers nous-mêmes ? MONOLOGUE BELMONTE Le bannissement est la lourde punition de la fuite. Qui abandonne une fois son passé, ne retrouve plus jamais le chemin vers lui. MONOLOGUE KONSTANZE Sur le cours de la vie, je dois me recueillir les yeux fermés, immobile. Ainsi seulement je peux figer le temps, pour un seul instant anéantir complètement l’univers et reconstruire. Un silence immuable, pur, aimant. Tendre comme une main qui caresse, doux comme un sourire. MONOLOGUE BLONDE Je suis une voyageuse qui s’est libérée du lourd fardeau de son corps, qui est devenue légère. Une voyageuse sans corps. Plus rien ne fait mal, rien ne me fait peur. Car la peur réside dans la chair, tout comme le désir. Je suis purifiée, sanctifiée. MONOLOGUE KONSTANZE Comme c’est insensé, comme c’est désespéré. Vouloir ressusciter un amour passé depuis longtemps. Je dois me résigner à comprendre qu’il est trop tard pour moi. Je dois encore acheter un paquet de cigarettes, rentrer à la maison, faire un thé. Je dois écrire. À propos de cette heure, quand les amoureux se prennent dans les bras, quand toutes les solitudes sont oubliées, je dois pleurer et écrire. Comme c’est insensé, comme c’est désespéré. Chercher quelque chose dans un vide dont je ne me rappelle même plus ce qu’il était. Retourner chaque pierre et regarder en dessous, dans toutes les cavités, trous, fossés glisser une main et fouiller comme une possédée. Ce faisant, c’est seulement le désespoir que tu retrouves encore et encore. 44
MONOLOGUE BELMONTE Sais-tu ce que veut dire « désespoir » ? As-tu déjà atteint ce point où il est clair pour toi que tu n’as plus de possibilité de fuite, que toutes les voies de sortie, même la mort, te sont closes ? MONOLOGUE KONSTANZE Mon jeune médecin a probablement raison. Je réfléchis trop aux choses.
LIBRETTO
45
Turcs ou Persans : la mode européenne pour l’Orient aux XVIIe–XVIIIe siècles par Nicolas Ducimetière Fondation Martin Bodmer
Sous le règne du Roi Soleil, comme sous celui de son successeur le Bien-Aimé, la France s’était prise d’intérêt pour les questions orientales, à l’image du reste de l’Europe. Le siège et la bataille de Vienne en 1683 avaient montré que les armées ottomanes pouvaient toujours faire une incursion profonde en Europe, ce qui ne manquait pas de faire frémir la cour et la ville dans de nombreux pays, mais aussi de provoquer l’intérêt des contemporains. Comme l’opéra L’Enlèvement au sérail de Mozart (commande de l’empereur Joseph II), quelques œuvres littéraires témoignent de cet engouement. Un siècle plus tôt déjà, la tragédie Bajazet de Racine (1672) avait fait naître toute une série de pièces à sujet turc : rompant avec ses ouvrages précédents, le célèbre dramaturge avait mis en scène une intrigue complexe et tortueuse dans l’atmosphère des harems, entremêlant pouvoir politique et passions amoureuses pour s’achever dans une « grande
tuerie » (dixit le compte rendu de Madame de Sévigné ). À la fin de la pièce, le grand vizir Acomat et la moitié de ses soldats cherchent Bajazet, frère du sultan Amurat, pour le porter sur le trône. On apprend au même moment que la sultane Roxane, qui a poursuivi son beau-frère de ses assiduités, a été poignardée : le sultan avait été informé de la trahison de sa favorite. Dans les combats contre les soldats fidèles au souverain, Bajazet trouve finalement la mort lui aussi, après une résistance héroïque face à de nombreux soldats. Le vizir propose alors à la princesse Atalide, qui aimait Bajazet, de partir pour « quelque autre contrée », mais la jeune femme, désespéré, se donne la mort sur scène. À l’inverse de ces « petits meurtres en famille » (des fratricides d’ailleurs habituels du côté de la Sublime Porte), le drolatique Bourgeois Gentilhomme de Molière (1670) tournait en ridicule les prétendues cérémonies et titres turcs, employés dans un jeu de dupes pour introniser le gentilhommâtre Monsieur
FONDATION MARTIN BODMER
Jourdain en « Grand Mamamouchi » lors d’une cérémonie burlesque. Autant que les faux nobles, la pièce visait donc à moquer les Ottomans dont l’ambassadeur avait, quelques mois plus tôt, manqué de respect à Louis XIV, affirmant que la couverture du cheval de son propre monarque était plus luxueuse et plus ornée de brillants que l’habit de cérémonie du Roi Soleil. Scandale… À fin du XVIIe siècle, la mode était donc aux « turqueries », un engouement qui resta pérenne tout au long du Siècle des Lumières. Dans les premières années du règne de Louis XV, l’Oriental devient un témoin commode auquel l’on peut prêter un œil critique sur les
bizarreries culturelles occidentales. « Comment peut-on être persan ? » C’est la question célèbre que se pose le public parisien en découvrant les voyageurs Usbek et Rica, arrivés de leur lointain empire oriental dans le royaume de France, au début du règne de Louis XV. Voyageurs en réalité imaginaires, tout comme leurs amis restés au pays : leur correspondance n’est que la création du philosophe et facétieux Chales Louis de Secondat, baron de Montesquieu (1689–1755). Ses Lettres persanes, parues sous couvert d’anonymat en 1721, relancent la mode orientale pour des années : les histoires orientales n’ont depuis pas fini de faire rêver.
Racine, Bajazet, dans Œuvres de Racine, Paris, 1687, première édition collective illustrée. Cologny, Fondation Martin Bodmer
47
ASLI ERDOĞAN Textes
FABIO BIONDI Direction musicale
LUK PERCEVAL Mise en scène
PHILIP BUSSMANN Scénographie
Romancière et militante
Fabio Biondi commence
Né en 1957, le metteur
Scénographe et vidéaste,
pour les droits humains,
très jeune l’apprentis-
en scène belge fait date
Philip Bussmann travaille
Aslı Erdoğan devient
sage du violon, puis
avec des productions
depuis 1995 pour des
à 24 ans la première
du violon baroque,
comme Andromak au
productions de danse et
étudiante turque en
devenant soliste avec
festival d’Avignon (2004).
de théâtre dans le monde
physique à intégrer le
Les Musiciens du Louvre
En 1999, il est le premier
entier. Après avoir étudié
CERN, puis se consacre
et The English Concert.
directeur artistique du
la scénographie et les
à l’écriture : nouvelles,
En 1990, il crée Europa
Toneelhuis d’Anvers.
costumes à Stuttgart,
poèmes et romans dont
Galante. Il est direc-
Familier des réécritures,
il s’installe à New York
Le Mandarin miraculeux
teur artistique pour la
il lance avec l’auteur
où il travaille comme
(1996). En 2016, elle est
musique baroque au
Tom Lanoye Ten Oorlog
concepteur vidéo, avant
arrêtée et emprisonnée
Stavanger Symphony
autour de tous les
de collaborer avec
à la prison pour femmes
Orchestra pendant 11 ans
drames historiques de
Nicolas Stemann et
de Bakirköy pour « pro-
et dirige notamment l’Or-
Shakespeare. En se ba-
Matthias Hartmann à
pagande terroriste », en
chestre de Radio France
sant sur l’œuvre d’Émile
Hambourg et Bochum
faveur de la rébellion
et le Mahler Chamber
Zola, il crée au Thalia
et avec Sasha Waltz
kurde du PKK. Après plus
Orchestra. Sa passion
Theater de Hambourg la
et Luk Perceval à la
de quatre mois de prison,
pour l’opéra classique,
Trilogie meiner Familie :
Schaubühne de Berlin.
un tribunal turc ordonne
le belcanto et les pre-
Liebe (2016), Geld (2016)
Il réalise plusieurs
sa libération immédiate
mières œuvres de Verdi
und Hunger (2017). Parmi
projets avec ce dernier,
sous contrôle judiciaire.
l’emmène au Staatsoper
ses mises en scène à
notamment Platonov et
Lauréate du Prix Simone
Berlin, à La Fenice et au
l’opéra, Tristan und
la scénographie et vidéo
de Beauvoir pour la liber-
Palau de les Arts Reina
Isolde à Stuttgart et
de l’opéra Infinite Now,
té des femmes, elle vit en
Sofia, où il est directeur
Infinite Now à l’Opéra
distingué par la critique
exil en Allemagne. ◯
musical de 2015 à 2018. ◯
des Flandres. ◯
du magazine Opernwelt. ◯
◯ Débuts au Grand Théâtre de Genève, ✿
48
Membre du Jeune Ensemble. Pour les bios longues voir : gtg.ch/die-entfuhrung-aus-dem-serail
BIOGRAPHIES
ILSE VANDENBUSSCHE Costumes
MARK VAN DENESSE Lumières
LUC JOOSTEN Dramaturgie
TED STOFFER Chorégraphie
Ilse Vandenbussche
D’abord éclairagiste à
Après des études de
Chorégraphe, performeur
étudie la création de
l’Opéra des Flandres, Mark
philosophie à l’Université
et enseignant, Ted Stoffer
costumes et la mode à
van Denesse travaille
catholique de Louvain,
crée sa compagnie
Anvers. Depuis 1993, elle
depuis 1990 comme
Luc Joosten travaille
Aphasia Dance en 1997.
collabore régulièrement
concepteur de lumières
comme dramaturge
Sa production pour
avec Luk Perceval,
indépendant pour l’opéra,
dans divers théâtres
Les Ballets C de la B,
avec qui elle crée pour
la danse et le théâtre.
et compagnies, dont le
avec qui il collabore
la Blauwe Maandag
Il collabore notamment
Toneelhuis d’Anvers et
pendant de nombreuses
Compagnie de Gand,
avec Johan Simons aux
l’Opéra des Flandres.
années, Aphasiadisiac,
O’Neil, Ten Oorlog, Voor
Pays-Bas, en Belgique et
Depuis 1993, il travaille en
a été récompensée par
het pensioen. Ils réalisent
au Festival de Salzbourg,
étroite collaboration avec
l’Argos Critics Prize au
ensemble au Toneelhuis
ainsi qu’avec Dimiter
les metteurs en scène
Festival de Brighton.
d’Anvers Andromak, au
Gotscheff au Burgtheater
Peter Konwitschny, Jan
Il se produit et donne
Kammerspiele de Munich
de Vienne. Avec Luk
Fabre, Guy Joosten, Luk
des classes de maître
Troilus and Cressida,
Perceval, il réalise, entre
Perceval, David Hermann
dans le monde entier,
Little Man, What Now ?
autres, Macbeth et Oncle
et Michael Thalheimer,
notamment à la Biennale
et leur grand succès
Vania au Toneelhuis
notamment au sein de
de Venise, Istanbul dans,
Schlachten ! d’après
d’Anvers, Traum im Herbst
l’Opéra de Flandres,
Kalamata Dance Festival,
Shakespeare. Elle
aux Kammerspielen
Theater an der Wien, La
la Biennale di Torino,
collabore aussi avec les
de Munich, Molière et
Monnaie de Bruxelles,
ImpulsTanz. Avec Luk
metteurs en scène Guy
Death of a Salesman à
Staatsoper Hamburg et
Perceval, il a collaboré sur
Cassiers et Johan Simons
la Schaubühne de Berlin,
l’English National Opera.
les spectacles MacBeth,
et crée des costumes
Hamlet, Jeder stirbt
Actuellement il est le
Kirschgarten, Infinite
pour le cinéma en
für sich allein au Thalia
dramaturge principal du
Now, Het jaar van de
Belgique. ◯
Theater. ◯
DNO à Amsterdam. ◯
Kreeft et Platonov. ◯
49
OLGA PUDOVA
REBECCA NELSEN
CLAIRE DE SÉVIGNÉ
Soprano
Soprano
Soprano
Konstanze
Blonde
Soprano colorature
Aguerrie aux rôles exi-
Après des débuts brillants
issue de l’atelier lyrique
geants, Rebecca Nelsen
dans son Canada natal (prix
du Théâtre Mariinsky,
est acclamée dans Lulu à
JUNO pour les cantates
Olga Pudova cumule
Leipzig, comme Violetta
de Vivaldi, avec l’Aradia
les distinctions et se
à Malmö dans la mise
Ensemble sous la direction
produit dans les rôles
en scène d’Olivier Py, et
de Kevin Mallon), elle a fait
de La Reine de la nuit
en Pamina, Susanna et
ses débuts européens en
dans Die Zauberflöte au
Konstanze à Dresde et
2018-2019 au Concertge-
Semperoper de Dresde,
Venise, aux Festivals de
bouw d’Amsterdam dans le
Zerbinetta dans Ariadne
Salzbourg et Glynde-
rôle de la Vierge (Jeanne au
auf Naxos au Théâtre
bourne, au Volksoper de
bûcher) et avec la NDR Elb-
des Champs-Elysées,
Vienne et à l’opéra de
philharmonie Orchester en
Lucia di Lamermoor
Perm sous la baguette de
Venus (Le Grand Macabre).
et Olympia dans Les
Teodor Currentzis. Elle
Elle chante dans Messiah
Contes d’Hoffmann au
incarne Adele dans Die
avec le Bilbao Orkestra
Bayerische Staatsoper de
Fledermaus, Clara dans
Sinfonikoa et a été réinvitée
Munich. Après son début
Porgy and Bess, et chante
au Festival de Salzbourg
en Konstanze au Grand
Madame Silberklang dans
pour la Mozart Matinée
Théâtre de Genève, elle
Der Schauspieldirektor
avec Raphaël Pichon. Elle
chantera dans
de Mozart en concert
est saluée en Blonde du
Le Rossignol de Stravinsky
avec Esa-Pekka Salonen
Sérail au Festival de Savon-
au Welsh National Opera
au Royal Festival Hall de
linna, à l’Opernhaus Zürich
et en tournée au Royal
Londres et au Théâtre des
et au Théâtre des Champs-
Opera House. ◯
Champs-Élysées. ◯
Élysées. ✿
◯ Débuts au Grand Théâtre de Genève, ✿
50
Konstanze
Membre du Jeune Ensemble. Pour les bios longues voir : gtg.ch/die-entfuhrung-aus-dem-serail
BIOGRAPHIES
JULIEN BEHR
DENZIL DELAERE
NAHUEL DI PIERRO
Ténor
Ténor
Basse
Belmonte
Un messaggero
Osmin
Abandonne sa carrière
Denzil Delaere étudie
Issu de l’Institut Artistique
au barreau pour se
le chant et le piano à
du Teatro Colón, des
consacrer pleinement à
l’École d’art de Gand.
ateliers lyriques de l’Opéra
la musique, Julien Behr
En 2013, il est admis à
National de Paris et du
est nommé « Révélation
la fois à la Chapelle
Festival de Salzbourg,
artiste lyrique » de
musicale Reine Élisa-
Nahuel Di Pierro est à
l’Adami en 2009 et
beth et à l’International
l’aise aussi bien dans
aux Victoires de la
Opera Academy ( IOA )
le baroque que dans le
musique classique en
de Gand. Il intègre ra-
belcanto romantique.
2013. Son répertoire
pidement le Luzerner
Dans le répertoire
s’étend de la musique
Theater où il y interprète
baroque, il chante
baroque à Stravinsky
de nombreux rôles dont
dans L’Incoronazione di
et Ravel, sans oublier
son premier Tamino et
Poppea, King Arthur et
le répertoire italien
puis la troupe de l’Opera
Médée de Charpentier
avec Donizetti et Verdi.
Vlaanderen. Durant la
à Zurich. Expert du
Mozartien accompli, il
saison 2018-2019, il se
répertoire rossinien, il
brille en Tamino à Paris
produit à l’Opera Vlaan-
est aussi un mozartien
et incarne aussi Arbace
deren en Janek ( L’Af-
accompli, de Sarastro
( Idomeneo ), Ferrando
faire Makropoulos ) ainsi
dans Die Zauberflöte à
( Così fan tutte ) et Don
que dans la création
Don Giovanni en passant
Ottavio ( Don Giovanni )
mondiale des Bienveil-
par Guglielmo dans
avant de faire ses
lantes d’Héctor Parra. ✿
Cosí fan tutte ( Aix-en-
débuts comme Belmonte
Provence, Édimbourg )
à Genève. ◯
et Osmin à Zurich.
51
BIOGRAPHIES
FRANÇOISE VERCRUYSSEN
IRIS TENGE
JORIS BULTYNCK
Née à Baden-Baden,
Né à Gand, il fait ses
Née à Erquelinnes (Bel-
elle étudie la danse et
études de théâtre à
Né à Paris, il pratique la
gique), elle intègre le
le théâtre dans sa ville
Anvers et à Londres.
comédie, la locution et la
Conservatoire d’art dra-
natale et participe à des
Il travaille par la suite
musique en langues fran-
matique de Lyon en 1966
productions de radio et TV
comme performer dans
çaise et allemande. Fami-
et fait ses débuts en 1967
de la SWR. Elle se forme à
une compagnie de
lier des grandes scènes
sous la direction de Roger
la John-Cranko-Akademie
théâtre au Mexique. Il a
dramatiques berlinoises
Planchon dans Richard III,
du Ballet de Stuttgart
œuvré comme assistant
(Schaubühne, Gorki Thea-
Bleu Blanc Rouge et Les
et danse dans des pro-
à la mise en scène pen-
ter, Theater am Kurfü-
Libertins au Théâtre de
ductions classiques et
dant quelques années
rstendamm), il y travaille
la Cité de Villeurbanne.
contemporaines. Engagée
sur les scènes lyriques
avec des metteurs en
Comédienne et locutrice,
au Ballet de Hambourg
d’Anvers et Gand, à La
scène de renom, tels Mat-
elle joue en allemand et
sous John Neumeier, elle
Monnaie de Bruxelles et
tias Hartmann, Luk Per-
en français, avec André
commence à y œuvrer
au Liceu de Barcelone.
ceval et Pauline Beaulieu.
Kayatt au Théâtre de
comme chorégraphe.
Après cette période, il
Au cinéma, il a travaillé
Malakoff, avec Robert
Adepte du travail artis-
remonte sur les planches
avec Régis Varnier, Domi-
Girones au Théâtre Méca-
tique multidisciplinaire,
et joue également dans
nique de Rivaz et Claude
nique de Paris (Trommeln
elle a été active comme
des films français, néer-
Chabrol et figuré dans
in der Nacht, Le Château
maîtresse de ballet et cho-
landais et belges, en
de nombreux films : Mein
dans les champs). Elle est
régraphe avec le Wupper-
langues néerlandaise
Name ist Bach, Vor der
interprète de plateau pour
taler Tanztheater, le Ballet
et française, comme
Morgenröte, Une femme
Robert Wilson, collabora-
du Rhin, Oper Frankfurt, La
par exemple le Roberto
française et Docteur M. Il
trice d’écriture pour Ceci-
Monnaie de Bruxelles et la
Zucco de B.M. Koltès au
est la voix allemande de
lia Bartoli et travaille aussi
Folkwang Universität der
Théâtre Metz Métropole
Vincent Cassel, Lambert
comme naturopathe. ◯
Künste d’Essen. ◯
la saison dernière. ◯
Wilson et Yvan Attal. ◯
Konstanze
Blonde
◯ Débuts au Grand Théâtre de Genève, ✿
52
Belmonte
PATRICE LUC DOUMEYROU Osmin
Membre du Jeune Ensemble. Pour les bios longues voir : gtg.ch/die-entfuhrung-aus-dem-serail
ORCHESTRE DE LA SUISSE ROMANDE Premiers violons Svetlin Roussev Bogdan Zvoristeanu Abdel-Hamid El Shwekh Medhat Abdel Salam Yumiko Awano Caroline Baeriswyl Linda Bärlund Elodie Bugni Theodora Christova Stéphane Guiocheau Yumi Kubo Florin Moldoveanu Bénédicte Moreau Muriel Noble Yin Shen Michiko Yamada
Hilmar Schweizer Jakob Clasen Laurent Issartel Yao Jin Olivier Morel Caroline Siméand Morel Silvia Tobler Son Lam Trân
Seconds violons Sidonie Bougamont François Payet-Labonne Claire Dassesse Rosnei Tuon Florence Berdat Gabrielle Doret Véronique Kümin Ines Ladewig Claire Marcuard Eleonora Ryndina François Siron Claire Temperville-Clasen David Vallez Cristian Vasile Nina Vasylieva Eurydice Vernay
Flûtes Sarah Rumer Loïc Schneider Raphaëlle Rubellin Ana Naranjo Jerica Pavli
Altos Frédéric Kirch Elçim Özdemir Emmanuel Morel Barry Shapiro Hannah Franke Hubert Geiser Stéphane Gontiès Denis Martin Saya Nagasaki Marco Nirta Verena Schweizer Catherine Soris Orban Yan Wei Wang Violoncelles Aram Yagubyan Cheryl House Brun
Contrebasses Héctor Sapiña Lledó Bo Yuan Alain Ruaux Ivy Wong Mihai Faur Adrien Gaubert Gergana Kusheva Trân
Hautbois Nora Cismondi Clarisse Moreau Vincent Gay-Balmaz Alexandre Emard Sylvain Lombard Clarinettes Dmitry Rasul-Kareyev Michel Westphal Benoît Willmann Camillo Battistello Guillaume Le Corre Bassons Céleste-Marie Roy Afonso Venturieri Francisco Cerpa Román Vincent Godel Katrin Herda Cors Jean-Pierre Berry Julia Heirich Isabelle Bourgeois Alexis Crouzil Pierre Briand Clément Charpentier-Leroy Agnès Chopin
Trompettes Olivier Bombrun Stephen Jeandheur Gérard Métrailler Claude-Alain Barmaz Laurent Fabre Trombones Matteo De Luca Alexandre Faure Vincent Métrailler Andrea Bandini Laurent Fouqueray Tuba Ross Knight Timbales Arthur Bonzon Olivier Perrenoud Percussions Christophe Delannoy Michel Maillard Michael Tschamper Harpe Notburga Puskas Pratique d’orchestre (DAS) Gaëlle Spieser (violon) Isabel Arregui (alto) Antoine Regnard (cor) Production Guillaume Bachellier (délégué) Régie du personnel Grégory Cassar (régisseur principal) Mariana Cossermelli (régisseuse adjointe) Régie technique Marc Sapin (superviseur et coordinateur) Vincent Baltz (coordinateur adjoint) Frédéric Broisin (régisseur de scène) Aurélien Sevin (régisseur de scène)
53
CHŒUR DU GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE Sopranos Fosca Aquaro Ines Brasil Flores Magali Duceau-Berly Györgyi Garreau Nicola Hollyman Iana Iliev Victoria Martynenko Marie Orset Iulia Preda Elena Cristiana Presutti Edit Suta Altos Vanessa Beck-Hurst Audrey Burgener Elise Bédènes Varduhi Khachatryan Mi Kim Young Céline Kot Negar Mehravaran Mariana Vassileva-Chaveeva
54
FIGURATION Ténors Yongping Gao Rémi Garin Lyonel Grelaz Sanghun Lee Terige Sirolli Georgi Sredkov Bisser Terziyski Basses Krassimir Avramov Phillip Casperd Aleksandar Chaveev Harry Draganov Rodrigo Garcia Seong Han Ho Dimitri Tikhonov
Fanny Alton Elvio Avila Andrea Berchtold Clarisse Brillouët Rosale Bérenger Mariama Camara Arturo Cravea Jean-Nicolas Dafflon Catherine Devenyi Romane Golan Laurence Hélaine Tony Iannone Lucas Intini Margot Lopez Medhi Mokkedem-Billaud Margaux Monetti Samantha Moysi Mathilde Méritet Alexandra Quénard Joane Reymond Giulia Rumasuglia Leila Saadali Rudy Sbrizzi Charles Sigel Bérengère Sigoure Ghislaine Stoll Ivana Testa Ibrahim Traore Nicola Vacca Pauline de Lattre
ÉQUIPES ÉQUIPE ARTISTIQUE
ÉQUIPES TECHNIQUES
Assistant•e à la mise en scène Fanny Gilbert-Collet Luc Birraux Assistant à la direction musicale Luca Quintavalle Régisseure de production Chantal Graf Régisseure Valérie Tacheron Chefs de chant Xavier Dami Réginald Le Reun Directeur artistique Arnaud Fétique Chargé de production artistique et casting Markus Hollop Assistante de production et responsable de la figuration Matilde Fasso Responsable des ressources musicales Eric Haegi Régisseure chœurs Marianne Dellacasagrande Tops surtitres Saskia van Beuningen
Directeur technique Luc Van Loon Adjointe administrative Sabine Buchard Régisseure technique de production Ana Martin Del Hierro Chef de plateau Gabriel Lanfranchi Machinerie Juan-Manuel Calvino Éclairages Serge Alerini Accessoires Damien Bernard Electromécanique Jean-Christophe Pégatoquet Son/Vidéo Michel Boudineau Habillage Joëlle Müller Perruques/Maquillage Karine Cuendet Christèle Paillard Carole Schoeni Ateliers costumes Armindo Faustino-Portas
PERSONNEL PERMANENT
voir gtg.ch/equipes
55
LA FONDATION DU GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE La Fondation du Grand Théâtre de Genève
Le Conseil de Fondation est composé de
subventionnée par la Ville de Genève. Le but de
municipal et le Conseil administratif de la Ville
est une fondation d’intérêt public communal,
la Fondation est d’assurer l’exploitation du Grand
Théâtre de Genève en y organisant des spectacles d’art lyrique, chorégraphique et dramatique.
Le statut de la Fondation a fait l’objet d’une loi
quatorze membres désignés par le Conseil
de Genève et d’un membre invité représentant
du personnel. Le Conseil de fondation nomme en son sein un Bureau.
cantonale en 1964.
Secrétariat Cynthia Haro T +41 22 322 51 71 fondation@gtg.ch
CONSEIL DE FONDATION
Directeur général Aviel Cahn
M. Pierre Conne*, secrétaire
Adjointe administrative & en charge du Protocole Sandrine Chalendard
M. Sami Kanaan*
SECRÉTARIAT GÉNÉRAL
M. Manuel Tornare*
Secrétaire générale Carole Trousseau-Ballif
Mme Lorella Bertani, présidente
M. Guy-Olivier Segond*, viceprésident
M. Claude Demole* M. Rémy Pagani*
M. Juan Calvino**
M. Jean-Pierre Jacquemoud M. Marc Dalphin
Mme Danièle Magnin
Mme Françoise de Mestral M. Albert Rodrik
M. Pascal Rubeli
Mme Salika Wenger
M. Guy Demole, président d’honneur
M. Jean-Flavien Lalive, président d’honneur †
*Membre du Bureau ** Membre invité représentant du personnel
Situation au 23 octobre 2019
56
DIRECTION GÉNÉRALE
Secrétaire Cynthia Haro
MÉCÉNAT
REJOIGNEZ LE CLUB ! Vous souhaitez vous associer à un projet innovant et
renouvelé. À partir de la saison 2019-2020, le Grand
dynamisant pour le Grand Théâtre de Genève, qui
Théâtre propose à ses mécènes un éventail séduisant
scène internationale. Vous avez envie de participer
volets pédagogique et programmatique du GTJ –
assure son rayonnement sur l’arc lémanique et sur la à la conception et à la mise en œuvre de nouvelles
initiatives destinées à créer des liens entre les diverses formes d’expression artistique. Vous êtes désireux de valoriser le rôle sociétal de l’opéra et de la danse,
de renforcer l’ancrage du Grand Théâtre à Genève,
ou encore d’ouvrir largement ses portes à toutes les
générations, à tous les habitants de la ville et à tous
les visiteurs de passage. Devenez mécène du Grand
Théâtre de Genève ou rejoignez le nouveau club de ses grands mécènes.
Les mécènes du Grand Théâtre de Genève peuvent choisir de soutenir l’institution, une production
spécifique, un projet défini, ou encore l’événement
dédié à la Genève internationale dont le concept sera
d’initiatives : des productions lyriques innovantes, les
Grand Théâtre Jeunesse, les projets de La Plage visant à rendre l’opéra et la danse accessibles à tous ou
encore une très riche programmation chorégraphique
et de récitals. En soutenant le Grand Théâtre de Genève vous démontrez votre engagement en faveur des
arts, vous cultivez votre image et vous jouissez d’une
visibilité exceptionnelle. Vous pouvez aussi organiser
des opérations de relations publiques dans les espaces restaurés et réimaginés du Grand Théâtre, offrir des
avantages inédits à vos collaborateurs et bénéficier
de liens privilégiés avec les artistes et le processus de création artistique.
N’hésitez pas à nous contacter: mecenat@gtg.ch
LE GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE REMERCIE POUR LEUR GÉNÉREUX SOUTIEN :
La Ville de Genève, l’Association des communes genevoises, le Cercle du Grand Théâtre de Genève, la République et Canton de Genève Ses grands mécènes : Monsieur et Madame Guy et Françoise Demole, Madame Aline Foriel-Destezet, Emil Frey, Indosuez Wealth
Management, JTI, la Fondation Leenaards, Madame Brigitte Lescure, la Famille Lundin, la Fondation Francis et
Marie-France Minkoff, la Mobilière Suisse Société d’assurances, la Fondation de bienfaisance du groupe Pictet, REYL & Cie SA, la Fondation Edmond J. Safra, l’Union Bancaire Privée UBP SA, la Fondation VRM Ses mécènes : La Banque Cantonale de Genève, la Fondation Alfred et Eugénie Baur, la Fondation Bru, Cargill International SA,
la Fondation Coromandel, Monsieur Éric Demole, la Fondation Philanthropique Famille Firmenich, Caroline et Éric
Freymond, Generali Assurance, Gonet & Cie SA, la Fondation Otto et Régine Heim, Hyposwiss Private Bank Genève SA, la Fondation Jan Michalski, Mirabaud & Cie SA, Adam & Chloé Said
57
LE CERCLE DU GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE
Le Cercle du Grand Théâtre de Genève rassemble toutes
POURQUOI REJOINDRE LE CERCLE ?
activités du Grand Théâtre dans le domaine des arts ly-
l’art vivant avec la plus grande scène culturelle de la
les personnes et entreprises intéressées à soutenir les
rique, chorégraphique et dramatique. Depuis sa création en 1986, le Cercle apporte chaque saison un important soutien financier au Grand Théâtre par des contribu-
Pour partager une passion commune et s’investir dans Suisse romande.
POUR BÉNÉFICIER D’AVANTAGES EXCLUSIFS :
soutient les productions suivantes : Aida, Les Huguenots
· · · ·
Rejoindre le Cercle du Grand Théâtre de Genève, c’est
·
lui donner les moyens de poursuivre sa mission : ouvrir
· ·
réflexions sociétales d’aujourd’hui, impliquer le jeune pu-
· ·
tions aux spectacles. Pour la saison 2019-2020, le Cercle et Voyage vers l’espoir.
soutenir une institution culturelle au service de sa ville et les cœurs à la magie de l’opéra, éveiller les esprits aux
blic dans la vie lyrique, rendre les spectacles accessibles au plus grand nombre, accueillir des productions et des artistes de premier ordre et promouvoir la création et l’innovation artistiques.
· · · · · · · ·
Cocktails d’entracte Dîner de gala Voyages lyriques Conférence annuelle Les Métiers de l’Opéra, visites guidées, rencontres avec les artistes Participation à la finale du prestigieux Concours de Genève (section voix) Priorité pour la souscription des abonnements Priorité de placement et utilisation de la même place tout au long de la saison Service de billetterie personnalisé Envoi des programmes des spectacles et des numéros du magazine du Cercle et du Grand Théâtre Visibilité sur tous les supports du Grand Théâtre (si souhaité) Tarifs préférentiels pour la location des espaces du Grand Théâtre Déductibilité fiscale des donations faites au Cercle du Grand Théâtre Invitation au Pot de Première Meet & Greet avec artiste et/ou membre de la production Présentation de saison privée et en avant-première par la Direction Générale Visite privée du Grand Théâtre (sur demande) Accès gratuit à toutes les activités de La Plage
BUREAU (novembre 2019)
AUTRES MEMBRES DU COMITÉ (novembre 2019)
M. Rémy Best, président
Mme Claudia Groothaert
M. Shelby du Pasquier, vice-président Mme Véronique Walter, trésorier Mme Françoise de Mestral
M. Antoine Khairallah
Mme Coraline Mouravieff-Apostol M. Xavier Oberson
Mme Beatrice Rötheli-Mariotti M. Gerson Waechter M. Rolin Wavre
58
CERCLE DU GRAND THÉÂTRE
MEMBRES BIENFAITEURS
M. Antoine Khairallah
M. Julien Schœnlaub
M. Jean Bonna
M. et Mme Jean Kohler
Baron et Baronne Seillière
Mme René Augereau
Fondation de bienfaisance de la banque Pictet
M. et Mme Pierre Keller
Banque Lombard Odier & Cie M. et Mme Yves Oltramare Rushmorehills SA
M. et Mme Gérard Wertheimer MEMBRES INDIVIDUELS
S.A. Prince Amyn Aga Khan Mme Diane d’Arcis
M. et Mme Luc Argand Mme Gillian Arnold M. Ronald Asmar
Mme Christine Batruch-Hawrylyshyn Mme Annie Benhamou
Mme Maria Pilar de la Béraudière M. Vincent Bernasconi
M. et Mme Philippe Bertherat Mme Antoine Best
M. et Mme Rémy Best
Mme Saskia van Beuningen
Mme Clotilde de Bourqueney Harari Comtesse Brandolini d’Adda M. et Mme Yves Burrus Mme Caroline Caffin
Mme Maria Livanos Cattaui
M. et Mme Jacques Chammas
Mme Muriel Chaponnière-Rochat M. et Mme Claude Demole M. et Mme Guy Demole
M. et Mme Olivier Dunant
Mme Denise Elfen-Laniado Mme Diane Etter-Soutter
Mme Catherine Fauchier-Magnan Mme Clarina Firmenich
M. et Mme Éric Freymond
Mme Elka Gouzer-Waechter Mme Claudia Groothaert
M. et Mme Philippe Gudin de La Sablonnière Mme Bernard Haccius
M. et Mme Philippe Jabre M. et Mme Éric Jacquet M. Romain Jordan
Mme Madeleine Kogevinas M. David Lachat M. Marko Lacin
Mme Brigitte Lacroix
M. et Mme Pierre Lardy Mme Éric Lescure Mme Eva Lundin
M. Bernard Mach
Mme France Majoie Le Lous M. et Mme Colin Maltby
Mme Jacqueline Mantello
M. et Mme Thierry de Marignac Mme Mark Mathysen-Gerst Mme Doris Mast
Mme Michèle Schwok-Sitbon Marquis et Marquise Enrico Spinola Mme Christiane Steck
M. et Mme Riccardo Tattoni M. et Mme Kamen Troller
M. et Mme Gérard Turpin
M. et Mme Jean-Luc Vermeulen M. et Mme Julien Vielle
M. et Mme Olivier Vodoz
Mme Bérénice Waechter M. Gerson Waechter
M. et Mme Stanley Walter M. et Mme Rolin Wavre
M. Bertrand Maus
MEMBRES INSTITUTIONNELS
Mme Sophie Merieux
Banque Pâris Bertrand SA
M. et Mme Olivier Maus Mme Béatrice Mermod
M. et Mme Charles de Mestral
Mme Catherine Meyer Frimenich Mme Jacqueline Missoffe
M. et Mme Christopher Mouravieff-Apostol Mme Philippe Nordmann M. Xavier Oberson
M. et Mme Patrick Odier
1875 Finance SA Fondation Bru
International Maritime Services Co. Ltd. JT International SA Lenz & Staehelin
Schroder & Co banque SA SGS SA
M. et Mme Alan Parker
Plus d’informations et le détail complet des
Mme Sibylle Pastré
gtg.ch/cercle
M. Shelby du Pasquier
M. et Mme Wolfgang Peter Valaizon
avantages pour les membres du Cercle sur
M. et Mme Gilles Petitpierre
Inscriptions
M. et Mme Guillaume Pictet
de Genève
M. et Mme Charles Pictet M. et Mme Ivan Pictet
M. et Mme Jean-François Pissettaz Mme Françoise Propper Comte de Proyart
M. et Mme Christopher Quast M. et Mme François Reyl Mme Karin Reza
M. et Mme Andreas Rötheli M. et Mme Gabriel Safdié
Marquis et Marquise de Saint Pierre M. Vincenzo Salina Amorini Mme Nahid Sappino
Cercle du Grand Théâtre Gwénola Trutat
Case postale 5126 1211 Genève 11
+41 22 321 85 77 (8 h-12 h) cercle@gtg.ch
Compte bancaire No 530290
Banque Pictet & Cie SA Organe de révision Plafida SA
M. Paul Saurel
59
Les Amis du GTG Grand Théâtre de Genève
Vous aimez l’opéra, le ballet ou tout
INSCRIPTION
vous impliquer davantage ? Devenir un/e
En tant qu’ami/e du Grand Théâtre de
l’ambition artistique de la plus grande
avantages en fonc tion de votre
simplement le Grand Théâtre et désirezami/e du Grand Théâtre, c’est soutenir institution culturelle de Suisse romande.
Tout au long de la saison, le Grand Théâtre
Genève, vous bénéficiez de nombreux engagement.
offre aux amis une série de rendez-vous
Voulez-vous rejoindre les amis du
artistes, d’accéder en avant-première à
des avantages et accéder à toutes nos
qui donnent le privilège de rencontrer des des répétitions, de découvrir les métiers de la scène, de visiter les ateliers de création de costumes, décors et de participer à des
soirées à thème autour des productions et
bien plus encore. Le Grand Théâtre vous propose de plonger dans l’univers intimiste des spectacles de la saison et de vous
Grand Théâtre de Genève, bénéficier
activités ? Pour ce faire, rendez-vous sur le
site du Grand Théâtre à la page gtg.ch/ amis et suivez simplement les indications. Les Amis du GTG : amis@gtg.ch
rapprocher de ceux qui, dans la lumière
comme dans l’ombre de la scène, œuvrent pour l’art lyrique et chorégraphique afin
de nous faire rêver. Devenez membre de
notre grande famille, rapprochez-vous
de la création artistique et bénéficiez de nombreux avantages.
IMPRESSUM
TEXTES Rédacteurs Nicolas Ducimetière, Luc Joosten, Christopher Park, Clara Pons Traducteurs Christopher Park, Clara Pons Photographie James Bantone Relecteur Patrick Vallon DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Aviel Cahn CONCEPTION ET RÉALISATION GRAPHIQUE Gregor Schönborn
60
IMPRESSION Atar Roto Presse SA
GRAND THÉATRE DE GENÈVE Boulevard du Théâtre 11 C.P. 5126 1211 Genève 11 Standard +41 22 322 50 00 Billetterie +41 22 322 50 50 Contact info@gtg.ch gtg.ch #WeArtGTG
GTG.CH