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Steve Bouchard

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Jacques Alary

Jacques Alary

Comment ça va?

À la fin mars 2020, soit après deux semaines de pandémie, j’avais L’organisme SSPT chez les camionneurs aide de plusieurs demandé à mon collègue Nicolas Trépanier de produire un façons les camionneurs qui vivent des situations psychologiques article sur les répercussions psychologiques du confinement en difficiles. Il reçoit notamment des appels de camionneurs qui lien avec la pandémie. Avec le recul, je réalise que c’était beau- vivent une détresse psychologique. J’ai passé un coup de fil à la coup trop tôt. présidente, Kareen Lapointe, pour savoir comment les camion-

Comme bien d’autres, je croyais que la pandémie de Covid-19 neurs se portent après plus d’un an de pandémie. durerait deux, peut-être trois mois. Je trouvais que l’idée était Mme Lapointe dit recevoir beaucoup plus d’appels que les bonne d’aborder comment le confinement allait affecter le moral années précédentes. «Je ne sais pas s’il y a plus de cas de dépresdes gens après un mois ou deux de réclusion sociale. C’était bien sion en raison de la pandémie mais, soudainement, plus de mal connaître le SARS-CoV-2, qui ne nous lâche toujours pas 13 camionneurs ont besoin d’aide. Des trois derniers camionneurs mois plus tard. Même qu’au lendemain de l’annonce du premier qui m’ont appelée parce qu’ils se sentaient en détresse, deux vaccin, le virus faisait apparaître ses variants annonciateurs de m’ont dit avoir des idées suicidaires.» nouveaux malheurs. Ce n’est pas rien.

Les répercussions psychologiques, on «Les gens viennent cogner à notre ne les a pas connues en mars 2020, mais porte parce qu’ils nous connaissent de vers la mi-décembre, quand le gouver- plus en plus. Nous n’avions pas autant nement a annulé Noël. Contrairement de cas de dépression par les années pasau début de la pandémie, on ne se diri- sées mais, la bonne nouvelle, c’est qu’ils geait pas vers la lumière et la chaleur viennent demander de l’aide», poursuit estivales, mais vers janvier et février, et Kareen Lapointe. on savait désormais à quel point ce virus Il est difficile de dire comment et à est coriace. Dans l’article de Nicolas, on pouvait (Photo : iStock) quel point la pandémie et ses confinements ont affecté le moral des camionlire ceci. «En ce qui concerne les dif- neurs. Mais on sait que certains ont trop ficultés causées par le confinement des employés de bureau travaillé pendant la pandémie. contraints de travailler à domicile, elles peuvent varier selon le Ce qui est certain aussi, c’est que la pandémie a raccourci contexte de travail et de vie à la maison. Lors du confinement à la patience de plusieurs automobilistes. «On nous dit souvent la maison, plusieurs facteurs peuvent influencer l’état psycho- qu’aux États-Unis surtout, les automobilistes sont beaucoup logique, comme le statut d’emploi, la situation financière, le fait plus agressifs sur les routes. Nous avons reçu beaucoup plus de vivre seul, la relation avec le ou la conjointe, la présence des d’appels de camionneurs excédés par le comportement agressif enfants si les services de garde ne sont plus disponibles, etc.» des automobilistes», souligne Mme Lapointe.

Si votre vie a été une succession de réunions Zoom ces der- Le CB n’est plus utilisé, alors qu’il pourrait être utile ces niers mois, vous comprenez maintenant le caractère prémoni- temps-ci. Les réseaux sociaux les ont remplacés, mais ce n’est toire de ces lignes. pas nécessairement le meilleur endroit pour faire le plein de

Selon une étude réalisée auprès de 2 816 personnes par Julie positivisme. Cloutier, professeure de gestion des ressources humaines à J’ai demandé à Kareen Lapointe ce que les employeurs l’Université du Québec à Montréal, entre 40 et 50 % des employés peuvent faire pour limiter les répercussions de la pandémie sur présentent un niveau de détresse psychologique élevé en raison la santé mentale des camionneurs. de la pandémie. Le taux de détresse enregistré pour le Québec en «Simplement leur demander comment ça va. Quand tu vois 2014-2015, par l’Institut de la Statistique du Québec, était de 26 %. que ton employeur se soucie de ta santé, c’est déjà un très bon

Mme Cloutier écrit que, pour les personnes qui travaillent début.» TR sur le site de leur organisation, ou qui œuvrent dans les transports terrestres, la crainte de contracter la Covid-19 se classe au premier rang des facteurs de risque de vivre de la détresse psychologique.

Par Steve Bouchard

Steve Bouchard est le rédacteur en chef de Transport Routier. Vous pouvez le joindre au (514) 938-0639, poste 3 ou à steve@transportroutier.ca

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