Transport Routier Avril 2021

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Éditorial Par Steve Bouchard

Comment ça va? À la fin mars 2020, soit après deux semaines de pandémie, j’avais demandé à mon collègue Nicolas Trépanier de produire un article sur les répercussions psychologiques du confinement en lien avec la pandémie. Avec le recul, je réalise que c’était beaucoup trop tôt. Comme bien d’autres, je croyais que la pandémie de Covid-19 durerait deux, peut-être trois mois. Je trouvais que l’idée était bonne d’aborder comment le confinement allait affecter le moral des gens après un mois ou deux de réclusion sociale. C’était bien mal connaître le SARS-CoV-2, qui ne nous lâche toujours pas 13 mois plus tard. Même qu’au lendemain de l’annonce du premier vaccin, le virus faisait apparaître ses variants annonciateurs de nouveaux malheurs. Les répercussions psychologiques, on ne les a pas connues en mars 2020, mais vers la mi-décembre, quand le gouvernement a annulé Noël. Contrairement au début de la pandémie, on ne se dirigeait pas vers la lumière et la chaleur estivales, mais vers janvier et février, et on savait désormais à quel point ce virus est coriace. (Photo : iStock) Dans l’article de Nicolas, on pouvait lire ceci. «En ce qui concerne les difficultés causées par le confinement des employés de bureau contraints de travailler à domicile, elles peuvent varier selon le contexte de travail et de vie à la maison. Lors du confinement à la maison, plusieurs facteurs peuvent influencer l’état psychologique, comme le statut d’emploi, la situation financière, le fait de vivre seul, la relation avec le ou la conjointe, la présence des enfants si les services de garde ne sont plus disponibles, etc.» Si votre vie a été une succession de réunions Zoom ces derniers mois, vous comprenez maintenant le caractère prémonitoire de ces lignes. Selon une étude réalisée auprès de 2 816 personnes par Julie Cloutier, professeure de gestion des ressources humaines à l’Université du Québec à Montréal, entre 40 et 50 % des employés présentent un niveau de détresse psychologique élevé en raison de la pandémie. Le taux de détresse enregistré pour le Québec en 2014-2015, par l’Institut de la Statistique du Québec, était de 26 %. Mme Cloutier écrit que, pour les personnes qui travaillent sur le site de leur organisation, ou qui œuvrent dans les transports terrestres, la crainte de contracter la Covid-19 se classe au premier rang des facteurs de risque de vivre de la détresse psychologique.

L’organisme SSPT chez les camionneurs aide de plusieurs façons les camionneurs qui vivent des situations psychologiques difficiles. Il reçoit notamment des appels de camionneurs qui vivent une détresse psychologique. J’ai passé un coup de fil à la présidente, Kareen Lapointe, pour savoir comment les camionneurs se portent après plus d’un an de pandémie. Mme Lapointe dit recevoir beaucoup plus d’appels que les années précédentes. «Je ne sais pas s’il y a plus de cas de dépression en raison de la pandémie mais, soudainement, plus de camionneurs ont besoin d’aide. Des trois derniers camionneurs qui m’ont appelée parce qu’ils se sentaient en détresse, deux m’ont dit avoir des idées suicidaires.» Ce n’est pas rien. «Les gens viennent cogner à notre porte parce qu’ils nous connaissent de plus en plus. Nous n’avions pas autant de cas de dépression par les années passées mais, la bonne nouvelle, c’est qu’ils viennent demander de l’aide», poursuit Kareen Lapointe. Il est difficile de dire comment et à quel point la pandémie et ses confinements ont affecté le moral des camionneurs. Mais on sait que certains ont trop travaillé pendant la pandémie. Ce qui est certain aussi, c’est que la pandémie a raccourci la patience de plusieurs automobilistes. «On nous dit souvent qu’aux États-Unis surtout, les automobilistes sont beaucoup plus agressifs sur les routes. Nous avons reçu beaucoup plus d’appels de camionneurs excédés par le comportement agressif des automobilistes», souligne Mme Lapointe. Le CB n’est plus utilisé, alors qu’il pourrait être utile ces temps-ci. Les réseaux sociaux les ont remplacés, mais ce n’est pas nécessairement le meilleur endroit pour faire le plein de positivisme. J’ai demandé à Kareen Lapointe ce que les employeurs peuvent faire pour limiter les répercussions de la pandémie sur la santé mentale des camionneurs. «Simplement leur demander comment ça va. Quand tu vois que ton employeur se soucie de ta santé, c’est déjà un très bon début.» TR

Steve Bouchard est le rédacteur en chef de Transport Routier. Vous pouvez le joindre au (514) 938-0639, poste 3 ou à steve@transportroutier.ca AVRIL 2021

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