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L’AVENIR DES TRAITEMENTS ANTI-ÂGE
Bienvenue dans le nouveau monde de la médecine régénérative, également appelée biothérapiecellulaire, considérée comme la médecine du futur pour réparer, rajeunir et embellir. Explications avec le docteur Mohamed Guessous, chirurgien esthétique et membre actif de la Société marocaine de médecine régénérative.
HUGUES ROY
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Nouvelle discipline médicale reconnue et en plein essor, la médecine régénérative s’appuie sur les moyens dont dispose le corps pour s’auto-réparer et renouveler continuellement ses tissus. Cette dernière est basée sur le remplacement, la réparation de cellules ou organes endommagés par un accident, une maladie ou le vieillissement par des cellules saines et pleinement fonctionnelles, provenant de la personne elle-même. Ces cellules utilisent un agent biologique qui favorise la croissance cellulaire et la cicatrisation. Théoriquement, elle vise à remplacer les cellules malades par des cellules en bonne santé. Fruit de plusieurs années de recherches approfondies, sujettes à plusieurs controverses au niveau scientifique, voire politique, l’utilisation de nos propres cellules à des fins thérapeutiques est enfin une réalité reconnue. Un sujet qui demeure toutefois épineux d’autant que cette nouvelle biotechnologie devrait transformer notre approche médicale par rapport aux traitements chimiques classiques proposés par l’industrie pharmaceutique. Néanmoins, le débat sur l’utilisation des cellules, même si elles sont autologues (provenant de la personne elle-même) est justifié, puisque cette utilisation doit être maîtrisée, réglementée et bien cadrée. C’est le cas du Maroc où le gouvernement et la Société savante de médecine régénérative veillent sur la bonne conduite de cette discipline. Pluridisciplinaire, la thérapie cellulaire touche quasiment toutes les spécialités médicales. Elle pourrait à terme permettre de guérir certains cancers, des maladies auto-immunes comme le diabète, des maladies neurologiques dégénératives (Alzheimer, Parkinson, A.V.C.), cardiaques (infarctus) et bien d’autres encore. Dans le domaine du vieillissement, elle serait l’arme principale dans le traitement anti-âge.
COMMENT ÇA MARCHE?
Nous ne sommes pas sans savoir que le corps humain possède des capacités régénératives naturelle qui lui permettent de s’“autoréparer” suite à un traumatisme, une maladie ou tout simplement face au vieillissement. Autrement dit, le corps répare et remplace lui-même les cellules ou les organes endommagés par d’autres cellules neuves, saines et fonctionnelles. En partant de ce principe, de nouvelles thérapies ont vu le jour après que les facteurs biologiques de la croissance cellulaire et de la cicatrisation aient été maîtrisés. Deux produits cellulaires à finalité thérapeutique se démarquent aujourd’hui et représentent l’une des percées majeures dans le domaine des sciences médicales de ces dix à quinze dernières années : le plasma riche en plaquettes et les cellules souches. Il faut dire que l’apport de ces cellules en matière d’esthétique est immense. Elles permettent d’améliorer la qualité de la peau qui, au fil du temps, perd de son hydratation, de son élasticité et de son éclat suite au déficit de production d’élastine et de collagène. “Il y a dix ans, nos patientes voulaient à tout prix rajeunir. Aujourd’hui, elles sont bien plus inquiètes par la texture et la qualité de la peau de leur visage. Elles souhaitent aujourd’hui pouvoir exposer une peau nue et arborer une bonne mine en toutes occasions”, explique le docteur Mohamed Guessous.
LE PRP, UN CONCENTRÉ RÉPARATEUR DE FACTEURS DE CROISSANCE
Les plaquettes constituent avec les globules blancs et les globules rouges les principaux composants des cellules sanguines. Leur pouvoir de réparation est connu, intervenant dans le processus de coagulation du sang et de la cicatrisation grâce à de nombreux facteurs de
croissance. Dès qu’apparaît une lésion ou une blessure au niveau du corps, un signal de “stress” est envoyé aux plaquettes qui arrivent en masse sur la zone concernée, s’agglutinent et procèdent à la fabrication de facteurs de réparation. Le plasma riche en plaquettes, ou PRP, utilise les propriétés régénératives des multiples facteurs de croissance contenus à l’intérieur des plaquettes. Grâce à son pouvoir de régénération des cellules de la peau, il a connu un succès planétaire en médecine esthétique comme traitement majeur anti-âge et anti-vieillissement. Outre la réorganisation des cellules de la peau et le rétablissement d’une architecture cellulaire normale, il stimule la fabrication d’un nouveau collagène et favorise la rétention d’eau pour une réhydratation cutanée optimale. Utilisé à tout âge, à titre préventif ou curatif, il permet de traiter les séquelles d’acné, d’estomper les cicatrices, d’atténuer les cernes, de tonifier la peau et de lutter contre son affaissement. “Il est également utilisé comme traitement complémentaire après un soin au laser ou un peeling pour accélérer la cicatrisation et optimiser le résultat. En matière de restauration capillaire, le PRP peut également être injecté dans le cuir chevelu, où il s’avère une arme anti-chute particulièrement efficace, aussi bien pour les hommes que pour les femmes, devenant ainsi incontournable après une séance de greffe de cheveux”, ajoute le chirurgien casablancais. Enfin, le PRP est utilisé en chirurgie esthétique pour le traitement précoce des cicatrices chirurgicales dès la première semaine. Il faut cependant savoir que l’extraction des plaquettes est une opération délicate qui demande une extrême précision. Cette dernière dépend de la compétence du praticien et de la qualité des dispositifs de séparation des cellules sanguines. L’acte doit être réalisé par un médecin spécialiste qualifié, disposant d’un matériel médical certifié associé à une technique d’injection bien conduite sous peine de ne fournir aucun résultat. “Deux possibilités permettent de s’assurer que le liquide injecté contient suffisamment de plaquettes : l’utilisation de tubes brevetés par la marque suisse Regenlabc contenant un gel
séparateur qui garantit la présence de plaquettes ; ou celle de dispositifs stériles certifiés avec système de comptage cellulaire”, prévient le docteur Mohamed Guessous. Enfin, dernière étape particulièrement importante avant l’injection : l’activation à la lumière LED des cellules contenues dans le tube.
LE POUVOIR DES CELLULES SOUCHES
Les cellules souches, ou stem cells, sont les cellules mères pluripotentes capables de donner naissance à plusieurs types de cellules distinctes grâce au procédé de différenciation cellulaire. En partant d’une cellule souche mère sanguine, il est ainsi possible d’obtenir plusieurs dérivés (globules rouges,
“AVEC LES globules blancs et plaquettes). Les cellules souches
CELLULES mésenchymateuses (CSM) quant à elles peuvent produire plusieurs types de cellules
SOUCHES, appartenant aux tissus squelettiques, tels que la peau,
SEULES LES les os, les muscles, le cartilage… Les cellules souches sont
RESSOURCES présentes dans tout le corps pour assurer le renouvellement cellulaire de chaque organe.
NATURELLES Dans la pratique, les cellules souches sont prélevées dans le DU CORPS SONT tissu graisseux à l’aide d’une seringue. La technique la plus
EXPLOITÉES accomplie et la plus fiable demeure le procédé coréen qui consiste à mettre en contact le
POUR prélèvement obtenu par lipoaspiration avec une enzyme : RÉGÉNÉRER LA la collagénase. Cette dernière va “digérer” toutes les cellules
PEAU.” graisseuses pour ne laisser qu’un résidu contenant les fameuses cellules mésenchymateuses. Celles-ci sont ensuite dénombrées à l’aide d’un appareil de comptage. Ces cellules souches provenant du tissu graisseux du patient-donneur sont particulièrement précieuses car elles sont capables de se transformer (se différencier) en cellules spécifiques selon l’environnement dans lequel elles sont placées. Aucun produit externe n’est nécessaire, seules les ressources naturelles du corps pour renouveler la peau sont exploitées : les risques allergiques sont donc nuls. “Ces injections de cellules souches permettent de réparer les peaux abîmées en leur offrant une nouvelle jeunesse. D’ailleurs, une seule séance suffit pour obtenir un rajeunissement global et durable de la peau. Ces dernières
peuvent être injectées sous la peau ou dans le derme par diverses méthodes (seringue, dermapen, roller) sur le visage, le décolleté, le cou, le contour des yeux, le cuir chevelu ainsi que le dos des mains pour un effet de rajeunissement cutané inégalé et durable”, précise le docteur Mohamed Guessous. Ces cellules peuvent également être ajoutées à la graisse du patient avant un lipofilling du visage ou des fesses pour augmenter les chances de prise. En chirurgie réparatrice, leur apport est considérable et très efficace dans le traitement des pertes de substances traumatiques comme les pieds diabétiques, les escarres, les brûlures et les plages cicatricielles étendues et rétractiles post-traumatiques ou postbrûlures… Cette technique particulièrement prisée nécessite également des équipements spécifiques, des compétences et un savoir-faire confirmés dont ne disposent que certains centres spécialisés.
NANOFAT : LA GRAISSE ÉLIXIR DE JEUNESSE
Dans le même registre, le Nanofat est une technique plus simple et plus accessible, largement utilisée elle aussi en esthétique. Ici, la graisse récupérée par lipoaspiration sous anesthésie locale est traitée mécaniquement, à l’aide d’instruments et de filtres en titane afin de détruire les cellules graisseuses pour ne récupérer qu’une émulsion de nanoparticules appelée SVF (Stroma Vascular Fraction) contenant tous les tissus mésenchymateux présents autour des vaisseaux et les facteurs de croissance. Simple et efficace, ce procédé équivalent à l’usage des cellules souches en chirurgie esthétique ne permet cependant pas de quantifier les cellules extraites. “Utilisé en application ou en injection sous-cutanée à l’aide du Roller ou du Dermapen, leNanofat a pour zones de prédilection l’ensemble du visage, le contour des yeux, le contour de la bouche, le cou…”, indique le chirurgien esthétique. En résulte une stimulation de nouveau collagène, d’élastine, d’acide hyaluronique et autres protéines et molécules qui déterminent la santé et la jeunesse de la peau. La graisse simplement aspirée par micro-canules peut également offrir des effets régénérants et trophiques. Ces bénéfices ont été prouvés dans le cadre des lipofillings du visage où, en plus de l’effet volumateur, l’effet sur la peau est impressionnant et évident. Un phénomène qui s’explique par l’apport de nouveaux vaisseaux, la sécrétion d’hormones et de facteurs de croissance mais aussi par la présence de cellules souches autour des vaisseaux (SVF : stroma vascular fraction).
LES PEPTIDES BIOMIMÉTIQUES, NOUVELLES STARS DE L’ANTI-ÂGE ET DE LA COSMÉCEUTIQUE
Les peptides sont des protéines composées de plusieurs acides aminés que l’organisme utilise pour envoyer des signaux aux cellules de la peau afin de les réparer, les protéger ou les régénérer. Un corps jeune fabrique naturellement et au bon moment ces peptides, mais avec l’âge et l’oxydation liée à l’environnement, ces messagers chimiques ralentissent leur activité et l’organisme peine de fait à se régénérer. Pour palier ce ralentissement, les chirurgiens ont aujourd’hui recours aux peptides biomimétiques. Dotés des mêmes propriétés que les peptides naturels, ces polymères d’acide aminé produits en laboratoire permettent anisi d’inverser le processus de vieillissement au cœur des cellules. “Ces produits sont intégrés dans notre arsenal thérapeutique anti-âge combinés à d’autres méthodes et d’autres produits : mésothérapie, hydrafacial, hair filler…”, indique le docteur Guessous. Actuellement, les peptides sont de plus en plus intégrés dans les soins haut de gamme proposés par les plus grandes marques de cosmétiques ou de cosméceutiques, lesquelles se sont rapidement rendu compte des vertus des peptides, d’où leur usage dans les composants des crèmes anti-âge, coup d’éclat et les traitements dépigmentants anti-tâches. “Ces traitements sont également utilisés en cabine à la clinique, dans la composition des masques, des sérums et des préparations. À noter que les laboratoires les plus performants dans ce domaine se trouvent en Corée du Sud”, conclut le docteur Mohamed Guessous.