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Faire du moustique son propre ennemi
Plus de 10 millions de moustiques mâles stériles ont été relâchés au cours de la phase d’expérimentation qui vient de prendre fin.
Depuis le 22 juillet 2021, la phase opérationnelle de la technique de l’insecte stérile a été mise en oeuvre sur une zone urbaine de 20 hectares dans le secteur de Duparc à Sainte-Marie. Après un an, la fertilité a diminué de plus de 60%, réduisant par conséquence les risques de transmission de la dengue.
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Après un an de lâchers de moustiques stériles sur une zone d’une vingtaine d’hectares, la phase test grandeur nature du projet mené par l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et ses partenaires (AIEA, ARS, Cirad, EFS, EHESP et Qualitropic) a rendu ses conclusions : “Cette campagne aboutit à une réduction moyenne de 60 à 70 % de la fertilité naturelle des moustiques tigres Aedes albopictus dans la zone d’étude”, souligne le Dr. Louis Clément Gouagna, entomologiste médical à l’IRD coordonnateur du programme TIS à La Réunion.
Pour ce faire, les chercheurs ont travaillé sur une souche péi “d’Aedes albopictus” prélevée à Sainte-Marie, permettant d’élever une grande quantité de moustiques mâles stériles produits dans le nouvel insectarium d’élevage inauguré en juin 2021 au CYROI (Cyclotron Réunion Océan Indien). Une technologie de pointe qui a permis d’assurer la production de 300 000 à 500 000 moustiques tigres en moyenne par semaine. Exposés à des rayons X à l’état de nymphe, les mâles ont ainsi été isolés puis stérilisés avant d’être relâchés dans la nature. “Notre objectif n’est pas l’éradication des moustiques qui ont un rôle naturel, mais un contrôle des populations pour éviter leur prolifération.
Véritable “usine d’élevage”, l’insectarium permet d’élever jusqu’a 500 000 moustiques chaque semaine. Dont seuls 150 à 250 000 mâles seront relâchés dans la nature.
C’est un outil de prévention qui a fait ses preuves sur le terrain, avec des résultats proches de ce que nous espérions”.
Pionnière d’un savoirfaire unique en la matière, l’équipe réunionnaise va désormais poursuivre les expérimentations sur des surfaces plus vastes.
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Vers une île sans moustiques ?
“Il y a d’autres expérimentations en Espagne, en Grèce ou encore à Cuba. Mais nous avons poussé l’étude pour en maitriser et en mesurer tous les aspects. Il est important de pouvoir expliquer au grand public par exemple, pourquoi on relâche des moustiques pour lutter contre leur prolifération. Mais aussi quel cadre réglementaire doit accompagner cette
Quelques chiffres
50% au moins de baisse de la natalité constatés sur la période
300K à 500 000 moustiques tigres élèvés en insectarium chaque semaine
Cette Technique Vite Le Recours Des Pesticides Ou Des Biocides
pratique. Et nous avons pu chiffrer ce que cette technique apporte en tant que solution écologique, en évitant le recours à des pesticides ou des biocides”. La compilation des données se poursuit actuellement afin de permettre de déterminer l’impact qu’a eu l’expérience sur la population générale du moustique. “Nous mesurons aussi le ressenti qu’il y a chez les gens, et devons attendre de passer à une plus grande échelle, comme plusieurs quartiers ou une ville, pour déterminer l’impact sur la transmission de la dengue par exemple”. In fine, l’étude a révélé jusqu’à fin 2021 une diminution de la fertilité du moustique tigre “Aedes albopictus” de plus de moitié. Entre janvier et avril 2022, cette réduction de la fertilité des moustiques sauvages a eu tendance à stagner, ce qui s’explique par des épisodes cycloniques et des fortes pluies qui ont perturbé les activités du programme, engendrant en même temps des conditions favorables à la multiplication des gîtes larvaires aux alentours de la zone des lâchers.
Les efforts maintenus pendant 12 mois consécutifs de lâchers ont permis de diviser par deux la fertilité (au centre de la zone pilote), par rapport aux années précédentes dans le même quartier et en comparaison avec la zone témoin de BoisRouge dans laquelle aucun moustique mâle n’avait été lâché.
150K à 250 000 moustiques mâles Aedes albopictus stériles ont été lâchés chaque semaine pendant 52 semaines.
6000 mâles stériles relâchés chaque semaine par hectare sur une superficie de 20 ha