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L’art de la distillation
De la tradition à la modernité
OSavoir-faire d’antan, la distillation du géranium est aujourd’hui pratiquée par une poignée de passionnés. Nous avons rencontré Jean-Jacques Magdelaine garant d’une tradition familiale et Chantal Vitry, une chef-d’entreprise tournée vers la performance.
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La sauvegarde du patrimoine : l’adn de la Maison du géranium à Petite-France
Ouverte depuis 30 ans, la maison du géranium située sur la route du Maïdo a pour vocation de faire découvrir la culture du géranium et la distillation traditionnelle artisanale au grand public. Elle propose depuis 2015 des visites guidées ainsi que des saveurs culinaires à base de géranium grâce à son service de restauration “La table du Maïdo”. A sa tête, Jean-Jacques Magdelaine, originaire de la Petite-France et son épouse Isabelle. “ J’ai grandi dans une famille de planteurs : mon grandpère et mon père ont cultivé du géranium. C’est donc naturellement que j’ai souhaité entretenir la tradition familiale. J’ai gardé les habitudes de l’époque : je distille le géranium dans les alambics en cuivre et j’utilise toujours une boîte de sardine pour récupérer l’huile essentielle. Certains diront que c’est archaïque mais elle a son utilité. Au total, nous cultivons trois hectares de géranium et faisons une soixantaine de distillations par an pour une production moyenne d’environ 25 litres d’huile essentielle.
Contrairement à mon père, j’ai diversifié ma production : en plus du géranium, je produis aussi l’huile essentielle de cryptomeria, d’eucalyptus, de camphre, de romarin et de cyprès.
Et avec ma femme, j’ai aussi à coeur de faire découvrir aux clients quelques plats créoles revisités comme notre spécialité : le carri camarons à l’hydrolat de géranium.”
La performance,
l’entreprise Run’Essence à la Saline-lesHauts.
Fondée par Chantal Vitry et son mari, au début des années 90, Run’Essence est une société familiale spécialisée dans la production d’huiles essentielles, d’hydrolats et d’extraits de plantes. “ Mon défunt mari a grandi dans une famille de cultivateurs de vétiver, de géranium et de curcuma et il souhaitait, à l’époque, relancer la culture du géranium à La Réunion.
Notre ambition était de passer au tout biologique : nous avons donc assaini les parcelles agricoles avant de cultiver le géranium rosat bourbon et les autres plantes. Plus tard, en 2004, nous avons créé notre propre laboratoire afin d’être plus performant. Nous fabriquons 1 500 produits : environ 300 huiles essentielles différentes, des savons, des gels, des huiles de massage, des baumes, des produits cosmétiques... Une grande partie de nos produits de beauté contiennent d’ailleurs du géranium rosat bourbon ”, précise Chantal Vitry dont la société emploie actuellement sept salariés.
Pour produire un demi-litre à un litre d’huile essentielle de géranium, 350 à 400 kg de plantes sont nécessaires. A la Salineles-Hauts, là où siège le laboratoire, plusieurs hectares sont donc dédiés à cette culture. La société cultive également du géranium à Madagascar.
“ L’huile essentielle produite là-bas est très différente de celle produite à La Réunion : le biotope de notre île est singulier, c’est pourquoi le vrai géranium rosat bourbon est cultivé à La Réunion et pas ailleurs”.