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Loger mieux pour bien vieillir

Julien Georget

Avec un processus inédit de vieillissement de sa population, la prise en charge des personnes dépendantes est un enjeu majeur pour l'île de La Réunion dans les années à venir. À la fois en termes de santé publique et d'accompagnement, mais également en termes de logement.

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La Réunion comptera trois fois plus de séniors en perte d’autonomie en 2050 qu’en 2015. Un phénomène de vieillissement de la population générale, qui se retrouve à l’échelle nationale, mais qui est marquée sur notre île par des spécificités locales. Des ressources moindres pour beaucoup de gramounes et leurs familles par exemple, ou encore l’impact des maladies chroniques très présentes sous nos latitudes.

Avec un retard réel d’équipements et d’infrastructures adaptés aux personnes âgées ou à mobilité réduite, puissance publique et autorités sanitaires misent sur le développement et la rénovation de l’offre d’accueil en Ehpad, mais aussi en résidences adaptés sur l’ensemble du territoire. Une récente étude (voir encadré) de l’antenne locale de la Confédération nationale du logement (CNL), est venue récemment identifier les attentes majeurs des premiers concernés.

“Il nous faut accompagner le maintien à domicile des personnes âgées dans les meilleures conditions”, confiait à ce sujet le président du département, Cyrille Melchior. Lutter contre l’isolement, mieux loger les plus fragiles, amplifier le soutien aux aidants, accompagner la structuration de l’aide à domicile, favoriser la prévention de la perte d’autonomie précoce…

Autant de leviers qui accompagnent, une politique ambitieuse et diversifiée d’accueil et d’hébergement innovants et inclusifs.

“Nous poursuivons la création de Maisons d’Accueillants Familiaux et de résidences services par exemple, alors que

200 places en Ehpad vont être créées dans le Sud et l’Est de l’île”. Au carrefour de grandes évolutions démographiques, la politique de l’habitat et du logement social connait ainsi des réformes en profondeur. “Le foncier devient plus rare, et la population croissante et vieillissante oblige à revoir en profondeur nos modes de construction. La taille des ménages a diminué, et nous devons réfléchir collectivement à l’apparition de logements plus petits, mais aussi plus inclusifs. C’est à dire des logements qui soient adaptés à la vie des personnes âgées ou à mobilité réduite”, relèvent les communes.

Erick Fontaine administrateur de la CNL.

Quelles attentes des personnes âgées ?

Entre 2018 et 2022, les demandes de logements sociaux des personnes de plus de 60 ans est passé de 2960 à 4293. “Et nous estimons qu’elles seront autour de 6300 dès 2025, alors que ce sont 50 à 80 logements par an qui sont proposés”, constate Erick Fontaine, administrateur de la CNL.

Des espaces de vie extérieurs végétalisés et protégés, une plus grande luminosité dans les pièces de vie et une attention accrue à l’entretien des communs et en priorité des ascenseurs.

12% des personnes âgées sont en situation de dépendance sur l'île (contre 8% en métropole)

+45%

+45%, c'est l'augmentation sur 4 ans de la demande de logements sociaux des personnes de plus de 60 ans.

12% 3 200

3 fois plus de séniors en perte d’autonomie en 2050 qu’en 2015 à La Réunion

200 places en EHPAD vont être créées dans le Sud et l’Est

À travers une large enquête qui a concerné plus de 260 locataires* sur l’ensemble de l’île, la CNL a identifié les priorités des personnes âgées dans leur logement.

“On note d’abord la question de l’insécurité, à la fois au sein des résidences, et plus largement dans les quartiers où elles se trouvent”. La situation géographique apparait donc comme primordiale, avec le besoin de bénéficier d’une pièce supplémentaire pour accueillir famille ou proches-aidants, sans être considéré en surlogement par les bailleurs. Point de vue pratique, ressortant en priorité l’installation de douche à l’italienne en lieu et place des baignoires ou bac à douche.

“Nous avons beaucoup de demandes concernant des concierges. Mais dans l’idée, il s’agit plus de service de portage pour les médicaments ou les petites courses du quotidien. Ce sont des choses qui pourraient être financés en discussion avec les caisses de retraite, car le problème financier est aussi au coeur des demandes”. Comment mutualiser le financement des services, sans impacter le coût des loyers? “C’est étonnant de voir que l’Aide à la résidence autonomie n’existe pas à La Réunion, ou que la convention entre l’Union sociale pour l’habitat et la Caisse nationale pour l’assurance vieillesse signé en 2019 n’a jamais été mobilisée ici”, lance Erick Fontaine à ce propos.

*Dont 31 % ont plus de 70 ans et 69 % entre 58 et 70 ans.

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