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Un risque lié aux particules fines
sous-estimé et mal évalué sur l’île
Les particules fines posent un problème sanitaire encore trop peu connu à La Réunion . Mal évalué et sous-estimé, les particules en suspension liées à la pollution atmosphérique pourraient amplifier plusieurs pathologies.
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François Benito
Les particules fines tuent.
On considère qu’à l’échelle du pays, ces dernières sont responsables de 40 000 décès selon Santé Publique France. Mais qu’en est-il pour La Réunion ?
On présume souvent que l’île est épargnée par les problèmes de pollution pouvant engendrer ces particules en suspension dans l’air qui sont inférieures à 10 micromètres et souvent équivalentes à 2,5 microns. Voire d’un format encore plus réduit.
Dans les faits, l’analyse est plus complexe. “On se concentre sur la notion de pollution mais en termes sanitaires, le meilleur critère, c’est celui de l’exposition aux particules fines, insiste Boris Dumas, coordonnateur de la cellule environnement extérieur à l’ARS. Celles-ci sont créées par des phénomènes de combustion. Et il en existe aussi à La Réunion, comme partout ailleurs.” Si La Réunion n’est pas épargnée, c’est principalement à cause du trafic routier qui congestionne les routes du territoire.
D’après les relevés de l’association Atmo Réunion datant de 2020, des dépassements du seuil de recommandation (de l’ordre d’une moyenne journalière de 50 microgrammes de particules fines par m3) ont été constatés en 2013, 2014 et 2015 à la station industrielle de la Marine et en 2015 à la station périurbaine de Grand-Fond.
Un écobuage à éviter
Toutefois, ces relevés sous-estiment sans doute l’ampleur du problème car ils n’adoptent pas une perspective sanitaire. “On ne mesure pas vraiment l’exposition des personnes
ELLES SONT CANCÉRIGÈNES, SURTOUT LORSQU’ELLES SONT COMPOSÉES DE MÉTAUX LOURDS
dans un embouteillage, note Fabien Georgel, responsable de la communication à Atmo Réunion. En roulant avec les fenêtres ouvertes par exemple, on en respire beaucoup.” Autre source méconnue, les feux de végétation issues de l’écobuage, le brûlage de déchets verts
Cette pratique très courante à La Réunion fait courir un risque à soi-même et à son voisinage. Une solution : Le respect des collectes pour procéder à une incinération collective à même de “ limiter les points d’écobuage ” selon Boris Dumas. Enfin, les rejets industriels posent également un problème de fond. On pense notamment à la centrale électrique du Port installée en zone urbaine. Fonctionnant au gazole, cette dernière ne serait pas équipée de filtre à particules…
Cancérigènes, surtout lorsqu’elles sont composées de métaux lourds, ces particules fines peuvent pénétrer directement dans l’organisme lorsqu’elles sont inférieures à 2,5 microns. Elles sont en mesure, en circulant par le sang, de percer la barrière placentaire chez les femmes enceintes. À La Réunion, aucune étude épidémiologique de fond ne s’est encore penchée sur le sujet. Mais il est très probable que ce fléau environnemental participe à l’aggravation de troubles cardiovasculaires, du diabète et de l’hypertension artérielle.
Un climat protecteur contre la pollution
Selon Philippe Caroff, chef prévisionniste à Météo France, il existe des variations entre les différentes zones de l’île.
“Les alizés peuvent disperser les éléments polluants et les particules fines et leur concentration reste limitée.
Mais cela est surtout vrai durant la période chaude
Les voitures tunées aggravent la pollution
Le risque d’exposition aux particules fines tient surtout au trafic routier. Un risque largement renforcé par les voitures tunées. Modifiées malgré la législation qui l’interdit, ces véhicules n’ont fréquemment ni filtre à particules, ni pot catalytique.
“ On considère que ces voitures n’ont quasiment plus de pots d’échappement, souligne Boris Dumas,
Le volcan, source de particules fines
Aller voir le Piton de la Fournaise lors d’éruptions n’est pas dangereux seulement à cause des coulées de lave. Les volcanologues amateurs peuvent aussi être confrontés à des problèmes liées aux particules fines. “ On assiste à une pollution très concrète à cause du volcan, précise Chatrapatty Bhugwant, ingénieur d’étude à Atmo Réunion qui évalue la qualité d’avril en novembre. Et surtout la côte Ouest de l’île, plus à l’abri, est moins concernée par cette ventilation.” coordonnateur de la cellule environnement extérieur à l’ARS, plus la fumée est noire, plus elle est dangereuse. On considère qu’il y a 5 à 10 % de voitures de ce type qui circulent sur l’île. ”Ce facteur aggravant de pollution, évitable si les contrôles étaient plus stricts, n’est pas à négliger. Boris Dumas considère qu’elles “ émettent des particules fines de manière continue.” Une prise de conscience autour de ce problème est plus que nécessaire. de l’air sur l’île. Mais les particules, qui contiennent du dioxyde de souffre, sont confinées à l’enclos. ”
En clair, La Réunion est naturellement protégée... dans une certaine limite.
En clair, les zones habitées y compris celles de BourgMurat sont épargnées. Il n’y aurait pas de risque élevé d’exposition dans la mesure où ces particules seraient préalablement dispersées. Une chance, vu qu’elles peuvent provoquer des problèmes respiratoires. Ceux qui s’approchent des éruptions sont désormais prévenus.