RSE Said Sekkat
Interview
P.54-55
«La nouveauté cette année, c’est un programme de formation destiné aux entreprises dans différentes régions ». w w w. i n d u s t r i e s . m a
Mohamed ABDELLAOUI
evenement P.52-53
« L’entreprise doit se rapprocher de l’Université et vice versa ».
Directeur de publication : Hicham RAHIOUI
P.30-33
Cap sur le sival angers. N° 22. Mars 2017 - Prix Maroc 30 DH
1 er magazine mensuel de l’industrie, de la r&d et des technologies
e u q n a b a l e lorsqu met les voiles
Technologie
P.34 à 37
CES 2017 : le futur, c’est maintenant !
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Renouvelables
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editorial
Hicham RAHIOUI Directeur de publication H.rahioui@industries.ma
Quand la Banque se convertit à l’Islam…
La notion de profit n’est pas contraire aux principes de l’Islam, et il ne faut pas reprocher à ces banques de vouloir en faire. Tout ce qui est « halal» n’est pas forcément gratuit.
Q
u’elles soient participatives, éthiques, alternatives ou encore islamiques, vous n’aviez pas pu passer à côté de l’événement du moment : l’introduction des banques dites « participatives » au Maroc. La question qui se pose est de savoir à quoi elles participeront exactement. Dans un premier niveau de lecture, le terme « participative » renvoie au postulat même derrière la création de ce type de banque et qui est de participer au partage des pertes mais aussi des gains supportés par un investisseur. Dans ce cas, certains sont poussés à croire que ces banques seront gratuites. En réalité, il n’en est rien. La notion de profit n’est pas contraire aux principes de l’Islam, et il ne faut pas reprocher à ces banques de vouloir en faire. Tout ce qui est « halal » n’est pas forcément gratuit. Mais en poussant la réflexion un peu plus loin, il s’agit d’appréhender l’ampleur de la participation de ces banques à la société marocaine dans une plus large mesure. Quels seront les avantages pour les citoyens, les professionnels et pour l’économie marocaine dans sa globalité ? S’agitil d’un réel vivier pour le développement économique du Royaume ou d'un simple « effet de mode » dont la flamme s’éteindra aussi vite qu’elle s’est allumée une fois que les derniers curieux se seront défilés ?
Autant de questions qu’il est légitime de se poser à la veille du lancement effectif des banques participatives au Maroc. En effet, l’année 2017 marque l’octroi des agréments tant attendus par la Banque Centrale aux banques participatives. Il s’agit au total de cinq agréments pour la création de banques participatives et trois autres pour la création de fenêtres dédiées à cette activité. Maintenant, c’est tout une dynamique qui est entrain de s’opérer, allant des transformations juridiques, de la formation des équipes, et de la mise en place des systèmes d’information et d’un plan de communication. En plus du volet règlementaire et juridique, relevant de l’autorité de Bank Al-Maghrib et qui n’est pas encore tout à fait prêt. Tout un chantier pour les banques, qui commenceront pour la plupart leurs activités de commercialisation au cours des six prochains mois. Certes, les banques se plient en quatre pour offrir leurs produits « halal » dans les plus brefs défais et dans les meilleures conditions possibles, mais il ne faut pas oublier le rôle des autres parties constituant l'ensemble de l’écosystème de la finance islamique, à savoir l’assurance Takaful et l’émission des Sukuk, sans quoi, le paysage de la finance islamique demeure incomplet.
Directeur de publication : Hicham RAHIOUI Directeur administratif et financier : Nadia AYAD Rédacteur en chef : Omar ZEROUALI Publicité : Salwa EL belkacemi Office Manager :Imane BIHI Assistante de direction : Sanaâ ABALI Journalistes : Sarah MAACHE, Lionel ATOKRÉ, Samia ROCHDI Directeur artistique : Marouane SAOUD Logistique : Yahya OUADDAH , Fakhreddine ADDI Dépôt légal : 2013 PE 0109 ISSN : 2351-7905 Impression : Gms print Distribution : Sochepress Adresse : 1, 5éme étage, Apt 14, Angle Rue Al Aarar et Avenue Lalla Yacout Casablanca - Maroc - Tél : 05 22 26 04 51 - ` Fax : 05 22 27 07 75 email : contact@industries.ma &
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SOMMAIRE
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MAROC
Finance Islamique au Maroc : doucement mais sûrement…
C ■ onstruit pour vous MAROC des projets innovants !
P. 40-49 Actu Kantar a eu son «Moment of Truth»----------------------------------P. 16 A Raymond inaugure son nouveau site de production au Maroc--------------------------------------------------------------------------P. 16 UA- Discours royal : Une entrée marocaine en grandes pompes----------------------------------------------------------------------------------------P. 18 Interdiction du plastique, premier bilan d’étape-----------------P. 20 10 RAJEB obtient la certification NM ---------------------------------P. 20
w w w. b e g - i n g . co m Conception Construction
Ingénierie
Architecture
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Le «GREEN ENERGY PARK», un projet unique voit le jour sous l’égide de S.M. le Roi Mohammed VI à Benguerir---------------P. 22 Filière de l’huile d’olive, on y voit plus clair !-----------------------P. 20
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SOMMAIRE
Reportage Green Park Energy, un centre d’excellence au service de l’énergie verte ---------------------------------------------------------------------------------------------------P. 24 Evenement SIVAL: Un Salon "vert" haut en couleur !----------------------------- P. 30 à 33 Technologie CES 2017 : le futur, c’est maintenant ------------------------------------P. 34 à 36 Cinq innovations qui ont marqué ce CES 2017-------------------------------P. 37 Enquete
Interview : Abderrahmane Lahlou -----------------------------------------------P. 47 avis d'expert : Dr.Mohsine Bouya------------------------------------------P. 48 à 49 robotique C’est la robolution: Les robots industriels s’invitent dans les usines ! -------------------------------------------------------------------------------------------P. 50 & 51 Interview Mohamed ABDELLAOUI -------------------------------------------------------P. 52 à 53 RSE Interview : Said Sekkat----------------------------------------------------------P. 54 à 55
Une nouvelle manne pour les PME/PMI--------------------------------P. 40 à 45
R&D-----------------------------------------------------------------------------------------P.56
Interview : Reda EL HADDAJ----------------------------------------------------------P. 46
high-tech------------------------------------------------------------------------------P. 58
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INDUSTRIE DU MAROC
EN BREF
Forte représentation du Maroc au Sommet international de l’énergie d’Abu Dahbi Abu Dhabi a accueilli, du 16 au 19 janvier dernier, le Sommet international de l’énergie qui célèbre cette année son dixième anniversaire. Lors de cette semaine placée sous le thème de la «durabilité», plus de 30.000 participants ont échangé à travers des discussions et ont assisté à des démonstrations technologiques, des annonces dans les domaines des Énergies renouvelables et du changement climatique. Le Maroc a été mis en lumière lors de la présentation ce Sommet, notamment par le souhait du Royaume de viser une production de «52% d’Énergies renouvelables». Pays hôte en novembre 2016 de la COP22, le Maroc se dresse comme leader en Afrique et dans le monde des énergies renouvelables avec des projets, dont celui de construire la plus grande centrale solaire concentrée au monde à Ouarzazate.
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INDUSTRIE DU MAROC
La BERD consacre 1,3 milliard d’euros aux énergies renouvelables
Au Maroc, la banque a accordé un prêt de 24 millions d’euros à Elephant Vert, un producteur local de Bioengrais, bio-pesticides et bio-stimulants, soutenant l’utilisation accrue d’intrants agricoles respectueux du climat en alternative aux engrais chimiques. Les résultats de cette initiative entraineront d’importantes économies d’émission de gaz à effet de serre. Notons qu’en 2016, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) a investi plus de 1,3 milliard d’euros dans 41 projets situés dans la région du Sud et celle de l’est de la Méditerranée (SEMED). Ces investissements ont été réalisés dans les secteurs de l’énergie et des énergies renouvelables, ainsi que dans les infrastructures, l’agrobusiness et les petites et moyennes entreprises (PME).
LG a présenté «son» réfrigérateur connecté C’est à l’occasion du Consumer Electronic Show 2017 à Las Vegas, que LG a présenté son réfrigérateur connecté «Smart Instaviewdoor in door». Pourvu de multiples fonctionnalités pratiques, ce réfrigérateur dispose de la commande vocale Amazon Alexa, fonctionnant sous le système d’exploitation LG Webos, et d’un écran tactile LCD de 29 pouces qui devient automatiquement transparent dès que l’on tapote deux fois sur sa surface. Avec les 6.000 fonctionnalités qu’offre l’assistant personnel intelligent Alexa, les utilisateurs pourront, par simple commande vocale, chercher des recettes, jouer de la musique et ajouter des articles à leur liste de course, le tout en gardant les mains libres.
Emirates en mode «écolo» Emirates se met au «vert». La compagnie aérienne émiratie a introduit de nouvelles couvertures écologiques fabriquées à partir de bouteilles en plastiques 100% recyclées. Ces nouvelles couvertures, qui utilisent la technologie brevetée «ecoTHREAD», sont disponibles depuis peu sur tous les vols longcourriers d’Emirates. Les couvertures soucieuses de l’environnement ont été conçues en partenariat avec Buzz, leader mondial des produits utilisés à bord de l’avion, et s’inscrivent dans l’engagement continu de Emirates envers des produits innovants et écologiques. La compagnie espère ainsi sauver d’ici la fin 2019, l’équivalant du poids de 44 A380, soit 88 millions de bouteilles de plastique.
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EN BREF
«Maroc Stone» remet ça ! La deuxième édition du salon international du marbre et des produits en pierres naturelles au Maroc «Maroc Stone» s’est déroulée du 19 au 21 à l’Office des changes de Casablanca. Placé sous l’égide du ministère du Transport, de l’équipement et de la logistique, cet évènement est considéré comme l’unique rassemblement en Afrique, consacré spécialement au marbre et aux produits en pierre naturelle. Depuis son lancement l’année dernière, «Maroc Stone» a suscité beaucoup d’engouement de la part de professionnels internationaux. Ainsi, le salon a accueilli pas moins d’une centaine d’exposants internationaux originaires des pays du Maghreb, d’Europe mais aussi d’Afrique. Plus de 6000 visiteurs étaient présents pour cette deuxième édition.
EDF accompagne la transition énergétique au Maroc
Pour les 20 ans de présence d’EDF au Royaume, le président-directeur général du groupe, Jean Bernard Levyn, a effectué une visite au Maroc. Il en a profité pour confirmer la volonté du groupe de soutenir et d’accompagner la transition énergétique du Maroc, évoquant les grands projets en cours, qui devraient «transformer durablement la présence du groupe dans le pays et la région, notamment à travers des partenariats historiques noués avec l’ONEE et d’autres grands acteurs publics et privés marocains». Dans ce sens, le management d’EDF ne cache pas la volonté du groupe de faire bénéficier le Royaume de ses compétences et de son expertise en termes de production hydroélectrique et d’efficacité énergétique.
Des voitures autonomes chez Nissan d’ici 2020 Bientôt, Nissan nous fera rentrer dans une nouvelle ère avec son ambition de lancer des voitures autonomes d’ici 2020. Ce système de conduite sera intégré aux véhicules électriques, et pour commencer c’est le monospace Serena au Japon qui sera équipé de la technologie ProPilot, qui permet à un véhicule de rester dans sa file, de freiner ou encore d’accélérer automatiquement, ensuite ça sera le tour du Qashqai en Europe d’être équipé de cette nouvelle technologie. À horizon 2018, ces véhicules du futur pourront par exemple changer de file automatiquement sur autoroute et pour 2020 les voitures seront pleinement autonomes.
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«U», la nouvelle gamme de smartphones de Wiko
Inspirée du street art et d’un mode de vie urbain, la nouvelle gamme de smartphones sobrement intitulée «U» signée Wiko est déclinée en deux modèles : «U Feel» et «U Feel Lite». Avec cette nouvelle gamme de smartphones, Wiko veut personnaliser la manière d’utiliser le téléphone portable. Pour ce qui est des caractéristiques, les smartphones de la gamme «U» intègrent la «technologie d’empreinte digitale». Même en étant des modèles de milieu de gamme, «U Feel» et «U Feel Lite» ont une fiche technique correcte, avec pour le premier cité un écran HD de 5 pouces, un appareil photo de 13 mégapixels, une connexion 4G et une mémoire de 16 Giga. Le second modèle est doté d’un appareil photo moins performant (8 méga pixels) mais dispose aussi d’une connexion 4G et de la même capacité de stockage de données. La marque Wiko, créée en 2011 à Marseille, est présente dans 30 pays à travers le monde. www.industries.ma
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N° 22 Mars 2017 13 * Ces effets et bénéfices peuvent varier en fonction du véhicule, des conditions de conduite et du style de conduite.
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EN BREF
«InwiDays» 2017 : deux projets primés La cinquième édition des «InwiDays», évènement phare de la création digitale au Maroc, a rendu son verdict. Organisée le 12 janvier dernier, cette édition était consacrée à la thématique des technologies vertes ou Green techs. Deux projets ont été primés lors de l’évènement. Il s’agit notamment des projets «Eco-Engeneering», vainqueur des «InwiDays 2017» et «InfoFellah», qui a remporté le prix coup de cœur de la compétition. Les initiateurs des deux projets sont repartis avec des chèques de 50.000 DH chacun et un accès au programme d’incubation de Numa, partenaire de l’édition 2017 «InwiDays».
Casa Tram certifié ISO 9001version 2015 Casa Tramest est désormais certifié ISO. Le groupe, filiale de la RATP Dev a obtenu la certification ISO 9001 version 2015 pour l’ensemble de ses activités de maintenance. Cette certification fait suite à un audit «exhaustif» réalisé par le Bureau Veritas, spécialiste dans l’évaluation de la conformité et de la certification. Mise en service en décembre 2012, la Ligne T1 du tramway de Casablanca est aujourd’hui parfaitement intégrée à la ville. En 2016, près de 36 millions de voyages ont été effectués en tramway, soit une augmentation de 5% par rapport à l’an passé. Le taux de satisfaction, quant à lui, reste honorable à 95% selon Casa Tram.
Le Maroc finaliste à l'Innovation World Cup
Le Maroc fera bien parti des 28 finalistes de la coupe du monde de l’innovation qui aura lieu le 1er mars prochain à Barcelone en marge de la Mobile world congress. Le Royaume sera repré-
Le ministère du Tourisme soutient l’OMT Le ministère du Tourisme, allié de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT). C’est en ce sens que Mme Nada Roudiès, Secrétaire générale au ministère du Tourisme, a participé le 17 janvier dernier à Madrid (Espagne) au lancement officiel de l’Année internationale du Tourisme durable pour le développement. La cérémonie s‘est déroulée en présence du Roi Felipe VI d’Espagne, de M. Taleb Rifai, Secrétaire général de l’Organisation mondiale du tourisme, et de nombreux ministres du Tourisme de plusieurs pays. Le Maroc qui a choisi de placer le tourisme durable et responsable au cœur de sa stratégie touristique «Vision 2020», s’associe aux efforts de l’OMT pour célébrer cet événement important et déploiera un programme d’activités dense au niveau national, panafricain et international.
senté par le laboratoire « SmartiLab » de l’Ecole marocaine des sciences de l’ingénieur (EMSI), competira dans la catégorie « Smart City » (ville intelligente). Les 28 finalistes sont repartis dans sept thématiques dont l’industrie, la santé, le transport et la logistique. Les finalistes, retenus parmi 400 concourants au départ, présenteront leurs solutions en direct devant un panel d’expert de l’industrie, de média et des différents partenaires de l’ «Innovation World Cup».
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INDUSTRIE DU MAROC
Actu
Kantar a eu son «Moment of Truth» «Optimiser la relation consommateur : De la préférence à l’achat», tel était le thème de l’évènement organisé à l’hôtel Four Seasons, le jeudi 12 janvier dernier par le groupe Kantar en partenariat avec l’Association marocaine du Marketing et de la Communication. Cet évènement, le premier du genre, a mis en avant les étapes essentielles de la rencontre du consommateur avec les marques, tout en mettant l’accent sur la consommation et l’usage des produits et services. Ainsi, pour développer le sujet, Kantar a fait appel à ses experts, représentant les quatre marques du groupe que sont Kantar AMRB, Kantar Millward Brown, Kantar Taylor Nelson Sofres et Kantar World Panel. Valery Martin, Directeur des comptes de Kantar Millward Brown, premier expert à prendre la parole, a expliqué lors de son intervention, «comment influencer les moments d’achat», car après plusieurs milliers d’études sur les marques, le comportement des acheteurs et des données d’études sur les consommateurs, Kantar Millward Brown a établi que les marques les plus fortes financièrement sont pertinentes, différentes et saillantes. La deuxième intervention fut celle de Driss Farissi, Directeur général de Kantar TNS Maroc, qui a exposé sur la problématique du «circuit traditionnel dans les marchés émergents», mettant en lumière des exemples de pratiques «shopper» dans les
pays émergents. Enfin, la question du «pricing», sujet porté par Siham Malek, Directeur régional pour le Maghreb à Kantar AMRB, a permis de comprendre les stratégies pour définir ou choisir le prix d’un produit. Une table ronde sur fond de réflexion autour des différents points présentés a clôturé cet évènement. Pour rappel, Kantar est l’un des principaux groupes d’études, d’insights et de conseil. Avec ses marques spécialisées et ses 30.000 collaborateurs, le groupe élabore des insights et des stratégies business pour leurs clients présents dans plus de 100 pays.
ARaymond inaugure son nouveau site de production au Maroc Le réseau ARaymond s’étend. C’est dans ce cadre que l’entreprise française, spécialisée en solution de fixation et d’assemblage pour l’industrie automobile, a inauguré jeudi 18 janvier dernier, une nouvelle usine à Casablanca, dont la production sera destinée au marché marocain. Cette inauguration est le résultat d’un projet initié en 2015. Située plus précisément dans le quartier d’Ain Sba, cette nouvelle usine qui s’étend sur 1600 m² avait déjà démarré ses activités depuis le deuxième trimestre de l’année 2016. L’usine produira pour l’essentiel des goulottes de conduite de câble destinées aux acteurs du secteur automobile implantés dans le pays, tels que Renault et PSA, ou comme les équipementiers câbleurs Yazaki, Delphi, Leoni, Lear ou Sumitomo. Pour Hakim Rihane, Directeur général d’ARaymond Maroc, « l’objectif d’ici 2018 est d’augmenter l’effectif des employés et à partir du Maroc, atteindre le marché africain ». Pour rappel,
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INDUSTRIE DU MAROC
ARaymond a conclu l’exercice 2016 avec un cgiffre d’affaire 2,2 millions d’euros et vise un chiffre d’affaire de près de 3 millions d’euro en 2017. En clôture à l’inauguration, l’usine ARaymond a recu la certification Iso 9001.
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Actu
UA- Discours Royal : Une entrée Marocaine en grandes pompes
Ce mardi 31 janvier, toute la ville d’Addis-Abeba et particulièrement le siège de l’Union africaine, ont été animé par une ferveur peu commune. En effet, le roi Mohammed VI a tenu devant une assemblée émue un discours poignant, qui annonce le retour du Maroc à l’UA. Ce retour tant attendu, après une longue absence de 32 ans, marque le pas vers une consolidation de la politique continentale du royaume et jette les prémices d’un avenir africain des plus radieux.
L
’Afrique assiste à un tournant historique marqué par la validation des chefs d’Etat membres de l’UA, la demande d’adhésion du Maroc à l’UA. En cette occasion, SM le Roi Mohammed VI est arrivé ce mardi 31 janvier au siège de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne. Devant une pléiade composée de l’ensemble des dirigeants et représentants des pays membres de l’UA, le souverain a prononcé un discours percutant. « Je rentre enfin chez Moi, et vous retrouve avec Bonheur. Vous m’avez tous manqué. Il est beau le jour où l’on rentre
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INDUSTRIE DU MAROC
chez soi », a déclaré SM le Roi soulignant que « Malgré les années où nous étions absents, nos liens, jamais rompus, ont été puissants », tels furent les mots d’ouverture de ce discours. Ce discours a également été l’occasion de rappeler les fortes relations qui lient le Maroc à l’Afrique : « Entre 1956 et 1999, 515 accords ont été signés », a rappelé SM le Roi. Un chiffre qui a augmenté de près du double depuis 2000. Ainsi, 949 accords publics et privés ont été signés entre le Maroc et plusieurs autres pays africains ces 17 dernières années. » Par ailleurs, des projets d’envergure ont
été mis en place ces dernières années, notamment en matière agricole et de sécurité alimentaire. Mais aussi tout ce qui a attrait au maintien de la paix dans la région. Le souverain a par la même rappelé que le Maroc a accueilli en son sein des milliers de Subsahariens pour lesquels des opérations de régularisation ont été lancées. Enfin, SM le Roi Mohammed VI a conclu son allocution en soulignant que « le tiers-mondisme est une notion dépassée et que l’Afrique est aujourd’hui dirigée par des leaders décomplexés ».
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Actu
E-XPORT : Premier Salon virtuel dédié à l’export
L'Association marocaine des exportateurs (ASMEX) a annoncé, ce mardi 31 janvier, le lancement du premier salon virtuel pour la promotion des entreprises marocaines à l’export. « Pour les exportateurs marocains, E-xport Morocco reproduit l'environnement d'un événement traditionnel avec les bénéfices du virtuel, ce qui permet de développer un réseau d’affaires personnalisé à l’international », a déclaré Hassan Sentissi El Idrissi, président de l’ASMEX. Ce salon fait office de plate-forme privilégiée entre les entreprises souhaitant se développer sur les marchés internationaux. Interactif, l’E-xport permet de reproduire les conditions
réelles tout en capitalisant sur les avantages du virtuel, en terme de gain de temps, de réactivité, de rapprochement géographique, etc. Ainsi, le président de l’ASMEX en parle comme d’une « plateforme gratuite et ouverte 24h/24h et 7j/7, ce qui favorise les rencontres avec des partenaires marocaines ciblés dans les différents secteurs d’exportation. » À terme l’E-xport, sera le garant pour les entreprises marocaines, d’une visibilité mondiale, faisant du Maroc un hub incontournable de libre-échange.
Le Jean marocain à la conquête du marché étranger Maroc Export a organisé, en collaboration avec l’AMITH, la troisième participation marocaine au Salon BLUE ZONE qui s’est tenu du 31 Janvier au 2 Février 2017 en Allemagne, à Munich plus précisément. Le double objectif de la participation Marocaine à ce salon, dont le visitorat professionnel s’élève à plus de 20 000, est d’avoir un positionnement fort par la mise en avant du savoir-faire des entreprises marocaines en matière d’offre globale de DENIM et de développer l’offre marocaine qui permettrait un meilleur positionnement sur la carte sourcing des donneurs d’ordre européens. Rappelons que lors de la dernière participation marocaine à ce salon les entreprises marocaines ont réalisé des commandes estimées à 4,65 millions euros d’articles de Denim et que, d’après l’Association marocaine des industries de textile et d’habillement (AMITH), le chiffre d’affaires arrêté à fin 2016 est de 32 milliards de dirhams (MMDH), en hausse de www.industries.ma
plus de 7,1% par rapport à l’année 2015. Maroc Export accompagnera également en 2017, les professionnels du secteur du textile à travers plusieurs salons internationaux notamment : le salon « Blue Zone Munich » en deux sessions, le salon « Pv Manufacturing » dans différents pays, le salon Apparel Sourcing et le salon « Denim » en deux sessions à Barcelone ainsi que plusieurs missions BtoB. N° 22 Mars 2017 19
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Actu
Interdiction du plastique, premier bilan Six mois après l’entrée en vigueur de la loi portant sur l’interdiction de la fabrication, l’importation, l’exportation, la commercialisation et l’utilisation des sacs en plastique, l’heure d’un premier bilan a sonné. Le ministre de l’Industrie et du commerce, Moulay Hafid Elalamy, a tenu une conférence de presse, lundi 16 janvier dernier lors de laquelle il a expliqué la stratégie globale déployée en ce qui concerne tout d’abord le contrôle de l’application de ladite loi dont se charge un comité interministériel qui procède au contrôle de la production, des marchés et des points de vente et des frontières. Le travail du ministère de l’Intérieur a aussi concerné le ramassage des sacs en plastique avec une collecte assurée de plus de 6.800 tonnes de sacs. Le ministre a également soulevé un des volets phare de ce projet et qui est l’accompagnement des opérateurs formels impactés par la loi en mettant en place un Fonds de soutien à la reconversion, pour lequel a été alloué un montant de 200 millions de DH. On compte, à ce jour, 72 entreprises éligibles pour bénéficier
de l’appui de ce fonds, dont 16 ont pu bénéficier du soutien de l’État. Enfin, le ministre de tutelle relève l’engagement collectif et général du Royaume qui figurait parmi l’un des plus gros consommateurs au monde de sacs en plastique et qui a pu réduire largement leur usage en quelques mois.
10 RAJEB obtient la certification NM Le leader marocain de la menuiserie et la fabrication de portes, placards, dressings et cuisines, 10 RAJEB, a obtenu la certification NM décernée par l’IMANOR (Institut marocain de normalisation). Le certificat a été remis officiellement à 10 RAJEB lors d’une cérémonie organisée par l’IMANOR le 22 novembre dernier. La marque NM est accessible à tout fabricant ou producteur qui désire bénéficier du droit d'usage de la marque pour son produit et surtout qui est en mesure de démontrer qu’il le fabrique en y exerçant les contrôles prévus dans les règles édictées dans le manuel de certification. La certification NM de produits est une reconnaissance par l’IMANOR qu’un produit est fabriqué conformément à des caractéristiques spécifiques préalablement fixées dans les normes qui le régissent. Cette certification est gérée conformément à la norme internationale ISO/CEI 17065. Elle atteste de la conformité du produit en matière de sécurité et de standards de qualité, prédéfinis dans le référentiel de certification. En décrochant cette certification, 10 RAJEB devient la première entreprise de menuiserie marocaine à accéder à ce titre, renforçant par là sa place de leader sur le marché
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du bois marocain.
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Actu
Le «GREEN ENERGY PARK», un projet unique voit le jour sous l’égide de S.M. le Roi Mohammed VI à Benguerir
La ville verte de Benguerir a accueilli, jeudi 12 janvier 2017, S.M. le Roi Mohammed VI pour l’inauguration de la première plateforme d’Afrique de test, de recherche et de formation en énergie solaire, nommée «Green Energy Park».
C
’est une première au Maroc, mais aussi en Afrique. La ville de Benguerir se dote d’une gigantesque plateforme, unique en son genre, dédiée au test et à la recherche en énergie solaire, baptisée «Green Energy Park». Situé à côté de l’Université Mohammed VI Polytechnique, le Green Energy Park est le fruit d’une collaboration entre l’Institut de recherche en énergie solaire et énergies nouvelles (IRESEN) et le Groupe OCP. Le choix de l’emplacement n’est pas anodin, explique-t-on auprès des initiateurs du projet. «Cette structure a été conçue pour les industriels de demain»,
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INDUSTRIE DU MAROC
explique Badr Ikken, directeur général de l’IRESEN. Et d’ajouter : «Au niveau des universités, on développe le savoir. Mais pour passer à l’industrialisation, le simple savoir ne suffit pas, il faut du savoir-faire. En ce sens, le Green Energy Park permet justement de ponctuer le parcours universitaire par un travail de terrain qui complète parfaitement les compétences des jeunes lauréats». Le projet s’étend sur un terrain de 8 ha et comprend une plateforme de recherche intérieure de plus de 3.000 m2, intégrant plusieurs laboratoires dans le domaine du solaire photovoltaïque et du solaire thermique à concentration,
ainsi que des plates-formes de tests et de prototypage (1,5 ha) et des projets pilotes à échelle réelle (plus de 6 ha). Ce projet a connu l’engouement des industriels et des entreprises spécialisées dans le domaine venus en nombre découvrir toutes les fonctionnalités du Green Energy Park, lors de son inauguration. Notons que ce centre de formation et de recherche devrait faciliter la création de synergies et la mutualisation des infrastructures de plusieurs institutions marocaines de recherche, mais également l’acquisition de compétences par les différentes universités partenaires ainsi que les industriels marocains.
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INDUSTRIE DU MAROC
Reportage
Green Park Energy, un centre d’excellence au service de l’énergie verte L’IRESEN et le Groupe OCP se sont alliés pour créer une plateforme de recherche et de formation en énergies renouvelables du nom de «Green Energy Park». Une première en Afrique qui vise à positionner le Maroc en tant que leader dans le domaine des énergies vertes. Retour sur un projet d’envergure installé au cœur de la ville verte Mohammed VI de Benguerir.
U
ne première en Afrique et un modèle unique en son genre pour servir la recherche scientifique dans les énergies renouvelables et positionner le Maroc à l’avant-garde dans le domaine des énergies vertes. Baptisée «Green Park Energy», la nouvelle plateforme de recherche et de formation en énergies solaires voit le jour dans la ville verte
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Mohamed VI de Benguerir. Ce projet de grande envergure, réalisé par l’Institut de recherche en énergie solaire et énergies nouvelles (IRESEN) avec le soutien du ministère de l’Énergie, des mines, de l’eau et de l’environnement et le Groupe OCP, pose les jalons d’un centre de recherche à la pointe de la technologie. S’étendant sur plus de 8 hectares, cette plateforme, qui a mo-
bilisé à ce jour un budget de plus de 210.000.000 de DH, se fixe déjà de grandes ambitions. «Il s’agit pour nous de créer, à travers ce projet, des synergies et de mutualiser les infrastructures de plusieurs institutions marocaines de recherche, ceci dans l’objectif de créer une masse critique et d'atteindre l’excellence», explique-t-on auprès de l’IRESEN. Plus encore, il s’agit d’ouvrir www.industries.ma
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aux universités partenaires ainsi qu’aux industriels marocains une porte vers le savoir et le savoir-faire en matière d’énergies solaires. Pour ce faire, l’IRESEN se donne les moyens de ses ambitions en déployant dans le Green Park Energy une multitude d’équipements de pointe et de haute technologie qui permettent de couvrir toute la chaine de valeur de la recherche. Un pont entre l’université et les industriels La recherche au service du développement économique. Voilà une mission que devrait pleinement remplir le Green Energy Park en ce sens que cette nouvelle plateforme vise à «créer un pont entre les universités et le monde socio-économique pour passer de la recherche à l’innovation et ainsi positionner le Maroc comme pays phare dans le domaine de l’énergie solaire», explique-t-on auprès de l’IRESEN. De ce fait, le modèle du Green Energy Park permettra à moyen terme d’arriver à une autonomie financière à travers la Recherche & Développement, d’assurer www.industries.ma
des prestations technico-scientifiques, des certifications, des formations spécialisées et des travaux pratiques tout en garantissant une alimentation de la ville verte en électricité propre.
il s’agit d’ouvrir aux universités partenaires ainsi qu’aux industriels marocains une porte vers le savoir et le savoirfaire en matière d’énergies solaires
Des activités de recherche ciblées Outre son positionnement de lien entre le monde économique et celui de la recherche appliquée, cette nouvelle plateforme s’est d’ores et déjà fixé une feuille de route clairement tracée. «Les équipes de recherche travaillent sur les sujets prioritaires qui couvrent tous les maillons de la chaine de valeur de la R&D, ceci va du composant de base jusqu’aux systèmes complexes, afin de répondre aux besoins nationaux et africains», explique-t-on auprès de l’IRESEN. De ce fait, des sujets comme le traitement et le dessalement de l’eau en utilisant l’énergie solaire, le développement de modules du désert, la conception de solutions de stockage thermique et électrique innovantes sans oublier le développement d’applications industrielles du solaire thermique seront au N° 22 Mars 2017 25
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cœur des projets de recherches prioritaires du Green Energy Park. Un réseau balisé Dans l’optique d’un travail structuré et efficace, l’action du Green Energy Park s’inscrit d’ores et déjà dans l’écosystème de l’Université Mohammed VI
Polytechnique et s’est ouverte à toutes les universités marocaines. Dans ce sens, cette nouvelle plateforme a noué plusieurs partenariats stratégiques avec les grands centres internationaux de recherche et les entreprises et industries du secteur dans l’objectif d’assurer le transfert technologique tout en dé-
veloppant une coopération scientifique bidirectionnelle. Ainsi, le Green Energy Park compte parmi ses principaux partenaires les plus grandes universités marocaines ainsi que plusieurs centres de recherches internationaux, allemands, espagnols ou encore français.
1. Laboratoire de production de cellules photovoltaïques couches minces et de traitement de surface : Réacteur préindustriel avec 8 chambres de déposition permettant le développement de cellules photovoltaïques destinées plus spécifiquement aux conditions climatiques arides et semi-arides et aux cellules à haut rendement.
2. Laboratoire de caractérisation électrique et optique des cellules photovoltaïques : Spectromètre infrarouge à transformée de Fourier (FTIR), Système de mesure de résistivité par méthode des 4 pointes, Ellipsomètre pour la caractérisation et l’analyse des surfaces, Simulateur du rayonnement solaire, Oscilloscope électronique, Analyseur de la qualité des réseaux électriques, Traceur des caractéristiques électriques des modules et systèmes photovoltaïques.
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3. Laboratoire intérieur de production et de test des composantes solaires : Ligne pilote pour la production des modules photovoltaïques (4MW), Équipement d’électroluminescence pour l’analyse des défauts, Caméra infrarouge, Équipement de test d’isolation, Simulateur du rayonnement solaire (AAA), Équipement de test de la résistance mécanique des modules photovoltaïques.
4. Laboratoire d’étude de la dégradation des matériaux Infrastructure dédiée aux tests de vieillissement accéléré et de dégradation des composants de centrales solaires : Chambre à brouillard salin, Enceinte climatique, Unité d’abrasion linéaire par frottement, Unité d’abrasion par jet de particules (simulation de tempêtes de sables).
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CAP SUR LE SIVAL ANGERS
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ngers s’est mise au vert le temps de la «Plant week». La ville a abrité, pendant toute une semaine, le rendez-vous incontournable des professionnels du végétal, qui réunit chaque année plus de 600 exposants et 22.000 visiteurs professionnels. Retour sur les faits marquants d’une édition placée sous le signe de l’agriculture de demain... Dossier réalisé par : Hicham RAHIOUI & Sarah Maache
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SIVAL: Un Salon "vert" haut en couleur ! La grand-messe des professionnels du végétal, SIVAL, a rouvert ses portes pour sa 31eme édition du 16 au 19 janvier au Parc des expositions d’Angers. Celle-ci a une nouvelle fois été à la hauteur des attentes de la profession. Près de 23.000 visiteurs ont foulé les allées du Salon à̀ la rencontre des 620 exposants du secteur du végétal spécialisé, dans une ambiance conviviale et positive. Le Salon poursuit la hausse de son visitorat et enregistre ainsi une progression d’environ 4% par rapport à l’édition 2016.
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ous la présidence de Bruno Dupont, président de l'Interprofession des fruits et légumes, de VEGEPOLYS et des organismes techniques, et professionnels des cultures spécialisées, le SIVAL a pour première vocation de s’adresser aux professionnels et experts des filières du végétal en leur proposant une offre complète de matériels et services destinés à couvrir tous leurs besoins en matière de production végétale.
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Ainsi, cette vitrine professionnelle rassemble des constructeurs en machinisme agricole, des semenciers, ainsi que des fournisseurs de plantes et pépinières. Le président a ouvert le bal de cette 31e édition, déclarant : «On est le seul salon au niveau national dédié à la sphère de l’arboriculture, du maraichage de la semence, de l’agriculture et de la viticulture». Bref, vous l’aurez compris, de la viticulture à l’œnowww.industries.ma
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le SIVAL a pour première vocation de s’adresser aux professionnels et experts des filières du végétal en leur proposant une offre complète de matériels et services destinés à couvrir tous leurs besoins en matière de production végétale.
logie en passant par l’horticulture, et l’arboriculture, ainsi que la culture légumière et les semences, jusqu’aux plantes médicinales et aromatiques, le cidre, la culture des champignons… Aucune filière n’est laissée pour compte lors de ce salon ! Retour sur un programme varié Une des forces majeures du SIVAL réside dans la diversité et la qualité de ses conférences. L’édition de 2017 aura enregistré 50 interventions d’experts du secteur et 2.000 participations aux différentes conférences et au Forum. Certaines d’entre elles comptabilisent des records d’affluence : les conférences Bio filière, Bio Technique, Entretiens techniques CTIFL Fruits ont fait partie des moments phares en termes de fréquentation avec respectivement 250, 200 et 180 participants. Concernant le programme de cette semaine «verte», celui-ci a été haut en couleur et a abordé pour cette édition, quatre grands axes. Tout d’abord, les Rencontres du végétal, placées sous le thème «Diversité : atouts et défis pour les filières du www.industries.ma
végétal spécialisé», mettant l’accent sur les enjeux de la diversité dans les filières du végétal spécialisé et sur les recherches menées en matière de diversité. Le Salon des techniques de production végétale a mis cette année l’accent sur les technologies liées à la production, à la conduite de l’exploitation ou bien encore à la communication, bref toutes les innovations en la matière. Il y a eu également des N° 22 Mars 2017 31
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rendez-vous d’affaires tels que le Végépolys Symposium, où des experts français et étrangers ont prit la parole pour débattre des nouvelles technologies dans la filière du végétal spécialisé. Ainsi que le Végépolys International Business Event (VIBE)/ Natureef, ayant rassemblé pas moins d’une cinquantaine d’entreprises internationales. Porté par une dynamique collective forte du fait de l’implication du comité d’organisation et des professionnels, le SIVAL confirme son leadership dans le secteur du végétal spécialisé européen. Un salon à dimension internationale Cette 31e édition a pris un tournant majeur dans son développement à l’international. 23 nationalités sur le Salon et 83 entreprises étrangères à la convention d’affaires VIBE / Natureef organisée par Végépolys, qui pour sa 5e édition, était constitué de neufs clusters du consortium Natureef, composé de la France, l’Espagne, le Portugal, la République Tchèque, la Hongrie, la Bulgarie, le Danemark, la Pologne et l’Allemagne. Ainsi que des délégations internationales ayant fait le déplacement pour venir découvrir le SIVAL et échanger avec les acteurs économiques de notre territoire. Le SIVAL a proposé, dans ce sens, une traduction simultanée des conférences en anglais, ayant pour but de permettre aux visiteurs étrangers de prendre part de manière plus interactive aux débats. Nous avons cherché à connaître la source de cette soudaine envie d’internationalisation de cet événement auprès de Bruno Dupont, président du salon qui a déclaré : «Il faut garder le contact avec le monde qui nous entoure. Nous avons également mis en place, dans ce sens, un comité international au sein de l’interprofession, qui développe la présence des fruits et légumes dans le monde entier dont au Maroc», en citant comme référence le Salon international de l'agriculture au Maroc (SIAM) de Meknès, dont M. Dupont a salué l’ampleur, mais aussi de quelques grands groupes agricoles marocains qui s’approvisionnent au SIVAL». Et d’ajouter : «Pour l’année prochaine, l’idée est de développer un pôle dédié à l’international pour que les entreprises locales se connectent avec les entreprises étrangères.» Zoom sur la place de la robotique dans l’agriculture Si l’agriculture de demain a été le fil conducteur de ces trois jours d’exposition, l’édition 2017 a surtout été marquée par la robotique et l’agriculture connectée. Au Végépolys Symposium, le débat central tentait de répondre à la question «Quelle place pour la robotique dans les
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productions végétales d’aujourd’hui et de demain ?». Afin d’y apporter des éléments de réponse, des chercheurs ont dressé un panorama des avancées scientifiques de la robotique appliquée aux productions végétales en France et à l’international, il y a eu également la participation d’entreprises françaises et étrangères spécialisées dans la conception de robots agricoles qui ont présenté leurs produits. Puis, l’ensemble de ces intervenants s’est réuni autour d’une large table ronde sur les perspectives en matière de robotisation des tâches agricoles pour la filière végétale. Pour autant, le SIVAL n’en reste pas moins ancré dans les réalités du terrain et de son territoire grâce à̀ une offre exposant très diverse et en adéquation avec les attentes de ses visiteurs. Vers une agriculture 2.0… L’avancée technologique est devenue palpable dans tous les domaines et l’agriculture n’y échappe pas. Le progrès technique dans le domaine agricole a fortement été mis en lumière lors de ce salon, où était exposé tout ce que l’industrie fait de mieux pour aider les professionnels du secteur à mieux appréhender leur métier en termes de gestion de coût, de protection de l’environnement, de gain de temps… Robotique, système d’aide à la conduite d’exploitation, drones, machinisme connecté… L’innovation reste le maitre
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mot du salon ! Ainsi, toute la valeur ajoutée du SIVAL réside dans le fait de mettre en lumière le savoir-faire à la française et faire en sorte de rassembler les différents acteurs autour d’une mission commune : mettre la science à contribution dans le développement économique et environnemental en matière de végétal. Produit phare de l’édition 2017 : la «Ferme urbaine» Nous avons demandé au président du salon quelle était l’innovation phare de cette édition et il nous a parlé du concept de la Ferme urbaine, pour laquelle un espace de 72 m² a été consacré, avec la présence de cinq entreprises. Toujours dans l’esprit agriculture connectée, l’importance de cette dernière et son succès certain témoignent d'une évolution du monde agricole, d'un changement de vision sur le monde agricole et d’une transformation profonde du rapport des professionnels du secteur agricole au développement industriel en matière de végétal. Un salon qui récompense l’innovation Véritable vitrine de l’innovation pour les productions du végétal spécialisé, le SIVAL s’impose une nouvelle fois comme le lieu incontournable pour tous les professionnels de la filière. Aux Concours SIVAL Innovation et AGreen Startup comme sur les stands de nombreux exposants, la dynamique autour des outils connectés est une tendance qui s’est largement confirmée, lors de cette édition. Ainsi, le concours AGreen Startup, depuis sa première programmation en 2016, a connu un succès incontesté. Ce concours est l’occasion pour les professionnels du secteur aussi bien que pour les étudiants dans la filière agricole, de développer un concept novateur en les mettant met en compétition et en leur donnant l’occasion d’avoir un retour immédiat sur la faisabilité de leur projet. À l’issue de 48h d’une rude mise à l’épreuve, une seule startup remporte le prix tant convoité de l’entreprise dont le projet est le plus innovant.
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CES 2017 : le futur, c’est maintenant ! Du 5 au 8 janvier dernier s’est tenue à Las Vegas la cinquantième édition du Consumer Electronic Show (CES) 2017, grand-messe de l’innovation et de la technologie. Cette année encore, un parfum de créativité et d’originalité émanait des stands des 3.800 exposants issus de sociétés, d'entreprises et de Startup, qui présentaient leurs produits. IDM revient pour vous sur les tendances qui ont marqué l’un des évènements «geek» de l’année. «
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onnecté». S’il faut retenir un mot du Consumer Electronic Show 2017, c’est bien celuilà. Comme chaque année depuis 1967 – année de la première édition – les exposants ont proposé des produits variés, rivalisant de technologie et qui promettent de révolutionner (ou pas) notre quotidien. Précisons, avant d’aller plus loin, que ce CES ne s’est pas vraiment démarqué de l’édition précédente. Ce n’est pas cette année que l’on a vu l’innovation révolutionnaire du type Apple avec l’arrivée de l’iPhone, il y a dix ans déjà,
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qui a fait basculer le téléphone portable dans une autre dimension et a modifié la prise en main du smartphone… Lors de ce salon, les objets présentés avaient comme un air de déjà-vu, mais un élément qui leur est commun, en tout cas pour la majorité d’entre eux, qui a mis tout le monde d’accord : l’intelligence artificielle. Il va falloir s’y faire, parler à son réfrigérateur, son téléviseur ou même sa voiture ne relèvera plus de l’utopie. L’intelligence artificielle s’est imposée partout. La voix sera le seul outil pour activer nos appareils. Oui, bientôt, il www.industries.ma
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Ce système, le géant de l’informatique, Microsoft, l’a compris en créant son assistant intelligent à synthèse vocale Cortana, à l’instar d’Apple avec Siri. Mais s’il y a bien un qui a retenu l’attention de tout le monde pendant ces cinq jours, c’est bien Alexa, l’assistant vocal d’Amazon.
vous suffira de parler à votre casserole pour vous faire cuire un tagine. Exit les télécommandes et autres boutons qui pensaient nous rendre la vie plus facile. Ce système, le géant de l’informatique, Microsoft, l’a compris en créant son assistant intelligent à synthèse vocale Cortana, à l’instar d’Apple avec Siri. Mais s’il y a bien un qui a retenu l’attention de tout le monde pendant ces cinq jours, c’est bien Alexa, l’assistant vocal d’Amazon. Alexa, la voix qui vous veut du bien Tout le monde n’avait d’yeux (et d'oreilles) que pour elle à Las Vegas. Mais qui est donc cette Alexa ? Vous ne la connaissez certainement pas encore, mais ce n’est qu’une question de temps. Non, Alexa n’est pas le prénom du dernier mannequin en vogue qui fait tourner toutes les têtes. Alexa, c’est l’outil de synthèse vocal d’Amazon, le géant américain du e-commerce, qui est arrivée comme un «intrus» à ce CES et en est reparti avec tous les éloges. Pourquoi ? Tout www.industries.ma
simplement parce qu’Amazon n’est pas connu dans l’univers High Tech, pour ne pas dire complètement absent. Pour preuve, l’entreprise n’avait pas de stand d’exposition. Ce qui ne s’est pas avéré être un handicap. C’est au cours de l’année 2015 qu’Amazon avait commencé sa stratégie de séduction en mettant en vente sur le marché américain une enceinte audio nommée Echo, qui intégrait Alexa. Résultat des courses, plusieurs millions d’enceintes vendues aux États unis et une aura qui a touché la GrandeN° 22 Mars 2017 35
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Bretagne et l’Allemagne. Dès lors, Alexa a fasciné la sphère High Tech. Plusieurs firmes aux objets extrêmement variés ont déjà annoncé l’intégration d’Alexa à leurs produits. Ainsi, elle sera intégrée à des millions de véhicules Ford, et pas seulement les modèles neufs, mais aussi dans les nouveautés de Volkswagen. Elle arrive dans un robot domestique et un réfrigérateur de LG, ainsi que dans l'électroménager de Whirpool. Le chinois Lenovo va créer sa propre enceinte connectée, au design élégant, avec le support d'Amazon. Des start-up vont mettre l'intelligence artificielle d'Amazon dans des robots (Lynx), des montres intelligentes, des écouteurs, des détecteurs de fumée, des joysticks pour contrôler ses objets connectés (Bixi), une lampe de bureau (GE), un aspirateur (Samsung), une machine à café… et beaucoup d'autres objets. Encore plus impressionnant, un constructeur de smartphones va nativement inclure à l’un de ses modèles, l’application Alexa : le chinois Huawei pour son Mate 9, nouveau smartphone présenté lors du CES 2017 et qui s’attaque au marché américain. Amazon ne cache pas son ambition d’imposer Alexa comme élément incontournable pour tous les créateurs de service et d’objet. C’est l’avis de son «évangéliste en chef», Dave Isbitski, qui considère que «la voix va devenir la nouvelle interface utilisateur de référence». «Ce
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sera le prochain grand bouleversement de l’informatique», prédit-il. Et d’ajouter : «Parce que la voix est l’instrument le plus simple et le plus universel pour créer des interactions». Pour vraiment atteindre cette universalité, il faudra qu’Amazone dote son assistant intelligent de la possibilité de parler dans une langue autre que l’anglais afin de le rendre accessible partout sur la planète. Il reste du chemin à faire pour Alexa avant d’être une ubiquité.
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Cinq innovations qui ont marqué ce CES 2017 Il n’y en avait pas que pour Alexa lors de ce CES 2017. Voici une sélection de cinq innovations qui ont (aussi) retenu l’attention lors de ce salon. 1- LG OLED W-Series wallpaper Proposer des téléviseurs avec des écrans de plus en plus fins. C’est le défi qu’a relevé le constructeur sud-coréen LG avec son nouveau téléviseur OLED W-Series Wallpaper. Disponible en version 65 ou 77 pouces, il fait à peine plus de 2,5 mm d’épaisseur. La finesse de son écran laisse penser à du papier peint qu’on collerait au mur, d’où son nom « wallpaper » (papier peint en anglais). Ce nouveau téléviseur LG se positionne dans le haut de gamme avec un prix d’entrée de 10.000 euros. Rien que ça ! 2- Le « Project Valerie » de Razer Voici un projet qui va faire fantasmer les « gamers » les plus exigeants. Razer, une entreprise américaine d’informatique qui développe et vend des périphériques informatiques pour joueurs, a présenté le tout premier PC portable à trois écrans clairement conçu pour les jeux vidéo. Une vision triple qui va donner la sensation à l’utilisateur d’être en immersion totale. Avec ses écrans en Ultra Haute Definition (UHD) de 17 pouces chacun, sa carte graphique GeForce GTX 1080 et son clavier retro éclairé, cet ordinateur portable offre une résolution de 11 520 X 2 160 pixels, des caractéristiques impossible à avoir sur un PC normal. Pour l’heure, « Project Valerie » n’est qu’un prototype et sa production en série n’est pas d’actualité, à en croire l’entreprise américaine. 3- La brosse à cheveux intelligente de l’Oréal Elle se présente comme une brosse à cheveux. Jusque-là rien de surprenant. Ce qu’elle a de particulier, c’est qu’elle est connectée. La brosse à cheveux de l’Oréal a deux fonctions : la qualité du brossage et la santé du cheveu. Pour ce faire, quatre capteurs ont été intégré à la brosse. Un micro, enregistre le son généré lors du brossage et des algorithmes interprètent les données et les envoient via Bluetooth ou wifi vers une application mobile sous forme de score. Score qu’il est possible d’améliorer au fur et à mesure de l’utilisation de la brosse. 4- Buddy, le petit robot domestique Avec son air à la fois amusant et attachant, buddy est un petit robot domestique de 60 centimètre pour 5 kilos, créé
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par Blue frog robotics, une entreprise française. Il dispose d’un ensemble de technologie de pointe permettant un usage au quotidien afin de faciliter la vie de tous les jours. Il pourra ainsi surveiller les enfants qui jouent, rappeler à une personne de prendre ses médicaments aux bons horaires, émettre des notifications, lancer des alertes ou encore interagir avec des objets connectés au sein du foyer. Trois caméras lui permettent de prendre ses marques dans son environnement et sur son visage s’affiche un petit écran tactile pivotant sur lequel on peut voir ses émotions. Pour l’anecdote, Buddy a reçu le titre de robot le plus mignon du CES 2017. 5- Kino-Mo, le ventilateur qui affiche en 3D L’idée vient de Hypersvn, une petite startup biélorusse et elle est plutôt surprenante. Kino-Mo est un ventilateur muni de LED, et qui peut afficher dans l’air différentes inscriptions ou animation suivant les schémas de programmation qui lui sont envoyés. Ce ventilateur devrait séduire les grandes enseignes et les magasins avec son affichage holographique afin d’attirer la clientèle plus facilement.
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Finance Islamique au Maroc : doucement mais sûrement…
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ncore méconnue du grand public il y a à peine quelques années, la finance islamique a su s’imposer sur la scène financière mondiale et fait désormais ses premiers pas sur la scène financière marocaine. Cette finance suscite cependant encore des polémiques entre ses détracteurs et ses partisans. Ce dossier est l’occasion de présenter une analyse scientifique de ce sujet, d’une part, et d’autre part les apports escomptés sur l’économie marocaine. Dossier réalisé par : Hicham RAHIOUI & sarah maache
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Une nouvelle manne pour les PME/PMI
Par Sarah Maache
C’est désormais officiel. L’année 2017 marque l’arrivée en grandes pompes de la finance islamique sur le marché marocain. Très attendue, cette nouvelle activité vient compléter l’offre du marché financier national. Communément appelée « Banque Participative », elle promet de présenter un fort potentiel de développement. En atteste une récente étude signée Thomson Reuters, qui estime que l’actif des banques marocaines participatives peut passer de 50,3 à 83,1 MMDH en 2018, générant un résultat net de 647,4 MDH à 1,1 MMDH. Et selon l’agence de notation Standard &Poor's : « La finance islamique pourrait représenter entre 10 et 20% du système bancaire du Maroc ».
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’est désormais officiel. L’année 2017 marque l’arrivée en grandes pompes de la finance islamique sur le marché marocain.Le potentiel de la finance participative, aussi communément appelée «finance alternative», n’est plus à démontrer. La différence notoire entre les banques «conventionnelles» et les banques participatives réside dans la substitution du système de prêt et intérêt par un système de participation à l’investissement et d’achat/revente de biens et équipements par le biais de contrats de participation. Outre des produits tels que la Mourabaha, Moucharaka ou Ijara, produits déjà commercialisés depuis des années au Maroc, deux autres produits viendront compléter l’offre des banques dites participatives et qui sont la Moudaraba et les Sukuks, en plus de l’assurance Takaful, indispensable au fonctionnement
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du système bancaire islamique. L’ensemble du système devant être «Sharia Compliant», c'est-à-dire compatible avec les principes de la charia tel que défini par l’Accounting and Auditing Organization for Islamic Financial Institutions (AAOIFI). Ces nouvelles alternatives bancaires peuvent constituer un relais face aux produits classiques, et attirer par la même une partie de la population, se voulant réticente aux banques traditionnelles par convictions religieuses. Avec l’obtention tant attendue de leurs agréments par la Banque Centrale, les banques pourront démarrer leurs activités au Maroc dès le premier semestre de l’année en cours. Elles sont véritablement passées à une étape supérieure et peuvent désormais amorcer le chantier des préparatifs dans ce sens. Toutefois, il est important de rappeler que le démarrage effectif de leur activité reste tributaire
d’autres éléments qui composent l’ensemble de l’écosystème de cette finance islamique, à savoir le fignolage du volet fiscal, le lancement de l’assurance Takaful et la mise en place d’un marché de capitaux à travers l’émission des Sukuks pour éviter aux banques participatives de courir un risque de refinancement. Le rôle de la Banque Centrale est également capital dans l’institution du cadre constitutionnel sur lequel vont s’appuyer ces banques, tout en laissant la liberté aux banques dans le choix de leur offre commerciale, comme l’explique le Responsable du département de la régulation de la finance participative à Bank Al-Maghirb, Anas Belkhadir : «Les banques participatives peuvent innover et créer eux-mêmes le marché interbancaire, qui, par essence, n’est pas régulé». Dans ce dossier spécialement consacré à cette nouvelle catégorie de banques, nous www.industries.ma
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mettons en lumière les particularités de ce système financier, en revenant aux origines de son apparition, nous expliquons également les principes et les produits. Autant d’éléments qui permettent d’appréhender toute l’étendue de ce système bancaire qui ne tardera pas à dévoiler ses offres commerciales au Maroc. Si l’apport de la finance islamique a été globalement envisagé, il convient d’analyser ses apports dans le financement des entreprises et en particulier des PME. Cette catégorie d’entreprise fait, en effet, face à cette problématique de façon récurrente et une question se pose : la finance participative pourrait-elle apporter des solutions de financement concrètes aux entreprises marocaines ? Dans un deuxième niveau de lecture, quels sont
les apports de ces banques participatives aux industriels en particulier et à l’économie marocaine en général ? Pour répondre à ces interrogations, nous avons sollicité les banques mais aussi des experts de la finance participative qui nous ont livré leur ressenti et nous ont donné leur avis à la veille de ce grand lancement. Une nouvelle manne pour les PME ? Les PME constituent une composante principale du tissu économique national. Elles jouent un rôle économique stratégique dans la création de la richesse, la lutte contre le chômage, ainsi que dans le développement régional. Elles représentent, en effet, plus de 90% des entreprises nationales, emploient la moitié des salariés et réalisent 40% de la produc-
tion, 51% des investissements et 31% des exportations et ne contribuent cependant qu'à hauteur de 20% à la valeur ajoutée du Maroc. Toutefois, cette catégorie d’entreprise fait face à des blocages dus à leurs procédures internes, à des problèmes sociaux comme la corruption, une forte présence de l’informel, ce qui entrave fortement leur accès au financement de la part des banques conventionnelles, rendant par la même leur croissance précaire et les poussant à chercher à survivre plutôt qu’à se développer. C’est dans ce contexte que la finance participative pourrait bien représenter une nouvelle option de financement à exploiter.
Le Maroc marque le pas Le 2 janvier dernier a marqué l’entrée officielle des banques participatives au Maroc. Bank Al-Maghrib a, en effet, levé le voile sur l’octroi de ses agréments à cinq banques et trois windows à savoir CIH Bank en partenariat avec la Qatar International Islamic Bank, BMCE Bank of Africa, conjointement avec le groupe saoudien/bahreini Dalla Al Baraka, Banque Centrale populaire avec le groupe saoudien Guidance (société financière spécialisée dans le financement immobilier), Crédit Agricole du Maroc avec l’Islamic Corporation for the Development of the Private Sector (ICD), filiale de la Banque islamique de développement (BID) et
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Attijariwafa bank, qui est toujours en discussion pour un futur partenariat. Les agréments de Windows ont été octroyés à la Banque marocaine du commerce et de l’industrie (BMCI), au Crédit du Maroc et à la Société Générale.S’agissant de l’autorité habilitée à régir ces nouvelles institutions financières, le Dahir du Conseil supérieur des Oulémas a été modifié de sorte à créer un Comité Charia pour la Finance participative qui sera la seule instance autorisée à émettre des Fatwas sur la conformité des produits de la finance participative aux préceptes d’un Islam modéré. Depuis l’annonce de l’obtention de ces agréments tant attendus par les banques,
celles-ci ne veulent pas perdre plus de temps et se sont engagées promptement dans la voie de ce vaste chantier. Nous avons pu avoir les réponses des principales concernées à ce sujet, à savoir les banques, qui nous ont livré leur situation à ce jour et où elles en sont dans leurs préparatifs avant l’ouverture effective des banques participatives. Nous avons voulu en savoir plus auprès des banques, principaux acteurs sur la scène de la finance islamique, et nous avons pu connaître leur état d’avancement à ce stade et comment elles se préparent actuellement pour cet important chantier à la veille du démarrage des activités des banques participatives.
il est important de rappeler que le démarrage effectif de cette activité reste tributaire d’autres éléments qui composent l’ensemble de l’écosystème de cette finance islamique, à savoir le fignolage du volet fiscal, le lancement de l’assurance Takaful et la mise en place d’un marché de capitaux à travers l’émission des Sukuks pour éviter aux banques participatives de courir un risque de refinancement.
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Attijariwafa Bank : un démarrage prévu pour le 1er semestre 2017 avec une présence dans 15 villes. Attijariwafa bank nous révèle que le management et les équipes du Groupe et de Dar Assafaa sont mobilisés depuis plusieurs années en vue du lancement de leur banque participative et bénéficient aujourd’hui d’une expérience de terrain de plus de six ans sur ce marché spécifique. En effet, Attijariwafa bank a proposé, dès 2007, une gamme de produits alternatifs et a investi, en 2010, dans une filiale dédiée «Dar Assafaa Litamwil». Dans ce sens, la banque compte offrir progressivement à la clientèle des produits de financement, d’investissement et de placement qui répondent à tous les besoins de la clientèle (particuliers et entreprises). L’offre sera complétée également, une fois que la réglementation le permettra, par les produits de bancassurance dits «Takaful». Attijariwafa bank insiste également sur le rôle clé du marketing et de la communication au démarrage des banques participatives, étant donné l’enjeu de la vulgarisation du fonctionnement des services et produits de ces nouvelles banques. BCP : 100 agences couvertes à l’ouverture et un lancement prévu pour le 1er trimestre 2017 Le Directeur général de la Banque participative du Groupe Banque populaire, Mohamed Adib, nous révèle que la banque a constitué une équipe d’experts chargés de l’élaboration des fondamentaux de cette nouvelle entité. Ainsi, plusieurs chantiers sont aujourd’hui à un stade avancé, notamment le choix et l’implémentation d’un système d’information spécifique, la définition d’un business model et sa déclinaison en stratégies commerciale et financière, le choix du nom et de l’identité visuelle, et le choix d’un réseau de distribution exclusivement dédié
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à cette nouvelle activité bancaire. Pour cela, la banque a donné la priorité à la formation de ses équipes, ainsi que l’élaboration d’un plan de communication adéquat. Concernant son offre, la banque a pour intention de proposer à ses clients une gamme de produits et services authentique et complète, notamment les services liés à la banque au quotidien, le financement adapté aux besoins du client, les dépôts d’investissements participatifs à travers un réseau dédié. Dans ce sens, la banque prévoit de couvrir l’ensemble des régions du Royaume avec le lancement d’un nouveau réseau composé d’une centaine d’agences exclusivement dédiées à cette activité. BMCI : démarrage avec les produits Mourabaha et Ijara sur une couverture de 15 agences L’équipe en charge nous informe avoir à ce jour finalisé les étapes nécessaires au socle de la BU, à savoir le volet Offre pour lequel une stratégie commerciale a été définie, mais aussi l'ALM (Trésorerie), mettant en place les outils techniques pour garantir une étanchéité, et le chantier IT (informatique) avec l'acquisition d'une solution spécifique, sans oublier les autres chantiers vitaux comme la Finance, les Risques, la Conformité. Ensuite, c’est le volet communication qui est en cours de finalisation en ce moment, avec le lancement prochain de la formation des équipes, ainsi que l'enrichissement et l'achèvement du volet juridique. S’agissant des produits qui seront commercialisés, la banque nous apprend qu’elle prévoit le lancement de deux produits dans un premier temps : la Mourabaha et l’Ijara, destinés à tous segments de clientèle (Particuliers, Professionnels et Entreprises). Quant au démarrage effectif de ses activités, celui-ci est prévu pour le 2e trimestre
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2017. Société Générale Maroc : une douzaine d’agences pour un lancement prévu au 1er semestre 2017 La priorité pour la Société Générale est d’allouer les investissements techniques et humains nécessaires, notamment pour générer une gouvernance dédiée à la fenêtre participative afin d’assurer une complète indépendance par rapport à la banque conventionnelle, dans un second temps, la banque veut s’attaquer au volet formation des compétences puis à l’investissement dans un nouveau système d’informations qui répond aux exigences légales et réglementaires de la finance participative. Concernant les produits que la banque va commercialiser, celle-ci a d’ores et déjà mené une étude de marché pour cibler les besoins spécifiques de sa clientèle, ainsi seront lancés, pour les Particuliers par exemple, une gamme complète de produits de banque au quotidien (comptes courants, cartes bancaires, service de banque par Internet, sur application mobile et par téléphone…), de produits de placement complétée d’une offre de financement, que ce soit pour les financements immobiliers ou l’acquisition de biens de consommation.
ET LES AUTRES ? Afin de compléter l’ensemble de l’écosystème de ce nouveau secteur, les pouvoirs publics s’activent également de leur côté pour pouvoir boucler le cadre légal de l’assurance Takaful, sans laquelle l’arsenal juridique des banques participatives est considéré comme inachevé. La Caisse centrale de garantie s’y met aussi pour proposer un système de garantie destiné aux futurs financements islamiques. Ainsi, la CCG bénéficie de l’accompagnement de la Banque islamique de développement (BID), pour mettre en place des solutions pour les entreprises comme pour les particuliers similaires à l’offre actuelle, apprend-on auprès de La Vie éco. Bank Al-Maghrib termine de peaufiner les circulaires, visant à réguler l’activité des banques, sans quoi les banques ne pourront pas commencer à commercialiser leurs produits. Celles-ci sont quasiment prêtes, mais leur publication attend la formation du nouveau gouvernement, comme nous l’apprend le Responsable du département de la régulation de la finance participative à Bank Al-Maghrib, Anas Belkahdir. Ce dernier précise également que l’émission inaugurale des certificats de Sukuks sur le marché souverain est prévue pour bientôt. À cet effet, la Banque Centrale est en train de préparer un programme d’émission spécifique à cette catégorie de produits.
Du commencement de la finance islamique Selon la définition de la Banque islamique de développement (BID), la finance islamique est un modèle qui équilibre les récompenses et les risques d'une manière juste et transparente. Elle relie la finance à l'économie réelle et maintient un lien à chaque étape du temps de manière juste et transparente. Les prémices de la finance islamique remontent à l’apparition de l’Islam, il y a de cela quatorze siècles, où sévissait une forme de financement consistant
à la mise en relation d’un prêteur avec un emprunteur. En ce temps, une opération menée par un entrepreneur était financée par un marchand aisé avec lequel il partageait les profits et pertes de manière équitable. Mais ce n’est qu’à partir de 1940 que les premiers principes théoriques de ce genre de financement ont été formulés, en grande partie par le théologien pakistanais Sayyid Abul Ala Maududi
les pouvoirs publics s’activent également de leur côté pour pouvoir boucler le cadre légal de l’assurance Takaful, sans laquelle l’arsenal juridique des banques participatives est considéré comme inachevé.
Dates clés de la Finance islamique 1963 : Naissance des principes financiers islamiques en Égypte. 1970 : Création de l’Organisation de la conférence islamique qui lance l’idée de la banque islamique. 1974 : Avènement de la Banque islamique de développement basée à Djedda (BID)
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1975 : Naissance de banques islamiques telles que la DubaiIslamic Bank, puis de la Kuwait Finance House et la Bahrein Islamic Bank. 1979, 1981 et 1983 : Islamisation totale des systèmes financiers des pays du Soudan, Pakistan, Iran.
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Actuellement, le système bancaire islamique n’a cessé de gagner du terrain et a continué son développement dans plusieurs pays occidentaux et autres pays musulmans dans le monde. Ainsi, la Finance islamique s’est exportée vers les pays d’Europe, d’Asie du Sud-Est et d’Afrique du Nord (Algérie, Tunisie, Malaisie, Indonésie, Suisse, Mauritanie, Syrie, États-Unis…). Le phénomène finance islamique a
également touché l’Europe qui a connu l’apparition de «guichets islamiques» ou de pro¬duits financiers destinés à une clientèle musulmane, parmi lesquelles : Citibank, HSBC, UBS, BNP Paribas. Le Royaume-Uni est aujourd'hui le leader du développement de la finance islamique en Occident.
Des principes de la finance islamique
Les principaux produits de la finance ISLAMIQUE Mourabaha : Financement de vos matières premières, fournitures et équipements, par achat sur votre ordre par la banque, puis revente avec échelonnement avec une marge commerciale fixe préalablement convenue. Ijara : Achat par la banque d’un actif mobilier ou immobilier sur votre ordre et appropriation par elle, puis mise en location à votre profit à un loyer fixe ou progressif pour une durée prédéterminée, au terme de laquelle vous avez l’option d’acheter le bien ou pas à la banque, à une valeur prédéterminée. Mousharaka : Prise de participation de la banque dans le capital de votre projet et participation à son administration selon statuts et/ou protocole d’accord, avec tous les privilèges de l’actionnaire et de l’administrateur, puis rétrocession échelonnée ou en bloc par la banque de ses parts à vous-mêmes ou à un tiers selon les clauses du protocole, à la valeur du marché ou la valeur à convenir au moment de la rétrocession. Moudaraba : Financement par la banque d’une opération d’exploitation commerciale ou industrielle déterminée, que vous conduisez en totale indépendance (avec droit de
regard de la banque), et dont les bénéfices nets sont partagés entre vous selon un prorata convenu préalablement, et dont les pertes financières sont assumées par la banque seule, sans dédommagement de vos frais de gestion. Salam : Financement de votre fonds de roulement par achat anticipé par la banque de votre production à venir de biens fongibles, à un prix dont est déduite la marge commerciale de la banque, puis revente dès livraison au prix du marché par la banque ou par vous-même pour le compte de la banque. Certificats de placement participatifs : Dépôts à terme, à rémunération variable selon le taux de rendement des investissements et placements participatifs opérés par la banque avec l’argent des déposants. Sukuks : Titres de participation à l’usufruit d’un actif immobilier ou d’infrastructure ou d’une grande opération commerciale appartenant à un émetteur, dont les revenus sont distribués aux porteurs de Sukuks. Ils peuvent être vendus sur le marché secondaire à certaines conditions et peuvent faire l’objet de remboursement par l’émetteur.
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Benchmark «Standard &Poor’s évalue le marché de la finance islamique à quelque 1.400 milliards de dollars dans son dernier rapport sur la banque islamique en Afrique du Nord. Les pays du Golfe, rien qu’à eux seuls, y pèsent déjà plus de 400 milliards de dollars». Le marché mondial de la finance islamique pèse 2.000 milliards de dollars fin 2015, ce qui représente une croissance de 7%, comme l’indique le rapport de la Conférence mondiale de la finance islamique (WIBC) et pourrait peser jusqu'à 3.000 milliards $ d'ici 2020, selon les estimations des agences de notations internationales. En Afrique subsaharienne : La part de l’Afrique dans le marché de la finance islamique demeure encore infime puisqu’elle ne dépasse pas environ 1% seulement. Mais le continent africain n’a pas encore dit son dernier mot, en chef de file le Kenya qui a rejoint à la mi-décembre le Conseil du bureau des services financiers islamiques (IFSB), un organe international basé en Malaisie. Nairobi a récemment mis en place une nouvelle loi en matière d’assurance «halal» ayant pour but de faire du pays d'Uhuru Kenyatta, un centre financier islamique de référence dans le continent africain. «L'Afrique orientale comme le reste du continent fait face à un déficit d'infrastructure sévère, avec les budgets des gouvernements qui sont sous pression, en raison de la chute des prix des produits de base et l'évolution de la géopolitique des partenaires traditionnels de développement et d'investissement de la sous-région en Europe et en Amérique. [Les instruments financiers islamiques] sont une alternative pour financer les projets en Afrique de l'Est», a déclaré Agnes Gitau, directrice Afrique de l'Est de la société britannique de conseil GBS.
années 80. La Tunisie n’est donc pas novice en la matière, et elle possède une certaine maturité de ce côté-là et la banque Centrale Tunisienne a su ériger un cadre légal petit à petit afin de mieux réussir cette transition. Il faut noter qu’une nouvelle banque islamique a vu le jour : El Wifack Leasing qui a obtenu un accord de la banque centrale pour devenir une banque islamique à part entière, dotée d'un capital de 150 millions de dinars tunisiens, la WifackIslamic Bank (WIB) devient ainsi après El Baraka et Zitouna la 3e banque islamique tunisienne. En ASIE : En Indonésie, première économie d'Asie du Sud-Est et pays musulman le plus peuplé au monde, le régulateur a pris des dispositions afin de développer le secteur financier islamique qui représente actuellement moins de 5% des actifs bancaires indonésiens. Mais c’est la Malaisie qui se place en tant que pionnière en la matière, le pays a réussi à développer un secteur bancaire islamique important qui représente 20% de l’ensemble du secteur bancaire, soutenu par un engagement actif du gouvernement et de la banque centrale au cours des 30 dernières années. Le pays détient à lui seul 72% du marché d’émission de Sukuk, confirmant sa place de leader devant l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Dans les PAYS DU GOLF : La création de la Banque islamique de développement à Jeddah en 1975 a permis de participer au rayonnement de la banque islamique dans les pays du CCG (Conseil de coopération du Golfe). Un facteur important permettant d’expliquer la réussite du modèle de la finance islamique dans cette région est le soutien politique de la part de tous les pouvoirs publics.
En Afrique du Nord (Cas de la Tunisie) : La finance islamique a fait son apparition en Tunisie depuis les www.industries.ma
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Pour y voir plus clair sur le sujet, nous avons consulté un expert en Finance Participative, Fondateur du Cabinet Abwab Consultants, Abderrhmane Lahlou.
Abderrahmane Lahlou, Fondateur-Directeur du cabinet ABWAB Consultants
IDM : A l’issu des résultats de l’enquête sur les attentes des PME vis-à-vis des Banques Participatives, combien se disent attirées par ce type de Banques ? Et pourquoi? Abdderhmane Lahlou : Les Banques Participatives constituent un secteur naissant, avec 8 institutions bancaires, une demi-douzaine de compagnies d’Assurance Takaful et quelques établissements opérant sur le marché des capitaux. Mais ce secteur, c’est aussi les milliers de TPE et PME, dont 40% ne prennent pas de crédit à la banque, et dont 58,2% de cette catégorie déclarent s’abstenir pour des raisons religieuses, selon la dernière étude d’ABWAB. C’est un vrai vivier pour les Banques Participatives. L’équipe de l’enquête a découvert des attitudes intéressantes chez les entreprises. Certaines sont certes attirées par des valeurs religieuses de conformité à la religion, et qui sont portées par leurs dirigeants, avec une forte propension à l’expression de cette croyance chez les TPE. Mais d’autres, assez nombreuses ne déclarent pas être concernées par les choix religieux, mais sont attirées par l’éthique que véhiculent ces futures banques au niveau des produits, particulièrement les produits de partage des pertes et des profits. De façon plus globale, elles sont également intéressées par l’éthique du concept de la banque participative, dont le mécanisme favorise la création de richesse économique réelle en exclusivité. Vous savez que dans le financement conforme à la Charia, on ne prête pas à l’entreprise en créditant son compte mais qu’on achète pour son compte moyennant une revente à tempérament incluant une marge commerciale ferme et irrévocable, qui tient compte de l’échéance arrêtée pour le remboursement, et j’ai pris là l’exemple de la Mourabaha. Pour l’Ijara, ce principe est encore plus manifeste. C’est ainsi qu’on finance directement la création de valeur par les producteurs économiques. IDM : On connaît aujourd’hui la problématique des PME/TPE à accéder au financement bancaire classique, croyez-vous que les Banques Participatives peuvent pallier à cette difficulté ? Si oui, comment ? Abdderhmane Lahlou : Il y a effectivement un déficit d’inclusion dans le domaine du crédit bancaire. Si on
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n’améliore pas l’accessibilité au financement, les TPE et PME vont rester de côté. Les banques participatives offrent des produits affinitaires, qui correspondent aux croyances et convictions d’une population aujourd’hui sous-bancarisée. Mais elles sont également appelées à faire preuve de proximité de leur clientèle, plus que les grandes banques, et mettre en avant les produits de financement innovants, tels que la Moudaraba ou la Moucharaka. IDM : Quels produits en particulier, parmi ceux proposés par les Banques Participatives, intéressent le plus les PME ? Abderrhmane Lahlou : Justement, des produits tels que la Moudaraba ou la Moucharaka peuvent attirer des populations nouvelles, plus que les produits islamiques de dette, tels que la Mourabaha ou l’Ijara, très assimilables à l’utilité offerte par les produits conventionnels. Mais bien entendu, ces produits sont difficiles à installer et recèlent des risques de crédit et des risques économiques plus élevés. C’est donc un dilemme. A mon avis, les produits de dette sont ceux par lesquels devraient commencer les banques participatives, car ils sont plus faciles à assimiler et peuvent financer correctement le développement des entreprises. La Mourabaha peut financer les matières premières, les équipements mobiles, voire même l’immobilier industriel et commercial. L’Ijara Mountahya bi tamlik, qui est l’équivalent halal du leasing finance également le mobilier et l’immobilier pour l’entreprise. Enfin, le Salam finance le fonds de roulement. IDM : Quels seront à votre avis les principaux apports de la Finance Islamique pour les industriels en particuliers et pour l’économie marocaine en général ? Abderhamane Lahlou : Une meilleure bancarisation des particuliers et des entreprises. Une réapparition de l’argent thésaurisé ou immobilisé dans du foncier, et son intégration dans le circuit économique productif. L’émergence d’initiatives de création ou d’extension d’activités économiques, et enfin, l’attrait de capitaux &étrangers de pays musulmans qui s’abstenaient d’investir au Maroc faute de banque islamique pour le dépôt et la gestion de leur fonds. www.industries.ma
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Reda EL HADDAJ, Directeur du Salon International de la Finance Ethique et Participative (SIFEP)
La Finance Islamique a désormais son propre Salon
Propos recueillis par Hichame RAHIOUI
Reda EL HADDAJ, Directeur du Salon International de la Finance Ethique et Participative
Il s’agit du Salon International de la Finance Ethique et Participative (SIFEP), qui s’est tenu du 26 au 28 janvier à Casablanca et qui a rassemblé des universités publiques et privées, des cabinets de conseil et de formation en finance participative, des cabinets de recrutement, des promoteurs immobiliers, des notaires, des experts comptables, des avocats, des éditeurs de livres, des associations professionnelles, tous réunis autour d’un même objectif : rapprocher les différentes parties prenantes entre elles et informer le citoyen sur ce nouveau mode de financement. Une fois clos, nous nous sommes entretenus avec le directeur du Salon, Reda El Haddaj, avec qui nous avons dressé le bilan de cette première édition. IDM : En tant qu’organisateur de la première édition du Salon international de la Finance Ethique et Participative, pouvez-vous aujourd’hui attester que cet évènement a rempli les objectifs que vous vous étiez fixé au départ ? L’un des principaux objectifs derrière l’organisation de ce salon est de promouvoir et de vulgariser la finance participative auprès du grand public et ainsi pouvoir estimer les attentes de celui-ci vis à vis des banques participatives. Cet objectif a été atteint dans la mesure où les visiteurs présents lors de cette première édition du SIFEP ont pu comprendre tous les aspects relatifs à ce mode de financement. Parmi les objectifs du SIFEP, c’est également de permettre aux professionnelles d’aller à la rencontre de leur public et échanger avec ce dernier dans le but de mieux cerner ses besoins. Enfin, le Salon a coïncidé avec l’octroi des agréments de la Banque Centrale aux banques marocaines, ce qui marque un pas important pour le Maroc dans l’instauration de la finance participative. IDM : Combien de participants et exposants ainsi que de visiteurs ont répondu présents pour cette première édition du SIFEP ? Pour cette première édition, le SIFEP a accueilli 50 exposants, et 45000 visiteurs venus de toutes les régions du Maroc et ce malgré des contraintes météorologiques ardues. C’est un nombre conséquent pour une première édition ce qui dénote d’un véritable attrait de cette finance auprès du grand public. En effet, la majorité des participants sont des personnes
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souhaitant en savoir plus sur ce type de financement, à travers les forums et conférences autour de la Finance Participative et qui ont pu, pour quelques uns, tisser des relations d’affaire sur place en acquérant des biens immobiliers par exemple auprès de promoteurs présents au Salon. IDM : À ce jour, quelle est à votre avis l’ampleur de l’intérêt que suscite la finance islamique auprès du public marocain ? Il ne faut pas oublier que la finance islamique est une finance jeune, n’ayant pas plus de 40 d’existence avec laquelle les marocains commencent à se familiariser. Néanmoins, elle suscite un réel intérêt chez la population marocaine, et ce n’est pas seulement un effet de mode comme pourrait le croire certains. À terme, la finance islamique participera inévitablement à l'accroissement du taux de bancarisation au Maroc, ce qui représente un véritable levier de croissance économique pour le pays. Même constat du coté des entrepreneurs, qui à 58,2% ont déclaré dans une étude du cabinet ABWAB, ne pas avoir recourir aux services des banques « classiques » pour des raisons religieuses, ce qui représente un véritable vivier pour les banques participatives. IDM : Vu l’engouement certain des marocains pour ce nouveau mode de financement, avez-vous considéré d’organiser une deuxième édition de ce Salon ? Si oui, quand ? Tout à fait, nous comptons faire du SIFEP un rendez- vous annuel incontournable et à dimension internationale. D’ailleurs 100% des participants ont déjà réservé leur place pour la prochaine Edition, ce qui nous ont conforté dans cette décision de reconduire le salon pour de prochaines éditions. Désormais, le salon se tiendra du 25 au 28 janvier, date marquant l’octroi des agréments aux banques participatives. Autre nouveauté, il ne se déroulera plus sur 3 mais sur 4 jours, vu le grand intérêt manifesté lors de cette première édition. Nous avons relevé quelques points d’amélioration aussi à prendre en compte pour la prochaine édition, notamment alléger le programme scientifique qui était un peu trop chargé, ce qui poussait les visiteurs à délaisser les stands au profit des forums et conférences.
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enquete avis d'expert
Dr.Mohsine Bouya, Directeur de la valorisation et des transferts
Université Internationale de Rabat
le "Crowdfunding" à l'assaut du marché marocain
Dr. Mohsine Bouya Directeur de la valorisation et des transferts Université Internationale de Rabat
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Le Crowdfunding ou le financement participatif : moteur de l'innovation et de l'entrepreneuriat Si le Maroc est sur la bonne voie dans le domaine de l’innovation et de l’entrepreneuriat (amélioration du classement mondial du Maroc), la question de financement et des levers de fonds n’est pas encore complètement résolue. Une page se tourne concernant le monde de la finance participative informel «par exemple la widadiya dans l’immobilier», après les premières demandes d’ouverture adressées à Bank Al Maghrib datant de 1984. Enfin, la finance participative est en train de vivre un avenir meilleur au Maroc, suite à l’octroi des agréments aux banques par les autorités monétaires, actuellement deux produits sur six sont réglementés à savoir la «Mourabaha» et l’«Ijara», c’est deux produits profiteront principalement aux particuliers dans le secteur de l’immobilier. Selon l’enquête publiée par Thomson Reuters en 2014, la banque marocaine participative pourrait atteindre entre 3% et 5% de l’actif bancaire total en 2018. Cela correspondrait à une part d’actifs de la banque participative entre 5,2 et 8,6 milliards de dollars. Maintenant, le rôle est aux finances pour les entreprises, en attente de l’ouverture des quatre produits restants prévus par l’article 58 de la loi bancaire : «Moudaraba», «Moucharaka», «Salam» et «Istisna’a». Le financement de l’innovation dans un environnement financier contraignant nécessite l’établissement des solutions nouvelles, à savoir le financement participatif «crowdfinding» ou financement par les particuliers (le concept de Darit ou la Siniya au Maroc). Depuis 2012, ce type de financement a connu une tournure spectaculaire après son officialisation aux États-Unis avec la modification du Jobs Act. Il s’agit d’un outil de lever des fonds, par la collecte des contri-
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butions de plusieurs prêteurs d’argent via une plateforme informatique en ligne. Aujourd’hui, ce type de financement permet de financer une association comme une PME, et ce, sans bouger de sa chaise puisque tout passe par internet. «Le crowdfunding ne fonctionne pas sans la transparence», a plaidé Jason Best, co-fondateur de Crowdfund Capital Investors. Le Crodfunding ne signifie pas uniquement charité. Si la collecte basée sur le don est la plus répandue, d'autres formes de crowdfunding existent et permettent aux porteurs de projet de mieux convaincre les internautes et autres investisseurs à soutenir leur développement. Parmi celles-ci, la pré-vente de produits développés par la start-up désireuse de commercialiser son innovation. Ce qui permet ainsi aux startups et entrepreneurs d’identifier les segments de clients cibles. Selon Jason Best, «cette méthode a prouvé son efficacité parce qu'elle permet à l'internaute de bénéficier du produit final avant tout le monde, souvent à prix réduit». «Mettre en place un cadre législatif du crowdfunding, c'est permettre une modernisation de l'économie», a souligné Jason Best. Pour lui, cette forme de financement assure une meilleure protection aux investisseurs, notamment à travers «la diffusion d'informations adéquates favorisant une prise de décision éclairée» pour les financeurs. Ce type de financement est un outil qui a besoin d’une étude profonde pour son intégration dans l’écosystème marocain par la proposition des outils souples de mise en œuvre avec la réglementation associée. Le cycle Invention-Innovation-Commercialisation est très couteux, nécessitant ainsi des solutions de financements innovantes sur le moyen et le long terme. Dans ce cadre, la promotion de l’entrepreneuriat aura des retombées sociales et économiques, voire culturelles,
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évidentes. Le marché du Crowdfunding alliant l’innovation à la finance via les TIC a atteint plus de 30 milliards de dollars avec l’émergence de plus de 1.000 plates-formes dans le monde. Selon Goldman Sachs, le crowdfunding (et notamment en prêt) devrait faire perdre 11 milliards de dollars par an aux banques américaines au cours des 5 prochaines années. Le magazine Forbes anticipe un marché de 1.000 milliards en 2020. Le financement des entreprises par la foule a connu une forte accélération en 2015, que ce soit par le don, le prêt ou l’investissement. Le cabinet américain Massolution a affiché 34,4 milliards de dollars de prêts ou de don grâce au crowdfunding en 2015 : En 2015, le marché européen des financements alternatifs a doublé de taille. Cette progression de 92% par rapport à 2014 représente un total de 5,431 milliards d’euros, dont 4,348 milliards rien que pour le Royaume-Uni. En Afrique, le financement participatif a permis de lever plus de 125 millions de dollars dans 4 régions africaines en 2015. Ce
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nouveau modèle de financement est appelé à être vulgarisé en Afrique, en complément des offres du système bancaire traditionnel. L’institution financière de Bretton Woods estime que les plateformes de crowdfunding africains devraient arriver à collecter plus de 15 milliards de dollars en 2025. D’autres révolutions se préparent dans le domaine des FinTech (marché mondial de 38,1 milliards de dollars en 2015), ces startups spécialisées dans les moyens de paiement, la banque en ligne, l’assurance ou les devises électroniques se lancent et sont l’objet de toutes les attentions des acteurs établis, des consommateurs et des pouvoirs publics : méfiance, défiance, intérêt, enthousiasme. Si le Maroc adopte un cadre législatif propre au crowdfunding, cela lui permettrait d’attirer plus d'investisseurs. Un pas en avant pour l'économie qui devrait permettre d'accélérer l'innovation, l’entrepreneuriat, et créer des emplois mais également donner la possibilité au Maroc de devenir le leader régional des FinTech.
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C’est la robolution Les robots industriels s’invitent dans les usines ! L’introduction des robots industriels dans les usines du monde entier marque un renouveau de l’industrie : une industrie 4.0 caractérisée par une interconnexion entre les machines, dont les mots d’ordre sont, entre autres, automatisation, robotisation, et Big Data, éclairage sur cette révolution en pleine expansion.
Tout le monde en parle- les ventes de robots industriels augmentent de façon exponentielle depuis quelques années - pourtant, ces sujets restent flous pour la majorité d’entre nous : personne ne connaît vraiment les enjeux de l’automatisation en entreprise. Alors que certains affirment que plus de 50% des emplois sont automatisables au Maroc, qu’en est-il vraiment ? Dans ce contexte, la question du travail se pose de plus en plus : quelle place le Maroc peut-il prendre dans cette nouvelle vague industrielle ? Comment faire face à cette crise ? Ces problématiques dépassent les frontières et inquiètent de plus
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INDUSTRIE DU MAROC
en plus. TradeMachines a voulu faire un point sur la question, tente d’apporter quelques éléments de réflexion à ce renouveau technologique, considéré par certains comme une réelle crise de l’emploi. Comment faire face à une “invasion” des robots au travail ? D’après Klaus Schwab, fondateur du Forum économique mondial (WEF), « la concurrence dans la 4e révolution industrielle va se faire sur la base de la créativité et de l'innovation, ce qui demande une grande capacité d'accès aux talents. ».
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Le principal enjeu n’est pas donc de se demander si oui ou non, des emplois seront automatisés- ils le seront certainement - mais comment s’adapter à ce nouveau modèle économique. Le secteur automobile devrait être particulièrement touché, et le Maroc, fort de son statut de champion de l’automobile, devra donc prendre les mesures nécessaires pour rester dans la course et conserver sa place de premier constructeur d’Afrique du Nord : notamment, investissements en Recherche & Développement et dans le formation. En termes d’attraction internationale, le Maroc possède aussi de nombreux atouts, Et des entreprises technologiques de premier plan viennent s’y installer, comme Thalès, qui est en train d’implanter un pôle de compétence et de production pour l’impression 3D à Casablanca. L’avenir est donc à l’innovation, et la vague d’industrialisation qui s’annonce promet aussi la création de nouveaux emplois et l’augmentation de la productivité, à condition que les entreprises concernées s’adaptent en conséquence, et arrivent à gérer la transition.
loi : tuer un humain), mais depuis quelques années, l’Intelligence artificielle est un vrai sujet. Les algorithmes sont devenus tellement complexes que certains robots sont capables de prendre des décisions !
Un enjeu reste la gestion de l’insertion des robots en entreprise Comment, justement, gérer cette douloureuse transition, au sein des entreprises ? Un élément de réponse est apporté par des entreprises comme Rethink Robotics, qui fabrique des robots collaboratifs (ou CoBots, pour “COllaborative roBOTS” en anglais). Ces robots sont capables de mieux s’intégrer en entreprise, grâce à des algorithmes plus complexes que des robots industriels classiques, qui leur permettre de travailler de façon plus autonome et logique. Par exemple, les robots Baxter ou Sawyer sont capables de modifier leur chemin pour éviter les obstacles, et peuvent apprendre de nouveaux mouvements si vous leur montrez une seule fois ! Ford s’est déjà laissé convaincre. Jusqu’où la robotique peut-elle aller ? Des scénarios à la I Robots sont bien sûr encore loin de faire la Une (un robot enfreint LA
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Intervi ew Intervi ew
Mohamed ABDELLAOUI, vice-président aux Affaires générales de l’Université internationale de Rabat (UIR)
« L’entreprise doit se rapprocher de l’Université et vice versa ».
Propos recueillis par Hichame RAHIOUI
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La R&D figure parmi les premières vocations de votre université, et l’université s’est engagée dans le développement de l’industrie. Où en est l’université en matière de Recherche et Développement Innovation orientée marché ? Dès le départ, le choix a été fait de lancer le volet R&D et d’en faire un pilier et un axe stratégique pour l’Université. De plus, le bon fonctionnement de l’IUR repose sur d’autres piliers tels que les formations initiales et continues. S’agissant de la R&D, celle-ci présente deux principaux avantages, à savoir la motivation des enseignants-chercheurs de l’établissement à travers une activité intellectuelle stimulante ou encore le fait qu’elle représente une source de revenus non négligeable, notamment par le biais de consortium avec les industriels. L’UIR a donc su fédérer autour d’elle un réseau de compétences et de partenaires prestigieux académiques et industriels grâce à la mobilisation de la diaspora universitaire marocaine et l’insertion dans des consortiums et des laboratoires internationaux labellisés. Dans ce sens, la vision de l’UIR en matière de Recherche et Développement s’appuie également sur sa capacité à mobiliser et encourager les chercheurs nationaux et internationaux à déposer des brevets, ainsi qu'à nouer des partenariats stratégiques avec les entreprises et les grandes universités et les organismes de recherche pour mettre ainsi en contact notamment des industriels européens avec des industriels marocains. Aujourd’hui, il est clair que l’UIR a fait le choix d’accompagner le développement du pays en s’alignant sur les principaux axes de restructuration, et s’est engagé pour cela sur la voie des grands projets structurants du Royaume, à savoir les projets énergétiques, l’émergence industrielle, l’agriculture, l’initiative de développement humain. Que pensez-vous de la réalité du marché de l’emploi au Maroc, et comment l’UIR l’appréhende-t-elle ? Le marché de l’emploi actuel est certes difficile, et demeure marqué par un problème d’adéquation entre l’offre et la demande et dans lequel l’entreprise peine à trouver le profil le plus en accord avec ses besoins. Actuellement, le monde professionnel cherche des compétences aussi bien techniques que managériales, capables de s’adapter et de travailler dans un environnement changeant et multiculturel. Ainsi, l’UIR essaie de pallier cette problématique, notamment en dispensant des modules management-développement personnel. La maitrise des langues est aussi un aspect important qui permet de compléter un profil et de le
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rendre plus à même de répondre aux exigences du marché de l’emploi actuel. Le chômage est, pour une grande part, dû à une non-spécialisation des compétences, qui ne sont pas en concordance avec les grandes stratégies sectorielles du pays. À titre d’exemple, depuis quelques années, le Maroc a fait le choix de s’orienter vers le secteur aéronautique. Il a été donc clair pour l’UIR qu’il fallait suivre cette dynamique et former des compétences dans ce sens. Dans sa globalité, l’Université doit être à l’écoute du marché et vice versa. Elle doit également créer des liens et partenariats qui aboutiront à la formation de profils en adéquation avec ce que recherchent les entreprises. Et pourquoi pas avoir des secteurs d’activité qui peuvent aider à financer des formations dans ce sens, comme ce qui se fait de plus en plus à l’étranger où nous avons l’exemple d’entreprises qui font les programmes scolaires des universités. Le plan d'accélération industriel ouvre des perspectives de développement stratégique pour le secteur de l'industrie. Aujourd'hui, force est de constater que ce secteur peine encore à trouver les compétences nécessaires. Quel rôle joue votre université dans ce contexte ? Nous avons anticipé cette problématique en ouvrant des formations adaptées aux stratégies sectorielles mises en place, mais nous devons rester en alerte et poursuivre la veille et créer des plateformes de discussions et de partages avec les industriels. Nous sommes très à l’écoute des besoins en formation, mais on a fait un choix stratégique limitant le nombre de secteurs que nos formations peuvent couvrir, on ne peut pas prétendre pouvoir répondre aux besoins de tous les secteurs, ce serait dangereux pour la qualité de nos formations, mais nous restons disposés à y réfléchir et à apporter avec les responsables concernés une solution ou une amélioration dans ce sens. Quel message adresseriez-vous aux industriels? Je leur conseillerais de se rapprocher de l’université, comme cela se fait de plus en plus dans les universités américaines par exemple, dont la clé du succès est qu’ils soient très proches du monde de l’industrie. Il est primordial que l’industrie croie aussi en l’Université marocaine dans sa globalité, en définissant des cadres et projets et en développant des axes de recherche. Voyez-vous, le train du progrès est en marche, et il n’est pas prêt de s’arrêter de sitôt, il faut donc que les cadres de demain puissent suivre la cadence.
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Rse Intervi ew
Said Sekkat, PRÉSIDENT DE LA COMMISSION RSE ET LABELS AU SEIN DE LA CGEM «La nouveauté cette année, c’est un programme de formation destiné aux entreprises dans différentes régions ». Propos recueillis par Sarah Maache à travers le Label ou autre, les entreprises structurées ont toutes une démarche à des degrés divers. Le reporting RSE ou extra-financier se développe de plus en plus, notamment dans le secteur bancaire. D'ailleurs, le président du GPBM a récemment lancé une feuille de route pour renforcer et harmoniser la démarche RSE des organismes financiers. Les conférences sur la RSE ou ses sujets transverses attirent toujours beaucoup de monde. Des livres et de multiples thèses ont été rédigés sur le sujet. Des sites dédiés ont été créés, dont le nôtre en juin dernier (rse.cgem.ma). Des Associations sur la RSE organisent régulièrement des activités. Notre commission a beaucoup de travail et nous sommes fiers de dire que c’est l’une des plus actives de la CGEM.
La RSE est une approche nouvelle sur le marché marocain. A-telle connu le développement escompté ? Le concept de Responsabilité sociale des entreprises a commencé à prendre forme au niveau international au début des années 2000. On a commencé à en parler au Maroc la première fois en 2005 lors des Intégrales de l’investissement à Skhirate. La CGEM a alors créé une commission spécifique et a adopté fin 2006 sa Charte RSE. Celle-ci s’inspire des référentiels internationaux, tout en s’adaptant au contexte local. Dans la foulée, la CGEM a créé en 2007 un Label RSE, destiné aux entreprises qui ont fait évaluer leur conformité par rapport à cette Charte. Cette double initiative a permis progressivement de faire connaitre la RSE et de proposer aux entreprises des outils pour donner une réalité concrète à leur démarche. Depuis, nous constatons une évolution très nette qui montre que l’intérêt pour la RSE n’était pas un effet de mode mais suscite de plus en plus l’intérêt des entreprises. Que ce soit 54 N° 22 Mars 2017
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Quels obstacles minent aujourd’hui le développement de la RSE au Maroc ? Il n’y a pas d’obstacle particulier mais on peut toujours faire mieux. À notre niveau et à part les projets évoqués plus haut, nous aimerions labelliser plus de PME et plus d’entreprises dans les régions. À travers la réforme de la Charte, nous avons mis l’accent sur certains aspects qui sont aujourd’hui à prendre davantage en considération : il s’agit par exemple d’intégrer la Charte de «bon payeur» de la CGEM pour améliorer les relations de paiement entre les entreprises ; de renforcer le respect des Droits humains, notamment à travers le renforcement de la diversité, de préciser ce qu’il est attendu de l’entreprise en matière de préservation de l’environnement. L’État également doit plus s’investir à travers non seulement les entreprises publiques, mais aussi les autres organisations étatiques. On parle alors de RSO : Responsabilité sociale des organisations. Un récent rapport du CESE va dans ce sens, tout en citant en exemple les initiatives de la CGEM. Nous arriverons alors progressivement et en élargissant les cercles vertueux à remplir l’un des objectifs essentiels qui est l’amélioration globale du climat des affaires, au profit de l’ensemble des parties prenantes. Vous avez entrepris au cours de l’année 2016 une vaste démarche de sensibilisation des entreprises à la RSE, à travers la conduite de formations dans tout le Royaume. Quel bilan dressez-vous de ces actions ? La sensibilisation et l’information aux entreprises font l’objet www.industries.ma
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d’une démarche permanente de notre commission à travers deux axes : la communication sur la RSE et la promotion du Label. La nouveauté cette année, inscrite dans notre plan d’action, c’est un programme de formation destiné aux entreprises dans différentes régions. Le but est de dépasser le stade de la sensibilisation pour proposer des formations complètes afin d'aider les entreprises dans le déploiement de leur démarche. La seconde intention est de sortir de l’axe Casa-Rabat où sont concentrées la majorité des actions. Quel plan d’action déployez-vous pour 2017 ? Les Commissions thématiques de la CGEM suivent généralement les mandats de son ou sa président(e). Pour notre 2e mandat de 3 ans, on a considéré qu’il serait utile de faire un bilan à mi-parcours. Nous allons constater les actions d’ores et déjà réalisées : telles que la mise à jour du processus de Labellisation, le renouvellement des cabinets accrédités, la réforme de la Charte, la création d’une plateforme RSE, d’un Guide pour l’insertion professionnelle des personnes en situation de handi-
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cap, etc. La liste serait trop longue pour être exhaustive. Nous allons aussi faire le point sur les projets en cours, portés par les différents groupes de travail : Communication & promotion, Accompagnement, Partenariat et International. Nous allons certainement faire un focus sur ce dernier au regard des actions entreprises fin 2016 pour une reconnaissance internationale du Label. Nous avons dans ce sens participé à une rencontre internationale à Pékin des organismes travaillant sur la norme ISO, en vue d’un éventuel rapprochement avec notre référentiel. Nous avons aussi initié deux side-events lors de la COP22 : l’un pour créer le réseau Pacte mondial au Maroc et l’autre pour lancer l’initiative d’un réseau africain de la RSE. Il s’agit aujourd’hui de donner corps à ces initiatives pour renforcer, et faire savoir au-delà de nos frontières, l’expertise marocaine sur la RSE. Ce sera aussi l’occasion de remercier tous les bénévoles qui, en donnant de leur temps, nous permettent de concrétiser toutes ces actions.
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R&D
La plus haute tour solaire verra le jour en 2018 Baptisée Ashalim, la plus haute solaire sera dressée dans le désert de Néguev (sud d’Israël). D’une hauteur de 250 mètres de haut, aussi haute qu’un immeuble de 80 étages, la plus haute tour est en cours de construction dans la région de Néguev au sud d’Israël. À son extrémité, elle disposera d’une immense chaudière qui recueillera les rayons de soleil afin de les transformer en électricité. Au pied de la tour reposera un champ solaire gigantesque composé de milliers de miroirs, répartis sur une surface équivalente à 400 terrains de football. Prévue pour être finalisée à la fin de cette année ou début 2018, cette tour aura une production quotidienne de 310 mégawatts, soit de quoi alimenter une ville de 130.000 habitants. Notons que la tour solaire d’Ashalim détrônera au passage celle de Californie, qui culmine à 137 mètres.
Le rêve brisé (ou pas) de Google Google capitule… ou pas. Rendre l’accès universel à Internet grâce à des drones, tel était l’objectif du géant de la Silicon Valley à travers le projet de drones solaires. Un projet finalement abandonné lors d’une annonce officielle faite par sa maison-mère Alphabet. Pour concrétiser son projet, Google avait racheté il y a trois ans une Startup spécialisée, Titan Aerospace. Mais en mai 2015, un appareil s’est écrasé au Nouveau Mexique (États-Unis) à l’occasion d’un test en vol. Un échec pour le géant américain. Mais que les détracteurs de Google rangent leur scepticisme. La firme américaine est à l’étude d’un autre projet, celui de remplacer les drones par des montgolfières, en espérant que le résultat soit positif cette fois.
Vahana, la «voiture volante» d’Airbus Vous avez toujours rêvé de voler en voiture façon Retour vers le futur ? Airbus pourrait bien réaliser ce vœu. Le constructeur aéronautique européen a annoncé être en train de travailler sur une voiture volante autonome nommée «Vahana». Cette idée serait née du fait des problèmes liés au transport urbain comme les embouteillages, fléau commun aux villes à forte population. Un prototype est en expérimentation dans la très célèbre Silicon Valley et une première démonstration du véhicule volant est attendue avant la fin de l’année. Attention tout de même à Airbus, qui ne serait pas le seul à travailler sur ce programme. Uber pense lui aussi à développer des appareils volants autonomes. Qui sera le premier à dévoiler son modèle ? La compétition est lancée.
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h igh-tech
«Alexa», la voix (féminine) d’Amazon Imaginez votre réfrigérateur ou votre téléviseur vous assister (par la parole) pendant leur utilisation. Le spécialiste du E-commerce, Amazon, rend cette expérience possible grâce à Alexa, un outil de synthèse vocal. Alexa diffère des autres concurrents du même type comme Apple (Siri) et Google (Now et Assistant), car il s’intègre à la plupart des appareils connectés, allant de l’aspirateur en passant par la voiture ou encore le thermostat. Les concessionnaires Ford et Volkswagen ont d’ores et déjà annoncé l’intégration de cette nouvelle technologie à leurs modèles de voitures. Avec Alexa, Amazon compte bien devenir un élément incontournable dans l’équipement des objets connectés.
Le «selfie drone» Les fans de selfies seront ravis par ce nouveau gadget. Les concepteurs de drones ont trouvé le moyen de pousser le narcissisme 2.0 encore plus loin : se faire prendre en photo par un drone. Il fallait y penser ! L’appareil, un drone pliable et léger, avec des capteurs pour le visage, pourra suivre son utilisateur au gré de ses déplacements et immortaliser ses moments. Doté d’un appareil photo et d’une caméra qui filme en 4K ou en Ultra-haute définition (UHD), Ce drone fournira des images et des videos de très haute qualité. Pour séduire les acheteurs, les fabricants proposent des drones de différentes couleurs aux formes plus ou moins variées. Le contrôle de ces engins se fait par une application téléchargeable sur smartphone ou tablette.
Nissan Key Note, la voiture connectée L’univers automobile a bien pris en marche la révolution technologique et celle des objets connectés. Le constructeur japonais Nissan a dévoilé sa voiture connectée et autonome, lors du Consumer Electronic Show (CES) 2017. Ce véhicule, équipé d’une intelligence artificielle, assiste le conducteur et lui propose plusieurs options et services allant de la prévention routière aux informations sur la météo. Les chanceux qui auront le plaisir de posséder cet engin futuriste, pourront s’occuper à autre chose, la voiture étant en conduite automatique. Ce qui n’est pas forcément recommandé par les concepteurs.
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COMPÉTENCE ET EXPERTISE AU SERVICE DE LA COMPÉTITIVITÉ DES ENTREPRISES
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