Industrie du Maroc Magazine N˚46

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DESIGN INDUSTRIEL L'ENVOL AFRICAIN

TRANSPORT & LOGISTIQUE UN PUISSANT LEVIER INCONTOURNABLE ! P.34-41

AGRICULTURE SIAM POLITIQUE AGRICOLE: ACCORD ENTRE LE MAROC ET L'AFRIQUE

P.42-65

Directeur de publication : Hicham RAHIOUI

P.74-75

N° 46 Mai 2019 - Prix Maroc 120 DH

LA FORMATION : CHEVAL DE BATAILLE DU ROI MOHAMMED VI !

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VOUS ÊTES PORTEURS DE PROJETS DANS LE DOMAINE DU DÉVELOPPEMENT, DE L’AMÉNAGEMENT ET DE LA GESTION DES ZONES INDUSTRIELLES AU MAROC ?

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fonzid@mcamorocco.ma N° 46 Mai 2019 (212) 5 38 01 32 50 / (212) 5 38 01 32 51 INDUSTRIE DU MAROC


ÉDITO HICHAM RAHIOUI

Directeur de publication redaction@industries.ma

LE SECTEUR DE L'EMPLOI S'ANNONCE SOUS DE BONS AUSPICES...

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00.000 emplois seront pourvus d’ici 2020 ! Une bonne nouvelle qui vient clore ce 1er trimestre de l’année en cours. Le bilan de l’emploi du PAI présenté par le ministre de l’Industrie Moulay Hafid Elalamy en avril, est prometteur. A ce jour, 81% de l’objectif fixé pour 2020 ont été atteints avec la création de plus de 400.000 emplois. Un chiffre corroboré par les résultats d’une étude réalisée conjointement par la CNSS, la DGI et l’Office des changes. Une stratégie pour la création d’emplois, qui fait ses preuves, grâce notamment aux 49 écosystèmes, créés jusqu’ici dans les différentes filières industrielles, et qui portent en eux, dans les contrats de performances, cette vocation à faire de l’emploi un vecteur de réussite. Selon cette étude, 405.496 nouvelles inscriptions ont été enregistrées à la

Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), dont 49% des postes sont occupés par des femmes et 21% du total des emplois est créé par 10% des entreprises qui opèrent dans le cadre de ce plan. Autre bonne nouvelle, le niveau des exportations industrielles du Royaume a augmenté, passant de 161 milliards de dirhams en 2013 à 240 milliards de dirhams en 2018, soit une hausse de 79 milliards de dirhams en cinq ans. Des résultats qui vont dans le sens du discours royal prononcé en 2018 à l’occasion du 65e anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple. Exprimant Sa « consternation» face au taux de chômage des jeunes qui reste élevé en dépit du niveau de croissance économique atteint globalement par le Maroc, le Souverain avait encore une fois pointé du doigt l’inadéquation entre

la formation et l’emploi et un système éducatif qui «fonctionne comme une machine à fabriquer des légions de chômeurs», et ce malgré les multiples efforts déployés pour favoriser l’insertion professionnelle des jeunes. Sans oublier la fuite des compétences vers l’étranger à la recherche de meilleures conditions. A ce titre, le Roi avait appelé à «une réflexion sérieuse et responsable sur cette question, pour que soient créés un climat attractif et des conditions idéales qui inciteront ces compétences à s’installer et travailler au Maroc. Pour remédier à toutes ces problématiques, le Souverain avait tracé six orientations qu’Il a adressées au gouvernement et aux acteurs concernés. Un shéma qui devrait être dupliqué et qui pourrait servir de modèles à d'autres secteurs.

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SOMMAI RE BREVES - HCP UNE ÉCONOMIE NATIONALE EN BAISSE SUITE À UN RECUL DES ACTIVITÉS AGRICOLES -CLIMAT DES AFFAIRES APPROBATION DE DEUX PROJETS POUR LE RENFORCEMENT DE LA COMPÉTITIVITÉ DES ENTREPRISES MAROCAINES 6

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EVEN EMENT MOULAY HAFID ELALAMY SALUE LES PERFORMANCES DE MAROC PME

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DESIGN I N DUSTRI EL L'ENVOL AFRICAIN INTERVIEW - HICHAM LAHLOU DESIGNER INTERNATIONAL - MEMBRE EXÉCUTIF DE L'ORGANISATION MONDIALE DU DESIGN - LUISA BOCHIETTO ARCHITECTE ET DESIGNER

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INDUSTRIE DU MAROC

Directeur commercial et marketing Akram ESSABBAHI

Publicité

Rida BEN SOULTANE Mustapha RAKIB Achraf BARBARA

Responsable système d’information Abdelaaziz RAHIOUI

Logistique

Amine RAZZOUK Abdelaziz CHELHI Fatima SAIGHE

Impression Distribution Dépôt légal 2013 PE 0109 ISSN  : 2351-7905 Dossier Presse Aut. 2013 N°32

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AGRICULTURE SIAM POLITIQUE AGRICOLE : ACCORD ENTRE LE MAROC ET L'AFRIQUE

DÉPARTEMENT COMMERCIAL ET MARKETING

Sochepress

I NVESTISSEMENT L’INDUSTRIE ENCORE ET TOUJOURS LE PRINCIPAL POURVOYEUR D’EMPLOIS AU MAROC!

Khalil LEBRIGUI Lotfi FETOUH

Bahi print

DIGITALISATION CASABLANCA SAS DÉVOILE SON PLAN D’INVESTISSEMENT DE 1 MILLIARD DE DOLLARS

Infographie

Nour El Houda AZENCOD

CONSTRUCTION UNE NOUVELLE PIERRE À L’ÉDIFICE POUR LES ÉCOSYSTÈMES MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION !

Sarah MAACHE Asmae BOUKHEMS Samia ROCHDI Ismaila SY SAHADE

Responsable communication

TRANSPORT & LOGISTIQUE LA LOGISTIQUE : UN SECTEUR D’AVENIR POUR LE MAROC! INTERVIEW - ALI BERRADA PRÉSIDENT DU SALON LOGISMED - MEHDI MOUHAJIR DIRECTEUR DES PROJETS INDUSTRIELS BOLLORÉ TRANSPORT & LOGISTICS MAROC - JALAL BENHAYOUN DIRECTEUR GÉNÉRAL DE PORTNET S.A TRIBUNE - RACHID TAHRI PRÉSIDENT DE L'OMCL

Omar ZERROUALI

IDM BUSINESS TV

SECTORI EL TURKISH AIRLINES VISE LE MAROC

Rédacteur en chef

Youssef BERRAK

R&D INTERVIEW - CHARLES ALBERT PAULOS DIRECTEUR DES LABORATOIRES CHEZ COLORADO

Directrice administrative et financière

Rédaction

FORMATION FORMATION UNE ÉQUATION À PLUSIEURS INCONNUES!

Hicham RAHIOUI

Nadia AYAD Hanane KOUFA

ACTUALITES -PLAN D’ACCÉLÉRATION INDUSTRIELLE 500000 EMPLOIS D’ICI 2020

Directeur Général et de publication

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Adresse

1, 7éme étage, Apt 19, Angle Rue Al Aarar et Avenue Lalla Yacout Casablanca - Maroc .

Tél : 05 22 26 04 51 Fax : 05 22 27 07 75 Email : contact@industries.ma


N°46 Mai 2019 INDUSTRIE DU MAROC

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BREVES

HCP Une économie nationale en baisse suite à un recul des activités agricoles L’économie nationale aurait progressé de 2,3%, au premier trimestre 2019, au lieu de +3,3% à la même période une année auparavant, pâtissant d’une baisse de 4,8% des activités agricoles. La valeur ajoutée hors agriculture aurait augmenté de 3,3%, en variation annuelle, portée particulièrement par les mines, les industries manufacturières et les services. Au deuxième trimestre 2019, la croissance des activités hors agriculture se poursuivrait au même rythme que le trimestre précédent. Compte tenu d’une baisse de 4,3% de la valeur ajoutée agricole, l’économie nationale s’améliorerait de 2,4%, au lieu de +2,5% au deuxième trimestre 2018, et ce selon la dernière note de conjointure du Haut Commissariat au Plan. S’agissant de l’économie mondiale, le climat conjoncturel dans les pays avancés serait resté atone au premier trimestre 2019. Dans la zone euro,

l’activité aurait progressé de 1,2% en rythme annualisé, au lieu de +1,6% un an plus tôt, impacté par la contraction de la croissance italienne et le moindre dynamisme de l’économie allemande. Cette dernière, plus exposée au ralentissement du commerce mondial, aurait été affectée par l’essoufflement du secteur automobile pendant deux trimestres consécutifs suite à l’entrée en vigueur de la nouvelle norme antipollution au 1er septembre 2018. En France et en Espagne, l’activité aurait fait preuve de plus de résilience, soutenue principalement par la demande intérieure. Pour sa part, la croissance américaine aurait décéléré, sous l’effet du ralentissement de la consommation des ménages et de la baisse des dépenses publiques liée au shutdown. De son côté, l’activité britannique aurait de nouveau ralenti, pénalisée par le contexte d’attentisme lié à l’issue de l’accord sur le Brexit. Dans les pays

émergents, l’activité aurait évolué moins favorablement au premier trimestre 2019. En Chine, la croissance aurait décéléré pour être pénalisée par l’atonie de la demande aussi bien extérieure qu’intérieure.

Climat des affaires

Approbation de deux projets pour le renforcement de la compétitivité des entreprises marocaines

C’est acté. La Chambre des représentants a approuvé deux projets de loi relatifs à l’amélioration du climat des affaires au Maroc. Il s’agit du projet de loi n°20.19 modifiant et complétant la loi n°17.95 relative aux sociétés par actions et le projet n° 5.96 portant sur la société en nom collectif, la société en commandite 6 N° 46 Mai 2019

INDUSTRIE DU MAROC

simple, la société en commandite par actions, la société à responsabilité limitée et la société en participation. Ces deux projets ont été approuvés lors d’une séance présidée par Habib El Malki, président de la Chambre, en présence du ministre de l’Industrie, du commerce, de l’investissement et de l’économie

numérique, Moulay Hafid El Alamy. Ils visent le renforcement de la compétitivité des entreprises marocaines, la consolidation de la transparence et de la bonne gouvernance, ainsi que l’amélioration du climat des affaires dans le royaume conformément aux pratiques internationales en vigueur. L’adoption des deux projets en question constitue un pas en avant dans la modernisation et le développement du système juridique encadrant les activités des finances, des affaires et des investissements au Maroc, dans l’optique d’intégrer la liste des 50 forces économiques en matière du climat des affaires d’ici la fin de la législature en cours.


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ACTUALITES

Plan d’Accélération Industrielle 500000 EMPLOIS D’ICI 2020 LE BILAN DE L’EMPLOI PRÉSENTÉ PAR LE MINISTRE DE L’INDUSTRIE, DU COMMERCE, DE L'INVESTISSEMENT ET DE L’ÉCONOMIE NUMÉRIQUE MOULAY HAFID ELALAMY, AU CONSEIL DU GOUVERNEMENT, CONFIRME LA PERTINENCE DES ENGAGEMENTS ET DE LA DÉCLINAISON DU PLAN D’ACCÉLÉRATION INDUSTRIEL.

S

ur les 500.000 emplois prévus en 2020 dans le cadre du Plan d’Accélération Industriel, 405.496 postes d’emploi ont déjà été créés. Un chiffre encourageant dévoilé par le Ministre de l’Industrie du Commerce, de l'Investissement et de l’Économie numérique lors du bilan de l’étude portant sur l’emploi dans le secteur industriel, réalisée en collaboration avec la Caisse nationale de sécurité sociale

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INDUSTRIE DU MAROC

Réalisé par Ghizlaine BADRI

(CNSS), les services de la Direction générale des impôts (DGI) et l’Office des changes. Durant cette présentation, les chiffres annoncés confirment la réalisation de 81% de l’objectif fixé pour l’année 2020. 49% des postes créés sont occupés par des femmes et 21% de ces emplois sont créés par 10% des entreprises mises en place suite au lancement du Plan d’Accélération industrielle (2014-2020). Le Ministre

de l’Industrie a enregistré le progrès notable en matière d’exportations industrielles du Royaume, passées de 161 milliards de dirhams (MMDH) en 2013 à 240 MMDH en 2018, soit une hausse de 79 MMDH en cinq ans, notant que ce développement s’explique par les bonnes performances enregistrées par certains secteurs, dont l’industrie automobile.


ACTUALITES

Une stratégie payante Les exportations de ce secteur se sont élevées à 65,1 MMDH à fin 2018, contre 31,7 MMDH en 2013, avec l’intégration d’une valeur ajoutée industrielle pouvant atteindre 60% chez certaines entreprises. De même, les exportations du phosphate se sont situées à 51 MMDH l’année dernière (32 MMDH en 2013), tandis que celles du textile ont augmenté à 38 MDDH (32 en 2013). S’agissant des exportations des

industries agroalimentaires, elles sont passées de 21,5 MMDH en 2013 à 32,3 MDH l’an dernier. La réussite d’un tel modèle repose aussi sur la mise en place d’outils de soutien adaptés aux besoins des opérateurs, notamment un appui financier à l’investissement, une palette de formations permettant de qualifier des « profils cibles ». À titre d’exemple, sur le plan de la formation des ressources humaines, un travail minutieux a été réalisé pour

ventiler de façon précise les 485 450 emplois à créer par an, par profil de compétences et par région. Une cohérence et une capacité de projection qui ont rendu cette stratégie plus efficace que les précédentes. Un dossier auquel s’était attaqué le ministre de l’Industrie dès sa reconduction au sein du nouveau gouvernement. Un gage de continuité pour une politique industrielle qui produit des résultats.

Ces feuilles de route par branche d’activité ont accaparé plus de la moitié du soutien financier engagé par l’État, l’autre moitié est revenue, à parts égales, aux PME et aux grands projets. Cet appui est bien entendu adossé à des investissements, qui, à terme, devraient générer pour le pays un chiffre d’affaires

supplémentaire à l’export. Autant d’indicateurs qui tendent à confirmer que l’objectif du PAI de porter la contribution du secteur industriel au PIB national à 23 % à l’horizon 2020, contre 14 % en 2014, sera largement atteint.

Des résultats probants D’importants progrès ont été réalisés dans le cadre du Plan d’intégration industrielle (2014-2020). Pas moins de 49 « écosystèmes » ont été lancés, dans différentes branches industrielles, qui ont déjà permis de sécuriser 98 % de l’objectif de création d’emplois escompté.

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INDUSTRIE DU MAROC


EVEN EMENT

MAROC PME MOULAY HAFID ELALAMY SALUE LES PERFORMANCES DE MAROC PME DANS LE CADRE DE LA STRATÉGIE CLÉ PRÔNÉE PAR LE MINISTRE DU COMMERCE ET DE L’INDUSTRIE, MOULAY HAFID ELALAMY, ANNONCÉE LORS DE LA CONFÉRENCE DE PRÉSENTATION DU BILAN ET DES PERSPECTIVES DE L’AGENCE MAROC PME, TENUE LE 03 AVRIL À RABAT, MAROC PME ÉLARGIRA SON PÉRIMÈTRE SECTORIEL AFIN DE LE FAIRE CONVERGER AVEC D’AUTRES DÉPARTEMENTS ET RÉGIONS. Réalisé par Ghizlaine BADRI

Une vision transversale en adéquation avec le PAI C’est dans le cadre de la présentation du bilan 2014-2018 de Maroc PME en phase avec le cadre stratégique d’intervention découlant du Plan d’Accélération Industrielle (PAI) que le ministre de l’Industrie, Moulay Hafid Elalamy, a précisé sa vision des actions menées par Maroc PME qui tend à travailler en symbiose avec les différents départements ministériels, des Centres régionaux d’investissement (CRI), ainsi que de l’Agence marocaine 10 N° 46 Mai 2019

INDUSTRIE DU MAROC

de développement des investissements et des exportations (AMDIE) et des chambres de commerce. Dans ce cadre, Maroc PME annonce trois leviers d’action qui seront mis en place à l’horizon 2025 qui consistent en l’élargissement du périmètre de l’agence en convergence avec les stratégies sectorielles et les Programmes de Développement Régionaux, ainsi que la création des représentations régionales de Maroc PME avec la mobilisation de ressources

humaines qualifiées dans les régions et le renforcement des partenariats locaux ciblant les TPE. Maroc PME s’inscrit donc dans une démarche pluridisciplinaire prônant plus de synergies entre le potentiel de croissance des entreprises et les foyers d’innovation dans les territoires s’appuyant sur 3 piliers, la croissance et la transformation des entreprises, le soutien des berceaux de créativité des


EVEN EMENT jeunes et une compétitivité territoriale. Dans le cadre de cette vision multicanal, Moulay Hafid Elalamy a rappelé le rôle central des CRI dans les régions pour identifier les problématiques que connaissent les entreprises. En symbiose avec Maroc PME, les 12 Chambres de commerce proches des porteurs de

projets dans les régions pourront agir à travers des contrats programmes signés avec l’État pour un montant de 420 MDH. L’autre projet phare de l’agence porte sur la digitalisation du parcours de l’auto-entrepreneur et ceci grâce à une application sous forme de Market place qui permet aux clients

de noter les entrepreneurs individuels. Une notation qui sera à l’avenir une base d’évaluation ou un credit rating pour l’accès aux marchés publics, selon le secrétaire d’État à l’Investissement Othman El Ferdaous. Un projet novateur qui ne manquera pas de booster l’autoentrepreneuriat au Maroc.

registre. «Notons également que 31% des auto-entrepreneurs inscrits sont des femmes. L’écosystème des auto-entrepreneurs s’est enrichi avec la formation de 355 conseillers en entrepreneuriat et l’accompagnement de 2.786 auto-entrepreneurs» a déclaré Hassan Bakhouch, directeur de Maroc PME. Pour sa part, Hassan Bakhouch, DG par intérim de Maroc PME, a souligné que ces auto-entrepreneurs ont participé à raison de 11,5 MDH aux recettes fiscales de l’État pour un chiffre d’affaires de 648 MDH. Elalamy n’a pas caché sa satisfaction du rendement de l’agence durant les 5 dernières années exhortant par la même occasion les secteurs gouvernementaux à y recourir en matière d’accompagnement de l’investissement pour les PME Othman El Ferdaous a pour sa part ajouté, que durant cette période, 22%

des entreprises ayant bénéficié de l’accompagnement de Maroc-PME opèrent dans le secteur du textile et 15% dans la filière de l’agro-industrie, des secteurs à fort potentiel qui participent à la croissance économique du pays. Lors de cette présentation, Moulay Hafid Alamy s’est dit « très satisfait » des réalisations accomplies par l’Agence ces cinq dernières années, relevant que « Maroc PME » travaille aujourd’hui suivant une nouvelle démarche, dans le cadre d’une vision et d’une feuille de route fixées par le ministère en disposant des moyens financiers nécessaires pour accompagner au mieux les entités qui présentent un fort potentiel de développement. Il a d’ailleurs proposé un élargissement à d’autres secteurs notamment le tourisme et l’artisanat qui sont caractérisés par une forte densité de PME au potentiel encore sous exploité.

Un bilan 2014-2018 encourageant Lors de cette présentation, Maroc PME a dressé un bilan positif de la période 2014-2018. Durant ces 5 ans, l’agence a pu accompagner 8.899 bénéficiaires couvrant les TPME, les auto-entrepreneurs et les porteurs de projets. Dans le détail, l’Agence a accompagné 1.094 TPME pour la réalisation de 1.508 projets individuels d’investissement d’amorçage, de croissance et de reconversion d’une part, et d’assistance technique d’autre part. Ces projets d’accompagnement représentent un investissement global de 7,1 MMDH, avec un engagement de création de plus de 75.984 emplois. Par ailleurs, dans le cadre de l’accompagnement du déploiement du statut de l’auto-entrepreneur, l’agence enregistre, au 31 mars 2019, plus de 123.075 demandes d’inscription au Registre national de l’auto-entrepreneur et plus de 99.256 inscriptions audit

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INDUSTRIE DU MAROC


FORMATION

Formation

UNE ÉQUATION À PLUSIEURS INCONNUES! LA QUESTION DE LA FORMATION EST UN DÉFI CRUCIAL POUR LE MAROC. AINSI, DANS CETTE DYNAMIQUE DE CROISSANCE ÉCONOMIQUE QUE CONNAIT LE ROYAUME, UNE POLITIQUE DE DÉVELOPPEMENT PERMETTANT L’ARRIMAGE ENTRE LA FORMATION ET L’EMPLOI S’IMPOSE. A L’INTERNATIONAL, LE SUJET EST D’ACTUALITÉ. LES GRANDS ACTEURS DEMEURENT CONSCIENTS DU VÉRITABLE ENJEU QUE REPRÉSENTE LA FORMATION. Dossier réalisé par SARAH MAACHE & ISMAILA SY SAHADE

Contexte général : 8e édition du salon «LOGISMED» !

L

’insertion sur le marché de l’emploi peut être conditionnée par l’existence ou non d’un diplôme et la valeur accordée à ce diplôme, par le manque de capital humain et social et par la situation du marché du travail. Les difficultés d’insertion sur le marché de l’emploi peuvent se manifester aussi par une exposition de la population active à une situation d’inadéquation entre les qualifications et les exigences de l’emploi. En effet, de plus en plus 12 N° 46 Mai 2019

INDUSTRIE DU MAROC

de diplômés trouvent des difficultés à s’insérer dans le marché de l’emploi, et nombreux sont ceux qui restent en chômage ou s’offrent un emploi dont les exigences en qualification ne correspondent pas à leur niveau de formation. C’est donc en clair une problématique très évidente qui mérite d’être abordée sur tous ses angles. Car le Maroc dans sa dynamique de croissance économique a plus que besoin de ressources humaines

fiables, compétentes, et spécifiques pour soutenir et stimuler son développement. C’est dans cet élan que le ministre de l’Industrie lors de son intervention à la 3e édition des Matinées de l’industrie a fait un focus sur les enjeux de la formation pour le Maroc. Il a aussi attiré l’attention des uns et des autres sur la pertinence de la formation alternée et surtout l’action de former les ressources humaines marocaines à l’intérêt de l’innovation et de la recherche et développement.


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INDUSTRIE DU MAROC


FORMATION L’ADÉQUATION : UNE PROBLÉMATIQUE RÉELLE ! • Disposition de la population active selon les diplômes Plus de la moitié de la population active occupée (52,2%) ne détient aucun diplôme, ni à caractère professionnel ni d’enseignement général, et 18,1% le certificat d’études primaires. En ne se limitant qu’à ces deux catégories d’actifs occupés, plus de 7 postes de travail sur dix sont occupés par des personnes dont la formation scolaire n’a été sanctionnée par aucun titre professionnel. La population des chômeurs enregistre plus de 3 chômeurs sur dix sans diplôme

à caractère professionnel et 2 sur dix avec un certificat du primaire, soit cinq chômeurs sur dix sans aucune formation à caractère professionnel. Bien sûr, ceci ne veut pas dire que la population active occupée sans diplôme n’est pas qualifiée pour occuper la fonction exercée. Ses compétences se sont construites au fil de leurs expériences d’emploi et reposent très peu sur leur capital scolaire. 38,0% des actifs occupés sont diplômés de l’enseignement général et 9,8% ont un

diplôme de formation professionnelle. Par contre, ces proportions parmi la population des chômeurs sont plus importantes et sont de 48,4% et de 17,4% respectivement. Autrement dit, presque les deux tiers (65,8%) de la population des chômeurs sont diplômés d’au moins le certificat primaire contre moins de la moitié pour la population active occupée (47,8%)

Population active selon les diplômes d’enseignement général et de formation professionnelle et le type d’activité Le taux de chômage des diplômés de l’enseignement général est de 19,7%. Il est en deçà de celui des diplômés de la formation professionnelle de 25,5%. En plus, concernant les diplômés de l’enseignement général, plus le diplôme

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INDUSTRIE DU MAROC

est élevé, plus le taux de chômage est faible. En revanche, les taux de chômage augmentent avec les diplômes de la formation professionnelle et d’une intensité qui dépasse celle des diplômes d’enseignement général, exception faite

du diplôme de technicien et de cadre moyen (Tableau 3, Graphiques 1 et 2). Mais les taux de chômage de ces deux catégories sont supérieurs à ceux de la population sans diplôme (11,2%).


FORMATION L’ADEQUATION SELON LE TYPE D’ACTIVITE ! En établissant la correspondance entre les diplômes et les professions de la population active occupée, 45,7% des actifs occupés sont en situation d’adéquation, 7,6% sont en situation

de déclassement et 46,7% en situation de surclassement (Graphique 3). Ce taux de surclassement élevé montre le besoin énorme en formation pour améliorer le rendement des ressources

humaines et rendre l’économie marocaine compétitive. D’un autre côté, l’absorption des compétences déclassées exige une autorégulation entre la formation et l’économie.

Taux d’adéquation, de déclassement et de surclassement de la population active occupée Le taux de déclassement augmente en restreignant graduellement la population cible aux diplômés les mieux formés. Ainsi, le taux de déclassement presque double si l’on se limite aux diplômés seulement, en écartant les sansdiplômes (16,1%). Parmi les diplômés, si seuls les détenteurs d’un diplôme autre que le certificat du primaire ou d’initiation professionnelle sont retenus, le taux de déclassement devient 26,4%. Il passe à 29,4% pour les diplômés d’enseignement général du niveau supérieur. Parallèlement à la hausse du taux de déclassement, le taux d’adéquation augmente et passe respectivement de 52,9% à 66,6% et à 70,6%

L’ADEQUATION SELON DES VARIABLES INDIVIDUELLES Certes, l’adéquation entre la formation et l’emploi est intimement liée aux diplômes, aux professions et aux secteurs d’activité économique, mais d’autres facteurs, en relation avec la personne

active et à son environnement, peuvent aussi avoir un impact sur l’adéquation. Il s’agit des variables démographiques comme le sexe, l’état matrimonial, et l’âge, des variables socio-économiques

telles que l’aptitude à lire et à écrire, le statut professionnel, et le niveau d’instruction et des variables de contexte comme le milieu de résidence

au fait que généralement les célibataires sont en majorité plus jeunes que les autres et dans leurs premiers essais d’insertion dans le marché de l’emploi. Par conséquent, et vu les difficultés d’insertion dans le marché de l’emploi,

ils ont tendance à accepter le premier emploi qu’ils ont eu et améliorent leur situation d’adéquation avec le temps et le changement d’état matrimonial.

1- Les variables démographiques Les célibataires subissent le phénomène de déclassement plus que les mariés, les divorcés ou les veufs, soit respectivement 10,6%, 6,2%, 7,2% et 2,4% comme taux de déclassement. La relative importance du déclassement des célibataires revient

Taux d’adéquation, de surclassement et de déclassement selon l’état matrimonial des actifs occupés

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INDUSTRIE DU MAROC


FORMATION L’évolution des taux d’adéquation, de déclassement et de surclassement par âges de la population active occupée montre que seul le surclassement croît avec l’âge. L’adéquation baisse d’une façon continuelle. Par contre, le déclassement connait un accroissement aux jeunes âges, et ce, jusqu’à 30 ans. Il atteint sa valeur maximale entre 25 et 30 ans (11,8%), amorce une baisse après et s’annule presque aux âges élevés. Le déclassement garde toujours une intensité par âge plus faible que

les autres situations (Graphique 5). Parallèlement à l’accroissement du déclassement entre 15 et 30 ans, l’adéquation baisse. Le rythme de cette baisse ralentit entre 30 et 50 ans. Après cet âge, le déclassement et l’adéquation connaissent un rythme soutenu de baisse au profit de l’accroissement soutenu du surclassement. C’est à quarante ans que le surclassement et l’adéquation se croisent et commence leur divergence. Cette divergence devient plus nette à partir de 45-49 ans. Autrement dit, à

partir de 15 ans et jusqu’à trente ans, la population active occupée connait un déclassement croissant et une adéquation décroissante. Entre 30 et 50 ans, c’est la période de presque la stabilité où la population active occupée se cherche une situation qui sera marquée essentiellement par le démarrage du surclassement. Après cinquante ans, l’adéquation et le déclassement s’amenuisent avec l’âge au profit d’un passage au surclassement.

situation de surclassement. Seulement, le taux de déclassement des personnes actives occupées d’un niveau d’instruction supérieur est à ne pas confondre avec le taux de déclassement des diplômés du supérieur, qui est de 38,4%. Le premier englobe toutes les personnes qui ont atteint un niveau d’instruction du supérieur avec ou sans diplôme du supérieur. A titre d’exemple, les 4,6% des actifs occupés du niveau

supérieur en situation de surclassement n’apparaissent pas avec les diplômés du supérieur, du fait qu’il n’y a pas de surclassement pour les diplômés de l’enseignement supérieur (Graphique 8). Les mêmes raisons peuvent être avancées pour les autres niveaux d’instruction et pour les situations d’adéquation et de surclassement.

2. Les variables socio-économiques Le déclassement des actifs occupés selon le niveau d’instruction montre que le taux de déclassement augmente avec le niveau d’instruction. De 0,4% pour ceux du niveau primaire, à 6% pour ceux du niveau secondaire collégial, à 27% à ceux du niveau secondaire qualifiant et en fin à 28,4% des actifs occupés de niveau supérieur. La même tendance est observée pour la situation d’adéquation et l’inverse de cette évolution pour la

Taux d’adéquation, de surclassement et de déclassement selon le niveau d’instruction des actifs occupés

Les salariés sont les plus soumis au déclassement et dans le secteur public plus que dans le secteur privé. Les salariés du secteur public et les apprentis sont déclassés à raison de 13,2% chacun, contre 9,6% des salariés dans le secteur public. Ils sont suivis par les employeurs de moins de cinq employés avec 6,9% de déclassés. Les apprentis s’inscrivent dans l’apprentissage d’un métier pour faciliter 16 N° 46 Mai 2019

INDUSTRIE DU MAROC

leur insertion dans le marché d’emploi. Les aides familiales enregistrent 5,8% de déclassés. Probablement, ce sont des diplômés, qui après avoir eu leur diplôme, se mettent à travailler dans l’entreprise familiale soit par choix soit par obligation s’ils n’ont pas trouvé d’emploi meilleur ailleurs (Graphique 9). Les statuts les plus en adéquation sont les aides familiales (85,9%), les

apprentis (82,1%), les salariés du public (62,0%) et les salariés du privé (52,1%). Le taux de surclassement le plus élevé est enregistré parmi les indépendants (73,2%), les associés et les partenaires (71,6%), les employeurs (de 5 employés et +) (66,3%) et les employeurs (moins de 5 employés) (58,2%).


FORMATION L’ADEQUATION PAR PROFESSION Tout d’abord, aucun déclassé n’a été enregistré au niveau de trois grands groupes des professions. Il s’agit des membres des corps législatifs, élus locaux, responsables hiérarchiques de la fonction publique, directeurs et cadres de direction d’entreprises, des cadres supérieurs et membres des professions libérales, et enfin des techniciens et professions intermédiaires. Deux groupes de profession ont enregistré les taux de déclassement les plus importants. Il s’agit des «employés» (20,9%) et des «manœuvres non agricoles, manutentionnaires et travailleurs des petits métiers» (15,1%), soit respectivement 38,8% et 33,6% des actifs occupés en situation de déclassement, englobant à eux deux 72,4% des déclassés. Les ouvriers et manœuvres agricoles et de la pêche (y compris les ouvriers qualifiés) en déclassement représentent 10,2% du total des déclassés et les artisans et ouvriers qualifiés des métiers artisanaux (non compris les ouvriers de l’agriculture) en représentent 10%. Le reste des déclassés est parmi les commerçants et intermédiaires commerciaux et financiers qui englobent 4,5%, les conducteurs d’installation et de machines et ouvriers de l’assemblage avec 2,1% et presque un pour cent (0,9%) des déclassés est parmi les exploitants agricoles, pêcheurs de poissons et d’autres espèces aquatiques, forestiers, chasseurs et travailleurs assimilés (Tableau 7). Parmi les employés, ce sont les employés administratifs qui enregistrent le plus haut taux de déclassement avec 39,9%, soit presque quatre personnes sur dix. Ils sont suivis par les personnes des services de sécurité avec une personne déclassée sur cinq (20,6%) et les employés de commerce avec un taux de déclassement de 11,1%. Enfin, il y a les employés de l’hôtellerie, de la restauration et assimilés (8,7%) et les employés des services personnels

et domestiques (7%). Les employés des cultes sont déclassés à raison de 4%. Par ailleurs tous les sous-groupes qui ont enregistré un taux de déclassement supérieur à 11,1% ont aussi enregistré un taux d’adéquation supérieur à celui de surclassement. Par contre, ceux qui ont enregistré un taux de déclassement inférieur ou égal à 11,1% ont enregistré un taux de surclassement supérieur à celui de déclassement (Tableau A2). Tous les sous-groupes des manœuvres non agricoles, manutentionnaires et travailleurs des petits métiers enregistrent des taux de déclassement relativement importants. En premier, les manœuvres et manutentionnaires des industries enregistrent un taux de déclassement de 38,7%. En second position, les manœuvres et manutentionnaires des mines, un taux de déclassement de presque une personne sur quatre (24,2%) a été enregistré. Parmi les manœuvres des métiers artisanaux, 23,6% sont déclassés et 22,2% parmi les manœuvres occasionnelles de la promotion nationale. Parmi les ouvriers et manœuvres agricoles et de la pêche (y compris les ouvriers qualifiés), les «ouvriers et manœuvres de la pêche de poissons et d’autres espèces aquatiques» ont enregistré le taux de déclassement le plus élevé de 14%. Ensuite viennent les ouvriers qualifiés de l’agriculture, de la forêt et de la pêche diplômés de la formation professionnelle (niveau qualification ou spécialisation) avec 8,7% de déclassés. Parmi les commerçants et intermédiaires commerciaux et financiers, les «intermédiaires commerciaux et financiers» ont enregistré un taux de presque une personne sur dix de déclassés (10,6%) et les commerçants de gros ou de demi-gros (y compris les exportateurs importateurs) 6,6%. Les commerçants de détails n’ont enregistré que 4,2% de déclassés. En plus, tous les sous-groupes

enregistrent un taux de surclassement qui dépasse les deux tiers et atteignent même presque les trois quarts. C’est un domaine de surclassement par excellence. Dans le grand groupe des conducteurs d’installation et de machines et ouvriers de l’assemblage, les ouvriers de l’assemblage ont connu le taux de déclassement le plus élevé de 19,2%. Ils sont suivis des conducteurs de machines et d’installation fixes avec 8,9% de déclassement et enfin les conducteurs de véhicules et d’engin lourds de levage et de manœuvre avec 3,6% seulement. C’est un domaine de surclassement où tous les sous-groupes ont enregistré des taux de surclassement supérieurs à ceux d’adéquation ou de déclassement et où une bonne partie des actifs occupés exerce des fonctions de qualification supérieure aux leurs. Dans le grand groupe des artisans et ouvriers qualifiés des métiers artisanaux (non compris les ouvriers de l’agriculture) où le taux de déclassement enregistré est relativement faible, de 3,3%, tous les sous-groupes de professions sont en majorité en surclassement. Cependant, des déclassements sont enregistrés au niveau des artisans et ouvriers qualifiés de la mécanique, artisans et ouvriers qualifiés du montage et de l’installation en électricité et en électronique (9,1%), des artisans et ouvriers qualifiés de la mécanique de précision, des métiers d’art, de l’imprimerie et travailleurs assimilés (7,1%), des artisans et ouvriers des services (5,1%), des artisans et ouvriers qualifiés de la production et du traitement des métaux (3,1%) et des artisans d’alimentation, de boissons et de tabacs (3%). Dans ce grand groupe, les taux de surclassement sont élevés et varient de 64,5% à 86,4%. C’est un autre groupe de professions où les qualifications requises ne sont pas respectées et sont en deçà de leurs exigences.

L’adéquation par profession et diplôme Dans cette partie, la focalisation est sur l’analyse des diplômes déclassés plus que d’autres au sein de chaque groupe de professions.

La distinction entre les diplômes d’enseignement général (DEG) et les diplômes de formation professionnelle (DFP) sera aussi retenue. Le graphique

37 qui donne l’évolution du taux des diplômes déclassés dans chaque groupe de profession (courbe en ligne) et la part de chaque type de diplôme parmi

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FORMATION les déclassés de chaque profession (histogramme), montre que quel que soit le groupe de profession, le taux des déclassés parmi les diplômés de formation professionnelle est supérieur à celui des diplômés d’enseignement général, et ce, quelle que soit la part des diplômés de formation professionnelle, qu’elle soit supérieure ou inférieure à celle des diplômés de l’enseignement général. La répartition des déclassés selon le type de formation montre que 57,3% des déclassés sont des diplômés de l’enseignement général contre 42,7% des diplômés de formation professionnelle (Tableau 9). Ces déclassés exercent dans sept groupes de professions. Dans cinq, parmi eux, la part des diplômés de l’enseignement général déclassés est supérieure à celle des diplômés de formation professionnelle. Il s’agit des employés (50,4% contre 49,6%), des commerçants et intermédiaires commerciaux et financiers (57,1% contre 42,9%), des exploitants agricoles, pêcheurs de poissons et d’autres espèces aquatiques, forestiers, chasseurs et travailleurs assimilés (55,6% contre 44,4%), des ouvriers et manœuvres agricoles et de la pêche (y compris les ouvriers qualifiés) (75,4% contre 24,6%) et des manœuvres non agricoles, manutentionnaires et travailleurs des petits métiers (68,7% contre 31,3%). Les deux groupes de professions, avec des parts de diplômés de l’enseignement général déclassés plus faibles que les parts des diplômés déclassés de formation professionnelle, sont les artisans et ouvriers qualifiés des métiers artisanaux (non compris les ouvriers de l’agriculture) (31,9% contre 68,1% respectivement) et les conducteurs

d’installations et de machines et ouvriers de l’assemblage (34,4% contre 65,6%) (Tableau 9). Le tiers des «employés» déclassés sont des diplômés de licence, 26% sont des techniciens/cadres moyens, 23,6% des techniciens spécialisés, 7% des diplômes d’études universitaires générales et 6,7% ont des diplômes de DEA/DES/Master (Tableau 10). Parmi les employés déclassés, 2,3% sont des ingénieurs/cadres supérieurs. Le même ordre d’importance des taux par diplôme déclassé est retrouvé au niveau des commerçants et intermédiaires commerciaux et financiers et des exploitants agricoles, pêcheurs de poissons et d’autres espèces aquatiques, forestiers, chasseurs et travailleurs assimilés. Les artisans et ouvriers qualifiés des métiers artisanaux (non compris les ouvriers de l’agriculture) et les conducteurs d’installation et de machines et ouvriers de l’assemblage ont eux aussi gardé le même ordre tout en inter-changeant entre les diplômés de licence et les techniciens/cadres moyens. Ces derniers deviennent premiers et les diplômés de licence seconds. Les ouvriers et manœuvres agricoles et de la pêche (y compris les ouvriers qualifiés) et les manœuvres non agricoles, manutentionnaires et travailleurs des petits métiers ont puisé l’essentiel de leurs déclassés parmi les diplômés du secondaire collégial, en premier, les diplômés de qualification professionnelle, en second, et les diplômés du secondaire qualifiant, en tierce, atteignant ensemble presque 85% des déclassés dans le premier groupe de profession et 77,1% dans le second. Plus des trois quarts des déclassés proviennent de quatre groupes de

diplômes. Deux sont des diplômes de l’enseignement général et deux de la formation professionnelle, à savoir respectivement les diplômés du secondaire collégial (22,3%), et les diplômés de licence (20%), d’une part, et d’autre part, les techniciens/cadres moyens (19,3%) et les techniciens spécialisés (14,6%) (Tableau 9). 72,4% des diplômés du secondaire collégial déclassés exercent parmi les manœuvres non agricoles, manutentionnaires et travailleurs des petits métiers et 27,6% parmi les ouvriers et manœuvres agricoles et la pêche (y compris les ouvriers qualifiés). L’essentiel des diplômés de licence déclassés est employé (64,8%), 11% sont des artisans et ouvriers qualifiés des métiers artisanaux (non compris les ouvriers de l’agriculture), 9,1% des commerçants et intermédiaires commerciaux et financiers et 9,1% des manœuvres non agricoles (Tableau 10). 52,2% des technicien/cadres moyens sont des employés et 22,8% sont des artisans et ouvriers qualifiés des métiers artisanaux (non compris les ouvriers de l’agriculture). Les manœuvres non agricoles, manutentionnaires et travailleurs des petits métiers viennent en troisième position des professions exercées par les techniciens/cadres moyens. En quatrième position, il y a les commerçants et intermédiaires commerciaux et financiers. Par contre, les techniciens spécialisés déclassés sont à raison de 63% des employés, de 16,4% des artisans, de 10% des manœuvres et de 5,5% des commerçants. ( HCP-adéquation entre formation et emploi au Maroc).

Population active au chômage en 2018 ! caractéristiques de la population active en chômage en 2018 A la suite de la dernière publication du Haut Commissariat au Plan sur la population active occupée, cette note présente les principales caractéristiques de la population active en chômage en 2018, tel qu’elles ressortent des résultats de l’enquête nationale sur l’emploi. 18 N° 46 Mai 2019

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Il est à rappeler que l’effectif de cette catégorie de la population est passé, entre 2017 et 2018, de 1.216.000 à 1.168.000 personnes. Avec une baisse de 48.000 personnes, 25.000 en milieu urbain et 23.000 en milieu rural, le taux de chômage a, ainsi, reculé de 10,2%

à 9,8% au niveau national, de 14,7% à 14,2% en milieu urbain et de 4% à 3,5% en milieu rural. La population en chômage est en majorité composée de citadins (84,7%), d’hommes (64,9%) et des jeunes âgés de 15 à 29 ans (65,7%).


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FORMATION Les plus forts taux de chômage restent le lot des jeunes, des femmes et des diplômés Le taux de chômage atteint 26% parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans et 43,2% parmi les citadins de cette même tranche d’âge. Le chômage affecte les femmes plus que les hommes, avec des prévalences respectives de 14% et 8,4%. Ce constat est plus notable en milieu urbain où le taux de chômage atteint 24,3% parmi

les femmes contre 11,4% parmi les hommes. Le taux de chômage croît avec le niveau de qualification. Il passe, ainsi, de 3,4% parmi les personnes n’ayant aucun diplôme à 17,2% pour les diplômés. Il se situe à 14% pour les diplômés de niveau moyen et à 23% pour ceux ayant un diplôme de niveau supérieur.

Il reste relativement plus élevé parmi certaines catégories des diplômés dont particulièrement les détenteurs des diplômes supérieurs délivrés par les facultés (25,9%), des certificats en spécialisation professionnelle (24,2%), des diplômes de techniciens et de cadres moyens (23%) et des diplômes de qualification professionnelle (21,4%).

Part du chômage de longue durée dans le volume global du chômage selon le sexe, l’âge et le diplôme. En 2018, 42,1% de l’ensemble des chômeurs ont déjà exercé un emploi avant de se retrouver en situation de chômage. Ils sont en majorité des citadins (82,2%), de sexe masculin (74,2%) et des jeunes âgés de 15 à 34 (63,7%). Les deux tiers (67,1%) de ces chômeurs ont un diplôme, 46,6% de niveau

moyen et 20,5% de niveau supérieur. Sur l’ensemble de ces chômeurs, 88,3% étaient des salariés et 8,5% des indépendants. Près de la moitié d’entre eux (50,3%) exerçaient dans le secteur des services, 20,4% dans l’industrie y compris l’artisanat et 19,5% dans les BTP. Ils exerçaient en tant que manœuvres non agricoles, manutentionnaires et

travailleurs de petits métiers avec 28,9%, artisans et ouvriers qualifiés des métiers artisanaux (25,9%) et employés (20%). Près de 80% de ces chômeurs sont concentrés dans cinq régions : Casablanca-Settat avec 27,9%, l’Oriental (17,2%), Rabat-Salé-Kénitra (15,7%), Sous-Massa (10,4%) et Marrakech-Safi (8,5%).

Europe : la France opte pour l’alternance L’alternance permet de se former à un métier. C’est un système de formation qui est fondé sur une phase pratique et une phase théorique qui alternent. L’alternance comprend deux types de contrats : le contrat d’apprentissage et le contrat de professionnalisation. Nous distinguons deux contrats type : 20 N° 46 Mai 2019

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Le contrat d’apprentissage a pour but d’obtenir un diplôme d’État (CAP, BAC, BTS, Licence, Master…) ou un titre à finalité professionnelle inscrit au répertoire national des certifications professionnelles (RNCP), dont l’ensemble des titres professionnels relevant du ministère du Travail. Le contrat de professionnalisation a

pour but d’acquérir une qualification professionnelle reconnue (un diplôme ou un titre professionnel enregistré dans le Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP) ; un certificat de qualification professionnelle (CQP) ; une qualification reconnue dans les classifications d’une convention collective nationale).


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FORMATION L’alternance, pour qui ? Le contrat d’apprentissage s’adresse à vous si : • vous avez entre 16 et 29 ans révolus. Vous pouvez toutefois conclure un contrat d’apprentissage, au-delà de 30 ans, si vous êtes reconnu travailleur handicapé ou si vous avez un projet de création ou de reprise d’entreprise nécessitant le diplôme préparé. Le contrat de professionnalisation

s’adresse à vous si : • vous êtes âgé de 16 à 25 ans ; • vous êtes demandeur d’emploi et âgé de 26 ans et plus ; • vous êtes bénéficiaire du revenu de solidarité active (RSA), de l’allocation spécifique de solidarité (ASS), l’allocation adulte handicapé (AAH)

ou avez bénéficié d’un contrat unique d’insertion (CUI) : • dans les DOM et les collectivités de Saint-Barthélemy, Saint-Martin et Saint-Pierre-et-Miquelon, vous êtes bénéficiaire de l’allocation de parent isolé ( API).

Combien de temps ? Le contrat d’apprentissage et le contrat de professionnalisation sont conclus en contrat à durée limitée ou dans le cadre d’un CDI. La durée varie en fonction de la formation choisie : • en principe de deux années pour la période d’apprentissage ; cette durée peut, dans certains cas dérogatoires, être inférieure (6 mois) ou supérieure (3 ans), voire 4 ans pour les travailleurs handicapés.

• de 6 mois à 1 an, voire 3 ans dans certains cas, pour la période de professionnalisation. La durée de la formation représente au moins 400 heures dans le cadre du contrat d’apprentissage.

La durée de la formation représente entre 15 à 25 % de la durée du contrat sans pouvoir être inférieure à 150 heures dans le cadre du contrat de professionnalisation, sauf dérogation de branche.

nouvelle année d’exécution de son contrat. Le salaire minimum perçu par l’apprenti correspond à un pourcentage

du Smic ou du SMC (salaire minimum conventionnel de l’emploi occupé) pour les 21 ans et plus

Quelle rémunération ? Contrat d’apprentissage L’apprenti bénéficie d’une rémunération variant en fonction de son âge ; en outre, sa rémunération progresse chaque

Pour les contrats conclus à partir du 1er janvier 2019

Pour les contrats conclus jusqu’au 31 décembre 2018

Ou du salaire minimum conventionnel de l’emploi occupé 22 N° 46 Mai 2019

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FORMATION Des dispositions conventionnelles ou contractuelles peuvent prévoir une rémunération plus favorable pour le

salarié. En cas de succession de contrats, la rémunération est au moins égale au minimum réglementaire de la

dernière année du précédent contrat, sauf changement de tranche d’âge plus favorable à l’apprenti.

Contrat de professionnalisation La rémunération varie en fonction du niveau de sa formation initiale et de son âge. Niveau de formation ou de qualification avant le contrat de professionnalisation

Chine : de nouvelles opportunités pour la formation et l’emploi La Chine connaît depuis quelques années un exode rural massif : un nombre important de personnes quittent la campagne pour la ville à la recherche d’un emploi, et ce chiffre devrait continuer à croître progressivement dans un avenir prévisible. Mais ces migrants se heurtent à de

nombreuses difficultés quand ils frappent aux portes du marché du travail. Relativement peu instruits, ils manquent pour la majorité d’entre eux des compétences qui en feront des candidats recherchés par les employeurs urbains. Le Projet de développement des

compétences pour l’emploi des migrants ruraux, soutenu par la Banque mondiale, cherche à remédier à ce problème dans les provinces du Ningxia, d’Anhui et de Shandong. Il s’agit d’améliorer l’accès des travailleurs ruraux à des formations et de leur offrir des services d’emploi et de protection professionnelle.

préparer des plats froids, à découper des pommes de terre ou à cuisiner du mouton. Et cette formation de cuisinière lui a changé la vie. Avant, quand elle travaillait aux champs, elle gagnait entre 3 000 à 4 000 yuans par an. Depuis qu’elle a ouvert son restaurant de spécialités halal, ses revenus annuels ont bondi de 70 000 à 80 000 yuans. Son niveau de vie s’étant amélioré, Ma Haihua a pu acheter une voiture et bâtir une maison. «Avec ce restaurant, j’ai de l’argent. Je n’ai jamais aussi bien pourvu aux besoins des miens», raconte-t-elle, le visage barré d’un grand sourire. Après avoir passé quelques années en ville comme manœuvre sur des chantiers de construction, Ma Shijie est rentré chez lui, dans le comté de Guyuan, pour suivre une formation gratuite offerte par le gouvernement. Aujourd’hui, il apprend à manier une pelleteuse. «Ça me plaît beaucoup. Je me sens plus optimiste», affirme Ma Shijie. «J’ai des amis qui, depuis leur formation de conducteurs, gagnent 7 ou 8 000 yuans par mois. Avant, je

n’avais pas de vrai métier. Je gâchais du mortier ou je portais des briques et je gagnais au mieux 3 000 yuans». La province du Ningxia abrite plus de 2 millions de musulmans. Ici, la tradition veut que l’on apprenne l’arabe et étudie le Coran.Depuis que la Chine a renforcé ses liens économiques et commerciaux avec les pays arabes, la maîtrise de la langue arabe est un plus pour ceux qui cherchent un emploi.Pour rendre les programmes de formation plus adaptés aux attentes du marché, le gouvernement aide aussi les écoles arabes à étoffer leur enseignement audelà de l’apprentissage de la langue et de la culture islamique, afin d’offrir une formation professionnelle complète, notamment dans le domaine des affaires et du commerce. Avec le soutien de la Banque mondiale, une palette de manuels rédigés en arabe ont été élaborés et sont désormais utilisés. Ils traitent du commerce international, du droit, des règles dans la conduite des affaires et de communication.

Développement des compétences La campagne du Ningxia est plutôt hostile : les terres sont arides et le climat rigoureux. Ce qui explique que les populations locales cherchent à s’employer en dehors de l’agriculture à mesure que la superficie de terres arables se réduit. Dans une région aussi montagneuse et isolée, les familles ne peuvent même pas envisager d’envoyer leurs enfants dans une école classique. Et c’est pourquoi les autorités locales ont décidé d’apporter la formation professionnelle à domicile. Grâce à un camion qui sert aussi de salle de classe mobile. De village en village, le véhicule tâche de répondre aux attentes des habitants, en leur proposant tout un éventail de formations, qui vont de la fabrication de vêtements ethniques à la préparation de plats halal (la province du Ningxia abrite la plus forte communauté musulmane de Chine). Ma Haihua, une villageoise du comté de Huangduobao, a ainsi suivi une formation qui lui a permis de devenir propriétaire d’un restaurant. Elle a appris à utiliser les épices, à

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FORMATION Services d’emploi Les élus locaux nouent également des contacts avec les employeurs des villes proches afin que les stagiaires décrochent un travail dès leur formation achevée. Xu Wenshuai possède une manufacture de vêtements ethniques. Il a passé un contrat avec le gouvernement pour recruter les stagiaires qui ont réussi leurs examens. «Ce seront mes travailleurs de première ligne», explique-t-il. «Si vous recrutez des gens sans expérience venus d’ailleurs, ils ne savent vraiment rien faire. Mais ceux-là ont déjà été formés et sont immédiatement opérationnels, ce qui est bon pour nos affaires». Cet exode rural a aussi donné

naissance à une nouvelle profession : les courtiers en travail, qui gèrent pratiquement tous les aspects de l’emploi des migrants, depuis le soutien au moment des entretiens d’embauche et du recrutement à l’organisation des transports en passant par la gestion des procédures administratives et de ressources humaines. Yang Baohu s’est lancé dans cette activité voici quelques années. Cet ancien migrant explique ce qu’il fait : «J’organise le surplus de main-d’œuvre dans mon comté et mets en contact ces travailleurs avec des employeurs urbains. Unis, nous sommes plus forts et parvenons à décrocher de meilleurs emplois. Cela nous permet aussi de

mieux faire entendre notre voix et de faire valoir nos droits». Les autorités locales ont reconnu l’utilité de ces intermédiaires pour garantir une transition sereine des migrants venus des campagnes et faire en sorte qu’ils aient accès à des opportunités professionnelles de meilleure qualité. Également conscientes de la nécessité de réglementer et de mieux organiser cette profession, elles ont mis en place des formations sur le fonctionnement des marchés du travail. Les courtiers bénéficient aussi d’une aide pour obtenir un certificat de qualification et ont accès gratuitement à des consultations sur les lois et les réglementations du travail en vigueur.

Formation et emploi : L’OCDE ne reste pas indifférent ! L’éducation et la formation professionnelles (EFP) peuvent être déterminantes pour préparer les jeunes au monde du travail, améliorer les compétences des adultes et répondre aux besoins du marché du travail. Malgré cela, l’EFP est étrangement négligée et marginalisée dans les débats publics, souvent éclipsée par l’importance croissante accordée à l’enseignement scolaire général et par le rôle de l’école dans la préparation aux études supérieures. Elle est également souvent mal considérée par les élèves comme par la population

en général. En conséquence, il existe peu d’analyses comparatives des politiques d’EFP(éducation et formation professionnelle) et les données disponibles sont très limitées, en particulier les données comparatives fiables entre les pays. Les pays sont de plus en plus conscients de la contribution majeure qu’une formation professionnelle initiale de qualité peut apporter à la compétitivité économique. La plupart des emplois non qualifiés qui existaient dans les pays de l’OCDE il y a encore une génération disparaissent rapidement,

soit parce qu’ils ont été remplacés par la technologie, soit parce que les pays de l’OCDE ne peuvent faire face à la concurrence de pays moins développés où la main-d’œuvre est moins chère. Les pays de l’OCDE doivent donc mettre l’accent sur la qualité des biens et services qu’ils produisent, ce qui demande une main-d’œuvre qualifiée, présentant toute une gamme de compétences spécialisées, techniques et professionnelles de niveau intermédiaire, ainsi que des compétences de haut niveau associées aux études supérieures.

Comment et pourquoi les pouvoirs publics devraient-ils soutenir le système d’éducation et de formation professionnelle ? Si l’État assure l’instruction de base, la plupart des formations professionnelles relèvent des employeurs, mais de solides arguments plaident en faveur d’une offre plus importante de programmes publics de formation professionnelle pour les jeunes. Face à un certain nombre d’obstacles, les employeurs, s’ils ont les mains libres, risquent de ne pas apporter à leurs propres employés les formations suffisantes, notamment en matière de compétences transférables. L’EFP initiale a pour objectif de combler ce manque en assurant la transmission des compétences nécessaires – la recherche montre en outre que les investissements 24 N° 46 Mai 2019

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publics dans ce domaine peuvent avoir des retombées économiques bénéfiques. Les pays dotés de systèmes d’EFP solides, comme l’Allemagne, parviennent relativement bien à lutter contre le chômage des jeunes. Si l’on veut que la formation professionnelle soit un composant du système d’enseignement et de formation des jeunes, à quelle étape doit-elle débuter ? En Autriche, les candidats à l’apprentissage choisissent leur futur métier au cours d’une année de pré-apprentissage alors qu’ils n’ont que 14 ans, et dans de nombreux autres pays, les jeunes de 14 à 16 ans s’inscrivent

dans des programmes de formation professionnelle en ayant déjà choisi un métier cible. Les défenseurs de cette approche estiment qu’elle encourage les jeunes moins doués pour les études générales à apprendre des tâches pratiques et qu’elle favorise leur passage à la vie active. Leurs détracteurs jugent difficile pour des adolescents de faire des choix de carrière réfléchis et estiment que la formation pratique à ce stade risque de supplanter les compétences théoriques plus générales, lesquelles facilitent pourtant la formation tout au long de la vie.


A

Appel à projets du Fonds des Zones Industrielles Durables « FONZID » L’Agence Millennium Challenge Account-Morocco (MCA-Morocco) a lancé, en partenariat avec le Ministère de l’Industrie, de l’Investissement, du Commerce et de l’Economie Numérique (MIICEN), le 1er mars 2019, l’appel à projets du Fonds des Zones Industrielles Durables « FONZID ». Mis en place conjointement avec le MIICEN et doté de 30 millions de dollars dont 50% apporté par le Gouvernement du Maroc, le FONZID vise à renforcer le modèle de zones industrielles durables et à contribuer à l’amélioration de la productivité et des performances environnementales et sociales des entreprises dans les zones industrielles. Ce faisant, ce fonds viendra augmenter l’offre de terrains industriels répondant aux besoins des entreprises en termes notamment d’emplacement, de qualité des infrastructures, de services d’accompagnement et de prix compétitifs et contribuera ainsi à l’accroissement des investissements privés et à la création d’emplois. L’appel à projets du FONZID, qui sera clôturé le 1er juillet 2019, s’adresse à des entités publiques marocaines et à des entités privées impliquées dans le développement et la gestion des zones industrielles. Outre le soutien financier apporté par le FONZID, ce fonds apportera une assistance technique aux porteurs de projets éligibles en vue d’assurer une meilleure qualité des projets. Une rencontre d’information a été organisée le 28 février courant à Rabat dans le but d’informer et de sensibiliser les candidats potentiels sur les objectifs du FONZID, les critères d’éligibilité des candidats et des projets, les normes et standards de qualité exigés et les modalités de préparation, de soumission et d’évaluation des projets. Il est à rappeler que cet appel à projets s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du projet « Foncier Industriel » relevant du deuxième programme de coopération « Compact II », conclu le 30 novembre 2015 entre le gouvernement du Royaume du Maroc et le gouvernement des Etats-Unis d’Amérique, représenté par Millennium Challenge Corporation (MCC), et dont la mise en œuvre a été confiée à l’Agence MCA-Morocco. Date limite de candidature : LUNDI 1er JUILLET 2019 A MINUIT

Pour soumettre votre candidature, enregistrez-vous et renseignez le formulaire de vérification initiale de l’éligibilité sur le site web : www.fonzid.ma Pour soumettre des questions ou des demandes de clarifications, veuillez envoyer un email à l’adresse : fonzid@mcamorocco.ma N°46 Mai 2019 INDUSTRIE DU MAROC

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FORMATION QUID DE LA FEUILLE DE LA NOUVELLE FEUILLE DE ROUTE DU SECTEUR La formation professionnelle : Talon d’Achille de l’insertion socio-économique des jeunes

L

a formation professionnelle au Maroc est désormais sous les feux des projecteurs. Il faut dire que celle-ci ait grandement besoin d’une mise à niveau. En effet, tous les voyants y afférant sont au rouge vu le nombre de chômeurs qu’elle produit. Selon une note du Haut Commissariat au Plan, le taux de chômage de cette catégorie augmente d’environ 21 % parmi les diplômés d’initiation professionnelle, à 26 % parmi les diplômés spécialisés, à 29 % parmi les qualifiés et à près de 27 % parmi les techniciens spécialisés. En termes de déclassement, les diplômés de la formation professionnelle enregistrent un taux global de déclassement trois fois supérieur à celui affectant les diplômés de l’enseignement général, avec respectivement 33,6 % et 11,6 %. Toujours selon le HCP, ce déclassement est dû à la faible adéquation des diplômes avec les offres d’emploi du marché, et la faiblesse du niveau des diplômés. Le déclassement touche 26 N° 46 Mai 2019

INDUSTRIE DU MAROC

particulièrement les secteurs comme l’agriculture, la sylviculture, la pêche, l’industrie extractive et manufacturière, et le BTP. Inversement, les déclassements baissent dans les professions qui recrutent sur la base d’un référentiel strict de compétences tels que la santé, le système financier, la sécurité, ou encore l’administration publique. Il ressort également de l’étude du HCP que le marché de l’emploi semble plutôt dominé par les sans-diplômes. Plus de la moitié de ceux qui disposent d’un emploi (52,2 %) ne détiennent aucun diplôme contre 34,2 % pour la population en chômage. Les actifs chômeurs sont relativement plus diplômés que les actifs occupés. 38 % des actifs occupés sont diplômés de l’enseignement général et uniquement 9,8 % ont un diplôme de formation professionnelle. C’est pour remédier à cette situation désastreuse qu’une vision stratégique a été mise en place ayant pour finalité d’ériger une école nouvelle dont les

principaux fondements sont : l’équité et l’égalité des chances ; la qualité pour tous ; la promotion de l’individu et de la société. Aussi, de tels fondements ont pour objectif de guider et de favoriser la réalisation de la réforme souhaitée. Ils constituent une feuille de route pour le renouvellement des systèmes éducatifs. L’enjeu fondamental de cette réforme est de permettre à l’école d’assumer de manière harmonieuse ses différentes missions, notamment : la socialisation et l’éducation aux valeurs dans leur double dimension nationale et universelle ; l’enseignement, l’apprentissage et le développement culturel ; la formation et l’encadrement ; la recherche et l’innovation ; ou encore la qualification et la facilitation de l’intégration économique, sociale et culturelle. Récemment, le ministre de l’Éducation nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique,


FORMATION

Saïd Amzazi a tenu un bilan d’étape de la mise en œuvre de la Vision stratégique de la réforme 2015-2030, ainsi que les chantiers prioritaires du ministère au titre de l’année 2019 . Le ministre a fait part de sa satisfaction des résultats enregistrés par le secteur, notamment l’ouverture de 27 établissements de formation agréés entre 2015 et 2018 et l’augmentation du nombre de diplômés de 7% au cours de la même période, exprimant la détermination de son département à valoriser le parcours professionnel des élèves par l’appui de leurs projets personnels. Il a également souligné que parmi les mesures prises dans ce cadre, figurent le renforcement des capacités des cadres pédagogiques et administratifs, à travers l’élaboration de 12 cadres référentiels des métiers de la formation, 11 piliers et 4 secteurs, outre la mise en place de nouveaux centres d’orientation professionnelle au sein de trois centres de formation à Marrakech, Tanger

et Casablanca, au profit de 105.000 personnes, notant que les techniciens spécialisés diplômés des centres de formation professionnelle ont la possibilité de postuler aux concours de licence professionnelle et aux concours d’accès aux universités. Concernant le développement du modèle pédagogique, le responsable a fait observer que l’approche par compétences a été généralisée en tant que référentiel de la formation professionnelle, de même il a été procédé à la mise en œuvre du cadre général de la certification et la mise en place d’un système national d’évaluation des stagiaires basé sur les compétences, notant qu’il sera procédé, dès cette année, au renforcement des langues étrangères par la mise en place d’une formation de six mois via la mobilisation de formateurs spécialisés et le lancement d’une plateforme dédiée à l’apprentissage des langues. Évoquant la question de l’amélioration

continue de la qualité de la formation professionnelle, le ministre a relevé qu’il a été procédé au renforcement des capacités des cadres pédagogiques et administratifs, à travers l’élaboration de 12 cadres référentiels des métiers de la formation, en plus de la mise en place d’un centre de formation des directeurs, des formateurs, des tuteurs et des chercheurs dans le domaine de la formation professionnelle à Tamesna et de la généralisation du cadre intégré d’évaluation de la formation, dont la 1ère opérationnalisation a débuté dans 250 établissements de formation publics et privés. Ainsi, a fait observer Amzazi, la stratégie de développement du secteur de la formation professionnelle permettra au Maroc de rentabiliser l’existant, tout en instaurant les réformes nécessaires pour faire de ce secteur un véritable levier de la croissance économique nationale, mais aussi un facteur conséquent d’enrichissement du capital humain. N°46 Mai 2019 27

INDUSTRIE DU MAROC


FORMATION Une nouvelle feuille de route prometteuse S’engageant personnellement sur ce chantier, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a fait de la formation son cheval de bataille. Aussi, le Roi Mohammed VI Que Dieu L’assiste, a présidé au Palais Royal de Rabat, une séance de travail consacrée au programme de mise à niveau de l’offre de Formation professionnelle et de rénovation des filières et des méthodes pédagogiques, comme relayé par un communiqué du cabinet Royal. Selon la même source, cette séance de travail a fait suite aux deux réunions précédentes consacrées au secteur de la formation professionnelle, qui bénéficie d’une Haute Sollicitude Royale constante, en tant que levier stratégique de compétitivité et voie prometteuse pour l’insertion professionnelle de la jeunesse. Le Souverain a, dans ce sens, appelé à adopter une démarche réaliste qui série de manière rigoureuse les priorités en fonction des besoins de l’économie nationale et du marché du travail, des attentes sociales et des aspirations des Marocains. De cet intérêt Royal est née une nouvelle feuille de route censée permettre au secteur de la formation professionnelle de continuer à jouer pleinement son rôle en tant que levier essentiel pour le développement social et une meilleure insertion économique des jeunes, ainsi que pour promouvoir la compétitivité des entreprises. Dès lors, cette feuille de route est relative au développement de la formation professionnelle et du projet de création des « Cités des Métiers et des Compétences ». Pour ainsi dire, toutes les régions du Royaume seront dotées de «Cités des Métiers et des Compétences», des structures multisectorielles et multifonctionnelles appelées à devenir un levier stratégique de la compétitivité et un facteur majeur de l’insertion des jeunes dans la vie active, a déclaré le ministre de l’Éducation nationale. Ces nouvelles Cités vont privilégier des formations qui répondent aux spécificités et aux potentialités de chaque région, à la fois dans les métiers liés aux domaines d’activités porteurs de l’écosystème dans lequel 28 N° 46 Mai 2019

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elles s’implanteront, mais aussi dans les métiers du futur tels que le DigitalOffshoring, a expliqué Said Amzazi. Le ministre a ajouté que ces futurs espaces devront comporter des structures spécifiques à l’instar des chaines de production pédagogiques, des centres de simulation et les halls technologiques, de façon à recréer l’environnement professionnel nécessaire à l’acquisition des compétences s’inscrivant dans la pratique réelle d’un métier. Les «Cités des Métiers et des Compétences» fonctionneront sur la base du principe de la mutualisation dans un esprit d’optimisation de l’utilisation des ressources disponibles, notamment pour les plateformes numériques, les Centres de Langues, les Career Centers, les bibliothèques et médiathèques, les internats et les terrains de sport, a-t-il dit. Il a, à cet égard, fait savoir que les formations liées au Digital-Offshoring seront déployées dans les 12 régions du Royaume, alors que celles se rapportant à l’Intelligence artificielle seront proposées au sein des régions de Rabat-Salé-Kénitra et de CasablancaSettat. Pour l’agriculture-agroindustrie et l’industrie, secteurs majeurs et à très large spectre, leurs filières de formation seront proposées dans la majorité des régions, avec, en outre, des filières relatives à l’Industrie navale à Agadir et Casablanca. Huit régions devront, de leur côté, accueillir des formations en Hôtellerie-Tourisme, l’autre secteur clé de l’économie nationale, a ajouté Amzazi. En matière de Santé, seules les huit régions disposant d’un Centre Hospitalier Universitaire (CHU) fonctionnel ou en cours de construction accueilleront des filières de santé, afin de pourvoir ces centres hospitaliers en profils adéquats. Le ministre a également souligné que les formations d’artisanat seront déployées essentiellement dans les régions de Fès-Meknès, Marrakech-Safi et DrâaTafilalet, au sein desquelles cette activité est prépondérante, conformément aux Instructions royales. Sur le registre des méthodes pédagogiques, a-t-il poursuivi, l’approche préconisée privilégie la

maîtrise des langues, l’approche par compétences, avec une priorité à la formation en milieu professionnel par le biais de l’alternance et l’apprentissage. Amzazi a fait observer que les «Cités des Métiers et des Compétences» seront implantées au sein d’écosystèmes au niveau régional, dans la logique d’une véritable proximité avec le monde professionnel. Dotées du statut de sociétés anonymes filiales de l’Office de la Formation professionnelle et de la Promotion du Travail (OFPPT) ainsi que d’un conseil d’administration tripartite (professionnels, région, État), les «Cités des Métiers et des Compétences» devront ouvrir leurs portes dès la rentrée 2021, a fait savoir le ministre. «L’échéancier de la Feuille de route relative à la Formation professionnelle prévoit le lancement des études relatives à la consistance physique des Cités et à leur ingénierie pédagogique est prévu dès ce mois d’avril 2019, ainsi qu’un démarrage des constructions en janvier 2020, afin que l’ouverture progressive de ces nouvelles structures puisse débuter à la rentrée 2021 et se poursuivre à la rentrée suivante», a précisé le ministre. Dotées d’un Conseil d’administration tripartite, impliquant les Professionnels, la Région et l’Etat, ces Cités nécessiteront un investissement à hauteur de 3,6 milliards de dh provenant de la contribution de l’Etat, de l’OFFPT et des régions, a-t-il dit. Enfin, la stratégie de développement du secteur de la formation professionnelle, permettra au Maroc de rentabiliser l’existant, tout en instaurant les réformes nécessaires pour faire de ce secteur un véritable levier de la croissance économique nationale, mais aussi un facteur conséquent d’enrichissement du capital humain.


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INDUSTRIE DU MAROC


R&D

I NTERVI EW Charles Albert Paulos Directeur des laboratoires chez Colorado

« La R&D doit faire partie de l’ADN de chaque société. Pour durer il faut innover. »

I

DM : Pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours chez COLORADO ? Je suis Franco-portugais. Après mon bac, j’ai fait des études d’ingénieur chimiste, à Sofia Antipolis à Nice. Après 23 années d’expériences dans plusieurs sociétés de renom dans la chimie et la peinture où j’ai participé à développer des peintures, nouvelle génération, respectueuses de l’environnement et de la santé des applicateurs tout en créant des nouveaux aspects matières. C’est à cette occasion, que je fais connaissance avec le Maroc et Colorado. Dès le départ, j’ai vu la singularité de Colorado. Une société qui a des valeurs et qui les respecte. Une société, qui met au cœur de son métier le client, tout en lui apportant un produit de qualité avec les meilleures solutions afin de respecter l’environnement et la santé de l’ensemble des intervenants. Je suis venu comme responsable R&D Bâtiment. Je suis aujourd’hui, Directeur des Laboratoires. IDM : Pouvez-vous nous en dire plus sur le travail du laboratoire de R&D et sur les projets que vous mettez au point ? La R&D est un domaine fascinant. Nous sommes en permanence à l’écoute de l’évolution de la chimie, des techniques, du marché. Notre finalité est d’apporter au client, un produit toujours meilleur, toujours innovant et, 30 N° 46 Mai 2019

INDUSTRIE DU MAROC

le tout, en respectant l’environnement. Notre métier c’est de créer du rêve et, de proposer des solutions pour préserver le plus longtemps votre bien immobilier ou industriel. Nous avons une grande équipe R&D qui apporte des solutions à travers nos 3 activités ; bâtiment, industrie et carrosserie. Il est difficile de parler des projets en cours mais, ils sont axés sur, la nouveauté, la simplicité de mise en œuvre, la protection et la création de produits fonctionnels. IDM : Avec une moyenne de 10 nouveaux produits lancés chaque année, comment fait COLORADO pour maintenir sa politique de diversification des gammes de produits et proposer continuellement de nouvelles peintures ? Au niveau du laboratoire, nous avons principalement pour mission d’être à l’écoute de toutes les nouveautés dans le domaine de la chimie. En collaboration avec notre direction achats, nous analysons les matières susceptibles d’être intéressantes et, pouvoir proposer de nouvelles choses. Nous avons aussi des réunions suivies avec notre direction marketing pour appréhender les besoins du marché. Nous sommes aussi présents, dans une multitude de pays, Europe, Afrique de l’Ouest, Moyen-Orient, c’est une source aussi de diversifications de tendances, d’idées, de

techniques. Les idées viennent de tous les services. Triées puis, sélectionnées par la Direction Générale et enfin mises en forme par nos équipes R&D. IDM : Que pensez-vous de la place de la R&D dans l’industrie au Maroc, et quelles sont vos recommandations pour renforcer davantage cette activité? La R&D doit faire partie de l’ADN de chaque société. Pour durer il faut innover. Grâce à l’innovation nous pourrons conserver et créer plus d’emplois. Copier, c’est facile et à plus ou moins court terme, quelqu’un d’autre va faire aussi bien et moins onéreux. Il ne faut pas voir la R&D comme un coût mais, comme une opportunité à créer de nouveaux besoins et augmenter la valeur ajoutée. Tous les grands groupes, possèdent un département R&D conséquent. Heureusement, c’est le cas chez Colorado. Même si l’industrie au Maroc n’innove pas assez. L’informel est aussi un problème. Pour moi, c’est aux pouvoirs publics d’inciter les sociétés à investir dans la R&D. Des solutions existent, comme des incitations fiscales. Certains pays, comme la Corée du Sud, ont tout misé sur la R&D, regardez le chemin parcouru en 50 ans. Je suis certain que le Maroc peut faire encore mieux, c’est juste une question de volonté et de vision à long terme.


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SECTORI EL

Aérien TURKISH AIRLINES ÉTEND SON ENVOL AU MAROC

Réalisé par Ghizlaine BADRI

Après avoir lancé sa stratégie Africaine en 2018, la compagnie turque lorgne le territoire national pour en faire son hub stratégique entre l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient. La compagnie Turque met les bouchées doubles. C’est en présence du management de la compagnie Aérienne il y a quelques semaines, que la ligne Marrakech- Istambul a été ajoutée à son vaste réseau. Dès à présent, cinq vols hebdomadaires opérent entre l’aéroport d’Istanbul et l’aéroport international de Marrakech – Ménara.

Ainsi, Marrakech devient la 56e destination africaine de la compagnie. En comptant le lancement du vol vers Marrakech, Turkish Airlines dessert désormais 124 pays et 308 destinations dans le monde. «Marrakech est une ville privilégiée. C’est la première destination que nous avons ajoutée depuis notre nouveau hub, l’aéroport d’Istanbul» a lancé Ahmet Olmuştur, CMO Chief Marketing Officer Turkish Airlines. Une nouvelle ligne qui s’ajoute aux 496 vols qui sont opérés chaque semaine depuis l’aéroport de Marrakech et qui permettra au CRT de Marrakech

d’atteindre les 635 vols hebdomadaires depuis 2008. «Nous travaillons sur de nouvelles stratégies pour tirer parti de cette opportunité», a rajouté Ahmet Olmuştur. Pour sa part Hamid Mokadem, directeur du Pôle Exploitation aéroportuaire à l'Office national des aéroports (ONDA), a précisé que l'aéroport de MarrakechMenara enregistre aujourd'hui une augmentation de 20 à 25% du trafic aérien, notant qu'en 2018, l'aéroport de la cité ocre a traité plus de 5,3 millions de passagers, soit plus de 25% du trafic passager au niveau national.

cible entre autres de nouveaux marchés émetteurs comme la Russie, la Chine et le Moyen-Orient que Marrakech a dans le viseur. Et c’est bien parti pour la Turkish Airlines pour atteindre ses objectifs sur le continent Africain ou elle couvre 56 destinations sur les 308 mondiales dans 124 pays. Au Maroc, le trafic aérien avec la Turquie a connu un bond extraordinaire en 10 ans. Il est

passé de 95.000 passagers en 2008 à 400.000 en 2018. Ce projet de développement de Turkish Airlines est appuyé par un arsenal important comprenant des moyens techniques, humains et logistiques. Une stratégie caractérisée par un développement par escales, moins chères à exploiter. Concernant les ressources humaines, elles sont

Une stratégie bien ficelée La compagnie, présente sur la liaison Casablanca-Istanbul, est déterminée à développer cette nouvelle ligne pour atteindre 7 vols par semaine d’ici 2020. Une décision qui rentre dans le cadre de sa stratégie de développement qui fait de son hub d’Istambul un point de transit pour ramener des voyageurs du monde entier vers des destinations internationales. Ainsi, la compagnie 32 N° 46 Mai 2019

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SECTORI EL également amenées à se renforcer dans le cadre de cette stratégie. Au niveau du Maroc, la compagnie a recruté en 2017, plus de 100 personnes pour les postes d’hôtesses de l’air et stewards, formés au sein de l’Académie de la compagnie à Istambul. Des ouvertures prévues sur le

continent qui répondront également à la demande très forte suite à l’ouverture du nouveau Aéroport d’Istambul. Opérationnel depuis le 29 octobre 2018, cet aéroport participe à hauteur de 4,9% dans le PIB de la Turquie à l’horizon 2025. Avec 500 points de check-in, 143

points d’embarquement, 1,3 million de m² de superficie et une capacité cargo de 5,5 millions de tonnes, l’ aéroport d’Istambul est le plus grand au monde opérant sur un seul niveau.

par l’État, n’aura transporté que 62,8 millions de passagers à travers le monde en 2016, loin de son objectif initial de 72 millions. Surtout, elle aura accumulé des pertes financières colossales : 644 millions de dollars rien qu’au premier semestre de 2016. Des pertes, qui l’ont conduit a fermé trois liaisons : Batna et Tlemcen, en Algérie, et Kano, au Nigeria. Une crise qui n’a pas découragé la compagnie Turque, qui grâce à ces nouvelles lignes Alger, Casablanca, Lagos, Le Cap ou encore Johannesburg, ou elle utilise des gros porteurs, a augmenté de 300 000 le nombre de passagers (pour atteindre environ 2 817 000) par rapport à 2015. Entre septembre 2015 et septembre 2016, la compagnie tirait 9 % de ses revenus de ses activités sur le continent, en comparaison avec 2013 ou elle était à 7%.

Pour accompagner son développement sur le continent, Turkish Airlines a accéléré la cadence au point de fragiliser ces concurrentes Air France ou Ethiopian Airlines sur ses marchés traditionnels. Entre 2003 et 2014, Turkish Airlines a augmenté le nombre de ses destinations en Afrique en moyenne de 24 % par an. Cependant, en raison d’un ralentissement de son activité entre 2014 et 2016, la compagnie n’a pas pu atteindre ses objectifs fixés de 100 aéroports africains à l’horizon 2022. Les Aéroports de Djouba, Lomé ne sont toujours pas opérationnels. Par ailleurs, de nombreux partenariats, tels que celui envisagé avec Air Sénégal sont tombés à l’eau .. 2019 s’annonce donc sous de bons auspices pour la compagnie turque qui continue d’œuvrer pour sa conquête africaine.

L’Afrique nouvel Eldorado Turkish Airlines dessert 35 pays africains (60 destinations) sur un nombre total de 124 pays (308 destinations). Alors qu’elle a traversé de graves turbulences en 2016 et 2017, des attentats en série (près de 350 morts et de 1 millier de blessés depuis janvier 2016), dont celui qui a ensanglanté l’aéroport d’Istanbul, le 28 juin, une tentative de coup d’État en juillet, ou encore des tensions diplomatiques et géopolitiques croissantes qui auront fait fuir les touristes russes et européens, la compagnie Turque s’efforce de poursuivre son expansion africaine. La compagnie, remarquée ces dernières années pour sa croissance ultrarapide (+19,8 % de sièges par an entre 2012 et 2016), a connu une baisse de son taux d’occupation global des sièges qui a reculé à fin 2016, de 3,1 points, à 74,6 %. Résultat, Turkish Airlines, détenue à 49%

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INDUSTRIE DU MAROC


DESIGN I N DUSTRI EL

DESIGN INDUSTRIEL

Réalisé par Ghizlaine BADRI

L'ENVOL AFRICAIN DANS LES ANNÉES 50, AU MOMENT DE L’INDUSTRIALISATION, LA QUESTION DES RAPPORTS ENTRE ART ET TECHNIQUE S’EST POSÉE. A PARTIR DE LÀ, LE DESIGN INDUSTRIEL S'EST AFFIRMÉ COMME UNE ACTIVITÉ SPÉCIALISÉE ET COMME UN MILIEU PROFESSIONNEL AUTONOME. EN AFRIQUE, CETTE DISCIPLINE NAISSANTE A COMMENCÉ À ÉCLORE 50 ANS PLUS TARD, DANS LES ANNÉES 2000, OU L’ÉMERGENCE DE QUELQUES DESIGNERS AFRICAINS QUI ONT FAIT LEURS ARMES EN EUROPE, EN ASIE ET AUX ÉTATS-UNIS, ONT APPORTÉ LEUR SAVOIR-FAIRE ET LEUR VISION HYBRIDE MÊLANT TRADITION ET MODERNITÉ.

O

n connait l'Afrique à travers le wax, ce tissu imprimé sous cire avec de nombreux motifs et des couleurs fortes. Pourtant, l'Afrique est un continent qui a beaucoup à offrir selon les pays, les régions et les ethnies. Aussi, et surtout, l'Afrique ne revendique pas toujours un tissu qu'elle n'a pas inventé et qu'elle produit aujourd'hui assez peu, étouffée par la concurrence chinoise ou hollandaise. Le wax est majoritairement importé en Afrique et pourtant il constitue l'identité visible incontournable du continent quand de nombreux créateurs locaux préfèrent travailler les tissus traditionnels tels que le kente, et le faso. Si l’Afrique a su innover en mélangeant l’ancien et le nouveau, la production créative du continent africain mélange ainsi tradition et modernité, innovation et histoire, utilité et beauté. Elle a intégré les diverses influences extérieures auxquelles elle

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INDUSTRIE DU MAROC

était exposée et ses designers en puisant aux sources locales et piochant dans les formes venues d’ailleurs, ont résolu la question de la synthèse culturelle dans ce qu’elle peut avoir d’harmonieux. On y retrouve l’héritage d’un travail artisanal d’une exceptionnelle qualité, la capacité de transposer de fins détails grâce à des talents manuels difficiles à reproduire par machine, et un sens de l’exclusivité qui fait de chaque produit ou presque un objet original.Cohéritier du patrimoine intellectuel et culturel commun de l’humanité, il démontre aujourd’hui un désir fort de participation à l’aventure commune en s’inspirant des meilleures pratiques. C’est ainsi que l’on trouve aujourd’hui, une génération de Designers Africains qui traduit sa vision du monde et de l’Afrique moderne à travers son art et sa production. Fluidité, amovibilité, impermanence, possibles reconfigurations, détournement des

objets de leur usages habituels, un chaos organisé et ingénieux, le Design Africain est donc un mouvement syncrétique dont la seule tâche est de produire du fonctionnel et du beau.Parmi les Designers Africains qui ont révolutionné le secteur, on retrouve l’Ivoirien Kossi Assou, qui avait reçu la prestigieuse désignation honorifique de « Trésor humain vivant » par l’Unesco, l’Artisan designer sénégalais Ousmane Mbaye et Hicham Lahlou, le Marocain, membre du WDO ( World Design Organization). Au travers de leur travail, ils offrent la possibilité de se ressourcer, de repartir de l’essentiel, du vital, avant de s’atteler à dessiner de nouveaux futurs. Ces Designers Africains orientent ainsi consciemment leur travail vers de vrais changements durables pour l’accomplissement des autres.


DESIGN I N DUSTRI EL Le Design a comme domaine d’activité l’ensemble de l’identité visuelle des firmes. La figure professionnelle du designer se différencie par des spécialisations : designer produit, designer graphique, d’environnement, textile, et l’existence de divers segments caractérisant les modes d’exercice. Le designer produit ainsi et élabore l’ensemble des signes émis par les nouveaux produits, il doit en connaître le mécanisme et parfois cela le conduit à le modifier. Il participe à la recherche des matériaux car leur association modifie les volumes, les effets visuels, tactiles, olfactifs» sonores voire gustatifs. Il s’intéresse également à l’ergonomie du produit, aux données du marché et à la dimension prospective de la politique de produit. Le designer graphique a des

compétences en graphisme et en multimédia appliquées à une politique de communication centrée sur le produit et sur l’identité de la firme. Il travaille sur tout document présentant l’entreprise industrielle ou de service, les informations pour les clients, les catalogues, les emballages et les sites web.Le Designer d’environnement conçoit les stands d’exposition, les présentoirs et les accessoires, les espaces de travail. Quant au Designer textile, il travaille plus particulièrement sur les propriétés des matériaux textiles. Selon l’Organisation mondiale…..21 % des ingénieurs du secteur privé déclarent que leur firme emploie des designers ou passent des commandes à des agences de design. Passer d’une idée à une technologie, puis d’une technologie à un produit n’est

pas une démarche qui va de soi. Il faut qu’à chaque étape du développement, le concept demeure non seulement rattaché aux besoins réels des clients, mais aussi aux conditions concrètes de vente et de fabrication. C’est le rôle essentiel du design industriel de construire ces ponts, ce qui l’amène parfois sur des voies inattendues. Selon un rapport de l’APCI en 2002, Les diplômés des écoles de design industriel s’orientent majoritairement vers un emploi salarié (65 %), 25 % sont indépendants, 10 % sont directeurs ou associés d’une société. À noter que le versant libéral de la profession est bien moindre que chez les architectes. Plus d’un diplômé en architecture sur deux s’orientent vers une activité libérale (55%), les salariés ne représentant que 33%.

grâce à des talents manuels difficiles à reproduire par machine, et un sens de l’exclusivité qui fait de chaque produit ou presque un objet original. Cohéritier du patrimoine intellectuel et culturel commun de l’humanité, il démontre aujourd’hui un désir fort de participation à l’aventure commune en s’inspirant des meilleures pratiques. C’est ainsi que l’on trouve aujourd’hui, une génération de designers africains qui traduit sa vision du monde et de l’Afrique moderne à travers son art et sa production. Fluidité, amovibilité, impermanence,

possibles reconfigurations, détournement des objets de leur usages habituels, un chaos organisé et ingénieux, le design africain est donc un mouvement syncrétique dont la seule tâche est de produire du fonctionnel et du beau. Au travers de leur travail, ils offrent la possibilité de se ressourcer, de repartir de l’essentiel, du vital, avant de s’atteler à dessiner de nouveaux futurs. Ces designers africains orientent ainsi consciemment leur travail vers de vrais changements durables pour l’accomplissement des autres.

Le secteur en Afrique Faite de d’ancien et de nouveau, de technicité et d’âme, la production créative du continent africain mélange ainsi tradition et modernité, innovation et histoire, utilité et beauté. Elle a intégré les diverses influences extérieures auxquelles elle était exposée et ses designers en puisant aux sources locales et piochant dans les formes venues d’ailleurs, ont résolu la question de la synthèse culturelle dans ce qu’elle peut avoir d’harmonieux. On y retrouve l’héritage d’un travail artisanal d’une exceptionnelle qualité, la capacité de transposer de fins détails

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INDUSTRIE DU MAROC


DESIGN I N DUSTRI EL Le Design levier De croissance Innover consiste le plus souvent à développer une nouvelle offre ou à repenser des relations clients existantes, mais nombreux sont ceux qui misent également sur l’ouverture à de nouveaux marchés à l’étranger. Lorsqu’elles sont confrontées à une certaine saturation de leurs cibles et territoires habituels, les entreprises occidentales s’exportent sur d’autres continents et pays émergents : Asie, Amérique du Sud, et Afrique sont ainsi devenus les nouveaux eldorados. Si les stratégies marketing ont depuis bien longtemps exporté leurs recettes sur ces nouveaux territoires, qu’en est-il de l’innovation par le design ? Puisque toutes les projections montrent qu’il sera l’une des clés de la croissance mondiale, le « futur atelier du monde», le continent s’est engagé dans une véritable diversification de son économie, et attire continuellement toujours plus d’investissements étrangers. Dans la manufacture textile bien sûr (cas de l’Ethiopie), dans les télécoms et l’agroalimentaire, mais aussi dans les services (banques, assurances, médias, …). Pour les grands

groupes occidentaux, l’Afrique est plus que jamais stratégique, notamment pour deux raisons : L’essor de l’urbanisation d’une part, entraînant l’arrivée d’une main-d’œuvre bon marché depuis les campagnes, estimée à 800 millions d’urbains supplémentaires d’ici à 2050. L’essor de la classe moyenne africaine d’autre part, estimée à un milliard d’individus d’ici à 2060. On comprend mieux pourquoi les secteurs liés à la consommation suscitent les convoitises, étant donné la masse potentielle de nouveaux clients à conquérir. Evidemment cette dynamique ne va pas sans son corollaire : la pauvreté extrême qui frappe toujours la moitié des Africains, les inégalités, la corruption, et l’instabilité politique de certains pays qui subsistent. 30 % de la richesse n’est possédée que par 0,2 % des habitants, et il faudrait créer 29 millions d’emplois par an d’ici à 2030 pour occuper tous les jeunes actifs (source Challenges 12.03.16). Pris en tenailles, les grands groupes se trouvent dans une position délicate, entre

le nécessaire soutien au développement des populations locales et leurs propres objectifs de profit. Y a-t-il des solutions pour conjuguer les deux ? Comment la méthode design peut permettre de développer une innovation responsable et performante ? Probablement avec une autonomisation qui se fera à moyen, voir sur du long terme. Il est ainsi indispensable de construire de nouveaux modèles, et l’Afrique a l’avantage de son inconvénient dans ce domaine, car au lieu d’appliquer aveuglément des schémas extérieurs, elle peut en tirer les leçons, et sauter des étapes de développement (téléphonie et ordinateurs mobiles, décentralisation des réseaux énergétiques, urbanisme adapté aux nouvelles mobilités, …). Le champ d’expérimentation est potentiellement gigantesque, les opportunités pour faire les bons choix dès aujourd’hui pour être compétitifs demain ne manquent pas. Construire ses propres modèles, mais surtout adaptés à la diversité et la complexité de ses dynamiques sociales, c’est là un des grands enjeux.

l'assemblée générale d'octobre 2015, ainsi que l'approbation de changer le nom de l'organisation en World Design Organization.

Nous croyons en la capacité du design à améliorer la qualité de vie et nous reconnaissons que les défis de la vie au XXIe siècle ne peuvent plus être ignorés. Ensemble, avec nos organisations membres du monde entier, nous avons adopté les objectifs de développement durable (ODD) de l'ONU comme un appel à l'action universel pouvant potentiellement avoir un impact social et environnemental positif. En tant que professionnels de la conception, nous devons influencer les comportements positifs et nous attaquer à des problèmes complexes du point de vue de la conception. » Management de WDO.

World Design Organization Le World Design Organization (WDO), anciennement connu sous le nom de Conseil international des sociétés de Design Industriel (Icsid), est une organisation internationale non gouvernementale qui promeut la profession de Design Industriel et sa capacité à générer de meilleurs produits, systèmes, services, et expériences; meilleures affaires et industrie; et finalement un meilleur environnement et une meilleure société. WDO, qui comptait 12 associations de design professionnel fondatrices en 1957, compte désormais plus de 150 organisations membres de 40 pays, les engageant dans des efforts de collaboration et leur offrant la possibilité de se faire entendre au niveau international. Les membres ont approuvé une vision et une mission renouvelées lors de 36 N° 46 Mai 2019

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WDO a le statut consultatif spécial auprès des Nations Unies. « En tant qu'organisation mondiale du design, nous sommes passionnés par le positionnement du design en tant qu'agent de changement positif.


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DESIGN I N DUSTRI EL

I NTERVI EW HICHAM LAHLOU Designer International - Membre exécutif de l'Organisation Mondiale du Design

I

DM : Vous avez été respectivement à la tête de cette prestigieuse organisation qu’est le WDO, en tant qu’Africain qu’est-ce que cela a t-il représenté pour vous ? HICHAM LAHLOU: C'est un honneur et un privilège que d'être élu au sein du board en tant que premier marocain, Nord-africain, de la Région Mena et 2 ème Africain en 62 ans d'histoire de cette prestigieuse organisation qui est la première et la plus puissante dans le monde qui œuvre pour " Design for a Better World".Nous sommes complètement dans la vision des objectifs 2030 des Nations Unies (SDG'S). IDM : Quels sont les caractéristiques de ce secteur à Fort potentiel, et où se situe l’Afrique au niveau mondial ? L'Afrique est le berceau de l'humanité et est un vivier fort de créativité dans un immense continent de plus 2200 langues ! 54 pays ! Et une émergence économique forte avec une démographie croissante et très jeune. Le design est un levier économique nécessaire à l'Afrique tous secteurs confondus et aussi son industrie est à développer. Mais avant toute chose, il faut développer dans tous les pays d'Afrique des éco systèmes favorables et un réseau d'éducation fort allant du « Bachelor» en passant le « Master » jusqu'au doctorat pour former des designers industriels et avec tous les métiers du design tels que le design interactif, le design de produit etc... On ne peut pas continuer à parler d'innovation et de digital sans design ! 38 N° 46 Mai 2019

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Cela n'a aucun sens. IDM : Quelles sont les actions réalisées pendant votre passage à la tête de WDO? Depuis ma nomination de 2015 à 2017 en tant que premier « Community Liaison » en charge de l'Afrique de l'Ouest et d'Afrique du Nord par le Président Mugandi premier africain président de l'histoire de WDO et le board. J'ai mené des actions de sensibilisation dans différents pays francophones d'Afrique et ailleurs hors Afrique et aussi nous avons organisé le premier Forum économique « Africa Design Days » en juin 2017 et le premier « World Design Talks » en Afrique en partenariat avec WDO Sous le Haut Patronnage de Sa Majesté Le Roi Mohammed VI. En Octobre 2017 j'ai été élu Membre du Conseil d'Administration (29 voix sur 76) au centre de conférences des nations unies à Turin en Italie pour le mandat 2017/2019. Dès lors, plusieurs actions concrètes et participations en tant qu'invité speaker à plusieurs forums et conférences ou j'ai parlé de WDO et de l'importance avec l'organisation d'un panel sur le design pour la gouvernance locale en tant que modérateur dans le cadre de « Africités 2018 » à Marrakech. Je suis à l'origine de la signature d'un M.O.U entre WDO et CGLU pour des actions en Afrique qui visent à être un partenaire stratégique pour les gouvernements locaux en Afrique et différentes organisations. Étaient présents à ce panel Mme Luisa Bochietto Présidente WDO, le Pr. Mugandi Senator WDO, le Maire de Casablanca, M. Zahid Président de Menara Holding qui a soutenu cette action et Panel en tant que

Sponsor Officiel. Également invité dans des forums importants tels que Med Days à Tanger pour parler de design en tant que speaker. Je suis régulièrement invité dans plusieurs pays comme le Mexique, la Turquie pour parler de mon parcours international et du design en Afrique ainsi que WDO.Je suis aussi très actif dans la diplomatie multilatérale, parallèle, et culturelle.Je suis en train d'initier des actions pour mettre en place des partenariats stratégiques avec WDO et UNESCO, UNIDO, l'Union Africaine, WPO en étroite collaboration avec la diplomatie marocaine pour mener des actions ensemble dans le cadre de la coopération en Afrique et hors Afrique. Le Ministère des Affaires Etrangères du Royaume et l'AMCI Maroc soutiennent Africa Design Days et Award depuis que j'ai fondé ce projet en 2014. Ainsi que le soutien du Ministère de l'Industrie depuis 2017. IDM : Quelles sont les points forts et les points faibles du continent au niveau du Design Industriel ? Les points forts sont la créativité et la faiblesse le réseau éducatif et le manque d'écoles niveau Supérieur dans les universités publiques et privés. Aussi une incompréhension de ce que ce que le design veut réellement dire. Le design ce n'est pas de la décoration mais un domaine globale à forte valeur ajoutée économique et sociale. IDM : Quelles sont les événements organisés au sein du continent Africain pour promouvoir le Design Industriel et que représente ce secteur en terme


DESIGN I N DUSTRI EL d’emplois et de Chiffre d’affaires en Afrique ? Il y a plusieurs événements comme Design In Daba à Capetown en Afrique du Sud qui a été la première ville design UNESCO et aussi World Design Capital 2014 (WDO) ainsi qu’Africa Design Award et Days depuis 2014, Cairo Design Week, Casablanca Design Week, Tetouan Design Event, et plusieurs conférences dans différents pays et aussi participants des acteurs du design dont je fais partie qui sont invités dans des forums importants pour parler de l'importance du design comme levier économique. IDM : Quels sont les partenariats réalisés au niveau mondial, et quels sont les pays qui s’intéressent de plus en plus au Design Industriel Africain ? Plusieurs régions du monde commencent à s'y intéresser et des projets sont à venir. Il est à noter que je fais partie des rares designers africains à signer pour des marques éditeurs internationales. Dernièrement IKEA a fait appel des designers africains pour signer des collections en série limitées et ces collections seront lancées dans le monde entier en mai 2019.Aussi plusieurs grandes expositions majeures ont déjà mis en avant le design africain dans des grands musées telle que l'exposition de mars 2015 à janvier 2019 "MAKING AFRICA a Contemporary Continent of Design" qui a été présentée et montée par le prestigieux Vitra Design Museum et par le suite aux musées Gugenheim de Bilbao, CCCB de Barcelone, Kuntshal de Rotterdam, High Museum de Atlanta, Alburqueque museum au nouveau Mexique aux USA et pour finir au Blanton Museum de Austin au Texas... L'émergence du design made in Africa et celui de la diaspora africaine dans le monde est

forte et croissante. Les collectionneurs s'arrachent des collections de designers qui produisent en Afrique dans leurs pays respectifs... l'avenir est très prometteur ! IDM : Est-ce que le Maroc peut être considéré comme le Hub Africain du Design Industriel, quelles sont les locomotives Africaines à fort potentiel? Il est un des hub industriels en Afrique et une des locomotives. Il doit investir dans l'enseignement de haut niveau du design qui rappellons le est le moteur de l'innovation.Le Maroc est la porte de l'Afrique et son positionnement géographique a toujours été un pays important qui a joué un rôle depuis la nuit des temps. Il y a la vision de la coopération sud-sud impulsée par le Roi Mohammed VI qui a donné un élan réel au continent, modèle qui inspire hors Afrique. Sous son leadership le Maroc est devenu un pays investisseur et participe au développement des plusieurs pays et régions d'Afrique. Depuis le retour au sein de l'Union Africaine sous l'impulsion de Sa Majesté avec une diplomatie brillante et complètement dédiée à son continent. Le design peux être un axe majeure et stratégique si on comprend son sens et sa force. IDM : Vous préparez un livre qui portera sur 50 designers africains, quel est le détail de cette collaboration ? J'ai co-initié avec Patricia Defever Directrice Générale des Editions Languages du Sud, le projet d'ouvrage sur le design en Afrique : "GENERATION AFRICAINE - La Force du Design / AFRICAN GENERATION - The Power of Design ". Je suis co auteur du livre avec le Pr. Mugandi, celui-ci présente près de 50 designers du continent et de la diaspora. Des signatures distinctives du design africain avec des grands noms tels que Sir David Adjaye, Cheick Diallo, Karim

Rashid,... ainsi que des jeunes designers émergents de plusieurs pays et hors Afrique provenant de la diaspora. C'est le premier projet de ce genre en Afrique francophone et dans le monde issu d'un pays francophone, le Maroc. IDM : Pourrions-nous imaginer des partages d’expériences entre les Designers Africains et Européens Américains et Asiatiques ? Bien entendu. Il y a quelques jours le Salone Del Mobile de Milan, le plus grand rendez-vous mondial du design a eu lieu dans la ville Italienne et a réuni des professionnels du monde entier. J’ai été nommé commissaire en charge de l'Afrique avec les célèbres designers brésiliens les frères Campana nommés commissaires en charge de l'Amérique Latine par Marva Griffin créatrice de cet évènement. Nous avions présenté une superbe exposition en avril 2018 de 18 designers africains et Latin américains "Africa / Latin America Emergent Design". IDM : Quels sont les projets à venir sur le continent ? IIl faut avant tout mettre en place avec force dans les systèmes économiques du continent des Eco-systèmes avec le design comme levier économique et moteur de l'innovation. Le secteur privé et public doivent écouter et comprendre ce que le design est réellement. Nous avons un grand chantier devant nous. Nous n'avons pas besoin de pétrole ou de ressource pour cela mais la plus riche des ressources ce sont les femmes et les hommes que nous sommes ! La preuve et un parfait exemple la Coree du Sud qui a tout compris ! Valoriser et miser sur l'éducation et la performance des êtres humains !

HICHAM LAHLOU, Designer International - Membre exécutif de l'Organisation Mondiale du Design Hicham Lahlou, porte drapeau du design national Marocain, est l'un des grands leaders du design Africain et Arabe à l’international et figure emblématique du design nouvelle génération, fait partie depuis deux décennies des nouvelles signatures qui comptent dans la sphère du design mondial et de la création. Ses créations raffinées sont toujours imprégnées de références culturelles et identitaires, subtilement intégrées dans des lignes modernes et c’est sa touche très personnelle qui lui a permis de se faire remarquer dans ce milieu aussi élitiste que codifié.

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INDUSTRIE DU MAROC


DESIGN I N DUSTRI EL

I NTERVI EW LUISA BOCHIETTO Architecte et designer,Présidente de la World Design Organisation

I

DM : Quelle est votre expérience professionnelle? LUISA BOCHIETTO : Je suis architecte et designer. Je suis diplômé en architecture de l’École polytechnique de Milan. J'habite en Italie. Je suis pigiste et travaille avec mon propre studio depuis plus de 30 ans pour des clients publics et privés. Dans le domaine de l'architecture, j'ai mené à bien des projets de restructuration, de régénération urbaine, de planification, dans le domaine de la conception. J'ai travaillé comme directeur artistique pour des entreprises du secteur du meuble, j'ai créé des produits et construit des stands d'exposition. J'ai écrit des livres et collaboré en tant que tuteur pour des écoles et des universités. Par ailleurs, j'ai également organisé des expositions de design en Italie et à l'étranger. J'étais présidente de l'Association nationale pour le design industriel en Italie (ADI). Je suis actuellement présidente de la World Design Organization, basée à Montréal, au Canada.

IDM : Quelles sont les activités pour WDO ? En tant que présidente de WDO, je représente l'organisation dans de nombreux événements à travers le monde et je contribue avec le conseil d'administration et l'équipe de collaborateurs à promouvoir le rôle du design industriel en tant qu'outil de changement positif dans l'intérêt de la 40 N° 46 Mai 2019

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communauté afin de bâtir ensemble un monde meilleur. IDM : Comment le design industriel a évolué ces dernières années ? Le design industriel évolue dans le secteur des produits et services. Nous sommes entrés dans une nouvelle révolution, la révolution numérique, et nous avons laissé derrière nous la révolution industrielle, qui a conduit à la naissance de l'industrie et du design. Aujourd'hui, nous utilisons la même méthodologie que celle que nous avons développée pour concevoir des produits, des matériaux, des processus et des services. Le design s’intéresse de plus en plus aux produits immatériels pour lesquels l’élément stratégique vise à impliquer, informer et optimiser les relations entre les individus. Dans ce contexte, la forme et la fonction, les paramètres utilisés par le design classique ne suffisent plus pour caractériser les produits d'excellence; à ceux-ci s'ajoutent des critères d'évaluation moins visibles liés à la durabilité. Nous devons produire moins de biens et des solutions plus intelligentes pour la planète. IDM : En ce qui concerne le design industriel, quelles sont les différences entre l’Afrique et les autres continents ? Certaines régions du monde ont connu le boom de la production industrielle, d’autres le connaisse. L’Afrique traverse des mutations rapides qui l’amènent à faire face aux déséquilibres et aux avantages du développement industriel.

Son lien viscéral avec la nature pourrait peut-être lui apprendre à ne pas commettre les erreurs du passé qui ont causé des dommages sur l'environnement. Le design est ici projeté de la réalité tribale à celle urbanisée et il réussira peut-être à préserver ses racines. Nous l’espérons fortement. IDM : Quelles sont les forces et les faiblesses en Afrique ? Les points forts sont la richesse en matières premières, la population jeune, l’espace et la dimension de la nature dans son ensemble. Je pense que les points faibles sont la répartition inégale de la richesse, le manque d'installations et de services accessibles à l'ensemble de la population. IDM : Quels sont les événements organisés dans le monde et spécialement sur le continent africain pour promouvoir le design industriel et que représente ce secteur en termes d’emplois et de chiffre d’affaires sur le continent africain par rapport aux marchés européens et américains asiatiques ? Les événements WDO sont organisés dans le monde entier. Une ville est choisie pour être la capitale du design pendant une année entière. Dans le monde, on retrouve « Les World Design Talk » pour rencontrer les communautés locales, « La Journée mondiale du design industriel » pour promouvoir et célébrer les initiatives


DESIGN I N DUSTRI EL promues le jour de 29 juin autour d'un thème de sensibilisation à l'utilisation du design en harmonie avec les objectifs 20/30 des Nations Unies. WDO représente également une plate-forme permettant de réaliser des réunions, des projets et des échanges de connaissances sur le design et son utilisation pour un monde meilleur. Le secteur de la conception, considéré comme le soutien à la production de meilleurs produits, procédés et services, peut contribuer à générer du travail et de meilleures conditions de vie. Pour l'Afrique, il peut devenir un moteur stratégique pour accélérer les processus d'intégration technologique dans un

contexte où les qualités naturelles doivent être préservées et valorisées. IDM : Peut-on imaginer partager des expériences entre des designers africains et européens ? Certainement parce que certains peuvent tirer des leçons et s'inspirer des autres. Nous nous inspirons des différences pour changer de vision et imaginer de nouveaux scénarios. Il serait très intéressant qu'il y ait plus d'échanges éducatifs au sein des universités et des échanges professionnels pour comparer différentes cultures et différentes manières de traiter les problèmes.

IDM : Quels sont les projets à venir ou concernant le design industriel ? Les projets les plus intéressants sont ceux qui mettent en cause l’utilisation de ressources et de technologies pour réduire la pollution, les déchets et l’agression environnementale. Lorsque nous avons signé l'engagement de poursuivre les objectifs 20/30 des Nations Unies, nous nous sommes engagés à promouvoir une vision différente dans le domaine de la conception, de la production et de la distribution de produits, afin d'inciter la communauté à réfléchir et à produire des produits plus durables.

LUISA Luisa Bocchietto, présidente de WDO Luisa travaille en tant que designer et architecte dans les secteurs public et privé et réalise des projets de développement local, de restauration urbaine et de rénovation. Ses projets et produits sont publiés dans divers magazines spécialisés. Elle a contribué à des textes sur l'architecture et le design pour diverses publications, organisé des expositions (Pop Design, Design déco), assisté à des conférences et participé à des jurys internationaux. Luisa coopère également en tant que professeur invité avec des universités et des écoles de design. En tant qu'ancienne présidente, Luisa siège au conseil des gouverneurs de l'Associazione per il Disegno Industriale (ADI). Elle a également été présidente de l'Association des architectes de Biella et était membre du comité organisateur

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INDUSTRIE DU MAROC


TRANSPORT & LOGISTIQUE

La logistique UN SECTEUR D’AVENIR POUR LE MAROC ! LE SECTEUR DE LA LOGISTIQUE REPRÉSENTE UN LEVIER DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET SOCIAL POUR LE MAROC. LES ACTIVITÉS DE TRANSPORT DE MARCHANDISES ET DE LA LOGISTIQUE CONTRIBUENT À HAUTEUR DE 5.1% AU PIB MAROCAIN ET EMPLOIENT PLUS DE 425.000 PERSONNES DANS TOUT LE TERRITOIRE DU ROYAUME. LE SECTEUR DE LA LOGISTIQUE A PU CRÉER 26.000 EMPLOIS NETS DIRECTS DURANT LA PÉRIODE 2010-2017, SOIT UNE PART DE 9% DE L’ENSEMBLE DES CRÉATIONS D’EMPLOIS SUR LA MÊME PÉRIODE AU NIVEAU NATIONAL. Dossier réalisé par Ismaila SY SAHADE

Contexte général : 8e édition du salon «LOGISMED» ! Focus sur l’évènement

E

n développant une synergie gagnante, cet événement combinant quatre manifestations de haut niveau constitue la consécration de la dynamique logistique au Maroc et offre ainsi une opportunité unique de découverte, d’échanges, de rencontres, d’affaires et de networking. Cette année, Logismed a réuni plus de 150 exposants nationaux et internationaux couvrant l’ensemble des métiers de la chaine logistique, et accueillera plus de 5.000 visiteurs issus de l’industrie, du commerce, de la distribution, des 42 N° 46 Mai 2019

INDUSTRIE DU MAROC

services, des administrations, des collectivités locales. Cette nouvelle édition s’articule autour des enjeux de la maturité digitale et de la valorisation des données pour le développement d’une chaine de valeurs de commerce intégrée et inclusive, via des Guichets uniques performants, agiles et hautement sécurisés. Ainsi, pour Ali Berrada, président du salon, «la logistique est un levier extrêmement crucial qui peut attirer des investissements et créer de l’emploi». Quant au ministre de l’Equipement, du Transport, de la

Logistique et de l’Eau Abdelkader Amara, «le Salon Logismed se positionne aujourd’hui en tant qu’événement majeur du secteur de la logistique à l’échelle nationale et régionale, et s’affirme, d’année en année, en tant que rendez-vous incontournable de la communauté logistique marocaine et africaine et comme une réelle plateforme d’échanges, de connexions et d’exposition contribuant ainsi à l’évolution et au développement de la logistique nationale et continentale». Pour lui, cette nouvelle édition


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TRANSPORT & LOGISTIQUE représente l’occasion idoine pour la communauté logistique de bénéficier d’un programme riche et diversifié et d’interagir avec un parterre d’experts et de scientifiques chevronnés lors des trois journées thématiques. Concernant la stratégie nationale de compétitivité logistique, M. Amara a souligné qu’une réelle démarche d’intelligence collaborative a été entreprise tout au long du processus de pilotage et de déploiement de la stratégie, ajoutant que lors de l’élaboration de ladite stratégie, le ministère de l’Équipement a adopté une démarche de concertation avec l’ensemble des acteurs privés et publics qui a été couronnée par la signature d’un ensemble de contrats d’application visant à préciser les engagements des parties impliquées et à coordonner leurs interventions sur le terrain.

«Depuis le lancement de cette stratégie et grâce à la démarche participative adoptée, d’importantes avancées ont, en effet, été constatées en matière de développement d’offres d’installations et de services logistiques aussi bien dans les domaines du transport routier de marchandises et de l’entreposage que dans le freight-forwarding et la logistique internationale», a-t-il déclaré. Fermement engagé dans la lutte contre les changements climatiques, le Maroc a défini sa stratégie de compétitivité logistique à travers des chantiers visant à limiter les impacts et externalités environnementaux des activités logistiques et à développer les bonnes pratiques d’une logistique verte, a rappelé M. Amara. A ce titre, le ministère a lancé, à travers l’Agence marocaine de développement de la logistique (AMDL),

l’initiative «Moroccan Green Logistics» tendant à valoriser la contribution du secteur logistique national aux objectifs de développement durable visé par le Royaume et à mobiliser durablement les acteurs concernés autour de nouvelles actions collaboratives à l’image de l’établissement de la Charte marocaine en faveur de la Logistique verte en partenariat avec la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et de concert avec les acteurs de la communauté logistique marocaine, a-t-il poursuivi, soulignant qu’une attention particulière a été accordée à la réduction de l’impact environnemental du transport de marchandises à travers le lancement d’un chantier de structuration de la logistique urbaine.

et le rendez-vous incontournable de la communauté logistique nationale, fortement impliquée dans la préparation de son programme et dans son animation effective.

Cette nouvelle édition s’est déroulée autour du thème «Nouveaux leviers accélérateurs de la logistique et du commerce».

4 événements en 1 Salon spécialisé en logistique, leader en Afrique avec une ambition régionale claire, Logismed a atteint le statut d’évènement annuel majeur du secteur logistique à l’échelle régionale

Logismed 2019 a abrité 3 grands événements : •La 5e édition de la Conférence annuelle du Guichet Unique PortNet ;

Pendant 3 jours, cette 8e édition s’est caractérisée par plusieurs nouveautés et de multiples animations : Présentation des dernières innovations

•Le Forum du transport et de la logistique de l’Organisation de la Coopération islamique ;

technologiques et produits, Journées thématiques, Programme scientifique riche, Village des start-ups, WebTV, Rendez-vous d’affaires... Une opportunité

•La 4e édition des trophées marocains de la logistique «Moroccan Logistics Awards».

unique d’échanges, de rencontres, de business et de networking.

MoroccanLogistics Awards- MLA 2019 Le prix du projet logistique de l’année a été attribué par le jury à Schneider Electric Marocpour son projet «SupplyChain collaborative entre chargeur et prestataire : Externalisation des activités logistiques». L’unicité de ce projet vient du fait que Schneider Electric Maroc garde ses propres outils informatiques de gestion, tout en assurant une communication avec les 44 N° 46 Mai 2019

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outils de gestion du prestataire via une interface développée à cet effet. En ce qui concerne le prix du projet «Start-up» de l’année, il a été octroyé à SPEEDBOX pour son projet «Solution collaborative de livraison de colis». SpeedBox est une plateforme de livraison intra-ville et intervilles permettant aux clients disposant de colis de les expédier à des tarifs et dans des conditions nettement meilleures

que s’ils s’en chargeaient eux-mêmes directement. Cette solution est orientée essentiellement vers les e-commerçants et les opérateurs de vente sur catalogue et propose une panoplie d’offres de transporteurs et de sociétés de livraison avec qui elle négocie les tarifs et valide les principes de mutualisation afin d’optimiser les coûts de transport et de disposer d’offres compétitives. Quant au


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TRANSPORT & LOGISTIQUE

prix du professionnel de l’année, le jury a primé cette année Mohamed Talal, Président directeur général du Groupe «la Voie Express», opérateur marocain pionnier dans le secteur de la logistique. M. Talal occupe également le poste de vice-président de la Fédération du Transport et de la Logistique à la CGEM. Enfin, les invités à la soirée des MLA 2019 ont accordé, via un vote, le prix de

la meilleure présentation à «Kourtim» pour son projet de «Plateforme digitale pour l’optimisation du transport routier de marchandises». L’AMDL a annoncé que deux gagnants des MLA 2018 font partie des finalistes aux «ELA Awards 2019» organisés par l’Association européenne de la logistique (ELA) et dont les vainqueurs seront dévoilés lors d’une cérémonie qui se tiendra le 23

mai 2019 à Bruxelles. Le «Professionnel de l’année 2018», Jalal Benhayoune, Directeur général de PortNet-SA, et le «Projet Green Logistique de l’année 2018», E-Picerie verte, Marketplace en ligne au Maroc dédiée aux produits alimentaires et cosmétiques naturels et bio, ont, en effet, été sélectionnés pour prétendre aux prestigieux prix de ce concours européen.

L’AMDL : un acteur clé ! Missions de l’AMDL

Réaliser les études stratégiques et les plans d’actions visant le développement de la logistique ; Élaborer le schéma directeur des zones d’activités logistiques ; • Élaborer les études relatives aux projets de zones d’activités logistiques ; • Rechercher et identifier l’assiette foncière pour le développement des zones d’activités logistiques ; • Créer et développer des zones d’activités logistiques ; • Mettre en œuvre la politique du gouvernement en matière de promotion de l’émergence d’opérateurs intégrés de la logistique; • Participer à l’élaboration des plans de formation dans les domaines de la logistique ; • Assurer le suivi et la mesure du niveau d’efficacité et de performance des services logistiques. • •

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TRANSPORT & LOGISTIQUE L’Agence est également chargée de présenter au gouvernement des propositions pour l’amélioration des

textes législatifs et réglementaires, à même de promouvoir l’offre nationale dans le secteur des activités logistiques

et d’organiser la profession d’opérateurs logistique.

impulsion réelle aux services logistiques et une mise en tension de la chaîne logistique en développant une stratégie basée sur un partenariat fort et efficace entre le gouvernement et le secteur privé. Aujourd’hui, la performance du secteur dans son ensemble reste à un stade intermédiaire, caractéristique des pays émergents, mais présentant un fort potentiel de développement par rapport aux pays qui ont réussi leur mutation logistique. Le secteur est, en effet, caractérisé par une offre de services encore inégale (coût, qualité, délai), une demande en moyenne peu sophistiquée et un manque d’infrastructures spécialisées sur certains flux. Par ailleurs, un ensemble de nouvelles

stratégies sectorielles volontaristes ont été définies par le Maroc notamment dans les domaines agricole, énergétique et industriel. Pour maximiser les chances de réussite de ces stratégies, il est aujourd’hui essentiel de les accompagner par un secteur logistique performant répondant aux nouveaux besoins en services logistiques. Dans ce cadre, l’Etat et le secteur privé représenté par la CGEM ont défini une stratégie pour le développement de la compétitivité logistique du Maroc. Cette stratégie a été actée par la signature d’un Contrat Programme sur la période 2010-2015, sous la présidence effective de Sa Majesté le Roi Mohammed VI en avril 2010 à Casablanca.

Stratégie nationale logistique ! contexte

Le développement d’une réelle compétitivité logistique de l’économie marocaine constitue un enjeu de grande envergure vu l’impact de ce secteur sur la consécration du Maroc comme destination de choix pour les investissements créateurs d’emplois et de valeur ajoutée, ainsi que sur l’amélioration de la compétitivité des échanges commerciaux du Maroc. En plus de la poursuite de la politique des grands chantiers d’infrastructures de transport et la multiplication du volume de l’investissement y afférent et la poursuite du processus de réforme du secteur de transport et d’amélioration de ses services, il s’est avéré nécessaire de parachever la mise à niveau des systèmes de transport à travers une

Stratégie Le contrat programme définit le cadre de développement du secteur de la logistique au Maroc, fixe les grandes lignes et les objectifs de la stratégie intégrée pour le développement de la compétitivité logistique et décline les engagements communs de l’Etat et du secteur privé. Présentant un fort potentiel de développement et d’ouverture à l’international, qui permettra au Maroc de se positionner en tant que hub régional de la logistique au niveau de l’Afrique, cette stratégie ambitionne de :

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INDUSTRIE DU MAROC


TRANSPORT & LOGISTIQUE réduire le poids des coûts logistiques du Maroc par rapport au PIB pour passer de 20% actuellement à 15% à moyen terme ; • accélérer la croissance du PIB en gagnant 5 points sur 10 ans par l’augmentation de la valeur ajoutée induite par la baisse des coûts logistiques et l’émergence d’un secteur logistique compétitif ; • contribuer au développement durable du pays à travers la réduction des émissions de CO2 liées au transport routier de marchandises de 35% à moyen terme et la décongestion des routes et des villes. Ainsi, la stratégie logistique marocaine, déclinée en cinq axes vise à : • doter le pays d’infrastructures logistiques performantes à travers la mise en place d’un réseau national de •

zones logistiques (axe 1) devant couvrir une superficie de près de 3300 ha en 2030, réalisé progressivement dans le cadre de schémas régionaux mobilisant du foncier en majorité public et conçus en concertation avec les acteurs locaux sur la base des besoins actuels et prévisionnels de ces territoires ; • accélérer la modernisation cohérente du secteur à travers des plans d’actions sectoriels d’optimisation des flux logistiques (axe 2), des actions favorisant l’émergence de logisticiens intégrés et performants (axe 3), un plan national global de développement des compétences en logistique (axe 4) et le renforcement de la gouvernance du secteur (axe 5) via la mise en place d’instances dédiées (l’AMDL et l’Observatoire marocain de la compétitivité logistique – OMCL).

La mise en œuvre des mesures et actions relatives à ces axes s’opérera progressivement et en plusieurs phases, avec des objectifs ambitieux à court et moyen termes, pour un déploiement complet à l’horizon 2030. Dans le cadre de l’exécution de la stratégie nationale logistique, le contrat programme entre l’Etat et le secteur privé prévoit la conclusion de : • contrats d’application pour le développement des plateformes logistiques au niveau régional ; • contrats d’application horizontaux et sectoriels relatifs à la formation ainsi qu’à l’amélioration des chaines logistiques relatives aux flux des produits énergétiques, produits agricoles, distribution nationale, matériaux de construction et au flux import/export.

Développement de zones logistiques Enjeux et principes généraux

Une Zone logistique multi-flux (ZLMF) est une zone d’activités dédiée à la logistique, comportant un ou plusieurs types de plateformes différentes, avec une mutualisation des infrastructures communes et des services généraux sur site. En matière de développement d’un réseau national intégré de Zones logistiques multi-flux, l’AMDL est chargée des missions de planification 48 N° 46 Mai 2019

INDUSTRIE DU MAROC

aux niveaux national et régional, d’identification et de mobilisation du foncier et de définition et de mise en œuvre, pour chaque zone planifiée, du montage adéquat pour sa réalisation et ce, en partenariat avec les acteurs concernés. L’optimisation et la massification de la plupart des flux logistiques reposent sur la mise en place d’un réseau de plateformes logistiques pour le groupage

et le dégroupage de marchandises. Véritables centres de valeur ajoutée logistique à proximité des opérateurs économiques et des consommateurs, ces plateformes logistiques serviront de zones pour la canalisation et la concentration des flux nécessaires au développement d’une offre de services compétitive et à forte valeur ajoutée.


TRANSPORT & LOGISTIQUE Le développement d’un tel réseau nécessite de réunir certaines conditions, notamment : • un foncier disponible à des coûts raisonnables, respectant des critères de localisation précis, variables d’un flux à l’autre (proximité de la ville, proximité du port, nombre de zones par bassin de demande) ;

une connectivité adaptée en termes de «grande logistique» (autoroute, rail) et «petite logistique» (p.ex. innervation pour la desserte des points de vente dans le cas de la distribution).

Objectifs • Massification et réorganisation des flux de marchandises intervilles.

• Gestion optimale de la circulation des marchandises en milieu intra et périurbain.

• Création d’espaces adéquats pour le développement d’une offre adaptée de services logistiques.

Développement d’un réseau national intégré de zones logistiques Enjeux et principes généraux L’optimisation et la massification de la plupart des flux logistiques reposent sur la mise en place d’un réseau de plateformes logistiques pour le groupage et le dégroupage de marchandises. Véritables centres de valeur ajoutée logistique à proximité des opérateurs économiques et des consommateurs, ces plateformes logistiques serviront de zones pour la canalisation et la concentration des flux nécessaires au développement d’une offre de services compétitive et à forte valeur ajoutée.

Le développement d’un tel réseau nécessite de réunir certaines conditions, notamment : • un foncier disponible à des coûts raisonnables, respectant des critères de localisation précis, variables d’un flux à l’autre (proximité de la ville, proximité du port, nombre de zones par bassin de demande), • une connectivité adaptée en termes de «grande logistique» (autoroute, rail) et «petite logistique» (p.ex. innervation

pour la desserte des points de vente dans le cas de la distribution), • la régulation du transport routier de marchandises en milieu intra et périurbain. On entend par Zone logistique multi-flux (ZLMF) une zone d’activités dédiée à la logistique, comportant un ou plusieurs types de plateformes différentes, avec une mutualisation des infrastructures communes et des services généraux sur site.

Consistance plateformes conteneurs, plateformes de distribution et de sous-traitance logistique, • plateformes d’agro-commercialisation, • plateformes céréalières, • plateformes matériaux de construction. • •

La superficie globale du foncier à mobiliser pour la concrétisation du Schéma national des ZLMF est de 2.080 ha à l’horizon 2015 et de près de 3.300 ha à l’horizon 2030. Le développement de ces ZLMF se base principalement sur une approche volontariste de l’Etat utilisant du foncier public et, dans la limite du possible, sur une approche incitative faisant recours au foncier privé. La mise en œuvre de ce schéma se focalisera dans un premier temps sur du foncier public qui concerne les ZLMF du Grand Casablanca, situé également dans des zones limitrophes du territoire

de la région Chaouia - Ouardigha avec une superficie globale de 607 ha à moyen terme et 978 ha à l’horizon 2030. Ce schéma national sera décliné au niveau régional à travers des schémas régionaux actés par des contrats d’application afférents aux différentes régions économiques du pays et impliquant l’ensemble des acteurs locaux concernés. Le premier contrat signé est celui de région du Grand Casablanca. Actuellement, deux contrats sont en cours de finalisation, Rabat-Kenitra et Agadir, alors que les contrats de TangerTétouan, et de Fès – Meknès sont en

phase préparatoire avec l’élaboration en cours des monographies logistiques de ces régions. Les Contrats d’application des autres régions du Maroc seront élaborés selon une démarche similaire à celle adoptée pour les quatre régions prioritaires. Ainsi, les travaux seront entamés pour finaliser les schémas régionaux de développement des zones logistiques pour les régions de Marrakech/Safi, Oujda/Al Hoceima, Settat/Béni Mellal, Lâayoune/Dakhla.

N°46 Mai 2019 49

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TRANSPORT & LOGISTIQUE Développement des zones logistiques dans la région du Grand Casablanca Les travaux ont démarré en 2010, avec le développement de la première tranche de la zone logistique de Zenata par la Société Nationale du Transport et de la Logistique (SNTL) sur 12 ha, actuellement en cours d’exploitation, et se poursuivent dans le cadre de la deuxième tranche, pour la construction de 10 entrepôts de 6 000 m² chacun. L’achèvement des travaux est prévu courant 2013. En vue de faire bénéficier le secteur privé de cette offre immobilière logistique, un accord a été signé entre la SNTL et l’Agence marocaine de développement

de la Logistique par lequel cette dernière est chargée d’attribuer en location, sur la base de critères objectifs, 7 entrepôts à des opérateurs privés. Ces critères de sélection des candidats sont en phase de définition et de validation de concert avec les représentants du secteur privé. En parallèle à ces travaux, et en vue de définir la programmation dans le temps du développement des différentes zones logistiques de la région du Grand Casablanca, l’AMDL bénéficiera d’un financement de la Banque européenne d’investissement dans

le cadre du mécanisme FEMIP pour l’élaboration d’une étude de marché du Grand Casablanca, englobant également l’étude de conception et d’aménagement de la zone de Zenata. En matière de connectivité routière de cette zone, les travaux de la partie maritime de la route reliant le port de Casablanca à la zone de Zenata sont en cours, et l’étude de la section terrestre est en phase de finalisation. (ministère du Transport)

Les grands projets Zones logistiques du Grand Casablanca

Afin de contribuer au développement durable du Grand Casablanca et dans l’objectif d’une intégration au schéma d’aménagement du territoire existant, le schéma national des zones logistiques Multi-Flux (ZLMF) prévoit la mise en place, dans cette région, en plus de la zone de Mita en cours de développement par l’ONCF sur 32 ha, de huit ZLMF (Zenata, Oulad Hadda, Deroua, Nouaceur, Oulad Saleh, Bouskoura, Lakhyayata et Nouvelle Ville de Sahel Lakhyayta), sur une superficie 50 N° 46 Mai 2019

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totale de 978 ha dont 607 ha en 2015, et couvrant l’ensemble des cinq grands types de plateformes logistiques. Le déploiement de la stratégie logistique dans la région du Grand Casablanca comprend, outre le développement des plateformes logistiques sur des assiettes foncières à dominance publiques, la mise en place d’un nouveau schéma opératoire portuaire avec notamment la réalisation d’une connexion routière et ferroviaire dédiée en plus de mesures pour la régulation du transport au

niveau de la ville de Casablanca notamment la sortie et la circulation des portes-conteneurs et des camions poids lourds. Dans ce cadre, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a procédé à l’inauguration des travaux de la route maritime sous forme de digue portuaire longue de 4,5 kilomètres. Cette route maritime permettra un accès facile et fluide des camions et poids lourds au port de Casablanca sans besoin de traverser le périmètre urbain.


TRANSPORT & LOGISTIQUE Zone logistique de Zenata La zone logistique de Zenata est la plus grande zone programmée dans le cadre du schéma national des zones logistiques Multi-Flux (ZLMF) avec 323 hectares dédiés aux activités conteneurs, céréales, distribution et sous-traitance logistique. La position stratégique de la zone de Zenata située au carrefour des plus importants axes nationaux des réseaux de transport sera renforcée par la réalisation d’une connexion routière efficiente la reliant au port de Casablanca. Le développement de la zone logistique de Zenata se fera conformément au schéma d’orientation et de référence urbanistique de la nouvelle ville de Zenata, du contrat d’application au contrat programme Etat-CGEM pour la période 2010-2015 relatif au développement des zones d’activités logistiques de la région du grand Casablanca, et sur la base du groupement des trois assiettes foncières

publiques appartenant à l’Agence Nationale des Ports (ANP, 200 ha), à l’Office national des chemins de fer (ONCF, 144 ha), et à la Société Nationale du Transport et de la Logistique (SNTL, 28 ha). La réalisation de cette zone a été amorcée avec la construction sur 14 ha de la première tranche de la plateforme logistique relevant de la Société Nationale des Transports et de la Logistique (SNTL). La deuxième tranche de cette plateforme qui permettra de disposer d’une offre d’immobilier logistique destinée aux opérateurs privés est en cours de réalisation pour une mise en service à la fin de 2013 . En vue de la coordination du développement futur de la zone logistique de Zenata (programme Logismed), un projet d’accord de coopération supporté par la FEMIP relatif à la réalisation d’une étude sous forme d’une assistance technique est en cours de finalisation.

Il s’agit dans le cadre de ce projet, de fournir une assistance technique à l’Agence marocaine de développement de la Logistique à travers la mise à disposition de consultants pour la définition du projet de création de ladite zone logistique des points de vue technique, environnemental, économique, financier, marketing et organisationnel. Cette assistance devra déboucher sur les résultats suivants : •Une étude de marché avec évaluation des besoins logistiques •Un avant-projet sommaire (APS) de la Zone logistique •Une étude d’impact environnemental •Détermination de la rentabilité économique et financière de la solution proposée et des solutions alternatives. •Définition du cadre institutionnel de coordination et de la démarche à suivre pour la réalisation de la Zone logistique.

L’Agence nationale des ports : «vue a 360°3» !

L’Agence s’est fixé huit priorités stratégiques : •La poursuite de la réalisation des grands chantiers portuaires ; •La préservation du patrimoine portuaire ; •La contribution à la mise en œuvre de la stratégique nationale de compétitivité logistique ; •La simplification et facilitation des procédures de transit portuaire ; •La poursuite de la mise en œuvre de la réforme portuaire objet de la loi 15-02 ; • La régulation des activités et des opérateurs portuaires ; • L’amélioration de la compétitivité du secteur portuaire ; • La police, la sécurité et la protection de l’environnement dans le milieu portuaire. N°46 Mai 2019 51

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TRANSPORT & LOGISTIQUE L’ANP en chiffre ! Répartition du trafic portuaire par port

Structure du trafic portuaire

Moroccan Green Logistics : «un concept visant à limiter les impacts et externalités environnementaux des activités logistiques»

Le Maroc, bien qu’étant relativement un pays faiblement émetteur des GES, est fortement engagé dans la lutte contre les changements climatiques. Il dispose d’une vision et d’une politique du Changement climatique qui tend à instaurerunecoordinationdesdifférentes mesures et initiatives entamées pour la lutte contre le changement climatique et se veut un instrument politique structurant, dynamique, participatif et flexible pour asseoir les fondamentaux d’une croissance verte résiliente au changement climatique1. Cet engagement a été traduit sur le terrain à travers de projets concrets et audacieux 52 N° 46 Mai 2019

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à l’instar de la mise en place effective d’une politique de développement des énergies renouvelables notamment éolienne et solaire. A ce titre, le Maroc bâtit la plus grande centrale solaire à concentration de puissance du monde, baptisée «Nour» et dont la première composante «Nour1» est déjà mise en service avec une capacité de production de 160 MW. D’autres projets ayant une connotation de développement durable sont également entrepris dans plusieurs secteurs d’activités à l’image de la mise en place de filières de recyclage-valorisation des déchets, la préservation et la gestion durable

des ressources génétiques forestières, le programme d’économie d’eau en irrigation, la protection des ressources en eau, du milieu naturel, … Le choix du Maroc comme pays hôte de la COP 22 est d’ailleurs une reconnaissance par la communauté internationale des actions prises par le Maroc pour contribuer à la lutte contre le changement climatique. S’agissant du secteur logistique, la politique du Changement climatique adoptée par le Maroc considère que la stratégie nationale de développement de la compétitivité logistique compte parmi les programmes et stratégies sectorielles mis en œuvre pour atténuer


TRANSPORT & LOGISTIQUE les émissions de GES. En effet, le Maroc a défini et met en œuvre une stratégie nationale intégrée de développement du secteur logistique à l’horizon 2030 avec des objectifs macroéconomiques et environnementaux clairs et quantifiés. Ces objectifs consistent notamment en une réduction de l’ordre de 35% les émissions de CO2 résultant du transport

routier de marchandises. Pour atteindre ces objectifs, cette stratégie se décline en cinq principaux axes : •Développement d’un réseau national de zones logistiques à travers tout le Royaume, •Modernisation des principales chaînes logistiques du pays : import/export, •Distribution interne, flux de matériaux

de construction, flux des produits agricoles, flux des hydrocarbures, Mise à niveau et professionnalisation des acteurs logistiques, •Développement de la formation et des compétences logistiques, •Gouvernance et régulation adaptées du secteur logistique

«GREEN LOGISTICS», CONCEPTS ET PRATIQUES DANS LE MONDE Les acteurs économiques dans le monde s’investissent de plus en plus dans des pratiques visant à réduire l’impact environnemental de leurs opérations logistiques. Ces pratiques désignées souvent par le terme générique «Green Logistics» sont même considérées par des compagnies comme argument de vente à des clients de plus en plus regardants à l’empreinte carbone des produits et services qu’ils consomment. La «Green Logistics» est le concept qui

consiste à prendre en considération les facteurs environnementaux et sociaux lors de l’exécution des activités logistiques qu’elles soient faites en interne ou par des opérateurs logistiques. La réduction de l’empreinte carbone de la chaîne logistique est au cœur des préoccupations des pratiques de la «Green logistics». Les tendances qui se dessinent par rapport à ces pratiques concernent plusieurs aspects et domaines à l’image de la mise en

place de plateformes et hubs logistiques, la mutualisation et développement du transport multimodal, le choix de moyens de transport et de logistique peu polluants, le développement des infrastructures et des installations logistiques efficientes en matière environnementale, la formation à l’écoconduite, la limitation des emballages et l’augmentation du taux de recyclabilité des produits ou encore l’amélioration de la logistique de la ville.

APPORT DES CHANTIERS DE LA STRATEGIE LOGISTIQUE MAROCAINE DANS LE DEVELOPPEMENT DURABLE Le Maroc a défini et met en œuvre une stratégie nationale intégrée de développement du secteur logistique à l’horizon 2030 qui prend en considération la quasi-totalité de ces aspects. Cette stratégie a fixé des objectifs macro-économiques et environnementaux clairs et quantifiés consistant notamment en une réduction de l’ordre de 35% des émissions de CO2 résultant du transport routier de marchandises. De façon générale, les initiatives et actions programmées ou en cours dans le cadre de cette stratégie tendent à consacrer les pratiques de la «Green Logistics» et vont de pair avec les objectifs du développement durable et de réduction des émissions des GES. Flux massifiés pour une logistique durable La stratégie logistique marocaine a comme épine dorsale la mise en place d’un réseau de plateformes logistiques pour le groupage et le dégroupage de marchandises. Véritables centres logistiques multi-services à proximité des bassins de production et de consommation et des réseaux de

transport, ces plateformes logistiques serviront de zones pour la canalisation et la concentration des flux de marchandises. Dans ce cadre, plusieurs initiatives publiques et privées ont permis de développer une multitude de plateformes au niveau national. En effet, le Maroc qui ne comptait en 2010 que quelques dizaines d’hectares aménagés de plateformes logistiques modernes totalise aujourd’hui près de 600 ha aménagés à Casablanca, Tanger et dans plusieurs régions accueillant les plateformes industrielles intégrées. Le développement de plateformes logistiques favorise une gestion mutualisée des flux qui permet d’optimiser le nombre de kilomètres à parcourir pour les livraisons et de rationaliser l’utilisation des moyens de transport et donc réaliser un gain en terme des émissions de CO2. En outre et afin de minimiser les effets des installations et plateformes logistiques planifiées, une attention particulière est accordée, lors de leur conception, construction et exploitation,

à l’adoption des meilleurs standards et normes environnementaux. En effet, la préoccupation principale démarre dès la construction du bâtiment, où l’effort porte surtout sur l’économie d’énergie en renforçant l’isolation des bâtiments et en faisant appel aux énergies renouvelables (chauffage solaire de l’eau sanitaire, des matériaux recyclables, un éclairage à haut rendement,…). Aussi et dans le cadre de l’optimisation et la rationalisation d’un certain nombre de supply chains notamment celles afférentes aux flux des hydrocarbures, de céréales et de conteneurs, la stratégie marocaine de développement de la compétitivité logistique a préconisé le recours au report modal et l’utilisation des modes de transport de masse pour la gestion des flux de marchandises tels que le transport ferroviaire et par pipeline qui sont des leviers importants de réduction des GES. Les solutions les plus représentatives à ce titre sont le recours au transport ferroviaire pour l’acheminement des véhicules automobiles de l’usine Renault vers le N°46 Mai 2019 53

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TRANSPORT & LOGISTIQUE port Tanger Med et l’utilisation du pipeline pour le transport des phosphates. L’organisation des mouvements de marchandises à l’international pourrait constituer un levier important pour la réduction de l’empreinte carbone de la chaîne logistique import/export. Dans ce cadre, la stratégie logistique marocaine a accordé une attention particulière à l’optimisation des flux import-export à travers notamment une

batterie de mesures à savoir l’agrégation et la massification des flux logistiques import/export, la dématérialisation des procédures et le développement des solutions informatisées pour les opérations de transit aux frontières ou encore le développement des «autoroutes de l’export». Couloirs intermodaux entre le Maroc et ses partenaires commerciaux, ces «autoroutes» pourraient être instaurées

en adoptant et en mettant en place un ensemble de mesures d’optimisation, de fiabilisation et de régularité des flux d’une chaîne logistique import-export spécifique de bout en bout. Les impacts positifs de telles solutions pourraient être amplifiés dans la mesure où ces autoroutes de l’export, inspirées du concept des «autoroutes de la mer», tendent à dévier au maximum les flux du mode routier au mode maritime.

Des chantiers pour des pratiques logistiques durables Au Maroc, un ensemble d’initiatives sont lancées notamment l’incitation et l’encouragement des pratiques de «logistique verte» auprès des opérateurs marocains. La mutualisation et la gestion collaborative des moyens sont parmi les pratiques logistiques qui répondent au mieux aux enjeux de la «Green Logistics». La mutualisation des ressources logistiques a un impact positif sur l’environnement par la réduction des émissions des gaz à effet de serre, l’optimisation de la consommation des ressources (emballage, ressources énergétiques, etc.), la diminution des coûts d’entretien des infrastructures et la décongestion urbaine. Consciente de ces enjeux et intérêts, l’Agence marocaine de Développement de la Logistique (AMDL) pilote, dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie logistique marocaine, plusieurs actions et projets visant le développement de l’externalisation et de la mutualisation des activités logistiques. En effet, le programme de mise à niveau logistique des PME, en cours de déploiement, prévoit une assistance technique pour la mise en place de projets d’externalisation au profit des entreprises qui s’inscrivent dans une telle démarche. La sensibilisation aux enjeux de l’externalisation et de la mutualisation des activités logistiques, a été largement entreprise notamment à travers l’organisation des ateliers de sensibilisation sectoriels et l’élaboration d’un Kit des bonnes pratiques d’externalisation et de mutualisation des activités logistiques. Des mesures d’ordre fiscal pour encourager les 54 N° 46 Mai 2019

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entreprises aux bonnes pratiques d’externalisation et de mutualisation sont également en cours de préparation. Par ailleurs, l’AMDL a prévu dans son programme de mise à niveau logistique des PME, le financement d’actions de formation à l’éco-conduite qui a un impact direct sur la réduction de la consommation de carburant et de l’émission de gaz à effet de serre. Sur un autre registre, L’AMDL œuvre pour mettre en place un programme d’appui pour le développement et l’émergence de clusters logistiques sectoriels et régionaux, instances idoines pour échanger notamment autour des questions de développement durable du secteur et pour promouvoir les bonnes pratiques de la «Green Logistics». À ce titre, l’AMDL a initié un ensemble de partenariats notamment avec le Cluster LOGIPOLE SM de la région Souss Massa et avec l’Association des Freight Forwarders du Maroc (AFFM) en vue notamment de créer un cluster marocain de la logistique internationale multimodale. Aussi et afin d’inciter les entreprises à adopter une démarche de développement durable verte, l’AMDL prévoit la création et la mise en place d’un Label Logistique Verte qui constituerait une reconnaissance de la politique environnementale menée par les opérateurs économiques marocains dans la gestion de leurs supply chains. Par ailleurs, et afin d’accompagner les professionnels de la logistique dans l’adoption de pratiques de développement durable, 12 normes passant en revue les points

incontournables d’une démarche de logistique durable (le management responsable, l’analyse du cycle de vie, l’éco-efficacité et l’empreinte carbone des produits, la comptabilité des flux de matière, les achats, l’emballage, les transports, processus, performance, et émissions de gaz à effet de serre) ont été homologuées en normes marocaines. Il est à signaler à ce titre que les résultats d’une étude menée par l’AMDL ont démontré l’importance et la priorité qu’accordent les professionnels de la logistique au volet développement durable qui a été classé deuxième au niveau des domaines prioritaires à normaliser. En outre, l’AMDL s’attèle à élaborer en partenariat avec les professionnels un programme spécifique visant le renforcement de la compétitivité et l’amélioration de la performance logistique des PME marocaines, à travers lequel l’AMDL contribuera notamment au financement de prestations d’accompagnement à la certification notamment selon des normes de développement durable. En guise d’encouragement et de la valorisation des projets à dimension environnementale et de développement durable, l’AMDL mettra en place dans le cadre des «Moroccan Logistics Awards 2017» un prix spécial «Green Logistics» visant à récompenser les entités (chargeurs, prestataires, institutionnels, experts,…) ayant adopté des solutions et pratiques logistiques répondant aux enjeux du développement durable.


artenariat

P

Un partenariat entre

PME Logis C’est un programme qui propose un appui et un accompagnement technique et financier aux PME sur le plan logistique et s’étale sur la période 2017-2021. Objectifs du Programme § Rehausser le niveau des pratiques logistiques au sein des PME marocaines ; § Faire émerger une offre de services logistiques performante adaptée aux besoins des PME ; § Favoriser le développement et la qualité opérationnelle des opérateurs logistiques ; § Renforcer les compétences logistiques des Ressources Humaines. Cible Les opérateurs logistiques : § Prestataires de services logistiques (3PL) ; § Commissionnaires de transport, notamment les Freight Forwarders ; § Opérateurs de messagerie ; § Transporteurs routiers de marchandises. § Transitaires.

Les chargeurs-donneurs d’ordre : § Industriels ; § Distributeurs ; § Grossistes et semi-grossistes.

Produits du Programme Produits d’études et de diagnostics : Produits des systèmes d’information : § Performance opérationnelle ; Digitalisation de la Supply Chain (WMS, TMS,…) § Performance Supply Chain ; § Performance commerciale ; § Outsourcing ; § Certification et Labellisation Produits de formation et de certification des compétences : § Best practices ; § Certifications des compétences en Supply Chain ; § Formation (ADR, ATP, Eco conduite, Cariste, Conseillers en sécurité, Préparateur de commande et Formation des formateurs). Référencement des cabines Qualité des prestations et expertises des cabinets animent le système de référencent, des cabinets, exigé pour instruire les produits du programme au sein des PME. Procédures du programme Une plateforme informatique a été développée pour permettre de gérer l’interaction entre les différents intervenants et d’automatiser les processus du programme : www.pmelogis.ma § Dépôt et suivi des dossiers de référencement des cabinets ; § Dépôt et suivi des dossiers d'accès des PME au financement. Financement Des taux de financement qui diffèrent par la nature du produit du programme et qui sont limités à Quatre taux : § 74% Diagnostic et intégration du SI ; § 90% pour les produits de conseil N°46 Mai 2019 55 § 100% pour les produits de formation ; INDUSTRIE DU MAROC

Pour plus de détails : www.giac.ma / contact@giac.ma


TRANSPORT & LOGISTIQUE Logistique urbaine efficiente pour un nouveau souffle au développement durable des cités L’optimisation de la logistique urbaine revêt une importance vitale pour le développement de la compétitivité logistique du pays globalement mais aussi pour le développement économique, la qualité de vie, l’accessibilité et l’attrait des communes urbaines. Elle présente des enjeux économiques, urbanistiques et environnementaux. Au Maroc, le chantier de structuration de la logistique urbaine a été lancé à travers la définition d’un programme national spécifique à l’horizon 2021. Ledit programme qui vise à inscrire la logistique urbaine dans une dynamique d’amélioration durable pour mieux servir l’économie locale et les citoyens comporte plusieurs

initiatives et projets qui ont un impact direct et positif en matière de réduction des GES. En effet, ce programme prévoit des mesures relatives notamment à l’organisation de la circulation et du stationnement des véhicules de transport de marchandises en ville et à la modernisation des équipements et des outils de gestion publique des circuits de marchandises grâce à la réalisation entre autres d’aires de livraison, de centres routiers de transporteurs ou encore d’espaces logistiques urbains. Il ressort des différents éléments relatés dans ce rapport que le Maroc qui compte parmi les rares pays ayant fait le choix de définir et mettre en œuvre une vision et une stratégie nationale

intégrée propre au secteur logistique est largement engagé dans les efforts mondiaux pour la réduction des GES résultant des activités logistiques. Le fait que cette stratégie bénéficie d’un appui du Global Environment Facility (GEF) et du Programme de Développement des Nations Unies à travers la contribution au financement et à l’implémentation d’un projet visant à réduire les émissions des GES dans le secteur de la logistique au Maroc témoigne de sa pertinence et du potentiel qu’elle présente en termes de mesures d’adaptation et d’atténuation d’impacts liés au changement climatique. 9 9 GREEN

l’exécution des activités logistiques qu’elles soient faites en interne ou par des opérateurs 3PL3. D’autres spécialistes4 définissent la logistique verte comme la planification, le contrôle, la gestion et l’implémentation d’un système de logistique grâce à une technologie avancée et une gestion environnementale, visant à réduire les émissions polluantes. D’autres académiciens5 ont précisé que «le sens de la logistique verte est d’améliorer l’utilisation des ressources, de réduire

la consommation des ressources et les déchets et de minimiser la pollution de l’environnement au cours de l’implémentation des activités logistiques, grâce à une planification rationnelle, une optimisation de l’allocation des ressources et une utilisation de technologies environnementales. Les activités de la logistique verte comprennent le transport vert, le stockage vert, emballage vert, logistique inverse verte et ainsi de suite».

Concept de la «Green Logistics»

Avant d’avancer dans la rédaction de ce document, il est judicieux de partager certaines notions autour de la «Green Logistics» ou la «logistique verte». La «Green Logistics» est un concept mis en avant dans le milieu des années 80 (Beaman, 1999). Une revue sommaire de la littérature dans ce domaine a permis de repérer plusieurs définitions avancées par des académiciens spécialisés. Selon certains, la Green Logistics est le concept de prendre en considération les facteurs environnementaux et sociaux lors de 56 N° 46 Mai 2019

INDUSTRIE DU MAROC


700 agences dans le monde 1 MEAD à l’aéroport de Casablanca

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INDUSTRIE DU MAROC


TRANSPORT & LOGISTIQUE

I NTERVI EW Ali BERRADA président du salon LOGISMED

«L’un de nos objectifs cruciaux est d’attirer des investissements et faire du Maroc un véritable Hub logistique régional et continental»

I

DM : Pouvez-vous nous présenter le salon ? Ali BERRADA : Nous sommes dans la 8e édition du salon Logismed avec près de 150 exposants dont 20% sont venus de 14 pays et 25 délégations étrangers venus des quatre coins du monde. Cette édition se caractérise d’abord par son envergure et au vu de cette matinée aussi par une affluence assez importante. Cette année, nous avons décidé, je dirais, d’abriter la 5e conférence annuelle du guichet unique : «PORNET», le Forum du transport et de la logistique de l’organisation de la coopération islamique et nous allons terminé le jeudi avec les trophées marocains de la logistique organisés par l’AMDL pour récompenser les meilleurs projets logistiques. Et pour la première fois avec une nouvelle catégorie de trophée dédié à la startup de l’année. Cela intervient dans le fait qu’à l’intérieur du salon, nous avons ,nous aussi, et pour la première fois dédié un espace pour les startups. On a près d’une dizaine de sociétés innovantes qui sont là pour montrer leurs réalisations, leurs innovations et pour aussi rencontrer les professionnels que ça soit du secteur ou d’autres secteurs pour construire avec eux des projets répondant à leurs besoins. Bien entendu, tout cela se passe autour d’un programme scientifique très riche à

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INDUSTRIE DU MAROC

savoir des conférences animées par des professionnels, des experts nationaux et internationaux traitant des sujets aussi bien d’actualités que des sujets vraiment sur la logistique de demain. IDM : Comment se positionne le Maroc au niveau de la logistique ? Le Maroc se positionne, à mon avis, d’une façon plus qu’honorable, dans le sens où il ne faut pas oublier qu’il y a encore une dizaine d’années on ne parlait même pas de logistique et je crois que c’est sur ce point-là en tout cas en ce qui me concerne, qui m’intéresse le plus, c’est-à-dire qu’en espace je dirais de 10 ans vraiment la logistique à connu un pas de géant, et ce, grâce à cette collaboration, à ce partenariat qui existe entre le secteur privé et le secteur public, et je crois que cela est extrêmement important. Il y a des compétences, du savoir-faire, de l’expertise au Maroc et je dirais que c’est un secteur qui est aujourd’hui connu et reconnu comme étant très dynamique, très porteur et qui a un bel avenir même pour les jeunes qui cherchent du travail. De plus, si vous voulez, on dit que le secteur de la logistique permet d’accompagner les entreprises pour améliorer leurs compétitivités, mais c’est aussi valable pour les territoires en occurrence pour la dynamique des territoires et je crois que la logistique est

un levier primordial qui peut drainer et attirer des investissements et créer de l’emploi. IDM : Quel est votre message aux différents acteurs ? Le premier message s'adresse aux acteurs publics c’est-à-dire l’entreprise et particulièrement la PME parce que les grands groupes industriels ont déjà fait un peu leurs révolutions logistiques dans la mesure où ils ont intégré déjà dans leurs organisations, leurs stratégies, leurs fonctions, parce qu’il y a des fonctions logistiques (directeur supply chain…), mais surtout celui des PME à savoir la PME qui représente 95% de notre tissu économique et qui a tout à gagner en s’appropriant un peu la logistique. D’ailleurs, l’une des missions de notre salon, c’est de sensibiliser particulièrement la PME. Le deuxième message vise le public, et lorsque je dis «public» je fais référence aux élus, en occurrence les politiques, pour accorder une attention particulière à la logistique. Il y a aussi une nécessité à sensibiliser un peu le grand public parce qu’il faut qu’il connaisse un peu les avantages de ce secteur et de cette discipline qui a vraiment beaucoup d’avenir. Sans oublier l’un de nos objectifs cruciaux qui est d’attirer des investissements et faire du Maroc un véritable hub logistique régional et continental.


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TRANSPORT & LOGISTIQUE

I NTERVI EW Mehdi MOUHAJIR Directeur des projets industriels Bolloré Transport & Logistics Maroc

«Le gros défi c’est de pouvoir se différencier par l'innovation et des solutions efficientes.»

I

DM : Pouvez-vous présenter le groupe Bolloré Maroc ? Mehdi MOUHAJIR : Bolloré est un groupe français avec une présence mondiale. Le groupe Bolloré opère dans plusieurs domaines notamment le transport et la logistique, l’énergie, les médias et la communication... La division où je travaille et qui est présente au Maroc depuis 1986, c’est la division Transport & logistique, nous sommes une équipe de près de 150 personnes avec 5 sites. Nous couvrons toute la chaine logistique à savoir le transport maritime, aérien, routier, l’entreposage à valeur ajoutée, le shipping management et la logistique des projets industriels.

IDM : Quel est votre défi au Maroc ? Le gros défi c’est de proposer des solutions efficaces, efficientes et de qualité à notre clientèle. Nous sommes toujours à la recherche des solutions innovantes et optimisées pour satisfaire et répondre aux besoins de nos clients qui sont au cœur de notre stratégie. IDM : Quelle est votre stratégie au niveau du Maroc ? Notre stratégie est très claire et simple: c’est continuer à se développer en apportant de la valeur à nos clients . IDM : En termes de recherche et développement, quel est votre regard 60 N° 46 Mai 2019

INDUSTRIE DU MAROC

sur la question ? Au fait, généralement on trouve de nouvelles méthodes, de nouveaux moyens pour traiter la marchandise de nos clients.

Ce salon est devenu un rendez-vous incontournable de la logistique. Il y a une ouverture importante à l’international avec carrément des opérateurs internationaux qui viennent. L’idée maintenant c’est de pouvoir innover toujours pour que le salon garde son attractivité dans les futures éditions. IDM : En ce qui concerne la question de l’environnement, quelle est votre position sur ce sujet ? À ce propos, je peux citer notre dernier projet qui comprenait une composante environnementale majeure concernant l’import, le stockage et la livraison des citernes de fluide de transmission de chaleur qui est utilisée dans les panneaux

solaires . Il s’agit quand même de 500 citernes qui produisent à peu près 10.000 tonnes de produits. Donc l’aspect environnemental était double. D’abord, on a privilégié l’option train pour faire le transport. Deuxièmement, on a investi dans la formation des chauffeurs, dans les équipements, dans la certification des camions et des chauffeurs. En collaboration avec un de nos clients, nous avons investi dans un équipement de manutention pour pouvoir optimiser les chargements des containers pour réduire de 20% le nombre de containers utilisés et par conséquent réduire l’empreinte carbone. IDM : Quelle est votre impression vis-à-vis de ce salon Ce salon est devenu un rendez-vous incontournable de la logistique. Il y a une ouverture importante à l’international avec carrément des opérateurs internationaux qui viennent. L’idée maintenant c’est de pouvoir innover toujours pour que le salon garde son attractivité dans les futures éditions.


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TRANSPORT & LOGISTIQUE

I NTERVI EW Jalal Benhayoun Directeur général de PORTNET S.A.

«La mise en place de PortNet s’inscrit également dans le cadre de l’accompagnement et le support des opérateurs économiques notamment les TPE/PME pour faire face aux défis du commerce international et améliorer leur compétitivité.»

I

DM : Quel bilan faites-vous des réalisations de PortNet ? Jalal Benhayoun : Le Maroc a réussi à se distinguer au travers de son modèle de guichet unique, fruit d’une parfaite alliance stratégique publique et privée entre les écosystèmes du commerce et de la logistique au service de la compétitivité des entreprises nationale et de l’économie. Depuis son opérationnalisation en 2011, PortNet offre ses services dématérialisés à une communauté constituée de plus de 43.000 usagers représentant tous les maillons de la supply chain du commerce transfrontalier dans toutes ses facettes (logistique, régalienne et financière) et dont la part du lion revient aux entreprises importatrices et exportatrices. Progressivement et suivant une feuille de route concertée, la communauté de PortNet a réussi la transformation digitale de la plupart des processus du commerce transfrontalier dans toutes ses facettes régalienne, logistique et financière en commençant par la gestion automatisée sans papier des escales des navires dans toutes les places portuaires de l’ANP, en passant ensuite à la dématérialisation des procédures de contrôle coordonné et

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INDUSTRIE DU MAROC

d’enlèvement des marchandises sous l’impulsion de l’Administration des Douanes et des Impôts indirects et en partenariat avec les autres organismes de contrôle concernés. Puis sans oublier la simplification et la digitalisation de toute la phase de gestion et préparation préalable, basée sur l’anticipation, des importations et des exportations sous le lead du ministère de l’Industrie, de l’Investissement, du Commerce et de l’Économie numérique. Dans ces mêmes perspectives, nous avons mis en place plusieurs services innovants visant à la fois à fluidifier et à intégrer chaines de valeurs à l’import et à l’export telles que la plateforme communautaire de paiement multicanal ouverte sur toutes les banques marocaines et sur les systèmes de paiement au niveau national, offrant à notre écosystème des méthodes pratiques et innovantes d’échange, de consultation et de règlement de toutes les factures relatives aux prestations liées aux opérations d’importation et d’exportation. In fine, en parfait alignement avec sa vision stratégique mettant la compétitivité de ses usagers au centre de ses intérêts et visant à rendre la supply chain d’import/export à la fois pratique,

intégrée et digitale, la communauté de PortNet a entrepris, dans un cadre inclusif l’extension des services fournis par sa plateforme, via le portail Trade Sense, aux procédures, aux informations commerciales et logistiques à forte valeur ajoutée nécessaires aux opérateurs économiques pour accomplir aisément leurs transactions à l’international. Dans le même cadre, nous avons déployé plusieurs services innovants tels que le Chatbot permettant une assistance technique intelligente et intuitive, en langage naturel, de nos usagers 24h/24 et 7jours/7 à travers les réseaux sociaux. Depuis la naissance de notre plateforme collaborative, chaque année les avancées ont été rythmées par des réalisations concrètes à valeur ajoutée à la fois pour les entreprises marocaines, à notre écosystème et à notre économie en général. Au fil des années, les délais de séjour dans les ports se sont nettement raccourcis passant de 14 jours à moins d’une semaine engendrant ainsi une optimisation significative des coûts et une meilleure attractivité de notre environnement des affaires, lequel a enregistré un bond significatif de plus de 42 positions dans l’indicateur du commerce transfrontalier dans les


TRANSPORT & LOGISTIQUE derniers rapports doing business de la Banque Mondiale. Ainsi, l’environnement de notre guichet unique est devenu un véritable accélérateur de l’intégration de la chaîne logistique du commerce transfrontalier du Royaume et un outil indispensable à la collaboration et à l’échange des données pour les communautés portuaires et de commerce extérieur. La mise en place de PortNet s’inscrit également dans le cadre de l’accompagnement et le support des opérateurs économiques notamment les TPE/PME pour faire face aux défis du commerce international et améliorer leur compétitivité. Accessible à distance 24/7 avec une décentralisation virtuelle et garantissant un traitement équitable de tous les utilisateurs, PortNet est un système intuitif qui démystifie le concept du commerce extérieur en le rendant un jeu d’enfant et permet ainsi le rapprochement de l’administration des citoyens. IDM : Avez-vous atteint tous vos objectifs? Toutes les réalisations concrétisées grâce à l’acharnement et à la forte impulsion de nos partenaires clés sont saluées par nos clients et usagers mais également par toutes les instances internationales telles que la Banque Mondiale, la CEFACT/ONU, l’IPCSA et l’OMC, lesquels reconnaissent en notre modèle une référence internationale de premier plan en ce qui concerne l’opérationnalisation de guichets uniques. Toutefois, au moment où notre

communauté soufflera, à l’occasion de la 5e édition de la conférence annuelle, les bougies du cinquième anniversaire de création de PORTNET S.A., beaucoup de défis restent à relever et de chantiers à entamer pour atteindre notre objectif ultime d’intégration de bout en bout de la chaine logistique du commerce international, mais nous sommes confiants que nous sommes dans la bonne voie pour rehausser la compétitivité de nos usagers et de notre économie. Sur le plan d’économie verte et de protection de l’environnement, la digitalisation et les échanges dématérialisés via PortNet permettent à notre pays d’épargner annuellement près de 800.000 arbres, de diminuer la consommation du papier et de l’émission du CO2 dû aux nombreux déplacements devant être effectués pour accomplir les formalités. Enfin, le modèle réussi de PortNet a inspiré beaucoup d’entités et de pays tels que ASEAN, AACE, IPCSA, COMCEC, Ukraine, Irak, Kenya… ces derniers nous ont sollicité pour le transfert du modèle PortNet, le benchmark et le partage de notre expérience. Nous promouvons notre modèle dans les différentes manifestations nationales et internationales telles que : Conférence annuelle de PortNet, UN public forum, IPCSA Conférence, World Islamic Economic Forum… IDM : Pouvez-vous nous parler des projets en cours ? Notre feuille de route est riche et variée. Actuellement, nous travaillons

sur plusieurs chantiers. On peut citer principalement : √ La généralisation à l’ensemble des ports marocains du service de prise de rendez-vous électronique de la sortie des conteneurs. √ La généralisation de la consultation à distance des factures et de leur règlement multicanal à l’ensemble des acteurs de l’écosystème du commerce extérieur √ La finalisation de l’étude relative au nouveau service «Trade Direct» pour la gestion des opérations bancaires documentaires et non documentaires. Ce nouveau service consiste en une solution multi-banques pour la gestion d’opérations telles que crédit documentaire, remise documentaire, lettre de crédit, transfert simple, etc. √ Nous travaillons en étroite collaboration avec l’ADII et les acteurs concernés pour la simplification et la digitalisation de plusieurs procédures ; aussi bien en import qu’en export ; telles que : le bon à délivrer, le bon de sortie, la saisie de la DUM via PortNet, le manifeste dépotage, la demande de franchise douanière… √ La Dématérialisation et la simplification des procédures d’import/export au niveau de l’aéroport de Casablanca √ L’optimisation et la dématérialisation des processus de contrôle à l’export (ONSSA, MoroccoFoodex, Douane, ANP et opérateurs de terminaux), conformément au plan d’action du comité national de l’environnement des affaires pour l’année 2019.

‫ﺇﻟﻜﺘﺮﻭﻧﻴﺔ ﺑﺎﻟﻤﻐﺮﺏ ﺗُﻋﻨﻰ ﺑﻤﻮﺍﺿﻴﻊ ﺍﻟﺼﻨﺎﻋﺔ ﻭﺍﻻﺳﺘﺜﻤﺎﺭ ﻭﺍﻻﺑﺘﻜﺎﺭ ﻧﺎﻃﻘﺔ ﺑﺎﻟﻠﻐﺔ ﺍﻟﻌﺮﺑﻴﺔ‬ ‫ﺃﻭﻝ ﺟﺮﻳﺪﺓ‬ N°46 Mai 2019 INDUSTRIE DU MAROC

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TRANSPORT & LOGISTIQUE

TRI BUN E RACHID TAHRI PRÉSIDENT DE L'OBSERVATOIRE MAROCAIN DE LA COMPÉTITIVITÉ LOGISTIQUE

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Employant 425.000 personnes,la valeur ajoutée globale générée par les activités de transport et de la logistique, en combinant à la fois les opérations réalisées par les prestataires logistiques et leurs effets indirects dune part, et les opérations logistiques réalisées in-house d'une autre part, sélève à près de 46 milliards de dirhams, soit 5,1% de PIB du Maroc en 2017. En termes de développement du tissu des opérateurs du secteur, le marché national a connu depuis 2010 l'installation de nombreux groupes internationaux et un développement significatif des opérateurs marocains. Le nombre de création d'entreprises totalise 14 000 créations durant la période 2010 à 2017. En outre, le secteur de la logistique a contribué directement de 26 000 emplois nets durant la période allant de 2010-2017 soit une part de 9% de l'ensemble des créations au niveau nationale. Le volume de lemploi au niveau du secteur évolue en moyenne annuelle de 2,1%. Pour les opérateurs, le secteur présente un fort potentiel de développement et d'ouverture à l'international, qui permettra au Maroc de se positionner en tant que hub régional de la logistique au niveau de l'Afrique, mais plusieurs

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INDUSTRIE DU MAROC

défis se dressent face au déploiement de son plein potentiel. Dans ce sens, le gouvernement a introduit une stratégie logistique nationale avec des enjeux multiples, notamment la baisse du poids des coûts logistiques à travers une gestion optimisée, sécurisée et massifiée des flux de marchandises pour faire passer du 20% du PIB actuellement à 15% . En effet, le coût logistique est estimé à environ 20% du PIB ce qui représente un niveau très élevé pour les opérateurs logistiques. Par exemple, dans les pays de l'Union européenne, ce ratio se situe entre 10% et 16%. Un autre objectif de la stratégie logistique nationale est l'accélération de la croissance du PIB et l'augmentation de la valeur ajoutée induite par la baisse des coûts logistiques notamment à travers l'émergence d'un secteur logistique compétitif avec des acteurs logistiques intégrés. On peut parler également de la contribution du secteur logistique au développement durable du pays par le biais de la réduction des nuisances (baisse du nombre de tonnes/kilomètres de 30%, réduction des émissions CO2 du transport routier de marchandises de 35% et décongestion des routes et des villes).

Aussi, cette stratégie tourne autour de 5 axes clé à savoir le développement d'un Réseau National Intégré de Zones Logistiques Multi-Flux , l'optimisation et massification des flux de marchandises, le développement de logisticiens intégrés performants, la formation dans les métiers de la logistique ainsi que la gouvernance et régulation du secteur logistique. Dans ce cade, le renforcement de la gouvernance du secteur est passé par la mise en place d'instances dédiées (l'AMDL et l'Observatoire Marocain de la Compétitivité Logistique — OMCL). La mise en place de l'OMCL a fait suie à une convention de partenariat entre l'État et la CGEM a été signée devant Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu Lassiste, le 13 mai 2014, à Zenata. Cette convention définit les modalités et les engagements réciproques des parties prenantes, quant à l'organisation et le fonctionnement de l'Observatoire Marocain de la Compétitivité Logistique (OMCL). La présidence de l'OMCL est confiée au secteur privé et son pilotage est assuré par des comités Public-Privé. L'OMCL est chargé principalement de mesurer la performance des systèmes logistiques, d'assurer une veille stratégique, de constituer une force de


TRANSPORT & LOGISTIQUE proposition pour l'amélioration de la compétitivité logistique et de suivre la mise en œuvre de la stratégie nationale de la logistique. S'agissant de son coté operationnel, l'OMCL détient un département porté par l'AMDL composé de deux services, un service statistiques et bases de donnée et un service veille, études et prospectives. Les objectifs de l'observatoire sont de renforcer la visibilité des acteurs et investisseurs, mesurer le niveau de compétitivité du secteur, épauler son développement et devenir la référence nationale pour évaluer le secteur. Par ailleurs, les perspectives de développement du secteur visent à faire du Maroc un hub régionale économique et dynamique. En effet, le Maroc dispose de conditions favorables à l'investissement grâce à sa stabilité politique et macro économique, son positionnement géographique idéal pour servir lEurope et l'Afrique, des stratégies sectorielles ambitieuses et la mise à niveau de ses infrastructures. Il y a aussi le cadre sectoriel incitatif à travers un allègement massif et exceptionnel de la fiscalité dentreprise

avec une exonération de lIS pendant les 5 premières années, et 8,75% pendant les 20 années suivantes en Zone Franche, l'exonération totale des charges sociales pendant 24 mois pour le 1er emploi, ainsi que des aides financières à linstallation sur les volets essentiels. Sans oublier les différents Accords de Libres Échanges (ALE), donnant accès en franchise à un marché de plus dun milliard de consommateurs grâce aux ALE, les ALE avec lUE, les Etats Unis, la Turquie (2003) et entre les pays arabes de la méditerranés , en plus de d'autres accords en cours de négociations avec le Canada, les Pays de l'UEMOA... En outre, on peut parler également des RH de qualité et coûts salariaux compétitifs puisque le Maroc dispose d'instituts de formation spécialisés et des formations sectorielles, des formations intenses dans les Métiers Mondiaux du Maroc notamment en offshoring, automobile, aéronautique, électronique , textile.... Par ailleurs, nous pouvons aussi parler de l'Indice de performance logistique (IPL) qui reflète les perceptions relatives à la logistique d'un pays et qui englobe

6 axes : l'efficacité des services douaniers, la qualité des infrastructures liées au transport et au commerce, la facilité dorganisation des expéditions à linternational à des prix compétitifs, la compétence des prestataires et la qualité des services logistiques, la traçabilité des livraisons, mais aussi le respect des délais de livraison. Selon cet indice, le Maroc est classé à la 109ème position du classement en 2018 sur une liste de 160 pays, perdant 23 positions par rapport à son classement en 2016. Ainsi, je tiens à présenter certaines anomalies relevées suite à un examen de ses résultats , qui font que la vocation de ce classement en tant qu'outil d'appréciation et de prise de décision soit une orientation à prendre avec beaucoup de réserve. Les principaux points soulevés se rapportent principalement à la subjectivité de l'enquête, la non représentativité de l'échantillon et la contradiction des résultats de l'IPL avec d'autres indicateurs de la Banque Mondiale et d'autres indicateurs internationaux similaires."

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CONSTRUCTION

UNE NOUVELLE PIERRE À L’ÉDIFICE POUR LES ÉCOSYSTÈMES MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION ! LES ÉCOSYSTÈMES MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION CONSTITUENT UN LEVIER DE CROISSANCE TANT SUR LE PLAN ÉCONOMIQUE QUE SOCIAL. EN TÉMOIGNE L’INTÉRÊT RENOUVELÉ DE TOUS LES ACTEURS QUI ONT RÉPONDU PRÉSENT POUR DÉBATTRE DE L’AVENIR DE CE SECTEUR ENTRE ENJEUX ET OPPORTUNITÉS. Réalisé par SARAH MAACHE

L

e secteur des matériaux de construction réalise un chiffre d'affaires de 45 milliards de DH et une valeur ajoutée de 16 milliards. Il contribue avec 10% au PIB et génère 80.000 d’emplois directs et autant indirects. Le secteur s'articule autour de deux activités : les gros œuvres (sable, acier, béton, marbre, plâtre, bois, peinture, terrassement, murs, planchers...) et la partie seconde œuvre (céramique, carrelage, isolation, verre plat, tubes en plastique...). C’est face à tout le poids que représente ce secteur que la Fédération des matériaux de construction (FMC) a dédié toute une conférence pour analyser un par un tous les écosystèmes de construction. Cette rencontre a été l’occasion de présenter l’état d’avancement des 66 N° 46 Mai 2019

INDUSTRIE DU MAROC

projets, de promouvoir les opportunités d’investissement offertes dans le cadre des écosystèmes des matériaux de construction et les aides fournis par l’État mais aussi de débattre de plusieurs thématiques portant notamment sur le Programme des plateformes et valorisation des déchets de la filière ciments, les Défis de la filière céramique et voie de développement, une sidérurgie nationale responsable, compétitive et durable, état des lieux et perspectives de la filière béton, le potentiel de secteur du marbre au Maroc, structure et mécanisme d’appuis aux écosystèmes. À cette occasion, David Toledano, président de la FMC, a relevé que la fédération est pleinement inscrite dans le plan d’accélération industrielle

2014-2020 et totalement engagée dans la mise en œuvre des contrats de performance signés avec le ministère de l’Industrie, de l’investissement, du commerce et de l’économie numérique, le ministère de l’Économie et des Finances, et les associations professionnelles affiliées. Et d’ajouter que d’importants défis à relever ont été identifiés pour la régulation du marché, la réduction de la facture énergétique des acteurs, le soutien à la normalisation, l’industrialisation de branches encore artisanales et l’intégration de l’informel ainsi que l’amélioration de la compétitivité globale du secteur. Le président de la FMC a affirmé que «cette rencontre est l’occasion de revenir sur les réalisations, de s’attarder sur les


CONSTRUCTION

enjeux et de proposer des solutions à certaines contraintes rencontrées, de promouvoir les opportunités d’investissement offertes dans le cadre des écosystèmes retenus», soulignant qu’elle constituera une occasion pour des rencontres professionnelles et un moment fort pour la promotion des écosystèmes signés, auprès d’une large cible d’opérateurs économiques, d’investisseurs potentiels et de représentations de missions économiques accréditées au Royaume. De son côté, le ministre de l’Aménagement du territoire national, de l’urbanisme, de l’habitat et de la politique de la ville, Abdelahad Fassi Fihri, n’a pas manqué de rappeler l’importance du secteur des matériaux de construction, considéré comme un vecteur de développement et un pôle de croissance indéniable. «En effet, la dynamique que connait ce secteur devrait se maintenir pour les prochaines années, compte tenu des objectifs que s’est fixés le programme gouvernemental en matière d’habitat», a-t-il affirmé, notant qu’il est indispensable que tous les intervenants doivent se mettre ensemble pour assurer une production avec une meilleure qualité et à un coût abordable, en faisant face aux enjeux liés à la durabilité, la qualité, la concurrence étrangère et au secteur informel. Pour sa part, le secrétaire d’État chargé de l’investissement Othmane El Ferdaous a fait savoir que «les

matériaux de construction sont des “industries racines” dont on a vraiment besoin pour renforcer la compétitivité du tissu économique et promouvoir l’économie nationale», précisant que l’un des facteurs clés de la réussite de ces écosystèmes est la proximité entre l’État et le secteur privé. Ainsi, cinq écosystèmes performants ont été alors retenus autour des filières du préfabriqué, de la céramique, du marbre, de l’acier et du ciment afin, notamment, de créer un surplus de 3 milliards de dirhams de valeur ajoutée et de générer près de 28.000 emplois additionnels à l’horizon 2020, a-t-il rappelé. Dans le même sens, la secrétaire d’État chargée de l’Habitat Fatna Lkhyiel a souligné l’importance des relations qui lient la FMC et les associations professionnelles avec le ministère afin d’accompagner les grands chantiers lancés en matière d’habitat et de construction, tout en les félicitant pour l’organisation de la conférence, qui constitue une occasion pour promouvoir les opportunités d’investissement offertes dans le cadre des écosystèmes des matériaux de construction et les aides fournis par l’État. Elle a rappelé qu’un contrat a été signé en 2016, d’une part, entre l’État et, d’autre part, avec la FMC et les associations des filières afin de lutter contre les contraintes qu’ils rencontrent et promouvoir le développement du secteur. «Il est important de mettre en place

un écosystème englobant toutes les filières du secteur de la construction qui constituera indéniablement un levier pour la redynamisation du secteur et lui donner un nouvel élan pour son développement et sa pérennisation, en s’inscrivant dans la durabilité, la qualité et la sécurité», a-t-elle plaidé. En outre, le vice-président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), Marouane Tarafa, a mis en avant le rôle du capital humain dans la valorisation de ces écosystèmes ainsi que l’apport de l’innovation et de la recherche et développement et la nécessité de mettre en place plus d’investissements dans la formation et l’initiation de la main d’œuvre aux métiers industriels, notant que ces éléments doivent être déployés dans le cadre d’un écosystème intégré et inclusif. Pour rappel, suite à la signature de contrats de performance entre le ministère de l’Industrie, de l’investissement, du commerce et de l’économie numérique, le ministère de l’Economie et des Finances, la FMC et des associations professionnelles affiliées, cinq écosystèmes performants ont été retenus autour des filières du préfabriqué, de la céramique, du marbre, de l’acier et du ciment afin, notamment, de créer un surplus de 3 milliards de dirhams de valeur ajoutée et de générer près de 28.000 emplois additionnels à l’horizon 2020.

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INDUSTRIE DU MAROC


DIGITALISATION

Casablanca SAS DÉVOILE SON PLAN D’INVESTISSEMENT DE 1 MILLIARD DE DOLLARS LEADER MONDIAL DE L’ANALYTIQUE PRÉSENT SUR LE MARCHÉ DEPUIS 40 ANS, SAS, A ANNONCÉ CE MERCREDI 17 AVRIL 2019 À CASABLANCA AUPRÈS DE PLUS DE 150 CLIENTS ET PARTENAIRES VENUS DE TOUT LE CONTINENT, SON INVESTISSEMENT D’1 MILLIARD DE DOLLARS DANS LE DOMAINE DE L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE. Réalisé par Ismaila SY SAHADE

L

e géant américain de l'analyse de la donnée, avec ces 42 années d'expérience, confirme son pari sur le continent africain qu’il considère comme le marché d’avenir par excellence. 68 N° 46 Mai 2019

INDUSTRIE DU MAROC

A ce jour, SAS est le seul spécialiste de l'intelligence artificielle analytique présent physiquement au Maroc et en Afrique plus globalement. Avant leur investissement dans la mise en place de hubs stratégiques sur le continent

(Afrique du Sud pour la zone pays anglophone, et Maroc pour la zone pays francophone), les opérateurs africains devaient délocaliser ou se déplacer hors Afrique afin de solliciter cette expertise et prestation en termes d’intelligence


DIGITALISATION artificielle. Il s’agit principalement de tous les grands opérateurs de la Banque, Télecom et Assurance, tels que Orange Maroc, RAM Assurance, Eneo Cameroun, Ooredoo Tunisia , Tunisia Telecom … et bien d’autres encore. Grâce à cet investissement de 1 milliard de dollars qui s'étalera sur 3 ans, SAS compte développer significativement sa présence sur le continent et son rôle précurseur, devançant de loin ses concurrents directs. Pour Youssef Aqallal ,Directeur Général de SAS Afrique Francophone, ce nouveau programme d’investissement dédié au marché africain a pour objectif de faire bénéficier l’Afrique des différentes solutions du groupe. « afin que nos solutions puissent susciter de l’intérêt et qu’elles soient palpables,

nous avons prévu des témoignages de clients et d’entreprises qui avaient des problématiques, qui ont fait le choix de nos solutions SAS et qui en ont sorti un projet qui a abouti et qui a permis un véritable retour sur investissement, » . a-t-il ajouté. Pour sa part, le vice président d’EMEA Marketing à SAS, Patrick Xhonneux, s’est dit convaincu du rôle que peut jouer l’intelligence artificielle dans le développement de divers secteurs au Maroc, notamment les secteurs financier, agricole ou celui des télécommunications. Par ailleurs , il est important de stipuler que SAS a investit également dans la formation et le transfert de compétences, en mettant en place un partenariat (le SAS Academy) avec 10

universités en Afrique francophone, dont 5 au Maroc, pour offrir gratuitement aux étudiants des logiciels et licences dernière génération dédié à l'intelligence artificielle, afin de former les élites techniques de demain. Pour rappel, SAS est le leader incontestable de l'analytique avancée avec 33 % de parts de marché mondial. Sur les 100 plus grosses compagnies mondiales, 92 sont des clients de SAS. Le groupe exerce dans 148 pays avec au moins un siège social sur chacun des continents. En Afrique, le Maroc a été choisi comme siège social de la zone francophone et l’Afrique du Sud pour la zone anglophone.

I NTERVI EW Youssef Aqallal Directeur général de SAS Afrique Francophone

«L’intelligence artificielle ne va pas remplacer l’humain. L’IA va créer de nouveaux jobs qui n’existent pas encore».

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DM : Quelle est la place de l’IA dans la stratégie du groupe SAS? Youssef Aqallal : Elle est totalement partie intégrante de notre ADN. La société existe depuis 1976, soit quelques 43 années, et nous avons décidé d’avoir une stratégie très simple et très claire à la fois. Et ceci s’est avéré être une bonne stratégie, de garder un focus exclusivement sur les logiciels de gestion de la donnée, de gestion de l’analyse de la donnée et bien évidement de l’intelligence

artificielle. IDM : Quelle est votre stratégie de développement au Maroc ? Le Maroc est le siège de l’Afrique francophone et à partir du Maroc nous comptons développer nos partenariats avec les clients existants et les nouveaux clients que ce soit au Maroc, mais surtout tous les pays de la sous-région. Pour réaliser cet objectif, nous avions promis l’année dernière de doubler notre effectif, notre

écosystème de partenaire officiel certifié compétent au Maroc, mais aussi dans d’autres pays de la région Afrique francophone, à savoir le Sénégal, la Cote d’Ivoire, le Cameroun… Et au Maroc, c’est chose faite. IDM : Quels sont les défis de l’IA dans le monde de l’entreprise ? On est dans une phase de transition, c’est un petit peu comme lorsqu'on a commencé à utiliser Internet. Certains étaient septiques, peu de gens N°46 Mai 2019 69

INDUSTRIE DU MAROC


DIGITALISATION étaient optimistes quant à sa généralisation et d’autres ne savaient même pas ce que cela voulait dire. Notre métier c’est ça, c’est l’analyse, c’est la donnée, c’est l’intelligence artificielle, donc nous avons pris le pari de dire que nous devions être humblement parmi ceux qui prêchent la bonne parole, qui vulgarise, qui explique ; qui forme au niveau des entreprises et aussi des étudiants à travers les partenariats académiques. Au niveau des entreprises, il se trouve que certaines n’ont pas encore fait le pas de l’intelligence artificielle. Alors, notre mission consiste à leur expliquer comment on peut opérationnaliser, utiliser cette intelligence artificielle dans les processus opérationnels dès maintenant au sein de la société tout en ayant une feuille de route. Il ne s’agit pas de faire un bing bang, mais plutôt de démontrer via un certain nombre de cas d’étude que l’intelligence artificielle permet un gain en termes d’optimisation de la fraude, d’optimisation de la gestion des risques, d’optimisation de la relation client et de l’expérience client. IDM : Quel est votre regard sur la problématique de la sécurité des données ? Nous avons développé un département et un centre de solutions de cyber sécurité car c’est une problématique qui est absolument réelle. Et il faut dire que la globalisation a accentué le phénomène. La cyber sécurité est devenue une vraie menace pour tous et donc il faut pouvoir la contrer de la manière la plus efficace possible. On parle beaucoup de notions de réseau ; avant on avait affaire à un fraudeur ou un hackeur, maintenant il y a des fraudeurs et des hackeurs qui se mettent en réseau et qui créent des algorithmes qui sont eux aussi plus malins et performants. Donc, il faut pouvoir contre-attaquer 70 N° 46 Mai 2019

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et mettre en place des solutions grâce à l’intelligence artificielle. IDM : Comment se porte financièrement le groupe SAS ? Le groupe SAS se porte bien. Globalement nous faisons 3,24 milliards de dollars de CA dans le monde. En Afrique, ce que je peux vous dire concerne deux éléments concrets. Le premier, c’est qu’en 2017 par exemple on remarque que l’Afrique a été la région pour SAS qui a eu le plus gros taux de progression dans le monde. Le deuxième point, c’est que nous faisons une croissance à deux chiffres année sur année depuis 5 ans. Au Maroc et globalement en Afrique francophone, nous cherchons à faire contribuer cette région à hauteur de 20% sur notre chiffre d’affaires. IDM : Quels sont les grands défis du groupe SAS en termes de croissance ? Je pense que les défis sont identifiés, ce sont des challenges que l’on veut relever. Et pour vraiment agrandir notre base installée, notre écosystème, cela implique d'avoir plus de compétences africaines dans nos pays. D’un autre côté, il est question de prouver notre valeur ajoutée. On est dans des solutions de valeurs où l’entreprise va tout de suite acheter et mettre en place cette solution, mais si et seulement si, elle est vraiment convaincue de sa valeur. Notre approche n’est pas technique, technologique, c’est une approche qui a pour but de convaincre en proposant de la valeur. Cela peut être une réduction des risques, une optimisation de la fraude, une augmentation des revenues, un retour sur investissement plus important des campagnes marketing, et cela doit être touché de façon concrète, sur des données précises. C’est cela notre principal challenge et nous devons être de plus en plus pertinents. IDM : Avec l’avènement de ces

nouvelles technologies qui sont plus opérationnelles, l’humain n’est-il pas en quelque façon menacé ? L’intelligence artificielle ne va pas remplacer l’humain. L’IA va créer de nouveaux jobs qui n’existent pas encore. La preuve est qu’aujourd’hui, on parle de data scientist et c’est un mot qui n’existait pas dans le dictionnaire. Nous avons actuellement besoin de profils comme les data scientists qui ont pour rôle l’analyse des données. Il faut savoir que l’IA va obliger l’humain à se reconvertir et évoluer vers d’autres types de fonction qui sont à plus grosse valeur ajoutée. L’intelligence artificielle ne va pas fonctionner sans humain, elle va demander des compétences au capital humain qui vont être différentes. Alors, je pense que c’est une vraie problématique de conduite de changement qu’il faut mettre en place. Quand on met en place une intelligence artificielle, il faut accompagner l’organisation d’un point de vue ressource humaine pour être sûr que non seulement ça ne remplace pas, mais qu’on se retrouve avec les bonnes compétences. Il faut également rappeler que nous avons un programme académique avec les universités. Nous avons eu une discussion très précise avec ses universités pour voir comment participer à la formation de ses étudiants qui sont les futurs responsables dans les entreprises de demain. Et au sein des entreprises existantes, on a des programmes de formation, de transfert de compétence pour des cadres qui ont déjà une expérience professionnelle. L’enjeu est de leur expliquer les impacts positifs que l’analyse peut leur apporter en termes d’organisation, de conduite de changement et de formation


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INDUSTRIE DU MAROC


I NVESTISSEMENT

Investissements L’INDUSTRIE ENCORE ET TOUJOURS LE PRINCIPAL POURVOYEUR D’EMPLOIS AU MAROC ! LA COMMISSION DES INVESTISSEMENTS, QUI S’EST RÉUNIE SOUS LA PRÉSIDENCE DU CHEF DE GOUVERNEMENT, A APPROUVÉ 28 PROJETS DE CONVENTIONS ET D’AVENANTS AUX CONVENTIONS D’INVESTISSEMENT POUR UN MONTANT GLOBAL DE 22,96 MILLIARDS DE DIRHAMS DEVANT PERMETTRE LA CRÉATION DE 4 346 EMPLOIS DIRECTS ET 7 934 EMPLOIS INDIRECTS. Dossier réalisé par SARAH MAACHE

L

e climat des investissements au Maroc est au beau fixe. En effet, l’économie marocaine continue de profiter des efforts en matière de politiques macroéconomiques, des réformes structurelles, de l’amélioration de la gestion budgétaire mais aussi de diversification, visant à promouvoir l’investissement et à renforcer la confiance des investisseurs privés. Le Maroc se place ainsi dans le top-5 des pays africains en matière d’attractivité 72 N° 46 Mai 2019

INDUSTRIE DU MAROC

des investissements et à la tête des destinations les plus attractives pour les investissements en Afrique. Cette année, la répartition des investissements fait ressortir l’industrie comme étant le 1er pourvoyeur d’emplois directs à créer avec 1 654 emplois directs à créer soit plus de 38%. L’accent a également été mis sur les secteurs des transports et infrastructures, télécommunications ainsi que le tourisme.

À cette occasion, Saâdeddine El Othmani a souligné : « Les projets d’investissement examinés par la Commission nationale des investissements (CNI) reflètent la confiance dont jouit le Maroc auprès des investisseurs nationaux et étrangers sur les plans politique, institutionnel, économique et social. Les projets examinés concernent plusieurs secteurs vitaux dont l’industrie, le tourisme, le divertissement, la santé, le transport et les infrastructures. »


I NVESTISSEMENT Le gouvernement parachèvera également une série de réformes législatives visant à actualiser et moderniser l’arsenal juridique relatif au monde des affaires et à promouvoir l’image du Maroc comme destination de prédilection des investisseurs, a-til relevé, ajoutant que ces mesures s’inscrivent également dans le cadre des efforts déployés pour améliorer le classement du Royaume dans le rapport annuel de la banque mondiale du Doing Business, afin de permettre au Maroc d’accéder au top cinq des économies mondiales classées dans ce rapport à l’horizon 2021. Le Chef du Gouvernement a fini par insister sur l’urgence de certaines réformes pour renforcer la confiance des investisseurs privés dans le climat des affaires et sur la nécessité d’accélérer leur mise en œuvre notamment en matière de CRI, en encore de la Charte d’investissement, des sûretés mobilières et la refonte des textes sur les sociétés.

Le secteur du transport infrastructures prend le lead

et

La répartition des investissements par secteur fait ressortir le secteur du transport et des infrastructures en 1ère position avec 9,64 milliards de dirhams, soit 42% des investissements projetés. Le secteur des télécommunications occupe la 2ème position avec 4,37 milliards de dirhams soit plus de 19% des investissements projetés. S’en suit le secteur du tourisme et loisirs avec 4,03 milliards de dirhams, soit plus de 17% des investissements projetés. Pour sa part, le secteur de l’industrie occupe la 4ème position avec 2,77 milliards de dirhams, soit plus de 12%

des investissements projetés.

L’industrie, principal pourvoyeur d’emploi

La répartition sectorielle des emplois fait ressortir le secteur de l’industrie comme principal pourvoyeur d’emplois pour cette commission des investissements. Les projets relevant de ce secteur prévoient la création de 1 654 emplois directs soit plus de 38% des emplois à créer. Le secteur du tourisme et loisirs occupe la 2ème position avec 1 132 emplois à créer soit plus de 26% des emplois prévus. En 3ème position, le secteur de la santé vise 839 emplois à créer, soit plus de 19% des emplois projetés.

La région Casablanca-Settat continue de rafler la mise !

La ventilation des investissements selon la région d’implantation place la région de Casablanca-Settat en 1ère position avec 9,28 Milliards de Dirhams, soit plus de 40% des investissements projetés. Les projets à réaliser dans plusieurs régions occupent la 2ème position avec des projets d’investissement de l’ordre de 5,48 Milliards de Dirhams, soit 24% des investissements projetés. La région de Rabat Salé Kenitra arrive en 3ème place avec des projets d’investissements de l’ordre de 5,27 Milliards de Dirhams, soit 23% des investissements projetés. Enfin, la région de Fès-Meknès est en 4ème position avec des projets d’investissements de l’ordre de 1,29 Milliard de Dirhams, soit plus de 5% des investissements projetés

d’implantation fait ressortir la région de Casablanca-Settat en 1ère position avec 1 284 emplois directs à créer, soit plus de 29% des emplois projetés. S’en suit la région de Fès-Meknès qui arrive en 2ème position avec 1 198 emplois directs, soit plus de 27% des emplois projetés. La région de Rabat-Salé-Kenitra est en 3ème position avec 1079 emplois directs, soit plus de 24% des emplois projetés. La région de Souss-Massa arrive en 4ème position avec 350 emplois directs, soit plus de 8% des emplois projetés.

Les investissements nationaux restent largement majoritaires, suivis de prés par les JV

Avec 13,85 milliards de dirhams, les investissements nationaux représentent la majeure partie des investissements projetés, soit plus de 60%. Ce résultat est attribuable aux grands projets relevant des secteurs du transport et des infrastructures et du tourisme et loisirs. Les joint-ventures (JV) arrivent en deuxième position avec 7,12 Milliards de Dirhams, soit plus de 31% du montant global de cette Commission. Ces jointventures ont vu le jour dans le cadre de la mise en œuvre de grands projets dans les secteurs de l’industrie, de la santé et des télécommunications. Les EmiratsArabes-Unis se hissent à la 3ème position avec plus de 1,3 Milliard de Dirhams, soit plus de 5% des investissements projetés. L’Espagne occupe la 4ème position avec plus de 237 millions de Dirhams, soit plus de 1% des investissements projetés.

Création d’emplois par région: “And the winner is”… Casablanca La répartition des emplois par région

Répartition des investissements par secteur

Répartition des emploi par secteur

N°46 Mai 2019 73

INDUSTRIE DU MAROC


AGRICULTURE

SIAM

POLITIQUE AGRICOLE : ACCORD ENTRE LE MAROC ET L'AFRIQUE

L

RENCONTRES PROMETTEUSES ENTRE LE MAROC ET L'AFRIQUE

74 N° 46 Mai 2019

INDUSTRIE DU MAROC

a politique agricole du Maroc constitue une référence, notamment en matière d’employabilité des jeunes. C’est dans cette perspective qu’a eu lieu la rencontre bilatérale entre le Maroc et le Niger qui s’est déroulée mercredi 17 avril 2019 entre Aziz Akhannouch, ministre de l’agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, et Mohamed Boucha, ministre nigérien délégué auprès du ministre d’État, ministre de l’agriculture et de l’élevage. Du côté nigérien, la politique du Plan Maroc Vert représente une solution pour l’Afrique afin de stabiliser l’aspect social indiquant que l’agriculture au Niger est un important pourvoyeur d’emplois. Elle participe grandement au PIB agricole. Dans la même journée, le ministre de l’agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, Aziz Akhannouch, et son homologue gabonais, Biendi Maganga Moussavou, ont abordé les relations de coopération entre le Maroc et le Gabon lors d’une rencontre. Ils ont mis en avant la qualité des relations de coopération bilatérale qui connaissent un nouveau dynamisme depuis la visite de Sa Majesté le Roi Mohammed VI au Gabon en 2014. Elles ont été notamment couronnées par la signature de l’accord-cadre de

coopération dans le domaine agricole visant à établir un cadre juridique de coopération dans les domaines de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche maritime et du développement rural et instaurant la base juridique de coopération dans le domaine. Par ailleurs, les deux ministres ont également abordé le protocole d’accord de partenariat entre l’Agence pour le développement agricole (ADA) et l’Office de développement rural (ONADER). Autre rencontre, celle effectuée entre le Maroc et le Tchad. La partie tchadienne était représentée par Lydie Beassemda, ministre de la production, de l’irrigation et des équipements agricoles du Tchad. Plusieurs questions ont été mises en avant lors de cette rencontre comme l’appui technique pour la réalisation d’aménagements hydroagricoles, le renforcement des capacités au profit des cadres et techniciens en matière de gestion des infrastructures d’irrigation, les échanges d’expériences en matière de formation des cadres et techniciens et renforcement des capacités organisationnelles et techniques, l’appui technique en matière d’élevage (productivité et hygiène) ou encore le transfert de technologie dans les domaines agricoles stratégiques dans le cadre de la coopération Sud-Sud.


N°46 Mai 2019 75

INDUSTRIE DU MAROC


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