Industrie du Maroc Magazine N˚24

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RSE Said Sekkat

Interview

P.54-55

«La nouveauté cette année, c’est un programme de formation destiné aux entreprises dans différentes régions ». w w w. i n d u s t r i e s . m a

Mohamed ABDELLAOUI

evenement P.52-53

« L’entreprise doit se rapprocher de l’Université et vice versa ».

Directeur de publication : Hicham RAHIOUI

P.30-33

Cap sur le sival angers. N° 24. Avril 2017 - Prix Maroc 30 DH

1 er magazine mensuel de l’industrie, de la r&d et des technologies

Faut-il LIBERER LE DIRHAM ?

DDT N⁰ 1463


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editorial

Hicham RAHIOUI Directeur de publication H.rahioui@industries.ma

S La tendance au protection-nisme économique, industriel et commercial se propage aujourd’hui comme une traînée de poudre.

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Protectionnisme

erait-ce la fin d'une ère de multilatéralisme et de commerce mondialisé préservé tant bien que mal depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ? La tendance au protectionnisme économique, industriel et commercial se propage aujourd’hui comme une traînée de poudre. Il eut d'abord le Brexit qui a pris de revers tout le monde, y compris les Britanniques. Le référendum sur la sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne a d'ailleurs fait l'effet d'une bombe auprès de plusieurs économistes et experts en ce qu'il alertait sur l'ouverture d'une brèche à la montée des mouvements nationalistes dans plusieurs pays du Vieux Continent. Ensuite, il y eut l'élection du Président américain Donald Trump qui a basé sa campagne électorale sur le «BringAmerica Back» vantant les mérites d'un retour des industries et des emplois délocalisés et affichant clairement son opposition aux grands accords de libre-échange régionaux à l'instar du Traité Transatlantique et du Traité Transpacifique. Aujourd’hui, dans plusieurs pays européens, le spectre d'un ITEXIT ou d'un FREXIT continue de planer surtout dans un contexte de fragilité économique. Les idées nationalistes et protectionnistes se font de plus en plus d'échos auprès de l'opinion publique, et ce, même chez les partis politiques jusqu'ici partisans du libéralisme commercial et des procédés de délocalisation et de «colocalisation».

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Voir les plus grands blocs commerciaux mondiaux afficher leur scepticisme concernant l’évolution du commerce mondial est tout sauf rassurant. Pourtant, le Maroc poursuit les efforts de libéralisation de son économie avec notamment le lancement de la réforme sur la flexibilité du dirham. Officiellement, ce chantier se justifie par la dynamique de diversification commerciale du Maroc grâce au cap dessiné vers l'Afrique, la Chine, la Russie et d'autres pays émergents. Cette réforme s’explique également par la volonté de faire du Maroc et de Casablanca en particulier, un hub financier régional. Mais dans un tel climat d’incertitude mondiale, on est en droit de se demander si la situation est propice au lancement d’une réforme de cette envergure. Surtout au moment où les réserves en devises du Maroc semblent totalement confortables avec l'équivalent d'environ 7 mois d'importations (la moyenne recommandée par le FMI étant de 4 mois) et qu’un panier composé à 60% d’euros et 40% de dollars correspond parfaitement à la structure des échanges du Royaume. La volonté du Maroc de s’ouvrir sur les marchés étrangers et de poursuivre la libéralisation de son économie ne devrait l’empêcher de faire preuve de vigilance. Dans ce sens, BankAl-Maghrib assure que cette réforme se fera de manière graduelle selon plusieurs étapes, les autorités prenant chaque fois en considération les prérequis au lancement de chaque étape du processus. Affaire à suivre.

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SOMMAIRE

Finance Islamique au Maroc : doucement mais sûrement…

P. 40-49 Actu Kantar a eu son «Moment of Truth»----------------------------------P. 16 A Raymond inaugure son nouveau site de production au Maroc--------------------------------------------------------------------------P. 16 UA- Discours royal : Une entrée marocaine en grandes pompes----------------------------------------------------------------------------------------P. 18 Interdiction du plastique, premier bilan d’étape-----------------P. 20 10 RAJEB obtient la certification NM ---------------------------------P. 20 Le «GREEN ENERGY PARK», un projet unique voit le jour sous l’égide de S.M. le Roi Mohammed VI à Benguerir---------------P. 22 Filière de l’huile d’olive, on y voit plus clair !-----------------------P. 20

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SOMMAIRE

Reportage Green Park Energy, un centre d’excellence au service de l’énergie verte ---------------------------------------------------------------------------------------------------P. 24 Evenement SIVAL: Un Salon "vert" haut en couleur !----------------------------- P. 30 à 33 Technologie CES 2017 : le futur, c’est maintenant ------------------------------------P. 34 à 36 Cinq innovations qui ont marqué ce CES 2017-------------------------------P. 37 Enquete

Interview : Abderrahmane Lahlou -----------------------------------------------P. 47 avis d'expert : Dr.Mohsine Bouya------------------------------------------P. 48 à 49 robotique C’est la robolution: Les robots industriels s’invitent dans les usines ! -------------------------------------------------------------------------------------------P. 50 & 51 Interview Mohamed ABDELLAOUI -------------------------------------------------------P. 52 à 53 RSE Interview : Said Sekkat----------------------------------------------------------P. 54 à 55

Une nouvelle manne pour les PME/PMI--------------------------------P. 40 à 45

R&D-----------------------------------------------------------------------------------------P.56

Interview : Reda EL HADDAJ----------------------------------------------------------P. 46

high-tech------------------------------------------------------------------------------P. 58

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EN BREF

Helvetica: première e-assurance auto au Maroc Helvetica Assurances a lancé le 21 mars, en partenariat avec SANAD, une nouvelle solution d’e-assurance au Maroc. Il s’agit de la première plateforme marocaine de vente de produits d’assurance Auto 100% en ligne. C'est un service conçu pour accompagner l’évolution des attentes clients et répondre à leur besoin de proximité et de confort. En outre, cette plateforme a été développée en mettant les clients au cœur de la réflexion afin d’apporter une solution qui correspond à leurs attentes. Née en 2015 de la fusion entre SwissQuality Holding Maroc et Ben’s Holding, Helvetica Assurances Maroc se positionne comme le courtier nouvelle génération qui offre à sa clientèle un service sur mesure, rapide, facilement accessible et aux meilleurs tarifs.

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La Britcham et le Crédit Agricole du Maroc lancent le débat sur l’agro-industrie

« L’agro-industrie marocaine : Quels leviers de croissance pour disposer d’un véritable secteur agro-industriel national fort et capable de s’exporter ?». Tel a été le thème abordé lors de la conférence débat organisée par la Chambre de commerce britannique au Maroc le mercredi 22 mars 2017, à Casablanca. Cette rencontre destinée aux entreprises adhérentes à la Chambre, aux opérateurs économiques et aux médias, a eu pour but de dresser un diagnostic du secteur et les stratégies pour soutenir sa croissance au niveau national et international. Mohammed Fikrat, président de la Fédération nationale de l’agroalimentaire (FENAGRI), a dressé la situation du secteur en mettant en avant les différents aspects pour améliorer sa compétitivité. Ibrahim Belkora, Directeur général de Agro Juice Processing, a pour sa part présenté l’expérience de son groupe sur le marché africain.

Inauguration royale d’un centre de formation dédié à l’hôtellerie à Casablanca

Dans un souci de continuer le déploiement du secteur touristique, S.M. le Roi Mohammed VI a posé la première pierre d’un nouveau centre de formation à Casablanca, plus précisément au quartier El Hank. Le centre sera opérationnel d’ici 2 ans et abritera un hôtel pédagogique, un pavillon de restauration (cuisine, restaurant et salle de conditionnement) et un internat d’une capacité de 96 lits sur un terrain de 8.806 m2. Né d’un partenariat entre la Fondation Mohammed V pour la Solidarité et l’Office de la formation professionnelle et de la promotion de travail (OFPPT), ce centre, destiné à la formation de ressources humaines compétentes dans les métiers de l’hôtellerie et de la restauration, bénéficiera aux jeunes défavorisés et ceux en situation d’abandon scolaire de la Préfecture d’arrondissements Casablanca-Anfa, pour un financement global de 30 millions de dirhams.

2e édition de la Journée marocaine du tourisme durable et responsable La deuxième édition de la Journée marocaine du tourisme durable et responsable (JMTDR), s’est tenue lundi 20 mars, à Rabat, sur le thème : «Le Maroc célèbre l’Année internationale du tourisme durable pour le développement». Lors du discours d’ouverture de l’événement, Aziz Akhannouch, ministre de l’Agriculture et de la pêche maritime et ministre du Tourisme par intérim, a déclaré : « Le Maroc veut porter sa voix et celle du continent africain en tant que destination de référence dans le tourisme durable ». Cette deuxième édition a rassemblé plus de 300 invités nationaux et internationaux parmi lesquels plusieurs membres du gouvernement des délégations ministérielles africaines, des o r g a n i s m e s internationaux, des professionnels touristiques, ainsi que des membres de la société civile. www.industries.ma


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EN BREF

Partenariat entre l’École centrale Casablanca et Maghreb Steel L’Ecole Centrale Casablanca et le sidérurgiste Maghreb Steel ont annoncé, à Casablanca, leur partenariat dans le cadre d’un programme universitaire, qui sera dispensé par l’Ecole Centrale Casablanca, dans le but de former les ingénieurs de demain. « Ce programme intervient dans le cadre le Plan d’Accélération Industriel, pour lequel le Maroc s’est engagé avec l’objectif de créer 10000 ingénieurs à terme. Ce partenariat vise à accompagner cette volonté, en formant des ingénieurs généralistes. Cette nouvelle compétence est plus à même de cerner les spécificités d’une entreprise qui évolue dans un environnement incertain. », a indiqué la Directrice de l’Ecole Centrale Casablanca, Ghita Lahlou.

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Immobilier Maroc : le secteur en berne en 2016

JLL (Jones Lang LaSalle), leader du conseil en immobilier d’entreprise a dévoilé récemment l’état des lieux du secteur immobilier au Maroc. Les résultats au titre de l’année 2016 sont alarmants. En effet, les grands indicateurs font grise mine au Maroc : une croissance lente, un fort surendettement des ménagers, etc. Le secteur de l’immobilier en pâtit également, en particulier celui de l’habitation où les immeubles en cours de construction ont du mal à trouver acquéreur à tel point que quelques établissements bancaires ont déjà commencé à « récupérer » (par voie de dation ou de saisie) les stocks invendus des premiers promoteurs défaillants. Même constat du côté de l’immobilier d’entreprise et notamment du secteur des bureaux, selon Statimmo, le marché a eu du mal à atteindre les 30.000 m2 durant l’année 2016, alors que les locations à Casablanca représentaient près de 50.000 m2 en 2014 puis moins de 30.000 en 2015.

Intelcia s’implante en Côte d’Ivoire Intelcia, acteur majeur des métiers de l’externalisation, annonce l’ouverture en 2017 d’un nouveau site à Abidjan en Côte d’Ivoire. Dans le cadre de cette nouvelle implantation, 1.000 profils seront recrutés, précise le groupe dans un communiqué. L’ouverture du site d’Intelcia en Côte d’Ivoire qui aura nécessité 2 millions d’euros d’investissement permettra le recrutement et la formation de 500 collaborateurs dans un premier temps, et le double à plus long terme. Par cet investissement, Intelcia ambitionne de devenir un acteur important en matière de création d’emplois et de développement des compétences en Côte d’Ivoire. S’appuyant déjà sur 18 sites opérationnels au Maroc, en France, au Cameroun et au Sénégal, Intelcia emploie aujourd’hui plus de 7.000 collaborateurs.

Fenie Brosette au service du BTP Le secteur du BTP bouge constamment au Maroc. Les promoteurs et investisseurs ont aujourd’hui des besoins de solutions de plus en plus techniques et de services pointus afin d’assurer leur compétitivité dans un marché désormais mondialisé. Fenie Brossette, entreprise dans le métier de l’échafaudage, met à la disposition des entreprises de BTP une gamme étendue de solutions allant de la vente à la location de matériel de construction. L’entreprise garantit aussi la sécurité du matériel installé et celle des personnes intervenantes sur les échafaudages grâce à du matériel éprouvé et à ses équipes de monteurs et de techniciens expérimentés et formés par des organismes de certification nationaux et internationaux. Fort de ses 85 ans d’expertise, Fenie Brossette dispose de 50.000 tonnes de matériel en parc location, d'un atelier de fabrication de 8 hectares et de plusieurs ingénieurs et techniciens de bureau d’études.

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EN BREF

Le Maroc fête le bois en avril Le bois sera à l’honneur prochainement au Maroc. En effet, l’Association marocaine des industries du bois et de l’ameublement (AMIBA) organisera le Salon international du bois qui aura lieu du 18 au 20 avril à Casablanca, une rencontre d’acteurs nationaux et internationaux partenaires de la filière marocaine ou leaders mondiaux du secteur. Durant trois jours d’exposition et de conférences, les organisateurs prévoient une présence diversifiée d’exposants en provenance du Maroc et d’une dizaine de pays allant des intervenants dans la chaîne de production forestière et de transformation, aux professionnels du matériel, outillage et fournitures, la R&D, la formation et la certification, le négoce et le financement. Première exposition au Maroc spécialisée de la filière bois, Moroccowood Expo a pour objectif de se positionner comme événement de référence en faveur de la filière marocaine.

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Eaux usées : L’Exécutif veut moins de gaspillage

L’eau était à l’honneur à l’occasion de la Journée mondiale de l’eau le 22 mars dernier. À cette occasion, le ministère délégué chargé de l’Eau a organisé une matinée d’information sur le thème «Réutilisation des eaux usées : Pourquoi gaspiller ?» Cette rencontre à laquelle étaient conviés plusieurs experts, associations professionnelles et ONG, visait à sensibiliser les différents acteurs quant à l’importance du recours à l’utilisation des ressources en eau non conventionnelles, en l’occurrence les eaux usées. Une sensibilisation qui est nécessaire, car d’après le ministère, les ressources naturelles du Maroc en eau sont faibles. Le potentiel hydrique du Royaume est évalué à 22 milliards de m3 par an, soit l’équivalent de seulement 650 m3/habitant/an. Avec la mise en place du «Plan national de l’eau», le Maroc espère atteindre un objectif, à savoir la réutilisation d’environ 325 Mm3 d’eaux usées épurées à l’horizon 2030.

Le F1s d’Oppo monte en «grade» La marque chinoise met sur le marché marocain une version améliorée du F1s, un smartphone dédié aux «Selfies». À l’instar de son illustre prédécesseur, le OPPO F1s «upgradé» dispose d’une caméra frontale de 16 MP avec un capteur personnalisé d’1/3.1 pouce capable d’organiser les pixels dans un schéma unique destiné à optimiser les détails d'image, procurant ainsi des photos claires, brillantes et remarquablement riches en couleur ; d’une capacité de stockage de 64 Go de ROM, extensible avec une carte SD jusqu’à 256 go et une Ram de 4 Go. Le F1s amélioré est également équipé d'une reconnaissance d'empreintes digitales en 0,22 seconde et permet de mémoriser jusqu'à cinq empreintes différentes pour différentes applications et contacts. Prix de ce joujou, 3.299 DH !

Villes nouvelles: l’Afrique en locomotive C’était le 13 mars 2007. S.M. le Roi Mohamed VI donnait le coup d’envoi de la construction de Tamesna, une ville entièrement bâtie dans le but de désengorger les zones urbaines trop peuplées. 10 ans après, la ville nouvelle de Tamesna est devenue une ville durable et authentique. C’est en marge de cet évènement que s’est tenu les 16 et 17 mars dernier un colloque international sur le thème «Villes nouvelles en Afrique – regards croisés». Lors de ce colloque, le ministre de l’Habitat et de la politique de la ville, Mohamed Nabil Benabdallah, a rappelé à quel point le retour du Maroc dans l’Union africaine était important pour l’Habitat dans la mesure où le Royaume a initié des projets à cet effet sur le continent, à travers des accords bilatéraux. Il a aussi insisté sur le fait que le développement des villes nouvelles, à l’instar de Tamesna, prend du temps et peut s’étaler sur 15, voire 20 ans. L’évolution de Hay Riad, une extension de la capitale Rabat, en est un exemple palpable, a-t-il souligné.

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Actu

Longofer honore son capital humain Que serait une entreprise sans son capital humain ? La J.V maroco-turque du secteur de la métallurgie, Longofera, a voulu mettre en honneur ses ressources humaines en organisant le 17 mars dernier une cérémonie de célébration récompensant ses employés. Si la société se place aujourd’hui comme l’un des leaders du secteur au Maroc, elle n’en oublie pas pour autant que toutes ses réalisations ne soient pas possibles sans toutes les femmes et les hommes qui composent son capital humain. Le management de l’entreprise, notamment le président, Mohamed Azmi, et l’administrateur directeur général, Ibrahim Khalil Azmi, ont tenu à souligner le sérieux et l’abnégation caractérisant les employés et leur importance dans le développement de la société. L’évènement coïncidait d’ailleurs avec le départ à la retraite d’un illustre collaborateur de la société, Abdennacer Lahrichi, secrétaire général du groupe. Parmi les intervenants à cette cérémonie, nous avons pu assister au discours reconnaissant d’Abdelaziz Faris, DG de Longofer, et d’Abdelkader Labiad, DRH du groupe. Créée en 1986, Longofer est considérée comme l’une

des principales sociétés industrielles marocaines dans le domaine de la fabrication de tubes soudés et profilés ouverts, avec une gamme de produits large, diversifiée et complémentaire. Par ailleurs, l’entreprise a créé de nouvelles sociétés tout particulièrement dans le domaine du rond à béton, UNIVERS ACIER, dans le domaine de la couverture métallique des espaces industriels, COUVERMETAL, et plus récemment LONGINOX une société spécialisée dans la fabrication des tubes et des profilés en inox et MEGATUBE, une société spécialisée dans la fabrication d’une ample gamme de tubes en acier de grandes dimensions en différents formats.

UIR, sur la trace des grands L’Université internationale de Rabat (UIR) veut s’inscrire dans la lignée des plus grandes et des plus prestigieuses universités sur le plan international en visant des standards d’établissements de renommée mondiale comme Harvard ou encore Stanford. Lors d’une conférence de presse tenue mercredi 22 mars à l’hôtel Hyatt Regency à Casablanca, l’UIR, par la voix de son président Noureddine Mouaddib, a « exposé sa vision et ses axes de développement au Maroc et à l’international ». Après avoir présenté « son » Université, le président a fait état des différentes avancées de l’établissement et l’accomplissement des objectifs, notamment le mérite d’être la première université reconnue par l’État, dans un décret paru dans le bulletin officiel du 25 juillet 2016. Les premiers diplômes découlant de cette reconnaissance ont été délivrés à la promotion issue de l’année académique 2015-2016. Projet né en 2010 de la nécessité de satisfaire le nombre croissant de bacheliers, l’UIR prône l’excellence et jouit de différents partenariats avec des Universités du Maroc, d’Amérique du Nord, d’Europe, du Moyen-Orient et d’Asie. L’Universitécompte à ce jour 2840 étudiants, dont 58

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étrangers. Avec un campus de 27 hectares, qui dispose de toutes les commodités respectant les normes, l’université se veut innovante et « smart ». S’agissant de sa « vision africaine », l’UIR prévoit faire venir des étudiants en leur offrant des bourses. Elle envisage prochainement, avec l’appui de partenaires étrangers, la création d’une école sur les Sciences de la mer. Par ailleurs, l’Université a reçu à Miami aux États-Unis, le prix de l’Institut International of Education « For Innovation in International Education ».

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Actu

Lafarge Holcim Maroc Afrique installe une nouvelle usine au Cameroun Cimencam, filiale camerounaise du groupe Lafarge Holcim Maroc Afrique, lance la construction d’une nouvelle usine à Nomayos près de la capitale Yaoundé. Avec une capacité de 500.000 tonnes, la mise en œuvre de la future installation portera la capacité opérationnelle du groupe de 1,5 million à plus de 2 millions de tonnes de ciment par an. Cette progression permettra ainsi à l’entreprise de satisfaire la demande du marché camerounais et de ses pays voisins. Ce sont plus de 28 milliards de Francs CFA (46 millions d’euros) qui seront investis pour la réalisation de ce projet dont les retombées sociales, économiques et environnementales ont été présentées aux élus et à la population de la région de Nomayos le 16 mars dernier, et ce, en présence d’Emmanuel Rigaux, Directeur général du groupe LafargeHolcim, et Pierre Damnon, Directeur général de Cimencam. Avec ses 2 millions de tonnes de ciment, l’entreprise camerounaise deviendra le premier cimentier du Cameroun en termes de capacité de production.

Créé il y a moins d’un an, LafargeHolcim Maroc Afrique (LHMA) est la joint-venture entre la Société nationale d’investissement (SNI) et le groupe principal LafargeHolcim. Avec l’acquisition de 50% de SCB Lafarge Bénin, de 54,74% de Cimencam et de LafargeHolcim Côte d’Ivoire, LafargeHolcim Maroc Afrique étend progressivement son dispositif commercial et industriel sur le continent.

Le BMCE sensibilise autour du risque de change BMCE BANK a démarré depuis peu un road show portant sur la thématique du «marché de change». Une tournée dans plusieurs villes du Royaume qui a fait escale fin mars à Casablanca après un passage par Tanger et Agadir. Une démarche qui vise le soutien des entreprises importatrices et exportatrices marocaines, surtout dans un contexte de réforme sur la flexibilité du dirham, dont le lancement est prévu au courant de cette année 2017. Bank Al-Maghrib compte, en effet, entamer une démarche de basculement progressif vers un régime de change flottant. BMCE Bank présentera tout au long du mois d’avril des ateliers portant sur le sujet du régime de change avec un focus sur la thématique des « importations énergétiques face à l’évolution du marché de Change marocain ». Cette démarche s’inscrit dans le cadre de la sensibilisation à la couverture du risque de change. Les experts de la BMCE proposent de nombreux produits et stratégies dans ce cadre. Pour se prémunir contre le risque de change, plusieurs choix s’offrent aux opérateurs. Une option de couverture dite «systématique» s’applique dans le cas où l’entreprise dispose d’une certaine

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visibilité sur l’évolution des coûts, des montants engagés et des échéanciers de paiement. Une option de couverture partielle s’applique pour sa part dans le cas où l’entreprise entend rester compétitive en couvrant une partie de ses importations et laisser une autre sans couverture. Le but ici est de se laisser une marge de manœuvre dans l’optique de profiter d'éventuelles fluctuations favorables du marché.

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Actu

Saïd Benahajjou, président du Cluster CE3M et Directeur général d’Aviarail Casablanca Electronic Meetings :

Lancement d’un nouveau salon de l’électronique

IDM : Comment se porte l’industrie électronique marocaine aujourd’hui ? Nous notons aujourd’hui une progression importante qui est de l’ordre de 14% en 2016. Cette progression est principalement liée à une forte évolution des produits qui sont de plus en plus connectés. Aussi, nous suivons une tendance mondiale qui montre depuis quelques mois un réel redémarrage de l’activité. IDM : Pouvez-vous nous présenter l’événement Casablanca Electronic Meetings ? Casablanca Electronic Meetings est une convention d’affaires transverse. Elle sera portée sur l’aéronautique, l’automobile, le ferroviaire, le médical, l’énergie, le naval et l’industrie en général. Elle regroupera des acheteurs, des fournisseurs, des financiers, etc. Lors des deux journées programmées,

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les participants se rencontreront en One to One pour faire émerger des synergies potentielles. Aussi, les entreprises qui le souhaitent auront la possibilité d’exposer leurs produits dans le cadre de stands. Tout au long de la convention, nous assisterons à des conférences sur différents thèmes touchant à l’électronique (Marchés, Innovations, R&D, etc.). IDM : En tant que partenaire du Casablanca Electronic Meetings, quelles sont vos attentes pour cette première édition ? L’objectif principal étant de montrer l’importance de l’électronique dans tous les secteurs, mais aussi faire prendre conscience que l’électronique est le moteur indirect de la création d’emploi. La pérennisation de nos secteurs phares (Aéronautique, Automobile, Énergie, etc.), l’introduction de nouvelle technologie et l’accès à de nouveaux marchés sont des priorités.

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évén ement

SIAM 2017

Messe agricole sur fond de querelles diplomatiques... Le Salon international de l’agriculture marocaine (SIAM) s’apprête à rouvrir ses portes pour sa 12e édition, du 18 au 23 avril à Meknès. L’évènement se tient sur fond de querelle diplomatique entre le Maroc et l’Union européenne, concernant l’application de l’accord agricole.

C

’est dans le contexte d’une bonne campagne agricole que sera lancée la 12e édition du SIAM le 18 avril. Plus d’un million de visiteurs et 1.230 exposants représentant 65 pays sont attendus pour cette édition, qui sera marquée par l’organisation d’une vingtaine de conférences thématiques et la signaturedeplusieursconventionsetaccordsdans le cadre du déploiement du Plan Maroc vert.

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Par : Sarah MAACHE

Le climat politique de cette édition est pourtant placé sous le thème de la « fragilité » des rapports entre le Maroc et l’Union européenne suite au bras de fer autour de l’application de l’accord agricole (voir encadré). En effet, l’arrêt de la Cour européenne de justice du 21 décembre 2016 avait laissé planer le doute autour de l’application de l’accord agricole sur l’ensemble du territoire marocain. Une décision qui a donné lieu à un www.industries.ma


évén ement

Plus récemment, les deux pays ont mis en place un cadre légal de coopération bilatérale, se matérialisant par l’appui à l’innovation technologique et au développement des capacités de production marocaines. Durabilité Le choix du thème pour cette édition s’articule autour de « l’Agrobusiness et chaines de valeur durable agricoles ». Une chaine de valeur agricole est constituée de l’ensemble des acteurs engagés dans la production et la commercialisation d’un produit agricole et alimentaire. À l’heure où les consommateurs exigent toujours plus de traçabilité sur leurs produits, et plus d’équité envers les producteurs, même les plus petits, les opérateurs de l’agrobusiness sont confrontés aux défis des chaines de valeurs agroalimentaires. L’ambition de l’intégration réussie dans l’agrobusiness aujourd’hui est de réunir les producteurs, les transformateurs, les entreprises de services alimentaires, les fournisseurs, ainsi que le reste des acteurs qui constituent la chaine de valeur agricole. Cette démarche n’est possible qu’à travers un partenariat stratégique entre les petits exploitants et les partenaires locaux, ce qui vise à protéger les petits agriculteurs tout en préservant la qualité des terres agricoles selon des méthodes Eco responsables.

foisonnement d’interprétation de part et d'autre de la Méditerranée. Du côté de l’UE, l’on affirme chercher encore une solution juridique pour que la zone géographique de l’accord agricole inclue le Sahara. Une phase d’incertitude qui se traduit par la multiplication des volte-face au sein des institutions européennes, y compris auprès de certains de nos plus importants partenaires commerciaux à l’instar de l’Espagne. Hasard du calendrier, pour cette 12e édition, le SIAM met en honneur l’Italie. Troisième pays agricole de l’Union européenne, l’Italie est l’un des leaders mondiaux de l’agriculture biologique en Europe et dans le monde et figure parmi les pays les plus impliqués dans les productions sous Signes d’identification de la qualité et de l’origine (SIQO). Elle occupe le 17e rang des partenaires commerciaux du Royaume dans le domaine agricole. Il faut dire qu’avec leur localisation géographique en région MENA, le Maroc et l’Italie partagent un patrimoine méditerranéen commun et la coopération entre les deux pays ne date pas d’hier, puisque le Maroc et l’Italie ont scellé leur premier Accord de coopération technique et financière dès 1961 à Rome. www.industries.ma

Retour sur l’édition de 2016 L’édition de 2016 s’était tenue dans un contexte où le Maroc souffrait d’une pénurie de pluie qui a impacté tous les secteurs agricoles et agroalimentaires, telle la production de lait qui a connu plusieurs difficultés, faute de pâturages suffisants pour les bovins. Le prix de la viande rouge a également connu une flambée. Dans un tel contexte, le ministredel'Agriculture,quiprésented’habitude,lorsdeson discours d’inauguration, les chiffres de la récolte céréalière de la saison en cours, avait choisi de ne pas s’exprimer sur ce point. Malgré tout, l’édition de 2016 a été marquée par un nombre important de visiteurs, car si au départ, l’équipe d’organisation du Salon international de l’agriculture au Maroc tablait sur 850.000 visiteurs, ce chiffre a largement été dépassé en 2016. Pour la première fois, le salon de Meknès a dépassé le 1 million de visiteurs. La 11e édition s’est déroulée à quelques mois de la Cop22, elle a donc été logiquement placée sous le thème de « l'Agriculture résiliente et durable». Le SIAM 2016 avait accueilli l’État des Emirates arabes unis comme invité d’honneur. N° 24 Avril 2017 23

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évén ement

Le SIAM 2016, c’était : 1.000.000 Visiteurs 172.000 Superficie 1.223 Exposants 12 Ministres 21 Délégations étrangères 63 Pays participants 32 Conférences 23 Signatures de conventions 37 Trophées

- Accord Agricole entre le Maroc et l’Union européenne Signé en 2012, l’accord sur les produits agricoles et de la pêche avait été durement négocié par le Maroc et l’Union européenne. En cause, la réticence de certains eurodéputés à appliquer l’accord sur l’ensemble du territoire marocain. Dès lors, plusieurs amendements ont été proposés, notamment l’intégration d’une disposition concernant « le respect des droits de l’Homme dans les provinces du Sud ». Le Royaume a su faire appliquer ses conditions et rejeter l’ensemble de ces propositions. Quelques mois plus tard, le « Polisario » a saisi la justice européenne en vue de faire invalider l’accord agricole. Ce dernier contestant l'inclusion du Sahara dans le traité. La réaction du Maroc a su se montrer intransigeante. Le gouvernement a décidé de suspendretoutcontactaveclesinstitutionseuropéennes.Le recours du Polisario a été finalement rejeté fin 2016 par la Cour de justice européenne confortant ainsi la position du Maroc. Celle-ci a estimé que le tribunal en annulant l’accord agricole en première instance avait commis une erreur d’interprétation. Malgré la décision rendue par la Cour de justice de l’Union européenne révoquant la sentence du tribunal, plusieurs hauts responsables européens et eurodéputés ont continué à tenir des propos pour le moins dérangeants.Tantôt, ces derniers contestaient la décision de la Cour de justice de l’UE en faveur du Maroc ; tantôt, ils en faisaient une interprétation qui allait à l’encontre des intérêts du Maroc. Plus récemment, l'Union européenne a réagi pour apaiser les tensions. Dans une déclaration conjointe de la haute représentante et vice-présidente de la Commission européenne, Federica Mogherini, et du

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INDUSTRIE DU MAROC

ministre délégué aux Affaires étrangères, Nasser Bourita, l'Union européenne s’est voulue rassurante. « L’UE prendra les mesures appropriées pour sécuriser l’accord agricole et préserver le partenariat avec le Maroc », peut-on y lire. Dans l'attente de la conclusion de ces discussions, précise le texte, «des mesures appropriées seraient prises si nécessaire pour sécuriser la mise en œuvre de l'accord de libre-échange des produits agricoles transformés et produits de la pêche entre l'Union européenne et le Maroc en vigueur et préserver les acquis du partenariat dans ce domaine». - Le secteur agricole marocain LesecteuragricoleauMarococcupeunepositionstratégique dans l’économie nationale et joue un rôle important dans le développement socio-économique du Royaume. De la réforme agraire en 1956 au Plan Maroc Vert en 2008, ce secteur a connu en 50 ans une croissance fulgurante. Le secteur agricole contribue à hauteur de 16,5% dans le PIB et constitue une source de revenus pour 40% de la population active au Maroc. Il est donc naturel pour les pouvoirs publics de continuer à booster ce secteur très porteur, c’est dans ce sens que le gouvernement a mis en place plusieurs plans, notamment le Plan Maroc Vert qui a bénéficié depuis 2008 de plus de 28 MMDH et qui nécessite aujourd’hui un investissement de 90 MMDH pour arriver à terme d’ici 2020. La Banque Mondiale a prévu de porter un soutien important en vue de la continuité de ce plan, à travers un grand programme en matière d'amélioration de certaines filières agricoles dans le cadre de la seconde phase du Plan Maroc Vert. Comme l’a affirmé la directrice des opérations de la région MoyenOrient et Afrique du Nord, Marie-Françoise Marie, dans un communiqué de la MAP : » Ce programme vise à améliorer l'intégration entre l'amont et l'aval et l'accès au marché dans ces filières identifiées comme prioritaires dans le cadre de la stratégie du développement de l'agro-industrie, la qualité des produits agroalimentaires, outre le soutien de l'innovation et l'entrepreneuriat en la matière. Les projets d'investissements mis en place par la Banque Mondiale pour accompagner la mise en œuvre du Programme national d'eau en irrigation (PNEEI) ciblent ainsi une superficie de 50.000 ha, pour un total de 15.000 petits agriculteurs.

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évén ement SIAM 2017

Ahmed Ouayach, président de la Confédération marocaine de l’agriculture et du développement durable (COMADER)

« Nos relations avec les noyaux durs de l’Europe demeurent excellentes » Par : Omar Zerouali

Le PMV nous offre beaucoup de visibilité et nous poursuivons nos efforts et nos investissements en tant qu’opérateurs

Quelle est aujourd’hui la situation du secteur de l’agriculture après une saison de pluies jugée satisfaisante ? Il faut dire que le Plan Maroc Vert (PMV), qui est une grande stratégie pour notre pays, s’inscrit dans la durée. Qu’il y ait de bonnes années, des années moyennes ou des années faibles en termes de pluviométrie… la situation reste au demeurant satisfaisante. En 2017, nous ne sommes pas sur une année record, mais nous sommes tout de même sur une bonne année agricole. Nous avons rencontré une petite perturbation au départ, due notamment à une vague de froid et à un manque relatif en termes de pluviométrie. À fin mars, la situation est bonne et satisfaisante. Tout prête à croire que cette tendance se poursuivra et que les pluies de mi-avril seront au rendez-vous pour concrétiser nos espoirs. Quelle est la situation des barrages et des différentes cultures à ce jour ? L’état des nappes phréatiques et des barrages s’est nettement amélioré, les pâturages et la céréaliculture sont bons. Il faut rappeler que les céréales demeurent l’indicateur principal d’une bonne ou mauvaise campagne. À ce titre, la situation est rassurante. Concernant la culture de betterave et de sucre, nous avons réalisé un record l’année dernière qui s’est établi au-delà du satisfaisant, et ce, malgré un contexte de sécheresse. Pour ce périmètre irrigué, la situation en 2017 nous laisse penser que l’année va être plutôt bonne. Le SIAM 2017 se tient dans un contexte de bonne année agricole, mais se tient tout de même dans un contexte de crise diplomatique avec l’Union européenne… Je ne pense pas qu’il s’agisse d’une situation particulière imposant des défis pour notre secteur.

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Le PMV nous offre beaucoup de visibilité et nous poursuivons nos efforts et nos investissements en tant qu’opérateurs. Concrètement, nous ne faisons face à aucun problème pratique sur le terrain. Cela étant, nous constatons que certaines parties veulent aujourd’hui nuire à notre cause nationale, mais ce problème demeure clairement plus politique qu’économique. Le Maroc est en train de reprendre la position qui devrait être la sienne sur l’échiquier régional. Il se positionne comme une locomotive de développement dans le continent africain et dans le monde arabe. C’est une situation qui nous rassure en tant que professionnels et nous convient parfaitement. Nous sommes conscients que nous devons aujourd’hui jouer un nouveau rôle dans notre continent. Cette diversification de nos marchés peut-elle signifier que nous pourrons tourner le dos à l’Union européenne et à ses institutions ? La situation avec l’Union européenne pourrait s’améliorer un jour ou un autre. Mais il est important de savoir que nos relations avec les noyaux durs de l’Europe demeurent excellentes. Je parle ici de l’Europe du traité de Rome et des pays fondateurs de cette institution à l’instar de la France, de l’Allemagne, de l’Espagne ou de l’Italie. Ces membres-là nouent des relations fortes avec le Maroc. Même l’Espagne dont la position demeure floue reste un grand partenaire en raison notamment de l’interdépendance économique. Je pense qu’il faudra à un moment ou à un autre mettre de côté le politique pour se concentrer sur l’économique. Si l’on se met autour d’une table pour trouver une solution, nous pourrons dépasser ces obstacles. Je suis réaliste, les solutions existent. À un moment où le Maroc est en train de diversifier sa production et ses partenaires, nous n’avons aucune inquiétude à manifester. L’avenir va le démontrer. N° 24 Avril 2017 25

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évén ement

« Le contrat-programme sera bientôt prêt »

Mohamed Fikrat, président de la Fédération nationale de l’agroalimentaire (Fenagri)

Le secteur agroalimentaire au Maroc représente plus de 15.0000 emplois et participe à hauteur de 4% dans le PIB national. Ce secteur recèle beaucoup d’opportunités de développement, et nous avons la possibilité de faire beaucoup plus. Le Maroc dispose aujourd’hui de plusieurs produits agricoles qui ne sont malheureusement pas valorisés et dont les potentialités à l’export ne sont pas tout à fait bien exploitées. Dans ce sens, nous avons l’ambition d’aller plus loin, notamment en Afrique où les occasions sont immenses et où le marché est en cours de développement. Ce marché ainsi que celui du Moyen-Orient représentent une réelle opportunité pour les entreprises marocaines. Notre pays a la chance d’avoir signé des accords de libre-échange avec une cinquantaine de pays, ce qui représente un milliard de consommateurs potentiels pour le secteur. Cela est conjugué à un

effort institutionnel qui converge vers le développement du secteur agroalimentaire, notamment à travers le Plan Maroc Vert. Ce plan a permis d’améliorer considérablement la production pour une vingtaine de filière agricole. Parallèlement, le secteur souffre encore de plusieurs problèmes. Il s’agit notamment de difficultés liées à la normalisation de la réglementation du secteur de l’informel, lequel présente un danger pour les industriels mais surtout pour les consommateurs. Afin de contrecarrer ces obstacles et continuer à développer la compétitivité du secteur agroalimentaire marocain, la Fédération nationale de l’agroalimentaire (Fenagri) prépare actuellement un contrat programme en collaboration avec d’autres départements ministériels (Agriculture, finances, industrie). Il sera prêt d’ici quelque temps, mais ne nous pouvons pas encore donner plus de détails à ce jour.

« Le Maroc doit devenir plus indépendant en diversifiant ses marchés »

Omar Mounir, vice-président et porte-parole de la Fédération interprofessionnelle marocaine de production et d’exportation des légumes (Fifel)

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INDUSTRIE DU MAROC

Le secteur des fruits et légumes souffre de plusieurs maux. Citons à titre d’exemple les difficultés de plus en plus sensibles liées à l’insuffisance des ressources hydriques. Nous attendons toujours le démarrage des travaux de la station de dessalement de l’eau de mer. Nous faisons également face à un manque de moyens de transport desservant la région du Sud qui demeurent à ce jour insuffisants. Il faut donc aider ce secteur, très porteur pour l’économie du Maroc à travers la mise en place d’infrastructures et le déploiement de moyens de transport.

À l’international, nous suivons de très près les rapports diplomatiques qui pèsent sur le développement du secteur, à l’instar de l’affaire de l’accord agricole avec l’Union européenne, qui est notre principal partenaire commercial. Dans ce sens, je pense que le Maroc doit devenir plus indépendant en essayant de s’ouvrir sur d’autres marchés, notamment l’Afrique, l’Asie et la Russie tout en continuant à travailler avec les Européens, mais dans une logique gagnant-gagnant.

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focus

Tanger Tech :

La Chine voit grand au Maroc C’est un projet sans précédent qui a été lancé à Tanger. Les chiffres, révélés le 20 mars dernier par le groupe chinois Haite, promoteur de ce projet réalisé avec la banque marocaine BMCE Bank, ont de quoi donner le tournis : 10 milliards de dollars sur dix ans, 100.000 emplois à terme, 200 entreprises, 20.000 hectares dans la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima. Le premier coup de pioche sera donné durant le deuxième semestre de 2017. Par :Omar ZEROUALI

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anger se confirme de plus en plus comme un hub industriel régional et mondial. Le projet de création de la ville nouvelle « Cité Mohammed VI Tanger Tech» présenté devant S.M. le Roi Mohammed VI le 20 mars dernier est venu une nouvelle fois confirmer ce constat. Porté par la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, le Groupe chinois HAITE et BMCE Bank, ce projet pharaonique, qui a mobilisé un investissement initial de 1 milliard de dollars, sera lancé au cours du 2e semestre 2017. Il engagera 10 milliards de dollars sur dix ans. Le projet vise à insuffler une nouvelle dynamique économique particulièrement dans la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, à consacrer le développement socio-économique que connaît le Maroc et à renforcer 28 N° 24 Avril 2017

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davantage l'attractivité et la compétitivité du Royaume sur l'échiquier international. La nouvelle ville, qui sera érigée sur 500 hectares dans un premier temps et sur 2.000 hectares dans une période de dix ans, abritera de nombreux secteurs d’activité, notamment l’aéronautique, l’automobile, l’agro-alimentaire, les énergies renouvelables, le tourisme d'affaires et autres. Cette infrastructure avait fait l'objet d'un mémorandum d'entente pour la création d'un parc industriel et résidentiel au Maroc entre le Royaume et le groupe chinois HAITE lors de la visite royale en Chine en 2016. « La dernière visite de S.M. le Roi Mohammed VI en Chine, en mai 2016, a déclenché une présence d’opérateurs chinois au Maroc avec une volonté de développer leurs business avec le Royaume», www.industries.ma


focus

est situé non loin du port en eaux profondes et de la zone franche de Tanger Med. Cette ville économiquement intégrée qui contribuera de manière harmonieuse à l'essor rapide des activités économiques à Tanger et dans toute la région nord du Royaume, constitue la suite logique d'une stratégie ambitieuse de développement visant à hisser la ville du Détroit au rang des grandes métropoles internationales. Ce projet vient ainsi consolider les grands et multiples projets de développement, lancés par S.M. le Roi Mohammed VI en vue de renforcer le positionnement de la perle du Nord à l'échelle internationale et d'en faire un modèle urbain et économique pionnier au Maroc et dans la rive sud de la Méditerranée.

souligne Moulay Hafid Elalmy, ministre de l’Industrie, du commerce, de l’investissement et de l’économie numérique. Booster l’industrie Il s’agit du « plus grand projet entamé au Maroc depuis l'indépendance, eu égard à son apport en termes de transfert de nouvelles technologies et de création d'emplois», a souligné pour sa part le PDG du Groupe BMCE Bank of Africa, notant que les produits qui seront fabriqués dans cette cité seront destinés à l'export vers l'Afrique, l'Europe et l'Amérique. L’installation des compagnies chinoises opérant dans les industries à forte valeur ajoutée pour le développement du Royaume, comme l’automobile, l’industrie aéronautique, les pièces de rechange d’aviation, l’information électronique, les textiles, la fabrication de machines et d’autres industries, devrait contribuer à booster le déploiement industriel de Tanger. Le choix de Tanger n’a pas été fortuit, mais a été motivé par la position stratégique de la ville, en tant que porte d’entrée vers l’Afrique et l’Europe. Le président du groupe HAITE, Li Biao, a souligné que « parmi les destinations qui s’ouvrent aux opérateurs chinois, le Royaume du Maroc occupe une position de premier plan, compte tenu de la solidité de ses multiples atouts ». Depuis cette base en Afrique du Nord, les produits chinois pourront irriguer les réseaux commerciaux du continent, mais aussi d'Europe, d'autant que ce site www.industries.ma

Tanger reconfigurée Ce projet d'envergure qui consiste globalement à construire un pôle économique capable de générer 100.000 emplois, vient consolider la dynamique déjà enclenchée avec le lancement de projets structurants, dont le complexe portuaire Tanger Med, l'usine du constructeur automobile Renault, la ligne à grande vitesse (LGV), le projet de reconversion du port Tanger ville et la Tanger free zone, en vue d'améliorer le cadre de vie de la population locale et de garantir un développement intégré, inclusif et durable. Rien qu'en 2016, quelque 3,45 milliards de dirhams (MMDH) d'investissements privés ont été réalisés au niveau du port Tanger Med, soit une progression de 102% en glissement annuel, avec l'implantation de 68 nouveaux projets industriels sur l'ensemble des zones d'activités du Complexe portuaire, permettant la création de 6.547 nouveaux emplois. Ces indicateurs montrent clairement que Tanger Med, qui comprend un pôle portuaire agrégeant le port Tanger Med I, le port Passagers et Rouliers, le port Tanger Med II et un pôle industriel constitué de zones d'activités développées autour de filières prépondérantes, telles que l'automobile, l'aéronautique, le textile, la logistique et les services, constitue aujourd’hui un hub intégré de compétitivité à l'échelle régionale et internationale. Sur le plan touristique, la destination Tanger, avec l'achèvement des travaux du projet de reconversion du port Tanger ville, devrait renforcer davantage son attractivité en matière de tourisme de croisière et de plaisance. Ce chantier d'envergure offre des infrastructures importantes dédiées à l’accueil des plus grands paquebots de croisière au monde. Ainsi, 3 postes à quai seront dédiés à cette activité, pour contenir un trafic de 300.000 croisiéristes en 2016 et 750.000 en 2020. N° 24 Avril 2017 29

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focus Commerce extérieur

Le déficit commercial s’est aggravé de 21,7% à fin février 2017

Le déficit de la balance des échanges extérieurs marocaine au titre du mois de février 2017, poursuit son augmentation, s’établissant à 26,7 MMDH à fin février 2017. Celui-ci s’expliquant principalement par la hausse des importations (+8,9%), par rapport aux exportations (+1,5%).

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l’issue des deux premiers mois de l’année, il paraît que l’écart entre les importations et les exportations marocaines continue à se creuser, affichant une balance commerciale en perte d’équilibre avec un déficit dépassant la barre des 26 milliards de dirhams en ce début d’année 2017. Hausse de la facture énergétique de +53,4 S’agissant des importations, elles se situent pour le mois defévrier 2017 à 64,8 MMDH en hausse de 8,9%. Cette hausse est imputable majoritairement à l’achat de produits énergétiques (3,6 MMDH), notamment le gasoils et fuel-oils (2,2 MMDH), dont le pays reste étroitement dépendant. Hors facture énergétique, les importations n’augmentent que de 3,2% ou +1,7 MMDH. La hausse a été relevée également au niveau des importations de biens d’équipement (+1,9 MMDH), de produits bruts (+544 MDH) et de

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INDUSTRIE DU MAROC

produits finis de consommation (+135 MDH). L’approvisionnement en produits alimentaires, quant à lui, se maintient dans une tendance à la baisse (-920 MDH), fruit d’une bonne campagne agricole. Hausse des exportations de phosphates et dérivés de 494 MDH Du côté des exportations, celles-ci enregistrent une hausse de 1,5% : 38,1 MMDH au lieu de 37,5 MMDH une année auparavant, expliquée essentiellement par la hausse des ventes de phosphates et produits dérivés. Les autres secteurs industriels sur lesquels a beaucoup misé le Maroc, ces dernières années, comme l’électronique et l’aéronautique affichent une légère hausse par rapport à ce début d’année, de respectivement 6,2% etde 5,3%. Le secteur automobile, quant à lui, a connu une légère baisse de 6,4 % par rapport à la même période de l’année dernière. Les ventes des secteurs « Agriculture et agro-alimentaire » et

« Textile et Cuir » ont baissé respectivement de 1,2%, et 3,6%. Les flux étrangers en baisse 
 Les recettes MRE enregistrent une baisse passant de 8,8 MMDH contre 9,09 MMDH un an auparavant, soit -3,1% ou -282MDH. Quant aux flux des investissements directs étrangers (IDE), il s’établit à 3 MMDH contre 4,1 MMDH à fin février 2016, soit un recul de 25,7% ou – 1 MMDH. Pour résumer : les performances en ce début d’année ne semblent donc toujours pas s’améliorer et laissent planer le doute quant à l’éventuel réajustement de ce fragile équilibre au cours de l’année 2017. La seule lueur d’espoir de ces chiffres préliminaires communiqués par l’Office des changes concerne la hausse des phosphates, qui continuent leur progression, bien que timidement (+9,7%), par rapport à la même période de 2016.

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Focus

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focus

Dumping sur l’acier

Bras de fer Maroc-Turquie devant l’OMC Une procédure contentieuse vient d’être engagée par la Turquie devant l’OMC en vue de contrer les droits antidumping marocains sur l’acier. Il s’agit d’une procédure juridictionnelle de règlement des différends qui pourrait faire jurisprudence. Des contestations de ce genre devraient devenir de plus en plus fréquentes devant la nouvelle politique de défense commerciale engagée par le Maroc. C’est une première dans l’histoire du commerce extérieur marocain. Le Royaume est en phase contentieuse dans le cadre d’un différend juridique devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Le plaignant n’est autre que la Turquie, partenaire commerciale du Maroc dans le cadre d’un accord de libre-échange. Le pays d’Atatürk dénonce les droits antidumping appliqués par le Maroc sur les importations en acier laminé à chaud. Suite à une plainte déposée par Maghreb Steel, le ministère chargé du Commerce extérieur marocain avait réalisé une enquête 32 N° 24 Avril 2017

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antidumping sur les importations de tôles en acier laminées à chaud originaires de l'Union européenne et de Turquie. Les résultats de cette enquête ont déterminé l’existence de pratiques anticoncurrentielles justifiant l'application à titre définitif d'une mesure antidumping, d'un ordre variant entre 11% et 22,11%, pour une durée de cinq ans. Cette mesure est entrée en vigueur le 26 septembre 2014. Entre-temps, la Turquie a choisi, parmi la panoplie d’options de règlement de différends disponibles, celle des consultations au sein de l’OMC. www.industries.ma


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comme contraignantes, qui pourraient en découler. Autre particularité, l’ouverture d’une phase contentieuse permet à des pays tiers de rentrer en ligne de compte. Ainsi, la Chine, l’Égypte, l’Union européenne, l’Inde, le Japon, le Kazakhstan, la République de Corée, la Fédération de Russie, le Singapour et les États-Unis se sont engouffrés dans la procédure en tant que tierces parties. Difficile de savoir à ce stade s’ils visent à intégrer pour défendre un quelconque intérêt ou plutôt pour capitaliser sur la jurisprudence à produire par l’ORD. Selon l’article 10:2 du mémorandum d’accord sur le règlement des différends de l’OMC, pour intégrer la procédure du groupe spécial, ces membres doivent avoir un intérêt substantiel dans l’affaire portée devant le groupe.

Feuilleton juridictionnel Le 4 octobre dernier, la Turquie avait notifié au Secrétariat de l’OMC une demande d’ouverture de consultations avec le Maroc au sujet de droits antidumping entrés en vigueur en septembre 2014. La Turquie allègue que les mesures marocaines sont incompatibles avec un certain nombre de dispositions de procédure et de fond de l'accord antidumping de l'OMC. La procédure de consultations permettant de rapprocher les points de vue entre les parties avant l’enclenchement d’une phase contentieuse n’a donc pas permis de rapprocher les points de vue, les deux pays campant sur leurs positions. Devant cette impasse, la Turquie a décidé, le 12 janvier dernier, de demander aux organes de l’OMC d’enclencher une procédure juridictionnelle devant l’Organe de règlement des différends (ORD). La procédure entamée offre au plaignant (la Turquie) la possibilité de défendre les droits ou de protéger les avantages qui découlent pour lui de l’accord sur l’OMC. Selon la Turquie, les droits antidumping appliqués par le Maroc seraient contraires au GATT, à l’accord antidumping ainsi qu’à l'accord sur les procédures de licences d'importation. La particularité de cette démarche réside dans les décisions, considérées www.industries.ma

Protectionnisme ? Il faut rappeler que le Maroc a entamé depuis 2011 une nouvelle politique en matière de régulation des importations et de défense commerciale. Il a adopté une nouvelle loi (15-09) régissant la défense commerciale. Le texte prévoit les dispositions fixant les conditions de détermination de l'existence du dumping, de la subvention, de l'accroissement massif des importations et du dommage ou de la menace de dommage, ainsi que les modalités relatives à la mise en œuvre des mesures antidumping, des mesures compensatoires et des mesures de sauvegarde. De même, il a institué auprès du ministre chargé du Commerce extérieur, une Commission de surveillance des importations qui sera chargée de lui donner son avis sur toutes les questions relatives à la mise en œuvre des mesures de défense commerciale. La nouveauté de la loi n° 15-09 réside dans le fait qu'elle transpose les dispositions contenues dans les accords de l'OMC en une loi nationale. Auparavant, les mesures commerciales de circonstance étaient régies par la loi n° 13-89 de 1992 (telle que modifiée en 1997) relative au commerce extérieur, laquelle définissait le principe de base sans définir la nature des mesures prévues pour faire face à ces pratiques. La nouvelle loi fixe les conditions de détermination de l'existence du dumping, de la subvention, de l'accroissement massif des importations et du dommage ou de la menace de dommage, ainsi que les modalités relatives à la mise en œuvre des mesures antidumping, des mesures compensatoires et des mesures de sauvegarde. Elle prévoit en outre l'installation d'une Commission de surveillance des importations chargée de donner au ministère du Commerce extérieur son avis sur toutes les questions relatives à la mise en œuvre des mesures de défense commerciale. N° 24 Avril 2017 33

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Flexibilité du dirham : Sommes-nous prêts ?

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a transition vers un système de change flottant pose quelques inquiétudes dans un contexte d’incertitude mondiale. La réforme devrait, selon toute vraisemblance, être entamée au cours de cette année 2017. Inflation, spéculations et autres impacts de compétitivité-prix inquiètent les spécialistes. Selon Bank Al Maghrib, la transition se fera de manière contrôlée suivant plusieurs étapes et se prolongera pendant plusieurs années. Dossier réalisé par : Omar ZEROUALI

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ANALYSE

Flexibilité de changes

Faut-il libérer le dirham ? Les débats sont de plus en plus passionnés autour de la question de la flexibilité du régime des changes. Le chantier qui devrait être initié par Bank Al Maghrib au courant de cette année 2017 inquiète certains opérateurs qui y voient un risque en plus à gérer dans une situation déjà assez tendue. Que faut-il attendre de cette réforme ? Réponses en 6 points. Quel est le régime de change actuel du Maroc ? Le Régime de change est constitué d’un ensemble de règles par lesquelles un pays ou un ensemble de pays organisent la détermination du taux de change. Le FMI a mis en place un système de classification, du plus rigide au plus souple. D’abord, le régime de change fixe est celui où le taux de change est fixé par les autorités et l’équilibre du marché assuré par l’intervention de la Banque centrale. Souvent, il y a ancrage sur un panier de monnaies et le taux de change est déterminé par la valeur de ces monnaies. C’est le cas actuellement du Maroc qui a opté pour un régime intermédiaire de parité fixe avec un rattachement de la monnaie nationale à un panier de monnaie, dans des marges de fluctuation de +/- 0,3% de part et d’autre du taux central. La valeur du dirham contre les monnaies étrangères est déterminée sur la base des cours des devises constituant le panier, pondérés de leurs poids

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respectifs (60% EUR et 40% USD à partir d’avril 2015), en utilisant les cours de références historiques fixes desdites monnaies contre dirham. Régime flexible. Quèsaco ? Un régime de change flottant est un régime où le taux de change est déterminé par la confrontation de l'offre et de la demande des devises sur le marché des changes sans intervention des autorités monétaires (ou très peu). Dans le cadre d’un régime flexible, le taux de change n’est pas administré par les autorités des pays, mais déterminé par la loi de l’offre et de la demande (Régime de change). Il ne faut pas confondre flexibilité et convertibilité. Cette dernière est la propriété qu’a une monnaie nationale d’être librement échangée contre des monnaies étrangères, et ce, pour toutes les opérations de change sans exception et sans autorisation

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ANALYSE préalable des autorités (Réglementation des changes).

ans pour qu’une réforme de ce type soit effective.

Pourquoi changer de régime ? Le système actuel de change fixe, BAM, satisfait l’ensemble des besoins en devises des opérateurs, sans limites et sans ajustement sur le prix. Cela permet donc aux opérateurs de payer leurs fournisseurs en devises (euro ou dollar) selon un régime de change plus ou moins fixe. La parité du dirham fluctuant tout de même à l’intérieur d’une bande inférieure de +/-0,3% de part et d’autre du taux central. Un tel régime permet donc d’assurer une certaine stabilité du taux de change qui demeure contrôlé et surveillé par la Banque centrale, mais il n’offre selon BAM « aucune garantie dans le cas d’un choc externe ». Prenons l’hypothèse d’une flambée des prix du dollar à l’international suite à une crise économique. Dans un tel cas de figure, cela se traduira par une pression immédiate sur les réserves de change, car la Banque Centrale sera obligée d’assumer le différentiel entre le prix réel du dollar et le taux fixe que lui impose le régime de change actuel. Dans cette hypothèse, l’expérience a démontré que les pays touchés par ce genre de crise se retrouvent forcés d’établir la transition vers un régime de change flottant (l'Égypte ou encore la Turquie). Selon la Banque Centrale, la pression sera plus limitée sur les réserves de change en cas de régime flottant, car l’ajustement se fera par les prix.

Inflation et rationalisation des dépenses En cas de passage à un régime de change flexible, et dans l’hypothèse d’un choc brutal, ce sera à la règle de l’offre et de la demande de prendre le dessus. Si la demande concernant une devise est importante en comparaison avec les stocks existants sur le marché de change national, sa valeur augmentera. Si la demande est faible par rapport à l’offre en devise, la valeur de cette devise baissera. Le système ciblé par BAM dans le cadre d’un régime de change flottant permettra l’adjudication des devises au prix demandé avec un montant prédéterminé en euro ou en dollar. Un choc important peut facilement se traduire par une explosion de l’inflation. Autrement dit, ce sera au consommateur (personne physique ou morale) de payer le différentiel. Cela se traduira donc par un effet compétitivité-prix chez l’entreprise et par une rationalisation des dépenses chez le consommateur lambda. « Ainsi, l’usager qui utilisait deux voitures ou deux téléphones portables importés de l’étranger se trouvera acculé à réduire ses dépenses à ce niveau », explique Mounir Razki, directeur responsable des opérations monétaires et de change au sein de Bank Al-Maghrib (BAM) à l’occasion d’une récente rencontre avec les membres de Fédération du commerce et services au sein de la CGEM.

Le scénario marocain : Un flottement administré Bank Al Maghrib ne cherche pas dans un premier temps du moins, à opérer une flexibilité totale du dirham. Et pour cause, une telle ouverture peut constituer un choc important pour l’économie du Royaume. En outre, la pratique recommandée par le Fonds monétaire international constitue à opérer par palier et à tester chaque fois les prérequis à l’ouverture. Concrètement, la Banque centrale semble s’acheminer dans un premier temps vers un régime de flottement administré dans lequel Bank-Al-Maghrib interviendra de façon coordonnée pour informer le marché des taux de change souhaités. Une option privilégiée par plusieurs pays émergents, dont la Chine. Techniquement, il s’agirait dans un premier temps d’élargir les bandes des marges de fluctuation. Il s’agit du niveau à partir duquel la banque centrale va intervenir. Plus la bande est serrée (ce qui est le cas actuellement avec des fluctuations de +/- 0,3%), plus la banque centrale va intervenir pour garantir le niveau du taux stable. « Plus nous élargissons la bande, plus nous laissons de la volatilité, et moins la banque centrale intervient », explique Razki. Les expériences menées par plusieurs pays en ce domaine démontrent que la transition peut prendre plusieurs années. Il faut généralement compter entre 7 et 15 www.industries.ma

Mouvements spéculatifs : L’Office des changes veille au grain Autre risque souvent avancé concernant la flexibilité du dirham, celui de voir le Maroc cible de mouvements de spéculations sur le change. L’Égypte est d’ailleurs souvent citée comme exemple de pays qui a été exposé à ces questions. « Il faut préciser qu’en ce qui concerne la réglementation des changes, l’Égypte dispose d’un compte capital complètement ouvert et que les flux des capitaux peuvent rentrer et sortir librement, ce qui peut contribuer à déstabiliser ou affaiblir une monnaie. Au Maroc, si les opérations commerciales et financières sont ouvertes, les mouvements de capitaux sont contrôlés et sont soumis à une autorisation de l’office des changes », explique Razki. En effet, le mouvement de rentrées et de sorties de devises sur un court laps de temps peut faire baisser la valeur du dirham. « Au Maroc, l’Office des changes fixe des durées durant lesquels la personne qui a envoyé l’argent au Maroc ne peut pas le faire sortir, ce qui empêche alors la violence du mouvement. Or, le spéculateur gagne principalement lorsqu’il y a un mouvement sur une journée ou deux, mais si l’Office des changes lui bloque cette opération, l’effet de spéculation est complètement gommé», rassure Omar Cherkaoui, directeur chez Finance Active Maroc.

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ANALYSE

Matthieu Collette, Responsable des études économiques et financières, Finance Active

« Les inconvénients des changes flexibles sont clairement sousestimés » pour l’économie apparaissent contenus ; les investissements étrangers sont là, etc. Cependant, il me semble que la question mérite d’être prise à l’envers : « aller vers un taux de change flexible du dirham est-il nécessaire ? Le faire sera-t-il bénéfique? Ne comporte-t-il pas plus de risques que de bénéfices ? » De ce point de vue, les inconvénients des changes flexibles sont clairement sous-estimés. En effet, les fluctuations, la forte volatilité des taux de change sont aujourd’hui expliquées par les flux de capitaux et non par les balances courantes. Souvenez-vous de la levée de boucliers des banquiers centraux de nombreux pays émergents dès l’été 2015 et avant la hausse de taux de la Fed de décembre de la même année ; souvenez-vous de la manière dont la crise des subprimes s’est transmise aux pays émergents et en développement alors qu’on parlait de « découplage » entre les économies développés et les autres, etc. Le point commun, ce sont les flux de capitaux, parfois sans lien avec les fondamentaux macroéconomiques des économies !

IDM - Le Maroc est-il prêt sur un plan des équilibres macroéconomiques à compléter son ouverture financière par la transition vers un taux de change flexible du dirham ? Matthieu Collette : Pour répondre à cette question, j’aimerais attirer votre attention sur des éléments extérieurs au Maroc. D’un point de vue intérieur, « propre » au Maroc, il semble en effet raisonnable de considérer, avec les institutions internationales, et notamment le FMI, que l’économie est prête – les équilibres macroéconomiques sont globalement bons, avec notamment la résorption des déficits jumeaux (à fin 2016, les déficits courant et budgétaire devraient être autour de 4% tous les deux) ; les risques 38 N° 24 Avril 2017

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La réforme de la flexibilité du dirham est présentée comme nécessaire, mais in fine ne serait-ce pas le consommateur qui devra en payer les frais en rationalisant ses dépenses en cas de fluctuation du cours de change ? Effectivement, la question de la nécessité de cette réforme doit être posée. On peut même douter qu’un taux de change flexible incite davantage d’investissements étrangers. La principale raison de cet attrait n’est-elle pas que le Maroc est une réelle zone de stabilité, économique et politique, dans une région du monde où les incertitudes sont très grandes ? Il me semble même normal de se demander si le régime de change y… change vraiment quelque chose ! Une chose est sûre, c’est qu’il faudra aux agents économiques, et notamment aux entreprises et aux ménages de s’adapter à des fluctuations rendues libres du taux de change. C’est souvent long, c’est parfois difficile et il se peut en effet que les entreprises, peu habituées à gérer ce risque, préfèrent répercuter les coûts que cela engendrera pour elle sur le consommateur. C’est aussi pour cela qu’il faut saluer la stratégie « pas à pas » ou de « transition douce » vers un taux de change flexible du dirham qui a été engagé il y a déjà quelques années. www.industries.ma


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Un taux de change déterminé par un panier de référence (euro+dollar) n'est-il pas justement un facteur important dans l'attrait des IDE, notamment européens ? Je ne peux pas ici l’affirmer complètement, avec à l’appui les résultats d’une étude ou des chiffres le démontrant ; mais ce qui est sûr, c’est que les nombreuses entreprises européennes et marocaines avec lesquelles nous travaillons y voient un avantage. Si vous me passez l’expression, cela fait une épine de moins dans le pied, un risque de moins à gérer alors que ceux-ci se multiplient : depuis un peu plus de 10 ans, il a fallu, hier, faire face à la crise des subprimes, au printemps arabe, à la crise de la zone euro… aujourd’hui au Brexit, à l’élection inattendue de Donald Trump… demain à des élections européennes sous haute tension, etc. Et, à chaque fois, comment en anticiper les impacts ? Notamment sur le marché des changes ? Le taux de change tel qu’il est déterminé actuellement connaît d’assez faibles fluctuations, ce qui peut inciter à exporter, à importer, à investir. A l’inverse, une trop grande imprévisibilité décourage très vite ! Quel impact peut avoir une telle ouverture sur les entreprises, notamment les PME ? A nouveau, et c’est vraiment ce que j’aimerais qu’on retienne ici, dans un marché des changes dominé par des flux de capitaux

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spéculatifs parfois sans lien avec les fondamentaux des pays, les fluctuations peuvent être très rapides et très importantes. Pour une entreprise, quelle qu’elle soit, si l’activité, le chiffre d’affaires, les coûts, etc. sont trop dépendants d’importations ou d’exportations, la situation peut très vite être rendue très délicate. Quelle corrélation peut-il y avoir entre la flexibilité du dirham et sa convertibilité ? Le triangle d’incompatibilité de Mundell nous enseigne que lorsqu’on renonce à la fixité du change au profit de sa flexibilité, il faut aussi accepter la libre circulation des capitaux et donc la convertibilité de la monnaie… Quel conseil donneriez-vous aux entreprises pour mieux gérer cette phase de transition ? La première chose paraîtra évidente à tout chef d’entreprise mais est bonne à rappeler : il est essentiel de réaliser une cartographie des activités impactées par les futures fluctuations de dirham et de voir quelle est la sensibilité de chaque poste du bilan. Ensuite, penser à passer en revue les contrats. Et, enfin, s’intéresser aux instruments financiers (contrats à terme notamment) qui permettent de gérer et de couvrir le risque de change.

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Big Data

Le Maroc cherche son Cloud

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tratégies numériques, egov, dématérialisation… Le Maroc progresse doucement sur les chantiers des révolutions digitales. Une nouvelle donne passée quasi-inaperçue dans le cadre de la dernière vision 2020 du digital – est celle du développement du Big Data. Le Royaume entend améliorer son positionnement à ce niveau après le sérieux retard accusé. Décryptage. Dossier réalisé par : Omar ZEROUALI

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ANALYSE

Big Data

Le Maroc souffre d'un manque d’infrastructures La stratégie numérique 2020 du Royaume érige désormais le développement du Big Data comme priorité. Dans les faits, le développement des DataCenter (publics et privés) demeure encore limité et les initiatives privées à ce niveau sont encore très timides. Au rythme où ça avance, le Maroc risque de rater le coche de la 4e révolution industrielle.

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onsidéré par certains comme la nouvelle révolution industrielle au même titre que la découverte de la vapeur et de l’informatique, le Big Data (ou mégadonnées) est devenu une réalité incontournable tout autant pour les politiques publiques que pour le secteur privé. Le Maroc semble pourtant accuser du retard concernant le développement de cette question. Alors que sous d’autres cieux les solutions de BigData et d'analytique se généralisent dans les entreprises, au Maroc cette donnée est encore à des stades embryonnaires. « Aujourd’hui, nous ne comptons que très peu de bases de données publiques accessibles au Maroc et permettant aux professionnels du secteur de l’IT d’explorer de nouveaux modèles », souligne Mehdi Raffi, membre du bureau de la Fédération marocaine des technologies de l’information, des télécommunications et de l’offshoring (APEBI).

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Le retard sur la mise en œuvre de la stratégie digitale Maroc 2020 y est pour quelque chose. Tandis que la version 2013 de la stratégie numérique ignorait complètement cette réalité, la nouvelle vision mise en place par le ministre de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Economie Numérique, Moulay Hafid Elalamy inclut un axe particulier consacré au développement du BigData. Le pilier 3 de la nouvelle stratégie porte notamment sur la mise en place d’entreprises data, de Backbone, de Broadbone et de Datacenters. Il s’agit principalement d’infrastructures datacom censées accueillir et faire transiter le flot de données qui se transmet via le net. Concrètement, le Maroc cherche à développer dans un premier temps le cœur d'un réseau informatique (Backbone). Il s'agit, dans le jargon d'Internet et des réseaux à haut débit, du centre névralgique du réseau. Il supporte à lui seul la plus grosse partie du trafic Internet. Le Maroc

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ANALYSE

vise également à améliorer l’utilisation du réseau à très haut débit. Parallèlement, il s’agit de construire l’infrastructure nécessaire pour le stockage et le traitement des milliards de données qui transiteront chaque seconde par ce large réseau. Les Datacenter sont d’ailleurs à ce titre des sites physiques sur lesquels se trouvent regroupés des équipements constituants du système d’information de l’entreprise (ordinateurs centraux, serveurs, baies de stockage, équipements réseaux et de télécommunications, etc.). Le Datacenter peut être interne ou externe à l’établissement, il peut également être exploité avec le soutien de prestataires. Le terme Cloud souvent utilisé pour désigner le stockage en ligne de documents et d’informations publiques ou privées est d’ailleurs en réalité réalisé sur ce genre d’infrastructures. Pour le Maroc, l’enjeu est encore aujourd’hui à ce stade : « Toute la problématique du Big Data est de structurer l’information et de la mettre à la disposition des opérateurs », souligne Raffi. « Nous avions dans ce sens préconisé des Datacenter publics par région qui devraient à notre sens accompagner la politique de régionalisation tout en veillant à assurer la sécurité et la souveraineté des données », affirme Saloua Karkri-Belqziz, présidente de l’APEBI. Quid du secteur privé ? A en croire les professionnels, trop peu d’opérateurs investissent actuellement dans de l’infrastructure de ce genre. « Nous avons aujourd’hui des opérateurs qui investissent dans les Datacenter : au moins www.industries.ma

trois ou quatre qui y mobilisent actuellement de gros investissements, mais cela reste trop peu », regrette KarkriBelqziz. Ce sont surtout les administrations publiques et certains grands groupes d’assurance et de banques qui défrichent le terrain à ce niveau. Le Big Data et l’analytique trouvent un terrain de jeu privilégié dans ces secteurs, pour la détection de fraudes, la gestion des risques et l’optimisation du parcours client. « Aujourd’hui, la quantité de données qui est gérée par une banque lui permet d’avoir une vraie force de frappe en termes d’usage de ces données pour en faire un centre de profit. Le profit que peut générer la donnée pour une banque sera dans un futur proche supérieur à ce qu’elle génère aujourd’hui par ses autres produits. Et c’est valable pour tous les secteurs, y compris pour les administrations », explique Aziz Daddane, président du directoire de S2M. Certaines voix estiment toutefois que leur utilisation pourrait aboutir à écarter de facto les dossiers de crédits ou de couverture santé de certains clients qui n’auront pas été privilégiés par les algorithmes en raison de retards de paiement ou de l’existence de maladies jugées budgétivores. Sur le plan mondial, un récent rapport du cabinet d’analystes français IDC (mars 2017) souligne que les dépenses liées au Big Data devraient atteindre 150,8 milliards de dollars dans le monde cette année pour l’ensemble des composants matériels, logiciels et services d’une solution Big Data. Dans le détail, ce sont la banque, les industries manufacturières, les services d’État et les services professionnels qui dépenseront le plus dans ces solutions. A eux seuls, ces secteurs mobiliseront pas moins de 72,4 milliards de dollars de dépenses en 2017 et 101,5 milliards en 2020. Les banques sont d’ailleurs le secteur où les dépenses s’accélèrent le plus avec une croissance de 13,3% par an en moyenne. Viennent ensuite la santé, l’assurance, les services d’investissement et les télécommunications, chacun avec une croissance de 12,8% des dépenses par an. Ce sont les prestataires de services IT et métiers qui récolteront plus de la moitié des dépenses des entreprises en matière de Big Data et analytique en 2017. C’est dire qu’il s’agit d’une grosse manne financière pour les opérateurs du digital au Maroc qui y voient une bouée de sauvetage à condition qu’un engagement clair de la part du gouvernement soit exprimé dans ce sens. « Certains grands projets commencent à se dessiner surtout autour de la question de la protection des données. Nous avons vu des appels à projets où il était question du développement de la data avec notamment des projets de certification du Conseil national de protection des données personnelles », explique Aziz Daddane, également vice-président de l’APEBI. N° 24 Avril 2017 43

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ANALYSE

Marouane Harmach, Fondateur du cabinet Consultor spécialisé

en stratégie digitale

« Un Cloud national a du mal à émerger »

Nous avons tout intérêt à intégrer les blocs régionaux tels que l’UEMOA et la CEMAC, car les droits de douane sont encore très élevés en Afrique

IMD : - Qu'est-ce qui explique, selon vous, la faible utilisation des mégadonnées sur le plan national par rapport à la percée que connait ce modèle dans les pays avancés ? Marouane Harmach : L’utilisation du Big Data reste encore embryonnaire au Maroc pour plusieurs raisons. D’abord la faiblesse de l’infrastructure télécoms et du cloud national et la cherté des coûts de connexion. Ces obstacles sont couplés à un ralentissement du développement des IT constaté sur les cinq dernières années. On peut parler de crise du secteur des IT au Maroc causée d’une part par le coup d’arrêt à la stratégie Maroc Numeric 2013 et la faiblesse des investissements publics et privés dans les technologies de l’information en général lié à la faiblesse de la croissance économique. Tous ces facteurs n’ont pas favorisé le développement du Big Data et ses applications dans différents secteurs et domaines. L'uberisation de l'économie et la digitalisation de certains services pourraient pourtant être une opportunité pour certaines start-ups et créateurs d'applications. Quels sont les obstacles qui empêchent aujourd'hui certains opérateurs marocains d'exploiter ce créneau ? L’écosystème des startups et des entreprises innovantes reste faible et n’a pas connu le développement souhaité en raison de la difficulté de l’acte d’entreprendre au Maroc et une conjoncture économique difficile. Les obstacles à mon avis sont liés au peu d’innovation et de Recherche et Développement dans le secteur privé. Il s’agit également de l’absence de Business Angels et de Fonds d’investissement dans les startups. L’absence d’une politique gouvernementale claire dans ce domaine fait également partie des griefs. Comment jugez-vous aujourd'hui l'infrastructure publique et privée en matière de gestion de Big Data ? Elle est pratiquement inexistante pour le secteur

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public. Peu de projets de mutualisation des infrastructures IT ont été réalisés, la politique egov est pratiquement à l’agonie. Pour le secteur privé, certaines entreprises ont initié des projets internes de Big Data, principalement dans un but de disposer d’outils décisionnels et d’aide à la prise de décision, CRM. Mais de manière générale, un Cloud national a du mal à émerger pour les facteurs précités. Plusieurs débats sont aujourd'hui engagés concernant l'impact du Big Data sur la vie privée. Le Maroc dispose-t-il aujourd'hui d'un arsenal suffisamment solide concernant la protection des données personnelles ? Le niveau de développement du Big Data est encore faible pour générer un débat sur le sujet. Mais le Maroc dispose d’une législation dans le domaine de la protection des données personnelles et le Conseil national des données personnelles « CNDP » veille à l’application de la législation en la matière. Comment l'utilisation de ces mégadonnées peutelle révolutionner à votre avis l'économie d'un pays en développement comme le Maroc ? Les applications du Big Data sont multiples et peuvent contribuer au développement du pays. Les utilisations sont variées, il peut ainsi s’agir de la gestion des informations sur le citoyen afin de lui faciliter la vie à travers des schémas de circulation urbaine ainsi que des procédures en ligne et d’e-administration. L’utilisation du Big Data offre également une meilleure connaissance des comportements et des besoins des consommateurs pour les entreprises et permet d’opérer des systèmes d’informations performants pour le secteur privé. Une percée de l’utilisation des mégadonnées peut dynamiser la création de startups et d’entreprises technologiques pour accompagner la demande sur les différentes applications et peutêtre même exporter des applications et des usages à d’autres pays.

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ANALYSE Big Data

L’administration sur le coup

Durant ces derniers mois, les ministères et autres administrations publics ont démontré un intérêt grandissant pour le Big Data. Entre le HCP qui entend moderniser ses outils de prédictions et de prévisions économiques, le département de l’intérieur qui lance son propre Datacenter ou encore le ministère de l’Enseignement qui associa de grandes multinationales à la formation aux nouvelles technologies… Les intentions sont en tout cas clairement affichées.

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’effort de transition vers la Big Data est d’abord attendu chez l’administration publique. Conscient de l’importance du sujet et de l’urgence de la question, le HautCommissariat au Plan (HCP) a lancé dès fin 2015 une étude sur le sujet. L’agence de planification est particulièrement concernée par la question. Du fait de l’importance des nouvelles technologies en matière de prévisions économiques et sociétales, la mise à niveau est plus qu’urgente. Le HCP s’est fixé l’année 2020 comme horizon pour la réalisation de l’étude. Une étude qui devrait permettre à l’instance dirigée par Ahmed Lahlimi Alami de lever les freins portant sur le mode de convergence, au niveau national, des métadonnées. L’idée étant d’opérer une véritable modernisation des

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outils de statistiques et de planification de l’administration. L’objectif de cette étude est d’adapter le système statistique national aux mutations technologiques en matière de production et d’analyse de l’information statistique. Selon le HCP, cette étude est réalisée à travers un partenariat public/privé. Parallèlement, l’administration développe doucement, mais surement son infrastructure. Souveraineté des données oblige, le département de l’Intérieur a lancé depuis quelque temps son propre Datacenter qu’il met à la disposition de l’ensemble des ministères, des administrations et des collectivités locales. L’utilisation qui en est faite concerne tout autant l’hébergement des sites web officiels des administrations que des adresses emails. Le ministère de l’Enseignement

supérieur intègre également cette démarche. Le département a lancé depuis peu de nouvelles formations dans des secteurs comme le Big Data et l’internet des objets. L’objectif étant de trouver une alternative à l’ingénierie des réseaux où le chômage fait de plus en plus de dégâts. Le ministère a choisi d’intégrer des multinationales du secteur dans le cadre de ces formations à l’instar d’IBM, d’Atos de SAS d’Intel ou encore de Microsoft. Le ministère du Transport suit également de très près ces questions et étudie actuellement la possibilité d’utiliser les données sur le trafic routier et autoroutier en vue d’adapter la circulation en temps réel et de planifier de nouvelles politiques en matière de transport.

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Promotion touristique

La machine cale au premier trimestre Les opérateurs affichent leur mécontentement concernant la promotion touristique en ce début d’année. La Confédération nationale du tourisme (CNT) appelle à une amélioration du budget consacré à la promotion de la destination sur les marchés étrangers notamment européens. Un coup de boost de l’activité aérienne serait également salutaire. Décryptage.

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’attentisme est à son comble chez certains opérateurs touristiques en ce début d’année 2017. Plusieurs professionnels s’inquiètent des effets de l’insuffisance de la promotion touristique durant ces premiers mois de l’année. Les participations aux grands salons et aux foires internationales du tourisme mené par l’Office national marocain du tourisme (ONMT) ne semblent pas suffire aux yeux des professionnels. La récente participation du Maroc au Salon International de Berlin (ITB 2017) a été d’ailleurs particulièrement critiquée par les professionnels

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notamment en ce qui concerne l’état du pavillon marocain et de la mise en avant des atouts promotionnels du royaume. Pour le président de la Confédération nationale du tourisme, Abdellatif Kabbaj, l’année 2017 commence sur une note inquiétante. « Jusqu’à présent, il n’y a pas eu assez de promotion de l’offre touristique. Nous attendons toujours une augmentation du budget consacré à la promotion», précise Kabbaj. Pour la Confédération du tourisme, les visiteurs européens sont prêts à revenir au Maroc malgré l’effet d’amalgame dont souffre la destination à cause des www.industries.ma


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problèmes de terrorisme et d’insécurité dans la région. «Nous devons encourager ces touristes en donnant notamment un nouveau souffle à l’aérien», explique Kabbaj. Le professionnel peste également contre le manque de communication avec les décideurs, notamment dans les départements ministériels : «Nous avons besoin d’interlocuteurs capables de se pencher sur nos revendications et d’une Haute Autorité du tourisme qui sera une instance chargée de résoudre les problématiques liées à notre activité».

L’Office national marocain du tourisme compte se concentrer sur 3 principaux axes pour l’année 2017. L’aérien est l’axe le plus important pour ce secteur. L’Office cherche à assurer plus de capacités vers le Maroc, à travers l’ouverture de 8 à 10 charters vols/semaine entre l’Allemagne et le Maroc -Agadir plus précisément- dans le cadre de l’accord signé entre Atlas Hospitality et le tour-opérateur FTI, la nouvelle ligne reliant Varsovie à Agadir et les dessertes LondresEssaouira et Charleroi-Essaouira-Ouarzazate. En second lieu, l’Office promet d’intensifier ses actions promotionnelles par le biais de la digitalisation, en optimisant le référencement de son portail et en se positionnant sur les meilleurs espaces digitaux de partenaires, mais également en créant une nouvelle plateforme web en 11 langues afin de valoriser son contenu visuel et éditorial. Troisièmement, la nouvelle vision de l’ONMT pour cette année consiste en la régionalisation de la communication, à travers l’émergence de nouvelles marques territoriales fortes, participant au renforcement de la coopération entre l’ONMT et les différentes régions du Royaume en mutualisant les ressources financières et humaines allouées à la promotion et en capitalisant sur «l’expertise locale» des régions et «l’expertise» métier de l’ONMT. Ainsi, pour 2017, l’Office veut communiquer davantage sur l’ensemble de la gamme de marques «Maroc» et ne pas rester uniquement focalisé sur les régions de Marrakech et d'Agadir. Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, l’ONMT s’aligne sur les grandes orientations économiques et politiques du Royaume, et prévoit de partir à la conquête de nouveaux marchés émetteurs de touristes, notamment en Afrique et plus précisément à Dakar où l’Office a procédé récemment à l’ouverture de sa première délégation. Cette ouverture, qui rentre dans le cadre de la nouvelle vision de la coopération Sud-Sud, permettra, entre autres, de renforcer la coopération, de favoriser le rapprochement des acteurs du secteur privé des deux pays, visant à augmenter l’attractivité touristique des deux pays le Maroc et le Sénégal et à accroître les flux touristiques.

Mode opératoire Malgré une conjoncture assez morose, le Maroc reste, toutefois, disposé à tenir le coup face au recul de ses principaux marchés émetteurs. Le Royaume entend s’adapter à la situation compliquée que vit le secteur sur le plan mondial, et particulièrement sur le plan régional depuis la prolifération des risques politiques et sécuritaires dans plusieurs pays arabes et africains renforçant ainsi l’amalgame auprès des pays émetteurs (voir Entretien).

Leçons Le bilan de l’activité touristique en 2016 a été d’ailleurs porteur de plusieurs leçons pour les politiques comme pour les professionnels. Selon les derniers chiffres communiqués par l’observatoire national du tourisme, 10,3 millions de touristes ont visité le Maroc à fin 2016, en augmentation de +1,5% par rapport à l'année 2015. Les visiteurs seraient encore en grande partie adeptes du tourisme «Sea&Sun» puisque Marrakech et Agadir absorbent à elles seules 60% des nuitées et ont

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enregistré des hausses de +6% et +4% respectivement. Ainsi, d’après le Conseil régional du tourisme, Marrakech a connu une progression de 15% des arrivées aux hôtels, durant le dernier trimestre de 2016 et 12% pour Agadir sur la même période. Une dynamique également tirée par l’organisation de la COP 22 en novembre dernier. Ainsi, les arrivées de touristes espagnols, hollandais et belges ont augmenté de +2%, +3% et +2% respectivement, tandis que ceux en provenance du Royaume Uni, de l’Allemagne et de la France ont baissé respectivement de -6%, -2% et -1% à la faveur d’une augmentation des arrivées des Marocains résidents à l’étranger de 4%... Dans un contexte difficile marqué par l’inquiétude autour d’attentats terroristes et de risques d’insécurité, le Maroc tire son épingle du jeu en affichant une certaine résilience. Il n’en demeure pas moins que ces chiffres sont encore loin de satisfaire. Si l’augmentation de touristes chinois et russes, respectivement de 32.329 et 23.921 arrivées additionnelles par rapport à 2015, redonne une lueur d’espoir. Cela demeure malheureusement insuffisant pour atteindre les objectifs escomptés. « Aujourd’hui, il ne suffit pas d’attirer plus de touristes, il faut également attirer des touristes de qualité qui dépensent dans des produits culturels et des produits de consommation… C’est le cas des Chinois, mais pas des Russes », souligne une source au sein de la Confédération nationale du tourisme (CNT). L’Office national marocain du tourisme se veut pourtant rassurant. Ainsi, à l’occasion de son bilan 2016, l’Office a indiqué que les recettes touristiques en devises ont enregistré un «pic historique» en 2016, pour atteindre 63,24 milliards de dirhams durant l'année 2016 contre 61,15 milliards de dirhams en 2015, soit une augmentation de +3,4%. . «Ces recettes placent le secteur du tourisme en première position

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en termes de contribution aux réserves des devises du pays», explique Abderrafie Zouiten DG de l’ONMT. Ces résultats sont notamment liés à l’affluence des touristes chinois, dont les arrivées ont été multipliées par six, depuis la décision de suppression du visa. 2020 c’est demain ! Ces tendances laissent dubitatif alors que seulement 3 ans nous séparent de l’échéance 2020. À cet horizon, le Maroc ambitionnait de doubler la taille du secteur touristique et ainsi en faire la première industrie du Maroc. À cette date, le Maroc est censé faire partie des 20 meilleures destinations mondiales. Une tâche qui s’apparente de plus en plus à une mission impossible. Faut-il rappeler que dans un récent rapport de la Cour des comptes, l’institution a dressé un bilan peu élogieux à l’égard du plan « Azur», notamment dans le cadre de sa première composante visant l’échéancier de 2010. La Cour a fait le point sur la Vision 2010 du tourisme qui projetait d’assurer un positionnement offensif sur le balnéaire à travers la création de 6 nouvelles stations. Au terme de la Vision 2010, seules 2 stations, Saïdia et Mazagan, ont réalisé des capacités touristiques de respectivement 4.475 lits et 1.000 lits par rapport à des objectifs de 16.905 et 3.700 lits. Pour les quatre autres stations du plan Azur, aucune sortie de capacité litière n’a été enregistrée jusqu’à fin 2010. Toujours selon le rapport de la Cour des comptes, le bilan global de la composante balnéaire «Azur» de la Vision 2010 puis de la Vision 2020 est très faible. Le taux de réalisation des capacités touristiques est de 7,8% et 2,7% respectivement pour les Visions 2010 et 2020, soit une capacité totale cumulée d’environ 7.050 lits pour les deux visions.

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Lahcen Zelmat, Président de la Fédération nationale de l'industrie hôtelière

(F.N.I.H.).

«Pourquoi ne pas lancer une compagnie low-cost nationale» Quel bilan pouvez-vous dresser concernant le développement de l’industrie touristique pour l’année écoulée ? Les attentats terroristes perpétrés ces dernières années ont malheureusement eu un effet néfaste sur le comportement du touriste étranger à l’égard des pays arabo-musulmans en général et du Maroc en particulier. Ces événements ont nourri « amalgame et incompréhension» au sein de nos marchés émetteurs, principalement la France. Quels sont les principaux défis auxquels nous devons faire face aujourd’hui ? Justement, les défis restent principalement liés aux amalgames et à l’islamophobie du côté de notre principal marché qui est l’Europe (France, Allemagne, Espagne, Italie). Il y a également un problème relatif à l’accès à l’aérien du fait que le gouvernement n’aide pas assez les compagnies nationales comme la RAM à travers des programmes visant à augmenter la compétitivité. Ceci impacte à la hausse les prix des prestations que la compagnie propose. Devant des prix si élevés, le touriste est bien évidemment découragé et choisira d’aller vers d’autres destinations plus attractives en termes de budget. D’autres pays ont-ils réussi à ce niveau ? Il faudrait que le Maroc s’aligne sur le modèle turc où une politique d’aide aux compagnies aériennes est mise en place et participe grandement à booster l’industrie touristique dans ce pays ; pourquoi ne pas lancer au Maroc une compagnie «low-cost» nationale. Il est aussi question de la gouvernance dans le sens où les professionnels de l’industrie touristique sollicitent la création de la «Haute Autorité du tourisme», une instance nationale de pilotage public-privé-régions ayant pour mission de piloter, suivre, évaluer la stratégie et en assurer la coordination et les arbitrages, et qui à ce jour demeure au stade de projet. Dans ce contexte, peut-on être optimistes pour l’année 2017 ? Pour l’instant, sans la mise en place d’un nouveau gouvernement, nous n’avons pas vraiment de visibilité. Cela dépendra des choix que prendra ce gouvernement et de la place qu’il accordera au secteur du tourisme. Ce

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gouvernement doit prendre conscience de l’importance de ce secteur, du fait qu’il pourvoit beaucoup d’emplois et garantit une forte rentrée de devises pour le pays. Il faut également, à mon sens, éviter de communiquer sur la traque des terroristes au Maroc. Cela rassure peut-être les citoyens mais pas le touriste qui craint grandement pour sa sécurité et cela n’aide en rien le développement du secteur touristique. Quid des objectifs de la Vision 2020 ? L’atteinte de la vision 2020 demeure malheureusement improbable. Il faut s’aligner sur les modèles turcs et égyptiens qui ont très bien réussi en matière de tourisme. Nous avons le potentiel de ces pays voire même plus mais pour en tirer profit, la politique du gouvernement doit être en accord avec les besoins de tous les acteurs de ce secteur. L’ingénierie touristique, clé de voûte L’ingénierie touristique a trait à la conception et la mise en valeur de produits touristiques (stations balnéaires, projets hôteliers, parcs d’animation… ). Elle consiste en une démarche d’accompagnement des entreprises, des porteurs de projet et des destinations touristiques. Son champ d’action concerne toutes les étapes d’un projet d’investissement ou d’une démarche de développement territorial tels que l’appui à la conception, l’analyse de faisabilité ainsi que l’appui au montage et l’interface avec des partenaires exploitants ou financiers, ou encore le diagnostic marketing et l’évaluation des retombées économiques et sociales. Pour le Maroc, l'enjeu de l'ingénierie touristique est de taille. Dans un pays où le potentiel touristique est considérable mais qui n’attire pas les millions de touristes qu’il s’était fixé comme objectif, le pari ne semble pas être gagné d’avance. Le Royaume chérifien ne peut pas compter que sur la promotion de ses activités touristiques mais a également besoin d’attirer des investisseurs étrangers. D'ailleurs, le pays y travaille en délimitant de manière claire le champ de l’industrie touristique, à travers la création des offres mettant en avant les segments «nature» et «culture» et la mise en place de circuits thématiques touristiques, intégrant plusieurs régions et permettant de valoriser leurs multiples ressources naturelles, culturelles et cultuelles. N° 24 Avril 2017 51

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automobile

L'industrie confiante pour le taux d’intégration Le marché de l’automobile marocain affiche un taux d’intégration de presque 40% en ce début d’année 2017. Les opérateurs voient grand et projettent d’atteindre un taux d’intégration de 65% à l’horizon 2020 puis de monter crescendo pour atteindre 80%, mais des défis entravent encore cette ambition. Il s’agit notamment du manque de « sourcing » et d’une faible présence d’investisseurs locaux dans le secteur. Décryptage...

T

ous les signaux ou presque sont au vert pour le secteur automobile marocain en ce début d’année 2017. Selon les données de l’Office des changes, le secteur a atteint un chiffre d’affaires à l’export de près de 55 milliards de DH en 2016, avec plus de 17 milliards de créations de richesse locale, soit un taux d’intégration d’environ 35%. Ce secteur industriel a su réaliser des résultats qualitatifs en un temps record dépassant toutes les prévisions, et se positionne

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Par :Sarah MAACHE

désormais en premier secteur exportateur du Royaume devant l’agro-industrie et les phosphates. Le secteur ambitionne de continuer sa progression pour atteindre les 100 MMDH en 2020. « Mais il ne faut pas réfléchir de manière linéaire », tempère Tajeddine Bennis, vice-président de l’Association marocaine de l’industrie et du commerce automobile (AMICA), qui craint une récession lors de l’année 2017-2018.

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Un taux d’intégration encore bas L’année 2016 a été marquée par un record historique en termes de ventes, cette progression cache malgré tout une forte croissance des pièces importées qui sont intégrées dans la chaîne de production, soit un taux d’intégration locale peu élevé. Le taux d’intégration signifie la participation des industries automobiles locales à la construction d’un véhicule fabriqué au Maroc. Ce taux sera en 2020, autour de 65%, selon les prévisions, ce qui revient à dire que d’ici 2020, seulement 35% des 3.000 pièces qui composent une voiture produite au Maroc seront importées, le reste sera fabriqué localement. D’ailleurs, les contrats avec Peugeot PSA et Renault intègrent des objectifs en termes d’intégration locale. Il s’agit ainsi d’atteindre un taux d’intégration de 65% et d’aboutir à terme, avec PSA, à un taux de 80%. Un passé douloureux et peu d’investissement local dans le secteur Si les précédents chiffres font rêver, il n’est pas tout à fait sûr qu’ils soient atteignables. En témoignent les expériences passées, notamment celle de Fiat dont l’activité de montage au Maroc a été arrêtée suite à certaines difficultés fiscales, le constructeur estimant n’avoir pas obtenu « les conditions financières minimales qui auraient permis à Fiat de prolonger

sa présence industrielle au Maroc ». Reste également le manque de représentativité des PME à capital national dans l’industrie automobile, et sans lesquelles il n’est pas possible d’arriver à élever l’intégration locale. Sur 150 entreprises du secteur automobile au Maroc, seulement 7 sont à capitaux marocains, ce qui représente moins de 1% du chiffre d’affaires du secteur. L’AMICA est consciente de la situation, comme le souligne son président, Hakim Abdelmoumen : « L’intégration en profondeur passe par un effort à entraîner un maximum de PME locales dans l’environnement immédiat des équipementiers ». Le sourcing : Talon d’Achille du taux d’intégration Par ailleurs, l’amélioration du « sourcing » demeure un autre défi sur le chemin de l’amélioration du taux d’intégration. Cette activité vise à expédier des composantes automobiles du Maroc vers l’étranger par des industriels implantés à Casablanca, Kenitra ou Tanger et à fournir d’autres usines des constructeurs installées de l’autre côté de la Méditerranée, ce qui ouvre la voie à la fabrication des moteurs et toutes les pièces et développe l’activité des équipementiers rang 1 et constructeurs, du tissu de sous-traitance rangs 2 et 3 ainsi que des sous-traitants. Pour le président de l’AMICA, Hakim Abdelmoumen : « Le sourcing représente un marché régional qui se chiffre en milliards d’euros ».

Record des ventes en 2016 En 2016, l’industrie a enregistré un record de ventes avec pas moins de 163.000 unités vendues. Soit une croissance d’environ 24% par rapport à 2015, avec une prédominance du segment des véhicules particuliers (152.324 unités), suivi par celui des véhicules unitaires légers (10.786 unités). Les chiffres de 2016 font également ressortir la domination du duo Dacia/Renault, en tête du classement, qui a enregistré des progressions respectives de 16,38% (à 42.279 unités) et de 45,82% (à 17.121 unités). La croissance se poursuit en 2017 avec 26.570 unités vendues

sur les deux premiers mois de 2017 et 24.460 nouvelles immatriculations pour le segment des véhicules particuliers, contre 20.977 un an auparavant. Cette remarquable performance est attribuable à plusieurs facteurs clés de succès, notamment le fort besoin de mobilité des populations, des prix orientés à la baisse et des formules de financement avantageuses telles que le crédit à zéro intérêt, et une offre de plus en plus diversifiée, outre l’organisation de la 10e édition du Salon Auto-Expo qui a été marquée par l’exposition d’environ 300 modèles de voitures.

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Tajeddine Bennis, Fédération marocaine des technologies de l’information, des télécommunications et de

« Le marché interne doit se renforcer » 58 usines, générant plus de 41.000 emplois, dont la moitié a été le fruit de l’engagement pris par l’AMICA et le ministère de l’Industrie. En parallèle, l’AMICA a donné la priorité au volet de la formation, en identifiant le profil des besoins par les industriels et en quantifiant ces profils par année et par régions. Ceci a permis aux équipes pédagogiques de l’OFPPT d’adapter les modules de formation selon les besoins des équipementiers et de mettre en place de nouveaux modules conjointement avec les industriels. En contrepartie, les opérateurs se sont engagés à accueillir les stagiaires de l’OFPPT et à leur garantir à l’issue de leur formation une forte insertion professionnelle. IDM : Vous avez longtemps déploré le manque de représentativité des PME à capitaux nationaux dans le secteur de l’automobile, quelles actions sont entreprises par l’AMICA pour aider les PME marocaines à s’imposer dans ce secteur ? Depuis sa création, l’AMICA a mis un point d’honneur à aider les industriels marocains à se développer dans le marché automobile national. Le Maroc arrive actuellement à assembler quelque 345.000 véhicules par an. Il est obligatoire dans ce contexte que les industriels marocains s’adaptent au niveau d’exigence requis à l’international. Au fur et à mesure, les équipementiers marocains ont réussi à développer la qualité de leurs prestations et la profondeur de leur intégration dans le marché. Certains ont réussi à réaliser des joint-ventures avec de grands groupes étrangers à l’instar de ce qui a été réalisé entre AGC Automotive Europe et Induver, producteur de verre marocain, en vue de produire du verre automobile. D’autres projets de la même envergure sont en cours de négociation. IDM : L’année 2016 a été exceptionnelle pour le secteur automobile marocain, notamment à travers l’explosion des ventes, mais est-ce que le Maroc a réussi à développer les métiers de l’automobile en parallèle ? L’année 2016 a effectivement connu un record en termes de ventes de voitures fabriquées au Maroc. Renault a fabriqué plus de 345.000 véhicules dont 90% ont été exportés. La valeur du Chiffre d’affaires de l’industrie automobile en 2016 se situe à 59 milliards de DH, dont 55 milliards à l’export. Ceci s’intègre dans la trajectoire visée par l’AMICA et le ministère de l’Industrie dans le cadre du Plan d’accélération industriel. S’agissant des métiers liés à l’automobile, des contrats ont été signés suite à l’implantation de plusieurs équipementiers, ce qui a permis l’installation de 54 N° 24 Avril 2017

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IDM : Le Maroc veut atteindre un taux d’intégration de 65% à l’horizon 2020, quels sont à votre avis les défis qu’il lui faut relever pour atteindre cet objectif ? Il est tout à fait possible d’atteindre ce taux d’ici 2020, mais pour cela, il faudrait que les métiers de l’automobile (emboutissage, outillage, câblage…), à l’échelle nationale deviennent plus compétitifs. L’arrivée de PSA donnera lieu à un marché de sourcing de l’ordre de 1 milliard d’euros, avec un taux d’intégration qui serait de l’ordre de 60% au démarrage de l’usine et qui atteindrait 80% à terme. Parallèlement, il faut que le marché interne se renforce, étant donné que le Maroc est producteur mais aussi consommateur. Je reste convaincu que l’activité automobile marocaine continuera à croitre. www.industries.ma


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reportage

À la rencontre du nouveau « Ford Trucks », Roi des carrières par : A.L

Il débarque au Maroc et ambitionne de devenir incontournable dans le transport des charges lourdes. Le nouveau camion de construction de la gamme « Ford Trucks » promet robustesse, puissance et endurance. Pour s’en rendre compte, IDM est allé tester les aptitudes de ce monstre des bitumes et des carrières.

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e printemps semble pointer le bout de son nez en ce jour de mars, mais la canicule, elle, fait penser à un jour de milieu d’été. La météo propose un temps clair au ciel bleu, propice à notre rencontre du jour. Au programme, la présentation et l’essai d’un nouveau camion, celui de la gamme « Ford Trucks ». Nouvel arrivant sur le marché marocain, le véhicule est conçu pour séduire différents types de clients, principalement dans le secteur des BTP, la logistique, la distribution ou encore le service public. Car en plus des camions de construction, la gamme « Ford Trucks » propose aussi des camions routiers pour le transport de marchandises aussi bien sur les routes nationales qu’internationales et des camions de type « tracteurs » pour le chargement de marchandises. Pour voir de plus près à quoi ressemble ce nouveau véhicule poids lourd du concessionnaire américain, il faut se rendre dans un premier temps dans le quartier de Ain Sebaa à Casablanca, là où se dressent les nouveaux bureaux de la 56 N° 24 Avril 2017

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Société chérifienne d’automobile et de matériel agricole (SCAMA), distributeur officiel de Ford au Maroc. La SCAMA, qui est aussi à 100% une filiale d’Auto hall, y opère depuis plusieurs années dans l’industrie et la commercialisation des matériels roulants. Même si le marché des concessionnaires au Maroc reste compétitif, Ford compte bien grappiller des parts de ce gâteau. « Nos véhicules sont spécialement développés à travers des tests d’endurance simulés dans des conditions de laboratoire pour une période de deux ans et adaptés aux attentes spécifiques des clients par le biais d'une série d'essais sur route dans la région. Nos camions sont ainsi adaptés aux conditions spécifiques d’utilisation au Maroc », déclare Tufan Altuğ, Directeur Moyen-Orient et Afrique chez Ford Trucks. Après avoir fait un tour des locaux qui abritent des bureaux, mais aussi une partie réservée à la maintenance des véhicules Ford, nous voyons enfin la « bête », prête à nous montrer ce qu’elle est capable de faire. Faute de carrières à Casablanca www.industries.ma


reportage de l’intarder – option pour éviter l’utilisation inutile des freins – Il permet également l’utilisation optimale des freins auxiliaires et assure que ceux de service soient toujours prêts pour les utilisations d’urgence. La carrière ayant un relief fait de crevasse et de pente, la nécessité d’avoir de bons freins est primordiale. À la puissance et la sécurité, se joint l’aisance de conduite. Un environnement totalement ergonomique assure un confort à l’intérieur de la cabine. Les sièges chauffants (pratiques lors des journées froides et pluvieuses d’hiver) procurent au conducteur une conduite optimale tout au long du chemin. Le volant réglable en hauteur et en inclinaison peut être facilement ajusté pour tous les camionneurs. Les fonctionnalités dans leur ensemble, sont facilement contrôlables grâce au tableau de bord ergonomique. Autant d’aptitudes susceptibles de séduire les camionneurs marocains en quête d’un engin de qualité performant.

et ses environs, c’est à Had Soualem, que nous nous rendons pour assister au test du nouveau camion. Une fois arrivés à destination, le soleil est au zénith et la chaleur au climax. Au bruit des gravats se mêle celui des moteurs des camions dans leur ballet incessant de ramassage des pierres. De loin, nous arrivons à distinguer le modèle « Ford Trucks », grâce à sa couleur « soleil méditerranéen », une variante du jaune qui le distingue des autres engins. Pour l’acheminement des blocs de pierres d’un point à un autre, il faut de la force pour supporter ces charges lourdes. Le « Ford Trucks » peut supporter jusqu’à 50 tonnes, mais ne prend que 32 tonnes, ce qui est la charge maximum autorisée au Maroc. Affichant une puissance brute et une stabilité dans toutes les conditions avec l’aide des moteurs « Ecotorq », les camions « Ford Trucks » disposent d’un système de frein moteur puissant et d'une extrême résistance dans toutes les conditions de charges. Le nouveau frein moteur intégré, disponible en équipement standard, offre une puissance de freinage supplémentaire de 340 kW pour les modèles 420 CH et 180 kW pour ceux de 330 CH. Cette puissance élevée de freinage peut être appliquée progressivement pour répondre aux différents besoins de freinage en fonction des conditions de charges. À cela s’ajoute un Système intelligent de gestion de freinage, qui peut être activé à l’aide d’un bouton situé sur le panneau avant à l’intérieur de la cabine de pilotage. Il assure une utilisation efficace du frein moteur ainsi que www.industries.ma

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Logistique : Une bourse de fret en ligne pour Agora Logistics Par : Sarah MAACHE

Créer un portail web destiné à la communauté des transporteurs professionnels de marchandises et leur permettre de trouver de nouvelles opportunités d'affaires, tel est le principal objectif de la plateforme Agora Logistics.

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ancée par Teledyne en janvier 2017, cette plateforme de mise en relation entre le transporteur et le chargeur permet de maximiser le remplissage des flottes de véhicules et d’éviter le retour à vide. Elle s'inscrit dans l'élan entrepris par le Maroc pour constituer un Hub logistique régional, afin de permettre aux professionnels du transport d'améliorer leur compétitivité. Avantages pour le prestataire et pour le chargeur La plateforme présente un avantage pour le prestataire de transport qui souhaite offrir le meilleur prix à ses partenaires commerciaux et à ses clients, en maximisant le chargement de ses

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véhicules, et éviter le retour à vide. Quant au chargeur, qui veut diminuer sa facture de transport, en recherchant les transporteurs professionnels qui disposent de camions au retour, il peut accéder à une offre de transport 50%, voire 70% moins chère. Ainsi, en mettant en relation Chargeurs et Transporteurs, la Bourse de Fret Agora Logisticspermet aux transporteurs de mieux optimiser leurs chargements et aux chargeurs de pouvoir transporter moins cher. Mode opératoire Les chargeurs et expéditeurs s'adressent au portail de la plateforme et publient leur «Demande de Fret», en décrivant

la marchandise à transporter, les lieux et dates de chargement et de livraison, ainsi que d'autres informations utiles pour permettre aux transporteurs de soumettre leurs offres. Ainsi, le chargeur reçoit les offres des transporteurs et sélectionne celle qui correspond le mieux à ses attentes. Il peut échanger avec le transporteur à travers la messagerie interne. Une fois l'offre acceptée, le chargeur est invité à payer un acompte pour réserver la prestation. Dans ce cas, transporteur et chargeur sont mis en contact direct. Une fois mises en relation, les deux parties ont la possibilité de continuer la collaboration ou de la décliner en toute liberté.

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Entreprise Aérien :

L’A380 d’Emirates atterrit enfin à Casablanca

Après plusieurs difficultés d’ordre administratif et technique, l’A380 de la compagnie Emirates a été enfin habilité à atterrir à Casablanca. La capitale économique est désormais la première ville d'Afrique du Nord à accueillir un service régulier de l’A380 d'Emirates.

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’emblématique aéronef d’Airbus A380 utilisé par la compagnie Emirats a enfin pu atterrir à l’aéroport de Casablanca le 36 mars dernier. Ce faisant, Emirates a élargi le réseau de destinations desservies par l’Airbus A380 avec la mise en service de cet appareil pour la première fois entre Dubaï et Casablanca. La capitale économique est désormais la première ville d'Afrique du Nord à accueillir un service régulier de l'Airbus A380 d'Emirates, l'avion révolutionnaire à deux étages pouvant transporter jusqu'à 982 passagers par jour. Un accueil exceptionnel a été réservé à ce vol inaugural, marqué par la présence de hauts responsables du secteur de l'aviation civile du Maroc et des EAU et des représentants des autorités locales.

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La compagnie émiratie a procédé à l’introduction de cet avion au niveau de la ligne reliant Dubaï et Casablanca pour répondre à la demande croissante sur cette ligne, où Emirates opère un vol quotidien vers et depuis Casablanca. Après quinze années de service continu sur la ligne Casablanca - Dubaï, l’introduction de ce nouveau service en A380 au Maroc intervient pour renforcer davantage la relation touristique et commerciale de longue date qu'Emirates et les Émirats arabes unis partagent avec le Royaume. Les passagers d'Emirates pourront ainsi bénéficier, quotidiennement, d'excellents services dans de nombreux marchés, dont ceux des pays du Golf, l'Asie de l'Est, l'Australie, l'Arabie Saoudite, Pékin, Shanghai, Guangzhou, Hong Kong, Sydney, Brisbane et Perth.

Pour rappel, l'aéroport Mohammed V de Casablanca a été habilité à recevoir l’A380 en fin mars alors qu’une demande officielle dans ce sens avait été adressée par Emirates pour une autorisation d’accueil en fin novembre. L’Office national des aéroports (ONDA) avait dû retarder l’arrivée de l’A380 pour cause de contraintes techniques et d’exploitation qu’implique la solution préconisée par la compagnie Emirates. L’ONDA avait estimé que l’intégration de l’aéronef A380 durant le créneau de 11h30 à 14h30, sollicité par Emirates, dégraderait significativement le standard de la qualité de service tout au long de la chaîne du processus d'accueil des passagers et de traitement de leurs bagages.

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Entreprise

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R&D

Maladie génétique : nouvelle méthode de détection Utilisée comme mesure de sécurité ou pour identifier les criminels, la reconnaissance faciale pourrait bientôt servir à détecter les maladies génétiques rares. Une équipe de scientifiques du National Human Genome Research Institute a mis au point un système de détection permettant de diagnostiquer le syndrome de Digeorge, une maladie génétique rare, se manifestant chez les populations non caucasiennes. Cette maladie peut engendrer des complications médicales diverses et peut laisser une trace caractéristique sur le visage d’où le recours à la reconnaissance faciale. Mais d’après cette équipe de scientifiques, il faudra attendre un certain temps avant que le système ne soit utilisé à grande échelle sur de vrais cas pratiques.

Des gratte-ciel antiinondations à New York L’idée est née à la suite des inondations et différents incidents causés par l’ouragan Sandy en octobre 2012. Conçu pour résister aux éventuelles intempéries dues au changement climatique, des gratteciel ont été construits à Manhattan, chose banale pour ce quartier de New York dira-t-on. D’après les responsables de la compagnie immobilière gérante, l’idée forte était de permettre aux résidents de tenir le plus longtemps possible sans électricité ; car, selon eux, le manque d’électricité engendre nombreux désagrément comme l’impossibilité de recharger son portable, prendre l’ascenseur ou faire marcher le réfrigérateur… les immeubles disposent de puissants générateurs alimentés au gaz naturel, censés permettre l’alimentation d’équipement clefs. De quoi ne pas paniquer en cas de prochaine montée des eaux !

Une Appli pour tester le sperme Envie de connaitre la qualité de son sperme ? Il y a désormais une application pour ça. Des chercheurs américains ont mis en place un système permettant à chaque homme de vérifier la qualité de son sperme grâce à un smartphone. D’après les autorités sanitaires, la qualité du sperme ne cesse de décroître chez l’homme, entrainant des problèmes de fertilité. En pratique, ce test d’un nouveau genre, pouvant se faire à domicile, se présente comme un dispositif baptisé «Fertilex» qui permet de recueillir un échantillon de sperme et qui se branche à un smartphone. C’est ensuite l’application sur le smartphone qui donne les résultats en seulement 5 secondes. Les chercheurs à la base de cette découverte clament 98% de taux de réussite. Prochaine étape, la mise sur le marché de l’appareil au prix de 4 euros.

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h igh-tech

Le Samsung Gear S3 version montregousset Remettre un ancien gadget au gout du jour. Samsung en partenariat avec Yvan Arpa, un célèbre horloger suisse, l’ont fait en présentant plusieurs concepts de montres dont celui de la montre-gousset, qui a l’air de sortir tout droit du siècle passé. C’est lors du rassemblement Baselworld 2017, le rendez-vous mondial de l’horlogerie, que la firme sud-coréenne a présenté au public sa montre au fort accent rétro. Cette montre élégante reprend les attributs de la Gear S3. Elle possède une horloge mécanique en façade, une partie électronique à l’intérieur sous son couvercle et évidemment une dalle AMOLED. Malheureusement pour les aficionados d’objets vintages, le modèle n’est qu’un concept et Samsung n’a pas l’intention de le commercialiser… Du moins pas encore.

Twitter bientôt payant ? C’est la question que se posent les millions de personnes qui ont un profil actif sur le site de microblogage. En effet, le réseau social plancherait sur un nouveau projet de monétisation. Il s’agirait notamment de développer l’application «Tweetdeck», qui permet à l’utilisateur d’afficher plusieurs écrans et ainsi d’organiser sa veille sur Twitter. Le réseau social a lancé une enquête auprès de certains de ses utilisateurs pour juger des perspectives d’un service d’abonnement payant. Le but ? «Récompenser» ceux d’entre eux qui sont plus assidus et plus réguliers sur Twitter. L’entreprise californienne veut aussi anticiper la baisse des revenus par la publicité, un modèle économique qui s’essouffle.

Sortie discrète du nouvel iPad Jadis présenté en grande pompe, la sortie de l’iPad dernière version, s’est faite en toute discrétion. C’est par un simple communiqué de presse que la firme de Cupertino a annoncé la mise sur le marché de sa tablette. Sobrement baptisé iPad, le nouveau modèle de tablette d’Apple est dans la continuité de l’iPad Air 2 avec des performances améliorées et un effort fait au niveau du prix (409 euros pour la version 32 Go). Cela n’a pas empêché un manque d’enthousiasme des consommateurs et une sortie timide due en partie au marché des tablettes qui est en constante perte de vitesse depuis 2014. Et dire qu’en janvier dernier, le patron d’Apple Tim Cook se déclarait «très optimiste» pour sa tablette. Il s’est vraisemblablement trompé.

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