Industrie du Maroc Magazine N˚49

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Dossier spécial FORUM MAROCAIN DES ZONES INDUSTRIELLES P.54-72

DDT N

Directeur de publication : Hicham RAHIOUI

N° 49 Août-Septembre 2019 - Prix Maroc 120 DH



ÉDITO

HICHAM RAHIOUI

Directeur de publication redaction@industries.ma

Après l'émergence et l'accélération industrielle, voici venu le temps de l'essor

D

epuis Son intronisation, Sa Majesté le Roi Mohammed VI n'a cessé d'avoir à cœur de conduire le Royaume et ses citoyens vers la voie de la modernisation, du progrès et de la réduction des inégalités. Et pour parvenir à emprunter la voie du développement, le Souverain a fait de l'industrie son cheval de bataille. Portés par Son leadership et Sa vision clairvoyante, pas moins de quatre programmes quinquennaux se sont succédé, tout en se complétant. Depuis le Plan de développent économique et social, qui devait relancer l'industrie, aux plans Émergence I puis II, qui ont ciblé et fait émerger le Métiers Mondiaux du Maroc, jusqu'au plan qui allait amorcer l'accélération de l'industrie : le PAI. Ce plan sectoriel qu'on ne présente plus, tellement il défraie la chronique

pas ses performances à l'export, ses inaugurations successives d'usines, les lancements de ses écosystèmes et sa capacité à générer de l'emploi, aura propulsé la compétitivité du Maroc et boosté ses IDE, érigeant l'industrie en locomotive de l'économie nationale. Mais comme toutes les bonnes choses ont une fin, en 2020, le Plan d'Accélération arrive à échéance, en ayant déjà réalisé, voire dépassé, nombre de ses objectifs. L'ambition engagée par le Souverain depuis 20 ans d'une industrie marocaine moderne, compétitive, pourvoyeuse d'emploi et au rayonnement international, est devenue une réalité palpable. Mais Sa Majesté le Roi, qui a mis le Maroc sur les rails à grande vitesse du développement, ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. A l'occasion du

Discours de la Fête du Trône, le Souverain a bien noté «un bon qualitatif» en matière d’infrastructures et de réformes institutionnelles, mais estime que ce n'est pas suffisant, dans la mesure où ces réalisations «n’ont malheureusement pas encore eu des répercussions suffisantes sur l’ensemble de la société marocaine». Le Souverain a donc annoncé la mise en place de la commission spéciale chargée du nouveau modèle de développement du Royaume, notant que «la rénovation du modèle de développement national est le préalable à l’émergence d’une étape nouvelle dont les maîtres mots sont “Responsabilité” et “Essor”». Le défi de solutions audacieuses et ingénieuses pour la mise en place du nouveau modèle de développement du Maroc est donc lancé pour la rentrée.

GLOBAL

SUMMIT

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SOMMAI RE

20 ANS D'I N DUSTRIALISATION

ACCRÉDITATION PRIX NATIONAL DE LA QUALITÉ: LES GRANDS VAINQUEURS DE LA 20E ÉDITION

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ÉLECTROMÉNAGER BOSCH, LA LOCOMOTIVE DU NOUVEL ÉCOSYSTÈME LANCÉ PAR MOULAY HAFID ELALAMY

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AGRO-I N DUSTRI E LA VALORISATION DE LA PRODUCTION AGRICOLE NÉCESSITE DAVANTAGE D'INTÉGRATION INDUSTRIELLE

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IMME MÉTALLURGIE, MÉCANIQUE ET ÉLECTROMÉCANIQUE: LE SECTEUR MÈNE UNE RÉFLEXION POUR SA RELANCE

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USI N E - AIRBUS ET ONEWEB LANCENT UNE USINE DE PRODUCTION DE SATELLITES «LOWCOST» - THYSSENKRUPP ÉTABLIT SON 1ER SITE AU MAROC AU PARC INDUSTRIEL OULED SALAH - RENAULT ET COSCHARIS S’ASSOCIENT POUR ASSEMBLER DES VÉHICULES LOGAN ET DUSTER AU NIGERIA - PSA LANCE LA RÉALISATION DE SON USINE DE MONTAGE EN ALGÉRIE - ALSTOM MISE SUR LE CÂBLAGE POUR RENFORCER SA PRÉSENCE INDUSTRIELLE AU MAROC EN BOOSTANT SON USINE DE FÈS

20 22 23 23 24

4 N° 49 Août-Septembre 2019 INDUSTRIE DU MAROC

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AFRIQUE BAKKOURY INTERVIENT À L’ONU POUR L’ACCÉLÉRATION DES INVESTISSEMENTS DANS LES ÉNERGIES PROPRES EN AFRIQUE LA BAD VEUT BÉNÉFICIER DE L’APPUI TECHNIQUE DU MAROC POUR SON PROGRAMME DESERT TO POWER - LE MAROC ET LE SÉNÉGAL ACCUEILLENT LA 4E ÉDITION DES RENCONTRES AFRICA - LA BAD ET ATTIJARIWAFA BANK UNIS POUR DÉVELOPPER LE COMMERCE EN AFRIQUE

- LA 1ÈRE ÉDITION DU FMZI LANCE UNE RÉELLE RÉFLEXION SUR LES ZONES INDUSTRIELLES DU MAROC - FONCIER INDUSTRIEL : QUELLES SOLUTIONS POUR LUTTER CONTRE LA SPÉCULATION ? - ZONES INDUSTRIELLES NOUVELLE GÉNÉRATION, QUELLE OFFRE ? - RÉHABILITATION DES ZI : L’URGENCE D’UNE BONNE GOUVERNANCE - L’ASSOCIATION DE LA ZONE INDUSTRIELLE DE TANGER, UN MODÈLE DE BONNE GESTION - ZI DURABLES: DÉFINITION, EXEMPLES ET MEILLEURES PRATIQUES

50 51 52 52

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54 58 62 64 70 72

ENVI RON N EMENT ENTRETIEN : STANISLAS DE MAISTRE, DIRECTEUR DEVELOPPEMENT MAROC DE VEOLIA.

LOGISTIQUE COLORADO INAUGURE SA PLATEFORME LOGISTIQUE ET SON 10E SHOWROOM À KÉNITRA

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DOSSI ER FMZI

CH IMI E-PARACH IMI E LA BANQUE POPULAIRE SIGNE AVEC LA FCP POUR UNE OFFRE DÉDIÉE AU SECTEUR

- S.M LE ROI MOHAMMED VI 1999-2019 : 20 ANS D'INDUSTRIALISATION - DISCOURS DE SM LE ROI MOHAMMED VI À L’OCCASION DU 20E ANNIVERSAIRE DE SON ACCESSION AU TRÔNE

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SOMMAI RE IMMOBI LLI ER JLL PASSE À LA LOUPE LE MARCHÉ CASABLANCAIS ET LIVRE SES PROVISIONS

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STARTUP ANGELS 4 AFRICA ET MOBAN: DEUX BUSINESS ANGELS VOIENT LE JOUR AU MAROC 88

Hicham RAHIOUI

MANAGEMENT - INTERVIEW CROISÉE:AMANDINE LEPOUTRE, PRÉSIDENTE DE “THINKERS&DOERS” & CHIDIOGOAKUNYILI, FONDATRICE DE “SHEROARS” - CHANGEMENT DE DIRECTION CHEZ GROHE AG APRÈS LA DÉMISSION DE SON DG

Directrice administrative et financière 90 94

AUTO - AUTO NEJMA MISE SUR L’ACTROS 5 DE MERCEDES-BENZ POUR CONQUÉRIR LE MARCHÉ POIDS LOURDS - LIPO, LE PREMIER SCOOTER 100% ÉLECTRIQUE DESTINÉ AUX PROS

Directeur Général et de publication

Nadia AYAD

Rédactrice en chef Dalal SADDIQI

Infographiste

96

Youssef BERRAK

98

IDM BUSINESS TV Lotfi FETOUH

Direction commerciale et publicité Akram ESSABBAHI (Dir.) Rida BEN SOULTANE Achraf BARBARA

Responsable communication et partenariat Nour El Houda AZENCOD

Responsable système d’information Abdelaaziz RAHIOUI

Logistique

Amine RAZZOUK Abdelaziz CHELHI

Impression Bahi print

Distribution Sochepress

Dépôt légal 2013 PE 0109 ISSN  : 2351-7905 Dossier Presse Aut. 2013 N°32

Adresse

1, 7éme étage, Apt 19, Angle Rue Al Aarar et Avenue Lalla Yacout Casablanca - Maroc .

Tél : 05 22 26 04 51 Fax : 05 22 27 07 75 Email : contact@industries.ma

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EN BREF

DÉCORATION

Le PDG d’Attijariwafa bank fait Commandeur de l'Ordre national de Côte d’Ivoire

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e président directeur général du groupe marocain Attijariwafa bank, Mohamed El Kettani, a été fait Comman-

deur de l'Ordre national de Côte d’Ivoire, le 22 juillet à Abidjan. Il a reçu la médaille de cette décoration des mains de la Grande Chancelière de l’Ordre national de Côte d’Ivoire, Henriette Diabaté, au nom du Président ivoirien Alassane Ouattara, qui a, à cette occasion, félicité El Kettani pour «la qualité et le volume» des activités d'Attijariwafa bank en Côte d’Ivoire à un moment où le Maroc, a-t-elle souligné, se pose comme le premier partenaire économique africain de la Côte d’Ivoire. Elle a dit retrouver en la personne du PDG d’Attijariwafa bank «une figure et un symbole» de la continuité des relations d’amitié liant les deux pays et peuples. De son côté, El Kettani a relevé que cette distinction constitue pour lui ainsi que pour l’ensemble des collaborateurs du groupe, un encouragement pour poursuivre, sous l’égide de S.M. le Roi Mohammed VI, les efforts déployés en faveur d’une coopération Sud-Sud performante et inclusive et d’un développement économique équilibré des deux pays.

MANAGEMENT

Ismail Ghorafi nommé DG de Neodis

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TRANSITION DIGITALE

L’APEBI prépare un livre blanc

a société Neodis, filiale du groupe Saraya Holding et un des leaders marocains dans le domaine du mobilier de bureau et de l’aménagement des espaces professionnels, a annoncé la nomination d’Ismail Ghorafi au poste de directeur général. Nouvellement nommé à ce poste clé, Ismail Ghorafi prend la relève d’Amine Majid qui sera dorénavant en charge du «Business Development» du pôle d’aménagement, mobilier et immobilier au sein de Saraya Holding, en compagnie de Simohamed Semlali, nouveau DG-adjoint du pôle. Le renforcement de l’équipe de direction, qui accompagne la dynamique de croissance de la société, vise à accroître l’agilité de l’entreprise au service de ses clients.

L

a Fédération des Technologies de l’Information, des Télécommunications et de l’Offshoring (APEBI) a annoncé, le 26 juillet, avoir lancé une consultation publique pour accompagner la transition digitale du Royaume, qui donnera lieu à la publication d’un livre blanc. La commission «Relations institutionnelles, Stratégies publiques et e-administration» de l’APEBI a lancé une consultation publique auprès de l’ensemble de ses partenaires et parties prenantes sensibles au secteur de l’IT, pour recueillir leur vision et leurs recommandations autour du développement de ce secteur au niveau national et son rôle dans les politiques publiques et les stratégies de croissance des entreprises marocaines.

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EN BREF

ELECTROMÉNAGER

Atlanta et Bosch lancent l’extension de garantie 2+3 ans

AVIATION CIVILE

L’ONDA et l’ANAPEC partenaires pour l’emploi

U A

tlanta Assurances introduit la première assurance affinitaire dans le marché marocain de l’électroménager, en partenariat avec B/S/H Maroc. Elle concerne les acquéreurs des appareils de grand électroménager de la marque Bosch. L’assurance affinitaire de l’électroménager, qui constitue une première au Maroc, est le fruit d’une collaboration entre Atlanta Assurances et B/S/H, leader mondial de l’électroménager

et producteur des marques Bosch, Siemens et Gaggenau. Il s’agit d’une assurance facultative dont la prime est supportée par l’acheteur et concerne l’extension de garantie visant à assurer les biens de consommation. La Garantie couvre les frais de réparation en cas de panne électronique, électrique ou mécanique survenue pendant les trois années objet de l’extension de garantie.

CIMENT

ne convention de partenariat a été signée entre l’Office national des aéroports (ONDA) et l’Agence nationale de promotion de l’emploi et des compétences (ANAPEC), le 16 juillet, pour renforcer les opportunités d’emploi dans le secteur de l’aviation civile ainsi que les métiers y afférents. Paraphée par le directeur général de l’ONDA, Zouhair Mohammed El Aoufir, et le directeur général de l’ANAPEC, Abdelmounim El Madani, à l’aéroport Mohammed V de Casablanca, cette convention s’inscrit dans le cadre du programme national TAEHIL lancé par le gouvernement en vue d’améliorer l’employabilité des chercheurs d’emploi. En vertu de cette convention, l’ANAPEC accompagne l’ONDA dans le processus de recrutement, à travers des prestations de sourcing de candidats et des actions de formation complémentaires à l’embauche au profit des nouvelles recrues.

Anouar Invest cède deux cimenteries à Ciments du Maroc

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a filiale marocaine du géant allemand Heidelberg Cement a signé un accord avec le groupe Anouar Invest, de l’homme d’affaires El Hachmi Boutgueray, portant sur l’acquisition de 100% du capital de deux cimenteries : Atlantic Ciment et Cimsud. Avec Atlantic Ciment, qui porte sur le projet de construction et d’exploitation d’une usine de production de

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ciment intégrée dans la province de Settat, Ciments du Maroc renforcera sa présence dans la région centre. Et à travers le rachat de Cimsud, qui développe une unité de broyage de 500.000 tonnes à Laâyoune, Ciments du Maroc affiche sa «volonté pour le développement de la Province de Laâyoune», précise le communiqué.


150 ans d'histoire 150 ans d'histoire De l'invention, de la fixation De l'invention, de la fixation au service du marché de l'automobile, au service du marché de l'automobile, une saga familiale riche d'innovations. une saga familiale riche d'innovations.

A PROPOS PROPOS DE DE NOUS NOUS

Leader Leader sur sur le le marché marché de de l’l’AUTOMOBILE AUTOMOBILE le Réseau Réseau ARaymond ARaymond aa progressivement progressivement transposés transposésoonn eexxppeerrtti issee eett sseess comp pé é tteen ncceess vers vers de de nouveaux nouveaux marchés marchés :: TRUCK TRUCK INDUSTRIAL INDUSTRIAL ENERGIES ENERGIES AGRICULTURE AGRICULTURE

1 1Culture Cultured’entreprise d’entreprise familiale unique familiale unique 77200 qui 200Femmes FemmesetetHommes Hommes qui font fontlalarichesse richessede del’entreprise l’entreprise 55Générations Générationsd’entrepreneurs d’entrepreneurs 6 6Marchés Marchés

Plus Plusde de350 350personnes personnes impliquées dans les projets R&D impliquées dans les projets R&D

LIFE LIFE 1 600 Brevets actifs 1 600 Brevets actifs 25 000 Références 25 000 Références de production de production 26 Sites de production 2019 9 26 SitesN°49 de Août-Septembre production DU MAROC dansINDUSTRIE le monde dans le monde


EN BREF

RÉGIONALISATION AVANCÉE

10 MMDH par an seront alloués à partir de 2021

D

ans le cadre de la mise en œuvre de la régionalisation avancée, un montant de 10 MMDH sera consacré aux régions à partir de 2021, contre 9,6 MMDH en 2020 et 8,5 MMDH en 2019, a fait savoir Mohamed Benchaâboun, qui présentait, le 25 juillet, devant les Commissions des finances des deux Chambres du Parlement, le bilan d’étape de l’exécution du budget à fin juin 2019 et le cadre général d’élaboration du projet de Loi de finances 2020. Le ministre a souligné à cette occasion la nécessité de poursuivre la dynamique de l’investissement et d’accompagner les différents chantiers stratégiques notamment l’enseignement, la santé, l’habitat, la justice, la réforme des centres régionaux d’investissement (CRI) et les stratégies sectorielles.

TELECOM

AUTOMOBILE

Le Maroc est le 2e pays le plus performant en termes de disponibilité de la 4G en Afrique, devant l’Afrique du Sud et le Kenya, avec un score de 77,2%, indique le cabinet britannique spécialisé dans les données mobiles «Open Signal». S’agissant du débit binaire, le rapport fait ressortir que le Maroc figure aussi dans le top 5 africain avec 11,2 Mbps, derrière la Tunisie (13,4 Mbps) et l’Afrique du Sud, classée à la première place en termes de vitesse de téléchargement des données mobiles avec 15 Mbps.

Renault a inauguré son plus grand showroom africain, 3 juillet 2019, avec comme ambition de renforcer sa performance commerciale dans la région et de prendre le leadership. D’une superficie de 20.000 m², le nouveau showroom, considéré comme site principal de la marque, s’inscrit dans le cadre du développement du réseau de Renault sur Fès et sa région. Cet investissement, d’une valeur de 60 millions de dirhams va permettre la création de plus de 150 emplois directs et 600 indirects.

Disponibilité de la 4G : le Maroc classé 2e en Afrique

Renault inaugure son plus grand showroom en Afrique à Fès

ECOSYSTÈME INNOVATION

Une association marocaine de startups est née

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e Maroc a l’ambition de construire un écosystème start-up de niveau international et les structures d’accompagnement sont un maillon essentiel pour atteindre cet objectif. Aussi, les acteurs clés de l’accompagnement de la start-up ont créé l’association Moroccan Start-up Ecosystem Catalysts (MSEC). Créée à l’initiative d’Enactus, Espace Bidaya, H.SEVEN, IMPACT Lab, New WorkLab, Réseau Entreprendre Maroc et Start-up Maroc, cette association a pour objectif de promouvoir l’émergence d’un écosystème d’innovation performant, de porter les enjeux communs de l’écosystème start-up marocain et de défendre les intérêts des start-up.

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EN BREF

CONCOURS

PSA lance l’initiative «Peugeot Young Talents» spécialement pour le Maroc

UNIVERSITÉ NUMÉRIQUE

La plateforme mun.ma est lancée

L

e concours «Peugeot Young Talents», lancé par le Groupe PSA le 11 juillet, a pour objectif de stimuler l’esprit d’innovation, d’entrepreneuriat et de créativité chez les jeunes marocains passionnés par l’univers de l’automobile et s’articule autour de trois principales thématiques à savoir l’innovation dans l’entrepreneuriat «Usine du future», la photographie et le design. Après le lancement de l’usine de Kénitra et la nouvelle Peugeot 208 comme premier véhicule lancé en production, c’est l’occasion d’associer les jeunes talents marocains en leur proposant un concours qui s’appuie sur l’innovation et la créativité, a estimé Jean-Christophe Quemard, Executive Vice-Président de la Région Afrique et Moyen-Orient du Groupe PSA, relevant que ce concours est une initiative «unique dédiée seulement» au Maroc.

L

a plateforme nationale «Maroc Université Numérique» (MUN), dédiée à des cours en ligne ouverts et massifs, a été lancée le 12 juillet, en présence du ministre de l’Éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique et de son homologue française. Développée en partenariat entre le ministère de l’Éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseigne-

ment supérieur et de la recherche scientifique et le Groupement français d’intérêt public «GIP FUN-MOOC», cette plateforme, première en son genre au Maroc et en Afrique, vise à développer des cours en ligne privés à petits groupes (SPOC) et à promouvoir la coopération entre les universités marocaines et françaises en matière de formation à distance commune, adaptée aux spécificités de l’enseignement supérieur au Maroc.

AGRO-INDUSTRIE

Orbis Holding signe un partenariat stratégique avec l’AAAID

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rbis Holding entame une nouvelle phase de développement sur le marché agro-industriel. Sa filiale Orbis AgroIndustry vient de signer un partenariat stratégique avec l’Arab Authority for Agricultural Investment and Development (AAAID). Ce protocole d’accord a pour objectif le déploiement conjoint de projets de développement agro-industriels à forte valeur ajoutée au Maroc, notamment dans les filières des fruits rouges et de l’huile d’olive extra-vierge. Ce partenariat porte, dans un premier temps, sur quatre grands projets. Le premier a trait à la produc-

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tion de fruits rouges (baies de goji, framboises, myrtilles et mûres), avocats et agrumes dans la région du Gharb. Le deuxième consiste en la mise en place d’une unité de stockage, de triage, de conditionnement et de valorisation des produits agricoles. Quant au troisième projet, il concerne la production d’olives en systèmes hyper-intensifs dans différentes régions du pays. Le dernier projet, enfin, porte sur la mise en place d’une unité de trituration des olives afin de produire de l’huile d’olive extra-vierge.


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ACCRÉDITATION

TROPHÉES

PRIX NATIONAL DE LA QUALITÉ : LES GRANDS VAINQUEURS DE LA 20e ÉDITION

LA JOURNÉE MONDIALE DE L’ACCRÉDITATION, CÉLÉBRÉE LE 11 JUILLET À CASABLANCA, A ÉTÉ MARQUÉE PAR LA REMISE DES TROPHÉES DE LA 20E ÉDITION DU PRIX NATIONAL DE LA QUALITÉ PAR MOULAY HAFID ELALAMY, MINISTRE DE L’INDUSTRIE, AUX ENTREPRISES QUI SE SONT DÉMARQUÉES PAR DES DÉMARCHES QUALITÉ EXEMPLAIRES.

O

rganisée par le Ministère de l’Industrie, de l’Investissement, du Commerce et de l’Economie numérique en collaboration avec l’Union Marocaine pour la Qualité (UMAQ), la 20e édition du Prix de la Qualité, placée sous le thème “la qualité moteur de la croissance de l’entreprise”, visait à mettre en lumière le rôle des démarches qualité dans le renforcement de la compétitivité et la productivité des entreprises, la conquête de nouveaux marchés, notamment à l’export, et la satisfaction des clients de plus en plus exigeants. Moulay Hafid Elalamy a, à cette occasion, félicité les lauréats de cette édition, et souligné que cet événement est l’occasion de rendre hommage aux entreprises qui ont fait de la qualité un 14 N° 49 Août-Septembre 2019 INDUSTRIE DU MAROC

socle de leur démarche de performance et leur «cheval de bataille» pour se distinguer dans leur secteur par la qualité de leurs produits. Le ministre a précisé à cette occasion que « la promotion de la qualité au sein de l’entreprise et le développement d’une infrastructure qualité aux standards internationaux est un chantier auquel nous accordons la plus grande importance en vue d’accompagner l’accélération industrielle en marche au Maroc». Et de poursuivre que la normalisation, l’accréditation, la certification, la métrologie ou encore la surveillance du marché sont les différents leviers sur lesquels le ministère a agi pour renforcer le dispositif de protection des consommateurs et faire de la qualité un moteur puissant de croissance et de

création d’emploi et une composante essentielle dans l’édification d’un secteur industriel fort et compétitif. Cette compétition, qui a pour objectif; depuis 20 ans maintenant , d’encourager les opérateurs économiques et les organismes publics et privés à atteindre des niveaux d’excellence plus élevés et à enraciner davantage la culture qualité dans leur quotidien, a célébré l’engagement de 8 entreprises en leur remettant des trophées. Il s'agit des sociétés 4 Prix nationaux de la Qualité ont été décernés, ainsi que 2 Certificats d’encouragement et 2 Certificats de reconnaissance.


ACCRÉDITATION

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L

e Prix national de la Qualité de la catégorie « PMI » est revenu à la Société Marocaine des Compteurs (SMCV), spécialisée dans la fabrication, l’étalonnage et la commercialisation de compteurs d’eau.

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e Certificat d’encouragement de la catégorie « grandes entreprises industrielles » a été remis à Super Cérame, entreprise spécialisée dans la fabrication des carreaux céramiques.

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Q

e Prix national de la Qualité dans la catégorie « grandes entreprises industrielles » est revenu à la SOMACA, société d’assemblage de véhicules automobiles.

e certificat de reconnaissance a été remis dans la catégorie « grandes entreprises industrielles » à Rivera Métal, entreprise spécialisée dans la métallurgie et la fabrication d’armatures pour béton, treillis soudés et poutrelles.

e Prix national de la Qualité de la catégorie « grands organismes de service » a été attribué à la société spécialisée dans les travaux de génie civil SOGEA Maroc.

e Prix national de la Qualité de la catégorie « PME » a été remis à la société de transport international Espace Transit.

e Certificat d’encouragement de la catégorie « PME » est allé à Transdev Rabat Salé, une entreprise spécialisée dans l’exploitation et la maintenance du Tramway RabatSalé.

uant au certificat de reconnaissance de la catégorie « PME », il est revenu au Laboratoire central de Casablanca (LCC).

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ÉLECTROMÉNAGER

ÉCOSYSTÈME BOSCH, LA LOCOMOTIVE DU NOUVEL ÉCOSYSTÈME LANCÉ PAR MOULAY HAFID ELALAMY

UN MÉMORANDUM D’ENTENTE PORTANT SUR LA CRÉATION D’UN ÉCOSYSTÈME BSH A ÉTÉ CONCLU, LE 16 JUILLET, ENTRE LE MINISTÈRE DE L’INDUSTRIE ET LE GROUPE BSH HAUSEGERÄTE GMBH.

L

e mémorandum d’entente signé par Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Economie numérique et José Juste, Directeur de la technologie et des opérations de BSH Electrodomésticos España, vise la création d’un écosystème BSH dédié au sourcing de pièces et composants pour les produits électroménagers. A l’instar des écosystèmes de sourcing structurés avec des locomotives comme Renault, le Groupe PSA et Boeing, le nouvel écosystème BSH est un programme industriel intégré et conçu dans le but d’accroître la base de production des fournisseurs de BSH au Maroc. 16 N° 49 Août-Septembre 2019 INDUSTRIE DU MAROC

2000 emplois et 15 fournisseurs en 2023 Les pièces et composants seront destinés aux usines d’assemblage du groupe en Europe, a précisé Moulay hafid Elalamy, ajoutant que l’écosystème BSH doit permettre la création de 2.000 emplois et l’atteinte de recettes d’exportations de 150 millions d’euros, en mobilisant 15 fournisseurs à l’horizon 2023 et des investissements de l’ordre de 25 millions d’euros. Le groupe BSH compte 61.000 collaborateurs et 42 sites de production à travers le monde. En Espagne, il emploie plus de 4.000 personnes dans 4 sites de production, une plateforme logistique centrale et plusieurs centres d’excellence

développant des technologies pour l’ensemble du groupe.

20 ans de présence au Maroc BSH est présent commercialement au Maroc depuis 20 ans et dispose d’une filiale locale depuis 2008. C'est depuis Casablanca que sont pilotées les diverses activités de l'opérateur pour les pays d'Afrique Nord (Algérie, Egypte et Tunisie), comme la rechange automobile, les outils électroportatifs, la technologie drive and control par Rexroth, les appareils électroménagers,les technologies du bâtiment,les techniques d'emballage ou la thermotechnologie ainsi que toutes les fonctions de support.


AGRO- I N DUSTRI E

AGROPOLES LA VALORISATION DE LA PRODUCTION AGRICOLE NÉCESSITE DAVANTAGE D'INTÉGRATION INDUSTRIELLE LA RÉSORPTION DU DÉFICIT EN MATIÈRE DE VALORISATION DE LA PRODUCTION AGRICOLE NÉCESSITE LA CONSOLIDATION DE L'INTÉGRATION INDUSTRIELLE DE L'AGRICULTURE MAROCAINE, AFFIRME UNE ÉTUDE DE LA DIRECTION DES ÉTUDES ET DES PRÉVISIONS FINANCIÈRES (DEPF).

«

L'objectif de renforcer l’intégration du secteur agro-industriel avec son amont agricole se pose aujourd’hui avec acuité, et ce, dans l’optique de favoriser une meilleure valorisation de la production agricole», souligne la DEPF, relevant du ministère de l'Economie et des Finances, dans son étude sur «le secteur agricole marocain: Tendances structurelles, enjeux et perspectives de développement».

Accélérer l'opérationnalisation des agropoles Pour y parvenir, estime la DEPF, il serait primordial de veiller à la mise en œuvre des dispositions du contrat-programme du secteur agroalimentaire signé en 2017 et d'accélérer l'opérationnalisation des agropoles en tant que véritables vecteurs d’intégration de la chaîne de valeur agroalimentaire. En outre, une action vigoureuse devrait être déployée en matière de redynamisation de l'agrégation agricole, notamment dans son volet contractuel, en œuvrant activement en faveur d’une meilleure adéquation

entre l’offre agricole et la demande agro-industrielle, recommande la DEPF, ajoutant que dans le but de maximiser les retombées de l’intégration en aval de la chaîne de valeur agroalimentaire, la priorité devrait être attribuée aux filières à fort potentiel à l’instar de l'oléicole qui demeure handicapée par son tissu de transformation, largement traditionnel et informel, privant le Maroc d’importantes opportunités à l’export qui pourraient le hisser au rang de leader mondial.

3 axes principaux de développement Ainsi, la direction identifie, dans son étude, trois principaux axes pour asseoir la trajectoire de développement de l'agriculture marocaine sur des bases solides, inclusives et durables. Il s'agit de «mobiliser à brève échéance le manque à gagner dû à la faible intégration de la filière agro-industrielle et à une diversification limitée des marchés à l'export», de «renforcer les capacités de résilience et d’adaptation de l’agriculture marocaine aux effets du changement climatique» et de «relayer la nouvelle

stratégie agricole par des politiques publiques appropriées». L'étude fait également état de la nécessité de consolider la durabilité du modèle de développement agricole, de réduire la vulnérabilité des performances agricoles à travers l'accélération de la réforme de la filière céréalière et de rationaliser la consommation énergétique agricole. Pour le bon acheminement de ces propositions, la DEPF préconise quelques mesures d’accompagnement ayant trait particulièrement à l’optimisation du soutien public dans sa dimension budgétaire et fiscale au même titre que l’insertion de la politique agricole dans le cadre d’une stratégie de développement rural intégré. Depuis la mise en œuvre du Plan Maroc Vert (PMV), l'Agriculture s’est inscrite dans un processus vertueux de transformation structurelle, relève l'étude, notant que les performances jusque-là enregistrées par ce secteur sont encourageantes et laissent augurer des perspectives favorables pourvu que la dynamique enclenchée soit poursuivie et accélérée. N°49 Août-Septembre 2019 17 INDUSTRIE DU MAROC


IMME

FEUILLE DE ROUTE

MÉTALLURGIE, MÉCANIQUE ET ÉLECTROMÉCANIQUE: LE SECTEUR MÈNE UNE RÉFLEXION POUR SA RELANCE L’ÉLABORATION D’UNE FEUILLE DE ROUTE COMMUNE ET INCLUSIVE POUR RELANCER LE SECTEUR DES INDUSTRIES MÉTALLURGIQUES, MÉCANIQUES ET ÉLECTROMÉCANIQUES (IMME) A ÉTÉ AU CŒUR D’UNE RENCONTRE, LE 11 JUILLET, SOUS LE THÈME “IMME AU MAROC: PERFORMANCE ÉCONOMIQUE ENTRE CHALLENGES ET OPPORTUNITÉS”.

L

e président de la Fédération des industries métallurgiques, mécaniques et électromécaniques (FIMME), Tarik Aitri, a saisi l’occasion de cette journée des IMME pour souligner l’importance de mener une réflexion collective sur une feuille de route qui permettra de bien identifier les différentes contraintes à surmonter. La mise en place de cette feuille de route sera ensuite pilotée par la FIMME, en partenariat avec le ministère de l’Industrie, de l’Investissement, du Commerce et de l’Économie numérique ainsi que de l’ensemble des intervenants dans le secteur des IMME, a précisé le président de la FIMME. «Le secteur va très mal, ce n’est pas du pessimisme. Nous ne pouvons plus de nous permettre d’être que des spectateurs, car le risque sur nos métiers est très important», a-t-il relevé, appelant, à cet égard, les acteurs de ce 18 N° 49 Août-Septembre 2019 INDUSTRIE DU MAROC

secteur à joindre leurs efforts en vue d’augmenter leur force ainsi que de saisir les opportunités offertes.

Un secteur vital, socle de l’industrie marocaine Parallèlement, Aitri a estimé que ce secteur constitue le socle de l’industrie marocaine, eu égard aux multitudes de métiers et de savoir-faire qu’il rassemble. «Nous sommes l’industrie patriote enracinée au Maroc au fil des décennies. Nous n’avons jamais délocalisé nos activités en quête de profit ou de maind'œuvre bon marché. Nous formons les employés nous-mêmes sur ces métiers, ce qui leur garantit une carrière pérenne», s’est-il félicité, relevant que la FIMME veille à rapprocher ce secteur, «très» technique et complexe, des pouvoirs publics et des citoyens. Et d’ajouter que par sa diversité en termes de métiers et son attractivité en

matière d’emploi, le secteur des IMME demeure vital pour l’épanouissement des compétences nationales et peut hisser le Maroc vers le haut en devenant un pilier solide du nouveau modèle de développement économique du Royaume. Par ailleurs, les différentes interventions lors de cette plénière ont mis l’accent sur l’évolution des principaux indicateurs de ce secteur, à savoir les investissements, le chiffre d’affaires et le nombre d’emplois créés. Elles ont également permis de discuter de nombreuses contraintes spécifiques auxquelles fait face ce secteur, dont le problème d’accès à la commande publique, la concurrence étrangère, la faible consommation d’acier, les pratiques déloyales, la surcapacité de production installée, la faible compétitivité et l’absence de la préférence nationale. Initiée par la FIMME, cette rencontre a permis de constituer une plateforme d’échanges et de discussions entre les industriels du secteur sur les opportunités de développement et de partenariats pouvant être saisies en faveur de la création de valeur et de l’emploi. La Fédération porte des projets développés avec la profession permettant de renforcer le rôle du secteur des IMME dans l’économie nationale. La réussite de cette mission est liée à la participation des membres qui doivent s’exprimer sur les atouts et les blocages inhérents à l’émergence de l’activité industrielle dans les IMME.


CH IMI E - PARACH IMI E

FINANCEMENT

LA BANQUE POPULAIRE SIGNE AVEC LA FCP POUR UNE OFFRE DÉDIÉE AU SECTEUR LA BANQUE POPULAIRE (BP) A SIGNÉ, LE 23 JUILLET, UNE CONVENTION DE PARTENARIAT AVEC LA FÉDÉRATION DE LA CHIMIE ET DE LA PARACHIMIE (FCP) VISANT L’ACCOMPAGNEMENT DES ENTREPRISES DU SECTEUR À TRAVERS UNE OFFRE DÉDIÉE.

L

a signature de cette convention entre la BP et la FCP, pour une offre dédiée au secteur de la chimie et de la parachimie comprend des solutions de financement et une panoplie de prestations non financières. Elle a été négociée en marge de l’Assemblée générale ordinaire (AGO) de la FCP, qui s'est tenue le 16 juillet en présence du groupe Banque Populaire et de la Caisse Centrale de Garantie..

Soutenir les écosystèmes de la Chimie verte et de la Chimie organique Selon la BP, ce partenariat se traduit, d’abord, par la mise en place d’offres de financement qui répondent aux préoccupations des entreprises du secteur, notamment en matière d’efficacité énergétique, d’investissement étranger, de développement des exportations, ainsi que de transmission et d’acquisition d’entreprises. Il prévoit également un dispositif d’accompagnement comprenant des services de business networking, de formation et de conseil. La Directrice générale adjointe en charge de la Banque de l’entreprise chez Banque Populaire, Soumia Alami Ouali, a indiqué à cette occasion que

l'objectif est de permettre à ce secteur dynamique d’atteindre son plein potentiel, en apportant la meilleure réponse aux besoins des entreprises des deux écosystèmes de la Chimie verte et de la Chimie organique, sans exclure les autres membres de la FCP et les écosystèmes à venir. A travers ce partenariat stratégique, la Banque Populaire confirme sa volonté de donner une impulsion au développement des très petites et moyennes entreprises (TPME) en général et de celles du secteur de la Chimie et Parachimie en particulier, et de contribuer, ainsi, aux côtés de l’Etat et des organisations professionnelles, au soutien des écosystèmes industriels performants, pour la création d’une valeur ajoutée additionnelle, l'amélioration du taux d’intégration et le développement de nouvelles activités à l’export.

La filière affiche une bonne dynamique En marge de la tenue de l'AGO de leur fédération sectorielle, les opérateurs de la chimie-parachimie ont organisé une journée d’information sur l’état d’avancement des écosystèmes

du secteur et les opportunités d’investissements qu’ils offrent. A cette occasion, Abdelkbir Moutawakkil, président de la FCP, a déclaré que «le secteur enregistre une dynamique importante. Avec les écosystèmes installés, le secteur est en train de consolider ses fondamentaux pour accueillir de nouveaux investissements». De son côté, la filière affiche une bonne dynamique, surtout dans la région de Casablanca-Settat qui totalise 15 projets pour un montant de 1,27 milliard de dirhams (MMDH), suivie de Fès-Meknès avec 4 projets pesant pour près de 60 millions de dirhams (MDH). Les écosystèmes du secteur ambitionnent de créer 12..430 nouveaux emplois directs stables à l’horizon 2020 et la profession déclare avoir atteint 40% de cet objectif. Il s’agit également de générer un chiffre d’affaires additionnel de 14,6 MMDH et d’assurer une valeur ajoutée supplémentaire de 3,8 MMDH. À l’export, les écosystèmes doivent générer 9,8 MMDH de revenus additionnels. Parmi les mesures à mettre en place pour atteindre ces objectifs figure, justement, la mise en place d’une offre intégrée de financement en partenariat avec les banques. N°49 Août-Septembre 2019 19 INDUSTRIE DU MAROC


USI N E

INDUSTRIE SPACIALE

AIRBUS ET ONEWEB LANCENT UNE USINE DE PRODUCTION DE SATELLITES «LOWCOST» NÉE DU PARTENARIAT DE ONEWEB ET AIRBUS, ONEWEB SATELLITES A INAUGURÉ, LE 22 JUILLET 2019, LE 1ER SITE DE PRODUCTION DE SATELLITES À GRANDE VITESSE ET À VOLUME ÉLEVÉ AU MONDE, DESTINÉ À OFFRIR UNE CONNECTIVITÉ INTERNET À TOUS, PARTOUT DANS LE MONDE.

O

neWeb Satellites est une jointventure entre Airbus et OneWeb, créée en 2016 pour concevoir et fabriquer les satellites de la constellation OneWeb. Ce faisant, OneWeb Satellites a révolutionné la fabrication de satellites en étant le premier à utiliser les techniques de banalisation et de production en série afin de réduire 20 N° 49 Août-Septembre 2019 INDUSTRIE DU MAROC

considérablement les délais et les coûts de production. Historiquement, les satellites sont construits sur mesure, coûtant des dizaines de millions de dollars et prenant plus d'un an pour en produire un seul. Les installations de la nouvelle usine de OneWeb Satellites peuvent désormais le faire à un coût bien inférieur et à un taux de production

pouvant atteindre deux par jour (A reformuler).OneWeb Satellites propose également au marché une plate-forme satellite et une interface de charge utile normalisées et produites en masse, compatibles avec de nombreuses charges utiles différentes, offrant aux utilisateurs finaux des économies considérables et ouvrant la porte à des


USI N E missions impensables auparavant.

Une révolution technologique de l'aérospatial «C’est un moment décisif dans l’histoire de OneWeb et de l’industrie spatiale. Avec l'inauguration d'aujourd'hui, nous rapprochons un peu plus les personnes non connectées au profit des sociétés du monde entier», a déclaré Adrian Steckel, PDG de OneWeb. «Alors que nous nous préparons à plus de lancements de satellites à la fin de l'année, cette installation nous permettra de commencer à fournir une connectivité mondiale dans certaines zones dès l'an prochain et dans le monde en 2021», a-t-il précisé. OneWeb a pour mission de permettre l'accès Internet partout et pour tous et est en train de construire un réseau de communication avec une constellation de satellites en orbite terrestre basse qui offrira une connectivité à la population mondiale. Son réseau à haute vitesse et à faible temps de latence permet aux solutions qui reposent sur la connectivité mondiale, telles que l’aviation, la marine, l’automobile, les trains et bien plus encore, de proposer des solutions de mobilité révolutionnaires ( ? ). «OneWeb Satellites et ses partenaires transforment l'industrie des satellites et de l'espace. En produisant des satellites de haute qualité à un prix bien inférieur au coût et au calendrier des fabricants traditionnels, non seulement nous permettons à OneWeb de connecter la planète, mais nous rendons aussi l’espace beaucoup plus accessible à tous», a déclaré Tony Gingiss, PDG de OneWeb Satellites. L'usine peut produire 2 satellites par

jour L'usine de production de 9.800 m² dispose de deux lignes de production capables de produire deux satellites par jour, tout en augmentant considérablement la connectivité Internet et en rendant la technologie spatiale beaucoup plus accessible. Les capacités de production de l'installation prendront tout d'abord en charge la mise à l'échelle rapide du réseau OneWeb, en commençant par une constellation de 650 satellites et en passant à 1.980 satellites offrant une connectivité mondiale. Une économie spatiale de 1 billion de dollars «L'avenir pour libérer le potentiel humain inexploité réside dans le fait qu'il reste encore à paver l'espace», a déclaré le secrétaire au Commerce américain, Wilbur Ross. Et d'ajouter que «le secteur privé est un partenaire clé dans cet effort, car nous sommes sur la bonne voie pour réaliser une économie spatiale de 1 billion de dollars et alimenter une nouvelle révolution technologique en orbite». De son côté, AjitVaradarajPai, président de la Commission Fédérale des Communications (FCC-Federal Communications Commission), aux Etats-Unis a indiqué : «Depuis mon arrivée à la présidence de la FCC, ma priorité numéro 1 a été de réduire la fracture numérique et de faire profiter tous les Américains des avantages de l'ère numérique. La promotion de technologies innovantes sera essentielle à la réalisation de cette priorité. Les constellations de satellites ont la capacité de fournir des services à large bande en utilisant une nouvelle génération de technologies de satellites

en orbite terrestre basse. C'est pourquoi la FCC, sous ma direction, a approuvé la proposition de OneWeb et m'a fait le plaisir d'assister à l'inauguration des installations de production de OneWeb Satellite. À la FCC, nous poursuivrons notre travail pour rendre l’accès à Internet haute vitesse disponible dans tout le pays».

250 nouveaux emplois dans la Space Coast La nouvelle usine contribue également à revitaliser la SpaceCoast de la Floride avec 250 nouveaux emplois dans le secteur de la haute technologie et 3.000 emplois indirects dans la chaîne d'approvisionnement.«Aux États-Unis, Airbus fabrique des produits provenant de toutes ses divisions : avions commerciaux, hélicoptères et désormais satellites», a déclaré Jeffrey Knittel, président du Conseil d’administration d’Airbus Americas. «Nous prenons au sérieux nos partenariats dans les communautés où nous exerçons nos activités et nous sommes fiers de mettre notre expertise de la fabrication aérospatiale au service de la SpaceCoast avec 250 nouveaux emplois dans le secteur de la haute technologie en Floride. Nous sommes également ravis d'accueillir ces nouveaux employés dans l'équipe de satellites Airbus OneWeb aux États-Unis». La technologie et les installations de fabrication révolutionnaires de OneWeb Satellites représentent également une formidable opportunité pour les autres clients commerciaux et gouvernementaux, offrant aux utilisateurs finaux des économies considérables et ouvrant la porte à des missions impensables auparavant.

CHIFFRES CLÉS DE L'USINE ONEWEB SATELLITES • L'installation est capable de produire jusqu'à deux satellites par jour, ou un par ligne de montage. Les fabricants traditionnels mettent généralement plus d'un an pour construire un seul satellite. • L'installation peut produire un satellite pour environ 1/50 du coût d'un fabricant traditionnel. • Masse totale du vaisseau spatial - 150 kg • Masse de la charge utile - 60 kg • Propulsion électrique (Xenon HET) • La durée de vie nominale des satellites sera supérieure à 7 ans sur une orbite de 500 km et supérieure à 5 ans sur une orbite de 1.200 km. N°49 Août-Septembre 2019 21 INDUSTRIE DU MAROC


USI N E

AÉRONAUTIQUE

THYSSENKRUPP ÉTABLIT SON 1ER SITE AU MAROC AU PARC INDUSTRIEL OULED SALAH LA SOCIÉTÉ ALLEMANDE A INAUGURÉ, LE 4 JUILLET À CASABLANCA, UN SITE DE DISTRIBUTION ET DE TRANSFORMATION DE MATIÈRES PREMIÈRES QUI VA GÉNÉRER 3.000 TONNES PAR AN.

L

'une des forces de thyssenkrupp Aerospace, un des premiers fournisseurs mondiaux de matériaux, de solutions de chaîne d’approvisionnement et de services de traitement des métaux pour l’industrie aéronautique et spatiale, réside dans la proximité avec ses clients, offrant ainsi des solutions individuelles et fiables en matière de chaîne d'approvisionnement et de matériaux. «L’industrie aérospatiale a connu une croissance rapide au cours des dernières années. C’est pourquoi un approvisionnement fiable, ponctuel et de qualité durable grâce à une présence locale est très important pour nos clients. Notre nouveau centre de traitement des matériaux et de logistique à Casablanca répond précisément à ces besoins et garantit le juste à temps voulu à nos clients», explique Eric Cornilleau, DG de thyssenkrupp Aerospace France. La nouvelle usine, spécialisée dans la distribution et la transformation de matières premières, est implantée sur une superficie d’environ 3.500 m², comprenant un entrepôt, un hall de production et des bureaux dans la région d’Ouled Salah. Outre le stockage de matériaux tels 22 N° 49 Août-Septembre 2019 INDUSTRIE DU MAROC

que l'aluminium, l'acier et le cuivre sous diverses formes et alliages, le portefeuille de services de cette usine comprend également de nombreux services de traitement. Le site, équipé de machines ultra modernes, qui coupent le matériau exactement selon les spécifications du client et le livrent à son usine, offre plus de flexibilité avec la possibilité de livraison juste à temps, aux fréquences les plus adaptées, ainsi que des délais de livraison plus courts avec la capacité de servir en «ordre de fabrication» entre 48 heures et 72 heures à compter de son émission. Les premiers clients bénéficient déjà du nouvel entrepôt. Depuis de nombreuses années, ces partenaires font partie de la clientèle de thyssenkrupp Aerospace et étaient auparavant approvisionnés en France. «Grâce à notre proximité immédiate, nous avons considérablement raccourci les distances avec nos clients locaux, ce qui profite énormément à nos partenaires et permet de développer nos relations avec des volumes supplémentaires à fournir aux entreprises marocaines. Avec la livraison de notre première commande majeure d’aluminium traité, notre site de Casablanca est totalement

opérationnel», a précisé Cornilleau. De plus, à travers cette structure, l’entreprise permet désormais à ses clients de limiter les surfaces immobilisées pour le stockage des matières premières en leur offrant un service de proximité et de la matière première à quelques kilomètres de leurs sites, ce qui est idéal pour les urgences et les AOG (Aircraft On Ground). Patrick Marous, Président du groupe aérospatial Thyssenkrupp, s’est dit pour sa part fier de s’installer au Maroc et d’être aux côtés des clients du groupe implantés au parc industriel d’Ouled Salah. «Nous sommes le premier fournisseur de services installé ici pour gérer les matières premières», a-t-il relevé, précisant que ce nouveau site est destiné à approvisionner intégralement les clients locaux de thyssenkrupp Aerospace et de leur fournir les matériaux et services dont ils ont besoin Le directeur du site, Younes Mellah, a ajouté que l’inauguration ce nouveau centre de transformation des matériaux et de logistique de Casablanca, le premier au Maroc, qui va pouvoir générer un tonnage de 3.000 tonnes par an, vient accompagner l’essor de l’industrie aéronautique nationale.


USI N E

AUTOMOBILE RENAULT ET COSCHARIS S’ASSOCIENT POUR ASSEMBLER DES VÉHICULES LOGAN ET DUSTER AU NIGERIA LE GROUPE RENAULT ET COSCHARIS GROUP, SPÉCIALISTE DE L’ASSEMBLAGE ET DE LA DISTRIBUTION DE VÉHICULES, COOPÈRENT POUR LA PRODUCTION ET LA DISTRIBUTION AUTOMOBILE AU NIGERIA. Suite à la coopération du Groupe Renault et Coscharis Group, l’assemblage de véhicules Renault Logan et Renault Duster se déroulera dans l’usine de Coscharis à partir d’octobre 2019 et les marques Renault Kwid et Renault Oroch seront importées du Brésil. Ces quatre modèles seront distribués dans tout le Nigeria par l’intermédiaire du réseau commercial de Coscharis Motors. «Ce partenariat a pour objectif de présenter une autre initiative de notre grande organisation à travers l’une de nos filiales, Coscharis Motors, afin de créer de la valeur en

tant qu’acteur clé de l’industrie automobile au Nigeria», a fait savoir le Président Directeur Général de Coscharis Group, CosmasMaduka.«Coscharis Group est un acteur reconnu dans l’assemblage et la distribution de véhicules automobiles. Grâce à leur expertise et à nos produits adaptés aux besoins locaux, nous serons en mesure de répondre immédiatement à la demande de nos clients au Nigeria», a souligné le Directeur des opérations de la région Afrique-Moyen-Orient-Inde Pacifique du Groupe Renault, Fabrice Cambolive.

PSA LANCE LA RÉALISATION DE SON USINE DE MONTAGE EN ALGÉRIE LA RÉALISATION DE L’USINE DE MONTAGE DE VOITURES DU CONSTRUCTEUR FRANÇAIS PSA (PEUGEOT-CITROËN) A ÉTÉ LANCÉE, LE 21 JUILLET 2019, DANS LA WILAYA D’ORAN. «Le chantier de réalisation de la future usine Peugeot Citroën a été lancé sur un terrain de 120 hectares situé dans la zone industrielle de Tafraoui, à Oran. 80 ha sont destinés aux fournisseurs et 40 ha pour la pose des équipements propres à l’usine», a indiqué Jérôme Fournier, DG du projet PSA en Algérie. L’usine entrera dans sa phase de production au 1er semestre 2020 avec une capacité de 25.000 véhicules par an et un objectif de porter cette capacité à 75.000 unités 4 ans plus tard. D’importants moyens seront mis en place pour assurer une production de 10 véhicules par heure. L’usine de Tafraoui produira 3 modèles de véhicules et permettra la création de 1.000 postes d’emploi directs et 4.000 autres indirects. Le taux d’intégration sera de 15% dès la 3e année de production pour atteindre après 6 ans

un taux de 40%. Le vice-président de PSA de la zone Moyen-Orient et Afrique, Jean Christophe Quemard, a indiqué que le groupe qu’il représente est disponible à produire un grand nombre de modèles de véhicules après l'accord des autorités algériennes.

Renault-Algérie Production (RAP) s’est vu imposer un quota de 660 millions de dollars. Sovac (Volkswagen) a vu son quota plafonné à 600 millions $. Tahkout Manufacturing Company (Hyundai) a reçu un quota plafonné à 360 millions $, tandis que Gloviz (Kia) s’est vu imposer un quota de 300 millions $.

Contexte difficile Le lancement de l’usine algérienne de PSA intervient dans un contexte économique difficile en Algérie, marqué par la baisse des réserves de change, et le plafonnement des importations de kits CKD/SKD destinés aux usines de montage de véhicules. En mai 2019, le gouvernement avait imposé des quotas aux principales usines d’assemblage automobile, ainsi que des restrictions sur les modèles de véhicules à assembler dans les usines. N°49 Août-Septembre 2019 23 INDUSTRIE DU MAROC


USI N E

FERROVIAIRE ALSTOM MISE SUR LE CÂBLAGE POUR RENFORCER SA PRÉSENCE INDUSTRIELLE AU MAROC EN BOOSTANT SON USINE DE FÈS ALSTOM A PRÉSENTÉ SON PLAN STRATÉGIQUE 2019-2023, LE 8 JUILLET, À L’OCCASION DE L'«ALSTOM DAY». CETTE RENCONTRE A ÉTÉ ÉGALEMENT L’OCCASION D’ANNONCER SON INTENTION DE BOOSTER LE SITE D’ALSTOM CABLIANCE, PREMIER CÂBLEUR FERROVIAIRE INDUSTRIELLEMENT AUTONOME AU MAROC SITUÉ À FÈS.

A

l’occasion de l’événement «Alstom day», le Président d’Alstom en Moyen-Orient et Afrique, Didier Pfleger, a exposé la nouvelle stratégie du Groupe pour la période 2019-2013. Cette stratégie, qui porte le slogan «Alstom in Motion», bénéficie de sa propre identité visuelle et vise à faire d’Alstom un acteur innovant pour une mobilité durable et intelligente à l’horizon 2023, notamment sur le marché d’Afrique et du Moyen Orient dont la taille est estimée à 10 milliards d’euros. Avec l’engagement d’un réel partenaire et la signature de la convention de partenariat industriel stratégique en 2011, Alstom accompagne le Royaume dans ses plus importants projets de mobilité, de l’urbain aux grandes lignes et se veut un partenaire historique du développement de l’infrastructure ferroviaire marocaine depuis près d’un siècle, a rappelé le management du groupe Alstom. 24 N° 49 Août-Septembre 2019 INDUSTRIE DU MAROC

Le groupe se fixe ainsi comme objectifs de continuer à croître en renforçant le nombre de ses sites de production, d’innover dans des solutions de mobilité plus vertes et plus intelligentes et de répondre efficacement à la contrainte de livraison grâce à la puissance digitale, a précisé Didier Pfleger.

Doublement de la production d’Alstom Cabliance Pour sa part, le Président Directeur général d’Alstom Maroc, Nourddine Rhalmi, a indiqué qu’Alstom œuvre pour être un partenaire fiable du Maroc en accompagnant les projets emblématiques du Royaume tels que la ligne à grande vitesse (LGV) et les Tramways des villes de Rabat-Salé et de Casablanca, ainsi qu’à travers les travaux de maintenance des locomotives électriques de l’Office national des chemins de fer (ONCF) dans les villes de Tanger, Marrakech, Fès et Casablanca Cette stratégie consiste à poursuivre le

développement du ferroviaire et à miser sur le câblage, a-t-il estimé, relevant ainsi les efforts du Groupe visant à renforcer sa présence industrielle au Maroc, notamment à travers Alstom Cabliance, premier câbleur ferroviaire autonome industriellement au Maroc. Ce spécialiste de la fabrication des faisceaux et armoires électriques ferroviaires avait été acquis par Alstom en 2016 dans le but de générer une production dédiée au marché national et à l’export. Il livre des projets dans 20 pays dans le monde et compte aujourd’hui plus de 400 salariés dans son usine située à Fès. C’est cette unité de production de Fès qu’Alstom a décidé de booster en multipliant par 2 le nombre d’heures actuellement produites pour doubler ses capacités de production. Le site qui s’étend sur 12.000 m² pourra générer 580 emplois de plus, dont 330 directs, portant le nombre total des employés à 1.000 à l’horizon 2023.


LOGISTIQUE

PEINTURE COLORADO INAUGURE SA PLATEFORME LOGISTIQUE ET SON 10E SHOWROOM À KÉNITRA COLORADO, UN DES LEADERS MAROCAINS DE LA FABRICATION ET LA DISTRIBUTION DE PEINTURES BÂTIMENTS, CARROSSERIE AUTOMOBILE, PEINTURES INDUSTRIELLES, PEINTURES ÉCOLOGIQUES ET PEINTURES FONCTIONNELLES, A INAUGURÉ, LE 11 JUILLET À KÉNITRA, SA NOUVELLE PLATEFORME LOGISTIQUE ET SON 10E SHOWROOM.

L

a plateforme Logistique du Gharb de Colorado vient s’ajouter à la plateforme logistique de Casablanca, située à Dar Bouazza. Sise à Atlantic Free Zone Kénitra sur une superficie de 6.000 m², elle permettra désormais à l’entreprise de peinture d’avoir les moyens pour couvrir un périmètre plus large, grâce notamment au triplement de sa capacité de stockage. Le rayonnage moderne et le matériel de manutention de la nouvelle plateforme logistique du Gharb permettront également une meilleure préservation des produits et une meilleure gestion des flux. Autre atout de cette nouvelle plateforme logistique, une flotte adaptée qui va permettre à Colorado d’être encore plus réactive vis-à-vis des exigences de ses clients, sans compter la présence d’une équipe chevronnée avec un cadre de

travail moderne et convivial.

Un 10e showroom pour Colorado Colorado poursuit le développement de son réseau de showrooms sur le marché local. En plus de sa plateforme logistique, Colorado a inauguré son deuxième showroom de Kénitra après celui de Kénitra ville. Le showroom du Gharb, d’une superficie de 230 m², devient ainsi le 10e showroom de Colorado au Maroc. Outre les deux showroom de Kénitra, Colorado compte en effet trois showrooms à Casablanca, situés à Ain Sebaâ, au CIL et à Zerktouni, et un showroom pour chacune des villes de Meknès, Béni Mellal, Tanger, Oujda et Marrakech. Les différents showrooms de Colorado présentent une large gamme de peintures écologiques, décoratives et fonctionnelles.

La politique showroom de Colorado En moyenne, chaque année connait l'ouverture d'un nouveau showroom Colorado. Pour le spécialiste de la peinture, il s’agit d’un lieu d’exposition des produits accessibles aux clients finaux, architectes et promoteurs immobiliers qui y reçoivent conseil et aide dans le choix des peintures à appliquer. C’est également un lieu de stockage des produits décoratifs destinés à la vente aux clients en compte de la région, le but étant de garantir plus de rapidité dans la livraison des produits à ses clients. Une mise en relation avec les peintres applicateurs y est aussi possible grâce à la base de données des peintres formés par Colorado. Le showroom c’est également un lieu de formation des peintres. En effet, chaque centre de formation forme chaque semaine 5 à 6 peintres en moyenne. A noter que Colorado compte également une agence à Oujda, une à Agadir et une autre à Marrakech. Une politique de régionalisation a en effet été développée pour se rapprocher des clients afin de leur apporter une meilleure qualité de service : disponibilité des stocks, rapidité de livraison et service après-vente, formation des peintres au niveau des agences et showrooms, etc. N°49 Août-Septembre 2019 25 INDUSTRIE DU MAROC


26 N° 49 Août-Septembre 2019 INDUSTRIE DU MAROC


20 ANS D'I N DUSTRIALISATION

L'INDUSTRIE DU MAROC VIT AUJOURD’HUI UNE VÉRITABLE MÉTAMORPHOSE AYANT POUR ORIGINE LA VISION CLAIRVOYANTE ENGAGÉE PAR SA MAJESTÉ LE ROI MOHAMMED VI QUI, DEPUIS SON INTRONISATION EN 1999, NE LÉSINE NI SUR SON TEMPS NI SUR SES EFFORTS, POUR GUIDER LE ROYAUME VERS UNE ÉCONOMIE PÉRENNE ET UNE INDUSTRIE AU RAYONNEMENT INTERNATIONAL. CE CHALLENGE COLOSSAL S’EST TRADUIT AU FIL DES ANS PAR LE LANCEMENT DE CHANTIERS TITANESQUES DANS L’INDUSTRIE MAIS AUSSI DANS LES ÉNERGIES RENOUVELABLES, LES NOUVELLES TECHNOLOGIES... ET CE DANS LES DIFFÉRENTES RÉGIONS DU ROYAUME. DES PROJETS D'USINES SORTENT RÉGULIÈREMENT DE TERRE ET LES ENGINS SONT À PIED D’ŒUVRE POUR L’ÉDIFICATION DE PROJETS D'INFRASTRUCTURES DE GRANDE ENVERGURE APPUYANT LES DIFFÉRENTES STRATÉGIES SECTORIELLES QUI SE SONT SUCCÉDÉ. DEPUIS LE PLAN DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET SOCIAL, JUSQU'AU PLAN D'ACCÉLÉRATION INDUSTRIELLE, EN PASSANT PAS LE PLAN ÉMERGENCE, LE FIL D'ARIANE DE LA STRATÉGIE DU SOUVERAIN A CONSISTÉ À « ACCÉLÉRER, PAR ÉTAPES SUCCESSIVES, L’INTÉGRATION DU PAYS DANS LA MARCHE DE LA CIVILISATION INDUSTRIELLE, SCIENTIFIQUE ET TECHNOLOGIQUE CONTEMPORAINE ». LES NOUVEAUX MÉTIERS MONDIAUX DU MAROC EN SONT LA CONCRÉTISATION ET PERMETTENT AUJOURD'HUI AU ROYAUME DE SE POSITIONNER EN MODÈLE POUR LES PAYS ÉMERGENTS. RÉTROSPECTIVE DE 20 ANS DE RÈGNE AU SERVICE DE L'ESSOR DU MAROC ET DE SON INDUSTRIE.

N°49 Août-Septembre 2019 27 INDUSTRIE DU MAROC


20 ANS D'I N DUSTRIALISATION

D

ès 1999, lors de Son accession au trône Alaouite, Sa Majesté le Roi Mohammed VI caressait le rêve d'un Maroc moderne et dessinait l'esquisse d'un port qui le positionnerait comme un pays exportateur à l'échelon international. En effet, à cette époque, le Maroc faisait face à un ensemble de défis, aussi bien sur le plan intérieur, avec l’aggravation du chômage et la lente évolution du PIB, qu’extérieur avec la rapidité du progrès technologique et la compétitivité internationale accrue, ceci dans un contexte de mise en place de la zone de libre échange avec l’Union Européenne qui entrait en vigueur en mars 2000. Deux défis majeurs étaient donc à relever. Le premier consistaient en la modernisation du pays et en son insertion dans la civilisation du savoir et de l’information. Le deuxième se rapportait à la mise à niveau du tissu productif en vue de faire face à la concurrence étrangère, et cela aussi bien sur le marché intérieur qu’extérieur, et d’améliorer, durablement, la part du Maroc dans les échanges commerciaux internationaux.

LANCEMENT DES POLITIQUES SECTORIELLES DU PLAN DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET SOCIAL (2000–2004) Le Souverain a donc adressé, le 28 septembre 1999, une Lettre Royale au Premier Ministre de l'époque au sujet de la préparation d'un Plan Quinquennal pour la période 2000-2004. Ce nouveau modèle de développement devrait se traduire par l’instauration d’un projet de société susceptible de permettre l’insertion dans la civilisation industrielle et technologique contemporaine. Le Monarque a par ailleurs expressément affirmé que « les politiques sectorielles aideront à renforcer le développement économique et social, du fait qu’elles s’insèrent dans une stratégie globale de développement. Il s’agit notamment 28 N° 49 Août-Septembre 2019 INDUSTRIE DU MAROC

d’encourager les exportations et de les diversifier, de promouvoir le tourisme, de développer les pêches maritimes, d’améliorer la qualité et l’intégration de notre produit industriel et de rehausser son niveau. » Le plan de développement économique et social (2000 – 2004) est donc né un an plus tard, prévoyant la mise à niveau de l’économie marocaine, aussi bien en ce qui concerne le tissu productif que les ressources humaines, afin qu’elle puisse affronter, efficacement, la concurrence internationale, suivre le progrès technologique, et assurer les conditions du décollage économique et du développement durable du pays. L’objectif de ce plan était d’accélérer le rythme de croissance et de combler progressivement les déficits sociaux, et à cet effet, le Plan a retenu, au niveau global, un taux de croissance de 5%, en moyenne annuelle.

Lancement de la construction du port Tanger-Méditerranée Une première série de réformes économiques ont donc été initiées au Maroc suite à ce Plan, autour desquelles un certain nombre de stratégies sectorielles ont été mises en place, et des investissements considérables dans les infrastructures ont été initiés. Mais la botte secrète du Souverain pour favoriser l’insertion du Maroc dans le monde économique résidait en une infrastructure titanesque: le port TangerMéditerranée, sur la rive sud du Détroit de Gibraltar. Quatre ans plus tard, le 17 février 2003, à l'occasion du lancement des travaux de construction du port, le Souverain déclarait : « Aujourd’hui, Nous procédons au lancement d’un des plus grands projets économiques dans l’histoire de notre pays. Il s’agit du nouveau port Tanger-Méditerranée que Nous considérons comme le noyau d’un grand complexe portuaire, logistique, industriel, commercial et touristique. Le Maroc consolide ainsi son ancrage dans l’espace euro-méditerranéen et dans son environnement maghrébin et arabe. Il valorise sa vocation de pôle d’échanges entre l’Europe et l’Afrique, la Méditerranée et l’Atlantique, et renforce,

en même temps, son rôle central en tant que partenaire actif dans les échanges internationaux et bien intégré à l’économie mondiale ». « Au-delà des réalisations d’infrastructures portuaires, ferroviaires et autoroutières prévues, ce complexe offrira de grandes possibilités aux investissements étrangers et nationaux, grâce au régime particulier dont Nous avons tenu à faire bénéficier la zone spéciale Tanger-Méditerranée. Ces différents investissements qui se sont élevés à 20 milliards de dirhams, procureront à terme, à notre jeunesse, des dizaines de milliers d’emplois de qualité », a poursuivi le Souverain.

Le Fonds Hassan II, un levier fondamental du développement Le Monarque n'a pas manqué de rappeler à cette occasion l'importance de la création du « Fonds Hassan II, appelé à devenir un levier fondamental du développement économique et social, et un outil efficace pour assurer l’utilisation optimale des revenus de la privatisation, en les affectant au financement des grands projets productifs ». Le projet du port TangerMed n'aurait en effet pu voir le jour sans le financement important apporté par le Fonds Hassan II, qui a pris en charge 40% du coût de réalisation du port qui était de l’ordre de 5 milliards de dirhams. Une compétitivité demeurée insuffisante Mais durant la période 2000-2004, bien que le Royaume ait investi dans d'importants projets d'infrastructures, et mis en avant la formation le nouveau plan de développement, qui misait sur croissance économique tirée principalement par le secteur privé, notamment par la dynamisation des investissements et la promotion des exportations, a fait chou blanc. La situation est même allée en empirant puisque l’insuffisante compétitivité des produits marocains, face à la concurrence étrangère accrue, et la forte croissance des importations de biens de consommation, faisait craindre que des activités industrielles ne connaissent un désinvestissement


20 ANS D'I N DUSTRIALISATION

au profit du commerce, plus profitable, de biens importés, réduisant ainsi les opportunités de création d’emplois productifs, or c'était le principal objectif du Plan. Sans compter que l’écart de compétitivité risquait de se creuser davantage si une stratégie de mise à niveau de l'appareil productif marocain n’était pas clairement définie, une responsabilisation institutionnelle mieux délimitée et un ciblage des actions et des moyens de financement mieux adapté au tissu économique, constitué essentiellement de Petites et Moyennes Entreprises. Le rêve d'un Maroc qui se positionne comme plateforme régionale de production et d'exportation commençait à s'estomper.

LE PLAN ÉMERGENCE OU LA NAISSANCE DES MÉTIERS MONDIAUX DU MAROC Le cabinet d’étude McKinsey a donc été

dépêché pour plancher sur le sujet et poser les jalons d'un nouveau plan pour la mise à niveau du secteur industriel, sa modernisation et la consolidation de sa compétitivité. Établie sur la base d’un diagnostic scientifique précis, qui a permis d’identifier les points faibles et les points forts du tissu industriel marocain, la nouvelle stratégie a permis la concrétisation d’une vision claire à moyen et long termes sur les potentialités du tissu industriel marocain, les perspectives de sa croissance et de son développement.

Une route à suivre pour 10 ans Baptisée Plan “Émergence”, cette feuille de route à suivre pour 10 ans, dans l'objectif de faire de l’industrie l’un des secteurs clés de l’économie nationale, a été présentée au Souverain le 21 décembre 2005 par Driss Jettou, alors Premier ministre. Ce dernier avait assuré que la stratégie allait également permettre de repositionner le secteur industriel par rapport aux économies des pays concurrents, tout en renforçant ses chances de bénéficier

des opportunités qu’offraient les accords de libre-échange. Le premier ministre a également mis en exergue la complémentarité de cette stratégie volontariste et ciblée qui a été examinée au niveau gouvernemental et a fait l’objet d’une large concertation avec les professionnels des différentes branches industrielles. Une stratégie basée sur deux piliers. D’une part, le renforcement et la redynamisation du tissu industriel ainsi que l’accroissement des capacités concurrentielles; et de d’autre part, une politique volontariste orientée vers de nouveaux secteurs prometteurs pour lesquels le Maroc dispose d’avantages compétitifs. « Ces nouveaux secteurs constituent une force motrice de développement, de nature à augmenter les exportations qui pourraient jouer le rôle de levier de développement industriel », avait relevé le Premier ministre devant le Souverain. En outre, avait-il assuré, la nouvelle stratégie industrielle reposait sur des systèmes d’anticipation et d’évolution des économies régionale et internationale, et sur une politique volontariste N°49 Août-Septembre 2019 29 INDUSTRIE DU MAROC


20 ANS D'I N DUSTRIALISATION audacieuse pour accéder aux marchés mondiaux, attirer l’investissement étranger et commercialiser le produit national.

Lancement de zones franches pour les industries orientées export Conformément à cette stratégie, le tissu industriel national productif avait été réparti en des pôles qui connaissent une importante croissance, et d’autres exigeant un appui et un accompagnement, étant donné la rude concurrence internationale auxquels ils sont confrontés. En effet, le gouvernement allait entamer l’application d’un large programme pour accroître la compétitivité du tissu industriel, selon une approche sectorielle et dans le cadre d’une concertation avec les professionnels des secteurs concernés. Des zones franches seraient créées, qui seraient dédiées aux industries orientées vers l'export. Un ciblage volontariste de secteurs moteurs de croissance La notion de ciblage volontariste de secteurs-moteurs de la croissance économique future du Maroc est née. Sept secteurs orientés vers l'export, et considérés comme stratégiques et porteurs ont été ciblés : l'offshoring, l'industrie automobile, l'aéronautique, l'électronique, l'agroalimentaire, les produits de la mer et le textile. Qualifiés de Métiers Mondiaux du Maroc, ces sept moteurs de croissance, depuis appelés Métiers mondiaux du Maroc, devaient représenter 70% de la croissance industrielle du pays à partir de 2015, doper la croissance annuelle du PIB de 1,6%, soit 90 milliards de dirhams additionnels et créer 440.000 emplois. La mise en œuvre de cette stratégie a donné des résultats probants au niveau de l'offshoring mais trois années après son lancement, seul ce secteur avait connu une avancée significative en matière d'implantation de nouvelles unités et de création d'emplois avec 20.000 nouveaux emplois créés sur la période 2005-2008. Et en dépit des avancées réalisées, le secteur industriel était constitué de plus de 95% de petites et moyennes 30 N° 49 Août-Septembre 2019 INDUSTRIE DU MAROC

entreprises (PME) qui ne réalisaient que 10 à 20% e la production industrielle et dont seulement 5 à 10% participaient à des activités d'exportation. Le secteur a également subi une perte de compétitivité dont témoignaient une croissance plus lente des exportations et des pertes de parts de marché au niveau mondial. La croissance marocaine était donc très erratique et restait étroitement dépendante du secteur agricole. Ainsi, le taux de croissance réelle a enregistré en moyenne 3% sur la période 20032007 alors que les prévisions aspiraient à une croissance de 5%. Au lieu de cela, le Royaume enregistrait un des taux de croissance les plus faibles comparé à des économies similaires.

Encouragement de l'investissement industriel porteur d'une valeur ajoutée Face à cette situation, et afin de corriger les faiblesses de la première version du plan Émergence, le Souverain, lors de son Discours à l'occasion de la Fête du trône, avait déclaré, le 30 juillet 2008: « Nous appelons le gouvernement à adopter une nouvelle stratégie dédiée aux secteurs de l'industrie et des services et au développement des nouvelles technologies. Cette stratégie devrait être axée sur l'exploitation optimale des opportunités induites par la mondialisation en matière de flux d'investissements. Outre la consolidation de l'entreprise marocaine et l'encouragement de l'investissement industriel porteur d'une valeur ajoutée, cette stratégie devrait avoir pour vocation d'ouvrir la voie devant l'économie marocaine, pour qu'elle puisse investir de nouveaux créneaux industriels faisant appel à des technologies novatrices et disposant de marchés prometteurs pour écouler ses produits es services. Nous avons autant d'ambition que de détermination pour assurer l'insertion du Maroc, par ses entreprises et ses universités, dans l'économie mondiale du savoir ». L'appel du Monarque a été entendu, et le 13 février 2009, le Souverain présidait la cérémonie de signature du contrat-programme public-privé 2009-2015 relatif au Pacte national

pour l'émergence industrielle (PNEI). Cette nouvelle stratégie se voulait plus ambitieuse et visait la construction d'un secteur industriel fort et la création d'un cercle vertueux de croissance grâce à la mobilisation de l’État et des opérateurs économiques privés représentés par la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM) et le Groupement Professionnel des Banques du Maroc (GPBM). «Ce pacte est un travail de longue haleine qui vient après le Plan Émergence qui est une expérience concluante. Le Maroc subissait les conjonctures, aujourd’hui il change de posture. Ce contrat-programme fera en sorte que le secteur privé reste compétitif tout en veillant à avoir un tissu économique saint, sans informel, mais aussi pousser l’ensemble du secteur à rentrer dans la conformité», a noté Moulay Hafid Elalamy, alors président de la CGEM.

LE PACTE NATIONAL POUR L'ÉMERGENCE INDUSTRIELLE SIGNE LA NAISSANCE DES P2I En vue de renforcer la compétitivité du pays la nouvelle stratégie s'est basée sur un contrat-programme de 111 mesures engageant l’État et le secteur privé, articulées autour de 5 piliers, à savoir le développement des Métiers Mondiaux du Maroc et la mise en place de plateformes industrielles intégrées (P2I) avec 22 plateformes programmées sur plus de 2.000 hectares; l'amélioration de la compétitivité des PME grâce à un accès plus facile au crédit bancaire et la création de 4 cités dédiées à ces entreprises; l'adaptation de la formation aux besoins de l'industrie; l'amélioration du climat des affaires, et la promotion de l'offre Maroc avec la mise en place d’un outil d’exécution dédié à la promotion et au développement des investissements, qu’est l’Agence marocaine pour le développement des investissements (AMDI). Les objectifs du Pacte national pour l’émergence industrielle se sont focalisés essentiellement sur les Métiers


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mondiaux du Maroc (MMM), c’est-àdire les filières dont le Maroc présente des avantages compétitifs. Ces derniers se déclinaient en deux catégories : les métiers orientés Investissements directs étrangers (IDE) et les métiers traditionnels.

Les métiers orientés "Investissements directs étrangers" La première catégorie de métiers regroupait l’offshoring, l’automobile, l’aéronautique et l’électronique. Dans ce sens, ces métiers allaient bénéficier, dans le cadre de ce plan, de la création de 22 plates-formes industrielles intégrées (P2I) qui allaient être des sites d’accueil pour les investisseurs. Sur une superficie de plus de 2.000 hectares, ces P2I seraient dotées également de guichets uniques complets. Les métiers de l’offshoring, quant à

eux, se sont vu accorder des aides à l’installation et à la formation ainsi que des avantages fiscaux. Pour le secteur aéronautique, une convention a été signée pour la mise en place, la gestion et le développement de l'Institut des métiers de l'aéronautique de Casablanca.

Les métiers traditionnels Concernant la seconde catégorie des métiers mondiaux, elle était représentée par les métiers traditionnels, à savoir les secteurs du textile-cuir et de l’agroalimentaire. Pour le secteur du textile-cuir, l’Etat avait prévu un appui à la commercialisation au niveau international. Parallèlement, des zones logistiques dédiées allaient être créées et des réformes tarifaires seraient mises en place. L’agroalimentaire n’a pas été en reste, puisque l’Etat a encouragé

l’investissement dans les filières à forte valeur ajoutée (agrumes et huile d’olive par exemple), et a appuyé les meilleurs acteurs des produits de grande consommation (confiserie, biscuiterie entre autres). L’Etat a envisagé de favoriser également les projets intégrés dans les denrées de base comme le lait et la viande par exemple.

Objectif de création de 200.000 emplois La nouvelle stratégie s'est assigné comme objectifs, sur la période 20092015, la création de 220.000 nouveaux emplois, la hausse additionnelle de PIB de 50 milliards de dirhams, une génération de volume d'exportations supplémentaire de 95 milliards de dirhams et un investissement privé supplémentaire de 50 milliards de dirhams dans les activités industrielles. N°49 Août-Septembre 2019 31 INDUSTRIE DU MAROC


20 ANS D'I N DUSTRIALISATION 16,4 milliards de dirhams mobilisés Et pour exécuter ce pacte ambitieux, une enveloppe de 16,4 milliards de dirhams a été mobilisée par l’État et les banques Attijariwafa bank, BMCE Bank et la Banque Populaire, qui se sont engagées à mobiliser 4 milliards de dirhams consacrés à hauteur de 75% au financement des Métiers Mondiaux du Maroc. Ils ne sont alors plus que 6, les produits de la mer n'en faisant plus partie. L’État a en outre alloué un budget de 12,4 milliards de dirhams, dont 1 milliard via le Fonds Hassan II sur la période 2009-2005. Sur ce budget, le tiers a été affecté à la formation de ressources humaines et 24% à l'incitation à l'investissement.

LES ASSISES DE L'INDUSTRIE,

32 N° 49 Août-Septembre 2019 INDUSTRIE DU MAROC

ÉVÉNEMENT MAJEUR DU PNEI Un an après l'avènement du PNEI, le Pacte était déjà mis sur les rails et le 7 avril 2010 se tenait la première édition des rencontres de l'Industrie, sous la présidence effective du Souverain. Cette rencontre avait été initiée par le ministère de l'Industrie, en partenariat avec la CGEM et le GPBM afin de réunir toutes les parties prenantes du PNEI, des secteurs privé et public, afin de faire un bilan d'étape. A cette occasion, il a été procédé à la signature de conventions de partenariat entre le gouvernement et nombre d'opérateurs dans les domaines économique, industriel et financier concernant l'aménagement, le développement, la promotion, la commercialisation et la gestion de la

plateforme industrielle intégrée de Tétouan Shore, spécialisée dans le secteur de l'offshoring. Une convention-cadre a également consisté en la mise en place de plateformes de notation conventionnées entre l’État et les banques, dans le cadre du programme «Compétitivité des PME», et ce pour l'amélioration de l'appui et du financement des PME. Le Monarque a également répondu présent en présidant la deuxième édition de cet événement, qui s'est tenue le 5 mai 2011 et a connu la signature de 7 conventions de partenariat et de développement industriel entre le gouvernement et des opérateurs économiques. La première convention a concerné la mise en place de la plateforme industrielle intégrée de Nouaceur, spécialisée dans les secteurs aéronautique et spatial et la deuxième


20 ANS D'I N DUSTRIALISATION convention était relative à la mise en place de la plateforme industrielle intégrée de Tanger. Deux conventions ont été signées, portant sur la création de deux Fonds d'investissement publicprivé dédiés au financement des PME, dotés respectivement de 430 millions de dirhams et 400 millions de dirhams. Ces fonds avaient pour objet de réaliser, directement ou indirectement, toutes opérations liées à la prise et détention de participations minoritaires et majoritaires dans des PME marocaines. Quant à la cinquième convention, conclue entre les partenaires fondateurs du programme INMAA, elle a concerné la définition des conditions et des modalités de mise en œuvre de ce projet ainsi que les engagements des parties. La sixième convention était relative à la mise en place du programme de promotion de la santé et de la sécurité au travail (2011 - 2014). Elle portait sur l'opérationnalisation par l'Institut national des conditions de vie au travail du programme de promotion de la santé et la sécurité au travail, à travers notamment la sensibilisation et la mise à niveau des entreprises. Pour ce qui est de la septième convention, elle a porté sur la mise en place et la gestion de l'Institut de formation aux métiers de l'industrie automobile de Kénitra. Outre la signature de ces importantes conventions, Ahmed Reda Chami, alors ministre de l'Industrie, avait présenté devant Sa Majesté le Roi le bilan de la mise en œuvre des dispositions du PNEI : «Le Maroc a réussi à développer et à commercialiser une offre compétitive répondant aux besoins des investisseurs» pour ce qui concerne quatre métiers mondiaux : l'offshoring, l'automobile, l'aéronautique et l'électronique », s'était-il réjoui. Pour sa part, le patron des patrons, Mohamed Horani, évoquant la Vision 2020 du CGEM, indiquant que son ambition était de porter la contribution des entreprises industrielles à 550 milliards de dirhams du PIB à l'horizon 2020, contre 215 milliards en 2010. Son vœu n'allait pas tarder à se voir exhaussé.

LANCEMENT DE

LA PRODUCTION DU LODGY ET INTÉGRATION DE 3 NOUVEAUX MÉTIERS MONDIAUX DU MAROC Au mois de juillet 2011, 4 ans après la signature du protocole d’intention pour la création de l’usine RenaultNissan Tanger, celle-ci était livrée et accueillait le nouveau véhicule Lodgy qui commencera à être produit en janvier 2012 et sera révélé, le 9 février suivant, à l'occasion de l'inauguration de l'usine par le Souverain et en présence du PDG de la marque au losange, Carlos Ghosn. 5 ans plus tard, l'usine allait fêter son millionième véhicule. Les dés d'une industrie moderne, productive et compétitive au carrefour de la Méditerranée étaient enfin jetés.

Un bilan de mi-parcours positif Et quelques jours plus tard, le 30 février, la 3e édition des Assises de l'Industrie, qui s'est tenue sous le thème de l'«Émergence, une dynamique engagée», a été l'occasion de présenter devant Sa Majesté le bilan de miparcours, très positif, du PNEI. En 2012, l'industrie avait drainé près de 8 milliards de dirhams d'investissements directs étrangers (IDE), ce qui a positionné le secteur industriel au premier rang avec une contribution de 26%. A mi-parcours, le PNEI a permis d’enregistrer un PIB industriel qui a augmenté de 28,4 milliards de dirhams entre 2008 et 2011, soit 56,8 de l’objectif escompté. Plus de 100.000 emplois ont été créés dans les Métiers Mondiaux du Maroc entre 2009 et 2012, soit 45% de l'objectif. Les postes d'emploi au niveau de l’industrie automobile ont augmenté de 60% et ceux de l’aéronautique de 30%. Par ailleurs, tous les métiers mondiaux ont augmenté leur volume supplémentaire à l’export. En effet, les exportations du secteur automobile se sont accrues de plus de 125% sur la période 2009-2012. Le secteur aéronautique a affiché un volume des

exportations en hausse de 57%. Aussi, le secteur de l’électronique a affiché un volume à l’export en progression de 37,25%. Quant à l’agro-alimentaire, les exportations ont affiché une hausse de 15,5%. Pour sa part, le secteur textile et cuir a affiché un volume à l’export en augmentation de 23,7%. Autre constat positif : 200 hectares de foncier industriel équipés sont aménagés chaque année, contre 35 à 40 hectares avant la mise en œuvre du PNEI.

Naissance d'instituts de formation spécialisés En ce qui concerne la formation, plusieurs instituts spécialisés dans les Métiers Mondiaux du Maroc ont vu le jour à Casablanca et Tanger. L'IFMA pour l'automobile, Casa Moda pour le textile, l'ISMOTICA pour l'offshoring. A fin 2012, près de 110.000 personnes ont bénéficié de cycles de formation mis en œuvre dans le cadre du PNEI. Ainsi, si les objectifs globaux étaient respectés à mi-parcours, certains secteurs avaient moins performé et méritent un recadrage. Il s’agit essentiellement du textile et de l’agro-alimentaire. De même, le secteur électronique semblait souffrir de la mauvaise conjoncture mondiale. D’où, la décision d’intégrer de nouveaux métiers mondiaux pour redonner un souffle au PNEI ou Emergence II. Abdelkader Amara, alors ministre de l'Industrie, avait alors annoncé qu'il a été prévu la mise en œuvre de la stratégie du secteur chimique et para-chimique en vue de développer 15 filières sectorielles, ce qui devait contribuer à une augmentation du chiffre d'affaires du secteur qui devait passer de 50 milliards à 150 milliards de dirhams et à une contribution au PIB qui passerait de 16 à 47 milliards de dirhams. « Cet élargissement concernera également les secteurs des industries pharmaceutique, métallurgique, mécanique et électromécanique », avait précisé le ministre. Ainsi, l’industrie de la chimie et de la parachimie ainsi que l’industrie pharmaceutique ont vu la signature de leurs contratsprogrammes (2013-2023). De même, un mémorandum d’entente a été signé N°49 Août-Septembre 2019 33 INDUSTRIE DU MAROC


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entre l’Etat et les professionnels du secteur des industries métallurgiques et mécaniques. Le Maroc amorçait une ère nouvelle de son industrialisation.

Une feuille de route mobilisant tous les acteurs Au-delà de l’analyse quantitative du plan Emergence II, son plus grand mérite a été de donner à l’industrie marocaine une feuille de route, un plan stratégique qui mobilisait tous les acteurs et permettait d’avoir un outil de mesure des réalisations, présentées au Souverain et partagées publiquement lors du rendez-vous annuel des Assises de l'Industrie. Le Maroc comptait donc poursuivre la stratégie mise en place et attirer de nouveaux constructeurs et géants équipementiers. Mais malgré tous les efforts déployés par le PNEI, plusieurs contraintes 34 N° 49 Août-Septembre 2019 INDUSTRIE DU MAROC

continuaient de limiter la concrétisation de ses objectifs, notamment pour les secteurs où le Maroc s'est beaucoup investi, comme dans le cas de certaines exportations soumises à une concurrence intense comme les produits de textile ou des secteurs exposés à de fortes variations des prix comme les phosphates et dérivés, du secteur chimie-parachimie. Pour la mise en place de la stratégie industrielle, le Maroc a également fait face à de nombreuses difficultés en matière de création d'emploi et de réalisation d'une croissance soutenue. En ce qui concerne la création de nouveaux emplois industriels, leur faible taux de croissance a été induit essentiellement par le niveau de salaire journalier minimum classé parmi les plus élevés en Afrique. De ce fait, la compétitivité du coût salarial

et la productivité du travail, affectant négativement la composition des prix de revient des productions industrielles nécessitant le recours intense à la main d œuvre, a mis en peine les secteurs agro-alimentaire et textile et cuir.

AVÈNEMENT DU PAI 2004-2020, DE L'ÉMERGENCE À L'ACCÉLÉRATION Après l'émergence industrielle impulsée par le PNEI, le Plan d'accélération industrielle (PAI 2014-2020) est arrivé pour prendre la relève et booster littéralement le secteur productif marocain. Les performances du PNEII ont


MESSAGE DE VŒUX À L’OCCASION DE LA FÊTE DU TRÔNE A l’occasion de la Fête du Trône qui coïncide cette année avec la commémoration du 20ème anniversaire de l’accession de S.M. le Roi Mohammed VI au Trône de Ses glorieux ancêtres, le Président de la CCISCS, M.Yassir ADIL, a l’insigne honneur, en son nom personnel et au nom de tous les membres et du Personnel de la CCISCS, d’exprimer ses vœux les plus déférents de bonheur, de santé et de réussite et son attachement indéfectible à l’auguste personne de S.M. le Roi Mohammed VI, que Dieu l’assiste, en implorant le Très Haut de donner longue vie à Sa Majesté et de renouveler pareille occasion dans la quiétude et combler Sa Majesté en les personnes de S.A.R. le Prince Héritier Moulay El Hassan et Son Altesse Royale le Prince Moulay Rachid et à tous les membres de la Famille Royale.

N°49 Août-Septembre 2019 35 INDUSTRIE DU MAROC


20 ANS D'I N DUSTRIALISATION néanmoins permis de mieux positionner le Maroc sur les radars de la planète en tant que destination industrielle crédible et compétitive. Il s’agissait donc de consolider les fondements de l’édifice industriel en place, afin d’exploiter de manière optimale le potentiel industriel du pays qui se situe favorablement à la croisée de l'Europe, de l'Afrique, du Moyen-Orient et de l’Amérique.

Faire de l'industrie un moteur de croissance nationale et créer 500.000 emplois Tenant compte de l’ampleur des défis à relever et des insuffisances qui freinent la pleine expansion du secteur industriel marocain, le PAI, s’inscrivant dans la lignée du Plan Emergence II, vise à faire de l’industrie un levier majeur de croissance. La nouvelle stratégie industrielle a assigné au secteur de l'industrie les objectifs de création d’un demi-million d’emplois, pour moitié provenant des IDE et pour moitié du tissu industriel national rénové. Ainsi que l’accroissement de la part industrielle dans le PIB de 9 points, le faisant passer de 14% à 23% en 2020. Pour ce faire, la nouvelle stratégie a été déclinée en 10 mesures clés regroupées en 3 chantiers transversaux.. Réduire l’atomisation sectorielle Le premier consiste à réduire l’atomisation sectorielle et construire une industrie mieux intégrée. Ce chantier repose sur la mise en place d’écosystèmes industriels ayant vocation à créer une nouvelle dynamique et une nouvelle relation entre grands groupes et PME. Cette collaboration d’un nouveau genre entre les leaders industriels et les PME vise à faire de l’industrie un pourvoyeur d’emplois majeur, notamment pour les jeunes, et à l’inscrire dans un cercle vertueux. La logique d’écosystème préconisée par le PAI vise également à optimiser les retombées sociales et économiques de la commande publique via la compensation industrielle (offset). Ceci permettra de démultiplier l’investissement, de monter en valeur dans les filières et d’améliorer la balance des paiements en favorisant les achats 36 N° 49 Août-Septembre 2019 INDUSTRIE DU MAROC

de produits et de services auprès du tissu local. Dans le cadre de la mise en place de ces écosystèmes, il a été prévu de porter une attention particulière à l’accompagnement de l’informel vers le formel avec la mise en place d’un dispositif complet d’intégration de la très petite entreprise (TPE), comprenant la création du statut d’autoentrepreneur, un volet fiscal adapté, ainsi qu’une couverture sociale, un accompagnement et un financement dédiés.

Le soutien au tissu industriel Le deuxième chantier du PAI concerne le soutien au tissu industriel. L’amélioration de la compétitivité des PME est un enjeu crucial, pour la concrétisation duquel le PAI prévoit une série de mesures intégrées afin d’assurer un accompagnement adapté aux besoins des entreprises et de leur fournir un cadre favorable au développement de leurs activités. Sur le plan du financement, un fonds d’investissement industriel public (le Fonds de Développement Industriel – FDI), doté d’une enveloppe de 20 milliards de dirhams, a été prévu pour permettre au tissu industriel de se consolider, de se moderniser et de développer sa capacité de substitution aux produits importés. Parallèlement à l’accompagnement de l’Etat, l’appui du secteur bancaire se renouvelle avec le lancement de la nouvelle stratégie. Une offre de financement intégrée et compétitive est mise en place, en vertu d’une convention de partenariat conclue entre l’Etat et le secteur bancaire qui s'engage à accompagner les entreprises industrielles (taux compétitifs, soutien à la restructuration, accompagnement à l’internationalisation…) et à fournir la consultation et l'accompagnement nécessaires aux porteurs de projets. 1.000 hectares de foncier mobilisés En matière de préparation de foncier industriel, le PAI a prévu que 1.000 hectares soient mobilisés pour la mise en place de parcs industriels locatifs avec des locaux clé en main. Ces parcs industriels s’ajoutent à l’offre existante en zones industrielles et en plateformes industrielles intégrées (P2I), et intègrent

un guichet unique, un bassin d’emplois de proximité, des services ad hoc et un dispositif de formation. Une offre de formation adaptée aux besoins en compétences de l’industrie est également mise en place dans le cadre du PAI pour assurer une meilleure adéquation de cette offre aux besoins des entreprises. Des aides directes à la formation sont aussi allouées dans le cadre de la nouvelle stratégie.

Améliorer le positionnement du Maroc à l'international Enfin, le troisième volet porte vise à améliorer le positionnement du Maroc à l’international. S’agissant de sa situation sur les marchés extérieurs, les efforts d’accompagnement doivent être concentrés sur les secteurs à fort potentiel d’exportation pour améliorer la compétitivité de l’offre exportable du Royaume. Un suivi rapproché des Accords de Libre Echange (ALE) en cours de négociation a été également prévu, ainsi que la surveillance du respect précis des dispositions des ALE existants. Parallèlement,, la stratégie prévoit de promouvoir l’investissement étranger en instaurant une culture de deal-making pour ouvrir le Maroc aux opportunités de l’évolution du marché international, par exemple la délocalisation annoncée de 85 millions d’emplois chinois. A cet effet, une équipe dédiée est mise en place. Enfin, le PAI propose des mesures de concrétisation de la vocation africaine du Maroc, orientation donnée au plus haut niveau de l’Etat. Signature de 14 documents de mise en oeuvre du PAI Et pour lancer un tel chantier multisectoriel, pas moins de 14 documents ont été signés sous la présidence de Sa Majesté le Roi Mohammed VI à l’occasion du lancement du PAI. Le premier était relatif au financement du Plan d’accélération du développement industriel 2014-2020 et le deuxième au développement des écosystèmes et des filières Industrielles. Les autres documents ont porté respectivement sur l’Offset industriel, l’amélioration de la compétitivité des entreprises, l’intégration du secteur


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informel, l’accompagnement des très petites entreprises (TPE) ou encore la dynamisation des Chambres professionnelles pour un meilleur accompagnement des PME/TPE, l’amélioration du climat d’affaires et le renforcement de la vocation africaine du Maroc. Des documents ont également porté sur le renforcement des partenariats, l’internationalisation des entreprises, la promotion des exportations ainsi que sur l’appui aux projets d’investissement et à la formation dans le secteur de l’aéronautique. Un document relatif à l’appui à l’investissement industriel dans les industries Chimiques – Parachimiques et Pharmaceutiques et un autre concernant l’appui aux projets d’investissement dans l’amont du secteur textile et textile technique ont été signés de même qu'un document relatif au foncier industriel, et un dernier portant sur l’amélioration de la

compétitivité de l’Offshoring.

LES ÉCOSYSTÈMES, UN MÉCANISME PARTICULIÈREMENT EFFICACE Alors que dans les stratégies industrielles précédentes, le Maroc s'inscrivait dans le choix de secteurs industriels, à partir de 2014, quasiment touts les secteurs industriels étaient couverts. Le Royaume est donc passé d'une phase de ciblage à une phase de maturation puis à une phase de maturité avec le PAI. Et pour adresser l'ensemble de l'industrie, le mécanisme des écosystèmes industriels, dont le cœur est les PME, s'est montré particulièrement efficace. Puisque les PME sectorielles allaient être désormais tirées par les locomotives que sont les géants mondiaux, attirés par la

compétitivité du Maroc, son expertise, le savoir-faire de ses ressources humaines et les infrastructures mises en place, sans compter les avantages fiscaux dont ils bénéficient dans les différentes zones franches du Royaume.

Servir les PME à travers les locomotives industrielles Le succès du PAI repose sur ce principe même de la construction des écosystèmes qui consiste donc à servir la PME à travers les locomotives industrielles qui ont la force du marché international et national, et qui accompagnent les PME de leur secteur dans la formation, dans le processus industriel, dans la spécialisation... Et tout cela a été formalisé par cles contrats de performance qui ont été signés entre 2014 et 2017 et qui ont ensuite été matérialisés par des conventions d’investissement prévoyant des installations d'industriels qui N°49 Août-Septembre 2019 37 INDUSTRIE DU MAROC


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s'engagent, sous peine de sanctions, à réaliser le chiffre d'affaires prévu et à accompagner un certain nombre de PME.

l’élaboration d’une politique sectorielle couvrant entre autres, l’enseignement, l’administration, la justice, l’industrie, l’énergie et l’agriculture.

UNE MODERNISATION TOUS AZIMUTS

Généraliser le processus de dévelopement Ces diverses actions émanent de la volonté du Souverain de généraliser le processus de développement à travers l’ensemble du territoire national et de consolider la place du Royaume sur les scènes régionale et internationale. Dans ce cadre, le Souverain a donné Ses instructions pour l’adoption de la décentralisation et la mise en œuvre de la régionalisation qui devrait accompagner la gestion administrative sur la base du mérite et de l’efficacité, ainsi que la rupture avec les mentalités et les pratiques anciennes et la promotion

Le Maroc s'est donc transformé, depuis l'intronisation du Souverain, à travers les différentes stratégies sectorielles, et sous Son leadership, le cap a été maintenu, en tirant les leçons des échecs et des réussites des différentes stratégies, pour enfin parvenir à un modèle performant. Parallèlement, Sa Majesté le Roi a engagé d'importantes réformes de modernisation basées notamment sur la qualification des ressources humaines et 38 N° 49 Août-Septembre 2019 INDUSTRIE DU MAROC

de l’efficacité entre les secteurs publics et privés, le but étant d'instaurer une administration au service du citoyen et capable d'exceller sur les plans régional et international pour attirer davantage de capitaux et mettre en place des projets de développement.

SOUSS MASSA, UNE DÉCLINAISON RÉGIONALE DU PAI En outre, dans le cadre de la régionalisation avancée, le Souverain a présidé, le 28 janvier 2018, la cérémonie de présentation de la déclinaison régionale du PAI 20142020 dans la région de Souss-Massa. Le projet industriel du Souss-Massa,


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20 ANS D'I N DUSTRIALISATION qui a amorcé la déclinaison régionale de la stratégie industrielle nationale, s’inscrit dans la vision Royale qui prône, à travers le déploiement du processus de régionalisation avancée, un développement territorial équitable, équilibré, inclusif et adapté aux spécificités de chaque région. Il vise à faire de la Région un pôle économique capable de créer de l’emploi, de valoriser ses richesses, de soutenir ses secteurs productifs pour assurer une croissance inclusive, au service du citoyen.

Localiser les activités productives au plus près des citoyen Le ministre de l'Industrie, de l'Investissement, du Commerce et de l'Economie numérique, Moulay Hafid Elalamy, a souligné à ce titre, dans une allocution prononcée devant le Monarque, que «l’industrie adopte à son tour, conformément aux Hautes instructions Royales, une approche régionalisée, afin de localiser les activités productives au plus près des citoyens, de capitaliser sur le potentiel de toutes nos régions et d’accéder à un nouveau palier d’émergence». El Alamy a en outre précisé que «le projet industriel du Souss-Massa porte l’ambition de créer 24.000 nouveaux emplois à terme, en partenariat avec les fédérations professionnelles et dont les premiers seront générés par les projets signés aujourd’hui par des investisseurs privés», a souligné Elalamy. Pour ce faire, la démarche industrielle conçue pour le Souss-Massa entend conforter les secteurs industriels existants tout en développant de manière proactive et agissante de nouveaux créneaux. Et ce en respect total des normes environnementales et de la vocation touristique de la région. Un partenariat de l'Agriculture et de l'Industrie Dans le domaine de la production agroindustrielle, la région Souss-Massa sera érigée en plateforme de transformation de produits agricoles destinés tant au niveau national qu’à notre continent africain. Un partenariat renforcé entre les ministères de l’Agriculture et de 40 N° 49 Août-Septembre 2019 INDUSTRIE DU MAROC

l’Industrie a été mis en place au profit des opérateurs, à travers un programme conjoint d'accompagnement impliquant le Fonds de Développement Industriel et le Fonds de Développement Agricole, ainsi que la mise à disposition de l'agropole. L’infrastructure du secteur de la construction navale engagera au niveau national près de 5 milliards de dirhams d’investissement. Une composante Chantier Naval SoussMassa y est déjà intégrée. Le secteur de la chimie connaîtra quant à lui, un accompagnement spécifique, favorisant le développement des filières de la chimie organique et de la chimie verte. De nouveaux écosystèmes seront développés notamment, dans des secteurs émergents leviers d’accélération industrielle, tels que la sous-traitance automobile, l’offshoring, le cuir, les matériaux de construction et la plasturgie.

Cinq leviers complémentaires seront mis en place Pour appuyer cette ambition régionale et en plus de l'accompagnement du secteur bancaire, cinq leviers complémentaires seront mis en place : • Une Zone Franche Industrielle de 300 hectares, intégrée dans une zone urbaine. Elle donnera accès à un foncier industriel aux standards internationaux et à des prix compétitifs. Cette zone franche permettra de renforcer l’attractivité de la Région et d’y drainer des activités exportatrices et créatrices d’emplois. • L’implication de l’OFPPT pour la formation des ressources humaines pour accompagner les industriels dans la formation et la qualification de leurs salariés. • La réalisation d’un Technopark et d’une Cité de l’innovation. Ce Technopark sera destiné aux PME et aux Start-up du secteur des TIC et mettra à leur disposition des locaux prêts à l’emploi avec des services d’accompagnement. La Cité de l’innovation permettra de doter la Région d’une infrastructure d’accueil technologique, facilitant l’accompagnement des jeunes porteurs

de projets innovants. -500 millions de dirhams seront affectés des Fonds de Développement Industriel et Agricole, aux projets industriels de la Région. • Le secteur privé de la Région SoussMassa, consacrera 500 millions de dirhams pour investir dans ces projets industriels. Grâce à cette implication nouvelle de toutes les parties prenantes, les projets industriels qui seront développés dans la Région Souss-Massa, pourront être réalisés par les opérateurs avec un apport limité à 20% du montant de ces projets. En effet, 20 % seront portés par des Investisseurs privés de la Région, 20% supplémentaires proviendront de subventions des Fonds de Développement Industriel et de l'Agriculture et les 40% restants seront financés, à des conditions avantageuses, par le secteur bancaire. A cette occasion, Sa Majesté le Roi a présidé la cérémonie de signature de 8 conventions et d’un protocole d'accord permettant la mise en œuvre de la régionalisation du Plan d’accélération industrielle au niveau de la Région Souss-Massa, et la concrétisation de 11 investissements industriels dans la Région. Les différentes conventions ont porté sur la déclinaison au niveau de la région de Souss-Massa des écosystèmes automobile, cuir, naval, Chimie, Plasturgie, matériaux de construction et offshoring ; l’accompagnement des besoins en formation des ressources humaines de la stratégie de développement industriel de la région de Souss-Massa à horizon 2020 ; la mise en place d’une Cité de l’Innovation dans la région Souss-Massa, l’aménagement, le développement, la promotion, la commercialisation et la gestion de la zone franche SoussMassa.et la déclinaison de la stratégie de développement des industries agroalimentaires au niveau de la région de Souss-Massa. Des conventions ont également été signées, qui ont porté sur le financement du Programme de développement des Industries agroalimentaires ; sur la mise en place d’un Technopark dans la Région Souss Massa ; et sur l’accompagnement à


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la mise en place d’un Fonds Privé pour le développement de l’investissement dans la Région Souss-Massa. Protocole d'accord a été également conclu pour la réalisation de 11 investissements industriels dans les secteurs des matériaux de construction, de la Plasturgie, des industries papier et carton et de l’Offshoring La déclinaison régionale du PAI, initiée par le Souverain à travers la région Souss Massa n'a pas fait les choses à moitié. Son exemple devrait permettre aux régions, chacune selon ses spécificités, d’accueillir des activités productives et de créer des emplois et de la richesse au plus près des citoyens. Depuis la mise en place de cette nouvelle stratégie, les grandes réformes et les grands chantiers entamés par le pays ont commencé à donner d’excellents résultats, confortant l'avènement d'un modèle marocain fort, qui s'érige en exemple pour les pays en développement. Que ce soit au niveau

des secteurs automobile, aéronautique, ou électronique, les Métiers Mondiaux du Maroc affichent désormais de belles performances. tant au niveau des exportations qu’en termes d’attractivité des investissements. Le défi lancé par le Souverain l'année de son intronisation, il y a maintenant 20 ans, aura nécessité du souffle mais est en phase d'être remporté, et cela avec brio.

LE MAROC, ACTEUR INCONTOURNABLE EN AFRIQUE ET DANS LE POURTOUR EUROMÉDITERRANÉEN. Le bond des exportations ainsi que l’implantation continue dans le Royaume de géants de l’automobile, de l’aéronautique et bien d’autres secteurs confirment, de jour en jour,

la pertinence de cette stratégie et consacrent la position du Maroc en tant qu’acteur incontournable en Afrique et dans le pourtour euro-méditerranéen. Entre 2007 et 2018, les exportations du secteur de l’automobile sont passées de 14,7 milliards de dirhams à quelque 64,4 milliards de dirhams, soit une variation moyenne annuelle de 14,5 % et doublant ainsi sa part dans le total des exportations. Le secteur de l’aéronautique, lui, a exporté pour environ 14 milliards de dirhams l’année dernière contre 3,1 milliards en 2007 (+14,7 % en variation moyenne sur la même période).Les exportations de l’électronique ont totalisé, quant à elles, 9,8 milliards de dirhams l’année dernière en progression annuelle de 2,6% entre 2007 et 2018. Des performances spectaculaires qui devront se renforcer davantage avec la mise en œuvre des écosystèmes engagés dans le cadre du Plan d’accélération industrielle (PAI) et avec N°49 Août-Septembre 2019 41 INDUSTRIE DU MAROC


20 ANS D'I N DUSTRIALISATION l’installation de nouvelles unités de production de grandes multinationales. L'offre Maroc a gagné en crédibilité et en savoir-faire et de nouveaux écosystèmes sont régulièrement créés, le dernier en date étant celui de Bosch pour le secteur électroménager.

UN BEL AVENIR SE PROFILE À L'HORIZON DE L’INDUSTRIE AUTOMOBILE L’inauguration récente par le Souverain de l’usine PSA à Kénitra atteste de cette attractivité du Royaume en tant que plateforme mondiale de production et d’exportation et augure ainsi d’un bel avenir pour l’industrie automobile, premier secteur exportateur. C’est une réalisation qui permettra, par conséquent, de positionner le Maroc comme une véritable destination pour la construction automobile tant pour les constructeurs que pour les équipementiers à travers le monde. Pour ne citer que les implantations les plus récentes, le Maroc a réussi également à attirer plusieurs investisseurs chinois, notamment le groupe Citic Dicastal, leader mondial spécialisé dans le moulage d’aluminium et dans la production de pièces automobiles en aluminium, qet qui a inauguré recemment à Kénitra, sa première usine au Maroc pour la production de jantes en aluminium d’un investissement global de 350 millions d’euros. Sur les pas de Citic Dicastal, un autre groupe chinois, Nexteer Automotive, équipementier mondial spécialisé dans la fabrication de systèmes de direction et de transmission automobile, a donné lui aussi le coup d’envoi à Kénitra de son premier site de production en Afrique, pour un investissement de plus de 35 millions de dollars. Cette affluence d’investisseurs, encouragés par les facilités et les mesures d’incitation positives, vient aussi tirer parti de l’expertise de la main d’œuvre marocaine mais aussi de la formation professionnelle dispensée dans le

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domaine automobile et mécanique, mais aussi des infrastructures attractives et compétitives. L’aéronautique est l’autre secteur stratégique qui compte quelque 140 entreprises, avec la présence de leaders mondiaux à l’instar de Boeing, Airbus, Bombardier ou encore Hexcel. Le secteur connaît ces derniers temps une dynamique remarquable qui se renforce avec l’arrivée de nouveaux opérateurs et la conclusion de nouveaux partenariats. Récemment et en marge du Salon International de l’Aéronautique et de l’Espace du Bourget, le groupe français AD Industries a annoncé sa décision de doubler la capacité de son site de fabrication de pièces moteur dans la zone franche Midparc de Casablanca dédiée à l’aéronautique. Une annonce qui renforce davantage la notoriété du secteur aéronautique marocain qui continue de s’enrichir, à la faveur notamment de l’engagement des autorités à garantir les conditions propices à son développement notamment en termes d’infrastructures et de formation. A cette fin, un mémorandum d’entente relatif à la gouvernance de l’Institut spécialisé dans les métiers de l’aéronautique et de la logistique aéroportuaire (ISMALA) et à la formation en Maintenance et réparation aéronautique (MRO) a été signé, dernièrement, entre l’État et le Groupement des industries marocaines aéronautiques et spatiales (GIMAS) et prévoit l’établissement d’un partenariat entre l’Office de la formation et de la promotion du travail (OFPPT) et le GIMAS par la création d’une société commune dédiée à la gestion de l’lnstitut. Le Maroc s’avère ainsi déterminé à aller de l’avant dans sa politique et de son Plan d’accélération industrielle, en faisant face aux différents défis liés notamment à l’attractivité et la compétitivité du pays. «Le Maroc fait désormais figure de laboratoire d’une trajectoire de développement intéressante à analyser, notamment de par son positionnement euro-africain et son ambition de devenir le “hub” économique en direction du continent», écrit la Fondation qui axe son analyse sur la transformation structurelle

de l’économie marocaine au cours des vingt dernières années », a noté la Fondation Jean-Jaurès dans une analyse sur l’évolution de l’économie marocaine. Par ailleurs, la Fondation relève que conformément au PAI, le Royaume présente une économie renouvelée et s’insère dans un marché à forte valeur ajoutée, facilitée par la création de zones économiques spéciales (ZES) ou par des parcs attractifs offrant des services adaptés aux entreprises comme Casanearshore. Et d’ajouter que «c’est en devenant une nouvelle puissance exportatrice industrielle que le Maroc a pu accroître considérablement ses importations». A noter qu'en termes d'emploi, le PAI, à un an de son échéance, est en bonne voie pour atteindre son objectif. « La dynamique de création d’emplois s’intensifie, en effet, depuis le lancement, en 2014, du PAI. Le secteur a créé 405.496 nouveaux emplois entre 2014 et 2018 et réalise ainsi près de 81% de l’objectif fixé par la stratégie industrielle", a souligné Moulay Hafid Elalamy en avril dernier.

UN BOND QUALITATIF EN INFRASTRUCTURES ET EN RÉFORMES, UN SUCCÈS RELATIF On pourrait donc se féliciter du chemin parcouru et penser que l'avenir de l'industrie marocaine est au beau fixe mais, loin de se reposer sur ses lauriers, le Souverain a tenu à relativiser le succès de la stratégie de développement du Royaume. Dans un Discours adressé à la Nation à l’occasion de la Fête du Trône, Sa Majesté le Roi a déclaré : « Nous avons accompli un bond qualitatif en matière d’infrastructures : autoroutes, train à grande vitesse, grands ports, énergies renouvelables, réhabilitations urbaines.... Néanmoins, Nous savons que les infrastructures et les réformes institutionnelles, si importantes soientelles, ne sont pas suffisantes. Le devoir de clarté et d’objectivité impose de nuancer ce bilan positif dans la mesure


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où les progrès et les réalisations, d’ores et déjà accomplis, n’ont malheureusement pas encore eu des répercussions suffisantes sur l’ensemble de la société marocaine ». Il a à ce titre appelé à une étape nouvelle dont les maîtres mots sont “Responsabilité” et “Essor”. Précisant que « cette étape nouvelle est d’autant plus prometteuse que le Maroc recèle bien des énergies et des potentialités qui lui permettent de créer des conditions favorables d’impulsion et de développement. Nous disposons assurément d’atouts indispensables. Notre ultime souhait est que le Maroc accède au club des nations avancées ». Le Monarque a à ce titre précisé que « plutôt que de s’inscrire dans une logique de rupture avec le passé, il s’agit de poser un nouveau jalon dans notre

processus de développement. Il importe avant toute chose de faire preuve d’audace, d’esprit d’initiative, d’un sens élevé des responsabilités, lors de la mise en œuvre des conclusions judicieuses et des recommandations pertinentes qui seront adoptées, seraient-elles difficiles ou coûteuses ».

UNE NOUVELLE ÉTAPE DE DÉVELOPPEMENT ET DES PROJETS À VENIR DONT LES MAÎTRES MOTS SONT “RESPONSABILITÉ” ET “ESSOR”

Le Souverain a par ailleurs précisé que le Maroc abordera ces prochaines années une nouvelle étape de son développement qui sera marquée par le lancement d’une nouvelle génération de projets. Et pour réussir cette transition, le Maroc a besoin de nouvelles compétences aux différents postes et niveaux de responsabilité. « Du sang neuf doit, donc, être apporté au sein des institutions et des instances politiques, économiques et administratives, y compris le gouvernement», a annoncé le Souverain. Ce message fort qui décrit la volonté royale d’entamer cette nouvelle étape avec des compétences marocaines et des mentalités nouvelles capables de relever le défi et de réussir la transition du Maroc vers son « essor ». N°49 Août-Septembre 2019 43 INDUSTRIE DU MAROC


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TEXTE INTÉGRAL

DISCOURS DE SM LE ROI MOHAMMED VI À L’OCCASION DU 20E ANNIVERSAIRE DE SON ACCESSION AU TRÔNE S.M. LE ROI MOHAMMED VI A ADRESSÉ, LE 29 JUILLET, UN DISCOURS À LA NATION À L’OCCASION DU 20ÈME ANNIVERSAIRE DE L’ACCESSION DU SOUVERAIN AU TRÔNE.

“Louange à Dieu, Prière et salut sur le Prophète, Sa famille et Ses compagnons.

Dieu est témoin de la persévérance avec laquelle J’ai défendu tes intérêts supérieurs et tes Causes justes.

Cher peuple, Vingt ans se sont écoulés depuis que M’est échue la charge de présider à ta destinée. La mission est à l’aune de la responsabilité qu’elle soustend, immense.

Il est également témoin de la préoccupation absolue qui a toujours été la Mienne : te servir en veillant à ce que tous les Marocains, où qu’ils se trouvent, jouissent équitablement et librement de conditions de vie dignes.

Devant toi et devant Dieu toutpuissant, J’ai fait le serment de l’accomplir avec un dévouement sincère.

Nous rendons grâce au Seigneur pour les bienfaits qu’Il nous a si généreusement prodigués, en cimentant, dans l’unité et la

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symbiose, le pacte d’allégeance mutuelle qui lie le Trône au peuple, en tissant entre toi et Moi des liens d’affection et de fidélité que le temps raffermit et fortifie. Nous chantons Ses louanges pour l’unanimité nationale qui rassemble tous les Marocains autour des constantes et des symboles sacrés de la Nation, autour des choix majeurs du pays : • Au premier rang : la Monarchie patriotique et citoyenne qui se veut proche des citoyens, en faisant


20 ANS D'I N DUSTRIALISATION siennes leurs préoccupations et leurs aspirations et en s’efforçant de les satisfaire. • En deuxième lieu : la poursuite résolue de l’œuvre de consolidation démocratique et de quête du développement. • Troisièmement : les réformes profondes engagées, les réconciliations menées à bonne fin et les projets d’envergure réalisés. Grâce à la conjonction de ces choix essentiels, Dieu soit loué, Nous poursuivons l’édification du Maroc moderne, en nous employant à aplanir les difficultés rencontrées en chemin. Nous remercions également le TrèsHaut d’avoir couronné de succès les initiatives et les actions que Nous avons entreprises au service de Notre peuple et de Notre patrie. Certes, il ne nous a pas toujours été donné de réaliser tout ce à quoi nous aspirons. Mais, aujourd’hui, Nous sommes plus déterminés à maintenir le cap, en capitalisant les acquis obtenus, en parachevant la dynamique de réformes en cours, en corrigeant les dysfonctionnements observés sur le terrain. Cher peuple, Nous avons accompli un bond qualitatif en matière d’infrastructures : autoroutes, train à grande vitesse, grands ports, énergies renouvelables, réhabilitations urbaines. Nous avons également franchi des étapes importantes dans le renforcement et la consolidation des droits et des libertés, pour un ancrage solide et sain de la pratique démocratique. Néanmoins, Nous savons que les infrastructures et les réformes institutionnelles, si importantes

soient-elles, ne sont pas suffisantes. Le devoir de clarté et d’objectivité impose de nuancer ce bilan positif dans la mesure où les progrès et les réalisations, d’ores et déjà accomplis, n’ont malheureusement pas encore eu des répercussions suffisantes sur l’ensemble de la société marocaine. Certains citoyens perçoivent sans doute mal les retombées de ces réalisations sur leurs conditions de vie, notamment en termes de satisfaction de leurs besoins quotidiens et singulièrement en ce qui concerne la fourniture de services sociaux de base, la réduction des inégalités sociales, le renforcement de la classe moyenne.

NOUS AVONS DÉCIDÉ DE METTRE EN PLACE LA COMMISSION SPÉCIALE CHARGÉE DU MODÈLE DE DÉVELOPPEMENT. NOUS PROCÉDERONS À SON INSTALLATION À LA RENTRÉE PROCHAINE. Dieu sait à quel point Je suis peiné de voir que des citoyens marocains, ne représenteraient-ils que 1% de la population, continuent à vivre dans la précarité et le dénuement matériel. C’est pourquoi Nous avons attaché une importance particulière aux programmes de développement humain, à la promotion des politiques sociales pour parvenir in fine à la satisfaction des attentes pressantes des Marocains. Comme Je l’ai souligné dans le Discours de l’année dernière, Je n’aurai de répit que lorsque tous les obstacles auront été éliminés, que des solutions appropriées auront été apportées aux problèmes de

développement et aux questions sociales. Cet objectif suppose une vision globale et des projets menées à bonne fin grâce à des ressources qualifiées et des conditions favorables. Cher peuple, Les dernières années ont révélé l’incapacité de notre modèle de développement à satisfaire les besoins croissants d’une partie de nos citoyens, à réduire les inégalités sociales et les disparités spatiales. C’est la raison pour laquelle Nous avons appelé à sa réévaluation et à sa réactualisation. En fait, J’émets des réserves sur la pertinence de la création de commissions spéciales, car certains trouvent dans ce procédé le meilleur moyen d’enterrer des dossiers et de passer sous silence les problèmes qui s’y rattachent. Néanmoins, Nous avons pris l’initiative d’en créer certaines auxquelles Nous avons confié la mission d’examiner des questions d’intérêt national comme la Régionalisation et la Constitution, le Code de la famille, les affaires liées à l’Instance Equité et Réconciliation. Notre suivi personnel de leurs travaux a permis d’atteindre des résultats concluants et positifs. A cet égard, Nous avons décidé de mettre en place la commission spéciale chargée du modèle de développement. Nous procéderons à son installation à la rentrée prochaine. Nous avons veillé à ce que cette commission, par sa composition, regroupe différentes disciplines académiques et diverses sensibilités intellectuelles, en y faisant siéger des compétences nationales issues du public et du privé. Outre de l’expérience et une exigence

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20 ANS D'I N DUSTRIALISATION d’impartialité, ces profils doivent être suffisamment outillés pour comprendre les dynamiques à l’œuvre au sein de la société et aller au-devant de ses attentes, sans jamais perdre de vue l’intérêt supérieur de la Nation. A ce propos, Je tiens à souligner que cette commission ne tiendra lieu ni de second gouvernement, ni d’institution officielle parallèle. Elle jouera le rôle d’organe consultatif investi d’une mission limitée dans le temps. Au cours de ses travaux, elle devra prendre en considération les grandes orientations des réformes engagées ou en passe de l’être, dans des secteurs comme l’enseignement, la santé, l’agriculture, l’investissement, le système fiscal. Ses propositions devront viser leur perfectionnement et l’accroissement de leur efficacité. Nous attendons de cette commission qu’elle remplisse son mandat avec impartialité et objectivité en portant à Notre connaissance un constat exact de l’état des lieux, aussi douloureux et pénible puisse-t-il être. Elle devra aussi être dotée de l’audace et du génie nécessaires pour proposer des solutions adaptées. Plutôt que de s’inscrire dans une logique de rupture avec le passé, il s’agit de poser un nouveau jalon dans notre processus de développement.

pour assurer une meilleure gestion des affaires publiques et pour répondre efficacement aux préoccupations des citoyens. L’accent doit notamment être mis sur l’amélioration des prestations sociales de base et le rehaussement de la performance des services publics. En outre, Nous invitons le gouvernement à commencer la préparation d’une nouvelle génération de grands plans sectoriels, cohérents et harmonieux, susceptibles de servir de pilier au modèle de développement dans sa nouvelle version.

NOUS INVITONS LE GOUVERNEMENT À COMMENCER LA PRÉPARATION D’UNE NOUVELLE GÉNÉRATION DE GRANDS PLANS SECTORIELS, COHÉRENTS ET HARMONIEUX, SUSCEPTIBLES DE SERVIR DE PILIER AU MODÈLE DE DÉVELOPPEMENT DANS SA NOUVELLE VERSION. Cher peuple,

Il importe avant toute chose de faire preuve d’audace, d’esprit d’initiative, d’un sens élevé des responsabilités, lors de la mise en œuvre des conclusions judicieuses et des recommandations pertinentes qui seront adoptées, seraient-elles difficiles ou coûteuses.

La rénovation du modèle de développement national n’est pas une fin en soi ; elle est le préalable à l’émergence d’une étape nouvelle dans laquelle Nous souhaitons, avec l’aide de Dieu, engager le Maroc.

Je reviendrai sur le sujet dans un futur proche.

Une étape nouvelle dont les maîtres mots sont “Responsabilité” et “Essor”.

En parallèle, le travail doit se poursuivre avec un sens accru de l’engagement et des responsabilités,

Cette étape nouvelle est d’autant plus prometteuse que le Maroc recèle bien des énergies et des

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potentialités qui lui permettent de créer des conditions favorables d’impulsion et de développement. Nous disposons assurément d’atouts indispensables. Notre ultime souhait est que le Maroc accède au club des nations avancées. Par ailleurs, la nouvelle étape que nous nous préparons à franchir abonde en en enjeux et en défis, internes et externes, qu’il convient de remporter : • Premièrement : l’enjeu de consolidation de la confiance et des acquis : confiance entre les citoyens, confiance dans les institutions nationales qui les rassemblent, confiance et foi dans un avenir meilleur. C’est la clé de la réussite et la condition sine qua non pour que se concrétise notre ambition collective. • Deuxièmement : le défi de l’ouverture et le refus du repli sur soi, particulièrement dans des domaines liés aux expériences et aux expertises internationales. L’ouverture est d’autant plus fondamentale pour le développement économique qu’elle offre aux entreprises et aux opérateurs marocains nombre d’opportunités de rehausser leur compétitivité. Elle est porteuse d’un véritable potentiel pour drainer des investissements, des connaissances et du savoir-faire de l’étranger. Elle constitue un levier pour améliorer la qualité des services et le rendement des organisations, pour rehausser le niveau des formations dispensées, et pour créer in fine plus d’emplois. Certes, l’État, le secteur public, les organisations professionnelles nationales ont déployé de grands efforts pour remplir leurs missions et améliorer la qualité de leur travail. Mais, certaines filières et professions libérales ont besoin aujourd’hui


20 ANS D'I N DUSTRIALISATION de s’ouvrir aux expertises et compétences mondiales, au secteur privé, national et étranger. Par ailleurs, de nombreuses institutions et sociétés internationales ont exprimé le souhait d’investir et de s’installer au Maroc. Véritable motif de satisfaction, cet engouement pour notre pays témoigne de la confiance qui lui est reconnue. Mais les freins imposés par certaines législations nationales, la frilosité et l’indécision prépondérantes chez certains responsables cantonnent parfois le Maroc et le placent dans une posture négative d’enfermement et de réserve. Ceux qui s’opposent à l’ouverture de certains secteurs -sans vouloir dire lesquels- sous prétexte que cela induirait des pertes d’emplois, ne se soucient guère des Marocains et cherchent avant tout à préserver leurs propres intérêts. A l’inverse de cette logique, l’investissement étranger dans ces secteurs est susceptible de consolider les efforts de l’État en termes de création de nouveaux emplois ; il peut favoriser une formation de qualité et attirer les savoir-faire, les expériences réussies. • Troisièmement : le défi de l’accélération économique et de l’efficacité institutionnelle. L’enjeu est ainsi de rebâtir une économie forte et compétitive, en encourageant l’initiative privée, en lançant de nouveaux programmes d’investissement productif et en créant de nouvelles opportunités d’emploi. Dans la même perspective, il convient de renforcer l’efficacité des institutions et de faire évoluer les mentalités des responsables. En effet, le secteur public doit, sans tarder, opérer un triple sursaut en

termes de simplification, d’efficacité

DE NOMBREUSES INSTITUTIONS ET SOCIÉTÉS INTERNATIONALES ONT EXPRIMÉ LE SOUHAIT D’INVESTIR ET DE S’INSTALLER AU MAROC. VÉRITABLE MOTIF DE SATISFACTION, CET ENGOUEMENT POUR NOTRE PAYS TÉMOIGNE DE LA CONFIANCE QUI LUI EST RECONNUE. et de moralisation. D’ailleurs, J’ai d’ores et déjà appelé à la nécessité de moderniser les méthodes de travail, de faire preuve d’ardeur créative et d’innovation dans la gestion de la chose publique. • Quatrièmement : le défi de la justice sociale et spatiale pour parachever l’édification d’un Maroc, porteur d’espoir et d’égalité pour tous. Un Maroc où s’estompent les disparités criantes et les comportements générateurs de frustration, où disparaissent les formes de rente existantes et les situations induisant des déperditions de temps et d’énergie. Il faut, donc, en finir avec les agissements et les aspects négatifs, en faisant triompher les valeurs de travail, d’engagement responsable, de mérite, d’égalité des chances. Cher peuple, La réussite de cette nouvelle étape passe par l’implication

des institutions et des instances nationales concernées, par un ferme engagement qui donnera un élan nouveau à la dynamique de développement socio-économique dans notre pays. Elle exige également que tous se mobilisent afin que le principe selon lequel “les intérêts de la Nation et des citoyens doivent passer avant tout”, ne soit plus une formule mais qu’il retrouve toute sa substance. Outre le rôle primordial des différentes institutions nationales, J’insiste sur la nécessaire implication du citoyen marocain en tant qu’acteur principal dans l’aboutissement de cette nouvelle étape. Aussi, J’invite tous les Marocains à apporter leur pierre à l’édifice, mus par un esprit de citoyenneté agissante car les résultats auxquels Nous aspirons, les projets et les initiatives que Nous entreprenons, visent un seul objectif : améliorer les conditions de vie de tous les citoyens. Par la volonté de Dieu, cette nouvelle étape sera marquée par le lancement d’une nouvelle génération de projets. Elle nécessite par conséquent de nouvelles compétences aux différents postes et niveaux de responsabilité. Du sang neuf doit, donc, être apporté au sein des institutions et des instances politiques, économiques et administratives, y compris le gouvernement. A cette fin, à l’horizon de la rentrée prochaine, Nous chargeons le chef du gouvernement de soumettre à Notre Appréciation, des propositions visant à renouveler et enrichir les postes de responsabilité, tant au sein du gouvernement que dans l’Administration, en les pourvoyant de profils de haut niveau, choisis selon les critères de compétence et de mérite. Cela ne signifie évidemment pas que

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20 ANS D'I N DUSTRIALISATION le gouvernement et les structures publiques ne comptent pas de compétences en leur sein. Mais, Nous souhaitons mettre à contribution des profils dotés d’une nouvelle mentalité, à même de hisser l’action à des niveaux supérieurs, pour réunir les conditions de réussite de cette nouvelle étape, pour accomplir in fine la mutation profonde que Nous appelons de nos vœux. Cher peuple, La célébration de la Glorieuse Fête du Trône est l’expression la plus éloquente de notre attachement indéfectible à la marocanité de notre Sahara, à notre unité nationale et à notre intégrité territoriale. Elle est aussi l’affirmation solennelle de notre souveraineté pleine et entière sur l’ensemble du territoire du Royaume. Les acquis engrangés par notre pays aux plans onusien, africain et européen sont pour Nous un motif de fierté. Toutefois, Nous appelons à une mobilisation constante à tous les niveaux, pour que soient consolidés ces acquis et contrecarrées les manœuvres des ennemis. Le Maroc maintient son adhésion sincère au processus politique mené sous l’égide exclusive des Nations Unies. Sa position de principe est claire : la souveraineté pleine et entière du Maroc dans le cadre de l’initiative d’autonomie est la seule et unique voie envisageable pour parvenir au règlement souhaité. Par ailleurs, aucun pays ne peut à lui seul relever les défis sécuritaires et de développement auxquels nous sommes confrontés. Aussi, nous réaffirmons notre engagement sincère à garder la main tendue en direction de nos frères en Algérie, fidèles en cela

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aux liens de fraternité, de religion, de langue et de bon voisinage, qui unissent depuis toujours nos deux peuples frères.

NOUS SOUHAITONS METTRE À CONTRIBUTION DES PROFILS DOTÉS D’UNE NOUVELLE MENTALITÉ, À MÊME DE HISSER L’ACTION À DES NIVEAUX SUPÉRIEURS, POUR RÉUNIR LES CONDITIONS DE RÉUSSITE DE CETTE NOUVELLE ÉTAPE, POUR ACCOMPLIR IN FINE LA MUTATION PROFONDE QUE NOUS APPELONS DE NOS VŒUX. La dernière illustration en date de cette proximité remonte à la Coupe d’Afrique des Nations, organisée récemment dans le pays frère d’Égypte, au cours de laquelle le Roi et le peuple du Maroc, dans un élan spontané et sincère, ont témoigné leur sympathie et leur soutien enthousiastes à la sélection algérienne. Ils se sont joints au peuple algérien pour partager sa fierté, à la suite du sacre mérité lors de cette compétition, car, cette victoire, ils l’ont ressentie comme étant aussi la leur. Cette foi profonde dans la communauté de destin, soustendue par une histoire et une civilisation communes, nous incite à œuvrer, avec espoir et optimisme, à la réalisation des aspirations à l’unité, à la complémentarité et à l’intégration, portée par nos peuples maghrébins frères.

Cher peuple, Le Maroc appartient à tous les Marocains car il est notre maison commune. Voilà pourquoi chacun de nous se doit, à son niveau, de contribuer à son édification, à son essor, à la préservation de son unité, de sa sécurité et de sa stabilité. Un Maroc qui accueille tous ses enfants, qui leur accorde, sans exception ou discrimination, la jouissance des mêmes droits et libertés et qui les soumet, dans le respect de la dignité humaine, aux mêmes devoirs. Nous sommes saisi en ce moment d’une pensée émue et déférente pour la mémoire de tous les Marocains épris de liberté, qui ont consenti d’énormes sacrifices pour la liberté et l’indépendance, et ont concouru à l’édification d’un Maroc moderne, où règnent en maîtres-mots : “développement”, “démocratie” et “progrès”. Nous songeons plus particulièrement à Notre Auguste Grand-Père, feu Sa Majesté le Roi Mohammed V et Notre Illustre Père, feu Sa Majesté le Roi Hassan II, que Dieu les ait en Sa sainte miséricorde. Nous saisissons cette opportunité pour rendre un vibrant hommage aux Forces Armées Royales, à la Gendarmerie Royale, aux Forces Auxiliaires, à la Sûreté nationale et à la Protection civile, toutes composantes confondues, pour leur mobilisation constante, sous Notre commandement, afin de défendre l’unité nationale et de préserver la sécurité et la stabilité du pays. « Allah a promis à ceux d’entre vous qui croient et font de bonnes œuvres, qu’Il leur donnerait la succession sur terre comme Il l’a donnée à ceux qui les ont précédés ». Véridique est la parole de Dieu. Wassalamou alaikoum warahmatoullahi wabarakatouh”.


GLOBAL

N°49 Août-Septembre 2019 49 INDUSTRIE DU MAROC

SUMMIT


AFRIQUE

ENERGIE BAKKOURY INTERVIENT À L’ONU POUR L’ACCÉLÉRATION DES INVESTISSEMENTS DANS LES ÉNERGIES PROPRES EN AFRIQUE LE PDG DE L’AGENCE MAROCAINE POUR L’ÉNERGIE DURABLE (MASEN), MUSTAPHA BAKKOURY, A PRIS PART, LE 17 JUILLET AU SIÈGE DE L’ONU À NEW YORK, À UNE RÉUNION SUR L’ACCÉLÉRATION DES INVESTISSEMENTS DANS LES ÉNERGIES PROPRES EN AFRIQUE POUR SOUTENIR L’ACTION POUR LE CLIMAT.

L

e Forum politique de haut niveau pour le développement durable, qui s’est tenu au siège de l’ONU sous le thème «Renforcer l’autonomie des personnes et assurer l’inclusion et l’égalité», visait à présenter l’état des réalisations et les défis de mise en œuvre des ODD dans les délais fixés. Cette rencontre, organisée par la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), a réuni des ministres et responsables africains du secteur de l’énergie et des finances ainsi que des parties prenantes clés, avec comme objectif d’explorer des solutions innovantes pour accélérer les investissements à long terme dans les énergies propres en Afrique et identifier des projets spécifiques d’investissement d’impact dans le continent.

Initiative «Obligation ODD7» La réunion a ainsi permis d’engager une discussion pour identifier un ensemble de projets d’énergies renouvelables en Afrique qui pourraient être soutenus par l’initiative «Obligation ODD7» de la CEA, ce qui contribuera à l’action climatique du Sommet sur l’action pour le climat convoqué par le Secrétaire général de l’ONU en septembre 2019, et du Forum sur le financement du développement qui se tiendra durant la même période. L’initiative «Obligation ODD7» envisage la collaboration entre les institutions financières panafricaines et les institutions financières mondiales pour l’émission des obligations sur les marchés internationaux financiers et l’utilisation des revenus de ces 50 N° 49 Août-Septembre 2019 INDUSTRIE DU MAROC

obligations pour octroyer des prêts aux sociétés investissant dans le secteur de l’électricité en Afrique, en particulier celles engagées dans les projets de partenariats public-privé, pour la production d’électricité à partir des ressources renouvelables.

Une nouvelle stratégie énergétique compétitive Intervenant à cette occasion, Mustapha Bakkoury a souligné le besoin d’une transition énergétique au niveau du continent africain, transition qui résulterait d’une nouvelle stratégie énergétique compétitive. Pour le PDG de Masen, la compétitivité énergétique devrait être basée sur un nouveau mix durable, dans le sens où il n’existe pas de contradiction entre développement et préservation de l’environnement. Au niveau financier, il est important de chercher les montages les plus adaptés pour fournir les capitaux nécessaires, a noté Bakkoury, mais aussi de tenir compte de la particularité et de la durée des projets d ’é n e r g i e

renouvelable qui nécessitent des capitaux conséquents et qui s’inscrivent sur le long terme. De son côté, la Secrétaire exécutive de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique, Vera Songwe, a insisté sur l’importance d’accélérer les investissements dans les énergies propres dans le continent africain, soulignant l’engagement de la CEA à œuvrer avec les pays africains pour amorcer la transition vers les énergies vertes et renouvelables. Elle a, par ailleurs, déploré le fait que près de 600 millions de personnes n’ont toujours pas accès à l’électricité en Afrique, en soulignant l’urgence de remédier à cette problématique qui impacte négativement d’autres secteurs clés liés à la réalisation des Objectifs de d é ve l o p p e m e n t durable.


AFRIQUE

LA BAD VEUT BÉNÉFICIER DE L’APPUI TECHNIQUE DU MAROC POUR SON PROGRAMME DESERT TO POWER “LE MAROC AFFICHE UNE DÉTERMINATION ADMIRABLE POUR INVESTIR SUR LE CONTINENT AFRICAIN ET FAIRE AVANCER L’INTÉGRATION ÉCONOMIQUE DE L’AFRIQUE”, AFFIRME AKINWUMI ADESINA, LE PRÉSIDENT DU GROUPE LA BANQUE AFRICAINE DE DÉVELOPPEMENT (BAD).

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e Maroc est devenu un acteur clé dans l’intégration économique du continent africain, a affirmé Akinwumi Adesina, le 10 juillet, en marge de la 4e assemblée générale annuelle des actionnaires de la plateforme panafricaine d’investissement Africa50 qui se tenait dans la capitale rwandaise Kigali. Louant des idées avant-gardistes du Royaume en matière d’énergies renouvelables, il a fait part de discussions entre la BAD et le Maroc pour le programme “Desert to Power”.

Le Maroc, leader incontesté du contient des énergies renouvelables Adesina, par ailleurs président du conseil d’administration d’Africa50, a souligné que le Royaume a une importante expérience à partager avec les pays africains, notamment en matière d’énergies renouvelables, qui constituent un levier de croissance inclusive et dans laquelle le Maroc s’impose en tant que “leader incontesté du contient”. Admirateur des idées avant-gardistes

du Royaume en matière d’énergies renouvelables, Adesina a déclaré :“En mettant en place l’une des plus grandes centrales solaires au monde et en favorisant les projets éoliens et solaires, le Maroc est en train de réaliser quelque chose de grand”, et d’ajouter que la BAD est en discussion avec le Maroc pour bénéficier de son appui technique pour son programme “Desert to Power”, qui a pour objectif de fournir de l’énergie solaire à 250 millions de personnes dans la région du Sahel.

AGRICULTURE OCP LANCE AGRIBOOSTER AU GHANA

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a filiale Afrique du Groupe OCP, «OCP Africa», a lancé le 16 juillet, à Nasia, dans le nord-est du Ghana, son programme «Agribooster», un package de produits et services visant à améliorer le rendement des agriculteurs. Le programme Agribooster a pour objectif de développer les rendements des agriculteurs, de la fourniture d’intrants jusqu’à la mise en relation avec le marché, à savoir les industriels et les consommateurs. Il vise également à contribuer à stimuler la production alimentaire dans le pays et à autonomiser plus de 70.000 petits

exploitants produisant du maïs, du riz, du soja et des haricots, a indiqué, à cette occasion, Samuel Oduro-Asare, Country Manager à OCP Afica Ghana. «Pour l’année 2019, ce programme vise à augmenter le rendement agricole de 20 à 40% des 70.000 agriculteurs concernés, dont 40% de femmes et 30% de jeunes», a fait savoir OduroAsare. Le programme Agribooster a pour but de renforcer les liens commerciaux et de faire bénéficier les agriculteurs ghanéens de formations sur les bonnes pratiques agricoles, a souligné le responsable, notant que dans le cadre

de ce programme, des semences hybrides, des produits phytosanitaires et des engrais de haute qualité seront distribués aux agriculteurs.

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AFRIQUE

BUSINESS LE MAROC ET LE SÉNÉGAL ACCUEILLENT LA 4E ÉDITION DES RENCONTRES AFRICA

CETTE ANNÉE, C'EST LE MAROC PUIS LE SÉNÉGAL QUI ACCUEILLENT LA 4E ÉDITION DES RENCONTRES AFRICA. CETTE RENCONTRE D’AFFAIRES BTOB POUR ACCOMPAGNER L’AFRIQUE DANS LE DÉVELOPPEMENT DES SECTEURS LES PLUS PROMETTEURS ACCUEILLERA PLUS DE 4000 DÉCIDEURS AFRICAINS ET 600 DIRIGEANTS FRANÇAIS.

L

'évènement Rencontres Africa, qui se tiendra les 21 et 22 octobre 2019 au Maroc au Centre International de Conférences Mohammed VI de Skhirat, puis les 24 et 25 octobre au Sénégal, au Centre international de conférences Abdou Diouf (CICAD) à Diamniadio, s’inscrit dans la continuité du Grand Débat mené par Emmanuel Macron le 11 juillet 2019 avec les Diasporas africaines, dans sa volonté d’ouvrir « une nouvelle page » et de « construire une nouvelle action sur et avec l’Afrique ». Les Rencontres Africa 2019 poursuivent ainsi l’effort engagé avec succès depuis quatre ans d’alimenter cette nouvelle dynamique entre la France, l’Europe et l’Afrique par des échanges concrets, des synergies, des joint-ventures d’entreprises. Au-delà des discours et des vœux, Les Rencontres Africa apportent 52 N° 49 Août-Septembre 2019 INDUSTRIE DU MAROC

des preuves manifestes de ce besoin de contacts d’affaires effectifs.

Une pluralité se secteurs en discussion Ainsi et dans ce contexte privilégié des Rencontres Africa, le programme Santé est l’occasion de remettre en discussion les grands sujets sanitaires qui occupent les pays africains, notamment la lutte contres les faux médicaments, l’éducation à la santé et la gestion des pandémies. Lors des Rencontres Africa 2018, Nora Berra, Ancienne secrétaire d'état chargée de la Santé s’exprimait d’ailleurs sur l’importance « d’éduquer les populations pour avoir accès à l’information et à se prémunir également. Les défis sont nombreux : c’est de pouvoir organiser une carte sanitaire suffisamment efficace pour

toucher les populations plus près à leur domicile, de pouvoir les diagnostiquer, de pouvoir les suivre, de pouvoir leur prescrire des médicaments sûrs, efficaces et qui ne sont pas falsifiés». Une réunion spécifique des Ministres de La Santé présents (Côte d’Ivoire, GuinéeConakry, Mali, Sénégal) dédieront ainsi un moment privilégié à ces sujets qui permettra de construire de vraies solutions panafricaines. En outre, le programme du secteur BTP-infrastructures restera lors de cette 4ème édition très importante avec la mobilisation, au Sénégal, de l’Agence de Gestion du Patrimoine Bâti de l’Etat (AGPBE) et celle au Maroc, la FENELEC , qui mettra en lumière l’impact du Plan Maroc Vert sur les infrastructures du pays. Le programme du secteur agro-agri,


AFRIQUE copiloté avec le Ministère de l’Elevage et des Productions Animales ainsi que du Ministère de l’Agriculture et de l’Equipement rural prendra, quant à lui, en considération les enjeux sur la transformation, la chaîne du froid, la filière laitière, la semence et fourrage. Lors de la Conférence Plénière Inaugurale qui se déroulera le 21 octobre au Maroc, le pays sera mis à l’honneur en tant que plateforme d’affaires entre l’Afrique et l’Europe. Par ailleurs, des thématiques sur l’industrie, la finance, le BTPInfrastructures, le transport logistique/ douanes, le digital et la santé seront également à l’honneur, afin d’échanger sur les bonnes pratiques et les enjeux financiers, juridiques, sociétaux, industriels.

Une forte mobilisation des acteurs du monde économique et politique Les Rencontres Africa renouvellent cette année leur souhait d’impliquer les autorités politiques et économiques afin de permettre aux dirigeants d’entreprise français et africains de développer des relations d’affaires. De grandes personnalités du monde économique et politique se mobilisent autour des enjeux africains pour apporter leur vision et leur projet d’avenir ont d’ores et déjà confirmé leur présence. Il s'agit de MIKOLO Jacqueline Lydia, Ministre de la santé et de la population de la République du Congo ; SIDIBE Michel, Ministre de la Santé et des Affaires sociales du Mali ; MERIEUX Alain, Président Institut Mérieux ; SARR

ABDOULAYE Diouf, Ministre sénégalais de la Santé et de l'Action Sociale ; TAZI Lamia, Directeur Général SOTHEMA ; MANDOLA Carmine, Directeur des Opérations Afrique et Moyen Orient du Groupe Coface ; LAASSEL SENTISSI Layla, Pharmacienne Directrice Exécutive AMIP ; BOUDRAA Hicham, Directeur Général de l'AMDIE ; SENTISI Hassan, Président de la FENIP Filière pêche/halieutique... et d’autres personnalités devraient bientôt les rejoindre. Aux côtés des experts des marchés africains, ce sera ainsi l’occasion pour les dirigeants de tous horizons de pouvoir multiplier les contacts stratégiques et découvrir de nouvelles opportunités d’affaires.

FINANCEMENT

LA BAD ET ATTIJARIWAFA BANK UNIS POUR DÉVELOPPER LE COMMERCE EN AFRIQUE

L

a Banque africaine de développement (BAD) a approuvé un accord de participation aux risques d’un montant de 100 millions d’euros au profit d’Attijariwafa bank. Ce programme de partage de risques (50/50) est destiné à couvrir un portefeuille de transactions à concurrence de 200 millions d’euros. Il appuie pour plus d’un milliard d’euros (valeur cumulative) des opérations commerciales étalées sur les trois prochaines années. «En soutenant le développement du commerce sur le continent, nous voulons, à travers cette nouvelle opération, donner une forte impulsion à l’industrialisation et à l’intégration régionale, en particulier pour l’Afrique du Nord», a déclaré le directeur général de la BAD pour l’Afrique du Nord, Mohamed El Azizi. L’accord de participation aux risques permettra de répondre à la demande croissante des marchés africains en matière de financement du commerce extérieur dans des secteurs économiques vitaux tels que l’agroalimentaire, la santé, les services et l’industrie. De

plus, il favorisera une dynamique de diversification productive, génératrice d’emplois et de recettes fiscales supplémentaires pour plusieurs États africains. «L’intégration régionale est une priorité stratégique de la BAD. Cet accord de partenariat avec Attijariwafa bank permettra de renforcer les échanges entre le Maroc et l’Afrique subsaharienne», a indiqué, pour sa part, la représentante résidente de la BAD au Maroc, Leila Farah Mokaddem. Cet accord appuiera notamment les

banques commerciales africaines ainsi que les petites et moyennes entreprises du continent en leur garantissant un meilleur accès au financement de leurs opérations de commerce extérieur. «Renforcer et élargir encore plus les systèmes financiers africains, telle est la priorité que nous poursuivons pour renforcer la dynamique d’intégration africaine au bénéfice du secteur privé africain», a précisé le directeur en charge du secteur financier au sein de la BAD, Stéphane Nalletamby.

N°49 Août-Septembre 2019 53 INDUSTRIE DU MAROC


FORUM MAROCAIN DES ZONES INDUSTRIELLES

LA 1ÈRE ÉDITION DU FMZI LANCE UNE RÉELLE RÉFLEXION SUR LES ZONES INDUSTRIELLES DU MAROC LE FORUM MAROCAIN DES ZONES INDUSTRIELLES (FMZI), ORGANISÉ PAR LE MAGAZINE INDUSTRIE DU MAROC, A CONSTITUÉ UNE PREMIÈRE DU GENRE. PLUS DE 600 PERSONNES ONT RÉPONDU PRÉSENT À CET ÉVÈNEMENT QUI S’EST TENU LE 9 JUILLET AU PALMERAIE COUNTRY CLUB DE BOUSKOURA, ET A FAIT LE TOUR DE LA QUESTION : “QUELLES ZONES INDUSTRIELLES POUR LE MAROC INDUSTRIEL D’AUJOURD’HUI?”.

O

rganisée par Industrie du Maroc sous l’égide du ministère de l’Industrie, de l’Investissement, du Commerce et de l’Economie Numérique, et en partenariat avec Palmeraie Développement et la Région Casablanca-Settat, la première édition du Forum Marocain des Zones Industrielles (FMZI) a largement tenu sa promesse. Des experts nationaux 54 N° 49 Août-Septembre 2019 INDUSTRIE DU MAROC

et internationaux du domaine se sont succédés lors des différents panels pour dresser un état des lieux des infrastructures d’accueil industrielles au Maroc, relever les meilleures pratiques en la matière et débattre du rôle du privé, du public, des Chambres de Commerce, d'Industrie et de Services et du tissu associatif dans l'aménagement et le développement des zones industrielles

à travers le Royaume. Cette rencontre a également permis de discuter de la problématique des zones industrielles “ancienne génération” et leur réhabilitation ainsi que du sujet de la spéculation du foncier, sans oublier la notion de zones industrielles durables et d’apporter l’éclairage d’experts sur ces différents sujets d’actualité. Le débat a également porté sur


DOSSI ER FMZI

les zones industrielles du futur et de l'anticipation des changements qu'elles vont apporter, que ce soit au niveau du fonctionnement des usines, notamment avec l'avènement de l'impression 3D., ou des besoins en formation qu'elles vont engendrer et de la manière optimale de les mettre en oeuvre. Un exemple concrêt du rôle historique des banques dans le financement de l'industrie, et plus recemment celui des zones industrielles, a été illustré par BMCE bank et la Cité Mohammed VI Tanger Tech.

Les ZI "nouvelle génération", vitrine du succès de l'offre Maroc «Les zones industrielles et les zones franches du Royaume sont des maillons forts de la réussite du Plan d’Accélération Industrielle du Maroc”, a déclaré Hicham Idrissi, Président fondateur d’Industricom lors de son mot d’ouverture. Rappelant l’inauguration, le 20 juin, de l’écosystème du Groupe PSA à Atlantic Free Zone par Sa Majesté le Roi Mohammed

Mustapha BAKKOURY, PRÉSIDENT DE LA RÉGION CASABLANCA-SETTAT.

VI, Hicham Rahioui a souligné qu’en seulement un semestre, l’année en cours a connu un flux important d’investissements dans les zones industrielles de Kénitra et de Tanger, avec l’entrée de 50 nouveaux investisseurs. Et d’ajouter que face à l’engouement que connaissent ces deux plateformes, d’autres zones industrielles commencent à drainer les équipementiers du secteur de l’automobile comme celles de Tétouan, Fès et Meknès. Hicham Rahioui n’a pas manqué de soulever également le succès de la zone industrielle MidParc, «la vitrine du succès rencontré par l’offre Maroc qui le positionne au rang de premier exportateur de composants aéronautiques du continent africain et de plateforme compétitive de production à proximité de l’Europe”.

Point de compétitivité sans formation ni innovation Pour sa part, Mustapha Bakkouri, Président de la région Casablanca-Settat, a souligné que l’évènement FMZI est une

«Il faut des infrastructures de qualité, qui intégrent les questions de durabilité et l’approche écosystémique pour avoir dans un espace donné des industriels qui se complètent. Et pour aller vers des zones de plus en plus compétitives, la formation est essentielle.» N°49 Août-Septembre 2019 55 INDUSTRIE DU MAROC


DOSSI ER FMZI occasion pour nourrir les stratégies nationales et régionales. «Les stratégies régionales ont ceci de particulier par rapport aux nationales, c’est qu’elles ne sont pas mono-sectorielles et sont l’occasion et la chance d’atteindre cette synergie qui manque tant aux stratégies nationales”, a-t-il relevé. Il a par ailleurs insisté sur l’importance d’organiser des espaces pour les activités économiques de production de biens ou de services pour améliorer la compétitivité, qui doit se construire zone par zone. Le président de la région a noté à ce sujet qu’il faut évidemment des infrastructures de qualité, qui intégrent les questions de durabilité et l’approche ecosystémique pour avoir dans un espace donné des industriels qui se complètent. Mais pour aller vers des zones de plus en plus compétitives, Bakkoury a insisté sur la necessité de structures de formation et de structures de recherche: "il n'en faut pas forcément au niveau de chaque zone, mais il faudrait que les zones y aient accès car il faut que nous intégrions une approche de recherche et d’innovation à nos zones d’activités”. Pour conclure, le Président de la région économique la plus industrielle du Maroc a rappelé qu’au niveau des zones industrielles, le Maroc ne démarre pas d’une page blanche et qu’il ne faudrait pas oublier les zones industrielles existantes dans la région, qui étaient les premières du Maroc et qui représentent près d’un millier d’hectares de friches industrielles en milieu urbain. “Nous devons trouver des solutions pour que ces friches industrielles restent des zones d’activité économiques quand elles peuvent l’être et faire des efforts collectifs pour cela, ou aider à leur mutation quand il n’y a pas d’autre solution. C’est une priorité”.

Le foncier industriel à coût accessible, levier de réussite du PAI Ali Seddiki, Directeur général de l’industrie au Ministère de l’Industrie, de l’Investissement, du Commerce et de l’Economie numérique, a rebondi sur les propos de Bakkoury en relevant l’importance du foncier industriel mais aussi de la réhabilitation, notant que pour le ministère, il ne suffit pas uniquement de créer de nouvelles 56 N° 49 Août-Septembre 2019 INDUSTRIE DU MAROC

zones mais de s’occuper également des anciennes et de les remplir. Interrogé sur l’importance du développement des zones industrielles pour la réussite du Plan d’accélération industriel (PAI), le DG a précisé que dès la conception de ce plan, le ministère de l’Industrie avait identifié le foncier comme étant l’un des verrous au développement industriel du pays. Il fallait donc pouvoir mettre à disposition des investisseurs, des industriels, un foncier à coût compétitif qui réponde aux normes internationales, à la fois pour l’investissement étranger mais aussi pour l’investissement et le capital marocains. Quant à la stratégie mise en place pour pour répondre au besoin de foncier, il a précisé que « le ministère a commencé par identifier les besoins pour réaliser une stratégie bottom up. Donc tout le travail de structuration des écosystèmes industriels a consisté à travailler avec l’ensemble des partenaires institutionnels, fédération par fédération, parfois même à la maille des industriels et des investissements, pour définir le besoin en foncier et trouver une réponse à leur demande».

Arbitrer entre nouvelles zones et réhabilitation Seddiki a cependant tenu à préciser que tout cela est dû à un savoir-faire qui a été développé, "il fallait bien commencer quelque part, avec des zones qui n’étaient pas adaptées aux standards de celles développées plus récemment". Et de poursuivre: «le fait de développer de nouvelles zones n’est pas nier l’existence des zones dont nous avons hérité. Nous avons des sujets en étude pour savoir comment prioriser et comment arbitrer entre nouvelles zones et réhabilitation. Il ne faut pas tomber dans l’écueil de développer une multitude de nouvelles zones à la place de l’existant, nous devons essayer de réhabiliter les fonciers, quand cela se justifie, ce qui nécessite de mobiliser des financements, et une première réponse a été apportée par le Fonds des Zones Industrielles Durables (Fonzid)». Co-créé avec l’Agence Millennium Challenge AccountMorocco (MCA-Morocco), et doté d’une enveloppe de 30 millions de dollars, ce fonds vise à renforcer le modèle de zones

industrielles durables et à contribuer à l’amélioration de la productivité et des performances environnementales et sociales des entreprises dans les zones industrielles.

Développer une offre de zones qui répond aux attentes Et pour que le Maroc mettre en place une offre de zones en phase avec les attentes des investisseurs pour accompagner la stratégie du PAI, Mohssine Semmar, membre du directoire de MEDZ, insiste sur principes 4 fondamentaux. Le 1er principe, qui est fondamental, est le cap. Selon lui, développer des zones de façon déconnectée d’une stratégie crée des zones vouées à la spéculation avec certainement beaucoup d’attributions, mais très peu de valorisation. Par contre, une zone conçue dans le cadre d’une vision globale, cela fonctionne, et c’est le cas de la stratégie du pacte pour l’Emergence industrielle qui avait mis en place les plateformes industrielles intégrées (P2I) qui réunissent tous les prérequis de la compétitivité. Le 2e principe, a poursuivi Semmar, est l’écoute agissante, active et anticipative du marché pour ne pas faire des zones juste pour les faire. Ce qui est recommandé, avec le recul, est de faire des zones à taille humaine, sur mesure, en suivant la demande et en arrimant l’offre en permanence à ce marché. Le 3e principe du membre du directoire de Medz est l’offre. Il préconise d’adopter une offre à géométrie variable, car les demandes des industriels varient et qu’il faut que les process qui régissent ces modifications se prêtent à ce que les aménageurs développeurs puissent ajuster en permanence leur offre. Enfin, le 4e principe énoncé par Semmar concerne l’aménageur. Ce dernier doit cerner tous les maillons de la chaine de valeur, depuis la conception en passant par le foncier, l’aménagement, la commercialisation jusqu’à la gestion de la zone. Beaucoup d’aménageurs considéraient que leur travail s’arrêtait une fois que l’aménagement était terminé, or c’est une fois que la zone est aménagée que le travail commence en termes d’animation, d’équipement et de gestion. Pour conclure, le spécialiste des zones


DOSSI ER FMZI

«Il ne faut pas tomber dans l’écueil de développer une multitude de nouvelles zones à la place de l’existant, nous devons essayer de réhabiliter les fonciers, quand cela se justifie, ce qui nécessite de mobiliser des financements et une première réponse a été apportée par le Fonzid.» industrielles a conclu que « les zones doivent être conçues dans une logique globale d’aménagement du territoire et permettre à tout industriel, quand il a réuni tous les fondamentaux pour rentabiliser son business, de savoir qu’il aura un cadre de vie agréable. C’est à dire le logement, l’infrastructure socioculturelle et tous les espaces de loisirs... c’est la démarche qui a été celle de Medz, depuis sa création».

Maintenir la mobilisation des partenaires publics et privés Pour sa part, Jaafar Mrhardy, Directeur général de Tanger Med Zones, considère que le développement du foncier industriel au Maroc est traité et qu’il a des solutions qui ont aujourd’hui permis d’évacuer la technicité de ce problème à travers des annonces publiques, les services des domaines privés de l’Etat, à travers aussi les bras armés de l’Etat à l’instar de la CDG, qui travaillent sur des projets avec une vision territoriale assez élargie ou encore des initiatives telles que celles de la Chambre de Commerce Française qui réalise, en collaboration avec le ministère de l’Industrie, des zones

ALI SEDDIKI,

DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L’INDUSTRIE AU MINISTÈRE DE L’INDUSTRIE, DE L’INVESTISSEMENT, DU COMMERCE ET DE L’ECONOMIE NUMÉRIQUE.

pilotes basées sur le système locatif. « Maintenant, la question est de savoir comment accompagner ce niveau de succès relatif que nous avons aujourd’hui au Maroc avec l’arrivée de nouveaux opérateurs, avec le lancement de l’écosystème Peugeot, avec la consolidation de l’usine Renault, avec l’arrivée de nouvelles très intéressantes aussi au niveau de l’aéronautique», a poursuivi de DG de Tanger Med Zones. Pour lui, la réponse est simple: il faut poursuivre sur la lancée de la recette qui a marché à date d’aujourd’hui et rester concentrés, partenaires publics et privés, sur cette priorité nationale qui est celle de développer l’industrie du Maroc. Selon Mrhardy, il n’y aucun modèle de développement dans l’histoire contemporaine qui se soit passé de cette phase où l’industrie grimpe en termes de part de PIB de 10 ou 14 % à 25% avant de rebaisser en laissant la place à des services de valeur ajoutée plus importants. Il a en effet expliqué que « nous sommes dans cette courbe qui mérite que nous militions, acteurs privés et publics, pour en faire une réalité et faire que demain le Maroc soit

non seulement leader sur ses capacités infrastructurelles, leader dans l’industrie automobile, mais aussi sur d’autres industries sur lesquelles nous avons des atouts comme le textile ou les industries modernes comme l’aéronautique, les énergies renouvelables et toutes les autres industries qui sont en plein développement ». Et d’ajouter : «Il est essentiel de bien situer le sujet au niveau de la mobilisation que nous pouvons tous avoir, acteurs privés et publics, pour faire réussir ce modèle d’industrialisation qui passe actuellement au Maroc principalement par ce levier des ZI. Cela ne veut pas dire qu’il ne peut pas se diversifier, qu’il n’a pas d’autres modèles de développement à tester, mais ce modèle donne déjà aujourd’hui des résultats ». Mrhardy a cité notamment le « miracle de Kénitra » qui, contrairement à il y a 5 ans, compte aujourd’hui un grand nombre d’usines, un grand constructeur automobile... Son mot de la fin a été: « Il y a donc des motifs d’espoir et je pense que la clé de succès va être le maintien de la mobilisation de l’Etat sur ce sujet avec les différents partenaires ».


DOSSI ER FMZI

FONCIER INDUSTRIEL : QUELLES SOLUTIONS POUR LUTTER CONTRE LA SPÉCULATION ? LES PRIX AVANTAGEUX DU FONCIER DES ZONES INDUSTRIELLES ATTIRENT LES SPÉCULATEURS, AU POINT QUE LE TAUX DE VALORISATION DU FONCIER INDUSTRIEL DÉPASSE À PEINE LES 50%, CE QUI REPRÉSENTE UN PATRIMOINE DE 5.000 HA DE FRICHES INDUSTRIELLES QU’IL FAUT RÉCUPÉRER ET POUR CELA LES ACTEURS ONT PENSÉ À PLUSIEURS MÉCANISMES, PARMI LESQUELS UNE LOI NÉCESSAIRE ET IMMINENTE.

L

e constat amer a été établi par Ali Seddiki, DG de l’Industrie au ministère de tutelle, lors de son intervention au FMZI: aujourd’hui, alors que le foncier industriel affiche un taux de commercialisation qui dépasse les 80% au Maroc, son taux de valorisation, soit son taux d’activité, n’est que de 50%. «Ce taux de valorisation interpelle. Certes, il y a là une part qui est frictionnelle, c’est-à-dire qu’il y a le moment entre l’acquisition et la valorisation de ce foncier Il y a aussi une part due aux industriels qui ont du mal à réaliser leur projet industriel et c’est là que nous pouvons intervenir. 58 N° 49 Août-Septembre 2019 INDUSTRIE DU MAROC

ALORS QUE LE FONCIER INDUSTRIEL AFFICHE UN TAUX DE COMMERCIALISATION QUI DÉPASSE LES 80% AU MAROC, SON TAUX D’ACTIVITÉ, N’EST QUE DE 50%. CELA REPRÉSENTE 5000 HECTARES NON VALORISÉS.

Mais y a aussi le sujet de la spéculation qui est l’un des problèmes soulevés par les fédérations professionnelles et auquel nous nous sommes astreints à essayer de répondre». Le DG de l'Industrie a, en effet, précisé que le rôle du ministère de l’Industrie visà-vis de ses partenaires institutionnels est d’essayer de les aider à remplir leurs zones et d’être un facilitateur sur toutes les problématiques qui sont celles de la spéculation ou des problèmes de valorisation de ces fonciers industriels. Il a informé que le ministère planche actuellement sur un projet de loi dans ce sens.


DOSSI ER FMZI 200 ha de foncier industriel locatif Et pour contrecarrer la spéculation, le premier point soulevé par Seddiki, quand il s’agit d’avoir la possibilité de récupérer du foncier, consiste en «la coordination et l’alignement des visions de l’ensemble des parties prenantes institutionnelles qui partagent l’urgence de pouvoir mettre à disposition du foncier pour les industriels». Le deuxième point est la possibilité d’avoir un foncier locatif, ce qui constitue un des leviers que le ministère de l’Industrie a voulu utiliser pour mettre fin à cette spéculation. "Aujourd’hui nous sommes autour de 200 hectares de foncier industriel locatif», a-t-il estimé. En effet, a renchéri Mounir Benyahya, Directeur des parcs industriels à la Chambre Française de Commerce et d'Industrie du Maroc (CFCIM), qui a noué un partenariat avec le ministère de l’Industrie pour réaliser des zones pilotes basées sur le système locatif: «une solution radicale serait effectivement d’aller vers le locatif, mais c’est un palliatif qui peut se poser dans des régions où il y a une forte demande, et ce sont ces régions-là qui connaissent des spéculations». Multiplier l’offre de zones industrielles Benyahya a d’ailleurs pointé le fait malheureux que le prix du foncier industriel coûte moins cher en région parisienne qu’en région casablancaise, alors même que le Maroc se veut plus proactif et plus dynamique en termes d’attraction des investisseurs. Parmi les solutions qu’il préconise pour mettre fin à cette spéculation, il faudrait penser à la fiscalité locale, soit la possibilité d’avoir une taxe sur les terrains non bâtis. Il faudrait qu'elle soit exponentielle, ce qui , selon lui finirait par pousserles spéculateurs à se dessaisir de leurs terrains au bout de quelques années parce que la pression fiscale serait devenue trop importante. Une autre solution proposée par Benyahya, cette fois-ci sous sa casquette de président du Collectif des zones industrielles pour l'environnement (Cozine), consisterait en un changement de paradigme: «aujourd’hui, on aborde toujours le foncier comme une

offrande, un privilège. On donne un droit à quelqu’un à un foncier à des prix trop intéressants, et donc cela attire les spéculateurs». L’idée la plus simple, selon lui, serait de noyer le terrain avec de l’offre en multipliant la création des zones industrielles de sorte qu’aucun spéculateur n’y viendrait.

La nécessité d’un projet de loi Beaucoup plus pragmatique, Mohssine Semmar, membre du directoire de MEDZ, a partagé son expérience quant au fait de trouver les artifices qui permettraient d’immuniser les zones contre la spéculation potentielle ou réelle. «Nous avons commencé lors des conventions du Fonds Hassan II et nous avons intégré le principe de la clause résolutoire dans les contrats. Donc, depuis 2000, tous les contrats qui matérialisent la cession intègrent cette clause. Nous avons également essayé d’intégrer au niveau des commissions d’attribution le fait d’interagir avec l’investisseur, une manière de s’assurer que son projet est concret, qu’il le

LE FONCIER LOCATIF EST UN PALLIATIF DE LA SPÉCULATION. MAIS UN MOYEN RADICAL POUR L'ÉLIMINER SERAIT UNE LOI PERMETTRANT D’ACTER LE RETRAIT DES TERRAINS SANS FORCÉMENT PASSER PAR LE TRIBUNAL. porte et qu’il a tous les moyens pour le concrétiser. Nous avons bien entendu essayé d’améliorer le processus au fur et à mesure, mais la spéculation restait fatale». Certes avec cette clause résolutoire, il y a eu quelques cas, comme celui d’Agadir, où le conservateur a pris sur lui et radié l’inscription de la propriété des livrets de la conservation foncière

et permis de récupérer le terrain, mais cela reste du cas par cas pour Semmar, qui préconise plutôt de mettre en place un cadre juridique qui permettrait d’harmoniser la mise en œuvre de la reprise des terrains pour pouvoir les récupérer. «Aujourd’hui, la solution à la spéculation est un projet de loi sur lequel nous travaillons avec l’Etat qui permettrait justement d’acter le retrait des terrains sans forcément passer par le tribunal. Car c’est cela aujourd’hui le challenge», a affirmé Semmar. Ce projet de loi comprend notamment les principes du droit certain et du droit de préemption. «Une zone n’a pas l’utilité publique mais devrait avoir l’utilité d’intérêt certain pour le développement et c’est une dimension que ce texte devrait intégrer de manière à ce qu’on puisse actionner la reprise de terrain parce qu’en le laissant aux spéculateurs, nous privons le pays de la création d’emplois et de richesses. Il faut également qu’un aménageur développeur, quand quelqu’un souhaite faire de la spéculation, puisse avoir le droit de préemption et récupérer le terrain», a considéré le membre du directoire de Medz.

Le cas particulier des zones franches Mais alors que les zones assujetties peinent à faire appliquer leur clause résolutoire, les choses sont bien différentes du côté des zones franches où le sujet de la spéculation a un traitement administratif et technique identifié et déjà opérant. C’est le cas du groupe Tanger Med Zones qui a une clause de valorisation, depuis plusieurs années déjà, dans ses contrats de cession. «Chaque terrain acheté doit être construit et réceptionné sur un délai maximum de 18 mois, ce qui signifie que vous ne pouvez acheter un terrain industriel que lorsque vous avez un projet industriel», a précisé Jaafar Mrhardy, Directeur général de Tanger Med Zones. Il a donné l’exemple d’un industriel japonais arrivé il y a 3 ans à Tanger Med, qui a acheté un terrain mais qui a eu un problème de déclaration de faillite aux Etats-Unis et ne pouvait plus développer son projet au Maroc. «Dans d’autres circonstances, il aurait N°49 Août-Septembre 2019 59 INDUSTRIE DU MAROC


DOSSI ER FMZI pu garder ce terrain ou le revendre mais étant donné cette clause de valorisation, il a été amené à le restituer le terrain». Et si l’opérateur refuse de restituer le terrain, espérant peut-être spéculer, je peux vous donner Tanger Med, qui était en litige l’an dernier avec 10 acquéreurs, a récupéré 8 terrains et va récupérer les 2 autres cette année. «Il y a donc déjà une jurisprudence, un existant sur lequel nous capitalisons», a déclaré Mrhardy.

Une loi applicable aux anciennes et nouvelles zones La mise en place de la loi sur les zones franches a en effet donné lieu à des zones très bien aménagées, gérées et valorisées. «C’est pour cela que l’on va essayer de s’en inspirer, en dehors de l’aspect fiscalité et du fait que la loi 19-94 développe des zones selon la politique de l’Etat dans des zones délimitées géographiquement. Le projet de loi sur lequel nous travaillons aujourd’hui avec

LA MISE EN PLACE DE LA LOI 19-94 SUR LES ZONES FRANCHES A DONNÉ LIEU À DES ZONES TRÈS BIEN AMÉNAGÉES, GÉRÉES ET VALORISÉES. LE MINISTÈRE DE L'INDUSTRIE TRAVAILLE DONC, AVEC MCA MOROCCO, POUR ÉLABORER UNE LOI QUI S'EN INSPIRE MAIS SERAIT APPLICABLE À TOUTES LES ZONES INDUSTRIELLES DU ROYAUME.

«S’il faut exproprier, nous allons le faire parce que les 5.000 hectares de foncier industriel non valorisés sont du patrimoine national qui doit être remis au service de l’industrie. Nous allons utiliser tous les supports juridiques et les moyens légaux à notre portée pour pouvoir y parvenir.» 60 N° 49 Août-Septembre 2019 INDUSTRIE DU MAROC

MCA Morocco s’adressera pour sa part à toutes les zones industrielles à travers tout le Royaume», a affirmé Ouatika El Khalfi, Directrice des infrastructures industrielles, commerciales, technologiques et de recherche et développement au ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Economie numérique. Elle a en outre informé que cette loi, qui adressera les anciennes comme les nouvelles zones industrielles, va consacrer tout le manque que nous avons aujourd’hui parce que le retour d’expérience est là. El Khalfi a prévenu: «S’il faut exproprier, nous allons le faire. Je vais le dire clairement, parce que ces 5.000 haectares sont du patrimoine national qui doit être remis au service de l’industrie. Nous allons utiliser tous les supports juridiques et les moyens légaux à notre portée pour pouvoir valoriser ces terrains». A bon entendeur...

OUATIKA EL KHALFI,

DIRECTRICE DES INFRASTRUCTURES INDUSTRIELLES, COMMERCIALES, TECHNOLOGIQUES ET DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT AU MINISTÈRE DE L’INDUSTRIE, DU COMMERCE ET DE L’ECONOMIE NUMÉRIQUE.


DOSSI ER FMZI

«Le plus gros chantier est la valorisation.» LUC SOLLIER-BRESSET,

EXPERT INTERNATIONAL EN ZONES INDUSTRIELLES, PARTNERSHIP COUNTRY PROGRAM ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR LE DÉVELOPPEMENT INDUSTRIEL (ONUDI).

L

’ONUDI travaille sur le développement industriel et pour cela elle a développé toute une expertise dans le monde en matière de zones industrielles. Il ne s’agit pas pour nous d’identifier de bonnes pratiques que l’on va plaquer aux problèmes décelés au Maroc. Lorsque nous identifions des problèmes, nous sommes capables, avec tous les partenaires, d’identifier comment ces problématiques ont été traitées et appréhendées dans d’autres pays et ensuite de réfléchir à la façon d'adapter ces solutions aux problématiques marocaines. Mais il faut dire que ce n’est pas évident, notamment lorsque nous avons travaillé sur la préparation du Partnership Country Programm (PCP). Ce programme, signé le 26 mars dernier, est un programme quinquennal qui a été mis au point suite à une démarche diagnostic qui a permis de mettre en évidence certains points qui vont impliquer des diagnostics plus détaillés, en particulier sur les 110 zones industrielles que le ministère de l’Industrie a identifiées. Il faut noter que dans ces 110 zones, ce sont particulièrement les anciennes zones qui sont confrontées à cette problématique du foncier. Dans les zones qui sont développées aujourd’hui et ont un rayonnement international, le problème est déjà réglé, il faut surtout éviter de tomber dedans plus tard en assurant un accompagnement continu des acteurs sur les zones et en étant un animateur développeur sur les zones et pas seulement un aménageur. Si on n’y prend pas garde, il est possible que ces zones qui viennent de se créer, ou sont en train de se créer, puissent tomber face à certains écueils que rencontrent les fameuses 110 zones identifiées.

Le point essentiel est de trouver la solution pour régler le problème de la valorisation. Ce n’est pas tellement le foncier qui est le souci, mais la valorisation du foncier, puisque 80% du foncier ont été commercialisés, mais que 50% seulement ont été valorisés. Nous sommes donc obligés d’imaginer d’avoir un rôle policier, et de regarder là où il y a

NOUS ALLONS TRAVAILLER SUR LES 110 ZONES IDENTIFIÉES PAR LE MINISTÈRE. IL S’AGIT DE METTRE EN PLACE UNE MÉTHODOLOGIE QUI SERA ADAPTÉE À LA TYPOLOGIE DES ZONES. de la mauvaise foi dans la valorisation par ceux qui ont acquis les terrains pour spéculer. Nous avons identifié 4 actions à mener dans le cadre du programme de partenariat avec le ministère de l’Industrie, l’ONUDI et les autres partenaires comme MCC, MCA Morocco, GIZ et d’autres. Et le plus gros chantier est celui de la valorisation. Il va falloir travailler sur ces 110 zones, ce qui est énorme, donc nous allons devoir échantillonner quelques zones phares. Il s’agit donc de mettre en place une méthodologie qui sera adaptée à la typologie des zones. Au Maroc, les associations d’industriels se structurent

progressivement parce qu’ils ont besoin de mettre en place un pilotage de leurs zones. Mais nous avons aussi des zones qui se sont créées de manière spontanée, dont on pourrait presque dire que ce sont des zones informelles avec des entreprises informelles. Cela crée donc une double pousse de manque de formalisme. Il s’agit donc non pas de réhabiliter mais d’habiliter, non pas de restructurer, mais de structurer des démarches qui n’ont jamais existé. Tout cela constitue un travail de fond qu’il faut aborder de manière systémique. Nous avons toute la boite à outils, il suffit de savoir les prendre au bon moment et de savoir les mettre en œuvre ensemble. J’insiste sur la cohérence et la cohésion des acteurs, il faut un pilote. Le métier de développeur ou d’aménageur est un métier spécial et la nécessité de mettre en place une réglementation qui va permettre de mieux rendre visible ce métier, de mieux l’accompagner et de mieux le financer aussi été évoquée. Cela pourrait être fait par des fonds publics, par les fonds des entreprises à travers des cotisations ou à travers un appui international dans la mesure où il s’agit d’un enjeu majeur. Les structures de financement international, on le voit avec le Fonzid qui va permettre d’avoir une démarche plus structurée sur le plan du développement durable, peuvent être sollicités pour des financements dans d’autres domaines, y compris l’aménagement, la gestion et le développement des zones, puisqu’il s’agit d’une fonction cruciale. N°49 Août-Septembre 2019 61 INDUSTRIE DU MAROC


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ZONES INDUSTRIELLES NOUVELLE GÉNÉRATION, QUELLE OFFRE ? LORS DU FORUM MAROCAIN DES ZONES INDUSTRIELLES, LES AMÉNAGEURS DÉVELOPPEURS ET GESTIONNAIRES DE ZONES INDUSTRIELLES, PEU NOMBREUX AU MAROC, ÉTAIENT TOUS PRÉSENTS POUR COMMUNIQUER SUR LEUR OFFRE, LEUR MÉTIER ET SA COMPLÉXITÉ. LA PAROLE A DONC ÉTÉ DONNÉE LORS DES DIFFÉRENTS PANELS À TANGER MED ZONES, MEDZ ET LA CHAMBRE FRANÇAISE DE COMMERCE POUR PARTAGER LEUR EXPÉRIENCE ET LEUR SAVOIRFAIRE DANS LEURS DOMAINES D'EXPERTISE.

JAAFAR MRHARDY, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE TANGER MED ZONES.

L

e modèle particulier de Tanger Med a été lancé en 2003, dans une logique qui considère l’industrie comme faisant partie d’un environnement dans un contexte économique spécifique qui a besoin de conditions et de préalables pour se développer. Et donc le projet Tanger Med est venu comme une réponse aux enjeux du Maroc moderne qui cherche à se positionner sur la carte mondiale et à exister en tant que destination d’investissement industriel. L’idée depuis le démarrage était d’avoir un port à dimension continentale ou internationale mais aussi de l’arrimer et d’arrimer l’arrière-pays à cette infrastructure. Et donc ,dans le discours de Sa Majesté le Roi de 2003, il y avait déjà la mention d’un port aux standards internationaux mais aussi d’un ensemble de zones industrielles qui 62 N° 49 Août-Septembre 2019 INDUSTRIE DU MAROC

devaient bénéficier de cette infrastructure. Donc dans la loi de création de l’agence, il est précisé que l’un des objectifs de ce groupe est de développer 5.000 hectares de zones industrielles dans l’environnement immédiat du port, c’est-à-dire sur une zone d’activité spéciale de l’ordre de 50 km de rayon, et 3.000 hectares de zones industrielles en dehors de cette zone. C’est un projet intégré et c’est important de garder en tête que l’infrastructure est un préalable de l’industrialisation parce que les investisseurs internationaux, et c’est encore plus visible à Tanger Med parce que nous avons une prédominance du modèle de zones franches par rapport aux zones industrielles, nous sommes dans un marché mondial où il y a une concurrence très importante sur les investissements industriels. L’arrivée de cette infrastructure de Tanger Med nous a donc permis d’exister sur la carte mondiale de l’attractivité industrielle parce que nous proposons aujourd’hui une connectivité qui n’est pas facile à avoir dans d’autres régions. Le port de Tanger Med est connecté à

186 ports et 77 pays sur une fréquence hebdomadaire. Le Maroc est aujourd'hui classé au 17e rang mondial en termes de connectivité maritime grâce à ce port et au coût logistique qu’il permet étant donné sa position, la modernité et la productivité des infrastructures. C’est un indicateur très fort et c’est un facteur de compétitivité très important pour l’économie marocaine et pour les industriels qui s’y installent. Il faut comprendre que 17e est un classement qui nous situe entre l’Italie et le Japon! On ne voit pas souvent le Maroc classé entre ces deux économies mondiales. C’est donc un atout et cet atout a commencé à être utilisé avec un impact significatif grâce aux zones industrielles situées autour du port : Tanger Free Zone, Renault Tanger Med, ou encore Tanger Automotive City, qui est en pleine croissance et qui est en train de lancer une nouvelle tranche, en encore les zones de Tétouan Parc et Tétouan Shore. Ces zones bénéficient de cette proximité et ont joué un rôle moteur pour donner un rationnel à notre activité du Maroc par rapport à des investisseurs qui benchmarkent le Maroc avec la Turquie, l’Espagne, le Mexique, la Pologne et les pays d’Asie.


DOSSI ER FMZI

MOHSSINE SEMMAR, MEMBRE DU DIRECTOIRE DE MEDZ.

M

edz est une société de droit privé filiale du Groupe CDG branche développement territorial. Nous avons été affiliés depuis 2002 et nous avons été positionnés depuis notre création comme accompagnateurs des stratégies sectorielles dans la stratégie industrielle. Et ce, depuis le pacte d’émergence industrielle jusqu‘au plan d’accélération industrielle. Le challenge pour notre société était justement de porter la mise en œuvre de zones industrielles de nouvelle génération intégrant tous les prérequis de la compétitivité. Ces prérequis consistent en une infrastructure aux

standards internationaux, une connectivité, une infrastructure logistique, un bassin d’emploi profond et diversifié, un ancrage sur le monde du savoir et de la recherche. Si nous développons des zones de massification et de création de richesses, il faudrait montrer le chemin aux industriels pour qu’ils puissent s’inscrire dans une démarche d’innovation et de développement technologique, et un ancrage sur le monde du savoir est justement le dispositif qui permettrait d’atteindre

cet objectif, sans oublier l’ancrage sur l’environnement urbain.

MOUNIR BENYAHYA,

DIRECTEUR DES PARCS INDUSTRIELS CFCIM.

L

a Chambre Française de Commerce et d'Industrie du Maroc est une entité qui vise à faciliter les échanges entre les acteurs économiques marocains et français et très souvent nous étions confrontés à la problématique du foncier. Le foncier reste un des freins à l’investissement parce qu’il fait l’objet d’une spéculation importante, ne répond pas forcément aux attentes des industriels. Et les équipements, une fois réalisés par les aménageurs, quand ils sont bons, deviennent très vite vétustes parce qu’il n’y a aucun mécanisme intrinsèque de maintenance ni de gestion de ces zones. Devant ce constat, on pouvait rester en train de critiquer ou agir. Et c’est plutôt l’action que nous avons choisie et la CFCIM s’est liée dans le cadre d’un partenariat avec le ministère du Commerce et de l’Industrie pour réaliser des zones pilotes basées sur le système locatif. C’est en cela qu’il y avait une rupture par rapport au passé. Nous avons donc réalisé une zone industrielle qui proposaient du foncier à très bas coût en option locative, donc nous éliminions aussitôt tout risque de spéculation et nous assurions à la zone des revenus locatifs, donc de quoi faire

de la maintenance et de la gestion sur le long terme. Nous avons mis en place également une structure de gestion au sein de la zone qui assurerait le rôle d’animateur et de facilitateur des échanges pour les industriels, les hommes et les femmes qui s’y installent. Le dernier volet de notre offre est la facilité administrative à travers un guichet unique qui assure l’interface entre l’administration et l’investisseur. Aujourd’hui, nous avons à notre actif 9 zones industrielles à des stades d’avancement différents. Nous avons commencé par réaliser une première zone du côté de Bouskoura qui proposait du foncier locatif et par la suite nous avons développé l’offre avec du bâtiment prêt à l’emploi. Là aussi, il y a une demande, car les industriels préfèrent mettre de l’argent dans ce qui est productif et non dans les murs, donc il fallait s’adapter et suivre cette tendance. Dans ce cadre-là, nous accompagnons également les régions. Aujourd’hui, nous avons des projets sur les régions du

Sud du Royaume sur Laâyoune, Dakhla et des projets sur Marrakech et Fès. Nous nous voulons donc accompagnateurs de cette dynamique, à la fois centrale à travers le ministère de l’Industrie et sa vision dans le cadre du PAI , qui a érigé les Plateformes industrielles locatives (PIL) comme modèles de développement territorial de son offre, mais également des régions, qui commencent, dans la cadre de leurs projets de développement régionaux (PDR), à prendre en main cette problématique d’infrastructures d’accueil. Nous essayons à chaque fois d’avoir un marketing territorial qui met en avant les atouts de chaque région. N°49 Août-Septembre 2019 63 INDUSTRIE DU MAROC


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RÉHABILITATION DES ZI : L’URGENCE D’UNE BONNE GOUVERNANCE LA DIMENSION DE LA RÉHABILITATION, DE LA MODERNISATION ET DE LA MISE À NIVEAU DES ZONES INDUSTRIELLES EST UN POINT CLÉ DE LA RÉUSSITE DU PLAN D’ACCÉLÉRATION INDUSTRIELLE ET DE LA PROBLÉMATIQUE DU FONCIER INDUSTRIEL. MAIS ELLE NE SAURAIT ÊTRE EFFICACE SANS UN MODÈLE DE GOUVERNANCE QUI PERMETTE SA PÉRENNISATION.

F

ace à la nécessité de gestion et de réhabilitation des zones industrielles du Royaume, plusieurs scénarios se dessinent. D’un côté, les zones franches sont régies par une loi et des textes qui permettent aux gestionnaires de zones d’agir et d’interagir avec les industriels et de pouvoir discuter de la mise à niveau de la zone dans laquelle ils opèrent, et d’un autre côté, il y a les zones assujetties ou libres, qui ne sont soumises à aucune loi concernant leur gestion. Là encore, plusieurs situations se profilent. Il existe des zones régies par des aménageurs développeurs qui gèrent la zone, d’autres qui ont créé des associations pour le faire et enfin des zones qui relèvent de la 64 N° 49 Août-Septembre 2019 INDUSTRIE DU MAROC

commune et qui sont aujourd’hui livrées à elles-mêmes, tombant en décrépitude.

Une question d'implication... «Le financement de la réhabilitation n’est pourtant pas un problème, car le ministère a injecté de gros moyens pour la réhabilitation des zones via le Fonds Hassan II, le problème qui se pose est une question de gouvernance et d’implication de tous les partenaires», souligne Yassir Adil, Président de la Chambre de Commerce, de l’Industrie et de Services de la région CasablancaSettat. «Je suis président depuis un an et demi et j’ai trouvé 3 dossiers de réhabilitation de 3 zones, celles de

Berrechid, Settat et El Jadida. Or nous n’avons pu débloquer que celle-ci faute d’autorisations et d’engagement de la commune. Il y a en effet un problème de gouvernance dans ces zones, et avec les changements d’élus, les priorités changent et il n’y a pas assez d’implication pour mener jusqu’au bout la réhabilitation des zones», a-t-il témoigné. Pour Adil, un pilote institutionnel et nécessaire pour la transformation et la réussite de la réhabilitation des zones existantes et faire le suivi de la gestion et de l’entretien, le temps qu’une association se monte sur place et prenne le relai pour gérer.


DOSSI ER FMZI

«Le financement de la réhabilitation n’est pas un problème, car le ministère a injecté de gros moyens via le Fonds Hassan II, le problème qui se pose est une question de gouvernance et d’implication de tous les partenaires.»

YASSIR ADIL,

PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE DE COMMERCE, DE L’INDUSTRIE ET DE SERVICES DE LA RÉGION CASABLANCA-SETTAT.

Mais aussi de redevances de gestion Mais même dans le cas des zones libres qui ont des aménageurs développeurs pour assurer leur gestion, Mohssine Semmar, membre du directoire de Medz, note que «lorsqu’elles sont aménagées, réceptionnées, elles doivent être gérés, mais ne disposent pas forcément de redevances de gestion qui permettraient à l’aménageur de mettre à niveau la zone et d’assurer les services de proximité». Cela est plus facile dans le cas de foncier locatif, tempère l’aménageur, puisque le loyer comprend une redevance de gestion et qu’il est possible de planifier des programmes de réhabilitation et de maintenance des voies et des infrastructures, mais il est difficile lorsque l’industriel a acquis le terrain de pouvoir assurer le recouvrement des redevances. Un test mis en place par Medz à Jorf Lasfar En attendant qu’une loi sur les zones libres arrive, à l’instar de celle sur les zones franches, au niveau des zones développées par Medz, un modèle a été mis en place. «Nous avons essayé

de fédérer les industriels des zones libres en associations et nous nous chargeons, à travers notre filiale Medz Sourcing, d’assurer la gestion et de la facturer au nom de l’association», a expliqué

LA COMPLÉMENTARITÉ ENTRE UNE ASSOCIATION D’ENTREPRISES ET UN GESTIONNAIRE DE PARC EST ESSENTIELLE DANS UNE LOGIQUE DE GOUVERNANCE, COMME LE SYNDIC DE COPROPRIÉTAIRES. Semmar, notant que c’est une manière d’abord de gratifier les industriels, de leur montrer que les services sont là, avec le professionnalisme qu’il faut, tout en responsabilisant l’association concernant le financement. Ce modèle a démarré sur la zone de Jorf Lasfar, où une association a été créée, mais

où Medz n’a pas encore perçu de redevances, mais continue à assurer la gestion parce que l’aménageur a encore des terrains libres qui relèvent de sa responsabilité. «C’est un modèle qui risque de s’essouffler si nous n’avons pas de cadre juridique pour obliger les industriels à payer cette redevance», alerte le membre du directoire de Medz.

Mettre en place un interlocuteur «La complémentarité entre une association d’entreprises et un gestionnaire de parc est essentielle dans une logique de gouvernance, comme le syndic de copropriétaires», a confirmé Jean François Valles, Directeur associé et fondateur de Synopter. Pour l’expert en zones industrielles, mettre en œuvre dans les différentes zones un interlocuteur est un moyen de responsabiliser les chefs d’entreprise avec une instance qui permet une autorégulation entre eux. «Il n’y a pas mieux qu’un chef d’entreprise pour dire à un autre chef d’entreprise que la pratique qui est développée dans son entreprise ne lui plait pas ou ne fonctionne pas et cela crée des dialogues intéressants», a-t-il soutenu. Sur la question de la réglementation, N°49 Août-Septembre 2019 65 INDUSTRIE DU MAROC


DOSSI ER FMZI Valles a cependant affirmé qu’il est plus facile de la faire respecter quand un chef d’entreprise n’est pas propriétaire du foncier. «L’avantage des baux locatifs, comme ceux du CFCIM, permet aux gestionnaires de développer un lien plus fort avec l’utilisateur et de dépasser cette logique de la propriété privée. Même si on pose des règles, une fois qu’on a vendu le foncier on s’aperçoit qu’on a énormément de mal à travailler avec le chef d’entreprise propriétaire». Le bail serait donc, selon son expérience, un bon levier pour créer un dialogue avec le locataire usager qui donne alors un peu plus de pouvoir au gestionnaire et est plus responsabilisé.

Une association des industriels de chaque zone Dans les zones franches, cependant, les choses se passent différemment. La loi prévoit qu’il y ait obligatoirement la création d’une association des industriels de chaque zone et elle

est prévue par le règlement intérieur également mais elle ne vient pas se substituer à l’aménageur développeur gestionnaire de la zone. Elle devient son interlocuteur par rapport aux industriels et aux différentes problématiques liées à chacune des zones. Aref Hassani, Directeur général de MidParc, bien que l’association du parc n’ait pas encore été créée dû au jeune âge de la zone, a affirmé qu’il peut intervenir même à l’intérieur des unités industrielles si les règles ne sont pas respectées en matière de déchets, de construction anarchique ou sans autorisation….. Tout cela est prévu préalablement. Il a expliqué que «le cahier des charges de la zone et le règlement intérieur sont définis par la loi comme étant la loi de la zone franche et cela comprend notamment des dispositions environnementales sur la collecte de déchets, ou concernant le fait que chaque unité industrielle doit réserver une partie de sa parcelle

«La question financière revient parce que pour faire tourner correctement une association, il faut un nombre assez important de membres pour que les cotisations permettent de mettre en place une direction, un bureau, un secrétariat… et pour que la mobilisation soit effective. Le niveau d'engagement de chacun est aussi important.» 66 N° 49 Août-Septembre 2019 INDUSTRIE DU MAROC

à des espaces verts, au parking…» Et d’ajouter : «A MidParc, nous imposons cela dans les cahiers des charges et des règlements intérieurs parmi les annexes de tous les contrats, ainsi qu’une charte éthique. La plupart des entreprises sont assez sensibles à cela et savent qu’elles doivent respecter un certain nombre de règles. Cela va du respect de l’environnement jusqu’au gentelmen agreement entre entreprises pour ne pas débaucher des employés. Et une violation de ces règles peut aboutir à des sanctions de la part de l’aménageur développeur gestionnaire de la zone». Il est donc important que l’industriel sache qu’en face de lui il y a une autorité, le gestionnaire de la zone, qui a des prérogatives et qui peut intervenir par les textes de loi si ces règles ne sont pas respectées.

Un gouvernement engagé pour apporter des solutions Conscient de la nécessité, voire de

AREF HASSANI,

DIRECTEUR GÉNÉRAL DE MIDPARC


DOSSI ER FMZI l’urgence d’un cadre juridique pour la gouvernance des zones industrielles, le gouvernement travaille actuellement avec MCA Morocco, à l’élaboration d’une loi. «Nous sommes convaincus que ce projet de loi va résoudre beaucoup de problèmes parce que nous sommes forts du projet de loi sur les zones franches (loi 19-94). Et dans le cadre de ce projet de loi, il y a un outil qui, je l’espère, aura l’adhésion de tous, c’est la réalisation d’un cahier des charges pour la réhabilitation d’une zone sur toute la chaine de valeur, depuis l’idée, la conception jusqu’à la gestion. Ce cahier des charges devra être observé par n’importe quel porteur de projet de zone industrielle, un corps élu, l’État, ou une entreprise privée. Je suis convaincue que c’est la formule qui va faire changer les choses,car les collectivités locales, qui sont pointées du doigt, devront les respecter», a prévenu Ouatika El Khalfi, Directrice des infrastructures industrielles, commerciales, technologiques et de recherche et développement au ministère de l’Industrie.

d’engagement et d’efficacité des CCIS À cette question, le témoignage du président de la Chambre de commerce, de l’industrie et de services de la région Casablanca-Settat apporte une réponse sans équivoque. «Nous avons essayé, en tant que chambre de commerce, en partenariat avec le ministère de l’Industrie, de faire quelques expériences de réhabilitation de zones. Or cette réhabilitation ne peut réussir qu’en cas d’implication des opérateurs de la zone. Si les industriels qui y opèrent n’ont pas envie de se réunir en association, n’ont pas la volonté de travailler à la réhabilitation de la zone, cela ne sert à rien d’injecter des fonds dans une zone qui va encore rester livrée à elle-même et ne sera pas entretenue». Ce que le président de la Chambre observe à travers son institution, c’est un vide institutionnel des instances chargées de ce type d’activités, notamment les CCIS à travers le Royaume. Tempérant ses propos, Adil a poursuivi : «Aujourd’hui, les choses ont changé, le ministre est décidé à opérer une véritable réforme des CCIS et parmi les axes

L'implication des Chambres de commerce dans la gestion Autre nouveauté engagée par le gouvernement, en l’absence d’association gestionnaire, la gestion des zones industrielles sera confiée aux Chambres de commerce, d’industrie et de services (CCIS). "Le ministre de l’Industrie, Moulay Hafid Elalamy, a donné ses instructions pour faire des CCIS le premier partenaire du ministère de l’Industrie sur le volet de la gestion des zones industrielles dans un premier temps", a confié El Khalfi avant d'ajouter: «En tant qu’État, nous avons comme devoir de planifier et nous travaillons sur un schéma directeur des zones industrielles avec les 12 régions du Royaume. Nous allons travailler sur les questions de gestion et de gouvernance avec les élus et les autorités locales et avec les institutions que sont les Chambres de commerce, car il est hors de question qu’une zone soit réalisée sans que le maillon gestion soit là. Nous ne pouvons pas reproduire le modèle de zones livrées à elles-mêmes». Reste à se demander quel sera le niveau

DANS LE CADRE DE SON PROJET DE LOI, LE MINISTÈRE DE L'INDUSTRIE EST EN TRAIN DE RÉALISER UN CAHIER DES CHARGES POUR LA RÉHABILITATION D’UNE ZONE SUR TOUTE LA CHAINE DE VALEUR, DEPUIS L’IDÉE, LA CONCEPTION JUSQU’À LA GESTION. principaux de cette réforme figure leur implication dans la gestion des zones industrielles et la création de nouvelles zones. Ce que nous proposons pour les zones actuelles où il n’y a pas de pilote, pas d’association, est que la Chambre de commerce se substitue, avec tous les intervenants de la région, pour piloter

et gérer cette transformation, cette réhabilitation, en attendant que la zone soit apte à se gérer elle-même. Nous devons remplir ce rôle pour remplacer le vide institutionnel qui nous a laissé aujourd’hui énormément de terrains libres non exploités dans la région de Casablanca».

Créer des associations, oui mais… Concernant l’annonce par El Khalfi d’un projet de loi s’inspirant de celle des zones franches et du modèle de l’Association des Co-propriétaires de la Zone industrielle de Tanger, et qui prévoirait l’obligation de la création d’une association gestionnaire des zones, la question est de savoir si cela est réaliste et réalisable. Alaoui Moulay Youssef, membre fondateur de l’association AZIAN, qui réunit les opérateurs économiques de la zone industrielle d’Aïn Sebaâ-Hay Mohammadi, a relevé l’importance d’une masse critique et de moyens humains et financiers pour assurer le fonctionnement et les actions d’une association gestionnaire, rappelant qu’il s’agit de développer des dizaines de kilomètres de routes, d’assurer l’éclairage, la sécurité… des zones. «C’estaussiunequestiondecoordination, il faut trouver le temps de se parler et voir ce qu’on peut faire ensemble. Il faut aussi donner envie aux acteurs de la zone de s’investir», a-t-il ajouté. Donnant l’exemple de l’association Sinaâ, créée il y a plus de 10 ans et dont il était membre fondateur, il a explqué qu'elle a connu un essoufflement au fil du temps parce qu’elle n’avait pas de directeur, d’animateur… «Dans le cadre d’une association, les autorités nous interpellent parce qu’il y a des réunions... Or les chefs d’entreprises n’ont pas toujours le temps. La question financière revient parce que pour faire tourner correctement une association, il faut un nombre assez important de membres pour que les cotisations permettent de mettre en place une direction, un bureau, un secrétariat… pour que la mobilisation soit effective», a-t-il insisté. Et d’ajouter qu’au-delà de cela il y a aussi un aspect personnel qui est le niveau d'engagement de chacun. N°49 Août-Septembre 2019 67 INDUSTRIE DU MAROC


DOSSI ER FMZI Gestionnaire de zone, un nouveau métier en quête de légitimité Le métier de gestionnaire de zones industrielles reste quelque chose de récent, et mis à part les zones gérées par les aménageurs développeurs gestionnaires Medz et TMSA ou la CFCIM, l’ensemble des zones industrielles sont gérées généralement par des associations. «Le cadre légal n’est pas forcément le plus adéquat. Au niveau de l’association Cozine, créée en 2016, dont Semmar et Mrharty sont membres du bureau, nous essayons de faire en sorte qu’il y ait un texte spécifique qui érige ce métier de gestionnaire de zones industrielles et lui donne la légitimité sur ce territoire, ce qui va lui faciliter les choses», a tenu à annoncer Mounir Benyahya, Directeur des parcs industriels à la CFCIM et président du Collectif des zones industrielles pour l'environnement (Cozine). Une des missions de cette association est de créer un échange de bonnes pratiques des gestionnaires de zones industrielles, parce qu’ils sont tous confrontés aux mêmes problématiques et que chacun y

SI LES INDUSTRIELS QUI OPÈRENT DANS UNE ZONE INDUSTRIELLE N’ONT PAS ENVIE DE SE RÉUNIR EN ASSOCIATION, N’ONT PAS LA VOLONTÉ DE TRAVAILLER À SA RÉHABILITATION, CELA NE SERT À RIEN D’INJECTER DES FONDS DANS UNE ZONE QUI VA ENCORE RESTER LIVRÉE À ELLE-MÊME ET NE SERA PAS ENTRETENUE. apporte une solution différente, que ce soit au niveau national ou Sud-Sud. «La stratégie de développement de notre association prévoit de créer une coalition à l’échelle, ne serait-ce que des pays francophones d’Afrique de l’Ouest, pour

échanger nos expériences, car le Maroc peut apporter une réponse beaucoup plus concrète et beaucoup plus rapide à cette problématique, puisque nous sommes passés par les différentes étapes d’évolution des zones: de la zone industrielle qui était un simple quartier, à un découpage géographique, puis vers des parcs industriels avec un écosystème derrière et toute une approche de marketing territorial», ambitionne le président du Cozine. Pour conclure sur la question de la réhabilitation des zones industrielles, Benyahya a déclaré préférer le terme redynamisation parce qu’une réhabilitation n’est qu’une échéance qui en attendra une autre, sachant que si l’infrastructure est réhabilitée mais qu’il n’y a aucun mécanisme de maintenance prévu, ce ne sera que partie remise quelques années plus tard. À l’inverse, selon le militant pour l’environnement et le développement durable, «une redynamisation est quelque chose qui inscrit la zone dans une durabilité et qui la rend résiliente elle-même face à ses changements».

«La question financière revient parce que pour faire tourner correctement une association, il faut un nombre assez important de membres pour que les cotisations permettent de mettre en place une direction, un bureau, un secrétariat… pour que la mobilisation soit effective. YOUSSEF, Le niveau d'implication ALAOUI MOULAY MEMBRE FONDATEUR DE L’ASSOCIATION AZIAN. de chacun est aussi important.» 68 N° 49 Août-Septembre 2019 INDUSTRIE DU MAROC


N°49 Août-Septembre 2019 69 INDUSTRIE DU MAROC


DOSSI ER FMZI

L’ASSOCIATION DE LA ZONE INDUSTRIELLE DE TANGER, UN MODÈLE DE BONNE GESTION

ADIL RAIS,

PSDT DE LA CGEM - NORD, EX PRÉSIDENT DE L'AZIT. L'ANCIEN PRÉSIDENT DE L'ASSOCIATION DE LA ZONE INDUSTRIELLE DE TANGER, ADIL RAIS, EST INTERVENU LORS DU FMZI POUR PARTAGER L'EXPÉRIENCE RÉUSSIE DE SA RÉGION. RAPPELANT L'HISTOIRE DE LA CRÉATION DES ANCIENNES ZI ET LEUR IMPORTANCE POUR L'ÉCONOMIE NATIONALE, IL APPELLE À RÉFLÉCHIR POUR TROUVER UNE ISSUE À LEUR MAUVAISE GESTION. Vieilles zones industrielles : le contexte Nées principalement dans les années 70 dans la politique de zoning lancée par le gouvernement de l’époque, qui avait 4 zones différentes dans lesquelles il y a eu la création de 73 zones industrielles, ces zones ont été réparties sur tout le territoire national. Sur la région de Tanger Tétouan El Hoceima; nous avons 8 zones industrielles de l’ancienne époque. Or ces zones sont souvent oubliées et n’appartiennent à aucune société qui les a aménagées. Elles ont été aménagées par le ministère de l’Equipement et devraient être aujourd’hui entretenues par les communes. A l’instar de Sidi Bernoussi à Casablanca, elles intègrent la plupart des industries qui travaillent pour le marché national et sont aujourd’hui dans un état souvent calamiteux : routes défoncées, assainissement défaillant, problèmes de ramassage des déchets, de transport… tout cela parce qu’il n’y a pas de structures de gestion propres à ces zones industrielles. C’est un cadre à créer, mais il faut dire qu’il l’a déjà été dans le 70 N° 49 Août-Septembre 2019 INDUSTRIE DU MAROC

sens où nous avons créé un modèle qui est le nôtre: celui de l’Association de la Zone industrielle de Tanger, l’AZIT, dont j’étais président jusqu’à la semaine passée.

Une association en copropriété Suite à de multiples inondations, nous avons créé l’AZIT en 1990. Nous avons eu de la chance, car l’Etat avait eu du retard par rapport à la délivrance des titres. Donc nous avons pu inscrire l’obligation d’adhérer à l’association dans les titres

L'AZIT FONCTIONNE SOUS FORME DE COPROPRIÉTÉ, COMME POUR LES IMMEUBLES. C’EST UNE SORTE DE COGESTION, ET C’EST UNE FORCE QUE LA GESTION DÉLÉGUÉE N’A PAS.

des sociétés en 1990, avec l’aide d’un conservateur général courageux qui a été avec nous jusqu’au bout. Tout de suite après, nous avons créé l’association AZIT sous forme de copropriété, comme pour les immeubles, et ce, pour remplacer la commune qui était et qui reste toujours défaillante. Nous avons un budget qui est calculé sur la surface occupée et heureusement pour nous, ce qui n’est pas le cas de toutes associations, les sociétés qui sont sur la zone de Tanger sont obligées de payer parce que c’est de la copropriété. Du coup, nous avons un budget important et nous faisons tout nousmêmes. Nous avons des engins, des camions, nous faisons l’entretien, le ramassage des déchets, la formation… Nous avons mutualisé l’achat des combustibles, des palettes… C’est une forme de cogestion, et c’est une force que la gestion déléguée n’a pas.

Un modèle qui pourrait être dupliqué Notre association est le seul cas qui existe au Maroc et il a été soulevé


DOSSI ER FMZI de nombreuses fois par la Banque mondiale. C’est un modèle qui pourrait être aujourd’hui dupliqué, mais il faudrait trouver l’astuce juridique, sur les zones industrielles de cette époque, parmi lesquelles Berrechid, pour l’implémenter. Certes, la plupart de ces zones ont besoin de réhabilitation, mais il faut également entretenir. Mais par qui? Si nous laissons ce rôle aux communes, nous aurons les mêmes problèmes plus tard.

Un projet de loi avec l’USAID A l’époque, nous avions travaillé avec l’USAID sur un projet de loi pour dupliquer ce modèle mais aussi pour récupérer une partie de la taxe de délité. Par exemple à l’AZIT, nous payons la taxe à la commune alors que nous faisons tout le travail. Et quand nous avons voulu la récupérer, le Secrétaire général du gouvernement à l’époque a refusé répondant qu’il ne pouvait pas autoriser cela parce que les taxes ne peuvent être restituées. Donc, je pense qu’il faudrait faire l’effort de réfléchir à cette organisation nouvelle et de doter ces associations d’un statut légal qui leur permette d’exister de façon forte avec un budget, des moyens, mais aussi trouver l’astuce avec le ministère de l’Industrie pour que cette restitution de délité constitue des moyens complémentaires pour opérer l’entretien des zones et que ces associations puissent faire le travail à l’image des sociétés privées comme Medz et TMSA. Le cadre existe, ce que nous voulons c’est qu’il n’y ait pas deux Maroc : un Maroc Medz. et un Maroc qui manque d’infrastructures et des zones qui sont même occupées dans certains cas par des habitats clandestins comme à Bernoussi. Des défaillances ou des lacunes juridiques empêchent la valorisation Et sur ces ZI on a parlé de valorisation, moins de 50%. Pas sur notre zone, l’AZIT, mais sur d’autres, il y a énormément de terrains disponibles et sur Tanger par exemple des industriels cherchent du terrain disponible. Il est là mais il n’a pas été récupéré. Le concept d’obligation de valorisation existait dans les cahiers des charges de 1972-73 et il y avait un délai

de 2 ans pour valoriser le terrain sinon il devrait être récupéré par la commune, mais cela n’a pas été fait. Dans aucune zone industrielle. Nous avons lancé la démarche sur la zone de l’AZIT sur 7 terrains que nous voulions récupérer mais le wali a trouvé énormément de difficultés à le faire. Il y a donc aujourd’hui des dizaines de millions de dirhams disponibles pour investir dans la zone, des sociétés qui cherchent à étendre leur activité sur la zone, le terrain et là, mais nous ne pouvons pas le récupérer parce qu’il y a un certain nombre de défaillances ou de lacunes juridiques. Beaucoup de zones industrielles pourraient être mieux occupées, comme celles de Larache ou Kser Kebir ou Tetouan où les zones ne sont occupées qu’à 20 ou 30% pour des raisons multiples. Aujourd’hui il faudrait une vraie réflexion et une détermination réelle pour trouver une issue afin de créer une structure pour gérer, réhabiliter et réorienter ces zones.

Faut-il laisser aux communes la prérogative de gestion de ces zones ? Nous avons construit une caserne de pompiers, un poste de police, une infirmerie, et nous sommes en train de doter la zone de caméras de surveillance,

LA QUESTION EST DE SAVOIR S’IL FAUT LAISSER AUX COMMUNES LA PRÉROGATIVE DE GESTION DES ZONES INDUSTRIELLES. et de construire des restaurants à l’extérieur pour les ouvriers. Nous avons financé plus de 15 millions de dirhams, tout en payant les taxes à l’Etat et en payant les taxes à la commune. Aujourd’hui, la question à se poser est de savoir s’il faut laisser aux communes la prérogative de gestion de ces zones.

Nous ne pouvons plus continuer de commettre ces erreurs. Les communes sont occupées par la gestion de la ville, leur programme politique… les zones industrielles sont autre chose, c’est un domaine complexe et nous voyons sur Tanger Tétouan… que les communes ne sont pas capables, n’ont pas les moyens. Il faut maintenant que l’Etat prenne une décision pour faire respecter les cahiers de charges de ces anciennes zones qui existent. Dans la zone de l’AZIT, nous avons une valorisation de 95% et nous manquons de terrains. Or parmi les terrains qui sont revendus, la commune autorise une station-service, une station de contrôle de voitures, des commerces, une salle de sport et l’industriel est à côté à chercher un terrain pour l’extension de son activité. Aujourd’hui, ce qu’il faut faire c’est de dire que les communes n’ont pas la capacité ni les moyens ou les ressources, ou pour des raisons politiques ou autres, de gérer ces zones et doivent en être dégagées. Travaillons avec les provinces, les walis, les ministères… à une façon différente d’avoir une autorité de tutelle. Mais avant tout, il faut que ces zones industrielles soient dotées d’associations avec un caractère qui leur permette de gérer et de continuer à gérer leur zone. Ne négligeons pas ces zones industrielles, car sur notre ville, par exemple, la zone qui participe le plus à l’effort fiscal, qui paie le plus d’impôts, ce n’est pas Tanger Free Zone, c’est la nôtre, c’est nous qui payons l’IS. La continuité de ces zones est donc essentielle même pour l’équilibre fiscal du pays. Rien n’est perdu, nous avons la possibilité de concilier l’ancien et le nouveau. Une bonne expérience a été tirée de ce qui a été fait récemment, et le ministère aujourd’hui a une volonté extraordinaire d’accompagner les anciennes zones industrielles, aidé des bonnes pratiques qu’il faudrait voir généraliser et qu’il faudrait échanger avec les acteurs privés et les associations pour que l’expérience soit générale et qu’elle soit intéressante. Pour cela, je suis très confiant mais pour moi réfléchir à la problématique de la commune qui gère les zones est une clé du problème.

N°49 Août-Septembre 2019 71 INDUSTRIE DU MAROC


DOSSI ER FMZI

ZI DURABLES: DÉFINITION, EXEMPLES ET MEILLEURES PRATIQUES DES ZONES INDUSTRIELLES DURABLES, QUÈSACO? CHACUN DES EXPERTS PRÉSENTS AU FMZI Y EST ALLÉ DE SA RÉPONSE. MAIS UNE CHOSE EST SURE, LA NOTION DE DURÉE EST ESSENTIELLE.

À

la notion de zones durables, Jean François , Directeur associé et fondateur de Synopter, qui parcourt les zones industrielles et les parcs d’activité à travers le monde depuis 20 ans sur le sujet, préfère celle de performance durable. Selon lui, lorsqu’on aménage une zone d’activité, on est dans une notion de durée : «On n’aménage pas du jour au lendemain, on mesure la performance de la zone à l’aube de sa commercialisation. On se dit que la zone est performante aujourd’hui et qu’elle est là pour durer donc vieillir. Or à quoi bon concentrer des entreprises si c’est pour concentrer la pollution et à terme devoir traiter des pollutions qui seront coûteuses à la fois pour la nature, pour l’homme et au final

72 N° 49 Août-Septembre 2019 INDUSTRIE DU MAROC

au niveau économique et aussi social ? C’est un sujet qui est un peu oublié dans la mission des zones d’activités».

Une question à se poser au regard de la durée Donc, selon cet expert, le débat du développement durable ou de la performance durable d’une zone d’activité est une question qu’il faut se poser au regard de la durée. C’est un débat qui remet au cœur de la démarche l’humain et qui ne peut être résolu avec un seul acteur, car ce ne sont pas uniquement les chefs d’entreprises qui ont la responsabilité de la performance durable. Au Maroc, les associations y contribuent, les Chambres de commerce se positionnent

également sur la question, ainsi que les investisseurs privés, les communes, les employés… Donc, nous sommes bien dans une démarche complexe qui nécessite un vrai savoir-faire et au moins de donner du sens à cette concentration et se dire qu’il faut travailler ensemble pour permettre de maintenir dans le temps tous les investissements qui ont été faits, qu’ils soient financiers, ou au regard de la consommation de terre agricole ou de l’investissement humain des personnes qui vont y travailler et donc passent plus de temps dans leur vie dans une zone industrielle qu’ailleurs. Or, selon Valles, la zone industrielle est souvent appréhendée comme un élément figé : «On parle beaucoup de voiries, de parcelles, mais c’est un


DOSSI ER FMZI élément figé face à un monde qui bouge. Aujourd’hui, de plus en plus d’entreprises appréhendent la zone industrielle comme un lieu de services. Il faut donc appréhender cette question de la performance durable en réfléchissant à comment remettre du dynamisme, de la vie dans les zones d’activité, pour faire en sorte que la première année, 10 ans après, 30 ans après… les chefs d’entreprises soient contents d’être là, que de nouveaux investisseurs veuillent y venir, et que les employés trouvent des solutions par rapport à leurs problématiques comme celle de la question du genre, de l’inclusion sociale, de la formation…». Au final, pour le directeur associé de Synopter, «la vraie question est de trouver comment appréhender un objet que l’on voit comme un objet d’aménagement, donc comme quelque chose de figé, pour en faire un vrai écosystème local qui soit dynamique, qui génère des synergies et qui donne à chacun envie de s’investir. Voilà comment on installe dans le temps cette notion de performance globale d’une zone d’activité».

Une zone peut tendre vers la durabilité mais ne peut jamais l’atteindre La gestion des zones industrielles se veut donc désormais placée sous le signe de la durabilité. Et Mounir Benyahya, président du Collectif des zones industrielles pour l’environnement (COZINE), est très sensible à cette notion qui évolue dans le temps et l’espace. «Une zone peut tendre vers la durabilité mais ne peut jamais l’atteindre. Ce n’est pas une finalité en soi, mais il s’agit de s’inscrire dans un processus d’amélioration continue, et de mettre en place des outils qui évoluent avec les nouvelles technologies et qui peuvent s’adapter à une demande», a-t-il expliqué. En effet, de son point de vue, la zone la plus belle du monde avec les dernières technologies, sur chacun des 17 objectifs du développement durable, ne répondrait pas forcément aux attentes de ses parties prenantes et de ses utilisateurs. «Il faut toujours contextualiser la zone, qu’elle soit là pour répondre à une demande, et qu’elle

suive cette tendance d’amélioration au fur et à mesure que les choses arrivent». Et d’ajouter que le Maroc a beaucoup avancé sur le volet durabilité, rappelant «qu’il existe aujourd’hui un guide de transition vers les zones industrielles durables et un guide pour le choix des sites industriels, car une zone industrielle ne devrait pas s’installer n’importe où, or nous continuons de trouver des zones dans des endroits enclavés, des lits d’oueds… et qui sont loin de la maind'œuvre. Ce genre d’aberration est une chose dont il faut tenir compte». Le président du Collectif Cozine a par ailleurs précisé que le développement durable comprend deux grandes thématiques. La première tient à l’adaptation au changement climatique : le Maroc subit un stress hydrique important, des températures qui grimpent et il faut réfléchir à la manière de préparer la zone industrielle à être résiliente face à ces changements.

IL EXISTE AUJOURD’HUI AU MAROC UN GUIDE DE TRANSITION VERS LES ZONES INDUSTRIELLES DURABLES ET UN GUIDE POUR LE CHOIX DES SITES INDUSTRIELS. La seconde concerne l’atténuation des impacts des zones industrielles et à ce niveau, il est possible d’agir sur les émissions de CO², la valorisation des déchets et la réutilisation des ressources. Sous sa casquette de directeur des parcs industriels à la Chambre française de commerce et d’industrie au Maroc (CFCIM), Mounir Benyahya a à ce titre rappelé que la Chambre a réalisé le premier écoparc du Maroc, et même à l’échelle africaine, qui a été labélisé Haute Qualité Environnementale (HQE). Dans le sillage de la Cop 22, organisée par le Royaume en 2016, ce site se veut être la vitrine du Maroc industriel moderne, qui propose aux investisseurs un cadre de travail adéquat et répond

à la question environnementale à la fois en termes d’énergie, d’efficacité énergétique, de traitement des déchets et de leur valorisation et de la réutilisation de l’eau une fois traitée. Sans compter l’installation d’un certain nombre d’infrastructures de proximité, de services de restauration, et d’une crèche pour les enfants pour faciliter l’employabilité des femmes.

Un processus de durabilité continu, progressif et qui appelle des actions d’année en année Même son de cloche du côté de Jaafar Mrhardy, Directeur général de Tanger Med Zones, qui a expliqué que Tanger Med s’est engagé, au niveau du port et des zones industrielles, dans un processus de durabilité qui est continu, progressif et qui appelle des actions d’année en année, non seulement pour se mettre à jour des différentes évolutions de concept de durabilité mais aussi pour introduire les dernières pratiques, techniques et usages. «Les zones de Tanger Med sont engagées dans une démarche de durabilité selon les meilleurs standards modernes. Les principales zones dont nous disposons, à savoir Tanger Free Zone, Tanger Automotive City et Tétouan parc, sont complètement autonomes en termes de traitement des eaux usées et en termes de traitement des déchets. Par exemple, sur Tanger Automotive City, qui est la principale zone automobile au Maroc actuellement, 100% de l’eau est recyclée et utilisée par l’arrosage. C’est un objectif qui avait été fixé il y a 5 ans et nous y sommes arrivés avec une Station d'épuration des eaux usées (STEP) organique et un traitement de troisième niveau… Ce sont des résultats satisfaisants et très encourageants. Nous avons aussi des stations de traitement et de tri des déchets, notamment à Tanger Free Zone, qui nous permettent de faire du recyclage des déchets, qu’ils soient extiles, organiques ou autres». Une structure ad hoc dédiée Du côté de MidParc, son Directeur général, Aref Hassani, a également assuré que la zone franche d’exportation de Nouaceur, dédiée à des secteurs N°49 Août-Septembre 2019 73 INDUSTRIE DU MAROC


DOSSI ER FMZI spécifiques autour de l’aéronautique et des industries connexes, a une démarche de durabilité de façon que les entreprises et leurs employés puissent exercer et évoluer dans un cadre agréable et des espaces communs toujours bien entretenus. Née d’un partenariat publicprivé entre Medzdu groupe CDG et des industriels marocains et étrangers, MidParc a ainsi avec Medz une structure ad hoc chargée de l’exploitation et de la gestion quotidienne de tous les espaces communs : voiries, trottoirs, espaces verts, éclairage public. Le deuxième élément cité par Hassani est qu’à MidParc il faut que les unités

industrielles respectent un certain nombre de normes de durabilité. «Il faut que ces usines puissent durer le plus longtemps possible dans le temps. C’est pour cela d’ailleurs qu’une grande partie est faite en propre par MidParc, et ce qui n’est pas fait par Midparc doit respecter toutes ces normes architecturales et urbanistiques et les choix des matériaux de construction extérieurs mais aussi intérieurs», a-til précisé, ajoutant qu’un cahier des charges est imposé par les autorités de tutelle, et une charte architecturale et une charte éthique sont imposées non seulement aux industriels mais aussi

à tous les intervenants de la zone, que ce soit au plan environnemental, sur les plans éthiques et sur les plans de respect mutuel en termes d’embauche et débauche… Un autre point important soulevé par le DG de MidParc est qu’il faut également que la zone ou le parc soit intégré à l’environnement immédiat régional. C’est pour cela que Medz a aménagé sur 15 hectares un parc paysager avec des infrastructures de proximité, dont l’ouverture est imminente, et qui ne sera pas géré par la zone mais par les autorités locales.

L'APPEL À PROJETS DU FONZID, UN BAROMÈTRE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE JEAN FRANÇOIS VALLES,

DIRECTEUR ASSOCIÉ ET FONDATEUR DE SYNOPTER.

L

’appel à projets du Fonds des Zones Industrielles Durables « FONZID » s’inscrit dans le cadre du Compact II qui relève du partenariat entre le Millennium Challenge Corporation (MCC) et l’Agence Millennium Challenge Account-Morocco (MCA Morocco) avec le ministère de l’Industrie. 30 millions de dollars ont été mis sur la table pour favoriser l’émergence de zones industrielles durables ou s’attaquer à la requalification des zones industrielles existantes. Cela fait maintenant 4 mois que nous faisons la promotion de ce fonds et l’appel à projets s’est clôturé le 1er 74 N° 49 Août-Septembre 2019 INDUSTRIE DU MAROC

juillet 2019. Nous avons aujourd’hui 58 projets qui sont en compétition. L’intérêt de ce fonds est qu’il a été l’occasion de prendre la température sur le sujet du développement durable par rapport aux acteurs et de savoir où nous en sommes et ce qui fonctionne ou pas. Aujourd’hui, nous avons constaté un réel engouement, le dossier du Fonzid n’est pas simple, il demande un bon niveau de réflexion, donc nous sentons qu’il y a une volonté de vouloir faire les choses. Ce qu’il faut noter, c’est une différence entre les zones franches et les zones assujetties. Je pense qu’il y a des zones où il y a des gestionnaires et des zones où il n’y en a pas vraiment. Il y a des zones où il y a des compétences humaines, avec des gens qui ont envie de faire des choses de qualité et d’avoir une zone qui soit exemplaire, et il y a d’autres endroits où les gens sont de la vieille école : ils mettent du foncier et se disent qu’il y aura bien des entreprises

qui s’installeront et on verra bien. Ceci dit, nous sentons qu’il y a de vraies réflexions de fond menées sur cette dimension de développement durable, en particulier sur le fait de se dire que fournir du foncier, tout le monde sait le faire, mais réussir à avoir un modèle économique qui permette de garantir l’entretien de la zone est déjà un peu plus compliqué. Il y a des personnes qui réfléchissent à localiser des services, ce qui est dans une démarche un peu plus avancée, en se demandant comment il est possible de résoudre un certain nombre d’impacts environnementaux auprès des entreprises, comment apporter une amélioration de la qualité de vie des employés… Et nous sentons qu’il y a une prise de conscience de cette notion de création de valeur qui a trait à cette démarche là et l’avantage concurrentiel qui est derrière. C’est également un gage de pérennité de l’image de la zone et nous revenons à cette question humaine : il y a une question de personnes, de volonté de bien faire son travail et cela paie sur le long terme.


N°49 Août-Septembre 2019 75 INDUSTRIE DU MAROC


DOSSI ER FMZI

NOUS ESSAYONS DE METTRE EN PLACE UN MAXIMUM DE FILIÈRES DE VALORISATION BENJAMIN VAUTHIER,

DIRECTEUR GÉNÉRAL DIVISION RECYCLAGE ET VALORISATION SUEZ MAROC. Suez est présent depuis des dizaines d’années dans le Royaume et accompagne le pays dans sa transformation industrielle et environnementale. Nous avons aujourd’hui plusieurs casquettes : Suez Maroc est locataire d’une parcelle d’une zone industrielle gérée par la CFCIM, nous sommes propriétaires de terrains dans les zones de Tanger Free Zone et Atlantic Free Zone, notre filiale Lydec est distributrice d’électricité et de services en eau et en assainissement, et nousmêmes nous dispensons des services de collecte de déchets et de valorisation dans un certain nombre de sousproduits. La zone industrielle durable pour Suez, c’est souvent ce que nos clients nous demandent, c'est-à-dire d’apporter des solutions environnementales qui soient dans les standards internationaux. La croissance d’un pays se fait par l’industrie mais ne peut pas se faire au détriment de l’environnement. On consomme une planète et demie par an, on a 8 millions de tonnes de plastique qui gisent au milieu du pacifique ; donc cela oblige le comportement des industriels et des sociétés qui vont servir ces industriels à mettre en place des standards environnementaux durables. On parle d’économie circulaire, de responsabilité sociale élargie. Le groupe Suez essaie de répondre à l’ensemble de ces standards et, en tant qu’utilisateur des services de zones industrielles, le Royaume a aussi besoin de développer d’autres 76 N° 49 Août-Septembre 2019 INDUSTRIE DU MAROC

solutions environnementales, ce qu’il essaie de faire à travers sa politique environnementale pour développer des outils de traitement qui soient à proximité des zones industrielles. Donc une zone industrielle durable ne peut pas l’être si elle ne tient pas compte de ces paramètres environnementaux qui assureront la pérennité de l’espèce humaine. Et cela, c’est un standard pour toutes les sociétés industrielles, qu’elles se trouvent en zones franches ou en zones assujetties. Les industriels demandent de développer des filières qui puissent valoriser la matière organique, qui puissent valoriser le plastique pour ne pas être obligés de faire appel à des filières qui sont à l’international. Je

«L’INDUSTRIE EST IMPORTANTE MAIS NE POURRA PAS SE FAIRE AU DÉTRIMENT DU RESPECT ENVIRONNEMENTAL.» pense que la COP 22 a marqué l’engagement du Royaume dans cette démarche. Le groupe Suez essaie de l’accompagner pour que les standards environnementaux soient respectés et que la compétitivité économique aussi de ces zones industrielles soit pérenne

et permette un développement de longue durée. Nous essayons de mettre en place un maximum de filières de valorisation. La contrainte dans laquelle nous sommes actuellement est que nous ne sommes que le bras armé d’un Etat et qu’il faut qu’à un moment donné il y ait une volonté politique de mettre en place ces filières-là, qui ne sont pas simples parce qu’il faut que la structure agricole soit là pour reprendre le déchet organique. Il y a un vrai challenge à mener, qui passe par la mise en place d’un certain nombre de taxes qui doivent financer ces filières de valorisation qui n’existent pas complètement encore. Donc le Royaume est en train de prendre cette direction, et nous l’accompagnons pour faire en sorte de produire le meilleur déchet. Bien que j’ai coutume de dire que le meilleur déchet qu’on produise, c’est celui qu’on ne produit pas…, on préfère faire de l’économie circulaire. Nous consommons une planète et demie par an. Nous sommes en Afrique, qui prévoit de doubler sa population sur 20 ans, il faut donc se rendre compte des enjeux environnementaux auxquels nous allons faire face demain. L’industrie est importante mais ne pourra pas se faire au détriment du respect environnemental. Le groupe Suez essaie de faire en sorte que les choses avancent le plus vite possible, mais il y a des étapes qui sont indispensables. Arriver à tout valoriser coûte de l’argent, il faut lever des fonds et ce n’est pas simple.


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ZI DES USINES DU FUTUR, LE MAROC À L’ÈRE DU 4.0 NOUS N’EN SOMMES QU’AU DÉBUT, MAIS IL N’EST PAS INTERDIT DE RÊVER ET ENCORE MOINS DE PLANIFIER DES ZI DU FUTUR AU MAROC, D’AUTANT QUE L’INDUSTRIE 4.0 EST DÉJÀ LÀ.

L

’ensemble des zones que les gestionnaires aménageurs réalisent aujourd’hui sont prévues pour être adaptables, a affirmé d’emblée Mounir Benyahya, Directeur des parcs industriels à la CFCIM. Selon lui, les infrastructures peuvent suivre les mouvements futurs qui peuvent arriver. Par exemple, aujourd’hui on ne peut pas concevoir une zone industrielle qui ne soit pas connectée à la fibre optique, ce qui n’était pas le cas il y a quelques années.

Un chamboulement de la notion de ZI Selon les directeur de parcs industriels, «la notion de gestionnaire et d’animateur de la zone, qui est à l’écoute des besoins de industriels et y répond, avec une formule soit associative soit de gestionnaire privé, est le meilleur moyen d’être à l’écoute de ces futurs besoins ». Il n’a pas manqué néanmoins de soulever que ce qui arrive dans le futur risque de chambouler la notion de zones industrielles. Si vous prenez uniquement l’impression 3D, a poursuivi Benyahya, cela va faire que la notion d’usine spécialisée va totalement disparaitre car il est possible désormais de produire des bouteilles d’eau le matin et des pièces pour l’automobile l’aprèsmidi. « Il faut donc rester souple dans les infrastructures et dans le mode de gestion mais aussi dans les textes de 78 N° 49 Août-Septembre 2019 INDUSTRIE DU MAROC

loi », a-t-il insisté.

Attirer des industriels du futur Outre cette dimension d’écoute et de flexibilité, pour Jaafar Mrhardy, DG de Tanger Med Zones, pour être sûr d’avoir une zone du futur, il faut avoir des industriels du futur, c’est-à-dire réussir à attirer des usines, des opérateurs privés qui sont à la pointe dans leur secteur. « Nous y parvenons déjà au Maroc. Par exemple à Tanger Med, sur les 15 premiers équipementiers mondiaux, nous en avons 9 qui ont des usines dans la zone. Donc nous avons déjà de l’industrie 4.0 au Maroc parce que nous avons des opérateurs mondiaux qui sont en train d’installer leur meilleurs capacités dans nos zones industrielles à Kénitra, Tanger et ailleurs», a-t-il précisé. Imprimer au lieu d’usiner Ali Seddiki, DG de l’Industrie au ministère de l’Industrie, a d’ailleurs confirmé cela en citant le cas de l’usine Daher à Tanger, qui est pilotée en temps réel, ou du site d’impression 3D en titane de Thales, le premier du genre en Afrique et au Moyen Orient. «Cette unité est entièrement pilotées par des ingénieurs marocains, et ils font aussi de la conception et du design 3D, ce qui est aujourd’hui une ressource et une compétence recherchée et très rare. Donc nous y sommes». Le

DG de l’industrie a cependant relevé que, ce qui manque aujourd’hui, c’est la connexion avec les universités et les écoles d’ingénieurs sur ces sites-là. «Quand on observe un site 4.0 ou un site du futur, qui est en fait un site du présent puisqu’il existe déjà, il y a des universités, des campus universitaires, des centres de R&D qui sont adossés à des sites de production», a constaté Seddiki, ajoutant que le capital humain et la formation sont importants. La production va changer de visage, nous allons imprimer au lieu d’usiner, et pour imprimer nous n’avons pas besoin de la même conception de l’espace industriel, par contre, a poursuivi Seddiki, nous avons besoin de matière grise autour de cet espace de production. Il a cité le centre de Sheffield, un des plus grands campus 4.0 au monde, qui a démarré par un laboratoire de recherche pour devenir aujourd’hui un centre de production pour Boeing, McLaren et tous ceux qui sont à la pointe de leur secteur. Et de conclure : « C’est ce vers quoi nous devons tendre, donc il faut que l’on puisse, les zones industrielles, le ministère de l’Industrie et les ministères de tutelle, travailler ensemble pour pouvoir voir naître un campus de recherche autour des grands bassins de production. C’est ce qu’il faut créer avant d’arriver aux sites 4.0».


DOSSI ER FMZI

«Fez Smart Factory

va créer une usine modèle 4.0.»

AMINE ZAROUK,

CGEM FÈS-TAZA, PÔLE INDUSTRIE 4.0. ET DIRECTEUR GÉNÉRAL D'ALTEN MAROC,

I

DM : En le projet Fez Smart Factory est-il innovant?

AMINE ZAROUK : Le projet Fez Smart Factory, porté par la CGEM Fès-Taza en partenariat avec l’Université EuroMéditerranéenne de Fès (UEMF), le Conseil de la Région Fès-Meknès et la Commune de Fès, consiste en une zone industrielle dont une partie est dédiée aux smart factories, c’est-àdire aux industries 4.0. La particularité de notre projet est qu’autour de ces smart factories, nous aurons une zone d’incubation de startup technologiques orientées vers les technologies du 4.0 c’est-à-dire le cloud, la block-chain, les objets connectés, l’Internet des objets, l’intelligence artificielle, le digital, la robotique… et qui vont être les principaux fournisseurs de ces smart factories. Et au milieu de cela, nous allons créer une usine modèle 4.0, qui va produire pour la Région Fès-Meknès, et générer ainsi des bons de commande à ces startups pour qu’elles puissent accompagner leur préamorçage. Le concept de l’incubateur existe, de même que le concept des usines intelligentes, maintenant l’innovation est de les réunir et de les mettre côte-à-côte. Et parce que dans une région comme Fès, la plupart des experts de l’incubation ou des startups ne veulent pas installer des startups loin du marché, qui est principalement à Casablanca, nous les mettons dans un environnement où leur client va être à proximité, et leur premier client sera justement l’usine modèle. Cette zone va être intégrée et l’usine

modèle va permettre aussi la formation continue des entreprises et permettre d’accompagner les étudiants

C’est là qu’intervient le partenariat avec l’UEMF… En effet, la particularité de cette zone est qu’elle va être hébergée par l’université Euromed de Fès, et l’avantage de cela est que nous allons pouvoir mutualiser les équipements et les laboratoires de cette université, qui sont de loi les meilleurs, surtout en termes d’impression 3D, qui est la fabrication additive. En plus de cela, Euromed Fès comprend une École d’ingénierie digitale et d’intelligence artificielle, et l’INSA Euro-Méditerranée… c’est donc un pôle technologique très important qui va permettre de catalyser ce dispositif et ce concept de smart factory. Quelle est la dimension de ce projet? Le projet sera érigé sur 2 ha, extensibles à 10. Nous aurons des parcelles de terrain de 500 à 1000 m² pour les smart factories et à coté nous aurons une zone d’incubation qui pourra accueillir jusqu’à 100 startups. Ce sont ces startups qui vont démarrer en partageant l’infrastructure de notre usine modèle. C’est un nouveau concept que j’ai nommé le co-factoring. Après le co-working, voici venu le temps du co-factoring… Effectivement, une startup pourra coproduire en partageant la ligne de production de l’usine parce que le 4.0 permet d’avoir une ligne de production modulable et intelligente qui peut

produire plusieurs produits différents dans la même ligne de production. L’idée est de mettre en place une ligne de production intelligente que l’on peut sous louer en heures. Une startup peut par exemple avoir envie de développer un concept et ne produire que 50 pièces par jour. Elle pourra alors les produire par exemple la nuit entre 3h et 5h du matin et cela va lui coûter un prix convenable qui lui permettra d’être compétitive. Si cette startup était toute seule, elle n’aurait jamais démarré parce que si elle voulait sous-traiter chez un grand groupe il lui aurait demandé de commander une grande quantité. Mais une fois que les startups commenceront à avoir des commandes et qu’elles diversifieront leur production, elles pourront opter pour prendre un bâtiment que nous allons louer, comme le fait la CFCIM.

Quels sont les produits que la région s’est engagée à vous commander ? C’est un scoop que je vous livre. L’usine modèle va produire des chaises roulantes électriques pour la région Fès-Meknès. La région va donc aider les startups en donnant à l’usine modèle un bon de commande, qui va être divisé en plusieurs petits bons de commande, qui vont alimenter les startups. Tout cela va donner du co-factoring, et l’usine modèle va mettre en place les lignes de production pour fabriquer cette chaise roulante électrique. Je peux même vous annoncer que la prochaine commande sera des scooters électriques.

N°49 Août-Septembre 2019 79 INDUSTRIE DU MAROC


DOSSI ER FMZI

CITÉ MOHAMMED VI TANGER TECH, QUAND LA BANQUE S’INVESTIT DANS LA VILLE INDUSTRIELLE NAJIB BENABDALLAH,

DIRECTEUR GÉNÉRAL ADJOINT BMCE BANK. S’ÉTENDANT SUR UNE SUPERFICIE DE 2.167 HECTARES AU SEIN DE LA COMMUNE DE AOUAMA À AIN DALIA, LA CITÉ MOHAMMED VI TANGER TECH EST UNE SMART CITY QUI DEVRAIT ACCUEILLIR PLUS DE 200 ENTREPRISES CHINOISES ET GÉNÉRER 200.000 EMPLOIS DANS LES 10 ANNÉES À VENIR. LE GROUPE BMCE BANK PARTICIPE À CE PROJET INNOVANT AU TITRE DE BANQUIER, D'ASSUREUR ET DE PROMOTEUR DES INVESTISSEMENTS. NAJIB BENABDELLAH, DGA DE LA BANQUE, REVIENT SUR L’HISTOIRE PARTICULIÈRE DE CETTE VILLE INTELLIGENTE QUI SE VEUT UNE PLATEFORME DE PRODUCTION ET D’ÉCHANGES TRIANGULAIRE ENTRE LA CHINE, LE MAROC ET LE RESTE DU MONDE. IDM : Quel est le lien qu’entretient la BMCE Bank avec les industriels et plus particulièrement les zones industrielles ?

NAJIB BENABDELLAH: On ne peut pas parler de zone industrielle sans parler de la banque parce que le banquier est l’ami intime de l’industriel, que la banque l'accompagne sur toutes les étapes, à commencer par le financement de l’outil industriel, et ensuite au niveau du fonctionnement puis au niveau de la commercialisation et de l’exportation éventuellement dans un certain nombre de pays. Et la BMCE Bank, particulièrement, joue un rôle fondamental dans ce domaine et ce, depuis très longtemps. De plus, la BMCE connait l’industrie parce qu’elle est ellemême partenaire d’un certain nombre d’unités et que le groupe BMCE est le premier actionnaire privé de TMSA. En outre, la BMCE Bank est présente tout aussi bien au Maroc que dans d’autres pays européens et subsahariens, la banque a donc tout aussi bien accompagné les industriels au Maroc 80 N° 49 Août-Septembre 2019 INDUSTRIE DU MAROC

qu’au niveau des pays subsahariens., comme dans le cas de l’installation de l’OCP où nous avons financé les entreprises qu’elle a créées. Nous sommes ainsi le partenaire de l’industrie sur les aspects de financement simple, classique, crédit mais aussi leasing… Et cette année, particulièrement, la BMCE est en train de se donner les moyens pour accompagner encore plus l’industriel par une très grande augmentation de capital, de 4 milliards de dirhams.

Comment BMCE Bank en est-elle arrivée à investir dans une cité intelligente, qui plus est sinomarocaine ? Tanger Tech est un projet du gouvernement marocain. Lors de son voyage en Chine, Sa Majesté a encré le Maroc dans une nouvelle stratégie de relations avec la Chine, suite à une stratégie importante du Maroc vis-à-vis de l’Afrique subsaharienne, parce que la Chine est un des plus gros partenaires de l’Afrique. Cette stratégie consiste donc à

positionner le Maroc comme un hub du commerce international entre l’Afrique et le reste du monde et particulièrement la Chine. Dans ce cadre-là, le gouvernement marocain a signé, fin 2017, l’entrée du Maroc dans le programme de la route de la soie, «One belt, One road». Ce programme stratégique de la République Populaire de Chine permet de mobiliser plusieurs centaines de milliards de dollars d’investissement pour accompagner les entreprises chinoises qui vont s’implanter dans les pays signataires de ce programme. Et dans le cadre de cette stratégie, le gouvernement marocain a décidé de créer la Cité Mohammed VI Tanger Tech, un projet novateur sur tous les aspects.

Quelles sont les différentes innovations qu'apporte ce projet? Tout d’abord c’est la première fois qu’on ne parle ni de zone ni de parc mais de cité industrielle. Ce projet a également innové en termes de partenariats. Jusqu’à présent, les gros projets de zones industrielles


DOSSI ER FMZI ou de parcs industriels ont été développés essentiellement par l’Etat. Or aujourd’hui, la nouvelle stratégie consiste à tester un nouveau modèle qui puisse éventuellement donner des petits dans le futur et ancrer le Maroc dans un nouveau modèle de développement qui permettrait au Privé de participer et de développer justement ces cités industrielles. Et dans ce cadre, la BMCE Bank a été choisie pour avoir le leadership et pouvoir développer ce projet de Cité Mohammed VI Tanger Tech. C’est un projet gouvernemental qui est suivi en haut lieux, avec un comité de pilotage qui en assure le suivi, composé de plusieurs ministres et de grands commis de l’Etat. L'engagement de l'ensemble des composantes étatiques donne à ce partenariat publicprivé national et international une dimension exceptionnelle qui fera de la Cité Mohammed VI Tanger Tech une plateforme de production et d’échanges triangulaire entre la Chine, le Maroc et le reste du monde.

Quelles sont les spécificités d’une ville industrielle par rapport aux zones ou aux parcs industriels ? Les cités sont des concepts qu’on voit un peu partout dans le monde, notamment en Chine, il s’agit de penser un projet dès le départ, qui soit urbanisé pour permettre de mettre en place à la fois l’industrie et les gens qui y travaillent, et de permettre à ces gens de vivre dans le cadre d’une s ville intelligente, c'est-àdire une ville qui améliore le bien-être de ses citoyens. Elle doit leur permettre de vivre dans un habitat agréable, de scolariser leurs enfants, d’accéder aux services de l’administration, de trouver le transport… Dans le cas des anciennes zones industrielles, elles sont venues les unes après les autres et les industries se sont développées, ont eu des problèmes d’extension, et les résidences sont venues s’implanter juste à côté… Ce qui donne lieu à une situation qui n’est plus harmonieuse. Aujourd’hui, nous essayons de répondre à ce genre de problématiques en créant le parc industriel ainsi que la cité résidentielle où tout serait harmonieux et se ferait de

la manière la plus adéquate possible.

Pourquoi le choix s’est-il porté sur BMCE Bank ? La Cité Mohammed VI Tanger Tech est un projet sino-marocain, or il se trouve qu’aujourd’hui la BMCE est la seule et unique banque marocaine à avoir ouvert une banque à 100% chinoise. Basée à Shanghai, elle a démarré ses activités le 1er janvier 2019 après un processus avec les autorités chinoises qui a duré une année. Aujourd’hui, c’est une banque opérationnelle qui connait les investisseurs chinois. La BMCE Bank est donc la banque la mieux placée pour pouvoir administrer les partenaires et les investisseurs chinois qui viendraient justement peupler cette ville industrielle et nous aider à développer la Cité Mohammed VI Tanger Tech. La BMCE est aussi signataire de plusieurs accords internationaux, notamment avec China development bank et avec la Banque industrielle et commerciale de Chine (ICBC) pour pouvoir financer en Rmb, qui est la devise chinoise, les investissements et le fonctionnement des industriels qui s’implanteraient à la Cité industrielle Mohammed VI Tanger Tech, ce qui est quelque chose de très important. De plus, grâce à ses partenariats bancaires, la BMCE a accès au fonds de la route de la soie «One belt, One road» de la République Populaire de Chine. De ce fait, BMCE Bank est encore une fois bien placée parce que c’est la seule banque marocaine qui est très bien représentée

dans les pays d’Afrique subsaharienne, puisque nous sommes présents à la fois en Afrique de l’Ouest,francophone, en Afrique de l’Est, anglophone, et en Afrique australe au niveau de Madagascar. Dans tous ces pays, nous jouons le rôle de banque retail, c’està-dire que nous offrons la totalité des produits et services bancaires. Et donc dans chacun de ces pays, comme dirait notre président, en Côte-d’Ivoire nous sommes Ivoiriens et au Kenya nous sommes Kényans… et cela aussi est très important, car nous sommes capables d’accompagner les investisseurs, qu’ils soient Marocains ou Chinois, au niveau de tous ces pays subsahariens pour leur permettre d’avoir des débouchés, et pour leur permettre de commercer puisque nous garantissons les flux bancaires de commerce international et que nous pouvons même faire de l’affacturage… Pour conclure, en ce qui concerne l’accompagnement sur l’aspect immobilier, qui est fondamental au niveau des zones industrielles, des parcs et des cités, BMCE bank possède une banque d’activité de marché, BMCE capital, qui est très dynamique dans tout ce qui est fonds de placement et donc notamment les OPCI qui viennent d’être agréés par l’Etat marocain, et qui sont des fonds capables d’investir dans les terrains, dans les usines et de les louer à l’industriel pour qu’il puisse se concentrer sur son métier et se débarrasser de la problématique capitalistique et de financement de l’immobilier.

N°49 Août-Septembre 2019 81 INDUSTRIE DU MAROC


DOSSI ER FMZI

RETOUR EN IMAGES SUR LA 1ER ÉDITION DU FORUM DES ZONES INDUSTRIELLES

82 N° 49 Août-Septembre 2019 INDUSTRIE DU MAROC


DOSSI ER FMZI

N°49 Août-Septembre 2019 83 INDUSTRIE DU MAROC


ENVI RON N EMENT

ENTRETIEN STANISLAS DE MAISTRE,

DIRECTEUR DEVELOPPEMENT MAROC DE VEOLIA.

«VEOLIA SOUHAITE DÉPLOYER AU MAROC SA GAMME DE SERVICES DÉDIÉS AUX INDUSTRIELS» "AUJOURD’HUI CONNU AU MAROC COMME UN ACTEUR DE SERVICES MUNICIPAUX PAR LES ACTIVITÉS DE SES FILIALES REDAL ET AMENDIS DE GESTION DE LA DISTRIBUTION D’ÉLECTRICITÉ, D’EAU ET DE L’ASSAINISSEMENT LIQUIDE, VEOLIA, FORT DE SON EXPÉRIENCE A L'INTERNATIONALE AINSI QU'AVEC RENAULT TANGER, SOUHAITE DÉPLOYER AU MAROC SA GAMME DE SERVICES DÉDIÉS AUX INDUSTRIELS ET ACCOMPAGNER L’INDUSTRIALISATION DU ROYAUME. STANISLAS DE MAISTRE, DIRECTEUR DEVELOPPEMENT MAROC DE VEOLIA, REVIENT SUR LES DOMAINES D’EXPERTISE DE VEOLIA ET LES SERVICES QU’OFFRE LE SPÉCIALISTE DE L’ENVIRONNEMENT AUX INDUSTRIELS MAROCAINS."

I

DM : Quels sont aujourd’hui les services que propose Veolia aux industriels marocains ?

Stanislas de MAISTRE : Veolia offre des services sur trois métiers de l’environnement que sont les déchets, l’efficacité énergétique et l’eau. L’histoire est vieille de plus de 150 ans, avec initialement le développement de son expertise dans la gestion globale du cycle de l’eau : la production et la distribution d’eau potable ainsi que le traitement et le recyclage des eaux usées. Puis, dans les années 1980, Veolia a développé la gestion des déchets notamment industriels, qu’ils soient dangereux ou pas. Notre expertise couvre aujourd’hui l’ensemble de la filière de gestion et de conditionnement sur site ainsi que le transport jusqu’au centre de traitement ou de valorisation. Enfin sur l’énergie, Veolia est présent principalement dans le domaine de l’efficacité énergétique, l’exploitation et la maintenance de systèmes de production de vapeur 84 N° 49 Août-Septembre 2019 INDUSTRIE DU MAROC

et d’eau chaude industrielle mais aussi dans la production d’énergies renouvelables (biomasse, solaire, etc.). Ces trois expertises sont présentes au Maroc et sur l’ensemble de la chaîne de valeur, c’est-à-dire du design/ingénierie conseil à l’exploitation/maintenance en passant par la construction.

Pourriez-vous nous donner un exemple concret de missions que vous avez réalisées au Maroc et leurs finalités ? Un exemple très concret pour Veolia Maroc est notre présence auprès de Renault Tanger. Sur le site de Renault, Veolia assure aujourd’hui l’exploitation et la maintenance d’une centrale biomasse ainsi que le traitement des eaux industrielles. La centrale biomasse est composée de trois chaudières alimentées par du grignon d’olive ou du bois (biomasse locale). Elle permet à Renault d’être en autonomie sur la production de vapeur et d’eau surchauffée. La station

de traitement des eaux industrielles est ce que l’on appelle une STEP ZLD pour Zero Liquid Discharged. Le design de l’usine permet en effet un recyclage des eaux industrielles sans rejet liquide dans l’environnement. L’usine Renault de Tanger est donc un site industriel «zéro carbone» et «zéro rejet liquide industriel». Une usine exemplaire en matière d’impact environnemental grâce au partenariat entre le Royaume du Maroc, Renault et le groupe Veolia.

Dans quels types de phases accompagnez-vous généralement les industriels, plutôt en amont ou en phase d’exploitation ? L’accompagnement d’un industriel sur les différentes phases d’un projet est entièrement dépendant de son besoin. Pour être plus précis, via ses filiales d’expertises au Maroc, Veolia est en mesure de travailler soit sur les phases de dimensionnement et de construction des installations, soit en phase d’exploitation ou encore en accompagnement


ENVI RON N EMENT du client sur l’ensemble du projet pouvant aller jusqu’à la prise en charge d’investissement si nécessaire. En ce qui concerne les industriels déjà implantés au Maroc, nous travaillons plus généralement en phase d’exploitation. Afin d’améliorer leur productivité ou de gagner en efficacité, les industriels soustraitent leur gestion environnementale via des contrats de sous-traitance ou des partenariats.

Quels sont les motifs les plus courants qui font qu’un industriel marocain s’adresse à vous ? Ils sont multiples bien sûr ! Nous retrouvons des enjeux de respect de la réglementation environnementale, la nécessité de recourir à des expertises spécifiques, des motifs économiques motivant l’industriel à externaliser l’exploitation et la maintenance de ses commodités, des motifs d’accroissement d’activités et donc de recentrage de ses ressources (financières et humaines) vers son cœur de métier. Notre expertise internationale et locale des métiers de l’environnement, associée à notre connaissance du monde de l’industrie, nous permet de mieux répondre aux besoins de nos clients. Nous avons une expérience opérationnelle dans la plupart des secteurs industriels ainsi que des structures de recherche et d’innovation nous permettant d’appréhender toutes problématiques, même les plus spécifiques. Au niveau des entreprises que vous accompagnez, celles qui sont installées dans les zones industrielles

sont-elles plus écoresponsables ? La réglementation en termes de gestion des eaux industrielles ou bien de traitement des déchets au Maroc est aussi vertueuse qu’en Europe. Quelles que soient sa taille et son implantation, l’industriel est soumis à des règles similaires. L’avantage d’une zone industrielle réside dans la proximité entre des industries d’un même secteur ou bien de secteurs complémentaires, permettant la mise en place de synergies (traitement des eaux, recyclage des déchets, mise en commun de structures de gestion des commodités). C’est assez récent mais Veolia développe depuis plusieurs années déjà des offres de mutualisation d’assets et le concept d’économie circulaire sur de nombreuses zones industrielles, notamment en Allemagne, aux Pays-Bas ou bien encore en Chine. Veolia a 150 ans d’expérience dans l’environnement, mais pourriez-vous revenir plus particulièrement sur son expérience Maroc ? Au Maroc, Veolia est essentiellement perçu comme un acteur de services municipaux. Cela est normal, car Veolia Maroc est présent au Maroc depuis 18 ans via les activités de gestion déléguée de REDAL et d’AMENDIS avec la gestion de la distribution d’électricité, d’eau et de l’assainissement liquide dans quatre grandes villes du Royaume que sont Rabat, Salé, Tanger et Tétouan. Veolia Maroc compte plus de 4.500 employés et un chiffre d’affaires de près de 7 milliards de dirhams. Nous avons aussi développé nos services de gestion des

déchets municipaux et de transports entre 2008 et 2014. La nouveauté est que, fort de notre référence de Renault Tanger et en accompagnement de la vision d’industrialisation du Royaume, Veolia souhaite désormais déployer au Maroc sa gamme de services dédiés aux industriels, comme c’est le cas dans le reste du monde où cette activité représente déjà près de 50% de son chiffre d’affaires.

Justement comment a évolué l’activité de Veolia Maroc depuis l’avènement du Plan d’accélération industrielle ? Il y a aujourd’hui une vraie dynamique industrielle au Maroc. Cette dynamique s’accompagne d’enjeux environnementaux importants pour le Royaume et pour les industriels. Aussi bien les entreprises marocaines que les entreprises internationales au Maroc recherchent des solutions de gestion dans le domaine de l’eau, des déchets et de l’efficacité énergétique afin de minimiser leurs impacts environnementaux et de maximiser les aspects économiques et sociaux. C’est tout l’enjeu de Veolia dans le monde et tout particulièrement au Maroc. Nous avons donc, il y a deux ans, lancé une nouvelle dynamique de développement et noué des partenariats étroits avec des entreprises locales. Nos activités de services opérationnels se structurent et nous allons notamment procéder à l’ouverture très prochainement d’une unité de traitement de déchets médicaux et pharmaceutiques. D’autres projets sont en cours afin d’accompagner cette dynamique d’industrialisation.

N°49 Août-Septembre 2019 85 INDUSTRIE DU MAROC


IMMOBILIER PROFESSIONNEL

JLL PASSE À LA LOUPE LE MARCHÉ CASABLANCAIS ET LIVRE SES PROVISIONS LE SPÉCIALISTE DE L'IMMOBILIER PROFESSIONNEL JLL, DANS SON RAPPORT DE RECHERCHE SUR LE MARCHÉ IMMOBILIER PROFESSIONNEL, APPORTE UNE ANALYSE DÉTAILLÉE DE L'IMMOBILIER INDUSTRIEL, RETAIL ET HÔTELLIER CASABLANCAIS AU 1ER SEMESTRE 2019 ET SES PRÉVISIONS POUR LES ANNÉES À VENIR.

L

a performance du marché de l’immobilier professionnel à Casablanca est restée relativement stable au cours du premier semestre 2019. Les nouveaux projets ainsi que les projets futurs continuent d’avoir un impact positif sur le sentiment des investisseurs sur tous les secteurs, résume le rapport de JLL sur le marché immobilier professionnel au titre du premier semestre 2019. Craig Plumb, Responsable Etudes et Recherches chez JLL MENA, tient à souligner que : «Parmi les mesures prises par le gouvernement pour continuer d’attirer les investisseurs dans le pays, le lancement officiel de la loi relative 86 N° 49 Août-Septembre 2019 INDUSTRIE DU MAROC

aux Organismes de Placement Collectif Immobilier (OPCI), qui devraient créer des portefeuilles importants au Maroc dans les années à venir, stimulera la demande dans l’ensemble du secteur immobilier».

Une offre renforcée de parcs industriels intégrés Depuis le lancement du Plan d'Accélération Industrielle en 2014, les autorités marocaines ont réussi à attirer des investissements importants dans le secteur Industriel avec la signature de nouveaux accords d'investissement avec des acteurs majeurs des filières de l'automobile et de l'aéronautique au

premier semestre 2019, ce qui devrait faire progresser le secteur. Les loyers moyens dans le secteur industriel de Casablanca sont donc restés stables, puisque l'industrie continue d’attirer les utilisateurs et les investisseurs grâce à ses infrastructures bien établies Le rapport de JLL note que, bien qu'aucune addition significative n'ait été enregistrée au cours du premier semestre 2019, l'offre de parcs industriels intégrés sera renforcée avec le lancement prochain de la deuxième phase de la zone franche Mid Parc qui ajoutera plus de 60 hectares d’espaces industriels au marché. La première phase du parc arrive à saturation après les nouveaux


IMMOBI LI ER

accords signés au cours du deuxième trimestre 2019 avec deux fabricants d'équipements aéronautiques. D'autres projets notables sont en cours, notamment le développement d'une nouvelle zone industrielle de 10 hectares à Sidi Bernoussi, dont la livraison est prévue avant fin 2020. Les loyers moyens au niveau des zones industrielles structurées sont restés stables au cours du premier semestre 2019, reflétant ainsi la volonté de renforcer l'attractivité de la ville et l'engagement de l'Etat à offrir des terrains à des prix compétitifs aux investisseurs. Plusieurs stratégies ont été mises en place pour positionner Casablanca, parmi d'autres pôles industriels au Maroc, comme étant une plate-forme de production et d'exportation pour les industriels internationaux à la recherche d'incitations attractives, de conditionscadres favorables ainsi que de ressources humaines qualifiées.

est également resté stable au cours du premier semestre, note JLL. Alors que de nouveaux bâtiments de bureaux devraient arriver sur le marché d'ici la fin de 2020. Le secteur assistera probablement à une correction naturelle des loyers. Les propriétaires offriront ainsi des conditions locatives plus flexibles et des périodes de franchise plus généreuses aux locataires. Le premier semestre de l’année 2019, a été marqué par l'achèvement de nouveaux immeubles de bureaux dans les zones Casa Anfa, La Corniche Aïn Diab, Entrée de ville et Casanearshore, portant ainsi l'offre totale de bureaux à environ 1,86 million de m². D’autres espaces de bureaux devraient arriver sur le marché d'ici fin 2020, portant le stock total de bureaux à 1,91 million de m². Parmi les projets en construction, la parcelle K de Casanearshore, la composante bureaux du programme mixte de TGCC à Casa Anfa, ainsi que deux autres immeubles de bureaux développés par la Casablanca Finance City Authority (CFCA) destinés à accueillir des sociétés bénéficiant du statut CFC. La demande d'espaces de bureaux de qualité continue pour sa part de croître dans un marché où l'offre qualitative représente moins de 15% du stock total. Casa Anfa devrait concentrer la majorité de l'offre de bureaux de qualité à partir de 2020. L'extension de Sidi Maârouf constitue également une réserve foncière importante qui devrait accueillir de nouveaux projets de qualité et renforcer l'offre de bureaux dans les années à venir.

Développement de nouveaux centres commerciaux Le secteur du retail, pour sa part, connaît une expansion constante avec le développement de nouveaux centres commerciaux et des retail parks dans la périphérie de la ville. Les exploitants de centres commerciaux cherchent constamment à améliorer la qualité des services fournis aux locataires et à introduire des concepts novateurs De nouveaux bâtiments de bureaux susceptibles d'enrichir l'expérience des en 2020 clients et des retailers. Le marché de l’immobilier de bureaux Le rapport JLL note à ce propos qu'avec

la livraison du centre commercial Marina Shopping. en avril, le stock total de centres commerciaux s'est établi à environ 184 000 m² à la fin du premier semestre 2019. Ce nouveau centre commercial d’environ 42 000 m² de GLA, comprend un hypermarché Marjane et se positionne comme une destination de restauration et de shopping en mettant en avant des enseignes mass market. Le Mercato d’Anfa, un nouveau centre commercial de quartier d’environ 5.000m², devrait ouvrir à Dar Bouazza d’ici la fin de l’année. L’offre future est estimée à près de 150.000m² de surfaces commerciales supplémentaires qui devraient venir diversifier l'offre d'ici fin 2022. Bien que toute la nouvelle offre risque de ne pas se matérialiser comme prévu, les développeurs sont de plus en plus à la recherche d'opportunités en dehors de Casablanca, compte tenu de la saturation potentielle du marché.

1 000 chambres supplémentaires d'ici 2 ans Le secteur hôtelier a quant à lui enregistré une performance modérée au cours du premier semestre 2019. Le nombre total de nuitées a légèrement diminué de 1%. L’attention du gouvernement pour l’amélioration des sites touristiques et de l’infrastructure de la ville, ainsi que l’entrée de nouveaux acteurs internationaux sur le marché, devraient avoir un impact positif sur le secteur à long terme. La capacité d'hébergement hôtelier s’est enrichie à Casablanca au cours du premier semestre 2019 pour atteindre 8 500 chambres, avec environ 500 chambres ajoutées à l'offre au cours de cette période. Parmi les réalisations notables, 3 hôtels opérés par Onomo Group avec une capacité totale de 455 chambres ainsi que l'aparthotel Adagio Casablanca City Center avec une capacité de 96 chambres. Plus de 1 000 chambres devraient entrer sur le marché au cours des deux prochaines années. Les principaux projets hôteliers en cours comprennent Hilton Garden Inn (118 chambres) à Sidi Maarouf et Radisson Blu. N°49 Août-Septembre 2019 87 INDUSTRIE DU MAROC


STARTUP

FINANCEMENT

ANGELS 4 AFRICA ET MOBAN: DEUX BUSINESS ANGELS VOIENT LE JOUR AU MAROC LE MINISTÈRE DE L’ECONOMIE ET DES FINANCES (MEF) S’EST ALLIÉ AU PROJET DE LA COOPÉRATION TECHNIQUE ALLEMANDE (GIZ) AFIN DE DÉVELOPPER LES BUSINESS ANGELS AU MAROC ET DE CONTRIBUER AINSI À BOOSTER LE FINANCEMENT DES STARTUP. DEUX RÉSEAUX D’APPUI AUX STARTUPS, ANGELS4AFRICA ET MOROCCAN BUSINESS ANGELS NETWORK, ONT AINSI VU LE JOUR.

L

es Business Angels, soit les personnes physiques qui investissent leurs propres ressources financières, compétences, expérience et réseaux relationnels dans les startups, sont un élément essentiel de la chaîne de valeur des TPME marocaines. Or, elles sont peu visibles au Maroc. «C’est pour cette raison que le ministère de l’Economie et des Finances (MEF) s’est allié au Projet de la Coopération technique allemande (GIZ) afin de développer cette source de financement au Maroc», souligne la coopération allemande. «Cet appel à manifestation d’intérêt destiné aux Business Angels consiste à élargir des offres de services financiers par la mise en place de nouveaux instruments de financement, et constituera un appui 88 N° 49 Août-Septembre 2019 INDUSTRIE DU MAROC

significatif à l’offre de financement classique. C’est dans ce cadre que la structuration des réseaux de Business Angels est primordiale pour pouvoir offrir un type de financement adapté à la cible des TPME à fort potentiel et aux Start-ups innovantes», souligne Karim Bouhafes, Conseiller en services financiers à la GIZ.

Une démarche structurante pour les Business Angels Les réseaux Business Angels sélectionnés dans le cadre de ce partenariat auront accès aux dispositifs d’appui techniques prévus par la GIZ selon des critères d’éligibilité définis en amont afin d’appuyer et dynamiser leur intervention par :

•Une Boîte à outils juridique et une due diligence juridique. •La qualification du Deal Sourcing •L’élaboration et la mise en œuvre d’un dispositif de formation et de coaching des Business Angels •Des événements de Matchmaking entre investisseurs et TPME à fort potentiel et startups •Le développement d’une plateforme de gestion des activités des BA et de communication •La diffusion des réussites exemplaires des TPME à fort potentiel et des startups innovantes.


STARTUP Vers la structuration des réseaux des Business Angels La création de ces deux réseaux de Business Angels entre dans le cadre du développement de nouveaux modèles de financements «alternatifs, inclusifs et innovants» pour les TPME marocaines, en partenariat entre le Programme Maroc-Union européen d’appui à la compétitivité et à la croissance verte (PACC) et le Projet de la coopération technique allemande (GIZ)Taahil Al

Mokawalat (TAM III). Cette activité stratégique est exécutée par le domaine d’intervention III du projet TAM III en collaboration avec la Direction du Trésor et des Finances extérieures (DTFE) relevant du ministère de l’Économie et des Finances (MEF). Son objectif général est de contribuer à l’accélération du financement des TPME à fort potentiel et des Startups innovantes à travers des réseaux de Business Angel structurés.

Dans les faits, il s’agit d’apporter un appui technique à la structuration de l’écosystème des Business Angels à travers la mise en œuvre concertée avec les différentes parties prenantes d’un ensemble de mesures qui visent à renforcer les capacités des Business Angels, d’une part, et celles des TPME à fort potentiel et des Start-ups innovantes, d’autre part.

Angels for Africa by LaFactory LaFactory a créé son programme Angels for Africa, destiné aux startups africaines technologiques. Uniquement constitué d’entrepreneurs expérimentés, eux-mêmes anciens startupers ayant réussi, Angels for Africa apporte une réelle rupture avec les méthodes traditionnelles des réseaux de business Angels, et s’adapte aux besoins pressants des startups africaines en mécanismes de soutien appropriés. Angels for Africa est ainsi construit sur la diversité de parcours des investisseurs qui le composent (patrons

de multinationales, grandes boîtes marocaines, startupers à success-stories et fonds d’investissement dédiée à l’amorçage et la complémentarité des métiers/secteurs qu’ils représentent (IT, Education, Médias, E-Commerce, Finances). Enfin, la souplesse de l’engagement et le respect de la vie publique/privée des investisseurs sont garantis par LaFactory, qui promet également aux startups africaines un temps de décision rapide et un accompagnement de bout en bout pendant le parcours de financement.

Moroccan Business AngelsNetwork (MoBAN) Le réseau Moroccan Business Angels Network (MoBAN), fondé en 2019 grâce à la formation GIZ dispensée en novembre 2018, met en réseau des entrepreneuses et entrepreneurs, en soutenant des startups innovantes au Maroc par leurs réseaux et leurs compétences tout en contribuant au financement (seed capital). A ce titre, MoBAN organise chaque trimestre des présentations de projet (Pitch) afin d’assurer la mise en relation des Business Angels et des porteurs de projets et aboutir au lancement de concepts innovants et disruptifs. Lors de la cérémonie du lancement organisée par MoBAN le 29 juin 2019, une première venture Academy a eu lieu avec le pitch de 11 startups innovantes. Le réseau MOBAN créé ainsi de

l’activité et développe le business angeling au Maroc en informant les entrepreneurs et autres acteurs économiques sur les business Angels. Parmi ses autres missions figurent le soutien et la promotion des parties prenantes de l’écosystème, la création d’une synergie par des rencontres, l’amélioration du climat des affaires, la contribution des bonnes pratiques et des standards éthiques ainsi que le développement de partenariats avec les fédérations professionnelles similaires dans la région, en Europe et en Amérique. Enfin, les membres de MoBAN s’intéressent à toute idée innovante. En particulier lorsque celle-ci ouvre des solutions aux objectifs du développement durable (ODD).

N°49 Août-Septembre 2019 89 INDUSTRIE DU MAROC


MANAGEMENT

INTERVIEW CROISÉE

AMANDINE LEPOUTRE, PRÉSIDENTE DE “THINKERS&DOERS”, & CHIDIOGOAKUNYILI, FONDATRICE DE “SHEROARS”

ChidiogoAkunyili, fondatrice de “SheRoars”

Amandine Lepoutre, présidente de “Thinkers&Doers”

AMANDINE LEPOUTRE, PRÉSIDENTE DE «THINKERS&DOERS», QUI A ORGANISÉ LA 2E ÉDITION DES ETATS GÉNÉRAUX DES ENTREPRISES CITOYENNES CONJOINTEMENT AVEC L’ASSOCIATION ESSAOUIRA-MOGADOR, ET CHIDIOGO AKUNYILI, FONDATRICE DE «SHEROARS» AU NIGERIA, REVIENNENT SUR CET ÉVÉNEMENT QUI A RÉUNI, DU 28 AU 30 JUIN 2019 À ESSAOUIRA, PRÈS DE 250 PERSONNALITÉS VENUES DE 40 PAYS AUTOUR DU THÈME DE LA PROSPÉRITÉ. IDM : Cette année, lors des États généraux des Entreprises Citoyennes, vous semblez donner une place toute particulière à la question de l’égalité. Vous affirmez que l’égalité est une question de performance pour les entreprises et de prospérité pour nos sociétés. Comment expliquez-vous cela ? • Chidiogo Akunyili : Très vite, avec SheRoars nous avons voulu montrer le pouvoir des femmes. Et le pouvoir des femmes quand elles se soutiennent. Nous travaillons ensemble, nous accompagnons les femmes sur leur leadership et nous montons des groupes pour faire marcher l’intelligence collective et contribuer ainsi à développer le business de chacun. Notre 90 N° 49 Août-Septembre 2019 INDUSTRIE DU MAROC

réseau est très fort. Avec ce mouvement, nous voulons montrer à quel point les femmes sont performantes sur les sujets économiques, entrepreneuriaux ; ce qui est encore un enjeu. Mais ce mouvement a été créé évidemment pour travailler avec les hommes ! Il a ce mot que j’aime. La sororité. Par la solidarité entre nous, les formations, l’intelligence collective, nous montrons, avec force et douceur, notre performance. Nous sommes, nous les femmes, avec les hommes, un puissant levier de croissance. Et ce ne sera pas là même que celle que développent les hommes, je vous l’assure (rires) ! Le succès ne veut pas dire la même chose si on le conjugue au féminin. Il a quelque chose de plus collectif peut-être. De plus généreux. De plus inclusif. Sans tomber dans les clichés.

• Amandine Lepoutre : Pour nous, SheRoars est un modèle au sens de modélisation d’un mouvement. Autour d’elle, Chidiogo rassemble naturellement des femmes qui ont un pouvoir, une puissance. Premièrement, elles croient qu’elles peuvent faire changer les choses, bouger les lignes. Et elles ont une conscience aigüe de l’urgence à agir. Pour elles. Leurs familles. La planète. Il a cette conscience féminine que je retrouve très fort chez Chidiogo. Elle se connecte aux autres, elle connecte les autres. C’est la première marche en fait pour parler de performance. Et de prospérité. La question du genre est clé. Comme celle de la diversité. De la réduction des inégalités. C’est pour cela que le sujet de l’égalité est au cœur des États généraux. Au cœur de notre action


MANAGEMENT chez Thinkers&Doers.

Doit-on parler d’égalité plutôt que du genre ? Vous, Chidiogo Akunyili, vous valorisez le rôle des femmes, le pouvoir qu’elles ont dans nos sociétés, dans notre économie. Pourquoi cet engagement ? • Chidiogo Akunyili : Le sujet du genre est traité dans le monde entier. Avec des niveaux de maturité et de protection très différents. Il y a encore beaucoup de choses à faire sur l’égalité pour les femmes, je ne vous apprends rien. Et je pense que cela passera forcément aussi par le biais de l’économie, de l’entreprise. Généralement, l’emploi est là, les résultats, la performance d’un projet économique, cela permet de mettre tout le monde d’accord ! En tous les cas de faire avancer les choses. C’est pour cela que je soutiens, j’adhère totalement à l’approche de Thinkers&Doers : Economy for Humanity. Si on pense la performance économique comme un levier pour faire avancer le progrès social, les sujets liés à l’égalité, alors nous irons beaucoup plus vite, vous verrez !

En revanche, au sein de Thinkers&Doers, vous ne traitez pas spécifiquement de la question des femmes. C’est un choix ? • Amandine Lepoutre : les femmes sont très fortes dans notre réseau, regardez Chidiogo ! (rires) La question des femmes est abordée, tout le temps, transversalement. Mais nous n’avons jamais souhaité être sur un registre militant. Notre approche est celle de l’exemple. Nous mettons en avant les personnes, les organisations qui permettent de faire prendre conscience d’un sujet. Nous travaillons en revanche pour établir des équilibres : au moins autant de femmes que d’hommes dans nos réunions, dans nos conférences, dans nos publications ! Nous avons annoncé à Essaouira le lancement d’un Cercle, «Equality for Growth». Les femmes sont sur-représentées. C’est très volontaire ! Elles iront porter leur vision, leurs expériences, leurs réalisations

dans les médias, à la tribune de grands organismes internationaux, dans leurs réseaux et leurs organisations. Grâce à elles, peu à peu, les mentalités changent. Et elles abordent le sujet de l’égalité plus largement que la seule question du genre. Ce qui nous intéresse profondément.

Vous avez annoncé donc le lancement d’une initiative très importante lors de ces Etats généraux : ce Cercle que vous venez de mentionner et qui est appelé «Equality for Growth». Chidiogo Akunyili, vous avez accepté d’être une des ambassadrices de ce Cercle. Qu’est-ce que cela signifie ? Et quel va être le rôle de ce Cercle ? • Chidiogo Akunyili : Cela signifie encore que nous allons accélérer la solidarité. Au sein de ce Cercle, il y a des personnalités engagées, très fortes, qui ont un grand pouvoir d’influencer. Avec elles, nous allons porter ces sujets dans nos réseaux, dans la presse, dans nos pays respectivement. C’est très important. Nous allons également nous réunir 3 fois dans l’année, à Paris, à Abu Dhabi et au Kenya, pour proposer des modules, des outils concrets qui permettront aux entreprises d’aborder ces sujets. Certains d’entre nous pourront même venir et intervenir dans vos entreprises, dans vos organisations pour aider les dirigeants à mettre en œuvre ces sujets qui touchent à bien plus que l’organisation ou la simple déclaration d’intention ! • Amandine Lepoutre : C’est un moment clé pour nous. Nous avons la chance d’être soutenus par plusieurs entreprises et organisations qui sont déjà très engagées sur le sujet, BNP Paribas, la French Tech, l’OCDE. Ensemble, nous allons pouvoir travailler à deux niveaux : un programme d’advocacy, c’est-à-dire comment porter le sujet de la croissance inclusive, de l’égalité moteur de la performance économique au plus haut niveau de décision (gouvernements, direction des entreprises, institutions, média). C'est également un programme d’accompagnement via des outils et des

méthodes pour implémenter ce sujet au sein même des entreprises.

Toutes les deux, vous êtes finalement à la tête d’un réseau. Pensez-vous qu’il est important d’être nombreux à agir pour cette idée d’Economy for Humanity comme vous aimez le dire chez Thinkers&Doers ? • Chidiogo Akunyili : C’est fondamental ! Ça apporte le soutien. La force. Mais ça montre aussi au reste du monde que nous ne sommes pas une minorité isolée. Par le réseau, les coalitions, les mouvements, les rencontres que nous provoquons, nous montrons que les choses changent. Et qu’elles peuvent aller dans un sens différent ! • Amandine Lepoutre : La question de la masse, de l’impact, de la mise en commun pour la mise à l’échelle résume exactement le cadre dans lequel nous intervenons. Si nous travaillons autant chez Thinkers&Doers, si nos partenaires, nos membres sont aussi présents et engagés c’est bien parce qu’ils ont conscience que nous sommes à un moment clé : celui qui doit transformer un discours pionnier à une nouvelle norme comportementale ! Car c’est bien de cela qu’il s’agit. L’une et l’autre, en tant que femme, en tant qu’entrepreneur, comment vous soutenez-vous mutuellement? Qu’estce que vous appréciez particulièrement dans votre collaboration ? • Chidiogo Akunyili: Les Etats généraux m’ont beaucoup marquée l’année dernière. La ville d’Essaouira a contribué fortement à cette sensation. Nous étions au bout du monde. Ou au cœur de monde, je ne sais pas. Nous avons puisé dans nos ressources les plus intimes, avec beaucoup de sincérité, pour proposer des solutions des actions. C’est une rencontre vraiment unique. Une alchimie très difficile à raconter. Ce que j’apprécie particulièrement, c’est notre alignement en termes de valeurs entre SheRoars et Thinkers&Doers, entre N°49 Août-Septembre 2019 91 INDUSTRIE DU MAROC


MANAGEMENT Amandine et moi ! • Amandine Lepoutre : Chidiogo est solaire. Naturellement, les personnes se tournent vers elle. C’est ce genre de leadership que j’aime particulièrement. Elle emmène ses troupes, elle accompagne vers le progrès. On se soutient bien sûr ! Tout est une histoire de coalition, donc de cohésion, de solidarité entre les membres du réseau, et avec les personnes qu’on admire encore plus ! Chidiogo, vous étiez présente l’année dernière, à la précédente édition des États généraux. Amandine, vous avez sollicité à nouveau Chidiogo pour intervenir dans les Conversations qui ont été menées pendant ces 3 jours. Quels ont été les moments forts pour vous ? • Chidiogo Akunyili : À nouveau, nous avons eu un grand shot d’énergie et rencontré encore les acteurs exceptionnels qui sont venus du monde entier, invités par Thinkers&Doers. Voir la pièce de Rachid Benzine. Parler avec les chefs réfugiés du Refugee Food Festival. Signer un plaidoyer pour l’ONU. Faire porter notre voix, par-delà les remparts d’Essaouira. Prendre le temps de discuter avec Amandine des projets de l’année à venir et au sein desquels je peux m’engager. • Amandine Lepoutre : Comme l’année dernière, la magie d’Essaouira a opéré ! Nous avons placé les Etats généraux sous le signe de l’action et proposé 5 initiatives. Mon souhait est que ces 5 projets soient accompagnés par nos membres, nos partenaires. Et plus largement par le réseau des 250 personnes qui nous ont rejoints du 28 au 30 juin. Cette année, lors des États généraux des Entreprises Citoyennes, vous avez donné une place toute particulière à la question de l’égalité. Vous affirmez que l’égalité est une question de performance pour les entreprises. Et de prospérité pour nos sociétés. Comment expliquez-vous cela ? Chidiogo Akunyili : Très vite, avec SheRoars, nous avons voulu montrer le pouvoir des femmes. Et le pouvoir des 92 N° 49 Août-Septembre 2019 INDUSTRIE DU MAROC

femmes quand elles se soutiennent. Nous travaillons ensemble, nous accompagnons les femmes sur leur leadership et nous montons des groupes pour faire marcher l’intelligence collective et contribuer ainsi à développer le business de chacun. Notre réseau est très fort. Avec ce mouvement, nous voulons montrer à quel point les femmes sont performantes sur les sujets économiques, entrepreneuriaux ; ce qui est encore un enjeu. Mais ce mouvement a été créé évidemment pour travailler avec les hommes ! Il a ce mot que j’aime. La sororité. Par la solidarité entre nous, les formations, l’intelligence collective, nous montrons, avec force et douceur, notre performance. Nous sommes, nous les femmes, avec les hommes, un puissant levier de croissance. Et ce ne sera pas là même que celle que développent les hommes, je vous l’assure (rires) ! Le succès ne veut pas dire la même chose si on le conjugue au féminin. Il a quelque chose de plus collectif peut-être. De plus généreux. De plus inclusif. Sans tomber dans les clichés. • Amandine Lepoutre : Pour nous, SheRoars est un modèle au sens de modélisation d’un mouvement. Autour d’elle, Chidiogo rassemble naturellement des femmes qui ont un pouvoir, une puissance. Premièrement, elles croient qu’elles peuvent faire changer les choses, bouger les lignes. Et elles ont une conscience aigüe de l’urgence à agir. Pour elles. Pour leurs familles. Pour la planète. Il a cette conscience féminine que je retrouve très fort chez Chidiogo. Elle se connecte aux autres, elle connecte les autres. C’est la première marche en fait pour parler de performance. Et de prospérité. La question du genre est clé. Comme celle de la diversité. De la réduction des inégalités. C’est pour cela que le sujet de l’égalité est au cœur des Etats généraux. Au cœur de notre action chez Thinkers&Doers.

Doit-on parler d’égalité plutôt que du genre ? Vous, Chidiogo Akunyili, vous valorisez le rôle des femmes, le pouvoir qu’elles ont dans nos sociétés, dans notre économie. Pourquoi cet

engagement ? • Chidiogo Akunyili : Le sujet du genre est traité dans le monde entier. Avec des niveaux de maturité, de protection très différents. Il y a encore beaucoup beaucoup de choses à faire sur l’égalité pour les femmes, je ne vous apprends rien. Et je pense que cela passera forcément aussi par le biais de l’économie, de l’entreprise. Généralement, l’emploi est là, les résultats, la performance d’un projet économique, cela permet de mettre tout le monde d’accord ! En tous les cas de faire avancer les choses. C’est pour cela que je soutiens, j’adhère totalement à l’approche de Thinkers&Doers : Economy for Humanity. Si on pense la performance économique comme un levier pour faire avancer le progrès social, les sujets liés à l’égalité, alors nous irons beaucoup plus vite, vous verrez !

En revanche, au sein de Thinkers&Doers, vous ne traitez pas spécifiquement de la question des femmes. C’est un choix ? • Amandine Lepoutre : Les femmes sont très fortes dans notre réseau, regardez Chidiogo ! (rires) La question des femmes est abordée, tout le temps, transversalement. Mais nous n’avons jamais souhaité être sur un registre militant. Notre approche est celle de l’exemple. Nous mettons en avant les personnes, les organisations qui permettent de faire prendre conscience d’un sujet. Nous travaillons en revanche pour établir des équilibres : au moins autant de femmes que d’hommes dans nos réunions, dans nos conférences, dans nos publications ! Nous avons annoncé à Essaouira le lancement d’un Cercle, «Equality for Growth». Les femmes sont sur-représentées. C’est très volontaire ! Elles iront porter leur vision, leurs expériences, leurs réalisations dans les médias, à la tribune de grands organismes internationaux, dans leurs réseaux et leurs organisations. Grâce à elles, peu à peu, les mentalités changent. Et elles abordent le sujet de l’égalité plus largement que la seule


question du genre. Ce qui nous intéresse profondément.

Vous avez annoncé donc le lancement d’une initiative très importante pendant ces Etats généraux : ce Cercle que vous venez de mentionner et qui est appelé «Equality for Growth». Chidiogo Akunyili, vous avez accepté d’être une des ambassadrices de ce Cercle. Qu’est-ce que cela signifie ? Et quel va être le rôle de ce Cercle ? • Chidiogo Akunyili : Cela signifie encore que nous allons accélérer la solidarité. Au sein de ce Cercle, il y a des personnalités engagées, très fortes, qui ont un grand pouvoir d’influencer. Avec elles, nous allons porter ces sujets dans nos réseaux, dans la presse, dans nos pays respectivement. C’est très important. Nous allons également nous réunir 3 fois dans l’année, à Paris, à Abu Dhabi et au Kenya, pour proposer des modules, des outils concrets qui permettront aux entreprises d’aborder ces sujets. Certains d’entre nous pourront même venir et intervenir dans vos entreprises, dans vos organisations pour aider les dirigeants à mettre en œuvre ces sujets qui touchent à bien plus que l’organisation ou la simple déclaration d’intention ! • Amandine Lepoutre : C’est un moment clé pour nous. Nous avons la chance d’être soutenus par plusieurs entreprises et organisations qui sont déjà très engagées sur le sujet, BNP Paribas, la French Tech, l’OCDE. Ensemble, nous allons pouvoir travailler

à deux niveaux : un programme d’advocacy, c’est-à-dire comment porter le sujet de la croissance inclusive, de l’égalité moteur de la performance économique au plus haut niveau de décision (gouvernements, direction des entreprises, institutions, média). C'est également un programme d’accompagnement via des outils et des méthodes pour implémenter ce sujet au sein même des entreprises.

Toutes les deux, vous êtes finalement à la tête d’un réseau. Pensez-vous qu’il est important d’être nombreux à agir pour cette idée d’Economy for Humanity comme vous aimez le dire chez Thinkers&Doers ? • Chidiogo Akunyili : C’est fondamental ! Ça apporte le soutien. La force. Mais ça montre aussi au reste du monde que nous ne sommes pas une minorité isolée. Par le réseau, les coalitions, les mouvements, les rencontres que nous provoquons, nous montrons que les choses changent. Et qu’elles peuvent aller dans un sens différent ! • Amandine Lepoutre : La question de la masse, de l’impact, de la mise en commun pour la mise à l’échelle résume exactement le cadre dans lequel nous intervenons. Si nous travaillons autant chez Thinkers&Doers, si nos partenaires, nos membres sont aussi présents et engagés c’est bien parce qu’ils ont conscience que nous sommes à un moment clé : celui qui doit transformer un discours pionnier à

une nouvelle norme comportementale ! Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Si les entreprises se comportent différemment, le sujet de l’impact sera

L’une et l’autre, en tant que femme, en tant qu’entrepreneur, comment vous soutenez-vous mutuellement? Qu’est-ce que vous appréciez particulièrement dans votre collaboration ? • Chidiogo Akunyili: Les États généraux m’ont beaucoup marquée l’année dernière. La ville d’Essaouira a contribué fortement à cette sensation. Nous étions au bout du monde. Ou au cœur de monde, je ne sais pas. Nous avons puisé dans nos ressources les plus intimes, avec beaucoup de sincérité, pour proposer des solutions des actions. C’est une rencontre vraiment unique. Une alchimie très difficile à raconter. Ce que j’apprécie particulièrement, c’est notre alignement en termes de valeurs entre SheRoars et Thinkers&Doers, entre Amandine et moi ! • Amandine Lepoutre : Chidiogo est solaire. Naturellement, les personnes se tournent vers elle. C’est ce genre de leadership que j’aime car elle emmène ses troupes, elle accompagne vers le progrès. On se soutient bien sûr ! Tout est une histoire de coalition, donc de cohésion, de solidarité entre les membres du réseau, et avec les personnes qu’on admire encore plus !

N°49 Août-Septembre 2019 93 INDUSTRIE DU MAROC


MANAGEMENT

NOMINATIONS

CHANGEMENT DE DIRECTION CHEZ GROHE AG APRÈS LA DÉMISSION DE SON DG

SUITE À LA DÉMISSION DE MICHAEL RAUTERKUS DE SON POSTE DE DIRECTEUR GÉNÉRAL, LE CONSEIL DE SURVEILLANCE DE GROHE AG A RÉCEMMENT PROCÉDÉ À DE NOUVELLES NOMINATIONS DE RESPONSABLES DE LA RÉGION EUROPE, MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD (EMENA).

L

e conseil de surveillance du fabricant allemand leader mondial de produits sanitaires pour la cuisine et la salle de bains, Grohe AG, filiale du Groupe LIXIL, leader mondial du secteur de matériaux de construction et d’équipements résidentiels, a procédé à la nomination d’un nouveau DG et de son DG adjoint. C’est Thomas Fuhrqui qui a été nommé pour porter la casquette de nouveau directeur général de Grohe AG. Pour sa part, Jonas Brennwald, actuellement directeur des ventes, a été désigné directeur général adjoint de Grohe AG et rejoint le comité exécutif de GROHE, et a été nommé également directeur général de LIXIL Water Technology de la région EMENA. Il sera responsable de la croissance de l’activité de GROHE en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord tout en renforçant les capacités, les atouts et les marques de LIXIL. L’entrée en vigueur de ces nominations est survenue immédiatement après 94 N° 49 Août-Septembre 2019 INDUSTRIE DU MAROC

la démission de Michael Rauterkus du poste de directeur général de GROHE et directeur général de LIXIL Water Technology EMENA. «GROHE a réalisé une croissance exceptionnelle. Nous sommes actuellement en train d’adapter notre structure organisationnelle afin de garantir une croissance continue dans la région Europe, Moyen-Orient et Afrique du Nord. Je suis ravi d’annoncer la nomination de Thomas Fuhr comme directeur général de GROHE. C’est un responsable expérimenté et chevronné des opérations et de la technologie et il aidera à l’intégration des atouts technologiques et de fabrication au sein du groupe LIXIL», a expliqué Bijoy Mohan, directeur général de LIXIL International. «Nous souhaitons remercier Michael Rauterkus de son énorme engagement, pilier de la puissance d’innovation de GROHE, et de son succès continu. Sous sa direction, GROHE s’est hissée à la tête du marché mondial dans ce secteur», a notamment tenu à préciser Bijoy

Mohan.

De fortes ambitions en Afrique du Nord «Je suis ravi d’avoir Jonas dans l’équipe de direction de GROHE et à la tête de LIXIL Water Technology dans la région EMENA. Il contribuera à la croissance de GROHE», a poursuivi le directeur général de LIXIL International, ajoutant qu'«un aspect important sera d’approfondir nos relations clients et d’utiliser encore mieux le potentiel de notre large réseau à travers l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord». Grohe a de fortes ambitions sur les nouveaux marchés émergents, dont l'Afrique du Nord, et en particulier le Maroc. Pour rappel, après 20 ans de présence dans le Royaume via un contrat de distribution exclusive, le leader mondial de la robinetterie sanitaire a ouvert son premier bureau de représentation au Maroc en 2014 et connait un taux de croissance de plus de 20%.



AUTO

BUS & CAMIONS

AUTO NEJMA MISE SUR L’ACTROS 5 DE MERCEDES-BENZ POUR CONQUÉRIR LE MARCHÉ POIDS LOURDS AUTO NEJMA A ORGANISÉ, LE 18 JUILLET, UNE RENCONTRE POUR PRÉSENTER L’ÉVOLUTION DU MARCHÉ MAROCAIN DES VÉHICULES UTILITAIRES ET SES NOUVEAUX ENJEUX. A CETTE OCCASION, LE MANAGEMENT DU DISTRIBUTEUR HISTORIQUE DE MERCEDES-BENZ AU MAROC A DÉVOILÉ LE DERNIER BUS URBAIN CONECTO ET LE CAMION ACTROS 5.

E

ntre 2013 et 2018, Auto Nejma a doublé ses ventes de véhicules Mercedes-Benz, tous types confondus, atteignant un volume de 4.208 unités. Cette forte croissance trouve son impulsion dans les stratégies nationales pour le développement de la logistique, du commerce et de l’Industrie, et les défis auxquels doivent faire face les professionnels en termes de renforcement et de renouvellement de leur parc, d’efficacité et de rentabilité. Tout cela ouvre de nouvelles perspectives pour Auto Nejma et Mercedes-Benz au Maroc. 96 N° 49 Août-Septembre 2019 INDUSTRIE DU MAROC

Le nouvel Actros booste le segment Poids lourds Sur le segment du Poids Lourd, la position de la marque a été nettement améliorée avec une part de marché de 14% au premier semestre 2019 qui la positionne à la 4e place. Pour Adil Bennani, Directeur général d’Auto Nejma, «cette croissance est la preuve qu’Auto Nejma ne cesse de consolider sa relation avec MercedesBenz. Nous avons renforcé notre empreinte au niveau du camion et des véhicules utilitaires». Le segment des Poids Lourds a réalisé chez Auto Nejma

une des hausses les plus spectaculaires depuis deux ans, notamment avec l’arrivée du nouvel Actros et des solutions technologiques inédites proposées aux clients d’Auto Nejma. «Nous avons dépassé de loin nos objectifs en renforçant notre position sur le marché. Notre nouvelle offre de véhicules utilitaires a été très bien accueillie. Acheter un camion c’est un investissement, il ne répond pas uniquement à l’offre de prix mais il tient compte de la relation client, du coût d’exploitation du camion et des solutions de confort et d’efficacité que


AUTO nous mettons à disposition», a tenu à souligner Salim Attar, Directeur de l’Activité Poids Lourd d’Auto Nejma.

Une commande de 102 bus à Rabat Sur le segment des Véhicules Utilitaires Légers, Mercedes-Benz est leader du segment VITO au premier semestre de 2019 avec une part de marché de 40% et classée dans le top 3 du segment Sprinter avec une part de marché de 23%. Des réalisations dont se réjouit AssifJirari, Directeur de l’Activité VUL, Bus et Autocars, qui a déclaré : «De nouveaux défis nous attendent pour maintenir notre position mais aussi pour réaliser nos objectifs pour le nouveau segment Bus et Autocars investi récemment par Auto Nejma. Le marché est prometteur et nous avons déjà un carnet de commandes bien garni, notamment avec la vente

de 102 bus qui commencent bientôt à Rabat». Et pour renforcer le service à ses clients et les fidéliser, Auto Nejma a dédié récemment une entité complète au SAV de véhicules utilitaires répondant à des impératifs spécifiques à la clientèle professionnelle : ateliers mobiles, contrats d’entretien au kilomètre, ouverture en dehors des locaux standards… «Toujours aux côtés de nos clients pour un parc toujours opérationnel et dans les meilleures conditions d’efficacité et de coûts, telle est notre ambition», a déclaré Adil Benhida, Directeur SAV utilitaire chez Auto Nejma.

Les nouveautés d’Auto Nejma En marge de cette rencontre, le management de AutoNejma a dévoilé en avant-première le dernier bus urbain

Conecto et le camion ACTROS 5. Le camion du futur conçu par MercedesBenz représente la dernière génération de camions du constructeur allemand, qui répond pratiquement à toutes les exigences liées au transport long courrier et aux missions lourdes de ramassage-distribution. Il allie efficacité accrue, fiabilité exemplaire et confort unique. L’efficience est un argument de taille du nouvel Actros 5, qui intègre le PPC (Predictive Powertrain Control), un système de localisation par satellite utilisant des cartes routières 3D très précises. Ce nouveau système, à caractère anticipatif, intègre à la transmission automatique un mode de conduite adapté à la topographie, ce qui permettra d’être encore plus économe en carburant.

N°49 Août-Septembre 2019 97 INDUSTRIE DU MAROC


AUTO

MOTO

LIPO, LE PREMIER SCOOTER 100% ÉLECTRIQUE DESTINÉ AUX PROS L’ENTREPRISE MAROCAINE OBAMOTORS, SPÉCIALISÉE DANS LES TECHNOLOGIES EN MATIÈRE DE MOBILITÉ URBAINE, LANCE SUR LE MARCHÉ NATIONAL LE PREMIER SCOOTER 100% ÉLECTRIQUE PENSÉ POUR LES BESOINS DE MOBILITÉ DES ENTREPRISES.

C

o-développé par Obamotors et spécialement pensé et conçu pour le marché marocain, le scooter LIPO réussit à allier économie, performance et écologie, tout en permettant une réduction significative des coûts de mobilité dans le budget des entreprises. Entre les vidanges, les pièces d’usure et toute la maintenance nécessaire à la combustion, les coûts d’exploitation augmentent de manière exponentielle pour les scooters traditionnels. Et c’est sans compter le prix du carburant qui ne cesse de grimper. Le LIPO permet de mettre fin à cela et de faire d e s

économies à tous les niveaux : que ce soit en termes d’énergie, de maintenance, de réparations mais aussi d’assurance e t d e temps de disponibilité.

5 DH pour rouler 100 km Avec le LIPO, il ne faut en effet compter que 5 dirhams pour rouler 100 km, soit 8 fois moins qu’un scooter à essence. Le LIPO est, par ailleurs, le seul scooter électrique du marché offrant une autonomie supérieure à 100 km et une garantie de 3 ans pour sa batterie, qui est par ailleurs amovible et rechargeable sur une simple prise domestique. Zéro émission de CO2 et aucune nuisance sonore Côté performance, le LIPO atteint une vitesse maximale de 65/70 km/h et offre une accélération de 0 à 50km/h en 5 secondes. Il est doté d’un moteur électrique d’une puissance crête de 3.900W, faisant de ce dernier le scooter le plus puissant de sa catégorie.

OBAMOTORS Lancée en 2018, la jeune entreprise marocaine Obamotors ambitionne de révolutionner la mobilité urbaine et d’accompagner les professionnels dans le renforcement de leur compétitivité grâce à une mobilité efficiente et éco-responsable. Tout cela pour contribuer au développement de villes durables. En imaginant des solutions de mobilité innovantes, Obamotors s’engage ainsi dans une démarche de développement durable par la mise au point de véhicules propres, économiques, répondant aux besoins des usagers contemporains. Ses véhicules sont homologués et distribués en Europe, Asie et en Amérique du Nord.

98 N° 49 Août-Septembre 2019 INDUSTRIE DU MAROC

Une puissance qui fait la part belle à l’environnement, zéro émission de CO2 et aucune nuisance sonore.

Le Lipo Cargo pour les professionnels Disponible à partir de 20 500 DH, la version Cargo du scooter Lipo est conçue pour transporter jusqu’à 160 kilos et le support arrière, conçu sur mesure, peut facilement porter jusqu’à 50 kilos. Pour renforcer la sécurité, surtout lorsque le scooter est chargé, le LIPO Cargo est équipé de disques 220 mm couplé à un freinage électronique régénératif qui permet de diviser par deux les distances de freinage. Autre fonctionnalité du Lipo Cargo : le reverse mode, qui agit comme une marche arrière à vitesse modérée et permet de sortir des places de stationnement serrées sans effort. Côté service après vente, la gamme Obamotors s’étoffe également de la solution OBA Care, une offre assurant une prise en charge complète au profit de ses clients.


N°49 Août-Septembre 2019 99 INDUSTRIE DU MAROC


100 N° 49 Août-Septembre 2019 INDUSTRIE DU MAROC


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