Industrie du Maroc Magazine N˚48

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SPÉCIAL BOURGET OPÉRATION SÉDUCTION RÉUSSIE AU BOURGET P.32-39

AUTOMOBILE HAKIM RIHANE, «CHAQUE VOITURE COMPORTE EN MOYENNE 500 RÉFÉRENCES ARAYMOND» P.28-31

Directeur de publication : Hicham RAHIOUI

ENR / EE TOUR D’HORIZON DES MÉCANISMES DE FINANCEMENT P.42-54

N° 48 Juillet 2019 - Prix Maroc 120 DH

DDT N

LE ROI MOHAMMED VI INAUGURE L’USINE PSA DE KÉNITRA

L'AUTOMOBILE MET LE TURBO


QUELLES ZONES ZONES INDUSTRIELLES INDUSTRIELLES POUR QUELLES POUR LEMAROC MAROC INDUSTRIEL INDUSTRIEL D’AUJOURD’HUI? D’AUJOURD’HUI? LE SOUS L’ÉGIDE SOUS L’ÉGIDE

PARTENAIRES PARTENAIRES

PARTENAIRE OFFICIEL PARTENAIRE OFFICIEL

PARTENAIRE RÉGIONAL PARTENAIRE RÉGIONAL

PARTENAIRE GOLD PARTENAIRE GOLD

PARTENAIRE RECRUTEMENT PARTENAIRE RECRUTEMENT

PARTENAIRES INFORMATION

PARTENAIRES INFORMATION PARTENAIRES MÉDIA

PARTENAIRES MÉDIA

2 N° 48 Juillet 2019

INDUSTRIE DU MAROC


ÉDITO

HICHAM RAHIOUI

Directeur de publication redaction@industries.ma

LE MAROC INDUSTRIEL MET LE TURBO

L

’inauguration par Sa Majesté le Roi Mohammed VI de l’écosystème du Groupe PSA à Atlantic Free Zone le 20 juin 2019, et l’inauguration du port Tanger Med II par le Prince héritier Moulay El Hassan quelques jours plus tard, sont des signaux forts de la concrétisation d’une ambition Royale volontariste et visionnaire, celle d’un Maroc Industriel au rayonnement international. La preuve n’est plus à faire que les géants mondiaux font confiance au Maroc, à sa stabilité, à son savoir-faire mais aussi à l’expertise de ses ressources humaines, faisant du Royaume une plateforme privilégiée de production et d’exportation.

Le « Morocco Now » est en marche. L’année 2019 a pulvérisé toutes les prévisions. En seulement un semestre, pour ne parler que de l’industrie automobile, l’année en cours a connu un flux important d'investissements, avec l'entrée de 50 nouveaux investisseurs dans les zones industrielles de Kénitra et de Tanger. Et face à l’engouement que connaissent ces deux plateformes, d’autres zones industrielles commencent à drainer les équipementiers du secteur de l’automobile comme celles de Tétouan, Fès et Meknès. Du côté de l’aéronautique, la zone industrielle Midpac est la vitrine

du succès rencontré par l’offre Maroc qui le positionne au rang de premier exportateur de composants aéronautiques du continent africain et de plateforme compétitive de production à proximité de l’Europe. Les zones industrielles et les zones franches du Royaume sont donc des maillons forts de la réussite du Plan d’Accélération Industrielle du Maroc. A ce titre, Industrie du Maroc organise le premier Forum marocain des zones industrielles sous le thème « Quelles zones industrielles pour le Maroc industriel d’aujourd’hui ? », le 9 juillet 2019 au Palmeraie Country Club de Bouskoura.

N°48 Juillet 2019 INDUSTRIE DU MAROC

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SOMMAI RE PSA KÉN ITRA - LE ROI MOHAMMED VI INAUGURE L’USINE PSA DE KÉNITRA, D’UNE CAPACITÉ DE PRODUCTION DE 100.000 VÉHICULES PAR AN - EN 2019, LE SECTEUR AUTOMOBILE PASSE À LA VITESSE SUPÉRIEURE

14 22

AUTOMOBI LE - VOICI LES 15 FOURNISSEURS DU GROUPE PSA RÉCOMPENSÉS POUR LEUR EXCELLENCE - ENTRETIEN - HAKIM RIHANE, MANAGING DIRECTOR ARAYMOND MAROC

Directeur Général et de publication Hicham RAHIOUI

Directrice administrative et financière Nadia AYAD

26 28

Rédactrice en chef Dalal SADDIQI

Rédaction

SPÉCIAL BOURGET OPÉRATION SÉDUCTION RÉUSSIE AU BOURGET

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TEXTI LE LE TANDEM MOHAMMED BOUBOUH-JALIL SKALI PREND LES COMMANDES

Infographiste

Youssef BERRAK

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EN R / EE - TOUR D’HORIZON DES MÉCANISMES DE FINANCEMENT DES PROJETS ENERGIES RENOUVELABLES ET EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE - 28 ENTREPRISES LABELLISÉES POMPAGE SOLAIRE ET PV+

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Logistique

64

Impression

66 70

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4 N° 48 Juillet 2019

INDUSTRIE DU MAROC

Distribution Sochepress

Dépôt légal 2013 PE 0109 ISSN  : 2351-7905 Dossier Presse Adresse

74

1, 7éme étage, Apt 19, Angle Rue Al Aarar et Avenue Lalla Yacout Casablanca - Maroc .

76

Tél : 05 22 26 04 51 Fax : 05 22 27 07 75 Email : contact@industries.ma

NTIC VIVO SMARTPHONE S'INSTALLE AU MAROC

Bahi print

Aut. 2013 N°32

AUTO PIÈCES DÉTACHÉES : MISTER-AUTO.MA BOOSTE SON OFFRE EN PROPOSANT 400.000 RÉFÉRENCES

Responsable système d’information

Amine RAZZOUK Abdelaziz CHELHI

I N NOVATION - LE TRANSFERT DE TECHNOLOGIE : SITUATION ET PERSPECTIVES - CODE FIDO, LA NOUVELLE APPLICATION QUI PROMET DE RÉVOLUTIONNER L’ADRESSAGE AU MAROC

Responsable communication et partenariat

60

DIGITAL - LA RÉVOLUTION DIGITALE S’ACCÉLÈRE - L’E-RÉPUTATION, QUELS ENJEUX POUR LES PERSONNALITÉS PUBLIQUES ?

Akram ESSABBAHI (Dir.) Rida BEN SOULTANE Achraf BARBARA

Abdelaaziz RAHIOUI

MPAY FORUM - L’AVENIR DU PAIEMENT MOBILE S’ANNONCE PROMETTEUR AU MAROC - ENTRETIEN - YOUSSEF EL ALAOUI, VICE-PRÉSIDENT GÉNÉRAL DE L’APEBI

Direction commerciale et publicité

Nour El Houda AZENCOD

USI N E SIEMENS GAMESA DÉMARRE «ETES», SON USINE PILOTE DE STOCKAGE D’ÉNERGIE ÉLECTROTHERMIQUE

IDM BUSINESS TV Lotfi FETOUH

DÉVELOPPEMENT DURABLE CASABLANCA ACCUEILLE UNE PREMIÈRE RENCONTRE MULTILATÉRALE POUR S’INSPIRER DES PAYS NORDIQUES

Sarah MAACHE Samia ROCHDI Ismaila SY SAHADE

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EN BREF

TRANSPORT AÉRIEN

Royal Air Maroc et PortNet s’allient pour la digitalisation du fret

R

oyal Air Maroc Cargo et le Guichet Unique National du Commerce Extérieur, PortNet S.A., ont signé une

ENGRAIS

Mustafa Terrab élu président de l’IFA

convention de partenariat visant la mise en place d’un cadre général de collaboration pour la simplification et l’amélioration des procédures au niveau de l’ensemble des aéroports du marocains. Aussi, les deux parties contribueront au renforcement de la sécurité des échanges de données informatisées ainsi qu’à la dématérialisation totale, via PortNet, de l’ensemble des processus liés à la logistique du commerce à l’international par voie aérienne. En adoptant une démarche de collaboration inclusive avec l’ensemble des acteurs de la communauté aéroportuaire, les deux organismes unissent leurs efforts, dans le cadre de ce partenariat, pour la généralisation des services du guichet unique au fret aérien via la mise en place de la plateforme «E-freight». Cette plateforme contribuera à la complétude et l’intégration de bout en bout, via PortNet, de la chaine logistique et du commerce extérieur permettant ainsi d’améliorer la compétitivité des opérateurs économiques aussi bien à l’import qu’à l’export avec pour objectif d’atteindre le zéro papier dans les processus y afférant.

ÉLECTRICITÉ

L’ONEE fait sa place parmi les grands

L

’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) a été admis comme membre avec droit de vote de l’alliance “Global Sustainable Electricity Partnership” (GSEP), lors du sommet qui s’est tenu le 3 juin à Osaka au Japon. Représenté par son Directeur général, Abderrahim El Hafidi, l’ONEE devient ainsi le seul membre d’Afrique et du monde arabe à faire partie de cette alliance, qui compte comme membres les plus grandes entreprises d’électricité au monde. Le sommet a été également l’occasion pour le DG de l’ONEE d’explorer des partenariats avec les sociétés membres. Il a ainsi eu des discussions avec les Présidents d’EDF (France) et d’Hydro-Québec.

L

e patron du Groupe OCP a été élu président de l’International Fertilizer Association (IFA) par le conseil d’administration de l’association pour un mandat de deux ans. Mostafa Terrab devient ainsi le premier dirigeant africain à présider cette prestigieuse association professionnelle internationale de l’industrie des engrais depuis sa création il y a 90 ans. L’IFA est la plus importante instance de référence internationale des producteurs d’engrais, elle compte 480 sociétés dans 68 pays et ses sociétés membres représentent 80% de la production mondiale d’engrais. 6 N° 48 Juillet 2019

INDUSTRIE DU MAROC


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EN BREF

SOMACA

Mohamed Bachiri fait Chevalier de la légion d’honneur

M

ohamed Bachiri, Directeur Général de la Somaca, a été décoré le 12 Juin de l’insigne de Chevalier de la légion d’honneur de l’Etat Français pour ses actions et son engagement dans les relations franco-marocaines. Il a reçu cette haute distinction de l’Ambassadeur de France au Maroc, son Excellence Jean-François Girault, en reconnaissance de son accomplissement professionnel dans le projet de la plus grande usine d’Afrique, l’usine Renault de Tanger, pilier incontournable

de l’industrie automobile au Maroc. Bachiri a également été récompensé pour son implication personnelle et professionnelle dans les liens qui unissent le Maroc et la France. Le DG de la Somaca a en effet contribué en tant que Conseiller du Commerce Extérieur Français et du service économique de l’Ambassade de France au Maroc et a été Co-chef de file du groupe de travail «Ressources Humaines» au sein du Club de Chefs d’Entreprise France Maroc.

COSUMAR

BCP signe pour financer l’écosystème Cosumar

L

es deux institutions Banque Populaire (BCP) et Cosumar ont signé deux conventions portant sur le renforcement et le soutien de la dynamique de croissance des opérateurs œuvrant dans l’écosystème de Cosumar. La première convention ambitionne d’unir les dispositifs, aussi bien techniques que financiers, des deux parties 8 N° 48 Juillet 2019

INDUSTRIE DU MAROC

pour accompagner le secteur sucrier à travers un dispositif d’offres de financement à des conditions avantageuses. La seconde porte sur la mise en place, par la BCP, d’une solution de financement du cycle d’exploitation des fournisseurs de l’écosystème de Cosumar leur permettant une optimisation de la gestion de leur trésorerie.

DFSK ET AFRICA MOTORS Signent pour une collaboration renforcée

Z

hang Xinhai, Directeur Général de DFSK et Abdellah El Mouadden, Directeur Général d’Africa Motors, filiale du groupe Auto Hall, on signé, le 20 juin à Casablanca, un nouvel accord de partenariat entre le producteur de véhicules chinois et son distributeur exclusif au Maroc et dans plusieurs pays du continent. Cette convention signe une montée en puissance de la collaboration entre les deux partenaires avec un élargissement de la gamme par l'introduction des voitures pour particuliers et, en décembre 2019, la mise sur le marché de Véhicules Utilitaires Légers montés au Maroc. Puis, dès 2020, ce sera au tour des véhicules électriques DFSK de faire leur entrée au Maroc et sur le continent.


150 ans d'histoire 150 ans d'histoire De l'invention, de la fixation De l'invention, de la fixation au service du marché de l'automobile, au service du marché de l'automobile, une saga familiale riche d'innovations. une saga familiale riche d'innovations.

A PROPOS DE NOUS A NOUS

Leader sur le marché de l’l’AUTOMOBILE Leader AUTOMOBILE le Réseau Réseau ARaymond a progressivement le progressivement transposés o n e x p e r tt ii ss ee eett sseess transposés mp pé étences vers de ccoom de nouveaux nouveaux marchés :: marchés TRUCK TRUCK INDUSTRIAL INDUSTRIAL ENERGIES ENERGIES AGRICULTURE AGRICULTURE

1 1Culture Cultured’entreprise d’entreprise familiale familialeunique unique 77200 200Femmes Femmeset etHommes Hommesqui qui font fontla larichesse richessede del’entreprise l’entreprise 55Générations Générationsd’entrepreneurs d’entrepreneurs 66Marchés Marchés Plus Plusde de350 350personnes personnes impliquées dans les projets impliquées dans les projetsR&D R&D

LIFE LIFE 1 600 Brevets actifs 1 600 Brevets actifs 25 000 Références 25 000 Références de production de production 26 Sites de production N°48 Juillet 2019 9 26 Sites de production DU MAROC dansINDUSTRIE le monde dans le monde


EN BREF

FORMATION PROFESSIONNELLE

Le Maroc élu à la tête de l’Alliance africaine

L

e Maroc, en la personne de Loubna Tricha, DG de l’Office de la formation et de la promotion du travail (OFPPT), a été élu, le 20 juin à Casablanca, à la tête de l’Alliance Africaine pour le Développement de la Formation Profes-

sionnelle (ADEFOP) lors de la 1ère assemblée générale de ladite Alliance et ce pour un mandat de trois ans. S’exprimant à cette occasion, Loubna Tricha s’est déclarée "fière de la confiance placée en sa personne” par les membres de l’ADEFOP, soulignant qu’elle œuvrera de concert avec tous les membres de cette instance en vue de garantir l’accompagnement des besoins du continent africain, doté de grandes richesses et de ressources à valoriser. Cette initiative, qui a été aussi marquée par la validation des statuts, constitue une nouvelle preuve de l’engagement du Royaume en faveur du partage d’expériences et de l’échange d’expertises Sud-Sud, a-t-elle souligné. Durant ce mandat, “nous veillerons à optimiser l’efficience et la performance de la dynamique créée autour de l’ADEFOP, tout en œuvrant dans le sens de la mise en place d’une offre de formation professionnelle performante et adaptée aux besoins de l’Afrique, a-t-elle assuré.

TELECOM

Maroc Telecom annonce l’acquisition de Tigo Tchad

M

aroc Telecom a annoncé officiellement, 27 juin, avoir finalisé l’acquisition, auprès de Millicom, de la totalité du capital de sa filiale “Tigo Tchad”, premier opérateur mobile au Tchad. “La finalisation de cette acquisition marque une étape supplémentaire dans le développement à l’international du groupe Maroc Telecom sur des marchés à fort potentiel, et renforce davantage son positionnement stratégique en tant qu’acteur majeur des télécoms en Afrique”, a déclaré, à cette occasion, le président du Directoire de Maroc Telecom, Abdeslam Ahizoune. “Maroc Telecom mettra en œuvre toutes ses expertises pour assurer le développe-

LIVRAISONS DE VÉHICULES Renault en tête du podium

L

e groupe Renault a clôturé les 5 premiers mois de l’année 2019 à la tête du podium du marché marocain en réalisant au cumul 28.709 livraisons. 18.698 véhicules Dacia ont trouvé preneur pendant cette période alors que Renault se tient sur la 2e marche du podium avec 10.011 livraisons. En outre, le groupe Renault Maroc consolide sa position du leader du marché en décrochant 6 places du “Top 10” des meilleures ventes avec Clio, Logan, Dokker et Sandero, qui occupent respectivement les 4 premières places du classement, suivies par Duster en 5e position et Kangoo en 6e position. A noter que Clio a réalisé une performance exceptionnelle avec 5.452 livraisons. 10 N° 48 Juillet 2019

INDUSTRIE DU MAROC

ment numérique à long terme au Tchad”, a-t-il souligné, confirmant l’engagement de l’opérateur marocain “à accompagner toutes les mutations en cours sur le continent en matière de digital”.


INDUSTRICOM GROUP est un groupe de presse marocain spécialisé qui s’est fixé comme principale mission la promotion du secteur de l’industrie, de l’investissement et de l’innovation au Maroc et en Afrique via la presse écrite et électronique en langue arabe et française. Mais également à travers des événements d’envergure internationale de haut niveau, ainsi que par le biais d’une web TV orientée business. (+212)5 22 26 04 51

industricom.ma

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INDUSTRIE DU MAROC


EN BREF

IMMOBILIER DIGITAL

PUBLICITÉ

L

R

Mubawab rachète Jumia House au Maghreb

e portail immobilier Mubawab, du groupe immobilier EMPG, a fait l’acquisition du portail Jumia House au Maroc, en Tunisie et en Algérie, étendant ainsi ses activités dans la région MENA. Kevin Gormand, Co-Fondateur et DG de Mubawab, a déclaré : «Nous croyons fermement en notre capacité d’offrir des solutions immobilières aux clients et aux utilisateurs finaux grâce à notre plateforme hautement performante et sophistiquée. Nous sommes enthousiastes à l’idée de nous appuyer sur notre succès et notre expérience au Maroc pour offrir une plateforme élargie, en maximisant la portée et la visibilité des consommateurs tout en proposant un accompagnement personnalisé et local à nos clients».

Renault Commerce Maroc rafle 4 distinctions

enault Commerce Maroc a remporté pas moins de 4 prix lors de l'African Cristal Media & Avertising Summit, qui s’est tenu à Marrakech du 13 au 16 juin et a récompensé les campagnes publicitaires les plus créatives du continent africain. Dans la catégorie “Film”, la campagne de lancement du nouveau Dacia Duster – Duster/Machi Duster a remporté un White Cristal (bronze) et un Ispahan Cristal (Silver) dans la catégorie Integrated. Dans la

DÉCORATION

Sedar ouvre un showroom puis une usine à Casablanca

S

edar International, spécialisé dans le domaine du design et de la décoration a ouvert le 18 juin, en partenariat avec la société Com2Com Interior, son premier showroom au Maroc. L’enseigne de luxe propose désormais, à la Marina de Casablanca, 1.800 modèles de rideaux, papiers peints, stores, portes rabattantes, accessoires de rideaux et de coussins de marques de renommée mondiale. 12 N° 48 Juillet 2019

INDUSTRIE DU MAROC

Et comme une bonne nouvelle ne vient jamais seule, Sedar Global a annoncé ouvrir une usine de production pour la consommation locale et l’exportation courant juin 2019, dans la zone industrielle d’Ain Harrouda, d’une superficie de 3.000m² avec une capacité de production allant jusqu’à 1.000 unités/jour pour un coût d’investissement de 55 millions de dirhams sur 5 ans.

catégorie Radio, la campagne Dacia Let your wallet takes holidays (3tiw l3otla lbeztamkoum) a également gagné un White Cristal. Dans la catégorie Promo & Activation-use of social platforms, un White Cristal a récompensé le Digital Live Studio de Renault. Renault Commerce Maroc s'est donc largement démarqué comme étant l’annonceur, dans la catégorie automobile, le plus primé de ce Festival des meilleures campagnes publicitaires africaines.


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INDUSTRIE DU MAROC


ATLANTIC FREE ZONE LA DATE DU 20 JUIN 2019 A MARQUÉ UN NOUVEAU PAS DANS L’HISTOIRE AUTOMOBILE AU MAROC. SA MAJESTÉ LE ROI MOHAMMED VI Y A PRÉSIDÉ, AU SEIN DE LA PLATEFORME INDUSTRIELLE INTÉGRÉE “ATLANTIC FREE ZONE”, DANS LA COMMUNE D’AMER SAFLIA, LA CÉRÉMONIE D’INAUGURATION DE L’ÉCOSYSTÈME DU GROUPE FRANÇAIS PSA AU MAROC. UN PROJET QUI DONNE UN COUP D'ACCÉLÉRATEUR AU DÉVELOPPEMENT DU SECTEUR NATIONAL DE L’AUTOMOBILE ET ILLUSTRE L’EXCELLENCE DU “MADE IN MOROCCO”. Dossier réalisé par Samia ROCHDI.

14 N° 48 Juillet 2019

INDUSTRIE DU MAROC


PSA KÉN ITRA

LE ROI MOHAMMED VI INAUGURE L’USINE PSA DE KÉNITRA, D’UNE CAPACITÉ DE PRODUCTION DE 100.000 VÉHICULES PAR AN en exergue les différentes étapes de réalisation de l’écosystème du Groupe PSA au Maroc, l’impact de ce projet sur le secteur automobile national et les efforts déployés pour en assurer plein succès. La cérémonie d’inauguration a débuté par la projection d’un film institutionnel qui met en exergue les différentes étapes de réalisation de l’écosystème du Groupe PSA au Maroc, l’impact de ce projet sur le secteur automobile national et les efforts déployés pour en assurer plein succès. Le ministre de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Économie numérique, Moulay Hafid Elalamy a, ensuite, prononcé une allocution devant SM le Roi dans laquelle il a souligné que grâce à l’impulsion décisive et à la Haute sollicitude du Souverain, “les infrastructures, l’usine de PSA et les usines de ses sous-traitants ont été réalisées dans les conditions convenues et les délais impartis”, quatre années après la signature de la uatre ans après la signature de convention stratégique, le 19 juin 2015, la convention stratégique, le 19 entre l’État marocain et le Groupe PSA. juin 2015, entre l’État marocain et le Groupe PSA, le Souverain a procédé 3 milliards de dirhams à l’inauguration de la nouvelle usine du d’investissement Groupe PSA, d’une capacité de production Elalamy a affirmé, à cette occasion, annuelle de 100.000 véhicules et moteurs que le groupe français PSA a investi associés, et au lancement des travaux 3 milliards de dirhams et prévoit d’extension de ce complexe industriel de d’investir autant dans ses futurs projets dernière génération, dont la capacité de au Maroc, précisant que la nouvelle production sera doublée avant même usine PSA de Kénitra a été conçue 2023 – date prévue pour la réalisation pour produire aussi bien des véhicules de cet objectif – et qui générera, à terme, thermiques qu’électriques, confortant ainsi l’ambition industrielle du 4.000 postes d’emplois. La cérémonie d’inauguration a débuté par Royaume mais également la volonté la projection d’un film institutionnel qui met affirmée de SM le Roi de faire du Maroc

Q

un modèle au niveau du continent en matière du développement durable.

27 nouvelles usines de 10 nationalités

“Les résultats enregistrés à date grâce à l’implantation de PSA sont substantiels”, a poursuivi le ministre, notant à ce propos que les véhicules produits dans l’usine PSA bénéficient d’un taux d’intégration de plus de 60% (80 % à terme), que 27 nouvelles usines de 10 nationalités se sont déjà installées à Kénitra, et que le Centre de R&D qui devait initialement employer 1.500 ingénieurs et techniciens supérieurs emploie aujourd’hui 2.300 employés, dont 85% sont des ingénieurs. Les achats par PSA de pièces fabriquées au Maroc ont atteint 700 millions d’euros pour l’année 2018, bien audessus des prévisions, a-t-il ajouté, faisant observer que l’objectif du milliard d’euros d’achats sera donc réalisé avant 2025. Et d’ajouter que l’usine PSA inaugurée bénéficie de la dynamique de développement que connait le Royaume, à la faveur notamment de la ligne à grande vitesse ferroviaire qui permet aujourd’hui de libérer les rails entre Kénitra et le port de Tanger Méditerranée, et la réforme de la formation professionnelle qui permettra d’améliorer la compétitivité des écosystèmes industriels.

Le Maroc “au cœur de la stratégie de croissance du Groupe PSA”

Pour sa part, le vice-président exécutif N°48 Juillet 2019 15

INDUSTRIE DU MAROC


PSA KÉN ITRA

de PSA pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, Jean-Christophe Quemard, a affirmé que la vision portée par SM le Roi “de développer des écosystèmes économiques performants est dorénavant une réalité pour le Groupe PSA avec toutes ses composantes, à commencer par la plus importante : la formation professionnelle des hommes et des femmes qui feront le futur de l’industrie automobile avec la promesse de carrières riches au sein de cette filière au Maroc”. Quemard a tenu, à cette occasion, à rappeler que le Maroc est, plus que jamais, “au cœur de la stratégie de croissance du Groupe PSA, qui figure aujourd’hui parmi les constructeurs automobiles les plus performants au Monde”, notant que c’est au Royaume que “le Groupe PSA a choisi d’implanter son centre de décision Régional, de développer un Centre de recherche et développement intégré dans le réseau 16 N° 48 Juillet 2019

INDUSTRIE DU MAROC

mondial de R&D du Groupe PSA, et aujourd’hui une activité industrielle déterminante”. Cette cérémonie a été marquée par le dévoilement de la nouvelle Peugeot 208, véhicule produit dans l’usine de Kénitra. Par la suite, SM le Roi a été salué par les représentants d’équipementiers du Groupe PSA qui se sont installés au sein de la plateforme industrielle intégrée “Atlantic Free Zone”. Le Souverain a ainsi été salué par Xinglong Mei, vice-président du Groupe Chinois “CITIC DICASTAL”, numéro 1 mondial de la fabrication de jantes en aluminium, dont l’usine, construite sur un terrain de 24 hectares avec un investissement de près de 4 milliards de dirhams, dispose d’une capacité de production annuelle de 3 millions de jantes. SM le Roi a ensuite été salué par Hirai Yoshinori, vice-président exécutif du groupe japonais ASAHI Glass Co (AGC), un des leaders mondiaux dans l’industrie

du verre pour diverses applications et utilisations y compris l’industrie automobile, et Hakim Abdelmoumen, administrateur, directeur général de AGC-Induver Automotive, une unité industrielle issue d’une alliance entre le groupe japonais AGC et la société marocaine Induver. Construite sur 13 hectares pour 1,5 milliard dirhams, cette usine fabrique des pare-brises et des vitrages de dernière génération. Le Souverain a également été salué par Rachid Rahmouni, vice-président en charge de l’Afrique du Nord du groupe français FAURECIA, numéro un mondial de l’intérieur véhicule, dont la nouvelle usine, réalisée sur 4 hectares pour un investissement de 300 millions de dirhams, vient compléter le réseau de ce groupe au Maroc. SM le Roi a, ensuite, visité les différents ateliers de l’usine PSA, avant de poser pour une photo-souvenir avec son personnel.


PSA KÉN ITRA Une nouvelle réussite de l’industrie automobile marocaine

L’Écosystème structurant organisé autour de PSA dans le Royaume est une nouvelle réussite accomplie dans l’industrie automobile. Une industrie qui prospère et réalise des succès. Les exportations de ce secteur, qui emploie actuellement un total de 189.600 personnes, ont doublé entre 2013 et 2018, passant de 31,7 milliards de dirhams à 65,1 milliards de dirhams, faisant de l’industrie automobile le 1er secteur exportateur du Royaume pour la 4e année consécutive. L’inauguration par SM le Roi Mohammed VI de l’Usine PSA à Kénitra se veut la preuve de l’aboutissement de la vision stratégique à long terme définie par le Souverain pour le secteur de l’industrie automobile, a indiqué, à cette occasion le président de la Fédération marocaine de l’automobile, Hakim Abdelmoumen. de l’Association des importateurs de Un milliard d’euros d’exportations très fort” que PSA croit en ce projet. Au moment de l’avènement du projet véhicules au Maroc (AIVAM), Adil par an PSA avec ses équipementiers, la région avait été équipée au préalable, grâce à la vision Royale, avec toutes les infrastructures, notamment à travers la zone franche, le centre de formation et le guichet unique, a estimé M. Abdelmoumen, notant que grâce à cette vision, l’Atlantic Free Zone de Kénitra est devenue une destination de prédilection pour les investisseurs.

Un million de véhicules fabriqués

L’inauguration de l’Usine PSA à Kénitra par SM le Roi Mohammed VI est une réalisation “énorme” en ce sens qu’elle vient renforcer et couronner les efforts du Maroc dans le domaine de la fabrication automobile, a indiqué le président CHIFFRES CLÉS PSA KÉNITRA

L’Usine PSA à Kénitra permettra non seulement de produire 200.000 véhicules au Maroc mais également d’intégrer en profondeur des équipements à hauteur de 65%, puis de 80%, a précisé Abdelmoumen, rappelant que les équipementiers apportés par PSA réaliseront un chiffre d’affaires d’un milliard d’euros d’exportations par an d’équipements et de pièces. “Nous sommes dans le sillage de l’écosystème PSA, à savoir l’usine de construction automobile en plus de l’industrie des équipementiers qui fabriquent les pièces de la voiture”, a-t-il ajouté, faisant savoir que PSA a également ramené l’ingénierie, la conception et le développement, “signal

Bennani, qui a estimé que l’inauguration de ce site est un excellent pas en avant sur la voie d’atteindre le million de véhicules fabriqués, notant que cette “belle réalisation” permet de positionner le Maroc comme une véritable destination pour la construction automobile tant pour les constructeurs d’où qu’ils soient, que pour les équipementiers à travers le monde. S’agissant du consommateur marocain, le président de l’AIVAM a précisé que cette usine représente un “plus” étant donné qu’une partie de la production sera commercialisée au Maroc, et ce bien que la majorité sera exportée un peu partout en Europe et en Afrique.

100.000 véhicules et moteurs associés de capacité de production par an

2.300 employés, dont 85% sont des ingénieurs

4.000 postes d’emplois prévus à l’horizon 2023

27 nouvelles usines de 10 nationalités

60% de taux d’intégration (80 % à terme)

N°48 Juillet 2019 17

INDUSTRIE DU MAROC


PSA KÉN ITRA Moulay Hafid Elalamy, Ministre de l'Industrie, du Commerce, de l'Investissement et de l'Économie numérique

« LE GROUPE FRANÇAIS PSA A INVESTI 3 MILLIARDS DE DIRHAMS ET PRÉVOIT D’INVESTIR AUTANT DANS SES FUTURS PROJETS AU MAROC.» L’impact du projet PSA sur le secteur automobile national est déjà une réalité avant même le démarrage effectif de la nouvelle usine du groupe à Kénitra, a souligné Moulay Hafid Elalamy, notant que l’écosystème PSA a créé à lui seul 19.000 emplois directs. Le groupe français PSA a investi 3 milliards de dirhams et prévoit d’investir autant dans ses futurs projets au Maroc, a affirmé le ministre, faisant savoir que les équipementiers du Groupe ont investi à cette date plus de 16 milliards de dirhams". Estimant que les résultats enregistrés à date grâce à l’implantation de PSA étaient substantiels, le ministre a indiqué que l'usine PSA de Kénitra, qui a été réalisée avec succès et dont les travaux de construction de la 2e phase ont été lancés par le Souverain le 20 juin, atteindra les 200.000 véhicules et moteurs associés, bien avant l’objectif de 2023. Elalamy a fait savoir, à ce propos, que 27 nouvelles usines de 10 nationalités se sont déjà installées à Kénitra depuis le 19 juin 2015, date de la signature de la convention entre l'État marocain et le groupe PSA, et que les véhicules produits au sein de la nouvelle usine PSA de Kénitra bénéficient d'un taux d’intégration de plus de 60% qui se situera 18 N° 48 Juillet 2019

INDUSTRIE DU MAROC

à 80% à terme. Les achats par PSA de pièces fabriquées au Maroc ont atteint 700 millions d'euros pour l’année 2018, ce qui se situe bien au-dessus des prévisions. L'objectif de 1 milliard d’euros d’achats sera donc réalisé avant 2025, a poursuivi le ministre, relevant que le Centre R&D qui devait, initialement, employer 1.500 ingénieurs et techniciens supérieurs, emploie aujourd’hui 2.300 employés, dont 85% sont des ingénieurs. Elalamy n'a pas manqué, à cette occasion, de souligner que ces résultats ont pu être enregistrés grâce à l'impulsion décisive et à la Haute sollicitude du Souverain, et que la nouvelle usine PSA de Kénitra, conçue pour produire aussi bien des véhicules thermiques que des véhicules électriques, vient conforter non seulement l’ambition industrielle du Royaume mais également la volonté affirmée de SM le Roi de faire du Maroc un modèle au niveau du continent en matière de développement durable. Ce projet structurant s’inscrit en outre dans une dynamique soutenue du secteur de l’automobile au Maroc, a souligné le ministre, faisant savoir que ce secteur a ainsi doublé ses exportations entre 2014 et 2018, créant 116.000 emplois. "Pour la 4e

année consécutive, l'automobile se classe en tête des secteurs industriels exportateurs du Royaume", a-t-il rappelé, ajoutant que l’Écosystème PSA, implanté dans la région Rabat-Salé-Kénitra, "a permis l’émergence d’un nouveau pôle industriel à fort impact social, illustrant le développement économique régional tel que souhaité par SM le Roi". En effet, la zone franche industrielle de Kénitra a été dynamisée par l’écosystème PSA avec 18 milliards de dirhams d’investissement et la création de 25.300 emplois, a précisé Elalamy. L'inauguration de l'usine PSA s’est accompagnée par le lancement en production de trois autres usines emblématiques de l’écosystème PSA : une unité industrielle du groupe chinois Dicastal, numéro 1 mondial de la fabrication de jantes en aluminium, une usine AGC-Induver, fruit d’une association entre le Groupe japonais AGC, numéro 1 mondial du vitrage automobile et l’opérateur marocain Induver, et une usine du groupe français Faurecia, numéro 1 mondial de l’intérieur véhicule, a annoncé le ministre, précisant que "ces quatre usines totalisent à elles seules un investissement de 8 milliards de dirhams".


PSA KÉN ITRA

« LA CAPACITÉ DE PRODUCTION DE L'USINE PSA DE KÉNITRA SERA DOUBLÉE À 200.000 PAR AN DÈS L’AN PROCHAIN » Rémi Cabon, Directeur du site PSA de Kénitra L’Usine PSA de Kénitra aura une capacité de production de 100.000 véhicules par an au démarrage, qui sera doublée à 200.000 par an dès l’année prochaine, a affirmé son directeur. Rémi Cabon a rappelé que le projet de création de ce site a été signé il y a quatre

ans, se félicitant du partenariat "exemplaire" entre le groupe PSA et le Maroc. Le directeur de l’usine PSA a également relevé que le nombre des salariés de l’usine, qui est de 800 au moment du démarrage, passera à plus de 1.600 à la fin de cette année en cours et à 2.500 l’année prochaine.

Evoquant le volet formation, Cabon a fait savoir que l’usine PSA est liée par un partenariat avec l’ANAPEC pour recruter des salariés sur l’ensemble du Royaume et un autre partenariat avec l’Institut de formation aux métiers de l’industrie automobile.

Hakim Abdelmoumen, Président de la Fédération marocaine de l’automobile. Administrateur, directeur général de AGC-Induver Automotive

« L'ATLANTIC FREE ZONE DE KÉNITRA EST DEVENUE UNE DESTINATION DE PRÉDILECTION POUR LES INVESTISSEURS. » L'inauguration par SM le Roi Mohammed VI de l'usine PSA à Kénitra se veut la preuve de l'aboutissement de la vision stratégique à long terme définie par le Souverain pour le secteur de l'industrie automobile, a déclaré Hakim Abdelmoumen. L'usine PSA à Kénitra permettra non seulement de produire 200.000 véhicules au Maroc mais également d'intégrer en profondeur des équipements à hauteur de 65%, puis de 80%, a-t-il précisé, rappelant que les équipementiers apportés

par PSA réaliseront un chiffre d'affaires d'un milliard d'euros d'exportations par an d'équipements et de pièces. "Nous sommes dans le sillage de l'écosystème PSA, à savoir l'usine de construction automobile en plus de l'industrie des équipementiers qui fabriquent les pièces de la voiture", a-t-il ajouté, faisant savoir que PSA a également ramené l'ingénierie, la conception et le développement, ce qui présente un "signal très fort" que PSA croit

en ce projet. Au moment de l'avènement du projet PSA avec ses équipementiers, la région avait été équipée au préalable, grâce à la vision Royale, avec toutes les infrastructures, notamment à travers la zone franche, le centre de formation et le guichet unique, a précisé Abdelmoumen, notant que grâce à cette vision, l'Atlantic Free Zone de Kénitra est devenue une destination de prédilection pour les investisseurs. N°48 Juillet 2019 19

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PSA KÉN ITRA

Adil Bennani, Président de l'Association des importateurs de véhicules au Maroc (AIVAM).

« L'INAUGURATION DE CE SITE EST UN EXCELLENT PAS EN AVANT SUR LA VOIE D'ATTEINDRE LE MILLION DE VÉHICULES FABRIQUÉS. » L'inauguration de l'Usine PSA à Kénitra par SM le Roi Mohammed VI est une réalisation "énorme" en ce sens qu'elle vient renforcer et couronner les efforts du Maroc dans le domaine de la fabrication automobile, a déclaré Adil Bennani. Ce dernier a en effet estimé que l'inauguration de ce site est "un

excellent pas en avant sur la voie d'atteindre le million de véhicules fabriqués", notant que cette "belle réalisation" permet de positionner le Maroc comme une véritable destination pour la construction automobile tant pour les constructeurs que pour les équipementiers à travers le monde.

S'agissant du consommateur marocain, le président de l'AIVAM a précisé que cette usine représente un "plus" étant donné qu'une partie de la production sera commercialisée au Maroc, et ce bien que la majorité sera exportée un peu partout en Europe et en Afrique.

Salaheddine Mezouar, Président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM).

« CE NOUVEAU SITE VIENT METTRE EN AVANT LA QUALITÉ ET LA COMPÉTITIVITÉ DE LA MAIND’ŒUVRE ET DES CADRES MAROCAINS.» L'Usine PSA de Kénitra apportera une valeur ajoutée pour l’industrie automobile au Maroc. Il s'agit d'une nouvelle expérience après celle réussie du groupe Renault, a déclaré Salaheddine Mezouar, notant que la production de ce site devrait atteindre 200.000 véhicules. L’inauguration de l’usine 20 N° 48 Juillet 2019

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PSA reflète la place qu’occupe désormais le Maroc en tant que plateforme de l’industrie automobile et la compétitivité du Royaume dans ce secteur, a-t-il relevé, ajoutant que ce nouveau site vient mettre en avant la qualité et la compétitivité de la main-d’œuvre et des cadres marocains. Cette usine reflète aussi

l’attractivité du Royaume et sa capacité à drainer des investissements dans d’autres secteurs autres que l’automobile, a-t-il dit, mettant en avant l’impact direct de ce site sur la balance des paiements, d’autant plus que 90% de la production de ce secteur est destiné à l’export.


PSA KÉN ITRA

RÉTROSPECTIVE 2015-2019

N°48 Juillet 2019 21

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PSA KÉN ITRA

EN 2019, LE SECTEUR AUTOMOBILE PASSE À LA VITESSE SUPÉRIEURE AVEC L’INAUGURATION, LE 20 JUIN 2019 À KÉNITRA, DE L’ÉCOSYSTÈME DU GROUPE PSA, LE MAROC A CONSOLIDÉ SA PLACE DANS LA COUR DES GRANDS DU SECTEUR AUTOMOBILE, QUI N’A CESSÉ DE CROÎTRE DE MANIÈRE EXPONENTIELLE, PULVÉRISANT TOUTES LES PRÉVISIONS, À LA FAVEUR D’INVESTISSEMENTS VENUS DES QUATRE COINS DU MONDE, FAISANT DU ROYAUME UNE PLATEFORME PRIVILÉGIÉE DE PRODUCTION ET D’EXPORTATION.

L

e Maroc a pu élargir l’écart avec ses proches concurrents au niveau de la région et du continent. Selon le Wall Street Journal, le Royaume a dépassé l’Afrique du Sud en tant que centre de construction des voitures en Afrique, et devrait, dans le proche avenir, laisser derrière lui son concurrent italien. Après avoir réussi à mettre sur pied un écosystème de plus de 200 équipementiers, axé sur les usines Renault à Tanger et de Peugeot à Kénitra, le Maroc est désormais une plateforme majeure d’approvisionnement des usines européennes de construction de voitures. Fort d’un cadre stable et sûr, le Maroc offre aux investisseurs étrangers une vision claire et un emplacement 22 N° 48 Juillet 2019

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stratégique compétitif de production et d’exportation, grâce à un réseau d’infrastructures aux normes internationales, et à une main-d’œuvre hautement qualifiée. Le secteur automobile est, depuis le 1er trimestre de 2019, le premier secteur d’exportation du Maroc avec une capacité de 700.000 véhicules par an, qui sera bientôt porté à un million de véhicules, un chiffre d’affaires à l’export d’environ 100 millions de dirhams, un taux d’intégration de 65% et la création de plus de 90.000 emplois. Les résultats atteints permettent de relever les objectifs encore plus haut par rapport au plan d’accélération industrielle pour atteindre, en 2025, un chiffre d’affaires à l’export de 200

milliards de dirhams. Avec sa participation à la création de 29% des emplois dans le secteur industriel, le secteur automobile a enregistré les taux les plus élevés en termes de création d’emplois entre 2014 et 2017, avec 83.845 nouveaux postes, représentant 93% de l’objectif fixé pour 2020. Cette performance reflète une intégration locale de plus de 50%, pour atteindre 65% en 2019. Il faut dire que depuis le début de l’année en cours, les investissements étrangers continuent d’affluer sur le Maroc, profitant des écosystèmes français, Renault et Peugeot, et chinois BYD Auto Industry. Il s’agit d’équipementiers ayant trouvé au Maroc un environnement d’affaires propice au développement


PSA KÉN ITRA de leurs activités en Afrique, avec un financement d’acteurs en Europe et en Méditerranée.

Varroc Lighting Systems

Le 26 février 2019, le groupe indien Varroc Lighting Systems, spécialisé dans la construction des systèmes électriques automobiles, a inauguré la première phase de son unité industrielle de Tanger Automotive City, où seront produits des projecteurs et des feux arrière pour ses clients au Maroc, en Espagne et en France. Cette usine de 17.000m² comprend une unité de production de 12.000m², des bureaux d’administration de 3.000 m² et un centre d’ingénierie et de développement de 2.000m², comprenant des départements optique, électronique, design mécanique et des laboratoires de validation des produits, ainsi qu’un centre de maintenance et d’assistance technique. A noter que cette structure ne constitue que la première phase du projet. La deuxième phase de 14.000 m² supplémentaires a déjà été anticipée et lancée, et sa finalisation est programmée cette année. Le projet global devrait permettre la création de 650 emplois à l’horizon 2024 pour un investissement de 45 millions d’euros.

Prettl Automotive

Dans ce même élan, le groupe allemand

Prettl Automotive a ouvert, le 2 avril 2019, dans la même zone industrielle, une usine de câblage automobile et d’injection pour un investissement d’environ 130 millions de dirhams. D’une superficie de 8.600m², elle devrait augmenter le nombre de ses employés de 400 à 600 en moins d’une année. A noter que le groupe, fort de l’intense demande de l’industrie automobile en pièces de rechange électroniques, au sillage de l’évolution de la technologie des voitures électriques et autonomes, projette déjà de lancer une deuxième tranche d’extension de cette unité. L’usine a d’ailleurs vu grand en prévoyant un terrain mitoyen pour les besoins d’extension futurs. Une option qui pourrait être prise plus tôt que prévu vu la demande croissante en options et en fonctions numériques et digitales des constructeurs et plus encore avec les véhicules connectés et autonomes de demain.

Mitsui Kinzoku Act

L’équipementier automobile nippon Mitsui Kinzoku Act, spécialisé dans la fabrication de composants fonctionnels pour le secteur automobile a implanté, quant à lui, le même jour du 2 avril 2019, sa première usine en Afrique à Tanger Automotive City. Le site de production de mécanismes de verrouillage de portes

a nécessité une enveloppe de 12,5 millions d’euros. Il emploiera près de 100 personnes lors de sa phase initiale et devrait en atteindre 300 à terme. Prévue sur un terrain de 20.026 m², sa première phase consiste en l’édification d’un centre de production de 5.600m² et d’un bâtiment administratif de 1.200m², ainsi qu’en la mise en place de lignes d’assemblage, ultimes technologies de Mitsui Kinzoku Act. Se réjouissant du climat des affaires au Maroc, Mitsui Kinzoku Act compte développer autant que possible la production et le sourcing locaux, notamment en composants d’injection plastique et d’emboutissage de précision, ainsi qu’en opérations de traitement de surfaces.

Valeo

Le 3 mai 2019, l’équipementier français Valeo a inauguré son nouveau centre industriel spécialisé dans la fabrication de pièces et équipements automobiles pour un investissement de 130 millions d’euros, qui s’inscrit dans le cadre de la convention de mise en place de l’écosystème Valeo, signée sous la présidence effective de SM le Roi Mohammed VI, en décembre 2017. Regroupant l’ensemble des activités de production de Valeo au Maroc, ce nouveau centre industriel, qui s’étend sur une superficie totale de 137.000 m2

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PSA KÉN ITRA à Tanger Automotive City, compte plus de 40.000 m2 d’espace de production et deux bâtiments. Le premier, déjà opérationnel depuis 2017, est dédié à la production de systèmes d’éclairage et d’essuyage, et le second, mis en service plus récemment, accueille la production de systèmes thermiques (radiateurs, systèmes de ventilation, systèmes de refroidissement moteurs…) et de systèmes d’aide à la conduite (commandes au volant). Des négociations sont en cours pour ouvrir une troisième unité. Quelque 1.000 emplois directs, d’opérateurs, techniciens, ingénieurs et cadres, seront créés avant la fin de 2019 grâce à cet investissement du groupe Valeo qui est implanté au Maroc depuis 2012. L'implantation de ce groupe, qui réalise actuellement au Maroc un chiffre d'affaires de 76 millions d'euros et un taux d'intégration locale de 64%, permet d’introduire des spécialités nouvelles et d'enrichir la chaine de valeur du secteur. Le groupe Valeo entend d’ailleurs poursuivre le développement de son investissement pour porter son chiffre d'affaires à 500 millions d'euros à moyen terme. A noter que cet écosystème a permis de drainer dans son sillage d’importants investissements, contribuant à l’ancrage de la filière automobile au Maroc, à l’instar de la fabrication des moules et leur maintenance. L'écosystème Valeo a permis l'implantation de 5 autres usines ne relevant pas de ce groupe, en vue de fournir des pièces à Valeo.

TE Connectivity

Le 19 juin 2019, le leader mondial en matière de solutions de capteurs et de connectivité, TE Connectivity, a inauguré sa deuxième unité de production au sein de la plateforme industrielle de Tanger Med, qui avait cependant entamé ses activités en décembre 2018. La nouvelle unité, spécialisée dans l’injection plastique et l’assemblage de composants et câblages techniques pour le marché des véhicules industriels et poids lourds, vient soutenir l’offre de solutions de la division de Transport industriel et commercial (TIC) de la 24 N° 48 Juillet 2019

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société dans la région Europe, Afrique et Moyen-Orient. Elle apporte des solutions innovantes pour les interfaces électriques/électroniques destinées aux applications en environnements sévères.

Electroplast

Le même jour du 19 juin 2019 a vu l’inauguration par le groupe français Galvanoplast, spécialiste du traitement de surface pour l’anticorrosion, de son premier site industriel en dehors de l’Hexagone : Electroplast. Un choix motivé par le fait que les clients du groupe sont essentiellement des emboutisseurs présents sur les zones franches du Maroc. Erigé au cœur de la plate-forme industrielle de Tanger Med, le site qui aura nécessité un investissement de 140 millions de dirhams s’étend sur un terrain de 20.000 m² avec un bâtiment industriel de 8.200m² consacré au traitement de zinc-nickel et de cataphorèse pour pièces métalliques, sur des lignes entièrement automatisées. Le site est également doté d’une station de traitement des effluents bénéficiant des meilleures techniques disponibles. Cette installation, dont la production a

démarré en octobre 2018, compte 50 collaborateurs avec une prévision de croissance portant cet effectif à terme à 120 personnes.

CITIC Dicastal

Le groupe CITIC Dicastal, leader mondial, spécialisé dans le moulage d’aluminium et la production de pièces automobiles en aluminium, notamment les jantes en aluminium et les composants en fonte d’aluminium des blocs moteurs et châssis, a inauguré, le 26 juin 2019, sa première unité industrielle au Maroc au sein de l’Atlantic Free Zone de Kenitra. Cette usine à la pointe de la technologie, construite sur un terrain d’environ 24 hectares, comprend une unité de production de 30.000 m² pour la première phase et est spécialisée dans la production de jantes en Aluminium. Le projet Dicastal Maroc consiste en la réalisation d’un complexe industriel de production de jantes aluminium d’une capacité annuelle de 6 millions d'unités à l’horizon 2022, dont 90% sont destinés à l’export. La construction de l’usine Dicastal Maroc a démarré en septembre 2018 et la production en série a débuté le


PSA KÉN ITRA 25 mai 2019, avec la réalisation de la première jante aluminium qualifiée «Made in Morocco » en un temps record, comparativement à tous les sites de CITIC en Overseas. Le 20 juin 2019, les premiers produits « made in Morocco » ont été présentés lors de l’inauguration de l’écosystème de PSA devant Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Aujourd’hui, l’entreprise emploie 420 personnes et à terme, le projet devrait permettre la création d’environ 1.200 emplois et aura nécessité un investissement global de 350 millions d’euros.

Nexteer Automotive

Le 26 juin également, le géant chinois Nexteer Automotive, équipementier mondial spécialisé dans la fabrication de systèmes de direction et de transmission automobile, a inauguré à Kénitra son premier site de production en Afrique, pour un investissement de plus de 35 millions de dollars. Cette implantation au Maroc intervient après la conclusion en juillet 2017 d’un mémorandum d’entente entre le gouvernement et Nexteer. Depuis,

l’équipementier a créé le siège de sa filiale marocaine et l’a dotée d’un capital de près de 7,7 millions d’euros. La construction de l’usine de Nexteer à Kénitra a débuté au premier trimestre 2018 et a duré neuf mois. Elle est en cours d’équipement en machines, en préparation au lancement de la production, prévue en septembre 2019. D’une superficie de 10.000 m², l’usine prévoit de recruter 500 collaborateurs dans l’Atlantic Free Zone de Kénitra à l’horizon 2020 et fera l’objet de travaux d’extension prochainement à la faveur d’une augmentation de sa production. Cette nouvelle unité va assurer la production de systèmes de direction assistée sur pignon (SPES pour Single Pinion-assist Electric power Steering). Elle aura pour principale mission la fabrication des systèmes de direction électrique assistée (EPS) ainsi que des systèmes de transmission destinés aux groupes Fiat Chrysler Automobiles (FCA), PSA et Renault-Nissan-Mitsubishi. Les équipements fabriqués dans l’usine de Kenitra pour le compte du groupe PSA comprendront des systèmes EPS à

pignon simple, des systèmes de direction de qualité supérieure, une spécialité de Nexteer actuellement utilisée dans les véhicules du segment A-C pour des clients tels que BMW et le groupe PSA. Parmi les systèmes de transmission qui seront également produits dans cette usine, Nexteer fabriquera des demiarbres pour les nouvelles générations de certains des modèles les plus vendus de FCA, de PSA et de Renault-NissanMitsubishi. La multiplication d’inaugurations d’usines dans le domaine de l’automobile, durant ce premier trimestre de l’année 2019, atteste de l’important essor industriel que connait le Royaume, comme l’atteste l’installation de plusieurs géants de l’industrie automobile dans l’Atlantic Free Zone (AFZ), mais aussi dans la zone de Tanger Med. Une dynamique qui reflète l’efficacité des facilités et mesures d’incitation positives qui sont accordées à ces industriels mais aussi l’expertise de la main d’œuvre marocaine et la qualité de la formation professionnelle dispensée dans le domaine automobile et mécanique.

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TROPHÉES FOURNISSEURS

Samia ROCHDI

VOICI LES 15 FOURNISSEURS DU GROUPE PSA RÉCOMPENSÉS POUR LEUR EXCELLENCE PAS MOINS DE 15 FOURNISSEURS SE SONT DISTINGUÉS EN 2019 POUR LEUR ENGAGEMENT ET LA QUALITÉ DE LEURS RÉPONSES AUX ATTENTES DU GROUPE PSA.

L

es «Trophées Fournisseurs» ont présenté l’occasion pour le Groupe PSA de réaffirmer l’importance de a relation fournisseurs dans la réalisation de son plan stratégique Push to Pass Pour l’édition 2019 de cette cérémonie, le Groupe PSA a distingué, le 13 juin 2019, en présence de Carlos Tavares, Président du Directoire du Groupe PSA, l’excellence des résultats fournisseurs obtenus dans 7 catégories. Deux nouveaux trophées «Quality First» et «Prix spécial du Président» 26 N° 48 Juillet 2019

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récompensent les meilleurs fournisseurs en termes de qualité de réponse aux exigences de transformation du Groupe PSA et de capacité à proposer des solutions innovantes et en rupture. Le Président du Directoire du Groupe PSA a saisi l’occasion pour insister sur les attentes fortes du Groupe PSA vis-à-vis de ses partenaires en termes de qualité, coûts et respect des délais afin de faire face, ensemble, aux défis auxquels l’industrie automobile est confrontée. En 2018, les achats du Groupe PSA ont

totalisé 42 milliards d’euros, dont plus de 30 milliards pour les pièces série qui représentent, en moyenne, plus de 75% du prix de revient de fabrication d’un véhicule. Le Groupe PSA travaille avec un panel de plus de 8.000 fournisseurs et favorise, partout où il est implanté, le sourcing local. Les usines de production automobile françaises s’approvisionnent à environ 50% en France et à 87% en Europe.


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TROPHÉE MANAGEMENT DES PROGRAMMES

TROPHÉE QUALITY FIRST

NOVARES a reçu ce trophée en reconnaissance de ses performances en termes de qualité des livrables, respect du planning, maîtrise de la dérive des coûts, management de projet, réussite des lancements et expertise technique.

PLASTIQUES DU VAL DE LOIRE, KIRCHHOFF et ADIENT ont été récompensés pour leurs réalisations et leur engagement en termes de développement industriel et de production en répondant aux exigences Qualité du Groupe PSA.

TROPHÉE PERFORMANCE DE L’EQUIPEMENT INDUSTRIEL ET DES PRESTATIONS DE SERVICES

TROPHÉE RESPONSABILITÉ SOCIALE ET ENVIRONNEMENTALE

SGTM et IMA ont reçu ce trophée en récompense de leurs performances en termes de service et de qualité, de coût, de tenue des délais et de réactivité.

ORANGE BUSINESS SERVICES et CONSTELLIUM sont récompensés pour leurs actions remarquables selon 4 critères : performances environnementales, sociales, en matière d’éthique et maitrise de la chaine de soustraitance. La performance est évaluée par un prestataire mandaté par le Groupe PSA, sur la base d’un questionnaire, reprenant les exigences internationales en matière de Développement durable.

TROPHÉE PERFORMANCE DE L’APRÈS-VENTE MAT HOLDING et LEOCH sont récompensés pour leurs performances exceptionnelles en matière de qualité, de service et d’économies dans les domaines des Pièces de Rechange d’Origine et Multimarque.

« TROPHÉE SPÉCIAL DU PRÉSIDENT » FLEX-N-GATE et CENTTHOR sont récompensées pour leur engagement et leurs capacités à proposer des solutions innovantes et en rupture, à surmonter les défis et à anticiper les changements dans un esprit d’amélioration continue.

TROPHÉE COMPÉTITIVITÉ HOWA TRAMICO, MINTH et YAZAKI ont reçu ce trophée qui récompense les fournisseurs pour leurs performances exceptionnelles en matière d’économies (commerciales, process, techniques, logistiques…) et leurs propositions pour 2019 d’un portefeuille de réductions des coûts en ligne avec les objectifs du Groupe PSA. N°48 Juillet 2019 27

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GRAND ENTRETIEN Hakim RIHANE,

MANAGING DIRECTOR ARAYMOND MAROC

«Chaque voiture comporte en moyenne 500 références ARaymond» Propos reccueillis par Dalal SADDIQI.

IDM : Pourriez-vous nous présenter ARaymond, et plus particulièrement ses différents produits de fixation ? Hakim Rihane : ARaymond est un réseau de 25 entreprises implantées partout dans le monde, dont le site historique est basé à Grenoble, en France. Notre activité est l’injection plastique et notre métier consiste à assurer la fixation, et donc la liaison, entre les différentes pièces d’une voiture. Nous livrons des clips pour assurer la fixation des pare-chocs, des agrafes pour assurer la fixation de l’habillage intérieur, la garniture des portes… Nous livrons des pièces pour assurer les fixations des baguettes extérieures, des pare-brises… Donc, vous nous trouvez partout, quel que soit le constructeur et quel que soit le type de voiture. Nous avons en moyenne 500 références ARaymond par véhicule.

Pourriez-vous nous expliquer en quoi consistent les techniques de clipping, de connecting et debonding… Le clipping décrit la famille des clips, qui peuvent être en plastique ou 28 N° 48 Juillet 2019

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métalliques. Ils remplacent les vis et les rivets pour assurer la fixation avec des pièces de taille moyenne. Pour ce qui est de la connectique, nous avons développé des connecteurs rapides pour tout ce qui est hydraulique. Et enfin, le bonding consiste en la fixation par collage, c’est-à-dire que nous ajoutons un adhésif à des pièces plastiques ou métalliques pour éviter de faire des trous dans la taule. Cela permet de fixer un pare-brise ou les baguettes extérieures de certaines voitures de luxe. Ces différentes techniques sont simples et font gagner du temps, ce qui contribue à baisser les coûts de production parce que les différents éléments de la voiture deviennent faciles à assembler.

Comment ARaymond en est venu à s'installer au Maroc pour produire ? Nous avons tout d’abord ouvert en 2010 un bureau à Casablanca suite à la demande d’un client qui nous avait demandé de produire au Maroc des goulottes. Ce sont des pièces à géométrie complexe qui comportent des risques qualité et des risques liés au transport. Il fallait donc les produire sur

place pour ce client de Tanger. C’était notre première expérience au Maroc et nous avons démarré avec un volume faible, donc nous avions opté à l’époque pour la sous-traitance. En 2015, l’activité d’ARaymond au Maroc a commencé à prendre de l’ampleur, donc nous avons ouvert une unité de production sur Casablanca et, à partir de janvier 2016, nous avons commencé à installer de nouvelles machines, nous avons réussi à passer tous les audits clients et nous avons intégré toute la production qui était en sous-traitance. Les volumes que nous avions récupérés étaient cependant faibles, nous avions 4 machines avec un taux d’occupation de 45%, donc nous avons commencé à travailler avec une seule équipe de production de trois opérateurs. Mais au bout d’une seule année de production, dès février 2017, nous avons commencé à monter en cadence, et nous avons recruté une deuxième équipe, puis une troisième et nous sommes arrivés à un taux d’occupation de 75%. Nous avons récupéré quelques activités ARaymond qui étaient en production en Europe pour les besoins qui concernent


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le Maroc, ce qui nous a permis de monter en charge et nous avons parallèlement travaillé à nous faire connaitre auprès des clients marocains, surtout les câbleurs. Nous avons alors commencé à recevoir des demandes de consultations pour des productions nouvelles au Maroc et, en 2018, nous avons commencé à produire des pièces pour le groupe Sumitomo, ce qui nous a permis d’augmenter de 30% notre chiffre d’affaires en 2018.

Quels sont justement vos principaux clients au Maroc ? S’agit-il essentiellement de câbleurs ou travaillez-vous également avec des constructeurs ? Nous travaillons avec Sumitomo, Delphi, Yazaki, Sews du groupe Sumitomo, Leoni et Lear et nous travaillons également depuis cette année avec PSA. Notre activité au Maroc a donc bien commencé par la production de pièces pour les câbleurs, qui représentaient 100% de notre activité jusqu’à fin 2018, mais à partir de l’année 2019, nous avons créé un flux avec PSA et notre stratégie consiste désormais à

continuer à travailler avec les câbleurs tout en développant du business avec les constructeurs locaux, à savoir PSA et Renault et tous les fournisseurs de leurs

NOUS IMPORTONS UNIQUEMENT LES MATIÈRES PREMIÈRES. TOUT LE RESTE EST RÉALISÉ PAR LES ÉQUIPES LOCALES ET LES FOURNISSEURS LOCAUX.

écosystèmes respectifs. L’avantage d’ARaymond est que nous avons des pièces catalogues et des pièces spécifiques développées avec les clients. Or la majorité des produits sont validés par les constructeurs donc, une fois qu’ils arrivent au Maroc, ils veulent

continuer avec les mêmes produits et ajouter d’autres produits spécifiques en fonction du type de voitures qui vont être montées. De ce fait, chaque fois qu’il y a des besoins sur la fixation, ARaymond est consulté par défaut.

Quel est l’avantage comparatif que vous offrez à vos clients en produisant au Maroc ? Le principal avantage est la réduction des risques qualité, ce qui constitue le premier critère pour les clients, et le deuxième avantage est bien sûr la proximité, qui nous permet de répondre rapidement aux besoins de nos clients. Mais ce qui fait réellement la différence avec nos concurrents, c’est que nous sommes en train de monter une organisation autonome d’équipes locales au Maroc, capables de traiter une demande depuis la consultation jusqu’au démarrage de la production, en passant par le développement, la conception et l’industrialisation de pièces sur mesure. Nous sommes en train de monter en compétence avec le support des équipes du réseau ARaymond. En ce qui concerne les parties industrialisation et N°48 Juillet 2019 29

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réalisation des outillages, nous sommes parfaitement capables de les gérer à 100% localement. Nos concurrents au Maroc sont par contre axés sur la production, les parties développement et industrialisation étant pilotées ou réalisées en Europe. Pour notre part, nous proposons des produits à nos clients qui entrent dans le cadre des politiques industrielles de l’Etat marocain : nous travaillons beaucoup avec l’écosystème câblage sur des opportunités d’intégration locale et ARaymond a pour sa part fait des propositions aux constructeurs concernant certains produits que nous pouvons intégrer au niveau local. Au niveau de notre production, nous importons uniquement les matières premières, à savoir les granulés de plastique parce que nous n’en avons pas au Maroc, mais tout le reste est réalisé par les équipes locales et les fournisseurs locaux. Par exemple, lorsque nous avons commencé notre production à Casablanca nous importions des bacs métalliques d’Allemagne, mais depuis 2018 nous avons homologué un producteur local.

En 2017, vous ambitionniez de doubler le nombre de vos employés. Vous semblez avoir largement dépassé votre objectif… Effectivement, nous totalisons aujourd’hui un effectif de 50 personnes 30 N° 48 Juillet 2019

INDUSTRIE DU MAROC

et nous avons des recrutements en cours. Nous comptons terminer l’année 2019 avec 75 collaborateurs. De même, en termes de chiffre d’affaires, lorsque nous avions récupéré le business de sous-traitance, nous étions à 22 millions de dirhams. Nous avons clôturé l’année 2018 à 41 millions de dirhams et nous comptons réaliser 60 millions de dirhams à fin 2019.

NOUS SOMMES EN TRAIN DE MONTER UNE ORGANISATION AUTONOME AU MAROC AVEC UNE ÉQUIPE LOCALE CAPABLE DE TRAITER UNE DEMANDE DEPUIS LA CONSULTATION JUSQU’AU DÉMARRAGE DE LA PRODUCTION, EN PASSANT PAR LE DÉVELOPPEMENT, LA CONCEPTION ET L’INDUSTRIALISATION DE PIÈCES SUR MESURE.

Vous avez également doublé la superficie de votre unité… Pensezvous franchir le pas en construisant votre propre usine ARaymond à Casablanca ? En effet, nous nous sommes tout d’abord installés à l’Indusparc où nous avions commencé par louer deux modules et aujourd’hui nous en occupons trois. Nous avons donc doublé notre surface en 3 ans pour atteindre environ 3000m², avec un atelier de production et deux entrepôts. Mais vous avez vu juste, puisque nous avons commencé à penser depuis l’an dernier à construire notre propre usine. Lorsque nous avons préparé notre budget 2019 et que nous avons opéré nos projections sur les années à venir, nous nous sommes rendus compte que l’unité de production actuelle sera bientôt saturée. Nous avons fait récemment un calcul capacitaire qui a fait ressortir que, d’ici le milieu de l’année 2020, nous allons doubler notre parc de machines et que l’atelier de production sera saturé. Nous avons donc déjà commencé à rechercher un terrain pour construire et notre ambition est de nous établir sur un terrain d’au moins 20.000 m² de superficie parce que nous aurons besoin, dans les 10 années à venir, d’un minimum de 12.000 m² de surface couverte.


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SPÉCIAL BOURGET

AÉRONAUTIQUE DNES à Paris, Hicham RAHIOUI.

OPÉRATION SÉDUCTION RÉUSSIE AU BOURGET LA FORTE PARTICIPATION MAROCAINE À LA GRAND-MESSE INTERNATIONALE DES PROFESSIONNELS DE L’AÉRONAUTIQUE ET DU SPATIAL DU BOURGET, MENÉE PAR LE MINISTRE DE L’INDUSTRIE MOULAY HAFID ELALAMY, A REPRÉSENTÉ UNE OCCASION EN OR POUR PRÉSENTER L’ESSOR ET LE DYNAMISME QUE CONNAIT LE SECTEUR AU MAROC ET DONNER UNE NOUVELLE IMPULSION À SON ENVOL.

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SPÉCIAL BOURGET

L

e Royaume, destination privilégiée des investissements dans l’industrie aéronautique, s’est hissé, en moins d’une dizaine d’années, au rang de premier exportateur de composants aéronautiques du continent africain grâce au Plan d’Accélération Industrielle (PAI 2014/2020). Considérant l’aéronautique comme étant un secteur stratégique, le PAI a permis de booster ses performances grâce à la création d’écosystèmes et le Maroc ambitionne aujourd’hui de renforcer encore plus sa position en tant que plateforme compétitive de production à proximité de l’Europe . Aussi, pour promouvoir les investissements dans le secteur aéronautique, le Maroc a mis toutes les chances de son côté et n’a rien laissé au hasard lors de sa participation au 53e Salon International de l’Aéronautique et de l’Espace qui s’est tenu du 17 au 23 juin au Bourget. « Morocco Now », le nouveau slogan de l’Agence Marocaine de Développement des Investissements et des Exportations (AMDIE), aux couleurs chatoyantes, à l’image de l’essor du Royaume, trônait fièrement sur la façade du stand de 100m² du Maroc, ne manquant pas d’interpeller les visiteurs du salon en quête d’opportunités d’investissement. Et, une fois qu’ils foulaient le sol du pavillon Maroc, tout l’écosystème était présent

pour répondre rapidement à toutes leurs questions, cerner leurs besoins d’investissement et même concrétiser les deals. Le ministre de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Economie numérique, Moulay Hafid Elalamy, et le ministre du Tourisme, du Transport aérien et de l’Artisanat, Mohamed Sajid, étaient en effet présents pour dynamiser les rencontres, présenter les atouts du Maroc, piloter les négociations et même signer des accords et conventions. Le développement de filières diversifiées positionne le Maroc en destination privilégiée de la sous-traitance aéronautique «best-cost». Plusieurs filières du secteur, qui présentent un grand potentiel de développement au Maroc, ont été identifiées. Le ministre de l’Industrie s’est donc entretenu avec différents acteurs mondiaux du secteur afin de présenter l’expertise du Maroc et les atouts qu’il présente. Depuis le lancement du PAI, le taux d’intégration locale a quasiment doublé, passant de 17,5% fin 2014 à 34% à fin 2018. Cette augmentation confirme la capacité de la plateforme marocaine à produire davantage localement et ne plus servir uniquement de zone de délestage à bas coûts. « Le Royaume est entré dans une nouvelle ère aéronautique dans laquelle l’intégration locale est le fer de

lance. Notre approche de promotion des investissements vise à attirer les investisseurs dans le Royaume afin de compléter l’écosystème», précise Moulay Hafid Elalamy. Et pour le ministre, l’objectif n’est plus de faire connaître le Maroc, déjà devenu aujourd’hui une véritable base aéronautique mais plutôt de définir, avec les investisseurs, comment les accompagner, comment leur créer une place dans cet écosystème. Et pour tous les aspects métier liés à leurs besoins d’investissement, les visiteurs du pavillon Maroc pouvaient rencontrer et échanger avec des membres du Groupement des Industries Marocaines Aéronautiques et Spatiales (GIMAS) et des industriels locaux. Pour ce qui concerne leurs besoins concerts d’installation, ils avaient l’opportunité de rencontrer sur place des représentants des zones franches et zones industrielles MidParc et Medz et de l’Agence spéciale Tanger Méditerranée (TMSA). Même la compagnie nationale Royal Air Maroc était présente. Cette formule de représentation du Maroc, par une délégation exhaustive et complémentaire, a permis une présence remarquable d’une grande efficacité. De nombreuses négociations se sont tenues « off the record » et un certain nombre de partenariats se sont scellés dès les premiers jours du Bourget.

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SPÉCIAL BOURGET

Projets de recherche collaboratifs C’est le jeune cluster aéronautique du Maroc, «Aerospace Moroccan Cluster» (AMC), qui opérait au Bourget sa première sortie officielle depuis sa création il y a moins d’un an, qui a ouvert le bal en s’alliant avec le groupement industriel flamand «Flemish Aerospace Group» (FLAG) pour développer des projets de recherche collaboratifs et échanger des informations pour la promotion de l’industrie aérospatiale. Ce partenariat vise également à faciliter le dialogue entre les entreprises et institutions représentées par les deux parties et à favoriser d’éventuels partenariats et opportunités d’affaires. Services de certification et de test Le groupe suisse spécialiste de l'inspection de marchandises SGS a scellé quand à lui un partenariat portant sur des services de certification et de test avec TDM Aerospace, le premier fournisseur direct à capitaux marocains d’un avionneur. Né dans le sillage de l'écosystème Boeing, lancé le 27 septembre 2016, TDM Aerospace est spécialisé dans la production des tubes et canalisations en titane pour le Boeing 787 Dreamliner. Dans le cadre de cet accord, SGS intégrera ses services dans les processus

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de production de TDM et assurera l'exploitation de la cellule de test radiographique et non destructive dans le "Lean Manufacturing System" de TDM à Casablanca. "Cet accord de partenariat constitue un facteur clé de la rapidité dans notre plan visant à qualifier et à accroître la production pour Boeing", a déclaré Juergen Viehrig, co-fondateur de TDM Aerospace.

Coopération en matière d’aviation civile Au deuxième jour du Bourget, les choses ont pris une tournure beaucoup plus officielle avec la signature de deux accords de coopération en matière d’aviation civile entre le Maroc et la France. Portant respectivement sur la coopération technique et les enquêtes de sécurité sur les accidents et incidents d’aviation civile, les accords ont été signés par le ministre du Tourisme, du Transport aérien, de l'Artisanat et de l'Économie sociale, Mohamed Sajid, et la ministre française chargée des Transports, Elisabeth Borne, en présence de l’ambassadeur du Royaume en France, Chakib Benmoussa. Le premier accord vise à renforcer la coopération technique des deux pays dans le domaine de l’aviation civile, en

particulier dans les axes ayant trait à l’assistance technique en matière de sécurité et de sûreté de l’aviation, à la régulation et au développement du transport aérien, au développement durable de l’aviation civile. Il porte également sur le renforcement des capacités des ressources humaines et matérielles et l’échange d’expertises sur les volets transport aérien, sécurité et sûreté de l’aviation civile et du développement durable. Les deux parties conviennent aussi de promouvoir l’échange entre les prestataires aéroportuaires et de navigation aérienne et la mise en place de projets de partenariat Public Privé, en plus de l’assistance et l’échange d’expériences en matière de gouvernance organisationnelle et de management de la qualité. Le deuxième accord a pour objet de renforcer les actions de coopération technique entre les deux pays dans les domaines de l’enquête de sécurité sur des accidents/incidents d’aviation civile tout en respectant l’indépendance des autorités d’enquête du Maroc et de la France, conformément aux normes internationales. "Ces accords montrent notre volonté d’approfondir encore davantage notre coopération déjà étroite dans le


SPÉCIAL BOURGET domaine de l’aviation civile (…) il s’agit là de matérialiser à nouveau la qualité de nos relations à travers ce partenariat", a déclaré la ministre française à l’issue de la cérémonie de signature. De son côté, Mohamed Sajid s’est félicité de la signature de ces nouveaux accords, rappelant que la France est le premier partenaire du Maroc en matière de transport aérien. Le ministre a indiqué avoir évoqué avec son homologue française à cette occasion certains aspects de cette coopération, notamment la gestion des aéroports. "C’est un domaine dans lequel nous sommes sur le point de lancer des réformes importantes au Maroc et nous voudrions profiter de l’expérience de la France en la matière", a-t-il confié.

Fabrication de pièces moteur Une seconde bonne nouvelle est venue enchanter le secteur aéronautique marocain le 18 juin. Le spécialiste en ingénierie mécanique et hydraulique AD Industries a en effet annoncé sa décision de doubler la capacité de son site de fabrication de pièces moteur dans la zone franche Midparc de Casablanca dédiée à l'aéronautique. Le groupe industriel français avait démarré son activité il y a une dizaine de mois dans un bâtiment temporaire, qu’il souhaite désormais "développer en construisant

un autre sur plus de 7000 m2 afin d’occuper près de 250 personnes et en investissant entre 15 et 20 millions d’euros à un horizon de 4 ou 5 ans", a précisé le patron d’AD Industries. Un accord a été signé dans ce sens entre le président d’AD Industries, Evrard Willemaers, et le président de Midparc, Hamid Benbrahim El Andaloussi.

Enrichissement de l’écosystème "Avec l’implantation de l’activité pièces moteur au Maroc, nous sommes en train d’enrichir l’écosystème global aéronautique et de monter aussi en compétence, surtout à un moment où il y a une forte demande et une forte pression du secteur de fabrication d’avions", a relevé El Andaloussi, également président d’honneur du GIMAS et de l’Institut des métiers de l’aéronautique (IMA). A ses yeux, l’implication d’AD Industries au Maroc dans le domaine complexe de fabrication de moteurs est un autre indicateur de la confiance que les industriels du secteur de l’aéronautique placent en le Maroc. Il faut dire que le Royaume, qui a su gagner la confiance de géants du gabarit de Boeing, Airbus, Safran, Bombardier ou Eads a de quoi s’enorgueillir d’un fort potentiel lui permettant de drainer davantage d’investisseurs, pour un plus grand développement du secteur

aéronautique et un rayonnement mondial de son expertise. « Des leaders mondiaux et des acteurs de référence ont fait le choix du Royaume. Ceci est la parfaite illustration de l’émergence d’un secteur qui ne fait et ne fera que gagner en performance et en compétitivité », affirme Moulay Hafid Elalamy. Les chiffres du ministère de l’Industrie parlent d’eux-mêmes. Le domaine aéronautique marocain compte aujourd’hui près de 140 entreprises et emploie directement 16.700 personnes qualifiées. En 2018, les exportations du secteur s’élevaient à 13,9 milliards de dirhams, soit 5,6% du total des exportations du Royaume. Le secteur enregistre également la plus forte croissance à l’export de l’industrie manufacturière, avec un taux de 13,8%. Aujourd’hui, tous les indicateurs sont donc au vert. Depuis le lancement du PAI, le revenu du secteur a plus que doublé, passant de 8 milliards de dirhams en 2014 à 17 milliards en 2018 et l’emploi a cru de 67% sur la période. Les objectifs tracés ont d’ores-et-déjà pratiquement été atteints. S’agissant notamment de l’intégration locale, l'objectif qui était initialement de 35% à horizon 2020 sera revu à la hausse à 42%. De quoi entrevoir un très bel avenir à l’horizon de l’aéronautique « made in Morocco ».

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SPÉCIAL BOURGET

Hicham BOUDRAA,

DIRECTEUR GÉNÉRAL PAR INTÉRIM DE L‘AGENCE MAROCAINE DE DÉVELOPPEMENT DES INVESTISSEMENTS ET DES EXPORTATIONS (AMDIE).

«NOUS AVONS DÉMARCHÉ AU BOURGET DES FOURNISSEURS QUI VONT ENTRER DANS L’ÉCOSYSTÈME BOEING» IDM : Pourriez-vous revenir sur l’offre marocaine que vous avez présentée cette année au Bourget ? Hicham Boudraa : Le Bourget est l’évènement incontournable pour être présent et visible dans le domaine de l’aéronautique. Aujourd’hui, nous avons une réelle offre marocaine et avons un tissu qui s’est développé sur les 20 dernières années d’une façon exceptionnelle avec un rassemblement des opérateurs à Casablanca au niveau de la zone industrielle et zone franche Midparc. Nous avons un taux de croissance annuel moyen à deux chiffres sur les 5 à 10 dernières années et l’offre marocaine au Bourget est un plateau de fournisseurs qui sont prêts à assurer le côté supply chain de plusieurs grandes entreprises.

pas uniquement d’avoir un stand pour marquer la présence du Maroc mais d’offrir une plateforme pour tout l’écosystème aéronautique au Maroc. C’est-à-dire que nous avons eu avec nous au pavillon Maroc notre compagnie nationale qui était présente, les zones industrielles, le ministère de l’Industrie, le ministère des Finances, les administrations publiques comme les douanes, le GIMAS, les industriels locaux qui sont installés au Maroc… Et donc lorsque nous recevions un fournisseur ou quand un pays s’intéressait au Maroc, tout l’écosystème était présent pour répondre rapidement à toutes les questions qu’il posait pour cerner son besoin d’investissement et c’est d’ailleurs l’objectif principal de ce meeting, qui a été très dynamisé par la présence du ministre Moulay Hafid Elalamy.

Quelle a été la stratégie de l’AMDIE pour faire connaitre l’offre Maroc au Bourget ? Ce que l’AMDIE a essayé de faire en participant au Bourget, ce n’est

Comment a évolué l’accueil de l’offre Maroc depuis la signature du contrat Boeing ? Nous avons, en effet, un contrat Boeing sur la table de 1 milliard de dollars par

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an d’achats au Maroc qui fait que nous sommes présents au Bourget pour démarcher des fournisseurs qui vont entrer dans l’écosystème Boeing et qui pourraient soit augmenter la capacité locale des entreprises qui existent soit en ramener d’autres. La signature de ce contrat avec Boeing devrait attirer à terme environ 120 entreprises au Maroc et créer près de 8.000 emplois supplémentaires. Donc, nous avons des objectifs précis par rapport au chainon manquant par rapport à l’intégration locale et donc tout un écosystème est en train de se construire autour de Boeing. La première année qui a suivi la signature de ce contrat a consisté à faire connaitre le Maroc auprès des fournisseurs potentiels et aujourd’hui nous sommes dans la situation où il y a une forte demande. Chaque fois que nous présentons l’offre Maroc dans des salons, que ce soit au Bourget ou autres, des fournisseurs qui pourraient bénéficier des volumes, viennent nous demander à entrer dans l’écosystème Maroc-Boeing.


SPÉCIAL BOURGET Quelle est la particularité de la promotion de l’offre Maroc en aéronautique ? L’offre Maroc en aéronautique est un business classique avec une capacité locale que nous devons vendre. Il y a aussi la supply chain internationale qui fait son travail. Et nous-mêmes, nous mettons tout en œuvre pour mettre en

avant cette supply chain. Cependant, la particularité de l’aéronautique, grâce à la collaboration avec le GIMAS, est que nous mettons en avant la promotion à travers les industriels eux-mêmes, ce qui n’est pas le cas de toutes les fédérations. Nous ne sommes pas dans une situation où les opérateurs sont en concurrence entre eux. Au contraire, ils sont

complémentaires et font eux-mêmes la promotion du Maroc. Chaque métier qui se rajoute donne de la valeur ajoutée et ramène de nouveaux fournisseurs qui vont compléter les chaines dans un cercle vertueux.

Karim CHEIKH,

PRÉSIDENT DU GROUPEMENT DES INDUSTRIES MAROCAINES AÉRONAUTIQUES ET SPATIALES (GIMAS).

«NOUS AVONS ÉTÉ PRÉSENTS AU BOURGET POUR PRÉSENTER CE QUI RESTE À COMPLÉTER AU NIVEAU DE LA SUPPLY CHAIN MAROCAINE.» IDM : Quel est le poids du secteur aéronautique au Maroc aujourd’hui ? Karim Cheikh : L’industrie aéronautique au Maroc connait une croissance importante de l’ordre de 20% par an, et ce, grâce à la crédibilité de notre plateforme. C’est le travail d’une petite vingtaine d’années qui a fait que nous nous sommes organisés en écosystèmes et qu’aujourd’hui nous fédérons 140 entreprises, avec un taux d’intégration locale qui est passé de 18% en 2014 à 34% en 2018. Nous totalisons 16.700 emplois directs avec un niveau de qualification BAC+2 minimum.

Justement qu’en est-il du savoirfaire marocain dans le domaine aéronautique ? En matière de formation, nous

disposons d’un vivier important formé soit au sein de notre Institut des métiers de l’aéronautique (IMA), soit à l’Institut spécialisé des métiers de l'aéronautique et la logistique aéroportuaire (ISMALA) de l'Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT). Nous formons annuellement 1.700 techniciens qui travaillent tous dans le secteur industriel. Pour l’avenir, nous travaillons sur deux nouveaux écosystèmes que le ministre de l’Industrie, Moulay Hafid Elalamy, nous a fortement incités à développer, à savoir les composites et les pièces de moteurs, qui sont deux écosystèmes hautement technologiques. Pour ce faire, nous nous devons de développer toute la partie innovation et recherche et développement. Pour cela, nous avons créé depuis un an un cluster,

l’Aerospace Moroccan Cluster, qui se veut être une plateforme d’échange entre les industriels, les centres de recherches, les universités, les écoles d’ingénieurs et les startups pour fédérer tous ces membres afin d'avancer d’une manière assez forte en matière de technologies.

Quels ont été les premiers résultats de votre présence au Bourget ? Nous avons été présents au Bourget, comme nous le faisons dans d’autres salons internationaux, afin de présenter notre supply chain et principalement ce qui reste à compléter au niveau de notre supply chain marocaine pour attirer les investisseurs. La semaine a été chargée en réunions avec des industriels et de potentiels investisseurs qui vont rejoindre notre écosystème pour compléter la chaine de valeurs. N°48 Juillet 2019 37

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SPÉCIAL BOURGET

Aref HASSANI,

DIRECTEUR GÉNÉRAL DE MIDPARC CASABLANCA FREE ZONE.

«NOTRE PRÉSENCE AU BOURGET A PERMIS DE CONCRÉTISER DES PROJETS D’INSTALLATION ET DE PROSPECTER DE NOUVEAUX ENTRANTS.» IDM : Dans quelle cadre s’est inscrite votre présence à la 53e édition du salon du Bourget ? Aref Hassani : Notre premier objectif était de profiter de ce salon, parce que c’est le plus actif du secteur et que la plupart des décideurs y étaient présents, pour concrétiser un certain nombre de projets dont les négociations durent depuis plusieurs mois, voire plusieurs années. Notre second objectif était de faire le suivi avec certains prospects qui, à court ou moyen terme, pourraient s’installer au Maroc et de suivre l’évolution de leurs projets. Enfin, notre troisième objectif était de rencontrer les entreprises qui sont déjà installées au Maroc pour discuter de leurs

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perspectives de développement, car nous avons eu l’occasion de rencontrer au Bourget les différents opérateurs pour étudier avec eux des possibilités d’extension. Parallèlement, nous avons essayé bien sûr d’élargir notre palette de prospects en prenant contact avec de nouveaux entrants, que ce soit par rapport aux écosystèmes que développe le gouvernement ou par rapport à de nouvelles entités qui, jusqu’à présent, n’étaient pas dans le sillage des entreprises que nous ciblons.

Quelle est l’offre que Midparc adresse aux industriels du secteur aéronautique et spatial ? Notre mission est d’offrir aux industriels de ce secteur des solutions pérennes et

efficaces. Notre rôle est de permettre à ces entreprises de se focaliser sur leur cœur de métier, c’est-à-dire la production industrielle. Et Midparc joue le rôle de facilitateur en s’occupant de l’acquisition du foncier, de la conception des unités industrielles et de leur réalisation. L’entreprise industrielle, dans le secteur de l’aéronautique ou du spatial, vient en fin de course, avec ses machines et ses employés et commence à produire. C’est donc le métier principal de Midparc.

Quel est le modèle économique de Midparc ? Nous avons monté un modèle économique principalement basé sur des bâtiments de qualité en location longue durée. Nous nous inscrivons


SPÉCIAL BOURGET donc dans un partenariat durable avec les industriels. Il s’agit de pérenniser l’activité de ces entreprises au niveau du parc. Dans notre modèle économique, nous insistons sur la croissance de ces entreprises. Autrement dit, chaque projet est conçu avec une première phase, puis une seconde, voire plus, par rapport à ce qui peut être fait dans 5 ans ou 10 ans. C’est comme cela qu’au

bout de 2 ou 3 ans l’entreprise peut facilement procéder à des extensions successives parce que nous préparons cela depuis le début.

Quel est aujourd’hui le taux d’occupation de Midparc ? Nous avons développé la première phase du projet Midparc sur 63 hectares, et le développement de la seconde

phase va démarrer avant la fin de cette année, où nous prévoyons de doubler la surface du parc. Aujourd’hui, nous avons 20 entreprises sur le parc, donc 15 sont opérationnelles et 5 en cours de construction. Nous sommes aujourd’hui à plus de 65% de taux d’occupation et nous estimons que ce taux devrait dépasser les 75% au cours de l’année prochaine.

Saïd BENHAJJOU,

SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU GIMAS EN CHARGE DU DÉVELOPPEMENT DE L’ÉCOSYSTÈME INGÉNIERIE, ET VICE-PRÉSIDENT DU CLUSTER AEROSPACE MOROCCAN CLUSTER (AMC).

«NOUS AVONS LA CHARGE DE PASSER À UNE NOUVELLE ÈRE DE L’AÉRONAUTIQUE AU MAROC.» IDM : Quelle est la principale mission du cluster marocain de l’aéronautique AMC ? Said Benhajjou : Au sein du GIMAS, dans le cadre de l’écosystème «ingénierie» du secteur aéronautique, nous avons la charge de passer à une nouvelle ère de l’aéronautique au Maroc. Il s’agit de passer d’une phase de sous-traitance, soit de fabrication et de création d’emploi, à une phase de création de valeur ajoutée et de propriété intellectuelle. Nous avons donc créé le cluster AMC pour porter cette ambition.

Quels sont les moyens mis en œuvre par l’AMC pour développer l’ingénierie de l’aéronautique Made in Morocco ? Pour y parvenir, nous rassemblons les entreprises du GIMAS, les centres techniques et les universités pour les faire travailler ensemble autour de projets

collaboratifs et créer de la propriété intellectuelle. Lors de l’événement du Bourget, qui a été l’occasion de la première sortie de l’AMC, puisqu’elle a été créée il y a moins d’un an, nous avons signé un certain nombre de partenariats avec des clusters et des entreprises étrangères pour collaborer autour de l’innovation et de la valeur ajoutée.

Quels sont les principaux axes que vous allez développer au sein du cluster ? Aujourd’hui, les entreprises filiales de sociétés européennes ou américaines du secteur aéronautique qui viennent s’installer au Maroc travaillent essentiellement autour des avions : Boeing, Airbus, Embraer et autres. Pour prendre le train en marche, nous avons ciblé certains secteurs qui vont nous permettre de faire cette mise à jour rapidement et nous avons orienté

les commissions et les travaux de l’AMC autour de tout ce qui est défense, aéroportuaire, industrie 4.0, fabrication additive et fabrication 3D. Nous nous sommes concentrés sur tout ce qui tourne autour de l’avion, de l’aéroportuaire et des passagers. Il y a beaucoup de valeur ajoutée à créer autour du passager, avec de grosses niches de développement où les startups marocaines peuvent grandir avec de bonnes idées, créer de la valeur ajoutée et devenir demain des acteurs majeurs de l’aéronautique. C’est d’ailleurs l’une des principales raisons pour lesquelles nous avons créé ce cluster : il s’agit pour nous non seulement de créer de la valeur en passant d’une phase de manufacturing à une phase d’ingénierie, mais aussi d’introduire des acteurs marocains à travers des sociétés qui sont des startups aujourd’hui et qui deviendront de bonnes PME demain. N°48 Juillet 2019 39

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TEXTI LE

AMITH

Dalal SADDIQI.

LE TANDEM MOHAMMED BOUBOUH SEULS CANDIDATS EN LICE POUR LA PRÉSIDENCE ET LA VICE-PRÉSIDENCE DE L’ASSOCIATION MAROCAINE DES INDUSTRIES DU TEXTILE ET DE L'HABILLEMENT (AMITH) , SUITE AU RETRAIT, DURANT LA CAMPAGNE, DU BINÔME SORTANT KARIM TAZI - ABDELHAI BESSA, MOHAMMED BOUBOUH ET JALIL SKALI ONT ÉTÉ MAJORITAIREMENT PLÉBISCITÉS PAR LEURS CONFRÈRES.

S

ur les 318 bulletins distribués aux patrons textiliens, lors de l’Assemblée générale élective de l’AMITH, qui s’est tenue le 18 juin, ce

sont pas moins de 283 oui qui ont été comptabilisés en faveur de la candidature du duo Boubouh - Skali, contre 5 non, 10 abstentions et 2 votes nuls. Le nouveau

binôme a donc visiblement convaincu avec son programme axé sur une AMITH forte et unie.

« NOUS SOUHAITONS REDONNER À L’AMITH SES LETTRES DE NOBLESSE ET AUSSI FÉDÉRER L’ENSEMBLE DES ACTEURS DU SECTEUR. »

Jalil SKALI,

DG DE DOLIDOL ET VICE-PRÉSIDENT DE L’AMITH. IDM : Comment se porte le secteur du textile ? Jalil Skali : Il ne faut pas toujours avoir une lecture pessimiste vis-à-vis du secteur, car ce secteur regorge de plein de potentiels et cela s’observe à travers les investissements qui ont été faits. Le secteur à l’export par exemple a atteint le gap des 38 milliards de dirhams, c’est un record. Et il faut dire que cette croissance est due au plan d’accélération industrielle (PAI), qui est en train de donner aujourd'hui un nouvel élan à l’industrie textile marocaine. Par ailleurs, il faut relever qu’au niveau du marché local nous rencontrons toujours quelques difficultés. Et le constat est que nous faisons face aux problèmes de l’informel et de la contrebande. Pour 40 N° 48 Juillet 2019

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pallier cette problématique, beaucoup de mesures on été mises en place, mais il faut bien sûr admettre qu’il y a encore du chemin à faire.

Quels sont les objectifs de votre mandat ? Concernant le marché de l’export nous envisageons de mettre en place le passage de la sous-traitance vers la cotraitance et ensuite vers le produit fini. Cela ne peut se faire qu’en se basant sur une politique de formation assez solide et sur une stratégie commerciale très claire. De plus, il faut également énoncer que le Maroc dispose d’un savoir-faire et nous souhaitons mettre sur pieds une stratégie de communication afin de valoriser la marque «Made in Morocco». Il sera aussi question d’intensifier les

actions de lutte contre la contrebande ainsi que de renforcer les efforts pour la mise en place des mesures de défense commerciale en termes de barrières tarifaires.

L’intelligence collective étant votre cheval de bataille, quel est votre message à destination des textiliens ? Un nouveau vent de changement se dirige tout droit sur l’AMITH. Et à travers cette nouvelle dynamique, nous souhaitons redonner à l’AMITH ses lettres de noblesse et aussi fédérer l’ensemble des acteurs du secteur. Il est tout de même important de rappeler qu’à l’intérieur de notre plan d’action figure la mise en place d’une bonne structure permanente, performante, motivée, et c’est ce à quoi nous aspirons.


TEXTI LE

JALIL SKALI PREND LES COMMANDES « IL FALLAIT UN CHANGEMENT ET IL A ÉTÉ CLAIREMENT MANIFESTÉ PAR LE VOTE MASSIF. »

Mohammed BOUBOUH,

PRÉSIDENT DE L’AMITH ET PDG DE BBH HOLDING. IDM : Votre réaction à chaud par rapport à votre élection à la tête de l’AMITH, qui ressemblait plus à une passation de relai… Mohammed Boubouh: C’est le cas et ce n’est pas une réaction à chaud, mais bien méditée. Aujourd’hui, c’est une nouvelle page de l’histoire de l’AMITH que nous sommes en train d’écrire. Il y a beaucoup d’attentes, j’ai reçu beaucoup de messages de nombreuses régions du Maroc. Il fallait un changement et il a été clairement manifesté par le vote massif en faveur du changement. Maintenant, les élections sont terminées et demain nous devons commencer à travailler ensemble.

Le changement, c’est maintenant, le travail c’est maintenant sont vos phrases cultes de ces élections. Quelle va être votre première action en tant que président de l’AMITH ? L’action primordiale a consisté à afficher une adresse mail de communication pour recevoir toutes les suggestions, remarques et doléances de tous les membres de l’AMITH et ce sera la base de notre futur programme. Les ALE sont un gros chantiers à aborder lors de votre mandat, pensez-

vous y apporter des solutions ? Plus nous serons unis, plus nous aurons de force. La question des ALE est une question à attaquer, non seulement par l’AMITH mais par toutes les fédérations industrielles. Plus nous mettrons de muscle et d’effort, plus nous aurons de poids pour nous faire entendre. Effectivement, dans ce sens nous avons un désavantage énorme pour concurrencer le marché européen qui exige la double transformation et surtout le marché américain qui exige la triple transformation. Pourriez-vous nous expliquer cela? Pour que les clients ne paient pas de droits de douane en Europe, les Américains exigent que depuis la fibre, la filature doive se faire au Maroc, ainsi que le tissage et la confection. C’est la triple transformation. Si jamais ce n’est pas le cas, les clients paient des droits de douane, chose qui ne se fait pas en Egypte ou en Jordanie. Donc nous avons un facteur de désavantage par rapport à d’autres pays et nous devons faire du lobbying pour attaquer ce sujet-là et arriver à être plus compétitifs et surtout, si jamais nous le pouvons, avoir un climat plus souple pour le Maroc. Qu’en est-il de la concurrence des

autres pays de la région MENA ? C’est une concurrence directe. C’est-àdire que notre secteur doit se mettre à niveau rapidement et nous devons développer nos compétences, notre facteur de concurrence, et essayer aussi, parce que beaucoup de nos concurrents directs bénéficient de subventions, d’avoir au minimum les mêmes facteurs pour jouer sur le même terrain. Nous avons un désavantage par rapport aux Turcs car leur monnaie est dévaluée et ils ont de fortes subventions de leur gouvernement donc nous sommes plus chers lorsque nous voulons vendre notre produit, donc il est normal que l’on fasse la demande aux pouvoirs publics pour qu’ils nous soutiennent. Aujourd’hui, le secteur est en train de renaitre, du moins au niveau de l’export. Est-il en train de profiter de l’élan de secteurs comme l’automobile? Malheureusement, je dois vous confier que c’est le secteur de l’automobile qui a plutôt profité d’une bonne maind’œuvre des entreprises de textile, et d’ailleurs nous supportons plusieurs autres secteurs au Maroc. Tant que c’est dans l’intérêt de notre pays, nous faisons de notre mieux pour aider tous les secteurs industriels. N°48 Juillet 2019 41

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EnR / EE

Dossier réalisé par Ismaila SY SAHADE.

TOUR D’HORIZON DES MÉCANISMES DE FINANCEMENT DES PROJETS ENERGIES RENOUVELABLES ET EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE UNE JOURNÉE DE SENSIBILISATION SUR LES MÉCANISMES DE FINANCEMENT DES PROJETS ENERGIES RENOUVELABLES (ENR) ET EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE (EE) A ÉTÉ ORGANISÉE, LE 20 JUIN À CASABLANCA, À L’INITIATIVE DE L’AGENCE MAROCAINE POUR L’EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE (AMEE), DU CLUSTER SOLAIRE ET DE L’ASSOCIATION MAROCAINE DE L’INDUSTRIE DU SOLAIRE (AMISOLE). UNE VÉRITABLE VISION À 360° A ÉTÉ OPÉRÉE SUR TOUS LES MOYENS MIS À DISPOSITION DES ENTREPRISES MAROCAINES.

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La cérémonie d’ouverture de cette journée consacrée au financement des projets EnR et EE a été présidée par le ministre de l’Énergie, des Mines et du Développement durable, Aziz Rabbah, et a réuni plus de 200 participants d’horizons variés, notamment des ingénieurs, décideurs et chefs d’entreprises, professionnels, fournisseurs de services financiers et institutionnels, chercheurs et des experts de haut niveau venant du monde de l’énergie et du secteur financier. A cette occasion, le Directeur général de l’Agence marocaine de l’efficacité énergétique (AMEE), Said Mouline, a souligné que le secteur de l’EE a énormément besoin de l’accompagnement financier. «Le financement aujourd’hui c’est la clé !», a-t-il poursuivi, notant qu’il y a eu

des modèles et des success-stories dans plusieurs secteurs, tels que l’industrie et l’hôtellerie. Mouline a également salué l’accompagnement qu’assurent les banques marocaines en faveur du secteur de l’EE, à travers notamment la mise en plus de divers dispositifs de financement dédiés. De nos jours, le constat est que lorsqu’il y a des accompagnements financiers nous réussissons à obtenir des résultats, a-t-il ajouté. Le ministre de l'Énergie a, quant à lui, appelé à la mise en place des mécanismes de financement alternatifs et des modèles commerciaux pour investir dans les EnR et l'EE. Le ministre a également indiqué que le Maroc a décidé, de manière très volontariste, d'aller dans la voie de la transition énergétique et a

réussi en moins d’une décennie à développer un modèle énergétique basé sur les EnR, l’EE et l’intégration régionale. De son côté, l'ambassadeur de la Norvège au Maroc, Merethe Nergaard, a relevé que le Maroc est exposé aux changements climatiques et aux problèmes qui y sont associés, tels que la pollution de l'air, la désertification, la dégradation des sols et le recul de la quantité des ressources hydriques, saluant le gouvernement marocain pour s’être fixé l'objectif d'augmenter la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique sur le plan national. De son côté, la directrice générale du Cluster solaire, Fatima Zahra El Khalifa, a fait savoir que l’ensemble des acteurs du financement et du soutien de l’économie verte se sont réunis lors de cette journée

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pour présenter au secteur, que ce soient des installateurs, des fournisseurs ou des entreprises industrielles énergivores, l’ensemble des mécanismes et outils existants sur le marché marocain pour pouvoir financer des projets EnR/EE. Première du genre qui s’intéresse aux projets à taille humaine, cette journée a constitué une occasion propice pour mettre en exergue des projets de photovoltaïque décentralisés et les applicatifs à énorme potentiel de développement comme le pompage et l’éclairage solaire, a-t-elle noté. Pour sa part, le président de la commission «Nouvelle économie climat» à la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), Said El Hadi, a fait

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savoir que la Confédération appuie l’ensemble de ces initiatives et démarches. «Notre but est de faire en sorte que les entreprises marocaines soient plus protégées et préparées à la transition énergétique et aux questions relatives au climat et à l’environnement, mais aussi d’être à l’appui des nouvelles opportunités pour le business au Maroc, ainsi que les nouveaux métiers et modèles», a-t-il souligné, précisant que la commission s’intéresse à cinq grands axes thématiques à savoir, les EnR, l’EE, l’eau, l’économie circulaire et la mobilité durable.

Focus sur la finance verte Après la séance d’ouverture, les différents acteurs du financement des EnR/EE se

sont succédé pour présenter les différents mécanismes qu’ils proposent et les différentes interventions et différents panels ont permis d’approfondir les échanges. Le premier panel a été introduit par Sandrine Beauchamp, de la section compétitivité Economique & Infrastructure de la Délégation de l’Union européenne au Maroc, pour qui «le cadre législatif réglementaire est un facteur déterminant». Elle a également insisté sur le fait que l’Union européenne est un partenaire stratégique pour le Maroc dans le cadre de sa politique de transition vers l’économie verte. Quant à Lofti Lebbar, Principal à la BERD Maroc, son intervention a traduit l’importance


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du financement dans cette dynamique de transition énergétique. Il a également mis en évidence les actions du BERD en termes de financement. Justine White ,Senior private Sector Specialist Finance, Competitiveness & innovation SFI/ Banque Mondiale, a quant à elle fait un focus sur le «Green Businness Booster», un programme qui a pour objectif d’accompagner et de mieux préparer les TMPE aux financements. Cette journée a été en effet l’occasion du lancement de «Green Businness Booster», un programme d’accompagnement spécialisé dans la levée des fonds, qui s’inscrit dans le cadre du projet Morocco Climate entrepreneurship (MCE) du Cluster solaire et qui vise à déployer sur le marché des produits ou services innovants des entreprises nationales, à mettre sur le marché des applicatifs en relation avec les énergies vertes et à développer la compétitivité du tissu industriel local. La directrice générale du Cluster solaire a précisé que ce programme, soutenu par la Banque mondiale, la Société financière internationale (SFI) et d’autres bailleurs de fonds tels que l’ambassade de Norvège, s’adresse aux entreprises développant des produits ou services innovants et opérant dans le

secteur des énergies vertes. «Le projet Green Businness Booster» répond à un gap sur le marché qui est la bancabilité des dossiers des entreprises et startups au regard des banques, des fonds d’investissement et des Fonds de garantie», a précisé Fatima Zahra El Khalifa. Enfin, le premier panel fut conclu par Safae Sentissi, responsable référencement des centres d’expertises et des compétences Maroc PME, qui a présenté les différents programmes de financements de l’agence Maroc PME. Elle a également mis en évidence le partenariat avec le cluster solaire. Le deuxième panel de la journée a été entamé par Ghita Benhaioun, Senior Manager de financement et d’investissement Attijariwafa Bank. Cette dernière a mis en exergue le fonds GCF. Un fonds qui a pour objectif d’accompagner les pays en voie de développement dans leurs politiques de développement durable. De son côté, Narjis El Amrani, Directeur du Marchés et produits entreprises Banque Populaire, a mis en évidence son offre «Energy invest» en partenariat avec MORSEFF et «BP green invest» en co-financement avec la CCG, qui a pour but d’accompagner les PME

et de les encourager au financement vert. Meryem Channawi, Responsable Développement Commercial BMCE Bank, a pour sa part fait un focus sur son produit «Cap bleu», un fonds destiné à la fois aux entreprises consommatrices d’eau et aux opérateurs publics d’eau potable. Chama Bennani, Responsable RSE BMCI, a pour sa part insisté sur l’accompagnement des entreprises clientes dans le sens de la responsabilité sociale. Pour conclure, le second panel s’est clôturé avec l’intervention d’Amal El Malouani, Directrice Financement Développement durable Crédit Agricole du Maroc, qui a illustré l’engagement du groupe dans le combat de l’environnement précisant que le CAM a aussi un service d’accompagnement en termes d’éducation financière, de renforcement des capacités et d’accompagnement à l’international. En somme, cette journée de rencontre interactive a tenu sa promesse en ayant permis aux différents acteurs du financement des EnR/EE d’expliquer et d’exposer tous leurs mécanismes de financement. La balle est maintenant dans le camp des entreprises désireuses de financement qui disposent désormais de toute l’information nécessaire.

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«2019 EST L’ANNÉE VERTE.»

Aziz RABBAH , Ministre de l’Energie, des Mines et du Développent durable. Depuis le mois de janvier, nous observons une réelle dynamique verte à l’échelle nationale. A l’échelle internationale, nous sommes aussi présents. A ce propos, j’ai reçu de nombreuses demandes pour que le Maroc adhère à des organisations internationales. Et la dernière en date était de la part de l’Alliance pour la recherche dans le domaine vert. J’ai également reçu une demande de la part de l’Agence internationale de l’Energie pour qu’on adhère à une commission de haut niveau pour réfléchir sur l’efficacité énergétique. Le Maroc est donc très demandé à l’échelle internationale, et ce, grâce à la dynamique impulsée à l’échelle nationale. Par ailleurs, il faut aussi relever que le Maroc est en train de gagner la confiance des partenaires qui avaient des clichés, parmi lesquels celui que le marché marocain n’était réservé qu’à quelque pays. Mais ils sont en train de découvrir que nous sommes un pays très ouvert et le marché de l’énergie en est un témoignage patent. En termes de chiffres, près de 12 pays investissent au Maroc, à savoir les Européens, parmi lesquels les Italiens,

les Allemands et les Français, mais aussi les Emiratis, les Américains, les Chinois, les Coréens et les Japonais. Nous sommes donc un marché plutôt preneur de partenariats positifs où tout le monde est gagnant. Nous allons recevoir aussi très prochainement une délégation québécoise présidée par la ministre des Relations internationales. Et il faut dire que le Québec est l’un des pays leaders dans le développement durable. Voilà ainsi des actions qui illustrent cette dynamique dans le domaine des énergies renouvelables. En outre, avant abordé la question de l’efficacité énergétique, je voudrais tout d’abord faire passer un message puisque nous sommes embarqués dans le même avion. Pour moi, c’est une chance pour nous de revoir notre système de consommation, de revoir l’économie mondiale, de revoir les relations internationales. Aujourd’hui, c’est une bonne chose de voir l’engagement des pays développés dans le combat de l’environnement. Par contre, l’Afrique doit aussi s’imposer, car elle pollue moins. Il faut

qu’on arrive à imposer la vision des pays en voie de développement. C’est pourquoi nous sommes preneurs de tout mouvement international pacifique qui souhaite protéger l’humanité contre les dégâts de la pollution, qui émanent à 80% des pays développés. Nous avons donc besoin d’une collaboration économique et intellectuelle pour pouvoir décider ensemble à l’échelle internationale. De plus, la deuxième opportunité pour le Maroc, c’est l’industrie 4.0, qui signifie le passage d’une industrie qui consomme beaucoup d’énergie et qui impacte l’environnement à une industrie intelligente. Et nous sommes dans cette dynamique dans l’aéronautique, l’électronique, l’automobile, l’alimentaire et le textile. L’industrie 4.0 représente ainsi une opportunité réelle pour notre pays. Quant à la transition énergétique, il faut rappeler que c’est aussi un véritable levier économique pour le Maroc. Elle représente près de 11.000 emplois et c’est une opportunité pour les jeunes Marocains et les entreprises marocaines.

«LE FINANCEMENT EST LA CLÉ.» Said MOULINE, Directeur général de l’Agence marocaine de l’efficacité énergétique (AMEE). Le financement est aujourd’hui la clé. Le ministère a mis sur pied une politique énergétique depuis une dizaine d’années afin de favoriser la transition énergétique de notre pays. Nous observons ainsi une volonté de l’Etat, qui soutient ce secteur avec des missions claires, des agences dédiées, des réglementations et aussi la mise en place 46 N° 48 Juillet 2019

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d’objectifs à atteindre d’ici 2030 avec des dispositions d’accompagnement de tous les secteurs. Cette politique d’accompagnement est composée de plusieurs volets, à savoir un volet réglementaire, un volet accompagnement technique et financier et un volet formation et sensibilisation. Le constat est que lorsqu’il y a des accompagnements financiers, nous

réussissons à obtenir des résultats. Nous avons plus de 260 projets qui ont montré que les entreprises deviennent plus compétitives et plus respectueuses de l’environnement. Nous sommes ainsi dans un schéma où tout le monde est gagnant. Il faut cependant rappeler le caractère important du volet formation et sensibilisation.


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«LE MAROC A RÉUSSI À METTRE EN PLACE UNE RÉELLE STRATÉGIE DE TRANSITION ÉNERGÉTIQUE.» Merethe NERGAARD, Ambassadeur du Royaume de Norvège au Maroc. Le Maroc est exposé au problème lié aux changements climatiques, à savoir la pollution de l’air, les déchets, la désertification, la dégradation des sols et la réduction de la quantité des ressources hydriques. Ces changements ne seront donc pas sans conséquences économiques et sociales. Nous demeurons fiers du Maroc, qui a réussi à mettre en place une réelle stratégie de transition énergétique. Ajoutez à cela que l’on constate que dans le secteur des Energies renouvelables, d’importants investissements

sont en cours. La transition énergétique crée des opportunités pour les entreprises et représente également une source de création d’emploi et de partenariat. La Norvège va donc suivre de très près cette intéressante initiative marocaine et souhaite que les entrepreneurs marocains spécialisés dans les technologies propres aient un bon accès aux possibilités de financement. Le projet «Green business Booster» est un programme qui a pour objectif de former et préparer les entrepreneurs verts à l’investissement. Le gouvernement

marocain poursuit la mise en œuvre de réformes économiques qui visent à faciliter les investissements privés, et pour ce qui concerne le cas de la Norvège, nous finançons depuis 2018 le Fonds fiduciaire international, et l’initiative «Green business Booster» correspond pleinement aux objectifs du Fonds fiduciaire. Par ailleurs, l’initiative «Entreprises Climat Maroc» est l’un des 42 projets qui reçoivent notre appui. Ce programme met en avant les opportunités d’investissement et la nécessité de combattre le changement climatique.

«LES ÉNERGIES RENOUVELABLES AU MAROC, C’EST L’AVENIR.»

Said EL HADI,

Président de la Commission «Nouvelle Economie Climat» à la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). Au niveau de la CGEM, nous avons une commission climat qui s’intéresse aux questions liées à l’environnement et au climat. Notre but est de faire en sorte que l’entreprise marocaine soit la plus protégée et de la préparer à la transition énergétique. Mais nous veillions aussi à ce que le Royaume soit à l’affut de toutes les opportunités. Il faut rappeler également que nous nous intéressons à 5 grands axes. Nous avons l’énergie renouvelable, l’efficacité énergétique, le secteur de l’eau, le secteur de l’économie circulaire et enfin la mobilité

durable qui représente un grand sujet. D’ailleurs dans ce sens, nous avons sollicité le gouvernement afin de travailler ensemble en vue de définir une stratégie à long terme concernant la mobilité durable. En ce qui concerne les énergies renouvelables, nous observons une réelle impulsion due à la stratégie qui a été fixée avec audace et courage dans les années 2000, à un moment où il y avait beaucoup de scepticisme concernant le sujet des énergies renouvelables. Je pense qu’aujourd’hui les résultats sont patents. Il faut se féliciter de

cette grande évolution qui a eu lieu. Aujourd’hui, les énergies renouvelables au Maroc, c’est l’avenir. Au-delà des questions environnementales, elles représentent un enjeu stratégique pour le pays. Par ailleurs, il faut prévoir de doubler les capacités renouvelables en place et pour cela il faut redoubler d’innovation. D’autre part, le Maroc a développé une capacité importante en énergies renouvelables basée sur un concept centralisé. Par contre, le Maroc reste à une proportion de faible décentralisation par rapport à ce que nous voyons ailleurs. N°48 Juillet 2019 47

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«NOUS AVONS EN SIGNÉ UN PARTENARIAT AVEC LE CLUSTER SOLAIRE POUR DÉVELOPPER L’ENTREPRENEURIAT VERT.» Safae SENTISSI, Responsable référencement des centres d’expertises et des compétences, Maroc PME. Depuis 2015, Maroc PME a élargi son segment d’intervention pour accompagner toutes les tranches d’entreprises et nous accompagnons ainsi les entreprises industrielles et les services liés à l’industrie dans plus de 45 écosystèmes contractualisés avec le ministère de l’Industrie. Les offres de valeur de Maroc PME s’articulent autour de trois volets, à savoir l’appui à l’écosystème entrepreneurial, le soutien à l’investissement et l’assistance technique. Concernant le volet entrepreneuriat, nous avons lancé le programme «Dynamic entrepreneurship» et à travers ce programme nous regroupons une dizaine de startups et nous essayons de les accompagner à travers

les accélérateurs, l’objectif étant de les mettre en relation avec des partenaires financiers ou des donneurs d’ordre. Nous avons donc une équipe dédiée à l’accompagnement des entreprises pour pouvoir préparer le dossier afin d’être retenues pour avoir la subvention. L’entreprise choisit, quant à elle, son mode de financement, à savoir le financement participatif, le crédit ou le leasing. Concernant l’assistance technique, nous avons lancé il y a moins de 2 ans le programme «Créativité co-développement». Il permet à l’entreprise d’accéder à une prime qui finance 50% des dépenses liées à la réalisation d’un prototype commercialisable

qui peut par la suite être mis sur le marché. Pour ce qui est de la thématique du développement durable, au fil des années, nous avons accompagné et noué des partenariats avec plusieurs acteurs qui opèrent dans le domaine. Nous avons aussi accompagné près de 80 entreprises dans l’appui au financement concernant l’efficacité énergétique avec un projet d’investissement de 300 millions de dirhams. Fin 2018, nous avons signé un partenariat avec le Cluster solaire qui a deux objectifs clés, à savoir comment développer l’entrepreneuriat vert et comment développer un tissu pour la filière efficacité énergétique et développement durable.

«NOUS DEVONS CRÉER DES SYNERGIES POUR DÉVELOPPER LE SECTEUR.» Fatima Zahra EL KHALIFA, Directeur général du Cluster solaire. Aujourd’hui, il faut que nous arrivions à créer les synergies entre les différents axes qui permettent le développement du secteur. En ce qui concerne les ressources humaines, nous avons lancé avec nos partenaires, à savoir le ministère, l’Amisole et le label Taqa Pro, un programme de formation des installateurs. D'autre part, cela permettra aussi aux banques d'être plus à l’aise avec ce type de projet et sécuriser les investissements sur lesquels elles seront justement parties prenantes. Par ailleurs, concernant la qualité des 48 N° 48 Juillet 2019

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équipements, le secteur a énormément évolué. Nous avons pas mal de labels qui ont été initiés par l’AMEE. Nous pouvons citer par exemple la certification des chauffe-eaux solaires. Nous avons des projets en cours sur les panneaux solaires et également sur les pompes solaires. Partant de là, il est plus que primordial d’avoir des installateurs qualifiés ainsi que des équipements de qualité pour assurer la performance et la viabilité des projets d’énergies renouvelables. De plus, concernant la question du financement, il

faut dire que notre objectif est bien entendu de créer des ponts. Et il faut rappeler qu’il a été très difficile d’identifier l’ensemble des produits financiers verts. Cependant, il a été beaucoup plus facile de recenser l’ensemble des programmes mis à la disposition du pays par les bailleurs de fonds et institutions financières internationales. Nous pouvons par exemple citer le programme MORSEFF avec le soutien de l’Union européenne, le programme avec la SFI et la banque mondiale puis enfin celui avec le PNUD.


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«LE PROJET GEF-POMPAGE APPORTE DES RÉPONSES AUX CONTRAINTES IDENTIFIÉES.»

Abdelkrim TOUZANI, Responsable du programme de pompage solaire pour l’irrigation agricole au sein de l’Agence marocaine pour l’efficacité énergétique (AMEE) /PNUD. Le projet GEF-Pompage solaire est un projet qui a été proposé par l’AMEE dans le cadre de sa stratégie pour l’efficacité énergétique en 2015 et qui a été financé par un don du Fonds pour l’environnement mondial (FEM-GEF). Ce projet a été proposé dans un contexte favorable au niveau national et international et surtout marqué par le lancement de plusieurs stratégies et programmes favorisant la mise en œuvre de ce genre d’initiative. GEFPompage solaire a démarré en octobre 2017 et a pour objectif de mettre en place un cadre propice au développement du pompage solaire et apporte un nombre important d’outils et de réponses aux contraintes et insuffisances identifiées. Par ailleurs, les

activités que nous menons sont divisées en 4 axes principaux d’interventions que sont l’accompagnement technique du marché à travers un certain nombre d’outils (guides, manuels), la qualité du marché au niveau des systèmes et au niveau des installateurs, le financement articulé avec des mesures d’accompagnement et la sensibilisation, la communication et le renforcement des capacités avec la mise en place d’ateliers de formation pour sensibiliser l’ensemble des acteurs du marché des pompages solaire. Au niveau national, le marché du pompage solaire dispose de plusieurs opportunités, notamment en termes de potentiel mais aussi en termes de baisse des coûts. Il y

a aussi bien entendu des faiblesses, en l’occurrence la concurrence des autres produits énergétiques. En somme, c’est un marché qui présente de véritables potentiels et qui a surtout besoin d’accompagnement, ce qui favorisera l’émulation du secteur. A noter que d’après un benchmark sur les financements de projets de pompage solaire, nous avons constaté que l’Inde est le pays le plus développé. Ils ont un programme de financement très important et une structure de financement combinée avec le crédit bancaire. Il y a aussi la Tunisie qui dispose d’un fonds de transition énergétique qui permet des opportunités de subvention et de crédits pour faciliter l’accès au financement.

«NOTRE OBJECTIF EST QUE TOUT LE MONDE SOIT INFORMÉ DES PRODUITS DE FINANCEMENT.» Khalid SEMMAOUI, Président de l’Association marocaine de l’industrie solaire et éolienne (Amisole). Aujourd’hui, on ne peut rien faire sans financement, l’argent c’est le nerf de la guerre. Au niveau de l’Amisole, nous travaillons aussi sur le financement. Et nous avons décidé de faire cet événement parce que cela a du sens, car aujourd’hui on

constate plusieurs changements au sein du secteur. En plus des actions des différents acteurs, cette dynamique est due aussi à l’implication réelle du ministère de l’Energie qui, ces dernières années, a pris à bras le corps le volet de la transition énergétique.

Par ailleurs, concernant le volet financement, nous constatons qu’il y a plusieurs produits de financement et notre objectif est de veiller à ce que tout le monde ait accès de façon fluide à l’information.

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«NOUS AVONS LA CAPACITÉ DE MOBILISER DES FONDS DE DONATEURS POUR FINANCER DES PROGRAMMES.» Lotfi LEBBAR, Principal investments à la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD). Au niveau de la BERD, notre intervention se fait de manière indirecte. Nous avons des mécanismes particuliers. Nous sommes également un partenaire indirect à travers les investissements dans les crédits avec les banques marocaines. Nous sommes aussi acteurs dans de grands projets d’investissement. Vous pouvez donc bénéficier de fonds de financement. La BERD a cette stratégie depuis 2006 et nous souhaitons atteindre 40% de l’investissement d’ici 2020. Nous avons aussi la capacité de mobiliser des fonds de donateurs venant des pays comme la Norvège ou l’UE pour financer différents

programmes, à savoir les réductions des émissions de CO2, la transition énergétique, les énergies renouvelables. Concernant les programmes, nous avons le centre de financement et de transfert des technologies climatiques FINTECC qui a pour objectif de financer les projets innovants. En termes de chiffres, nous pouvons financer jusqu'à 25% du coût de la technologie. Ce programme concerne les investissements innovants. A titre d’exemple, Maghreb Industrie a bénéficié d’une importante subvention dans le cadre de la mise en place de ses usines. Quant à ligne de financement

de l’énergie durable MORSEFF, il faut dire que c’est une ligne de crédit qui propose des subventions jusqu'à 10% du crédit et qui est accompagnée d’une assistance technique gratuite. En ce qui concerne la «green value change», l’enjeu est de savoir comment intégrer les écosystèmes industriels dans la chaine de valeur. Enfin, nous disposons aussi d’un programme pour les PME qui est largement financé par l’Union européenne. Ce sont des fonds de financement pour les projets d’énergie renouvelables, d’efficacité énergétique et de réduction d’émissions de CO2.

«NOUS SOUHAITONS ACCOMPAGNER LES TPME À TRAVERS NOTRE PROGRAMME GREEN BUSINESS BOOSTER.» Justine WHITE, Senior Private Sector Specialist in Finance, Competitiveness and Innovation à la Société Financière Internationale (SFI)/ Banque mondiale. Nous constatons que le financement des TPME vertes est en train de croître dans toute l’Afrique. Cela est bien entendu encourageant. Les raisons du financement des TPME sont nombreuses et parmi celles-ci figure la nécessité d’accompagnement. Ainsi, à travers notre programme «Green Business Booster», qui est un programme d’accompagnement spécialisé dans la levée des fonds, qui s’inscrit

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dans le cadre du projet "Morocco Climate entrepreneurship" (MCE) du Cluster solaire et de la SFI /Banque Mondiale, nous souhaitons accompagner les TPME. Il consiste donc en l’accompagnement, l’assistance technique, qui vise à aider les petites et moyennes entreprises à être prêtes au financement. Il faut dire que cela est parti d’un constat : au niveau des TMPE, la partie préparation à

l’investissement, la discussion, le networking avec les financiers n’est pas optimal. Nous souhaitons accompagner les TPME avec nos collègues du Cluster solaire. Par ailleurs, il faut relever qu’à travers ce programme nous souhaitons réduire les émissions de CO2 et également développer la croissance de ces TPME. Il est aussi question de faciliter l’accès au financement de ces petites entreprises.


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«IL N’Y A PLUS DE FRONTIÈRE, IL N’Y A QUE DES PARTENARIATS EN PERSPECTIVE.»

Sandrine BEAUCHAMP, Délégation de l’Union européenne au Maroc, Section compétitivité économique & Infrastructure. Nous sommes très fiers de pouvoir être partenaires du Maroc dans sa politique de transition vers l’économie verte. Et cela parce que nous partageons les mêmes défis et les mêmes réflexions sur la sécurisation de la production énergétique. Je crois qu’il n’y a plus de frontière, il n’y a que des partenariats en perspective. Je voudrais d’autant plus rebondir sur un des propos du ministre marocain de l'Energie, en disant que le socle de l’Union européenne- Afrique est bien solide, je vous le certifie aujourd’hui. Je vais justement vous présenter les espaces

de coopérations qui sont en cours avec l’UE. En premier lieu, il s’agit d’abord de notre implication dans les grands projets d’infrastructures, notamment énergétique au Maroc. Nous avons aussi dans cet espace de coopération un niveau dédié à l’accompagnement aux réformes. Rien ne peut être fait sans cadre et ce cadre législatif réglementaire est déterminant. L’UE est donc partenaire à ce titre dans le cadre du programme «compétitivité et croissance verte». Le département du

ministère de l’Energie et du développement durable a promulgué dans les délais impartis les droits et les décrets qui sont utiles pour libérer ce potentiel. Je pense par exemple à des indicateurs de résultat que nous avons définis avec le gouvernement, à savoir le décret qui précise les modalités d’ouverture de la basse tension aux énergies renouvelables. Ce sont des étapes qui sont clé dans la stratégie de l’efficacité énergétique du Maroc. Et il faut stipuler que nous sommes partenaires à travers un appui budgétaire.

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PRODUITS DES INSTITUTIONS BANCAIRES MAROCAINES ATTIJARIWAFA BANK

Ghita BENHAIOUN, Senior Manager de financement et d’investissement. Le groupe Attijariwafa bank a mobilisé par le passé plus de 6 milliards de dirhams pour le financement de projets d’énergise renouvelables. Nous avons aussi créé le fonds «African efficacité» qui permet de financer des investissements remboursés par les économies réalisées sur les investissements. Concernant le soutien financier du secteur de l’énergie, nous avons eu l’opportunité de financer plus de 1000 MGW en énergies renouvelables, que ce soit au Maroc ou à l’international. De plus, nous faisons partie des 84 entités au monde accréditées par le Fonds vert pour le climat des Nations unies, le Green Climate Fund (GCF). Le GCF est un fonds qui a été créé

par les 194 pays membres de la Convention des Nations unies sur les problématiques de changements climatiques et dont nous faisons partie. Il a pour objectif d’accompagner les pays en voie de développement dans leurs politiques de développement durable. A l’horizon 2020, le GCF envisage de mobiliser près de 100 milliards de dollars de sources de financement et aujourd’hui, il n’en a mobilisé que 10 milliards de dollars qui ont permis de financer près d’une centaine de projets. Le GCF mobilise donc ces fonds via les entités accréditées pour financer les projets et les programmes qui permettent de répondre aux problématiques du climat. Les financements du GCF sont la prise de participation, les

garanties et les subventions. Et bien entendu tout cela se fait en étroite collaboration avec les différents organismes de chaque pays. Les secteurs visés par le GCF sont des secteurs qui nous concernent tous aujourd’hui à savoir l’énergie renouvelable, l’efficacité énergétique, le transport, les bâtiments, les infrastructures, la santé, l’eau… Nous sommes donc en discutions avec les différents organismes en charge de l’énergie que ce soit au Maroc ou dans d’autres pays où nous sommes présents. Nous sommes en train de présenter tous les projets. Nous vous invitons a nous proposer tous les projets d’idées qui peuvent être innovants et qui pourra ient répondre a une question liée au climat.

BMCE Meryem CHANNAWI, Responsable Développement commercial. Au niveau de la BMCE, nous avons accompagné les clients en vue de répondre à leurs problématiques environnementales et c’est ainsi que nous avons lancé en 2015 la première ligne de financement efficacité énergétique et énergies renouvelables. Ainsi au sein de la BMCE, cette ligne de financement dispose d’une enveloppe de 55 millions d’euros pour à 52 N° 48 Juillet 2019

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BANQUE POPULAIRE Narjis EL AMRANI, Directeur des Marchés et produits entreprises. La Banque populaire travaille beaucoup sur les actions de responsabilité sociale parmi lesquelles se trouve bien entendu l’environnement. Concernant nos actions destinées aux investissements verts, nous disposons de deux produits : «Energy invest» en partenariat avec MORSEFF et «BP green invest» en cofinancement avec la CCG Par ailleurs, j’estime que les entreprises doivent s’intéresser aux économies vertes, et cela pour plusieurs raisons. La première raison est que cela vous permettra d’être rentable dans votre business et la deuxième est que vous allez vous mettre en phase avec les normes requises pour un développement

à l’international. Enfin, cela vous permettra de développer l’image d’une entreprise écocitoyenne. En ce qui concerne le programme «Energy invest», les critères d’éligibilité sont les suivants : Les entreprises doivent avoir au moins 50% de leur capital marocain et doivent opérer dans les industries de transformation ou dans l’industrie minière, les BTP, le transport… Les projets qui vont bénéficier de l’accompagnement doivent être des projets qui vont réduire les émissions de Co² ou des projets qui vont réaliser des installations techniques et qui vont être sources de valeur

ajoutée. Pour ce qui est du financement nous avons le crédit ou la subvention. Nous avons aussi le volet assistance technique qui est assuré par les experts du MORSEFF tout au long du projet. Quant à la deuxième offre qui vient d’être lancée suite au co-financement proposé par la CCG, «BP green invest», elle a pour objectif d’accompagner les PME et les encourager au financement vert. Ainsi, tous les secteurs sont concernés mis à part la promotion immobilière. Les catégories de projets qui sont visés s’articulent autour de l’énergie renouvelable, l’efficacité énergétique, la dépollution, la valorisation des déchets…

peu près 110 projets. Le succès de cette ligne réside surtout en l’assistance technique qui est gratuite et qui est mise à notre disposition par les bailleurs de fonds. De ce fait, le grand avantage réside dans la simplicité de la mise en place de cette offre. Il n’y a donc pas de lourdeur administrative, on observe une réelle fluidité en termes d’évaluation et de suivi de projet. De plus, le succès réside aussi dans la flexibilité du financement qui est soit le crédit soit le leasing. Par ailleurs, nous nous sommes dirigés vers

des secteurs qui sont un peu plus complexes, à savoir le secteur de l’eau et des déchets. C’est ainsi que nous avons lancé un autre produit spécialisé, intitulé «cap bleu», et qui est un financement dédié à l’eau. C’est une ligne de 20 millions d’euros qui a été octroyée également par d’autres bailleurs de fonds. Ce fonds est destiné à la fois aux entreprises consommatrices d’eau et aux opérateurs publics d’eau potable. Les investissements éligibles sont les investissements dans le traitement des eaux usées, dans la réutilisation des eaux traitées,

l’assainissement et le dessalement. C’est une ligne composée d’un crédit bancaire, d’un leasing et d’une assistance technique gratuite. Un cabinet expert dans le secteur de l’eau accompagne les clients afin d’établir un audit préliminaire de tout ce qui est consommation et réduction des fuites. Le cabinet spécialisé les aide également à établir l’étude de faisabilité puis les accompagne jusqu'à la mise en service de l’installation.

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EnR / EE

Taqa Pro

28 ENTREPRISES LABELLISÉES POMPAGE SOLAIRE ET PV+ LES CERTIFICATS «TAQA PRO» DANS LES DOMAINES DU POMPAGE SOLAIRE ET PHOTOVOLTAÏQUE ONT ÉTÉ DÉCERNÉS LE 20 JUIN, EN MARGE DE LA JOURNÉE SUR «LES MÉCANISMES DE FINANCEMENT DES PROJETS ÉNERGIES RENOUVELABLES ET EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE».

L

«AUJOURD’HUI, LE SOLAIRE PHOTOVOLTAÏQUE DISPOSE D’UN NOUVEAU LABEL QUALITÉ. INTITULÉ TAQA PRO, CE LABEL, CONSTITUE UNE MARQUE DE RECONNAISSANCE POUR LES ENTREPRISES ET LES INSTALLATEURS DE SYSTÈMES SOLAIRES PHOTOVOLTAÏQUES»

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es certificats «Taqa Pro» ont été remis par le ministre de l’Énergie, des Mines et du Développement durable, Aziz Rabbah, aux responsables de ces entreprises, en présence du directeur général de l’Agence marocaine de l’efficacité énergétique (AMEE), Said Mouline, de l’ambassadeur de Norvège au Maroc, Merethe Nergaard, du président de la commission «Nouvelle économie climat» à la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), Said El Hadi, de la directrice générale de Cluster solaire, Fatima Zahra El Khalifa, et du président de l’Association marocaine de l’industrie solaire et éolienne (Amisole), Khalid Semmaoui. --- Les entreprises qui ont reçu les certificats «Taqa Pro» pompage solaire sont AES, Azolis, Bougmaz Connect, DLM EnR, l’entrepreneur Driss El Massoudi, Keem Sol Energy, Magray Travaux, Menara Technology, Myfak, NPSOL, renpower, Sami Solar, Solarsys, Suratem et d’Ultrasol. --- De leur côté, les entreprises ayant obtenu les certificats «Taqa Pro» PV+ sont Awas, Azolis, Cleanergy, Econosol, Elexpert, Energy Transfo, Green Yellow Morocco, Jet Energy, MCT Solaire Energies, NRJ International, Quadran Maroc, SEWT et Termasol.

Pour rappel, le label Taqa Pro Pompage Solaire est destiné aux utilisateurs de systèmes de pompage solaire photovoltaïque pour l’agriculture, l’eau potable et l’adduction d’eau en général. Le label Taqa Pro PV+ est pour sa part destiné aux utilisateurs de systèmes photovoltaïques de moyenne et grande puissance que l’on rencontre dans le secteur tertiaire et industriel.

Labélisation des installateurs PV au Maroc A cette occasion, le ministre de l'Energie a souligné que le développement de la filière PV passe par le respect des exigences de qualité dans l’installation des différents composants dédiés aux applications photovoltaïques, rappelant qu’en décembre 2018, son Département avait signé une convention de partenariat avec l’AMEE, l’Amisole et le Cluster solaire pour la labélisation des installateurs PV au Maroc. «Aujourd’hui, le solaire photovoltaïque dispose d’un nouveau label qualité. Intitulé Taqa Pro, ce label, constitue une marque de reconnaissance pour les entreprises et les installateurs de systèmes solaires photovoltaïques», a-t-il dit, se félicitant de ce partenariat qui a permis la formation de ces 28 entreprises.


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DÉVELOPPEMENT DURABLE

GREEN SYNERGIES

Sarah MAACHE.

CASABLANCA ACCUEILLE UNE PREMIÈRE RENCONTRE MULTILATÉRALE POUR S’INSPIRER DES PAYS NORDIQUES LA PREMIÈRE RENCONTRE MULTILATÉRALE MAROCO-NORDIQUE, INITIÉE SOUS LE THÈME «GREEN SYNERGIES – PARTAGE D’EXPÉRIENCE MAROCO-NORDIQUE» S’EST TENUE À CASABLANCA AVEC LA PARTICIPATION D’ACTEURS INSTITUTIONNELS ET PRIVÉS VENANT DES CINQ PAYS.

O

rganisée par la Région de Casablanca-Settat, Masen et les ambassades des pays nordiques au Maroc (Danemark, Finlande, Norvège et Suède), en partenariat avec la CGEM et le Cluster solaire, cette rencontre vise à faciliter les échanges entre institutions et à identifier les opportunités de business entre les entreprises marocaines et nordiques dans les domaines liés au développement durable. Plus de 200 personnes ont participé aux quatre panels thématiques auxquels ont contribué les principales parties prenantes du secteur tant au Maroc que dans les pays nordiques. Des workshops thématiques ont également été organisés autour de l’énergie solaire, 56 N° 48 Juillet 2019

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l’efficacité énergétique, le LEED et le traitement des déchets. S’exprimant à l’ouverture de cette rencontre, la Secrétaire d’État auprès du ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Mounia Boucetta, a indiqué que le choix de la thématique de cette conférence «Green synergies» avec une déclinaison territoriale s’inscrit parfaitement et en droite lignée avec nos priorités régionales et nationales en termes de modèle socio-économique de développement. L’association des représentants des pays nordiques à cet événement pour le partage d’expérience et la mise à profit de leur expertise reconnue dans ce domaine contribuera sans aucun doute

à renforcer nos capacités et à identifier des solutions innovées et appropriées aux problématiques environnementales et de développement durable de manière générale, a-t-elle estimé. Pour sa part, l’ambassadeur de Finlande au Maroc, Anne Vasara a indiqué que son pays était le premier pays qui a mis en place une feuille de route nationale pour l’économie circulaire. Ce plan de 60 projets concrets est un des éléments clefs pour créer un environnement qui renforce le mode de vie d’économie circulaire. Pour cette fin, la législation et la création d’un environnement des affaires qui encouragent cette façon de vivre et de faire les choses sont cruciales. La Finlande est très intéressée par la


DÉVELOPPEMENT DURABLE coopération avec le Maroc, a-t-elle affirmé, ajoutant que la concrétisation de cet intérêt est l’ouverture imminente de l’office de Business Finland à Casablanca. L’ambassadeur de Norvège au Maroc, Merethe Nergaard, a quant à elle rappelé que le Maroc, pays organisateur de la COP 22 à Marrakech, «développe de grands projets en matière d’environnement et possède la plus grande centrale électrique solaire du

monde», rappelant que le Royaume ambitionne d’être un modèle pour les pays africains et constitue un tremplin pour les entreprises nordiques qui souhaitent investir en Afrique», ajoutant que «le Maroc est aussi un pays d’accueil pour les migrants du Sahel, qui fuient la désertification». De son côté, le président de la région Casablanca-Settat, Mustapha Bakkoury, a indiqué que l’expérience des pays Nordiques en matière de

développement durable est attractive dans le sens où non seulement elle représente un modèle avant-gardiste sur le plan des indicateurs de prospérité notamment le bien-être, l’éducation, la santé et l’environnement, mais aussi grâce à leurs systèmes de gouvernance qui les rendent très performants, compétents et efficaces sur plusieurs niveaux territoriaux leur permettant de devenir des économies modernes alliant innovation et croissance.

Anne VASARA,

AMBASSADEUR DE FINLANDE AU MAROC.

«POUR POUVOIR MIEUX COOPÉRER AVEC LE MAROC, LA FINLANDE A DÉCIDÉ D’OUVRIR UN BUREAU DE BUSINESS FINLAND À CASABLANCA.» IDM : Pouvez-vous nous rappeler l’objectif de la rencontre multilatérale Maroco-Nordique, initiée sous le thème «Green Synergies» et les principales conclusions tirées à l’issue de cet événement ? Anne Vasara : L’objectif derrière l’organisation de la conférence Nordique Green Synergies est de partager des expériences acquises en matière de développement durable par les pays nordiques, à travers l’économie circulaire et l’utilisation des énergies renouvelables, ainsi que la création d’opportunités de collaboration entre les participants Marocco-Nordiques dans le même domaine.

La Finlande est le pays le plus engagé

actuellement dans la coopération green avec le Maroc. Que pensezvous du potentiel du Royaume et des opportunités dont le pays dispose en matière de développement durable ? Le développement durable est une haute priorité en Finlande ainsi qu'au Maroc, où le Royaume consacre des efforts importants à la mise en œuvre de politiques vertes. Le Maroc, aujourd’hui perçu comme un hub économique, est un cadre attractif pour les investisseurs étrangers notamment pour les Finlandais. Pour pouvoir mieux coopérer avec le Maroc, la Finlande a décidé d’ouvrir un bureau de Business Finland à Casablanca, qui est non seulement le centre des affaires au Maroc, mais aussi un centre économique important en

Afrique.

La Finlande est le premier pays qui a mis en place une feuille de route nationale pour l'économie circulaire. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce plan d’action ? Ce plan de 60 projets concrets est un des éléments clefs pour créer un environnement qui entraine à renforcer le mode de vie d’économie circulaire. Il est perçu comme un outil permettant de parvenir à un développement durable, de lutter contre le changement climatique, de préserver les ressources naturelles et d’améliorer l’état de l’environnement. Pour cette fin, la législation et la création d’un environnement des affaires qui encouragent cette façon de vivre et de faire les choses sont cruciales. N°48 Juillet 2019 57

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USI N E

ENERGIES RENOUVELABLES

Samia ROCHDI.

SIEMENS GAMESA DÉMARRE ETES, SON USINE PILOTE DE STOCKAGE D’ÉNERGIE ÉLECTROTHERMIQUE SIEMENS GAMESA A MIS EN SERVICE SON SYSTÈME DE STOCKAGE D’ÉNERGIE THERMIQUE ET ÉLECTRIQUE ETES LE 12 JUIN. UNE DATE HISTORIQUE POUR LES ÉNERGIES RENOUVELABLES, CAR CETTE TECHNOLOGIE DE STOCKAGE INNOVANTE PERMET DE STOCKER DE GRANDES QUANTITÉS D’ÉNERGIE DE MANIÈRE RENTABLE, ET DE DÉCOUPLER LA PRODUCTION ET L’UTILISATION D’ÉLECTRICITÉ.

L

a cérémonie de lancement du système de stockage d’énergie thermique (ETES) de Siemens Gamesa, dans une usine pilote à Hambourg, s’est faite en présence du Secrétaire d’État allemand à l’Energie, Andreas Feicht, du premier maire de Hambourg, Peter Tschesscher, du directeur général de Siemens Gamesa, Markus Tacke, et des partenaires du projet, Hamburg Energie GmbH et l’Université technologique de Hambourg (TUHH), qui ont tous salué cette réalisation.

Un volcan de 1.000 tonnes L’installation système de stockage d’énergie thermique de HambourgAltenwerder contient environ 1.000 tonnes de roche volcanique en tant que moyen de stockage d’énergie. Il est alimenté en énergie électrique convertie en air chaud au moyen d’une résistance chauffante et d’un ventilateur qui chauffe la roche à 750 ° C. Lorsque la demande augmente, ETES utilise une turbine à vapeur pour réélectrifier l’énergie stockée. L’usine pilote ETES peut ainsi stocker jusqu’à 130 MWh d’énergie thermique pendant une semaine. De plus, la capacité de stockage du système reste constante tout au long des cycles de charge. L’objectif de l’installation pilote est de tester de manière approfondie le stockage de chaleur. Dans une prochaine étape, Siemens Gamesa envisage d’utiliser sa technologie de 58 N° 48 Juillet 2019

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stockage dans des projets commerciaux et d’augmenter sa capacité de stockage et sa puissance. L’objectif est de stocker l’énergie de plusieurs gigawattheures (GWh) dans un avenir proche, sachant qu’un gigawattheure équivaut à la consommation d’électricité quotidienne d’environ 50.000 ménages. «Découpler la production et la consommation d’énergie renouvelable via le stockage est une contribution essentielle à la transformation du système énergétique. Nous avons besoin de systèmes de stockage d’énergie rentables, efficaces et évolutifs», a déclaré Andreas Feicht, Secrétaire d’État au ministère fédéral allemand de l’Économie et de l’Énergie. «Avec la mise en service de notre usine pilote ETES, nous avons franchi une étape importante dans la mise en place de systèmes de stockage d’énergie à haute performance, élément fondamental de la poursuite de l’expansion des énergies renouvelables et du succès de la transition énergétique», a déclaré pour sa part Markus Tacke, PDG de Siemens Gamesa Renewable Energy.

Un stockage optimal à rendement maximal La technologie de l’usine pilote ETES réduit les coûts pour des capacités de stockage plus grandes à une fraction du niveau habituel pour le stockage sur batterie. De plus, Hamburg Energie, responsable de la commercialisation

de l’énergie stockée sur le marché de l’électricité en Allemagne, développe des plateformes de système de commande numérique extrêmement flexibles pour les centrales électriques virtuelles. Aussi, connecté à une telle plateforme informatique, ETES peut stocker de manière optimale les énergies renouvelables à rendement maximal. Sans compter qu’en utilisant des composants standard, il est possible de convertir les centrales électriques conventionnelles déclassées en installations de stockage écologiques (option de deuxième vie).


USI N E

ETES: Base est capable de stocker et de fournir de l'électricité, de traiter de la vapeur et de la chaleur indépendamment des conditions géographiques. Les puissances d'entrée et de sortie couvrent une large plage de MW, tandis que la capacité de stockage varie de MW à GW.

ETES: Add est relié à une centrale à combustible fossile ou à une installation industrielle à forte intensité énergétique. Il assouplit les opérations et élargit la base de revenus. La chaleur stockée est ajoutée aux cycles existants.

ETES : Switch : Les centrales thermiques à combustibles fossiles peuvent désormais devenir des installations de stockage d’énergie sans CO2, associant des équipements existants à de nouvelles technologies. Cette transformation minimise les effets négatifs de la fermeture de l'installation avec le remplacement du four par ETES, tandis que les processus de cycle et de fonctionnement de la vapeur restent en place. N°48 Juillet 2019 59

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MPAY FORUM

Dossier réalisé par Ismaila SY SAHADE.

L’AVENIR DU PAIEMENT MOBILE S’ANNONCE PROMETTEUR AU MAROC PLUS DE 200 EXPERTS DU SECTEUR IT SE SONT RETROUVÉS LE 12 JUIN À CASABLANCA LORS DU MPAY FORUM POUR FAIRE LE POINT SUR LES ENJEUX DU PAIEMENT MOBILE EN AFRIQUE. ORGANISÉE PAR LE CIOMAG ET LA FÉDÉRATION MAROCAINE DES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION, DES TÉLÉCOMMUNICATIONS ET DE L’OFFSHORING (APEBI), EN PARTENARIAT AVEC L’AGENCE DU DÉVELOPPEMENT DU DIGITAL (ADD), CETTE GRANDE MESSE S’EST ARTICULÉE AUTOUR DU THÈME : «LE FUTUR DU PAIEMENT SERA-T-IL MOBILE?».

A

près l’adoption et le lancement d’une plateforme nationale en 2018, le Maroc pense déjà à la généralisation du paiement mobile. Objectifs visés : réduire le recours au cash et favoriser l’inclusion financière. La banque centrale du Maroc table sur 400.000 utilisateurs dès la première 60 N° 48 Juillet 2019

INDUSTRIE DU MAROC

année, en 2019, et sur 6 millions d’adeptes au bout de cinq ans. Une dynamique entretenue par une dizaine d’agréments déjà accordée à des opérateurs téléphoniques et entreprises de transfert d’argent. Mais force est de constater que l’hétérogénéité des usages, selon les profils et les catégories

socio-professionnelles, constitue un enjeu capital qu’il convient de maitriser. En effet, l’usage diffère selon les besoins à savoir s’il s’agit d’un paiement mobile sur les sites d’e-commerce, d’un paiement de proximité devant une borne ou transferts d’argent de mobile à mobile et bien d’autres.


Connaitre et identifier les forces ou faiblesses du système permettra d’anticiper le futur du paiement et surtout connaitre la spécificité du Maroc dans le domaine. Pour y arriver, il faudra d’ores et déjà penser à lever un certain nombre d’inhibitions factuelles au développement de M-wallet. Au rang desquelles on peut citer la sécurisation des transactions et celle de l’identification. C’est un frein qui n’est pas certes propre au Maroc mais plutôt global en Afrique. A cela s’ajoute, la peur d’être « tracé ou pisté ». Ces trois freins pourraient constituer de véritables obstacles au développement du paiement mobile. En réunissant les acteurs, banques, opérateurs de télécommunications, les fintech, les e-Commerçants, les acteurs de la distribution, des utilisateurs autour des acteurs publics (Bank Al Maghrib et ANRT), la troisième édition du Mpay Forum s’est proposée d’apporter un certain nombre de réponses à ces problématiques. Et l’avis qui a fait l’unanimité lors de cette rencontre, au cours de laquelle les différents intervenants ont tour à tour dressé un

diagnostic et donné leur vision de la question de l’avenir du paiement mobile en Afrique, est que l’avenir du paiement sera incontestablement mobile. Le ton de cette 3e édition du Mpay Forum a en effet été donné dès la plénière d’ouverture lorsque la présidente de l'APEBI, Saloua KarkriBelkeziz a souligné que « les services de banques mobiles ne cessent de progresser, avec une évolution plutôt timide au Maghreb mais plus soutenue par ailleurs, notamment au sein de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), avec des chiffres édifiants : 104,5 millions de comptes de mobile money en 2017 avec une évolution à deux chiffres d’année en année ». Et d’ajouter que, selon les derniers chiffres de l’association internationale des opérateurs de téléphonie mobile GSMA : « 48% des utilisateurs du mobile money dans le monde en 2018 sont Africains». Mohamadou Diallo, Directeur de la publication de CIO MAG, a pour sa part souligné que le Mpay Forum offre l'occasion de se pencher sur les mesures incitatives tendant à

encourager le développement des usages du paiement mobile et de réfléchir sur les éventualités de réduire le recours au cash et de favoriser l'inclusion financière. Il a également fait remarquer que les entreprises -petites comme grandes-, les consommateurs et l'administration voient arriver la révolution mobile à une grande vitesse. Pour y faire face, a poursuivi Diallo, ces opérateurs « doivent s'y préparer rapidement en adoptant une stratégie et des mécanismes pour éviter de subir les conséquences ». Le Fondateur de HPS, Mohammed Horani, a quant à lui fait observer que des solutions et des produits vont être offerts par les banques et par les établissements de paiement en vue de booster le paiement mobile au Maroc. «Actuellement, HPS a le statut d'un établissement de paiement», a-t-il déclaré, notant qu'il y a aussi «des établissements de paiement régis par des règles beaucoup moins exigeantes par rapport aux banques et qui peuvent contribuer et être actifs dans le domaine du paiement mobile». Il a en outre insisté sur le fait que le digital constitue un véritable levier de N°48 Juillet 2019 61

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MPAY FORUM

développement pour l’Afrique et qu’il faut impérativement mettre en place des actions volontaristes afin d’accélérer la digitalisation au Maroc.

Un défi réalisable Néanmoins, les participants de ce forum n’étaient pas au même niveau de satisfaction quant aux réalisations digitales et monétiques du continent, comparées à son potentiel. «Au Maroc, plus de 90% des transactions se font en cash. Pourtant, le pays dispose de tous les atouts en termes de paiement mobile. Notamment un système bancaire interopérable, un taux d’équipement en smartphones qui est très important et une poussée remarquable de la Fintech dans le pays», a déclaré Francis Meston, Group Executive Viceprésident d’ATOS, leader international

de la transformation digitale. Pour une meilleure inclusion financière, les pays africains doivent miser, selon lui, sur trois facteurs : «favoriser l’offre en laissant la porte ouverte aux opérateurs et aux investisseurs, booster la demande à travers des services innovants et travailler sur une règlementation bancaire interopérable». Mohamed Belahcen, directeur du pôle services de paiement du Groupe Wafacash, a de son côté appelé à la mise en place d’une forte campagne de communication afin d’informer les consommateurs sur ce nouveau moyen de paiement. Il a également rappelé le fait qu’il faut mettre l’utilisateur en confiance, notamment en mettant en avant certains aspects qui sont important à savoir la sécurité , la fiabilité et la simplicité de l’utilisation. En conclusion, Zakaria El Moujahid,

Zakaria El Moujahid de l'Agence du Développement du Digital (ADD), a attiré l’attention des uns et des autres sur l’urgence d’avoir son propre modèle inspiré de ses propres réalités. Et surtout utiliser l’innovation afin de développer des solutions à forte valeur ajoutée qui permettront de booster l’utilisation des paiements mobiles. En somme, cette 3e édition du Mpay Forum a permis de faire une analyse prédictive sur l’avenir du paiement mobile en Afrique, et plus précisément au Maroc qui, comme s’accordent à le dire les différents experts de cette rencontre, dispose de tous les atouts pour émuler dans ce secteur. Pour ce faire, il sera question de se doter d’une véritable culture de l’innovation et de veiller à la mise en place d’une réelle collaboration entre les acteurs du secteur IT et les acteurs publics.

Inwi lance son service mobile money LORS DE LA 3E ÉDITION DU MAPAY FORUM, INWI A ANNONCÉ LE LANCEMENT CET ÉTÉ, DE SON SERVICE DE MOBILE MONEY. L’OPÉRATEUR AFFIRME EN EFFET ÊTRE “LE PREMIER OPÉRATEUR TÉLÉCOM À AVOIR OBTENU L’AGRÉMENT DÉFINITIF DE BANK AL MAGHRIB, VIA SA NOUVELLE FILIALE DE PAIEMENT MOBILE”. INWI PERMETTRA À SES CLIENTS MAIS AUSSI À TOUS LES MAROCAINS DÉTENTEURS D’UN TÉLÉPHONE PORTABLE D’ACCÉDER À UN LARGE PANEL DE SERVICES FINANCIERS MOBILES QUI LEUR PERMETTRONT, EN UN CLIC, DE TOUT FAIRE INSTANTANÉMENT : TRANSFÉRER, VERSER ET RETIRER DE L’ARGENT, PAYER ET RECHARGER LEUR LIGNE...

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MPAY FORUM

Francis MESTON,

VICE PRÉSIDENT DU GROUPE ATOS.

« AUJOURD’HUI NOUS SOMMES CONVAINCUS QUE LE TÉLÉPHONE MOBILE SERA L’OUTIL DE PAIEMENT PRÉPONDÉRANT EN MATIÈRE DE DIGITAL EN AFRIQUE» Propos reccueillis par Ismaila SY SAHADE.

IDM : Quel sont, selon vous, les véritables défis du paiement mobile en Afrique ? Francis Meston : Tout d’abord je voudrais stipuler que c’est un formidable succès sur une partie du continent Africain et, pour être précis, c’est un immense succès en Afrique subsaharienne, puisque cette dernière compte aujourd’hui plus de 450 millions d’utilisateurs du mobile paiement. Il y en a à peu près 850 millions dans le monde… Nous pouvons ainsi observer à travers la lecture de ce chiffre la forte utilisation du mobile paiement en Afrique, qui est de l’ordre de 60%. Par contre, le paiement mobile reste peu ou moins développé dans d’autres régions de l’Afrique, en particulier celle de l’Afrique du nord. Au Maroc, par exemple, on remarque que 99% des transactions sont encore faites en cash. Donc l’enjeu sera de pousser l’usage vers le paiement digital. Aujourd’hui, nous

sommes convaincus que le téléphone mobile sera l’outil de paiement prépondérant en matière de digital en Afrique.

Comment rassurer les clients par rapport à la sécurisation de leurs données ? En termes de sécurité, il existe un instrument qui présente un fort taux de sécurité, et c’est bien entendu la carte. Quand vous prenez le cas de la France, vous constatez que le taux de fraude est de 0 ,064% du montant et qu’il est en baisse. Cela illustre que nous sommes performants en termes de sécurisation des paiements électroniques. Alors il faut dire que ce qui marche pour la carte marche aussi pour le mobile. Et la raison pour laquelle la sécurisation des paiements électroniques marche pour le mobile, c’est que derrière un paiement mobile, il y a en général une carte ou un compte bancaire… Alors j’invite les utilisateurs à identifier le

paiement mobile comme étant en fait un paiement par carte.

Au niveau d’Atos, quels sont les solutions que vous avez développées concernant le paiement mobile ? Avec Atos, nous sommes très présents à travers le worldline qui est aujourd’hui la plateforme leader des paiements mobiles en Europe. En Afrique, nous sommes aussi présents dans le secteur du paiement. Nous disposons de plusieurs centres de compétences paiements au niveau du Maroc, et qui comprennent près de 100 collaborateurs. De plus, nous participons à la création de fintech dans le paiement avec en particulier la fintech Pan -European qui propose des solutions de paiements universels aux entreprises. Nous développons également des solutions pour des grands clients à savoir les opérateurs de telecom et les banques.

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ENTRETIEN Youssef EL ALAOUI,

VICE-PRÉSIDENT GÉNÉRAL DE LA FÉDÉRATION MAROCAINE DES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION, DES TÉLÉCOMMUNICATIONS ET DE L’OFFSHORING (APEBI).

«LE MAROCAIN EST ENCORE ATTACHÉ À LA CIRCULATION DE LA LIQUIDITÉ ALORS QUE LE MPAYMENT RÉDUIT LE RECOURS AU CASH ET FAVORISE L’INCLUSION FINANCIÈRE. IDM : Vous avez récemment coorganisé le Forum Mpay, pourriezvous esquisser l'état des lieux actuel du mobile paiement au Maroc ? Youssef El Alaoui : Face à cette innovation technologique, je dirais que le Maroc est en train de poser les premiers jalons. En effet, plusieurs banques de la place ont déjà lancé leurs solutions. On peut citer par exemple, Bank Al Maghrib (M-wallet), la Banque Populaire (B-Pay), CIH Bank (WePay), BMCE Bank of Africa (Daba Pay), Crédit Agricole Maroc (Beztam-E)… Il est évident que d’autres banques suivront également, mais en attendant que ces dernières prennent le train en marche, on peut déjà affirmer que les services marocains acceptent désormais cette transition technologique, ce qui est prometteur pour l’avenir du Mobile paiement au Maroc, même s’il reste encore la cible (consommateur, commerçant…), où l’engouement est moins perceptible. 64 N° 48 Juillet 2019

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Néanmoins, si toutes les banques nationales et tous les émetteurs de cash adhérent au Mpayment, avec 35 millions d’habitants et 22 millions d’abonnés Internet, c’est environ 200 voire 400 milliards de dirhams de cash qui basculeront vers le mobile. Si nous considérons l’évolution de cette technologie à l’heure actuelle au Kenya, au Nigéria ou en Côte d’Ivoire, il serait certain que le Maroc a cumulé du retard, mais qui pourrait être rapidement rattrapé, puisque le Royaume dispose de ressources immenses, notamment avec ce taux de pénétration d’Internet très important ainsi qu'un taux d’utilisation du téléphone mobile très élevé. Les services d’interopérabilité sont déjà en place, on n'attend plus que l’arrivée effective des opérateurs télécoms. Inwi s'est d’ailleurs officiellement positionné sur le sujet, Maroc Telecom et Orange sont encore en phase expérimentale.

Le Mobile payment est une pratique

beaucoup plus généralisée dans les autres pays africains, quels sont les freins qui empêchent un tel développement au Maroc ? Et plus généralement dans le reste du monde? Les échanges au Maroc sont largement dominés par les paiements en espèces. Le Marocain est encore attaché à la circulation de la liquidité. Alors que cette nouvelle solution réduit le recours au cash et favorise l’inclusion financière. A ce niveau déjà, il y a un premier blocage. Aujourd’hui, 80% des transactions commerciales se font en cash au Maroc. Mais la globalisation et la digitalisation transforment les sociétés et au niveau national, c’est tout un style de vie qu’il faudra changer et des habitudes ancrées à transformer. Et ça, ça prend du temps. Près de 14 millions de Marocains ne bénéficient toujours pas de services financiers, alors que le Maroc, avec un taux de bancarisation de 56%, fait partie des pays les plus bancarisés dans


MPAY FORUM le monde et par ricochet en Afrique. Bien évidemment, cette solution permettra à beaucoup plus de personnes d’avoir accès à des services financiers plus facilement. Outre les habitudes des citoyens, un autre point important est celui de la confiance en ce nouveau système de paiement car il existe aujourd'hui un manque de confiance sur la sécurité transactionnelle et la fiabilité des Mpaiements. Que ça soit ici ou ailleurs, c’est un challenge que nous avons en commun. Cependant dans tous les autres pays où ce système est bien implanté, comme au Nigéria, au Kenya ou en Côte d’Ivoire, ils ont bien pu passer ce cap, donc nous y arriverons également. Tous les comptes sont protégés par des mots de passe personnels, c'est le niveau de sécurité le plus basique. Ce que nous sommes en train de faire aujourd’hui, c’est d’assurer les utilisateurs sur le fait que les transactions sont sécurisées et fiables, mais aussi qu’elles sont faciles d’utilisation. Il est important que pour élargir l’utilisation à toute la population, la technologie mise en place par les différentes plateformes et le parcours du client soient intuitifs, accessibles et compréhensibles. Dans l’ensemble, le service d’identification, les validations des transactions, peu importe leur localisation, ne sont pas le défi majeur. Assurer une utilisation simple de la technologie chez l’ensemble des citoyens marocains, qu’ils soient en campagne ou en ville, commerçants ou fonctionnaires, c’est là le challenge.

Cela devrait-il changer très prochainement avec l'arrivée de nouveaux opérateurs ? Oui ! En effet, plus on s’y met, plus la technologie se démocratisera et la peur d’utilisation s’estompera. Encore une fois, Inwi a emboité le pas et marque ainsi les prémices de ce tournant. Je crois pertinemment qu’avant la fin de l’année 2020 les 3 grands opérateurs nationaux embrasseront cette technologie, et des services de qualité seront proposés à l’ensemble des Marocains, peu importe la banque et le réseau télécom auxquels ils appartiennent.

LE FUTUR SERA FORCÉMENT ET TOTALEMENT DIGITALISÉ. C’EST UNE ÉVIDENCE. LE SERVICE DES BANQUES MOBILES NE CESSE DE PROGRESSER. LES OPPORTUNITÉS FINANCIÈRES À SAISIR SONT NOMBREUSES. LES CHANGEMENTS AUJOURD’HUI SE FONT TELLEMENT VITE. SELON LE GSCMA, 48% DES UTILISATEURS DE MOBILE MONEY EN 2018 DANS LE MONDE ÉTAIENT AFRICAINS, ET AVEC L’INVESTISSEMENT DE 6.6 MILLIARDS DE DIRHAMS, EFFECTUÉ PAR LA BANQUE MONDIALE POUR SON SOUTIEN AU MAROC POUR LES 5 ANS À VENIR, L’ÉVOLUTION DU ROYAUME, SON DÉVELOPPEMENT DU SECTEUR FINANCIER INCLUSIF, ET SON ÉCONOMIE NUMÉRIQUE COMPÉTITIVE PROGRESSERONT RAPIDEMENT.

Quelles sont, selon vous, les meilleures pratiques à mettre en œuvre pour une stratégie réussie de digitalisation des paiements ? Pour réussir cette transformation, il n'y a pas de modèle prêt-à-porter prédéfini. Il faut résoudre les contraintes déjà identifiées, adopter et mettre en place une stratégie axée digital. Faciliter l’accès à Internet haut débit et renforcer la sécurisation des échanges et paiements. Améliorer les services en ligne. Maximiser sur la digitalisation, au niveau des PME, pour transformer les pratiques quotidiennes. Sensibiliser les banques, les épiciers, les commerçants… la population en général, sur les bénéfices de l’inclusion financière pour eux d’abord et ensuite pour l’Etat. Quelles sont vos projections concernant le futur du paiement mobile au Maroc ? Le futur sera forcément et totalement digitalisé. C’est une évidence. Le service des banques mobiles ne cesse de progresser (On le voit très bien en Asie, en Afrique de l’Est, en Afrique subsaharienne…). Les opportunités financières à saisir sont nombreuses. Les changements aujourd’hui se font tellement vite. Selon le GSCMA, 48% des utilisateurs de mobile money en 2018 dans le monde étaient Africains, et avec l’investissement de 6.6 milliards de dirhams, effectué par la Banque mondiale pour son soutien au Maroc pour les 5 ans à venir, l’évolution du Royaume, son développement du secteur financier inclusif, et son économie numérique compétitive progresseront rapidement. D’ailleurs, le CMI (Centre Monétique Interbancaire) affirme que l’évolution des paiements via Internet sur les 3 dernières années a réalisé un bond de 235%, et c’est multiplié par 1.5 en termes de montants. Je crois, en souvenir au thème de la 3e édition du Mpay Forum, que le futur du paiement sera mobile. Peut-être dans 3 ans, ou dans 5 ans. Mais une chose est certaine, il faut s’y préparer. Le Maroc se doit de surfer sur cette vague parmi les plus grands utilisateurs des paiements mobiles dans le monde. N°48 Juillet 2019 65

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DIGITAL

Big Data

Sarah MAACHE.

LA RÉVOLUTION DIGITALE S’ACCÉLÈRE L’ANALYSE DE DONNÉES EST EN TRAIN DE BOULEVERSER TOUTES LES INDUSTRIES. LE VOLUME DE DONNÉES EXPLOSE ET LES ENTREPRISES SONT DE PLUS EN PLUS NOMBREUSES À ADOPTER LES TECHNOLOGIES ANALYTIQUES. EN JEU : 1,2 BILLION DE DOLLARS DE PLUS POUR LES ENTREPRISES QUI UTILISENT LE BIG DATA À L’HORIZON 2020.

L

es chiffres liés à l’univers du Big Data donnent le tournis. Selon IBM, 90% des données mondiales ont été créées au cours des deux dernières années. Chaque jour, 2,5 quintillions de bytes de données sont générés. Alors, qu’est ce que le Big Data ? LittéralementBig Data signifie «données importantes» ou «grands ensembles de données». Jusque-là, tout va bien. Mais pour être exploitables, ces données ont besoin d’être recherchées puis analysées et stockées sur une base numérique. Danslemonde,unsondagemenéparThe Economist auprès de 203 responsables d’entreprises révèle que 75% d’entre 66 N° 48 Juillet 2019

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elles prévoient d’implémenter le Big Data et l’Intelligence Artificielle au sein de leur structure d’ici 2020. Par ailleurs, les analystes de IDC (International Data Corporation) tablent sur un total de 203 milliards de dollars, générés par le Big Data d’ici 2020. En outre, Intel prédit un total de 200 milliards d’appareils connectés en circulation aussi bien pour le grand public que pour les entreprises à l’horizon 2020.

Et le Maroc dans tout ça ? Vu l’importance du phénomène Big Data, le Maroc a compris qu’il doit vite rattraper le train en marche! De ce

fait, Maroc Numérique 2013 a été une première étape avant de lancer Maroc Numérique 2020. La principale ambition étant de s’ancrer dans la révolution digitale globale, principal moteur des pays en forte émergence. L’objectif est également de placer le numérique comme outil de transformation économique et sociale à travers une réforme décisive de l’administration afin de donner un nouveau souffle de compétitivité et pour la réduction de la fracture numérique. En outre, cette stratégie vise le développement du tissu d’acteurs (alimentés par les grands projets de numérisation du pays)


DIGITAL et le renforcement de la place Maroc numérique (infrastructures high speed data, ressources humaines, cadre légal). Ainsi, cette stratégie s’articule autour de trois piliers : - Transformation numérique de l’économie nationale : avec comme objectif le re-engeneering de l’administration avec une transformation profonde des processus administratifs. Le but est de placer le Maroc dans le top 3 Moyen-Orient/Afrique du classement «e-Gov» élaboré par les Nations unies et de réussir 4 projets structurants reconnus comme premiers en Afrique en plaçant le digital comme outil de transformation des PME. Ce volet repose également sur la mise en place d’une Agence dédiée aux services publics numériques. Quant à la résorption de la fracture numérique, elle se fera à travers le digital comme plateforme de résorption des inégalités et d’impact citoyen en renforçant l’alphabétisation numérique. Par ailleurs, ce premier pilier comprend aussi des transformations sectorielles intégrées qui sont la logistique

portuaire, la gestion urbaine, la santé et le commerce, ainsi que les PME. - Faire du Maroc un hub numérique régional : par le biais d’une relance stratégique forte du BPO (Business Process Outsourcing) sur l’Europe et le renforcement de l’offre exportatrice numérique. - Se doter d’une Place Numérique Maroc : il s’agit de mettre en place des infrastructures datacom (Hot-spots à traiter: entreprisedata, backbone, broadband, data centers), mais également de devenir une force de frappe en matière de ressources humaines en doublant le nombre de professionnels du numérique formés chaque année au Maroc, pour atteindre 30.000 formations par an, à l'horizon 2020. Ce troisième pilier repose également sur l’adoption d’une réglementation numérique & «DoingIT». Cette stratégie a pour but de découler sur des objectifs ambitieux à savoir la transformation numérique de

l’administration publique avec plus de 50% de démarches administratives réalisées en ligne , mais aussi une démocratisation des usages numériques dans le privé et parmi les citoyens en réduisant de 50% le gap d’accès au numérique . Parmi les ambitions, c’est de faire du Maroc un hub numérique régional affirmé avec une croissance annuelle de l’offshoring de 5% à 10%.

L’Agence de développement digital: Une structure d’accompagnement dédiée Pour se donner les moyens de ses ambitions, le royaume a misé sur la création de l’Agence du développement numérique. Créée en décembre 2017, l’Agence a comme but de réaliser la stratégie de l’Etat dans le domaine du développement de l’économie numérique, l’encouragement de la diffusion des outils numériques et de la promotion de leur utilisation auprès de la population. L'agence a pour mission d'assurer la mise en œuvre de la stratégie de

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DIGITAL développement, de promotion et d'incitation aux investissements dans le domaine du développement du digital, de proposer au gouvernement les orientations générales à suivre en matière de développement du digital mais aussi d'accompagner les autorités et les organismes concernés, ainsi que les opérateurs publics et privés dans le domaine du développement du digital, de fournir l'expertise nécessaire aux opérateurs du secteur de l'économie numérique en vue de renforcer leur compétitivité et de mettre en place les normes techniques concernant les produits et les services numériques et veiller à leur application. L'Agence veille également à l'adéquation de la formation pour répondre aux besoins des acteurs dans le domaine du développement du digital et contribue à la promotion et au développement de l'initiative et de l'entrepreneuriat dans le secteur de l'économie numérique ainsi que des programmes de coopération et de partenariat dans les secteurs de l'économie numérique.

"Le Maroc a besoin, plus que jamais, d’une vision intégrée qui traduit la transformation digitale" Ainsi, lors d’une réunion consacrée à l’évaluation de l’action de l’Agence une année après son lancement, le Chef du gouvernement Saâd Eddine El Othmani a fait savoir que le Maroc a besoin, plus que jamais, d’une vision intégrée qui traduit la transformation digitale envisagée dans le Royaume, garantit l’utilisation maximale des technologies numériques, la création de nouveaux modèles offrant plus de confort aux citoyens dans leurs relations avec l’administration publique et créant un climat propice à l’amélioration de la compétitivité des entreprises marocaines. À cette occasion, le Chef du gouvernement a passé au crible les différents chantiers lancés ainsi que le plan d'action 2019. Les projets initiés en 2018 sont au nombre de quatorze en plus de l’écosystème de l’Intelligence Artificielle (IA). El Otmani est revenu sur les principales réalisations de l’Agence notamment 68 N° 48 Juillet 2019

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la déclaration électronique des impôts des grandes et moyennes entreprises et l’octroi de certaines autorisations. Il est également question de la digitalisation des procédures douanières et des opérations export/import, l’adoption du paiement par téléphone mobile à travers un partenariat public-privé et l’émergence d’entreprises marocaines dans les domaines du paiement électronique et des applications informatiques. En outre, le Chef du gouvernement a souligné que l’année précédente était celle de la mise en place des structures de gestion de l’Agence, précisant que le développement accéléré est la principale caractéristique de son champ d’action, ce qui nécessite une accélération de la cadence des réalisations. Il a ainsi appelé l’Agence à redoubler les efforts en vue de se rattraper, appelant l’ensemble des intervenants à lui offrir l’appui nécessaire afin qu’elle puisse réaliser les objectifs escomptés. Il a également mis l’accent sur la nécessité d’activer les comités de gouvernance émanant du Conseil d’administration, appelant les membres dudit Conseil à fournir davantage d’efforts afin de faire de l’Agence une locomotive de transformation digitale au Maroc. En somme, l’Agence a été appelée à présenter une étude de faisabilité sur le projet de création de son siège et de présenter une proposition dans un délai de trois mois au sujet des orientations générales en matière de développement numérique.

La Chine, un modèle d’inspiration en matière de Big Data Le Maroc a récemment participé à l’exposition internationale de l’Industrie du Big data de Chine de 2019 qui a eu lieu à Guiyang au sud-ouest de la Chine, et ce en tant qu’invité d’honneur. Le Maroc y a été représenté par le viceprésident de la Chambre des conseillers, Abdelhamid Souiri, et le directeur général de l’Agence de développement digital (ADD), Mohamed Idrissi Meliani. À cette occasion, Souiri a fait savoir que le marché mondial du big Data est estimé à 42 milliards de dollars, signalant qu’à l’heure actuelle, cette

industrie, en plein essor, est largement dominée par la Chine, qui rassemble à elle seule près de 60% des experts en Big Data mondiaux, contre près de 23% pour les États-Unis. «Le Big data révolutionne l’entreprise et cette prise de conscience générale de l’importance de la data annonce un chamboulement des règles en termes de compétitivité», a-t-il expliqué, ajoutant que le Maroc se construit chaque jour et réalise de grands projets dans les domaines de développements. Le Maroc mène plusieurs actions pour accompagner les changements technologiques, s’est félicité le responsable marocain, notant que le Haut-Commissariat au plan livrera en 2020 les conclusions d’une étude sur le Big Data en vue d’adapter le système statistique national aux mutations technologiques en matière de production et d’analyse de l’information statistique. Dans un message adressé aux participants de cette manifestation internationale, le président chinois, Xi Jinping, a affirmé que la nouvelle génération des technologies de l’information (l’internet, le Big Data et l’intelligence artificielle), qui connait une grande évolution, a un impact important et profond sur le développement économique, le progrès social et l’amélioration des conditions de la vie des différents peuples à travers le monde. La Chine accorde une grande importance au développement de l’industrie du Big Data, a affirmé Jinping, ajoutant que son pays est disposé à partager les opportunités du développement de l’économie numérique avec les autres pays, pour découvrir conjointement, les nouveaux mécanismes du développement, en l’occurrence les nouvelles technologies. Notons que selon une étude publiée par le site chinois cet.com.cn, la Chine rassemble à elle seule 59,5% des experts en Big Data mondiaux. En seconde position, très loin derrière, on retrouve les États-Unis avec 22,4% des experts.


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DIGITAL

L’E-RÉPUTATION, QUELS ENJEUX POUR LES PERSONNALITÉS PUBLIQUES ?

PAR Noujoud GUERMAT,

PROFESSIONNELLE DE LA COMMUNICATION DES ENTREPRISES, CORPORATE ET DE CRISE, RELATIONS PUBLIQUES, E-RÉPUTATION ET STRATÉGIE DIGITALE.

HOMMES D’AFFAIRES, PDG, HAUTS FONCTIONNAIRES, PERSONNALITÉS POLITIQUES ET DIRIGEANTS… L’AMÉLIORATION ET LA SURVEILLANCE DE VOTRE RÉPUTATION SUR INTERNET EST UN ENJEU POUR VOTRE AVENIR, QU’IL VOUS INCOMBE DE CAPITALISER AFIN QU’ELLE SOIT UNE VRAIE VALEUR AJOUTÉE.

L

a majorité des internautes ont développé une curiosité et un sens de la recherche avec pour premier réflexe de se renseigner et de s’informer sur n’importe quelle personne ! Beaucoup de personnalités publiques commettent l’erreur déductive que leur image dans le monde virtuel demeure obsolète face à celle du monde réel. La réputation dans le monde réel se construit et se diffuse par le biais de canaux traditionnels tels que les communiqués, les réunions mondaines… Ces dernières demeurent maitrisables. Aujourd’hui, l’e-réputation se bâtit en s’appuyant sur tous les outils exploitables du Web, tels que les réseaux sociaux, la presse, les blogs, etc. Elle se diffuse très rapidement sans pour autant maitriser le contenu et l’objectif de diffusion. 70 N° 48 Juillet 2019

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On ne s’en rend pas compte. Il faut des années pour construire une réputation crédible et maitrisable mais seulement quelques minutes pour la détruire. Bien que cela constitue un élément intangible, la réputation d’une personne demeure stratégique, aussi bien pour l’individu que pour ses projets et réalisations personnelles et professionnelles. Il devient donc incontournable de maitriser, de gérer et de soigner son e-réputation sur l’ensemble des outils du Web afin de constituer une vitrine à l’échelle internationale. Pour exemple, un homme d’affaires cherchant à faire évoluer son business à l’international ou à développer sa notoriété sociale ou même politique doit certes maitriser son image en passant par un nettoyage régulier de ce qu’il décide de ne pas

mettre en exergue. Le Web est une des plus grandes plateformes d’archives au monde et pour exemple, laisser des photos très personnelles peut être utilisé à des fins de nuisance à l’image. Que se passe-t-il lorsque l’on ne maîtrise pas son e-réputation, ou que l’on ne s’y intéresse tout simplement pas ? La personne est exposée sans aucune défense. Dans certains cas, de simples éléments pourront être exploités pour dénigrer l’image. Les internautes prendront connaissance de ces informations erronées qui auront mécaniquement des répercussions pouvant être graves sur les activités, sans retour possible, d’une manière générale. La visibilité sur Internet n’est donc pas sans risque, car elle peut être bonne ou mauvaise et donc véhiculer parfois des valeurs qui ne sont pas les vôtres.


DIGITAL

Une e-réputation se construit et se gère Les vecteurs de la réputation en ligne sont de plus en plus nombreux et variés, notamment à travers les moteurs de recherche, les réseaux sociaux, les réseaux professionnels, les blogs, les forums ainsi que les plates-formes d’échanges. Le problème de l’e-réputation provient d’une diffamation, d’un dénigrement, d’une calomnie, d’insultes, d’arnaques, d’une vie professionnelle ou personnelle passée et peut avoir de graves conséquences sur votre identité numérique. Etre conscient de ces problématiques et des conséquences qu’elles peuvent avoir sur votre vie personnelle et professionnelle est une étape primordiale de votre image sur Internet. Il est donc indispensable de gérer son e-réputation en démarrant un audit sur les moteurs de recherche tels que Google sur sa présence (Personal Branding) et réaliser un bilan sur ce qui se dit sur soi. La révélation des messages privés d’une personne peut atteindre sa réputation et le silence est une option à éviter absolument, l’enjeu demeure dans le temps de réaction face à une situation

de crise. Il est bien entendu recommandé de ne pas céder à la pression des médias pour ne pas tomber dans les erreurs et réagir efficacement par : • La suppression ou le déréférencement des liens indésirables • La mise en place d’une veille sur votre personne pour protéger votre e-réputation • La création des contenus à valeur ajoutée pour votre marque personnelle • L’optimisation de votre présence (Personal branding) sur les réseaux sociaux adaptés • L’optimisation du référencement des liens à contenus positifs

«…NE JAMAIS LAISSER QUELQU’UN COMMUNIQUER SUR INTERNET À VOTRE PLACE OU SANS VOTRE VALIDATION…» En ce qui a trait à votre présence professionnelle en ligne, elle est

primordiale pour votre carrière politique ou professionnelle, notamment pour valider la confiance de vos partenaires potentiels et/ou vos futurs électeurs, et développer votre marque personnelle devant par conséquent être sans reproche et valorisante pour votre expertise métier mais aussi de votre réseau. Ceci commence par la détermination de vos objectifs sur Internet et la mise en place de la stratégie des moyens adaptés à votre profil ainsi que la stratégie d’influence pour développer votre Personal Branding. Quelle meilleure preuve d’expertise professionnelle qu’un blog qui puisse relayer vos connaissances, vos analyses, vos avis, vos centres d’intérêts, vos expériences professionnelles et votre vie politique. Il faut donc créer votre propre blog et traiter régulièrement de l’actualité de votre métier, d’un secteur d’activité ou d’une passion afin de prendre toute la mesure de Personal Branding. Définir la bonne stratégie, le bon ton éditorial, les stratégies d’influence nécessaires pour développer et apporter toute la visibilité que mérite votre image…

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I N NOVATION

PAR ABDELMAJID IRAQUI,

VICE-PRÉSIDENT DE LA CONFÉDÉRATION GÉNÉRALE DES ENTREPRISES DU MAROC (CGEM) RABAT.

LE TRANSFERT DE TECHNOLOGIE, SITUATION ET PERSPECTIVES

L'INNOVATION EST DEVENUE UN ENJEU MAJEUR POUR NOTRE ÉCONOMIE ET NOS ENTREPRISES, CAR AUJOURD'HUI DANS UNE ÉCONOMIE MONDIALISÉE, LA COMPÉTITIVITÉ D'UNE NATION SE MESURE PAR RAPPORT À SA CAPACITÉ D'INNOVATION ET SA MAITRISE DES NOUVELLES TECHNOLOGIES.

N

ous devons réussir le passage d'une économie basée sur les coûts des facteurs tels que la main d'œuvre, vers une économie reposant sur la qualité et l'innovation à même de générer une véritable valeur ajoutée, source de richesse. Aujourd'hui, l'innovation est présente de façon décisive dans l'activité économique, industrielle, agricole et dans les services. La part marocaine dans la valeur ajoutée des produits industriels fabriqués localement doit aller en augmentant grâce à un meilleur taux d'intégration. Ce résultat ne peut être obtenu que par l'innovation et la Recherche et Développement qui doit renforcer la notoriété et l’image du Label Made in Morocco. La même ambition doit nous guider dans le domaine des technologies de 72 N° 48 Juillet 2019

INDUSTRIE DU MAROC

l'information où nous devons asseoir une compétitivité réelle et durable, qui ne reposera plus sur les coûts et les avantages fiscaux de l'offshoring, mais plutôt sur la créativité de nos ressources humaines et la compétence de nos ingénieurs logiciel. Dans les technologies de l’information, nous devons absolument arrêter l’hémorragie de la fuite des cerveaux que nous subissons pour que les ingénieurs formés par notre pays puissent créer, innover et s’épanouir dans les entreprises et les administrations.

Introduire une culture d’innovation Pour cela, nous devons adopter dès à présent une nouvelle culture et accomplir une révolution dans nos façons de penser qui s’applique à l’enseignement, à l’entreprise et à l’État

qui sont les trois acteurs majeurs de la dynamique du transfert de technologie. Cette révolution commence par l’enseignement où nous devons introduire l’innovation et l’entrepreneuriat dans les cursus de formation dans les universités et les grandes écoles. Nos étudiants doivent se familiariser avec les contraintes de l’entreprise, les nouveaux business models, le financement des phases de l’innovation qui vont de l’incubation au développement et à la commercialisation. Il s’agit également d’apprendre à nos étudiants de sortir des sentiers battus et de cultiver le goût de l’originalité, de la créativité et du risque et de s’habituer dès l’école à chercher et proposer des solutions innovantes. Dans ce cadre, la CGEM a déjà signé


I N NOVATION une convention avec le Département de l’Enseignement Supérieur une convention afin de faciliter l’accès des étudiants aux entreprises par le biais de stages et de projets de fin d’études et d’ouvrir les portes de l’entreprise aux enseignants et aux étudiants qui souhaitent y mener des projets de recherche. De même, pour renforcer cette culture de l’innovation, nos entreprises vont être amenées à modifier leurs méthodes de management car en cette période de bataille pour la compétitivité, l’innovation constitue un enjeu majeur, une activité stratégique essentielle et un véritable challenge pour les responsables des entreprises comme pour les équipes de projets d’innovation. Nos entreprises sont appelées à concevoir des modèles de management impliquant le personnel, développant sa créativité, favorisant les prises d’initiative et à rompre avec le modèle classique du système Top Down. Il y a lieu de saluer les efforts et les progrès des entreprises qui se sont engagées dans des démarches d’innovation, que ce soit dans le secteur minier, aéronautique, automobile, informatique, pharmaceutique, énergies renouvelables, etc. Il y a lieu également de saluer les efforts menés par les Associations et les Fédérations Professionnelles de la CGEM, qui ont réalisé des centres techniques pointus, et des clusters qui travaillent sur des projets collaboratifs dont les résultats vont avoir un effet significatif sur la valeur ajoutée de ces branches et sur la balance commerciale. De même, nous enregistrons avec satisfaction les premiers résultats obtenus par les écosystèmes constitués depuis quelques années. L’État de son côté est appelé à soutenir massivement les efforts d’innovation menés aussi bien par les universités que par les entreprises. Il peut s’agir de subventions, de mesures fiscales, d’exonérations, d’incitations, de la création du statut de chercheur, de l’amélioration de l’environnement juridique de l’entreprise innovante, ainsi que de l’arsenal réglementaire visant à protéger la propriété intellectuelle et à

sécuriser le transfert de technologie, et les modes de valorisation. De même, pour encourager l’innovation et le transfert de technologie, l’État devra revoir le décret des marchés publics en vue d’y introduire des dispositions visant à favoriser les offres et les variantes des entreprises qui proposent des solutions innovantes.

NOS ENTREPRISES SONT APPELÉES À CONCEVOIR DES MODÈLES DE MANAGEMENT IMPLIQUANT LE PERSONNEL, DÉVELOPPANT SA CRÉATIVITÉ ET FAVORISANT LES PRISES D’INITIATIVE.

S’adapter aux mutations liées à l’innovation Pour réussir le passage vers cette nouvelle culture de l’innovation, la CGEM est disposée à travailler avec les pouvoirs publics, les universités, et les centres de recherche pour accélérer le transfert de technologie, en mettant en place des modes de collaboration et des mécanismes efficaces et

opérationnels pour réduire le temps qui sépare la conception de la mise sur le marché et améliorer de façon substantielle le financement, les ratios et les indicateurs de dépenses en recherche et développement ainsi que la position internationale du Maroc dans les classements des pays en terme d’innovation. De même, nous devons faire face aux mutations posées par ce rythme accéléré dans l’innovation. Sur le plan des ressources humaines, nous devons absolument arrêter l’hémorragie de la fuite des cerveaux que nous subissons pour que les ingénieurs formés par notre pays puissent créer, innover et s’épanouir dans les entreprises et les administrations. Sur le plan social, nous devons réfléchir dès à présent sur les évolutions de l’organisation, de la révolution du savoir et de la connaissance, les façons de travailler, ainsi que l’évolution des emplois, métiers et des compétences qui seront provoquées par la civilisation de l’innovation et la transformation digitale de nos entreprises. Sur le plan sociétal, nous devons intensifier nos travaux sur l’innovation en vue de faire face aux grands défis planétaires posés par la dégradation de l’environnement et du changement climatique. Le transfert de technologie entre l’université, les centres de recherche et l’entreprise doit concentrer ses efforts sur des thématiques telles que les énergies renouvelables, le traitement des déchets, l’agriculture verte ou la préservation des ressources en eau. Nous devons concevoir des nouveaux produits et des nouveaux modèles économiques en liaison avec le développement durable parce que ce dernier concerne non seulement notre génération mais également les générations à venir. Dans le même ordre d’idées, nous devons, dès à présent préparer notre société aux mutations induites par l’intelligence artificielle et ses répercussions sur les relations humaines, sur l’organisation de l’entreprise et son capital humain, et sur les répercussions psychologiques et sociologiques.

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INDUSTRIE DU MAROC


I N NOVATION

Application mobile

Dalal SADDIQI.

CODE FIDO, LA NOUVELLE APPLICATION QUI PROMET DE RÉVOLUTIONNER L’ADRESSAGE AU MAROC POUR RÉSOUDRE LE PROBLÈME D’ADRESSAGE AU MAROC, LA SOCIÉTÉ MAROCAINE CPE-INC. INNOVE AVEC LE LANCEMENT D’UNE APPLICATION GRATUITE «CODE FIDO». DORÉNAVANT, DÉSIGNER UN EMPLACEMENT SERA AUSSI FACILE QUE PARTAGER UN NUMÉRO DE TÉLÉPHONE, PROMETTENT LES CONCEPTEURS DE L’APPLI DISPONIBLE POUR LES ZONES CASABLANCA, RABAT, MARRAKECH ET KÉNITRA ET BIENTÔT POUR LE RESTE DU MAROC.

L

’adressage actuel au Maroc est un système de localisation archaïque et dépassé qui ne répond plus aux besoins actuels. Utilisé depuis le début du 2Oieme siècle, ce système est imprécis et non adapté au monde de l’intelligence artificielle et aux moyens 74 N° 48 Juillet 2019

INDUSTRIE DU MAROC

de communication actuels. Au Maroc, la nomination des rues ne suit aucune logique, ce sont des noms propres, en majorité en arabe, qui génèrent énormément d’erreurs de traduction lors de l’utilisation d’applications de navigations. Pour les endroits à

l’extérieur des villes, c’est encore plus problématique : des zones noires qui ne disposent tout simplement pas d’adresses. Des codes de 6 caractères qui quadrillent le pays Pour résoudre ce problème d’adressage


I N NOVATION au Maroc, la société marocaine CPE-inc. innove avec le lancement d’une nouvelle application gratuite baptisée «Code Fido». Cette application fournit un moyen simple et précis pour désigner un emplacement. Pour se faire, on a divisé le Maroc en milliards de carrés de 16m², et chaque carré possède un code unique et permanent de 6 caractères, comme par exemple «H3T N5D». Des codes privés de 6 caractères qui quadrillent un pays, incluant son littoral maritime, au mètre près est une première en Afrique. Un quadrillage qui inclut aussi bien les villes et les régions, que les zones reculées et inaccessibles du Maroc, du nord au sud, de l’est à l’ouest, sans oublier sa façade maritime. Les codes générés par ce système sont faciles à apprendre et à communiquer contrairement aux noms des rues longues et difficiles à épeler. Visualiser un carré sur une carte est plus pratique qu’un nom de rue, partager des codes est plus simple qu’une adresse et finalement un code désignant une surface de 16 m2 est plus précis qu’une rue de plusieurs centaines de mètres. Dorénavant, désigner un emplacement sera aussi facile que partager un numéro de téléphone, que ce soit pour localiser l’emblématique Mosquée Hassan II de Casablanca, qu’une parcelle agricole au

milieu de nulle part. Fini les indications approximatives aux livreurs, ou la recherche d’adresses incompréhensibles et introuvables ni pour les touristes ni pour les locaux, fini les ambulances ayant du mal à localiser une personne en détresse où chaque seconde compte, fini ce sentiment de frustration à essayer de trouver une adresse au Maroc. Plusieurs domaines verront leurs activités affectées positivement suite à l’adoption du système Fido, à savoir: les services postaux, la logistique et la navigation mobile, la livraison, le tourisme en passant par les banques, les institutions et la sécurité nationale, sans oublier les services d’urgence et la gestion des biens. Pour les services postaux, les banques et les institutions gouvernementales, le Code FIDO offre un moyen fiable et instantané d’attribution d’adresses aux concernés avec ou sans adresse postale. Cela signifie que les services postaux peuvent livrer rapidement et plus efficacement leurs clients n’importe où, un compte bancaire pour tout le monde et un meilleur recensement de la population marocaine. Coté tourisme, de nombreux endroits, parmi les plus extraordinaires au Maroc, n’ont pas d’adresse, ou des adresses en arabe qu’il va falloir traduire

pour pouvoir les injecter dans Google Maps par exemple, difficile donc de les localiser à moins d’embaucher un guide touristique. Le Code Fido va ainsi permettre aux professionnels du tourisme de partager l’emplacement exact de leurs établissements avec un code de 6 caractères sans aucune possibilité d’erreur. Leurs hôtes ne risquent plus de se perdre dans un pays étranger où tout est différent. De plus, adopter ce nouvel outil pour se localiser aidera, sans aucun doute, à promouvoir l’image du tourisme et celle de la destination «Maroc» à travers le monde. Quant aux situations d’urgence, elles peuvent se produire n’importe où et n’importe quand, qu’il s’agisse d’un véhicule en panne, d’un accident de la route ou d’un incendie de forêt. Un code à 6 caractères est rapide à communiquer pour localiser un endroit précis – n’importe où au Maroc – les équipes d’intervention peuvent coordonner rapidement leurs opérations et sauver des vies. Le «Code Fido» est disponible pour les zones Casablanca, Rabat, Marrakech et Kénitra et bientôt pour le reste du Maroc. L’application est téléchargeable sur Google Play gratuitement, et sera disponible sur iOS très prochainement.

Abdelhafid EL BOUANANI,

L

e projet Fido est une innovation purement marocaine et tout le développement a été fait au Maroc par CPE Ink, une société marocaine qui est dans l’innovation et qui offre des services d’ingénierie. Certes, il n’y a pas plus précis que Google maps, mais les coordonnées comprennent une vingtaine voire une trentaine de chiffres, car cela est géolocalisé. L’application mobile Fido développée par CPE Ink. a innové en utilisant une méthode différente. Nous avons découpé tout le territoire marocain pendant plus de 6 mois en carreaux de 4mX4m, soit 16m² et chaque carreau a une adresse que nous avons liée à l’adressage

General ManagerCPE Ink. GPS, donc chaque carreau de territoire a une adresse fixe de 4 lettres et 2 chiffres. L’essentiel pour nous sur ce projet c’est par exemple que lorsque vous commandez une pizza, vous n’allez plus donner d’adresse, car cela mène souvent à des erreurs… en plus lorsque cela est écrit en arabe cela se complique. Donc au lieu de donner des adresses, vous allez générer votre code unique dépendamment de votre position et, une fois que vous le communiquez, votre correspondant va se connecter sur l’application et taper le Code Fido. ll aura alors un carré précis de l’endroit où vous vous trouvez. Bien sûr, chaque utilisateur pourra avoir une adresse. N°48 Juillet 2019 75

INDUSTRIE DU MAROC


AUTO

E-COMMERCE

Samia ROCHDI.

PIÈCES DÉTACHÉES : MISTER-AUTO.MA BOOSTE SON OFFRE EN PROPOSANT 400.000 RÉFÉRENCES UN AN APRÈS SON LANCEMENT AU MAROC, MISTER AUTO, FILIALE DU GROUPE PSA, ACCÉLÈRE SON DÉVELOPPEMENT POUR RÉPONDRE AUX FORTES ATTENTES DU MARCHÉ MAROCAIN EN MATIÈRE DE PIÈCES DÉTACHÉES.

E

n avril 2018, Mister Auto se lançait au Maroc en proposant une offre en rupture avec le commerce traditionnel de pièces détachées. Doté d’un catalogue de 6.000 références, Mister Auto a su associer un service innovant de vente en ligne, un large choix de produits certifiés d’origines équipementiers et des prix attractifs, visibles par tous. Très vite, Mister Auto Maroc s’est vu attribuer le premier label Salamatouna, label étatique de certification de la traçabilité des pièces de rechange. Ce dispositif ambitionne d’assainir l’ensemble du circuit de

distribution des pièces de rechange automobiles au Maroc et de garantir la sécurité du consommateur en lui permettant d’identifier les entreprises et les points de vente qui commercialisent des pièces de rechange authentiques.

Un large choix de pièces à prix compétitifs Cette première année d’exploitation a permis à Mister Auto de confirmer l’appétence des clients marocains pour ce modèle de distribution des pièces de rechanges online et de séduire les particuliers comme les professionnels

grâce à son large choix de pièces à prix compétitifs. Fort de cette analyse et afin de répondre à la demande croissante du marché, Mister Auto Maroc complète son offre par l’accessibilité et la disponibilité du catalogue européen. Désormais, particuliers et professionnels pourront accéder à 400 000 références dans 330 catégories différentes : freins, filtres, suspension, embrayage et accessoires auto, manufacturés par 80 équipementiers. Une offre pneu unique de 4 000 références de fabrication européenne est aussi proposée aux consommateurs marocains.

«Nos clients ont plébiscité la transparence des prix et la disponibilité réelle des pièces, mais ils nous ont interpellés pour que notre offre soit plus complète. C’est ce que nous venons de mettre en place pour répondre aux besoins du marché. Pour y arriver, nous combinons le catalogue de Mister Auto Europe et l’organisation logistique de PSA. Nous pouvons ainsi offrir aux consommateurs marocains un très large choix de produits à petit prix et une traçabilité maximale. Quant aux pneus, nous avons pris la décision de proposer uniquement de la fabrication Europe afin de garantir la meilleure qualité possible», Thomas Bincaz, Country Manager de Mister Auto Maroc. 76 N° 48 Juillet 2019

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INDUSTRIE DU MAROC


NTIC

TELECOM

Samia ROCHDI.

VIVO SMARTPHONE S'INSTALLE AU MAROC LE FABRICANT CHINOIS DE SMARTPHONES HAUT DE GAMME VIVO SMARTPHONE S'INSTALLE SUR LE MARCHÉ MAROCAIN CET ÉTÉ ET VEUT FAIRE DÉCOUVRIR L'UNIVERS DE SA MARQUE AUX MAROCAINS.

L

’implantation de Vivo Smartphone au Maroc vient concrétiser “l’ambition de la marque de transposer son fort succès international dans le Royaume et de porter ses valeurs au plus près des consommateurs de Vivo Morocco, à savoir une technologie de pointe, des designs avant-gardistes et une fiabilité sans faille”, déclare Vivo Smartphone dans un communiqué. Déjà identifiée par les connaisseurs de jeux

vidéo pour son partenariat avec le célèbre jeu PUBG, ainsi que par les amateurs de sport pour son sponsoring officiel de la Coupe du Monde FIFA Russie 2018 et Qatar 2022, Vivo smartphone entend faire découvrir aux consommateurs marocains “l’univers révolutionnaire de la marque, déjà forte d’une solide renommée internationale et d’une expérience utilisateurs concluante”.

12 + 6 mois de garantie Pour preuve de la qualité supérieure de ses produits et de leur fiabilité, Vivo Smartphone offrira à tous les utilisateurs marocains une garantie de 18 mois sur tous ses produits vendus au Maroc en 2019, soit 6 mois de plus que la moyenne de ses concurrents, souligne le groupe, notant que le trio technologie, style et service après-vente sont les fers de lance de la stratégie de l’entreprise, en plus d’un maillage territorial important afin de placer le consommateur au centre de ses préoccupations. Un nouveau smartphone Vivo Morocco La même source note que Vivo Morocco s’apprête à lancer, dès le mois de juillet 2019, un nouvel appareil aux caractéristiques techniques de haute volée, au design résolument élégant, à un prix abordable. Le directeur général de Vivo Maroc s’est dit certain de pouvoir transposer le succès international de Vivo Smartphone au Maroc et redéfinir les règles du marché grâce à leurs produits révolutionnaires en termes de design et au prix le plus compétitif possible. Ainsi, les utilisateurs à la recherche de style, en particulier les jeunes, seront bientôt invités à découvrir ce nouveau produit, mélange parfait entre technologie, mode et fiabilité, sans oublier la tranquillité assurée par la garantie de 12 + 6 mois, par ailleurs valable sur chaque produit acheté en 2019. 78 N° 48 Juillet 2019

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