JOURNAL CULTUREL DE L’ABITIBI-TÉMIS C AMINGUE - OC TOBRE 2021 - VOL 13 - NO 02
GRATUIT
BÉATRIZ MEDIAVILLA
FEMME D’ACTION + SPÉCIAL NOUVEAUX ARRIVANTS
08
FCIAT : 40 ANS DE S OUVENIRS
11
UN SPEC TACLE DE DONJONS ET DRAGONS
14
LE 6 E C ABARET DES MOTS EN TOURNÉE
21
DÉCOUVRIR L’AUTRE PAR L A CUISINE
24
DU BURKINA FAS O À MAC AMIC
L’indice bohémien est un indice qui permet de mesurer la qualité de vie, la tolérance et la créativité culturelle d’une ville et d’une région. 150, avenue du Lac, Rouyn-Noranda (Québec) J9X 4N5 Téléphone : 819 763-2677 - Télécopieur : 819 764-6375 indicebohemien.org
DISTRIBUTION
ISSN 1920-6488 L’Indice bohémien
L’Indice bohémien poursuit sa distribution en respectant les mesures de santé et de sécurité. Pour devenir un lieu de distribution, contactez
Publié 10 fois l’an et distribué gratui tement par la Coopérative de
CHRONIQUES
Valérie Martinez à direction@indicebohemien.org.
solidarité du journal culturel de l’Abitibi- Témiscamingue, fondée en novembre 2006, L’Indice bohémien est un journal socioculturel régional et
Merci à l’ensemble de nos collaboratrices et collaborateurs bénévoles pour
CULTURAT 27
indépendant qui a pour mission d’informer les gens sur la vie culturelle et
leur soutien et leur engagement.
ÉDITORIAL 3
les enjeux sociaux et politiques de l’Abitibi-Témiscamingue.
ENVIRONNEMENT 10
Voici nos collaborateurs bénévoles pour ce numéro :
HISTOIRE 35
CONSEIL D’ADMINISTRATION
L’ANACHRONIQUE 6
Marie-Déelle Séguin-Carrier, trésorière | Ville de Rouyn-Noranda
MRC D’ABITIBI
MA RÉGION, J’EN MANGE
Joanie Harnois, secrétaire | Ville de Rouyn-Noranda
Jocelyne Bilodeau, Josée Bouchard, Valérie Castonguay, Jocelyne Cossette,
Annie Quenneville | MRC d’Abitibi
Paul Gagné, Gaston Lacroix, Martine Lampron, Monique Masse, Mathieu Proulx,
Lyne Garneau | Ville de Rouyn-Noranda
Manon Viens et Sylvie Tremblay.
37
SOMMAIRE
Pascal Lemercier | Ville de Rouyn-Noranda
À LA UNE
5
ARTS VISUELS
18
Michaël Pelletier-Lalonde | MRC de la Vallée-de-l’Or
Raphaël Morand, Sophie Ouellet et Mario Tremblay.
BALADO 31
DIRECTION GÉNÉRALE ET VENTES PUBLICITAIRES
CINÉMA
7 ET 8
MRC D’ABITIBI-OUEST
Valérie Martinez
VILLE DE ROUYN-NORANDA
FESTIVAL 11
direction@indicebohemien.org
Gilles Beaulieu, Anne-Marie Lemieux, Suzanne Ménard, Annette St-Onge et
LITTÉRATURE
12 À 16
819 763-2677
Denis Trudel.
NOUVEAUX ARRIVANTS
20 À 26
PLEIN AIR
28
RÉDACTION ET COMMUNICATIONS
MRC DE TÉMISCAMINGUE
Jade Bourgeois, coordonnatrice
Émilie B. Côté, Véronic Beaulé, Carole Marcoux.
THÉÂTRE 33
redaction@indicebohemien.org 819 277-8738
MRC DE LA VALLÉE-DE-L’OR
Valentin Brin, éditorialiste invité
Julie Allard, Nicole Garceau, Rachelle Gilbert, Anik Lajeunesse,
Lise Millette, collaboratrice à la une
Renaud Martel, Brigitte Richard et Ginette Vézina.
RÉDACTION DES ARTICLES ET DES CHRONIQUES
CONCEPTION GRAPHIQUE
Alice Allard, Jade Bourgeois, Pascale Charlebois, Gabrielle Demers, Joanie Dion,
Feu follet
Maxime Dupuis, Stéphanie Fortin, Régis Henlin, Gabrielle Izaguirré-Falardeau, Mélissa Jacob, Marjolène Leconte, Aurore Lucas, Philippe Marquis,
CORRECTION
Ariane Milot, Michèle Paquette, Michaël Pelletier-Lalonde, Christiane Pichette,
Geneviève Blais
Marta Saenz de la Calzada, Geneviève Saindon-L’Écuyer, Caroline Sigouin et Rodrigue Turgeon.
IMPRESSION Imprimeries Transcontinental
COORDINATION RÉGIONALE Danaë Ouellet | MRC d’Abitibi
TYPOGRAPHIE
Louise Magny | MRC d’Abitibi
Carouge et Migration par André SImard
Sophie Ouellet | MRC d’Abitibi-Ouest Alex Turpin-Kirouac | Ville de Rouyn-Noranda Véronic Beaulé | MRC de Témiscamingue Stéphanie Poitras | MRC de la Vallée-de-l’Or
EN COUVERTURE La réalisatrice Béatriz Mediavilla parle de sa nouvelle œuvre,
Certifié PEFC
Axiomata.
Ce produit est issu de forêts gérées durablement et de sources contrôlées
Photo : Béatriz Mediavilla PEFC/01-31-106
2 OCTOBRE 2021 L’INDICE BOHÉMIEN
www.pefc.org
- ÉDITORIAL -
NE PAS FAIRE D’UN MOYEN UNE FIN VALENTIN BRIN
Selon le recensement de 2016, la population ayant immigré au Québec et résidant dans la région de l’Abitibi-Témiscamingue était de 2 135 personnes, soit 1,5 % de la population totale du territoire. Notre région accueillait alors 0,2 % des personnes ayant immigré au Québec, se classant comme l’une des pires de la province (devant la Gaspésie-Îles de La Madeleine, et la Côte-Nord et Nord-du-Québec). Dans le contexte économique que nous connaissons, ces personnes représentent une forme de rareté aux yeux de certains et notre capacité à les retenir est au cœur des discussions. La rétention cristallise actuellement bon nombre des actions qui sont entreprises à l’égard des personnes immigrantes. Pourtant, ce terme, rétention, renferme des sens, ou des schémas de pensée qui mériteraient que l’on s’y attarde davantage. S’il est un mot en particulier qui, depuis quelques mois, sur lequel je m’interroge, il s’agit bien de celui-ci. Premièrement, parce qu’avant mon arrivée au Québec en 2014, ce mot relevait pour moi du champ lexical du milieu carcéral. En France par exemple, la rétention appliquée à l’immigration est une mesure permettant de maintenir dans un lieu fermé un étranger qui fait l’objet d’une décision d’éloignement, dans l’attente de son renvoi forcé. En des termes plus simples, la rétention est une sanction administrative qui conduit à l’emprisonnement des personnes immigrantes. Depuis plusieurs mois, je suis plus que jamais à la recherche d’une explication me permettant de comprendre comment ce mot est à la fois employé dans la francophonie pour désigner un processus de privation de liberté des personnes immigrantes, mais aussi pour désigner un processus rattaché au développement de l’immigration. Comment un mot avec de telles connotations coercitives peut-il être aussi généralement rependu pour évoquer une stratégie à l’intention des personnes immigrantes sans que son usage soit remis en doute? Nos compétences interculturelles sont-elles si pauvres que nous ne considérons pas les significations que peuvent avoir certains termes aux oreilles des candidats à l’établissement en région? Deuxièmement, parce qu’après quelques recherches, j’ai découvert qu’ici, l’usage de ce terme découle d’un emprunt à la sémantique anglaise qui renvoie à une pratique de gestion des ressources humaines : la rétention du personnel (employee retention). Bien que je sois relativement en accord avec cette pratique de gestion, je m’inquiète à ce qu’elle déborde des entreprises jusqu’à se généraliser dans le discours politique. En effet, ce processus est défini par l’Office québécois de la langue française (OQLF) comme celui « mis en œuvre pour retenir un salarié au sein d’une organisation ou dans un poste donné, en lui offrant des avantages pécuniaires plus alléchants que ceux des concurrents ou, au contraire, en le décourageant de partir par des contraintes faisant en sorte qu’il subisse une perte importante ». En fait, la question que je me pose est la suivante, par extension de sens, ne considérons-nous pas autrement les personnes immigrantes que comme des ressources humaines? Devons-nous réellement, en
Bien que la politique migratoire actuelle soit corrélée à l’économie, faisons en sorte que les initiatives d’accueil et d’intégration soient corrélées à l’humain.
tant que communauté d’accueil, mettre en place des stratégies de développement sociales héritées de la gestion des ressources humaines? Ne devrions-nous pas plutôt les considérer pour ce qu’ils sont réellement et arrêter de les considérer comme une variable économique? Si tel était le cas, nous ne pourrions pas nous étonner que des individus décident pour des raisons qui leur sont propres de quitter la région. Nous ne devrions pas les contraindre dans leurs libertés et surtout ne pas nous immiscer dans leur décision personnelle. Le parcours des nouveaux arrivants en Abitibi-Témiscamingue, qu’ils soient originaires d’une autre région ou d’un autre pays, est en premier lieu motivé par des choix, ce sont donc des personnes avec un grand sens de la liberté et du courage. Quand j’ai décidé, à l’âge de 21 ans, de quitter ma région natale française pour venir étudier à Trois-Rivières, j’étais animé par ce désir de liberté. J’étais motivé par un choix, celui de voyager, mais aussi de découvrir un autre pays. De la même manière, lorsque j’ai quitté Trois-Rivières pour venir m’installer à Rouyn-Noranda, j’étais motivé par des raisons personnelles. Et finalement, lors de chacune de mes prises de décisions, aucune mesure avantageuse ou contraignante n’aurait pu me retenir. Il y a une part importante dans la migration qui relève de l’intime et face à ça, contrairement au milieu de l’emploi et de la gestion des ressources humaines, aucune mesure de rétention ne devrait interférer. Bien que la politique migratoire actuelle soit corrélée à l’économie, faisons en sorte que les initiatives d’accueil et d’intégration soient corrélées à l’humain. En tant que communauté d’accueil, parlons d’installation durable plus que de rétention.
NOVEMBRE
15 H À 20 H
L’INDICE BOHÉMIEN OCTOBRE 2021 3
4 OCTOBRE 2021 L’INDICE BOHÉMIEN RÉGIS MASSICOTTE
RÉGIS MASSICOTTE
DOMINIC LECLERC
- À LA UNE -
BÉATRIZ MEDIAVILLA, FEMME D’ACTION! LISE MILLETTE
Primée notamment au Festival des films sur l’art à Montréal et au Fine Art Film Festival de Californie pour son film Habiter le mouvement, on pourrait aisément dire que ce titre est taillé sur mesure pour dépeindre Béatriz Mediavilla, la réalisatrice. Attirée par la danse, le cinéma, le goût d’ailleurs, cette Rouyn-Norandienne au pas assuré haute perchée sur ses longues jambes est profondément fascinée par le mouvement. « J’ai toujours été juste sur une patte, plusieurs choses en tête. J’ai besoin d’être ailleurs, besoin de sentir que je vais quelque part », dit-elle. AXIOMATA Sa dernière œuvre, Axiomata, s’inspire des lois de Newton. C’est un défi audacieux et singulier à la fois que d’imager par la danse des principes de physique de Newton! Néanmoins, pour celle dont les deux parents étaient physiciens, on peut dire sans même s’en étonner que la pomme… n’est pas tombée loin de l’arbre.
RÉGIS MASSICOTTE
« Les lois de Newton, Axiomata en latin, représentent ma vision personnelle. C’est comme si ces principes de physique m’avaient permis de mieux comprendre mon corps. Ce sont des lois universelles qui s’appliquent à tout », explique-t-elle. L’objectif n’est toutefois pas d’en faire un essai scientifique magistral au cinéma, mais bien de traduire et d’étudier les principes de Newton par les mouvements du corps. « J’ai une fascination pour les corps. Lorsque j’ai été initiée à la danse par Lynn Vaillancourt, j’ai enfin senti que j’avais trouvé mon truc après plusieurs tentatives sportives qui ne fonctionnaient pas du tout. J’aime les aspects d’expression corporelle et artistique de la danse ». Dans son désir de comprendre le mouvement, Béatriz Mediavilla s’y intéresse de manière universelle et inclusive. On la sent d’ailleurs particulièrement reconnaissante d’avoir pu entrer dans cet univers par l’entremise de Lynn Vaillancourt qui n’a jamais imposé de standards corporels à ses élèves. « Je n’ai pas connu cette pression. Je sais que c’est encore très présent et que des standards s’imposent par rapport à une abstraction sociale qui ne repose sur aucun fondement : c’est absurde! »
SE LAISSER PORTER Sans parler de hasard ou de concours de circonstances, Béatriz Mediavilla se laisse porter par le courant. Ses projets, qui font flèche de tout bois, naissent au fil de l’eau, et sont le fruit de rencontres sur son chemin. Elle ne défoncera pas la porte pour faire entrer une idée, elle ose plutôt pousser tout doucement une ouverture qui lui permet de déposer une idée germée qui s’épanouit ensuite. « J’ai plusieurs projets en cours. Je me sens privilégiée de pouvoir faire tout ça ici. C’est très dynamique régionalement en ce moment. À 49 ans, d’avoir cette reconnaissance, je ne me dis pas enfin, mais plutôt merci. Je ne pense pas non plus au prochain. Je n’ai pas de plan de carrière défini, mais de belles synchronicités. »
Que ce soit par le cinéma, avec des films qui voyagent, des écrits qui ont aussi suivi leur chemin, la danse qu’elle n’enseigne plus, mais qui reste là à tournoyer dans son esprit, Béatriz Mediavilla est une femme d’action. Elle se pose peut-être, quelques fois, fait un arrêt sur image devant un paysage à contempler ou enlacée dans un aéroport au terme d’un voyage qui la ramènera en Espagne où elle se sent chez elle, même sans y avoir habité. Son œil avisé se posera sur une scène ou une autre dans son film qui, est-il permis de le souhaiter, pourrait se glisser dans la programmation du Festival de cinéma international en Abitibi-Témiscamingue? À tout le moins, poète des scènes juxtaposées, elle signera les capsules du 40e anniversaire de l’événement. L’INDICE BOHÉMIEN OCTOBRE 2021 5
- L’ANACHRONIQUE -
BIENVENUE PHILIPPE MARQUIS
Ce souvenir me revient alors que je songe à tous ces gens que nous accueillerons dans les prochaines années. Toutes ces personnes, débarquées après un parcours parsemé d’innombrables difficultés. Elles qui ont quitté leur pays et parfois la pauvreté, la guerre, la dictature ou l’insécurité. Elles nous arrivent pleines d’espoir. Ces gens qui, avant de simplement toucher à l’immensité de notre territoire, voudront pouvoir travailler dignement. Vivre en paix, avec leur famille et nous. J’avais alors sept ans. Nous venions d’arriver à Rouyn, car c’était Rouyn à l’époque. Mon père avait un nouvel emploi et nous avions quitté Amos au mois d’août. J’arrivais devant l’école Mère-Bruyère en ne sachant pas du tout que faire. Aucun des enfants présents ne m’était connu. Le souvenir que j’en ai maintenant est celui d’un petit garçon gêné, immobile et inquiet. Puis Serge Perron, qui avait le même âge que moi, vient me voir. Il me demande si j’avais été à Mazenod, une école primaire que je ne connaissais pas. Je réponds que non, j’étais à Amos, à l’école Christ-Roi. Je me rappelle ses grands yeux bleus qui m’invitent à le suivre. Lui aussi en était à sa première année à cette nouvelle école, mais il venait de la place. Je l’ai suivi, nous sommes entrés et nous allions être, par chance pour moi, dans la même classe, celle de Mme Vézina.
Cela s’est passé il y a longtemps, mais je suis demeuré à Rouyn-Noranda et m’y suis toujours senti chez moi. Évidemment, ce n’est pas uniquement grâce à Serge, car l’accueil vient de toute une communauté, mais il a été le premier à me tendre la main. La population régionale vieillit et des milliers des nôtres partent à la retraite. Il manque de gens pour prendre la relève. La pénurie de personnel frappe les hôpitaux, les cuisines, les chantiers, les écoles, les bureaux, etc. Nous avons besoin aussi, à mon avis, de regards neufs pour rêver notre avenir collectif. On te réclame à grands cris, toi qui immigrerais ici. Beaucoup t’espèrent alors que notre gouvernement restreint ta possibilité de venir vivre avec nous. Vous n’êtes, présentement, qu’un peu plus de 40 000 par an. C’est trop peu. Il vous faudrait être au moins deux fois plus nombreux. Au moins… Pour t’accueillir convenablement, il nous faut accepter plus facilement tes diplômes, t’offrir des cours pour que tu apprennes notre langue si nécessaire, il ne faut pas te faire attendre sur des listes éternellement avant de t’accorder ta résidence permanente. Puis, il te faudra un bon logement à prix raisonnable. Tout cela, bien avant la première main tendue. Par la suite, tes enfants pourront croiser d’autres Serge dans la cour d’école…
JE SOUTIENS L’INDICE BOHÉMIEN
!
6 OCTOBRE 2021 L’INDICE BOHÉMIEN
En contribuant à la hauteur de 20 $ ou plus, une fois par année, je participe à la santé financière de mon journal culturel et je peux lire GRATUITEMENT tous les mois une nouvelle édition.
FORMULAIRE DE DON
AU PROFIT DE DE L’INDICE BOHÉMIEN Pour contribuer au journal, libellez un chèque au nom de L’Indice bohémien et postez-le au 150, avenue du Lac, Rouyn-Noranda (Québec) J9X 4N5 Prénom et nom :
Téléphone/Courriel :
- CINÉMA -
FCIAT : HOMMAGE À UNE LONGUE AMITIÉ AVEC GILLES CARLE MAXIME DUPUIS
C’est ce à quoi vont remédier très prochainement deux artistes visuelles de la région :Marthe Julien et Zoé Julien-Tessier. L’idée est de créer un parcours qui s’étend dans la ville de Rouyn-Noranda, en zone urbaine et en zone rurale, où des œuvres de Gilles Carle seront exposées.
COURTOISIE
FILM D’OUVERTURE 2021
L’affiche du 40e Festival de cinéma international en Abitibi-Témiscamingue (FCIAT) est une œuvre de Gilles Carle. Qui de mieux que cet ami de longue date du festival, un cinéaste qui a grandi à Rouyn-Noranda, pour nous présenter cette édition toute spéciale? On connaît bien le réalisateur, peut-être moins le peintre et le dessinateur.
Une vingtaine d’affiches seront donc installées dans autant d’endroits. Un dépliant permettra aux amateurs d’art de faire le trajet dans son entièreté. Selon Marthe Julien, le plus difficile a été de faire des choix parfois crève-cœur. Les deux artistes ont dû faire une sélection à partir d’une banque d’images numérisées comprenant plus de 400 œuvres de Gilles Carle. La collection disponible étant très riche, il fallait quand même en sélectionner quelques-unes. « On a ciblé certains quartiers et des endroits très différents les uns des autres pour faire découvrir l’œuvre de Gilles Carle à un large un public », indique l’artiste visuelle qui ajoute qu’il y aura une sorte d’adéquation entre le lieu choisi et l’œuvre présentée. Autant dans les formes que dans les thèmes, l’œuvre sera au diapason avec son lieu de diffusion, mais aussi avec les gens qui sont susceptibles de la croiser. L’œuvre plastique de Gilles Carle étant très varié – on passe de l’aquarelle, aux dessins, à la peinture –, il semblait très naturel pour Marthe et Zoé de trouver des lieux d’exposition tout aussi hétéroclites. On pourra donc voir ces œuvres dans des commerces, des musées, des écoles, mais aussi dans des endroits plus audacieux dont nous devons réserver la surprise au lecteur. Outre de faire la promotion de l’œuvre de Gilles Carle, l’exposition servira de publicité au Festival du cinéma dont l’édition 2021 partagera le style graphique et les couleurs du cinéaste. Les deux artistes souhaitent tout de même une certaine pérennité pour leur exposition : on préférera des dimensions plus petites à de grandes affiches pour bien se mêler avec le milieu d’accueil. Tant que les responsables des endroits de diffusion seront enclins à garder les œuvres, l’exposition pourra vivre et continuer d’attirer les curieux. Cette démarche artistique a aussi pour but de faire connaître la Fondation Maison Gilles-Carle, dont la mission est d’offrir soutien et répit aux personnes proches aidantes. C’est dans cette optique que Chloé Sainte-Marie, vice-présidente, fondatrice et porte-parole de la fondation, collabore avec enthousiasme à cette exposition.
L’INDICE BOHÉMIEN OCTOBRE 2021 7
- CINÉMA -
LE FESTIVAL DE CINÉMA INTERNATIONAL EN ABITIBI-TÉMISCAMINGUE : 40 ANS DE SOUVENIRS INOUBLIABLES GABRIELLE DEMERS
Le Festival de cinéma international en Abitibi-Témiscamingue (FCIAT) a 40 ans cette année. Pour les plus jeunes, il a toujours fait partie du paysage culturel abitibien. Pour les plus vieux, qui l’ont vu naître et grandir, il est un objet de fierté et d’appartenance. 40 ANS : UN FESTIVAL À VIE ET À GRANDEUR D’HOMME!
M. Matte a eu la générosité de nous offrir quelques-unes des meilleures anecdotes des 40 dernières années, qu’il a découpées selon l’évolution du festival. LES PREMIÈRES ANNÉES : LA FOLLE JEUNESSE DU FCIAT Au milieu des1980, alors que Philippe de Broca présente son film Louisiana, dans lequel joue sa femme de l’époque, Margot Kidder (la première Lois Lane des franchises Superman), l’équipe du FCIAT organise une conférence de presse pour l’occasion, dans un bar de Montréal. Or, la réalité dépasse vite la fiction, mais surtout les attentes et l’organisation! L’actrice, alors des plus populaires, a convié moult journalistes, pour la plupart anglophones et peu connus de l’équipe de festival. Chacun réclame 5 minutes avec elle, mais le temps manque terriblement. Les locaux débordent, les organisateurs sont médusés devant les proportions de la rencontre, et il faut attendre les entrevues et les projections à Rouyn pour offrir au couple un semblant de calme… mais pas de succès. L’ADOLESCENCE TROUBLE C’est l’année de la présentation d’Un zoo la nuit (1987), de Jean-Claude Lauzon, que le festival connaît une nouvelle aventure. Après un succès phénoménal à Cannes, Lauzon quitte les journalistes de Toronto en furie : il en a assez du 8 OCTOBRE 2021 L’INDICE BOHÉMIEN
COURTOISIE
Le FCIAT a toujours été un gage de succès et le résultat de plusieurs mois de labeur acharné. Sa popularité le démontre bien. Cependant, Jacques Matte, l’un des membres fondateurs et le directeur du Théâtre du cuivre, me confiait récemment que le festival a bien grandi, depuis ses débuts, et que les erreurs passées ont parfois été rocambolesques! On apprend de nos bourdes, et certaines font de meilleures anecdotes que d’autres! En effet, avant que le Festival ait l’erre d’aller qu’on lui connaît aujourd’hui, il a parfois fallu user d’ingéniosité, de débrouillardise ou d’audace pour régler quelques situations particulières!
9e édition (1990)
cirque médiatique. Il acceptera cependant de venir présenter son film à Rouyn-Noranda, mais sans journalistes. Il s’initie plutôt à la chasse au faisan avec Claude Lelouche, JeanClaude Labrecque, Jacques Matte et festoie sur les berges du lac Témiscamingue. Lauzon était un être à part, confie M. Matte. Un génie artistique un peu à la Nelligan : une étoile filante et solitaire. LA VIE DE JEUNE ADULTE C’est grâce à Robert Charlebois que Gainsbourg est venu promouvoir Stand the flasher, film qu’il a scénarisé et produit en 1990. Le chanteur chouchou du Québec a fait le relais entre son ami français et l’équipe du FCIAT. Après avoir réussi à venir jusqu’à Rouyn, en avion, sans fumer (!), Gainsbourg offre aux journalistes le spectacle qu’ils attendaient. Il les rencontre un à un et donne un numéro exceptionnel. Si Gainsbourg est l’homme timide classique qui se pavane
derrière un rôle de grand excentrique, il envoute la galerie. Il reçoit les journalistes au whisky, qu’il boit à peine, sans qu’on s’en aperçoive. Il peut ainsi défendre son projet, un film un peu plus difficile, et gagner la visibilité nécessaire. LA PLÉNITUDE DE LA QUARANTAINE Le FCIAT a vécu de grands moments cinématographiques, journalistiques et humains. Il a su vaincre toutes sortes d’épreuves, et il se démarque encore, malgré la multitude d’évènements de cinéma qui existent depuis la création de notre festival. Dans l’univers cinématographique, le festival occupe une place très importante et internationale. Il a vu naître les Jean-Marc Vallée et Denis Villeneuve au travers de leurs courts métrages, et il a aussi eu sa part de premières internationales. Bien que les émissions culturelles disparaissent tranquillement, la popularité du FCIAT ne semble pas en souffrir. Le public, fidèle depuis 40 ans, a appris à
COURTOISIE COURTOISIE
Zoom Jeunesse, 14e édition (1995)
10e édition (1991)
évoluer avec l’offre des films. Les films sous-titrés, d’abord reçus avec un certain scepticisme, sont maintenant totalement appréciés du public. Aussi, les activités entourant le festival permettent à de nouveaux publics de s’initier aux films étrangers, ce qui assure un renouveau constant chez les spectateurs. Ainsi, tout le réseautage que les membres du festival ont pu bâtir depuis ces années porte ses fruits : on réserve au FCIAT des primeurs, des films exclusifs, bref, des évènements à la hauteur des premiers rêves du trio bâtisseur. LE TEMPS DES RÉCOMPENSES Si le festival propose quelque 150 films et décerne des prix dans 7 catégories chaque année, il en reçoit aussi, des distinctions. Depuis 1985, il a obtenu 24 prix, gages de l’excellent travail de l’équipe derrière l’évènement : prix de la Chambre du commerce de Rouyn-Noranda, Prix d’excellence en arts et culture de l’Abitibi-Témiscamingue, Grand Prix du tourisme québécois, Mention du festival Rendez-vous du cinéma québécois à Montréal, médaille de l’Assemblée nationale, doctorat honoris causa remis par l’UQAT, etc. Les prix sont aussi variés que mérités. Et sans la grande famille du festival, qui inclut les membres fondateurs, les membres du conseil d’administration, le personnel, les bénévoles (et le public!), rien ne serait pareil. Après tout, il y a plus d’une génération qui a côtoyé le FCIAT! Bon festival! L’INDICE BOHÉMIEN OCTOBRE 2021 9
- ENVIRONNEMENT -
ESPÈCE NATURALISÉE AURORE LUCAS, CHARGÉE DE PROJETS AU CONSEIL RÉGIONAL DE L’ENVIRONNEMENT DE L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE
En biologie, on parle d’espèce naturalisée lorsque l’espèce parvient à s’implanter naturellement dans son nouvel environnement. La marguerite blanche (Leucanthemum vulgare) et le pissenlit officinal (Taraxacum officinale) sont d’excellents exemples. Ce n’est pas un secret pour personne, l’Abitibi-Témiscamingue regorge de descendants d’immigrants et de nouveaux arrivants colorés qui embellissent notre culture et notre patrimoine, un peu à l’image des champs colorés par des fleurs naturalisées. TERRITOIRE D’ACCUEIL Ayant fait des études en écologie en France, je connaissais déjà, avant même de mettre un pied sur le territoire témiscabitibien, des arbres par leurs noms scientifiques. Je savais aussi que la région est dans une zone de transition entre différents domaines bioclimatiques. Ces zones de végétation se succèdent selon les latitudes, en commençant de la forêt boréale mixte au sud vers une forêt boréale résineuse plus au nord. Au-delà de ces notions très théoriques, et peu importe mes connaissances initiales, quelqu’un finit toujours par dire quelque chose comme : « Tu verras, l’Abitibi-Témiscamingue, c’est une épinette, un lac. Une épinette, un lac. Une épinette un lac… » Il est bien vrai que les épinettes règnent en maître parmi les milliers de lacs. Toutefois, j’ai rapidement constaté que ce genre de description brosse un portrait terne qui ne fait pas honneur à la biodiversité régionale. En tant que nouvelle arrivante, je me rappelle avoir ressenti un sentiment d’immensité, une impression que le territoire était encore vierge. Le lac Abitibi peut être confondu avec une mer intérieure et les plages de sable des lacs d’esker arborant des thuyas ressemblent à des
10 OCTOBRE 2021 L’INDICE BOHÉMIEN
écosystèmes méditerranéens. Puis l’intégration à la société témiscabitibienne et à son histoire m’a fait voir un tout autre visage à cette terre de ressource. Malgré l’occupation très récente du territoire par de nouveaux arrivants blancs, l’exploitation des ressources naturelles et l’intégration du rôle des nouveaux arrivants dans l’histoire régionale donnent le vertige. Je me suis interrogée à savoir quelle différence il y a entre un nouvel arrivant au 21e siècle ou celui des années 1940? Après tout, n’arrivons-nous pas tous avec l’aspiration d’avoir une vie meilleure? Malgré la frénésie du développement régional, il est agréable d’avoir la chance de s’implanter dans un milieu avec le sentiment que tout est possible, qu’il reste tant à faire, et que sa contribution peut faire une différence. COLONISATION EFFRÉNÉE On pourrait penser que les enjeux environnementaux régionaux se différencient de ceux des régions du Sud et que les problèmes ne sont pas les mêmes, mais il n’en est rien. Sur notre immense territoire, nos voitures et nos camions avalent les kilomètres sans même que cela nous fasse sourciller. Le développement des chemins et des routes est le premier jalon de l’étalement urbain. Peut-être est-ce le terme urbain, renvoyant aux grandes métropoles, qui détonne dans cette région éloignée entourée d’une immense matrice forestière. Le concept
de territoire anthropisé trouverait-il plus de résonnance ici? Qu’on se le dise, la région n’est pas épargnée par cet « étalement du territoire anthropisé ». L’appropriation du territoire et l’anthropisation des milieux naturels mènent inexorablement vers une uniformisation et un appauvrissement des écosystèmes. Cet appauvrissement en biodiversité des écosystèmes fragilise la nature et la rend, par le fait même (humain inclus), plus vulnérable aux impacts des changements climatiques. Les peuples autochtones qui vivent sur le territoire depuis des centaines, voire des milliers, d’années ont bien des choses à nous apprendre sur la façon dont l’humain est dépendant de la nature, et non l’inverse. Considérant que nous occupons ces terres autochtones depuis à peine un siècle, nous commençons à peine à être naturalisés. Pourquoi ne pas être à l’écoute de ceux qui y habitent depuis des siècles? Prenons exemple sur les espèces naturalisées qui ont su s’intégrer et devenir un élément essentiel, tels les pissenlits pour les abeilles et la pollinisation.
Envie de contribuer à la protec�on de l’environnement? Devenez membre !
- FESTIVAL -
15-2 : UNE PARTIE DE DONJONS ET DRAGONS
DU 8 OCTOBRE AU 9 JANVIER 2021 Vernissage le 8 octobre à 17 h
AVEC LA BANDE DE DÉRAPAGE CONTRÔLÉ JADE BOURGEOIS
MARIE-CLAUDE ROBERT
Exposition
Le 15-2 : événement-jeux revient pour une troisième édition du 15 au 17 octobre au complexe Marcel-Monette de Vald’Or. C’est la bande de Dérapage contrôlé, composée d’Olivier Boutin-Martineau, Carmine Cirella, Antoine Cayouette, Christian Gilbert et Pascale Langlois, qui est porte-parole de cette folle fin de semaine de jeux. Petits et grands sont invités à célébrer le ludisme sous toutes ces formes : jeux de société, jeux vidéo, jeux de rôles, etc. Nouveauté cette année : un spectacle de Donjons et dragons sera présenté le 15 octobre à la salle Félix-Leclerc. C’est Vincent Beaulieu, de RPG Sul’Side, un collectif de balados et de capsules vidéo spécialisé en RPG (role playing game, ou jeux de rôle en français), qui sera responsable de cette démonstration unique dans la région. Le maître du jeu embarquera dans son univers les cinq improvisateurs de Dérapage contrôlé. Un mariage sensé, comme le mentionne
Là où parfois l’on s’y perd Donald Trépanier LE 28 OCTOBRE DE 17 H À 19 H
Vincent Beaulieu : les parties de Donjons et dragons allient théâtre, improvisation et jeux de société. On peut s’attendre à une partie de RPG originale et certainement très drôle. Pour les sceptiques, notre maître du jeu est catégorique : « Tout le monde peut aimer les jeux de rôles, j’ai même initié mes parents! » Il est possible d’avoir un avant-goût du spectacle en visionnant la bande-annonce de 15-2, diffusée sur les pages Facebook et Instagram de 15-2. Préparez-vous à faire la rencontre de Breline la Dragonborn barbare, Galequin le gnome cleric, Torash le Goliath Paladin, Horace le halfelin druide et Ophalas le demi-elfe barde! La programmation du 15-2 est en ligne depuis le 1er octobre et a de quoi ravir tout le monde, pas seulement les geeks et geekettes de la région!
Installation performative
« Cette annonce a pour but d’informer le public de la dissolution de l’organisme à but non lucratif Zone Adrénaline. Créé dans le but de promouvoir les événements de musique électronique en Abitibi-Témiscamingue, l’organisme n’est plus actif depuis 2017. Conséquemment, ses trois fondateurs – Thierry Pratte, Simon Beauséjour et Jérémy Grondin – en sont venus à la conclusion commune de dissoudre officiellement Zone Adrénaline. »
Dans le cœur du héron Une co-création de Aurélie Pedron, Simiuni Nauya, Robin Pineda Gould, Kévin Pinvidic, Ilya Krouglikov
- L’Équipe de Zone Adrénaline
L’INDICE BOHÉMIEN OCTOBRE 2021 11
- LITTÉRATURE -
CONCOURS D’ÉCRITURE BORÉALE À l’hiver 2021, le Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue lançait la première édition du concours d’écriture boréale. Pour y participer, les auteur(e)s devaient étudier dans l’un des trois campus du Cégep ainsi que soumettre un texte littéraire respectant plusieurs critères, dont la thématique : le corps. En mai dernier, le jury a annoncé les quatre lauréates de cette édition : Alice Allard (Ciel couvert), Florence Desjardins (Distante), Mélissa Jacob (Gémeaux), Paméla Julien (Pour Coralie). Les gagnantes ont remporté une bourse ainsi que la chance que leur texte soit publié dans L’Indice bohémien (deux dans le numéro de septembre et deux dans le numéro d’octobre). Merci aux deux étudiantes finissantes en arts visuels, Frédérique Lecours et Arianne Goudreau, qui ont créé des œuvres inspirées par chacun de ces textes.
GÉMEAUX MÉLISSA JACOB Tu sais, Alex, je te suis depuis longtemps. Parfois, je pense que ma vie a commencé quand j’ai posé les yeux sur toi pour la première fois. Nous étions jeunes à ce moment-là. Je pense qu’aucun de nous ne savait encore marcher. Tu n’avais pas encore de dents, mais tu souriais de tout ton être. Tes magnifiques yeux bleus brillaient, profondément curieux. Tout me semblait terne. Tu étais l’exception. Puis, nous avons grandi. Des cheveux blonds ont poussé sur ton crâne. Tes dents sont apparues. Tes membres se sont allongés. Tu as perdu ta graisse de bébé. Tu as commencé à parler. Je me demande ce que ça fait de pouvoir parler. Nous sommes allés à l’école. Tu t’es fait des amis. Tu as commencé à avoir des poils sur le corps. Ta voix est devenue grave. Et tu ne m’as jamais remarqué. J’étais seul. Invisible. Je t’observais toujours, charmé par chacun de tes sourires, ébloui par la beauté de tout ton être. Tu étais gentil, incroyablement serviable. Je voyais comment les autres te regardaient. Ils te voulaient. Tu as commencé à fréquenter cette fille. Je me souviens du soir où tu l’as amenée magasiner. Le soleil se couchait et couvrait la rue d’une lueur orange. Cette dernière se reflétait dans tes cheveux. J’ai cru que tu étais devenu le soleil. Alors, j’aurais été ta lune. Mon destin était de tourner autour de toi sans que tu te soucies de moi. Je n’étais qu’une pièce du décor. J’étais emprisonné auprès de toi, sans aucune échappatoire. Vous avez continué à marcher dans la rue. Je t’observais du deuxième étage d’un immeuble. Je synchronisais mes pas aux tiens, me donnant l’impression d’être à ta place.
ARIANNE GOUDREAU
Ta relation amoureuse n’a duré que quatre mois. Tu étais dévasté après la rupture. Je voulais te réconforter, mais je n’ai pas osé me manifester.
12 OCTOBRE 2021 L’INDICE BOHÉMIEN
Je me demande ce que ça ferait de pouvoir te toucher. Je t’observais, de loin. Comme je suis en train de le faire en ce moment. Vous pouvez lire la suite de ce texte au indicebohemien.org.
CIEL COUVERT (OU MATÉRIALITÉ OPPRESSANTE) ALICE ALLARD « QUE DES OIES », POÈME TIRÉ DU RECUEIL DE L’AUTRICE Vaste pelouse rasée comme on tond les moutons verte uniformité de brins dépareillés que le printemps découvre de sa neige que les oies recouvrent d’une écume saisonnière La volaille migratoire enviera toujours le pigeon de qui rien n’est espéré les plumes blanches doivent jouer la comédie du calme joufflument hépatique
Ici où chaque jour est réveillon la vie noëllement grasse démagnétise le nord déprogramme les ailes - l’été s’essouffle – La grandeur de l’étonnement d’un oiseau cloué à l’étang pour faute de sieste estivale lorsque son univers se sculpte en triangle céleste
24 SEPTEMBRE AU 30 DÉCEMBRE 2021
L’oie déboussolée Privée de moulée nuageuse a pour unique repère le crouton. Mangent les pigeons qui sont libres. Vous pouvez lire la suite des poèmes au indicebohemien.org.
EN PRIMEUR INTERNATIONALE JE RÊVE D’ÊTRE UN ARBRE EST UNE INSTALLATION TEXTILE DE L’ARTISTE LOUISE LEMIEUX BÉRUBÉ. CE CORPUS MONUMENTAL TANT PAR SA DIMENSION QUE PAR LE NOMBRE D’ÉLÉMENTS QUI LE COMPOSE, SYMBOLISE UNE FORÊT RÉALISÉE PAR LE TISSAGE D’UNE TRENTAINE D’ŒUVRES AUX DENSITÉS ET AUX NUANCES VARIÉES.
FRÉDÉRIQUE LECOURS
Heures d’ouverture
Lundi : fermé Mardi au vendredi : 9 h à 12 h | 13 h à 17 h Jeudi et vendredi : 12 h à 20 h Samedi et dimanche : 10 h à 15 h Ville de La Sarre
maison.de.la.culture.lasarre
WWW.VILLE.LASARRE.QC.CA L’INDICE BOHÉMIEN OCTOBRE 2021 13
- LITTÉRATURE -
LE CABARET DES MOTS : UNE 6 E ÉDITION SOUS LE THÈME DE LA NATURE JOANIE DION
COURTOISIE
MICROBRASSERIE NOUVELLE BOUTIQUE 217 Route 101, Nédélec
Le Cabaret des mots, qui est revenu du 24 septembre au 2 octobre, est né dans une région où aucun autre événement semblable n’existait encore. C’est peu dire, la population n’y était aucunement habituée, c’était complètement nouveau. Il y a donc eu le défi d’initier un bassin de citoyens à une activité littéraire hors du commun abitibien, et celui de se retourner sur un trente sous à l’arrivée de la pandémie puisque les voyages interrégionaux devenaient impossibles. La tournée régionale qui le caractérise et qui donne sa couleur à l’événement était ainsi mise sur pause, bon gré mal gré.
L’APPLICATION DISPONIBLE SUR
médiat.ca
14 OCTOBRE 2021 L’INDICE BOHÉMIEN
Après une édition virtuelle au printemps, les artistes invités par l’Amossois Samuel Larochelle, fondateur du cabaret littéraire, sont retournés en salle pour créer des moments d’intimité et de complicité avec le public. « J’ai toujours la petite bibitte qui s’excite dans mon cœur à chaque fois que je m’approche du micro, dès la première seconde, à chaque ville, à chaque tournée. Parce que, pour moi, être sur scène devant une foule, que ce soit en lisant un texte ou un jour peut-être en chantant, je vais toujours trouver que c’est de la magie », dit Samuel Larochelle. En l’écoutant exprimer sa fierté au sujet de son projet, on comprend tout de suite l’envergure de sa passion pour le partage et la découverte, l’envergure de sa curiosité culturelle insatiable. Si ce n’est pas écrit dans le ciel, c’est écrit entre les lignes. De toute évidence. Au-delà de sa présence scénique, Samuel Larochelle reconnaît porter « une mission de développement culturel, pour
permettre à la littérature d’être accessible à de plus en plus de gens, de les inciter non seulement à venir nous écouter, nous voir, mais après ça d’aller chercher des livres des auteurs et autrices qu’ils ont découverts. L’Abitibi-Témiscamingue s’est construite en défrichant, j’ai l’impression qu’il y a encore plein d’aspects qu’il faut défricher et puis que je suis l’une des personnes qui travaillent bien fort, du côté de la littérature, en région ». Comme lors de toutes les autres éditions, il y avait parmi les artistes tant des écrivains professionnels que des gens provenant de milieux bien différents afin de générer une variété de plumes, de styles et d’atmosphères. Ainsi, la tournée de six villes (Val-d’Or, Amos, La Sarre, Témiscamingue, Ville-Marie, Rouyn-Noranda) a fait voyager Daniel SaintGermain, Mélanie Roberge, Pascale Langlois, Valérie Côté, Pierre Labrèche, Marie-Millie Dessureault, Marta Saenz de la Calzada, Xavier Mantha, Louise Lavictoire, Sylvie Morin, Frédérik Fournier, Anthony Dallaire, Mélanie Nadeau et Catherine Perreault. Les attentes de Samuel Larochelle? « Que les gens qui sont déjà venus reviennent, et qu’on soit de plus en plus nombreux à vivre chaque édition et chaque soirée du Cabaret, et que les gens viennent l’esprit ouvert, et que les auteurs et autrices continuent de nous surprendre avec leur interprétation originale du thème. »
N’attendez pas de frapper un mur. Faites-vous vacciner.
Le passeport vaccinal est maintenant exigé pour fréquenter certains lieux publics. Québec.ca/vaccinCOVID
L’INDICE BOHÉMIEN OCTOBRE 2021 15
- LITTÉRATURE -
DE TERRITOIRES ET DE LETTRES MICHAËL PELLETIER-LALONDE
Paru le 10 août dernier aux Éditions du Quartz, Prendre pays est une série de lettres écrites par dix autrices et un auteur (plusieurs venant d’Abitibi-Témiscamingue ou y résidant) qui, dans des tons et des styles variés, travaillent les contours de l’appartenance, du lien. C’est une personne, c’est une forêt, une rivière, un ancien appartement… Les lettres s’adressent à un être aimé, à un enfant, à une amitié ancienne, à un disparu, et encore. Le pays du titre est intime, multiple. C’est un livre d’ombre et de lumière, où l’amour, parmi d’autres thèmes, est omniprésent. Il donne tantôt la direction à suivre, tantôt se casse et laisse place au deuil, aux recompositions nécessaires. Et dans ces pages, le territoire est partout. Souvent, il s’imbrique avec les relations qui sont au cœur des lettres de Prendre pays. Dans le très beau texte qui ouvre le livre, par exemple, intitulé « T’écrire est mon ravage » et signé par la poétesse innue Marie-Andrée Gill, la narratrice explique, dans une lettre dédiée à « D. », comment s’est développée une intimité nouvelle avec des lieux fréquentés en sa compagnie : « […] rivière Portage, lac Cardinal, cap à Don Jean, belvédère à Monica, lac à Minette, montagne Blanche, mont JacquesLévesque. Ces noms de lieux qui ne me disaient rien de spécial sont devenus mythiques parce que tu les as foulés avec moi, tu me les as déchiffrés parce qu’ils t’ont formé, ils sont ta maison » (p. 17-18). Plus loin, dans une lettre d’une mère à sa fille, l’écrivaine valdorienne Virginie Blanchette-Doucet aborde ces mouvements qui nous portent vers de nouveaux endroits habitables, loin du territoire de l’enfance (sans qu’il
Allez!
ne cesse de nous habiter pour autant) vers lequel on croyait pourtant qu’on reviendrait : « Chez nous. Je l’ai répété à voix haute dans l’habitacle. Chez nous. J’ai fermé la radio pour me l’entendre dire. Je rentre chez nous. Je rentre chez nous. Ça s’est donc produit. J’habite un territoire qui est ailleurs » (p. 114). Si le rapport au territoire, et notamment le rapport à l’AbitibiTémiscamingue, occupe une place clé dans ces pages, certains textes n’y vont pas sans mobiliser quelques clichés pour décrire la région, présentée parfois sous les auspices d’une contrée nordique mythique et idéalisée. Dans cette optique, on appréciera d’autant plus un texte comme celui de Mélodie Rheault (« Salut Ti Bob »), destiné à un père décédé, qui s’enracine dans le Rouyn-Noranda urbain, quotidien – mettant ainsi, à travers la vie de cet être ayant choisi cette ville pour vivre ses dernières années, le projecteur sur une urbanité qui caractérise aussi la région : « Ton territoire n’était pas celui des grands espaces boisés, de chasse et de pêche. Ton territoire était rêche, de poussière de mine et de machines à sous. Le Morasse, la Neuvième, la Carter, le Bar des Chums » (p. 166). Somme toute, on découvrira avec un intérêt sans cesse renouvelé chaque lettre du projet Prendre pays dans lequel, en plus des textes cités précédemment, on lira ceux de Fednel Alexandre, Vanessa Bell, Gabrielle Demers, Hélène Frédérick, Gabrielle Izaguirré-Falardeau, Lorrie Jean-Louis, Catherine Perreault et Rosalie Roy-Boucher.
On va jouer dehors! accespleinair.org
16 OCTOBRE 2021 L’INDICE BOHÉMIEN
N’attendez pas de frapper un mur. Faites-vous vacciner.
Le passeport vaccinal est maintenant exigé pour fréquenter certains lieux publics. Québec.ca/vaccinCOVID
L’INDICE BOHÉMIEN OCTOBRE 2021 17
- ARTS VISUELS -
LES JARDINS À FLEURS DE PEAU, UNE GALERIE D’ART À L’INTERNATIONAL MICHÈLE PAQUETTE
L’automne est une saison de lâcher-prise pour Francyne Plante, sculpteure et peintre multidisciplinaire. La cocréatrice des Jardins à fleur de peau de Val-d’Or avec son conjoint, le sculpteur Jacques Pelletier, a d’ailleurs profité de cette saison pour soumettre à un concours une peinture qui a ensuite été exposée à l’église de la Madeleine à Paris du 2 au 9 septembre. Cette peinture a déjà gagné un prix à Montréal, à Bruxelles et en Pologne.
JULIE BERNIER
Francyne Plante est née le 30 avril 1954 dans une famille de sept filles et deux garçons. Elle dit de ses parents qu’ils les ont toujours encouragés dans les arts : « Au chalet, si on voulait repeindre un plancher, ils nous laissaient faire. Ma mère avait un four à poterie. Les trois plus jeunes, on voyageait avec ma mère, on visitait des musées. » Avec ses sœurs Micheline et Denyse, elle forme d’ailleurs un trio qui fait des résidences d’artistes. Dans les années 1980-1990, Francyne vit un « trip de retour à la terre au Témiscamingue » – comme elle le dit – pendant huit ans. Elle est alors bergère et utilise la laine de ses moutons qu’elle teint avec des produits végétaux avant de les tisser. Ses créations vestimentaires sont ensuite exposées à Rouyn-Noranda. Les Jardins à fleur de peau prennent leur origine dans les années 2000, et même avant. Ils viennent d’un désir de créer la vie que l’on veut qui est un enseignement de sa mère. Ainsi, dit-elle, « J’avais projeté dans le futur quelque chose de gros bien avant de construire
Le spectacle jeunesse est bien vivant. Renouez avec le spectacle d’ici et ses artisans. LaissezVousEblouir.ca Une initiative du Groupe de travail sur la fréquentation des arts de la scène (GTFAS)
18 OCTOBRE 2021 L’INDICE BOHÉMIEN
ma maison et mon jardin ». Puis, tout se met en place pour créer sa vie d’artiste et le jardin : sa rencontre avec Jacques Pelletier avec qui elle a suivi des cours de sculpture dès 2001. « Le jardin, c’est ma plus grande œuvre. C’est une exposition en permanence. On y retrouve mes sculptures, mes peintures, mes poésies. Comme on reçoit des gens de partout dans le monde, c’est une galerie d’art à l’international », raconte-telle. Pour elle, la réalisation de soi est une valeur qu’elle prône depuis son tout jeune âge et qu’elle transmet dans la pratique de l’art et la conception des jardins. Francyne Plante a suivi des cours à l’UQAT où elle a obtenu un certificat en arts plastiques et un autre en peinture. « Quand j’ai commencé dans l’art dans les années 2000, c’était pour me guérir. J’ai rencontré un médecin qui m’a dit, “Fais de l’art et plante des fleurs”. » Quant aux jardins, elle a toujours eu un potager.
COURTOISIE
C’est maintenant l’automne. Loin derrière, l’été, la saison d’effervescence qui plaît tant à Francyne pleine d’énergie. Elle a dû passer à travers l’entre-deux, ce qui est plus difficile pour elle. Voir le feuillage qui s’étiole, les fleurs qui disparaissent. Mais, dit-elle, une fois installée dans le rythme plus lent de l’automne où le jardin n’a plus besoin d’elle, elle peut créer et se déposer. Un jardin l’été, ça demande beaucoup de temps et d’énergie, même si elle se garde du temps pour sa création. On lui laisse le mot de la fin : « On est tous nés pour créer. L’art, c’est ma nourriture quotidienne. »
MARCHE DE 2,5 ET 5 KM
INSCRIVEZ-VOUS ONMARCHE.COM GRATUIT ET OUVERT À TOUS
DATE : dimanche 17 octobre 2021 HEURE : départ continu entre 11 h et 12 h LIEU : Place de la Citoyenneté et de la Coopération 100, rue Taschereau Est Rouyn-Noranda
L’INDICE BOHÉMIEN OCTOBRE 2021 19
SPÉCIAL NOUVEAUX ARRIVANTS
COURTOISIE
SPÉCIAL NOUVEAUX ARRIVANTS
20 OCTOBRE 2021 L’INDICE BOHÉMIEN
SPÉCIAL NOUVEAUX ARRIVANTS
- NOUVEAUX ARRIVANTS -
DÉCOUVRIR L’AUTRE PAR LA CUISINE STÉPHANIE FORTIN
En février 2020, le Centre de Femmes du Témiscamingue et le Carrefour Jeunesse Emploi du Témiscamingue (CJET) organisent un souper interculturel. L’idée est de faire découvrir à la population témiscamienne les repas des pays d’origine de personnes immigrantes installées sur le territoire, tout en vivant des moments d’échange et de plaisir. Contexte pandémique oblige, en 2021, on opte pour une formule d’ateliers culinaires en ligne. « Nous avons contacté les cuisiniers et cuisinières volontaires du souper interculturel. Ils voulaient faire découvrir davantage leur cuisine aux gens d’ici et nous ont répondu positivement », mentionne Édith Kpodédon, agente de projet multiculturel au CJET. Au total, quatre ateliers sont organisés, aux saveurs de l’Afrique de l’Ouest, du Maroc, du Brésil et de la France. « Nos inscriptions se remplissaient très vite. Pour le premier, nos places étaient complètes quatre heures après la publication Facebook », se remémore Édith Kpodédon. C’est ainsi que le confinement de l’hiver 2021 se ponctue de ces rendez-vous où la réunion Zoom s’invite dans la cuisine. Les ingrédients sont préalablement livrés (et fournis gratuitement!) L’écran côtoie la planche à découper, les personnes participantes suivent et exécutent attentivement les indications de la cheffe ou du chef. Dans cet échange de précieux savoirs, la mosaïque des cuisines en action crée son charme. Si bien que l’on a la conviction de vivre un moment magique et unique, d’avoir une chance incroyable d’y être.
POUR LES CRÉATEURS D’ICI
SHEILA REGINA GARCIA Sheila Regina Garcia a présenté une recette dans un de ces ateliers, mettant à l’honneur son pays d’origine, le Brésil. Elle a révélé tous les secrets pour créer un délicieux filé mignon com suco de laranja quetjo. Elle habite au Témiscamingue depuis quatre ans, avec son mari et leurs quatre enfants, et a une garderie à la maison. « Les ateliers permettent de rencontrer les personnes immigrantes, on a la possibilité d’en apprendre un peu sur une autre culture. On se sent moins seule. Je répèterais l’expérience, car je pense que plus on a d’occasions de partager et d’être ensemble, plus on crée des liens. » MOUNIA ABTAH Grâce à Mounia Abtah, les participantes et participants ont pu cuisiner un poulet mchermel, un plat marocain typique et savoureux. Après avoir habité dans différentes régions du Québec, c’est au Témiscamingue que Mounia et son mari choisissent de venir s’établir en décembre 2015. Pour elle, qui est originaire de Rabat, le Témiscamingue évoque l’accueil, la nature et la tranquillité. « Il y a des choses qu’on n’a pas, mais il faut voir ce qu’on a! » Mounia Abtah offre un service de traiteur à domicile. On a notamment pu découvrir ses mets marocains à la Foire gourmande en 2018 et 2019.
1 800 848-1531
promutuelassurance.ca
L’INDICE BOHÉMIEN OCTOBRE 2021 21
SPÉCIAL NOUVEAUX ARRIVANTS
- NOUVEAUX ARRIVANTS -
LA SEMAINE QUÉBÉCOISE INTERCULTURELLE CÉLÉBRÉE PARTOUT DANS LA RÉGION GENEVIÈVE SAINDON-L’ÉCUYER
Le monde est riche dans sa diversité culturelle et en Abitibi-Témiscamingue, nous en sommes bien conscients. C’est pourquoi, encore une fois cette année, la Semaine québécoise des rencontres interculturelles sera soulignée un peu partout dans la région du 18 au 24 octobre sous le thème « Notre Québec en commun ».
COURTOISIE
La mission de cet événement consiste à mettre en valeur l’importance de la participation de l’ensemble des Québécoises et Québécois de toutes origines à faire prospérer le Québec. C’est aussi le moment idéal pour ouvrir le dialogue, favoriser les rapprochements interculturels et promouvoir l’immigration et la diversité. La route a été longue pour se rendre jusqu’ici et c’est l’occasion toute désignée pour démontrer notre soutien à ces gens qui sont maintenant chez eux, chez nous. Étant des partenaires du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, les carrefours jeunesse-emploi sont des acteurs importants quant à l’organisation des activités durant cette semaine. L’an dernier en Abitibi-Ouest, c’est en collaboration avec les jeunes de 4e et 5e secondaire de la Polyno de La Sarre que le Carrefour a mis en branle l’événement. Une exposition sous le thème de la réalité que vivent les nouveaux arrivants a été présentée aux étudiants. S’en est suivi un concours de création sur l’importance de l’interculturalisme. Les organisateurs comptent bien marquer le coup encore une fois cette année en tentant de mobiliser des gens du milieu et de les impliquer. Selon Laurent Chalifour, du Carrefour jeunesse-emploi d’Abitibi-Ouest, le fait de s’impliquer concrètement dans une activité permet d’avoir une meilleure vue d’ensemble sur la réalité des nouveaux arrivants et facilite ainsi la sensibilisation à celle-ci. De plus, c’est un mandat bien connu de l’organisme qui bénéficie de plusieurs programmes d’aide à l’intégration des personnes immigrantes. Pour les gens qui souhaiteraient organiser une activité en lien avec la Semaine québécoise des rencontres interculturelles
ou y participer, n’hésitez pas à contacter le carrefour jeunesse-emploi de votre municipalité à cet effet. Du côté de Rouyn-Noranda, c’est la Mosaïque interculturelle qui organise la plupart des activités. Si vous ne connaissez pas la mission de la Mosaïque, sachez que celle-ci a pour but de faciliter l’intégration et l’adaptation des personnes immigrantes en Abitibi-Témiscamingue et de promouvoir l’interculturalisme ainsi que le mieux vivre-ensemble en offrant toutes sortes de services, et ce, depuis maintenant 30 ans. Tous les renseignements se trouvent sur leur site Internet. La Semaine québécoise des rencontres interculturelles en sera à sa 19e année et a lieu à travers tout le Québec. Sa longévité vient appuyer une fois de plus sa valeur et son importance au sein de la population. Si vous n’avez jamais participé à l’une de ses activités, sachez que l’invitation est lancée et que c’est ouvert à toutes et à tous.
Jusqu’au 31 octobre LE NOIR DE L’ENCRE
Au Centre d’exposition d’Amos…
EXPOSITION COLLECTIVE RÉUNISSANT 12 ARTISTES : GABRIELLE DEMERS/ DONALD TRÉPANIER, ISABELLE ROBY/LUC BOYER, JOANNE POITRAS/ LUC BRÉVART, MARTINE COURNOYER/ANDRÉ GAGNON, NICOLE GINGRAS/ LOUIS BRIEN, VIOLAINE LAFORTUNE/RAM SAMOCHA
Jusqu’au 7 novembre CORPS ÉTRANGER II – Œuvres récentes MARIE-EVE FRÉCHETTE - SCULPTURE/INSTALLATION
HORAIRE - ENTRÉE LIBRE Mardi – Mercredi 13 h à 17 h 30
©SYLVAIN TANGUAY
©GUILLAUME D. CYR
Jeudi – Vendredi 13 h à 17 h 30 - 18 h 30 à 20 h 30
Détail d’une œuvre d’André Gagnon
22 OCTOBRE 2021 L’INDICE BOHÉMIEN
Samedi 10 h à 12 h - 13 h à 17 h Dimanche 13 h à 17 h
SPÉCIAL NOUVEAUX ARRIVANTS
- NOUVEAUX ARRIVANTS -
UN PAS VERS L’AUTRE ARIANE MILOT
Immigrer dans un autre pays est une expérience immensément riche. Cela demande beaucoup d’énergie, de patience et d’adaptation. La clé de la réussite de cette expérience : l’intégration! Mais lorsqu’on parle d’intégration, qu’est-ce que ça implique? La personne vivant une telle expérience passera par un processus composé d’une série d’étapes. Ce processus sera vécu différemment par chacun. Ce processus d’intégration, que nous pourrions aussi appeler « processus pour se sentir à la maison », est composé de quatre étapes, soit la lune de miel, le choc culturel, l’adaptation et l’intégration. La première étape, la lune de miel, est une étape de fébrilité et de découverte! On veut tout voir, on est excité par ce grand changement, tout est beau et magnifique dans la découverte du nouveau pays! Je compare cette étape à l’état dans lequel nous sommes lors de nos vacances. Cette étape peut durer de quelques semaines à quelques mois.
La troisième étape, l’adaptation. À cette étape, on commence à se trouver certains remèdes pour bien se sentir au quotidien. On commence à s’adapter, à trouver nos repères, à établir de nouvelles habitudes de vie. On rencontre de nouvelles personnes, on aime plusieurs aspects de notre nouvelle vie, même s’il y a certaines choses qui nous manquent de notre pays d’origine, ce qui est normal. Pour arriver à cette étape, il faut être ouvert, se laisser une chance de connaître la culture et d’aller à la rencontre des autres, mais aussi laisser la chance à l’autre d’apprendre à nous connaître et d’aller vers nous! La quatrième étape, l’intégration. Cette étape, qui se réalisera après quelques années, est la finalité de ce processus. On se sent chez soi, on a intégré plusieurs valeurs du Québec, peut-être différentes des valeurs d’où l’on vient. On a changé en tant que personne à cause du processus, des épreuves qu’on a traversées. Il faut se laisser le temps pour y arriver!
COURTOISIE
La deuxième étape, le choc culturel, est une période assez déstabilisante. Il s’agit d’un moment de frustration et de confusion. On est hors de notre zone de confort, on ne retrouve pas nos repères et on est loin de la famille. À ce moment, tout peut devenir un irritant et plusieurs peuvent souhaiter retourner à la maison. Pour certains, cette étape sera rapide, et pour d’autres, plus longue dans le temps. Ce qui est très important à retenir : c’est long, mais c’est temporaire!
mois. De plus, on ne peut tout simplement pas rejeter la faute sur l’autre si ça ne fonctionne pas. On ne bâtit pas un pont seul sans aide et sans équipement, même avec tout le bon vouloir du monde!
Je vous repose maintenant la question : lorsqu’on parle d’intégration, qu’est-ce que ça implique? Intégrer une nouvelle culture, ce n’est pas seulement rencontrer ses nouveaux collègues de travail, savoir où se trouve l’épicerie du coin et s’abonner à la salle de gym. C’est beaucoup plus que ça! Ça se fait sur le long terme. Intégrer un nouveau milieu, ça demande du temps et dépend de plusieurs facteurs. On ne peut parler d’intégration en quelques semaines ou quelques
POUR DU CONTENU 100% RÉGIONAL
L’intégration demande un grand travail de collaboration des deux côtés. La personne nouvellement arrivante doit s’ouvrir, se mettre en action et laisser une chance à la communauté de vouloir la connaître. De l’autre côté, la communauté et les personnes qui l’entourent doivent être présentes, vouloir en apprendre sur l’autre, laisser de côté ses préjugés et tendre la main. C’est un travail d’équipe qui réussira seulement si chacun fait un pas vers l’autre.
Téléchargez l’applicaaon MÉDIAT +
médiat.ca L’INDICE BOHÉMIEN OCTOBRE 2021 23
SPÉCIAL NOUVEAUX ARRIVANTS
- NOUVEAUX ARRIVANTS -
SAN TRAORE : DU BURKINA FASO À MACAMIC
COURTOISIE
GABRIELLE IZAGUIRRÉ-FALARDEAU
Dans son pays d’origine, en tant que superviseur principal pour la compagnie minière Iamgold, San Traore avait l’habitude de fréquenter des travailleurs canadiens qu’il surnommait « les expatriés ». C’est eux qui l’ont convaincu d’entreprendre les démarches pour s’expatrier à son tour, occasion qu’il a saisie en devenant soudeur-monteur pour l’entreprise Radiateur JMT. « Quand on est arrivés le 31 décembre, il faisait tellement froid qu’on avait presque peur! » raconte-til en riant. Heureusement, l’accueil chaleureux des citoyens, qui se sont montrés très sociables et ouverts d’esprit, l’a rapidement rassuré.
Avec d’autres Burkinabés installés en Abitibi-Ouest, M. Traore s’est impliqué dans une équipe de soccer pendant sa première année en sol québécois : « Ça nous a beaucoup aidés! On a pu rencontrer des Canadiens, des Tunisiens, des Marocains, tout ça dans un bel esprit d’équipe. » Selon M. Traore, la diversité culturelle au sein d’une communauté est un grand atout. Il constate que son entourage québécois est curieux de sa culture et que leurs conversations les poussent à s’ouvrir mutuellement à des enjeux et des réalités auxquels ils n’auraient pas accès autrement. UNE ADAPTATION NÉCESSAIRE Malgré l’affection évidente que M. Traore porte à son nouveau territoire, certaines adaptations se sont avérées nécessaires, comme l’apprentissage de règles différentes de celles du Burkina Faso, ou encore l’adoption d’un nouveau régime alimentaire.
LA VALEUR DE LA PROXIMITÉ Pour M. Traore, le fait de vivre dans une petite communauté comme Macamic représente un avantage important. Le rythme de vie et la proximité avec les gens lui laissent le temps de s’adapter à son aise. Il trouve également quelques ressemblances entre ses communautés d’accueil et d’origine, entre autres l’importance accordée aux activités sociales. 24 OCTOBRE 2021 L’INDICE BOHÉMIEN
COURTOISIE
Quitter sa famille et son pays pour partir travailler à l’autre bout du monde demande un courage et une détermination indéniables. C’est le choix qu’a fait San Traore, alors qu’en décembre 2020, il a laissé derrière lui sa femme, sa fille et son village du Burkina Faso pour s’établir à Macamic. Neuf mois plus tard, il se sent chez lui en Abitibi-Ouest.
M. Traore déplore également la complexité et la difficulté d’accès aux renseignements concernant le fonctionnement du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration. Alors qu’il vient de se voir refuser une demande de rapatriement pour sa femme et sa fille, il tente, avec l’aide du Carrefour jeunesse emploi d’Abitibi-Ouest, de comprendre comment faire changer cette décision.
DONNER AUX SUIVANTS Avec les autres Burkinabés établis en Abitibi-Ouest, San Traore aimerait créer une initiative d’aide et des outils de référence pour les nouveaux arrivants. Il espère ainsi les faire profiter de son expérience afin qu’ils et elles se sentent rapidement compris et bien entourés. Entre-temps, il effectue les démarches nécessaires pour obtenir sa résidence permanente et continue d’apprivoiser avec enthousiasme sa nouvelle communauté.
SPÉCIAL NOUVEAUX ARRIVANTS
- NOUVEAUX ARRIVANTS -
LOIN-NORANDA
MARJOLÈNE LECONTE
MARJOLÈNE LECONTE
Bonjour, je m’appelle Marjolène. Je ne suis pas immigrante, non, mais je suis nouvellement arrivée en Abitibi-Témiscamingue, et ce n’est pas rien! J’arrive du sud, là où il fait chaud longtemps, où le chasse-moustique est une option. Et j’habite à RouynNoranda, ou « Loin-Noranda », comme nous disons dans ma famille. Ma famille, elle, est restée au chaud, et moi, je suis partie dans « le fin fond du trou du cul du monde », comme j’aime dire. Vous allez me dire, « Pourquoi? » Eh bien, c’est l’amour évidemment! Oui, l’amour d’une personne, mais maintenant, c’est l’amour d’une région. Bon, ça n’a pas toujours été le cas. Ne soyez pas offensés, mais c’est difficile d’arriver en Abitibi-Témiscamingue! La première fois que j’ai mis les pieds dans la région, il faisait un temps gris, il mouillassait. Je vois au loin des montagnes, « enfin des montagnes, wow! » En m’approchant, je vois que c’est la ville de Malartic. La montagne, c’est une mine à ciel ouvert. « Quelle horreur, c’est le Mordor ici! » me suis-je dit. J’avais des attentes. Je croyais que l’Abitibi-Témiscamingue, c’était le parc de La Vérendrye. Et je me rendais compte que les villes et villages qui défilaient devant mes yeux étaient,
comment dire, industriels, gris et bruns, froids, sans trop de verdures. Je n’y retrouvais pas le cachet des petits villages du sud du Québec.
Les gens ici ont un sentiment d’appartenance tellement fort à leur région. Tout le monde en parle tellement en bien, avec fierté. On a le goût de s’attacher à elle et d’en être fier aussi.
J’ai été déçue, je vous le confesse.
L’Abitibi-Témiscamingue, c’est comme une personne que tu rencontres et avec qui tu as envie de tomber en amour.
Ça m’a pris du temps avant de l’aimer, ma région. Le gros défaut : c’est loin. C’est loin de ma famille. J’ai souvent « braillé » je l’avoue. Je suis une petite sensible, une petite nature comme on dit. Cela m’a fait songer à la résilience des immigrants qui changent carrément de pays. Ils ne parlent souvent pas la langue, ils ne connaissent pas les us et coutumes du Québec. Faire seulement l’épicerie peut être un défi pour eux! Et surtout, ils sont loin de leur famille. Ils ne connaissent souvent personne. Nous sommes tous d’accord pour dire que l’isolement et la solitude sont extrêmement difficiles. Vous vous demandez pourquoi je reste en AbitibiTémiscamingue. Eh bien ce sont les gens, cette communauté. Je dois admettre que ce n’est pas dans tout le Québec que les gens sont aussi accueillants.
Aujourd’hui, je me surprends à dire à mes proches qu’ici, le ciel est merveilleux, « c’est celui sur la carte soleil! » Et les lacs, c’est comme être dans un chalet à longueur d’année. Je me suis même attachée au paysage lunaire, rocailleux de Rouyn-Noranda. Bien que je sois nouvellement arrivée en Abitibi-Témiscamingue, je suis fière de ma région moi aussi, et je sens que j’appartiens à la communauté. Et moi qui voulais repartir dans mon ancien patelin! C’est amusant parce que je travaille actuellement à la Mosaïque interculturelle et je contribue avec fierté à la construction du sentiment d’appartenance des nouveaux arrivants à leur belle région. C’est ce que j’appelle, redonner au suivant.
L’INDICE BOHÉMIEN OCTOBRE 2021 25
SPÉCIAL NOUVEAUX ARRIVANTS
- NOUVEAUX ARRIVANTS -
LE TÉMISCAMINGUE : D’UN ACCUEIL CHALEUREUX À UNE INTÉGRATION RÉUSSIE JADE BOURGEOIS
YVES GRAFTEAUX
Depuis déjà quelques années, la MRC de Témiscamingue (MRCT) planche sur une stratégie d’attractivité qui vise à faire connaître son territoire et à attirer de nouveaux résidents. Pour ce faire, des campagnes de communication comme « Vivre au Témiscamingue » ont été lancées dans le but de faire rayonner les occasions et les particularités propres au territoire témiscamien.
En effet, le territoire veut être découvert à distance afin de permettre aux potentiels résidents de savoir exactement dans quelle belle aventure ils s’embarquent, et s’assurer que cet endroit correspond à leurs besoins. Une fois établies, il faut s’assurer que ces personnes aient le goût de rester et qu’elles s’intègrent. C’est pourquoi plusieurs acteurs travaillent à la création de la Politique d’accueil et d’intégration du Témiscamingue, document dont l’adoption est prévue dans les prochaines semaines. « Elle vise à mettre tout en œuvre pour que les personnes qui choisissent notre territoire puissent le faire de la meilleure façon possible avec les meilleurs outils possibles. Dans cette démarche, on est vraiment dans l’intégration, l’attractivité a été beaucoup travaillée dans les dernières années », explique Catherine Drolet-Marchand, coordonnatrice des communications et de la promotion du territoire. Les initiatives d’accueil chaleureux sont nombreuses au Témiscamingue : fêtes de voisins, épluchettes de blé d’Inde (notamment à Béarn il y a quelques semaines), cadeau d’une tarte au sucre à tous les nouveaux résidents de Moffet, ou même remise d’un passeport culturel qui permet d’accéder gratuitement à de nombreux services à Témiscaming… Les exemples abondent pour permettre aux nouveaux arrivants et nouvelles arrivantes de fréquenter des lieux où il est possible de rencontrer des gens et d’élargir leur cercle social. De plus, comme le mentionne Claire Bolduc, préfète de la MRCT, le Témiscamingue est un « milieu rural de petites communautés où tout le monde se connaît. Comment fait-on pour qu’un nouvel arrivant ne cherche pas ses repères pendant trois ans? Notre objectif est de dire, “Bonjour, bienvenue chez nous et voici comment vous pouvez vous retrouver ici!” Les impliquer pour qu’ils se sentent parties prenantes du territoire. Quelqu’un qui est parti s’est déraciné, comment il recrée ses racines? » Face aux défis qu’amènent la crise de la main-d’œuvre au Québec et l’exode des jeunes au profit des régions plus urbaines, ces stratégies sont plus que jamais essentielles et porteuses pour l’avenir. 26 OCTOBRE 2021 L’INDICE BOHÉMIEN
- CULTURAT -
OSEZ LA CULTURE!
EN OCTOBRE, C’EST
PASCALE CHARLEBOIS
Mai 1968 a marqué l’émergence d’un nouveau paradigme en culture : celui de la démocratie culturelle. Au lieu de réserver la production artistique à une élite, choisie par les consommateurs bourgeois, le concept de démocratie culturelle stipule que l’art est une forme d’expression, que tout le monde a le droit de produire et de consommer l’art. L’action culturelle appelle même à une politisation des consciences, car elle constitue un refus d’encourager l’élite et ses « Beaux-Arts » en sollicitant la participation de tous à l’expression et à la critique.
DANS LES
En octobre, abonnez-vous ou réabonnez-vous à votre bibliothèque et courez la chance de gagner une tablette électronique.
Imaginez que vous faites partie d’un groupe à qui l’on demande de dessiner sa plus grande crainte, par exemple.
JEAN CARON
C’est de ce paradigme qu’est née l’une des formes de médiation culturelle. Avec l’objectif d’inciter un maximum de gens à pratiquer des formes artistiques, la médiation culturelle invite tous les individus à exprimer leur propre culture (parce que la culture, après tout, est un amalgame de tellement de valeurs, de traditions, de modes de vie et d’autres éléments sociaux intériorisés qu’elle est, au bout du compte, quelque chose de très personnel). Comment se fait-il, alors, qu’on entende encore des gens dire : « Ah non, pas moi, je ne participerai pas, je ne sais pas dessiner. » Ne pensez pas que la médiation culturelle a pour objectif de produire des œuvres dignes des BeauxArts! L’objectif est plutôt l’expression, le partage, la rencontre. Votre culture, les couleurs, les formes et les mouvements qui émergeront de votre pratique sont aussi légitimes et importants que celles d’un autre. Et plus une diversité de personnes participe, plus la culture devient riche. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la médiation culturelle est si avantageuse lorsqu’il s’agit d’intégrer de nouveaux arrivants à leur communauté d’accueil. En sortant tous les participants de leur zone de confort, elle aide à mettre de côté les préjugés et les barrières.
BIBLIOTHÈQUES DE LA RÉGION
Votre première réaction sera de dire : « Je ne sais pas dessiner, je n’y arriverai pas. » Vous voilà vulnérable. Et dans cette vulnérabilité, l’aveu de votre voisin de table vous fait du bien : « Je n’ai pas dessiné depuis l’âge de 7 ans. » Vous partagez donc la même insécurité et vous en riez. Vous n’êtes plus seul. Ensemble, en discutant, vous vous aidez alors mutuellement et prenez de l’assurance. L’atelier se termine et vous avez créé un lien avec cette personne.
Avec une tablette numérique, je peux : Lire des livres numériques, m’amuser, travailler et communiquer. C’est une raison de plus de m’abonner à ma bibliothèque. Mais aussi, avoir accès à plus de 776 800 biens culturels dans les bibliothèques de la région dont des livres, des revues et des ressources numériques.
*La marque et le modèle de la tablette peuvent varier d’une bibliothèque à l’autre.
Que vous sachiez dessiner, peindre, danser, etc., n’a donc pas d’importance. La question est plutôt : « Est-ce que j’ai envie de rencontrer de nouvelles personnes et de vivre une nouvelle aventure avec elles? » Les centres d’expositions, les musées et bien d’autres organismes de l’Abitibi-Témiscamingue donnent souvent ce genre d’ateliers. Consultez leur programmation et n’hésitez pas à vous inscrire!
Vous avez un projet Culturat? Contactez-nous à info@culturat.org
Amos | Angliers | Arntfield | Aupaluk | Barraute | Béarn | Beaucanton | Beaudry Belcourt | Bellecombe | Belleterre | Berry | Cadillac | Cléricy | Clerval | Cloutier Colombourg | Destor | Duparquet | Dupuy | Évain | Fabre Fugèreville | Guérin Guyenne | Kitcisakik | Kuujjuaq | La Corne | La Motte | La Reine | Laforce Landrienne | Latulipe | Laverlochère | La Sarre | Lebel-sur-Quévillon | Lorrainville Macamic | Malartic | Manneville | Matagami | Moffet | Montbeillard | Mont-Brun Nédélec | Normétal | Notre-Dame-du-Nord | Oujé-Bougoumou | Palmarolle Poularies | Preissac | Puvirnituq | Rémigny | Rivière-Héva | Rollet | Rouyn-Noranda Salluit | Secteur des Coteaux | Senneterre | St-Bruno-de-Guigues | St-Dominique-du-Rosaire St-Eugène-de-Guigues | Ste-Germaine-Boulé | Ste-Gertrude | Ste-Hélène-de-Mancebourg Sullivan | Taschereau | Timiskaming First Nation | Val-d’Or | Val-Paradis Val-Senneville | Val-St-Gilles | Villebois | Ville-Marie | Winneway
L’INDICE BOHÉMIEN OCTOBRE 2021 27
- PLEIN AIR -
LE RETOUR DES ENFANTS DE NANIKANA, CE FLEUVE À PROTÉGER RODRIGUE TURGEON
En sommes-nous seulement revenus? La question se pose. De cette descente de Nanikana de tout près de 500 kilomètres en 26 jours, de 300 mètres de dénivelé, d’innombrables rapides en toutes classes, de dizaines de portages, entre autres instruments de mesure, rien n’est moins sûr. De l’aventure sur les plans physique et géographique, peut-être.
odeur des cèdres centenaires bordant tant des kilomètres de rivages, de ces songes nuit après nuit, de cette chaleur du sable blanc sous nos pieds… Nous peinons à dresser un palmarès. Et cela tient possiblement de la métamorphose constante de Nanikana, de sa nature évolutive et changeante au détour de chaque méandre. Rien ne se démarque, quand bien même tout diffère. Et cela va bien au-delà des caractéristiques physiques de Nanikana, qui ne cesse de varier en largeur, en profondeur, en température, en couleur…
Mais du voyage intérieur, pas encore, et probablement jamais.
Voilà qui explique peut-être, du moins en partie, l’âpreté du retour à la « normalité » effrénée et bruyante qui cadence nos vies contemporaines. Celle aux mille contrats sociaux simultanés, hyperconnectés à tout, hormis l’essentiel. D’UNE BEAUTÉ NATURELLE INDESCRIPTIBLE
SÉBASTIEN BRODEUR-GIRARD
Si nous y sommes toujours, c’est probablement aussi en raison des marques indélébiles que portent désormais tous nos sens, renversés que tant de splendeurs puissent encore coexister de nos jours. Rien n’altérera l’empreinte de ces vues époustouflantes de successions de chutes de dix mètres de haut par un kilomètre de large, de ces chants d’oiseaux allégeant nos millions de coups de rame, de ce goût fumé des dorés autrement inatteignables, de cette
SÉBASTIEN BRODEUR-GIRARD
Avancer au rythme du territoire, un mois durant. Là où canoter sur une distance de cinq kilomètres en une journée de dix heures nous apparaît immense, une fois sous la tente, bercés par les sons de la forêt et des eaux vives, encore transis, mais ébahis d’avoir pu cheminer sur ces nuées mouvantes, évanescentes et puissantes de cascades, de rapides, de seuils, de chutes en canyons… Et ce, à répétition, une action à la fois, des semaines durant. Nous étions quatre amis et frères, Gilles Gagnon, Sébastien Brodeur-Girard, Gabriel Turgeon et moi-même.
28 OCTOBRE 2021 L’INDICE BOHÉMIEN
De Saint-Mathieu-d’Harricana jusqu’à son dévolu dans la baie James, nous avons assisté au relais fluide entre les règnes anthropique, végétal, animal, minéral, maritime… et j’en passe. SANS LEUR PRÉSENCE, RIEN N’EST POSSIBLE
Avant le départ, nous étions déjà reconnaissants des soins prodigués à ce vaste territoire par les ancêtres des Premiers Peuples qui l’occupent, l’habitent et le chérissent depuis des temps fréquemment décrits comme étant immémoriaux. Mais pour l’avoir vécu, je crois que nous pouvons désormais témoigner qu’ils y sont toujours. Qu’ils y évoluent réellement, omniprésents, accueillants, rassurants, aidants. Que les traces de leurs pas au creux des chemins de portages salvateurs n’en sont qu’une des manifestations les plus palpables. C’est avec la plus grande humilité, reconnaissance et responsabilité que nous saluons leur présence mémorable, tangible, éternelle, tant qu’il restera un territoire à chérir et des descendants de l’humanité pour le chérir. PROTÉGEONS NOTRE MÈRE
SÉBASTIEN BRODEUR-GIRARD
Au cœur de l’un des derniers lieux relativement épargnés de la folie de l’extractivisme, pas un instant n’avons-nous eu le sentiment d’être isolés, démunis ou perdus. Bien au contraire, nous pouvions ressentir toute la bienveillance de la nature lorsqu’elle se sait respectée.
Mais évitons l’écueil du récit d’un jardin d’éden invulnérable aux affres destructrices de notre époque. La réalité est toute autre. Aussi paradisiaque son bassin soit-il, Nanikana ne jouit d’aucune protection juridique à la hauteur de son importance ou qui soit susceptible de rivaliser avec les forces minières, forestières et autrement menaçantes qui planent au-dessus de lui. Ce n’est pas de la théorie. Nous-mêmes avons été témoins des marques de l’exploration minière et de la déforestation battant son plein par-delà l’horizon de ses rives. Citons ici les termes de l’ami Éric Forget qui a cheminé avant nous sur le même fil de l’histoire il y a maintenant près d’une décennie. « Je ne suis pas autochtone, je ne revendique aucun lien millénaire envers ce territoire. Il n’en reste pas moins qu’en la parcourant sur toute sa longueur, j’en suis ressorti avec le sentiment d’être devenu son enfant. Que je suis et que je serai toujours un enfant de l’Harricana. Et que comme dans toute famille, c’est mon devoir de veiller à la protection de ma mère. »
Et le plus beau, c’est que cette grande expédition pour la protection de l’une des dernières beautés de la nature de ce monde nous inclut toutes et tous, sans distinction. L’aventure ne fait que commencer.
GILLES GAGNON
Il nous faut agir pour prévenir le pire pendant qu’il est encore temps.
L’INDICE BOHÉMIEN OCTOBRE 2021 29
30 OCTOBRE 2021 L’INDICE BOHÉMIEN
- BALADO -
UN BALADO LGBTQ+ AUX COULEURS DE L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE
Depuis le 17 mai dernier, un nouveau balado conçu et produit en Abitibi-Témiscamingue s’intitulant Poules Po’Casques est disponible sur les plateformes Spotify et Apple Podcast. C’est dans ce format qu’un lundi matin sur deux, Julia Morarin nous invite, café (ou boisson de notre choix) en main, à écouter les entrevues qu’elle a réalisées avec des gens de la diversité sexuelle et de genre de la région (évidemment, les épisodes peuvent être écoutés à tout moment après leur publication). Des thèmes comme les LGBTphobies, l’identité, les relations amoureuses, la parentalité ou les milieux de travail sont abordés avec une grande liberté dans les discussions entre les personnes participantes. Celles-ci sont d’ailleurs tout aussi variées que les sujets dont elles parlent : personnes homosexuelles, pansexuelles, trans, non binaires, queers, drag queens, etc. D’une durée d’environ 30 à 50 minutes, chaque épisode commence par une autoprésentation des invité(e)s. La discussion est ensuite lancée puis relancée ou encadrée au besoin par l’animatrice. Quand les échanges sont terminés, chaque intervenant(e) y va de son mot de la fin adressé au public. L’idée de ce balado a commencé à germer dans la tête de Julia Morarin à l’automne 2020. Ce n’est qu’après de nombreuses séances de remue-méninges avec son amie Jade Breton, et grâce au soutien financier de la Coalition d’aide à la diversité sexuelle, que le projet s’est finalement concrétisé. La conceptrice avait envie de redonner à sa communauté et sentait que le moment était venu de le faire. Le balado lui a semblé le moyen tout désigné pour atteindre son objectif. Ayant réalisé des entrevues dans le cadre de ses études, c’est un format avec lequel elle était
JULIE FORTIER
CAROLINE SIGOUIN
déjà à l’aise. Au contraire de ses études toutefois, le projet lui permettait aussi d’exploiter sa créativité (c’est d’ailleurs elle qui fait les illustrations qui accompagnent les épisodes). Mais avant tout, c’est une ressource à laquelle elle-même aurait aimé avoir accès étant plus jeune. En effet, les personnes et les enjeux LGBTQ+ sont encore trop peu représentés dans la culture populaire. Les membres de la communauté ont donc besoin de telles ressources pour se reconnaître et alimenter leurs réflexions. Cela dit, les personnes cisgenres et hétérosexuelles y trouvent aussi leur compte, car avant d’être LGBTQ+, ce balado se veut d’abord humain. Voilà donc un bel instrument d’éducation, de sensibilisation et de partage qui s’ajoute à l’offre culturelle témiscabitibienne.
Depuis sa fondation, notre belle région a toujours accueilli les nouveaux arrivants. Ils ont un apport positif au développement de l’Abitibi-Témiscamingue et je les en remercie.
SUZANNE BLAIS
DÉPUTÉE D’ABITIBI-OUEST
Bureau Amos
Bureau La Sarre
259, 1re avenue Ouest, Amos, (QC), J9T 1V1
29, 8e avenue Est, La Sarre, (QC), J9Z 1N5
819 444-5007
819 339-7707 L’INDICE BOHÉMIEN OCTOBRE 2021 31
Femmessor devient Evol evol.ca
32 OCTOBRE 2021 L’INDICE BOHÉMIEN
- THÉÂTRE -
LE CŒUR SACRÉ DE JEANNE-MANCE MARTA SÀENZ DE LA CALZADA
Je rentre au Petit Théâtre du Vieux Noranda. Sur la scène, des murs faits en planches, en palettes, et des cageots en bois qui délimitent une cuisine. Je me vois catapultée en 1979, à la Maison Quatre Vents, où avait lieu la présentation de la pièce de théâtre Un « reel » ben beau, ben triste, de Jeanne-Mance Delisle par le théâtre de Coppe. Présentation de laquelle on ne sort pas indemne.
Quarante ans séparent la présentation d’Un « reel » ben beau, ben triste de celle du Cœur sacré de Jeanne-Mance. D’une époque post-mai 1968, on est passé à l’époque #metoo. Il y a lieu de s’interroger sur une posture féministe qui a nécessairement changé : de la liberté sexuelle à la dénonciation de tout abus de nature sexuelle.
CHRISTIAN LEDUC
Allez voir ce spectacle! Vous en sortirez la tête remplie ds questions, servies par la critique intelligente de Soucy, les poèmes aux images percutantes de Cotten, le jeu juste et intelligent de Valérie Côté et Stéphane Franche (remarquable en Tonio Morin), la mise en scène précise de Dumas, les éclairages magnifiques de Lyne Rioux, et une finale avec la fulgurance d’un feu d’artifice. Après les fleurs, un bémol. Les œuvres de Delisle ont été écrites dans les années 1970 et ne font pas l’apologie de l’inceste et de la violence en nous confrontant au côté obscur de l’être humain. Jeanne-Mance Delisle racontait des faits réels malaxés par sa sensibilité. De son œuvre émerge son attachement pour sa région et pour les gens qu’elle a façonnés. Le tiède n’a pas sa place chez elle, on ne sort pas indemne d’une pièce de Jeanne-Mance Delisle. Et à la dernière question de Soucy, « Pourrait-on monter Jeanne Mance Delisle aujourd’hui? », une seule réponse devrait être possible : oui, sans aucun doute. En tournée régionale du 11 au 15 octobre à Val-d’Or, Ville-Marie, La Sarre et Amos.
Je me tourne vers Simon Dumas, le metteur en scène du Cœur sacré de Jeanne-Mance, dont la première aura lieu dans deux jours. J’ai plein de questions dans ma tête, mais, subjuguée par mes souvenirs, je demande simplement, « Connaissiez-vous Jeanne-Mance Delisle avant cette mise en scène? » Il me répond par la négative, « Non, je ne connaissais pas Delisle ». Un silence s’ensuit. On peut être un homme de théâtre et ne pas connaître Jeanne-Mance. C’est vrai que la dernière fois qu’on l’a mise en scène c’était en 1993, il y a presque 30 ans! C’est peut-être cette absence de Delisle sur les planches qui a poussé Sonia Cotten à écrire cette pièce pour le 40e anniversaire de la troupe Les Zybrides. Pour revendiquer la prose crue et sauvage de cette grande dramaturge « qui aime poétiser le mal ». Cotten a contacté Simon Dumas et sa compagnie Rizhome, qui crée des spectacles vivants avec un dénominateur commun : les écrivains mis en scène participent à l’écriture des textes et à leur présentation. « Je ne monte pas Jeanne Mance Delisle. Ce spectacle raconte plutôt la rencontre entre deux écrivaines : la poète Cotten, et son aînée, Delisle. Un peu plus tard, Érika Soucy, contactée par Sonia, s’est ajoutée au projet. La porte d’entrée au spectacle est la réception de l’œuvre de Jeanne-Mance par Érika, qui a étudié Un “reel” ben beau, ben triste à l’université. » Le spectacle prend la forme d’une conférence, avec des extraits d’œuvres de Delisle pour illustrer les propos et critiques de Soucy, alors que les interventions de Cotten sont des poèmes, des réactions viscérales et percutantes aux extraits. Trois lieux sur la scène : un pour le théâtre, un pour la conférence, un pour la poésie. Ces lieux ne sont pas étanches, on verra la comédienne intervenir auprès de la conférencière, et la poète monter sur la scène théâtrale pour livrer des poèmes. Spectacle en rupture entre le théâtre, la conférence, le dialogue, la poésie où dans des allers-retours une pensée se construit et aborde des thèmes toujours d’actualité : l’aveuglement volontaire, les agressions, l’inceste, le consentement. L’INDICE BOHÉMIEN OCTOBRE 2021 33
Thérèse-Pagé
SOIRÉE RECONNAISSANCE 2021
Prix coup de coeur CHARLES ROUSSEL
Prix de la relève
Le Prix de la relève souligne la reconnaissance d’un jeune de moins de 35 ans qui est reconnu pour la qualité de ses activités culturelles dans sa discipline, qui contribue à la création, à la vitalité et au développement culturel puis finalement qui rayonne et qui donne de son temps bénévolement. Cette année, c’est Marc-Antoine Jodoin et Michelle Beaudoin qui reçoivent le prix. Leurs nombreuses réalisations numériques via leur compagnie, Bojo’s Film, témoignent de leur apport dans le milieu culturel. Leur partage de connaissances auprès des jeunes démontre leur implication à pousser plus loin le volet numérique.
34 OCTOBRE 2021 L’INDICE BOHÉMIEN
Prix reconnaissance Thérèse-Pagé 2021
Le Prix coup de cœur souligne un événement qui s’est déroulé dans le domaine des arts et de la culture durant l’année précédente et qui a marqué par son rayonnement et sa popularité. Cette année, c’est les Grands Duels de Lalibaba qui remporte ce prix. Ces Grands Duels se sont déroulés sur plusieurs semaines comprenant 16 joueurs et 16 matchs d’un contre un. Ils ont su, malgré les contraintes sanitaires, poursuivre leur offre culturelle tout en se réinventant. Pour leur détermination et leur engagement dans la culture, cet événement a su se démarquer pour ce prix.
Le Prix reconnaissance Thérèse Pagé est remis à Monsieur Léopold Noël. Son dynamisme, son engagement, sa crédibilité, ses convictions et ses qualités de leader assurent le bon fonctionnement de la Maison Hector Authier ainsi que du Vieux Palais d’Amos depuis plusieurs années. Il a aussi lutté pour la sauvegarde et la mise en valeur de ces deux bâtiments à des fins patrimoniale, culturelle et touristique. Également bénévole depuis plusieurs années dans la culture et le patrimoine, Monsieur Noël est la personne honorée pour la 23e édition du Prix Reconnaissance Thérèse-Pagé.
- HISTOIRE -
DES PREMIERS ARRIVANTS AUX NOUVEAUX ARRIVANTS CHRISTIANE PICHETTE, SOCIÉTÉ D’HISTOIRE DE LA SARRE
On se rappellera que les premiers pionniers sont arrivés à La Sarre entre 1912 et 1917. Les premières familles à s’établir en sol abitibien sont les Ayotte, les Asselin, les Cousineau ainsi que le curé Ernest Lalonde. Ces familles, et celles qui ont suivi, sont les visionnaires de notre coin de pays. Tous les développements commerciaux, économiques et agricoles sont le fruit de ces pionniers, venus d’ailleurs pour coloniser notre belle Abitibi pour la rendre telle qu’elle est aujourd’hui. Entre 2005 et 2014, de nouveaux immigrants sont arrivés au Québec. En janvier 2016, 367 049 nouveaux immigrés ont été admis dans la province. Une fine proportion de ces gens sont venus s’établir en Abitibi-Témiscamingue, soit 870 personnes. Cela ne représente que 0,2 % des immigrants du Québec. Parmi eux, on compte légèrement plus d’hommes que de femmes. Au moment de leur arrivée, 80 % avaient moins de 35 ans et connaissaient déjà le français. Il est important de savoir que près de 40 % d’entre eux étaient âgés de 15 ans et plus et certains possédaient plus de 17 années de scolarité. Une bonne partie de ces immigrants proviennent de la France, du Maroc, de l’Algérie, du Cameroun et de la Côte-d’Ivoire. Plus de six immigrants sur dix ont été admis en fonction de leurs caractéristiques professionnelles, de leurs compétences et de leur capacité à contribuer à l’économie, alors que les autres provenaient de la catégorie du regroupement familial.
grandissants de main-d’œuvre. Il est généralement reconnu que les premières années sont déterminantes pour ce qui est du choix définitif du lieu de résidence par les nouveaux arrivants. Les régions misent de plus en plus sur le développement de leur capacité à attirer de nouveaux arrivants, mais aussi, à les inciter à s’enraciner pour relever le défi démographique et répondre aux nombreux besoins socioéconomiques. Si les défis sont de taille pour les grandes villes du Québec, ils le sont encore plus pour les villes de moyennes et petites tailles ou, plus généralement, pour les régions éloignées. Tout comme nos pionniers, les nouveaux arrivants doivent relever des défis tels que les difficultés d’apprentissage de la langue, l’éloignement avec leur famille, l’adaptation à notre climat ainsi qu’avec nos habitudes de vie. En Abitibi-Témiscamingue, on peut voir de plus en plus de ces nouveaux arrivants occuper des postes importants et contribuer au bon fonctionnement de différents secteurs économiques et sociaux. Le manque de main-d’œuvre fait que nous avons besoin de ces personnes venues d’ailleurs pour consolider notre économie. Finalement, l’immigration apparaît comme l’un des moyens pour augmenter la population et l’occupation dynamique du territoire tout en contribuant à répondre aux besoins grandissants de main-d’œuvre. L’accueil de la personne immigrante et de sa famille et l’intégration professionnelle et l’intégration sociocommunautaire sont au nombre des conditions de réussite de l’immigration en Abitibi-Témiscamingue.
COURTOISIE
L’immigration apparaît comme l’un des moyens pour augmenter la population et l’occupation dynamique du territoire tout en contribuant à pourvoir aux besoins
L’arrivée de nouveaux colons en Abitibi vers 1930.
L’INDICE BOHÉMIEN OCTOBRE 2021 35
36 OCTOBRE 2021 L’INDICE BOHÉMIEN
- MA RÉGION, J’EN MANGE -
SALADE DE BETTERAVES ROUGES AU KOMBUCHA FRAISE ET BASILIC RÉGIS HENLIN, LES BECS SUCRÉS-SALÉS
EXPOSITIONS DU 2 SEPTEMBRE AU 31 OCTOBRE 2021
Pour 4 personnes
COURTOISIE
INGRÉDIENTS 6 betteraves rouges 355 ml (une canette) de kombucha fraise et basilic 30 ml (2 c. à soupe) de crème sure 5 ml (1 c. à thé) de moutarde de Dijon 45 ml (3 c. à soupe) d’huile d’olive 5 ml (1 c. à thé) de vinaigre de framboise (ou autre) Ciboulette finement ciselée Basilic finement ciselé Sel et 5 poivres au goût
CAROLYNE SCENNA AGRÉGATS
MÉTHODE Faire cuire les betteraves jusqu’à ce qu’on puisse piquer le cœur de la betterave facilement avec un couteau. Les rincer à l’eau froide et les laisser refroidir. Éplucher et couper les betteraves en fines tranches. Les disposer dans un plat et recouvrir de kombucha fraise et basilic. Laisser macérer au moins 2 heures, mais idéalement une nuit.
ADAM BASANTA THE UNKNOWN FUTURE ROLLS TOWARDS US
Après la macération, sortir les betteraves de leur jus et les disposer dans une assiette. Préparer la vinaigrette, dans un bol mettre la moutarde, ajoutez le vinaigre, mélanger et laisser reposer quelques minutes. À l’aide d’un fouet, ajouter une cuillère à soupe de jus de betterave, le kombucha et l’huile d’olive. Garnir votre assiette avec la crème sure. Servir en accompagnement de vos grillades estivales ou comme entrée estivale. Ajouter un peu de ciboulette et de basilic avant de servir. *** Je laisse le choix au consommateur de choisir lui-même son propre maraicher (la liste est longue), ou peut-être même utiliser ses propres légumes? Cette recette m’a été inspirée par la « rage » de mon épouse pour les betteraves (elle est enceinte). Je voulais qu’elle puisse varier un peu ses saveurs malgré sa dépendance aux betts!
SERGE KABONGO LELO, AUJOURD’HUI
lecart.org/fr/ L’Écart, 167 avenue Murdoch, Rouyn-Noranda, J9X 5A9
À votre tour de succomber à toutes ces saveurs!
L’INDICE BOHÉMIEN OCTOBRE 2021 37
PARTICIPEZ À NOTRE SONDAGE
GAGNEZ DES PRODUITS DÉRIVÉS DE L’INDICE BOHÉMIEN OU DES PUBLICITÉS GRATUITES DANS LE JOURNAL! POUR PARTICIPER, VEUILLEZ : • remplir le sondage suivant et nous l’envoyer par la poste : L’Indice bohémien, 150, avenue du Lac, Rouyn-Noranda (Québec) J9X 4N5 OU • remplir le sondage en ligne sur notre site Web (indicebohemien.org) ou notre page Facebook Pour chaque question, vous pouvez choisir autant de réponses que vous le désirez.
1. DANS QUELLE MRC DE L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE VIVEZ-VOUS? MRC d’Abitibi MRC d’Abitibi-Ouest MRC de la Vallée de l’Or MRC de Témiscamingue Ville de Rouyn-Noranda Autre (veuillez préciser) :
Entre 10 et 20 ans Entre 20 et 30 ans Entre 30 et 40 ans Entre 40 et 50 ans Entre 50 et 65 ans 65 ans et plus
Oui (veuillez préciser) : Autre (veuillez préciser) :
Masculin Je préfère ne pas répondre
4. COMMENT AIMEZ-VOUS LIRE OU VOIR LE CONTENU DE L’INDICE BOHÉMIEN? Je préfère lire la version papier Je préfère lire les articles sur le site Web J’aime voir les différents contenus partagés sur les réseaux sociaux Je ne lis pas L’Indice bohémien Autre (veuillez préciser) :
5. SUR QUEL RÉSEAU SOCIAL NOUS SUIVEZ-VOUS? Instagram Aucun
6. AVEZ-VOUS DES SUGGESTIONS À NOUS FAIRE POUR LE PARTAGE DE CONTENUS SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX? Oui (veuillez préciser) : Non
7. SAVEZ-VOUS QU’IL EST POSSIBLE DE VOUS IMPLIQUER COMME BÉNÉVOLE À L’INDICE BOHÉMIEN? Oui, je suis bénévole à la rédaction Oui, je suis bénévole à la distribution Non, mais j’aimerais m’impliquer (veuillez préciser) : Je ne souhaite pas m’impliquer Autre (veuillez préciser) :
38 OCTOBRE 2021 L’INDICE BOHÉMIEN
Dans les lieux culturels, les festivals Dans les écoles, au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue, à l’UQAT Dans les épiceries, les dépanneurs Dans les pharmacies Dans les banques, les Caisses Desjardins Je me fais livrer le journal Autre (veuillez préciser) :
10. EST-CE QU’UNE PERSONNE AUTRE QUE VOUS LIT LA VERSION PAPIER DE L’INDICE BOHÉMIEN DANS VOTRE MAISON?
3. AUQUEL DES GENRES SUIVANTS VOUS IDENTIFIEZ-VOUS?
Facebook Twitter
Les spectacles diffusés sur la page Facebook, comme durant les débuts de la pandémie La présence sur les réseaux sociaux La rédaction et le partage d’articles collés sur l’actualité Le nouveau format du journal Les articles de fond sur la culture dans la région La couverture d’événements en tout genre partout dans la région Les chroniques d’opinion Les créations virales (blogue de partages artistiques) Les articles plus longs de type reportages Les articles plus courts Vos suggestions?
9. OÙ VOUS PROCUREZ-VOUS LE JOURNAL PAPIER?
2. QUELLE EST VOTRE TRANCHE D’ÂGE?
Féminin Non binaire
8. DANS LA LISTE SUIVANTE, QU’EST-CE QUI VOUS PLAÎT LE PLUS?
Non
11. QUE FAITES-VOUS AVEC L’INDICE BOHÉMIEN UNE FOIS QUE VOUS L’AVEZ LU? Je le garde pour mes archives Je l’utilise pour mon compost Je le mets au recyclage Mes enfants font du bricolage avec L’Indice bohémien Autre (veuillez préciser) :
12. VEUILLEZ ÉCRIRE CE QUE NOUS POUVONS AMÉLIORER. Pour le journal (veuillez préciser) : Pour le site Web (veuillez préciser) : Sur les réseaux sociaux (veuillez préciser) : Autre (veuillez préciser) :
13. SAVEZ-VOUS QUE L’ORGANISME QUI GÈRE L’INDICE BOHÉMIEN EST UNE COOPÉRATIVE DE SOLIDARITÉ? Oui Commentaires :
Non
14. COMMENT POUVONS-NOUS VOUS JOINDRE SI VOUS GAGNEZ AU TIRAGE AU SORT? Numéro de téléphone : Adresse courriel :
Merci de votre précieuse collaboration!
CALENDRIER CULTUREL CONSEIL DE LA CULTURE DE L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE En raison des mesures gouvernementales concernant la COVID-19, il se peut que certains des spectacles en présentiel du calendrier soient annulés. Veuillez vous référer directement aux diffuseurs pour les renseignements les plus à jour.
CIRQUE
EXPOSITIONS
Buzz cuivre classirque 29 sept., Théâtre des Eskers (Amos)
Site de rencontre avec l’art Jusqu’au 21 févr. 2022, MA Musée d’art (RN)
CONTE
HUMOUR
Festival des contes et légendes de l’Abitibi-Témiscamingue 28 sept. au 3 oct., plusieurs villes Soirée de contes d’ici et d’ailleurs avec Myriame El Yamani (FCLAT) 30 sept., Cabaret de la dernière chance (RN) DIVERS L’heure Biblio-Jeux 12 sept. au 5 déc., Bibliothèque municipale Amos Espace techno 16 sept. au 16 déc., Bibliothèque municipale Amos Ateliers de création de bandes dessinées 19 sept. au 12 déc., Bibliothèque municipale Amos
Phil Roy en rodage 28 sept., Théâtre Télébec (VO) 29 sept., Théâtre du cuivre (RN) 30 sept., Théâtre des Eskers (Amos) 1er oct., Salle de spectacles Desjardins (LS) 2 oct., Le Rift (Ville-Marie) On va tous mourir – Laurent Paquin et Simon Boudreault 27 sept., Théâtre des Eskers (Amos) 29 sept., Théâtre Télébec (VO) 30 sept., Théâtre du cuivre (RN) Dérapage contrôlé – Humour spontané 1er oct., La Cabane (VD) Gros plan – Karine Côté 7 oct., Théâtre Télébec (VD) 8 oct., Théâtre du cuivre (RN) 9 oct., Théâtre des Eskers (Amos)
Michel Pagliaro – Soirée acoustique FGMAT 1er oct., Théâtre du cuivre (RN) Ariel Posen – FGMAT 2 oct., Théâtre du cuivre (RN) Rock Story la suite 2 oct., Salle Dottori (Témiscaming) Rémi Boucher et l’Ensemble Aiguebelle en concert 4 oct., Théâtre des Eskers (Amos) 5 oct., Théâtre Télébec (VD) 6 oct., Théâtre du cuivre (RN) 9 oct., Salle de spectacles Desjardins (LS) 10 oct., Le Rift (Ville-Marie) Irvin Blais Léda 7 oct., Théâtre du cuivre (RN) 8 oct., Théâtre des Eskers (Amos) 9 oct., Théâtre Télébec (VD) Le cours des jours – Dumas 9 oct., Théâtre du cuivre (RN)
Flore laurentienne 19 oct., Théâtre du cuivre (RN) 21 oct., Théâtre des Eskers (Amos) 22 oct., Salle Félix-Leclerc (VD) Dany Placard 22 oct., La Cabane (VD) Choses Sauvages 23 oct., La Cabane (VD) Les petites tounes dans l’univers 22 oct., Salle de spectacles Desjardins (LS) 23 oct., Théâtre des Eskers (Amos) 24 oct., Le Rift (Ville-Marie) Pour déjouer l’ennui – Pierre Lapointe 22 oct., Théâtre du cuivre (RN) 23 oct., Théâtre Télébec (VD) Notre-Dame-des-Sept-Douleurs – Klô Pelgag 28 oct., Théâtre des Eskers (Amos) 29 oct., Théâtre Télébec (VD) THÉÂTRE
Raton Lover 9 oct., La Cabane (VD)
Après l’école au Médialab 21 sept. au 14 déc., Bibliothèque municipale Amos
Merci – Phil Bond 20 oct., Théâtre du cuivre (RN) 21 oct., Théâtre Télébec (VD) 22 oct., Théâtre des Eskers (Amos)
Cliniques d’aide numérique 22 sept. au 15 déc., Bibliothèque municipale Amos
Le Gala d’humour du gros buck 21 oct., Le Rift (Ville-Marie) 22 oct., Brasserie la Brute du coin
Génies sages et moins sages 24 sept. au 10 déc., Bibliothèque municipale Amos
MUSIQUE
Les Salebarbes 14 oct., Théâtre Télébec (VD) 15 oct., Salle de spectacle Desjardins (LS) 16 oct., Théâtre des Eskers (Amos)
Festival des guitares du monde de l’Abitibi-Témiscamingue 1er au 9 oct., Plusieurs salles à RN
La tournée du bonheur 17 oct., Théâtre des Eskers (Amos) 18 oct., Théâtre du cuivre (RN)
Comment Debord 14 oct., La Cabane (VD) Grimskunk acoustique 15 oct., Théâtre des Eskers (Amos)
Le Cœur sacré de Jeanne-Mance 11 oct., Théâtre des Eskers (Amos) 12 oct., Théâtre Télébec (VD) 13 oct., Salle de spectacles Desjardins (LS) 15 oct., Le Rift (Ville-Marie) Meurtre et mystère avec les comédiens de Blanc de mémoire 30 oct., La Cabane (VD)
Pour qu’il soit fait mention de votre événement dans le prochain numéro de L’Indice bohémien, vous devez l’inscrire vous-même, avant le 20 de chaque mois , à partir du site Web du CCAT au ccat.qc.ca/promotion/calendrier-culturel. L’Indice bohémien n’est pas responsable des erreurs ou des omissions d’inscription.
L’INDICE BOHÉMIEN OCTOBRE 2021 39
40 OCTOBRE 2021 L’INDICE BOHÉMIEN