La ville de Tunis
Image de couverture, photographie aérienne du centre ville de Tunis, 2021, Google earth
Image de couverture, photographie aérienne du centre ville de Tunis, 2021, Google earth
Ines Ben abdallah
Sous la direction d’Étienne Léna Mémoire d’architecture
Année universitaire 2021 2022
École Nationale Supérieure d’Architecture Paris Val de Seine
Je remercie mon encadrant de mémoire M. Étienne Léna pour son suivi et ses conseils tout le long de ce travail.
Je remercie ma famille pour leur soutien et leur contribution dans ce projet.
1.1 Géographie et territoire
1.2 Histoire du développement urbain de la ville
1.3 Description socio urbaine de la ville de Tunis
2.1 Les voies structurantes de la ville de Tunis
2.2 Représentation régulière dans les entités urbaines
2.3 Les limites de la ville
3.1 Avenue Al Jazira / Avenue de France
Avenue Londres / Bahri
Ce travail correspond à une description de l’organisation urbaine de la ville de Tunis. Il est inspiré des analyses d’enseignants et architectes ayant travaillé sur différentes villes d’Afrique du nord et autres villes au schéma urbain similaire. Il s’agit d’une description qui se concentre sur l’aspect formel et aborde les problèmes de morphologie architecturale et urbaine de la ville.
Ce qui m’a mené à faire ce travail descriptif, c’est tout d’abord la volonté de comprendre le fonctionnement d’une entité urbaine ayant la particularité d’appartenir à deux époques différentes.
Ce travail met en place un constat de l’état actuel de la ville pour essayer de comprendre la manière dont elle se compose.
Ainsi, tout au long de cette analyse, la description des formes architecturales et urbaines issues de contexte historique différent a permis de confronter les deux entités urbaines sous un aspect formel
La richesse architecturale qu’apporte les deux espaces urbains de la ville de Tunis, témoigne de la complexité du tissu. Les plans et les structures d’un bâtiment contiennent autant d’éléments permettant de raconter l’histoire de leur formation et de leur transformation. La compréhension interne du tissu urbain m’a conduit à m’intéresser aux incohérences spatiales des formes existantes dans la ville.
C’est à travers un travail de documentation cartographique et d’analyse urbaine que j’ai réalisé cette étude descriptive de la ville de Tunis.
Le centre ville de Tunis bénéficie d’un patrimoine urbain important avec d’une part la médina, qui depuis 1979 est classée au patrimoine mondial de l’Unesco et d’autre part une ville héritée de l’époque coloniale française.
Elle est composée de deux morphologies que tout oppose ; d’une part celle façonnée par la tradition urbaine arabe et d’autre part celle d’une évolution technique.
La ville ancienne (médina) est caractérisée par ses limites, par un mode de vie au rythme plus lent, un tissu urbain très dense où la proximité des éléments bâtis décrit à la fois un monde solidaire et enclavé. L’articulation des composantes permet une distinction immédiate des structures publique et privée et de la centralité et des parcours principaux. Cette contextualité révèle un caractère singulier par sa forme, sa structure et son mode opératoire dont l’identité est conservée jusqu’à ce jour.
L’urbanisation moderne est au contraire caractérisée par son dynamisme et ses possibilités d’extension illimitées. Son échelle est plus grande et le maillage de ses tissus plus large. La rapidité de son rythme de vie, insufflé par un réseau de communication plus récent l’intègre dans une logique territoriale et non plus seulement locale.
Si la médina a continué à évoluer sans contraintes extérieures jusqu’à la moitié du 19e siècle, l’industrialisation va entraîner un ensemble de transformations qui participera à l’évolution économique, culturelle et morphologique de Tunis. En effet, l’avènement de la ville neuve a provoqué d’abord, l’éclatement de la ville traditionnelle, par une transformation de sa morphologie au niveau de ses limites et de sa réalité « pratico sensible » 3. Ensuite, le nouvel espace urbain s’est vu doté de lieux de travail et de divertissement d’une ville moderne.
Le dédoublement volumétrique de l’espace urbain de la capitale tunisienne a été amené par la formation de deux types urbains aujourd’hui fortement liés. Un système global de circulation a été mis en place ainsi qu’un « plan organique de développement 4 ». La hiérarchie de voies de natures différentes, ainsi que le système de circulation, permettent, à la fois, de relier les deux entités urbaines entre elles ainsi qu’à la région et au territoire. Chaque formation, en ayant son caractère spécifique, communique par des espaces où l’architecture se confronte à deux époques différentes. Cela est surtout visible au niveau des points de rencontre délimitant les deux morphologies.
3 Henri LEFEBVRE, 2009.
4 Gustavo Giovannoni, 1998.
Les objectifs de cette étude sur la ville de Tunis consistent à décrire son histoire urbaine et à observer les transformations morphologiques qui ont eu lieu avec l’arrivée de la ville neuve. Cette transition est au centre de la problématique traitée dans ce document, et plus précisément, la question explorée est la suivante :
Quel a été l’impact formel de la confrontation de la ville ancienne à la ville neuve ?
L’approche de cette étude est formelle. La connaissance des différents éléments architecturaux, leurs caractéristiques et leurs morphologies permettra, dans un premier temps, de comprendre le fonctionnement au sein de chacun des deux ensembles urbains. Ensuite, cela permettra d’identifier ce qui relève de l’irrégularité dans le tissu urbain et ainsi d’interpréter les transformations que Tunis a connues durant les 19e et 20e siècle.
Dans sa première partie, cette étude s’intéresse à la structure générale de la médina et de la ville neuve du 19e siècle. Une analyse détaillée des éléments composants les villes permettra de définir leurs spécificités respectives et ainsi de comprendre leur fonctionnement. Dans la deuxième partie, nous étudierons la communication des deux entités à travers la hiérarchie des voies, les formes architecturales et la structure urbaine qui les constitue. Plusieurs dessins vont permettre d’appréhender la constitution des tissus urbains ainsi que leurs organisations. Enfin, il sera question d’analyser deux quartiers situés au niveau de la jonction de la ville ancienne et la ville neuve.
Située dans la région côtière du nord est de la Tunisie, la ville de Tunis s’étale en partie sur les hauteurs et en contrebas d’une colline à proximité de la mer méditerranée au carrefour des voies de passage entre deux massifs collinaires. Anciennement, un terrain marécageux entourait la colline où la ville d’origine a été fondée, la Médina. Ce territoire marécageux devient à partir de 1881, sous le protectorat français, un nouvel espace urbain complétant le tissu urbain de Tunis.
Figure 1: Carte du service géographique de l'Armée Ech. 1 / 50000, En ligne dans Bibliothèque nationale de France <gallica.bnf.fr>
Trois lacs se situent à proximité immédiate de la capitale tunisienne. Ces lacs nommés « sebkha », entourent le centre ville, limitant son extension urbaine. Il y a d’une part le lac de Sijoumi situé au sud ouest de Tunis, le lac d’Ariana situé au nord est et enfin le lac de Tunis, reliant la ville à la mer méditerranée. Ce dernier protégeait jadis la ville des attaques durant les nombreuses conquêtes qui jalonnent l’histoire de cette ville 5, grâce à sa forme naturelle de lagune, offrant ainsi une barrière contre les envahisseurs venus par la mer. Aujourd’hui, il accueille les équipements portuaires et aéroportuaires de la métropole tunisienne. C’est autour de ces lacs que se développent les différentes banlieues de Tunis à savoir : Ariana, Manouba et Ben Arous. Ces banlieues composent aujourd’hui, avec la ville de Tunis, le gouvernorat du Grand Tunis (le gouvernorat est l’équivalent administratif du département en France).
5 Tout d’abord sous le règne des Aghlabides passant ensuite sous la dynastie des Fatimides et finalement sous la dynastie des Zirides, Tunis, par sa situation géographique connaîtra une histoire mouvementée.
La mise en place du protectorat français 6 en 1881, entraîne une modernisation administrative, avec de nouvelles réglementations urbaines. En 1885 ; la direction générale des travaux publics (DGTP) est créée. C’est la première institution de la Régence de Tunis sous le protectorat français. Elle avait pour buts, d’une part, de concevoir l’aménagement du territoire en mettant en place un service topographique, et d’autre part, d’abriter le service de planification urbaine et de gérer des communes. Cette administration devient alors l’instrument de gestion et du développement de la ville. À la tête de ces institutions, on retrouvait des ingénieurs des Ponts et Chaussées, tel que Pierre Colin, Jules Milhau et Jules Zagrzevski 7, qui sont à l’origine des planifications des constructions des grandes infrastructures des réseaux routiers et ferroviaires, des ponts et des ports. Ces ingénieurs étaient chargés de relever les différentes rues, places et impasses et de constituer un plan détaillé de la ville afin de préparer la pose des canalisations, jusque là inexistantes 8. Ils ont cartographié pour la première fois la ville de Tunis avec de nombreux détails (données topographiques, découpage parcellaire) ; et ont permis la mise en place des différentes étapes d’actions urbaines pour son développement.
6 Le protectorat français de Tunisie (1881 1956), institué par le traité de Bardo le 12 mai 1881 au terme d’une conquête militaire, entrainera de nombreux changements administratifs et contribuera au développement urbain de la ville.
7 Pierre Jacques Gabriel Colin, ingénieur civil et architecte marseillais, qui aurait résidé à Tunis entre 1852 et 1861. Jules Milhau et Jules Zagrzveski sont deux ingénieurs civils marseillais, qui ont résidé à Tunis en 1861
8 Jean Luc Arnaud, « Dresser un plan de Tunis au début des années 1860 », Maghreb et sciences sociales, 2005, p.5.
Figure 2: Jean Luc Arnaud , « Tunis, le plan de Colin de 1860, un document sans auteur ni date », Premier plan imprimé en 1860 par Pierre Colin 9
Une des premières grandes phases a été le démantèlement de l’enceinte intérieure de la médina entre 1881 et 1885. Elle a entraîné une réorganisation des voies de la médina débouchant sur l’enceinte ainsi que l’ouverture à de nouvelles voies dans un nouveau paysage urbain. Cet espace s’étend sur environ 10 km partant de la porte d’entrée de la médina, appelée Bab el Bhar, jusqu’aux rives du lac de Tunis.
La principale artère de la ville neuve est l’axe majeur qui est dessiné et construit en premier. C’est un axe accueillant le premier espace public de Tunis prénommé la promenade de la Marine.
Mesurant 60 mètres de long sur 17 mètres de large, quatre rangées de ficus y sont plantées. De part et d’autre de la promenade, deux contre allées de 8 mètres permettent le passage des voitures et de la ligne de chemin de fer.
9 . De manière générale, ce document est attribué à l’ingénieur marseillais Colin et daté de 1860. Or il n’est ni signé, ni daté ; en outre, il est de toute évidence postérieur de quelques années à 1860. L’original de ce plan semble actuellement égaré
Figure 3: La promenade de la Marine au centre ville de Tunis. « En 1855, l’Avenue Bourguiba se nommait Pomenade de la Marine…» Hatem Bourial, Photographie, en ligne sur <webdo.tn>, Tunis.
Autour de la promenade de la Marine s’installent de nouveaux équipements publics tels que des salles de spectacle, des théâtres, des cafés, des hôtels et des casinos. Ces espaces ont été conçus pour la population venant s’installer dans ces nouveaux quartiers. Parmi les bâtiments les plus marquants d’un point de vue architectural, on peut citer le théâtre municipal, dont la façade principale reprend les codes de l’architecture de l’art nouveau, par ses lignes courbes créant des compositions organiques. De nombreuses constructions de la ville neuve disparaissent après l’indépendance du pays, elles sont remplacées par de nouveaux équipements.
La modernisation de la ville se fait en plusieurs étapes. Tout d’abord l’assainissement de la nouvelle ville à travers la mise en place d’un système d’adduction d’eau, des égouts et des canalisations desservant les nouvelles maisons et nouveaux immeubles en eau courante. La modernisation de la ville visait à améliorer les conditions de vie et à répondre aux exigences de la population venue d’Europe nouvellement installée dans la ville. La construction d’une usine à gaz située près du lac, a permis l’utilisation d’électricité dans l’éclairage des espaces publics ainsi que dans les foyers.
À l’origine, les rues de la ville étaient en terre battue. Elles ont été pavées vers 1880 et de larges trottoirs ont été mis en place le long des façades des immeubles.
En parallèle à l’ouverture des voies, une nouvelle infrastructure de transport est mise en place avec un tramway qui fait le tour de l’ancienne ville. Les premiers tramways étaient tractés par des chevaux 10, puis par des locomotives, avant de laisser place à des tramways à traction électrique. Ainsi de 1885 à 1908, le réseau comptait jusqu’à 10 lignes de tramways qui desservaient les différents quartiers mais aussi la proche banlieue sur une longueur totale de 30 kilomètres.
L’implantation du réseau de transport a été déterminant pour le développement de la forme urbaine de Tunis. En 1890, Tunis compte près de 115 000 habitants dont une majorité de Tunisiens musulmans ainsi qu’une communauté importante d’Italiens. Ce nombre va passer, en dix ans, 147 000 habitants dont 53 000 européens 11. L’espace urbain a doublé passant de 334 hectares en 1880 à 673 hectares en 1900.
Le nouveau plan d’urbanisme de la ville de Tunis entraîne un déplacement des principales fonctions urbaines de la médina vers la ville nouvelle. La municipalité de Tunis, anciennement installée dans la médina va être mutée dans le nouveau quartier avenue Al Jazira, construite hors du tissu ancien.
11 Leila Ammar La rue à Tunis, Réalité, Permanences, Transformations de l’espace urbain, 1835 1935 , Tunis, 2017, s. d., p.196.
La ville de Tunis est façonnée par deux organisations urbaines diamétralement opposées. La plus ancienne des deux est la médina de Tunis, à laquelle a été greffée la ville du 19e, construite sous le protectorat français.
Figure 5 : Composition urbaine de la ville de Tunis, 2022, document personnel
Le tissu urbain de la médina se développe au Moyen Age vers l’an 698 autour de la mosquée Zitouna. Il se divise en un espace central, le cœur de la ville, et de ses deux faubourgs, au nord (Bab Souika) et Sud (Bab Jazira). La médina de Tunis, avec une superficie de 270 hectares et plus de 100 000 habitants, représentait un sixième de la surface urbanisée de l’agglomération. Circonscrite par des enceintes fortifiées que protègent des avant postes militaires comme le fortin de la Rabta ou celui de Sidi Belhassen, la ville communiquait avec l’extérieur à travers des portes où des droits d’entrée étaient exigés pour les marchandises. Les échanges commerciaux y prenaient place, ainsi qu’aux fondouks (auberges) et aux oukalas (entrepôt).
: « Composition du tissu urbain de la médina de Tunis », Plan, 2022, document personnel
Les remparts définissent le périmètre qui englobe la ville d’origine. Tunis était constituée de deux enceintes ; l’une englobant la médina centrale et l’autre qui englobe deux faubourgs ; Rbat Bab Souika et Rbat Bab Jazira dans l’espace rural 12 .
À l’intérieur de ces deux enceintes, les habitants se répartissent entre citadins musulmans, juifs et chrétiens qui occupent les divers quartiers désignés du nom de la mosquée, des portes, des zaouias qui s’y trouvent 13
La seconde enceinte a été détruite sous le règne de Philipe II en 1573, afin de construire une grande forteresse entre le lac et la ville. Aujourd’hui, aucune des deux enceintes n’est présente autour de la médina, seules les portes anciennes ont été gardées.
Figure 7: « Tunis ville ronde », Gravure allemande du 17eme siècle. Auteur inconnu. La Médina de Tunis,1989, Jellal Abdelkafi
Revault, « Palais et demeures de Tunis »,
Revault,
Les portes de la médina constituent les seuls éléments restants des remparts aujourd’hui disparus. Parmi celles ci, on peut citer la plus ancienne Bab El Jazira (au sud) qui ouvrait sur les routes du sud du pays. Bab Cartagena (Sud Ouest) qui donnait accès à Carthage et d’où étaient ramenés les matériaux nécessaires à la construction de la ville et Bab el Bhar (Ouest) qui rattache la ville ancienne à la ville du 19e.
Figure 8 :, Représentation des portes et des anciens remparts de la médina de Tunis,2022, document personnel
La médina regroupe la plupart des grandes mosquées de la capitale Leurs différents styles architecturaux témoignent de leurs époques de construction respectives. Aujourd’hui on peut en compter une quinzaine, parmi lesquelles :
La mosquée de la Kasbah fondée en 1230 et pratiquant le rite hanafite 14
La mosquée El Ksar également de rite hanéfite édifiée au 12e siècle
La mosquée Hammouda Pacha, construite en 1655
Figure 9 : Répartition des mosquées dans le tissu urbain de la médina, 2022, document personnel
14 Hanafite : Considérée comme la plus ancienne des écoles islamiques sunnites de droit musulman et de jurisprudence.
Le style architectural et la taille des mosquées varient énormément d’un édifice à l’autre. Les éléments caractéristiques de la mosquée apparus dès l’aube de l’islam ont intégré de plus en plus d’éléments issus de l’architecture des territoires conquis. Les mosquées que l’on trouve dans la médina de Tunis, suivent le plan arabe ou plan hypostyle qui est un plan à forme carrée ou rectangulaire. Il se compose d’une cour à portique, d’une salle de prière à colonnes et de nefs dirigées parallèlement ou perpendiculairement à la qibla (direction vers laquelle doit se tourner le fidèle pour la prière).
La situation centrale des mosquées marque l’importance de la religion au sein de la ville. Sa centralité joue un rôle important et donne un sens à l’organisation de l’ensemble des édifices de la médina. Dans la médina de Tunis, c’est la mosquée Zitouna qui occupe le centre, avec un plan hypostyle. Sa superficie de 5000 m² témoigne de son importance dans la ville ancienne. D’autre part, de nombreuses autres mosquées se sont construites à proximité de la zone centrale, mais aussi proche des portes, constituant avec les commerces, un pôle urbain structurant de la ville.
Figure 11: Plan de situation de la mosquée Zitouna, 2022, document personnel
Figure 12 : Plan de la grande mosquée Zitouna, Tunis, Mohamed Béji Ben Mami « Grande Mosquée Zitouna» , dans Discover Islamic Art. Museum no Frontiers, 2022. En ligne sur <https://islamicart.museumwnf.org >
Dans la médina et ses faubourgs, l’habitation tunisoise présente des caractéristiques précises, héritées des siècles précédents. Que celle ci appartienne aux familles les plus fortunées ou les plus pauvres, elle est constituée d’une cour intérieure et de murs externes aveugles ou avec de rares percées. Ces caractéristiques dominantes sont issues de la maison gréco romaine. Tout d’abord avec la présence des Grecs sur le territoire de Tunis et ensuite avec celle des Romains, cette architecture installe des caractéristiques typiques de l’habitation tunisoise, à travers des éléments qui règlent l’ensemble de la vie familiale : l’entrée coudée (chicane). On distingue trois types de chicanes, que l’on retrouve selon une hiérarchie des fortunes des propriétaires. Celle ci a pour fonction de protéger, elle constitue par ses multiples fermetures un moyen de défense général contre toute intrusion 15 .
Figure 13: Roberto Berardi, « Le signe de la Médina : les éléments discrets » 2016. Les types de Chicane existantes dans la médina de Tunis, en ligne sur <issuu.com>
Cour : de forme carrée, rectangulaire ou trapézoïdale, la cour est généralement entourée d’une galerie de colonne. Le sol de la cour est recouvert d’un dallage de pierre avec un léger dénivelé vers le centre, servant à l’évacuation de l’eau. En son centre, on peut y trouver un arbre fruitier (un oranger ou un citronnier) ou une petite fontaine. Péristyle (galerie de colonnes) : chaque portique d’une galerie compte presque toujours trois arcs brisés. Les colonnes en pierre calcaire, conservent le chapiteau hafside à méandres et tailloir 16 .
Figure 14 : Jacques Revault, « Palais et demeures de Tunis (XVIe et XVIIe siècles) : Maison type Greco Romaine », 1967
L’architecte et historien Jacques Revault distribue la maison à patio selon quatre types correspondant à une hiérarchie de fortune : la maison commune, la maison bourgeoise, la grande demeure et le palais 17
L’habitation commune est répandue dans la périphérie et dans les faubourgs de la médina. Sa façade extérieure présente une porte généralement encadrée de pierre avec, selon les schémas, une étroite ouverture se trouvant juste au dessous. À l’intérieur, l’entrée se traduit par un simple couloir en « coude » qui permet l’accès à la petite cour. Parmi les pièces que l’on trouve autour de la cour, une ou deux sont utilisées par la famille en tant que chambre, (généralement couvertes en voûte ou en toit terrasse) et deux autres pièces secondaires servent de cuisine et de resserre.
Exemple : Dar terraine
Figure 15 : Jacques Revault, « Palais et demeures de Tunis (XVIe et XVIIe siècles : Maison commune, exemple de « Dar Terraine », 1967
L’entrée de la maison bourgeoise est marquée par une porte cloutée soit dans un encadrement de pierre à linteau, soit dans un cadrage en arc. Des ornements viennent décorer la base du piédroit 18. La chicane conduit à la cour intérieure, au milieu de laquelle se trouve souvent un arbre fruitier (généralement un oranger ou un citronnier). Ce type de maison n’est généralement composé que d’un rez de chaussée et sa particularité est visible au niveau du patio : la cour à galerie faisant face à l’entrée s’ouvre au devant de la salle de réception, entre trois arcs brisés retombant sur des colonnes de calcaire. Près de l’entrée en chicane se trouvent les servitudes (la cuisine, resserre) ; sur le côté, deux chambres rectangulaires larges et peu profondes et au fond du patio la salle principale disposée en T accueillant la salle de réception et deux autres petites pièces.
Figure 16 : Jacques Revault, « Palais et demeures de Tunis (XVIe et XVIIe siècles : Maison bourgeoise « Dar Balma », 1967
18 Piédroit : partie verticale de mur qui supporte la naissance d’une arcade.
Similaire à la maison bourgeoise et fortement inspirée des palais tunisois, la grande demeure partage de nombreux points communs avec ces deux types. Son entrée se compose d’une antichambre (Driba), où le maître reçoit ses clients et amis, suivie d’un second espace (skifa) qui conduit au patio. Le vaste patio des grandes demeures est souvent dominé par un étage, dans lequel on aperçoit les portes des différents appartements. Cependant, il n’est pas toujours systématique de trouver un étage. Lorsque la cour se limite au rez de chaussée, la protection des terrasses de la maison est renforcée afin d’éviter les intrusions. Les appartements sont de forme rectangulaire et prennent jour sur la cour. Ils se divisent en une salle principale ainsi que deux chambres de part et d’autre. On retrouve un commun ou une courette presque à chaque fois dans la grande demeure tunisoise. Ces pièces servent pour entreposer les récoltes et les besoins les plus importants de la famille et de la domesticité.
Exemple : Dar El Hedri
Figure 17 : Jacques Revault, « Palais et demeures de Tunis (XVIe et XVIIe siècles La demeure « Dar El Hedri », 1967
Les souks constituent un réseau de ruelles couvertes, bordées de commerçants et d’artisans groupées par spécialité. Les métiers considérés comme les plus nobles, tels que les marchands d’étoffes, les parfumeurs, les libraires et les marchands de laine se trouvent à proximité directe de la grande mosquée Zitouna. Les autres souks regroupant des corps de métiers bruyants et odorants se placent en particulier le long des parcours menant vers les portes de la ville. Au nord de la mosquée Zitouna, qu'il longe en partie, s'ouvre le souk El Attarine (parfums) construit au début du 18e siècle. À partir de ce souk, une rue mène vers le souk Ech Chaouachine (chéchias 19) dont la corporation est l'une des plus anciennes du pays.
Sur le souk El Attarine s'ouvrent deux autres souks : le premier, qui longe la façade occidentale de la mosquée Zitouna, est le souk el Kmach (étoffes) ; le second, le souk El Berka, datant du 17e siècle, abrite les brodeurs et surtout les bijoutiers Ce dernier est le seul souk dont les portes sont encore fermées et gardées pendant la nuit.
Les souks, succèdent partiellement tout le long des parcours principaux, c’est à dire sur les voies allant du Nord (Bab Menara) au Sud (Bab el Bhar) et d’Ouest (Bab el Jdid) à l’Est (Bab Souika).
Chechias : Couvre chef traditionnel, porté par les hommes dans les pays musulmans.
Figure 19 : Répartition des souks dans la médina de Tunis, 2022, document personnel
On distingue deux formes différentes qui se manifestent dans les souks de la médina ; la forme de disposition en série et la forme d’addition 20 .
La forme de disposition en série des souks est un agencement linéaire précis. Cet agencement se traduit par un alignement de plusieurs cellules accolées les unes aux autres, parallèles et séparées par un chemin muni généralement de deux portes terminales.
Figure 20 : Roberto Berardi, « Le signe de la Médina : addition de cellules, chemin et direction pour former l'organisme du souk » 2016, en ligne sur <issuu.com>.
Figure 21 : Roberto Berardi, « Le signe de la Médina : Multiplication de l'organisme » 2016, en ligne sur <issuu.com>.
de La Médina. La Morphologie Urbaine
Roberto Berardi. F. Privitera, M. Métalsi by DIDA
Le tissu du souk se développe selon une trame orthogonale. Cette trame est définie par l’orientation de l’enceinte de la grande mosquée ainsi que celle des principaux parcours. C’est donc une addition d’éléments similaires obéissant à une règle structurale. L’analyse de la zone centrale permet d’apercevoir le développement progressif des éléments formant un grand ensemble composé de souks.
Figure 22 :Serge Santelli, « Atlas des médinas tunisiennes : plan souk El Chaouchia de la médina », 1992
Dans le développement urbain des souks, on remarque parfois que les fondouks se trouvent enclavés dans le tissu, reliés aux parcours principaux.
Les Fondouks sont les sièges des corporations de commerce et de l’artisanat vivants dans des communautés fermées.
Un fondouk est une hôtellerie et un entrepôt de marchandises. Construit généralement autour d’une grande cour, sa fonction consiste à entreposer les marchandises, abriter les animaux et les montures et à héberger les marchands et les voyageurs. Il représente un bâtiment essentiel de la médina. Autour de la cour centrale, s’organisent de vastes maisons dont les rez de chaussée se composent d’ateliers et d’écuries : des lieux d’échanges entre les artisans et les étrangers de passage. À l’étage, on trouve les habitations composées de plusieurs chambres.
La cour centrale est l’environnement d’échange habituel entre les occupants. Cet espace ne communique avec l’extérieur qu’à travers un passage fermé par une porte. Cette porte ouvre sur une voie principale de passage ou sur un souk.
Figure 23 : Serge Santelli, « Atlas des médinas tunisiennes : plan rez de chaussée du fondouk des français », 1992
Les Medersas sont des institutions d’enseignements religieux se situant généralement proches des mosquées. Elles forment avec celles ci des complexes religieux. Elles sont toujours administrées par un waqf 21. Celles qui ne sont pas proches des mosquées sont dispersées dans le tissu de la médina.
Figure 24 : Arch. Ali ibn Mohamed ibn al Kacem« Plan Medersa Chammaiya,dans la médina de Tunis », Mohamed Béji Ben Mami "Madrasa Chammaiya" dans Discover Islamic Art. Museum With No Frontiers, 2022. En ligne sur <islamicart.museumwnf.org>
Les medersas s’organisent autour d’une cour, entourée d’une galerie desservant des cellules d’étude et des salles de prière. La mhida 22 se trouve dans un angle de la cour. La salle de prière est généralement située en face de l’entrée. Les étudiants venant d’autres villes ou de la campagne étaient installés dans des petites chambres individuelles ouvrant sur la cour.
Waqf : une donation faite à perpétuité par un particulier
Midha : salle d’ablutions et de toilettes
Les zaouias sont des lieux de recueillement des marabouts, ils se trouvent généralement en périphérie de la médina, proches des anciens cimetières et dans les quartiers populaires. Ils sont constitués d’une cour, de salle de prières et d’une chambre où se trouve le tombeau du marabout pour lequel l’édifice a été construit. Il s’agit souvent d’une pièce où est aménagée une chambre funéraire du saint homme, ce qui explique la présence des zaouias dans les faubourgs de la médina 23
Figure 25 : Serge Santelli, « Atlas des médinas tunisiennes : Plan de la zaouia El Khadria dans la médina de Tunis » 1992
Les Hammams sont des équipements d’hygiène. Ils constituent des édifices importants, disséminés dans le tissu résidentiel, le plus souvent le long des parcours principaux.
Figure 26 : : Serge Santelli, « Atlas des médinas tunisiennes : plan Hammam El Kachachine situé dans la médina de Tunis », 1992
Il existe deux grands faubourgs de la médina, un au nord Rbat Bab Souika et un autre au sud Rbat Bab Jazira. Anciennement, des remparts s’érigeaient le long de la distance séparant ces deux portes.
Le tissu urbain des faubourgs se différencie de celui du centre de la médina sur deux aspects. D’une part, il est constitué en majeur partie par un tissu résidentiel, disposant de larges espaces pour l’ouverture de marchés quotidiens ou hebdomadaire 24. D’autre part, la structure de distribution des maisons dans les faubourgs diffère de la constitution en ilot dans le centre de la médina : de longues impasses parallèles distribuent les rangées de maisons et infrastructures.
Figure 27 : Faubourg nord et faubourg sud de la médina , 2022, document personnel
La ville du 19e
L’instauration du protectorat en 1881 entraîne une transformation importante des modèles architecturaux que l’on va trouver dans la nouvelle ville du 19e. En effet, l’arrivée des populations européennes, aux besoins et aux modes de vie différents, engendre la construction d’une ville neuve avec de nouveaux types d’habitations inspirée du monde occidental. Ces nouvelles infrastructures vont s’implanter autour du grand axe créé, appelé la promenade de la Marine. D’autres éléments, inexistants dans la ville ancienne vont faire leur apparition, tel que la place publique, les lieux de loisirs comme le théâtre et le casino. La ville créée dispose de nouvelles voies de communication et d’un nouveau paysage urbain où les immeubles d’habitation se succèdent tout le long de la voie publique.
Figure 28: Ville du 19e, Tunis, 2022, document personnel
La maison de rapport 25
Contrairement aux maisons à cour qui existent dans la médina, on voit émerger dans la ville du 19e siècle un nouveau type d’habitation : la maison de rapport 26. Elles apparaissent entre 1865 et 1875, dans un contexte urbain de transition de la ville ancienne (médina) vers la ville neuve (ville du 19e). Ces maisons de rapport sont réalisées par des architectes et entrepreneurs européens. Elles sont destinées à la location, que ce soit pour héberger une seule grande famille ou décomposées en plusieurs ensembles hébergeant des familles différentes. L’organisation de la maison de rapport puise son architecture dans celle de l’habitation type de la médina. En effet, si la parcelle est assez grande, elle est disposée autour d’une cour centrale. Généralement construite sur un seul niveau, ces maisons situées sur rue, abritent une façade commerçante et des espaces de stockages. Cependant, dans certains cas, les maisons de rapport qui ne disposent pas d’une grande parcelle sont érigées sur deux niveaux sans cour centrale. Les habitations sont toujours desservies au premier étage à partir d’un hall d’entrée directement accessible par la rue, tandis que le rez de chaussée est principalement dédié au commerce.
Figure 29: Leila Ammar, « La rue à Tunis, réalité, permanences, Transformations de l’espace
urbain : maison de rapport à courette sur deux niveaux, 64 rue El Khadhra, 1892» Archives municipales de Tunis, 2017
maison de rapport : est un type architectural apparu en France au 18e siècle. Conçu pour rapporter à son propriétaire des loyers des ménages occupant dans la maison, les chambres, « L’immeuble de rapport
(Leila Ammar et al., s. d., p.98)
La façade des maisons de rapport est percée de manière symétrique de larges ouvertures, parfois avec des balcons venant ajouter du relief.
Figure 30: Leila Ammar, « La rue à Tunis, réalité, permanences, Transformations de l’espace urbain Maison de rapport à deux niveaux avec boutiques et magasins au rez de chaussée et habitation à l’étage, 2 rue Sidi Soufiane, 1892 » 2017, Archives municipales de Tunis
Ces constructions vont continuer jusqu’au début du 20e siècle avant de laisser place par la suite à l’immeuble de rapport.
L’immeuble de rapport 27
L’immeuble de rapport résulte du regroupement des pièces d’habitation des maisons de rapport qui deviennent des appartements autonomes. Dans ces appartements, chaque pièce est attribuée à une fonction : salon, salle à manger, chambre à coucher, cuisine, cabinet de toilette, salle de bains. Les pièces principales dont le salon et la salle manger ainsi que les chambres s’ouvrent sur la rue, tandis que les pièces de service comme la cuisine et les chambres secondaires sont placées sur le côté cour du bâtiment. Tous les logements d’un immeuble de rapport sont conçus sur un modèle type, avec le même agencement et les mêmes mesures qui se superposent. L’immeuble est accessible depuis la rue par un vestibule qui mène à l’escalier situé au centre.
Figure 31 : Leila Ammar, « La rue à Tunis, réalité, permanences, Transformations de l’espace urbain : Immeuble de rapport à cour arrière, 5 rue de Russie 1896 », 2017 Archives municipales de Tunis
27 Immeuble de rapport : type architectural apparu en France au 18e siècle. Il est conçu pour rapporter à son propriétaire des loyers des ménages occupant dans l’immeuble des logements dont la répartition par étage est standardisée, « L’immeuble de rapport ».
Son architecture est largement inspirée de l’architecture occidentale et est notamment similaire à l’immeuble haussmannien, le rez de chaussée est dédié au commerce et dessert par un escalier central les appartements aux étages supérieurs. La façade se compose de grandes fenêtres, la rendant plus adaptées, au climat méditerranéen. On note une toiture terrasse dallée ainsi celle de balcons, loggias et pergolas animant la façade.
Figure 32 : Leila Ammar, « La rue à Tunis, réalité, permanences, Transformations de l’espace urbain : Façade immeuble de rapport 1921, avenue de Londres » 2017, Archives municipales de Tunis
La cour deviendra, au fil du temps, un élément de moins en moins présent dans les constructions à partir des années 1930, Cela est dû à la nécessité d’accueillir un nombre d’habitants de plus en plus important sur des parcelles avec une superficie plus restreinte. Progressivement, toutes les maisons de rapport sont transformées en immeuble de rapport. L’investissement étant l’acquisition de l’ensemble de l’immeuble de rapport, il en existe une grande variété qui se différencient selon les moyens de l’acheteur.
Avec la mise en place d’un nouveau règlement de la voirie par le service de la voie publique en 1882, la ville voit naître une nouvelle notion : « le public ». L’espace public prend forme sous différents aspects dans la ville, notamment à travers l’installation des différentes institutions (administrations), des voiries publiques (avenues, boulevards, quais, promenades, berges) et de nouveau lieux de partage (café, théâtre).
Figure 33: Espace public existant aujourd’hui dans la ville du 19e, 2022, document personnel
La cathédrale se situe sur la place de l’indépendance, au carrefour entre l’avenue Habib Bourguiba et l’avenue de France, faisant face à l’ambassade de France.
Elle est édifiée en 1897 par l’architecte Bonnet Labranche dans un style Romano byzantin, très courant au 19e siècle. La façade est divisée en trois parties : une travée centrale et de deux tours de plan carré, couronnées par des dômes.
Visant le développement économique et sociale de la ville, les ingénieurs mettent en place un certain nombre d’infrastructures nouvelles. Tout d’abord, une première ligne de tramway circulaire autour de la médina a vu le jour en 1886 suivie d’une seconde ligne reliant Bab Bhar à la Marine (desservant le port du lac de Tunis) en 1894.
Le réseau est électrifié en 1902, accompagnant une intensification et un développement plus important du réseau ferroviaire.
Figure 36 : Gare de Tunis et les lignes de tramway dans la ville de Tunis aujourd'hui, 2022, document personnel
Les voies structurantes de la ville de Tunis sont de formes différentes. Conçues à des époques diverses, elles témoignent de l’évolution de la ville tout le long de son histoire.
La médina s’est développée autour de la mosquée Zitouna ; élément central de la ville. Progressivement, les différentes infrastructures et les habitations se sont installées les unes à côtés des autres et ont ainsi participé à la formation des voies. On trouve ainsi des voies sinueuses, dont parfois la largeur ne dépasse pas 2 m desservant le plus souvent les habitations. Dans les quartiers plus au centre de la médina, des ruelles beaucoup plus larges accueillent les activités commerciales quotidiennes.
La ville du 19e, quant à elle, est dessinée selon un quadrillage orthogonal régulier. La Direction générale des Travaux Publics (DGTP) et le Service de la Voirie nés pendant le protectorat, sont avec les municipalités de Tunis, les gestionnaires de l’organisation des voies de la ville neuve.
La ville se construit sur un principe de grille orthogonale 28 organisant les voies de manière hiérarchisée selon des largeurs différentes.
En 1881, la notion de voie publique fait son apparition. Les différentes institutions en charge de l’aménagement de la ville introduisent de nouvelles infrastructures : l’eau courante, l’électricité, les égouts, le gaz et le réseau de chemin de fer et de tramway. Ces nouveaux éléments définissent la largeur des voies. Tous ces nouveaux dispositifs entraînent une transformation drastique de l’usage de la voirie dans l’espace urbain, qui devient alors un espace de partage. La voirie se voit attribuée des fonctions telles qu’avenue ou boulevard et ainsi structure ce nouvel espace.
Que ce soit dans la ville ancienne ou la ville neuve, on distingue une hiérarchie dans les différentes structures viaires de la ville de Tunis.
Les voies principales de la médina de Tunis, font partie du réseau viaire d’origine de la ville. Elles sont tracées selon l’axe nord sud et est ouest, révélant un système similaire au plan instaurateur de la ville Romaine, avec le Cardo 29 et le decumanus 30, respectivement axe nord sud et est ouest.
Figure 38 : Les voies principales de la médina de Tunis, 2022, document personnel
29 Cardo : est la voie d'axe nord sud la plus importante d'une ville romaine. C’est la voie qui structurait la cité dès sa création. Wikipédia « Cardo maximus »
30 Un Decumanus est un axe routier est ouest dans une ville romaine ou gallo romaine. Le Decumanus était un des axes principaux au cœur de la vie économique de la ville. Wikipédia « Décumanus »
La rue de la Kasbah, la rue Sidi Abdelssalem / la rue El Halfaouine, la rue Bacha / la rue Tourbet el Bey, représentent le système viaire principal de la médina. Ces axes majeurs forment une entité morphologique qui structure et relie les différents quartiers entre eux.
La rue perpendiculaire à la rue el Kasbah, nommée rue Abdelssalem au sud et rue el Halfaouine au nord, passe par le cœur de la ville et précisément par la mosquée centrale, reliant ainsi Bab Jedid à Bab Bnet.
Un second axe allant du sud au nord, respectivement rue Tourbet el Bey et rue Bacha constitue le réseau viaire. Celui ci va s’étendre au delà des premiers remparts en desservant les divers faubourgs et lotissements résidentiels, se trouvant dans les faubourgs Bab Souika et Bab Jazira.
Partant de Bab El Menara à l’ouest de la médina, on rejoint la rue de la Kasbah qui est l’une des plus passantes de la médina. Elle traverse le cœur de la ville, à travers les souks nobles, Souk el Attarine, Souk el Kmach et Souk el Berka, et la grande mosquée Zitouna, finissant son parcours à Bab el Bhar, à l’est de la médina.
La porte Bab bhar se trouve sur la place de la Victoire qui connecte le tracé ancien à l’avenue de France. Le tracé de l’avenue fait la jonction entre le tracé de la ville ancienne et la principale artère de la ville du 19e ; l’axe de la Marine.
Figure 41: Leila Ammar, « La rue à Tunis, réalité, permanences, Transformations de l’espace urbain : coupe de l'avenue de France, ville du 19e » 2017
L’avenue de France prolonge les activités de l’actuelle avenue Habib Bourguiba, connue à l’époque du protectorat français comme la promenade de la Marine : axe fondateur de la ville neuve.
Figure 42: Leila Ammar, « La rue à Tunis, réalité, permanences, Transformations de l’espace urbain : Coupe de l'avenue de Habib Bourguiba (anciennement l’axe de la Marine), ville du 19e » 2017
La diversité des voies de dessertes observées entraîne une diversité au niveau parcellaire. Cependant, quel que soit l’échantillon parcellaire étudié, on trouve des parcelles de formes et de dimensions différentes. La raison se trouve dans l’histoire des partages des parcelles entre divers héritages et actions d’achat / vente entre propriétaires, ce qui participe à la complexité de certaines formations du tissu urbain. Ainsi, les différences observées permettent de comprendre la formation progressive de la ville et d’identifier à l’échelle de la parcelle les différents agencements et les morphologies présentent au sein d’un même quartier.
On peut identifier plusieurs principes d’organisations des voies grâce à l’étude de Yves Roujon et Luc Vilan sur le faubourg de Midan à Damas. En effet, trois organisations présentes dans l’étude le sont également dans la médina de Tunis :
Arborescence, Arêtes de poisson, Double Peigne 31
Ces principes correspondent à des processus de production du tissu urbain particulier.
On peut déduire de sa forme que l’arborescence correspond à une distribution de parcelles de grandes dimensions qui n’ont pas connu de changements formels, et renvoie à un développement dont la croissance est plutôt lente.
D’autre part, le découpage des parcelles de grandes dimensions en plusieurs parcelles de petites tailles, accompagne une croissance urbaine plus rapide. Cela se traduit à travers une organisation en résille ou en peigne.
Le quartier Rbat Bab Souika rue Hamman Ermimi présente une morphologie arborescente :
Figure 43: Jellal Abdelkafi « La Médina de Tunis : plan quartier Rbat Bab Souika, rue Hammam Ermimi, », 1989
Le quartier Rbat Bab Souika rue Hamman Ermimi présente une morphologie en double peigne :
Figure 44: Jellal Abdelkafi « La Médina de Tunis : plan quartier Rbat Bab Souika, rue Hammam Ermimi, », 1989
Le quartier rue sidi El Béchir en arêtes de poisson
Figure 45: Jellal Abdelkafi « La Médina de Tunis : plan quartier rue sidi El Béchir en arêtes de poisson », 1989
En 1889 apparaît le règlement de la voirie mis en place par les ingénieurs français de la Direction des Travaux de la Ville. Celui ci définit les différents tracés des voies et l’édification des constructions nouvelles dans le cadre de l’aménagement du nouvel espace urbain. Les différentes normes sont les suivantes 33 : -Création de nouvelles voies
L’Alignement des voies : il définit la limite de la bordure de la voie et celle des façades qui donnent sur cette voie.
Le Nivellement : il vise à harmoniser les niveaux de seuil, de trottoirs et des chaussées en fonction des nécessités de la circulation et des écoulements des eaux.
Ces nouvelles règlementations ont participé à la hiérarchisation des différentes voies constituants la ville du 19e :
Les impasses, citées, passages : sont des voies privées qui permettent d’accéder aux différents logements dont la largeur varie entre 1.5 m et 4 m
Les rues qui ont des largeurs différentes selon leur fonction de desserte : rue de quartier résidentiel environ 6 m / 8 m de largeur.
Les Avenues et boulevards : entre 15 m à 20 m de large
Parcellaire de la médina
Dans la médina, on distingue des quartiers résidentiels de deux natures différentes. D’une part le tissu résidentiel de la médina centrale et d’autre part celui des faubourgs de la médina. On identifie dans la partie basse de la ville un tissu appartenant aux quartiers populaires de la ville alors que les quartiers « aristocratiques » sont dans la partie nord.
Les quartiers populaires de la ville sont constitués de maisons formant une trame homogène au tissu assez régulier. Des alignements d’ilots composés de maison à patio sont desservis par des voies secondaires et des impasses.
Dans les quartiers aristocratiques de la médina, on trouve les grandes demeures tunisoises. D’après une hypothèse de l’association de la sauvegarde de la médina de Tunis (A.S.M.), ce sont de grandes demeures qui sont à l’origine de la constitution d’ilot dans la médina 35. En effet, la demeure principale ou le palais sont entourées de maisons plus modestes, accueillant des clients ou la famille.
Il existe une véritable opposition entre l’espace privé et l’espace public dans la composition du tissu résidentiel de la médina. En effet, le parcours menant à une maison, demeure ou palais, se fait à une distance considérable des voies principales permettant de délimiter les différentes fonctions des lieux : le chez soi (intimité) et l’espace public des souks et autres (commerces, lieux d’échange).
Dans les faubourgs, le système viaire et le parcellaire sont différents de ceux que l’on retrouve dans le centre de la médina.
Contrairement au centre, la configuration en ilots n’apparait pas dans le tissu résidentiel. Les maisons sont accessibles par de longues impasses parallèles, créant une homogénéité et une régularité. Toutes les impasses sont desservies par les voies principales, qui relient les portes de la ville ancienne entre elles. Sur ces voies s’installent des équipements et des infrastructures dédiées au commerce, ce qui en fait un lieu aux fonctions publiques.
Les impasses, quant à elles, sont plus étroites mais très profondes (3 à 5 m de large). Elles desservent exclusivement les maisons collées les unes aux autres et consolident l’espace privé. Les maisons séparées par les impasses sont généralement au nombre de deux, ce qui ne représente pas une épaisseur importante. Les impasses sont très profondes. Les équipements et les infrastructures
commerciales placées sur les voies principales, permettent alors un fonctionnement autonome des quartiers. En effet, la structure viaire de la voie principale et l’impasse en perpendiculaire, permet une certaine proximité des activités favorisant une vie de quartier.
Figure 48: Plan du parcellaire du faubourg quartier Bab Souika,, 2022, document personnel
Les immeubles de rapport sont construits sur des surfaces moyennes de parcelles comprises entre 250 m² et 500 m², au delà de ces dimensions, on parle de grandes parcelles qui vont de 600 m2 à 900 m² 36. Les dimensions des ilots accueillant les immeubles sont différentes.
On distingue des ilots réguliers qui se présentent en forme carré (80x80 m, 110x110 m) ou rectangulaire (80x180 m, 95x180 m) dans le quartier Al Jazira Al Sadiqiyya.
La profondeur des ilots (à partir de la rue jusqu’au fond de la parcelle) est également variable et dépend du découpage de la parcelle. En effet, celles ci varient de 9 m 50 pour les parcelles les plus petites, à 37 m pour les plus grandes.
La plupart des parcelles se composent d’un immeuble de rapport qui englobe l’ensemble de la parcelle, cependant, il existe quelques exceptions, comme on peut l’observer dans le quartier Al Jazira Al Sadiqiya. Une grande parcelle de 837 m² est découpée en deux lots séparés et reliés par un passage et une cour qui permettent la distribution des deux bâtiments.
Figure 52: Ilot quartier rue de Russie, quartier Al Jazira, 2022, document personnel
Cette disposition permet d’éclairer les pièces situées à l’arrière et de ventiler l’ensemble des bâtiments.
D’autres compositions en ilots existent dans le tissu urbain de Tunis. Celles ci sont constituées de passages, d’impasses et de Cités.
Le passage (d’une largeur de 3 à 5m) permet d’accéder au fond de la parcelle et parfois à un troisième immeuble. On trouve une forme architecturale et urbaine de cité, qui se compose d’un passage et d’une grille sur la rue constituant la porte d’entrée principale. Ce modèle que l’on peut voir sur le schéma ci dessous, regroupe deux composants : le passage et l’impasse. Le modèle de la cité va se développer jusqu’au milieu de ses années 1930, facilitant la desserte des fonds de parcelles, l’éclairage et la ventilation des pièces.
Dans cette cité, le passage de 3.5m permet de desservir trois immeubles. Il forme une figure en T desservant l’immeuble à l’arrière. Cette forme, engendre une nouvelle composante qui est l’impasse de part et d’autre de la cité.
Figure 54: Leila Ammar, Revue Ibla,« Maison et immeubles : élévation de la façade de la cité rue 47 », 2009
L’immeuble de rapport connait entre 1890 et 1935 une transformation de la topologie qui entraine progressivement la disparition de la cour.
La médina trouve ses limites au Sud-Est par la jonction avec la ville du 19e siècle et à l’Ouest par le développement de logements informels des quartiers de la Manouba et de Bardo. Avec la disparition des remparts, de nouveaux espaces viennent redessiner ces nouvelles limites. Dans le cas de la médina, les anciennes portes sont gardées et créent la transition vers les différents tissus urbains qui se trouvent du côté opposé. Les limites de la ville ancienne sont précisément identifiables. Elles expriment une nette opposition entre le tissu dense de la médina et le tissu organisé en ilot de la ville du 19e.
Une ceinture d’avenue se dessine autour de la médina à la fin du 19e siècle. D’une part l’avenue Al Jazira qui longe la limite Est de la médina et l’avenue Bab Souika au Nord. Ces avenues transforment le paysage urbain en redéfinissant le rapport de liaison entre les deux morphologies de ville Il y a d’une part la densité urbaine de la médina et d’autre part le système de grille répartissant les immeubles en ilot. L’aménagement de la nouvelle voirie, entraîne des transformations au niveau parcellaire, dans plusieurs lieux de la ville de Tunis.
Figure 56 : Limite de la médina et de la ville du 19e , quartier Al Jazira, 2022, document personnel
Figure 58 : Limite de la médina et de la ville du 19e, Quartier porte Bab el Bhar et avenue de France, 2022, document personnel
Figure 59 : Limite de la médina et de la ville du 19e, quartier porte Bab el bhar et avenue de France, photo aérienne, 2021, google earth
Tunis a connu entre le 19e et 20e siècle, une importante mutation de la morphologie urbaine. Avec le développement de la ville neuve à partir de 1860, de nombreux quartiers à la limite de la médina ont connu des transformations dans le sillage de l’arrivée de nouvelles voies, l’installation de nouvelles formes parcellaires et de constructions nouvelles. À cela s’ajoute le développement de diverses activités de loisirs et de nouveaux commerces dans les nouveaux quartiers. La nouvelle administration accompagnant l’installation des infrastructures se voit confrontée au contraste visible au niveau des limites de la ville ancienne. En effet, les différentes actions menées par la DGTP pour la construction de la nouvelle ville, laissent transparaître des irrégularités formelles dans l’espace urbain, essentiellement liées à l’adaptation des nouvelles formes architecturales aux anciennes. Ces irrégularités sont visibles au niveau de plusieurs quartiers environnants les avenues (entourant la médina), ainsi que des faubourgs.
L’irrégularité témoigne de paramètres complexes, liés à l’histoire et aux différentes politiques urbaines mises en place. Afin d’identifier certains signes de ces incohérences formelles, nous allons analyser deux quartiers qui se trouvent à la limite de la ville ancienne : le quartier Avenue de Londres/ Bahri et le quartier avenue Al Jazira / Avenue de France. Le choix de ces quartiers en particulier est motivé par les opérations de lotissements, de découpage et de parcellisation de natures différentes qu’ils ont subi. Dans cette partie, il s’agit de catégoriser les différents modes de transformations des quartiers à travers l’identification de la voirie, le parcellaire et le bâti.
Dans le premier cas, nous examinerons l’installation d’un quartier neuf qui s’est développé sur les anciens égouts à ciel ouvert à la limite de la médina. Il est structuré par un nouvel aménagement urbain, avec un découpage parcellaire géométrique et une nouvelle architecture différente de l’habitat traditionnel de la médina. Dans le deuxième cas de figure, c’est à la fois l’arrivée du réseau viaire, mais aussi l’aménagement des nouveaux lotissements qui va modifier le tracé parcellaire du quartier existant.
Figure 61 : Quartier d'Al Jazira/ Avenue de France aujourd'hui,2022, document personnel
Le quartier de Al Jaziria / Avenue de France, se situe dans le faubourg sud est de la médina. Ses tracés ont été entamés dès 1875, soit six ans avant la mise en place du protectorat français. C’est un quartier dont l’ensemble des projets dénote radicalement avec le tissu urbain de la ville ancienne car il se développe dans la partie neuve de la ville. En 1875, la propriété foncière de ce secteur proche du quartier de la Marine et du quartier européen intra muros, est en train d’évoluer. Le quartier accueille des équipements publics et des bâtiments civils tels que : le nouveau marché, Funduq el ghalla (1878) l’Hôtel des postes (1893) la gare française (1878 1882) la municipalité (1885) des consulats de nations étrangères venues s’installer au cours du temps
Nous allons étudier l’évolution du quartier depuis 1860 à l’aide de plusieurs plans retraçant l’évolution de l’aménagement au cours du temps.
Figure 62 :D’après le plan Colin, Quartier d'Al Jazira / Avenue de France en 1860
Figure 63: Leila Ammar, « Tunis d’une ville à l’autre Cartographie et histoire urbaine : d’après le plan de M.Vincent, ingénieur des Ponts et Chaussées , Archives municipales de Tunis ». Quartier d'Al Jazira / Avenue de France en 1900
Figure 64 : Leila Ammar, « Tunis d’une ville à l’autre Cartographie et histoire urbaine : d’après le plan de M.Moullot, ingénieur , Archives municipales de Tunis ». Quartier d'Al Jazira / Avenue de France en 1930
Figure 65: Quartier d'Al Jazira / Avenue de France aujourd'hui, 2022, document réalisé à l’aide du site <geopau.gov.tn>
L’apparition des différentes voies formant le nouveau quartier s’est faite sur une vingtaine d’années, de 1876 à 1895 37 .
Tout d’abord, l’avenue Al Jazira apparait en 1876, c’est l’une des premières à avoir été tracée hors de la ville ancienne. Elle contourne la partie Est de la médina et marque le tracé opposant les deux villes.
D’autre part, les voies secondaires composant le quartier vont être tracées avec l’intervention des ingénieurs qui y intègrent de nouveautés, comme l’éclairage et le réseau d’assainissement. Elles sont accessibles à partir de plans d’alignement et de nivellement établis par les ingénieurs. Ci dessous, un classement montre les différentes dates d’apparition des voies créer dans le nouveau quartier :
Al Jazira (1876-1878), d’Espagne, d’Angleterre et de Russie (1878), du Maroc 1880 de Tripoli 1882 d’Algérie 1885
Elles sont progressivement construites sur l’ancien réseau de Khandhaq 38 et sont perpendiculaires à l’ancien tracé du rempart de la médina. Ces voies prolonger celles de la médina, créant des percées qui communiquent brièvement avec les habitations existantes. On voit alors se former une continuité entre souk et commerce appartenant aux nouveaux bâtiments au niveau des voies.
(La rue à Tunis, Réalité, Permanences, Transformations de l’espace urbain, 1835 1935, s. d., p.129) 38Khandhaq : égouts
L’avenue Al Jazira est le premier boulevard de ceinture de la médina. Elle accueillera la première ligne de tramway ouverte en 1886, qui conduit de Bab el Bhar à Bab al Jedid mais qui est supprimée par la suite. Elle est d’une longueur de 750 m, située entre la ville ancienne et la ville neuve. Son tracé n’est pas régulier, il présente des rétrécissements à certains endroits de son parcours, dus à la nouvelle organisation des aménagements urbains. C’est une avenue faisant 15 m de largeur, avec des trottoirs d’une emprise de 3,6 m de largeur chacun.
Une série d’îlots de 30 m de largeur dont les façades s’enchainent le long de l’avenue forment une bande continue traversée par des voies perpendiculaires.
Ces voies de 10 à 15 m, qui découpent le quartier de façon orthogonale, donnent naissance à des ilots d’épaisseur variable entre 40 m et 80 m.
En 1860, le quartier de la future avenue Al Jazira est encore un large collecteur d’égouts à ciel ouvert qui donne sur le futur axe de la Marine.
Le Parcellaire du nouveau quartier Al Jazira / Avenue de France s’est alors formé après le comblement de ces égouts. Les terrains sont très rapidement asséchés et délimités en forme d’îlots. Le quartier se constitue de rues orthogonales et d’ilots de grande taille. Il s’oppose à la vieille ville par une large avenue, l’avenue Al Jazira
Ces tracés définissent des îlots de grandes dimensions de 180 m à 200 m de long par 60 m à 80 m de large. Ce découpage, qui définit les limites du domaine public et du domaine privé, laisse apparaître des parcelles de tailles diverses, dont les plus grandes sont dédiées aux équipements public comme, par exemple, le foundunq el ghalla
Figure 67 : Parcellaire du quartier Al Jazira / Avenue France, 2022, document personnel
Le quartier s’est développé, à l’origine, autour du marché public et des voies qui le desservait. Il accueille de nombreux équipements nouveaux aux fonctions diverses. Autour du marché public central, on trouve des parcelles accueillant des immeubles de rapport dans lesquels le rez de chaussée occupe des commerces et des entrepôts. Leurs façades composées de grandes ouvertures et de balcons dénotent avec l’architecture traditionnelle de la médina. Ce nouveau quartier signe définitivement la rupture avec les bâtiments du tissu ancien.
Le long de l’avenue d’Al Jazira, on distingue une différence de hauteur présente au sein du quartier. D’une part des hauteurs d’immeubles allant jusqu’à 20 m, et d’autre part, des bâtiments de plein pied regroupant des commerces au même niveau que le tissu ancien.
Dans certaines habitations traditionnelles, des propriétaires ont ajouté un étage, ou plus, afin de réduire le vis à vis des immeubles d’en face. Les habitations se retrouvent avec plusieurs étages en cours de construction, souvent inachevées à cause de questions financières. On peut cependant noter une continuité au niveau des commerces tous situés au rez de chaussée dans les immeubles neufs, avec les souks situés devant les maisons traditionnelles du tissu ancien.
On assiste alors à des paysages urbains contradictoires où les nouvelles constructions ne respectent pas l’intimité des habitations traditionnelles de la médina, par leur hauteur et le point de vue inédit qu’elles proposent à leurs occupants.
Figure 69 : Coupe A, avenue Al Jazira, porte de France, 2022, document personnel
Figure 70 : Coupe B, 31 avenue Al Jazira, 2022, document personnel
L’arrivée de l’avenue d’Al Jazira dévoile un fonctionnement interne aux incohérences formelles. On distingue clairement une différence entre les lotissements neufs et les habitations du tissu ancien. Il existe une confrontation des formes architecturales qui suggère une adaptation superficielle des habitants de la ville ancienne afin de préserver ce qui relève de la tradition arabe.
On remarque le développement de souks le long des rez de chaussée des immeubles de rapport ainsi que des habitations traditionnelles du tissu ancien
L’avenue Al Jazira étant fortement animée par le mouvement des transports et les commerces, crée un lien d’installation éphémères entre les deux morphologies urbaines, faisant oublier le caractère brutal du contraste architectural.
Cette continuité se manifeste par un mouvement constant de la population entre les commerces dans les boutiques des bâtiments de la ville neuve et les nombreux souks dans la partie de la médina.
Cependant, l’opposition des deux architectures montre une construction inadaptée des immeubles de rapport face aux habitations de la médina, situées sur l’avenue d’Al Jazira
Le quartier de l’avenue de Londres/ Bahri se situe dans le faubourg nord de la médina. Construit vers 1860, il se caractérise par une urbanisation de limite de la ville et par des petites constructions précaires à l’est de la sortie de la ville. Le tracé de l’égout à ciel ouvert, qui le traverse depuis la rue el Halfa jusqu’à la naissance du futur Boulevard de Londres, constitue le futur axe d’urbanisation du quartier à partir des années 1885 et 1888.
Situé entre l’ancien cimetière israélite et l’ancien cimetière musulman, le quartier connait une transformation accélérée avec la mise en place des nouvelles infrastructures. Le quartier a une vocation résidentielle et commerciale accueillant la nouvelle population européenne venue s’installer dans la ville vers la fin du 19e siècle. Le quartier prend une nouvelle forme urbaine marquée à la fois par sa proximité du faubourg nord de la médina et par l’intervention des acteurs privés européens, venus installer de nouveaux lotissements.
Figure 75 : D’après le plan Colin, Quartier avenue Londres / Bahri en 1860
Figure 76 : Leila Ammar, « Tunis d’une ville à l’autre Cartographie et histoire urbaine : d’après le plan de M.Vincent, ingénieur des Ponts et Chaussées , Archives municipales de Tunis ». Quartier avenue Londres / Bahri en 1900
Figure 77 : Leila Ammar, « Tunis d’une ville à l’autre Cartographie et histoire urbaine : d’après le plan de M.Moullot, ingénieur , Archives municipales de Tunis ». Quartier avenue Londres / Bahri en 1930
Figure 78 : Quartier avenue de Londres / Bahri aujourd'hui, 2022, document personnel
L’avenue de Londres, dont la construction a eu lieu entre1886 et 1903, est une voie de 800m de long et de 15 mètres de large. Elle se raccorde à l’ouest, à la rue de l’avenue Bab Souika et à l’est, elle rejoint les rives du lac. Dans son prolongement, l’avenue de Londres devient l’avenue Belhaouane, qui rejoint la ceinture de la médina plus à l’ouest. C’est une des raisons qui en fait une avenue importante. En 1902, l’avenue de Londres accueille la prolongation de la ligne de tramway de Tunis par la place Bab el Souika
La régularité du parcellaire que l’on peut observer de part et d’autre de l’avenue de Londres, sur laquelle s’implanteront les propriétaires les plus fortunés, fait place, à l’intérieur du quartier, à des dispositions géométriques plus irrégulières et plus complexes. Cette irrégularité témoigne tant de la persistance d’ancienne limites de propriétés habous 39 et d’anciens chemins ruraux, que de l’action progressive sur le sol de propriétaires privés avec des moyens plus modestes 40. Une grande emprise
39 Habous : Institution du droit musulman d’après laquelle le propriétaire du bien le rend inaliénable pour en affecter la jouissance au profit d’une œuvre pieuse ou d’utilité générale, définition par wikipédia.
40 (La rue à Tunis, Réalité, Permanences, Transformations de l’espace urbain, 1835 1935, s. d.)
n’est pas découpée, ce qui laisse place à de grandes parcelles. Celles ci correspondent aux anciennes propriétés habous du quartier qui n’ont pas été morcelées par les nouveaux propriétaires. La formation des rues du quartier de l’avenue de Londres résulte donc autant des dispositions municipales pour la création des voies publiques principales, que de l’entente des propriétaires qui organisent passages privés et rues de dessertes étroites pour desservir des propriétés parfois enclavées. Cependant, si certaines rues, telles que Sidi Soufiane, ont donné lieu à un lotissement, les passages privés ont souvent été créés par simple retranchement d’une portion des parcelles à bâtir qu’ils desservent. L’Exemple de la rue Sidi Soufiane :
Elle présente deux sections : une première d’une largeur de 6 m ouverte en 1897 par un propriétaire du nom de Cardoso (à cette date la rue portait son nom) puis une seconde section, d’une largeur de 10 m dans le prolongement de la première, ouverte par la municipalité pour la raccorder aux autres voies.
Figure 80 : Voies composant le quartier de l'avenue de Londres / Bahri, 2022, document personnel
Ces voies sont bordées de trottoirs de 0,80 m à 1 m et laissent une emprise de chaussée de 4 m. Elles organisent la desserte interne des îlots et les redécoupent dans leur épaisseur. Des voies d’un autre type viennent desservir les îlots et organisent les parcelles avec les passages, les cités et les impasses. Ces voies sont des voies privées ouvertes à la circulation publique uniquement à certaines heures de la journée. Certaines d’entre elles disposent même de grilles à leurs entrées.
Dans le prolongement de l’avenue de Londres, l’avenue Belhouane d’environ 12 m de largeur, accueille un tunnel et une rue plus étroite rejoignant la médina. Le tunnel est mis en place afin d’éviter le passage à travers la médina, souvent embouteillée, pour sortir à l’ouest ou au nord ouest de la ville.
Le découpage parcellaire du quartier de Londres est le résultat d’une double action de la part des propriétés privées et publiques entre 1885 et 1905. En effet, ils ont tout d’abord été dessinés, selon un découpage privé, portant le nom des propriétaires au croisement avec le tracé neuf de l’avenue de Londres.
Dans le quartier de l’avenue de Londres, on distingue des ilots irréguliers 20 m x 40 m, 35 m x 40 m ou encore des ilots rectangulaires résultants des découpages de voies en diagonales ou encore, d’anciens tracés de chemins agricoles. La profondeur des ilots (à partir de la rue jusqu’au fond de la parcelle) est également variable et dépend du découpage de la parcelle. En effet, celles ci varient de 9 m 50 pour les parcelles les plus petites, à 37 m pour les plus grandes.
L’avenue de Londres présente au nord une bordure étroite d’îlots réguliers et de petite taille (de 30 m x 30 m ou 20 m x 40 m) desservis en amont de l’avenue et en arrière de la rue Sidi Soufiane. Une série de passages étroits perpendiculaires à l’avenue dessert les premiers îlots à l’entrée de la rue de la Halfa
Figure 81: Parcellaire ilot neuf et ville ancienne dans le quartier de l'avenue de Londres / Bahri2022, document personnel Bâtis
La plupart des parcelles se composent d’un immeuble de rapport qui englobe l’ensemble de la parcelle. Le quartier regroupe essentiellement des bâtiments d’habitation qui, au niveau de leur rez de chaussée, sont occupés par des commerces. On retrouve au sein du quartier des habitats traditionnels caractéristiques du faubourg de la médina mais aussi des immeubles de rapport qui se sont construits pendant le protectorat. La cohabitation des deux types d’habitations pousse à des changements architecturaux au sein des bâtiments les plus anciens. Les logements situés dans l’ancien faubourg de la médina se voient obligé d’ajouter des extensions au dessus de leurs habitations en construisant un étage ou deux, afin d’arriver à la même hauteur que les nouveaux immeubles construits.
L’avenue de Londres est une voie plutôt résidentielle. Au début du 20e siècle, avec l’arrivée du tramway, la construction du quartier s’accélère et les anciens immeubles et maisons de rapport seront surélevés. Les façades longeant l’avenue atteignent régulièrement trois à quatre étages.
Certaines parcelles sont composées d’habitations traditionnelles des faubourgs de la médina, entourées par de nouveaux immeubles venant s’accoler ou encore remplacer l’habitation.
L’hétérogénéité est frappante dans ce quartier. Il témoigne d’une urbanisation mixte, qui assemble des bâtiments de natures différentes. Dans certains cas, comme dans la rue 7 avenue Belhouane, l’immeuble de rapport, la maison de rapport et l’habitation traditionnelle du faubourg cohabitent dans une même parcelle.
Figure 82 : Ilot du quartier avenue de Londres, 2022, document personnel
Figure 83 : Coupe et élévation dans le quartier Londres / Bahri, 2022, document personnel
Figure 84 : Coupe A, avenue de Londres, 2022, document personnel
Figure 87 : Façade de l'avenue Ali Belhouane, Immeuble de rapport, maison de rapport et une habitation traditionnelle dans un même ilot, 2022, document personnel
L’insertion des nouveaux immeubles juxtaposés au tissu ancien est en majorité conflictuelle : les maisons mitoyennes se dévaluent en perdant une grande partie de leur intimité. L’arrivée des nouvelles constructions perturbe l’ensemble des habitations présentes sur place. D’une part les habitants se retrouvent contraints à construire des extensions au dessus de leurs maisons d’origine pour atteindre une hauteur préservant leur intimité.
C’est un quartier qui fait ressortir de nombreuses irrégularités au niveau des lotissements.
À la fin du 19e siècle, les premiers immeubles et maisons de rapport se dressent sur un ou deux niveaux selon les règles mises en place par le règlement de voirie.
Mais avec l’arrivée dans le quartier, de la ligne du tramway en 1902, la municipalité change la réglementation concernant la hauteur des immeubles qui vont être surélevés.
Face à ces transformations des immeubles de rapport dans le quartier, les habitations traditionnelles voient une opportunité de pouvoir surélever à leur tour en ajoutant un ou deux étages.
Cependant ces habitations traditionnelles sont initialement construites sur des fondations dont la structure n’est pas forcément adaptée à une autre typologie d’habitation. En ajoutant des niveaux, elles se retrouvent aujourd’hui dans des états de dégradation avancés, voir en ruine ce qui les rend inhabitables. Ces habitations sont alors soit détruites et remplacées par de nouvelles constructions, soit laissées à l’abandon.
La deuxième moitié du 19e siècle constitue une période importante dans la transformation de la ville de Tunis. Une volonté de modernisation, initiée par les dirigeants de la ville, est venue transformer une ville qui atteignait ses limites d’occupation. L’arrivée d’un nouveau pouvoir politique et social a également participé à accélérer ce développement, à travers la création d’une nouvelle entité urbaine, doublant ainsi la superficie de la capitale.
Cette période a donc amené une profonde transformation des entités urbaines présentes, en bousculant leurs rôles et usages. La radicalité du changement apporté par l’installation d’un nouvel urbanisme s’inscrit dans une dynamique qui dépasse, de loin, les frontières de Tunis. En effet, les changements visibles au niveau architectural sont contemporains des grands progrès économiques et techniques qui ont marqué cette époque. Des nouveaux moyens de transport, ainsi que les contraintes et les bénéfices qu’elles engendrent, sont intégrés dans les plans urbains. Les constructions sont de plus en plus standardisées et de moins en moins coûteuses, permettant d’accueillir une population en pleine explosion démographique. La croissance industrielle fournit les conditions et les moyens d’une société urbaine active.
Cette accélération du rythme des transformations urbaines a laissé des traces encore visibles sur le tissu urbain. La ville est marquée par des lignes de séparation visibles à différents niveaux, comme des témoins d’un accouchement mouvementé d’une nouvelle identité urbaine, elle même fruit d’une fusion paradoxale entre l’architecture du tissu ancien et l’architecture de la ville neuve. Ces lignes de fracture sont visibles dans l’irrégularité de nombreuses structures architecturales : différences dans la hauteur des constructions neuves par rapport aux anciennes, différences dans la typologie du parcellaire entre les quartiers de la médina et ceux de la ville neuve
Ces marques de conflit architectural et urbain se retrouvent dans un paysage d’ensemble peu homogène. Loin de représenter une juxtaposition deux entités urbaines à caractère disparate, cette hétérogénéité marque la ville malgré des efforts de réconciliation visibles sur certains points : les voies de la ville neuve qui viennent prolonger certains axes de la médina, ou des étages ajoutés à d’anciens bâtiments afin d’adopter la hauteur de ceux nouvellement érigés. Cela révèle comment la recherche difficile et permanente de compromis a marqué l’évolution du paysage urbain durant cette période.
Ce déchirement entre l’ancien et le neuf, l’authentique et le moderne, que l’on trouve dans l’architecture de la ville est aussi visible dans les valeurs d’une société tiraillée entre des racines millénaires et une modernité intimement liée à la colonisation plus récente.
Ce phénomène observé dans la ville de Tunis est loin d’être unique. On retrouve la même complexité du paysage urbain dans de nombreuses villes d’Afrique du Nord comme Fès ou Marrakech au Maroc, ou encore dans la ville de Damas en Syrie. La possibilité d’utiliser cette même grille de lecture dans autant de ville témoigne de l’impact important que cette confrontation ancien / nouveau a engendrée sur l’évolution de la ville et la société et en fait une problématique toujours d’actualité.
Aujourd’hui les études urbaines de Tunis insistent sur la nécessité d’harmoniser le développement urbain tout en appelant à des réflexions prospectives. Ces réflexions se penchent particulièrement sur l’importance relative des enjeux patrimoniaux et ceux liés à l’histoire de la ville, y compris son histoire coloniale. Dans un contexte où la situation politique et sociale limite les ressources allouées à ces efforts, il existe un risque de perdre certains éléments du patrimoine. La situation est d’autant plus préoccupante que des questions aussi clivantes que les traumatismes liés à la colonisation ou la place du religieux dans l’espace publique sont très présentes dans les débats et arbitrages autour de ce sujet.
Abdelkafi, Jellal. s. d. LA MEDINA DE TUNIS.
Arnaud, Jean Luc. 2005. « Dresser un plan de Tunis au début des années 1860 ». Maghreb et seciences sociales
Giovannoni, Gustavo. 1998 L’urbanisme face aux villes anciennes
La rue à Tunis, Réalité, Permanences, Transformations de l’espace urbain, 1835 1935. s. d. Centre de Publication Universitaire, Tunis, 2017.
« Le Signe de La Médina. La Morphologie Urbaine Selon Roberto Berardi. F. Privitera, M. Métalsi by DIDA - Issuu ». s. d. Consulté le 17 décembre 2021. https://issuu.com/didaunifi/docs/le_signe_de_la_medine web.
LEFEBVRE, Henri. 2009. Le droit à la ville.
Leila Ammar, Myriam Bacha, Rached Barbouche, Ali Cheikhrouhou, Charlotte Jelidi, Olfa Bohli Nouri, et Jellal Abdelkafi. s. d. Cités et architectures de Tunisie. Nirvana.
« Maisons et immeubles.pdf ». s. d. Consulté le 28 décembre 2021. https://ibla tunis.org.tn/wp content/uploads/2021/06/maisons et immeubles.pdf. Revault, Jacques. 1967. « Palais et demeures de Tunis (XVIe et XVIIe siècles) ». Études d’Antiquités africaines 1 (1). https://www.persee.fr/doc/etaf_0768 2352_1967_mon_1_1. Roujon, Yves, et Luc Vilan. 2014. « La structure du Midan aujourd’hui ». In Les faubourgs de Damas : Atlas contemporain des faubourgs anciens. Formes, espaces et perspectives, 296‑98. Études arabes, médiévales et modernes. Beyrouth : Presses de l’Ifpo. http://books.openedition.org/ifpo/4180.
Santelli, Serge. 1992. « Atlas des médinas tunisiennes ». Research Report 0885/94. Institut parisien architecture urbanisme société (IPRAUS) ; Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris Belleville ; Bureau de la recherche architecturale (BRA). https://hal.archives ouvertes.fr/hal 03099527.
. 1995. Le creuset méditérranéen, Tunis.
FIGURE 1: CARTE DU SERVICE GEOGRAPHIQUE DE L'ARMEE ECH. 1 / 50000, EN LIGNE DANS BIBLIOTHEQUE NATIONALE DE FRANCE <GALLICA BNF FR 13
FIGURE 2: JEAN LUC ARNAUD , « TUNIS, LE PLAN DE COLIN DE 1860, UN DOCUMENT SANS AUTEUR NI DATE », PREMIER PLAN IMPRIME EN 1860 PAR PIERRE COLIN 16
FIGURE 3: LA PROMENADE DE LA MARINE AU CENTRE VILLE DE TUNIS. « EN 1855, L’AVENUE BOURGUIBA SE NOMMAIT POMENADE DE LA MARINE…» HATEM BOURIAL, PHOTOGRAPHIE, EN LIGNE SUR <WEBDO TN>, TUNIS 17
FIGURE 4: « THEATRE MUNICIPAL DE TUNIS 1930 », PHOTOGRAPHIE, RANIA LAHMER, EN LIGNE SUR <IDEOMAGAZINE COM>. 18
FIGURE 5 : BEN ABDALLAH INES, 2022, « COMPOSITION URBAINE DE LA VILLE DE TUNIS », PLAN 21
FIGURE 6 : « COMPOSITION DU TISSU URBAIN DE LA MEDINA DE TUNIS », PLAN, 2022, DOCUMENT PERSONNEL 22
FIGURE 7: « TUNIS VILLE RONDE », GRAVURE ALLEMANDE DU 17EME SIECLE. AUTEUR INCONNU. LA MEDINA DE TUNIS,1989, JELLAL ABDELKAFI 23
FIGURE 8 :, REPRESENTATION DES PORTES ET DES ANCIENS REMPARTS DE LA MEDINA DE TUNIS,2022, DOCUMENT PERSONNEL 24
FIGURE 9 : REPARTITION DES MOSQUEES DANS LE TISSU URBAIN DE LA MEDINA, 2022, DOCUMENT PERSONNEL 25
FIGURE 10 : PLAN HYPOSTYLE D'UNE MOSQUEE, « MOSQUEE PNG », 2012, KIMDIME 26
FIGURE 11: PLAN DE SITUATION DE LA MOSQUEE ZITOUNA, DOCUMENT PERSONNEL 27
FIGURE 12 : PLAN DE LA GRANDE MOSQUEE ZITOUNA, TUNIS, MOHAMED BEJI BEN MAMI « GRANDE MOSQUEE ZITOUNA » , DANS DISCOVER ISLAMIC ART. MUSEUM NO FRONTIERS, 2022. EN LIGNE SUR <HTTPS://ISLAMICART MUSEUMWNF ORG >. 27
FIGURE 13: ROBERTO BERARDI, « LE SIGNE DE LA MEDINA : LES ELEMENTS DISCRETS » 2016. LES TYPES DE CHICANE EXISTANTES DANS LA MEDINA DE TUNIS, EN LIGNE SUR <ISSUU.COM>. 28
FIGURE 14 : JACQUES REVAULT, « PALAIS ET DEMEURES DE TUNIS (XVIE ET XVIIE SIECLES) : MAISON TYPE GRECO ROMAINE », 1967. 29
FIGURE 15 : JACQUES REVAULT, « PALAIS ET DEMEURES DE TUNIS (XVIE ET XVIIE SIECLES : MAISON COMMUNE, EXEMPLE DE « DAR TERRAINE », 1967. 30
FIGURE 16 : JACQUES REVAULT, « PALAIS ET DEMEURES DE TUNIS (XVIE ET XVIIE SIECLES : MAISON BOURGEOISE « DAR BALMA », 1967. 31
FIGURE 17 : JACQUES REVAULT, « PALAIS ET DEMEURES DE TUNIS (XVIE ET XVIIE SIECLES LA DEMEURE « DAR EL HEDRI », 1967. 32
FIGURE 18 : JACQUES REVAULT « PALAIS ET DEMEURES DE TUNIS (XVIE ET XVIIE SIECLES PALAIS : DAR EL MRABET »,1967 33
FIGURE 19 : REPARTITION DES SOUKS DANS LA MEDINA DE TUNIS, 2022, DOCUMENT PERSONNEL 35
FIGURE 20 : ROBERTO BERARDI, « LE SIGNE DE LA MEDINA : ADDITION DE CELLULES, CHEMIN ET DIRECTION POUR FORMER L'ORGANISME DU SOUK » 2016, EN LIGNE SUR <ISSUU COM>. 36
FIGURE 21 : ROBERTO BERARDI, « LE SIGNE DE LA MEDINA : MULTIPLICATION DE L'ORGANISME » 2016, EN LIGNE SUR <ISSUU COM>. 36
FIGURE 22 :SERGE SANTELLI, « ATLAS DES MEDINAS TUNISIENNES : PLAN SOUK EL CHAOUCHIA DE LA MEDINA », 1992. 37
FIGURE 23 : SERGE SANTELLI, « ATLAS DES MEDINAS TUNISIENNES : PLAN REZ DE CHAUSSEE DU FONDOUK DES FRANÇAIS », 1992. 38
FIGURE 24 : ARCH ALI IBN MOHAMED IBN AL KACEM « PLAN MEDERSA CHAMMAIYA,DANS LA MEDINA DE TUNIS », MOHAMED BEJI BEN MAMI "MADRASA CHAMMAIYA" DANS DISCOVER ISLAMIC ART. MUSEUM WITH NO FRONTIERS, 2022. EN LIGNE SUR <ISLAMICART MUSEUMWNF ORG>. 39
FIGURE 25 : SERGE SANTELLI, « ATLAS DES MEDINAS TUNISIENNES : PLAN DE LA ZAOUIA EL KHADRIA DANS LA MEDINA DE TUNIS » 1992. 40
FIGURE 26 : : SERGE SANTELLI, « ATLAS DES MEDINAS TUNISIENNES : PLAN HAMMAM EL KACHACHINE SITUE DANS LA MEDINA DE TUNIS », 1992. 41
FIGURE 27 : FAUBOURG NORD ET FAUBOURG SUD DE LA MEDINA , 2022, DOCUMENT PERSONNEL 42
FIGURE 28: VILLE DU 19E, TUNIS, 2022, DOCUMENT PERSONNEL 43
FIGURE 29: LEILA AMMAR, « LA RUE A TUNIS, REALITE, PERMANENCES, TRANSFORMATIONS DE L’ESPACE URBAIN : MAISON DE RAPPORT A COURETTE SUR DEUX NIVEAUX, 64 RUE EL KHADHRA, 1892» ARCHIVES MUNICIPALES DE TUNIS, 2017. 44
FIGURE 30: LEILA AMMAR, « LA RUE A TUNIS, REALITE, PERMANENCES, TRANSFORMATIONS DE L’ESPACE URBAIN MAISON DE RAPPORT A DEUX NIVEAUX AVEC BOUTIQUES ET MAGASINS AU REZ DE CHAUSSEE ET HABITATION A L’ETAGE, 2 RUE SIDI SOUFIANE, 1892 » 2017, ARCHIVES MUNICIPALES DE TUNIS,. 45
FIGURE 31 : LEILA AMMAR, « LA RUE A TUNIS, REALITE, PERMANENCES, TRANSFORMATIONS DE L’ESPACE URBAIN : IMMEUBLE DE RAPPORT A COUR ARRIERE, 5 RUE DE RUSSIE 1896 », 2017 ARCHIVES MUNICIPALES DE TUNIS, 46
FIGURE 32 : LEILA AMMAR, « LA RUE A TUNIS, REALITE, PERMANENCES, TRANSFORMATIONS DE L’ESPACE URBAIN : FAÇADE IMMEUBLE DE RAPPORT 1921, AVENUE DE LONDRES » 2017, ARCHIVES MUNICIPALES DE TUNIS 47
FIGURE 33: ESPACE PUBLIC EXISTANT AUJOURD’HUI DANS LA VILLE DU 19E, 2022, DOCUMENT PERSONNEL
FIGURE 34: PLAN DE SITUATION DE L'EGLISE SAINT VINCENT DE PAUL, TUNIS, 2022, DOCUMENT PERSONNEL
FIGURE 35: « CATHEDRAL SAINT VINCENT DE PAUL DE TUNIS : VUE DE LA CATHEDRALE DANS LES ANNEES 1945 1950, » PHOTOGRAPHIE, AUTEUR INCONNU , 1945.
FIGURE 36 : GARE DE TUNIS ET LES LIGNES DE TRAMWAY DANS LA VILLE DE TUNIS AUJOURD'HUI, 2022, DOCUMENT PERSONNEL. 50
FIGURE 37: « LA GARE NEGATIF 6 X 6 TUNISIE, 1950 », PHOTOGRAPHIE, AUTEUR INCONNU 51
FIGURE 38 : LES VOIES PRINCIPALES DE LA MEDINA DE TUNIS, 2022, DOCUMENT PERSONNEL 54
FIGURE 39: « RUE TOURBET EL BEY, NEGATIF 6 X 6, TUNIS 1950 », PHOTOGRAPHIE AUTEUR INCONNU 55
FIGURE 40 : « VUE AERIENNE DE LA PORTE BAB EL BHAR, DE L'ANCIEN AXE DE LA MARINE ET DU LAC DE TUNIS », PHOTOGRAPHIE AUTEUR INCONNU .EN LIGNE SUR <WEBDO.TN>,2019, HATEM BOURIAL 57
FIGURE 41: LEILA AMMAR, « LA RUE A TUNIS, REALITE, PERMANENCES, TRANSFORMATIONS DE L’ESPACE URBAIN : COUPE DE L'AVENUE DE FRANCE, VILLE DU 19E » 2017. 58
FIGURE 42: LEILA AMMAR, « LA RUE A TUNIS, REALITE, PERMANENCES, TRANSFORMATIONS DE L’ESPACE URBAIN : COUPE DE L'AVENUE DE HABIB BOURGUIBA (ANCIENNEMENT L’AXE DE LA MARINE), VILLE DU 19E » 2017, 58
FIGURE 43: JELLAL ABDELKAFI « LA MEDINA DE TUNIS : PLAN QUARTIER RBAT BAB SOUIKA, RUE HAMMAM ERMIMI, », 1989. 60
FIGURE 44: JELLAL ABDELKAFI « LA MEDINA DE TUNIS : PLAN QUARTIER RBAT BAB SOUIKA, RUE HAMMAM ERMIMI, », 1989. 61
FIGURE 45: JELLAL ABDELKAFI « LA MEDINA DE TUNIS : PLAN QUARTIER RUE SIDI EL BECHIR EN ARETES DE POISSON », 1989 62
FIGURE 46 : TRAME REGULIER D'IMPASSE DANS LE FAUBOURG, QUARTIER BAB SOUIKA, PHOTO AERIENNE, 2021 GOOGLE EARTH 64
FIGURE 47: JACQUES REVAULT, « PALAIS ET DEMEURES DE TUNIS (XVIE ET XVIIE SIECLES) : ILOT DANS LE QUARTIER DES ANDALOUS,1967 », DOCUMENT DE L’ASSOCIATION DE SAUVEGARDE DE LA MEDINA (A.S.M) 65
FIGURE 48: PLAN DU PARCELLAIRE DU FAUBOURG QUARTIER BAB SOUIKA,, 2022 DOCUMENT PERSONNEL 66
FIGURE 49 : FAUBOURG DE LA MEDINA, PHOTO AERIENNE, 2021 GOOGLE EARTH 67
FIGURE 50: PARCELLAIRE QUARTIER AL JAZIRA, ILOT DE LA VILLE DU 19E, PHOTO AERIENNE,2021, GOOGLE EARTH 69
FIGURE 51: PARCELLAIRE QUARTIER DE LONDRES, PHOTO AERIENNE, 2021, GOOGLE EARTH 70
FIGURE 52: ILOT QUARTIER RUE DE RUSSIE, QUARTIER AL JAZIRA, 2022, DOCUMENT PERSONNEL 71
FIGURE 53: ILOT D’UNE CITE 47 AVENUE AL JAZIRA, QUARTIER AL JAZIRA, 2022, DOCUMENT PERSONNEL 72
FIGURE 54: LEILA AMMAR, REVUE IBLA,« MAISON ET IMMEUBLES : ELEVATION DE LA FAÇADE DE LA CITE RUE 47 », 2009. 73
FIGURE 55 : QUARTIERS EN LIMITE DES DEUX MORPHOLOGIES DE LA VILLE DE TUNIS , 2022, DOCUMENT PERSONNEL 76
FIGURE 56 : LIMITE DE LA MEDINA ET DE LA VILLE DU 19E , QUARTIER AL JAZIRA, 2022, DOCUMENT PERSONNEL 77
FIGURE 57 : LIMITE DE LA MEDINA ET DE LA VILLE DU 19E, PHOTO AERIENNE 2021 , GOOGLE EARTH 77
FIGURE 58 : LIMITE DE LA MEDINA ET DE LA VILLE DU 19E, QUARTIER PORTE BAB EL BHAR ET AVENUE DE FRANCE, 2022, DOCUMENT PERSONNEL 78
FIGURE 59 : LIMITE DE LA MEDINA ET DE LA VILLE DU 19E, QUARTIER PORTE BAB EL BHAR ET AVENUE DE FRANCE, PHOTO AERIENNE, 2021, GOOGLE EARTH 78
FIGURE 60 : QUARTIERS D'ETUDE, 2022, DOCUMENT PERSONNEL 80
FIGURE 61 : QUARTIER D'AL-JAZIRA/ AVENUE DE FRANCE AUJOURD'HUI,2022, DOCUMENT PERSONNEL 81
FIGURE 62 :D’APRES LE PLAN COLIN, QUARTIER D'AL JAZIRA / AVENUE DE FRANCE EN 1860 82
FIGURE 63: LEILA AMMAR, « TUNIS D’UNE VILLE A L’AUTRE CARTOGRAPHIE ET HISTOIRE URBAINE : D’APRES LE PLAN DE M.VINCENT, INGENIEUR DES PONTS ET CHAUSSEES , ARCHIVES MUNICIPALES DE TUNIS ». QUARTIER D'AL-JAZIRA / AVENUE DE FRANCE EN 1900, 82
FIGURE 64 : LEILA AMMAR, « TUNIS D’UNE VILLE A L’AUTRE CARTOGRAPHIE ET HISTOIRE URBAINE : D’APRES LE PLAN DE M.MOULLOT, INGENIEUR , ARCHIVES MUNICIPALES DE TUNIS ». QUARTIER D'AL JAZIRA / AVENUE DE FRANCE EN 1930 83
FIGURE 65: QUARTIER D'AL JAZIRA / AVENUE DE FRANCE AUJOURD'HUI, 2022, DOCUMENT REALISE A L’AIDE DU SITE <GEOPAU GOV TN> 83
FIGURE 66 : VOIES COMPOSANT LE QUARTIER D'AL JAZIRA / AVNEUE DE FRANCE, 2022, DOCUMENT PERSONNEL 85
FIGURE 67 : PARCELLAIRE DU QUARTIER AL JAZIRA / AVENUE FRANCE, 2022, DOCUMENT PERSONNEL 86
FIGURE 68 : COUPES ET ELEVATION AVENUE AL JAZIRA, 2022, DOCUMENT PERSONNEL 87
FIGURE 69 : COUPE A, AVENUE AL JAZIRA, PORTE DE FRANCE, 2022, DOCUMENT PERSONNEL 88
FIGURE 70 : COUPE B, 31 AVENUE AL JAZIRA, 2022, DOCUMENT PERSONNEL 88
FIGURE 71 : AVENUE AL JAZIRA, PHOTOGRAPHIE, 2021, GOOGLE EARTH 89
FIGURE 72 : ELEVATION C, AVENUE AL JAZIRA / RUE SIDI BOU MENDIL, 2022, DOCUMENT PERSONNEL 89
FIGURE 73 : AVENUE AL JAZIRA, IMMEUBLE DE RAPPORT, MAISON DE RAPPORT, PHOTOGRAPHIE,2021, GOOGLE EARTH 90
FIGURE 74 : QUARTIER DE L'AVENUE LONDRES / BAHRI AUJOURD'HUI, 2022, DOCUMENT PERSONNEL 93
FIGURE 75 : D’APRES LE PLAN COLIN, QUARTIER AVENUE LONDRES / BAHRI EN 1860 94
FIGURE 76 : LEILA AMMAR, « TUNIS D’UNE VILLE A L’AUTRE CARTOGRAPHIE ET HISTOIRE URBAINE : D’APRES LE PLAN DE M.VINCENT, INGENIEUR DES PONTS ET CHAUSSEES , ARCHIVES MUNICIPALES DE TUNIS ». QUARTIER AVENUE LONDRES / BAHRI EN 1900 94
FIGURE 77 : LEILA AMMAR, « TUNIS D’UNE VILLE A L’AUTRE CARTOGRAPHIE ET HISTOIRE URBAINE : D’APRES LE PLAN DE M.MOULLOT, INGENIEUR , ARCHIVES MUNICIPALES DE TUNIS ». QUARTIER AVENUE LONDRES / BAHRI EN 1930 95
FIGURE 78 : QUARTIER AVENUE DE LONDRES / BAHRI AUJOURD'HUI, 2022, DOCUMENT PERSONNEL 95
FIGURE 79 : QUARTIER AVENUE LONDRES / BAHRI AUJOURD'HUI ERREUR ! SIGNET NON DEFINI.
FIGURE 80 : AVENUE DE LONDRES, IMMEUBLES DE RAPPORT, PHOTOGRAPHIE, 2021, GOOGLE EARTH 96
FIGURE 81 : VOIES COMPOSANT LE QUARTIER DE L'AVENUE DE LONDRES / BAHRI, 2022, DOCUMENT PERSONNEL 97
FIGURE 82: PARCELLAIRE ILOT NEUF ET VILLE ANCIENNE DANS LE QUARTIER DE L'AVENUE DE LONDRES / BAHRI 99
FIGURE 83 : ILOT DU QUARTIER AVENUE DE LONDRES, 2022, DOCUMENT PERSONNEL 100
FIGURE 84 : COUPE ET ELEVATION DANS LE QUARTIER LONDRES / BAHRI, 2022, DOCUMENT PERSONNEL 101
FIGURE 85 : COUPE A, AVENUE DE LONDRES, 2022, DOCUMENT PERSONNEL 101
FIGURE 86 : AVENUE ALI BELHOUANE, PHOTOGRAPHIE, 2021, GOOGLE EARTH 102
FIGURE 87 : COUPE C, AVENUE BELHAOUNE, 2022, DOCUMENT PERSONNEL 102
FIGURE 88 : FAÇADE DE L'AVENUE ALI BELHOUANE, IMMEUBLE DE RAPPORT, MAISON DE RAPPORT ET UNE HABITATION TRADITIONNELLE DANS UN MEME ILOT, 2022, DOCUMENT PERSONNEL 103
FIGURE 89 : SURELEVATION D'ETAGE DES HABITATIONS TRADITIONNELLES, QUARTIER DE L'AVENUE DE LONDRES, PHOTOGRAPHIE, 2021, GOOGLE EARTH 104