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LYON : QUEL BILAN ÉCONOMIQUE ET ÉNERGÉTIQUE

Lyon est implantée au cœur du Rhône, l’un des territoires les plus dynamiques de France. De ce fait, la métropole a demandé la réalisation de bilan énergétique de la ville, afin de concilier développement économique et consommation énergétique.

Bilan économique

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Le Rhône se compose de la Métropole de Lyon et du Département du Rhône. En 2021, il se situe au cœur de la 2èmerégion économique française et 4ème région de l’Union Européenne pour le PIB. C’est le territoire le plus peuplé de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, avec près de 2 millions d’habitants dont 33% ont moins de 20 ans. Le taux d’emploi y est de 64,8%, (0,6 point au-dessus de la moyenne nationale). Le Rhône représente d’ailleurs 28,5% des emplois d’Auvergne-Rhône-Alpes. Dans le Rhône, on comptabilise 359 établissements de production et distribution d’électricité, de gaz et d’eau. Elles représentent 14 000 salariés.

Le Rhône représente aussi 23,3% des exportations de la Région, sa première destination étant l’Allemagne. Lyon Saint Exupéry est le 2ème aéroport français pour le trafic de passagers et 3ème en fret (hors aéroports franciliens). 2ème Hub digital de France, le Rhône rassemble un fort potentiel de recherche et d’innovation avec notamment près du quart des brevets déposés dans la Région.

Enfin, il se classe en 2ème position des régions touristiques de France. Lyon avait en effet été élue Capitale européenne du tourisme durable en 2019. La ville se place aussi 5ème dans le classement des « Meilleures Villes du Monde » du Condé Nast Traveler Reader’s Choise. Selon le Baromètre EY de l’attractivité de la France 2018, Lyon est la métropole française la plus attractive, après Paris, pour les investisseurs nationaux. La ville est également élue 1ère ville où il fait bon entreprendre, parmi les 100 plus grandes agglomérations françaises, par le Palmarès des villes de l’Express en 2019.

Bilan énergétique

En 2017, la Métropole lyonnaise a piloté le premier bilan énergétique des activités économiques et résidentielles. 33 térawattheures pour 3 milliards d’euros dans l’année. Le calcul de la consommation a nécessité l’analyse de 3 000 jeux de données (de l’année 2013). C’était le premier bilan énergétique réalisé à l’échelle d’un tel territoire en France. Les fournisseurs Enedis, GRDF, RTE et GRTgaz ont mis à disposition de la métropole leurs consommations annuelles. Ont aussi été pris en compte : le kilométrage parcouru par les réseaux de transport en commun (Sytral et Keolis) et la consommation des éclairages publics (SIGERly).

Ainsi, le Grand Lyon dispose d’un diagnostic complet de toute la chaîne énergétique : production, distribution et consommation. Un Lyonnais consomme 24 mégawattheures par an. Les énergies les plus utilisées sont le gaz et l’électivité. Arrivent ensuite les carburants, principalement consommés par les transports ainsi que la vallée de la chimie. Pour la métropole de Lyon, ce diagnostic global était un indicateur de la démarche à suivre pour la transition énergétique du territoire. Le Plan Climat de l’époque visait à atteindre une réduction de 20% des émissions de CO2 et une augmentation de 20% des énergies renouvelables. 72% des émissions de CO2 ne dépendent pas des actions de la Métropole. Et les quelques 1,5 millions d’habitants de la métropole rejettent plus de 8 millions de tonnes de CO2 dans l’atmosphère chaque année. Néanmoins, en 10 ans, les rejets de CO2 dans l’atmosphère ont diminué de 11%, tandis que la population de la métropole augmentait de 10%.

Quelques données chiffrées pour en apprendre d’avantage sur l’économie et l’énergie de Lyon

L’isolation, l’une des clefs vers la transition énergétique ?

En janvier 2022, la réglementation environnementale 2020 (RE2020) a été mise en place dans le secteur immobilier. La Métropole de Lyon doit progressivement s’adapter et cela passe par la rénovation des immeubles et autres bâtiments. Comment réagir pour consommer moins et respecter ces nouvelles normes ?

Depuis 2019, la région Auvergne-RhôneAlpes s’est donné comme objectif de réduire de 23 % la consommation énergétique par habitant d’ici à 2030. La chaleur représente environ 45 % des consommations énergétiques. Pour réduire drastiquement cette consommation, il faut en passer par la rénovation énergétique. L’entrée en vigueur de la RE2020, depuis janvier 2022 vient accélérer les choses. L’objectif est clair, d’ici 2030 il faudra assurer la rénovation de 130 000 logements. Dans le Rhône, c’est près de 18 % des bâtiments qui sont considérés comme des passoires thermiques.

quement. L’hiver, je ne prends qu’une palette de granulés pour me chauffer. Mais pour l’été, c’est plus compliqué.» Dans l’isolation d’une maison, c’est la méthode d’application qui est très importante. C’est dans le détail constructif de la bâtisse.

Le chauffage représente 80 % des consommations énergétiques des bâtiments résidentiels et 60 % des bâtiments du secteur tertiaire. Depuis la hausse des températures en été, les bâtiments sont de plus en plus exposés aux fortes chaleurs. « Aujourd’hui, on mise beaucoup sur le confort été, explique Ahmed Kallal, charpentier-menuisier. C’est pour éviter de mettre des climatisations à tout va parce qu’on est performants thermi-

« C’est là-dessus qu’il faut être vigilant. Ce n’est pas le tout de dérouler de 200 millimètres d’isolant dans les murs, c’est comment on met ces 200 millimètres pour qu’ils soient efficaces et performants. » C’est dans ce domaine que la Métropole de Lyon doit aujourd’hui progresser. Mais cette perte n’est pas uniquement due à l’isolation. Cette nouvelle réglementation concerne aussi les aménagements ménagers. Il faut faire attention à la production d’eau chaude, son système de chauffage, et même à ses appareils électriques, ajoute Ahmed Kallal.

« On parle souvent de la domotique attention c’est très énergivore mais une domotique bien faite permet de faire des économies et ça c’est important. » Un capteur d’ensoleillement à l’extérieur l’été permet une fermeture des volets pour préserver la fraîcheur dans la maison, et pour l’hiver le schéma s’inverse. C’est tout un ensemble qu’il faut respecter depuis ce début d’année. « On sait que ça coûte de l’argent de bien isoler une maison mais quand c’est correctement réalisé. Cela peut représenter des économies sur le long terme, mais c’est compliqué de donner un ordre de grandeur, surtout économique » affirme le chef d’entreprise.

Des contraintes de constructions vsans vérifications

Avec la mise en place de cette nouvelle réglementation énergétique, plusieurs contraintes de construction et d’aménagement ont été mises en place.

« Aujourd’hui on n’a même pas le choix. Au dépôt du permis de construire on est obligés de faire une étude thermique. Le problème, c’est qu’il n’y a pas de contrôles », ajoute Ahmed Kallal. C’est ce gouffre entre la demande et la non-vérification du travail qui pose problème.

« Je vois les permis de construire qui passent actuellement, avec des études thermiques annoncées mais qui ne sont jamais respectées. Le client signe simplement une attestation pour signifier le bon respect de l’étude. Peut-être qu’un jour il y aura des rappels et des contrôles mais ce n’est pas d’actualité. »

Pour pallier ce problème, une rénovation énergétique déclinée plus finement en fonction de l’état du bâtiment, de son usage, de sa zone géographique, et mise en œuvre par étape progressive, permettrait une mobilisation des compétences et moyens financiers du privé. La consommation énergétique des bâtiments est le premier poste de consommation d’énergie régionale représentant 45,5 % des consommations finales d’énergie. De plus, les bâtiments résidentiels et tertiaires représentent un quart des émissions de gaz à effets de serre de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

Compte tenu de leurs caractéristiques particulières (âge, usages, conception, étiquette énergétique, environnement climatique et architectural, valeur patrimoniale...), le parc de bâtiments existant ne peut pas être rénové uniformément. Il doit par conséquent faire l’objet d’une stratégie ciblée et de programmes de rénovation adaptés. L’objectif : améliorer de manière ambitieuse la performance énergétique des bâtiments dans le respect de leurs spécificités.

Les chefs d’entreprises risquent de se retrouver à court de main d’œuvre décharge, qui sont assez énergivores.

Depuis la crise sanitaire, le BTP est un secteur qui peine à recruter ou encore à remplacer. Plusieurs structures de formations ont ouvert pour pallier ce manque d’effectif cuisant. Les chefs d’entreprises sont de plus en plus tournés vers la jeune génération pour combler leurs effectifs. « Les métiers ne sont pas attractifs pour les jeunes, l’éducation Nationale ne leur ouvre pas la voie vers l’artisanat et c’est ça qui bloque ces filières. Si ce secteur ne recrute pas rapidement, cela pourrait devenir très compliqué d’ici quelques années que ce soit la plomberie, l’isolation ou encore la maçonnerie. Les chefs d’entreprises risquent de se retrouver à court de main d’œuvre. » explique le représentant de la chambre des Métiers et de l’artisanat du Rhône.

Evénementincontournable de la ville de Lyon, la fête des Lumières aura bel et bien lieu en 2022, malgré le plan sobriété mis en place le 1er novembre dernier. Après une édition 2021 marquée par la crise sanitaire, l’année 2022 se voit affronter la crise énergétique.

Le maire de la ville de Lyon, Gregory Doucet a récemment annoncé qu’il ne souhaite pas priver les Lyonnais de la célébration de la Fête des Lumières, elle aura bel et bien lieu du 8 au 11 décembre prochain. Il a même déclaré « la sobriété ce n’est pas l’austérité ». En parallèle, cela fait déjà quelques années que la Fête des Lumières développe des initiatives visant à améliorer la prise en compte de l’éco-responsabilité de l’événement. Cependant, les équipes qui travaillent à l’organisation de la Fête des Lumières ont à cœur que l’événement reste spectaculaire et populaire.

Néanmoins, elles nécessitent de couper l’éclairage public pour être misent en avant, cela compense. Malgré tout, pour ne pas avoir un bilan énergétique trop élevé des alternatives sont mises en place.

Toujours dans la continuité du plan sobriété, Sylvain Godinot, adjoint au maire de Lyon à la transition écologique et au patrimoine, rappelle que les illuminations vont prendre une trentaine d’heures en tout pour la Fête des lumières. C’est une période qui est très courte». En effet, une trentaine de sites sont illuminés cinq jours en soirée, de la tombée de la nuit à environ minuit trente.

Une manifestation qui se veut éco-exemplaire

Bien avant les problèmes de crise énergétique, l’équipe chargée de la programmation a encouragé les pratiques vertueuses d’un point de vue environnemental, que ce soit sur le transfert des œuvres, sur le réemploi, ou sur l’utilisation des sources. En effet, ils désirent utiliser des sources plus économes. Pourtant, la fin de l’abondance n’a pas été l’axe de réflexion premier. Pour Marion Traversi, cheffe de projet de la Fête des Lumières, l’évènement doit être « fabuleux pour les yeux sans être trop lourd sur l’empreinte environnementale ». e bilan énergétique de la Fête des Lumières n’est pas connu de façon précise puisqu’il est divisé ; plusieurs données rentrent en compte : les illuminations exploitent encore beaucoup de lampe à sodium et de lampe à

L’organisation s’engage dans des pratiques plus vertueuses depuis 1 an et demi. Les artistes ayant une démarche écoresponsable sont valorisés, certains utilisent exclusivement de l’énergie produite par des sources renouvelables. L’organisation s’est d’autant plus lancée dans un processus plus large de certification à une norme environnementale : Iso 20121. Cette norme fournit un cadre permettant d’identifier et de réduire les effets négatifs sur le plan social, économique et environnemental afin d’améliorer la planification du processus. Avec cette norme, l’organisation de la Fête des Lumières s’engage à contrôler et mesurer les frais énergétiques. L’empreinte énergétique de la Fête des lumières a baissé considérablement ces dernières années : L’évolution des sources lumineuses tel que l’utilisation massive de led et de projecteurs lasers a réduit le coût de la consommation énergétique. Ce sont des installations qui ont beaucoup évolué technologiquement.

L’organisation prend aussi en considération que des milliers de personnes se rendent à la Fête des Lumières, ainsi ils ne sont pas chez eux à utiliser leur télévision, leur ordinateur et tout ce qui consomme de l’électricité. De plus, les transports en commun lyonnais augmentent leur offre de transport et sont gratuits le soir du 8 décembre, permettant ainsi aux visiteurs de se déplacer sans consommer.

La Fête des Lumières n’est pas la seule à poser question concernant la consommation d’énergie, les éclairages de Noël entrent aussi en compte. Une problématique à laquelle la ville a déjà répondu, en annonçant que l’amplitude horaire sera adaptée à 23 heures au lieu de minuit et la période d’illumination sera réduite d’une semaine en janvier.

L’œuvre I Love Light qui sera installée sur la place Bellecour est un bel exemple d’œuvre écologique puisqu’elle se compose de 947 lampes de récupérations, de tous styles et toutes provenances. Il s’agit de don des Lyonnais faits dans deux mairies, certaines proviennent aussi des foyers Notre Dame des sansabris, une association au profit des personnes dans le besoin. Cette œuvre a été réalisée par le collectif Fils de Créa, avec la participation de Marion Chauvin, Adrien Bertrand et Lucie Borel. Cette création participative et solidaire est un message d’amour à la lumière et à la tradition du 8 décembre.

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