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Les commerçants s’engagent à limiter leur facture énergétique

La Ville de Lyon a rédigé une charte sur la sobriété énergétique destinée aux commerçants. Une liste de gestes simples que les petites entreprises respectent dans la mesure du possible. Dans un contexte de hausse des prix de l’énergie, les commerçants sont de plus en plus vigilants.

Particuliers, entreprises, tous sont appelés à la sobriété énergétique. Dans le cadre de son plan de sobriété publié le 11 octobre dernier, la Ville de Lyon a rédigé une charte destinée aux commerçants. Cette charte est une liste de gestes simples, comme éteindre les lumières et enseignes lumineuses de leurs établissements à la fin du service, ou limiter la température ambiante à 19 °C. Un défi loin d’être inédit.

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Tout pour réduire la facture

« On faisait déjà attention, mais on est d’autant plus vigilants maintenant, explique Amin Fard, gérant du restaurant Cœur d’artichaut dans le 9e arrondissement de Lyon. On éteint les lumières dès que les clients partent. Même chose pour les fours. On les allume le plus tard possible et quand on n’a plus besoin de les utiliser, on les éteint, pour éviter de consommer inutilement de l’énergie. » Le restaurateur n’a toujours pas allumé le chauffage dans sa salle de restaurant, et pour cause : « Dès qu’on allume le four à pizza, il chauffe le restaurant. On laisse la porte de la cuisine ouverte jusqu’à 12 h. Dès que les clients partent, on n’hésite pas à rouvrir la porte de la cuisine. Je suis actuellement en contact avec une association qui travaille avec la mairie de Lyon pour essayer de moins gaspiller l’énergie. » Le gérant compte sur le collectif pour les aider et à moins consommer. Par souci d’environnement et d’économie, le restaurateur va devoir s’adapter. C’est tout son établissement qu’il est en train de passer à l’éclairage LED.

On n’a pas tous les mêmes priorités

Sur la question des horaires d’extinction de l’éclairage de ses boutiques, Lydie Chollet, responsable des trois boulangeries Chollet dans les 9e, 5e et 2e arrondissements lyonnais, estime « qu’on ne peut pas trop les modifier. Il faut quand même que les boutiques se voient », soutient-elle. De la même façon, pour elle, il serait compliqué d’éteindre les écrans publicitaires : « Il faut toujours que ce soit allumé. Les éteindre serait une possibilité mais après la société ne voudra plus nous louer d’écrans pour qu’on diffuse nos publicités. Il ne faut pas que ces mesures de restrictions nuisent aux ventes. »

Tout comme Amin Fard, la boulangère fait preuve de vigilance. « Ce sont les grils qui consomment le plus. On les éteint dès qu’on n’en a plus besoin. » Lydie Chollet explique que passer à l’éclairage LED, renouveler et entretenir souvent son matériel, c’est aussi réduire sa facture. Mais pour la responsable, « ce sont toujours les mêmes qui trinquent. Nous, les petites entreprises, on essaie de survivre à notre activité pendant que les grandes s’enrichissent. La priorité de la Ville de Lyon devrait être de s’occuper des grosses entreprises comme les usines, très gourmandes en énergie. Mais on n’a pas tous les mêmes priorités », déplore-t-elle.

Greenpeace lutte contre le gaspillage énergétique

Début novembre, des militants de l’association Greenpeace se sont mobilisés à Lyon. Leur objectif ? Demander au gouvernement l’extinction définitive des écrans publicitaires et des enseignes lumineuses de magasins lorsque ces derniers sont fermés. Les militants ont dénoncé un « gâchis d’énergie » ainsi que des restrictions insuffisantes et incohérentes en cette période d’appel à la sobriété. « Nous exigeons que la sobriété ne soit plus seulement cantonnée aux petits gestes individuels », a rappelé le collectif.

La transition énergétique est devenue un objectif de plus en plus courant pour les collectivités territoriales et les entreprises. Utopies est une agence qui conseille ces acteurs depuis presque 30 ans pour les aider à adapter leur développement économique à la problématique climatique actuelle. L’agence travaille notamment avec la métropole lyonnaise.

EnFrance, Utopies est la pionnière des agences de conseil en développement durable pour les entreprises. « Nous réalisons des études sur des thématiques comme la RSE (responsabilité sociétale des entreprises), l’innovation responsable, les bilans carbone et stratégies climat des entreprises, la biodiversité, etc. Nous travaillons sur la manière de transformer les modèles économiques de nos clients tout en accélérant leur transition écologique »,explique Boris Chabanel, expert en économies locales durables chez Utopies.

Depuis une dizaine d’années, Utopies met ses services à la disposition des collectivités territoriales. « Globalement, nous aidons les collectivités et les territoires à se développer différemment. C’est à dire se développer en essayant de relocaliser l’économie et d’avoir un développement économique local et circulaire. De ce fait, le développement devient bas carbone, ce qui réduit les différents impacts du territoire sur l’environnement », poursuit l’expert.

La métropole lyonnaise coopère avec Utopies

M. Chabanel travaille chez Utopies depuis 2017. Ce géographe de formation travaille exclusivement pour les territoires, et en particulier pour la métropole de Lyon, depuis une quinzaine d’années. « Avec la métropole lyonnaise, je travaille sur des sujets qui vont toucher au développement économique local, à la transition écologique, mais aussi à l’emploi et à l’insertion. On réalise souvent des études destinées à aider les services à comprendre les enjeux et les nouveaux leviers de l’action publique. Pendant les 20 ans passés, on était plutôt sur une approche assez classique du développement économique. À savoir exporter, être compétitif, être attractif, etc. Désormais, on aborde le développement du territoire avec une approche qui cherche à réduire les impacts de l’économie. En relocalisant un certain nombre de productions pour mieux répondre à la demande locale et en répartissant mieux les activités économiquesur le territoire, notamment pour éviter les déplacements et cette abondance de flux vers Lyon. Je pense que le développement du vélo restera emblématique de ce mandat », déclare-t-il

C’est via les outils que développe Utopies en matière d’analyse territoriale que Boris Chabanel a connu l’entreprise. « Nous avons des outils qui permettent de comprendre finement le fonctionnement économique des territoires et les flux générés à l’échelle locale (production, demande, importations, exportations). Ensuite, nous analysons ces flux : ce qu’ils représentent en euros, en emploi, en matière, et en impact carbone, détaille-t-il. Nous utilisons la notion de métabolisme économique, c’est-à-dire que nous nous intéressons aux flux de matières et d’énergie qui sont nécessaires au fonctionnement de l’économie. » En 2017, Utopies a mené une étude sur les importations lyonnaises et ce qu’elles entraînent comme consommation de combustible fossile, de métaux, de biomasse, de minéraux non métalliques, etc. « Ainsi, nous avons pu déterminer les flux d’importation les plus impactant et desquels nous sommes le plus dépendants, reprend M. Chabanel. Ce sont eux qu’il faut réduire en priorité, dans une volonté de développement durable et de souveraineté économique. »

Julie TAISSE

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