risques et périls, accompagnée de ma sœur cadette. Nous nous sommes mises à la recherche d’un autre psychiatre et, avec l’aide d’un nouveau traitement médicamenteux, la manie s’est atténuée. Entretemps, j’étais partie de chez moi pour habiter seule. J’étais divorcée et inapte à travailler. La manie s’était transformée en dépression sévère. Une nouvelle période de ma vie débutait. Heureusement, mes relations avec mes enfants étaient bonnes. Au bout d’un an, j’ai pu reprendre mon travail. Le traitement médicamenteux et la thérapie m’ont aussi apporté une stabilité. Je me sentais heureuse.
Trop d’énergie En 2013, en concertation avec le psychiatre, nous avons arrêté complètement le traitement médicamenteux. Après une phase hypomaniaque, j’ai retrouvé toute mon énergie – voire un peu trop d’énergie... – et j’ai repris le travail. Très vite, j’ai à nouveau dû reprendre un congé de maladie. Comme je prenais mes médicaments de façon irrégulière, mon état ne s’améliorait pas. C’est pourquoi j’ai décidé, en accord avec mon psychiatre et mon médecin généraliste, de me faire admettre dans un hôpital psychiatrique. Là, le médecin en chef, spécialisé en trouble bipolaire, m’a pris sous son aile. J’ai trouvé chez lui une oreille attentive. Ainsi, j’ai été capable de suivre le traitement et la thérapie, tandis que mon rythme et mes
souhaits ont été respectés. Heureusement, toute une équipe m’a soutenue, notamment une psychologue qui m’a aidée à mieux comprendre ma maladie.
Psycho-éducation Lorsque je me suis sentie assez forte pour cela, j’ai suivi des séances de psycho-éducation avec mes enfants. Ces séances m’ont donné beaucoup de force et aujourd’hui encore, j’en recueille les fruits. En ce moment, je me sens « en bonne santé », la maladie appartient au passé. Comme j’ai à nouveau suffisamment confiance en moi, je fonctionne bien. Je possède assez d’énergie et de résilience pour aider d’autres personnes dans le secteur des soins de santé mentale, en intervenant comme « experte de l’expérience ». Avec mon appli « life-chart » (graphique d’évolution de la maladie) et mon plan de signalement, je me sens en sécurité. Cela me permet de prévenir un nouvel épisode dépressif. Je suis soutenue par un entourage chaleureux, j’ai recours à temps à la psychothérapie, je suis scrupuleusement mon traitement, en évitant les stimuli excessifs et en me reposant suffisamment… Autrement dit, je vis avec une vulnérabilité psychique : un trouble bipolaire. Lieve Lodewyckx
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