7 minute read

Les forces de sécurité européennes s’équipent

Face aux défis croissants dans les domaines de la sécurité, de la protection et du secours, la police et les services de secours de toute l’Europe investissent dans des équipements plus performants ou complémentaires. Trois programmes d’acquisition récents en France et aux Pays-Bas en sont la preuve.

La situation sécuritaire en Europe est tendue. Les États, leurs citoyens et les exploitants d’infrastructures critiques en Europe sont confrontés à une multitude de menaces de sécurité, dont certaines sont inédites. Le crime organisé, le terrorisme et les catastrophes naturelles ou d’origine humaine (accidents industriels, cyberattaques, attentats) rendent inévitables les investissements dans une sécurité accrue. Outre les outils de prévision et les bases factuelles qui aident à identifier et à éviter les risques de sécurité et les scénarios de danger à un stade précoce ou à limiter leurs effets néfastes, il est nécessaire d’élaborer des concepts permettant de mieux organiser la surveillance des structures sensibles et d’améliorer les conditions juridiques. Mais il est tout aussi important de disposer de moyens d’intervention efficaces en cas d’urgence. Trois programmes d’acquisition en France et aux Pays-Bas en sont la preuve et montrent que les technologies suisses suscitent également de l’intérêt à l’étranger.

Nouveaux véhicules de lutte contre l’incendie hybrides électrique-diesel pour l’aéroport de Paris

Le groupe ADP, qui gère actuellement 26 aéroports dans le monde, fait l’acquisition de quatre véhicules Oshkosh Striker ® Volterra™ 6x6 « Aircraft Rescue and Fire Fighting » (ou ARFF) à propulsion hybride électrique-diesel à 6 roues pour les pompiers de l’aéroport de Paris-Le Bourget. Ces véhicules remplaceront l’ensemble de la flotte actuelle de l’aéroport, située à seulement huit kilomètres au nord-est de Paris.

Les futurs véhicules d’intervention offrent un design de cabine modulaire avec un champ de vision de 254 degrés, une caméra à 360 degrés et environ 9,1 mètres carrés de vitrage, une suspension indépendante sur les six roues ainsi qu’un groupe motopropulseur hybride électrique-diesel particulièrement performant. Grâce à ce dernier, les mastodontes accélèrent à 80 km/h en seulement 25 secondes et atteignent une vitesse de pointe de plus de 110 km/h (70 miles par heure). En mode purement électrique, ils peuvent atteindre 80 km/h (50 miles par heure).

Chacun des véhicules dispose d’un réservoir d’eau d’extinction de 10 500 litres, d’un réservoir de mousse de 800 litres et d’une pompe à eau avec boîtier en bronze d’une capacité d’environ 7 500 litres par minute. Un système de poudre sèche de 250 kg est en outre embarqué dans le véhicule. Le canon d’extinction a une portée allant jusqu’à 20 mètres et peut atteindre les conteneurs de fret sous n’importe quel angle.

Quatre ARFF de type Oshkosh Striker ®Volterra™ 6x6 seront prochainement en service à l’aéroport de Paris-Le-Bourget.
©fabricant

Un gilet tactique IoT connecté fabriqué en Suisse pour la gendarmerie française

La direction générale de la gendarmerie nationale française (DGGN) et Wearin’, la start-up du groupe technologique suisse Conextivity (voir aussi BLAULICHT 02_2024), testent l’intégration d’un dispositif IoT (Internet des objets) intelligent dans les gilets tactiques dans le cadre d’un projet de développement commun. Le système, appelé « Wearin’ X DGGN Smart Tactical Vest », doit détecter automatiquement les situations d’urgence des forces d’intervention de la gendarmerie à l’aide de capteurs et d’une solution d’IA et envoyer les alertes correspondantes au centre de commandement, et ce indépendamment des systèmes radio actuels.

Pour ce faire, le « Wearin’ Brain », un appareil de la taille d’une radio, ainsi que sa batterie sont fixés au gilet pareballes, par des fixations MOLLE normalisées et/ou des poches multifonctions très résistantes. Le kit de connectivité est doté d’une gestion intelligente de l’énergie et d’une batterie centrale haute performance d’une autonomie de huit heures. Un câble permet de recharger facilement et rapidement l’appareil dans le véhicule d’intervention.

Si une situation anormale et potentiellement menaçante se produit en cours d’intervention, par exemple une chute ou une perforation de l’enveloppe protectrice du gilet (coup de couteau, impact de projectile), un message d’urgence est émis automatiquement ou via la touche SOS de l’appareil. Outre le message d’alarme, les données de localisation précises de la personne concernée sont transmises au centre de commandement.

Selon Jonathan Brossard, directeur de Wearin’ et PDG de Conextivity Group, les fonctionnalités du gilet intelligent seront testées et optimisées par différentes unités de la gendarmerie française au cours de l’année 2024. Selon M. Brossard, l’accent est mis sur une architecture ouverte et modulaire, axée sur l’interopérabilité des systèmes actuels et futurs.

Dans le cadre du partenariat d’innovation avec la gendarmerie française, soutenu financièrement par l’Agence de l’innovation de défense du ministère français de la Défense et le Service de la Transformation de la Direction générale de la gendarmerie nationale, le gilet tactique intelligent sera perfectionné et adapté de manière optimale aux différents besoins opérationnels des différents services répressifs, tels que la gendarmerie, la police nationale ou municipale, ainsi que les douanes ou la police des frontières.

Wearin’, une start-up du groupe technologique suisse Conextivity, développe pour et avec la gendarmerie française un gilet tactique intelligent.
©fabricant

Uniformes ignifugés pour les unités de police néerlandaises Riot-Control

UF PRO, leader dans le domaine des vêtements tactiques, a développé, en collaboration avec son distributeur néerlandais Gear Point et la police néerlandaise, de nouveaux uniformes ignifugés pour l’unité de police néerlandaise Riot-Control. 3 500 unités de ces uniformes composés d’un pantalon, d’une chemise, d’une veste et d’un imperméable devraient être produites et livrées au cours de l’année 2024.

L’un des principaux avantages de la nouvelle tenue d’intervention est qu’elle permet une transition en douceur entre le travail quotidien de la police et le contrôle des foules et des émeutes, sans qu’il soit nécessaire de changer de vêtements. Cela est rendu possible par le fait que les matériaux utilisés offrent une protection robuste contre les flammes et les fortes chaleurs, sans pour autant réduire le confort, la fonctionnalité ou la liberté de mouvement.

Pour ce faire, la veste Delta-Eagle et l’imperméable Monsoon ont été dotés de la technologie innovante ignifuge PYRAD ® de Gore. Cette technologie réduit efficacement le flux de chaleur à travers le tissu et la propagation des flammes. De plus, le laminé GORE-TEX-3 couches assure une imperméabilité à 100 pour cent et une respirabilité élevée.

Les pantalons tactiques et les chemises de combat des nouveaux uniformes sont quant à eux équipés de la technologie Pyroshell™ de Schoeller Textil. Schoeller combine du nylon traditionnel et des matériaux à haute résistance à l’étirement et ajoute du graphite à la couche adhésive centrale. Le graphite, excellent conducteur de chaleur et d’électricité, gonfle sous l’effet de la chaleur et s’infiltre à travers le tissu vers l’extérieur. Il forme alors une couche ininflammable et isole ainsi les fibres de l’exposition directe aux flammes et à la chaleur.

Tous les systèmes de vêtements FR (Flame Retardingretardateur de flamme) d’UF PRO sont soumis à des tests rigoureux, y compris le « test Thermo-Man » avec le mannequin « Henry » du Laboratoire fédéral d’essai des matériaux et de recherche (EMPA). Dans le cadre de cette procédure de test pour les vêtements de protection contre la chaleur et les flammes, « Henry », un mannequin de la taille d’un adulte équipé de capteurs, est revêtu de l’échantillon et soumis à une simulation de flashover (embrasement généralisé éclair) en laboratoire avec un flux de chaleur, une durée et une distribution de flamme contrôlés. Le transfert de chaleur à travers le vêtement de test est mesuré et un logiciel développé par l’Empa calcule le degré de brûlure pour chaque zone du corps, la surface totale brûlée et l’énergie transmise. Les modifications des vêtements testés (dommages, perforation, rétrécissement) sont en outre enregistrées et documentées.

Les unités de police Riot-Control des Pays-Bas recevront des vêtements d’intervention ignifuges en 2024. Ces vêtements ont été testés de manière approfondie par l’EMPA.
©fabricant
This article is from: