Maintenance immobilière - volume 11 numéro 1

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VOLUME 11 | NUMÉRO 1

LA PANDÉMIE LAISSE PLACE À L’INNOVATION

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MOT DE L'ÉDITEUR

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ÉDITEUR  Jacques Boisvert RÉDACTION Johanne Landry, Gabrielle Brassard-Lecours et Nathalie Savaria COLLABORATION À CE NUMÉRO  Henri Bouchard, Sylvie Bouvette, Brigitte Dupuis et Patrick Lecomte RÉVISION  ET CORRECTION D’ÉPREUVES Christine Barozzi, Catherine Faucher et Anne-Marie Trudel PRODUCTION Supervision : Edith Lajoie Conception graphique et mise en page : Carole Bordeleau pour Carbodesign Annonces publicitaires : Lan Lephan PHOTOGRAPHES  Denis Bernier et Roxane Paquet PHOTO EN PAGE COUVERTURE © iStock par ilkercelik PUBLICITÉ  Souk Vongphakdy Directeur des ventes internes Montréal Québec 450 670-7770 418 317-0669 ADMINISTRATION  Edith Lajoie Directrice des opérations et de l'expérience client COMPTABILITÉ Catherine Faucher Philippe Bérubé CPA ENVOI DE POSTE — PUBLICATIONS  Convention n PP 41614528 o

ADRESSE DE RETOUR  2120, avenue Victoria, bureau 140 Longueuil (Greenfield Park) QC J4V 1M9 ABONNEMENTS Fatima Reynel Gracia abonnement@jbcmedia.ca www.jbcmedia.ca Dépôts légaux — Bibliothèque et Archives Canada et Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2009. Toute demande de reproduction doit être adressée par écrit à l’éditeur. Si elle est acceptée, elle doit indiquer clairement la source de la façon suivante : Tiré du magazine Maintenance immobilière. Le nom de l’auteur et / ou du photographe doit également apparaître. L’éditeur se réserve le droit de refuser l’insertion de toute publicité.

ISSN 1925-7988

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LA NÉCESSITÉ FAVORISE L’INNOVATION

Jacques Boisvert jacques.boisvert@jbcmedia.ca

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ne centaine d’années, c’est peu et beaucoup à la fois, constate-t-on dans ce numéro de Maintenance immobilière. En effet, lorsqu’on passe du reportage de Nathalie Savaria sur la grippe espagnole et ses conséquences, notamment pour le secteur immobilier hospitalier, à l’entrevue de Johanne Landry avec Stéphane Daraîche, qui traite de la gestion d’un centre hospitalier en temps de COVID, on mesure pleinement l’écart phénoménal qui sépare les deux époques. Si la pandémie de 1918 a eu ses conséquences bénéfiques pour la croissance du réseau hospitalier dans les années suivantes, la COVID-19 amène quant à elle son lot d’innovations, ici comme ailleurs dans le monde. L’excellent reportage de Gabrielle Brassard-Lecours, en ouverture du magazine, vous en apprendra beaucoup sur le sujet. Dans cette édition, la chronique Savoir pour mieux gérer est signée cette fois par Patrick Lecomte, qui est notamment professeur en immobilier durable à l’ESG UQAM. Il vous a préparé un excellent texte sur les smart buildings. Pour sa part, notre chroniqueuse experte invitée Brigitte Dupuis se penche sur les systèmes critiques connectés. En terminant, si vous venez de recevoir l’exemplaire numérique de ce magazine par courriel, je vous rappelle que vous avez encore le temps de soumettre un dossier de candidature au concours des Prix BOMA, la date limite étant le 19 mars. Annik Desmarteau, la présidente de BOMA Québec, vous donne tous les détails dans sa chronique en page 26. Je vous souhaite une très bonne lecture !

Le magazine Maintenance immobilière est publié par JBC Média inc. Président : Jacques Boisvert 2120, avenue Victoria, bureau 140 Longueuil (Greenfield Park) QC J4V 1M9 Téléphone : 450 670-7770 Sans frais : 1 866 446-3185 Télécopieur : 450 670-7771

Jacques Boisvert Éditeur

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Nous reconnaissons l’appui financier du Gouvernement du Canada

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SOMMAIRE

5 INNOVATION COVID 22 SAVOIR POUR MIEUX GÉRER La pandémie laisse place à l'innovation Quelle norme pour les smart buildings ? Par Gabrielle Brassard-Lecours, journaliste Par Patrick Lecomte, expert invité 11 LA GRIPPE ESPAGNOLE DE 1918-1919 Conséquences pour le parc immobilier hospitalier et le commerce de détail Par Nathalie Savaria, journaliste

28 ENTREVUE Richard Laliberté, nouveau président du conseil d’administration de l’AMCQ Par Johanne Landry, journaliste

30 DE BONS TUYAUX Les codes de construction et de sécurité Par Henri Bouchard, expert invité

33 TENDANCES ET INNOVATIONS  Les systèmes critiques connectés Par Brigitte Dupuis, experte invitée

18 ENTREVUE – Stéphane Daraîche Maintenance d’un hôpital en temps de pandémie Des défis techniques et des enjeux de communication Par Johanne Landry, journaliste

36 DROITS ET OBLIGATIONS  Victime de migration de contaminants : que peut-elle réclamer de son voisin ? Par Sylvie Bouvette, experte invitée 38 LE SAVIEZ-VOUS ?

INDEX DES ANNONCEURS AMCQ 16, 24 Bee-Clean Services d'entretien 23 BOMA Québec 39 CMMTQ 25

Comité paritaire région de Québec 19 Conciergerie SPEICO 27 GDI Services (Québec) SEC 2 GSF Canada 40

JBC Média 10, 29 Le Groupe Alfid 15 Plomberie Charbonneau 31 RecycFluo 21

Restauration Premièreaction 32 Revenu Québec 17 Roy. 13 Salubri-Ressources 7

Trane 35 Wood Wyant 9

ON PARLE DE… Action de grâces 16 Acuity Brands 38 Aïdi 38 Amérique du Nord 24, 25 Angleterre 8 Armistice 16 Association des gestionnaires de parcs immobiliers institutionnels 21 Association des Maîtres Couvreurs du Québec (AMCQ) 28, 29 Audet Sylvain 29 Banque Royale 15 Basilique de Québec 16 Beauregard Pascal 38 Belgique 8 Bell 15 Bellini Giancarlo 29 BentallGreenOak 27 Boisvert Raymond 6 BOMA BEST 23, 27 BOMA Québec 3, 26, 27, 38 Boouchard Henri 30 Borden Ladner Gervais 36 Bouvette Sylvie 36 Brassard-Lecours Gabrielle 3 Brésil 8 Canada 8, 12, 16, 17 Centre de réadaptation Marie Enfant 18 Centre hospitalier de Saint-Laurent 12 Certification LEED 38 Chaire Ivanhoé Cambridge d'immobilier ESG UQAM 8, 9, 22 Christ Elisabeth 16 CHU Sainte-Justine 18 Code de construction du Québec (CCQ) 30 Code de sécurité (CS) 30, 31, 32 Code du bâtiment 31 Code national de prévention des incendies 31, 32 Code national du bâtiment (CNB) 31 Communauté européenne 25 Connaught 16 Conseil du bâtiment durable du Canada 38 Conseil national de recherche du Canada (CNRC) 32 Conseil supérieur d'hygiène 12, 15, 16 4

Corporation des maîtres mécaniciens en tuyauterie du Québec (CMMTQ) 30 Couche-Tard 36, 37 Cour du Québec 36, 37 Couvreur La Relève 29 COVID-19 3, 6, 8, 11, 16, 18, 19, 20, 26 Daraîche Stéphane 3, 18, 19, 20, 21 De Serres Andrée 8, 9 Défi énergie 27 Département d'histoire de l'UQAM 13 Desmarteau Annik 26, 27 Direction générale de l'énergie de la Commission européenne 24 Dupuis Brigitte 33 Dupuis Frères 14, 15, 16 E. Trump & Son 16 École des sciences de la gestion de l'Université du Québec à Montréal 8, 22 Emprunt de la Victoire 16 Ernest Hotte 29 Espagne 11 Estrie 29 États-Unis 5, 16, 17 Europe 11, 24 Fagen Cindy 26 Fahrni Magda 13, 15 Fintech (Financial Technology) 22 Fleury Carl 29 Forum économique mondial 22 France 5, 7, 8 Geloso Vincent 17 Godon Yves-André 27 Goulet Denis 11, 12, 15, 17 Gouvernement du Québec 11, 12 GRB Technologies 6 Groupe Alfid 38 Groupe Pentagone 29 Holt Renfrew 14, 15 Honeywell Smart Building Score (HSBS) 24 Hôpital chinois 12 Hôpital de l'Enfant-Jésus 12 Hôpital Notre-Dame 12

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Hôpital Royal-Victoria 38 Hôpital Sainte-Jeanne-d'Arc 12 Hôpital Saint-Sacrement 12 Hôpital St. Mary's 12 ICAM 5 Institut Pasteur 8 Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec 7 Japon 5 Johnson Controls 33 Kansas 11 King's University College 17 La Baie 14 La Presse 26 Lacasse et Fils Maîtres Couvreurs 29 Laliberté Richard 28, 29 Landry Johanne 3 Lapierre Pascal 28 Laval 28 Lavallée André 26 LE GRAND GALA BOMA QUÉBEC 26 Lecomte Patrick 3, 22 Lemoine Réjean 12, 15 LIBU (Life Button) 6, 7 Limoilou 12 Loi provinciale sur l'assistance publique 11 Loupiac Éric 5 Luminis 38 Ministère de la Santé 15 Ministère des Affaires municipales et de l'Habitation 12 Montcalm 12 Montréal 8, 11, 12, 15, 16, 26 Morgan's 14, 15 Morissette Isabelle 29 Multi-toits 28 New York 16 nLight® AIR 38 Observatoire et centre de valorisation des innovations en immobilier (OCVI2) 22 Ogilvy 14, 15 Osedea 38 Parc La Fontaine 12

Parcs nationaux du Québec 21 Place Bonaventure 38 PodiumTech 38 Poissant Stéphane 29 Prix BOMA 3, 26, 27 Proptech (property Technology) 22 Québec 6, 7, 11, 12, 15, 16, 17, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 38 Racicot Isabelle 27 Régie du bâtiment du Québec (RBQ) 30, 32 Restos du Cœur 8 Riga 16 Robert Mario 15 Rowan Marc 38 Rue Bélanger Est 18 Rue Bleury 15 Rue Sainte-Catherine 15 Rue Sherbrooke 12 SAP Labs Canada 26 Seconde Guerre mondiale 16 Service provincial d'hygiène 11 Shawinigan 20 Silva Yannick 7, 8 Sirop Lambert 16 Smart Readiness Indicator (SRI) 24, 25 Société de développement du fonds immobilier du Québec 36, 37 Société québécoise des infrastructures (SQI) 38 Staphylococcus aureus 6 Suisse 8 Toitures Gilles Veilleux 29 Toitures Trois Étoiles 29 Toronto 16 Toulouse 5 Truchon Stéphane 29 Truchon Toiture et imperméabilisation 29 Trump Donald 16 Trump Organisation 16 Université Stanford 5 Ville de Pau 7 WELL 9 Wired Score 25 Yanook 7, 8 Zallio Matteo 5


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LA PANDÉMIE LAISSE PLACE À L’INNOVATION PAR GABRIELLE BRASSARD-LECOURS, JOURNALISTE

ISTOCK PAR ILKERCELIK

Bien que la pandémie n’épargne pas le secteur de l’immobilier, elle donne aussi l’occasion à certains d’imaginer de nouveaux produits adaptés à la situation. Tour d’horizon de quelquesuns d’entre eux, ici et ailleurs.

L

e Japon, champion des inventions sans contact, a vu plusieurs de ses compa­ gnies innovantes dans le domaine immobilier grimper en bourse pendant la pandémie. Toilettes autonettoyantes avec chasse d’eau automatisée, écrans qui réagissent aux gestes du doigt à quelques centimètres de distance, interrupteurs et portes automatiques : ces inventions se révèlent être plus que jamais intéressantes dans le contexte actuel.

En France, à Toulouse, Éric Loupiac, chef de projets à l’école d’ingénieurs ICAM, a élaboré un dispo­ sitif permettant d’ouvrir les portes avec le coude pour éviter le contact des mains. Un autre Français a conçu un système pour les ouvrir à l’aide du pied. Aux États-Unis, Matteo Zallio, chercheur à l’Université Stanford, a quant à lui créé un outil servant à maintenir une distance entre les mains et les surfaces et pouvant être imprimé en 3D.

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INNOVATION COVID

LIBU, UN BOUTON ANTIBACTÉRIEN INVENTÉ ICI Le Québec n’est pas en reste, notamment avec l’invention du bouton d’ascenseur LIBU (une contraction de Life Button) qui vise à enrayer la propagation des bactéries. C’est le 17 décembre 2020 que l’entrepreneur et inventeur Raymond Boisvert, président de GRB Technologies, a procédé au lancement officiel de ce bouton. Si son dévoilement s’est fait en pleine pandémie, le projet a toutefois mis 11 ans à voir le jour. « L’idée de départ était de tenter de créer un nouvel outil pour aider à diminuer la propagation des maladies infec­ tieuses dans les centres hospitaliers », raconte l’inventeur. « Certaines bactéries se transmettent par les surfaces que nous touchons. Des bactéries comme le Staphylococcus aureus sont parfois même résistantes aux antibiotiques, ce qui est un problème majeur, notamment pour les hôpitaux. Même une fois la pandémie terminée, nous serons encore aux prises avec cet enjeu », affirme-t-il. Doté d’une technologie de stérilisation par rayonnement UVC, ce bouton révolutionnaire pivote et se désinfecte automatiquement à chaque toucher. Même si le bouton LIBU n’a pas été conçu précisément pour contrer la pandémie, son lancement ayant même été retardé à cause du ralentissement de certains fournisseurs bloqués par les mesures sanitaires, le contexte se prête bien à la mise en marché de cette invention.

Le bouton d'ascenseur antibactérien LIBU 6

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RAYMOND BOISVERT Président GRB Technologies

« Notre produit ne règlera pas le problème de la COVID-19 à lui tout seul, mais c’est un outil efficace de plus dont nous disposerons dans notre lutte face aux maladies infectieuses », déclare M. Boisvert. Si le coronavirus se propage peu par les surfaces, l’inventeur rapporte qu’une récente étude scientifique chinoise aurait démontré qu’au moins un cas de transmission serait directement relié à un bouton d’ascenseur. Une dame ayant éternué dans sa main aurait touché tout de suite après un bouton d’ascenseur, contaminant ainsi l’utilisateur suivant.


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Deux études d’efficacité du bouton LIBU, l’une en 2017 et l’autre en 2020, ont évalué le taux de réduction des bactéries et virus à 99,6 %. La version commerciale du produit actuellement en développement atteindra un niveau de réduction de 99,99 %. Le bouton LIBU sera testé par l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec. Il sera installé dans l’un des ascenseurs de l’hôpital, tandis qu’un autre ascenseur sans dispositif antibactérien servira de témoin pour que les résultats puissent être comparés. Commercialisé au Québec, le bouton LIBU pourra également être implanté dans les immeubles de bureaux, les hôtels, les édifices publics et tout autre endroit équipé d’ascenseurs.

YANNICK SILVA Ingénieur Concepteur du crochet Yanook

UN CROCHET FRANÇAIS Au début de la pandémie mondiale, au printemps 2020, un ingénieur de la ville de Pau, dans le sudouest de la France, a inventé chez lui un crochet pour ouvrir les portes sans utiliser les mains. « J’avais déjà créé un produit similaire pour répondre à une commande d’un client et je me suis demandé comment je pourrais l’améliorer », explique Yannick Silva, qui désirait aussi trouver des façons de pro­ téger sa famille et son entourage du coronavirus. Baptisé Yanook, ce crochet personnel hygiénique multifonctions permet d’ouvrir plusieurs types de poignées de porte et de robinets et d’appuyer sur des touches de clavier. On y retrouve même un ouvre-bouteille.

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INNOVATION COVID

Connu d’abord à l’échelle locale, et plutôt auprès de particuliers, Yanook a gagné en popularité grâce à un article d’une agence de presse française paru en avril 2020 et qui l’a fait connaître partout en France et ailleurs dans le monde. « Je ne m’attendais vraiment pas à ça », raconte le concepteur. Seul dans son entreprise, Yannick Silva a dû engager rapidement une douzaine d’employés et trouver une usine locale capable de produire les crochets pour répondre à la demande. Yanook s’est notamment déployé dans plusieurs entreprises et institutions. « Nous avons vraiment de beaux retours sur l’utilisation de nos crochets. Ils procurent un sentiment de réconfort et de sécurité aux employés », témoigne l’entrepreneur. Les crochets Yanook se sont vendus en Angleterre, en Belgique, en Suisse, au Canada, au Brésil et dans plusieurs autres pays. Pour chaque crochet vendu, 1 euro (1,53 $) est remis à des entreprises communautaires françaises, comme l’Institut Pasteur, pour la recherche sur la COVID-19, et les Restos du Cœur, qui fournissent des repas aux plus démunis. D’AUTRES TYPES D’INNOVATION Si on parle beaucoup d’innovations techniques dans le secteur immobilier, ces dernières apparaîtront bientôt dans d’autres domaines, d’après Andrée De Serres, professeure à l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal.

Différentes utilisations du crochet Yanook

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ANDRÉE DE SERRES, LL.L., MBA, Ph. D. Titulaire de la Chaire Ivanhoé Cambridge d’immobilier ESG UQAM


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« Bien sûr, l’Internet de l’objet axé sur le sans contact reste une tendance importante en temps de pandémie, particulièrement quand on parle d’entretien des bâtiments », affirme celle qui est également titulaire de la Chaire Ivanhoé Cambridge d’immobilier consacrée au développement de nouvelles connais­ sances et de compétences en immobilier. Mais Andrée De Serres estime aussi que de grandes tendances managériales et organisationnelles sont à prévoir. « L’espace physique dans les bureaux, la proximité des services et des lieux de résidence et les conditions de travail changeront beaucoup après la pandémie », croit la professeure. Ces changements suscitent une réflexion plus globale sur la gestion même des immeu­bles et de leurs employés. « Les employeurs devront être beaucoup plus à l’écoute des besoins de leurs employés en ce qui concerne les façons de travailler, par exemple en offrant un modèle hybride de télétravail et de travail au bureau », explique la chercheuse. La fonction de plusieurs infra­ structures et la construction de nouvelles bâtisses devront prendre en compte ce nouveau contexte. La santé et la sécurité seront au cœur des nouvelles gestions immobilières, selon André De Serres. Elle nomme entre autres la certification WELL, basée exclusivement sur la santé et le bien-être des humains, qui deviendra un standard encore plus important dans le monde post-pandémie. Elle ajoute que la donne environnementale, déjà présente avant la pandémie, sera également au rendez-vous dans l’avenir de l’immobilier, se traduisant par la conception de bâtisses durables, résilientes et vertes. « Les innovations dans le secteur immobilier se feront aussi de façon intangible, dans l’agencement physique des espaces pour permettre un sentiment de sécurité plus grand, et dans la gestion, qui devra démontrer une certaine flexibilité et une compré­hen­ sion des nouvelles conditions de travail », conclut Andrée De Serres.

« Les employeurs devront être beaucoup plus à l’écoute des besoins de leurs employés en ce qui concerne les façons de travailler, par exemple en offrant un modèle hybride de télétravail et de travail au bureau. » - Andrée De Serres

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LA GRIPPE ESPAGNOLE DE 1918-1919

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CONSÉQUENCES POUR LE PARC IMMOBILIER HOSPITALIER ET LE COMMERCE DE DÉTAIL PAR NATHALIE SAVARIA , JOURNALISTE

Avant la COVID-19, une autre pandémie a frappé le monde. Lumière sur les répercussions économiques de la grippe espagnole, entre autres sur l’immobilier et le commerce de détail, à Montréal et à Québec.

L

a « grippe espagnole » est une dénomination erronée s’expliquant par le fait que c’est d’abord en Espagne, un pays neutre qui n’était pas soumis à la censure militaire, « que les médias ont été les premiers à divulguer l’information », indique en entrevue Denis Goulet, historien et auteur d’une Brève histoire des épidémies au Québec1. En fait, il s’agit d’une épidémie de grippe, ou influenza, engendrée par un virus de type H1N1 et extrêmement contagieuse. Issue fort probablement d’un camp militaire au Kansas, la maladie s’est propagée en Europe lors du transport des troupes en avril 1918. À la fin de la guerre, lors de la démobilisation des soldats, le virus se répand partout dans le monde. UNE POUSSÉE DE L’ÉTAT ET DE… L’IMMOBILIER Cette crise sanitaire sans précédent va cristalliser une volonté d’action qui donnera lieu à d’importantes transformations, notamment sur le plan étatique. Au fédéral, le ministère de la Santé est créé en 19192. Le gouvernement du Québec adopte la Loi provinciale sur l’assistance publique pour venir en aide aux nécessiteux en 19213 et renforce les pouvoirs du Service provincial d’hygiène4.

1. Denis Goulet, Brève histoire des épidémies au Québec. Du choléra à la COVID-19, Québec, Septentrion, 2020, 180 p. 2. Ibid., p. 122. 3. Réjean Lemoine, La grippe espagnole de 1918 au Québec – 3, Monlimoilou.com. Publié le 13 août 2020. 4. Denis Goulet, op. cit., p. 122.

DENIS GOULET Historien et auteur

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LA GRIPPE ESPAGNOLE

Par ailleurs, la pandémie va montrer la nécessité de mieux organiser les soins à la population. À l’époque, la majorité des malades étaient soignés à domicile. « L’hôpital était destiné surtout aux indigents qui y étaient soignés gratuitement. On y allait en dernier recours », précise Denis Goulet. À Québec, « seulement 830 personnes ont été traitées dans les hôpitaux locaux. Cela signifie que la grande majorité des malades, des décès, l’ont été dans les résidences privées5 », note l’historien Réjean Lemoine. Ainsi, dans les années subséquentes, des hôpitaux sont érigés, entraînant la croissance du parc immo­ bilier hospitalier. À Québec, l’hôpital de l’EnfantJésus à Limoilou et l’hôpital Saint-Sacrement à Montcalm sont établis. À Montréal, l’Hôpital chinois est inauguré en 1918 pendant la pandémie6, 7, puis l’hôpital Sainte-Jeanne-d’Arc en 1919, l’hôpital St. Mary’s en 1920 et le Centre hospitalier de SaintLaurent en 1922. En 1924, l’hôpital Notre-Dame emménage dans un nouvel immeuble8.

La densité de la population explique aussi la propagation fulgurante du virus. À Montréal comme à Québec, c’est dans les quartiers ouvriers, où les familles s’entassent dans des taudis, que la maladie a fauché le plus grand nombre de vies9. Mise en lumière par la pandémie, la crise du logement, engendrée par l’urbanisation et l’industrialisation de la société, force les autorités à remédier à la situation, affirme Réjean Lemoine10. Dès l’automne 1918, le nouveau ministère des Affaires municipales et de l’Habitation11 instaure un programme de logements destinés aux ouvriers grâce à une subvention de 25 M$ accordée par le fédéral aux provinces. Selon Réjean Lemoine, Limoilou et Montcalm sont les premiers quartiers planifiés de Québec, de même que les premiers modèles d’étalement urbain, le tramway permettant l’éloignement. L’American Way of Life devient une réalité12. DES MESURES EXCEPTIONNELLES La pandémie s’est déroulée en trois vagues successives : au printemps 1918, à l’automne 1918 et à l’hiver 1919. La seconde vague, celle qui frappe entre autres le Québec, a été la plus meurtrière. Une quatrième vague, à l’hiver 1920, atteint aussi la province13. Au Canada, la maladie se répand depuis les villes portuaires où débarquent les soldats, pour gagner ensuite tout le pays en suivant les voies ferro­ viaires. Au Québec, les autorités publiques et sanitaires tardent d’abord à réagir, puis changent radicalement de point de vue au début de l’automne 1918, alors que le virus progresse à toute vitesse.

ARCHIVES DE LA VILLE DE MONTRÉAL BM42-G1045_PL-VER Y-1-P1045

Le 25 août 1924 a eu lieu l'inauguration du nouvel immeuble de l'hôpital Notre-Dame, rue Sherbrooke, devant le parc La Fontaine à Montréal

À compter du 11 octobre, le gouvernement du Québec accorde les pleins pouvoirs au Conseil supérieur d’hygiène afin qu’il mette en place des mesures préventives pour freiner la propagation de la maladie, en collaboration avec les autorités municipales14.

5. Réjean Lemoine, La grippe espagnole de 1918 au Québec – 3, Monlimoilou.com. Publié le 13 août 2020. 6. Stéphane Baillargeon, « Montréal au temps de la grippe espagnole », Le Devoir, 2 mai 2009. https://www.ledevoir.com/societe/sante/248594/montreal-au-temps-de-la-grippe-espagnole 7. https://ciusss-centresudmtl.gouv.qc.ca/propos/qui-sommes-nous/historique-du-ciusss/historique-hopital-chinois-de-montreal 8. https://chronomontreal.uqam.ca/chronologie 9. Denis Goulet, op. cit., p. 120. 10. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1735111/grippe-espagnole-quebec-1918-traces-histoire 11. https://www.mamh.gouv.qc.ca/ministere/100e-anniversaire-du-ministere/le-saviez-vous/lorganisation-municipale 12. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1735111/grippe-espagnole-quebec-1918-traces-histoire 13. Denis Goulet, op. cit., p. 121. 14. Mario Robert, L’influenza de 1918-1919 à Montréal : « Les mesures énergiques », Archives Montréal. Publié le 14 mai 2020. http://archivesdemontreal.com/2020/05/14 linfluenza-de-1918-1919-a-montreal-%E2%80%89les-mesures-energiques%E2%80%89

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De nombreux bâtiments de grande taille pouvant accueillir un nombre considérable de gens sont ainsi fermés à travers la province : les écoles publiques et privées, les cinémas, les théâtres, les bains publics, les salles d’encan, de billard, de danse et de quilles. La fermeture des églises le dimanche est également promulguée.

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Tous les commerces, à l’exception des bou­cheries, des boulangeries, des épiceries, des pharmacies, doivent fermer leurs portes à 16 h. Par ailleurs, les bureaux, les banques, les services gouvernementaux et l’hôtel de ville doivent fermer au plus tard à 16 h 30. Selon l’historienne Magda Fahrni, pro­ fesseure au département d’histoire de l’UQAM, les autorités municipales et médicales vont même remettre en ques­ tion l’utilisation du tramway. « Véhicule de la mobilité urbaine en temps normal, il était en temps d’épidémie un lieu d’encom­b rement et de contagion 15  », rappelle-t-elle. D’où la nécessité de réduire les heures d’ouverture des grands magasins afin d’en limiter la fréquentation. Outre ces mesures, les rassemblements de plus de 25 personnes sont proscrits et le droit de grève est suspendu16. Aucun couvre-feu n’est décrété, mais on demande à la population d’éviter les sorties inutiles. En plus de l’interdiction de cracher dans les rues, les gens doivent observer des mesures d’hygiène personnelle, comme le lavage des mains. Selon Denis Goulet, « le port du masque est recommandé pour certains groupes d’intervenants, comme les pompiers, les policiers et le personnel soignant. Cependant, dit-il, je ne crois pas que le port du masque était généralisé. »

On entretient des bureaux, des collèges, des hôpitaux, des usines, des centres commerciaux... Mais surtout, de bonnes relations.

5. Magda Fahrni, « " Elles sont partout… " – Les femmes et la ville 1 en temps d’épidémie, Montréal, 1918-1920 », Revue d’histoire de l’Amérique française, vol. 58, n°1, été 2004, p. 67-85. Consulté en ligne : https://www.erudit.org/fr/revues/haf/ 2004-v58-n1-haf865/010973ar 16. Denis Goulet, op. cit., p. 113.

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LA GRIPPE ESPAGNOLE

Le magasin Morgan's (aujourd'hui La Baie) en 1936

ARCHIVES DE LA VILLE DE MONTRÉAL VM94-Z-66-1 (1936)

De nombreux magasins, dont Dupuis Frères, Morgan's, Ogilvy et Holt Renfrew, exhortaient les femmes à faire leurs emplettes le matin.

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DES MARCHANDS CONTESTENT Même s’ils peuvent poursuivre partiellement leurs activités, les commerçants de Montréal accueillent avec consternation la décision municipale quant aux heures d’ouverture des commerces. D’après Magda Fahrni, les publicités de l’époque montrent que « les magasins à rayons craignaient une perte de leur clientèle féminine ; elles suggèrent également que certaines entreprises tenaient compte de l’épidémie en planifiant leurs stratégies de marketing. De nombreux magasins, dont Dupuis Frères, Morgan's, Ogilvy et Holt Renfrew, exhortaient les femmes à faire leurs emplettes le matin17 ». Rapidement, des marchands et détaillants montréalais décident de contester cette mesure. Comme le relate Mario Robert, archiviste et historien, « les voyageurs de commerce font circuler une pétition afin que les magasins ouvrent à 9 h 30 et ferme (sic) à 19 h. Une délégation de marchands-détaillants se rend à l’hôtel de ville et obtient du Bureau de santé une modification des heures. Dorénavant, les commerces ne devront pas ouvrir avant 10 h 30 et devront clore leurs activités entre 18 h 30 et 19 h au lieu de 16 h18. » Toutefois, plusieurs commerçants au Québec ne se conformeront pas à cette mesure. « Il faut comprendre, souligne Denis Goulet, que le Conseil d’hygiène n’avait pas la même " autorité morale " que le ministère de la Santé aujourd’hui. » UNE SITUATION CRITIQUE Cela dit, les mesures restrictives sont essentielles, car la pandémie frappe de plein fouet la province. « Vers la fin octobre, la société vacille, rapporte l’historien Réjean Lemoine. À Québec, deux écoles ont été transformées en hôpital temporaire. Elles débordent aussitôt. La viande et le sucre deviennent rares. On n’arrive plus à dénicher du personnel valide pour conduire les trains de marchandises. Plusieurs usines fonctionnent au ralenti, faute d’ouvriers. Même le téléphone est gravement perturbé à cause du nombre de téléphonistes malades19. » Un encart publié par la compagnie Bell dans les grands quotidiens canadiens demande d’ailleurs aux clients de n'utiliser « leur téléphone que lorsque c'est nécessaire20. » À Montréal, un bureau situé dans l’édifice de la Banque Royale, à l’angle des rues De Bleury et Sainte-Catherine, sert au recrutement des infirmières et aides-soignantes21. Devant le manque d’ambulances, « l’on fait appel aux " grands magasins " pour qu’ils prêtent leurs véhicules de livraison pour les transformer en ambulances22 ».

7. Magda Fahrni, op. cit. 1 18. Mario Robert, op. cit. 19. Réjean Lemoine, La grippe espagnole de 1918 au Québec – 1, Monlimoilou.com. Publié le 30 juillet 2020. 20. Denis Goulet, op. cit., p. 117. 21. Ibid., p. 114-115. 22. Ibid., p. 118.

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LA GRIPPE ESPAGNOLE

DE BONNES AFFAIRES L’influenza étant alors une maladie inconnue et donc impossible à dépister, il n’existe ni antibiotiques, ni antiviraux, ni vaccins pour la soigner. Toutefois, les laboratoires Connaught de Toronto ont distribué gratuite­ ment un vaccin « aux services de santé provinciaux, aux hôpitaux, au personnel médical et infirmier, à l’armée et à d'autres services de santé publique du Canada. En raison de l’urgence de la situation, aucune exigence quant à l’efficacité du vaccin n’a été requise. Cela étant, le vaccin n’a pas causé de préjudice apparent23 ». En fait, tous les remèdes existants à l’époque, dont l’acide acétylsalicylique mieux connu sous son nom commercial d’aspirine, la quinine et la cannelle, ne servent qu’à soulager les malades. Nombreux sont les commerçants ambitieux qui vantent, dans leurs publicités, les mérites supposés des médicaments qu’ils vendent, comme le sirop Lambert. D’autres profitent tout simplement de l’occasion. Par exemple, Dupuis Frères « publicisait des désinfectants et l’eau Riga, " for use during the epidemic ". Au Bon Marché, pour sa part, annonça une “Grande vente spéciale d’articles de deuil” (chapeaux noirs, gants noirs, mouchoirs avec bordure noire)24. »

UNE ENTREPRISE IMMOBILIÈRE CÉLÈBRE À New York, le mari d’Elisabeth Christ, 37 ans, meurt de la grippe espagnole en mai 1918. Pour subvenir aux besoins de sa famille, la jeune veuve fonde, grâce à la fortune léguée par son époux, la E. Trump & Son, aujourd’hui connue sous le nom de la Trump Organisation, propriété de Donald Trump, le 45e président des États-Unis*. Curieusement, c’est en évoquant cette pandémie que l’ancien président a commis l’une de ses bourdes les plus fameuses. Lors d’une conférence de presse en août 2020, faisant le parallèle avec la COVID-19, il a affirmé que la grippe espagnole de « 1917 » avait probablement mis fin à la « Seconde Guerre mondiale ». LE BILAN D’UNE CRISE En novembre 1918, la maladie persiste, mais ne semble plus effrayer autant les autorités. À preuve, le 11 novembre, plus de 20 000 personnes assistent au grand défilé de l’Emprunt de la Victoire à Montréal, qui coïncide avec l’annonce de l’Armistice. À Québec, le 17 novembre, une cérémonie solennelle d’Action de grâces se tient à la Basilique de Québec afin de commémorer la fin de la guerre et de l’épidémie26. À la mi-décembre, l’épidémie d’influenza régresse, puis disparaît en 1920. Selon un rapport du Conseil supérieur d’hygiène27, la grippe, apparue en septembre 1918, s’est répandue rapidement sur tout le territoire du Québec. Ainsi, 1 074 municipalités sur 1 221 ont déclaré l’existence de la maladie.

ÉDITION 2020 – CATÉGORIE 1 – TOITURE À FORTE PENTE Lors de son Assemblée générale annuelle qui s’est tenue virtuellement le 29 janvier 2021, l’Association des Maîtres Couvreurs du Québec soulignait le travail remarquable d’un de ses membres pour les travaux de couverture du projet Domaine Cataraqui.

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Entre septembre et décembre 1918, plus de 500 000 per­ sonnes sont infectées par le virus, sur une population de 2,2 millions d’habitants. Au total, près de 14 000 personnes succombent à la maladie28. Avec plus de 3 600 décès, Montréal, plus grande ville au pays à cette époque, paie un lourd tribut à la maladie29, plus encore que Québec, qui en dénombre environ 50030. Au Canada, l’influenza de 1918-1919 aurait fait plus de 50 000 morts31 et dans le monde, plus de 50 millions de victimes32. *Source : Mary L. Trump, Trop et jamais assez. Comment ma famille a fabriqué l’homme le plus dangereux du monde, Albin Michel, 2020, p. 56. 23. https://rsc-src.ca/fr/voix-de-la-src/l%E2%80%99h%C3%A9ritage-des-vaccins-au-canada-vaccinscontre-la-grippe-la-polio-la-covid-19 24. Magda Fahrni, op. cit. 25. Mario Robert, op. cit. 26. Réjean Lemoine, La grippe espagnole de 1918 au Québec – 3, Monlimoilou.com. Publié le 13 août 2020. 27. CONSEIL SUPÉRIEUR D’HYGIÈNE DE LA PROVINCE DE QUÉBEC, Rapport annuel du Conseil supérieur d'hygiène de la province de Québec 1918-1919, Québec, Le Conseil, 1919, p. 32-33. Consulté en ligne : https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2903965 28. Denis Goulet, op. cit., p. 120. 29. Ibid., p. 120. Voir aussi Mario Robert, L’influenza de 1918-1919 à Montréal : « Le baromètre tragique ». Archives Montréal. Publié le 5 mai 2020. http://archivesdemontreal.com/2020/05/05/linfluenza-de-19181919-a-montreal-%e2%80%89le-barometre-tragique%e2%80%89 30. Réjean Lemoine, La grippe espagnole de 1918 au Québec – 3, Monlimoilou.com. Publié le 13 août 2020. 31. Denis Goulet, op. cit., p. 120. 32. Ibid., p. 122, p. 120.


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« La grippe espagnole a eu un impact plus important sur la population de jeunes adultes – elle a tué en grande partie des travailleurs dans la fleur de l’âge. Avec la mort de ces travailleurs, l’activité économique a fléchi. » - Vincent Geloso, professeur adjoint d’économie au King's University College BIBLIOTHÈQUE ET ARCHIVES NATIONALES DU QUÉBEC, DIRECTION DU CENTRE D’ARCHIVES DE MONTRÉAL, COLLECTION JEAN-JACQUES SCHIRA, P336,S4,P3

L’ÉCONOMIE DUREMENT ÉPROUVÉE Au Québec, le groupe d’âge le plus touché par la maladie est celui des 20-34 ans, « probablement en raison de l’absence de contact antérieur avec le virus », explique Denis Goulet. Selon l’historien Vincent Geloso, professeur adjoint d’économie au King's University College, «  la grippe espagnole a eu un impact plus important sur la population de jeunes adultes – elle a tué en grande partie des travailleurs dans la fleur de l’âge. Avec la mort de ces travailleurs, l’activité économique a fléchi 33 .  » Ainsi, entre juillet 1918 et mars 1919, la production industrielle aux États-Unis a chuté de près de 25 %, et l’activité des entreprises, de près de 16 %. Au Canada, la production manufacturière réelle de 1918 à 1919 a baissé de 13 %, et le PIB réel, de 7 %. Le chercheur précise toutefois qu’il serait erroné « de voir ces chiffres comme un indi­ cateur des dommages causés uniquement par la pandémie, car ils coïncident aussi avec la fin de la guerre. Alors que la guerre prend fin, la réorganisation de l’activité industrielle vers une production de temps de paix entraîne des coûts d’ajustement34. »

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Au moment où la crise sanitaire se résorbe, une reprise économique rapide s’effectue aux États-Unis, où la production industrielle a rebondi de plus de 25 % entre mars 1919 et janvier 1920 et l’activité des entreprises, de 22 %35, signale Vincent Geloso.

33. Vincent Geloso, « Les leçons à tirer des pandémies antérieures », Institut économique de Montréal, 7 avril 2020. https://www.iedm. org/fr/les-lecons-a-tirer-des-pandemies-anterieures 34. Loc. cit. 35. Loc. cit.

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ENTREVUE

MAINTENANCE D’UN HÔPITAL EN TEMPS DE PANDÉMIE

DES DÉFIS TECHNIQUES ET DES ENJEUX DE COMMUNICATION PAR JOHANNE LANDRY, JOURNALISTE

Qu’implique le maintien d’un environnement fonctionnel et sécuritaire dans un immeuble où circulent quotidiennement des milliers de personnes et dans lequel séjournent des patients atteints de la COVID ? Stéphane Daraîche du CHU Sainte-Justine nous en parle. xx

D

irecteur adjoint des services techniques et de l’héber­ gement du CHU Sainte-Justine, Stéphane Daraîche travaille pour le centre hospitalier depuis 2001, toujours avec le même souci d’améliorer le confort et la sécurité du personnel et des usagers. Responsable des opérations de trois immeubles – le centre hospitalier, qui fait deux millions de pieds carrés, le centre de réadaptation Marie Enfant, rue Bélanger Est, et le bâti­ment administratif, voisin de l’hôpital –, il gère une équipe d’entretien de quelque 110 personnes, des gens de métier et du personnel de bureau. JBC MÉDIA PAR DENIS BERNIER

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STÉPHANE DARAÎCHE Directeur adjoint des services techniques et de l’hébergement CHU Sainte-Justine


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LES DÉFIS DE LA PANDÉMIE Qu’est-ce que la pandémie a changé dans le quotidien d’un directeur adjoint des services techniques et de l’hébergement ? Au printemps dernier, il a d’abord fallu apprivoiser « la bête », établir les nouveaux besoins qu’elle générait pour les équipes de soins, adapter certains secteurs, modifier l’aménagement des atriums pour en faire de vastes salles d’attente et faciliter la distanciation, énumère Stéphane Daraîche. Le manque de res­­sour­c es a alors posé de sérieux problèmes. « Ajuster les débits d’air dans certains locaux, ce n’est pas simple. La plupart des entreprises étaient fermées, les spécialistes avaient peur de venir sur place ; et ensuite, il y a eu une rareté des matériaux. Tout le monde cherchait du plexiglas et des cloisons temporaires », relate-t-il. Si la situation s’est stabilisée maintenant que toutes les mesures d’hygiène sont en place, le volume d’activité du centre hospitalier demeure plus élevé qu’en temps normal. « Nous servons une clien­ tèle pédiatrique moins affectée que les adultes et nos soins intensifs sont moins achalandés que ceux d’autres hôpitaux. Reste que nous avons des cas de COVID sur place, ce qui nous amène à intervenir de façon différente dans certains secteurs. L’enjeu principal est de répondre rapidement pour résoudre un problème qui pourrait entraîner une éclosion », explique-t-il. LES ZONES CHAUDES ET L’ASSAINISSEMENT DE L’AIR Dans les secteurs où sont hospitalisés des patients atteints de la COVID, une barrière physique limite la circulation. Il s’agit, avant d’entrer, de revêtir un couvre-vêtement et l’équipement de protection individuelle, puis de les enlever adéquatement dès la sortie. « C’est un protocole mis en place pour protéger les travailleurs. Cloisons et affi­chages indiquent clairement la zone chaude, des personnes contrôlent les entrées et les sorties », dit Stéphane Daraîche.

« Ajuster les débits d’air dans certains locaux, ce n’est pas simple. La plupart des entreprises étaient fermées, les spécialistes avaient peur de venir sur place ; et ensuite, il y a eu une rareté des matériaux. Tout le monde cherchait du plexiglas et des cloisons temporaires. » – Stéphane Daraîche

Le respect du décret, l’affaire de tous.

LE COMITÉ PARITAIRE AVISE LES EMPLOYEURS ET LES SALARIÉS ASSUJETTIS AU DÉCRET que depuis le 1er novembre 2020, les nouveaux taux horaires sont les suivants : Catégorie Catégorie Catégorie Chef d’équipe :

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ENTREVUE

Dans les blocs opératoires, des salles sont réservées aux patients atteints de COVID alors que d’autres sont utilisées pour les patients non infectés. « Il faut revoir toute la gestion des gradients de pression pour éviter la propagation d’éléments dans l’air. On s’assure qu’il y a transfert d’air contrôlé et adéquat pour limiter ces risques. Tout cela dans un contexte où la problématique de la transmission dans l’air est discutée et analysée par les spécialistes du monde entier », mentionne-t-il. Dans certains locaux, il faut abaisser le débit d’air admis et augmenter l’air évacué pour créer un balayage empêchant l’air des chambres de revenir dans les corridors. L’urgence est alimentée d’air neuf à 100 %. « Derrière cela, poursuit Stéphane Daraîche, il y a des enjeux techniques. Prenons par exemple un système de ventilation qui fonctionne habituellement avec 30 % d’air nouveau. Pour faire entrer 100 % d’air neuf, il faut jouer avec certains paramètres. Ce qui nous oblige à un suivi quotidien pour réajuster le volume d’air qu’on doit changer. » TRAVAILLER DANS UN MILIEU À RISQUES Outre les aspects techniques et mécaniques liés à la qualité de l’air, des espaces et de la circulation, la gestion d’équipes pose d’autres défis. Car un hôpital est un milieu où le virus est davantage présent que dans un autre genre d’immeubles. « Nous devons veiller à répéter souvent l’importance des mesures de distanciation, surtout pendant les dîners ou les pauses, alors que les gens enlèvent leur masque pour manger. Ils se parlent et parfois se rapprochent sans trop s’en rendre compte », remarque Stéphane Daraîche.

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Quand des employés doivent entrer dans les zones chaudes, la peur est bien présente. L’équipe de la prévention des infections vient les aider. « On peut démontrer que toutes les mesures que nous avons mises en place fonctionnent. Nous le constatons au cours de nos enquêtes auprès d’employés qui ont été contaminés ; lorsque nous respectons bien les mesures, les risques demeurent bas. Nos employés infectés n’ont d’ailleurs pas contracté la COVID dans leur milieu de travail mais plutôt à la maison. Une infirmière demeure à la disposition du personnel d’entretien pour répondre à des questions précises. Nous sommes quand même moins exposés qu’un travailleur de la santé qui donne des soins. Il faut relativiser le niveau de risque selon le type d’activité », déclare le responsable des opérations. DES ACTIONS QUI ONT UN IMPACT SUR LA SANTÉ DES ENFANTS Ingénieur de formation, Stéphane Daraîche a un parcours de carrière qui l’a mené d’un centre hospitalier de Shawinigan vers le secteur manufacturier pour un retour vers l’institutionnel lorsqu’il a découvert ce qui l’intéressait vraiment. « Dans un centre hospitalier, explique-t-il, on couvre tous les aspects du bâtiment, les réseaux d’eau domestique, de drainage, d’air comprimé, de gaz médicaux, de chauffage, d’eau glacée. » Il poursuit : « Quand il y a une urgence, un bris d’équipement majeur qui pourrait entraîner une interruption des services à la clientèle, un dégât d’eau dans un secteur de


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pharmacie, par exemple, qui pourrait influer sur la préparation de médicaments de chimiothérapie, les répercussions sont graves. Pour un traitement de chimiothérapie, on prépare le patient quelques jours à l’avance et son médicament dans les 12 à 24 heures avant sa visite. Si on interrompt cette chaîne d’événements, les inconvénients sur la santé des patients peuvent être majeurs. Pour éviter cela, nous devons donc toujours être capables d’intervenir rapidement. » Quelle différence voit-il entre la maintenance d’un centre hospitalier et celle d’un autre bâtiment institutionnel ? « Le taux d’occupation plus élevé d’abord, répond-il. Puis les conséquences. Si on arrête la climatisation dans une université, on créera de l’inconfort, on recevra des plaintes de gens qui ont chaud. Dans un hôpital, ça peut aller jusqu’à causer des complications médicales chez certains patients. Une intervention mal planifiée peut occasionner des problèmes graves chez des gens hospitalisés. » Qu’est-ce qui le motive à œuvrer dans ce milieu ? « Le contact quotidien avec les gens de mon équipe

et avec la directrice du service, dont je partage la vision. Nous avons mis en place des standards de qualité élevés et des plans directeurs à long terme. Nous travaillons aussi sur les aspects énergétiques et la diminution des gaz à effet de serre. Comme responsables d’un bâtiment institutionnel, nous nous devons d’être des leaders en la matière. Nous participons à des regroupements comme l’Association des gestionnaires de parcs immobiliers institutionnels dans laquelle nous sommes actifs. Dans ce milieu, le développement ne s’arrêtera jamais. Je ne vois pas le jour où nous n’aurons plus rien à améliorer. Un hôpital, c’est ouvert 24 heures par jour et certains secteurs sont particulièrement critiques, nos équipements doivent donc être sécuritaires et adaptables à toutes les situations. J’ai un rôle d’influence à jouer dans cela, c’est valorisant », confie Stéphane Daraîche qui se décrit par ailleurs comme un amoureux de la nature. Fidèle utilisateur des parcs nationaux du Québec, il campe et marche en forêt pour se détendre. Il aime aussi la pêche, le vélo et les rencontres entre amis. « Il a fallu mettre cette dernière activité sur pause et j’ai hâte de pouvoir la vivre à nouveau », conclut-il.

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QUELLE NORME POUR LES SMART BUILDINGS ? Patrick Lecomte, P . D. h

Expert invité

Ce n’est pas tous les jours que l’on peut se vanter de voir de ses propres yeux une révolution en marche. C’est pourtant bien ce qui se passe dans le secteur immobilier depuis quelques années sous la pression de perturbations numériques dont les origines sont doubles.

D'

une part, le secteur immobilier se retrou­v e au cœur de la révolution technologique, décrite comme la quatrième révolution industrielle par le Forum économique mondial, avec l’émergence de la proptech (Property Technology) qui, avec son pendant dans le secteur financier, la fintech (Financial Technology), a donné lieu à une véritable fièvre entrepreneuriale à travers le monde ces dernières années. D’autre part, et plus fondamentalement, les nouvelles technologies révolutionnent la façon dont les immeubles et les villes fonctionnent et interagissent avec leurs occupants, donnant naissance à une nouvelle génération d’immeu­ bles appelés « smart buildings ». À défaut d’un terme adéquat en français, nous utilisons le terme smart building pour désigner ces immeubles d’un type nouveau afin de les différencier des immeubles intelligents qui les ont précédés.

Chercheur associé à la Chaire Ivanhoé Cambridge d’immobilier, Patrick Lecomte est codirecteur à l’Observatoire et centre de valorisation des innovations en immobilier (OCVI2). Il est également professeur en immobilier durable à l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal (ESG UQAM).

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UNE NOUVELLE GÉNÉRATION D’IMMEUBLES À L’ÉCOUTE DE LEURS OCCUPANTS Parmi leurs nombreuses contributions inno­ vantes, les smart buildings rendent possibles de nouveaux modes de consommation de l’espace, plus personnalisés et flexibles pour les utilisa­ teurs et potentiellement plus rentables pour les propriétaires. En rupture avec les immeubles de génération précédente, les smart buildings rentrent dans un échange conscient et bidirec­­tionnel avec leurs environnements et leurs occupants. Ils sont intrinsèquement adaptatifs, anticipant les moindres besoins de leurs occu­ pants, alors que classiquement, les immeubles intelligents sont conçus comme des machines autonomes plus réactives qu’adaptatives. Jusqu’à l’arrivée du concept de smart building, l’intelligence d’un immeuble se jugeait en effet par sa capacité à limiter les interactions avec ses

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occupants autant que possible. Avec les smart buildings, c’est exactement le contraire qui est en train de se mettre en place. À l’échelle de la ville, les smart buildings sont un composant essentiel des environnements urbains du futur au même titre que la mobilité intelligente, les infrastructures réseau 5G ou la gestion open source des données. Ils sont, par exemple, appelés à jouer un rôle crucial dans la gestion intelligente de l’énergie au moyen de réseaux électriques intelligents qui promettent de révolutionner la production et la consommation d’énergie au niveau de l’immeuble, de son quartier et de la ville. Ils servent également de plateformes vers le numérique en collectant des mégadonnées qui alimentent des outils d’analyse et de prise de décision de plus en plus sophistiqués, et en permettant de cette manière la mise en place d’un mécanisme de rétroaction en temps réel avec les utilisateurs d’espace. Ce faisant, ces immeubles d’une nouvelle génération sont censés assurer la productivité et le bien-être de leurs occupants tout en promouvant des normes environnementales, tant dans la construction que dans la gestion de l’immeuble, parmi les meilleures au monde. Un smart building sera par essence un immeuble durable, les deux concepts s’appuyant l’un sur l’autre dans une démarche synergétique : le smart au service du durable, et vice versa. Toutefois, afin que toutes ces promesses devien­ nent réalité, il y a une condition nécessaire qu’il convient de remplir. En dépit de la médiatisation du concept de smart building et de nombreuses recherches approfondies sur le sujet, le secteur immobilier ne dispose toujours pas d’une norme universellement reconnue, et de la certification correspondante, afin de définir ce qui constitue


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un smart building et de quantifier sa contribution effective à l’intelligence des quartiers et villes où il est implanté. LE BESOIN D’UNE NORME ET D’UNE CERTIFICATION POUR LES SMART BUILDINGS À l’instar des bâtiments durables dont l’émergence a conduit à la définition de certifications ad hoc telles que celles du programme BOMA BEST, les smart buildings ont besoin de leurs propres norme et certification afin que l’on puisse jauger leurs performances et donner des directions claires aux acteurs du secteur immobilier. La question d’une norme / certification pour les smart buildings est complexe, car elle catalyse les enjeux sociétaux liés à l’arrivée massive des technologies numériques dans l’espace urbain en parallèle de la dimension technique, déjà compliquée, des smart buildings. Une chose est certaine : les technologies intelligentes implantées dans les immeubles font de la gestion de certains risques, comme

la cybercriminalité, une urgence absolue pour le secteur immobilier. À l’heure où les journaux font état des enjeux de sécurité des données et des dangers que peut représenter l’utilisation non contrôlée d’outils technologiques (par exemple les systèmes de reconnaissance faciale qui compromettent le respect de la vie privée), une certification des smart buildings au moyen d’une norme doit avant tout permettre d’établir un environnement de confiance entre les acteurs de l’immobilier et le public. À terme, une certification attachée à une norme pourrait s’accompagner d’un code de gouvernance numérique des entreprises du secteur immobilier définissant clairement leur responsabilité sociale. En effet, en matière de menaces pesant sur les acteurs de l’immobilier aux prises avec les pertur­ bations numériques, la technologie peut facilement

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être l’arbre qui cache la forêt. En fin de compte, le vrai risque pour les propriétaires de smart buildings sera celui de voir leur réputation entachée, ce qui peut s’avérer fatal à l’ère des médias sociaux. Une norme peut permettre de remédier, au moins partiellement, à ce risque en assurant que les smart buildings, certes merveilles de technologie, ne sont pas désertés par leurs utilisateurs effrayés par les conséquences d’interagir avec de tels espaces à la Big Brother.

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ÉDITION 2020 – CATÉGORIE 2 – TOITS PLATS Lors de son Assemblée générale annuelle qui s’est tenue virtuellement le 29 janvier 2021, l’Association des Maîtres Couvreurs du Québec soulignait le travail remarquable d’un de ses membres pour les travaux de couverture du projet CHUM – Phase 2.

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DIFFÉRENTS MODÈLES DE CRÉATION D’UNE NORME SONT POSSIBLES Au cours des derniers mois, plusieurs initiatives ont vu le jour en Europe et en Amérique du Nord afin de combler le vide que crée l’absence de norme et de certification pour les smart buildings. Ainsi, faisant face au besoin d’accompagner leurs clients dans leur transformation numérique, certaines entreprises de technologie ont développé leurs propres certifications. Par exemple, Honeywell propose le Honeywell Smart Building Score (HSBS), à la fois cadre d’analyse à vocation universel et outil d’auto-évaluation à la disposition des clients de l’entreprise. Le HSBS couvre trois caractéristiques d’un immeuble : sa dimension durable, sa sécurité et sa contribution à la productivité de ses utilisateurs. Ces dimensions sont saisies par ce qu’Honeywell appelle les « composants actifs » d’un smart building tels que la technologie implantée dans l’immeuble, les logiciels et les outils d’analyse de données, autant de composants pour lesquels Honeywell propose très opportunément des solutions à ses clients. En revanche, les composants dits passifs d’un smart building, à savoir l’architecture, la localisation de l’immeuble et les matériaux de construction, ne sont pas pris en compte dans la norme HSBS. De fait, il est rationnel de penser que les certifications développées par les entreprises privées s’inscrivent dans une démarche commerciale et font l’impasse sur une vision plus holistique de ce qu’un bâtiment dans sa globalité, c’est-à-dire intégré dans son environnement, doit incorporer afin d’être certifié en tant que smart building. En Europe, la Direction générale de l’énergie de la Commission européenne a piloté la création d’une norme appelée Smart Readiness Indicator (SRI) dont le contenu a été rendu public à l’automne 2020.


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Le SRI s’accompagne d’un système sophistiqué de certifications des immeubles sur la base de critères liés à la performance énergétique des immeubles et à leur capacité à répondre aux besoins des utilisateurs. Ces certifications très flexibles en fonction du climat et de l’immeuble à certifier ont vocation à s’appliquer à tous les types d’immeubles commerciaux et résidentiels dans les pays de la Communauté européenne. Dans ce contexte, la société Wired Score a récemment lancé une consultation en vue de définir une certification pour les smart buildings en Amérique du Nord. Face à ces différentes initiatives, quelle serait la norme idéale pour les smart buildings ? ENJEUX D’UNE NORME POUR LES SMART BUILDINGS Quel que soit le promoteur de la norme (entre­prises de technologie, pouvoirs publics ou consortium rassemblant des acteurs de l’industrie), la norme choisie doit refléter le rôle central des smart

buildings dans la capacité des villes de demain à être au service de leurs habitants. Une norme, qui a par nature un rôle prescriptif, conditionnera la pratique des smart buildings en donnant des indications aux différents acteurs du marché pour les années à venir. Ceci dit, une norme doit également être évolutive et s’adapter aux changements rapides de la technologie et des usages de l’environnement bâti (concept de future proofing et smart readiness dans la norme SRI de la Commission européenne). Les smart buildings portent la promesse d’une forte dimension humaniste où l’humain est au centre des préoccupations des concepteurs d’espaces. Cet aspect, certes immatériel, ne peut pas être absent de la future norme / certification des smart buildings afin d’en faire de véritables immeubles empathiques. S’assurer que ses clients sont satisfaits est non seulement un noble idéal, mais aussi une bonne idée en matière de modèles d’affaires.

LA RÉFÉRENCE DE L’INDUSTRIE DE LA MÉCANIQUE DU BÂTIMENT Pour la gestion de vos bâtiments Abonnez-vous gratuitement ! www.cmmtq.org/imb

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MOT DE LA PRÉSIDENTE

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UNE RELANCE À ORCHESTRER ENSEMBLE Annik Desmarteau

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ans un excellent texte intitulé « Préparer maintenant la réouverture progressive des bureaux » et publié dans La Presse du 12 février, André Lavallée, ex-vice-président du comité exécutif de la Ville de Montréal, insistait sur l’importance du centre-ville pour la vitalité économique de Montréal et sur la nécessité de planifier la réouverture de celui-ci dès l’automne 2021. Sous réserve de l’évolution de la situation, je ne peux qu’abonder en ce sens. Le télétravail a révo­­lu­tionné les façons de faire dans pratique­ment tous les secteurs d’activité. Force est de cons­tater qu’il comporte de multiples avantages : optimisa­ tion du temps, réduction des déplace­m ents, conciliation travail-famille facilitée, réduction de l’absentéisme et j’en passe. Mais il a aussi ses inconvénients : sentiment d’isolement, effritement du sentiment d’appartenance et de la culture d’entreprise, perte de productivité en raison de difficultés de concentration, etc. Il y a une limite à passer des journées entières rivé à un écran. Je suis d’avis que les échanges face à face demeu­ reront toujours le moyen le plus performant pour favoriser la créativité et l’innovation, et partant, seront toujours les véritables moteurs de l’essor des organisations, des quartiers et des villes. La fermeture du centre-ville tue à petit feu un éco­ système hautement interdépendant en mettant à mal l'économie de multiples secteurs névralgiques pour sa vitalité et son avenir. Il est plus que temps d’orchestrer concrètement sa relance.

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BOMA Québec participe activement aux consul­ tations et aux discussions avec les instances décisionnelles pour définir les stratégies gagnantes qui permettront un retour sécuritaire et durable dans nos immeubles, ce qui donnera un coup de pouce à la reprise économique. Cette réouverture est complexe et nécessitera une action stratégique concertée, afin de nous assurer de prendre un bon départ et, surtout, de ne pas avoir à reculer. En tant qu’association regrou­pant les propriétaires et les gestionnaires d’immeubles commerciaux du Québec, BOMA Québec entend bien s’y consacrer avec énergie et mettre à contribution sa vaste expertise en gestion immobilière. Enfin, M. Lavallée n’a pas tort de citer Cindy Fagen, directrice générale de SAP Labs Canada, qui suggérait que Montréal avait l’opportunité de se positionner parmi les premières cités du travail post-COVID-19 dans le monde. Nous en sommes capables, alors faisons-le. À nous d’y réfléchir et de réinventer le centre-ville de Montréal. Grand gala BOMA Québec : notez cet événement à vos agendas le 13 mai prochain de 17 h à 18 h 30 ! Exceptionnellement cette année, la remise des Prix BOMA aura lieu dans le cadre d'un rendez-vous unique offert gratuitement – LE GRAND GALA BOMA QUÉBEC – pour célébrer l’excellence immobilière


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et récompenser les leaders de l’industrie qui participent au Défi énergie en immobilier et au concours des Prix BOMA. Venez découvrir les champions de l'an 3 du Défi énergie en immobilier, reconnaître les efforts des certifiés BOMA BEST et célébrer les gagnants du concours 20212022 des Prix BOMA. La présidence d'honneur de l’événement est assurée par Yves-André Godon, direc­ teur général, Québec, BentallGreenOak, que nous remercions chaleureusement. Ce gala virtuel hors du commun, qui sera animé par Isabelle Racicot, vous réser­vera plusieurs belles surprises. Voilà certaine­ ment un rendez-vous à ne pas manquer ! Venez encourager vos pairs ! Plus que jamais, l’heure est à la mobilisation et à la reconnaissance du leadership des uns et des autres. Tous les détails sont sur le site de BOMA Québec (boma-quebec.org). Rappel Date limite pour soumettre un dossier de candidature au concours des Prix BOMA : 19 mars. (boma-quebec.org) Gardez le moral et portez-vous bien. Le printemps est à nos portes. Annik Desmarteau Présidente BOMA Québec

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ENTREVUE

RICHARD LALIBERTÉ, NOUVEAU PRÉSIDENT DU CONSEIL D’ADMINISTRATION DE L’AMCQ PAR JOHANNE LANDRY, JOURNALISTE

L’Association des Maîtres Couvreurs du Québec (AMCQ) a récemment annoncé la nomination de Richard Laliberté à la présidence du conseil d’administration. Sa vision : assurer la pérennité à long terme de l’organisation et la rentabilité pour les membres.

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résident de Multi-Toits qu’il a fondée il y a 25 ans, Richard Laliberté aime dire qu’il a bâti son entreprise sur trois piliers : le travail, le travail et encore le travail. « J’ai su m’entourer de gens de qualité. J’aime travailler avec tous les intervenants sur mes chantiers. Avec le temps, je ne suis plus un homme en affaires, je suis devenu un homme d’affaires », confie-t-il.

l’AMCQ. « J’aimerais aussi que l’année qui commence apporte la prospérité à tous les membres et dans tous les marchés. Il est important que les entreprises dégagent des profits. Notre travail est complexe, la période pour effectuer les travaux est courte et les risques sont élevés. Sans profit, les entreprises se fragilisent et mettent le plan de garantie de l’AMCQ en danger. Nous voulons éviter cela », ajoute-t-il.

Au terme de cette année particulière qu’a été 2020, Richard Laliberté aimerait que sous sa présidence on trouve des solutions à long terme pour la pérennité de

Multi-Toits étant à Québec et le siège social de l’AMCQ à Laval, comment Richard Laliberté entrevoit-il les défis liés à la distance ? « Pascal Lapierre, le président sortant,

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gérait son entreprise Lacasse et Fils Maîtres Couvreurs en Estrie et il a fait un bon travail, répond le nouveau président de l’AMCQ. Quand je m’engage, c’est à 100 %, peu importe la distance. On peut très bien gérer des dossiers sans être proche physiquement, et en 2020, on a appris à s’organiser en visioconférence. Nous sommes rendus pas mal habiles avec cette technologie ! » Richard Laliberté souligne que, depuis juillet dernier, Pascal Lapierre l’a impliqué dans les dossiers et les rencontres hebdomadaires avec Marc Savard, le directeur général de l’AMCQ. « La transition est facile et fluide et je suis déjà bien au courant des dossiers. Quand ton prédécesseur t’informe bien, ça démarre mieux », affirme-t-il. UNE SOLIDE ÉQUIPE D’ADMINISTRATEURS L’équipe qui appuiera Richard Laliberté pour l’année 2021 se compose de Sylvain Audet (Couvreur La Relève), Giancarlo Bellini (Toitures Trois Étoiles), Carl Fleury (Toitures Gilles Veilleux), Isabelle Morissette (Groupe Pentagone), Stéphane Poissant (Ernest Hotte) et Stéphane Truchon (Truchon Toiture et imperméabilisation). « Nous avons un conseil d’administration intègre et représentatif

des membres, se réjouit le président. Nous provenons de toutes les régions du Québec et nous gérons des entreprises de tailles différentes qui travaillent dans différents marchés, ce qui nous amène des points de vue diversifiés sur les dossiers et nous permet de prendre en considération la réalité des membres de toutes les régions. J’entame mon mandat avec confiance auprès d’administrateurs forts et d’une permanence efficace. Tous souhaitent que les dossiers avancent. » Richard Laliberté conclut : « J’invite les membres de partout au Québec à offrir du temps à l’AMCQ. C’est intéres­s ant, valorisant, et nos idées sont écoutées. La nouvelle formule pour le contrôle des travaux sous garantie, par exemple, ainsi que la nouvelle orientation des services techniques, ça vient des membres. On a besoin de femmes dans les comités. Pas parce que ce sont des femmes, mais parce qu’elles sont bonnes et qu’elles ont de bonnes idées. L’histoire de l’AMCQ est riche de l’apport et du leadership des femmes depuis ses débuts. Soyons fiers de notre association et soyons ambassadeurs de ses valeurs de qualité, de confiance et de responsabilité ! »

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VOLUME 10 – NUMÉRO 2

VOLUME 14 | NUMÉRO 1 | FÉVRIER – MARS 2021

VOLUME 11 | NUMÉRO 1

LA FAMILLE EN AFFAIRES

« NOUS SOUHAITONS SIMPLEMENT FAIRE PARTIE DE LA DISCUSSION »

DOSSIER CAUTIONNEMENT

– SERGE GOULET

LA PANDÉMIE LAISSE PLACE À L’INNOVATION

LEADERSHIP AU FÉMININ

BILAN 2020 SELON ALTUS CARBONLEO L’ART DE S’ADAPTER

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DE BONS TUYAUX

LES CODES DE CONSTRUCTION ET DE SÉCURITÉ Les travaux de construction sont régis par de nombreux codes et normes. Il en va de même pour les travaux d’entretien des bâtiments. Henri Bouchard Expert invité

Au Québec, deux codes sont applicables, soit le Code de construction du Québec et le Code de sécurité. Comme son nom l’indique, le premier vise les travaux de construction, ce qui comprend également les travaux de réparation et de rénovation. La Régie du bâtiment du Québec (RBQ) a la responsabilité de faire respecter les exigences du Code de construction du Québec. Afin d’assurer la qualité des travaux de cons­ truction et la sécurité du public, la Loi sur le bâtiment prévoit l’adoption du Code de construction du Québec (CCQ) et du Code de sécurité (CS) pour les bâtiments et les équipements destinés à l’usage du public et certaines installations, comme les installa­­tions de plomberie ou de gaz, les installa­tions sous pression et les équipements pétroliers. Le CCQ doit être respecté par les entre­ preneurs qui exécutent les travaux ainsi que par les concepteurs de plans et devis.

Henri Bouchard est directeur du Service technique à la CMMTQ. Il voit à l’interprétation et à l’explication des articles des codes régissant la mécanique du bâtiment. En plus de rédiger des articles, des guides techniques et des formations, il donne des conférences, participe à des comités de la RBQ et siège au comité permanent du CNRC ainsi qu’à des comités nationaux de CSA.

Le CS s’adresse aux propriétaires de bâti­ ments, d’équipements et d’installations. Plus précisément, il s’adresse aux propriétaires de bâtiments commerciaux, industriels et institutionnels. Il vise aussi les bâtiments d’habitation de plus de deux étages et de plus de huit logements. Son application est également sous la supervision de la RBQ.

Les deux codes sont divisés en chapitres, qui constituent en fait des spécialités. Le CCQ regroupe 10 chapitres, soit : I - Bâtiment I.1 - Efficacité énergétique des bâtiments II - Gaz III - Plomberie IV - Ascenseurs et autres appareils élévateurs V - Électricité VII - Remontées mécaniques VIII - Installation d’équipements pétroliers IX - Jeux et manèges X - Lieux de baignade Pour sa part, le CS compte huit chapitres, soit : I - Plomberie (8 articles) II - Électricité (17 articles) III - Gaz (62 articles) IV - Ascenseurs et autres appareils élévateurs (9 articles) V - Remontées mécaniques (8 articles) VI - Installation d’équipements pétroliers (174 articles) VII - Jeux et manèges (52 articles) VIII - Bâtiment (82 articles) Que ce soit pour les parties construction ou sécurité, la plupart des municipalités du Québec ont des exigences spécifiques qu’il convient d’observer pendant les travaux de construction ou pour la surveillance et l’entretien du bâtiment.

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CHAPITRE VIII – BÂTIMENT Le 19 décembre 2012, un décret a permis d’adopter le Code national de prévention des incendies, édition 2010, auquel s’ajoutent les modifications apportées par le Québec pour en faire le chapitre VIII. Celui-ci est en vigueur depuis le 18 mars 2013. D’autres décrets ont permis d’ajouter certaines exigences, par exemple pour les installations relatives aux tours de refroidissement utilisant de l’eau comme fluide de circulation ainsi que pour intégrer au Code de sécurité l’obligation de munir les résidences privées pour aînés de systèmes de gicleurs. Les exigences du chapitre sont applicables pour l’ensemble des bâtiments décrits précédemment, sauf pour les bâtiments n’acceptant pas plus de neuf personnes : • un établissement de réunion ; • une maison de chambres, une pourvoirie ou un service d’hôtellerie ; • une maison de convalescence, un établissement de soins ou un centre de réadaptation. Pour connaître la liste complète des bâtiments exemptés, consultez l’article 340 du CS. Le tableau qui suit présente la norme applicable selon l’année de construction d’un bâtiment.

NORME APPLICABLE SELON L'ANNÉE DE CONSTRUCTION D'UN BÂTIMENT

ANNÉE DE CONSTRUCTION OU DE TRANSFORMATION

NORME APPLICABLE

Avant le 1er décembre 1976

Règlement sur la sécurité dans les édifices publics

Entre le 1er décembre 1976 et le 24 mai 1984

Code du bâtiment, édition 1981

Entre le 25 mai 1984 et le 17 juillet 1986

Code national du bâtiment 1980 (CNB) modifié en 1983 et 1984

Entre le 18 juillet 1986 et le 10 novembre 1993

Code national du bâtiment 1985 (CNB) modifié en 1985, 1986, 1987 et 1989

Entre le 11 novembre 1993 et le 6 novembre 2000

Code national du bâtiment 1990 (CNB) modifié en 1991 et 1992

Entre le 7 novembre 2000 et le 16 mai 2008

Code de construction du Québec, chapitre I, Bâtiment et Code national du bâtiment - Canada 1995 (modifié)

Entre le 17 mai 2008 et le 12 juin 2015

Code de construction du Québec, chapitre I, Bâtiment et Code national du bâtiment - Canada 2005 (modifié)

Depuis le 13 juin 2015

Code de construction du Québec, chapitre I, Bâtiment et Code national du bâtiment - Canada 2010 (modifié)

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DE BONS TUYAUX

Le chapitre VIII – Bâtiment est disponible dans son inté­ gralité, et gratuitement, sur le site Web du Conseil national de recherche du Canada (CNRC) sous l’appellation : Code de sécurité du Québec, Chapitre VIII – Bâtiment et Code national de prévention des incendies – Canada 2010 (modifié). Il est à noter que le chapitre VIII est le seul publié dans son ensemble par le CNRC. Les autres chapitres du CS se retrouvent sur le site Web de la RBQ dans la section Lois, règlements et codes, au www.rbq.gouv.qc.ca/loisreglements-et-codes/code-de-construction-et-code-desecurite.html.

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CHAPITRE I, PLOMBERIE Comme les installations de plomberie sont visées par le plus grand nombre de réclamations d’assurances, le propriétaire de ces installations doit se conformer aux huit articles du chapitre I – Plomberie du Code de sécurité. L’article 2 exige que les installations de plomberie soient maintenues en bon état de fonctionnement, de sécurité et de salubrité, ce qui veut dire qu’un appareil, un robinet ou un tuyau doit être vérifié de façon ponctuelle et, le cas échéant, remplacé, ajusté, resserré afin que le système réponde aux exigences de sécurité et de salubrité.

SERVICES

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Il est également nécessaire que tous les accessoires, comme les robinets, soupapes, clapets, brise-vide, chauffeeau ou regards, soient accessibles en tout temps et qu’il soit possible de les entretenir, de les réparer ou de les remplacer. Enfin, il est obligatoire de s’assurer de la qualité de l’eau du bâtiment, de protéger le réseau d’aqueduc ou l’approvisionnement privé en eau en mettant en place des dispositifs antirefoulement et de les faire vérifier au moins une fois par année. Il est donc très important pour les propriétaires visés de garantir que les bâtiments et les installations dont ils sont responsables sont sécuritaires, salubres et en bon état de fonctionnement, et ce, en respectant les exigences du Code de sécurité.


TENDANCES ET INNOVATIONS

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LES SYSTÈMES CRITIQUES CONNECTÉS

Brigitte Dupuis Experte invitée

Tous les gestionnaires immobiliers vous diront qu’un bâtiment, c’est vivant ! Pour garantir le confort des usagers, les systèmes critiques doivent s’adapter constamment à la variation de l’usage, de l’achalandage et des conditions environnementales. Ils sont garants de la satisfaction des usagers et du maintien de la valeur du capital immobilier. Leur performance est essentielle à la saine qualité de l’air et de l’eau, de la température ambiante, de l’humidité relative, du mouvement de l’air et de la pression atmosphérique. La maintenance des systèmes critiques, tels que les refroidisseurs, les chaudières et les tours d’eau, représente une grande responsabilité pour les gestionnaires immobiliers. Ces systèmes constituent en effet plus de la moitié des dépenses énergétiques de l’ensemble du bâtiment. Leurs temps d’arrêt, défaillances et perturbations ont un impact direct sur le confort des usagers. La solution la plus efficace pour assurer la performance optimale des équipements critiques, c’est de les connecter ! LES RÉPARATIONS D’URGENCE ors d’une défaillance de système, les préoccupations des gestionnaires sont de garantir les conditions de confort et de minimiser les impacts pour les usagers. Ils doivent prendre les meilleures décisions en fonction de la pérennité du bâtiment. Leur rôle est d’assurer que les équipements sont fonctionnels, de réduire le temps de non-performance et de diminuer les coûts de réparation et planification de solutions durables. En cas de panne, les décisions doivent se prendre immédiatement, il vaut donc mieux être bien informé !

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Brigitte Dupuis, directrice de comptes majeurs – Secteur institutionnel chez Johnson Controls, a fait sa marque en gestion des actifs, BIM, efficacité énergétique et développement durable. Elle s’intéresse plus particulièrement à la gestion du cycle de vie d’une installation et cherche constamment à promouvoir les technologies qui soutiendront la révolution énergétique de demain.

Dans un édifice qui n’a pas d’équipement critique connecté, voici le scénario commun avant que les travaux débutent : un problème de tempé­rature est signalé, un billet de service est transmis au technicien ou fournisseur, une visite de diagnostic est planifiée. Lorsque l’équipement est connecté, le diagnostic se fait sur-le-champ par l’entremise d’outils d’analyse spécialisés. GESTION DE LA MAINTENANCE CONNECTÉE Le processus de décision pour corriger un problè­ me peut prendre 20 fois1 plus de temps que celui nécessaire à la réparation. Plus précisément, les coûts reliés à une panne et les dépenses de remplacement des composantes défaillantes2

augmentent les frais d’exploitation3. De plus, ils requièrent souvent la mobilisation d’équipes en heures supplémentaires ou des frais de fournisseurs pour des interventions d’urgence. La gestion prédictive des équipements critiques a un impact direct sur la pérennité des actifs, les coûts d’entretien et de réparation, la durée de vie des équipements et la facture énergétique. Au lieu d’inspecter visuellement chaque équipe­ ment, les techniciens détectent les problèmes de fonctionnement à distance en temps réel, par des alertes ou des tendances de performance. L’interface des plateformes de gestion des équipements connectés sert de tableau de bord pour aider aux décisions d’entretien et éviter les défaillances coûteuses ou catastrophiques. PLATEFORMES DE GESTION DES ÉQUIPEMENTS CONNECTÉS Par le biais d’une seule interface, les gestion­ naires immobiliers disposent des informations de performance requises pour prendre rapi­de­ment des décisions éclairées. Les plateformes de gestion des équipements connectés facilitent grandement le diagnostic, l’intervention et la documentation des fautes, ce qui est particu­ lièrement utile en situation d’urgence. Elles permettent ainsi de déterminer la source d’un pro­blème récurrent, d’analyser les non-conformités,

1. RELIABILITY AND FUNCTIONAL AVAILABILITY OF HVAC SYSTEMS Sonny Myrefelt, Dep. of Build. Serv. Eng., KTH, 10044 Stockholm, Sweden, and SKANSKA Sydost, Växjö, Sweden. 2. In fact, we have found that $1 spent in stewardship avoids $3 in capital reinvestment. – Sightlines, 2014 3. David Tod Geaslin – Reversing the Cycle of Deterioration in the Nation’s Public School Buildings, The Council of the Greater City Schools, October 2014. Maintenance Excellence: Optimizing Equipment Life-Cycle Decisions By John D. Campbell, Andrew K.S. Jardine.

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TENDANCES ET INNOVATIONS

de faciliter la résolution de pro­blématiques et de prendre les bonnes mesures préventives et correctives. Grâce aux données fournies par les équipements connectés sur les performances énergétiques et opérationnelles, on obtient une multitude de rapports, audits et bilans périodiques qui peuvent être automatisés. Il est également possible de relier plusieurs bâtiments d’un même parc immobilier et d’arrimer leurs informations pour des fins d’analyse. Les données des équipements intelligents tels que les capteurs et les comp­ teurs peuvent être regroupées et analysées parallèlement aux données de tendances historiques pour évaluer les besoins de service. Ces plateformes brossent un portrait réel de la performance globale des bâtiments.

CENTRE D’OPÉRATION À DISTANCE DES SERVICES CONNECTÉS Les agents de centres de surveillance immotique assurent le suivi des systèmes connectés en continu et en temps réel. La veille à distance des éléments critiques permet d’analyser les alarmes et de diagnostiquer les déficiences dès les premiers indices. Les agents peuvent accompagner les équipes d’opération en assurant la mise en service à distance en continu et la diminution de la facture énergétique. Ils contribueront à optimiser des procédures générant des économies sans investissement et à trouver des stratégies d’amélioration des méthodes d’entretien préventif. Les deux avantages principaux d’un centre de gestion à distance demeurent la gestion des urgences et la performance énergétique.

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L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE Avec le développement de l’intelligence artificielle et du machine learning, les plateformes de gestion des équipements critiques connectés sont littéralement capables d’apprendre par elles-mêmes et sont vouées à devenir de plus en plus autonomes et intelligentes.

Les équipements et les systèmes de bâtiment deviennent de plus en plus intégrés et intelli­gents. Les gestionnaires d’installation possèdent maintenant des outils plus effica­ ces pour réduire les coûts de réparation, minimiser les temps d’arrêt et conserver des performances optimales de fonctionnement. Aujourd’hui, le marché offre une panoplie de logiciels connectés qui relient les systèmes aux téléphones intelligents des techniciens, ce qui leur donne un aperçu de l’historique des données et des tendances et une capacité d’analyse comparative. Dès le premier jour de connexion, les usagers ont accès aux données et aux tendances permettant le diagnostic et la comparaison entre la performance réelle attendue et l’historique de fonctionnement. Les équipements connectés sont souvent réservés aux bâtiments névralgiques, mais leur utilisation va augmenter dans les prochaines années pour pallier la pénurie de main-d’œuvre, aider à la gestion de risque et contribuer à la pérennité des parcs immobiliers.

Qualité environnementale intérieure, optimisée Le bien-être avant tout, c’est l’avenir. La Wellsphere de Trane offre une approche complète pour l’optimisation de la qualité environnementale intérieure des immeubles. Cette plateforme de niveau supérieur assure une gestion accrue des facteurs critiques de l’atmosphère intérieur soit, l’équilibre entre le bien-être des gens, l’efficacité énergétique et la durabilité.

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L’intelligence artificielle appliquée à la gestion de bâtiment diminue sans aucun doute les coûts de maintenance en permettant de diagnostiquer la performance des systèmes de manière proactive et en détectant les anomalies avant que des alarmes d’équipement ne soient déclenchées. Le suivi des indices de performance et l’optimisation des systèmes critiques gérés par l’entremise d’algorithmes prédictifs peuvent également entraîner une réduction des réparations imprévues et urgentes. Les bénéfices de l’intelligence artificielle sont : la programmation d’alarmes pour déceler les problèmes critiques et les problèmes de performance courants, l’analyse des performances pour planifier de manière proactive la maintenance et les réparations ainsi que la création de statistiques pour ajuster les règles et les seuils de performance et les possibilités d’optimisation.

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DROITS ET OBLIGATIONS

VICTIME DE MIGRATION DE CONTAMINANTS : QUE PEUT-ELLE RÉCLAMER DE SON VOISIN ? Me Sylvie Bouvette Experte invitée

Une décision récente de la Cour du Québec traite de cette question1. La Société de développement du fonds immobilier du Québec inc. (la « Société ») et Couche-Tard inc. (« CT ») sont propriétaires d’immeubles voisins. La Société, qui projetait de construire des condo­miniums sur son immeuble (l’« Immeuble »), acquis en 1994, a découvert que des hydrocarbures pétroliers y ont migré.

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lle réclame 84 997,17 $ à CT pour les travaux requis afin de retirer la contamination résidu­elle laissée par CT après qu’elle a réhabilité les sols. CT s’était porté acquéreur de l’immeuble voisin (le « Site ») en 2013. Celui-ci avait été exploité comme sta­tion-service avec garage de mécanique automobile de 1961 à 2013. Cette utilisation a cessé au moment de l’acqui­s ition, et le garage et les équipements pétroliers ont été immédiate­ment démantelés.

Me Sylvie Bouvette est avocate associée chez Borden Ladner Gervais LLP / S.E.N.C.R.L., S.R.L. Elle représente des vendeurs, des acheteurs, des coentrepreneurs, des prêteurs et des emprunteurs dans le cadre de transactions et de financements immo­biliers. Elle a été sélectionnée par ses pairs pour figurer dans l’édition 2016 de The Best Lawyers in Canada® dans la catégorie droit immobilier.

Dès 2013, une étude de caractérisation environ­ nementale du Site commandée par CT fait état de migration potentielle de contaminants à l’extérieur du Site, ce que confirme une autre étude menée en 2016. C’est alors seulement que CT en informe par écrit la Société, qui permet donc à celui-ci d’accéder à sa propriété en vue d’y réaliser une caractérisation environnemen­ tale. Cette nouvelle étude révèle effectivement de la contamination sur l’Immeuble surpassant le critère « C », provenant du Site. Ce rapport précise aussi qu’il existe des sols présentant des concentrations dans les plages « A-B » et « B-C ». La Société mandate sa propre firme qui recom­ mande une réhabilitation complète des sols de l’Immeuble par excavation. Les consultants de CT élaborent plutôt un plan de réhabilitation de l’Immeuble par voie d’oxydation chimique in situ qui est achevé en septembre 2019. Avant même que la réhabilitation proposée par CT soit terminée, la Société, non satisfaite

de la proposition de décontamination choisie, lui intente une poursuite afin de lui réclamer le coût d’une décontamination complète par excavation. Des rapports confirment ensuite qu’après la réhabi­litation effectuée par CT, les sols de l’Immeuble respectent le critère « B ». La Cour répond aux questions suivantes. CT A-T-IL COMMIS UNE FAUTE AYANT MENÉ À LA CONTAMINATION DES SOLS DE L’IMMEUBLE ? La Cour conclut que la transmission tardive par CT de l’avis au voisin requis par la loi quant à la présence de contaminants aux limites du terrain n’a pas causé quelque préjudice que ce soit à la Société. La Cour détermine ensuite que la migration dans les sols de l’Immeuble ne peut être assimilée à un « rejet » de contaminants. En effet, le Tribunal est d’avis que l’interdiction de contaminer prévue à la loi ne s’applique pas à une personne proprié­taire d’un terrain à partir duquel des conta­mi­nants ont migré et qui n’est pas l’auteure du rejet initial. Selon les faits, CT ne pouvait donc être respon­sable du rejet initial d’hydrocar­bures, la preuve ayant démontré que la contamina­­t ion du Site datait de plusieurs années avant son acquisition. CT n’ayant commis aucune faute et n’ayant pas contrevenu aux dispositions ci-dessus évoquées, le Tribunal conclut que sa responsabilité en vertu de l’article 1457 du Code civil du Québec ne peut être retenue.

1. Société de Développement du Fonds Immobilier du Québec inc. c. Couche-Tard inc. QCCQ 3080 17 août 2020

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ISTOCK PAR BARTCO

LA MIGRATION DE CONTAMINANTS DANS LES SOLS DE L’IMMEU­BLE CONSTITUE-T-ELLE UN TROUBLE DE VOISINAGE IMPOSANT À CT DE LUI REMBOURSER LES COÛTS DE DÉCONTAMINATION ? En date de l’audience, CT avait déjà réhabilité les sols au critère « B » avec les autorisations requises. Il a donc respecté l’encadrement législatif relatif à la décontamination des sols de l’Immeuble. Pour occasionner un trouble de voisinage, il faut avoir excédé, dans le contexte, le seuil de tolérance des inconvénients normaux qui doivent être supportés. Cela doit être analysé de manière objective. Une personne qui décide de vivre à proximité d’une source d’inconvénients connue accepte, dans une certaine mesure, les inconvénients normaux de l’environ­ nement où elle s’établit. Ici, la station-service était déjà en exploitation au moment où la Société a acheté l’Immeuble, et cette dernière aurait dû envisager le risque de migration de conta­mination dans les sols. Or, aucune étude de carac­térisation

des sols n’a été faite. Ce fait et divers autres aspects du comportement de la Société conduisent le Tribunal à conclure qu’il n’y a pas trouble de voisi­ nage anormal. LA SOCIÉTÉ EST-ELLE EN DROIT D’EXIGER LA RÉHABILITATION COMPLÈTE DES SOLS ? La méthode préconisée par CT a causé moins d’inconvénients et était appropriée dans les circons­tances même si elle laissait des résidus de conta­ mination. Les tribunaux ont déjà reconnu qu’une demande de décontamination complète d’un terrain est une exigence excessive. La Société n’a pas non plus établi que les sols décontaminés par CT ne pourraient pas être conservés sur l’Immeuble. Il n’y a donc pas lieu d’accorder une décontamination au critère « A », d’autant plus que rien ne démontre que ce critère était atteint au moment de l’achat de l’Immeuble. En conséquence, la Cour rejette la demande de la Société.

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LE SAVIEZ-VOUS ?

De la construction des 48 maisons des aînés à la rénovation de l'hôpital RoyalVictoria, en passant par l'entretien de ses 368 édifices et infrastructures en propriété, tous les projets menés par la Société québécoise des infrastructures (SQI) seront désormais gérés dans une seule et unique plateforme. À la suite d'un rigoureux processus d'appel d'offres lancé début 2020 par la SQI, c'est finalement Aïdi, logiciel développé au Québec par la firme Osedea, qui sort grand vainqueur de ce dossier hors norme.

NOMINATION CHEZ PODIUMTECH

PODIUMTECH

LA SQI CHOISIT LE LOGICIEL AÏDI POUR GÉRER 1,2 G$ DE PROJETS ANNUELLEMENT

L’OPTION DE CONTRÔLE SANS FIL POUR DES LUMINAIRES INTÉRIEURS ET EXTÉRIEURS

Marc Rowan, M. Sc. A., s’est joint récemment à l’équipe de PodiumTech à titre de directeur principal. Il participera à l’essor de PodiumTech, société associée à la gestion des accès aux immeubles par les fournisseurs de services de télécommunication ainsi qu’à la ges­tion de nombreux projets tant pour les gestionnaires immobiliers que pour leurs locataires.

Luminis, un fabricant novateur et réputé de luminaires de spécification, a annoncé récemment qu’une vaste sélection de ses luminaires seront dorénavant offerts munis du contrôle d’éclairage sans fil nLight® AIR. La plateforme intelligente de contrôle d’éclairage nLight, d’Acuity Brands, à options avec ou sans fil, met de l’avant une technologie de pointe afin d’offrir plus de fonctionnalités et un confort accru aux occupants d’un espace, tout en rédui­sant la consommation énergétique.

GRAND GALA BOMA QUÉBEC 13 MAI 2021, 17 H

LUMINIS

OSEDEA

Un rendez-vous virtuel unique pour célébrer l’excellence immobilière et récompenser les leaders de l’industrie qui participent au Défi énergie en immobilier, à la certification BOMA BEST® et au concours des Prix BOMA. Détails et inscription au boma-quebec.org.

PARTICIPEZ À UNE CONSULTATION PUBLIQUE SUR LE BÂTIMENT VERT ET INTELLIGENT (BVI)

Le Groupe Alfid est fier d’annoncer que Pascal Beauregard, directeur de la filiale Construction Alfid, a obtenu sa certification LEED Conception et construction d'intérieurs commerciaux. Il peut ainsi amorcer son premier chantier d’environ 3 M$ au 1055, boulevard René-Lévesque Est, bâtiment sous gestion d’Alfid Services immobiliers ltée.

KEVRIC

CERTIFICATION LEED® OR – OPÉRATIONS ET MAINTENANCE POUR LA PLACE BONAVENTURE

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MAINTENANCE IMMOBILIÈRE : : PRINTEMPS 2021

Le Conseil du bâtiment durable du Canada a décerné à la Place Bonaven­ture la certification LEED® Or – Opérations et Maintenance, l’une des plus grandes distinctions de l’industrie reconnaissant les plus hauts standards de durabilité à l’égard de la construction et l’exploitation des immeubles.

GROUPE ALFID

UNE CERTIFICATION LEED CONCEPTION ET CONSTRUCTION D'INTÉRIEURS COMMERCIAUX POUR PASCAL BEAUREGARD

La Société québécoise des infrastructures a été mandatée pour tenir une consultation qui vise à permettre au gouvernement d'enrichir sa démarche en matière de BVI, de jeter les bases d'un écosystème industriel autour de ce concept et de définir la transformation numérique des infra­ structures. L’exercice a pour objectif d'explorer les perspectives et de répondre aux défis socioéconomiques et environnementaux du Québec. En tant qu’acteur de l’industrie, vous êtes invité à prendre part à cette consultation jusqu'au 15 mars 2021. Pour plus d'informations : consultation.quebec.ca/processes/sqi2021.

VOUS AVEZ UNE NOUVELLE BRÈVE INTÉRESSANTE ? Faites-la-nous parvenir à nouvelles@jbcmedia.ca. Si elle est retenue, elle sera publiée dans notre prochain numéro.


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À nous de réinventer l’immobilier INNOVATION DES PRATIQUES CONFÉRENCES ET FORMATIONS PERFORMANCE ÉNERGÉTIQUE TENDANCES DE L’INDUSTRIE RÉSEAUTAGE DÉVELOPPEMENT DE CARRIÈRE

BOMA Québec est le plus important regroupement de propriétaires et de gestionnaires d’immeubles commerciaux de la province. Il rassemble des professionnels passionnés, visionnaires et engagés à bâtir l’expérience immobilière de demain.

boma-quebec.org


Mobilisés et engagés. Vous contribuez quotidiennement à l’hygiène, la propreté et la sécurité sanitaire. Vous participez au bon fonctionnement des secteurs vitaux de notre société. Votre rôle est essentiel.

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