Villes d'avenir volume 11 - numéro 2 : édition printemps 2021 - Montréal Économique

Page 1

COLLECTION VILLES D’AVENIR VOLUME 11 | NUMÉRO 2

LA RELANCE POST-COVID DE MONTRÉAL

PP 41614528


On bâtit à la hauteur de l’avenir. Des projets immobiliers qui soutiennent notre économie et qui enrichissent nos communautés, c’est ce qu’on met en chantier. Avec des partenaires leaders dans leur secteur, on participe financièrement et stratégiquement à la réalisation d’un développement urbain durable et responsable. fondsimmobilierftq.com

MAESTRIA – MONTRÉAL

Partenaires : Devimco Immobilier et Fiera Immobilier

ESPACE MONTMORENCY – LAVAL

Partenaires : MONTONI et Groupe Sélection

SOLAR UNIQUARTIER – BROSSARD

Partenaires : Devimco Immobilier et Fondaction


MOT DU RÉDACTEUR EN CHEF

ÉDITEUR  Jacques Boisvert RÉDACTEUR EN CHEF René Vézina RÉDACTION Nathalie Savaria, Pierre Théroux et René Vézina

PRODUCTION Supervision : Edith Lajoie Conception graphique et mise en page : Carole Bordeleau pour Carbodesign PHOTOGRAPHES Denis Bernier et Stéphan Poulin PHOTO EN PAGE COUVERTURE © Stéphan Poulin PUBLICITÉ Mario Leblanc Directeur de comptes Montréal 450 670-7770 ADMINISTRATION Edith Lajoie Directrice des opérations et de l’expérience client COMPTABILITÉ Catherine Faucher Johanne Viens Philippe Bérubé CPA

MONTRÉAL EN MODE REPRISE

JBC MÉDIA PAR DENIS BERNIER

RÉVISION ET CORRECTION D’ÉPREUVES Christine Barozzi, Catherine Faucher et Anne-Marie Trudel

René Vézina

On entrevoit une lueur au bout du long tunnel de la pandémie. C’est ainsi qu’on peut raisonnablement qualifier la situation, à la fois sanitaire et économique, qui se présente à Montréal en cette fin de printemps. La santé et l’économie ont toujours été étroitement liées. Mais les événements des derniers mois nous l’ont brutalement rappelé. C’est pourquoi il faut se réjouir de cette embellie graduelle dont peut, ou pourra bientôt, bénéficier la ville.

ENVOI DE POSTE – PUBLICATIONS Convention no PP 41614528 ADRESSE DE RETOUR 70, rue De La Barre, bureau 120 Longueuil QC J4K 5J3 ABONNEMENTS Fatima Reynel Gracia abonnement@jbcmedia.ca www.jbcmedia.ca Dépôts légaux — Bibliothèque et Archives Canada et Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2009. Toute demande de reproduction doit être adressée par écrit à l’éditeur. Si elle est acceptée, elle doit indiquer clairement la source de la façon suivante : Tiré du magazine Villes d’avenir, édition Montréal économique. Le nom de l’auteur ou du photographe doit également apparaître. L’éditeur se réserve le droit de refuser l’insertion de toute publicité. ISSN 2293-8362

Le magazine Villes d’avenir, édition Montréal économique est publié par JBC Média inc. Président : Jacques Boisvert 70, rue De La Barre, bureau 120 Longueuil QC J4K 5J3 Téléphone : 450 670-7770 Sans frais : 1 866 446-3185 Télécopieur : 450 670-7771 info@jbcmedia.ca

www.jbcmedia.ca

En tout cas, la mairesse Valérie Plante y croit et en témoigne dans les pages qui suivent. Elle n’est pas la seule. Le pdg de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Michel Leblanc, pense lui aussi à un retour à la normale pour le centre-ville, même si certains changements causés par la pandémie ne s’efface­ ront pas du jour au lendemain. D’autres intervenants sont tout aussi confiants, au point de prévoir le retour des talons hauts sur les trottoirs… Ce serait bien. Nous n’avons pas pu afficher nos plus belles couleurs depuis fort longtemps ! En même temps, la vie continue, et d’importants dossiers qui définissent ou qui vont redéfinir Montréal trouvent leur place dans le magazine, comme cet immense enjeu de la fluidité des transports et un autre, tout aussi déterminant, lié à l’économie circulaire et au verdissement de la ville. Peut-on enfin espérer le mieux ? Croisons-nous les doigts. Et si je peux me permettre, une hirondelle ne fait pas le printemps, mais une hirondelle vaccinée le rend plus probable ! Bonne lecture, donc, et je vous donne rendez-vous à l’automne pour la publication de notre prochain numéro.

René Vézina Rédacteur en chef

Nous reconnaissons l’appui financier du Gouvernement du Canada

MONTRÉAL ÉCONOMIQUE : : ÉDITION PRINTEMPS 2021

3


SOMMAIRE : : ÉDITION PRINTEMPS 2021

3 MOT DU RÉDACTEUR EN CHEF 5 MOT DE LA MAIRESSE DE MONTRÉAL 7 MOT DE LA MINISTRE DÉLÉGUÉE AUX TRANSPORTS ET MINISTRE RESPONSABLE DE LA MÉTROPOLE ET DE LA RÉGION DE MONTRÉAL

9

CENTRE-VILLE DE MONTRÉAL

STÉPHAN POULIN

24 ENTREVUE – Valérie Plante Les multiples atouts de Montréal vont aider à sa relance 27 FRICHES INDUSTRIELLES Un bel exemple de renaissance des friches industrielles à Montréal 30 ÉCONOMIE CIRCULAIRE L’économie circulaire, ou la bonne façon de tourner en rond 34 AGROALIMENTAIRE Montréal, producteur maraîcher et vigneron ! DOSSIER SPÉCIAL DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE 37 VILLE RÉSILIENTE, VERTE ET INCLUSIVE 41 VERS UNE ÉCONOMIE PLUS CIRCULAIRE 4

MONTRÉAL ÉCONOMIQUE : : ÉDITION PRINTEMPS 2021


MOT DE LA MAIRESSE DE MONTRÉAL

C

ela fait plus d’un an maintenant que la pandémie a frappé Montréal, et le monde entier, de plein fouet. Depuis les débuts de la crise, la Ville de Montréal ne ménage pas les efforts pour soutenir sa population et ses commerces, et assume un leadership fort pour préparer la relance et faire rebondir son économie. Dès mars 2020, nous sommes intervenus pour assurer le respect des règles sanitaires, tout en soutenant les commerces de proximité. Nous avons adopté un plan de réduction des dépenses de la Ville, instauré une fiscalité avantageuse pour l’économie et donné un peu d’air à la population en reportant les comptes de taxes. Nous avons aussi été très proactifs pour le soutien à l’économie. Au total, plus de 260 M$ ont été investis dans nos mesures d’urgence et nos plans de relance. À titre d’exemple, à ce jour, 96 M$ ont été accordés en soutien direct à plus de 2 500 entreprises via le réseau PME MTL.

VILLE DE MONTRÉAL

La crise sanitaire a frappé notre centre-ville, ainsi que certains de nos secteurs économiques les plus névralgiques, tels que le commerce, la restauration, l’aérospatial, le tourisme et les industries culturelles et créatives. Cette dure épreuve nous montre à quel point il est important de miser sur la création d’un centre-ville fort. Nous avons ainsi dévoilé, avec le gouvernement du Québec, un investissement de 25 M$ pour redynamiser le centre-ville et maximiser sa capacité d’attraction au moment d’une reprise plus normale des activités afin que les visites au centre-ville soient des expériences les plus positives possibles. Il y a un large consensus auprès de tous les acteurs qu’il s’agit de la première étape nous permettant d’enclencher le cycle de redynamisation du cœur écono­mique et culturel de notre métropole. Nous préparons également une feuille de route ambitieuse qui nous mène jusqu’en 2030. Elle fait suite à une démarche de relance articulée autour d’une vision d’avenir pour guider et augmenter la cohérence et l’impact de l’action municipale au cours des prochaines années. Je suis convaincue qu’à la sortie de cette crise, nous réussirons à construire une métropole encore plus forte et résiliente qu’avant. Et pour cela, nous devons miser sur une étroite collaboration avec l’ensemble de l’écosystème de dévelop­ pement économique, autour d’une vision inspirante et d’objectifs communs pour construire des milieux de vie et de travail résilients et attrayants. D’ailleurs, j’en profite pour souligner que, depuis le début de la crise, la mobilisation des acteurs montréalais économiques et sociaux à Montréal est exceptionnelle. Maintenant, plus que jamais, nous mettons tout en œuvre pour véritablement réussir cette relance verte et inclusive que les Montréalaises et les Montréalais, d’aujourd’hui et de demain, méritent.

Valérie Plante Mairesse de Montréal

MONTRÉAL ÉCONOMIQUE : : ÉDITION PRINTEMPS 2021

5



MOT DE LA MINISTRE DÉLÉGUÉE AUX TRANSPORTS ET MINISTRE RESPONSABLE DE LA MÉTROPOLE ET DE LA RÉGION DE MONTRÉAL

L

a situation exceptionnelle que nous vivons depuis le printemps 2020 bouscule le quotidien de tous. Cette crise a aussi eu des impacts majeurs sur notre métropole. La vitalité de notre centre-ville a été touchée de plein fouet, nos industries touristiques et culturelles ont été mises à mal, de grands secteurs d’activité comme l’aérospatiale et le commerce de détail travaillent à se redéfinir. Or si Montréal est le théâtre de tous ces bouleversements, elle est aussi la pierre angulaire d’une relance à laquelle nous devons œuvrer, tous ensemble. Pour ce faire, le gouvernement du Québec veille à ce que les besoins spécifi­ques de la métropole soient couverts, avec des mesures adaptées à son échelle et selon ses particularités. C’est d’ailleurs pourquoi nous travaillons en étroite collaboration avec les acteurs de développement de Montréal. Ainsi, à travers le soutien gouvernemental qui rend possibles les plans d’action de la Ville de Montréal et de ses partenaires de développement, c’est l’affirmation d’une métropole forte, prospère et plurielle que nous soutenons. À travers les aides d’urgence aux entreprises, le soutien aux villes et aux organismes de transport collectif, ainsi que les mesures de relance pour la culture, le tourisme et l’économie verte, c’est le succès de nos entrepreneurs, de nos commerçants et de nos développeurs que nous appuyons. Montréal possède tous les atouts pour faire compétition aux métropoles internationales. De grands projets y sont en cours, notamment en transport collectif. Prolongement de la ligne bleue, mise en service du SRB Pie-IX et du REM, déploiement du Réseau métropolitain de voies réservées : les inves­tis­­sements majeurs consentis contribueront à améliorer la mobilité de la population, à faire de Montréal un modèle en transport durable et à valoriser tout son territoire. En effet, le développement de notre métropole, son attractivité et son rayonnement sont tributaires des ambitions que nous avons pour elle et des moyens que chacun peut mettre en place pour y arriver. Les défis que nous a amenés la crise sanitaire sont grands et la bataille doit continuer de se jouer sur plusieurs fronts. Mais tout cela est aussi une occasion de transformer durablement et équitablement notre métropole, pour un avenir encore meilleur. Chantal Rouleau Ministre déléguée aux Transports et ministre responsable de la Métropole et de la région de Montréal

MONTRÉAL ÉCONOMIQUE : : ÉDITION PRINTEMPS 2021

7


BUSAC, SAVOIR-FAIRE VISION PROACTIVE

Depuis un an, les initiatives stratégiques de BUSAC, de sa partenaire JEMB Realty et de leurs équipes respectives ont participé à la consolidation des acquis et au développement de procédés inédits. En jouant un rôle de premier plan et en déployant des mesures et des solutions innovatrices pour une reprise sûre et responsable, BUSAC a pu maintenir une offre de services inégalée. Pour connaître nos disponibilités à Montréal Isabella Longoni, Représentante à la location 514 284-0014 // i.longoni@busac.com


LE CENTRE-VILLE DE MONTRÉAL VA SE REVITALISER, CROIT MICHEL LEBLANC PAR RENÉ VÉZINA, JOURNALISTE SPÉCIALISÉ EN ÉCONOMIE

Il faut éviter que le centre-ville de Montréal ne finisse par péricliter. Et il n’y a pas de raison que ça arrive, si l’on sait comment réagir et, surtout, si l’on réalise ce qui est en jeu, selon Michel Leblanc, pdg de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

«

JBC MÉDIA PAR DENIS BERNIER

Je comprends la nécessité du télétravail en temps de pandémie, dit-il, et il est possible que les employeurs soient tentés de le prolonger quand la vie sera redevenue à peu près normale. Ne pas avoir à louer autant d’espace qu’auparavant permet de réduire les frais. Mais il y aura un risque à ne pas être physiquement présent au cœur de l’action. » À ses yeux, la présence au centre-ville va retrouver son attrait. L’intérêt du contact humain va finir par prévaloir : « Le jour où un avocat, ou un comptable, ou tout autre professionnel va conclure qu’il a perdu un contrat aux mains d’un concurrent parce que celui-ci a gagné la confiance du client en le rencontrant en personne, il va vouloir lui-même s’assurer de redevenir visible. » Comme auparavant ? Comme s’il ne s’était rien passé ? « Non, répond Michel Leblanc. Il y aura forcément des ajustements. Mais je ne peux pas imaginer qu’on décide de se désengager définitivement du centre-ville et de toutes les occasions d’affaires qu’il peut offrir. C’est impensable. » Et comme la nature a horreur du vide, ceux qui partent vont permettre à d’autres de s’installer au cœur de

l’action, pense-t-il : « J’imagine fort bien de jeunes professionnels ambitieux vouloir occuper la place et renouveler en même temps le rapport au centre-ville. » Mais ces nouveaux intéressés s’y rendront-ils tous les jours ? Les lunchs du midi seront-ils aussi populaires, aussi prolongés ? En contrepartie, les restaurants pourront-ils se refaire une santé alors que les allocations de dépenses risquent d’être resserrées ? Tout cela reste à voir. En même temps, les chantiers qui s’annoncent, notam­ ment avec le Réseau express métropolitain, le REM, peuvent avoir comme effet de refroidir les ardeurs, du moins dans les prochains mois ou les prochaines années. « Il faut faire la distinction entre le court et le long terme comme c’est le cas pour la pandémie, ajoute Michel Leblanc. Le retour à la normale sera graduel. J’espère que les travaux seront bien coordonnés. » L’enjeu demeure toutefois le retour à l’effervescence d’avant la pandémie. Si plus de gens se retrouvent dans les bureaux et recommencent à fréquenter le centreville, ils animent en même temps les commerces et les restaurants, qui rendent par ricochet le centre-ville plus attrayant, et la roue va ainsi tourner.

MONTRÉAL ÉCONOMIQUE : : ÉDITION PRINTEMPS 2021

9


CENTRE-VILLE DE MONTRÉAL

LE RETOUR DES TALONS HAUTS AU CENTRE-VILLE PAR RENÉ VÉZINA, JOURNALISTE SPÉCIALISÉ EN ÉCONOMIE

Les grands magasins ont toujours été attirés par les centres-villes. Et l’un des plus attrayants concepts des récentes années, Eataly, s’apprête à se déployer au cœur de Montréal. Imaginez un grand et chic supermarché italien doublé de nombreux îlots de restauration… Eataly est devenu une coqueluche à Manhattan. Au Canada, Toronto a suivi. Voici venu le tour de Montréal, malgré la pandémie. ISTOCK PAR ANTONIOGUILLEM

C

e n’est qu’un des exemples qui indiquent que la ville s’apprête à sortir du long engourdissement causé par la COVID-19. Tout pointe vers cette direction. À moins d’une catastrophe, on peut imaginer que la vie va progressivement reprendre son cours après des mois de confinement. Il est vrai qu’on part de loin. Rien n’est encore acquis. Le ralentissement de l’activité en ville n’était pas illusoire. Les statistiques le confirment s’il faut se fier à celles dont dispose Glen Castanheira, nommé à titre de directeur général de Montréal Centreville, l’organisme qui a pris le relais de la Société de développement commercial Montréal Centre-ville, en s’appuyant sur les quelque 5 000 entreprises qui s’y trouvent. « En un an, nous avons perdu 11 millions de touristes, 300 000 travailleurs de bureaux et 120 000 étudiants universitaires, sans compter le collégial, résume-t-il. En moyenne, il nous a manqué un demi-million de navetteurs par jour qui venaient et repartaient. Imaginez l’impact. » Mais d’autres statistiques sont nettement plus encourageantes, et il s’empresse de les présenter : « Des capteurs intelligents ont été installés sur la rue Sainte-Catherine pour mesurer l’achalandage

10

MONTRÉAL ÉCONOMIQUE : : ÉDITION PRINTEMPS 2021

GLEN CASTANHEIRA Directeur général Montréal Centre-ville


« Prenons le portrait global, dit-il. Montréal est la deuxième ville universitaire en Amérique du Nord [après Boston], et les étudiants vont revenir. Elle compte deux super hôpitaux à la fine pointe de la technologie. L’activité culturelle autant que commerciale y est reconnue. Ces attraits ne disparaîtront pas. » Oui, mais l’on s’entend généralement pour admettre que les bureaux du centre-ville seront moins fréquentés, même après un éventuel retour à une certaine normalité. Comment concilier la pérennité du télétravail avec le regain du centre-ville ? Jean-Marc Fournier le reconnaît lui-même : « J’imagine un mode de travail hybride où bien des gens auront droit de gérer leurs horaires. Il faudra donc offrir ce que j’appelle une expérience hors de l’ordinaire, une multiplicité d’offres de divertissement sans commune mesure ailleurs, qui touche autant la gastronomie, les spectacles, le Vieux-Port que le sport avec le Centre Bell… Combien de villes peuvent en offrir autant dans un si petit périmètre ? »

des passants. En février, alors que la pandémie était toujours intense, on a relevé 1,4 million de personnes qui ont circulé entre les rues Guy et Saint-Urbain. Les trottoirs étaient bondés. Je m’en suis moi-même rendu compte, je travaille au centre-ville et j’y habite. » Et il ajoute : « Quand on dit que le centre-ville de Montréal est devenu désert, le poil me dresse sur les bras. Ce n’est pas vrai. » DES ATTRAITS INDÉNIABLES MALGRÉ TOUT « Montréal demeure une ville unique en son genre, et ses atouts demeurent » : celui qui le dit en était déjà convaincu, et ses nouvelles fonctions le poussent à vouloir renforcer encore les sentiments positifs envers la métropole. Jean-Marc Fournier est le pdg de l’Institut de dévelop­pement urbain du Québec (IDU), qui se veut le plus important représentant de l’industrie immobilière commerciale dans la province. Mais avant qu’il occupe cette fonction, on l’a connu comme l’un des ministres influents au sein des gouvernements Charest, au Québec, notamment titulaire des Affaires municipales. Ce n’est donc pas par hasard qu’il se retrouve aujourd’hui à la tête de l’organisme.

JBC MÉDIA PAR DENIS BERNIER

JEAN-MARC FOURNIER Président-directeur général Institut de développement urbain du Québec

MONTRÉAL ÉCONOMIQUE : : ÉDITION PRINTEMPS 2021

11


CENTRE-VILLE DE MONTRÉAL

Il ajoute, en faisant référence à une immense métropole qui a terriblement souffert : « Ce n’est pas du même ordre, on en convient, mais la ville de New York s’est relevée après les tragiques événements du 11 septembre 2001. Les grandes villes ont une âme qui ne s’éteint pas. » CEUX QUI RESTENT MALGRÉ TOUT ET CEUX QUI ARRIVENT Encore faut-il offrir une expérience distinctive. Manon Larose, vice-présidente commerce de détail pour la firme JLL, pense que Montréal possède ce qu’il faut. Elle a de quoi soutenir son opinion, puisqu’elle œuvre dans le milieu depuis une trentaine d’années, tant chez Cadillac Fairview que chez Westcliff ou Cominar. À ses yeux, un centre-ville est fait pour être vibrant, et Montréal dispose de tous les atouts nécessaires ; et ils sont nombreux. Pour elle, c’est autant une affaire de perception, de cœur, que de réalités concrètes. Des exemples ? « En effet, il est question de l’arrivée prochaine d’Eataly, mais regardez ce qui vient déjà de se produire avec l’ouverture de Uniqlo au Centre Eaton. Même en temps de pandémie, les gens attendaient en file pour y entrer », souligne Mme Larose. Uniqlo, pour le rappeler, est une chaîne japonaise de vêtements extrêmement populaire dans le monde. « Il vous

CREW M

MANON LAROSE Vice-présidente commerce de détail JLL

suffit de vouloir aller à la grande boutique Apple, sur Sainte-Catherine, pour devoir attendre également en file. Oui, il y a des restrictions quant au nombre de personnes qui peuvent y entrer. Mais le fait demeure, les gens n’ont pas arrêté de fréquenter le centre-ville malgré les entraves en tous genres », ajoute-t-elle. Ilxxest vrai que des entraves existaient déjà avant la pandémie, avec la rue Sainte-Catherine en bonne partie éventrée. « À mes yeux, affirme la vice-présidente, c’était un mal nécessaire, il fallait la renouveler. » Elle ajoute éprouver beaucoup de sympathie pour les détaillants durement touchés par la situation : « C’est pourquoi je souhaite que les pouvoirs publics continuent de leur fournir un coup de main, avec les programmes gouvernementaux et aussi, peut-être, un allègement des taxes pour les aider à se relever. »

Le magasin Morgan's (aujourd'hui La Baie) en 1936 12

ARCHIVES DE LA VILLE DE MONTRÉAL VM94-Z-66-1 (1936)

MONTRÉAL ÉCONOMIQUE : : ÉDITION PRINTEMPS 2021

Même de véritables monuments du centre-ville s’apprê­tent à se refaire une beauté, à commencer par l’emblématique magasin La Baie, jadis Morgan’s, dont la fondation remonte à 1890 ! « Ce n’est pas mince comme signal, commente Glen Castanheira, de Montréal Centre-ville. Ses dirigeants ont annoncé tour à tour la fermeture des magasins phares de Toronto et Vancouver. À Montréal ? Ils investissent ! »


Un été vibrant au centre-ville Aménagements urbains originaux, animation culturelle, bureaux transformés et habités, espaces de travail extérieurs, stationnement gratuit… Tout sera en place pour dynamiser notre centre-ville, le cœur économique et culturel de la métropole. Avec ses partenaires, Montréal déploiera de nombreux projets avec un seul objectif : animer le centre-ville pour le rendre attirant et dynamique ! Découvrez les initiatives sur montreal.ca


CENTRE-VILLE DE MONTRÉAL

Il y aura des sceptiques. Glen Castanheira connaît déjà sa réponse : « Quand Henry Morgan a ouvert son grand magasin au 19e siècle, beaucoup de gens se sont moqués de lui. Mais il a eu raison. Et j’espère que ce sera pareil cette fois-ci. » Il reste que l’environnement du square Phillips, juste en face, se présente déjà comme l’un des secteurs les plus populaires du centre-ville. Par exemple, l’entreprise techno PCG veut s’y installer avec 750 employés, « et à cet égard, la réputation de Montréal continue de s’affirmer », se réjouit M. Castanheira. Juste à côté, le Groupe Brivia s’apprête à mettre en chantier la plus haute tour résidentielle à Montréal avec ses 51 étages ! « Et je ne parle même pas du retour du hockey au centre-ville avec les 21 000 spectateurs ! Ce n’est qu’une question de temps avant qu’on reparte en grand, pourvu que les gens fassent attention, évidemment », prévient-il.

JLR SOLUTIONS FONCIÈRES

JOANIE FONTAINE Économiste JLR Solutions foncières

L’ATTRAIT DU TÉLÉTRAVAIL ET DE LA BANLIEUE Mais si les navetteurs sont moins nombreux à l’heure de la pandémie et du télétravail, on ne peut pas conclure qu’ils retourneront en masse à Montréal quand la situation redeviendra normale. « Je pense que la grande lune de miel achève pour le télétravail », avance Manon Larose. Elle reconnaît comme bien d’autres que les habitudes ont changé et que les organisations vont devoir composer avec des horaires variables pour leurs employés à l’aise chez eux à l’extérieur de la ville. « Mais on le voit par exemple au Japon, dit-elle ; les gens sont de nouveau séduits par toutes les propositions des centres-villes, tant les restaurants que les spectacles, et ils en profitent pour s’habiller chic après des mois de confinement… Ici aussi, nous devrions bientôt assister au retour des talons hauts au centre-ville ! » Joanie Fontaine, économiste chez JLR Solutions foncières, pense que l’attrait de la banlieue se prolongera : « La distance entre le travail et le bureau va moins importer. On en fait maintenant la preuve. La prime de proximité avec le travail et le centre-ville est réduite à tout jamais. En même temps, les prix toujours plus élevés pour s’y loger n’aident sûrement pas. »

ISTOCK PAR NICOLASMCCOMBER

14

MONTRÉAL ÉCONOMIQUE : : ÉDITION PRINTEMPS 2021

D’où l’importance, selon elle, de repenser l’offre globale du centre-ville au-delà des nouveaux magasins : « Pourquoi ne pas offrir un milieu plus accueillant pour les familles ? On n’y trouve pas beaucoup d’écoles, pour ne parler que de ce seul facteur. »


C’est ce qui l’amène à entrevoir elle aussi un mode de travail hybride qui combine le travail à domicile et le retour au bureau. De très grosses entreprises comme Facebook ont annoncé leurs intentions à cet égard. Mais comme Manon Larose, elle pense que le centreville va demeurer populaire auprès des travailleurs, ne serait-ce que pour revoir des collègues en personne. Le type de propriété pourrait alors en être influencé. « Détenir un pied-à-terre en ville, sans sacrifier sa résidence à l’extérieur ? On le voit souvent ailleurs », dit Joanie Fontaine. Son regard d’économiste l’amène à entrevoir de nouveaux modes de travail, dont l’expansion des espaces partagés au gré des allées et venues : « Le principe de la mise en commun des bureaux va s’imposer. » Qui plus est, les grands locateurs se retrouvent déjà avec des superficies à relouer. Les prix sont probablement appelés à baisser, du moins à court terme. De nouveaux joueurs, même plus petits, pourraient profiter de l’occasion pour se donner une adresse prestigieuse au centre-ville.

« L’offre multiple demeure sans égal, note Jean-Marc Fournier. Entre le Centre Bell et le Vieux-Montréal avec tout ce qui se trouve au milieu, que pouvez-vous demander de mieux ? Encore faudra-t-il une volonté d’aider à la relance. » Il cite un précédent douloureux qui demeure exemplaire en matière de relance. « À New York, certains se sont dit que la tragédie du 11 septembre 2001 entraînerait la fin d’une partie de Manhattan. Or, la ville s’est relevée. On s’entend, le choc que nous vivons n’est pas de la même ampleur, loin de là. Mais s’ils y sont parvenus, pourquoi pas nous ? » Glen Castanheira y croit lui aussi : « Je suis un enfant de la loi 101, fils d’immigrants portugais, et j’aime cette ville. Nous avons de quoi en être fiers. » Les prochains mois permettront de voir si ses rêves et ceux des grands acteurs influents au centre-ville se réaliseront. Pourvu que les astres continuent de bien s’aligner, les espoirs sont permis.

GESTION INTÉGRÉE DE LA MAINTENANCE

Pour tous vos besoins en entretien d’immeubles, vivez l’expérience des solutions intégrées de GDI

PRODUITS D’ENTRETIEN SERVICES D’ENTRETIEN MÉNAGER NETTOYAGE DE TAPIS LAVAGE DE VITRES ASSAINISSEMENT ET DÉSINFECTION COMPLETS DÉNEIGEMENT & ENTRETIEN PAYSAGER NETTOYAGE APRÈS CONSTRUCTION

GESTION TECHNIQUE D’IMMEUBLES SERVICES EN EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE ÉNERGIES RENOUVELABLES SERVICES REFROIDISSEURS SERVICES MÉCANIQUE ET PLOMBERIE SERVICES DE CVCA SERVICES ÉLECTRIQUES AUTOMATISATION DE BÂTIMENTS

gdi.com ainsworth.com

MONTRÉAL ÉCONOMIQUE : : ÉDITION PRINTEMPS 2021

15


CENTRE-VILLE DE MONTRÉAL

AU RALENTI PENDANT LA PANDÉMIE, LE PALAIS DES CONGRÈS VOIT GRAND POUR LA SUITE PAR RENÉ VÉZINA, JOURNALISTE SPÉCIALISÉ EN ÉCONOMIE

Nommée en mars dernier, Josée Noiseux arrive à la présidence du conseil d’administration du Palais des congrès de Montréal alors qu’il doit, comme tant d’autres établissements, reprendre son souffle au terme d’une année éprouvante. La pandémie ne l’a pas épargné.

L

DE MEILLEURS JOURS EN VUE es chiffres fournis par la direction sont éloquents. Depuis le début de la pandémie pour toutes années financières confondues, 41 congrès ont été annulés, plus d’un million de participants attendus sont demeurés chez eux, ce qui a causé des pertes de 278 millions de dollars en retom­ bées économiques et privé l’industrie hôtelière montréalaise d’au moins 193 000 nuitées. Et pourtant, la nouvelle présidente du conseil du Palais entrevoit l’avenir avec confiance. « Nous nous attendons déjà à une année record pour 2023, les réservations sont nombreuses, et l’avenir s’annonce brillant ! », dit-elle. Est-ce à dire que la métropole peut espérer conser­ ver son rang dans le peloton de tête des grandes villes nord-américaines pour la tenue des congrès ? « En fait, Montréal est au tout premier rang pour la tenue de congrès internationaux, pour les deux Amériques, depuis trois ans ! Et rien ne permet de croire que ça va changer », estime-t-elle, en ajoutant que le Palais sert donc d’importante vitrine et de carte de visite pour la ville.

16

MONTRÉAL ÉCONOMIQUE : : ÉDITION PRINTEMPS 2021

MONIC RICHARD PHOTOGRAPHE

JOSÉE NOISEUX Présidente du conseil d’administration Palais des congrès de Montréal


ISTOCK PAR RIXIPIX

Il est vrai que Montréal possède de multiples atouts qui jouent en sa faveur. Comparativement à d’autres villes, le coût de la vie y demeure abordable, elle se veut sécu­ritaire, l’offre de restaurants et d’hôtels est à la fois abondante et de haute qualité, sans oublier son côté inter­national et la qualité de vie dont elle peut s’enorgueillir. Pourvu que la crise de la COVID-19 finisse par lâcher prise. EN ACTION, MALGRÉ LES CONTRAINTES Josée Noiseux n’en est pas à ses premières armes à la tête de grandes organisations. Associée au cabinet d’avocats Norton Rose pendant 25 ans, elle a notamment été pdg de la Fondation de l’Institut de cardiologie de Montréal et aussi de NewCities, une organisation internationale basée à Montréal qui œuvre au développement des villes intelligentes. Elle devient maintenant la première femme à assumer la présidence du conseil du Palais des congrès alors qu’il doit retrouver son rôle de locomotive pour l’économie de Montréal. « Mais pour reprendre des termes actuels, n’allez pas croire que nous étions sous respirateur artificiel, souligne-t-elle. Oui, le Palais a dû mettre des gens à pied, mais il s’est activé pour préparer la suite. Pour vous donner une idée, sept studios de production de contenu ont été créés, en plus du projet OASIS immersion et de ses expositions permanentes de haut niveau. »

Bien sûr, il a fallu faire une croix sur la tenue de congrès. « Dans les faits, en présentiel, il s’est quand même tenu 133 événements depuis 12 mois », rappelle la présidente. La vie finira bien par reprendre son cours normal, et le Palais des congrès retrouvera alors un vieux démon : il est à l’étroit depuis des années, ce qui lui fait rater de belles occasions. « Nous perdons une vingtaine d’opportunités de congrès chaque année », souligne Mme Noiseux. On parle donc de l’agrandir depuis des années, le dossier avance, les terrains sont achetés. « Mais encore faudra-t-il boucler le financement avec les paliers gouvernementaux, et l’on conviendra que, pour l’instant, c’est une question de timing, compte tenu de l’ensemble des priorités », explique-t-elle. En attendant, s’il a dû mettre en sourdine son rôle de moteur économique pour Montréal, le Palais est monté au front pour contribuer à la protection de ses citoyens : il est devenu depuis le printemps l’un des principaux centres de vaccination contre la COVID-19 dans le Grand Montréal. Dans l’immédiat, à défaut de contribuer autant qu’il le souhaiterait à la santé économique de la ville, il participe directement à celle de ses résidents.

MONTRÉAL ÉCONOMIQUE : : ÉDITION PRINTEMPS 2021

17


CENTRE-VILLE DE MONTRÉAL

SE CROISER LES DOIGTS POUR LE SUCCÈS DU TRANSPORT COLLECTIF PAR RENÉ VÉZINA, JOURNALISTE SPÉCIALISÉ EN ÉCONOMIE

I

Il y a eu par le passé des ratés dans la planification des grands chantiers, mais arriver à une meilleure fluidité des transports demeure un enjeu incontournable. Il faudra cependant que les travaux en cours soient bien planifiés pour gagner l’adhésion des Montréalais. l faut avoir la foi du charbonnier lorsqu’on se rend au centre-ville, encombré malgré les restrictions causées par la pandémie. On annonce que les déplacements seront bientôt plus fluides grâce à une offre de transport collectif largement améliorée et que circuler en ville sera alors plus agréable… mais en attendant, il faut composer avec d’énormes chantiers plus dérangeants les uns que les autres. L’avenue McGill College est impraticable en raison des travaux du Réseau express métropolitain (REM), et c’est sans compter tous les bouleversements qu’impose son développement. Le boulevard Pie-IX l’est à peine plus avec ce qu’exige la mise en place du Service rapide par bus. Pour d’autres raisons, la rue Sainte-Catherine se trouve carrément éventrée vers le Village. Et ici et là prospèrent les cônes orange qui font damner autant les automobilistes que les camionneurs. DES DÉSAGRÉMENTS QUASI INÉVITABLES « Oui, actuellement, c’est comme si nous vivions le pire du pire », dit le pdg de la Chambre de commer­ce du Montréal métropolitain, Michel Leblanc, à l’écoute de ses quelque 8 000 membres. « Mais c’est un paradoxe avec lequel il nous faut composer, ajoute-t-il, tout comme ça a été le cas avec l’échan­ geur Turcot : les frustrations actuelles vont finir par faire place à la satisfaction de voir s’atténuer la congestion qui allait en empirant. Ce sera alors, espérons-le, le mieux pour le mieux. Et le monde des affaires est capable de garder la tête froide et d’entrevoir les effets bénéfiques à plus long terme de tous ces chambardements. » Sa crainte, en fait, tiendrait plus au fait qu’on se demande toujours si ceux qui creusent et qui piochent pensent à se concerter pour minimiser

18

MONTRÉAL ÉCONOMIQUE : : ÉDITION PRINTEMPS 2021

JBC MÉDIA PAR DENIS BERNIER

MICHEL LEBLANC Président-directeur général Chambre de commerce du Montréal métropolitain

les désagréments : « Je pense qu’on peut mieux accepter ces grands chantiers s’ils sont bien coor­ donnés. Il y a eu des défaillances par le passé, quand on défonçait puis redéfonçait des rues. A-t-on appris de ces erreurs ? »


À la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), marraine du REM, on est bien conscient de cette sensibilité des Montréalais. « Il est très important de minimiser les nuisances, nous le savons et nous nous y engageons, c’est une question de cohérence », dit Harout Chitilian, vice-président, affaires corporatives, développement et stratégie de CDPQ Infra, la division qui pilote les immenses chantiers du REM. « Mais tout cela doit se faire en lien avec la Ville, qui a son mot à dire, sans compter ce qui peut arriver en cours de route », nuance-t-il. Il cite, par exemple, le tunnel sous le mont Royal, qui date de plus de 100 ans et que vont emprunter les trains du REM en provenance du nord-ouest de l’île. Il s’est révélé être en moins bon état que prévu, de là des interventions et des délais supplémentaires qui vont notamment paralyser plus longtemps l’accès à l’avenue McGill College. La mise en service de l’ensemble de cette antenne, qui va remplacer le train de banlieue de Deux-Montagnes, est maintenant prévue pour fin 2023, début 2024.

UNE SUPERBE OCCASION POUR L’EST DE MONTRÉAL Michel Leblanc entrevoit déjà tout le potentiel pour l’est de Montréal dont on vient d’annoncer qu’il sera à son tour relié au centre-ville par le REM. Comme tout le monde, il pense que le plus tôt sera le mieux. L’annonce a été globalement bien accueillie même si des interrogations demeurent sur le tracé du train, ultimement en hauteur sur le boulevard René-Lévesque en arrivant au centre-ville. « Il reste d’immenses terrains à développer dans l’est, mais il fallait une offre de transport collectif, croit M. Leblanc. C’est nécessaire pour attirer les inves­­tisseurs tout comme les travailleurs. Il va falloir beaucoup de travail, ne serait-ce que pour décontaminer les sols, mais c’est une belle occasion qui se présente, si c’est bien fait. » Au-delà des projets en cours et à venir, le pdg demeure lui-même convaincu de la nécessité d’amé­­liorer l’offre de transport collectif et actif

STÉPHAN POULIN

MONTRÉAL ÉCONOMIQUE : : ÉDITION PRINTEMPS 2021

19


CENTRE-VILLE DE MONTRÉAL

à Montréal : « Toutes les grandes métropoles en ont besoin, et nous avons un retard à rattraper, mais il faut trouver un équilibre. Oui pour les pistes cyclables, par exemple, mais il faut aussi permettre que le transport lourd puisse s’effectuer. Et faciliter les transits tant au centre-ville qu’avec la périphérie. » De son côté, Harout Chitilian pense que la mise en place du REM de l’Est a toutes les chances d’être hautement profitable aux quartiers qu’il desservira. Et même plus : « Ça pourrait être un moment charnière dans le dévelop­ pement urbain de Montréal. Le REM peut y contribuer. » C’est connu, l’est de la ville a besoin de soins pour se revitaliser. L’arrivée d’un nouveau moyen de trans­ port efficace peut-elle y aider ? Le vice-président de CDPQ Infra y croit : « On parle depuis des décennies de régénérer la rue Notre-Dame, d’en reverdir les abords, puis d’offrir un nouvel accès au fleuve… La mise en place du REM va s’accompagner d’une grande réflexion sur l’espace public, et nous allons proposer une vision avant-gardiste moins axée sur l’automobile. » Et qu’est-il des réserves sur ce projet d’une structure aérienne surplombant le boulevard René-Lévesque, là où doit aboutir le REM de l’Est avant d’arriver à la

20

MONTRÉAL ÉCONOMIQUE : : ÉDITION PRINTEMPS 2021

HAROUT CHITILIAN Vice-président, affaires corporatives, développement et stratégie CDPQ Infra


SOURCE : CDPQ INFRA

Gare Centrale ? « Nous avons mis en place un comité d’experts indépendant, précise M. Chitilian. Il va se pencher sur l’intégration architecturale et urbanistique du tracé. Des consultations publiques suivront. Les annonces vien­ dront en temps et lieu, mais l’objectif demeure : quel que soit l’axe que desservira le REM, il rendra la circulation plus fluide autour de Montréal et vers elle ; la ville en profitera. » Déjà, de premiers tests sont en cours sur ce qu’on appelle un banc d’essai, sur la Rive-Sud. « Les gens peuvent aper­ cevoir depuis quelques mois des rames du REM qui circulent entre les stations Du Quartier et Brossard », explique Harout Chitilian, en précisant que ce tronçon qui conduira au centre-ville devrait entrer en service au printemps ou à l’été 2022. Les autres antennes devraient suivre année après année, y compris celle qui doit desservir l’aéroport Montréal-Trudeau. Et c’est sans compter le chantier le plus ambitieux, celui du REM de l’Est, qui se voudra structurant à tous les égards, signale M. Chitilian, et qui sera planifié de manière à réduire les tourments possiblement engendrés par ces travaux de grande envergure.

Michel Leblanc l’espère, lui qui a vu nombre de ses membres affectés à la fois par la pandémie et par les nombreux et incessants chantiers qui entravent la circulation en ville. Il pense même que le réseau peut devenir une carte de visite pour Montréal « pourvu que ce soit bien réalisé », rappelle-t-il, en insistant pour que les travaux soient correctement planifiés : « Nous ne pourrons plus tolérer des bourbiers comme ceux dans lesquels nous avons été plongés par le passé. » Quoi qu’il en soit, Montréal vit une véritable méta­mor­­phose en matière de transport et de circulation urbaine. Ajoutez les pistes cyclables, les rues piétonnières, le renouvellement de la flotte d’autobus avec des véhicules hybrides ou électriques… « Il restera à établir un équilibre entre les différents usages pour qu’on puisse en sortir collectivement gagnants », espère M. Leblanc. Après des années à regarder passer le train, tout indique que Montréal vient enfin de monter à bord de celui de la modernité !

MONTRÉAL ÉCONOMIQUE : : ÉDITION PRINTEMPS 2021

21



REPORTAGE PROMOTIONNEL

Le Parc olympique ACTEUR DU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE DE LA MÉTROPOLE Malgré des débuts difficiles, le Stade olympique est aujourd’hui l’un des symboles de Montréal et vit une véritable renaissance.

C

ela fait bientôt 45 ans que le Stade évolue « avec un vent de face », et son succès est encore méconnu selon Alain Larochelle, vice-président, exploitation et développement commercial : « C’est l’un des équipements postolympiques les plus utilisés au monde ! » Sa tour inclinée, d’une hauteur de 165 mètres, domine Montréal et demeure un attrait touristique incontournable de la métropole ; à son sommet, un observatoire offre une vue à plus de 80 km à la ronde. En plus de son côté symbolique, le Stade accueille nombre d’événements, une fonction qui sera d’autant plus importante dans les prochaines années. « On a un plan pour améliorer l’acoustique, poursuit le viceprésident. On espère bientôt pouvoir accueillir les Beyoncé et Ed Sheeran de ce monde qui pourront se produire devant plus de 50 000 personnes. »

ALAIN LAROCHELLE Vice-président, exploitation et développement commercial

UNE MULTITUDE D’ACTIVITÉS OFFERTES Évidemment, le sport occupe aussi une place importante au Parc olympique. En plus des 200 athlètes qui s’y entraînent quotidiennement, le Centre sportif du Parc détient « la plus grande capa cité de couloirs de nage au Québec pour les adeptes de natation », précise M. Larochelle. Prochainement, ce centre de haute performance souhaite offrir ses services à des passionnés du monde entier. Les sportifs pourront profiter des équipements de dernière génération et avoir accès à des professionnels du sport pour bénéficier d’un encadrement semblable à celui des athlètes de haut niveau. Le Parc olympique est aussi au cœur de la vie de quartier. On y trouve notamment des rochers d’escalade, des équipements pour l’entraînement fonctionnel au sentier Morgan, récemment aménagé, et le planchodrome, destiné aux adeptes de planche à roulettes, tout juste rénové. Une programmation estivale comme hivernale est également prévue sur les aires extérieures. Pour satisfaire davantage aux besoins des Montréalais, la direction souhaite aussi faire du Parc olympique « un campus alimentaire » comportant une variété de points de service et notamment des camions de cuisine de rue. « On veut que les citoyens s’y sentent chez eux », déclare Alain Larochelle. Avec son Stade, son Observatoire, son Esplanade et son Centre sportif, situé dans un quadrilatère récréotouristique incluant les installations d’Espace pour la vie et desservi par deux stations de métro, le Parc olympique offre une multitude d’activités et espère devenir un acteur majeur pour la métropole et pour le développement des quartiers de l’Est. « Ce qu’on a ne se retrouve nulle part ailleurs, conclut M. Larochelle. C’est un modèle quasi inédit dans le monde ! » n MONTRÉAL ÉCONOMIQUE : : ÉDITION PRINTEMPS 2021

23


ENTREVUE

LES MULTIPLES ATOUTS DE MONTRÉAL VONT AIDER À SA RELANCE PAR RENÉ VÉZINA, JOURNALISTE SPÉCIALISÉ EN ÉCONOMIE

La mairesse Valérie Plante mise sur la diversité de la ville pour faciliter son retour en force après le choc de la pandémie.

L

image lui est venue spontanément durant notre entretien alors qu’elle expliquait pourquoi, selon elle, Montréal est en mesure de rebondir même si la COVID-19 lui a fait mal. « Imaginez un fermier qui a un grand champ de blé. Si un parasite s’en empare et massacre son champ, il est fait. Son univers s’écroule. Mais à Montréal, nous ne sommes pas dépendants d’une seule culture, ou d’une seule activité. La ville possède plein d’atouts. La pandémie ne nous a pas dévastés pour toujours. Nous sommes bien placés pour la relance », affirme la mairesse. SURMONTER LES OBSTACLES Il reste que Montréal faisait déjà face à de gros enjeux même avant la pandémie, notamment avec de multiples chantiers tant en surface que dans le sous-sol. Qui a dit que personne n’avait été élu pour avoir inauguré de nouveaux tuyaux d’égouts ? À cet égard, le travail a commencé depuis quelques années. On l’a dit, la ville a souffert d’un déficit d’investissements consacrés aux infrastructures. D’où les travaux urgents pour éviter, par exemple, les brusques affaissements de chaussée en plein centre-ville, sans oublier la volonté de repenser son aménagement pour qu’il soit moins lié à l’omniprésence de l’automobile.

24

MONTRÉAL ÉCONOMIQUE : : ÉDITION PRINTEMPS 2021

VALÉRIE PLANTE Mairesse de Montréal

ARCHIVES JBC MÉDIA PAR DENIS BERNIER


La rue Sainte-Catherine se retrouve aujourd’hui en plein chantier, et d’autres n’y échappent pas, comme la rue Saint-Hubert, sans compter des rues de quartier elles-mêmes encombrées des cônes orange. « Oui, il faut refaire la tuyauterie, et ce n’est pas nécessairement glamour, note Valérie Plante, il fallait intervenir de toute façon. La pandémie a ajouté des problèmes. De là les mesures que nous avons proposées pour amortir le choc. »

Un espace pour se réinventer

Elle cite, par exemple, une baisse de taxes visant les immeubles non résidentiels pour une première tranche de 750 000 $. C’est un début, reconnaît la mairesse. Mais comme l’essentiel des revenus municipaux, au Québec, vient des taxes foncières – environ 70 % –, les villes, dont la sienne, n’ont pas beaucoup de marge de manœuvre. Son administration a imaginé d’autres interventions pour soutenir les secteurs clés de l’économie de Montréal, autant l’industrie manufacturière, toujours active, que tout ce qui a trait à la haute technologie et au milieu bourgeonnant de l’intelligence artificielle. Parallèle­ ment, il faut éviter que les gens déser­ tent la ville. « Il va falloir leur proposer un retour à la normale. Et en passant, contrairement à ce qu’on peut lire ailleurs, le centre-ville est peut-être endormi, mais il est loin d’être mort. Allez voir sur les trottoirs », soutient Mme Plante. Elle entrevoit ce qu’il est convenu d’appeler des « conditions gagnantes ». Il faut d’abord que les gens aient envie de revenir. Comment y arriver ? Pour elle, il faudra qu’ils s’y sentent en sécurité, que la ville soit propre, accueillante, avec des offres uniques, et que les chantiers soient bien gérés. Voilà tout un mandat ! « L’essentiel, c’est de démontrer la plusvalue de vivre en ville, qu’il s’agisse des étudiants, des touristes ou des citoyens, qui y demeurent ou qui viennent sim­ ple­ment la visiter, dit l’élue. Montréal demeure éminemment abordable, à

→ Découvrez nos studios de hautes technologies. Explorez le Palais Média Propulsion

Quand vous serez prêts, nous serons là !

congresmtl.com MONTRÉAL ÉCONOMIQUE : : ÉDITION PRINTEMPS 2021

25


ENTREVUE

tous les points de vue, elle offre une belle qualité de vie qui va profiter de la transition écologique en cours. » UTILISER SES ATOUTS Il convient également d’aider à la revitalisation de l’activité commerciale locale, mise à mal par la pandémie, alors même que le commerce électro­ nique dominé par des géants internationaux était déjà en train de lui enlever des parts de marché. Par le passé, des chantiers mal coordonnés – les Montréalais ont encore sur le cœur l’exemple navrant du boulevard Saint-Laurent – ont engendré beaucoup d’amertume. « Nous avons cependant l’occasion de transformer le problème actuel en opportunité », croit la mairesse, qui espère que les travaux actuels contribueront ultimement à rendre la ville plus attractive.

Mais les soucis ne disparaîtront pas pour autant. L’épineuse question de la fluidité des transports cause toujours des maux de tête. « Nous avons évalué à quatre milliards de dollars les pertes annuelles causées par la congestion routière », souligne Valérie Plante, qui fonde beaucoup d’espoir sur les grands projets en cours, ou annoncés, touchant le transport collectif (voir p. 18). Sous son administration, la ville a beaucoup misé sur ce qu’on appelle le transport actif en multipliant les pistes cyclables, les rues piétonnières et les trottoirs élargis. En même temps, d’autres projets venaient en renfort. La Caisse de dépôt et placement du Québec a lancé le plus important projet de transport urbain depuis la mise en place du métro de Montréal avec le Réseau express métropolitain, qui va faire converger vers le centre-ville ses antennes de la Rive-Sud, du nord-ouest, puis de l’est. Parallèlement, tout est en place pour le prolon­ ge­m ent de la ligne bleue du métro vers l’est de la ville. Les voies réservées pour les autobus se multiplient, au premier chef celles qui leur permettront bientôt de rouler rapidement sur le boulevard Pie-IX. Une bonne nouvelle, car l’offre de transport en commun n’a manifestement pas suivi le développement de la ville. « Imaginez, il n’y a pas eu de nouvelle station du métro de Montréal depuis 25 ans », déplore Valérie Plante. Un quart de siècle… alors que l’accès au centre-ville est devenu toujours plus problématique en raison de la congestion automobile, qu’on cherche à diminuer les émissions de gaz à effet de serre et que le Québec aspire à se présenter comme un modèle du genre.

ARCHIVES JBC MÉDIA PAR DENIS BERNIER

« Montréal demeure une ville éminemment abordable, à tous les points de vue, elle offre une belle qualité de vie qui va profiter de la transition écologique en cours. » – Valérie Plante

26

MONTRÉAL ÉCONOMIQUE : : ÉDITION PRINTEMPS 2021

Cependant, la ville-centre ne peut pas tout faire seule. « Au bout du compte, toute la Communauté métropolitaine de Montréal est en jeu », lance la mairesse, en rappelant que 82 municipalités en font partie. Son mot d’ordre est « solidarité ». Solidarité entre les citoyens, les organismes, les entreprises, les villes… Valérie Plante n’est pas la seule à croire qu’il faut se serrer les coudes pour surmonter ce qui sera un jour décrit comme la première grande crise du 21e siècle : « Je suis de nature plutôt optimiste et j’aimerais rappeler à quel point Montréal est bien outillée pour passer à travers et pour réussir sa relance. Cette ville est résiliente, elle l’a prouvé par le passé et elle va de nouveau le prouver. »


FRICHES INDUSTRIELLES

UN BEL EXEMPLE DE RENAISSANCE DES FRICHES INDUSTRIELLES À MONTRÉAL PAR PIERRE THÉROUX, JOURNALISTE

<

DENIS TREMBLAY

CANADIAN POWER BOAT COMPANY, 4000-4008, RUE SAINT-PATRICK (SUD-OUEST)

Situé le long du canal de Lachine, le site offre une vue imprenable sur la ville et sur le mont Royal. Témoin privilégié de l’industrialisation au pays, s’y trouve un bâtiment ayant abrité la Canadian Power Boat Company qui construisait de petits bateaux rapides pour le compte de la Marine royale canadienne pendant la Seconde Guerre mondiale.

e chantier naval est ensuite devenu une manufacture de jouets, puis des ateliers d’artistes qui en ont été expulsés pour laisser la place à un garage de véhicules municipal. Finalement, tout est devenu désaffecté, comme tant d’autres complexes industriels qui ont perdu leur âme au fil des décennies.

Mais l’édifice patrimonial du 4000, rue Saint-Patrick et cette ancienne friche industrielle de quelque 28 000 m² (300 000 pi2) dans l’arrondissement du Sud-Ouest auront bientôt une nouvelle vocation. La Ville souhaite en effet revitaliser ce site pour y accueillir notamment un nouveau pôle d’entreprises innovantes accompagné de studios d’artisans.

Il s’agit là d’un projet phare pour Montréal. « Le site a un immense potentiel pour y développer un projet mixte lié à la nouvelle économie qui engloberait de l’industriel léger, des commerces, des ateliers d’artistes ainsi que des espaces et des activités communautaires. On ne veut plus y implanter de l’industriel lourd de type usines à boucane », précise Benoit Dorais, maire de l’arrondissement du Sud-Ouest et président du comité exécutif de la Ville de Montréal.

BENOIT DORAIS Maire de l’arrondissement du Sud-Ouest et président du comité exécutif Ville de Montréal

MONTRÉAL ÉCONOMIQUE : : ÉDITION PRINTEMPS 2021

27


FRICHES INDUSTRIELLES

UNE NOUVELLE IMPULSION ÉCONOMIQUE Le lieu a fait l’objet d’un appel à projets dans le cadre du réseau mondial Reinventing Cities. Montréal participe à cette initiative qui regroupe des villes engagées dans la mise en place de programmes visant à réduire les gaz à effet de serre et les risques climatiques. En janvier dernier, la Ville a retenu quatre équipes finalistes qui présenteront leur projet de revitalisation en septembre prochain. Le bâtiment principal devrait être réhabilité afin de garder cet héritage patrimonial, tandis que les deux bâtiments secondaires et les deux dépendances qui se trouvent également sur ce vaste terrain seront à déconstruire. La revitalisation de ce site « va contribuer à revigorer un secteur de la ville qui a besoin d’une nouvelle impulsion et d’une vocation économique », souligne Benoit Dorais. Il cite en exemple le nouvel élan donné au quartier voisin de Griffintown, qui longe également le canal de Lachine et qui était quasi déserté avant sa transformation en Quartier de l’innovation. La renaissance de ces différents quartiers s’inscrit dans la foulée d’autres initiatives qui ont cours à Montréal afin de revivifier d’anciennes friches industrielles. « La requalification urbaine s’impose. Dans l’évolution d’une ville, il faut que ces sites abandonnés fassent place à une meilleure cohabitation entre l’activité économique et la vie urbaine. On doit permettre aux familles qui veulent rester à Montréal, ou venir s’y installer, d’habiter dans des quartiers où les gens pourront même travailler. Ou, du moins, profiter du transport collectif pour pouvoir se déplacer », fait valoir Éric Alan Caldwell, responsable de l’urbanisme et de la mobilité au sein du comité exécutif de la Ville de Montréal.

ÉRIC ALAN CALDWELL Responsable de l’urbanisme et de la mobilité au sein du comité exécutif Ville de Montréal

LE QUARTIER LACHINE-EST AU CŒUR DU MOUVEMENT Le secteur Lachine-Est, non loin du 4000, rue Saint-Patrick, regroupe également des zones industrielles en déclin le long du canal de Lachine. C’est le site où le fabricant de superstructures de ponts et d’édifices en fer et en acier Dominion Bridge et d’autres vestiges industriels, comme le fabricant de câbles en acier Dominion Wire Rope, se sont installés à partir des années 1860 pour y former un imposant complexe industriel aujourd’hui abandonné. Se sont ainsi libérés quelque 100 hectares (plus d’un million de mètres carrés) eux aussi voués à une reconversion. Encore là, la Ville souhaite y voir une mixité d’usages économiques et sociaux avec, si possible, l’implantation d’industries locales, de commerces ou de services de proximité complémentaires à l’offre existante dans la rue Notre-Dame avoisinante. Elle veut aussi transformer cette immense friche industrielle en un « écoquartier destiné aux familles avec la construction de logements, d’écoles, de garderies et l’aménagement d’espaces verts », indique Éric Alan Caldwell en ajoutant que cette démarche de revitalisation actuellement en cours résulte d’une concertation avec la communauté du quartier.

<

LE QUARTIER LACHINE-EST

28

MONTRÉAL ÉCONOMIQUE : : ÉDITION PRINTEMPS 2021


Pour en ajouter, l’actuel projet de redéveloppement de l’ancienne gare de triage d’Outremont, construite en 1891, vise aussi à dynamiser une vaste friche industrielle de 38 hectares située à la jonction de quatre arrondissements et de Mont-Royal. Ce nouveau quartier du savoir, baptisé MIL Montréal, prend aujourd’hui forme autour du Complexe des sciences de l’Université de Montréal et regroupera à terme plus de 1 000 logements.

L’installation d’une serre d’une superficie de 550 m2 (5 900 pi2), vouée à la production de fruits et légumes qui pourrait également se faire en plein champ, devrait contribuer à atténuer le désert alimentaire de ce secteur qui se limite à quelques dépanneurs et établissements de restauration à proximité du Collège Ahuntsic. Les résidents auraient ainsi droit à de meilleurs services pour bien se nourrir. TECHNOPÔLE ANGUS, UN PROJET QUI A FAIT ÉCOLE Les projets de revitalisation apparaissent nombreux à Montréal, mais ils ont de quoi s’inspirer. Il y a près de 25 ans, le lancement du projet de reconver­sion des anciennes Shops Angus allait faire école en matière de revitalisation d’un quartier industriel

SECTEUR LOUVAIN EST, DANS L’ARRONDISSEMENT AHUNTSIC-CARTIERVILLE

<

UN PÔLE ALIMENTAIRE Il en va de même du projet de mise en valeur du secteur Louvain Est, dans l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville. Ce site de près de huit hectares (l’équivalent de huit terrains de football) bordé par l’avenue Christophe-Colomb, la rue de Louvain Est, la rue Saint-Hubert et par l’emprise ferroviaire du Canadien National et une ligne à haute tension d’Hydro-Québec, se trouve sur l’ancien domaine des Sulpiciens. La Ville veut y transformer le site de son ancienne fourrière municipale, en friche depuis l’arrêt de ses activités en 2008, en un écoquartier comprenant de 800 à 1 000 logements et des com­merces de proximité. Elle y projette aussi l’amé­nagement d’un pôle alimentaire. « L’agriculture urbaine occupera une place importante dans ce projet visant à redynamiser le secteur », précise Éric Alan Caldwell.

<

« D’autres chantiers de reconversion devraient aller de l’avant au cours des prochaines années afin de réparer les cicatrices urbaines et de revitaliser ces quartiers », affirme Éric Alan Caldwell qui donne en exemple le site de l’ancien hippodrome de Montréal. Il y a également les alentours de la station de métro L’Assomption ou encore le secteur du Plateau Est situé entre l’avenue Papineau, la rue Sherbrooke et la voie ferrée du Canadien Pacifique.

TECHNOPÔLE ANGUS

SOCIÉTÉ DE DÉVELOPPEMENT ANGUS

qui a connu ses heures de gloire. Le Canadien Pacifique avait abandonné ces immenses ateliers qui servaient à fabriquer ou à rénover du matériel ferroviaire. Aujourd’hui, le Technopôle Angus accueille des dizaines d’entreprises et de commerces de proximité dans un quartier qui est également devenu un milieu de vie pour des milliers de résidents. « Il y a eu de l’audace dans le réaménagement de ce secteur à l’abandon. C’est un beau laboratoire qui démontre la capacité d’une ville à se renouveler », constate Éric Alan Caldwell. Voilà un défi que Montréal, comme bien des métropoles, travaille à relever.

MONTRÉAL ÉCONOMIQUE : : ÉDITION PRINTEMPS 2021

29


ÉCONOMIE CIRCULAIRE

L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE, OU LA BONNE FAÇON DE TOURNER EN ROND PAR PIERRE THÉROUX, JOURNALISTE

Tout a commencé par un simple appel téléphonique

LOOP

M

algré ses efforts pour réduire le gaspillage, l’important importateur et distributeur de fruits et légumes Courchesne Larose devait envoyer dans les sites d’enfouissement, tous les jours, pas moins de 16 tonnes de produits à l’apparence moins standard. À la recherche de solutions pour réduire ces pertes et les coûts élevés liés à l’enfouissement, il en a parlé à David Côté, fondateur du restaurant végétarien Crudessence et de l’entreprise Rise Kombucha. Ainsi est née Loop, une entreprise qui se spécialise depuis 2016 dans la production de jus pressés à froid à partir de fruits et légumes déclassés par l’industrie alimentaire. « Il y a cinq ans, on parlait peu d’économie circulaire. Maintenant, c’est sur toutes les lèvres et ce n’est qu’un début », affirme David Côté, cofondateur de Loop. En gros, l’économie circulaire vise à mieux utiliser les biens ou les services à toutes les étapes de leur cycle de vie, en insistant sur leur réutilisation. Elle va ainsi à l’encontre du modèle actuel, linéaire : traditionnellement, on extrait, on produit, on distribue, on consomme… puis l’on jette.

30

MONTRÉAL ÉCONOMIQUE : : ÉDITION PRINTEMPS 2021

LOOP

DAVID CÔTÉ Fondateur Crudessence et Rise Kombucha Cofondateur Loop


Mais il y a encore loin de la coupe aux lèvres. Même si Montréal se positionne avantageusement par rapport à d’autres grandes villes canadiennes ou nord-américaines, elle accuse un retard derrière les villes européennes, qui figurent comme les chefs de file en la matière, indique le Conseil jeunesse de Montréal dans son Avis sur l’économie circulaire présenté à l’automne 2019. Il y a un an, par exemple, la ville d’Amsterdam adoptait un ambitieux plan d’action visant à avoir une économie complètement circulaire d’ici 2050. La Métropole du Grand Paris en a fait un axe prioritaire de son action en matière de développement économique, l’adjointe à la mairesse de Paris étant responsable de toutes les questions relatives à l’économie sociale et circulaire. UNE MULTIPLICATION DE PROJETS N’empêche : les initiatives de développement de l’économie circulaire en sol montréalais se multiplient, constate Melissa Stoia, directrice, développement durable et économie circulaire à PME MTL Est-de-l’Île. « On voit de plus en plus de jeunes pousses qui démarrent en adoptant les principes de l’économie circulaire comme modèle d’affaires. Il y a aussi un plus grand engouement de la part des entreprises existantes. On commence à atteindre une masse critique qui favorise un déploiement à plus grande échelle », observe la directrice, qui est aussi coordonnatrice de l’initiative Synergie Montréal, lancée en 2016 pour faciliter les symbioses entre entreprises afin de propulser davantage cette nouvelle économie.

PME MTL EST-DE-L’ILE

MELISSA STOIA Directrice, développement durable et économie circulaire PME MTL Est-de-l’Île

La bibliothèque d’outils La Remise, dans le quartier Villeray, et l’entreprise informatique de réparation Insertech, dans Rosemont, figurent parmi les quelque 300 initiatives d’économie circulaire recensées à Montréal, comme l’organisme à but non lucratif Solon qui propose un programme de partage de véhicules entre les résidents de certains secteurs de l’arrondissement Rosemont– La-Petite-Patrie. Les deux tiers de ces projets sont portés principalement par des entre­ prises d’économie sociale, des organismes à but non lucratif et des coopératives (41 %), des organisations municipales (19 %) ou encore par des initiatives citoyennes, collectives et institutionnelles (5 %). Le tiers (35 %) seulement est le fait d’autres entreprises, industries et commerces, comme la chaîne de restaurants Les 3 Brasseurs qui offre sa levure usée à Tricycle, une entreprise spécia­lisée en élevage de grillons qui l’utilise pour nourrir ses insectes ! LE RÔLE ACCRU DES ENTREPRISES Or, les « entreprises doivent jouer un plus grand rôle dans la trans­ formation d’une économie linéaire vers une économie circulaire. C’est là que l’impact sera plus grand », fait valoir Daniel Normandin, directeur du Centre d’études et de recherche intersectorielles en économie circulaire (CERIEC), lancé l’automne dernier à l’École de technologie supérieure (ÉTS). Ce nouveau centre entend poursuivre le travail de l’Institut EDDEC, affilié à l’Université de Montréal et également dirigé par Daniel Normandin, qui avait fermé ses portes l’an dernier après environ cinq ans d’existence.

CERIEC

DANIEL NORMANDIN Directeur Centre d’études et de recherche intersectorielles en économie circulaire (CERIEC)

MONTRÉAL ÉCONOMIQUE : : ÉDITION PRINTEMPS 2021

31


ÉCONOMIE CIRCULAIRE

Le CERIEC, grâce à un don de deux millions de dollars du Mouvement Desjardins, entend notamment mettre sur pied un écosystème de huit laboratoires d’accélération en économie circulaire. Le premier Living Lab sera consacré à gérer des résidus de construction, de rénovation et de démolition, un enjeu récurrent pour les municipalités. « Dans toutes les grandes villes, c’est le secteur de la construction qui consomme le plus de ressources, et c’est un important générateur de déchets », souligne Daniel Normandin, en ajoutant que le CERIEC s’intéressera également aux industries de l’agroalimentaire et de l’électronique. « L’objectif est de rallier les acteurs de ces industries pour repérer les freins à la circularité de certains produits et trouver des solutions ensemble », précise-t-il. Les grandes villes sont d’ailleurs aux premières loges de la transition vers une économie circulaire. Elles regroupent aujourd’hui plus de la moitié de la population mondiale, consomment environ 75 % des ressources naturelles et génèrent de 60 à 80 % des émissions de gaz à effet de serre. Le passage est urgent. « C’est dans les villes, avec leur très forte densification de population et d’industries, que les problèmes comme les solutions s’imposent. Car si nous ne changeons pas notre modèle actuel de développement économique, nous fonçons droit dans le mur », indique Daniel Normandin. UN FONDS DE 30 MILLIONS DE DOLLARS À cet égard, M. Normandin se réjouit du lancement en mars du Fonds économie circulaire par Fondaction, ses partenaires RECYC-QUÉBEC et la Ville de Montréal, « ce qui aidera les entreprises à prendre le virage vers une économie plus circulaire », dit-il. Ce nouveau fonds d’investissement de 30 M$, le premier du genre au Canada, cible principalement les secteurs de l’agroalimentaire, du recyclage et de la valorisation des ressources ainsi que de l’écoconstruction.

LOOP

JULIE POITRAS-SAULNIER Cofondatrice et présidente Loop

Le CERIEC et l’ÉTS misent également sur une plus grande inclusion de l’économie circulaire dans la formation des ingénieurs et des gestionnaires qui, lorsqu’ils intégre­ ront le marché du travail ou se lanceront en affaires, pourront mettre de l’avant de telles stratégies. D’ailleurs, le changement de garde générationnel se fait déjà sentir, note Melissa Stoia : « Les jeunes ont l’intention de travailler pour des organisations qui ont ou qui auront un impact sur l’environnement. » Entre-temps, Loop multiplie les interventions. Outre ses jus pressés à froid, la jeune entreprise s’est lancée dans la fabrication de bières fruitées à base de pain récupéré en boulangerie, ainsi que dans la fabrication de gin avec les retailles des pommes de terre utilisées par le fabricant de croustilles Yum Yum. « On reçoit toutes les semaines des appels d’entreprises qui souhaitent trouver des solutions pour valoriser leurs surplus ou les produits qu’ils rejettent », souligne Julie Poitras-Saulnier, cofondatrice et présidente de Loop, qui travaille notamment au développement d’une ligne de cosmétique à partir du marc de café rejeté. À n’en pas douter, l’expression « Rien ne se perd, rien ne se crée : tout se transforme », lancée par le chimiste français Lavoisier à la fin des années 1700, prend aujourd’hui tout son sens.

ISTOCK PAR DVOEVNORE

32

MONTRÉAL ÉCONOMIQUE : : ÉDITION PRINTEMPS 2021


REPORTAGE PROMOTIONNEL

Société de transport de Montréal

ACTEUR DE LA RELANCE ÉCONOMIQUE Dotée d’un plan d’investissement de 18 G$ au cours des 10 prochaines années, la Société de transport de Montréal (STM) est résolument engagée à participer à la relance économique de la métropole et de tout le Québec.

E

n raison de la pandémie, la STM a subi une chute impor­ tante de son achalandage. « On déplace actuellement environ 450 000 personnes par jour comparativement à 1,5 million de déplacements quotidiens avant la COVID­19 », souligne Luc Tremblay, directeur général de la société de transport. Celle-ci n’a pas pour autant mis un frein à ses projets d’investissements. « On est l’un des plus gros donneurs d’ouvrage de la métropole », rappelle Luc Tremblay. Avec plus de 11 000 employés, la STM est la 13e entreprise en impor­ tance au Québec. Son budget annuel s’élève à 3 G$, dont la moitié concerne ses projets d’infrastructures. Confrontée à des installations vieillissantes, elle a lancé il y a quelques années un vaste projet de rénovation de ses infrastructures bus et de ses stations de métro, qui devrait se poursuivre jusqu’en 2025. « Nous avons une centaine de chantiers de construction en cours, explique Luc Tremblay. Nous poursuivons également notre programme Accessibilité qui prévoit à terme l’installation d’ascenseurs dans nos 68 stations du métro. Actuellement, près d’une vingtaine de stations en sont équipées, et il y a en aura bientôt une quinzaine de plus. »

Par ailleurs, la STM a remplacé les trains MR-63 par les trains Azur de Bombardier-Alstom, un projet colossal qui a nécessité un investissement de plus de 2 G$. Elle a entrepris une seconde phase d’acquisition de 17 autres trains. « On a déjà reçu une soixantaine de nouveaux trains, et environ 10 restent à venir en 2021 », précise M. Tremblay.

LUC TREMBLAY Directeur général Société de transport de Montréal

UN PARC ÉLECTRIQUE Depuis trois ans, la STM a augmenté son parc de véhicules de 15 % avec l’ajout de quelque 300 autobus hybrides. La Société prend aussi le virage de l’électrification des transports. « D’ici 2025, nous n’achèterons plus que des autobus électriques, explique le directeur général. Cela nous oblige à adapter nos centres de transport pour y installer des stations de recharge. Nous devons égale ment en construire deux nouveaux. » Sept bus électriques à recharge rapide circulent actuellement dans les rues de Montréal, et des essais sont en cours avec des bus électriques à recharge lente. « La ligne 36 – Monk, qui relie le centre­ville au terminus Angrignon, a été la première ligne complètement électrifiée en Amérique du Nord. Pour y parvenir, nous avons dû valider plusieurs éléments, notamment tester la capacité des batteries sur de longs parcours. On sait maintenant que la technologie est fiable même en hiver », confirme Luc Tremblay. UNE EXPERTISE RECONNUE La STM mène également un autre projet majeur et structurant : le prolongement de la ligne bleue du métro qui prévoit l’ajout de cinq nouvelles stations pour desservir l’est de Montréal. Un investissement de plusieurs milliards de dollars qui s’inscrit dans le Plan stratégique de développement du transport collectif. La STM est responsable de la construction. « C’est une première pour la Société, explique Luc Tremblay. Dans toute l’histoire du métro, on n’a jamais eu la responsabilité de le construire. On est très fier parce que cela veut dire que l’on reconnaît notre expertise. » Avec tous ces chantiers, la STM génère beaucoup d’emplois dans la région de Montréal et même ailleurs au Québec. Alors que la sortie de crise sanitaire pointe à l’horizon, elle n’attend plus que de retrouver son achalandage d’avant la pandémie. « Quand l’activité reprendra, on sera en mesure de participer à la relance de la métropole », assure Luc Tremblay. n MONTRÉAL ÉCONOMIQUE : : ÉDITION PRINTEMPS 2021

33


AGROALIMENTAIRE

MONTRÉAL, PRODUCTEUR MARAÎCHER ET VIGNERON ! PAR PIERRE THÉROUX, JOURNALISTE

La récolte s’est révélée particulièrement bonne l’été dernier : un peu plus de 2,5 tonnes de tomates, aubergines, poivrons, piments, haricots, cour­gettes, laitues, bok choy, choux-raves, radis, concombres, pois, carottes et fenouil ont été cueillies… sur le toit du Palais des congrès, en plein centre-ville !

C

ette production, qui s’étend sur une petite superficie de moins de 660 m2 (environ 6 500 pi2), montre que le développement de l’agriculture urbaine à Montréal va bon train. Si la ville a une longue tradition en matière de jardins communautaires, l’agriculture urbaine n’est plus seulement un simple loisir et elle s’inscrit aujourd’hui dans une démarche plus commerciale.

Depuis, la firme a construit trois autres serres encore plus grandes, dont celle de l’arrondissement Saint-Laurent inaugurée à l’été 2020 et qui totalise 15 236 m2 (164 000 pi2), soit l’équivalent de trois terrains de football. C’est aussi dans cet arrondissement montréalais que se trouve le plus grand potager biologique sur un toit de supermarché au pays. Un marché d’alimentation IGA,

D’autant, comme l’ont démontré la pandémie et son confi­ nement, qu’elle s’avère « un élément clé pour rapprocher les lieux de production et de consommation et assurer une plus grande sécurité alimentaire locale », fait valoir Jean-Philippe Vermette, cofondateur et directeur inter­ vention et politiques publiques du Laboratoire agriculture urbaine qui supervise l’exploitation de la ferme expéri­ mentale du Palais des congrès. La majeure partie de la récolte a été livrée au Carrefour alimentaire Centre-Sud, un organisme qui soutient « le développement d’un système alimentaire local, écologique et solidaire », selon son site Internet. Les produits ont ensuite été vendus au Marché solidaire Frontenac. DES PRODUITS FRAIS DIRECTEMENT… DU TOIT Montréal est l’une des métropoles où l’agriculture urbaine serait la plus pratiquée, grâce notamment aux Fermes Lufa qui ont fait la preuve depuis 10 ans que cette forme d’agriculture est viable et qui lui ont donné une impulsion. En 2011, le jeune entrepreneur montréalais Mohamed Hage, alors âgé de 30 ans, fondait Lufa et implantait la toute première serre commerciale sur toit au monde, d’une superficie de près de 2 880 m2 (31 000 pi2) dans le secteur District central de l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville.

34

MONTRÉAL ÉCONOMIQUE : : ÉDITION PRINTEMPS 2021

LABORATOIRE AGRICULTURE URBAINE

JEAN-PHILIPPE VERMETTE Cofondateur et directeur intervention et politiques publiques Laboratoire agriculture urbaine


ouvert en 2017, offre en effet dans ses étals des légumes certifiés Ecocert qui poussent sur son toit vert de 2 323 m2 (25 000 pi2). À plus petite échelle, des restaurateurs montréalais ont aussi leur propre production maraîchère, comme Toqué qui a aménagé son potager sur le toit de l’édifice de la Caisse de dépôt et placement du Québec. De même, « il y a de plus en plus de propriétaires et de gestionnaires d’immeubles qui décident de verdir leurs toits avec un potager », constate Jean-Philippe Vermette ; celui-ci estime que ce sont de nombreux immeubles des parcs industriels dispersés sur le territoire montréalais qui offrent le plus grand potentiel de développement de cultures sur les toits. <

UN COMPLEXE DE SERRES Le Laboratoire sur l’agriculture urbaine mènera sous peu une étude, en collaboration avec l’Institut de recher­che en biologie végétale, visant l’implantation d’un complexe de serres dans l’arrondissement montréalais de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles, qui fut le premier à se doter d’une politique d’agriculture urbaine. Ce projet permettra non seulement de contribuer à la revitalisation de l’est de Montréal, mais aussi d’accroître la sécurité alimentaire de la population de la région métropolitaine. La Ville a d’ailleurs annoncé, en réponse aux impacts de la pandémie, que l’agriculture urbaine constituait l’un des secteurs stratégiques pour relancer son économie.

TOIT DE LA CENTRALE AGRICOLE

reliera d’ici 10 ans le parc-nature du Bois-de-Saraguay et le parc Angrignon. Ce corridor sera implanté en partie sous des lignes électriques d’Hydro-Québec qui traversent plusieurs arrondissements de l’ouest de Montréal. D’autres corridors verts doivent également voir le jour ces prochaines années, en collaboration notamment avec le Canadien National et la firme Lafarge qui se sont engagés à planter des milliers d’arbres sur leurs emprises. Ces corridors verts « permettent de revitaliser des quartiers tout en offrant une protection contre le bruit, la poussière et les odeurs », indique Malin Anagrius, directrice générale de la Société de verdissement du Montréal métropolitain (Soverdi), un organisme qui œuvre à verdir la ville principalement grâce à la plantation d’arbres.

Montréal compterait environ 40 entreprises agricoles urbaines. Une dizaine d’entre elles sont installées à la Centrale Agricole, située dans les locaux d’un bâtiment industriel près du Marché central dans l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville. On y trouve entre autres des éleveurs d’insectes comestibles ainsi que des produc­ teurs maraîchers et de champignons. Depuis l’été dernier, le toit de la Centrale Agricole accueille même le plus récent vignoble à s’implanter à Montréal, et le plus grand sur un toit au monde ! Cet ajout de 200 pieds de vigne s’additionne aux 345 pieds déjà cultivés sur les toits du Palais des congrès de Montréal (2017), de l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (2018), d’Ubisoft Montréal (2019) ainsi qu’à un vignoble au sol au Campus SAQ (2018) dans l’arrondissement Mercier–Hochelaga-Maisonneuve. Ces vignobles urbains ont jusqu’à présent produit une centaine de bouteilles, et ce n’est qu’un début. DES CORRIDORS VERTS Le verdissement de Montréal ne passe pas uniquement par le développement d’une agriculture urbaine. En décembre dernier, Hydro-Québec et la Ville de Montréal annonçaient la création d’un corridor vert de 27 km qui

SOVERDI

MALIN ANAGRIUS Directrice générale Société de verdissement du Montréal métropolitain (Soverdi) MONTRÉAL ÉCONOMIQUE : : ÉDITION PRINTEMPS 2021

35


AGROALIMENTAIRE

REQ

AMÉNAGEMENT CÔTÉ JARDIN

EVE LORTIE-FOURNIER Directrice adjointe REQ

PIERRE DAGENAIS Cofondateur et pdg Aménagement Côté Jardin

Soverdi travaille au projet de plantation de 300 000 arbres sur l’île de Montréal entre 2015 et 2025, dont 180 000 sur des sites d’entreprises et d’établissements. Les citoyens sont aussi mis à contribution puisque Soverdi et le Regroupement des éco-quartiers (REQ) invitent chaque printemps les Montréalais à planter des arbres sur leurs terrains. Le programme Un arbre pour mon quartier leur permet de s’en procurer à très bas prix. Les citoyens ont ainsi planté eux-mêmes plus de 17 000 arbres depuis 2013, dont près de 4 400 l’an dernier. « Il y a un engouement croissant chaque année, et nous devrions surpasser ce nombre cette année », souligne Eve Lortie-Fournier, directrice adjointe du REQ.

DES RUELLES PLUS VERTES Les nombreuses ruelles de la ville, si caractéristiques de l’urbanisme et de certains quartiers montréalais, sont un autre exemple de verdissement croissant de Montréal. On y compte en effet plus de 450 ruelles « vertes » qui ont été aménagées à l’initiative de résidents, dont certains ont reçu l’appui financier du REQ. Le paysage urbain de Montréal a donc changé ces dernières années, laissant davantage de place à l’aménagement d’une ville, de quartiers et d’édifices plus verts, note d’ailleurs Pierre Dagenais, cofondateur et pdg de la firme Aménagement Côté Jardin. « Il y a de plus en plus d’intérêt et d’efforts de la part de la Ville et des promo­ teurs immobiliers pour créer des milieux de vie plus intégrés avec la nature », constate-t-il. Cette entreprise montréalaise spécialisée dans l’amé­ nage­ment paysager a elle-même mis son empreinte sur plusieurs projets d’envergure ces dernières années, comme le parc Frédéric-Back, situé dans l’ancienne carrière Miron de l’arrondissement Saint-Michel qui avait ensuite été convertie en site d’enfouissement. L’entreprise est aussi impliquée dans le projet de réamé­n agement du square Viger et a transformé le square Cabot, un parc centenaire situé dans l’ouest de Montréal devant l’ancien Forum de Montréal, en une mini forêt urbaine. Voilà autant de projets qui favorisent « l’émergence de nouveaux milieux de vie pour les citoyens d’un quartier », se réjouit Pierre Dagenais.

<

SQUARE CABOT 36

MONTRÉAL ÉCONOMIQUE : : ÉDITION PRINTEMPS 2021


DOSSIER SPÉCIAL DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE

REPORTAGE PROMOTIONNEL

ISTOCK PAR BUZBUZZER

VILLE RÉSILIENTE, VERTE ET INCLUSIVE PROPOS RECUEILLIS PAR NATHALIE SAVARIA

Depuis le début de la crise, plus de 260 M$ ont été injectés pour le soutien aux entreprises et pour la relance de la métropole, dont 60 M$ dans son Plan de relance 2021, Agir maintenant pour préparer la relance.

’ C

MONTRÉAL A UN GRAND DESSEIN : TRANSFORMER SON ÉCONOMIE est ce qu’on trouve dans la vision stratégique, Montréal 2030, qui guide ses orientations pour les prochaines années et, en même temps, qui veut l’aider à faire face à la crise sanitaire. Elle repose sur trois éléments : la résilience économique, la transition écologique et l’inclusion sociale. « L’économie sociale répond à ces trois enjeux et Montréal y consacre une partie importante de son budget. Il n’y a aucune ville au monde qui fait ça. C’est un position­nement fort », déclare Luc Rabouin, maire de l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal, membre du comité exécutif et responsable du dévelop­pement économique et commercial et du design. Il y croit fermement. L’économie sociale « n’est pas un secteur de l’économie, mais une façon d’entrepren­ dre », précise-t-il. Son but premier est de maximiser les retombées sociales avant la rentabilité financière. « Les inégalités ont été exacerbées durant la crise sanitaire. Accroître la place de l’économie sociale apporte une réponse structurelle à cet enjeu. Pour

LUC RABOUIN Maire de l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal, membre du comité exécutif et responsable du développement économique et commercial et du design Ville de Montréal MONTRÉAL ÉCONOMIQUE : : ÉDITION PRINTEMPS 2021

37


DOSSIER SPÉCIAL DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE

« Très prochainement, nous allons lancer un appel à projets au milieu de l’économie sociale pour proposer une solution, viable à long terme et à coûts abordables, de commandes en ligne et de livraison pour les restaurateurs. » – Luc Rabouin

avoir une relance inclusive, l’économie sociale, de par sa forme juridique collective, entraîne un meilleur partage de la richesse. Nous le savons tous, pour conserver la qualité de vie et la sécurité dans une ville, il faut collectivement s’assurer que notre modèle est le plus inclusif possible », poursuit Luc Rabouin. Mais encore faut-il que la dynamique de la ville s’appuie sur des actions à court terme pour faire face à la crise sanitaire : au-delà de l’inclusion sociale, la résilience économique importe, tout comme la transition écologique. FAIRE L’ÉCONOMIE AUTREMENT À Montréal, l’économie sociale représente près de 2 800 entreprises, 67 000 emplois et génère des revenus annuels de 11,7 G$. Beaucoup de ces emplois sont occupés par des femmes et des gens issus de la diversité. Les entreprises d’économie sociale sont présentes dans divers secteurs d’activité économique. L’éco­ nomie sociale intéresse de plus en plus de jeunes entrepreneurs « qui ont des préoccupations sociales et environnementales fortes et qui sont à la recher­che de modèles collectifs d’entreprendre », affirme Luc Rabouin. Il cite en exemple PIVOT, la toute

première coopérative d’architecture fondée en 2017, ainsi que L’UTILE, un organisme à but non lucratif créé par des étudiants qui se consacre à la promotion et au développement du logement coopératif étudiant à Montréal et au Québec. Selon Luc Rabouin, « avant la crise, Montréal se trouvait en plein essor économique. Tous les indicateurs étaient au vert. Cependant, l’année dernière, un rapport important de la Fondation du Grand Montréal soulignait que les retombées de cette économie florissante n’étaient pas les mêmes pour tout le monde. Depuis le début de la pandémie et dans toutes les réflexions, on veut s’assurer que la relance est verte et inclusive. On a une occasion d’ajuster nos orientations pour être sûrs que le maximum de personnes profite de l’essor économique de Montréal, tout en faisant face au défi des changements clima­ tiques. Et l’économie sociale peut grandement aider à relever ces deux défis. » C’est d’ailleurs en faisant appel à l’économie sociale que la Ville de Montréal a choisi de venir en aide au secteur de la restauration durement éprouvé par la crise sanitaire, notamment pour freiner l’appétit des plateformes numériques appartenant à des multinationales. Si le gouvernement du Québec a adopté une loi pour limiter les taux de commission élevés durant la pandémie, la Ville a décidé d’agir pour mettre en place une solution pérenne. « Très prochainement, nous allons lancer un appel à projets au milieu de l’économie sociale pour proposer une solution, viable à long terme et à coûts abordables, de commandes en ligne et de livraison pour les restaurateurs. Ce que nous voulons, c’est une solution de type consortium. Nous allons inviter les gens à se regrouper pour développer une proposition. Si elle nous apparaît solide, nous allons la financer », conclut M. Rabouin. Les initiatives en économie sociale ne représentent qu’une partie de l’ensemble des mesures que la Ville déploie pour appuyer l’économie de la métropole à court terme et pour préparer une relance verte et inclusive.

ISTOCK PAR FXQUADRO

38

MONTRÉAL ÉCONOMIQUE : : ÉDITION PRINTEMPS 2021


LE CENTRE-VILLE : UN LEADERSHIP FORT DE LA VILLE Le centre-ville est le secteur géographique le plus touché par la crise sanitaire, étant donné qu’il concentre 14,4 % des emplois de la région métropolitaine de recense­ ment (RMR) de Montréal. Dans son plan de relance 2021, Montréal y consacre 10 M$, auxquels s’ajoute une contri­bu­tion de 15 M$ octroyée par le gouvernement du Québec. Pour M. Rabouin, les dommages subis au centre-ville sont à la fois conjoncturels et structurels. Les premiers, comme la baisse du taux d’occupation hôtelière, sont appelés à se résorber après la pandémie, alors que les seconds, comme le télétravail, vont modifier profondé­ ment le devenir du centre-ville. Selon Véronique Doucet, la directrice du Service du développement économique de la Ville de Montréal, une grande part des 300 000 employés du centre-ville n’ont pas réintégré leurs bureaux. Vraisemblablement, le télétravail demeurera, du moins en formule hybride. Ainsi, les immeubles de bureaux, tout comme le centreville, devront se transformer en conséquence afin d’offrir une expérience attrayante aux travailleurs. Dans son plan, la Ville a prévu une aide financière pour la transformation des espaces de travail dans les tours de bureaux, ainsi que pour inciter les petites entreprises qui voudraient s’y installer. L’aménagement urbain est aussi au cœur des réflexions de la Ville, dont des espaces de travail extérieurs, qu’on souhaiterait créer cet été.

JBC MÉDIA PAR DENIS BERNIER

VÉRONIQUE DOUCET Directrice, Service du développement économique Ville de Montréal

En parallèle, la Ville a mis en place un comité avec ses partenaires afin de faciliter le retour au centre-ville des travailleurs et des étudiants, une fois que les conditions sanitaires le permettront. « Ce n’est pas seulement une question d’aménagement, mais aussi de perceptions, mentionne Mme Doucet. Il faut redonner un sentiment de sécurité aux gens qui travaillent dans les grandes tours de bureaux. » Des protocoles seront aussi instaurés pour les cégeps et les universités, puisque les cours en présentiel devraient reprendre cet automne.

LA VILLE Y TRAVAILLE. L’HEURE EST DÉSORMAIS À LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE M. Rabouin cite en exemple le bassin de manufacturiers montréalais, moteur important au Québec. « On doit s’assu­rer que nos entreprises manufacturières poursuivent la planification innovante et créative de leurs activités, en mettant l’accent sur la réduction à la source et une réutilisation des matières dont les déchets, par exemple, qui deviennent la matière première d’une autre entreprise. »

La résilience du centre-ville est donc capitale. « La pandé­mie nous a bien démontré que ce n’est pas qu’un lieu physique, mais un secteur économique en soi, qui contribue à l’ensemble de l’économie du Québec et à son rayonnement international. Nos instances reconnaissent l’importance que joue le centre-ville dans l’économie de Montréal, du Québec et du Canada. Nous travaillons tous ensemble pour l’appuyer », déclare Luc Rabouin, qui espère pour le mieux.

La transition écologique est aussi nécessaire pour la Ville elle-même, « parce que la ville a également besoin de développer davantage d’entreprises en technologie propre, de faire émerger de nouvelles technologies, de réduire ses matières résiduelles et de régler des problèmes liés aux plastiques à usage unique et aux produits fabriqués avec des matières non recyclables ». Et pour y arriver, Montréal table, entre autres, sur l’économie circulaire (voir p. 30).

MONTRÉAL ÉCONOMIQUE : : ÉDITION PRINTEMPS 2021

39


DOSSIER SPÉCIAL DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE

Cette nouvelle façon de développer nécessite un accompagnement et un soutien financier auprès des entreprises qui doivent parfois modifier leur cadre bâti, leur modèle d’affaires, leurs technologies et former leur main-d’œuvre. Luc Rabouin en est bien conscient. L’INCLUSION, UN IMPÉRATIF POUR L’ÉCONOMIE DE DEMAIN Ces transformations ont évidemment une incidence sur la main-d’œuvre. « Le talent est la clé pour le dévelop­ pement de l’économie de la métropole. Nous devons nous assurer d’avoir suffisamment de main-d’œuvre pour combler nos besoins présents et futurs. Il nous faut également accompagner les travailleurs plus vulnérables qui en ont besoin dans un processus de requalification. Nous devons ainsi leur offrir des occasions de dévelop­ pement et des formations qui leur permettent de se renouveler dans d’autres secteurs d’activité. La Ville travaille avec les acteurs pour comprendre les besoins futurs en compétences afin de fournir les outils et l’accompagnement nécessaires pour opérer graduelle­ ment cette transformation », dit Véronique Doucet.

Si elles répondent à un contexte précis, les mesures mises de l’avant par Montréal dans les deux phases de son plan de relance, de même que dans son plan de soutien à l’achat local au temps des fêtes, jettent aussi les bases d’un développement économique plus résilient, plus vert et plus inclusif. Certains secteurs ont été durement touchés par la crise : le commerce de détail (10,3 % des emplois en 2019), l’industrie culturelle et créative, ainsi que la restauration (au total, 10,9 % des emplois en 2019), et le secteur de l’aérospatiale. Si ces secteurs ont pu bénéficier de pro­ grammes d’aide au loyer et au salaire du gouvernement fédéral, ils devaient aussi se transformer pour accroître leur résilience. Malgré la force de son économie, Montréal a pris conscience, avec la pandémie, de l’importance de certains de ses secteurs d’activité, dont le bioalimentaire. « La résilience alimentaire est une des choses sur lesquelles nous devons travailler. Il faut produire plus sur notre territoire, réduire les temps de parcours et de déplacement des produits qu’on consomme, et favoriser l’achat local », explique Luc Rabouin. Ainsi, parmi les divers secteurs d’activité économique, « il faut déterminer lesquels sont vraiment fragilisés, lesquels doivent absolument figurer dans notre économie de demain, et ce qu’on doit faire pour qu’ils puissent survivre d’abord, puis jouer un rôle clé pour assurer la résilience de la Ville ». Alors que l’achat en ligne s’imposait, la Ville a financé des organismes pour faire de l’accompagnement auprès des commerces afin qu’ils soient en mesure de monter leur site Web, de faire le marketing de leurs produits et d’organiser leur chaîne de production, pour s’attarder ensuite à la chaîne de distribution, afin d’assurer le dépla­cement des marchandises à Montréal. « Ce qu’on veut, précise Véronique Doucet, c’est de la livraison urbaine, avec de plus petits joueurs, puisque cela crée de l’emploi, aide le commerçant qui a une solution à moindres coûts et avec une empreinte écologique réduite. » Afin de soutenir l’industrie culturelle et créative, la Ville a multiplié les initiatives, dont un projet réunissant des artistes et des créateurs du secteur numérique. Cela a mené à l’exposition d’œuvres dans les parcs et sur les façades de bâtiments dans les 19 arrondissements, dans une perspective d’économie circulaire, le soutien financier et le travail de l’un bénéficiant à l’autre. Des stations hivernales ont aussi été réalisées afin d’égayer les rues commerciales et d’appuyer l’achat local durant la période des fêtes.

ISTOCK PAR NICOLASMCCOMBER

40

MONTRÉAL ÉCONOMIQUE : : ÉDITION PRINTEMPS 2021

Dans le secteur de la restauration, la Ville cherche à développer un modèle autre de commandes et de livraisons qui fait appel à l’économie sociale (voir p. 30).


Il est aussi important de mieux appuyer les PME : «  99 % des entreprises de Montréal sont des PME, dont plus de la moitié compte moins de cinq employés, affirme Luc Rabouin. Ces plus petites entreprises ont besoin de plus d’accompagnement et d’un coup de pouce de la collectivité. » À cette fin, le Service du développement économique de Montréal mise sur son réseau d’experts et d’accompagnateurs, dont PME MTL, ainsi que sur une centaine de partenaires. L’ensemble de l’écosystème montréalais est mis au service des entreprises pour les accompagner dans cette trans­

formation. D’ailleurs, malgré la crise actuelle, Montréal demeure attrayante pour les investissements étrangers, puisque au premier trimestre de 2021, ces derniers ont représenté 622,45 M $ dont la majorité a été effectuée dans le secteur des technologies. De plus, la métropole a presque retrouvé son niveau d’emploi d’avant crise, une performance qui la compare avanta­geuse­ment aux autres métropoles canadiennes. «Nous sommes convaincus, avec la collaboration de nos partenaires, que la métropole retrouvera non seulement son élan d’avant la crise sanitaire, mais qu’elle saura aussi se tailler une place de choix sur l’échiquier international », conclut Luc Rabouin.

VERS UNE ÉCONOMIE PLUS CIRCULAIRE Dans la perspective d’une relance verte et inclusive, la Ville de Montréal s’est engagée à accélérer le passage d’une économie linéaire à une économie circulaire.

Un pas important a été franchi grâce à l’engagement de Montréal comme premier partenaire municipal dans le Fonds économie circulaire de Fondaction. Lancé le 23 mars 2021, le fonds d’investissement de 30 M$, auxquels s’ajoute une subvention de 3 M$ de RECYC-Québec, constitue une première canadienne. Ce fonds de capital de risque vise à financer et à accompagner des entreprises en phase de démarrage au Québec qui proposent des solutions innovantes en matière d’économie circulaire. Environ 75 % des inves­ tissements seront d’abord réalisés dans les secteurs de l’agroalimentaire, du recyclage, de la valorisation des ressources et de l’écoconstruction. Les entreprises retenues pourront obtenir un investissement allant de 250 000 $ à 2 M$. Certaines d’entre elles pourront aussi recevoir une subvention de RECYC-Québec variant de 50 000 à 100 000 $. UN MESSAGE FORT Selon Josée Chiasson, directrice de la mise en valeur des pôles économiques, Service du développement écono­ mique de la Ville de Montréal, « être capable de créer un effet de levier avec un partenaire comme Fondaction, qui va être en mesure d’aller chercher d’autres capitaux, c’est vraiment un message fort que la Ville envoie ».

JOSÉE CHIASSON Directrice de la mise en valeur des pôles économiques Service du développement économique Ville de Montréal

MONTRÉAL ÉCONOMIQUE : : ÉDITION PRINTEMPS 2021

41


DOSSIER SPÉCIAL DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE

En effet, Montréal veut « se positionner comme un leader en économie circulaire en Amérique du Nord ; on a une longueur d’avance, car il y a déjà un écosystème en place », affirme-t-elle. Dans son Plan de relance 2021, Montréal a prévu une somme de 8 M$ sur 60 M$ pour assurer un virage vers la transition écologique. La Ville veut accroître la résilience de son économie « pour diminuer la dépendance aux ressources et maximiser leur utilisation ». Et, conformé­ment à sa vision stratégique Montréal 2030 et à son Plan climat, la Ville veut réduire ses matières résiduelles et ses émissions de gaz à effet de serre. L’éco­nomie circulaire, qui consiste à optimiser les ressources à chaque étape du cycle de vie d’un bien ou d’un service afin de réduire l’empreinte environnementale, est l’une des solutions pour y parvenir. UN OUTIL FINANCIER NOVATEUR Pour Fondaction, le Fonds économie circulaire s’inscrit au cœur de sa mission, qui est de créer et de maintenir des emplois de qualité tout en contribuant à une économie plus performante, plus équitable et plus verte. « On comble un besoin dans le marché en termes d’innovation financière. Et pour nous, c’était naturel, par notre ADN, de lancer un fonds en économie circulaire », explique Marc-André Binette, chef adjoint de l’investissement, Investissements privés alternatifs, chez Fondaction. Selon lui, « ce qui donne de la force à ce fonds, c’est notre partenariat avec la Ville de Montréal et RECYC-Québec ». De fait, les entreprises seront accompagnées par les experts de RECYC-Québec pour mettre en place les processus de circularité ou les améliorer. À Montréal, elles profiteront

ISTOCK PAR BSWEI

42

MONTRÉAL ÉCONOMIQUE : : ÉDITION PRINTEMPS 2021

MARC-ANDRÉ BINETTE Chef adjoint de l’investissement, Investissements privés alternatifs Fondaction

également du soutien de Synergie Montréal de PME MTL Est-de-l’Île, notamment pour établir des stratégies de circularité et trouver des débouchés. UNE SOLUTION DURABLE Fondaction entend bien poursuivre sur sa lancée : après avoir démontré la faisabilité du nouveau fonds en économie circulaire qu’il entend bonifier, le fonds d’investissement compte investir dans des entreprises en croissance. Quant à la Ville de Montréal, elle travaille à l’élabora­tion d’une feuille de route. Il s’agit, d’abord, d’établir un portrait détaillé de la situation pour déterminer les créneaux qui offrent des perspectives intéres­ santes et aider l’écosystème à développer de nouveaux projets. Ensuite, la Ville entend accroître le soutien à l’écosystème grâce à l’accompa­gnement et au maillage entre les entreprises, les centres de recherche, les universités et divers organismes en économie circulaire. Enfin, la mise en place d’un fonds privé pour financer les projets est déjà chose faite. « Donc, nous passons à l’action, dit Josée Chiasson, mais toujours en nous donnant un plan de match structurant sur le moyen et le long terme. »


REVITALISATION DU VIEUX-POINTE-AUX-TREMBLES

PLAGE DE L’EST NOUVELLES ÉCOLES

REM DE L’EST

RÉHABILITATION DE TERRAINS POUR L’ÉCONOMIE DE DEMAIN

PROLONGEMENT DE LA LIGNE BLEUE

MOBILITÉ INTÉGRÉE ÉCONOMIE INNOVANTE ET DURABLE MILIEUX DE VIE RENOUVELÉS La Déclaration pour revitaliser l’Est de Montréal, c’est un engagement ferme pour la relance d’un territoire stratégique pour toute la métropole. Des projets ambitieux et structurants permettent de tirer le plein potentiel de l’Est, au bénéfice des femmes, des hommes et des familles qui y vivent et de la vitalité économique de la grande région métropolitaine. Pour en savoir plus, consultez Québec.ca/RevitalisationEstMontreal


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.