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intervie W : cL audia j eandot t obe LM ann

Inter

VIEw Claudia Jeandot-Töbelmann

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c onsacrée Miss bur L esque n ou M éa en 2014, c oco Pear L , a L ias cL audia j eandot-t öbe LM ann, fait Partie des dix fina L istes M ondia L es à P rétendre à L a P restigieuse couronne de « q ueen of bur L esque », dans L a catégorie a M ateur. i ntervie W à chaud et non sans turbu L ences dans L e vo L en Partance P our…v egas.

P ro P os recuei LL is P ar cora L ie cochin « Sur scene, on oublie tout…»

dans une se M aine, tu seras à Las v egas sur L a PL us grosse scène de bur L esque au M onde. avec deux ob jectifs : défendre L es cou L eurs de L a c a L édonie, à L a fois en so L o et en grou P e, avec L e reste de L a trou P e. dans que L état d’es P rit es-tu ? cL audia j eandot-t öbe LM ann : Je suis très excitée et surtout fière de nous d’être arrivées jusque-là. Et en même temps, je ne réalise pas trop. En Calédonie, nous n’avons pas toute cette pression commerciale qui existe dans l’univers du burlesque. Pour certaines danseuses originaires d’autres pays, gagner ce titre signifie vivre du burlesque ensuite. Elles passent au stade supérieur et en font leur métier. Tandis que pour nous, le burlesque reste un loisir. Comme nous l’ont dit les stars internationales que nous avons rencontrées au Festival de Nouméa, le fait qu’il n’y ait pas cette relation d’argent donne au burlesque calédonien ce grain de folie. Ici, on ne contrôle pas notre image. On reste naturelles, cash. Les internationaux qui ont gagné au Burlesque Hall of Fame de Vegas m’ont vraiment conseillé de rester moi-même sur scène, de ne pas faire attention aux cancans. C’est très business là-bas.

v egas, c’est L ’inconnu P our toi ? Non, j’y suis déjà allée deux fois. C’est un univers de paillettes, le summum du spectacle. Danser sur les planches de Vegas, quelle que soit la scène, c’est juste extraordinaire. Après ça, on peut mourir, j’ai envie de dire...

s i je te dis aM érique, tu P enses à quoi ? Un gros continent, une grosse machine. C’est aussi le berceau du burlesque, là où la discipline s’est le plus développée.

avant ce L a, tu as été cha MP ionne dans Pas M a L de disci PL ines nau tiques. Les défis, ça te connaît ? Oui, j’ai concouru dans pas mal de sports. Optimisme, planche à voile, hobbie 4… J’ai fait partie du pôle France en planche à voile avant les JO de 2000 à Sydney. Les challenges, ça motive toujours et surtout, ça pimente le quotidien.

Pourquoi cette attirance P our L e bur L esque ? Je n’avais pas forcément décidé d’en faire au début. J’ai atterri presque par hasard dans un stage de burlesque. Et j’ai finalement décidé d’y rester parce que l’ambiance me plaisait. Ce que j’aime le plus, c’est tout ce qu’il y a autour. C’est les préparatifs, les amitiés, les rigolades… Sur scène, on oublie tout, on est quelqu’un d’autre. C’est vraiment une sensation extraordinaire. Avec les autres danseuses, on s’est fait embarquer par Carine (richez raguin, NDLr) dans ce mouvement sans jamais se retourner. Et on ne le regrette pas aujourd’hui !

iL faut dire qu’en quatre ans, L a P rogression est i MP ressionnante…. C’est vrai. Et sans qu’on ne s’en rende vraiment compte en réalité. C’est quatre années d’amitié, de jolis voyages ensemble, de moments sur scène mais aussi d’entraînement, de fatigue car on a bossé de nombreuses heures le soir pour en arriver là. Mais pour rien au monde je ne retournerais en arrière. C’est devenu une seconde famille.

Le bur L esque, c’est quoi P our toi ? C’est l’expression de la liberté par le corps. Quand on transmet un sentiment de bien-être en dansant, les gens se disent : « elles sont super bien dans leurs baskets ».

Si tu étais

u n PL at : un M a’a tinito

u n objet fétiche : une cu L otte en dente LL e

u ne héroïne : Wonder W o M an

u ne vi LL e : n ou M éa

u ne é P oque : L es années P in-u P

u ne reine : L a reine du bur L esque, ça M e va…

iL y a aussi, dans ce M ouve M ent, une di M ension fé M iniste… Oui, car comme Carine le dit souvent, le burlesque est un spectacle de femmes pour les femmes. Quand nous dansons, nous le faisons pour nous avant tout, pour nous sentir bien. Quand des femmes viennent nous voir, nous espérons leur transmettre ce sentiment et leur donner envie de s’accepter telles qu’elles sont. Les hommes, en revanche, sont tolérés, mais ce n’est pas pour les séduire que nous dansons.

e st-ce PL us diffici L e de se P roduire en c a L édonie où L a disci PL ine est encore jeune? Oui, car il y a encore plein de préjugés. Certains pensent que c’est vulgaire de montrer son corps, comme s’il était à vendre. Mais ce n’est pas ça du tout en réalité. Et puis, la Calédonie est un petit pays, où tout le monde se connaît. Hier encore, mon vétérinaire me racontait qu’il nous avait vues au spectacle.

dans L a vie de tous L es jours, tu es directrice de crèche. c o MM ent vistu ce grand écart ? Pendant longtemps, les gens n’ont pas fait le rapprochement. Et puis, ces derniers temps, c’est devenu très difficile d’y échapper. Pour autant, je n’ai jamais eu de remarques malveillantes ou déplacées.

e ntre L es enfants que tu encadres, L e M onde de L a voi L e et L’univers des Pai LL ettes, on P eut dire que tu es une fe MM e avec des facettes très diverses ? Il y a dix ans de cela, avec tous les directeurs de crèches de Nouvelle-Calédonie, on avait suivi une formation avec un sexologue canadien. Il nous avait expliqué que si nous n’étions pas bien dans notre corps et à l’aise avec notre sexualité, nous ne pouvions pas travailler avec des enfants. Au départ, je n’avais pas compris le rapport entre cette formation et notre métier mais aujourd’hui, je le comprends. Si on est totalement libéré de cela, on peut transmettre des valeurs aussi importantes que l’acceptation de son corps et l’acceptation de l’autre à des plus petits.

s ais-tu ce que tu gagnes si tu re M P ortes L a couronne de q ueen of bur L esque ? Non, je n’en sais rien, hormis la fierté d’avoir dansé à Las Vegas. Je suis programmée pour gagner donc c’est forcément quelque chose qui me nourrit, qui me donne de l’énergie. Je serai fière pour la troupe et pour Carine car sans elle, on n’en serait pas là aujourd’hui. Et puis faire parler de la Calédonie jusqu’à Vegas, ce n’est pas si courant...

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