dossier : M ust saves the queen

Dossier

P ar frédérique de jode

saves the Queen

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Elizabeth Taylor « Cléopâtre » de Joseph Mankiewicz (1963)

pouvoir et séduction

Cléopâtre n’est pas seulement célèbre par la taille de son nez. Elle est de ces femmes qui suscitent tous les fantasmes. Devenue reine à l’âge de 17 ans, en -51, elle va mettre sa puissance de séduction et son intelligence au service du relèvement de L’Egypte. Femme de pouvoir, elle tient tête à rome pendant plus de vingt ans. Elle met à ses pieds deux des plus grands seigneurs romains, Jules César, dont elle aura un fils, et Marc Antoine, son grand amour, à qui elle donnera trois enfants. Entre Cléopâtre et Marc-Antoine, se noue une relation passionnelle. Les amants terribles mènent une vie de luxe, de fêtes et de festins. Le couple est identifié à Isis et Osiris, à Aphrodite et Dionysos. Mais à rome, les intrigues d’Octave, le futur empereur romain Auguste, signe leur chute. Octave déclare la guerre à la reine d’Egypte en -32. Cléopâtre est vaincue à la suite de la bataille d’Actium en -31. Son royaume tombé aux mains des romains et MarcAntoine mort, la reine se suicide, en se faisant mordre par un aspic, comme le veut la tradition.

Jeanne d’Alcy « Cléopâtre » de Georges Méliès Theda Bara « Cléopâtre » de J. Gordon Edwards Vivien Leigh « Cléopâtre » de Gabriel Pascal Elizabeth Taylor « Cléopâtre » de Joseph Mankiewicz Monica Bellucci « Asterix & Obelix : Mission Cléopâtre » d’Alain Chabat

1899 1912 1917 1934 1946 1959 1963 1982 2001

avant l’invention du cinéma, elle aura inspiré 5 ballets, 45 opéras et 77 pièces de théâtre.

Helen Gardner « Cléopâtre » de Charles L. Gaskill Claudette Colbert « Cléopâtre » de Cecil B. De Mille Linda Cristal « Les légions de Cléopâtre » de Vittorio Cottafavi Mimi Coutelier « Deux heures moins le quart avant Jésus Christ » de Jean Yanne

liz taylor

Pour interpréter au cinéma le rôle de Cléopâtre, il fallait bien une diva. La bankable star hollywoodienne, en pleine gloire, Elizabeth Taylor. Devant la caméra de Joseph Mankiewicz, l’actrice se coule à merveille dans la peau de la reine égyptienne. Yeux de biche, parures de bijoux grandioses, robes ultra-sexy qui épousent ses formes généreuses, Liz incarne une Cléopâtre digne et tout en sensualité. Un enchantement pour ce film démesuré qui vit richard Burton, incarnant Marc Antoine, et Liz Taylor tombés éperdument amoureux !

Avec la belle italienne, on est loin de la Cléopâtre d’Elizabeth Taylor ! Dans « Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre » d’Alain Chabat, Monica Bellucci joue une reine hyper sexy, bimbo, impitoyable et autoritaire qui mène tout le monde à la baguette, surtout César.

monica Bellucci

un conte de fée ?

oBsédée par son image

Si l’impératrice Élisabeth a marqué notre imaginaire, c’est parce qu’elle reste pour des générations associée à la sublime romy Schneider. L’actrice l’a incarnée au cinéma dans une saga historique qui nous a fait rêver. Quelle jeune fille ne s’est pas identifiée à Sissi ? Le 24 avril 1854, Élisabeth de wittlesbach épouse à Vienne l’empereur François-Joseph. Une fille de la campagne tyrolienne qui devient impératrice d’Autriche et reine de Hongrie en 1867. Un vrai conte de fée ! Oui enfin, pas si rose. Sissi éprouve des difficultés à s’adapter au protocole de la cour de Vienne, où aucune place n’est laissée à la vie privée. Au cours de son règne, elle n’est pas épargnée par les malheurs, deux de ses enfants meurent. Eperdue de chagrin, elle tombe dans la dépression et fuit en voyageant. Sa mort est tragique. Le 10 septembre 1898, à Genève, elle décède, à l’âge de 60 ans, assassinée par un anarchiste italien.

Dans notre esprit, Sissi reste cette jeune fille virevoltante, ingénue, au tempérament bien trempé, d’une beauté et d’une grâce renommées dans toute l’Europe. Il faut dire qu’elle est obsédée par son image, refusant catégoriquement de se faire peindre ou photographier après 30 ans. Pour garder sa ligne, elle suit un régime drastique et pratique le sport à outrance. Mais Sissi n’était pas qu’une it girl qui ne se soucie que de son poids, elle était une femme engagée qui soutenait les revendications ouvrières et celles des minorités nationales.

romy est sissi

Après l’énorme succès de Sissi, deux suites, Sissi impératrice et Sissi face à son destin, furent réalisées en 1956 et 1957. Les mêmes équipes technique et artistique travaillèrent sur les trois films et malgré une proposition de cachet mirobolante romy Schneider refusa d’en tourner un quatrième. Elle accepte cependant de reprendre ce rôle qui lui colla longtemps à la peau pour Luchino Visconti dans Ludwig... ou le crépuscule des dieux (1972). Elle y incarne une Elisabeth à contre-emploi, sombre et tragique, confrontée à la folie de son fils et ferme ainsi la boucle de ses rapports avec l’impératrice.

adulée et critiQuée

Fille d’Henri II et de Catherine de Médicis, la princesse Marguerite de Valois, dite Margot, symbolise la femme glamour de l’époque. Fan de mode, d’une grande beauté, d’un raffinement exquis, elle a toutes les qualités pour briller à la cour. Peu de princesses et de reines de France ont autant défrayé la chronique, inspirant beaucoup d’artistes, poètes et écrivains. C’est dans un contexte de guerre de religion que Marguerite la catholique épouse le 18 août 1572 Henri de Navarre, chef du parti protestant. Le mariage concrétise la paix entre les deux religions, mais la Saint-Barthélémy va rompre cette trêve. Elle est reine de France et de Navarre lorsque son époux devient en 1589 le roi Henri IV. Leur mariage est une mascarade. La reine Margot multiplie les amants, ce qui lui vaut une réputation de nymphomane. Henri IV obtient en 1599 l’annulation de leur mariage. La reine Margot se retire alors à Paris jusqu’à sa mort en 1615. Son hôtel particulier devient un haut lieu culturel, intellectuel et politique.

isaBelle adjani suBlime en reine margot

Isabelle Adjani est éblouissante face à la caméra de Patrice Chéreau. Elle obtient un César pour cette performance bluffante. Elle joue une reine passionnée, follement éprise du seigneur de La Môle, de confession protestante, incarné par Vincent Perez. Port altier, robe blanche ensanglantée, tenant la tête décapitée de son amant, Isabelle Adjani joue avec ses tripes une reine charnelle qui vibre d’un amour passionnel.

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une reine détestée elle n’a pas dit

On connaît sa fin dramatique. Guillotinée le 16 octobre 1793 en place publique, la reine Marie-Antoinette rentre alors dans la légende. Celle que le peuple a surnommée l’Autrichienne, en raison de ses origines, a été une reine de France impopulaire et haïe. On lui reproche ses folles dépenses, ses toilettes extravagantes, de se vautrer dans la luxure, ses présupposées infidélités, notamment avec le jeune officier suédois Axel de Fersen, d’organiser à Versailles des fêtes grandioses, d’être entourée d’une cour de favoris... Surtout de ne pas donner de descendance au roi Louis XVI, depuis leur mariage en 1770. En même temps, leur union ne sera consommée qu’en 1773 ! Finalement, Marie-Antoinette donnera naissance à quatre enfants. On la soupçonne aussi d’influencer la politique du roi, de faire et défaire les ministres. On l’accuse de tous les maux du royaume. Lorsqu’éclate la révolution, mue par son orgueil, cette reine conspuée - qui ne cède rien aux insurgés - semble avoir elle-même creusé son chemin vers l’échafaud. « S’ils ne mangent pas de pain, qu’ils mangent de la brioche ! ». Cette exclamation fut prêtée à Marie-Antoinette par l’histoire officielle à la suite des horreurs du 5 octobre 1789. Des Parisiennes s’étaient ce jour-là rendues à Versailles pour manifester au roi leur mécontentement face à la crise politique et à l’enchérissement des denrées... Voilà ce que raconte la légende républicaine. Or, l’expression prêtée à la reine nous vient de Jean-Jacques rousseau, mort une décennie plus tôt, qui écrit dans ses Confessions : « Je me rappelai le pis-aller d’une grande princesse à qui l’on disait que les paysans n’avaient pas de pain, et qui répondit : Qu’ils mangent de la brioche ! ». Ce que ne dit pas non plus la légende républicaine, c’est que Necker avait préparé les émeutes en affamant le peuple. L’expression faussement attribuée à MarieAntoinette cache donc en réalité un vaste complot politique, dissimulant une famine délibérée, et une guerre européenne recherchée et provoquée en 1792, à des fins de politique intérieure.

diane Kruger et Kirsten dunst dans la peau de marie-antoinette

Dans un style différent, ces deux actrices ont interprété la mal-aimée Marie-Antoinette. Une reine magistrale à la veille de la révolution pour Diane Kruger dans Les Adieux à la Reine de Benoît Jacquot. Une reine au port altier, drapée dans des robes somptueuses, proche de sa favorite la duchesse de Polignac avec laquelle les liens sont ambigus. Une reine adulescente, hollywoodienne, pop, glamour, incarnée par Kirsten Dunst, biberonnée au champagne et aux petits-fours. Kitsch et rococo la Marie-Antoinette de Sofia Coppola qui prend des libertés avec l’histoire. Une paire de Converse qui se glisse parmi des chaussures du XVIIIe siècle, un décalage qu’on adore.

Elisabeth II n’est pas seulement la reine du royaume-Uni. Elle est également monarque au Canada, en Australie, en NouvelleZélande, en Jamaïque, à la Barbade, aux Bahamas, à Grenade, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, aux Iles Salomon, à Tuvalu, à Sainte-Lucie, à Saint-Vincent-et-les-Grenadines, à Antigua-et-Barbuda, au Belize et à Saint-Christophe-et-Niévès. Ces 16 pays sont désignés sous l’appellation de « royaumes du Commonwealth ». En tout, Elisabeth II règne sur quelques… 130 millions de sujets.

elizaBeth ii fait son cinéma

A 90 ans, elle fait autant la une des tabloïds anglais que de Point de vue, aussi bien pour ses tenues pas toujours de très bon goût, ses chapeaux à plumes et ses corgis que pour les bouleversements qui ont traversé la famille royale. rançon de la gloire, couronnée le 2 juin 1953 à 25 ans, elle détient le record du règne le plus long du royaume-Uni. Mariée à Philippe Mounbatten depuis l’âge de 21 ans, elle est le symbole de la monarchie. Lors de son règne, elle a transformé l’Empire britannique en « Commonwealth of Nations ». Elle a vu passer une foule de premiers ministres, dont Sir winston Churchill. Elle a rencontré des moments difficiles comme la mort de son père, l’assassinat de l’oncle du prince Philip, les séparations et le divorce de trois de ses enfants en 1992 (année qu’elle qualifie d’annus horribilis), la mort de sa belle-fille, Lady Diana en 1997, et les décès de sa mère et de sa sœur en 2002. Mais tel un roc, elle résiste. Elle a fêté son jubilé de diamant (60 ans de reigne) en 2012 et est toujours populaire auprès des Britanniques pour qui elle incarne l’ordre, la tradition, le courage et la simplicité.

Dans The Queen de Stephen Frears, Helen Mirren campe une reine distante face à mort de Lady Diana alors que tout un peuple la pleure. Dans Walking the Dogs, de Jeremy Brock, Emma Thompson interprète à l’inverse une reine fragile et intime qui fait face à l’intrusion dans sa chambre de Michael Fagan qui avait réussi à éviter la sécurité autour de Buckingham Palace. Un épisode véridique qui s’est déroulé en 1982. Dans Y a-t-il un flic pour sauver la reine ? Jeannette Charles tourne en dérision Elizabeth II dans cette comédie loufoque. L’actrice s’est d’ailleurs spécialisée dans l’interprétation de la monarque, qu’elle incarne dans 4 longs métrages. La reine aura même surpris tout le monde en jouant son propre rôle aux côtés de James Bond, incarné par Daniel Craig, dans un mini film diffusé lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Londres de 2012.

Helen Mirren « The Queen » de Stephen Frears Emma Thompson « Walking the Dogs » de Jeremy Brock Jeannette Charles « Y a-t-il un flic pour sauver la reine ? » de David Zucker Elizabeth II dans son propre rôle aux côtés de Daniel Craig

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Natalie Dormer (Anne Boleyn) et Jonathan Rhys-Meyers (Henry VIII) « The Tudors » de Michael Hirst (2007-2010) Natalie Portman « Deux sœurs pour un roi » de Justin Chadwick (2008)

Avant d’être un cocktail célèbre, Bloody Mary a été le surnom donné à Marie Tudor, fille aînée d’Henri VIII. Non pas parce qu’elle aimait l’alcool fort mais parce qu’elle a fait massacrer des centaines de protestants. De son règne bref, de 1553 à 1558, des centaines de bûchers s’allument en Angleterre pour ramener par la force le pays dans le giron catholique. Elle remplit les prisons – Elizabeth, sa demi-sœur, est envoyée à la Tour de Londres- et multiplie les exécutions pour trahison des membres de sa famille et des seigneurs de son entourage. Pour enraciner le catholicisme, elle décide d’épouser son cousin, le futur Philippe II d’Espagne. Après une deuxième grossesse nerveuse, Marie Tudor meurt en 1558. La vie des Tudors – dynastie qui a régné de 1485 et 1603 – est une saga faite de pouvoir, intrigues, trahisons, meurtres, portée souvent au cinéma, sur le petit écran et au théâtre. Avec comme personnages principaux Henri VIII, un souverain qui épousa six femmes, Elizabeth I, la reine vierge fille d’Henri VIII et d’Anne Boleyn, magnifiquement interprétée par Cate Blanchett, et la sanglante Marie Tudor.

anne Boleyn sous les traits de natalie portman

Deux Sœurs pour un Roi réalisé par Justin Chadwick retrace l’histoire de Mary et Anne Boleyn, deux sœurs de la cour du roi Henri VIII d’Angleterre qui entretiennent une rivalité afin de se disputer les faveurs du roi. Scarlett Johansson, la blonde Mary, face à Natalie Portman, la brune Anne. Deux icônes du cinéma qui s’affrontent dans des robes couture. Natalie Portman joue une Anne Boleyn qui use de ses charmes pour épouser Henri VIII en 1533. Le roi fou d’elle se lasse vite de sa nouvelle reine qui ne lui donne qu’une fille, la future Elizabeth I. Henri VIII décide de se débarrasser de sa femme, l’accuse de trahison, d’adultère. Après un procès expéditif, Anne Boleyn est décapitée, le 19 mai 1536, par un bourreau qui lui tranche la gorge d’un coup d’épée.

Une autre approche du design

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Betty Blythe « La Reine de Saba » de J. Gordon Edwards (1921)

désirée et amoureuse

gina lolloBrigida en reine de saBa

Elle était noire. Elle était belle. Elle subjuguait par son esprit. C’est par ces mots que l’écrivain Marek Alter décrit la reine de Saba dans le roman qu’il lui consacre. Selon les traditions juive et musulmane, Makéda, la reine du royaume de Saba, qui s’étendrait du Yémen au nord de l’Éthiopie et en Érythrée, aurait vécu vers le Xe siècle avant J.-C. Au pays de l’or, de l’encens et de la myrrhe, elle est à la fois une reine de guerre et de paix, une femme cultivée, forte, ambitieuse, sensuelle et amoureuse du roi Salomon qu’elle subjugue et défie par un jeu d’énigmes. De leur idylle naît un fils Ménélik Ier qui fondera la dynastie royale de l’Éthiopie. À la suite de la Bible, des Evangiles et du Coran, la reine de Saba a fait rêver des générations de peintres, de poètes et d’écrivains.

Gina Lollobrigida « Salomon et la reine de Saba » de King Vidor (1959)

Salomon et la reine de Saba de King Vidor est un film à classer parmi les grands péplums des années cinquante et soixante. Gina Lollobrigida joue une reine de Saba tout en sensualité, moulée dans des robes qui mettent en valeur ses formes généreuses. Pour lui donner la réplique, le talentueux Yul Brynner en roi Salomon. Une scène phare du film : la danse païenne de Gina Lollobrigida en l’honneur de son Dieu de l’amour et de la fertilité, râ-Ghon, au cours de laquelle elle s’unit avec Salomon.