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ÉDITO

Médecin général des armées

Jean-Marc Debonne

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Directeur central du service de santé des armées

© SSA/IRBA

Mon général, le « modèle SSA 2020 » ce modèle s’impose. L’âme du Service sera donc signifie que désormais notre Service va être est à présent diffusé. Pourriez-vous le retrouvée plutôt que changée. Pour appuyer cette construit et organisé autour du fait opéradécrire en quelques mots? affirmation, les cinq composantes du service de tionnel. Auparavant, le Service était organisé Le directeur central : Le modèle « SSA santé seront conservées car elles ne sont pas pour répondre à un certain type de conflit qui 2020 » concerne l’ensemble du service de santé un héritage de l’Histoire mais bien une leçon n’est plus du tout celui auquel nos forces ardes armées. de l’Histoire. Elles sont le fruit de ce que l’Hismées sont confrontées aujourd’hui. Le service toire nous a appris. Le modèle s’attachera, lui, de santé payait donc un prix disproportionné À l’origine du modèle se trouve le projet de à rénover les relations entre ces composantes. pour répondre au besoin opérationnel, prix qui Service. Le projet a eu pour ambition de poser « L’âme du Service Pour finir sur ce modèle, je aurait fini par constituer une menace pour sa pérennité. Il faut donc, et c’est toute l’ambition les grands principes de sera donc retrouvée rappellerai brièvement ce de ce modèle, que le service de santé puisse l’action du service de plutôt que changée » que tout le monde connaît répondre au besoin opérationnel sans mettre en santé des armées tandis bien désormais, à savoir danger sa pérennité. que le modèle décline les principes pour les les cinq caractéristiques qui le structurent. Ce concrétiser dans le réel. modèle se veut opérationnel, robuste (c’estL’augmentation de la sujétion opérationnelle à-dire capable de résister dans le temps à l’engaen pleine période de restriction budgétaire ne Le projet de Service s’appuie sur trois piliers gement opérationnel), cohérent (adéquation permettait plus au service de santé des armées qui sont la concentration (alliant recentrage entre les missions et les moyens), équilibré de continuer ainsi. sur la mission et densification des structures), (ré-ajustage au sein des composantes sans pour l’ouverture et la simplification (basée sur la autant les remettre en cause) et ouvert. Le quotidien du personnel militaire et civil de délégation et la transversalité). nos établissements est d’ailleurs de plus en plus Mon général, vous venez de dire que difficile du fait de la pression opérationnelle. Le modèle de Service dont vous parliez décline ce modèle de Service a pour première ces trois grands principes et c’est cette déclicaractéristique le côté « opérationnel ». La présence sur le territoire national de nombre naison, ce modèle, qui est la base sur laquelle Est-ce vraiment novateur pour une instid’hôpitaux militaires correspondait à la menace l’ensemble des composantes du service de santé tution militaire ? d’un conflit sur le sol national ou à ses frontières des armées est appelé à évoluer. Cette caractéristique notre mission multiséculaire. « opérationnelle » Évolution n’est pas révolution et je tiens à rappeler que nous remplissons aujourd’hui des ne signifie pas que le service de santé des Un environnement complexe : Sécurité et Défense missions déjà définies sous Louis XIV ! La armées ne l’était pas médecine de l’avant est l’héritière des médecins avant le modèle. Je et chirurgiens du roi, et la prise en charge de la tiens d’ailleurs à saluer réhabilitation n’est ni plus ni moins que l’idée des le travail remarquable Ressources et moyens Santé publique « Invalides » au moins contemporaine de 1670. qui a été réalisé par Le modèle s’inscrit donc dans la droite ligne de dans ce domaine. mes prédécesseurs Le fait que le nouveau Conditions Qualité C’est parce que le service de santé des armées modèle de Service d’exercice des soins s’est partiellement détourné de sa mission que soit « opérationnel »

avec une possibilité d’afflux massif de blessés militaires. De nos jours, nos soldats servent sur l’ensemble du globe et ont besoin d’un soutien de proximité tant en amont de leur mission, que pendant et en aval. C’est le triptyque bien connu « avant – pendant – après ».

Entendons-nous bien, lorsque je parle d’opérations, je pense bien évidemment aux OPEX proprement dites mais chaque avion qui décolle, chaque bâtiment qui appareille ou chaque exercice qui commence est une opération car elle exige de nous une préparation, une attention, une présence très attendue des forces armées.

Nous allons donc nous structurer autour des opérations et à titre d’exemple je peux d’ores et déjà vous dire qu’une « division opérations » sera créée à la rentrée au sein de la direction centrale et qu’elle trouvera une déclinaison adaptée dans chaque composante et dans chaque établissement du Service.

Mon général, vous parliez d’« ouverture ». Pourriez-vous nous expliciter ce concept ?

L’ouverture intrigue. L’ouverture fait parfois peur – et je ne l’ignore pas – car s’ouvrir aux autres c’est se remettre en question, c’est se confronter. Mais en fait c’est une réalité qui existe depuis des années ! Cependant, elle était le fruit d’initiatives individuelles ou d’équipes mais pas de l’Institution. Or pour être réellement efficace, il faut qu’elle soit globale. De plus, l’ouverture était très inégale en fonction des composantes du Service. La composante hospitalière a été beaucoup plus tôt familiarisée avec ce concept par sa participation au service public hospitalier alors que la médecine des forces ne vivait quasiexclusivement qu’au sein des armées.

L’ouverture, c’est faire les choses en partenariat avec d’autres. On pense bien sûr à la Santé publique qui est un homologue naturel au regard de nos missions mais l’ouverture tend également vers l’interministériel et l’international. En s’ouvrant aux autres, le Service se donne une formidable occasion de maintenir et de développer ses compétences !

Vous allez alors peut-être me demander comment concilier le recentrage avec ce concept de l’ouverture. Ouverture n’est pas synonyme de dispersion tout comme recentrage n’est pas synonyme de repli sur soi. Le recentrage vise à se concentrer sur notre mission première qui est le soutien des forces en opérations et donc à diminuer notre participation à d’autres activités réalisées au profit de la communauté de Défense. Pour autant, nous gardons une responsabilité dans l’organisation de ces activités qui seront réalisées dans le cadre de partenariats.

L’ouverture n’est donc ni un frein ni une nouvelle cause de dispersion mais bien une condition sine qua non pour que le Service remplisse sa mission opérationnelle.

Ainsi imaginée, l’ouverture est une opportunité offerte à d’autres acteurs de participer à la mission du service de santé des armées et donc à l’effort de défense nationale, renforçant ainsi le lien Armée-Nation. C’est l’ « esprit de Défense » !

 Propos recueillis par l'équipe « Transfo »

Les cinq composantes (médecine des forces, médecine hospitalière, ravitaillement sanitaire, recherche, formation) du service de santé seront conservées.

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