Actu Sante Automne 2019

Page 1



Edito L

e service de santé des armées a été particulièrement mis à l’honneur lors du 14 juillet 2019 tant sur les différents tableaux du défilé que lors de l’opération de relation publique.

L’engagement des hommes et des femmes du Service jusqu’au sacrifice ultime, au côté des combattants pour leur assurer une prise en charge optimale en cas de blessure, a également été mis à l’honneur par le chef d’état-major des armées (CEMA), le général d’armée François Lecointre, lors de la deuxième journée nationale des blessés du service de santé des armées et de leurs familles, le samedi 28 septembre 2019 au Val-de-Grâce. Ainsi, dans son ordre du jour, le CEMA a souligné « […] Pour les soldats, marins et aviateurs que vous accompagnez au combat sur tous les théâtres où nos armées portent les couleurs de la France, la force de votre dévouement est une source sans cesse renouvelée de reconnaissance et d’admiration. De reconnaissance d’abord parce que nous savons bien que si vous n’étiez pas à nos côtés nous n’oserions pas aller jusqu’au bout de nos combats, D’admiration ensuite, parce que l’élan de compassion qui nous anime et vous arme du courage le plus extrême est une manifestation les plus belles et les plus mystérieuses de la puissance du sentiment d’humanité. Quand je pense à vous, blessés du service de santé, atteints dans votre chair ou dans votre âme, c’est à cette humanité que je pense, c’est devant elle que je m’incline, au nom de toutes les armées, avec l’immense respect que nous devons et qu’avec nous, la Nation entière vous manifeste. Par votre héroïsme, votre courage et votre générosité, c’est la plus belle France que vous incarnez. » Fort de cette reconnaissance, le service de santé des armées poursuit son action en cherchant au quotidien à l’améliorer et à innover pour maintenir une offre de soins de qualité optimale dans un contexte socio-économique, politique, juridique et environnemental de plus en plus contraignant.

Actu Santé n° 155 • Automne 2019

3



Sommaire Dossier central : INNOVATION

P.26 P.27 P.28 P.30 P.31 P.32 P.34 P.35 P.36 P.37

Édito Qu’est-ce l’innovation ? Une démarche de soutien en 6 étapes La valorisation La protection des inventions L’ Agence de l’Innovation de Défense La protection balistique Épiderme de culture La bouteille OXYCOS Golden Hour Box

P.8

VIE DU SERVICE

P.38

Retour sur le 14 juillet 2019 Visite de la directrice centrale au 13e CMA de Rochefort Visite du chantier BAHIA Le SSA présent aux UED

P.16

LE SSA DANS LES MÉDIAS

P.18

OPÉRATIONS

P.20

Opérations du SSA et forces prépositionnées Médecine de brousse au Sénégal

P.22

Immersion d’un aspirant chirurgien-dentiste à l’École Nationale des Sous-Officiers d’ Active

P.39

HISTOIRE

P.40

JNBSSA 2019

P.42

RESSOURCES HUMAINES

P.44

ÇA S’EST PASSÉ DANS NOTRE ENVIRONNEMENT

INTERNATIONAL Déclaration de capacité opérationnelle initiale «Brigadearzt» soutien médical francoallemand

250 ans au service vétérinaire des armées Retour sur la journée nationale des blessés et de leurs familles Les infirmiers militaires du SSA Un nouveau site web pour le recrutement des médecins militaires

Remise de galons à la 334e promotion de sousofficiers Cérémonie de prise de commandement au 10e CMA Convention sur l’Interdiction des Armes Biologiques Axone, CMA numérique

INNOVATION / RECHERCHE Eric Sene champion d’obéissance canine Nouvel équipement d’imagerie par rayon X Traitement des brûlures Le sport dangereux pour la santé ?

FORMATION

P.49

LOISIRS

P.50

CHANCELLERIE

DIRECTION CENTRALE DU SERVICE DE SANTÉ DES ARMÉES Bureau communication et information : Tél. : 09 88 67 27 20 - dcssa-bcissa.contact.fct@intradef.gouv.fr • www.defense.gouv.fr/sante ; Directeur de la publication : médecin général inspecteur Jean-Bernard Orthlieb ; Directeur de la rédaction : commissaire en chef Karine Sposini ; Rédacteur en chef : Marie-Astrid RenaudLefeuvre ; Graphiste - Maquettiste PAO : Sophie Miellet ; Crédits photos : ©J.C Mantrant/État-major des armées - ©Thomas.Paudeleux/ECPAD - ©CNE Alexandre / IACASP - ©IRBA - ©F.R/ENSOA/Défense - ©E. Cherel/©S.Miellet BCISSA - ©C. Morgado/IRBA - ©CNE Maxime Simonnot / SIRPAT - ©mickael bastien/armée de l’Air @MC Naulet/HIA Legouest - @MP Benarbia, 55e AM - ©santards du soleil ; Impression : Pôle graphique de Tulle CS 10290 - 19007 Tulle Cedex - 05 55 93 61 00 ; Édition : DICOD, 60 boulevard du général Valin PARIS ; Abonnements payants : ECPAD 2 à 8 route du Fort - 94205 Ivry-sur-Seine - routage-abonnement@ ecpad.fr - Tél. : 01 49 60 52 44 ; Régie publicitaire : Karim Belguedour (ECPAD) - Tél. : 01 49 60 59 47 - regie-publicitaire@ecpad.fr - Numéro de commission paritaire : N°0211 B05691 ISSN : 1165-2268 - Dépôt légal : Mai 2019 ; Tirage : 9 000 exemplaires - 4 numéros annuels ➔ Suivez-nous sur les réseaux sociaux :

@santearmees

Service de santé des armées

Service de santé des armées

Actu Santé n° 155 • Automne 2019

5


6

Actu Santé n° 155 • Automne 2019

@Thomas.Paudeleux/ECPAD.armee

VIE DU SERVICE


@Jean-christophe.Mantrant/État-major des armées

VIE DU SERVICE

Actu Santé n° 155 • Automne 2019

7


VIE DU SERVICE

Le service de santé des armé tout au long du défilé du 14 juil

P

lacé sous le thème des coopérations européennes, le défilé a proposé un tableau d’ouverture dédié à l’innovation de défense. Le Service était présent avec le gilet Air Shock Absorber (ASA), développé par le MC Prat à l’IRBA et porté par le Major William Menini, infirmier anesthésiste à l’HIA St-Anne ayant collaboré avec le praticien aux phases de tests. L’ ASA assure une protection balistique renforcée par un système de coussins d’air, absorbant et répartissant l’énergie d’un impact de balles. Lors du défilé aérien, le Casa Nurse, avion de transport de l’ Armée de l’air dédié aux missions d’évacuations sanitaires était mis à l’honneur. Le médecin Jonathan Duquet de la 51e antenne médicale était à son bord accompagné de deux équipes de journalistes réalisant un sujet sur les rapatriements sanitaires en opérations. Puis durant le défilé à pied, c’était au tour des Écoles du service de santé des armées et la Direction de la médecine des forces. Tradition pour le bloc des Écoles du Service, commandée par le médecinchef Peralta, il s’agissait d’une première participation pour les centres médicaux des armées et les antennes médicales de la médecine des forces, placés sous le commandement du Médecin

8

Actu Santé n° 155 • Automne 2019

en chef Aigle, conseiller santé pour le commandement de la Légion étrangère. Ce dernier a également été interviewé en direct par Gilles Bouleau de TF1 avant l’arrivée du Président et le début du défilé. L’émotion était particulièrement forte pour ces deux unités, leur descente des Champs permettant d’honorer la mémoire du médecin principal Marc Laycuras. Enfin durant l’animation finale, dédiée aux blessés des Armées, le Service a été particulièrement mis à l’honneur. Des chorales d’écoles militaires, dont celles de l’ESA, ont chanté pour rendre hommage aux blessés pendant que deux films réalisé par l’ECPAD en collaboration avec le Service étaient diffusés. Ils mettaient en avant le travail et l’engagement des équipes soignantes dans la prise en charge des blessés de guerre, du théâtre d’opération à l’Hôpital d’instruction des armées, mais également l’accompagnement de ces grands blessés dans leur reconstruction jusqu’aux hautes compétitions sportives. Le professeur Lapeyre et le CCH Cabrita, étaient sur le plateau de Michel Drucker (FR2) pour évoquer ce parcours de santé. 


es mis à l’honneur let 2019 Une présence remarquée du service de santé des armées à l’ORP

D

ans la continuité du défilé, le Service était présent à l’opération de relations publiques qui s’est tenue sur l’esplanade des Invalides durant l’après-midi du 14 juillet. Le centre de transfusion sanguine des armées a réalisé, comme chaque année, une collecte exceptionnelle à laquelle 377 donneurs ont répondu présents. 330 poches de sang ont été collectées reconstituant ainsi une partie des réserves qui doivent être régulièrement renouvelées en raison de la demande importante en produits sanguins labiles. Cet événement a été également l’occasion de retrouver des donneurs fidèles, venus seuls, entre amis ou en famille, participer à cet acte solidaire, qui renforce le lien armée nation. Le Service a présenté sur l’esplanade le module de chirurgie vitale, le sac du médecin en opération avec son matériel (trousse individuelle du combattant, garrot, morphine, bandage compressif, pansement abdominale, rouleau adhésif à usage médical, paire de ciseaux d’urgence, bandage israélien), les prothèses pour les membres blessés, un atelier de grimage très réaliste… Le public nombreux et intéressé a ainsi pu poser en direct ses questions aux soignants présents sur leur métier, leur vie au service de leur frères d’armes, les moyens présentés… La présentation dynamique de prise en charge de blessés, réalisée sur la zone de démonstration, commentée en direct, retransmise sur écrans géants et jouée par des soignants grimés de la médecine des forces, du CESIMMO et des élèves des Écoles, a rencontré un franc succès. Enfin, le Service participait à l’exposition dans les Douves des Invalides avec la photo réalisée par Jérôme Salles à l’occasion de la « Prise en charge d’un militaire blessé par le service de santé des armées au cours de l’opération Barkhane au Mali en juillet 2018 ».  Actu Santé n° 155 • Automne 2019

9


VIE DU SERVICE

Retour sur une expérience intense Quatre militaires du 9e centre médical des armées (CMA), ont eu l’honneur de fouler le pavé de la plus belle avenue du monde. Intégrés au détachement représentants les 16 CMA mis à l’honneur cette année, ils nous confient leur vision de l’événement... La médecin Michèle

@CNE Alexandre / IACASP

Quelles différences avec votre premier défilé ? Vos impressions à chaud ? Je ressors de ce 2e défilé avec le sentiment d’avoir ressenti une émotion dix fois plus intense qu’en 2011. Je pense que l’émotion qui m’a gagnée est en partie liée au fait que mon camarade de promotion, le médecin principal Marc Laycuras, était omniprésent dans mes pensées et que j’ai eu le sentiment de lui rendre un hommage particulier. Des rencontres très enrichissantes Contrairement à 2011, je ne défile pas avec des camarades dont je partage le quotidien. Arrivés chacun de nos CMA une semaine avant le défilé, nous avons appris à vivre ensemble et à marcher au pas. Très vite nous avons échangé et cela m’a confirmé, que dans le Service, nous sommes toujours réunis par des valeurs partagées.

L’ISG1G (TA) Morgane, infirmière entrant en Institut de formation cadre de santé (IFCS) prochainement :

@CNE Alexandre / IACASP

10

C’est votre premier défilé, quels souvenirs retenez-vous ? A refaire ? Ce fut un honneur et une immense fierté de défiler à Paris le jour de la fête Nationale. Ce souvenir restera gravé dans ma mémoire. Notre détachement représentait aujourd’hui toutes les femmes et hommes de la médecine des forces. En défilant sur les Champs-Elysées j’ai pensé à nos camarades restés en unité, à ceux déployés sur les théâtres d’opérations extérieures, ceux qui ont été blessés pour le Service et ceux qui sont allés jusqu’au bout de leur engagement militaire. J’ai également pensé à ma famille, mon mari en mission, mes enfants. Ils ne comprennent pas toujours mes choix mais, au quotidien, ils me donnent leur indispensable soutien. Si c’était à refaire ? Absolument !

Actu Santé n° 155 • Automne 2019

@CNE Alexandre / IACASP


VIE DU SERVICE

BC1 Brice, auxiliaire sanitaire Des rencontres ? Pour ce premier défilé de la médecine des forces, des représentants de chaque CMA étaient présents. Nous avons pu comparer nos différentes façons de travailler, dans une ambiance détendue et amicale. Des sorties ? Plusieurs sorties loisirs ont été proposées mais également des sorties officielles. J’ai, pour ma part, rendu visite à des amis sur Paris et je suis allé au spectacle donné au château de Versailles, « Marie-Antoinette le destin d’une reine ». A refaire ? Pendant la semaine d’entrainement j’aurais répondu non. Mais arrivé au 14 juillet sur les Champs-Elysées, la fatigue et la douleur due aux ampoules aux pieds disparaissent pour laisser place à la fierté de faire partie des acteurs de ce défilé. Donc à refaire sans hésiter. @CNE Alexandre / IACASP

TSH2 Chanel, sous-officier d’administration bientôt affectée en HIA Votre première fois au 14 Juillet, comment l’avez-vous vécue ? C’est la première fois que j’ai le privilège de participer au défilé du 14 Juillet et de descendre les Champs-Élysées. Pour relever ce challenge et représenter au mieux le 9e CMA, nous sommes partis à 7h00 un samedi pour 10 @CNE Alexandre / IACASP longues heures de route, avant d’arriver au camp Joffre-Drouot de Versailles-Satory et ses 8 jours d’entrainement préparatoires. C’est dans la convivialité et en compagnie des personnels des différents CMA de France, que nous avons été logés en chambrées de 18. Le bâtiment en dur comprenait des douches et sanitaires collectifs sans oublier « le petit plus », la mise à disposition d’un distributeur de café et d’un sèche-main qui faisait aussi office de sèche-cheveux ! Nous pouvions nous restaurer aux «Maréchaux» à l’entrée du site. Les réveils très matinaux, le rythme des répétitions au pas cadencé et les quelques ampoules aux pieds ont laissé place à des moments de détente et de cohésion lors des différentes sorties organisées sur les villes de Paris et de Versailles. Nous avons pu compter sur la bienveillance du personnel d’encadrement qui a réuni toutes les conditions pour nous préparer au mieux au rendez-vous du jour J. Une expérience unique de rencontres et d’échanges que je n’oublierai pas.

Actu Santé n° 155 • Automne 2019

11


Visite de la directrice centrale au 13e CMA de Rochefort

L

e 4 juillet 2019, la médecin général des armées Maryline Gygax Généro, directrice centrale du service de santé des armées, s’est rendue au 13e CMA sur le site de la base aérienne 721 de Rochefort. Accompagnée du médecin général Jean-François BOIN (chef de la division métier de la DMF) et de la commissaire en chef de 1ère classe Maryse Laurent (officier considération), la directrice centrale est venue à la rencontre des équipes dans leur environnement pour entendre les questionnements. Après avoir apprécié l’infrastructure nouvelle du lieu de commandement, une présentation, portée par le commandant de CMA en présence de personnels de la passerelle, a mis en exergue les spécificités et perspectives pour sa zone de compétences.

12

Actu Santé n° 155 • Automne 2019

La visite de la 113e antenne médicale de Rochefor t, suivant le circuit patient a ensuite montré le panel de populations prises en charge sur cette base aérienne, lieu de formations et d’aptitudes variées, et les compétences à mettre en œuvre pour les militaires, civils et réservistes en poste. Afin d’élargir les échanges, les antennes médicales et groupement

vétérinaire rattachés au 13e CMA étaient représentés lors d’un temps convivial propice aux interactions et aux contacts avec la délégation parisienne. Satisfaction et fierté pour la MGA Gygax Généro en constatant investissement et sens du service pour toutes les personnes qui composent le 13e CMA et représente le SSA dans la région. 

©mickael bastien/armée de l’ Air

©mickael bastien/armée de l’ Air

VIE DU SERVICE


VIE DU SERVICE

Petit-déjeuner des nouveaux arrivants de la Direction centrale du service de santé des armées

Le mercredi 18 septembre dernier, au Fort neuf de Vincennes, la médecin général des armées Maryline Gygax Généro, directrice centrale du service de santé des armées (SSA) a accueilli les nouveaux arrivants de la direction centrale. La Directrice a présenté aux nouveaux personnels civils et militaires sa conception générale du rôle de la direction centrale : « vous, nouveaux arrivants, vous intégrez une structure centralienne resserrée et concentrée sur les enjeux stratégiques du Service. » Après avoir détaillé la réorganisation de la haute gouvernance du Service, la Directrice a rappelé que « ces évolutions somme toute encore très récentes ne sont pas une finalité mais bien un moyen afin de garantir la réussite opérationnelle du Service et de ses personnels en opérations comme en métropole ». Dans ce contexte, les nouveaux arrivants ont un rôle tout particulier à jouer. La Directrice leur demande « de l’esprit critique, non par posture ou par négativité mais au contraire comme exigence intellectuelle pour participer positivement à l’évolution permanente de nos organisation ». La médecin général des armées Maryline Gygax Généro les a également invité à placer au cœur de leurs réflexions et actions la prise en charge et l’accompagnement des blessés qui constitue la mission première du Service. Enfin la Directrice a invité l’ensemble les personnels à se joindre aux prochains temps forts pour la cohésion du Service : la journée nationale des blessés du service de santé des armées le 28 septembre, la leçon inaugurale à l’Ecole du Val-de-Grâce le 10 octobre et la prise d’armes de la Saint-Luc le 18 octobre. A l’issue de sa prise de parole, la Directrice centrale a rejoint les personnels présents pour échanger avec eux autour d’un petit-déjeuner convivial.

Visite du Chantier BAHIA à Bordeaux Visite du Chantier BAHIA en présence de madame Geneviève Darrieussecq, secrétaire d’Etat auprès de la ministre des armées, de madame Christelle Dubos, secrétaire d’Etat auprès de la ministre des solidarités et de la Santé et de la directrice centrale.

L

’ hôpital d’Instruction des Armées Robert Picqué et La fondation Maison de Santé Protestante de Bordeaux Bagatelle se sont réunis en 2012 pour créer un Ensemble Hospitalier Civil et Militaire répondant aux besoins médicaux militaires et de santé pour tous dans le sud de la Métropole. Le 3 juillet 2019, la visite du chantier, première étape visible du futur Ensemble Hospitalier Civil et Militaire BAHIA, a permis de marquer une étape importante dans la concrétisation de ce partenariat. Armées de casques de chantier, nos autorités ministérielles et militaires ont emprunté le circuit de

visite en appréciant des lieux propices à une prise en charge optimale, pensée pour le patient. Ce temps a permis de rappeler l’essence du projet et l’intérêt que porte les deux ministères au projet BAHIA.  Actu Santé n° 155 • Automne 2019

13


VIE DU SERVICE

JNBAT 2019 « fraternité d’armes et innovation»

L

a Médecin général des armées (MGA), Maryline Gygax Généro, directrice centrale du service de santé des armées a été à la rencontre des blessés et des personnels du Service présents à la troisième édition de la journée nationale des blessés de l’armée de Terre (JNBAT) ayant pour thème « fraternité d’armes et innovation ». La cérémonie des couleurs achevée, la Directrice s’est rendue auprès des équipes du Service et a pu échangé avec les innovateurs et leurs partenaires repartis sur les trois stands du Service, celui des prothèses bioniques et domotiques, celui des gestes qui sauvent avec notamment le serious game 3D-SC1 et enfin celui exposant l’ Air shock Absorber. La MGA Gygax Généro a félicité ces innovateurs qui œuvrent à l’amélioration de la prise en charge de la blessure et proposent des solutions innovantes pour le mieux-être de nos blessés, leur reconstruction et leur réadaptation. Elle a ensuite accueilli les personnels du Service qui s’étaient engagés sur les marches courses et s’est réjouie de leur participation à cet événement.

@Sophie Miellet - BCISSA

Enfin, la directrice a eu un moment d’échanges privilégiés avec les blessés du Service et leur famille et a pu leur témoigner le soutien indéfectible du SSA tout au long de leur parcours de la prise en charge de la blessure à la reconstruction et la réhabilitation. 

14

Actu Santé n° 155 • Automne 2019


VIE DU SERVICE

Le SSA présent à l’université d’été de la défense

L

’université d’été de la Défense s’est tenue les 12 et 13 septembre 2019 sur la base aérienne d’ Avord sur le thème des mutations de la guerre. Cet événement rassemble chaque année les hauts responsables politiques et les acteurs clés de l’administration ainsi que du secteur industriel. Elle offre à ces derniers un cadre unique et privilégié de réflexion et de dialogue. Les équipes du Centre de transfusion sanguine des armées (CTSA) et le Centre d’enseignement et de simulation de médecine opérationnelle (CESimMo) du service de santé des armées ont pu présenter aux invités les savoir-faire et certaines innovations du Service, le jeudi 12 matin : • La golden hour box, une glacière de 3 kg rechargeable en 8 heures qui

permet de stocker deux à quatre poches de concentré de globules rouges à une température comprise entre 2° et 10°C pendant deux jours, • Le kit de sang total, composé de tous les éléments nécessaires à la transfusion sanguine en situation d’exception. Les rôles 2 et 3 ainsi que toutes les unités médicales opérationnelles de niveau 1, projetées en opération, en sont dotées. • Le kit plyo (plasma lyophilisé). La formation aux premiers secours psychologiques en opération et le mannequin interactif utilisé lors des entrainements ont également été présentés. Par ailleurs, des personnels du 14e CMA ont participé à une démonstration dynamique d’évacuation médicale avec

l’armée de terre. Cette démonstration a démontré que le niveau de cohérence interarmées atteint aujourd’hui permet aux armées, directions et services, d’optimiser leur performance opérationnelle. La directrice centrale, présente à l’UED est venue féliciter et remercier les personnels ayant mis en valeur le travail du Service. 

En lien avec le BCI, Emmanuel Reau qui avait déjà réalisé la série de reportage récompensée Soldats de Novembre, a suivi le personnel du SSA déployé sur Barkhane. Pendant près d’un mois, il a pu suivre en totale immersion, le quotidien des équipes médicales de Gao et N’Djamena mais également les médecins et infirmiers accompagnant dans ses missions un Sous groupement tactique désert (SGTD). Pour enrichir son sujet et expliquer la préparation opérationnelle des infirmiers, Emmanuel Reau a également suivi le stage CADISMEX qui s’est tenu du 7 au 18 octobre sur le camp de la Valbonne. Le sujet dont le titre provisoire est «Médecins de guerre» montrera la chaine médicale opérationnelle dans sa totalité, les savoir-faire exceptionnels des équipes déployées et la diversité de leurs missions. La diffusion est prévue pour la première partie de 2020.

@Capitaine Maxime SIMONNOT / SIRPAT

Les soignants de Barkhane bientôt à l’honneur sur W9

Actu Santé n° 155 • Automne 2019

15


ÇA S'EST PASSÉ DANS LE SSA

www.defense.gouv.fr/sante

Médias réseaux sociaux @santearmees

Service de santé des armées

 31/07/2019 ARTICLE « Vaccination, prévention, formation : à Saint-Mandé, l’hôpital Bégin au cœur de la lutte contre Ebola ». Immersion à Bégin, seul hôpital français à vacciner contre la fièvre hémorragique d’Ebola. LE PARISIEN

 09/10/2019 REPORTAGE « Porte ouvertes à Laveran, journée des métiers du SSA » L’hôpital Laveran a accueilli une équipe de FR3 lors de sa journée porte ouverte de présentation des métiers du SSA auprès de lycéens et étudiants de la région. FRANCE 3

16

Actu Santé n° 155 • Automne 2019

Service de santé des armées

Sept.Oct./2019 ARTICLE « Sur tous les fronts » Portrait du MC Jonathan, et retour d’expérience d’un médecin militaire spécialisé dans l’aéronautique à l’occasion de son embarquement dans le CASA NURSE survolant les Champs Elysées lors du 14 juillet. SECOURS MAG

11/10/2019 LE MAGAZINE DE LA SANTÉ REPORTAGE « Cancer du péritoine : des traitements innovants ». Le magazine de la santé a suivi le service de chirurgie viscérale de l’HIA Bégin dans une technique de chimiothérapie innovante : la PIPAC. FRANCE 5

 28/09/2019 INTERVIEW « Raymond Depardon s’expose au musée national du SSA » Interview de Raymond Depardon à l’occasion du vernissage de l’exposition de ses photos TAM dans le cloitre du Val-de-Grâce qu’il qualifie de « lieu extraordinaire, magnifique, véritable écrin qui accueille pour la première fois une exposition. FRANCE INTER


ÇA S'EST PASSÉ DANS LE SSA

Rejoignez-nous ! Twitter@santearmees 11/10/2019  ARTICLE « Médecins, astronautes, militaires et réservistes réunis ». Retour sur la première édition des journées internationales de Médecine Aéronautique et Spatiale de Toulouse auxquelles a assité la Directrice centrale. LA DEPECHE.FR

11 600 abonnés

 08/10/2019 REPORTAGE Exposition de photographies militaires au Val-de-Grâce. C8

 29/09/2019 ARTICLE « Une marche en hommage aux blessés militaires » Retour sur l’initiative sportive menée par le 6e CMA dans le cadre de la deuxième journée des blessés du SSA. L’EST RÉPUBLICAIN

03/10/2019 DIRECT Direct devant l’HIA Percy après l’hospitalisation d’une des victimes de l’attaque de la préfecture de Police de Paris. BFMTV

REPORTAGE « Un exercice de secours au quartier militaire d’Estienne ». Exercice de désincarcération de la 39e antenne médicale. DERNIÉRES NOUVELLES D’ALSACE

Actu Santé n° 155 • Automne 2019

17


OPÉRATION / EXERCICE

Opérations du SSA et forces prépositionnées

©Planchais Bruno

Situation septembre 2019

18

Actu Santé n° 155 • Automne 2019


©santards du soleil

OPÉRATION / EXERCICE

Médecine de brousse au Sénégal

L

es aspirants-médecins ont été accueillies au centre médical à Bala par une équipe médicale composé de deux médecins, trois infirmiers et deux sages-femmes. Ce centre a été construit en 2012 par l’association Le Kaïcedrat dans une des régions les plus pauvres et arides du Sénégal. Il répond à un besoin des populations rurales sénégalaises de disposer d’actions d’éducation sanitaire, de médecine rurale, de chirurgie ophtalmique et dentaire ainsi que d’une maternité. Outre les consultations dans le centre médical, les aspirants-médecins se sont également déplacées avec les équipes

mobiles, composées d’un chauffeur, d’un infirmier et d’une sage-femme, jusqu’à 70 km autour du centre médical dans les villages les plus éloignés, pour des consultations médicales et gynécoobstétriques. Ces missions leur ont donné un aperçu de l’exercice de la médecine dans des conditions dégradées et permis de découvrir des cas que l’on rencontre rarement en France. Elles ont également assisté la mission dentaire et participé à l’inauguration de la nouvelle salle d’hospitalisation de sept lits. Une des expériences les plus marquantes a été d’assister à leur premier accouchement. « Nous avons

©santards du soleil

Huit aspirants médecins de l’association Santards du Soleil sont partis trois semaines au Sénégal afin de participer aux consultations médicales d’un dispensaire de Bala et au sein d’équipes mobiles dans les villages les plus éloignés. Cette expérience de médecine de brousse a été riche, tant sur le plan humain que professionnel. découvert une autre culture, une autre manière d’exercer qu’à l’hôpital, et ça nous a donné une idée de ce qui nous attend dans notre futur métier » expliquent les aspirants médecins Mathilde, Marina et Iris. Les élèves des EMSLB s’investissent toute l’année dans de nombreuses associations. Santards du soleil est l’une d’entre elles, à vocation humanitaire, composée d’élèves médecins et pharmaciens de 2e et 3e années. Une réédition de cette aventure est déjà prévue pour 2020.  CRP Sandra Marcon - ESA Lyon-Bron

Actu Santé n° 155 • Automne 2019

19


INTERNATIONAL

Signature de la déclaration de capacité opérationnelle initiale (declaration of initial operational capability) du Multinational Medical Coordination Center/ European Medical Command (MMCC/EMC)

L

a médecin général des armées Gygax Généro s’est rendue à COBLENCE les 3 et 4 septembre pour la signature de cette déclaration et la passation de commandement du MMCC/EMC au Generalarzt Stefan Kowitz (Allemagne) qui occupait précédemment la fonction de conseiller médical et chef de la division médicale du SHAPE1 à Mons. La cérémonie solennelle entourant la déclaration a été l’occasion pour les quatorze directeurs centraux d’échanger sur la nécessaire coopération opérationnelle des services de santé à l’échelle européenne ou dans le cadre de l’OTAN. En effet, si le MMCC/ EMC a été officiellement lancé à cette occasion, il convient désormais aux pays signataires2 de le modeler et d’en préciser les missions. Structure de coordination, le but premier du MMCC/EMC est d’appuyer les nations, les structures européennes et OTANiennes dans des domaines pour lesquels un manque d’expertise voire de ressources serait identifié. En particulier, pour l’Union Européenne qui ne dispose pas de structure permanente de commandement des opérations, l’EMC pourra faciliter la génération de forces, favoriser les coopérations logistiques et capacitaires, jouer un rôle actif dans les productions doctrinales, participer aux exercices et appuyer le processus des certifications. Pour l’OTAN, le

20

Actu Santé n° 155 • Automne 2019

MMCC/EMC pourrait jouer un rôle important dans la coordination des flux d’évacuations médicales stratégiques en cas de nombreuses victimes dans un conflit de type article 5. Le MMCC/ EMC serait ainsi un trait d’union médical entre les nations, l’Union européenne et l’ OTAN. La France consciente de l’enjeu et de la plus-value que pourra apporter cette structure a choisi de nommer un officier français du service de santé des armées pour assumer la fonction de commandant (été 2020). La devise du MMCC/EMC est two roots, one team, one capability3 . Les deux racines font référence à l’Union européenne et à l’OTAN pour lesquelles le MMCC/EMC veut s’investir de façon unique (one team) en s’appuyant sur le réseau des services de santé dont la coopération permettra de renforcer la capacité (one capability). 

SHAPE : Supreme Headquarters Allied Powers Europe 2 Allemagne, Belgique, Estonie, France, Grèce, Hongrie, Italie, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas, République Tchèque, Roumanie, Royaume-Uni, Suède. 3 Deux racines, une équipe et une capacité. 1

MCSCN Didier LANTERI Col Dr Egon RITTER


INTERNATIONAL

« Brigadearzt », au cœur du soutien médical franco-allemand 14 juillet 2019, champs Elysées : dans l’ombre, des véhicules français et allemand, côte à côte, sont reconnaissables par un élément commun : le port d’une croix rouge. Les ambulances du soutien médical binational ont assuré les soins de premiers recours au profit des deux nations et la brigade franco-allemande (BFA) a défilé sur les champs sous son étendard aux deux drapeaux entrelacés français et allemand pour ses 30 ans d’existence.

prévention. La BFA, constituée pour moitié d’éléments français et allemands, voit sa répartition géographique être le reflet de cette parité, avec une distribution à parts à peu près égales entre les deux territoires nationaux.

C

réée en 1989, la BFA est une unité binationale interarmes des Armées de terre française et allemande d’environ 5.000 soldats, installée de part et d’autre du Rhin. Brigade opérationnelle, elle est au centre de l’attention militaire et politique dans les deux pays. Pouvant assurer tout le panel des opérations militaires, dans le cadre de l’Union européenne, de l’OTAN ou des Nations Unies, elle contribue à la gestion internationale et nationale de crises ainsi qu’à leur

Le soutien médical de la BFA s’appuie sur les services de santé français et allemand dont la coordination est un enjeu majeur. Celle-ci est rendue possible par l’existence d’un bureau santé au sein de l’état-major de la brigade, commandé par un médecin français, conseiller santé du commandant de brigade. Il est secondé par un officier administratif du service de santé allemand et assisté d´un secrétariat binational. Le bureau santé joue un rôle majeur dans la supervision de la préparation opérationnelle de la brigade dans le domaine médical qui ne relève pas d’une responsabilité nationale. En effet, suite aux restructurations récentes des deux services de santé, les antennes

médicales ne dépendent plus de la BFA mais de commandements techniques et hiérarchiques indépendants : les centres médicaux des armées (CMA) français et allemand. Le bureau santé travaille ainsi de manière étroite avec les 4e et 5e CMA français (Metz et Strasbourg) et avec le SanitätsUnterstüzungsZentrum (CMA) allemand de Stetten. Il doit veiller à la coordination des soutiens sanitaires entre soignants français et allemands et régler les questions techniques relatives à la bi nationalité. Pour cela, il s’appuie sur les principes otaniens car les accords techniques francoallemands sur le soutien médical sont caducs. Une étude est en cours au sein du Groupement Franco-Allemand de Coopération Militaire afin de rétablir une mutualisation du soutien médical, permettant, in fine, une économie certaine dans les ressources des deux services, notamment en terme d’effectifs. 

Actu Santé n° 155 • Automne 2019

21


INNOVATION / RECHERCHE

Nouvel 2 questions à Eric SENE, champion équipement d’imagerie d’obéissance canine

@ C. MORGADO/IRBA

E

ric SENE de l’unité animalerie de l’IRBA, pratique les compétitions canines à très haut niveau (« ring » niveau 2 et « obéissance » classe 3). Cette année avec son chien Ineau, berger belge malinois de 6 ans, il s’est particulièrement distingué en compétition d’obéissance. Déjà champion régional, en mai il s’est classé 12e au championnat de France et il a terminé 6e au championnat du monde FMBB 1 en République Tchèque, ce qui a permis à la France de remporter le titre de championne du monde par équipe. Depuis quand pratiquez-vous l’obéissance canine ? Depuis 29 ans. Les chiens et moi, c’est une longue

22

Actu Santé n° 155 • Automne 2019

histoire. Avant de devenir civil de la défense, j’ai servi au 132e bataillon cynophile de 1999 à 2017 en tant qu’instructeur cynotechnique. Je suis parti 11 fois en OPEX, toujours avec mon chien. Qu’est-ce qui vous plait dans cette discipline ? La précision et la rapidité d’exécution des exercices à travailler avec le chien. Par exemple, on positionne 3 objets derrière Ineau et rien qu’au geste ou à la voix, il est capable de rapporter l’objet qui a été désigné. Il faut beaucoup répéter et s’entrainer, y compris physiquement. 

Fédération Mondiale du Berger Belge

1

L’IRBA vient de se doter d’un système de micro-tomographie in vivo grâce à la Fondation des Gueules Cassées qui l’a financé intégralement. Cet appareil moderne d’imagerie par rayons X, le SKYSCAN 1276 de BRUKER, équipé d’un tube radiogène de 100kV et d’une caméra 4K, offre des possibilités d’images scanographiques 3D de haute résolution. Indissociable des projets de recherche sur la réparation osseuse, il sera utilisé à l’IRBA pour la compréhension des mécanismes d’apparition des paraosthéoarthropathies1 post-traumatiques ou pour juger de l’efficacité de la réparation osseuse, par implantation de nouveaux substituts osseux ou par l’amélioration de techniques chirurgicales déjà utilisées en clinique (technique de la membrane induite de Masquelet, par exemple). Ces thématiques intéressent particulièrement la Fondation des Gueules Cassées qui soutient les institutions travaillant sur les traumatismes de la face et de la tête, leurs séquelles et les pathologies neurologiques d’origine traumatique ou dégénérative. 1 Apparition de minéralisation anormale dans le muscle lors d’amputation de membre chez le blessé ayant eu un traumatisme associé d’ordre neurologique.


INNOVATION / RECHERCHE

Santé du militaire : la ration en question L’IRBA a conduit une étude permettant d’étudier les effets des environnements extrêmes sur les préférences alimentaires. Le but : identifier les envies du soldat pour adapter son alimentation à l’environnement où il est déployé. Si cette problématique répond à un besoin des forces, elle n’avait encore jamais été étudiée sous cette forme.

E

n OPEX, on maigrit. Des pertes de plus de 3 kg en 4 jours ont été observées chez des soldats norvégiens en mission dans le grand froid1, avec des conséquences sur la santé et la réussite de la mission. En effet, les apports énergétiques ne sont pas adaptés aux niveaux élevés de dépense induits par la réalisation d’activités physiques intenses en climat contraignant.

Garantir la capacité opérationnelle Les besoins énergétiques du militaire, compris entre 2500 à 3000 kcal / jour, peuvent atteindre 5500 kcal lors de missions en milieu extrêmement froid (arctique). « Pour lutter contre le froid, l’organisme doit produire lui-même de la chaleur en frissonnant par exemple, ce qui augmente les dépenses » explique Keyne, chercheur à l’IRBA. Le froid présente toutefois un effet bénéfique : on ressent le besoin de manger plus, c’est l’effet orexigène. Dans cette situation, certains individus vont consommer jusqu’à 5500 kcal et vont parvenir à ne pas perdre de poids ! Mais ils sont rares. La plupart ne parviennent pas à manger suffisamment et perdent du poids. Il

existe donc une voie d’amélioration pour adapter l’alimentation aux besoins opérationnels. Avant de modifier les rations, il était nécessaire de savoir si les environnements extrêmes allaient modifier les préférences alimentaires des soldats. Le seul outil scientifique disponible sur le sujet était un questionnaire établi par l’université de Leeds2, l’IRBA l’a adapté et simplifié pour l’utiliser sur le terrain. Les 16 aliments issus de la culture anglaise (jelly…) ont été remplacés par des équivalents bien plus familiers chez nous (ex : camembert). Ce questionnaire sera bientôt utilisable via une application de smartphone.

Des rations sur mesure Cette année, le questionnaire a déjà servi lors d’un raid encadré par le groupe militaire de haute montagne au Groenland. Des rations sur mesure et des collations avaient été préparées pour les commandos de montagne qui se déplaçaient pendant 5 à 6 h sur la banquise. Certains ont perdu du poids mais de façon moins importante que leurs collègues Norvégiens. « Les préférences alimentaires sont modifiées par

l’exposition chronique au froid » conclut le scientifique qui a conduit l’étude et co-auteur de l’article susmentionné. Les résultats attestent d’une envie de sucre prégnante 10 jours après le début du raid. Des études sont nécessaires pour identifier les raisons métaboliques et/ou psychologiques de ce besoin mais cela indique que le contenu du sac alimentaire peut encore être amélioré. A suivre : l’étude des envies alimentaires des militaires non acclimatés au cours d’une exposition chronique à la chaleur. L’étude des environnements extrêmes permet déjà à l’IRBA d’émettre des recommandations et de mettre en place des contre-mesures en termes d’acclimatation, de sommeil et d’exercice physique. La prise en compte de la nutrition complètera ce propos afin de préserver la santé du militaire en opération.  1 Effects of Supplemental Energy on Protein Balance during 4-d Arctic Military Training, Margolis et al. (Medicine & sciences in sports & exercise, 2016) 2 Leeds Food Preference Questionnaire (LFPQ), de 2007.

SACE Gabrielle Gabelle

Actu Santé n° 155 • Automne 2019

23


INNOVATION / RECHERCHE

Traitement des brûlures : des avancées significatives

E

njeu majeur de santé publique ainsi que de santé des militaires (environ 10% des blessures au combat s’accompagnent de brûlures graves), le pronostic des brûlures sévères pourrait connaître une nette amélioration grâce aux recherches réunissant médecins, biologistes et physiciens des plasmas. Une équipe mixte IRBA/École polytechnique X/ CNRS a démontré pour la première fois l’effet bénéfique des « plasmas froids » sur la cicatrisation des greffes de peau après brûlure. Les résultats de cette étude, financée en partie par l’Agence de l’Innovation de Défense sont parus dans le Journal of Pathology. Ils indiquent que la peau greffée après une brûlure au troisième degré soumise à de faibles doses de plasma froid cicatrise plus rapidement grâce à une meilleure génération de nouveaux vaisseaux sanguins (angiogénèse) dans le greffon. 

+

EN SAVOIR

Article : Cold atmospheric plasma modulates endothelial nitric oxide synthase signalling and enhances burn wound neovascularisation C. Duchesne, S. Banzet, JJ. Lataillade, A. Rousseau, N. Frescaline. The Journal of Pathology (2019)

24

Actu Santé n° 155 • Automne 2019

La peau est composée d’un assemblage cellulaire organisé en trois couches successives qui sont l’épiderme (epidermis), le derme (dermis) et l’hypoderme (subcutaneous fat). La brûlure peut être classifiée en termes de degrés (1er, 2ième ou 3ième). Les plasmas froids sont des gaz partiellement ionisés, c’est-à-dire dont une partie des atomes ont perdu leurs électrons. Ils forment un panache-plasma composés de particules chargées - électrons et ions. Dans cette étude, il a été démontré que les plasmas froids améliorent la formation des vaisseaux sanguins dans le derme. Le derme est un tissu conjonctif qui assure la tenue mécanique de la peau. L’augmentation de la vascularisation induit un apport en sang supérieur qui est bénéfique pour la guérison des brûlures et la cicatrisation des greffes de peaux. Des images de Servier Medical Art (https://smart.servier.com/ ) ont été utilisées dans la réalisation de ce diagramme.


INNOVATION / RECHERCHE

Le sport dangereux pour la santé ? focus sur la rhabdomyolyse d’exercice

Le premier épisode est survenu dans un régiment de l’ Armée de Terre, 17 militaires ont présenté une RE suites à la réalisation d’une série intense de pompes dans des conditions climatiques défavorables. Neuf d’entre eux ont été hospitalisés en soins intensifs pour surveillance de leur fonction rénale. L’imagerie réalisée objectivait l’atteinte des muscles sollicités par l’exercice.

de centaines de squats en 15 minutes. Le cas le plus grave a présenté une insuffisance rénale aiguë ayant nécessité une hospitalisation en réanimation pendant deux semaines. Lors de sa prise en charge initiale, ses urines étaient de couleur noire avec une myoglobinurie à la bandelette urinaire ; son taux sérique de créatine phosphokinase (CPK) était supérieur à 1000 fois la limite supérieure de la normale. @MP Benarbia, 55e AM

D

e p u i s 2 016 , l e C e n t r e d’épidémiologie et de santé publique des armées (CESPA) est intervenu en soutien des CMA sur deux épisodes de cas groupés de rhabdomyolyse d’exercice (RE).

@MC Naulet, Service d’imagerie médicale, HIA Legouest

Urines de 3 patients souffrant de RE

IRM coronale en séquence T2 STIR montrant un hypersignal des muscles supra-épineux et triceps brachial droits.

Puis dans une école de Gendarmerie, 10 gendarmes nouvellement intégrés ont présenté une RE suite à la réalisation

La RE est une destruction des fibres musculaires qui associe : - Fatigue voire faiblesse musculaire - Myalgies d’intensité supérieure aux courbatures « habituelles », parfois œdème des loges musculaires - Elévation des CPK - Myoglobinémie et/ou myoglobinurie Le tableau peut se compliquer d’une insuffisance rénale aiguë ou d’un syndrome des loges. Ici la réalisation d’exercices musculaires excentriques (pompes, squats) intenses, rapides et répétitifs chez des sujets non entrainés a entrainé ces RE. Dans les deux cas, ces séances n’ont pas été encadrées par du personnel EPMS

qualifié. La pratique du crossfit, sport associant musculation, gymnastique et haltérophilie, est particulièrement à risque. La prévention des RE dans les armées repose sur une pratique du sport dans le respect du manuel d’entraînement physique militaire et sportif (EPMS) de la Publication interarmées 7.1.1 de 2011, en particulier pour un militaire médicalement apte : - Progressivité dans l’intensité des activités - Adaptation de la pratique en fonction de la condition physique initiale - Eviter de solliciter toujours les mêmes muscles - Hydratation avant, pendant et après l’effort. L’information et la formation des cadres de proximité par des professionnels de l’EPMS sont primordiales.  Pour en savoir plus : 1. DIA A, Lacrosse C, Benarbia J, Pommier de santi V. CESPA. Document n° 1299/ARM/CESPA/ESM/SEI du 09 janvier 2019. 2. DIA A, Duron S, Pommier de santi V, Michel R. CESPA. Document N°111/CESPA du 13 février 2017 3. Scalco RS, Snoeck M, Quinlivan R, Treves S, Laforét P, Jungbluth H, et al. Exertional rhabdomyolysis: physiological response or manifestation of an underlying myopathy? BMJ Open Sport Exerc Med 2016;2(1):e000151. 4.Publication interarmées 7.1.1 relative à l’entrainement physique militaire et sportif n° D-11-008039/DEF/EMA/ RH/NP du 12 octobre 2011

MC Aïssata DIA, CESPA

Actu Santé n° 155 • Automne 2019

25


DOSSIER : INNOVATION

L

’histoire du service de santé des armées, depuis sa création en 1708, a été jalonnée par des innovations emblématiques qui ont permis d’améliorer les pratiques de soins des militaires. Ces innovations concernaient déjà à l’époque tous les domaines contribuant au soutien des militaires en opération : les « ambulances volantes » du baron D. Larrey en 1797 ou les découvertes sur la transmissibilité de la tuberculose par le Médecin Inspecteur J.A. Villemin en 1865 par exemple. Souvent stimulées par des initiatives individuelles sous la pression des conflits et des crises sanitaires, ces innovations deviennent aujourd’hui indispensables pour maintenir une offre de soins de qualité optimale dans un contexte socio-économique, politique, juridique et environnemental de plus en plus contraignant. Le SSA a initié un grand processus de transformation pour faire face à ces difficultés et pour faciliter, inciter, stimuler de manière encore plus efficace les initiatives d’innovation. Ainsi, une Direction de la Formation de la Recherche et de l’Innovation (DFRI) a été créée en Septembre 2018 alors même que l’innovation devenait

26

Actu Santé n° 155 • Automne 2019

une priorité politique au sein du ministère des Armées avec la création de l’ Agence de l’Innovation de Défense (AID). Ces deux instances travaillent de concert pour soutenir les innovateurs dans leurs démarches d’innovation, depuis la formulation d’une idée à sa réalisation pratique en passant par son financement, sa protection et sa valorisation. Il s’agit d’un parcours semé d’embuches qui ont pu rendre certaines initiatives infructueuses mais qui aujourd’hui deviennent réalisables grâce à un ensemble de mesures qui visent à simplifier le processus et améliorer son efficacité avec la création d’un guichet unique de déclaration et de gestion des inventions (le Bureau Recherche et Innovation de la DFRI). Aucune innovation ne peut se concevoir sans innovateur, c’est pourquoi un effort tout particulier sera conduit pour faire rayonner au sein du SSA cet esprit d’innovation qui le caractérise depuis toujours par la mise en place d’une véritable politique de valorisation des innovations mais également des innovateurs. MCS Jean-Jacques Lataillade, Directeur adjoint de la formation, de la recherche et de l’innovation - Délégué à l’innovation du SSA


DOSSIER : INNOVATION

Qu’est-ce que l’innovation ? Parmi les nombreuses définitions de l’innovation, deux méritent notre attention :

de nouveaux besoins auxquels les scientifiques vont être amenés à répondre par la recherche fondamentale.

La 1ère considère l’innovation comme le fait d’intégrer le meilleur des connaissances dans un produit ou service créatif qui permet d’aller plus loin dans la satisfaction des individus.”1

Pour ne citer que quelques exemples, la pénicilline, le postit, et l’aspartame sont des découvertes fortuites, issues du hasard.

La 2ème consiste à définir l’innovation par rapport à deux autres notions clés dans la recherche scientifique : la découverte et l’invention2. La découverte scientifique serait fortuite, issue de la recherche fondamentale ; l’invention serait technique, un dispositif nouveau qui fonctionne ; l’innovation quant à elle serait l’invention qui a trouvé son marché économique et qui serait diffusée au public. Cette définition pourrait se lire de manière chronologique : de la recherche fondamentale vers le marché. En réalité, les interactions sont bien moins linéaires. Le marché peut créer

1 2

A l’inverse, c’est en traduisant la notice de la Pascaline, première machine à calculer automatisée inventée par Pascal, qu’ Ada Lovelace préfigure ce que sera le premier ordinateur et imagine les applications qui pourront en découler. Toutefois, savoir si l’on est face à une découverte, une invention ou une innovation nous renseigne sur le degré de maturité du résultat obtenu, mais pas sur le résultat lui-même. Ce résultat peut être une molécule, une machine, un logiciel, un savoir-faire développé, une méthodologie, etc. Dans tous les cas, il doit être nouveau ou consister en une amélioration de l’existant.

Définition donnée par l’observatoire de l’innovation de la cité des sciences. Définition de Didier ROUX lors de ses cours au collège de France « Découverte fondamentale, invention technologique, innovation : un voyage scientifique »

Actu Santé n° 155 • Automne 2019

27


DOSSIER : INNOVATION

Une démarche de soutien en 6 étapes

1

Présentation du projet à la Direction de la Formation, de la recherche et de l’Innovation/ bureau recherche innovation (DFRI/BRI)

La fiche de proposition d’idée et de projet Afin que la DFRI/BRI puisse prendre connaissance de l’innovation, l’innovateur doit, dans un premier temps, remplir la fiche de proposition d’idée et de projet présente sur le site de la DFRI (https:// dfri.sante.defense.gouv.fr/le-guichetunique/). Des conseils de rédaction sont précisés en commentaires sur la fiche type. Une fois remplie, la fiche est à envoyer à l’adresse suivante : dfri-innov.contact.fct@intradef.gouv.fr Réunion avec l’équipe DFRI/BRI Dans un délai d’un mois environ après avoir envoyé la fiche, le BRI prend contact avec l’innovateur pour avoir des informations complémentaires et pour convenir d’un rendez-vous de présentation orale dans les bureaux de la DFRI/BRI (relancer la DFRI/BRI en cas de non réponse sous un mois. Une fois la date de rendez-vous fixée, l’innovateur transmettra à la DFRI/BRI son diaporama ainsi que la liste de tout le matériel apporté (leur nature, leur poids, leur encombrement).

28

Actu Santé n° 155 • Automne 2019

Concevoir un diaporama Lors de la réunion, l’innovateur présentera son innovation et l’illustrera avec un diaporama au format ppt ou pptx et pdf. Ce diaporama pourra, par exemple, suivre la structure de la fiche de proposition d’idée. Il faut que le ppt soit le plus explicite et le plus compréhensible pour toute personne n’étant pas un expert du domaine traité ou n’ayant pas suivi la présentation orale. Le diaporama peut être personnalisé. L’utilisation d’une charte graphique d’administration n’est pas requise. L’équipe de la DFRI/BRI pourra poser des questions pendant et à la fin de la présentation pour avoir des informations complémentaires, pour préciser certains points, voire pour aider l’innovateur à mieux cadrer son innovation. Le responsable innovation de la DFRI/ BRI rédigera un compte-rendu par courriel et proposera à l’innovateur d’y apporter ses modifications si besoin.

2

Acceptation par le directeur de la DFRI

L’avis du directeur de la DFRI Une note dite « de projet », à laquelle sont attachés la fiche de proposition d’idée et le diaporama, est adressée au directeur de la DFRI pour acceptation (ou non) La note de soutien A réception de la demande, la DFR fait part de l’acceptation (totale ou avec

des restrictions) ou non de soutenir l’innovateur. Elle transmet au responsable financier de la DFRI ainsi qu’au responsable financier de la PFAF Santé de la DAPSA la lettre de soutien qui officialise la mise en place des crédits financiers. La note est adressée en copie au Service Exécutant (SE) chargé de l’exécution des dépenses, à l’unité de l’innovateur et au Bureau pour la Propriété Intellectuelle (BPI).

3

Mise en place des crédits

La procédure Environ deux mois après l’entretien avec la DFRI/BRI, si accord, les crédits financiers sont mis à disposition par la DFRI auprès d’un Service Exécutant (SE), convenu avec la DFRI/BRI lors de la présentation du projet et de la validation. L’innovateur devra donc contacter son Service Exécutant pour convenir d’une procédure d’achat la mieux adaptée au projet, en référer à la DFRI/BRI et au BPI et lui transmettre ses certifications de service fait. Le SE nomme un responsable achat référent pour le dossier et doit le communiquer à la DFRI/BRI, au BPI et à l’innovateur. Important : Il est demandé à l’innovateur de mettre en copie la DFRI/BRI de tous ses échanges, contrats et résultats avec son SE.


DOSSIER : INNOVATION

Le contrat, avant d’être passé, doit être vérifié par la DFRI/BRI et le BPI. Ce service exécutant peut être centralisé (SSA, SID, DIRISI, …) ou bien régional (validation par le SI). La carte achat (se référer au guide de l’achat d’innovation) Sous réserve d’un accord du responsable de programme carte d’achat et du SE support, le SE peut fournir une carte achat à un innovateur afin de réaliser des achats de petits matériels, prévus ou non dans un marché établi au titre de l’innovation. (A voir avec la PFAF Santé de la DAPSA) Ce vecteur de paiement permet d’aller plus vite, mais dans les limites fixées par l’administration (notamment lors d’achats via internet). Attention à respecter scrupuleusement les procédures.

4

Réalisation du démonstrateur

Le calendrier L’innovateur dispose d’environ un an renouvelable sur justification, à partir de la décision de soutien, pour effectuer les études, les travaux et les expérimentations permettant la validation de son projet. Pendant cette période, la DFRI/BRI est l’interlocuteur privilégié pour apporter l’aide administrative, technique et juridique. Six mois après, la DFRI/BRI demande à l’innovateur de rédiger un état

d’avancement (la situation actuelle, les problèmes rencontrés, a-t-il besoin d’aide ? etc. Pour autant, l’échéance à 6 mois est indicative. De nombreux facteurs peuvent justifier qu’elle soit dépassée (mission extérieure, stage, difficultés rencontrées, etc.) ou raccourcie (problèmes majeures à résoudre). La propriété intellectuelle Toute innovation est susceptible de contenir des parties protégeables. L’innovateur doit prendre contact obligatoire avec le Bureau de la Propriété Intellectuelle (BPI) de la DGA afin d’estimer s’il est nécessaire de lancer une procédure de protection de l’innovation, en particulier par brevet. Il devra transmettre par courriel à Christophe Jugé : christophe.juge@ intradef.gouv.fr (correspondant BPI de la DGA) une description de l’invention en s’appuyant sur l’annexe III de l’instruction n°20340/DEF/SGA/DAJ/D2P/EGL du 25 mars 2008 relative aux inventions brevetables des agents du ministère de la défense. Ce contact doit être pris dès la transmission de la fiche de projet afin de s’assurer de protéger ce qui est nécessaire avant de prendre contact avec une entreprise qui pourrait être utilisé ultérieurement en tout ou partie de l’innovation (éviter toutes divulgations de propriété intellectuelle à des tiers) ; il permettra de déterminer les meilleurs moments pour : - la réalisation de l’étude de brevetabilité

réalisée par le BPI dès lors qu’une description détaillée de l’invention est disponible ; - puis, s’il y a lieu, la transmission de la déclaration d’invention de l’inventeur au BPI en vue du classement de l’invention. Toute modification au cours du projet peut conduire à la redéfinition de cette étude. Il est important que l’innovateur informe le plus tôt possible le BPI des modifications ou améliorations apportées au projet initialement examiné (toujours mettre en copie la DFRI/BRI). Important : L’innovateur doit rester discret sur son idée, les principes de fonctionnement de l’innovation, les plans etc. au risque de compromettre la brevetabilité et donc l’industrialisation future pour une mise en service dans les forces. Si l’innovateur est amené à divulguer des informations sensibles à des tiers (ex : un prestataire, un labo, un stagiaire…), un engagement de confidentialité doit être signé avec ceux-ci.

5

Finalisation du projet

Une fois que l’innovateur a terminé son projet, il fournira à la DFRI/BRI un rapport final et une vidéo de présentation. Ces 2 fournitures sont indispensables pour que la DFRI/BRI puisse communiquer sur la potentielle généralisation du projet. L’innovateur apportera le plus grand soin à leur réalisation. Actu Santé n° 155 • Automne 2019

29


DOSSIER : INNOVATION ....suite, Une démarche de soutien en 6 étapes Le rapport final Le rapport final comportera les points suivants : les besoins initiaux, les solutions envisagées pour y répondre, les étapes de la démarche, les problèmes constatés en cours de projet, les décisions prises pour les résoudre. Les hypothèses, les choix, les résultats, la démarche d’achat, la propriété intellectuelle, l’argent dépensé, le potentiel de généralisation etc. la vidéo de présentation, une courte vidéo (2 minutes maximum) sera réalisée pour présenter l’innovation illustrant le constat initial, la situation obtenue et les perspectives d’utilisation.

6

Commission de diffusion

Depuis 2006, les projets clôturés présentant un potentiel interarmées sont examinés en « commission d’appui à la généralisation ». Cette commission était co-présidée par le général commandant la division cohérence capacitaire de l’état-major des armées et l’adjoint du service de préparation des systèmes de force et de leur architecture. Réunissant des représentants des armées, directions et services, elle émettait des recommandations sur les innovations

ayant abouti à un démonstrateur afin que les ADS disposent des éléments pour décider si ces démonstrateurs doivent être étudiés en vue d’une acquisition ou d’une utilisation au sein d’entités du ministère des Armées ou de la DGGN. Ce dispositif complétait les actions de communication et de reconnaissance du travail des innovateurs Désormais, la commission d’appui à la généralisation sera remplacée par une nouvelle commission dite de pilotage de l’innovation dont les modalités, le calendrier, les contours seront définis début 2020 par la DCSSA. 

Et si on parlait valorisation ?

U

ne fois le résultat o b te nu et protégé, il constitue un actif valorisable, c’est-à-dire qui peut générer de la valeur. L’objectif est alors de déterminer comment développer cette valeur, qui n’est pas nécessairement ou uniquement monétaire. C’est ainsi que l’on peut établir des stratégies de valorisation de cet actif, en décidant d’investir dans des développements complémentaires (par exemple les programmes de pré-maturation ou de maturation des résultats), de l’exploiter par ses propres moyens, de le faire

30

Actu Santé n° 155 • Automne 2019

exploiter par un tiers, de le vendre, de le céder, le concéder en licence, etc. Plus le résultat est proche du marché et constitue une innovation, plus sa valorisation est facilitée. Les investissements et les risques sont amoindris si l’innovation fonctionne et a trouvé son public. Quels sont les intérêts d’une valorisation de la recherche du SSA ? Le 1er intérêt, qui est même une mission pour le SSA, est de développer et promouvoir les connaissances afin de faire profiter la société civilo-militaire des progrès scientifiques dans un but d’amélioration de leur prise en charge médicale. Le deuxième intérêt est de percevoir des revenus grâce aux innovations développées dans les laboratoires. Ce mode de

financement complémentaire, permet d’augmenter les ressources propres et de réinvestir dans des domaines de recherche où les budgets sont souvent contraints. Enfin, les inventeurs, c’est-à-dire les chercheurs, ingénieurs, personnels médicaux, paramédicaux, techniques et administratifs à l’origine du résultat peuvent être intéressés dans le respect des conditions du Code de la Propriété Intellectuelle, sur l’exploitation dudit résultat. Ainsi si le SSA exploite ou fait exploiter une innovation et en tire des revenus, les inventeurs pourront recevoir un pourcentage sur ces revenus. Ce mécanisme d’intéressement est à la fois un retour sur l’investissement personnel des scientifiques mais également une incitation à innover. 


DOSSIER : INNOVATION

Pourquoi protéger un résultat innovant et par quel outil ? Protéger un résultat, quel qu’il soit et qu’elle qu’en soit sa forme, est à la fois une façon d’acter son existence et une façon de créer de la valeur. Qu’il soit issu d’une découverte fortuite ou d’années de recherches et de développement, ce résultat entre dans le patrimoine de la personne qui l’a produit, qu’il s’agisse d’une personne physique ou plus généralement de son employeur lorsque le résultat a été obtenu dans le cadre de ses fonctions. Il constitue donc un actif dit immatériel, et doit être recensé et protégé. De nombreux outils servent à la protection des résultats. Deux grandes catégories sont classiquement retenues. - La protection par le secret : cela sous-entend que l’on ne dévoile à personne ni le résultat, ni le fait même qu’on l’a obtenu. Cela implique une organisation minutieuse du secret à l’échelle de l’institution, mais permet une protection aussi longue que le temps que le secret est gardé. Les établissements publics optent généralement peu pour cette solution car elle est contraire à leur mission de partage des connaissances et fait obstacle à la publication des chercheurs. Parmi les exemples célèbres, on peut citer les fameuses formules secrètes de la Chartreuse, du Coca-Cola ou les technologies secrètes utilisées par Apple pour leurs produits. - La protection par la propriété intellectuelle : c’est-à-dire des titres tels que le droit d’auteur, le brevet, la marque, les dessins et modèles, etc. Les titulaires de ces titres obtiennent un monopole d’exploitation pour une durée limitée. C’est la contrepartie à leur divulgation au grand public. A titre d’exemple, le texte d’un brevet devient public lorsqu’il est délivré, mais pour utiliser la technologie décrite dans le brevet, l’industriel devra prendre une licence. Tout résultat, s’il peut être brevetable, doit être protégé dès son obtention ; pour cela il ne doit pas être divulgué par quelconque voie que ce soit : orale (congrès, communications…) ou écrite (article, information diffusée sur internet ou réseaux sociaux). Le Bureau Recherche et Innovation de la DFRI s’appuie sur les compétences du Bureau de la Propriété Intellectuelle (BPI) de la DGA pour assurer la protection des résultats d’invention issus du SSA. Le BPI assure, pour l’ensemble du ministère des

Armées, la protection des inventions intéressant la défense en matière de brevets et met en œuvre la réglementation relative aux créations et inventions des personnels du ministère. Il contribue également à l’expertise du ministère en matière de propriété intellectuelle et en particulier il détermine si l’invention est propriété de l’inventeur ou de son employeur, c’est-à-dire l’état. Ainsi on peut distinguer 3 situations : - Invention « de mission » : appartient ab initio à l’État. Invention faite par l’agent dans le cadre d’une mission inventive correspondant à ses attributions ou d’études/recherches qui lui sont explicitement confiées. - Invention « hors mission attribuable » : appartient à l’inventeur. Invention faite dans le cours de l’exécution des fonctions ou dans le domaine des activités du service dont relève l’agent de l’État et/ou Invention faite grâce à la connaissance ou à l’utilisation de techniques ou de moyens spécifiques au Service ou de données procurées par lui. L’employeur peut exercer un droit d’attribution sur l’invention pour bénéficier, moyennant un « juste prix », soit de la propriété de l’invention, soit de la jouissance de tout ou partie des droits attachés au brevet protégeant l’invention (l’État dispose de 4 mois pour exercer ce droit). - Invention « hors mission non attribuable » : appartient à l’inventeur. Invention sans aucun lien avec les missions de l’inventeur. C’est l’inventeur qui assumera les coûts liés au dépôt et l’entretien du brevet. 

Actu Santé n° 155 • Automne 2019

31


DOSSIER : INNOVATION

L’Agence de l’Innovation de Défense : une opportunité pour le SSA « L’ Agence de l’Innovation de Défense permettra de rassembler tous les acteurs de l’innovation dans le ministère. Elle sera ouverte vers l’économie civile, vers l’Europe, visible à l’international. Elle sera la terre d’accueil des entrepreneurs, des créatifs, des ingénieux. Elle donnera sa chance à l’expérimentation, au succès comme à l’échec. » Florence Parly, ministre des Armées, discours de clôture de la 16e université d’été de la Défense, le 11 septembre 2018

P

arce que l’environnement stratégique mondial actuel est instable et en rapide mutation, il faut gagner en réactivité et en agilité pour garantir à nos armées la supériorité opérationnelle, préserver et consolider notre autonomie stratégique, et accroître la performance du ministère des Armées dans l’ensemble de ses missions. Réactivité et agilité ne peuvent être atteintes que par une promotion active de l’innovation. Créée le 1er septembre 2018, l’ Agence de l’Innovation de Défense (AID) est un service à compétence nationale, placé sous l’autorité du Délégué Général pour l’Armement. Près d’une centaine de personnes, issues des armées, directions et services du ministère, y travaillent. La politique d’innovation ministérielle dont l’élaboration a été coordonnée par l’ AID est détaillée dans le Document d’Orientation de

32

Actu Santé n° 155 • Automne 2019

l’Innovation de Défense (https://www. defense.gouv.fr/aid/actualites/ledocument-d-orientation-de-l-innovationde-defense-doid), qui sera révisé annuellement. Le service de santé des armées (SSA) a été impliqué dans l’ensemble de sa rédaction.

nouveaux usages et capter rapidement l’innovation issue du marché civil. Elle comprend aussi bien des innovations incrémentales que des ruptures.

Qu’est-ce que l’innovation de défense ?

L’ AID travaille avec de nombreux acteurs, nationaux et internationaux : états-majors, directions et services, industriels et académiques, ministères de la défense d’armées étrangères. Le SSA fait tout naturellement partie de ce réseau. L’ AID exerce la tutelle d’établissements publics, et met en œuvre des partenariats ad hoc avec les grands organismes impliqués dans la recherche : ANR, CNRS, CEA, INRIA, grandes écoles, universités, …. Elle joue en particulier un rôle dans l’orientation des travaux d’intérêt dual du CEA dans le domaine des sciences du vivant.

L’innovation de défense est l’ensemble des nouveautés ou inventions suscitées, captées, puis mises en service au sein du ministère, de la recherche amont jusqu’au produit fini et industrialisable. Elle s’inscrit : - dans le temps long, pour préparer des investissements structurants, anticiper les ruptures technologiques et s’assurer la maîtrise des technologies émergentes à caractère stratégique ; - dans le temps court, pour tirer parti des

Une organisation en réseau


DOSSIER : INNOVATION

Pour mener à bien ses missions, elle est organisée en 4 pôles :

Il conduit également les actions de communication de l’agence.

Les pôles « stratégie et technologies de défense » et « innovation ouverte » héritent, en les élargissant, des missions de structures qui dépendaient auparavant de la DGA : orientation et pilotage de l’innovation, coopérations internationales, dispositifs d’accompagnement de la recherche et de soutien à l’innovation, innovation participative. Grâce aux accords bilatéraux de l’ AID, le SSA peut porter des sujets de coopération internationale de recherche et technologie. En outre, la cellule innovation ouverte et l’innovation défense lab recherchent les innovations civiles qui peuvent avoir des applications défense et aident au passage à l’échelle des innovations les plus prometteuses (ex : le projet SSA de culture de peau autologue). L’Innovation Défense Lab dispose d’un local pour l’organisation d’évènements en lien avec l’innovation (séances d’idéation, de créativité, conférences,), situé à l’extérieur de l’enceinte du ministère. Le SSA y a déjà organisé des manifestations.

Le pôle « financement, acquisition de l’innovation et affaires transverses » propose la programmation budgétaire relative à l’innovation, en lien avec les états-majors, directions et services, et en assure les travaux de préparation et de suivi budgétaires. 

Ingénieur en chef des études et techniques d’armement Emmanuel Gardinetti, responsable innovation Homme & Systèmes Madame Emmanuelle GuillotCombe, responsable innovation Biologie-santé-NRBC Ingénieure principale des études et techniques d’armement Amélie Barazzuti, Gatekeeper de l’innovation défense lab

L’organisation est en cours de mise en place. La porte d’entrée principale des demandes SSA vers l’AID est le délégué à l’innovation de la DFRI, en lien constant avec le praticien du SSA affecté à l’AID, les autres correspondants santé de l’agence, et le guichet unique. Le développement de partenariats civils nationaux et internationaux, en particulier la création d’unités mixtes de recherche civile, arrive à l’AID par les guichets des dispositifs de soutien à l’innovation. Le guichet unique de l’AID (agenceinnovation.dir. fct@intradef.gouv.fr) aiguille les demandes vers les correspondants pertinents de l’agence, notamment : - Le responsable innovation biologie,biotechnologies, santé et NRBC - Le responsable innovation hommes et systèmes : facteurs humains, ergonomie, maîtrise des risques pour l’homme - Le responsable santé pour l’innovation ouverte, en lien avec l’innovation défense lab. - Le praticien du SSA pour les coopérations internationales de recherche et technologie - Le chef du projet ministériel intelligence artificielle Les conseillers santé de la DGA et de l’EMA sont également connectés avec l’AID.

Ingénieur en chef de l’armement Bruno Bellier, chef du pôle Stratégie et Technologies de Défense

Env oy ez -

Le pôle « valorisation de l’innovation » définit et met en œuvre la démarche de valorisation pour faciliter l’intégration opérationnelle des innovations soutenues, tout en sécurisant les aspects de propriété intellectuelle.

Médecin en chef Stéphanie Montmerle-Borgdorff, chargée d’affaires Coopérations Internationales

Points de contact avec le SSA

rojets os p v us o n

Retrouvez d’ores et déjà l’agence sur https://www.defense.gouv.fr/aid. Notre adresse : Balard, Parcelle Victor, bâtiment 17, 60, boulevard du Général Martial Valin, 75015 Paris

Pour en savoir plus :

Décret n° 2018-764, Légifrance Actu Santé n° 155 • Automne 2019

33


DOSSIER : INNOVATION

PROTECT-REAR, développement d’une nouvelle solution dynamique d’anti-trauma balistique

E

n parallèle de sujets de recherche sur la prise en charge médicale des blessés de guerre et sur les effets des armes, l’Unité de Traumatologie de Guerre de l’Institut de Recherche Biomédicale des Armées (IRBA) travaille depuis de nombreuses années sur l’amélioration des protections balistiques du combattant. Les objectifs recherchés sont l’amélioration du pouvoir protecteur tout en améliorant l’ergonomie, et en particulier le poids de ces protections. Même si la fonction primaire d’une protection balistique est de stopper le projectile, une autre fonction primordiale est de dissiper au maximum son énergie lors de l’impact afin d’empêcher la survenue de lésions corporelles fermées potentiellement létales connues sous le nom d’effets arrière. En partenariat avec la société française RxR Protect, qui développe une solution anti-trauma pour les sports extrêmes fondée sur la dissipation d’énergie par la communication de mini coussins d’air, l’IRBA travaille à intégrer cette technologie dans les futurs gilets de protection balistique. L’innovation est de confier une partie du rôle anti-trauma, aujourd’hui dévolu aux matériaux balistiques lourds, à des éléments spécialisés beaucoup plus légers, et donc de diminuer le poids

34

Actu Santé n° 155 • Automne 2019

des protections, à pouvoir protecteur égal, voire supérieur, tout en améliorant l’ergonomie. Ce projet est né de la rencontre il y a trois ans entre un industriel et une équipe de recherche. Chacun avait des idées, des moyens et des objectifs bien différents, mais la discussion et la volonté commune de servir les forces armées ont permis de mettre au point un projet conjoint. Les partenaires se sont naturellement tournés vers la DGA et la Mission d’Innovation Participative pour les soutenir. D’un simple soutien financier initialement attendu, il s’est avéré que la MIP offrait beaucoup plus, en termes d’accompagnement. Ainsi, les questions cruciales telles que le partenariat défense ou la propriété intellectuelle ont été abordées. Ce projet est aujourd’hui au stade de démonstrateur quittera bientôt la phase initiale de la MIP pour se tourner, toujours grâce à l’accompagnement de la DFRI et de l’ AID, vers une phase de développement industriel. Il a récemment été mis à l’honneur lors du Forum Innovation Défense et du défilé du 14 Juillet.  MC Nicolas Prat, IRBA, Unité Traumatologie de Guerre


DOSSIER : INNOVATION

Épidermes de culture Les épidermes de culture pour le traitement des grands brûlés : le SSA reste à la pointe de l’innovation technologique dans le cadre d’un partenariat public/privé emblématique

C

hez les patients gravement brûlés sur plus de 70% de la surface corporelle, les capacités de prises en charge par des autogreffes de peau, même très expansées, sont dépassées. Le traitement requiert alors une approche d’ingénierie tissulaire décrite par Rheinwald et Green (culture d’épiderme autologue « CEA »), consistant à isoler des kératinocytes d’une biopsie de peau saine, les multiplier en culture pour reconstituer des feuillets qui sont ensuite greffés au patient. La brûlure est une préoccupation historique en traumatologie de guerre. Le centre de traitement des brûlés (CTB) de Percy et les équipes qui y travaillent font partie des rares structures françaises capables de prendre en charge de tels patients. Les résultats cliniques, le prix, puis les difficultés d’approvisionnement avec les CEA produits par un laboratoire américain on conduit le service de recherche du CTSA, devenu plus tard l’Unité de Thérapie Cellulaire et Tissulaire de l’IRBA, à se positionner pour développer un CEA innovant et assurer un approvisionnement pour le CTB de l’HIA Percy. Une première étape a été l’acquisition de compétences dans la culture de kératinocytes humains. Elle s’est faite à partir de 2004 au travers d’un partenariat avec la société L’Oréal. Cette dernière possédait des savoir-faire dans

la culture des cellules de la peau et a non seulement assuré un transfert de technologie, mais aussi subventionné l’installation d’infrastructures de production au CTSA. Le travail de recherche et développement a débuté, remplaçant tous les produits de grade « recherche » par des produits de grade clinique, avec deux innovations dans le procédé de production des CEA. La première concerne les cellules dites « nourricières », indispensables à la croissance des kératinocytes en culture. Les fibroblastes de souris utilisés dans la technologie l’Oréal (méthode de Green) ont été remplacés par des fibroblastes humains irradiés, éliminant les cellules animales du produit. La seconde innovation est l’ajout d’une matrice de plasma humain coagulé, qui joue en partie un rôle de support physique et possède un rôle trophique dans la phase de structuration et de maturation du feuillet. Ce produit a été nommé hPBES pour «human Plasma-Based Epidermal Subsitute ». Ce travail de longue haleine a abouti à un produit qui est actuellement en phase de qualification préclinique : tests d’efficacité, de toxicité, de biodistribution et de tumorigénicité. Pour la phase d’essai clinique, grâce au soutien de la DGA/AID, le choix a été fait d’un transfert de technologie vers un industriel capable d’assurer, de façon durable, une production de grade clinique au profit du SSA. Deux questions se posent encore : celle du

Dr Marina Trouillas, Pr Sébastien Banzet, IRBA, Unité thérapie cellulaire et Tissulaire Pr Eric Bey , HIA Percy, Service de chirurgie plastique Pr Thomas Leclerc, HIA Percy, Centre de Traitement des Brûlés

cadre réglementaire de l’essai qui doit être discuté avec l’ ANSM car le nombre de patients est réduit, la seconde est

Feuillet d’épiderme « hPBES » prêt à greffer

celle du financement de cette phase. L’ambition est d’obtenir à terme une autorisation de mise sur le marché (AMM) sous le statut de médicament de thérapie innovante et d’assurer ainsi la capacité du SSA à prendre en charge ces blessés qui restent aujourd’hui en impasse thérapeutique. 

Actu Santé n° 155 • Automne 2019

35


DOSSIER : INNOVATION

OXYCOS : Une bouteille d’oxygène ultra légère développée pour les Forces Spéciales

P

armi les projets innovation portés par le service Ingénierie Santé de l’ECMSSA, il y a le développement d’une bouteille d’oxygène médical ultra légère et très compacte qui va équiper les forces spéciales dès la fin de l’année. En effet, jusqu’à présent la plus petite bouteille en dotation pour le SSA en OPEX est la bouteille de capacité 3 litres d’oxygène sous 200 bars, qui pèse plus de 7 kg avec son sac et ses accessoires. La solution proposée a consisté à étudier une bouteille de capacité 1 litre remplie en oxygène médical sous très haute pression (300 bars). Pour obtenir un matériel ultra léger, il a été nécessaire d’avoir recours à une bouteille à enroulement filamentaire de carbone dont le poids final n’excède pas 800 grammes ! Un détendeur intégré vient équiper cette bouteille, de manière à la rendre très compacte et pouvant être glissée dans un sac à dos ou portée à la ceinture. Une pré-série a été réalisée pour être évaluée sur l’aspect opérationnel par les forces spéciales. Ce nouvel équipement a été validé et fait désormais l’objet d’une commande de série. La bouteille ainsi développée a un poids total avec sa charge en oxygène de 2,3 kg, une hauteur de 42 cm et un diamètre de 12 cm. Elle est utilisable de -40°C à +65°C. Son autonomie est de 30 minutes avec un débit de 10 L/min. Cette bouteille qualifiée militaire pour emploi sur tous types de vecteurs terrestres, aériens ou maritimes permet désormais de disposer d’une source d’oxygène médical au plus près des zones de combat, sans augmenter de façon significative la charge d’emport des infirmiers ou médecins militaires.  IEF Hors Classe Patrick EVRARD

36

Actu Santé n° 155 • Automne 2019


DOSSIER : INNOVATION

Systèmes de transport Golden Hour Box

L

’hémorragie massive est la première cause de décès évitable au combat. Sa prise en charge repose sur la chirurgie d’hémostase et la transfusion sanguine. Les données récentes de la littérature montrent que la survie de ces blessés est liée au délai de prise en charge et, en ce qui concerne la thérapeutique transfusionnelle, à 4 principes : un apport de produits sanguins dans les 30 minutes suivant la blessure, le recours à du plasma en tant que premier « fluide » de réanimation, l’apport de plaquettes aussi vite que possible et, enfin, l’obtention d’un ratio plaquettes/concentrés de globules rouges (CGR)/plasma proche de 1/1/1 à la fin de la réanimation. Les conflits modernes ajoutent aux situations opérationnelles classiques les contraintes d’isolement du soutien médical confronté à ces blessés. En effet, si l’apport de plasma grâce à l’utilisation du plasma lyophilisé permet de résoudre une partie du problème grâce à son conditionnement et à sa résistance aux températures, il n’en est pas de même pour les CGR et les plaquettes. Les CGR doivent être conservés entre 2 et 6°C, avec une tolérance de 24h jusqu’à 10°C. Afin de mettre à disposition l’association CGR/ PLyo à tous les blessés le nécessitant, le CTSA, en collaboration avec la chaire d’anesthésie-réanimation, la chaine de ravitaillement, et grâce au soutien

de médecins des forces, en métropole mais aussi en mission extérieure, a déployé depuis août, des systèmes de transport de CGR à froid passif. Ces systèmes, « Golden Hour Box » (GHB), commercialisés par la société Pélican ont été validés par le CTSA et permettre de mettre à disposition à chaque fois que cela est nécessaire des CGR. Les modalités d’utilisation de ces systèmes sont détaillées dans le « mémento de transfusion de l’avant » 506412 du 3/06/2019. Ces GHB permettent ainsi de conserver 2 à 4 CGR pendant 48h sous des températures de 37°C. Pour être « chargée », ces GHB sont exposées au moins 8h à une température < -15°C. Les CGR peuvent ensuite y être placés, après une phase de retour à température des parois (évitant l’exposition des CGR à des températures négatives trop importantes pouvant être à l’origine d’une hémolyse).

4°C pour une durée de 7 jours, sans perdre son pouvoir « refroidissant », et être ensuite exposée 48h à 37°C sans dommage pour les CGR qu’elle contient. Cette nouvelle technologie, associée à un traceur de température et à des puces témoins placées sur chaque CGR, permet de réintégrer les CGR non transfusés, diminuant ainsi leur sousutilisation liée à la crainte de les gaspiller. L’étape suivante est le remplacement de ces CGR par des unités de Sang Total O Déleucocyté qui apporteront des plaquettes, permettant ainsi de fournir aux blessés la meilleure thérapeutique transfusionnelle disponible. 

Ce délai de précaution nous a incité à tester et finalement valider une stratégie autorisant un emport immédiat des GHB/CGR, par exemple pour les missions de MEDEVAC. Ainsi, une GHB chargée peut elle être placée entre 2 et Actu Santé n° 155 • Automne 2019

37


FORMATION

Immersion d’un aspirant chirurgiendentiste à l’École Nationale des SousOfficiers d’Active

D

urant leur cursus de formation à l’École de Santé des Armées (ESA), les futurs praticiens effectuent un stage d’immersion dans les Forces, pour être placés en position de commandement et s’imprégner des milieux dans lesquels ils serviront. Intégré dans une section de la 2 e compagnie du 2e bataillon de l’École, l’ACD a côtoyé 29 engagés volontaires sous-officiers (EVSO) durant une partie de leur formation théorique, sportive et pratique, ayant également l’opportunité d’assister à une partie de leur préparation au stage initiateur commando. Pendant ce stage, l’aspirant a pu dispenser un cours théorique de topographie aux EVSO dont il a encadré la mise en pratique lors de sorties terrain. Il a également apprécié la qualité de la préparation physique ainsi que la pédagogie des moniteurs de sport pour prévenir la blessure lors des séances par un échauffement général et spécifique. Enfin, il a découvert l’importance de la simulation dans l’apprentissage des EVSO. Tout d’abord avec le module d’Instruction de l’Infanterie au Commandement et à l’Infrastructure

38

Actu Santé n° 155 • Automne 2019

(INSTINCT), basé sur la simulation par ordinateur où chaque élève endosse un rôle dans un groupe de combat évoluant sur différents compartiments de terrain et mettant en œuvre des scénarii de progression, d’observation… tout en échangeant entre eux par micro et casque interposé. Ensuite avec la salle de Simulation d’Instruction et Technique de Tir sur Arme Légère (SITTAL) permettant de travailler la précision du tir et la justesse du compte-rendu.

Le retour sur expérience de stage est particulièrement positif. L’aspirant chirurgien-dentiste a su retirer des cadres présents l’expérience d’une pédagogie adaptée, constructive et d’une communication ajustée au public et à la situation. Avoir eu la chance d’être parfois placé en situation d’encadrement l’a convaincu de l’importance de la formation militaire reçue à l’ESA pour garder face au EVSO une position de leader.  Aspirant chirurgien-dentiste Millerot CDC Fenistein


HISTOIRE

1769-2019 250 ans au service vétérinaire des armées Elève militaire à l’école royale vétérinaire d’Alfort (1782) - Aquarelle de M. Devautour

L

e corps des vétérinaires des armées célèbre cette année les 250 ans de sa fondation. Un ordre du Duc de Choiseul du 13 septembre 1769 peut être considéré comme l’acte fondateur du corps. Par ce dernier, le secrétaire d’Etat à la Guerre du roi Louis XV demande à tous les régiments de cavalerie, hussards, dragons et troupes légères, de détacher un sujet pour qu’il soit instruit à l’école vétérinaire d’ Alfort. La création du corps des vétérinaires militaires suit ainsi de très près la fondation des premières écoles vétérinaires par Claude Bourgelat, à Lyon en 1761 puis à Alfort en 1765.

Les progrès des sciences vétérinaires au XIXe siècle, les améliorations obtenues dans la conservation des effectifs équins et les services rendus lors des campagnes coloniales permettent une lente amélioration du statut des vétérinaires militaires, avec notamment : - la création d’un premier cadre des vétérinaires militaires (1843) ; - la reconnaissance du statut d’officier (1852) ; - l’assimilation des grades de la hiérarchie vétérinaire à ceux de la hiérarchie militaire (1884) ; - l’accès au grade de colonel (1902) ; - la création d’un poste de vétérinaire général (1913). Les activités des vétérinaires militaires, initialement centrées sur les soins aux chevaux des troupes à cheval s’étendent dès 1876 au contrôle des viandes, puis des autres denrées alimentaires et, depuis 2005, à celui des eaux destinées à la consommation humaine.

Cynocommandos du service vétérinaire (Hanoï 1954)

Le vétérinaire inspecteur Alphonse Barrier, premier vétérinaire officier général (1913)

Confronté à l’inéluctable diminution des effectifs équins militaires, le service vétérinaire, qui relevait initialement de la direction de la cavalerie, est rattaché une première fois au service de santé des armées (SSA) en octobre 1944. Paradoxalement, le service vétérinaire est alors chargé de la remonte et de la cynotechnie. Le développement considérable de cette dernière en Indochine et en Algérie avec des missions opérationnelles de combat pose la question de son rattachement au SSA qui, pour bénéficier de la protection des conventions de Genève, doit en respecter les dispositions. Pour mettre fin à cette situation ambiguë, le décret du 5 avril 1961 crée le service biologique et vétérinaire des armées relevant directement du chef d’état-major interarmées. Chargé de la zootechnie, des études et recherches dans le domaine de la biologie animale ainsi que du contrôle hygiénique des denrées alimentaires, il est dissous le 1er août 1967 suite à des réorientations budgétaires. Après une période de transition, le corps des vétérinaires biologistes des armées est de nouveau rattaché au SSA à compter de 1978. Ce 2e rattachement marque l’abandon de la gestion et de l’emploi des animaux militaires qui reviennent aux armées. Les vétérinaires des armées se recentrent sur les missions traditionnelles de médecine vétérinaire et de santé publique vétérinaire participant ainsi à la protection de la santé des militaires et au maintien de la capacité opérationnelle des forces. Vétérinaire en chef Emmanuel DUMAS chef du bureau vétérinaire de la direction de la médecine des forces

Actu Santé n° 155 • Automne 2019

39


JNBSSA 2019

Le lien qui nous unit aux blessés, à leurs familles Deuxième journée d’hommage aux blessés du service de santé des armées

Le CEMA, le CEMAT et la directrice centrale sont ensuite allés à la rencontre des blessés et de leurs familles au cours d’un temps d’échange privilégié.

40

Actu Santé n° 155 • Automne 2019

autour des blessés tel un jeu de piste, un atelier culinaire et la lecture des textes réalisés dans le cadre du jeu d’écriture sur le thème du lien où chaque auteur à laisser parler son cœur sous sa plume. La marraine de l’événement, Celia Aymonier (fondeuse et biathlète française, médaillée d’argent en ski de fond aux championnats du monde des moins de 23 ans) était présente pour cette journée afin d’apporter son soutien aux blessés.

@Eric Cherel / BCISSA

La suite de la journée a été animée par des activités unissant les participants

@JC.Mantrant/État-major des armées

La journée a débuté par une cérémonie militaire présidée par le général d’armée François Lecointre, Chef d’état-major des armées (CEMA), accompagné du général d’armée Burkhard, Chef d’étatmajor de l’armée de terre (CEMAT) et

de la médecin général des armées (MGA) Maryline Gygax Genero, directrice centrale du service de santé des armées. Deux blessés, qui font l’honneur du SSA, se sont vu remettre la médaille des blessés par le CEMA et le CEMAT.

@JC.Mantrant/État-major des armées

L

a seconde édition de la Journée des blessés du service de santé des armées et de leurs familles, placée sous le thème du lien qui unit le blessé, les familles, l’institution et les frères d’armes, s’est tenue le samedi 28 septembre 2019 sur le site du Val-de-Grâce.


JNBSSA 2019

Le Service mobilisé pour les blessés

1

1 - HIA Percy, animation musicale de la Brigade de Sapeurs-Pompiers de Paris (BSPP) 2- Course d’obstacles, CeFOS, RMED, HIA Desgenettes, HIEDN 3 - HIA Bégin, exposition collective de productions artistiques patients

et soignants

3

4

5

6

8

9

@V. Olympe

@IBO3G David

2

7

4 - HIA Desgenettes, concours photos 1er prix coup de cœur du jury : IBO3G David (prise en charge sur le terrain des militaires blessés en théâtre de guerre) 5 - 6e CMA Besançon, une marche en hommage aux blessés militaires 6 - 7e CMA Lyon, ascension du Charmant Som. dans le massif de la Chartreuse 8 - DIASS Guyane, matinée sportive sur la plage de Montabo 9 - 16e CMA Brest, en compagnie de tous les personnels et de leurs familles, concours photos et jeux bretons

Actu Santé n° 155 • Automne 2019

41


RESSOURCES HUMAINES

Qui sont les infirmiers militaires du service de santé des armées ? Le statut MITHA*, qu’est-ce que c’est ? Il s’agit du statut particulier ouvert aux personnels paramédicaux (infirmiers, aides-soignants, masseurskinésithérapeutes…) militaires du service de santé des armées. Les MITHA participent aux missions du service dans les emplois d’encadrement, de soins, de rééducation, médicotechniques ou administratifs correspondant à leur qualification professionnelle. Leur salaire est calqué par homologie sur les grilles indiciaires de la fonction publique hospitalière, auquel s’ajoutent les primes inhérentes au statut militaire. Les MITHA peuvent être sous contrat ou de carrière.

Comment devient-on infirmier MITHA ? Les bacheliers âgés de 17 ans et demi à 23 ans Ils peuvent passer le concours annuel de l’Ecole du Personnel Paramédical des Armées (EPPA) de Lyon-Bron. Une fois admis, ils suivent un cursus académique au sein d’un Institut de formation en soins infirmiers (IFSI) lyonnais durant 3 années. A l’obtention de leur diplôme ils exercent comme infirmiers au sein d’une antenne médicale militaire puis, peuvent s’orienter vers d’autres parcours professionnels (HIA, formation, etc.). Les infirmiers MITHA ont un lien au service de 6 ans. Les infirmiers déjà diplômés dans le civil Ils doivent être âgés de moins de 32 ans pour postuler au SSA en tant que MITHA. Les candidats retenus suivront une formation militaire initiale et seront affectés en hôpital d’instruction des armées tout au long de leur premier contrat. Ils peuvent par la suite s’orienter vers d’autres parcours professionnels au sein du SSA. - Pour l’active : ils sont recrutés sur dossier. Ils signent un contrat d’engagement de 3 ans et ont la possibilité de le renouveler ou de passer de carrière. - Pour la réserve : ils signent un contrat d’engagement à

42

Actu Santé n° 155 • Automne 2019

la réserve et consacrent quelques jours par an au service de santé des armées tout en conservant leur activité professionnelle civile.

Combien d’infirmiers sous statut MITHA en activité en 2019 ? • Dans l’active : 3 031 infirmiers MITHA sont en activité dans les forces et dans les hôpitaux d’instruction des armées du service de santé des armées. • Dans la réserve opérationnelle :1 026 infirmiers réservistes travaillent au profit du service de santé des armées. Parmi eux 132 sont en affectation hospitalière, 827 sont dans les forces, et 67 sont dans les autres organismes. *Militaires Infirmiers et Techniciens des Hôpitaux des Armées Chiffres du 31/08/2019

Bulletins de salaire dématérialisés dès janvier 2020 ! L’Espace Numérique Sécurisé de l’Agent Public (ENSAP) disponible depuis internet, est désormais votre espace personnel sécurisé et il vous garantit la conservation de vos documents de rémunération jusqu’à 5 ans après votre départ à la retraite.

Inscrivez-vous vite sur ensap.gouv.fr


RESSOURCES HUMAINES

Un nouveau site web pour le recrutement de médecins militaires Dédiée au recrutement de médecins militaires, la nouvelle campagne de communication du service de santé des armées est lancée ! Le site web http://devenez-medecin-militaire.fr est désormais ouvert. Les candidats peuvent consulter les opportunités professionnelles offertes par le SSA et postuler directement en ligne. Ils peuvent aussi visionner des vidéos témoignages de médecins des armées pour mieux comprendre les missions et le quotidien d’un médecin en antenne médicale ou en état-major. Les différents milieux d’exercice « terre - air - mer » sont abordés pour souligner l’aspect interarmées du travail des médecins militaires. C’est sur le recrutement de médecins généralistes que le SSA a choisi d’accentuer sa communication cette année. Un lien présent sur le site renvoie également vers la découverte des autres métiers médicaux et paramédicaux du SSA.

Afin de remplir sa misssion, le SSA recrute des médecins généralistes : - sous le statut d’officier sous contrat : • Jeunes diplômés en médecine pour un contrat de 3 ans renouvelable jusqu’à 20 ans • Les internes en médecine (3e cycle) peuvent bénéficier de l’allocation financière de formation (15 000€/an).A l’issue de la formation, les bénéficiaires signent un contrat d’une durée double du temps de formation financée.

- sous le statut d’officier commissionné, un contrat de 3 ans (renouvelable jusqu’à 17 ans), est proposé aux médecins ayant acquis une expérience professionnelle. - comme réserviste, pour les médecins et internes qui veulent exercer une activité à temps partiel (environ 30 jours/an) au sein du service de santé des armées.

Rendez-vous sur le site devenez-medecin-militaire.fr pour explorer les parcours professionnels des médecins qui exercent dans toute la France et en opérations. Les internes ou les médecins déjà diplômés voulant s’engager pourront également consulter la carte interactive du SSA des lieux où exercer en France. CONTACTEZ LE DEPARTEMENT DE GESTION

SUIVEZ LE SSA !

DES RESSOURCES HUMAINES

@santearmees

01.41.93.25.09 ou 01.41.93.27.85 le-ssa-recrute.contact.fct@intradef.gouv.fr ssa-infocarriere.contact.fct@intradef.gouv.fr

DEVENIR MEDECIN MILITAIRE Service de santé des armées Service de santé des armées Actu Santé n° 155 • Automne 2019

43


ÇA S'EST PASSÉ DANS NOTRE ENVIRONNEMENT

Remise de galons à la 334e promotion de sous-officiers

L

44

@F.R/ENSOA/Défense

@F.R/ENSOA/Défense

Le médecin général inspecteur Hervé FOEHRENBACH remet leurs galons aux sous-officiers d’active de la promotion « Major Massé » le 5 septembre à Saint-Maixent-l’École.

e médecin général inspecteur Hervé FOEHRENBACH, directeur de la formation, de la recherche et de l’innovation du service de santé des armées, a présidé la cérémonie, accompagné du général de brigade Jean-Michel GUILLOTON, commandant l’École nationale des sous-officiers d’active (ENSOA), commandant la base de défense de Poitiers-Saint-Maixent et délégué militaire des Deux-Sèvres, et de Madame Claire LIETARD, sous-préfète de Parthenay.

en Tunisie, il reçoit une formation d’infirmier en Allemagne car ses chefs décèlent chez lui un réel potentiel. Il rejoint ensuite son corps en Tunisie et reçoit ses galons de sergent en 1949. C’est dans ce contexte qu’il se porte volontaire pour servir en ExtrêmeOrient. Il débarque à Saigon l’année suivante avant de rejoindre Haiphong où il participe à la création de l’hôpital de campagne 910. Il assiste les médecins et contribue activement au rétablissement des blessés des combats de la RC4.

Il est fait prisonnier en mai et libéré trois mois plus tard puis rejoint la métropole en octobre, faisant ainsi partie des 28% des prisonniers survivants.

La 334e promotion de l’ENSOA a choisi comme parrain de promotion le major Massé, homme au destin exceptionnel, riche d’une expérience unique qu’il s’est attaché à transmettre aux nouvelles générations tout au long de sa carrière. Engagé à l’âge de 20 ans au sein du service santé au 4e régiment de zouaves

En 1954, le sergent-chef Massé saute sur Diên Biên Phu ; il porte secours jour et nuit aux innombrables blessés avec courage et dévouement. Il brancarde sous le feu ennemi, effectue le tri des hommes meurtris et assiste son médecin sur la table d’opération dans la boue et sous la pluie.

En présence des proches et de la famille du parrain, les élèves sous-officiers 334e promotion du 4e bataillon se sont vu remettre leurs galons de sous-officiers par leurs parrains respectifs. Ces élèves sont issus d’un recrutement semi-direct et ont réalisé une formation de quatre mois à l’ENSOA. 

Actu Santé n° 155 • Automne 2019

Promu, sergent-major, il est affecté à la 8e section d’infirmier militaire à LyonCaluire. Il poursuit sa carrière en Algérie et à Bühl en tant qu’adjudant-chef avant de rejoindre l’Ecole des sous-officiers du service de santé près d’Orléans en tant qu’instructeur. Il est promu au grade de major en 1978.


ÇA S'EST PASSÉ DANS NOTRE ENVIRONNEMENT

Cérémonie de prise de commandement au 10e CMA Marseille La prise de commandement du 10e CMA - Marseille par le médecin en chef (MC) Stéphanie Michel s’est déroulée le 19 septembre 2019 sur la BA 701 de Salon de Provence.

P

résidée par le médecin général i n s p e c te u r ( M G I ) P i e r re LECUREUX, directeur de la médecine des forces, cette cérémonie a notamment accueilli de nombreuses hautes autorités militaires, parmi lesquelles : le général de corps d’armée Benoît HOUSSAY (gouverneur militaire de la ville de Marseille), le MGI Yves AUROY (médecin-chef de l’HIA Sainte-Anne de Toulon), le général de brigade aérienne Jérôme BELLANGER (directeur de l’École aérienne) ainsi que le médecin chef des services JeanBaptiste MEYNARD, directeur du centre d’épidémiologie et de santé publique des armées. En plus du MC Stéphanie MICHEL, promue chevalier de l’ordre national du mérite, cinq autres décorations furent remises à l’attention des récipiendaires ci-dessous : – La médaille d’or de la défense nationale avec étoile de bronze et citation décernée au caporal-chef de première classe Thierry. – La médaille d’or de la défense nationale décernée au médecin principal (MP) Xavier, au MP Priscille, à l’ISG2G Sandra ainsi qu’au Brigadierchef de 1ère classe Sabine.  Actu Santé n° 155 • Automne 2019

45


ÇA S'EST PASSÉ DANS NOTRE ENVIRONNEMENT

Conférence des experts de la Convention sur l’Interdiction des Armes Biologiques et à Toxines

L

e MGI Eric Valade (Conseiller technique de la Directrice centrale du service de santé des armées pour les questions de défense médicale contre les risques biologiques) a été invité par la Direction générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS) à s’exprimer lors de la Conférence des experts de la Convention sur l’Interdiction des Armes Biologiques et à Toxines (CIABT), qui s’est tenue du 29 juillet au 8 août 2019 à Genève. Ce rendez-vous, qui a lieu chaque année, est l’occasion pour des scientifiques et des représentants des États parties à la CIABT d’échanger sur des problématiques diverses, ayant toutes pour objectif de prévenir la menace biologique. Dans cette enceinte prestigieuse réunissant 183 pays, le MGI Eric Valade a effectué une présentation mettant en avant l’action du ministère des Armées dans le cadre du Partenariat

46

Actu Santé n° 155 • Automne 2019

mondial contre la prolifération des armes de destruction massive (PMG7). Dans le contexte du PMG7, les équipes du SSA coopèrent efficacement depuis plusieurs années au profit des forces.


ÇA S'EST PASSÉ DANS NOTRE ENVIRONNEMENT

Pierre angulaire du projet CMA numérique, Axone remplacera prochainement LUMM (Logiciel Unique Médico-militaire et Médical) et sera le nouvel outil cœur de métier de la médecine des forces. La phase de conception et de réalisation, débutée en janvier 2018, touche à sa fin et une première version a pu être testée, qualifiée et mise en service auprès des premiers sites. Sites pilotes : Tout d’abord, c’est la 12e AM de Villacoublay (2eCMA) qui a commencé à travailler dans Axone dès le 16 juillet, rejointe en septembre par 4 autres antennes (Marseille, Bourogne, Agen et Angers). Ces pilotes nous ont confirmé deux points très importants : • Axone est facile à utiliser, intuitif, et selon les personnels de la 12e AM « il faudrait être fou pour vouloir revenir à LUMM ! », ou encore « avec Axone je suis plus serein, moins stressé », « avec Axone, j’ai retrouvé la maitrise de ma consultation ».

• Les prérequis sont fondamentaux, notamment la connaissance des login/mot de passe, la justesse des données aRHmonie, la détention d’une carte CPx en cours de validité et la connaissance des codes associés. Malgré le gros travail réalisé à ce jour, les efforts doivent être poursuivis sur ce volet. Ces retours permettent à toute l’équipe projet de préparer au mieux le déploiement généralisé d’ Axone. Comme prévu initialement, ce déploiement aura lieu fin 2019, puis au premier trimestre 2020 pour les CMIA.

Formations : L’équipe projet est bien consciente que les aspects formation et accompagnement revêtent une grande importance pour les utilisateurs et ce point fait l’objet de toute notre attention. En nous basant sur le retour d’expérience des sites pilotes, sur l’avis des premiers utilisateurs d’ Axone et sur nos séminaires avec les CORSIM-référents, nous travaillons actuellement en lien avec les commandants de CMA sur le dispositif de formation le plus adapté non seulement à l’outil mais aussi à la réalité des contraintes terrain des personnels des antennes médicales. MC Guillaume MARTIN, DSIN Responsable de conduite du projet MC Hubert ROGER, DMF Responsable fonctionnel MC François DEBRUS

Actu Santé n° 155 • Automne 2019

47


ÇA S'EST PASSÉ DANS NOTRE ENVIRONNEMENT

1600 euros ont été récoltés par les EMSLB à l’occasion de la JNBSSA Cette année, 1600 euros ont été remis par la directrice centrale du SSA à l’association Terre Fraternité grâce à la course d’obstacles Run Injury organisée par les EMLSB dans le cadre de la JNBSSA.

De nouvelles photos ornent les murs de Balard

48

Actu Santé n° 155 • Automne 2019


LOISIRS

Murène de Valentine Goby Actes Sud

Exposition Depardon le témoignage d’une époque

P

SACN Mandy Freeman - BCI/SSA

@Sophie Miellet / BCISSA

Un drame de la vie qui se transforme en véritable parcours de reconstruction pour devenir un symbole de résilience. C’est au cours de l’hiver 1956 que François, 22 ans, est victime d’une brûlure extrême sur une ligne à haute tension dans les Ardennes qui le prive de ses bras et le laisse quasiment mort. Ses chances de survie sont minces. C’est à ce moment-là que son combat commence. Comment apprendre à fonctionner avec un corps que l’on n’a pas choisi ? Au travers de son chemin de vie, François se réinvente et se réapproprie sa propre histoire au point de devenir quelqu’un d’autre. « Murène » est un message d’espoir qui aborde les limites de la chirurgie et les prémices de l’appareillage des grands blessés. Ce roman nous entraîne vers l’émergence du handisport pour nous mener jusqu’aux Jeux Paralympiques de Tokyo de 1964.

résentée dans un premier temps à Toulon au Musée de la Marine, l’exposition « Raymond Depardon : 1962-1963, photographe militaire » est présentée depuis le 30 septembre jusqu’au 30 janvier 2020 à Paris au musée du service de santé des armées situé au sein de l’Ecole du Val-De-Grâce. Le vernissage a été inauguré par Mme Florence Parly, ministre des Armées en présence de la médecin général des armées, Maryline Gygax Généro, directrice centrale du Service. Ces clichés ont été réalisés par l’artiste durant son service militaire (1962/1963). Le public peut admirer ces photographies inédites et voir une autre facette du travail de cet artiste, célèbre pour ses réalisations cinématographiques. Une occasion de découvrir ou redécouvrir l’œuvre de ce photographe emblématique.

Actu Santé n° 155 • Automne 2019

49


CHANCELLERIE

Chancellerie Ordre national de la Légion d’honneur

54

Croix de la valeur militaire

11

Croix du combattant

6

Médaille de l’aéronautique

1

Ordre du mérite agricole

3

Médaille de la défense nationale argent

4

Médaille de la reconnaissance de la nation Médaille commémorative française

7

1

Médaille outre-mer

53

Médaille ONU FINUL Médaille ONU MINURCA

4 1

Médaille de la Reconnaissance (République Centrafricaine) Médaille de la protection militaire du territoire Médailles des blessés de guerre Citation sans croix simple

5 28

1

1

Lettre de félicitations Citation avec MODN Témoignage de satisfaction

50

Actu Santé n° 155 • Automne 2019

75 30 36


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.