Actu Santé Printemps 2020

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Revue du service de santé des armées

N° 157 Printemps 2020

Dossier

La mixité au sein du SSA Médecin en chef Marie Mura : lauréate de l’Académie Nationale de Médecine

Daman : dans la peau d’une vétérinaire en opération

Témoignages d’un moment fort en opération des personnels paramédicaux de l’HIAD


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Edito

Médecin général des armées Maryline GYGAX GÉNÉRO Directice centrale du service de santé des armées

L

e Service de santé des armées est unique. Unique par son histoire pluriséculaire débutée en 1708, unique par sa mission prioritaire de soutien santé aux forces armées en métropole comme en opérations, unique par son organisation et son positionnement singulier vis-à-vis de la santé publique mais unique surtout par les femmes et les hommes qui le composent. Personnels soignants, périsoignants et non-soignants vous incarnez le visage humaniste, fraternel et solidaire du Service de santé des armées, un visage toujours tourné vers la modernité, un visage pionnier. À cet égard et depuis maintenant plusieurs années, la mixité est une réalité au sein du Service. J’ai une pensée toute particulière pour Micheline Chanteloube, première femme à intégrer l’Ecole militaire de santé de Lyon-Bron il y a près de 50 ans et première à la commander. Aujourd’hui, vous le savez, le Service que j’ai l’honneur de diriger en tant que première femme directrice centrale, est féminisé à hauteur de 60%, un record au sein de l’ensemble des armées, directions et services du ministère des armées. Les plus hautes autorités de l’Etat ont fait de l’égalité entre les femmes et les hommes, une « grande cause nationale ». Le ministère des armées en général et le service de santé des armées en particulier entend y prendre toute sa part. Le plan mixité de la Ministre des armées repose sur trois piliers : recruter afin de donner envie aux jeunes femmes de rejoindre les armées, fidéliser les femmes militaires tout au long de leur carrière et valoriser pour mettre en valeur la mixité au sein des armées.

© Photo : E. Cherel / BCISSA

Le Service est pleinement mobilisé dans la déclinaison de ces axes ministériels forts. En gestion, une attention particulière est portée notamment via la politique des talents afin de promouvoir aux postes les plus élevés du Service des femmes et des hommes hautement qualifiés. Il nous faut continuer à valoriser la mixité en agissant sur les représentations. Oui, la mixité est un atout indéniable, un atout au service de la performance opérationnelle de nos armées, une richesse que nous devons préserver, accompagner et développer et ce dès l’étape du recrutement. Le visage du SSA en 2020 est plus que jamais un visage de mixité. Tous, soignants comme non soignants, militaires comme civils de la défense, femmes et hommes du service de santé des armées, nous avons tous un rôle à jouer pour accompagner cette dynamique. Vous pouvez compter sur ma totale détermination pour la poursuivre. C’est le sens de notre Histoire et de notre identité. C’est le sens de notre esprit pionnier.

MGA Maryline GYGAX GÉNÉRO

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Sommaire P.28

Dossier central :

La mixité au sein du SSA P.28 P.29 P.30 P.32 P.33 P.36 P.36

P.10

EDITO Entretien avec le CR1 BÈS de BERC, chef du bureau condition du personnel de la DCSSA IRBA, parole d’expert : hommes et femmes au combat, tous égaux ? La mixité, une réalité aux EMSLB Portraits La parité au SSA en chiffres Ces femmes qui ont gravi les échelons : - Entretien avec la Médecin générale inspectrice Anne SAILLIOL - Médecin en Chef Marion - Directrice des soins de classe normale Marie-Claire

VIE DU SERVICE

Vœux de la directrice centrale Adresse aux internes de fin d'études à l'EVDG Inauguration des plateformes d’exception de l’IRBA HIA Percy : une cérémonie placée sous le signe de l’honneur et de l’engagement Visite de l’ancienne école de médecine navale de Rochefort Remise de médailles d’honneur du service de santé des armées par la directrice centrale Visite de la directrice centrale à l'HIA Robert Picqué Le SSA était présent à La Fabrique Défense 18ème réunion du conseil d’orientation de la recherche du SSA Trois questions à la médecin en chef Marie Mura

P.18

LE SSA DANS LES MÉDIAS

P.20

OPÉRATIONS

P.24

INTERNATIONAL

Exercice de coopération médicale franco-émirienne dans le désert des Emirats arabes unis. Concours du CMIA au SAMU sur l’île de Tiga

P.26

INNOVATION / RECHERCHE

P.40

TÉMOIGNAGES

P.43

RESSOURCES HUMAINES

P.44

HOMMES ET FEMMES DU SSA

l’IRBA fait la couverture intérieure de Small, la revue scientifique spécialisée dans les nanotechnologies. Recherche sur la surdité Un département de plateformes multidisciplinaires dédiées aux sciences analytiques Témoignages d’un moment fort en opération

Diffusion à grande échelle des nouvelles plaquettes de recrutement du SSA Réseau Combattantes numériques

Opérations du SSA et forces prépositionnées Sur le vif : la médecin chirurgienne viscérale Myriam la directrice centrale en déplacement au Liban DAMAN : dans la peau d’une vétérinaire en opération

P.46

ÇA S’EST PASSÉ DANS NOTRE ENVIRONNEMENT

Exercice interministériel de sécurité nucléaire Visite officielle du Directeur central du service de santé des forces armées algérienne au CTSA Les produits sanguins français reconnus

P.50

LOISIRS

CESPA : résultats de la 2e édition du concours photos

DIRECTION CENTRALE DU SERVICE DE SANTÉ DES ARMÉES Bureau communication et information : Tél. : 09 88 67 27 20 - dcssa-bcissa.contact.fct@intradef.gouv.fr • www.defense.gouv.fr/sante ; Directeur de la publication : médecin général inspecteur Jean-Bernard Orthlieb ; Directeur de la rédaction Rédacteur en chef : commissaire en chef Karine Sposini ; Graphiste - Maquettiste PAO : Sophie Miellet ; Crédits photos : ; Impression : Pôle graphique de Tulle CS 10290 - 19007 Tulle Cedex - 05 55 93 61 00 ; Édition : DICOD, 60 boulevard du général Valin PARIS ; Abonnements payants : ECPAD 2 à 8 route du Fort - 94205 Ivry-sur-Seine - routage-abonnement@ecpad.fr - Tél. : 01 49 60 52 44 ; Régie publicitaire : Karim Belguedour (ECPAD) - Tél. : 01 49 60 59 47 - régie-publicitaire@ecpad.fr - Numéro de commission paritaire : N°0211 B05691 ISSN : 1165-2268 - Dépôt légal : Mai 2019 ; Tirage : 9 000 exemplaires - 4 numéros annuels ➔ Suivez-nous sur les réseaux sociaux :

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Service de santé des armées

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VIE DU SERVICE

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VIE DU SERVICE

© SCH F.Meizaud / HIA Percy

HIA Percy : une cérémonie placée sous le signe de l’honneur et de l’engagement. La directrice centrale a remis la médaille d’honneur du SSA au professeur Jérôme Salomon, directeur général de la Santé (DGS) ainsi qu’à M.Jean-Marc Philippe, conseiller médical saluant ainsi la qualité de la collaboration entre le ministère des Solidarités et de la Santé et le SSA.

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Vœux de la directrice centrale à Vincennes " Sauver des vies, réparer les corps, soulager les esprits : telle est notre mission" Le 24 janvier dernier, la médecin générale des armées Gygax Généro, directrice centrale du SSA, a présenté ses vœux au personnel de la direction centrale à Vincennes. Elle a souligné l'engagement des femmes et des hommes du SSA qui mènent leur mission avec détermination et passion.

Adresse aux internes de fin d'études à l'École du Val-de-Grâce Vendredi 7 février dernier, la directrice centrale s’est adressée aux internes des hôpitaux des armées quelques jours avant leur choix de poste de médecin militaire au sein des forces. La directrice a souhaité partagé avec eux sa vision de ce qui constitue les grands déterminants du service de santé des armées : identité, mission et transformation. « Ce qui fonde la spécificité des femmes et des hommes œuvrant pour le service de santé des armées, c’est bien de développer la capacité reconnue internationalement de sauver des vies de combattants en situation isolée, dans tous les milieux, en environnement hostile. (…) Cette mission fonde le dimensionnement du Service et son organisation ». La directrice centrale l’affirme : « nous sommes une force de santé dont la raison d’être est d’assurer le soutien santé des militaires dans tout type d’opérations, avec la réactivité et l’efficacité nécessaires, et qui apporte aux militaires une plus-value qui est leur santé dans toutes ses dimensions (prévention, soins, accompagnement, notamment des blessés, prise en charge des familles).» Enfin, sur le volet transformation, celle-ci est une nécessité afin de continuer à « assurer et garantir aux armées le soutien médical le plus performant possible »

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L’HIA Percy a participé à la 1ère Semaine "stage Défense " Le jeudi 23 janvier 2020, l’hôpital d’instruction des armées (HIA) Percy a accueilli 20 élèves de 3e du collège Louis PASTEUR de Mantes-La-Jolie (78) lors de la 1ère semaine " Stage Défense ". Ce nouveau dispositif initié par la direction du service national et de la jeunesse (DSNJ) vise à faire découvrir, durant une semaine, la diversité des métiers proposés au sein du Ministère des Armées à des collégiens en devenir. Cette journée à l’HIA Percy, pilotée par la direction des soins, a appuyé les ambitions de l’établissement dans son ouverture à la jeunesse. Cette journée a favorisé le lien armée-jeunesse à travers une visibilité supplémentaire pour les métiers du service de santé des armées (SSA) avec une implication active des personnels de l’HIA Percy et du centre de transfusion des armées (CTSA), à Clamart (92).


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Inauguration des plateformes d’exception de l’IRBA

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e 30 janvier 2020, la médecin générale des armées Gygax Généro, directrice centrale du SSA, a inauguré les plateformes d’exception de l’Institut de Recherche Biomédicale des Armées (IRBA), en présence du médecin général des armées Rouannet de Berchoux, inspecteur général du SSA. Près de 70 personnes ont pris part à cet événement : des élus, des représentants des établissements du SSA, des autorités des Forces, de l’EMA, du SGDSN et des partenaires scientifiques civils. Inauguré en 2016 par M. Todeschini, secrétaire d’État auprès du ministre de la Défense et des anciens combattants, l’IRBA, dirigé par la MGI Sailliol, comprend plusieurs plateformes d’exception qui ont été livrées et rendues opérationnelles progressivement : des laboratoires de haute sécurité,

un microscope électronique de très haute définition (de niveau atomique) en niveau de sécurité biologique 3, une plateforme inertielle multi sensorielle, une plateforme vision de nuit ou encore un appartement climatique et sommeil. Ces équipements permettent de mener des recherches du domaine médical centrées sur les milieux d’emploi des forces ainsi que sur les risques NRBC. Alors que la quasi-totalité du dispositif est déjà opérationnel, l’année 2020 verra s’achever les dernières qualifications, dont celle du laboratoire de niveau de sécurité biologique 4. L’IRBA est le seul établissement de recherche du SSA. Il permet de « garantir l’autonomie stratégique de la recherche biomédicale de défense […], sujet de souveraineté » a souligné la MGA Gygax Généro.

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HIA Percy : une cérémonie placée sous le signe de l’honneur et de l’engagement

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e 14 février, la médecin général des armées Maryline GYGAX GÉNÉRO, directrice centrale du service de santé des armées, a présidé la cérémonie mensuelle des couleurs sur la place d'armes de l’HIA Percy aux côtés du médecin général inspecteur Jean-Claude Rigal Sastourné, directeur des hôpitaux et du médecin général inspecteur Rémi Macarez, médecin chef de l'HIA Percy. À cette occasion, la directrice centrale a remis la médaille d’honneur du

SSA au professeur Jérôme Salomon, directeur général de la Santé (DGS) ainsi qu’à M. Jean-Marc Philippe, conseiller médical saluant ainsi la qualité de la collaboration ministère de la Santé/SSA. Plusieurs personnels ont également été décorés pour la qualité des services rendus. Enfin, la directrice centrale a félicité les personnels ayant composé une haie d’honneur lors de l’arrivée des 13 dépouilles de militaires décédés au Mali.

Visite de l’ancienne école de médecine navale de Rochefort Le 22 janvier 2020, la médecin général des armées Maryline Gygax Généro, directrice centrale du service de santé des armées, s’est rendue au musée de l’ancienne école de médecine navale de Rochefort afin d’y découvrir une partie du patrimoine historique du Service et les démarches entreprises pour sa préservation. L’école, créée à l’initiative des médecins Gallot et CochonDupuy, et officiellement fondée en 1722, avait pour but initial de former les chirurgiens de la Marine à Rochefort. Elle connait ensuite un destin florissant au cours du XVIIIème siècle avec une pédagogie qui bouleverse en profondeur le rôle et la place des officiers de santé. La réorganisation des études en 1963 porte le coup d’arrêt à l’école mais aujourd’hui, dans ce lieu, par ces vitrines, ses rayonnages, ses modes de présentation et sa mise en scène du savoir, la mémoire du service de santé des armées

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est entretenue de façon minutieuse. Accompagnée de la conservatrice en chef du musée du Val-de-Grâce, la directrice centrale a pu apprécier la qualité des œuvres entreposées avec une réelle réflexion autour de la compréhension des lieux et du savoir transmis. C’est à la fois, la formation et la science qui sont mises en lumière de façon passionnante. Cela permet de consacrer le souvenir et l’apport de l’expérience dans l’exercice de la médecine militaire. Un suivi attentif des œuvres et de l’inventaire a ainsi été exigé par la médecin général des armées, soucieuse de la transmission pérenne de la connaissance de l’histoire du Service.


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Remise de médailles d’honneur du service de santé des armées par la directrice centrale Mercredi 26 février dernier, à l’occasion de la cérémonie de levée des couleurs sur le site de l’Hôpital d’instruction des armées Bégin, la directrice centrale a remis des médailles d’honneur à des personnels du Service particulièrement méritants. Dans son ordre du jour, la directrice centrale est revenu sur le sens singulier de cette médaille : « Servir avec honneur, quel sens peut-on donner à ce principe ? Il est au fondement même de votre engagement au service de la Nation, au fondement de votre vouloir-servir. (…) Femmes et hommes du Service, vous êtes les artisans de cette notion fondamentale qui sous-tend la légitimité et l’efficacité opérationnelle du Service. En métropole comme en opérations, le Service s’incarne dans cette formidable humanité organisée, porteuse des plus belles valeurs de solidarité fondatrices d’un soutien santé de qualité au profit de celles et ceux qui s’engagent pour protéger la Nation ». A la fin de sa prise de parole, la Directrice centrale a invité l’ensemble de ses subordonnés à toujours garder « cette volonté d’agir pour l’intérêt collectif, avec dévouement et humilité, avec professionnalisme et humanité. (…) Telle est notre éthique, tel est l’honneur du service de santé des armées ».

Visite de la directrice centrale à l'HIA Robert Picqué Jeudi 27 février, la directrice centrale accompagnée du directeur des hôpitaux a effectué un déplacement à Bordeaux afin de faire un point sur les partenariats en cours avec les établissements de santé partenaires de l’hôpital d’instruction des armées Robert-Picqué. Après un premier entretien avec le directeur général du centre hospitalier universitaire de Bordeaux, la directrice centrale a rencontré les administrateurs de la maison de santé protestante de Bordeaux Bagatelle engagée dans un partenariat étroit avec l’hôpital militaire. A cette occasion, la Directrice a rappelé que l’ouverture vers la

santé civile est destinée à garantir la performance du soutien opérationnel santé délivré aux forces armées. Enfin, la directrice centrale a rencontré des personnels des services cliniques de l’hôpital militaire qui concourent avec un engagement admirable et un grand professionnalisme à la mission prioritaire du SSA de soutien santé de nos forces armées.

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Le SSA était présent à La Fabrique Défense

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es 17 et 18 janvier 2020, le service de santé des armées (SSA) était présent à La Fabrique Défense, salon organisé par le ministère des Armées. 1 ere édition d’un projet original et ambitieux, l’objectif était de renforcer le lien armée-nation auprès des jeunes en leur faisant découvrir l’univers de la Défense. C’est au Paris Event Center que s’est tenu l’événement. Le SSA, sur son stand, proposait aux curieux de rentrer dans la peau d’un médecin en opération devant prendre des décisions en situation d’urgence grâce à la réalité virtuelle et au projet VICTEAMS mené par l’IRBA. Le public pouvait également s’entrainer à la prise en charge de blessés grâce au serious game 3D SC1. Il a pu découvrir, enfin, la nouvelle

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Antenne de réanimation et de chirurgie de sauvetage (ARCS) et le Centre de traitement des brûlés (CTB) de Percy. L’ensemble du personnel mobilisé a répondu à toutes les questions d’un public intéressé notamment par les possibilités de carrière au sein du Service. Le samedi 19, la médecin en chef Stéphanie du service de médecine physique et réadaptation de Percy a participé au débat « reconstruction et réinsertion par le sport ». La médecin général des armées Maryline Gygax Généro, directrice centrale du service de santé des armées est également venue souligner le travail de l’équipe du SSA présente et a rencontré une délégation d’élèves des écoles militaires de santé de Lyon-Bron venue pour l’occasion.


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Un logo pour l’ Observatoire de la santé des militaires (OSM)

En 2018, la ministre des armées a confié la conception et la mise en place de l’Observatoire de la santé des militaires (OSM) au service de santé des armées (SSA). En effet, celui-ci dispose déjà de données de santé, mais elles doivent être complétées. Ainsi, en 2021, l’OSM regroupera un ensemble d’outils innovants et complémentaires qui permettront au SSA de mieux connaître et suivre l’état de santé des militaires afin d’élaborer des plans et programmes de prévention efficaces et adaptés aux besoins spécifiques de cette population. La division expertise et stratégie santé de défense et le centre d’épidémiologie et de santé publique des armées ont pleinement participé au processus d’élaboration et au choix du logo. Les propositions ont permis de sélectionner le visuel le plus adapté, validé par le bureau communication et information du SSA ainsi que par l’étatmajor de la DCSSA.

18ème réunion du conseil d’orientation de la recherche du SSA Le 13 février 2020, le conseil d’orientation de la recherche du service de santé des armées (CORe) s’est réuni à Balard. Le CORe, instance coprésidée par l’Etatmajor des armées et la Direction centrale du SSA, a rassemblé plus de 45 représentants des forces, de la gendarmerie, de la DGA et du service de santé des armées. L’objectif du CORe est de présenter les orientations de la recherche et de l’innovation (RI) du Service, de les discuter et de les valider en vue de la rédaction et de la diffusion du Plan d’orientation de la recherche et de l’innovation (PORI) en santé pour les cinq années à venir. Les orientations de la recherche sont le fruit d’un travail concerté impliquant toutes les parties prenantes du ministère. Elles visent à apporter des réponses concrètes à échéances réalistes aux besoins

consolidés en recherche des Armées, Directions, Services et Gendarmerie. Elles tiennent compte des compétences et des capacités du Service augmentées de celles apportées par les coopérations scientifiques et des chances raisonnables d’aboutir à un résultat au bénéfice de la santé des militaires. Enfin, un éclairage particulier a été apporté sur la thématique de la lutte antivectorielle et de l’entomologie médicale au sein du SSA compte tenu des enjeux sanitaires liés aux maladies à transmission vectorielle. La Direction de la Formation, de la Recherche et de l’Innovation (DFRI) dispose ainsi d’orientations pour fédérer l’ensemble des capacités de recherche de l’ensemble des composantes du Service pour répondre à ces orientations.

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Du 9e RIMa de Cayenne au Walter Reed Army Institute of Research à Washington : trois questions à la médecin en chef Marie Mura l’engagement pris et donne de la valeur à l’énergie dépensée et aux heures passées dans le laboratoire.

Que représente pour vous la prestigieuse récompense qui vous a été remise par l’académie nationale de médecine ? Être lauréate de l’Académie Nationale de Médecine est un grand honneur. À titre professionnel, cette récompense concrétise la collaboration scientifique entre l’institut de recherche biomédicale des armées (IRBA) et l’Institut Pasteur de Paris (IPP), et encourage le développement de collaborations futures. Le paludisme est un sujet qui concerne les instances de santé publique à l’échelle mondiale. Les instituts de recherche civile et militaire sont concernés par le développement d e c o n t re m e s u re s m é d i c a l e s préventives ou thérapeutiques, et le partage des connaissances est facteur de progrès. À titre personnel, il est bien sûr extrêmement positif d’être reconnue par ses pairs. Cela conforte dans

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Pouvez-vous nous décrire votre parcours professionnel et ce qui vous a conduite à faire de la recherche ? J’ai intégré l’École du Service de Santé des Armées de Lyon-Bron en 2001 et réalisé un cursus de médecine générale pour travailler au sein des forces. Mon premier poste, en Guyane, comme médecin référent du 9e Régiment d’Infanterie de Marine au sein du Centre Médical Interarmées de Cayenne de 2010 à 2012 m’a permis de participer activement à la mission Harpie de lutte contre l’orpaillage illégal. J’ai pu y soutenir les militaires et les gendarmes sur le terrain au cours de missions opérationnelles en forêt amazonienne et par voie héliportée pour les évacuations sanitaires vers le littoral. Passionnée de médecine tropicale, j’ai été confrontée à de nombreuses épidémies (paludisme, et autres pathologies locales) au cours de cette affectation et ai parallèlement pu suivre un master 2 de recherche au sein de l’Institut Pasteur de Cayenne sur la

sensibilité des souches de paludisme à la doxycycline, traitement préventif utilisé par les militaires déployés en forêt. À mon retour en métropole, j’ai choisi de m’orienter vers la recherche avec la volonté de développer de nouveaux outils de prévention des maladies infectieuses. J’ai ainsi préparé le concours de praticien confirmé en recherche en discipline « biologie et biochimie des agressions », et rejoint l’IRBA en 2014. Dans le cadre d’une collaboration entre l’IRBA et l’Institut Pasteur de Paris (IPP). J’ai ensuite intégré rapidement l’unité de recherche « génomique virale et vaccination » de l’IPP pour réaliser une thèse de science en infectiologie. Cette unité de recherche, dirigée par le Pr Frédéric Tangy, a développé une plateforme vaccinale dont le vecteur est le vaccin rougeole, un des vaccins les plus efficace et sûr. J’ai utilisé cette plateforme pour développer une stratégie vaccinale antipaludique. Diverses formations m’ont permis de me spécialiser en immunologie et vaccinologie, avant de soutenir ma


VIE DU SERVICE des moustiques et autres vecteurs arthropodes de maladies infectieuses, qui font un travail remarquable pour adapter la prévention aux situations locales en cas d’épidémie, comme récemment à Djibouti.

Vous êtes actuellement détachée au Walter Reed Army Institute of Research à Washington, pouvezvous nous parler des travaux que vous menez là-bas ?

thèse en mai 2018. J’ai intégré depuis août 2018 un programme d’échange franco-américain qui me permet de travailler pendant deux ans au sein du Walter Reed Army Institute of Research (WRAIR), un institut de recherche de l’armée de terre américaine ayant un important programme de recherche sur le paludisme. Le paludisme reste une problématique importante pour les forces déployées en zone d’endémie, Afrique et Guyane principalement pour les militaires français. Les conséquences peuvent être sévères, à la fois sur le plan individuel par la mise en jeu du pronostic vital, mais aussi sur le plan opérationnel. Les moyens de prévention actuels sont efficaces, à condition d’être appliqués correctement : prise quotidienne de doxycycline pendant la mission et 30 jours après le retour, protection contre les piqûres de moustique par manches longues, moustiquaires imprégnées et répulsif cutané, et consultation précoce en cas de fièvre. Un vaccin efficace contre toutes les

formes de paludisme serait bien sûr le moyen de prévention idéal. Des premières expériences ont démontré qu’une protection, bien qu’imparfaite, est possible et m’ont encouragé à poursuivre les recherches dans ce domaine. Au cours de mon travail, j’ai pu montrer l’intérêt des génomes défectifs viraux, pour induire une réponse vaccinale efficace. Nous avons alors développé une stratégie vaccinale antipaludique basée sur cette plateforme rougeole en collaboration avec les chercheurs en parasitologie de l’Institut Pasteur, et fait la preuve de concept sur modèle animal. Si le chemin est encore long pour aboutir à un produit testé chez l’homme et pour obtenir un vaccin efficace contre toutes les différentes formes de paludisme circulantes, nous continuons de progresser étape par étape. En attendant, la prévention classique doit continuer à être appliquée rigoureusement, et je souhaite ici souligner l’importance du travail des entomologistes, spécialistes

Le WRAIR est un centre de recherche militaire américain pionnier dans la recherche sur le paludisme. Il a été à l’initiative du développement du vaccin Mosquirix ® et a obtenu récemment l’autorisation de mise sur le marché par la FDA (Food and drug administration) de la tafénoquine nouvelle molécule antipaludique à visée préventive et thérapeutique. Plusieurs essais cliniques vaccinaux antipaludiques avec épreuve infectieuse contrôlée ont lieu chaque année au sein du WRAIR. Les meilleurs candidats vaccinaux sont ainsi testés chez l’homme pour vérifier leur tolérance, puis leur efficacité grâce à une infection paludique sous contrôle médical. J’ai rejoint le pôle d’immunologie qui étudie les réponses immunitaires à ces candidats vaccinaux pour rechercher les corrélats de protection, c’est-àdire les mécanismes immunitaires par lequel le vaccin protège contre l’infection. La connaissance de ces mécanismes est en effet essentielle pour développer des vaccins efficaces. Cette collaboration permettra certainement, dans les années à venir, de tester notre vaccin antipaludique dans leur centre d’essai clinique.

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12 900 27/01/2020

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Theatrum-Belli.com

« La médecin en chef Mura, chercheuse à l’Institut de recherche biomédicale des armées (IRBA), récompensée par l’Académie nationale de médecine », L’article reprend la distinction de la MC Marie et les félicitations que lui a adressée la ministre.

01/01/2020

La république du centre, France Bleu et FR3

ont suivi Florence Parly, la ministre des armées sur le site de la Pharmacie Centrale des armées.

24/02/2020

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spécial diabète : L’expertise de la MC Lyse, endoctrinologue à l’HIA Bégin.

02/01/2020

JT TF1 20h

"La pharmacie secrète des armées Focus sur la pharmacie centrale des armées et valorisation de ses mission.

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Médias/réseaux sociaux FOCUS SPECIAL JANVIER

AIR ACTU

« CPEMPN : un passeport indispensable », Dans les coulisses des tests d’aptitudes médicales pour les aviateurs au CPEMPN (Centre principal d’expertise médicale du personnel navigant) »

© DICOD

L'ÉQUIPE

« Bobo, dodo, thalasso » L’expertise de Mounir Chennaoui dans un dossier de l’Équipe consacré à l’impact de la thalassothérapie sur le sommeil et donc les performances des sportifs de haut niveau.

Jeudi 27 février, le Service de santé des armées (SSA) a été mis en lumière lors du point presse bihebdomadaire organisé par la DICOD. Le médecin en chef Arnaud de la direction de la médecine des forces et le médecin principal Philippe de l’hôpital d’instruction des armées Percy sont intervenus sur le soutien médical en opération, et en plus particulier sur Barkhane

01/03/2020

RAIDS

"L'ARCS, un nouvel outil médical » Première médiatisation de l’arcs.

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OPÉRATION / EXERCICE

Opérations du SSA et forces prépositionnées

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Situation février 2020

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En 2019, la charge opérationnelle pour le SSA est restée forte. Les engagements opérationnels ont revêtu de multiples formes : OPEX1, MISSOPS2, MCD3 au sein des forces pré positionnées et participation à des exercices majeurs internationaux. 1 966 personnels appartenant à la fonction Santé ont ainsi été engagés (544 officiers, 809 sous-officiers et 613 militaires du rang). Les exercices majeurs internationaux parfois interarmées et/ ou interalliés ont sollicité les moyens et savoir-faire du SSA dans toutes ses composantes. En ce début d’année 2020, la résurgence de risques infectieux du type Chikungunya, Dengue, ou EBOLA en Afrique, la pandémie naissante de Coronavirus COVID-19 a conduit le SSA à mettre en œuvre de nouvelles capacités sur le terrain (laboratoire PCR, tests de diagnostic rapide, etc.) et à concourir aux actions

simultanées du MINSAN4 et du MEAE5, notamment dans le cadre de l’évacuation de ressortissants français et européens de Chine. Au Sahel, les caractéristiques de l’engagement et l’immensité de la zone d’action conduisent la force BARKHANE à poursuivre le développement des plans de coopération et le renforcement des mesures de coordination avec ses alliés. La constitution de la TF6 TAKUBA au MALI permettra, à ce titre, des actions d’envergure conjointes s’inscrivant dans la durée. Le SSA se doit donc d’adapter en permanence son dispositif tant sur le plan capacitaire qu’organisationnel pour mener à bien sa mission première de soutien médical des forces armées en opérations.

1 OPEX : opération extérieure ; 2 MISSOPS : mission opérationnelle ; 3 MCD : mission courte durée ; solidarités et de la santé ; 5 MEAE : ministère de l’Europe et des affaires étrangères ; 6 TF : task force

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MINSAN : ministère des


OPÉRATION / EXERCICE

Sur le vif : la médecin chirurgienne viscérale Myriam En opération extérieure depuis 3 mois au Tchad, le médecin Myriam sauve des vies. Elle a réalisé plus de 120 opérations pendant son mandat, permettant de soigner des militaires français et tchadiens, mais aussi des civils tchadiens dans le cadre de l’aide médicale à la population. « J’ai toujours été passionnée par le fonctionnement de la machine humaine. La physiologie et l’anatomie du corps humain me fascinaient, et à défaut de pouvoir construire le vivant, je me suis dit qu’il fallait que je le répare. C’est pour cela que je me suis orientée vers des études de médecine. J’avais également très envie d’un métier manuel, de réparer de mes mains et non pas seulement à l’aide de médicaments. Le choix de la chirurgie s’est donc très vite imposé à moi », explique-t-elle.

De retour dans ce pays en tant que chirurgien sénior, elle a réalisé plus de 120 opérations au profit des militaires français mais aussi tchadiens, ainsi qu’au profit des populations locales. « En France, je travaille au contact de patients civils et traite des pathologies diverses et variées. En mission, je prends en charge d’autres types de pathologies et plus de traumatologie viscérale, c’est aussi ce changement qui est plaisant ».

Dès le début de son cursus de médecine, Myriam a choisi de réaliser ses études au sein de l’école de santé des armées. « J’ai toujours été très attirée par les situations d’urgence et la médecine de catastrophe, et je savais qu’en devenant médecin militaire, j’allais être pleinement satisfaite de ce côté ».

réalisé plusieurs formations militaires, deux stages en unité et un module spécifique de médecine tropicale. Elle choisit par la suite de se spécialiser en chirurgie viscérale et entame un cycle d’internat de cinq ans. « La chirurgie digestive est une spécialité vaste qui a trait à de nombreux organes, dans les domaines de la traumatologie, de l’infectiologie, de la cancérologie, etc. ». De plus, « le chirurgien digestif déployé en opération extérieure doit savoir être polyvalent et prendre en charge toutes les lésions viscérales, qu’elles soient thoraciques, cardiaques, digestives, vasculaires ou urologiques. Les blessures par arme à feux, parce qu’elles peuvent léser de nombreux organes, sont d’ailleurs très intéressantes à prendre en charge », précise Myriam.

Pendant ses six années d’étude à la faculté de médecine de Lyon, Myriam a

Pendant son internat, Myriam a réalisé un stage de deux mois au Tchad.

Myriam conclut : « la chirurgie de guerre et d’urgence a ce côté stimulant ; quand la situation est grave, il faut aller vite mais bien faire les choses. C’est vraiment ce que j’aime et c’est là toute la particularité de notre métier de chirurgien militaire. C’est un de ces métiers-passion qu’il faut réaliser dès lors que l’on en a envie ». Conduite par les armées françaises, en partenariat avec les pays du G5 Sahel, l’opération Barkhane a été lancée le 1er août 2014. Elle repose sur une approche stratégique fondée sur une logique de partenariat avec les principaux pays de la bande sahélo-saharienne (BSS) : Burkina-Faso, Mali, Mauritanie, Niger, et Tchad. Elle regroupera bientôt environ 5 100 militaires dont la mission consiste à lutter contre les groupes armés terroristes et à soutenir les forces armées des pays partenaires afin qu’elles puissent prendre en compte cette menace.

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OPÉRATION / EXERCICE

La directrice centrale en déplacement au Liban auprès des unités SSA déployées dans le cadre de l’opération DAMAN Du 28 au 30 décembre, les équipes médicales de l'opération Daman ont accueilli la visite de la directrice centrale du service de santé des armées : la médecin général des armées Maryline Gygax Généro.

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éployées sur les sites de Deir Kifa et Naqoura, les équipes médicales de la Force Commander Réserve (FCR) et des Aero Medical Evacuation Team (AMET) sont composées de praticiens, infirmiers et auxiliaires sanitaires qui assurent le soutien médical de l'opération Daman, mise en place dans le cadre de la Force Intérimaire des Nations-Unies au Liban (FINUL). Au cours de sa visite, la médecin général des armées Maryline Gygax Généro a pu échanger avec les équipes médicales afin d'appréhender la qualité de leurs infrastructures et la diversité des actions qu'elles conduisent au quotidien. La médecin général des armées s'est ensuite exprimée, dans une allocution, pour affirmer sa fierté à l'égard de l'engagement de ses équipes : « Je suis particulièrement heureuse d'être parmi vous aujourd'hui, en ce moment tout particulier de veille de réveillon du nouvel an. Notre présence militaire au Liban est ancienne et le soutien santé que vous assurez chaque jour au profit de nos unités déployées est absolument capital et déterminant pour la réussite de cette mission essentielle pour la paix. Je tiens donc ici à vous remercier pour votre investissement au quotidien qui honore le Service de santé des armées. Vous redire combien je suis fière de diriger un Service composé de femmes et d'hommes comme vous, engagés loin de leurs familles pour défendre nos idéaux ». A la fin de sa prise de parole, la directrice centrale du Service de santé des armées a conclu en présentant ses vœux à

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l'ensemble des équipes médicales : « Je vous souhaite le meilleur pour l'année 2020 qui s'annonce : qu'elle soit riche de satisfactions sur le plan professionnel et de moments de bonheur dans votre vie personnelle. Loin des vôtres mais avec une cohésion à la hauteur de votre engagement, abordons tous ensemble 2020 avec passion, engagement et optimisme ! ». La directrice centrale a rencontré des unités engagées dans l’opération des Nations Unies et avec lesquelles la France noue des liens étroits, notamment en matière d’évacuation sanitaire. La médecin général des armées Maryline Gygax Généro a ainsi visité le groupement Italair, un magnifique exemple de coopération internationale, au service de la paix : à bord des hélicoptères italiens, l’équipe médicale aéronautique françaises du SSA réalise des évacuations de blessés dans le cadre de l’opération Daman. Enfin, à l’issue de sa visite officielle, la directrice centrale a rencontré le général italien Stefano Del Col, commandant la force des Nations Unies au Liban. Les échanges ont été particulièrement riches sur les enjeux de la coopération internationale dans un cadre onusien.


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OPÉRATION / EXERCICE

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es vétérinaires militaires assurent un rôle majeur en opération afin de conseiller les soldats en matière de sécurité et de maîtrise des risques sanitaires. Ils sont notamment garant de la sécurité sanitaire des denrées et de l'eau en opération, de la maîtrise de l'environnement et de la mise en œuvre du plan de maîtrise sanitaire en opération (PMSO) édité par le Service de santé des armées. Déployée pour la première fois en opération, la capitaine Lucie est pleinement investie et bien consciente de ses grandes responsabilités : « Mon rôle est de pouvoir participer à la pleine capacité opérationnelle de nos soldats tout au long

de la mission en veillant à la gestion et la maîtrise de leur environnement. Cela consiste en premier lieu, au contrôle de l'eau et de l'alimentation. » La capitaine Lucie est également « en charge de la santé animale avec bien sûr des visites vétérinaires auprès des chiens du détachement cynotechnique auprès de qui j'apporte un soutien médical si nécessaire. (…) Au Liban, certains animaux peuvent être porteurs de la rage ou de maladies transmissibles à l'homme, j'assure donc un rôle de prévention pour sensibiliser nos soldats sur ces questions sanitaires afin d'assurer une bonne maitrise de l'environnement ».

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En opération, nos soldats sont exposés à des risques sanitaires importants. Afin de maîtriser ces risques, des experts agissent au quotidien pour veiller au bien-être et à la sécurité de tous. Portrait de la capitaine Lucie, engagée comme vétérinaire au sein de l'opération Daman au sud-Liban et que la directrice centrale a pu rencontrer lors de son déplacement officiel au Liban fin décembre.

DAMAN : dans la peau d’une vétérinaire en opération

« Enfin, je conseille les soldats en matière de sécurité sanitaire lors des manœuvres logistiques de FRET qui transite entre le théâtre et la France. Je contrôle ainsi la bonne application des procédures de nettoyage et de décontamination des matériels et véhicules qui rentrent en métropole. » La capitaine Lucie est très fière de son engagement quotidien au service des casques bleus de l'opération Daman : « le métier de vétérinaire au sein des armées reste peu connu, il n'en est pas moins extrêmement riche et passionnant. Notre rôle de conseiller spécialisé nous permet de participer à de très nombreuses missions et d'apporter notre soutien pour garantir le succès des opérations. »

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INTERNATIONAL

Exercice de coopération médicale franco-émirienne dans le désert des Emirats arabes unis.

transmis du terrain jusqu’à l’arrivée d’un hélicoptère. Les militaires du 5e régiment de cuirassiers ont pu, quant à eux, appréhender la complexité de la médecine de guerre en assistant les différents acteurs médicaux sur plusieurs étapes. Dans le cadre de la coopération bilatérale franco-émirienne, la partie émirienne peut être amenée à fournir un soutien héliporté aux forces françaises stationnées aux Emirats arabes unis (FFEAU). Après la stabilisation des lésions par l’équipe du Med ALEXANDRE, médecin de l’antenne médicale en ZMC, l’évacuation des blessés a été réalisée au moyen d’un Chinook, appuyé par un hélicoptère Apache.

Le mandat d’octobre 2019 à février 2020 aux Emirats Arabes Unis a été pourvoyeur de nombreux exercices, réalisés conjointement avec le 5e régiment de cuirassiers.

acquises préalablement lors de leur formation SC1 (secours au combat de niveau 1). L’équipe médicale est alors entrée en action une fois les premiers soins réalisés.

a majorité de ces exercices se déroule dans le désert. Les « tankistes » furent ainsi confrontés à l’explosion d’un de leur PVP (petit véhicule polyvalent) sur un IED (engin explosif improvisé), les obligeant à réagir rapidement et à mettre en pratique leurs connaissances

Cet exercice a permis de mettre en exergue la difficulté de la prise en charge de plusieurs traumatisés graves, en milieu désertique, par une équipe médicale restreinte, avec des moyens limités et sans moyens héliportés: le but étant de tester également la fluidité de la prise en compte des messages

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Les exercices bilatéraux voire multinationaux auxquels sont habitués le CMIA d’Abou Dhabi permettent d’optimiser l’interopérabilité avec nos partenaires en vue de fluidifier et de raccourcir le délai la prise en charge des blessés, d’appréhender les points bloquants et d’améliorer notre capacité de coordination par une meilleure connaissance mutuelle.

MED (CNE) Alexandre ROULAUD Mission courte durée sur ZMC (Zayed Military City) DIASS FFEAU/CMIA/antenne médicale de ZMC).


INTERNATIONAL

Concours du CMIA au SAMU sur l’île de Tiga

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endredi 24 janvier 18 h 30 : le SAMU de Nouvelle-Calédonie est alerté pour un patient à récupérer en urgence sur l'île de Tiga. Ne disposant que d’une seule équipe médicale, le SAMU demande le concours des forces armées de Nouvelle-Calédonie (FANC) via le hautcommissariat, à la fois pour la mise à disposition d’un moyen aérien et d’une équipe médicale militaire. L’équipe médicale d’astreinte du Centre médical interarmées, composée d’un médecin et d’un infirmier militaire, est mobilisée pour récupérer le patient de Tiga, un homme atteint d’une plaie par balle et dont l’état est précaire. Au cours du vol aller, le PUMA de la base aérienne 186 se pose au Médipôle (centre hospitalier et « pôle Santé » situé dans

la commune de Dumbéa et la banlieue de Nouméa en Nouvelle-Calédonie) pour récupérer des poches de sang. À l’arrivée, l’état du patient est instable. Le médecin débute une transfusion sanguine sur place avant un retour vers la Grande Terre. En effet, l’espace dans la soute de l’hélicoptère est restreint, il est donc compliqué d’y effectuer des gestes d’urgence en cas de dégradation du patient. Après 1 h 30 sur place, l’île ne disposant pas d’ambulance, le patient est transféré sur l’aérodrome en pickup. Le blessé est étroitement surveillé et bénéficie de traitements complémentaires lors du vol retour. C’est à minuit que celui-ci est pris en charge par l’équipe du SAMU.

Cette mission de près de 5 h s’est déroulée de façon optimale grâce à l’entraînement régulier des équipes médicales et des équipages PUMA à la mission d’évacuation médicale, hélitreuillée ou non.

L’évacuation médicale aérienne est une compétence du Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie avec l’emploi des moyens humains du Médipôle et aériens de la DSCGR. En cas de moyens dépassés, selon la règle des 4 « I », le Haussariat peut demander un concours aux FANC pour des moyens aériens et/ ou médicaux. Les équipes médicales du CMIA s’entraînent régulièrement avec les équipages PUMA lors d’exercices d’hélitreuillage et de prise en charge de patients, afin de pouvoir assurer la mission de secours maritime et le soutien des FANC.

Médecin principal Kevin & ISG2G Charlotte CMIA de Nouvelle-Calédonie

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INNOVATION / RECHERCHE

Un article en collaboration avec les chercheurs de l’IRBA fait la couverture intérieure de Small, la revue scientifique spécialisée dans les nanotechnologies.

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’unité de thérapie cellulaire et tissulaire (UTCT) située au CTSA développe des projets de recherche dans le domaine de la régénération tissulaire. Restaurer la matrice extracellulaire des tissus lésés est indispensable à la réparation. Le Laboratoire de Chimie de la Matière Condensée (Collège de France, Paris) et l’École Supérieure de Conception et de Production Industrielle (ESCPI) ont mis au point un procédé innovant de production de microparticules de collagène de type I, très dense, injectable et capable de se réassembler en fibrilles. Ce matériau a été fonctionnalisé avec des produits sécrétés de cellules stromales mésenchymateuses, qui ont été encapsulés dans le collagène. Cette approche permet d’associer l’action trophique (c’est-à-dire nutritive) des produits de thérapie cellulaire à la structure matricielle produite, avec des applications potentielles dans le domaine de la réparation cutanée notamment.

Recherche sur la surdité

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e bruit est l’agent agresseur de l’audition le plus puissant. C’est également le plus fréquent pour les militaires qui sont exposés aux bruits d’armes et d’engins. À titre d’exemple, un Famas produit 160dBp (décibel peak) au niveau de la tête du tireur. Les traumatismes sonores peuvent être irrémédiables près de 15% des militaires se plaignent de problèmes auditifs séquellaires d’un traumatisme sonore aigü1. L’IRBA mène des recherches sur ce sujet via le projet PATRIOT (Prévention, diAgnostic et TRaitment InnOvants de la surdité liée au bruiT) qui réunit un consortium d’équipes scientifiques et d’industriels. Dans le cadre de l'appel à projets « Projets de R&D structurants pour la compétitivité », le secrétariat général pour l’investissement, dépendant du Cellules ciliées de la cochlée observées au microscope électronique à balayage service du Premier Ministre vient d’attribuer un financement d’un montant de 10,8 millions d’euros à ce projet. PATRIOT, mené par le SSA en partenariat avec SENSORION, la société Electronique du Mazet et l’institut Pasteur, a pour ambition de mettre en place une nouvelle prise en charge des troubles de l’audition, en couplant le développement de nouvelles solutions diagnostiques préventives et thérapeutiques. Source Enquête Nouvelle Génération CNMSS/SSA

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INNOVATION / RECHERCHE

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’IRBA dispose d’un large éventail de plateaux techniques dans le domaine des sciences analytiques en biologie sous la forme de plus de 150 grands et moyens équipements regroupés dans un département de plateformes dédié. Celui-ci met à la disposition de la recherche et de l’expertise de l’IRBA des appareillages et des spécialistes de très haut niveau, capables de piloter les instruments, de maitriser les techniques, d’assurer de la formation et de développer des techniques innovantes. Les moyens disponibles sont complémentaires au sein d’une même entité, ce qui permet de répondre à une grande partie des demandes, mais également en interdisciplinarité pour des techniques plus élaborées. Les champs couverts sont : - l’imagerie : de la loupe au Titan Krios, en passant par la microscopie photonique associée à des immunomarquages et à de l’hybridation in situ ; la microscopie électronique à balayage (microcopie électronique à transmission classique et cryo-techniques haute résolution) ; la microtomographie ex vivo et in vivo etc, - la biologie moléculaire : diverses techniques de PCR, de séquençage NGS, d’épigénétique etc, - les dosages dans les échantillons biologiques d’origine humaine ou animale : biochimie automatisée, dosages immunologiques, multiplex, cytométrie, tri cellulaire etc, - les dosages de petites molécules : diverses méthodes

Un département de plateformes multidisciplinaires dédiées aux sciences analytiques + de 150 équipements pour analyser le vivant de spectrométries de masse après purification par chromatographie gazeuse ou liquide ; études métabolomiques etc, - des techniques transverses interdisciplinaires sont également disponibles comme la microdissection laser, la technique de single cell etc…

Evolution numérique et intelligence artificielle Une unité est spécialisée dans le prototypage de solutions techniques spécifiquement développées pour des expérimentations, notamment celles sur le terrain opérationnel. Elle assure la conception et la réalisation de chaines de mesure complètes, incluant la totalité du traitement des signaux complexes obtenus, avant d’être analysés au travers de systèmes intelligents. Le supercalculateur dont est doté l’IRBA participe à ce développement de l’intelligence artificielle. Ces plateaux techniques, qui peuvent être également ouverts aux scientifiques civils, permettent d’obtenir des résultats utiles aux diverses recherches et expertises menées à l’IRBA au profit des forces (traumatismes, risque NRBC et préparation du combattant aux situations opérationnelles). ICT Xavier chef du département des plateformes et recherches technologiques

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DOSSIER : LA MIXITÉ AU SEIN DU SSA

La mixité

au sein du service de santé des armées Impliqué depuis bientôt 10 ans dans une politique volontariste dans le domaine de la mixité, le ministère des armées, avec un taux de féminisation qui dépasse actuellement les 20%, vient de se voir décerné le label AFNOR « Egalité »1 en janvier 2020. Il élabore un plan d’action « égalité professionnelle entre les femmes et les hommes ». Le service de santé des armées est un acteur fort de cet engagement, dont il décline la politique à tous les échelons de son organisation. En 2019, les femmes représentent 61,3 % du personnel militaire et 68% du personnel civil gérés par le SSA. Depuis les écoles de formation, des bancs des élèves aux rangs de l’encadrement, sur les podiums sportifs et dans les moissons de lauriers scientifiques, ambassadrices et communicantes -jusqu’au sein-même des armées-, les femmes ont investi tous les emplois et champs d’action du service de santé des armées, jusqu’aux plus hautes responsabilités. S’agissant du domaine de l’opérationnel, en 2019, 535 femmes et 652 hommes ont été projetés. Si cette place de la femme revient à ses compétences et ses mérites, la recherche d’égalité professionnelle investit les travaux de recherche actuels menés à l’IRBA en vue d’une équité entre les militaires projetés : il faut davantage prendre en compte les réalités anthropométrique et physiologique. Ainsi la condition physique spécifique à un emploi doit être (re)définie et les tests d’aptitude afférents. Le SSA, dans son rôle d’expert, conseille le commandement en ce sens.

1 Actuellement, cette labellisation ne concerne qu’un périmètre pilote mais l’audit de renouvellement en 2023 permettra de l’étendre à l’ensemble du personnel civil et militaire.

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Au fil des ans, les parcours des femmes se sont diversifiés et tous les horizons leur sont ouverts. Les évolutions réglementaires permettent de mieux concilier vie personnelle et vie professionnelle, avancées dont bénéficient leurs homologues masculins en terme de prise en compte de la parentalité notamment. Les portraits présentés dans ce dossier sont l’exemple d’une alliance réussie entre épanouissement personnel et parcours professionnel exaltant et valorisé. Réunis par leur engagement et leurs talents, la présence de tous, femmes et hommes, nourrit la valeur que représente le Service, à nos yeux et à ceux des armées. Continuons, ensemble, de concourir avec dynamisme, enthousiasme et efficacité à sa mission !

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DOSSIER : LA MIXITÉ AU SEIN DU SSA

Entretien avec le CR1 BÈS de BERC, chef du bureau condition du personnel de la DCSSA Le Service de santé des armées est-il engagé dans la lutte pour la mixité et l’égalité ? Oui, avant même que le plan ministériel portant sur la mixité ne soit signé par la ministre des armées, le service de santé des armées avait développé un réseau de référents parité, diversité et lutte contre les discriminations, à vocation plus large que celle de la mixité. Ainsi un Observatoire de la parité femmes-hommes a été créé le 24 avril 2014, chargé de suivre les thématiques liées à la mixité, à l’égalité, à la diversité et à la lutte contre les discriminations. Un binôme de référents a été créé dans chaque formation d’emploi du Service depuis 2017. Ce réseau comporte aujourd’hui plus de 100 militaires ou civils employés par le SSA. Une grande majorité des référents a suivi la formation dispensée par l’Observatoire. Ainsi, 82 personnes ont d’ores et déjà été formés par le Service.

Quel est le contenu de ces sessions de formation ? Ces sessions contiennent des notions théoriques concernant la lutte contre

les stéréotypes pouvant entrainer des discriminations et une définition précise du rôle des référents. Ces points réglementaires sont complétés par de nombreuses mises en situation.

Quel est le rôle d’un référent mixitéégalité ? Il prend en compte la documentation et les informations adressées par l’Observatoire et effectue une veille réglementaire. Il conseille le chef d’établissement sur les questions générales de parité, de diversité et de lutte contre les discriminations, sans omettre la mixité. Il sensibilise le personnel de sa formation d’emploi par des campagnes d’affichage ou des séances d’information. Il est évidemment à la disposition de tous en cas de question, il oriente ainsi chacun vers les éventuelles voies de recours, sans se substituer à la voie hiérarchique. Enfin, il effectue un compte rendu annuel de son activité locale à l’Observatoire de la parité femmes-hommes.

fait que renseigner la victime sur l’existence de la cellule. En somme, son rôle est avant tout de veiller au bien vivre ensemble.

Qui compose cet Observatoire ? Cet Observatoire comprend l’officier considération et le chef du bureau condition du personnel. Il suit la mise en œuvre de la politique ministérielle au sein du Service. Il est ainsi l’interlocuteur du Haut fonctionnaire à l’égalité des droits qui rend compte pour sa part à la ministre de la mise en œuvre de l’ensemble des armées directions et services.

Une dernière remarque s’impose, le référent mixité-égalité ne se substitue pas à la cellule THEMIS. En cas de harcèlement sexuel, le référent ne Actu Santé n° 157 • Printemps 2020

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DOSSIER : LA MIXITÉ AU SEIN DU SSA

IRBA, parole d’expert Hommes et femmes au combat : tous égaux ? Alors que le ministère des armées vient de recevoir le label Egalité, seulement 8% des militaires en OPEX sont des femmes. Sur le champ de bataille, égalité, équité, ça veut dire quoi ? Rencontre avec la MC Alexandra, chef de l’unité physiologie de l’exercice et des activités en conditions extrêmes à l’IRBA. Physiquement, quelles sont les différences entre les hommes et les femmes ?

la cadence augmentant ainsi les contraintes mécaniques sur les os porteurs, favorisant la survenue de fracture de fatigue liée à la répétition de ces microtraumatismes qui fragilisent l’os. On observe 10 fois plus de fracture du bassin chez les femmes en formation dans l’infanterie que chez leurs collègues masculins. C’est une blessure grave. Le commandement doit donc prendre des mesures pour fixer la cadence de marche sur le plus petit du groupe, si les conditions opérationnelles le permettent.

Des différences anthropométriques et physiologiques : les femmes sont plus petites et ont une masse musculaire plus faible, en particulier dans le haut du corps. Les niveaux d’aptitude physique aérobie sont également plus faibles chez la femme. Sur une épreuve d’endurance cette différence est de 20 à 30 %. Sur une épreuve de traction elle atteint plus de 50% car le rapport poids-puissance est défavorable par rapport à un homme. Par contre, sur des exercices de gainage elles sont au même niveau que les hommes.

Quelles sont les conséquences sur l’aptitude des femmes à occuper certains postes ? Les femmes sont désavantagées par rapport à la plupart des hommes dans toutes les tâches où il faut lever ou transporter des charges lourdes donc dans tous les métiers des armes de mêlée. La physiologie a un retentissement sur l’aptitude à occuper ces emplois.

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Un entraînement spécifique peut-il combler les différences ? Quel est l’apport de la recherche sur ce sujet ? Les études montrent que les femmes se blessent plus que les hommes. Il y a plus de risque de blessure traumatique notamment en formation initiale. Le type de blessure est également différent en fonction du sexe. Prenons l’exemple d’une marche d’approche avec charge, une femme, de par sa stature va devoir faire des pas plus grands pour suivre

Les combler complètement, non, ou plutôt pas pour toutes les femmes. Dans le cadre du Research Task Group OTAN Physical employment standard, nous avons étudié l’incidence de l’entrainement sur les performances féminines qui effectivement augmente la zone de chevauchement entre les performances des hommes et des femmes : les femmes les plus « fortes » devenant plus performantes que les hommes les plus « faibles ». Néanmoins, ce recouvrement de performance reste partiel et s’il


DOSSIER : LA MIXITÉ AU SEIN DU SSA

atteint 70% pour les activités aérobies, il ne dépasse guère les 30% pour une épreuve comme les tractions. Selon le seuil de performance fixé et nécessaire pour tenir l’emploi, on peut donc imaginer après une sélection des meilleures candidates de leur donner les moyens de passer ce niveau seuil. En Norvège, les femmes bénéficient d’un parcours personnalisé de 18 mois (sans être dissociées complètement de leurs collègues masculins). Par exemple, au lieu de deux séances hebdomadaires de renforcement musculaire du haut du corps, elles en ont quatre.

Le SSA est-il sollicité sur ces questions ? L’EMA nous sollicite actuellement sur les barèmes des épreuves physiques pour les concours d’entrée dans les grandes écoles militaires. Nous avons aussi participé au GT mixité avec les états-majors où nous avons défendu l’idée qu’indépendamment de la question de la mixité, c’est la notion même d’aptitude physique qu’il convient de revisiter pour la mettre en adéquation avec un poste plutôt que de mesurer une aptitude physique générale. Le point déterminant est que l’évaluation de la condition physique spécifique devrait être un passeport garantissant une aptitude à occuper un emploi. Le SSA travaille donc avec les forces (avec l’armée de terre en particulier) pour définir quelles sont les qualités physiques nécessaires pour occuper tel ou tel poste. Cette notion d’aptitude physique spécifique

s’affranchit du sexe et des barêmes genrés. Par contre, le barême genré, doit être conservé pour le CCPM 1 afin de ne pas pénaliser les femmes, notamment sur leur notation.

Cette sélection sur les aptitudes ne risque-t-elle pas d’écarter les femmes de certains postes ? Certaines femmes, oui, mais aussi certains hommes ! Le métier de militaire est un métier opérationnel. Notre plus-value, en tant que médecin, est de nous prononcer sur les métiers où la capacité physique est importante. Définir des tests en se basant sur les tâches réalisées dans le métier de fantassin permet d’être réaliste et de préserver l’opérationnalité de nos troupes sans discrimination a priori liée au sexe.

En tant que femme militaire et médecin physiologiste, quel est votre message ? Nous devons garantir que les femmes militaires retourneront en bonne santé à la vie civile. En tant que médecin, on

doit rappeler y compris à celles qui prônent la féminisation des emplois, qu’il n’est pas acceptable que les femmes se blessent. Il faut bien sélectionner le personnel au départ. L’équité commence là. J’ajouterais que beaucoup d’hommes se sentent lésés par rapport aux barèmes des femmes. Prenons l’exemple des tests TAP où les femmes font un maintien de traction et non pas des répétitions de tractions, ce qui est effectivement en rapport avec le mouvement requis lors d’un saut en parachute ; pourquoi ne pas évaluer les hommes sur la base de ce même test ? De même, on pourrait imaginer des épreuves collectives où la performance du groupe serait évaluée. En effet, au combat il ne s’agit pas de trainer un mannequin de 100 kg, lorsqu’il s’agit d’évacuer un blessé, on n’est jamais seul.

1Contrôle de la Condition Physique des Militaires

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DOSSIER : LA MIXITÉ AU SEIN DU SSA

La mixité, une réalité aux EMSLB

Les EMSLB comptent plus de 50% de femmes dans leurs rangs. Elle est, de fait, l’école militaire la plus féminisée du ministère des armées. Bien qu’elle soit bien vécue par les élèves, la mixité fait l’objet d’une véritable politique mise en place au sein des écoles.

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epuis 1973 et la fin des quotas, le nombre de jeunes filles à tenter le concours d’entrée à l’ESA a constamment évolué. Elles sont aujourd’hui 338, soit 54 % des élèves médecins et pharmaciens. L’arrivée de l’EPPA qui compte 60 % de filles dans ses rangs, à Bron a encore gonflé les effectifs. Elles sont désormais majoritaires dans les écoles. Au quotidien, la mixité est vécue de manière naturelle. « De manière générale, les mentalités évoluent dans le SSA et dans l'école ; je pense que la mixité est très bien vécue par tous les élèves. Le plus problématique restent que certains terrains de stage n'évoluent pas aussi vite » explique l’AM Corentin, référent mixité. Dès le recrutement, la mixité est appliquée aux EMSLB avec la parité

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dans les membres des différents jurys lors des entretiens de motivation des candidats, jurys présidés par une femme depuis 2019.

Des femmes aux commandes La mixité aux EMSLB n’est pas propre aux élèves. Les femmes sont également présentes dans l’enseignement, à la cellule de formation médico opérationnelle ou dans l’équipe pédagogique composée de professeurs détachés de l’éducation nationale, et à la tête des départements ou services. Elles représentent ainsi 39 % des effectifs des cadres des EMSLB. Elles asssurent également les missions d’encadrement de contact, comme commandant de bataillon, de compagnie et adjudant d’unité. Elles sont cinq à l’ESA et trois à l’EPPA, à exercer le commandement au quotidien.

Les élèves ont besoin de repère, de cadrage et de bienveillance. « Pour bien commander, je m’assure déjà de bien connaître mes personnels et de pouvoir répondre à leur problème en toute connaissance de cause. J’essaie aussi au maximum de participer à leur instruction, d’être présente et active durant leur séance de sport » explique l’ISG1G Marion, commandant d’unité de la 1re compagnie de l’EPPA.

Une politique active Depuis leur création en 2018, les EMSLB ont mis en place une politique en faveur de la mixité et plus largement pour la prévention des risques de Harcèlement, Discrimination et Violences Sexuelles (HDVS). Des référents mixité ont été nommés dans chaque compagnie d’élèves praticiens et infirmiers et trouvent une oreille attentive auprès


DOSSIER : LA MIXITÉ AU SEIN DU SSA de la référente mixité des écoles. Après concertation, un sondage a ainsi été initié sur le sexisme ordinaire que peuvent subir les élèves lors des stages en unité ou à l’hôpital. Les résultats sont en cours d’étude afin de mettre en place un plan d’actions pour mieux prendre en compte certaines remarques. Un formateur relais de la cellule Thémis du Ministère des Armées agit régulièrement au profit des élèves mais aussi des cadres des écoles. En 2019, des séances de sensibilisation ont été organisées au profit des cadres civils et militaires afin de les sensibiliser aux comportements répréhensibles par la loi, cette dernière ayant grandement évoluée depuis 2012. En parallèle, les élèves de l’ESA ont également suivi ces séances, et en 2020 ce sont les élèves de l’EPPA qui sont en cours de formation.

Portraits Infirmière accomplie Océane

Ainsi, pour chaque nouvelle année universitaire, les nouveaux arrivants, qu’ils soient cadres ou élèves, participent à cette sensibilisation. En 2019, 114 cadres civils et militaires y ont participé ainsi que 159 élèves officiers médecins et pharmaciens de

1re année. En 2020, ce sont déjà 130 élèves de l’EPPA qui ont été sensibilisés. Ces séances se veulent interactives et génératrices de questionnements sur les relations hommes/femmes dans nos unités respectives mais également dans le milieu civil (facultés, IFSI, hôpitaux, etc.).

L’élève infirmière Océane, en 3e année à l’EPPA, s’investit dans les études comme dans le sport. Elle a été décorée de la médaille de bronze de la défense nationale pour son mérite et son engagement.

C

lassée 3E au concours national de l’EPPA parmi 2700 candidats, elle intègre les EMSLB le 02 août 2017. Elle souhaitait devenir infirmière mais ne se voyait pas travailler en hôpital civil. « L’armée me permet d’envisager une carrière différente... Actu Santé n° 157 • Printemps 2020

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DOSSIER : LA MIXITÉ AU SEIN DU SSA

... La mixité, une réalité aux EMSLB

Portraits ...afin de sortir de ma zone de confort » explique-t-elle. Sportive, elle pratique la course à pied et le cross-training qui allient dépassement de soi et cohésion. Très intéressée par le parachutisme militaire, elle passe et obtient son brevet de troupes aéroportées. Cette spécialité est nécessaire pour son projet de carrière, elle souhaite devenir convoyeuse de l’Air. Ce brevet est aussi indispensable pour son stage en unité

qu’elle choisit de réaliser au CPA 10 (Base Aérienne 123 Orléans-Bricyau). Elle y rencontre les professionnels ayant une expérience opérationnelle exceptionnelle. « J’ai pu travailler avec cette équipe lors de divers exercices de sauvetage au combat mais également découvrir leur quotidien: sauts en tandem, combat, aérocordage » explique-t-elle. Cette expérience la conforte dans son choix de servir en unité opérationnelle.

Capitaine d’équipe

Proche des patients, elle découvre le stress post traumatique lors d’un stage en psychiatrie à l’HIA Laveran et décide d’y consacrer son mémoire. « J’ai passé 6 autres concours après mon BAC, mais devenir infirmière militaire était vraiment ma priorité et j’ai choisi l’EPPA. Ce cursus m’a permis de devenir autonome et épanouie » conclut-elle.

Charlotte

L L’aspirant médecin Charlotte est capitaine de l’équipe féminine de rugby à 7. Etudiante en 3e année de médecine, elle est sportive et meneuse dans l’âme.

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a section féminine a été créé en 2017 par les aspirants médecin Mirabelle et Noémie ainsi qu’un ancien élève de l’école qui entraîne l’équipe depuis 3 ans. Tous trois pratiquaient déjà le rugby et désiraient créer une équipe féminine. L’équipe s’entraine aux EMSLB les mardi et jeudi soirs et compte 33 adhérentes. En plus de faire un sport collectif physique et fort en sensations, la capitaine d’équipe souhaitait faire rayonner l’école à travers cette équipe lors des compétitions sportives. Objectif atteint avec deux médailles d’argent obtenues lors du championnat de France militaire organisé en


DOSSIER : LA MIXITÉ AU SEIN DU SSA

septembre dernier à Bourges et lors du championnat universitaire RhôneAlpes multisports, le 12 octobre 2019. Le rugby est un exutoire dans les études de médecine, mais inculque aussi à sa capitaine des valeurs utiles à son futur métier : l’esprit d’équipe, l’écoute et le leadership. « Le rugby nous apprend à nous dépasser, à encaisser mais aussi à être solidaires et à compter les unes sur les autres », explique l’AM Charlotte. Sportive et dynamique, l’élève est une jeune femme de conviction. Son désir de s’engager et d’être médecin militaire est lié à son histoire familiale peu commune : son arrière-grandpère était médecin dans la résistance dans le maquis de l’Oisans pendant la seconde guerre mondiale et son arrière-grand-mère était infirmière. Charlotte a donc souhaité continuer à suivre le même chemin en rejoignant les EMSLB. Pouvoir maintenir en vie des patients avec peu de moyen, est ce qu’il la motive le plus. Son stage en unité au 3e RIMa lui a fait découvrir le fort esprit de cohésion entre militaires et la conforte dans son choix d’être médecin des forces. Son expérience de capitaine d’équipe lui sera utile pour atteindre son but.

Présidente de promotion Cécile L’AM Cécile, en 4e année de médecine, est présidente de sa promotion et du bureau des promotions. Très investie dans sa fonction, elle est appréciée et respectée par l’ensemble des élèves.

E

lle a rejoint l’ESA en 2016 car elle souhaitait trouver une grande variété dans une seule et même profession. Dès la 2e année, elle se porte volontaire comme présidente de promotion. « J’avais découvert durant la première année au sein de ma promotion des personnes formidables et j’avais envie que cette diversité de personnalités soit représentée le plus justement possible et que chacun puisse avoir quelqu’un vers qui se tourner en cas de besoin » explique l’AM Cécile.

de rencontres internationales ou de cérémonies, et pour participer au financement des projets proposés par les élèves ; pas facile parfois de concilier les études et toutes ses activités. « Indéniablement cela demande un peu d’organisation. Il s’agit alors de travailler en équipe pour que l’impact sur nos études soit le plus minime possible. Je n’arriverai pas à tout réaliser sans les autres présidents et mes camarades de promotion toujours disponibles pour m’aider » complète-t-elle.

Au sein du Bureau des Promotions, qui regroupe les présidents de la 2e à la 6e année, elle est un des interlocuteurs privilégiés du commandement et des 600 élèves praticiens des EMSLB. Germanophone, elle est aussi sollicitée pour représenter l’ensemble des élèves à l’extérieur des écoles, lors

Cette expérience reste un véritable atout dans sa formation d’élève et de futur officier. « J’ai avant tout appris à réfléchir à l’échelle collective, ce qui, je pense, me rendra grandement service au cours de ma carrière » conclut l’AM Cécile.

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DOSSIER : LA MIXITÉ AU SEIN DU SSA

La parité au SSA en chiffres Globalement, le SSA est un bon élève de la parité. En 2019, on compte 62% de femmes dans le Service. Cependant l’écart est encore important lorsqu’il s’agit de hauts grades. La part des officiers féminins s’élève à 47% en 2019 et celle des généraux étoilés est de 30%. C’est la catégorie des sous-officiers qui comporte la plus grande partie de personnel féminin avec 72% en 2019.

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43.1%

femmes parties en OPEX au moins 1 fois en 2019, soit : de la population projetée

9,6 % de femmes du SSA

parties au moins 1 fois en 2019

Ces femmes qui ont gravi les échelons

Entretien avec la Médecin générale inspectrice Anne SAILLIOL Quel est votre parcours professionnel ? Je suis entrée à l'Ecole du service de santé des armées de Lyon en 1979. Je suis docteur en médecine, spécialiste en biologie médicale et hémobiologietransfusion, diplômée en médecine d’urgence et médecine aéronautique et spatiale. Ma carrière de praticien a commencé comme médecin d’unité au sein de l'Aviation légère de l'Armée de Terre (1985-1990). J’ai ensuite effectué

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mon assistanat de biologie médicale à Bordeaux (1990-1996), avant d’être affectée en 1996 à l’HIA Percy comme praticien certifié, adjointe au chef de service de biologie. En 2002, j’ai été nommée cheffe du site de transfusion sanguine du CTSA de Toulon. De 2009 à 2017, j’ai dirigé le Centre de Transfusion Sanguine des Armées (CTSA) à Clamart. Et, depuis le 11 septembre 2017, je dirige l’Institut de Recherche Biomédicale des Armées (IRBA) dont le site principal est situé à Brétigny sur Orge.


DOSSIER : LA MIXITÉ AU SEIN DU SSA

Avez-vous dû faire face à des difficultés quant à votre montée en grade ? Je n’ai pas rencontré de difficultés particulières pour la montée en grade car j’ai occupé une succession de postes à compétences techniques et managériales croissantes. La montée en grade a été en cohérence avec celles de mes responsabilités. Au sein du service de santé des armées, la compétence est valorisée autant chez les hommes que chez les femmes.

Avez-vous été encouragée/ poussée par vos collègues/votre service ? Je ne sais pas si la question se pose en ces termes. J’ai exercé des fonctions en interactions avec de nombreuses spécialités au service des patients les plus graves, avec la volonté partagée d’améliorer notre prise en charge. Ce travail collaboratif a souvent été couronné de succès, ce qui a été la plus grande des motivations à poursuivre nos efforts. Quant au personnel que j’ai dirigé, j’ai toujours essayé de valoriser le meilleur de chacun, en les fédérant autour d’un projet commun. Là aussi, la réussite partagée est un excellent moteur, surtout quand elle s’obtient au service des forces armées. Notre devise « Pro Patria et Humanitate » prend ainsi tout son sens.

Comment concilier une carrière professionnelle riche avec une vie de famille ? J’ai élevé trois enfants tout en poursuivant une carrière riche, passionnante et très prenante. Ce

challenge difficile s’est gagné à deux. Mon mari, également médecin militaire, a toujours accepté de faire nos choix de carrière en prenant en compte les projets et intérêts de chacun. Nous avons partagé les charges et accepté les contraintes de nos spécialités respectives. Nous avons toujours soutenu nos enfants et leur avons consacré tous nos loisirs et ils ont aussi appris à être rapidement. autonomes. Nous sommes maintenant très fiers et heureux de leur épanouissement dans des secteurs très variés.

Quels conseils donneriez-vous à une femme désirant accéder à un haut poste ? N’acceptez pas les comportements inappropriés que s’autorisent certains hommes du fait d’une position hiérarchique plus élevée ou d’une force physique supérieure. Réagissez dès le premier dérapage pour vous faire respecter sur vos compétences.

Avez-vous observé une évolution dans la mixité au sein de l’armée depuis que vous êtes engagée ? Quand je me suis engagée, il y avait encore des quotas qui limitaient la proportion de femmes recrutées au sein du SSA. Nous étions donc en minorité, ce qui a beaucoup changé puisqu’il y a maintenant parité voire légèrement plus de femmes. C’était également une époque où les femmes ne portaient pas le pantalon. Mais ces règles ont rapidement évolué et ma première affectation a été dans une unité de l’avant où l’on portait le treillis. J’ai vu aussi augmenter le nombre

de femmes pilotes d’hélicoptère et certaines de mes camarades ont choisi des spécialités réputées masculines comme celles de chirurgien or thopédiste ou anesthésiste réanimateur. Progressivement, au sein du SSA mais aussi dans les autres services et armées, la part des femmes occupant des postes à haute responsabilité a augmenté. Par exemple, depuis 2017, en plus du poste de directrice de l’IRBA, je suis le « commandant militaire de la base militaire de Brétigny sur Orge ».

Que pensez-vous qu’il faudrait changer pour les générations futures ? Les préjugés « sexistes » persistent m a l h e u re u s e m e n t , y c o m p r i s dans l’armée mais ils diminuent régulièrement. Pourtant, il ne faut pas gommer toutes les différences car elles peuvent être bénéfiques pour la complémentarité des équipes.

Que pensez-vous de la condition féminine en OPEX ? Une femme dans le désert malien peut souffrir de la rusticité des conditions de vie et des sollicitations physiques parfois très importantes. Mais, audelà des contraintes physiques, il faut résister au stress, savoir s’adapter rapidement à des situations très différentes et, pour cela, la femme a des compétences appréciables et appréciées. Pour ce qui est des compétences techniques, il n’y a que des différences individuelles.

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DOSSIER : LA MIXITÉ AU SEIN DU SSA

Médecin en Chef Marion "Il faut oser y aller, faire confiance aux opportunités qui se présentent et les saisir" Le Médecin en Chef Marion est directrice médicale et chef de service de radiodiagnostic et imagerie médicale à l’hôpital d’instruction des armées de Percy. Professeur agrégé du Val-de-Grâce, elle est également titulaire de la chaire d’imagerie médicale appliquée aux armées et risque radionucléaire.

Avez-vous dû faire face à des difficultés quant à votre montée en grade ? En entrant à l’École de Santé des Armées en 1992, nous n’étions que 2 filles au sein d’une classe de 16 élèves. J’avais déjà connu ce cas de figure dans mon lycée militaire et il est vrai que ce n’était pas le lot commun d’avoir des filles dans les écoles militaires. Par la suite, je n’ai jamais eu l’impression qu’on me voyait comme un frein en étant une femme. Les postes que l’on m’a proposés correspondaient à mes compétences.

Avez-vous été encouragée à prendre certaines voies, par vos collègues/ votre service ? J’ai été poussée particulièrement par 3 personnes dans ma carrière. La première était mon chef de service quand j’ai commencé la radiologie. Il m’a appris la neuroradiologie avec beaucoup de rigueur et de bienveillance. En croyant en mon potentiel, il m’a encouragée à passer les concours de 2e et 3e degrés. La seconde personne est une référence pour moi. Il s’agit d’un autre chef de service qui m’a accueillie en médecine nucléaire et m’a préparée à l’agrégation. Toujours présent pour répondre à

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mes interrogations, il a cru en moi et m’a poussée dans la bonne direction. Enfin, la troisième personne est le médecin chef de Percy qui m’a proposé le poste de directrice médicale il y a 2 ans. Il a fait le pari qu’une jeune maman pourrait faire le job de façon efficace. Il n’y a pas beaucoup d’institutions qui accordent cette confiance là au retour de congés maternité. Je leur en sais gré ainsi qu’à l’institution.

Comment concilier une carrière professionnelle riche avec une vie de famille ? Je suis maman de jumeaux de bientôt 4 ans et mon mari est chef de service de psychiatrie à l’HIA Bégin. Si nous n’avions pas eu une carrière hospitalière nous aurions eu des enfants plus tôt et nous n’aurions pas forcément demandé nos affectations à Paris. Nos deux carrières imposent organisation, concessions et travail mais le fait d’avoir quelqu’un à l’écoute et de disponible aide beaucoup. Je ne regrette absolument pas nos choix.

Quels conseils donneriez-vous à une femme désirant accéder à un haut poste ? Il faut oser y aller, faire confiance aux opportunités qui se présentent et les saisir. J’ai exercé au 3° régiment de Génie de Charleville Mézières puis à l’hôpital mais je n’avais pas de parcours tout tracé en tête ni idée de faire de la radiologie. Une succession d’opportunités grâce à beaucoup de travail, et de rencontres ont rendu les choses possibles au fur et à mesure.

Je pense qu’il faut garder l’esprit ouvert et provoquer les opportunités par le travail.

Avez-vous observé une évolution dans la mixité au sein de l’armée depuis que vous êtes engagée ? Aujourd’hui les promotions à l’école de santé des armées sont composées à 70% de filles contre 10% auparavant. Les femmes construisent leur vie personnelle plus tôt dans leur carrière. Il y a quelques années, faire des enfants jeunes n’était pas aussi envisageable qu’aujourd’hui. Cette évolution est une bonne chose. Par la mixité, l’intégration des femmes dans toutes les dimensions professionnelles y compris les opérations extérieures va redistribuer les rôles parentaux, et peut-être à terme laisser la possibilité aux pères d’être plus présents dans la vie familiale… Cette mixité peut avoir un effet très positif tant pour les femmes que pour les hommes.

Que pensez-vous qu’il faudrait changer pour les générations futures ? Les choses évoluent avec les générations, on peut ainsi supposer que les parcours de carrière intégreront davantage à l’avenir des congés de parentalité voire peut-être le temps partiel. Mais cela semble incompatible avec des postes à responsabilité. Que l’on soit un homme ou une femme, si l’on désire une carrière avec des responsabilités, il faut renoncer à quelques loisirs et se rendre disponible. Cela demande beaucoup de travail.


DOSSIER : LA MIXITÉ AU SEIN DU SSA

Directrice des soins de classe normale Marie-Claire

" La valeur n’attend peut-être pas toujours le nombre des années pour occuper des responsabilités managériales" Quel est votre parcours professionnel ? Je me suis engagée en 1986 pour être formée au centre d’instruction des infirmiers militaires à Paris. J’ai effectué 3 années d’études infirmières et de formation militaire à l’école nationale des sous-officiers de l’armée de terre à Dinan. J’ai exercé dans 5 hôpitaux militaires et dans toutes les spécialités médicales, chirurgicales, urgence et réanimation. De par mon implication dans les prises en charge des patients et dans les organisations de travail, je me suis orientée vers des fonctions d’encadrement. Je me suis inscrite dans la conduite de projets aux responsabilités de plus en plus étendues comme la gestion de pôles, l’animation de professionnels médicaux, administratifs et paramédicaux pour l’élaboration de 2 axes d’un projet d’établissement. J’ai obtenu des qualifications me permettant de veiller à répondre aux besoins de mon institution au point de vue managérial : le diplôme technique et un master 2 en management des organisations. Depuis janvier 2017, je suis directeur des soins de classe normale et j’ai en gestion approximativement 700 personnels militaires et civils, soient 15 professions différentes réparties dans 5 statuts.

Avez-vous dû faire face à des difficultés quant à votre montée en grade ? Non, notre montée en grade se fait par un système de concours militaires et civils.

Dans ma carrière j’aurais passé 6 concours (pour être infirmier diplômé d’état (IDE), cadre de santé, puis cadre supérieur de santé et directeur de soins). Ce n’est pas propre aux militaires, il s’agit du système de sélection chez les paramédicaux quand vous voulez occuper des fonctions managériales. J’ai toujours eu le soutien de ma hiérarchie, qui m’a encouragée.

Comment concilier une carrière professionnelle riche avec une vie de famille ? Ce n’est pas toujours facile, cela demande beaucoup d’organisation et de capacité de travail au regard de la disponibilité demandée et un accord clair au niveau de la structure familiale.

Quels conseils donneriez-vous à une femme désirant accéder à un haut poste ? De la ténacité, être persévérant, croire en ses idéaux, rester humaine, avoir en perspective l’intérêt de tous, faire preuve de bon sens. Et aussi de se faire confiance sur sa propre capacité à être un leader.

Avez-vous observé une évolution dans la mixité au sein de l’armée depuis que vous êtes engagée ? Oui, il y a plus de masculinisation dans la profession paramédicale et dans son encadrement. C’est une très bonne chose car la population paramédicale était plutôt en majorité féminine.

Que pensez-vous qu’il faudrait changer pour les générations futures ? « La valeur n’attend peut-être pas toujours le nombre des années » pour occuper des responsabilités managériales. Il faudrait poursuivre ce qui a été initié : Développer l’accès aux responsabilités par les compétences détenues et soutenir les potentiels identifiés en les inscrivant dans des parcours de formation et en leur donnant des responsabilités de manière graduée pour confirmer les potentiels.

Que pensez-vous de la condition féminine en OPEX ? Depuis 2018 l’Hôpital d’instruction des armées de Bégin a envoyé des IDE féminines en Guyane et en Afrique, en rôle 1 avec des unités combattantes et la légion étrangère. Cela s’est très bien passé. Ce sont des IDE qui ont été choisies pour leurs compétences techniques, physiques et leur mental fort. Tout dépend des missions et du contexte de celles-ci. Le profil des personnels qu’il soit féminin ou masculin envoyé en opération est très important. La mission se passe d’autant mieux que les personnels ont eu les formations de préparations adéquates : tir, traitement des blessés en situation de combat, aguerrissement au contexte militaire, culturel, géographique, épidémiologique, stratégique…

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TÉMOIGNAGES

Témoignages d’un moment fort en OPÉRATION des personnels paramédicaux de l’HIAD en 2019 Ce panel d’articles relate des moments forts vécus par des personnels militaires paramédicaux affectés sur l’HIA Desgenettes partis en mission au cours de l’année 2019. Ces récits illustrent la diversité des métiers de la chaîne santé et des terrains couverts par le SSA lors des missions extérieures que ce soit pour prendre en charge les militaires blessés ou pour apporter des soins à la population civile. À ce titre, ils témoignent d’épisodes critiques et douloureux mais également de moments plus joyeux. Les personnels, qui travaillent sur le site même de l’HIA ou qui sont mis à disposition technique partielle auprès du partenaire, les Hospices Civiles de Lyon (HCL) constituant l’EHCM (établissement hospitalier civil et militaire) lyonnais contribuent tous pleinement à la mission première du SSA, le soutien des forces.

CMCIA Djibouti / MERCN Christophe Manipulateur en électroradiologie médicale, je suis parti en mission à DJIBOUTI au printemps 2019. Au cours de celle-ci, la prise en charge d’un militaire français m’a particulièrement marquée. Lors de la maintenance des équipements, celui-ci s’est retrouvé bloqué entre deux VAB (véhicules de l’avant blindé). Grâce à notre présence à proximité, il a pu être dégagé et acheminé au plus vite au CMCIA (Centre médicochirurgical interarmées). Comme il fallait obtenir un bilan complet des blessures du patient, j’ai réalisé en urgence un scanner du corps entier. L’examen d’imagerie a alors révélé plusieurs anomalies nécessitant un passage immédiat au bloc opératoire puis un rapatriement par FALCON en métropole. Nous avons su allier nos compétences respectives au service de ce militaire dont l’état de santé était jugé grave. Il a pu être sauvé grâce à la coordination et au savoir-faire de l’ensemble des acteurs de la chaîne santé présents. Cette expérience singulière a été et enrichissante tant sur le plan personnel que professionnel.

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“ Il a pu être sauvé grâce à la coordination et au savoirfaire de l’ensemble des acteurs de la chaîne santé présents”


TÉMOIGNAGES

DAMAN XXXIII – UDPS au LIBAN / PPHCN Loïc Lors de ma mission au LIBAN en tant que responsable de l’Unité de Distribution des Produits de Santé (UDPS), je garde un souvenir marquant d’une activité de cohésion. Durant mon mandat, un challenge sportif a opposé plusieurs nations dans diverses épreuves sportives. Une épreuve en particulier, le 10 kms de NAQUOURA, s’est révélée intense et forte en émotions. Le départ prévu à 7h du matin rassemble une multitude de nations et des sportifs de tous pays, réunis sous la même bannière du dépassement de soi. Le parcours est atypique et difficile, les écarts se creusent mais, l’arrivée se profile enfin. Cette épreuve m’a permis de me dépasser. Il s’agit d’un moment unique que j’ai pu partager avec des personnes de différentes armées. Cela restera assurément un beau moment de cohésion.

“une multitude de nations et des sportifs de tous pays, réunis sous la même bannière du dépassement de soi”

OPERATION BARKHANE - MALI - GAO / ISG1G Agathe Infirmière en soins généraux de premier grade et engagée au sein du service de santé des armées depuis 2016 à l’Hôpital d’instruction des armées Desgenettes, j’ai effectué cette année ma première opération. J’ai été rattachée au rôle 2 sur la base de Gao au Mali.

Nous étions une unité médicale et paramédicale présente en permanence. Notre rôle premier était le soutien chirurgical de la force BARKHANE et de la Force Armées Malienne. En plus de ce rôle, dans le cadre de l’Aide Médicale à la Population, nous prenions en charge quotidiennement des habitants de Gao et de ses alentours. Cette offre de soins était chirurgicale et médicale avec des pathologies variées. Des consultations étaient organisées afin d’offrir une réponse rapide et d’orienter vers une prise en charge chirurgicale si nécessaire. Une attaque est survenue le 22 juillet 2019, aux alentours de 15h, en pleine heure de pointe pour les consultations civiles ; un véhicule suicide a touché le camp. Nous avons dû nous réorganiser et agir afin de faire face aux conséquences humaines et matérielles. Nous avions conscience de la menace terroriste et tout d’un coup c’est devenu une réalité : nous pouvions y laisser la vie là, maintenant, tout de suite ! Nous nous sommes rapidement dirigés dans les zones sécurisées, toutes personnes confondues (adultes, enfants, civils et militaires). La peur, la surprise et le sentiment d’insécurité étaient présents et palpables à travers certains regards. Ce temps d’attente en milieu confiné où nous devions rester passifs a généré une certaine frustration et un sentiment d’impuissance. En effet, la menace se devait en premier lieu d’être identifiée et écartée. Ensuite, on nous a rapidement demandé de réintégrer le rôle 2. Nous avons soigné les blessés et assurer la continuité des soins en milieu dégradé. C’est dans de tels moments que notre métier prend tout son sens comme la devise du SSA l’illustre bien : “ Votre vie, notre combat “.

“C’est dans de tels moments que notre métier prend tout son sens” Actu Santé n° 157 • Printemps 2020

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TÉMOIGNAGES

suite... Témoignages d’un moment fort en OPÉRATION des personnels paramédicaux de l’HIAD en 2019

SAS Crète / ISG 2G Mélanie

Porte-avions Charles de Gaule / TLABCS Laurent Détachée sur le SAS de Chania en Crête durant presque 2 mois en HECM HIAD tant qu’infirmière du soutien sanitaire, j’ai pu suivre les retours d’OPÉRATION des militaires en provenance des missions Barkhane, Chammal et Sabre. En effet, une majorité des militaires en provenance de certains théâtres opérationnels passent par un SAS pour une période de 3 jours. Le détachement de soutien a un rôle d’encadrement, de prévention et de mise en place de moments de décompression. Au cours de ma mission, j’ai pu constater lors des consultations que certains de nos militaires présentaient des troubles physiques probablement en lien avec des troubles psychiques. A ce moment-là, je les orientais vers l’équipe de psychologues présente au sein du détachement de soutien. Cette mission m’a confortée dans l’idée qu’il est nécessaire de développer ses connaissances en matière de santé mentale et d’avoir des aptitudes relationnelles favorisant l’écoute active car le rôle d’infirmier, pour soutenir les militaires de retour d’Opération, ne se limite pas à une prise en charge somatique.

“ Cette mission m’a confortée dans l’idée qu’il est nécessaire de développer des aptitudes relationnelles favorisant l’écoute active”

Quelque part en mer rouge, il est 22h30, une sirène retentit sur l’ensemble du porteavions, les haut-parleurs annoncent une alerte « crash », entrecoupée par : « ceci n’est pas un exercice ! ». Tout le personnel est sommé de rejoindre son poste, de fermer les portes étanches et de quitter les locaux situés sous le pont d'envol. L’équipe d’alerte du rôle 1 enfile sa tenue anti-feu et monte sur le pont avec le matériel de premier secours. Les personnels médicaux restant (rôle 1 et rôle 2) rejoignent l'hôpital du bord et se préparent à intervenir. Les yeux sont rivés sur les écrans de TV du bord qui diffusent en direct les images du pont d’envol. Un hélicoptère en difficulté se présente à l’appontage ; après quelques minutes de flottement, ce dernier finira par se poser sans encombre, mettant rapidement fin à l’alerte en cours. Etre prêt à répondre à ce genre d’incident est une des missions principales de l’équipe médicale du bord. En dehors des contextes d’urgences, le rôle 1 soutient médicalement plus de 2 000 marins. Un renfort hospitalier lui est adjoint, lors des missions du groupement aéronaval* (GAN) ce qui permet d’armer l’hôpital du porte-avions (rôle 2) et d’augmenter la capacité et le niveau des soins. Partager le quotidien de l’équipage d’un navire hors du commun m’a permis de découvrir les différents métiers du bord, de comprendre leur spécificité, en mesurer les risques et ainsi mieux appréhender la place d’un technicien de laboratoire au sein du soutien santé du bord. Cette expérience restera inoubliable dans ma carrière.

“ L’équipe d’alerte du rôle 1 enfile sa tenue anti-feu et monte sur le pont avec le matériel de premier secours” GAN = Groupe aéronaval = composé du porte-avions, d’une frégate anti-aérienne, d’une frégate multi-mission, d’un navire de ravitaillement et d’un sous-marin.

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RESSOURCES HUMAINES

Diffusion à grande échelle des nouvelles plaquettes de recrutement du SSA

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’année 2020 commence sur les chapeaux de roues pour le recrutement du service de santé des armées (SSA). Plus de 50 lieux actifs dans le recrutement en France vont s’armer des nouvelles plaquettes « les métiers de la santé dans les forces » et « les métiers hospitaliers au sein des armées » réalisées par le SSA. Cette diffusion nationale vise à augmenter considérablement le nombre de candidats aux métiers de la santé (médecins, infirmiers, auxsan, pharmaciens, vétérinaires, etc.). Ces supports attractifs permettent à tous les acteurs du recrutement d’expliquer les modalités d’accès, les missions, les lieux d’exercice, ou encore les voies d’entrée pour tous les métiers santé du périmètre des forces et de celui des hôpitaux. Parmi ces acteurs destinataires, 40 CIRFA de France sélectionnés par la DRHAT pour appuyer le SSA dans sa mission, mais également 10 organismes en première ligne de recrutement dont la DMF, le DGRH ou encore l’EVDG. Cette première étape va être rapidement suivie d’une diffusion élargie à toute la France pour accompagner nos objectifs ambitieux de recrutements dans tous les métiers du SSA. Pour contribuer vous aussi à cette mission, diffusez sans modération la version numérique à télécharger sur le portail du DGRH SSA : portailrh.sante.defense.gouv.fr

SOYONS TOUS ACTEURS DU RECRUTEMENT !

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HOMMES ET FEMMES DU SSA

Réseau Combattantes numériques 5 questions à la médecin en chef Lénaïck De quand date votre engagement dans ce réseau ?

Quel est votre poste actuel au sein du service de santé des armées ? Je suis cheffe du Bureau Plans de santé au sein de la division Expertise stratégie santé de défense à la direction centrale du SSA. Je coordonne également la conception et la mise en place de l’Observatoire de la santé des militaires1 (OSM) voulu par la ministre des armées en avril 2018.

Pouvez-vous nous dire ce qu’est le réseau Combattantes numériques ? Il s’agit d’un un réseau de femmes et d’hommes issus des filières numériques du ministère des armées. Il a été créé en mai 2018 à l’initiative de l’adjointe chargée de l’orchestration ministérielle de la transformation numérique à la DGNUM pour susciter les vocations des femmes pour les métiers du numérique. En effet, peu de femmes s’orientent vers ces métiers.

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En octobre 2018, à l’issue de la présentation de l’Observatoire de la santé militaire à la DGNUM2, Valérie Dagand nous a proposé à mon adjointe la médecin en chef Florence et à moimême de rejoindre le réseau. Il a été une formidable plateforme de communication pour l’OSM. Nous y avons découvert des personnes ressources pour résoudre des difficultés techniques et identifier des ambassadeurs pour soutenir et relayer le projet.

appareils d’imagerie, télémédecine, simulateurs, … et encore plus demain avec l’intelligence artificielle. Dans le domaine de la santé, le numérique est un outil au service du patient pour améliorer sa prise en charge, Il permet aux professionnels de santé de travailler dans de meilleures conditions. Dès 2012, le numérique a été identifié par le SSA comme un levier majeur de sa transformation.

Pour en savoir plus sur le réseau Combattantes@ Numérique Internet : https://www.defense. gouv.fr/defenseconnect/ combattantes-numerique/ combattantes-numerique Twitter : @combattantesnum

Y’a-t-il un profil type ? Aucun ! Pour paraphraser le philosophe, Jean Bodin : « il n’y a de richesse que d’hommes … et de femmes ». Le monde de demain ne sera porteur de diversité et d’égalité que si ceux qui l’imaginent aujourd’hui sont eux-mêmes issus d’horizons différents.

Dans quelle mesure le numérique est-il important dans le domaine de la santé ? Il fait déjà partie du quotidien des professionnels de santé : automates,

1

L’Observatoire de la santé des militaires a pour

objectifs de décrire l’état de santé des militaires, d’identifier des facteurs de risque ou protecteurs associés à cet état de santé pour mettre en œuvre des actions de prévention et de promotion de la santé adaptés aux besoins des militaires et les évaluer. Il regroupe différentes bases de données. 2

Direction Générale du numérique et des systèmes

d’information et de communication


HISTOIRE

8 femmes,

8 pionnières

1922 Première femme à être élevée au rang de médecin général.

ertrand-Fon B e

1895-1987 Première femme Médecin des hôpitaux de Paris.

1867-1934 Première femme élue à l'Académie de médecine.

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1937 Première femme diplômée vétérinaire.

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1842-1921 Première française à accéder aux études de médecine en 1868.

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1859-1927 Première femme diplômée de l'Internat des hôpitaux de Paris1.

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1875-1963 Inventrice du concept d'aviation sanitaire.

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Le 8 mars dernier, journée des droits de la femme a été l’occasion de faire un bilan sur la situation des femmes et sur la question de l’égalité dans le but d’améliorer la condition féminine. Elle a été également l’opportunité de célébrer les pionnières du monde de la médecine qui restent des symboles de force et de persévérance.

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1874-1972 Première femme française interne en pharmacie.

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ÇA S'EST PASSÉ DANS NOTRE ENVIRONNEMENT

Exercice interministériel de sécurité nucléaire Le 13 novembre 2019 s’est déroulé un exercice de civilo-militaire organisé par le commandement de l’armée de terre pour le territoire national (COM TN) ayant pour thème la prise en charge de personnes radio contaminées. Le scénario était celui d’un accident majeur sur un site nucléaire civil ayant amené les autorités à évacuer la population dans un périmètre donné. Le SPRA a réalisé la scénarisation et l’animation de cet exercice, dont l’objectif principal a été pleinement atteint.

L

e but était de mettre en œuvre en parallèle deux chaînes de décontamination et de détection. La première, au profit de la population et des travailleurs civils, était armée par des moyens de l’UIISC 1 (Unité d’instruction et d’intervention de la sécurité civile) basée à Nogent-leRotrou, et par un laboratoire mobile de l’IRSN (Institut de radioprotection et de sureté nucléaire). La seconde chaîne était déployée au profit des militaires en opération à l’intérieur de la zone d’exclusion, et comprenait des moyens de décontamination du 2e RD (Régiment de Dragons) basé à Fontevraud, appuyé par une équipe d’analyse anthroporadiométrique du SPRA (Service de protection radiologique des armées). Outre ce laboratoire mobile déployé par le SPRA, le SSA était également représenté par un rôle 1 armé par la 8e antenne médicale du 1er CMA. Cette équipe s’est interfacée avec la chaîne de décontamination du 2e RD pour la prise en charge de blessés radio contaminés. Enfin, un praticien des

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armées spécialiste en radioprotection médicale participait au fonctionnement d’une cellule d’expertise en binôme avec un médecin de l’IRSN. Cet exercice au format innovant a montré les capacités de collaboration existantes entre les équipes destinées à la prise en charge de la population civile (UIISC, IRSN) et les moyens des forces (2e RD, rôle 1 et SPRA) dans cette situation sanitaire exceptionnelle.

Axone, nouvel outil métier de la médecine des forces, dispose depuis le début de l’année 2020 du plus haut niveau de sécurité pour l’hébergement et l’infogérance des données de santé. En effet, le SSA, en lien avec la DIRISI, œuvre depuis le début du projet pour assurer la sécurité des données de santé à caractère personnel. Cette collaboration a permis d’aboutir en décembre dernier à la certification HDS (Hébergeur des Données de Santé) pour le CNMO-SI de Suresnes (Mont Valérien), site sur lequel la DIRISI héberge Axone dans le cadre de sa mission d’opérateur ministériel. Le ministère des Armées devient donc un des tous premiers organismes certifiés HDS, à l’instar de sociétés privées telles qu’Orange ou d’organismes publics tels que l’APHP. Grâce à cette certification HDS, le SSA garantit que les données collectées et gérées par Axone sont hébergées de manière optimale.


ÇA S'EST PASSÉ DANS NOTRE ENVIRONNEMENT

Visite officielle du directeur central du service de santé des forces armées algérienne au CTSA Le 14 janvier dernier, le Centre de transfusion sanguine des armées (CTSA) a reçu le médecin général major Abdelkader Benjelloul, directeur central du services de santé des forces armées algériennes, lors d'une visite officielle à Paris du 13 au 15 janvier 2020. Cette rencontre a été l'occasion pour la délégation algérienne, de découvrir les missions, activités et locaux du CTSA. Celle-ci a permis à la délégation algérienne d'en apprendre davantage sur les techniques utilisées en matière de plasma lyophilisé (PLYO), mais aussi, de comprendre les exigences réglementaires qui ont donné lieu en 2018-2019 aux travaux de remise aux normes et de présenter les modalités de production du PLYO à façon (à partir de plasma collecté par le CTSA ou bien fourni par le demandeur). Au terme de cette matinée, le CTSA a pu constater l'intérêt majeur de la délégation pour le savoir-faire du plasma lyophilisé français et a confirmé les relations de coopération bilatérale entre les deux services qui ont commencés en 2009 et qui sont restées très actives.

Visite du centre médical de Tours antennes médicales d’Angers-Le Mans Jeudi 09 janvier dernier la directrice centrale a effectué un déplacement au sein des antennes médicales d’Angers et du Mans au sein du 14e centre médical des armées de Tours. L’occasion de rencontrer l’ensemble des personnels du Service engagés dans le soutien de proximité des forces armées. Des échanges particulièrement riches et directs centrés sur les activités et les perspectives du Service. Au Mans, la directrice centrale a pu visiter l’antenne d’Auvours où servait le médecin principal Marc Laycuras, mort pour la France au Mali le 02 avril 2019. À cette occasion, la Directrice a pu avoir un moment d’échanges avec les personnels de l’antenne dans la salle cohésion qui porte son nom. Actu Santé n° 157 • Printemps 2020

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ÇA S'EST PASSÉ DANS NOTRE ENVIRONNEMENT

Les produits sanguins français reconnus comme ayant la même qualité que ceux produits aux USA

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ans les pays occidentaux, les produits sanguins destinés à être transfusés à des patients doivent être autorisés par les agences de police sanitaire. Les opérateurs de la transfusion sanguine doivent mettre à disposition des produits sanguins labiles (PSL) répondant aux standards de qualité définis et inspectés par ces mêmes autorités. C’est ainsi que le centre de transfusion sanguine des armées (CTSA) est autorisé par l’agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) pour sa mission de collecte, de préparation, de qualification, de conservation et distribution des PSL pour répondre aux besoins des armées. Cependant à l’étranger ou en opérations, lors d’actions de combat ou en cas d’afflux massifs de blessés, il n’est pas toujours possible de disposer des produits sanguins, pourtant nécessaires à sauver des vies. Si en France, le choix a été fait de fonctionner en autonomie, pour d’autres pays, il peut être intéressant d’identifier parmi les pays partenaires, ceux vers

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lesquels il est possible de se tourner pour utiliser des produits sanguins en toute sécurité. C’est le cas des

Etats-Unis dont l’Armed Service Blood Program est en charge d’investiguer, au profit du DoD, les pays pour lesquels les standards d’élaboration des PSL sont comparables aux leurs. Les points d’évaluation touchent tout le processus de production depuis la collecte de sang jusqu’à la délivrance des PSL ainsi que l’organisation de l’hémovigilance. Par directive de l’Assistant du secrétaire à la défense pour les affaires de santé (ASD HA) américain en date du 26 décembre dernier, les PSL français sont présumés comparables aux standards américains tels que définis par la Food and Drug Administration (FDA). De ce fait, les PSL produits par le CTSA, disponibles dans les structures de soin déployées en opérations,

pourraient être utilisés pour soigner des ressortissants du DoD américain, sans restriction. Ce type de reconnaissance illustre la richesse du partenariat francoaméricain sur le sujet du sang, à l’image des travaux sur la transfusion de sang total en situation d’exception. Signe de la reconnaissance du système français en général, et du savoir-faire du CTSA, en particulier, cette reconnaissance prend tout son sens opérationnel sur le continent Africain où des militaires américains sont régulièrement pris en charge dans les structures médicochirurgicales du service de santé des armées.

"Un pas de plus vers l’interopérabilité de nos soutiens Santé"


ÇA S'EST PASSÉ DANS NOTRE ENVIRONNEMENT

"Mission neurochirurgicale au 2ème REP " MP COMAT Guillaume 138eme antenne médicale, 2eme REP CALVI

S

uivant notre devise mari transve mare, un neurochirurgien, le MC Delmas, chef de service de neurochirurgie de l’HIA PERCY a traversé la Méditerranée, pour apporter son expertise non pas « au pays des Bantous », mais bien en France, en Corse plus précisément, à Calvi chez les légionnaires parachutistes du 2ème REP ! Il s’agissait de la 6ème consultation organisée depuis 2015, dans le cadre d’une collaboration ancienne entre la neurochirurgie de l’HIA Percy et la 138ème antenne du 10ème CMA soutenant le 2ème REP. Ces 2 jours, préparés en amont par une sélection systématique de cas problématiques relevant de sa spécialité, ont permis de faire le point sur des pathologies potentiellement graves et pouvant clairement impacter la poursuite de l’activité TAP.

des patients supportant tout au long de l’année des contraintes rachidiennes non négligeables à l’entrainement comme en mission (charge estimée à 30kg en mission sachant que le parachute EPC pèse en plus 22kg...). Au passage, rappelons que la réception d’un en Saut à Ouverture Automatique équivaut à une chute d’une hauteur de 3 mètres : la moindre défaillance ostéo-articulaire ou discale dans ce cadre-là peut se payer au prix fort !

Ainsi, 16 patients ont pu être examinés par le spécialiste qui, outre un interrogatoire quasi policier et un examen clinique rigoureux, relisait l’ensemble des imageries, radiographie, scanner et surtout IRM, en apportant « l’œil du chirurgien » sur des pathologies souvent bruyantes cliniquement, invalidantes pour le patient et impactant clairement le métier de fantassin parachutiste.

8 hernies discales compliquées de sciatalgies ou névralgies cervico brachiales ont été explorées, la plupart liées à des accidents en service. De même, 2 fractures vertébrales (vertèbre thoracique, et isthme d’une vertèbre lombaire) dont l’une ayant conduit à l’inaptitude TAP puisqu’opérée avec mise en place de matériel d’arthrodèse, ont été expertisées. Mais cette consultation a aussi comporté de la symptomatologie plus banale comme des lombalgies chroniques, raideurs, faiblesses de membre, dont l’orientation diagnostique et la prise en charge reste complexe et pluridisciplinaire. La venue du neurochirurgien permet donc au médecin d’unité de progresser dans cette quête de la meilleure thérapeutique et d’éviter parfois une intervention chirurgicale.

Outre la plus-value médicale d’une telle consultation décentralisée pour le fonctionnement de l’antenne, l’autorité émanant du spécialiste a clairement été une source de réassurance pour

À contrario, le praticien hospitalier a posé 2 indications chirurgicales formelles, pour lesquelles il a pu organiser de façon simple la prise en charge depuis Calvi, les semaines suivantes. Ceci constituant

pour les médecins du REP, une facilité supplémentaire et un gain de temps conséquent pour le plus grand bénéfice du patient. Les familles ont aussi pu bénéficier de cette consultation, car, après communication de sa venue quelques semaines auparavant, 2 civils ont pu être reçus par le docteur DELMAS. Notons que l’ensemble de ces consultations est valorisé après enregistrement sur le logiciel Amadeus ® de l’HIA Percy. Comme lors de ses précédents séjours, notre invité a pu prendre en charge une urgence, en l’occurrence un traumatisme crânien léger justifiant une suture du scalp. La proximité des fêtes de Noël nous a permis de lui faire découvrir l’ambiance particulière qui règne au régiment durant cette période. Au total, ce lien étroit qui unit les médecines des forces et hospitalière, dans une logique de connaissance et confiance mutuelle, doit être entretenu, notamment chez des troupes à l’environnement de travail et aux contraintes si particulières, mais bien connus du spécialiste militaire. L’exemple des troupes aéroportées en est une bonne illustration et nous avons déjà donné rendez-vous en 2020 sur Calvi à l’équipe neurochirurgicale de Percy ! Actu Santé n° 157 • Printemps 2020

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LOISIRS

" Je me protège, je protège les autres "

2e édition du concours photos organisé par le CESPA à l'occasion de la semaine de la vaccination. 1er prix

111ème AM, 14e CMA

2e prix DIASS FAZSOI

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3e prix

114ème AM, 14e CMA


Unéo, mutuelle soumise aux dispositions du livre II du Code de la mutualité, inscrite au répertoire Sirene sous le numéro Siren 503380081 et dont le siège social est situé 48 rue Barbès - 92544 Montrouge Cedex - Mutuelle Générale de la Police immatriculée sous le n° 775 671 894 - Mutuelle soumise aux dispositions du livre II du Code de la mutualité - 10 rue des Saussaies - 75008 Paris - LA GARANTIE MUTUELLE DES FONCTIONNAIRES et employés de l’État et des services publics et assimilés - Société d’assurance mutuelle - Entreprise régie par le Code des assurances 775 691 140 - RCS Nanterre APE 6512Z. Siège social : 148 rue Anatole France - 92300 Levallois-Perret - Adresse postale : 45930 Orléans Cedex 9 - Crédit photo : GettyImages - Shutterstock -

ENGAGÉS ALLIÉS à nous pour vous protéger protéger

Protéger la Nation et leurs concitoyens est le devoir quotidien dont s’acquittent avec dévouement les forces de la communauté sécurité-défense. Cet engagement mérite plus que de la considération. Une reconnaissance qui s’exprime en actes.

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La mutuelle Unéo, la mutuelle MGP et GMF se sont unies au sein d’UNÉOPÔLE. Toutes se mobilisent pour assurer mutuellement et durablement la protection sociale et les conditions de vie des membres de la communauté sécurité-défense en leur apportant des solutions plus spécifiques et plus justes.


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Assurer toutes vos vies engagées Mathieu ne fait rien à moitié. Militaire fan de son métier, papa fou de ses enfants, haltérophile fier de ses arrachés, il a les épaules assez larges pour tout porter. À nous de bien le protéger.

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