# 01 Septembre 2018
Une exceptionnelle expérience de paix sociale et de stabilité politique du Cameroun en fait un véritable havre de paix. Un Etat dont l’action de régulation est mise au profit de l’investissement privé au cœur du système économique. L’existence d’une charte des investissements au service d’une économie de marché comme mode d’organisation. La loi sur les investissements du 18 avril 2013 vient compléter ce dispositif juridique offrant d’importants avantages fiscalo-douniers.
Des ressources naturelles abondantes, des atouts touristiques importants et des sites exceptionnels classés patrimoines de l’UNESCO. Une économie diversifiée, en expansion continue, présentant un solide tissu industriel, un réseau dense de PME/PMI aptes à la sous-traitance et à la co-traitance.. Des procédures administratives facilitées et simplifiées, avec la déclaration en ligne, la création d’un guichet unique et des Centres de Formalités de Création d’Entreprises.
Une robuste et résiliente trajectoire de croissance économique depuis 2008 (croissance projetée à plus de 4% en 2018).
10
Raisons d'investir au Cameroun
MINISTÈRE DE L’ÉCONOMIE DE LA PLANIFICATION ET DE L’AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
De prestigieuses institutions de formation faisant du Cameroun un des pays de l’Afrique subsaharienne les plus scolarisés avec comme corollaire l’existence d’une main d’oeuvre jeune et qualifiée Des infrastructures de communication et de télécommunication modernes. Une position stratégique unique au cœur du golfe de Guinée avec ouverture conjointe sur la CEEAC et la CEDEAO. Un vaste marché à la portée des investisseurs.
EDITO
Le chemin de l’émergence du cameroun
L
e Cameroun marche résolument vers son émergence à l’horizon 2035. Devenir un pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure avec le secteur privé comme moteur de la croissance, tel est, en d’autres termes, l’objectif visé. Pour ce faire, notre pays s’est doté d’une boussole : le Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE). Il y est préconisé un taux de croissance de 5.5% et un niveau d’investissement de 30% du PIB. L’ambition est à la fois grande et noble. Les défis bien identifiés et les actions appropriées. Ces dernières sont mises en œuvre de manière cohérente, consistante et persévérante depuis l’adoption du DSCE en 2009. Sur la base du diagnostic participatif réalisé, l’engagement de l’Etat sur la période 2010-2020 correspond au choix stratégique de doter le Cameroun d’infrastructures prioritaires essentielles à la promotion de son développement économique et social. Fondée sur le pilier infrastructurel, l’action de l’Etat a visé tout d’abord le désenclavement des zones de production, la réduction du déficit énergétique et le relèvement du réseau des télécommunications. La réalisation des projets structurants dans ces secteurs névralgiques vise à libérer le potentiel de croissance de notre économie. Conformément au projet de sociéte de S.E Paul BIYA, le territoire national a été transformé en un gigantesque chantier dans divers secteurs prioritaires (routes, ports, barrages, etc… ). « Cameroun Emergent », le nouveau magazine du MINEPAT, se donne l’ambition d’accompagner, au plan communicationnel, cette profonde et dynamique transformation du Cameroun. Ce magazine se veut autant une tribune crédible et riche des décideurs, qu’une plateforme agréable d’accès à tout lecteur aux données macroéconomiques et financières sur notre pays et au sujet de l’économie mondiale. Obéissant à cette démarche, cette première édition fait une incursion opportune dans la filière café, dévoilant les pistes possibles de la relance de ce secteur. Cet opus ouvre également et à raison, une
« Ce magazine est la tribune des décideurs, le baromètre des performances des milieux d’affaires ». fenêtre cognitive sur les importantes avancées du secteur de l’énergie, socle de la politique industrielle du Cameroun et fondement d’une amélioration légitime des conditions de vie des populations. A cet égard, le magazine rend compte des nombreux effets positifs directs et connexes du barrage de retenue de Lom Pangar dans la région de l’Est. Sont également inscrits dans les priorités gouvernementales, la réhabilitaion des barrages de Song Loulou et Lagdo. « Cameroun Emergent » compte en outre mettre en exergue le rôle du secteur privé en réservant un espace à des figures de proues du secteur privé, des capitaines d’industrie dont l’action louable en faveur de la création de la richesse et l’emploi retient indubitablement l’attention des pouvoirs publics. Edité dans un volume unique et bilingue, « Cameroun Emergent » vous fera allègrement découvrir, à chaque parution, des analys e s , re p o r t a g e s , c o m m e n t a i re s , p o r t r a i t s , interviews et bien d’autres rubriques. Enfin, au regard des choix stratégiques pris pour l’économie camerounaise, il se veut le creuset de l’information qui permettra au lecteur de décoder, de comprendre et de suivre la démarche et l’évolution du Cameroun vers ses objectifs légitimes d’émergence. Bonne lecture.
Alamine Ousmane Mey Ministre de l’Economie de la Planification et de l’Aménagement du Territoire
EMERGING CAMEROON - N°01|Septembre 2018
3
SOMMAIRE
3|
Editorial
Actualités
Le chemin de l'émergence du Cameroun
6|
Cameroun-Chine Les cinq accords de Beijing
8|
Cameroun-FMI Concertation autour de la viabilité de l'économie
9|
Infrastructures: Plus de 37 milliards de Fcfa pour booster le développment
10| Financement La SoNArA bénéficie d'un prêt
L’invité
L’Etat du Cameroun s’est résolument engagé à travers le Minepat sur la voie de l’émergence avec en ligne de mire pour objectif primordial résorber durablement le déficit énergétique; développer et diversifier davantage les ressources énergétiques d’un pays qui, en plus d’avoir l’un des plus grands potentiels hydroélectriques du continent a bien d’autres ressources à activer au bénéfice de son économie.
Sur les chantiers de l’emergence de Lom Pangar 20| Barrage Une grande réussite
de Memve’ele 26| Barrage 211 MW Supplémentaires Barrage de Mekin 29| 28 15 MW pour alimenter huit communes
& solutions alternatives
Murabaha de 44,6 milliards de Fcfa publics 36| Investissements Maturation des projets,
37| ousmane Mey 12| Alamine Ministre de l’Economie de la Planification et de l’Aménagement du Territoire
gage d’efficacité MINEPAT Comprendre les appuis directs
Conjoncture
38| Décryptage Directeur général de l'Economie et de la Programmation des Investissements Publics
Croissance économique
40| La courbe se redresse 4
CAMEROUN EMERGENT- N°01|Septembre-Octobre
Focus
énergetiques 30| offres Lumière sur les autres barrages
Business Climate
42| 44|
Cameroon Business Forum : Le secteur privé au cœur de la stratégie Climat des affaires Les bons points du CB forum
47|
Projets à financement extérieur Convergence de vue entre le gouvernement et ses partenaires BIP 2018 Embellie dans la gestion des projets à financements conjoints
50|
Investissements
Terroir
Trajectoire
62| CHECHIA Dans les coulisses de la fabrication
Le plus du mag
KAMANoU TAWAMBA 64| CELESTIN La réussite au bout de l’audace
ALAMINE oUSMANE MEY
66| L’artificier de l’investissement pour
Tel :222236507/222344483 camerounemergent@gmail.com Directeur de publication : Alamine OUSMANE MEY Assisté de : Paul TASONG Conseil éditorial : Jean TCHOFFO, Charles AZOLA AZOLA, Jaël Christine MBAMBANG, Isaac TAMBA, Janvier OUM ELOMA et Charles ASSAMBA ONGODO Directeur de rédaction : Alex MIMBANG Rédacteur en chef : Rosine NKONLA AZANMENE Équipe de rédactionnelle : Jocelyne ASSOUMOU, Aïssatou Benazir, Adonis ABONDO, Rosalie AKELE, Sylvain EMAN, Pascal DIBAMOU, Brice MBODIAM, Junior MATOCK, Jean Robert FOUDA, Bernard BANGDA.ANTONIE DAKA Relecture : Nestor Blaise AVA BEYEME TANGONG Wilson Tah Traduction : Diane EDZOUGOU Photographie : Christophe Kabeyene Credit photos : crédit photo Archives FMI Production : Division de la promotion, des relations publiques et de la communication (Dprpc) Maquette-Direction artistique Laurent ABAH/ CREATIVETHINK Impression: COLORIX
stimuler la croissance EMERGING CAMEROON - N°01|Septembre 2018
5
ACTUALITÉS
CAMErOun-ChInE
Les cinq accords de Beijing En marge de la visite d’Etat effectuée en Chine par le Chef de l’Etat, S.E Paul BIYA sur invitation de son homologue le président Chinois Xi Jinping, Alamine Ousmane Mey a paraphé 5 documents.
D
ans le cadre de l’implémentation de la coopération sinocamerounaise, le ministre de l’Economie, de la Planification et de l'Aménagement du territoire a procédé à la signature, en présence des deux chefs d'Etat, de cinq accords devant impulser le développement du Cameroun. Il s’agit de l’Accord de coopération sur les capacités de production, du Mé-
6
La signature des accords de la nouvelle coopération sino-camerounaise sous l’oeil attentif du président Paul Biya
CAMEROUN EMERGENT- N°01|Septembre-Octobre
morandum d’Entente sur le développement des ressources humaines, du Protocole d’accord sur le renforcement de la coopération bilatérale dans le domaine des infrastructures, de l’Accord de coopération économique et technique, enfin de l’Accord de prêt du projet d’adduction en eau potable dans neuf villes (phase II). S’agissant de l’Accord de prêt, des
actions sont entreprises pour la levée des conditions suspensives du premier décaissement du projet d’adduction en eau potable dans neuf villes (phase II). Ces actions portent sur la mise à disposition auprès d’Eximbank-China de la liasse documentaire composée des spécimens de signature des autorités habilitées (MINEPAT-DG/CAA-DGA/CAA) à signer les demandes de décaisse-
ACTUALITÉS
ment, l’avis juridique délivré par le Secrétaire Général des Services du Premier Ministre, le rapport d’études d’impact environnemental et social ainsi que le certificat de conformité y afférent, le plan des décaissements du prêt, le contrat commercial, la désignation de l’Agent du Cameroun pour le prêt, en l’occurrence l’Ambassadeur du Cameroun en Chine. Pour sa part, l’Accord de coopération sur le développement des capacités de production, d'une durée de 05 ans, vise à définir un cadre de travail entre les deux pays dans les différents secteurs d’intervention arrêtés d’accord-partie. Ces secteurs ne sont autres que la construction et l’exploitation des infrastructures (chemins de fer, barrages et réseaux de distribution électrique, réseaux de télécommunicationx), l'exploitation minière (fer et acier, métal non ferreux, fabrication du verre, ciment), la fabrication des équipements, l’industrie légère, l’électronique et le textile. Dans le cadre du Mémorandum d’Entente sur le développement des ressources humaines, la Chine s’engage à partager son expérience de développement avec le Cameroun dans de nombreux domaines tels que l'éducation, la santé, l'économie et le commerce, l'administration publique, l'environnement, l'agriculture, les PME d’une part, et à définir un cadre normatif sur les formations effectuées en Chine d’autre part. Toutefois, la particularité de ce mémorandum réside dans le fait que les modules de formation seront désormais sélectionnés sur la base des besoins exprimés par le Gouvernement du Cameroun. Quant au Protocole d’accord sur le renforcement de la coopération bilatérale dans le domaine des infrastructures, il vise à encourager et à favoriser les investissements dans le domaine des infrastructures. Cela doit se faire dans le strict respect de
la réglementation en vigueur dans chaque pays. Les échanges pourront se faire à travers les axes tels que la réalisation des études des projets d’infrastructure, la construction des ouvrages (routes, autoroutes, chemins de fer, barrages, etc.), la recherche des financements, l’exploitation et la maintenance des ouvrages et le transfert de technologie. L'Accord de coopération économique et technique permet à la Chine de faire un don sans contrepartie au Cameroun d'une valeur de 400 millions de yuans RMB, soit environ 34 milliards de Fcfa. Ce don est destiné à la réalisation des projets convenus d’accord-partie. Par contre, l'Accord de prêt confessionnel d'un montant 53,5 milliards de Fcfa financera la phase II du pro-
Échange de parapheurs entre le Minepat et le représentant chinois
jet d’adduction en eau potable dans neuf villes du pays. Financé à 100% par le bailleur, ce projet sera réalisé par l’entreprise chinoise CGC Overseas Construction Group CO LTD (CGCOC). Toutes ces signatures interviennent au lendemain de la clôture des sessions annuelles de l’Assemblée Populaire Nationale de Chine (Parlement Chinois) et la Conférence consultative politique du peuple chinois. Elles participent à la consolidation des relations bilatérales sino-camerounaises et au raffermissement des liens d’amitié entre les deux pays. Pascal DIBAMOU
EMERGING CAMEROON - N°01|Septembre 2018
7
ACTUALITÉS CAMErOun-FMI
Concertation autour de la viabilité de l'économie Décaissement, projets d’investissement, qualité de la dépense étaient au menu des échanges avec le Minepat en mai dernier.
L
a mission, au titre de l’article IV de 2018 et de la deuxième revue du programme économique et financier adossé sur la facilité élargie de crédit (FEC) en faveur du Cameroun, s’est achevée au mois de mai dernier. Au démarrage, la délégation du FMI s’est rendue au Minepat. Conduite par David OWEN, Directeur Adjoint du Département Afrique accompagné de Corine DELECHAT, Chef de mission, de Kadima KALONJI, Représentant résident du FMI au Cameroun et d'Elisabeth HUYBENS, Directrice des Opérations de la Banque mondiale, elle a rendu une visite de courtoisie au Ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat). Les échanges entre les deux parties ont tourné autour de la situation de l’économie du Cameroun avec un accent sur le financement des projets d'investissement susceptibles d'induire une croissance forte et inclusive, la qualité de la dépense et des portefeuilles de projets, les emprunts extérieurs concessionnels nets, le suivi des Soldes Engagées Non Décaissées (SEND'S). Sur ce dernier point, le MINEPAT a indiqué à la presse que son département ministériel a engagé, en partenariat avec la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI), « une revue de l'ensemble des projets à décaissement lent ou faible, pour permettre de décider du sort qui pourrait être réservé à chacun d’eux, mais aussi de cibler les projets à
8
Concertation du Minepat Alamine Ousmane Mey dans les arcanes du Fonds monétaire international(FMI)
CAMEROUN EMERGENT- N°01|Septembre-Octobre 2018
réaliser avec des prêts concessionnels en priorité ». Ce travail vise à garantir la soutenabilité de la dette publique et la viabilité de l'économie camerounaise. Par ailleurs, au terme de cette mission, la délégation du FMI a suggéré, dans son rapport, la poursuite des réformes structurelles qui doivent « s’attaquer aux principaux obstacles à la contribution du secteur privé à la croissance et à l’emploi, notamment en améliorant le climat des affaires, la gouvernance
et l’inclusion financière, tout en réduisant les disparités entre hommes et femmes ». Quelques mois après cette deuxième revue, le Conseil d’administration du FMI a validé l’examen des réformes engagées par le Cameroun. Ainsi, il a approuvé le 6 juillet 2018, le décaissement de 77 ,8 millions de dollars US, soit 43,3 milliards de FCFA en faveur du Cameroun. Joseline ASSOUMOU
ACTUALITÉS
DévElOPPEMEnt DES InFrAStruCturES
Plus de 37 milliards de Fcfa
décrochés à Busan pour booster le développement Cette enveloppe est destinée au financement partiel de la construction du Pont sur le fleuve Logone et la deuxième phase du projet d’électrification rurale au Cameroun.
L
e 24 mars dernier, en marge de la 53e Assemblée annuelle de la Banque Africaine de Développement et de la 44e Assemblée annuelle du Fonds Africain de Développement tenues le 21 mai 2018 à Busan en Corée du Sud, le ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire, Alamine Ousmane Mey, a signé trois accords de prêt. Signature, d'une part avec Ousmane Doré, Directeur Général de la Banque Africaine de Développement pour l’Afrique centrale et d’autre part avec Belkacem Ouzrourou, Directeur Régional Afrique de l’OFID. Les deux premiers accords de prêt, d’un montant cumulé de près de 30 milliards de FCFA, signés avec la Banque Africaine de Développement (BAD) et le Fonds Africain de Développement (FAD), sont destinés au financement partiel du projet de construction du pont sur le fleuve Logone. « Ce projet s’inscrit dans les priorités stratégiques des deux pays et est conforme à la Stratégie à long terme 2013-2022 de la Banque, qui accorde la priorité aux infrastructures à caractère régional. Il s’intègre à deux des axes majeurs des 5 priorités opérationnelles de la Banque, les « High5 », notamment, « Intégrer l’Afrique » et « Améliorer la qualité de vie des populations en Afrique », a déclaré
Ousmane Doré. Le projet de construction du pont sur le fleuve Logone est un engagement des Chefs d’Etat de la République du Cameroun, Paul BIYA et de la République du Tchad, Idriss Deby ITNO. Il vise l’intensification des échanges commerciaux entre les deux pays par l’ouverture d’une nouvelle voie de transit CamerounTchad, à travers la construction d’un pont d’un linéaire de 620 mètres, l’aménagement des voies de raccordement au point et la réhabilita-
Le Minepat Alamine Ousmane Mey avec le Président de la BAD, Akinwumi Adesina.
tion de certaines infrastructures socio-économiques au profit des populations riveraines. Le projet vise l’amélioration du système de transport de la région du bassin du Lac Tchad et la compétitivité économique de la zone transfrontalière du Cameroun et du Tchad. C’est un projet particulièrement important du fait des enjeux sécuritaires de la zone, en proie aux menaces de la secte Boko-Haram. Le projet bénéficie également d’un cofinancement de l’Union européenne, à hauteur de 40 millions d’euros. Le troisième accord de prêt, quant à lui, d’un montant de 7,8 milliards de FCFA signé avec le Fonds de l’OPEP pour le Développement International, est dédié au financement de la phase II du projet d’électrification rurale. Ce projet devrait contribuer à l’atteinte de l’objectif d’amélioration de l’offre énergétique, véritable vecteur de développement. De manière spécifique, il aidera à augmenter le taux d’électrification rurale à travers la réalisation des grandes lignes d’ossature reliant les unités administratives, les localités frontalières et les villages de grande importance. Rosine NKONLA AZANMENE
EMERGING CAMEROON - N°01|Septembre 2018
9
ACTUALITÉS
DévElOPPEMEnt DES InFrAStruCturES
La Sonara bénéficie d'un prêt Murabaha de 44,6 milliards de Fcfa L’accord de prêt, signé en Tunisie par le ministre de l'Economie, vise à renforcer la production de l’entreprise.
L
a Société nationale de raffinage (SONARA) augmente ses capacités de production de 3,5 millions de tonnes par an et densifie ses importations de pétrole brut. En 2017, elle importait déjà un volume global de 618 833 m3 de produits pétroliers, soit 286 400 m3 de super, et 246 000 m3 de gasoil, 63 535 m3 de DPK (Dual Purpose Kerosene), 6 257 m3 de fuel 1500 et 16 641 m3 de fuel 3500. Cette entreprise nationale va davantage diversifier ses produits grâce à l'Accord de prêt Murabaha, d'un montant de 68 millions d’euros, soit 44,6 milliards de FCFA. Il a été signé le 4 avril 2018 à Tunis, entre le ministre de l'Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire (MINEPAT), Alamine Ousmane Mey et la Société Internationale Islamique de Financement du Commerce, organe spécialisé du Groupe de la Banque Islamique de Développement.
10
Des financements additionnels pour accroitre la production
CAMEROUN EMERGENT- N°01|Septembre-Octobre 2018
Ce financement s'inscrit dans le cadre de l'appui aux secteurs stratégiques, domaine dans lequel se situe la Sonara qui conduit depuis l'année 2005, un programme de mise à niveau et de modernisation
de ses installations. La Sonara est détenue à 80 % par l’État et importe du pétrole brut léger de la région pour répondre à l’essentiel de la demande de produits pétroliers du pays. Dans son déploiement, le stockage des produits est confié à la Société Camerounaise des Dépôts Pétroliers (SCDP), détenue en majorité par l’État, qui fonctionne avec douze dépôts régionaux. La SCDP est le principal acheteur de la production de la SONARA, qu’elle vend à des distributeurs qui, eux-mêmes, approvisionnent les détaillants. Un comité ad hoc, présidé par la Caisse de Stabilisation des Prix des Hydrocarbures (CSPH) est chargé d’obtenir chaque mois des produits raffinés importés, afin de répondre à la demande intérieure non satisfaite par la SONARA. Pascal DIBAMOU
Lom Pangar....la ruée vers le poisson fumé Dans le barrage réservoir de lom Pangar déjà actif, la pêche cristallise désormais toute l’activité économique. Des cargaisons sans limites, conditionnés en grands ballots, sont littéralement déversés sur le marché national, mais aussi sur les pays voisins : le nigeria, le tchad, la Centrafrique. le village Ouami est le poumon des activités de pêche et de fumage.
la pêche connaît ici en effet une grande expansion et impacte positivement l’économie du Cameroun. Seule inquiétude, la surpêche, objet de la sonnette d’alarme déjà tirée par le Programme des nations unies pour l’Environnement. l’institution estime que d'ici à 2050, les ressources halieutiques seront suffisamment vidées… Prudence donc !
EMERGING CAMEROON - N°01|Septembre 2018
11
L
L’INVITÉ ALAMINE OUSMANE MEY
e ministre de l’Economie, de la Planification et l’Aménagement du Territoire (Minepat) décrypte les enjeux de la diversification de l’économie et de la transformation locale des produits, décline les axes prioritaires de la politique économique du Cameroun. Celle-ci repose entre autres, sur la mise en place d’infrastructures dont la finalité est l’accroissement de l’offre d’énergie et des services de transport. Des outils indispensables au deuxième socle de l’économie, à savoir la diversification. Cet autre axe majeur de l’économie camerounaise consiste en la création de nouvelles activités de production et l’élargissement de la gamme de produits au sein d’une filière. La conséquence lo-
gique de cette stratégie est de permettre, in fine, une meilleure intégration de l’économie camerounaise dans la chaîne des valeurs mondiales. Dans cette perspective, l’Etat a entrepris des actions visant à renforcer l’offre en matières premières, en mettant sur pied les Centres techniques d’agro-industrie, ainsi que les programmes agropoles. Toutefois, pour accroître les retombées y relatives, l’implication du secteur privé se veut plus accrue, et ce, à travers la création de nouvelles entreprises et activités de production. Pour ce faire, les entrepreneurs privés doivent saisir les atouts qu’offre le pays, en l’occurrence l’énorme potentiel énergétique, l’importante superficie de terres arables ou encore l’immense potentiel minier qui, pour l’essentiel, demeure non exploité
« La transformation des produits locaux est une voie irréversible pour notre économie » ALAMINE OUSMANE MEY Ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire
12
CAMEROUN EMERGENT- N°01|Septembre-Octobre 2018
L’INVITÉ
Monsieur le Ministre, cette année, la politique économique du Cameroun met l’accent sur la diversification et la transformation locale des produits. Quelle est la pertinence de cette orientation dans le contexte économique actuel ? Se prononcer sur la pertinence d'un tel choix suppose une compréhension préalable du concept générique de cette politique économique, qui n'est autre que la diversification de l’économie. C'est en effet la capacité pour un pays de développer de nouvelles activités de production de biens et services. Cela peut se traduire sous deux formes principales. D’abord la diversification horizontale, c’està-dire celle qui permet la création de nouvelles activités productives à travers l’émergence de nouveaux secteurs et filières. Puis la diversification verticale qui fait, quant à elle, référence à l’élargissement de la gamme de produits au sein d’une filière à travers notamment la transformation des produits et des services associés. Nous nous attelons autant que faire se peut à diversifier notre économie et à la rendre plus résiliente aux chocs exogènes, contrairement aux autres pays de la zone CEMAC qui subissent les conséquences de la baisse des prix des matières premières, à l’instar du pétrole dont le coût du baril s’élève à moins de 50 dollars USD. A titre d’illustration, le Cameroun est faiblement dépendant des recettes
pétrolières qui constituent, d’après le rapport 2016 de la BEAC, 27% de ses exportations. Un taux très en deçà du seuil du reste des pays de la sous-région. Ils sont à plus de 70% des exportations. En sus, ces pays exportent quatre produits hors pétrole, contrairement au Cameroun qui en exporte huit. Toutefois, en comparant cette performance avec celle des pays émergents, il est clair que le niveau de diversification actuel du Cameroun demeure insuffisant. Même s’il ne fait pas de doute que le Cameroun envisage son émergence à l’horizon 2035. Nous y travaillons pour l'atteindre. Le mémorandum de politiques économiques et financières couvrant la période 2017- 2020, en cours d’implémentation vient consolider nos efforts. A ce propos, le gouvernement s'engage à favoriser une plus grande diversification de son économie et à transformer ses produits primaires. Il s'engage aussi à permettre une meilleure intégration de son économie dans la chaine des valeurs mondiales. D'où le sens de l'orientation de notre politique économique de cette année qui ira ainsi jusqu’à 2020 voire au-delà. De même, le gouvernement s'emploie à mener à terme les grands projets d’infrastructures de première génération qui, du reste, viendront accroître l’offre d’énergie et des services de transport indispensables à la diversification de l’économie et à la progresEMERGING CAMEROON - N°01|Septembre 2018
13
L’INVITÉ ALAMINE OUSMANE MEY
l’activité économique et la production des entreprises de transformationde cacao, de production des oléagineux et des cimenteries se sont davantage améliorées,ainsi que la compétitivité de leurs produits sur le marché. sion dans la chaine des valeurs mondiales. Au regard de ces enjeux, il nous a semblé pertinent d’y accorder une attention particulière.
Quelles sont les actions déjà prises par le gouvernement pour atteindre les résultats probants en termes de diversification de l’économie ? L’Etat a déjà entrepris des actions visant à renforcer l’offre des matières premières et à promouvoir la transformation locale des produits dans chaque secteur d’activité. En créant le Centre Technique d’Agro-industrie (CTA) et en mettant en place le Programme Agropoles, le gouvernement a voulu améliorer en qualité et en quantité la production agropastorale et l’approvisionnement des agro-industries en matières premières locales. Au stade actuel, on peut déjà se réjouir des premiers résultats. Par exemple,
14
CAMEROUN EMERGENT- N°01|Septembre-Octobre 2018
l’activité économique et la production des entreprises de transformation de cacao, de production des oléagineux et des cimenteries se sont davantage améliorées, ainsi que la compétitivité de leurs produits sur le marché. S'agissant de l'économie numérique, la promotion du sous-secteur des TIC ne s'est accélérée que grâce à la mise en place du Programme technopole. Toutefois, il est important que cette dynamique entamée dans les sous-secteurs tels que la cimenterie ou l’agro-alimentaire soit transposée au niveau des autres filières. A l’instar des filières textile, industrie pharmaceutique, électroménager, etc. Les principaux défis à relever restent cependant la formation du capital humain dans les domaines des filières concernées, la promotion de la consommation des produits locaux sur le plan national et international et la consolidation des mesures de facilitation de crédit aux secteurs industriels et des services. Ce ne sont pas les seules actions engagées par le gouvernement… Evidemment non. Le gouvernement s'est aussi attelé à renforcer la capacité énergétique du Cameroun dans l'optique de soutenir la production industrielle, tout comme la réduction des coûts des facteurs via l’aménagement des infrastructures routières et des zones d’enclavement. A côté de ces mesures déjà engagées, le gouvernement accorde des avantages administratifs et fiscalodouaniers aux entreprises privées au cours de leur phase d'installation et d'exploitation. Ces avantages sont encadrés par la loi du 18 avril 2013 fixant les
incitations à l'investissement privé en République du Cameroun. Cette loi a été modifiée et complétée en 2017. En outre, il faudra noter que d’autres actions et programmes sont en perspective à l’instar de la promotion des « champions nationaux » et du renforcement de la présence des produits locaux dans les grandes surfaces. L’objectif ici est d’accélérer la transformation locale. Enfin, je tiens à relever que le gouvernement accorde des appuis directs aux entreprises exerçant dans de nouvelles filières ou sous-secteurs à fort potentiel de croissance et d’entrainement. Quel rôle est appelé à jouer le secteur privé dans ce processus de diversification ? Certes, l’Etat mène des politiques et crée des conditions propices à l’environnement des affaires et à l’expansion économique, mais cette tâche incombe davantage au secteur privé qui doit mettre en œuvre des actions nécessaires ou suffisantes pour que l’objectif initié par l’Etat soit atteint. A cet égard, il lui revient d’œuvrer dans la création de nouvelles entreprises ou dans le développement de nouvelles activités de production. Par effet de ruissellement, c'est au secteur privé que revient la grande part de respon-
Par effet de ruissellement, c'est au secteur privé que revient la grande part de responsabilité d’expansion d’une filière, en ce sens qu'il doit contribuer fortement à la mutation structurelle de l’activité économique du Cameroun à travers l’utilisation de nouvelles technologies et d’un système numérique développé.
sabilité d’expansion d’une filière, en ce sens qu'il doit contribuer fortement à la mutation structurelle de l’activité économique du Cameroun à travers l’utilisation de nouvelles technologies et d’un système numérique développé. A l’ère de l’économie numérique, la technologie et les avancées numériques sont des facteurs essentiels pour faire migrer les activités traditionnelles vers des activités sophistiquées de manière à faire émerger des filières spécifiques. À côté de la diversification, il y a la transformation locale des produits. Comment ces deux éléments pourraient-ils contribuer à une meilleure intégration de l’économie du Cameroun dans la chaine des valeurs mondiales ? Il est important de rappeler que les concepts de « diversification » et de « transformation » des produits locaux ne sont pas séparés. Car, l’activité de transformation est une composante de la diversification verticale. En transformant les produits locaux, le Cameroun peut conquérir des parts de marché sur le plan international. Ainsi, il est hautement important de diversifier la production pour inciter la consommation locale et soutenir
A l’ère de l’économie numérique, la technologie et les avancées numériques sont des facteurs essentielspour faire migrer les activités traditionnelles
EMERGING CAMEROON - N°01|Septembre 2018
15
L’INVITÉ
le processus d’import/substitution. Comprenons que les produits diversifiés ou transformés sont moins volatiles et rigides face aux chocs exogènes comme la baisse des cours des matières premières ou les crises économiques, etc... Au vu des données du commerce extérieur (COMEX), les recettes du cacao brut ont par exemple baissé de près de 398 milliards de FCFA en 2016 à 234 milliards de FCFA en 2017 en raison de la chute des cours. Par contre les recettes issues des produits dérivés du cacao ont, quant à elles, connu une forte amélioration. C’est le cas de la pâte et du beurre de cacao avec des progressions respectives des recettes de 16% et de 25% entre 2016 et 2017, ainsi que le chocolat et autres produits fabriqués à base du cacao De quels atouts et potentialités dispose le Cameroun en termes de diversification de l’économie ? Le Cameroun dispose d’une grande variété de richesses naturelles, d’un énorme potentiel én-
16
il est hautement important de diversifier la production pour inciter la consommation locale et soutenir le processus d’import-substitution. Comprenons que les produits diversifiés sont moins volatiles et rigides face aux chocs exogènes comme la baisse des cours des matières premières ou les crises économiques, etc.
CAMEROUN EMERGENT- N°01|Septembre-Octobre 2018
ergétique et d’une ressource humaine dynamique. Notre pays dispose en outre d’une importante superficie de terres arables, dont 25% seulement sont exploitées. Il dispose de 5 grandes zones agroécologiques qui favorisent une diversité de cultures agricoles et des types d’élevage, un environnement de forêt dense favorisant des activités d’exploitation forestière ainsi que la zone littorale propice aux activités de pêche et de transport maritime. En outre, on note un fort potentiel minier non exploité avec des réserves prouvées de diamant, de cobalt, de nickel, de manganèse, d’or, de bauxite, etc. Il existe aussi un nombre important de sites touristiques non encore valorisés. Sur les 910 sites touristiques dont dispose le Cameroun, plus de 95% ne sont pas encore valorisés. C’est dire l’exploitation très marginale qui est faite de ces sites. Concernant la capacité énergétique, elle est en cours de renforcement. Pour l'instant, les potentiels d’énergie hydroélec-
trique et d’énergie renouvelable du Cameroun sont respectivement de 19,71 GW et 2327 TWh/jour, dont 18,98 GW et 2300 TWh/jour restent encore non utilisés. Ceci montre donc que quelle que soit la source d’énergie, plus de 95% des capacités sont encore non utilisées. Or, l’énergie est l’un des facteurs essentiels dans le processus de transformation des produits de base ou de consommation intermédiaire. En ce qui concerne le capital humain, du fait de sa population et plus précisément du nombre de jeunes, les ressources humaines restent disponibles au Cameroun. En outre, le Cameroun dispose de plusieurs institutions ou grandes écoles de formation adaptées à la production industrielle. Tout cela mis ensemble, on voit bien que notre pays dispose de tous les atouts pour réussir la politique de la diversification de son économie et atteindre les résultats escomptés Propos recueillis par Rosine NKONLA AZANMENE
Investir au CAMEROUN
MINISTÈRE DE L’ÉCONOMIE DE LA PLANIFICATION ET DE L’AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
« ...Le Cameroun est-il un bon risque ? Nous le pensons et nous le disons. Le Cameroun a-t-il de l’avenir ? Nous le pensons aussi et nous le disons. C’est pourquoi je vous invite à saisir les opportunités qui se présentent aujourd’hui de participer au développement du Cameroun de demain ». Extrait du discours de S.E.M. Paul BIYA, Président de la République du Cameroun, à la clôture du Forum économique Cameroun-France, le 31 janvier 2013 à Paris.
DOSSIER ÉNERGIE
La fin du clair-obscur La question de l’énergie est un paramètre capital qui influence directement les performances économiques d’un pays. Conscient de l’inadéquation actuelle entre l’augmentation continue de la demande/consommation en rapport avec l’urgence de l’offre énergétique, l’Etat du Cameroun, résolument engagé sur la voie de l’émergence, a adopté et mis en œuvre la nouvelle stratégie énergétique à travers le Plan de Développement du Secteur de l’Électricité à l’horizon 2030 (PDSE 2030). Les objectifs sont bien clairs : résorber durablement le déficit énergé18
CAMEROUN EMERGENT- N°01|Septembre-Octobre 2018
tique ; développer et diversifier davantage les ressources énergétiques du pays qui, en plus d’avoir l’un des plus grands potentiels hydroélectriques du continent, a bien d’autres ressources à activer au bénéfice de son économie. Le Cameroun possède en effet le 3è potentiel électrique en Afrique sub-saharienne estimé à environ 12000 Mw. Notre démarche, dans ce dossier, est de faire le point des chantiers, des résultats déjà obtenus et des perspectives d’un secteur au cœur d’une économie camerounaise qui poursuit sa mue.
SUR LES SENTIERS DE L’ÉMERGENCE Le potentiel du Bassin de la sanaga
Les atouts du Bassin de la sanaga Le Bassin de la Sanaga est le plus important des 11 bassins versants Nationaux. Avec une superficie de près de 140 000 km², il couvre plus de 30% du territoire National. Ce bassin versant possède les sites hydroélectriques les plus importants du Cameroun (10 GW équipable). La régulation, assurée en période d’étiage par les barrages réservoirs, permet de garantir sur le fleuve Sanaga, un débit d’au moins 1000m3/s, constituant ainsi une ressource en eau importante. Le fleuve Sanaga draine de vastes étendues de terres, propices au développement d’activités socioéconomiques : agriculture, élevage, pèche, eau potable, industries, mines & carrières. Le bassin de la Sanaga a l’avantage de prendre sa source et de se jeter dans le territoire national. Ce qui simplifie relativement sa gestion.
P
lusieurs projets sont à des stades avancés de développement. Ceux-ci incluent la construction et la mise en service en 2009 d’une centrale thermique à fioul lourd de 86 MW à Yassa à l’entrée de Douala, la construction et la mise en service d’une centrale au gaz naturel de 216 MW à Kribi, la construction et la mise en eau d’un barrage réservoir à Lom Pangar pour réguler le débit de la Sanaga et saturer les centrales hydroélectriques de Song Loulou et d’Edéa. Le barrage réservoir de Lom Pangar comprendra une usine de pied de 25 MW pour alimenter le réseau électrique de la Région de l’Est et une centrale hydroélectrique. Plusieurs autres projets sont envisagés à moyen terme et long terme, au nombre desquels : les centrales hydroélectriques de Nachtigal (330MW), de Song Mbengé (950MW), de Kikot (350-550MW), de Njock (270 MW), de Ngodi (475 MW), de Song Ndong (250300 MW), de Nyanzom (375 MW), de Bayomen (470 MW), de Mouila-Mogué (350MW), de Bangangté (90 MW) sur le Réseau Interconnecté Sud (RIS).
Le Bassin de la sanaga
EMERGING CAMEROON - N°01|Septembre 2018
19
DOSSIER SPECIAL ÉNERGIE
Barrage de Lom Pangar Une grande réussite
Fiche Technique PROJET IMPLANTé à Lom Pangar dans LE département du Lom et Djerem région de l’Est Type
Barrage réservoir
Volume
6 milliards de m3
Superficie
540 000 ha
Financiers
Banque africaine de développement (BAD)
71,1 millions de dollars
Banque Mondiale
132 millions de dollars
L'Agence française de développement (Afd)
60 millions d'Euro
Banque Européenne d'investissement
39 millions de dollars
Etat du Cameroun Coût
238 milliards de Fcfa
Pose de la première pierre 2 août 2016 par le Président Paul Biya Maître d'ouvrage
Electricity Development Corporation (EDC)
Maître d'œuvre
Groupement d'ingénieurs Coyne & Bellier-Isl
Entreprise de construction barrage +Usine China International Water Electic de pied Corporation (CWE) Puissance usine de pied Mise en eau partielle & Mise en eau
20
30Mw Mise en eau partielle et complète : septembre 2015/ novembre 2016
CAMEROUN EMERGENT- N°01|Septembre 2018
S
itué aux confluents des rivières Lom et Pangar, dans les profondeurs du département du Lom et Djerem, région de l’Est, le barrage hydroélectrique de Lom Pangar affiche aujourd’hui fière allure. Le réservoir hydraulique, situé en amont du barrage, s’étend à perte de vue. Du haut de ses 45 mètres et 540 km² de superficie, l’infrastructure est dejà en pleine exploitation. Depuis novembre 2016, date de sa mise en eau définitive, le barrage joue pleinement son rôle de régulateur des débits des eaux en amont du fleuve Sanaga pendant l’étiage, période généralement caractérisée par la baisse du niveau des eaux dans les autres barrages du pays, notamment Song Loulou et Edéa. Avec une capacité de 6 milliards de mètres cubes, le barrage a en effet permis au Cameroun de connaître, en 2017, « l’étiage le plus calme depuis 10 ans », souligne la société
de distribution d’électricité, Eneo, dans une correspondance adressée au ministre de l’Eau et de l’Energie, le 16 juin 2017. Concrètement, explique la compagnie d’électricité dans le même document, « la mise en eau du barrage de Lom Pangar, qui a permis d’obtenir un débit régularisé de la Sanaga entre 960 m3/s et 1090 m3/s », a donné l’occasion « aux Centrales de Song Loulou et d’Edéa, de produire près de 10% d’énergie de plus qu’en 2016 à la même période ». Grâce à cette régularisation des débits sur le fleuve Sanaga, la retenue de Lom Pangar, selon les experts, permet d’augmenter les capacités de production des barrages d’Edéa et de Song-Loulou de 160 MW en période d’étiage, sans investissements additionnels. Ce rôle stratégique du géant énergétique ouvre également la voie à la construction de nouvelles centrales sur la Sanaga, afin de permettre au
SUR LES SENTIERS DE L'ÉMERGENCE
Accroissement de la rentabilité économique des sites hydrolélectriques par le barrage de Lom Pangar A LONG tErME • Accroissement de la puissance garantie de production de 1750 MW à environ 3000 MW pour les grands sites situés à l’aval. • Augmentation de 40 % de l’énergie garantie productible aux aménagements situés à l’aval. Cameroun d’exploiter les 75% du potentiel hydroélectrique du pays qu’abrite ce fleuve. A ce titre, Lom Pangar est la pièce maîtresse de la stratégie du gouvernement visant à assurer, à moyen et à long terme, l’approvisionnement en électricité du pays, à moindre coût. La partie barrage livrée, le projet d’aménagement hydroélectrique de Lom Pangar est rentré dans sa seconde phase depuis plusieurs mois avec la construction de l’usine de pied d’une capacité de production de 30 MW (destinée à approvisionner toute la région de l’Est du Cameroun), et des lignes d’évacua-
tion de l’énergie produite. Cette usine de production est construite par l’entreprise chinoise CAMC ENGINEERING, pour un coût global des travaux estimé à 30,4 milliards de FCfa et une livraison prévue en décembre 2019. Le barrage de Lom Pangar est perçu comme un ouvrage témoin de la réussite des projets structurants au Cameroun. Les bailleurs de fonds, notamment la Banque Africaine de Développement (BAD), la Banque Mondiale (BM), la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC) et l’Agence Française de Développement (AFD) n’ont eu
A COUrt tErME • Augmentation de 150 MW (600GWh) de la puissance garantie productible aux centrales hydroélectriques d’Edéa et Song Loulou sans investissements additionnels.
de cesse d’exprimer leur satisfaction quant à la conduite des travaux et au respect des exigences techniques et environnementales. Une source de motivation pour ces partenaires financiers, notamment la Banque Mondiale, qui a réitéré son engagement à œuvrer aux côtés du Cameroun pour la poursuite des autres chantiers faisant partie du vaste programme des « Grandes Réalisations » lancé par le chef de l’Etat en 2012. En rappel, le projet Lom Pangar s’inscrit dans la continuité du développement du potentiel hydroélectrique de la Sanaga, après la construction des centrales d’Edéa dans les années 1950, et de Song-Loulou entre 1981 et 1988 ; puis des barrages réservoirs de Mbakaou en 1969, Bamendjin en 1974, et la Mape en 1988.
Rosine NKONLA AZANMENE
EMERGING CAMEROON - N°01|Septembre 2018
21
DOSSIER SPECIAL ÉNERGIE
ACtIvItéS COnnEXES
Un environnement favorable à la pêche L'arrivée des migrants a contribué au développement d'une filière poisson qui, couplée au remplissage complet du réservoir du barrage à 6 milliards m3, va drainer davantage de pêcheurs.
L
om Pangar est un immense réservoir aux allures de mer intérieure. Il s’étend sur trois arrondissements (Belabo, Ngoura et Bétaré Oya), avec une emprise variant entre 100 km2 en basses eaux et 540 km2 (54.000 ha) en période de crue. Lorsque la retenue est remplie à 6 milliards de m3, les deux fleuves, Lom et Pangar (dont le barrage porte les noms), sont navigables sur des distances respectives de 180 km et 110 km. Le remplissage partiel dudit réservoir a eu lieu en septembre 2015, entrainant une hausse du lit des deux fleuves et induisant l'augmentation de la superficie de la retenue de moins de 20 km2, à un peu plus de 300 km2 (30.000 ha). Cette superficie a évolué aujourd'hui à 535 km2, à la faveur du remplissage complet du réservoir du barrage effectué au cours du second semestre de l'année 2016. La mise en eau du barrage de Lom Pangar a créé un environnement favorable à la pêche, et a engendré un afflux de populations, majoritairement des pêcheurs, en provenance pour la plupart du Lac Tchad, des autres barrages de retenue du Cameroun et de l'étranger. Les différents points de pénétration et de concentration de ces migrants correspondent aux six principaux débarcadères spontanés créés autour du réservoir. A savoir Ouami et Haman, dans le canton Képéré ; Kogbedi, dans le canton Baya Mbodomo ; Mali, dans le canton Laï
22
Près de 6 milliards de m3 d’eau pour apprivoiser des poissons et développer la pêche
CAMEROUN EMERGENT- N°01|Septembre-Octobre 2018
; Moussa, dans le canton Mbitom ; Gbemboussa à Bouli et Pangara à Mararaba, dans le canton Yayoué. Cette migration exponentielle exerce actuellement une forte pression sur les ressources foncières notamment (raréfaction des terres cultivables), forestières (augmentation des coupes illicites du bois), fauniques (risque de recrudescence du braconnage) et halieutiques (épuisement du poisson de la retenue par des pratiques de pêche non durable). Cette affluence impacte également l'organisation sociale (prolifération des bidonvilles), culturelle (perte d'identité culturelle), sécuritaire (développement
du banditisme) et sanitaire (risques d'épidémie due au manque d'hygiène). Dans le même temps, les infrastructures socio-économiques et communautaires (salles de classe, de points d'eau potable, etc.) des cantons, villages et campements, qui avaient initialement une capacité globale d'accueil d'environ 1500 habitants, s’avèrent désormais insuffisantes. D’où le vaste programme de réalisation des infrastructures déjà entrepris par le Maître d’ouvrage dans le cadre de son Plan de Gestion environnemental et Social (PGES). J.R.F
SUR LES SENTIERS DE L'ÉMERGENCE
« Une dimension socio-environnementale importante » «Le Projet Lom Pangar, comporte une dimension sociale et environnementale importante. EDC, avec l’appui de la Banque Mondiale et de l’AFD, met en œuvre, depuis 2016, un ensemble de mesures compensatoires additionnelles, dans le cadre du Plan de Gestion environnemental et Social (PGES) et du Plan de Développement Local (PDL). Pour la seule composante du PDL, 164 infrastructures supplémentaires, parmi lesquelles des salles de classe, des latrines, des puits aménagés, des forages, des châteaux d’eau, des blocs opératoires, des logements d’astreinte, des hangars, des cases communautaires, des aires de séchages, des kits solaires, etc., sont en cours de réalisation dans les arrondissements de Belabo, Bétaré Oya et Ngoura. Quant aux investissements du PGES, ils couvrent divers secteurs tels que les BTP, la santé, la pêche et la foresterie communautaire. Dans ce cadre, les travaux de réalisation du pont de Touraké près de Bétaré Oya sont déjà lancés, de même que la réhabilitation des hôpitaux de Bertoua, Belabo, Bétaré et Deng Deng. Enfin, EDC s’est engagé dans un vaste programme de gestion du massif forestier de Deng Deng, véritable réservoir de biodiversité, afin de garantir une protection durable de ses ressources».
Roger Alain Taakam,
Expert Communication du Projet Lom Pangar.
« Les pêcheurs sont les seuls gagnants » « Nous constatons tous que l’Etat ne tire presque rien de cette activité de pêche à Lom Pangar, et que ce sont les pêcheurs, pour la plupart étrangers, qui sont les seuls gagnants. On ne ressent pas encore l’impact sur le développement local. Cette situation perdure après deux mises en eau, partielle et totale. Il est en fait question pour EDC de mener, de concert avec les administrations sectorielles, une réflexion profonde sur les stratégies à mettre en œuvre pour que les ressources financières induites par l’activité de pêche profitent également aux riverains (...) La plupart de ces pêcheurs drainent avec eux leurs clients habituels, qui ne sont pas toujours de cette région. Conséquence : ces clients vont avec leur poisson vers leurs marchés traditionnels du Nigéria, du Tchad et de la RCA et ne ravitaillent pas prioritairement les marchés locaux avec du poisson de Lom Pangar ».
Alphonse Emadak
Sous-directeur de la Qualité et de l’environnement
Propos recueillis par J R
EMERGING CAMEROON - N°01|Septembre 2018
23
DOSSIER SPECIAL ÉNERGIE
ACtIvItéS COnnEXES
40 milliards de revenus annuels pour les pêcheurs Prévisions des experts d’Electricity Development Corporation (EDC) qui prévoient une prospérité économique de cette région jadis pauvre, mais dans laquelle le barrage a engendré un afflux d’étrangers dans les villages Ouami, Haman, Déoulé et Deng-Deng.
1
500 tonnes de poissons, pour 40 milliards de FCFA de revenus annuels ! La pêche est la principale activité économique autour du barrage de retenue de Lom Pangar, construit dans la région de l’Est. De fait, toutes les conditions sont réunies pour faire de cette zone, un véritable eldorado. « Depuis la mise en eau partielle du barrage, le nombre de pêcheurs est passé de 380 à 13 080 », précise le Centre de recherches, d’études et d’appui au développement (Creadev), dans un rapport rendu public en décembre 2016. Et le rapport d’ajouter : « sans aucun empoissonnement préalable de l’étendue d’eau, la production de la pêche a été propulsée de 448 tonnes par an (sources officielles) à 47 088 tonnes pour la seule année 2016. » Ces statistiques ne sont pas très éloignées des chiffres avancés en mai de la même année, par la Banque mondiale. « Ce sont 30.000 pêcheurs qui sont installés dans la zone de Lom Pangar depuis septembre 2015 », souligne l’institution financière internationale. Ces chiffres, selon EDC, incitent à « la recherche des solutions viables de développement de la pêche ». Concrètement, soutient cette société d’Etat, « les experts pensent à la création d’une technopole agro-in-
24
Famille des pêcheurs Comme un nouveau souffle économique pour sortir de la pauvreté
CAMEROUN EMERGENT- N°01|Septembre-Octobre 2018
dustrielle du poisson et des crustacés ». Ce d’autant qu’autour du barrage de Lom Pangar, doté d’une capacité de retenue de 6 milliards de mètres cubes d’eau, avec une usine de pied d’une capacité de 30 MW, les différents rapports révèlent une arrivée massive de pêcheurs,
majoritairement de nationalités étrangères, en provenance du Lac Tchad, des autres barrages de retenue du Cameroun et des pays comme le Mali, le Tchad, la RCA, le Nigéria et même le Sénégal. Tous ces nouveaux arrivants voient en la retenue de Lom Pangar, « l’op-
SUR LES SENTIERS DE L'ÉMERGENCE
Ouami Poumon économique de Lom Pangar
portunité de s’affranchir des effets de la sècheresse du Lac Tchad et des exactions de la secte terroriste nigériane Boko Haram dans l’Extrême-Nord du Cameroun », avance le sousdirecteur de l’environnement et de la communication d’EDC, Alphonse Emadak. Pour encadrer la pêche à Lom Pangar et éviter des problèmes de partage de l’espace vital entre migrants et communautés locales, EDC a signé un accord avec l’entreprise néerlandaise SNV, dans le cadre de la mise en œuvre du Plan de Développement Local (PDL) et du Plan de gestion environnemental, financé à hauteur de 60 millions d’euros (environ 39,3 milliards de FCFA). À travers cette convention, il s’agit, d’œuvrer pour une meilleure organisation des pêcheurs et leur accompagnement. C’est la raison pour laquelle, depuis le 25 octobre 2015, EDC et le ministère de l’Elevage, des Pêches et des Industries Animales, ont signé un Mémorandum d’entente, en vue d’apporter un appui technique aux populations affectées par le projet Lom Pangar. Dans le même temps, EDC encourage les pêcheurs à se regrouper en coopératives, pour un suivi plus efficace de leurs activités. C’est ainsi que dix associations de ce type sont nées et sont déjà fonctionnelles. L’entreprise de patrimoine dans le domaine des infrastructures électriques au Cameroun organise aussi des formations, fait dons de pirogues et autres embarcations aux pêcheurs, et construit des débarcadères et autres chambres froides. Fort de son impact sur le développement local, la pêche a été le prétexte de l’organisation à Bertoua, les 20 et 21 juin 2017, d’un atelier de réflexion sur « la gestion des externalités induites par l’afflux des populations suite au développement de la pêche dans la retenue d’eau de Lom Pangar ». A la manette de cette concertation, l’on retrouvait EDC et la Banque mondiale. Jean Robert FOUDA envoyé spécial à Lom Pangar
De 52 habitants pour 15 ménages lors du recensement effectué en 2005, la population de Ouami compte désormais quelques... 4000 pêcheurs
L
e village est désormais, dans la région de l’Est, l’épicentre du commerce du poisson. Son débarcadère grouille de monde. De nuit comme de jour. Au fil des heures, Tchadiens, Sénégalais, Maliens, Centrafricains, Nigérians et Camerounais déchargent silures, carpes et anguilles des embarcations qui vont et viennent dans un interminable ballet. Une partie des cargaisons est vendue fraîche, tandis que l’autre passe par le séchage. L’activité est régulièrement surveillée par des agents des Eaux et Forêts. Vêtus de leurs remarquables treillis verts, ils sont installés à l’entrée du site et contrôlent les quantités et la qualité des produits halieutiques sortis des eaux. Si les autochtones de cette localité située à environ 65 km de Belabo, à l'Est du Cameroun, sont des Baya, l'essentiel de la population est par contre constituée, en plus des étrangers, d'une forte communauté Bamoun, des ressortissants des régions septentrionales, notamment des Mousgoum, mais aussi des Kotoko, des Kepere et des Mboum, qui constituent près de 50% de la population. Un exemple du vivre ensemble. Grâce à ces migrants, Ouami, petite bourgade située à une vingtaine de kilomètres du barrage hydroélectrique de Lom Pangar, connaît depuis 2012 un développement sans précédent. Plusieurs commerces y ont en effet vu le jour et proposent des produits de première nécessité (savon, sel, farine, sucre, riz, etc.) aux populations. Côté transport, des
mototaxis, inexistants il y a quelques années, sont de plus en plus visibles. Les vendeurs de matériels de pêche se frottent également les mains. « Je suis arrivé ici en 2016, en compagLorem et ipsum dolorfilssitâgamet, connie de ma femme de notre é seulesectetur mois. adipisicing elit, sed doma eiusment de quelques Je gagne bien mod temportiré incididunt ut labore et vie, grâce aux revenus s de la fabrication dolore magna aliqua. Ut enim et de la vente des pirogues », témoigne Sim-ad minim veniam, quis nostrud plice Bouombouo, peu prolixe lorsqu’il exercifaut tation ullamco nisi utenvialiquip parler de ses revenus. La laboris quarantaine commodo consequat. Duis ron, Hassanex estea quant à lui parti de Kano, au aute irure dolor in reprehenderit Nigeria, pour venir chercher fortune à Ouami. in voluptate Lorem ipsum dolor sit Il exerce comme intermé diaire, car n’ayant amet, consectetuer adipiscing elit. pas les moyens de s’acheter une pirogue à Aenean commodo ligula eget dolor. 30.000 francs CFA. A quelques amis Aenean massa. Cum sociis natoque pêcheurs, il achète un seau de huit silures à penatibus et magnis dis parturient 10.000 FCFA, qu’il revendra à 13.000 francs montes, nascetur ridiculus mus. CFA. Il s’offre ainsi des revenus de 10.000 Donec quam felis, ultricies nec, pelfrancs CFA en moyenne par semaine, « mieux lentesque eu, pretium quis, sem. que rien », confesse-t-il. Nulla consequat massa quis enim. A l’époque, les habitants de Ouami Donec pede justo, fringilla vel, alivivaient de la chasse. Mais, dès 2012, quand quet nec, vulputate eget, arcu. In les autorités ont déclaré la zone Parc Naturel, enim justo, rhoncus ut, imperdiet a, leur mode de vie a été bouleversé. « Nous venenatis vitae, justo. leur interdisions de chasser et ils ne comprenaient pas. On leur répondait que bientôt, la Nullam dictum felis eu pede mollis pêche leur permettrait de vivre décemment. pretium. Integer tincidunt. Cras Maintenant, ils dépendent tous de cette acdapibus. Vivamus elementum semtivité », raconte Alphonse cadre à per nisi. AeneanEmadak, vulputate eleifend Electricity Development Corporation (EDC), tellus. Aenean leo ligula, porttitor eu, le Maître d’ouvrage du projet nagement consequat vitae,d’amé eleifend ac, enim. hydroélectrique de Lom Pangar. Aliquam lorem ante, dapibus in, viverra quis, feugiat a, tellus.J.R.F Phasellus viverra nulla ut metus varius laoreet. Quisque rutrum. Aenean imEMERGING CAMEROON - N°01|Septembre 2018
25
DOSSIER SPECIAL ÉNERGIE
Barrage de Memve’ele 211 MW supplémentaires Fiche Technique PROJET IMPLANTé à Nyabizan, Département de la vallée du NTEM région du Sud Type
production électrique 83 millions m3
Volume Superficie
Financiers
Coût
2200 ha Eximbank China
243 milliards de FCFA
Banque africaine de développement (BAD)
112 milliards de FCFA
Etat du Cameroun
65 milliards deFCFA
420 milliards de FCFA, dont 286 milliards de FCFA pour le barrage et la Centrale
Début des travaux
2011
Maître d'ouvrage
Gpt Coyne &Belier-ISL
Maître d'œuvre
Minee
Entreprise de construction barrage +Usine SINOHYDRO Corporation Limited de pied Puissance usine de pied Mise en service
26
211 Mw 2017
CAMEROUN EMERGENT- N°01|Septembre-Octobre 2018
L
es travaux de réalisation du barrage de Memve’ele et de son usine de production, confiés à la société chinoise Sinohydro, ont démarré en janvier 2013 pour un délai d’exécution de 54 mois. A ce jour, ces travaux affichent un taux de réalisation de 100%. En effet, la mise en eau du barrage a eu lieu le 16 août 2016, et sa rétrocession le 8 février 2018. L’heure est maintenant à la construction des ouvrages d'évacuation d'énergie. Le premier lot des travaux, qui s’étend de l’usine, à Nyabissan, au poste de transformation de Djop, à Ebolowa, est entièrement achevé. Il reste à parachever le second lot, qui s’étire d’Ebolowa au poste de transformation de Mbalmayo. Les travaux du troisième lot, entre Mbalmayo et Yaoundé, n'ont pas démarré du fait des indemnisations, le tracé des lignes d’évacuation et de transport d’énergie affectant des
zones d’habitations. En attendant la résolution de ce problème, l’unité opérationnelle du projet Memve’ele révèle que dès la fin des travaux de la 2ème phase de construction des lignes d'évacuation, la puissance de la ligne de 225 Kv sera ramenée à 90 Kv, afin d’utiliser la ligne existante à partir du poste de Mbalmayo. Des études conjointes en vue du renforcement des équipements de ce poste déjà vétuste sont en cours. Toutes choses qui incitent à penser que les 211 MW d’énergie qui seront produits par le barrage de Memve’ele seront disponibles dès cette année 2018, pour améliorer l’approvisionnement en électricité sur le réseau interconnecté Sud. Construit sur le fleuve Ntem, près du village Nyabizan, dans la région du Sud, le barrage de Memve’ele est l’un des grands projets structurants de première génération lancés par le Chef de l’Etat. Il est évalué à 263
SUR LES SENTIERS DE L'ÉMERGENCE
Le point sur le projet barrage de Memve’ele Ligne d’évacuation d'énergie Nyabizan-Nkolkoumou : 800 pylônes à construire sur 278 Km Nyabizan- Djop à Ebolowa : 294 pylônes déjà posés milliards de FCfa et est réalisé grace à des financements à hauteur de 85% par Eximbank-China, et a15% par l'Etat du Cameroun. Les autres composantes du projet vont engloutir une enveloppe globale de 148,5 milliards de FCfa, soit 50 milliards de FCfa pour la construction de la voie d’accès au barrage, financés par le Budget d'investissement public (Bip) ; 86 milliards de FCfa pour les ouvrages d’évacuation d’énergie et le poste d’interconnexion d’Ebolowa ; 2,5 milliards de FCfa pour la con- struction de la cité du
maître d’ouvrage ; et 10 milliards de FCfa pour l’assistance technique. Afin de limiter l’impact négatif de la construction de cet ouvrage sur les populations riveraines, le gouvernement a mis en place le Programme d'accompagnement socioéconomique de Memve'ele (Pasem). Ce programme a pour missions, dans le cadre des projets connexes du barrage, d'encourager et de favoriser l’emploi de la main d’œuvre locale et l’attribution de certains contrats aux entreprises locales ; de favoriser l’achat de biens et services
trois postes de transformation entre Nyabizan-Nkolkoumou à Yaoundé : puissance 225/90Kv chacun. région du Sud : 50 MW attendus du Memve'ele Plus 1800 camerounais et chinois ont travaillé pour construire le Barrage
locaux ; d'améliorer l'accès à l'eau potable, l'approvisionnement en énergie et la construction de routes pour les populations affectées. Dans le cadre spécifique du projet hydroélectrique de Memve’ele, le programme doit contribuer à l'exploitation paisible de la production hydroélectrique. C’est dans cette optique que le Pasem se déploie sur le terrain depuis le 14 juillet 2014, à travers les remises de matériels et intrants agricoles aux populations riveraines, les constructions de forages, l’équipement des salles de classe, l’accompagnement et le renforcement des capacités, etc. Joseline ASSOUMOU
EMERGING CAMEROON - N°01|Septembre 2018
27
DOSSIER SPECIAL ÉNERGIE
Dieudonné Bisso Directeur PROJET MEMVE’ELE
“La construction de cette ligne électrique sera terminée l'année prochaine” Le Directeur du projet de Memve'ele fait le point de l’évolution des travaux de construction des lignes transports d'énergie. Quelle est l'histoire du projet de Memve'ele ? Le projet Memve'ele est une volonté du chef de l'Etat et du gouvernement. L’objectif dudit projet est de réduire le déficit d’énergie du Cameroun. Ce projet a commencé dans les années 80. Mais, les premières études ont été finalisées dans les années 90. Sa mise en œuvre a pris du retard à cause des programmes d'ajustement structurels du FMI qui n'ont pas permis au gouvernement de l'exécuter. C'est entre 2006-2007 que le chef de L'Etat a décidé de poursuivre ce projet. Il a ainsi procédé à la pose de la première pierre le 15 juin 2012. C'est ainsi que les chinois vont commencer les études complémentaires de juin à décembre. Les travaux d’exécution du barrage et de la centrale hydroélectrique ont démarré effectivement le 3 janvier 2013 et se sont achevés dans les délais.
Avant la fin du projet ... la partie chinoise a formé, à la maintenance de cet ouvrage, une équipe de Camerounais.
Quelle est le problème actuellement ? Nos difficultés concernent l’évacuation d'énergie électrique.
28
CAMEROUN EMERGENT- N°01|Septembre-Octobre 2018
Or, les contrats de la ligne électrique ont déjà été signés. Mais la mise en exécution de ce contrat a connu quelques problèmes au niveau de la libération de l'emprise des travaux. Il fallait d'abord indemniser les populations. A l’heure actuelle la première phase de la construction de la ligne de transport de l’énergie électrique est terminée. Il s'agit de 150 km partant de la centrale hydroélectrique de Memve'ele jusqu’à Ebolowa avec la construction d’un poste de jonction de transformation à Ndop. La seconde phase des travaux concerne l’itinéraire Ebolowa-Yaoundé avec la construction d'un poste de jonction et de transformation à Nkolkoumou. C'est justement à partir de ce poste que l’énergie électrique sera injectée dans le réseau interconnecté Sud. Mais, nous allons laisser les entrées et les sorties pour les nouvelles centrales que le Cameroun va construire. La construction de cette ligne de transport d'énergie sera terminée l'année
prochaine. Le gouvernement est en train de prendre des mesures pour que d'ici à la fin de l'année 2018, une partie de l’énergie soit injectée dans le réseau à partir de Mbalmayo.
Comment se passera la maintenance des ouvrages ? Avant la fin du projet de construction du barrage de Memve'ele, la partie chinoise a formé à la maintenance de cet ouvrage une équipe de Camerounais. Ces camerounais sont sur le site avec l’équipe en stand by de l'entreprise chinoise Sinohydro. Elle sera là jusqu’à la fin de la construction de la ligne de transport d’énergie parce qu'elle va participer aux tests de charge. Source Crtv
SUR LES SENTIERS DE L'ÉMERGENCE
BArrAgE DE MékIn
15 MW pour alimenter huit communes La mise en service effective de l’ouvrage est retardée depuis quelques mois par des contraintes socio-environnementales.
H
ydro Mékin, société publique qui a piloté la construction du barrage de Mékin, construit dans la région du Sud, et la société Eneo, concessionnaire du service public de l’électricité, ont effectué, du 17 avril au 3 mai 2018, les premiers essais d’injection d’énergie dans le réseau interconnecté Sud, à partir de la centrale du barrage de Mékin. Preuve que cette infrastructure énergétique est désormais prête à injecter ses 15.MW dans le réseau électrique national, afin d’alimenter huit communes dans le département du Dja et Lobo, qui abrite des unités agro-industrielles telles que Sud Cameroun Hévéa. Mais, de bonnes sources, la mise en service de ce barrage est retardée non seulement par la finalisation des aspects juridico-administratifs relatifs à la commercialisation de l’énergie produite par cet ouvrage, mais aussi par des contraintes socio-environnementales. En effet, des tests effectués en 2017 sur l’infrastructure, dont la réception technique de tous les ouvrages a eu lieu au 3ème trimestre 2017, avaient provoqué l’inondation d’au moins deux ponts environnants, révélant ainsi quelques dysfonctionnements auxquels il faut palier avant la mise en service définitive du barrage. Construit par la China National Electric Engineering Corporation (CNEEC),
Barrage de Mekin Apporter le développement par l’énergie.
le barrage hydroélectrique de Mékin a coûté 25,8 milliards de FCFA, dont 22 milliards de FCFA mis à disposition par Eximbank China, et 3,8 milliards de FCFA financés par l’Etat du Cameroun. Le projet intègre également la construction d’une ligne d’évacuation d’énergie de 110 Kv, sur une distance de 33,1 Km. En outre, une voie d’accès au barrage de 12,6 km a été construite, de même que la cité du maître d’ouvrage. Le projet a également donné lieu à une opération d’enlèvement du bois dans la zone ennoyée, sur près de 4 500 hectares. Le barrage de Mékin sera géré par
la société Hydro Mékin, qui a supervisé la conduite du projet. Le périmètre de compétence de cette entreprise publique a la particularité de s’étendre à la production, au transport, à la distribution, à la vente et à l’exportation de l’énergie électrique. Grâce à la réalisation de cet ouvrage, l’Etat camerounais ambitionne de résorber le déficit énergétique, mais surtout de garantir la stabilité du fonctionnement de la partie australe du Réseau interconnecté Sud (RIS). Nathan EMAN
EMERGING CAMEROON - N°01|Septembre-Octobre 2018
29
DOSSIER SPECIAL ÉNERGIE OFFrES énErgétIquES
Lumières sur les autres barrages Le gouvernement et des partenaires développent actuellement de nombreux autres projets visant à éradiquer le déficit dont souffre le pays.
a
côté des ouvrages hydroélectriques achevés ou en voie de l’être, le gouvernement a amorcé le développement d’autres grands projets énergétiques dits de « deuxième génération », afin d’augmenter de façon substantielle l’offre en énergie électrique au Cameroun. Certains de ces projets sont en cours de préparation. C’est le cas des barrages de la Menchum (72 MW), de Song Dong (270 MW), de Makay
(350 MW), de Njock (117 MW), de Kikot (700 MW), de Moila Mogué (420 MW), de Nachtigal aval (300 MW), de Grand Eweng (1800 MW) de Chollet (600 MW), de Colomines (15 MW) et de Ndokayo (5 MW). Par contre, d’autres projets, à l’instar du barrage de Nachtigal amont (420 MW) et de Bini à Warak (75 MW) sont déjà en phase de réalisation sur le terrain.
Le barrage de Nachtigal
L
e projet de construction de la centrale hydroélectrique de Nachtigal amont, d’une capacité de 420 MW, sur le fleuve Sanaga, dans la région du Centre, est développé par une société camerounaise. Créée le 7 juillet 2017, Nachtigal Hydro Power Company (NHPC) est détenue par l’Etat du Cameroun, Electricité de France (EDF) et la Société financière internationale (SFI). La réalisation de ce barrage requiert des financements de près de 675 milliards de FCFA. Selon le modèle financier retenu par NHPC, environ 30% des financements seront apportés par les actionnaires (EDF, SFI et l’Etat camerounais) et 70% par des in-
vestisseurs. Parmi ces investisseurs, les agences bilatérales et multilatérales devraient fournir 75 à 80% de l’enveloppe restante, tandis que six banques locales apporteront de 20 à 25% des financements restants. La convention de concession entre l’Etat et la NHPC a été signée le 20 avril 2017. Il est attendu la formalisation du contrat d’achat de l’électricité qui sera produite, avec l’opérateur Eneo. Le démarrage effectif des travaux est prévu pour cette année 2018. Selon les projections de NHPC, le barrage de Nachtigal pourrait être livré en 2022.
Le barrage de Bini à Warak
L
Le complexe hydroélectrique de Bini à Warak se compose : D’un barrage; D’un système d’adduction; D’une usine de production de l’électricité; D’un poste de couplage.
30
CAMEROUN EMERGENT- N°01|Septembre-Octobre 2018
e barrage de Bini à Warak, dont la mise en service est prévue entre 2021 et 2022, aura une capacité de production de 75 MW. Il est situé à 66 km de Ngaoundéré, dans région de l’Adamaoua, et permettra de renforcer l’offre énergétique dans les trois régions septentrionales du Cameroun. Actuellement, cette partie du pays, qui héberge le tiers de la population camerounaise, est alimentée par le seul barrage de Lagdo, vieux de 36 ans, et dont la production déclinante (parfois 30 MW
seulement sur une capacité installée de 72 MW), est largement en dessous d’une demande qui croit de 8% chaque année, selon les statistiques officielles. Les travaux de construction de cette infrastructure ont été confiés à l’entreprise chinoise Sinohydro. Les travaux prévus pour durer 48 mois coûteront environ 85 milliards de FCfa, dont 72 milliards fournis par Industrial and Commercial Bank of China (ICBC) et 13 milliards par l’Etat duCameroun.
SUR LES SENTIERS DE L'ÉMERGENCE
CEntrAlE à gAz DE krIBI
Une solution énergétique pour 200 000 ménages L’infrastructure vient compléter le dispositif hydroélectrique existant et contribue à la réduction significative des délestages pendant la saison sèche.
C
’est à Mpolongwe, un village situé à 9 Km au Nord de Kribi, que cette centrale à gaz, gérée par la Kribi Power Development Company (KPDC), une filiale d’Actis, a été installée depuis 2010. Elle a pour but de lutter contre les délestages observés pendant la saison sèche (qui couvre les trois premiers mois de l’année), par la satisfaction des besoins de consommation d'électricité d’environ 200 000 ménages des départements de l’Océan, dans la région du Sud (65% de la zone du projet) ; et de la Sanaga-Maritime, dans le Littoral (35%). C’est la première centrale électrique au Cameroun à fonctionner au gaz naturel, combustible fourni par la Société nationale des hydrocarbu- Le gaz, une alternative dans la stratégie res (SNH), à partir du champ gazier de l’offre énergétique South Sanaga, situé à 18 Km de Mpolongwe. Une ligne de transport sur 100 kilomètres permet de connecter la centrale au poste de conduite du réseau (PCR) de Mangombé, afin d’injecter dans le réseau interconnecté Sud (RIS) les 216 MW produits par 13 groupes électrogènes. La mise en place de la centrale à gaz de Kribi a été une étape importante dans la diversification des sources de production d'électricité dans le pays. A la veille de sa mise en service, KPDC révélait dans que « la centrale à gaz de Kribi va consommer 52.000 m3 de gaz par heure ».Et que « le choix du gaz comme com-
bustible a été fait parce qu’il revient moins cher que le gasoil ou le fuel lourd. Ainsi, l’impact sur le prix de vente de l’énergie est réduit par rapport à ce qu’induit la centrale à fuel ». Face à une demande en électricité qui croit ces dernières années au rythme de 8 à 10 % par an, le gouvernement du Cameroun et KPDC travaillent à l’extension de cette centrale, afin de porter sa puissance totale à 330 MW. Aux 170 milliards de FCFA investis dans sa construction, dans le cadre d’un partenariat public-privé (PPP) entre le gouvernement camerounais et KPDC (détenue à 44 et 56% respectivement par le Cameroun et Globeleq Africa), les deux parties devront mobiliser 65 milliards de FCFA pour les
travaux d’extension. Depuis deux ans, Globeleq a repris la gestion de la centrale et développe le projet d’extension avec le concours de quelques banques locales et la Société financière internationale (SFI), filiale de la Banque Mondiale spécialisée dans le financement du secteur privé. En décembre 2015, la Banque Africaine de Développement (BAD), qui avait commis l’étude d’impact environnemental de ce projet, s’est engagée à y injecter un peu plus de 15,7 milliards de FCFA.
Bernard BANGDA
EMERGING CAMEROON - N°01|Septembre-Octobre 2018
31
DOSSIER SPECIAL ÉNERGIE BArrAgE DE lAgDO
100 milliards de FCFa pour moderniser Mise en service en 1983, la centrale hydroélectrique de ce barrage est en crise de vieillissement. D’où les travaux de réhabilitation annoncés par le gouvernement.
L
a réhabilitation, la modernisation et l’extension du barrage hydroélectrique de Lagdo, dans la région du Nord, nécessitent la mobilisation d’une enveloppe de 100 milliards de FCFA, a annoncé le gouvernement camerounais, le 02 février 2018 à Yaoundé. Le projet pourrait être financé par la banque chinoise ICBC approchée à cet effet par les pouvoirs publics. Selon les études techniques, le barrage de Lagdo est aujourd’hui victime de l’ensablement de son réservoir, compte tenu de la durée de l’exploitation et de la géotechnique des sols dans cette région. D’où l’urgence de désensabler, et de renouveler les équipements existants, dans l’optique de faire passer la capacité du barrage de 75 à 80 mégawatts (MW). Inaugurée il y a 35 ans, la centrale hydroélectrique de Lagdo, sur le fleuve Bénoué, à 65 Km de la ville de Garoua, est la principale source de production d’énergie dans le réseau interconnecté Nord. Mais, parallèlement à une demande qui croit de 7,8% par an dans les régions septentrionales du Cameroun, les capacités de production de cette infrastructure se réduisent souvent jusqu’à 50%, du fait de l’ensablement de son réservoir. Du coup, les quatre turbines Kaplan de la centrale (de puissance unitaire de 18 MW), qui offraient, à sa mise en service, une capacité de 72 MW, ne fournissent plus qu’à peine 35 MW, à
32
certaines périodes de l’année. En mars dernier, cette situation a contraint Théodore Nsangou, le Directeur Général d’Electricity Development Corporation (EDC), gestionnaire du patrimoine public dans le secteur de l’électricité, à lancer un « appel à manifestation d’intérêt pour les prestations de supervision des travaux de réhabilitation de la centrale hydroélectrique de Lagdo (...). Plusieurs de ses équipements principaux (turbines, transformateurs de puissance, disjoncteurs, ndlr) ont déjà atteint leur durée de vie fonctionnelle et doivent être remplacés ou rénovés. Par ailleurs, son système de contrôle et d’automatisation demande à être modernisé pour une meilleure fiabilité », précise le directeur général d’EDC dans l’appel à manifestation d’intérêt publié le 20 mars 2018. Consistance des travaux Les services attendus des consultants qui pourraient superviser les travaux, comprennent : l’appui à la contractualisation du marché de l’entrepreneur en charge de la réhabilitation de la centrale hydroélectrique de Lagdo, la gestion, la coordination et la supervision de la réalisation du projet, le contrôle des études d’exécution, le contrôle, les essais et réception au cours de la fabrication, le contrôle et la supervision de l’exécution des travaux sur les sites, la supervision des essais de réception et de mise
CAMEROUN EMERGENT- N°01|Septembre-Octobre 2018
Le grand barrage poumon énergétique du septentrion doit assurer sa modernisation.
en service, l’assistance prévue pendant la durée de la garantie, le transfert de technologie et la formation du personnel du maître d’ouvrage. Voith Hydro et General Electric ont déjà manifesté leur intérêt pour la réalisation de ces travaux, qui vont durer 48 mois. Période au terme de laquelle la centrale de Lagdo jouera à nouveau pleinement son rôle, celui de la production de l’électricité, en plus de l’amélioration de la navigabilité sur le fleuve Benoué, le développement de l’agriculture et de la pêche. En attendant, la société Eneo, concessionnaire du service public de l’électricité, projette de construire deux centrales solaires à Maroua et à Guider, de capacités respectives de 15 MW et 10 MW. Les procédures de contractualisation des entreprises sont déjà en cours. Jean Robert FOUDA
SUR LES SENTIERS DE L'ÉMERGENCE
SOng lOulOu
Dans l’attente d’une cure de jouvence D’une puissance installée de 388 MW, le barrage inauguré le 14 novembre 1981, nécessite un lifting profond. .
L
a réhabilitation annoncée du barrage de Song Loulou vise à donner une nouvelle jeunesse à la centrale de 388 Mégawatts (MW), plus de 35 ans après sa mise en service. Selon les experts de la société Energy of Cameroon (Eneo), concessionnaire du service public d’électricité au Cameroun, contrôlée par le fonds d’investissement britannique Actis, ces travaux vont de la mise en place d’un système d’auscultation à la réparation, au traitement des fissures, en passant par la réhabilitation de la vannerie et des systèmes de batardage. Dans le cadre de l’avenant n°2 au contrat de concession, signé en août 2015, Eneo s’est engagé à sécuriser l’aménagement hydroélectrique de Song Loulou, pour un coût de 11 milliards de FCFA, selon une estimation du cabinet d’ingénierie français ISL datant de 2011. En outre, l’entreprise va réaliser des travaux additionnels pour un montant de 4,7 milliards de FCFA, afin de fiabiliser l’exploitation de l’ouvrage. Un comité technique paritaire s’assure du suivi dudit chantier. Réalisé par Thibaut Guillemot et Michel Lino, d’ISL Ingénierie, Emmanuel Nzalli, d’Aes Sonel au Cameroun, un récent rapport intitulé « Diagnostic et mise en sécurité du barrage de Song Loulou vis à vis des désordres liés à l'alcali-
réaction », montre « qu’une rupture ou un grave dysfonctionnement des ouvrages en béton ou des équipements de la prise d’eau et de l’évacuateur ne sont pas à exclure, si aucun confortement n’était entrepris ». Diagnostic Bien que les réactions de gonflement du béton à l’origine de ces conclusions semblent être en fin d’activité, les ouvrages du barrage de Song Loulou se trouvent actuellement « dans un état fortement dégradé et en limite de stabilité », indique le rapport. Ledit document identifie deux mécanismes principaux de rupture. Il s’agit, d’après l’enquête menée par ISL Ingénierie, de « la rupture par extension des fissures amont , de l’augmentation des sous-pressions, favorisée par la conception des pertuis usiniers non blindés, amenant la pression de la retenue dans le corps du barrage ; de la rupture par écrasement des contreforts fortement comprimés par la conjonction des effets hydrostatiques et de la compression du contrefort, sous l’effet des gonflements différentiels dus à la réaction alcali-granulats ». Face à cette situation, un programme de réhabilitation d’envergure a donc été lancé par le gouvernement, avec pour objectif d’exploiter encore, et en toute
Sécurirer et donner une nouvelle jeunesse à l’ouvrage
sécurité, la centrale hydroélectrique de Song Loulou, pendant une période supplémentaire d’au moins 50 ans, apprend-on des experts. Les travaux définis s’étalent sur 9 ans, en raison des contraintes d’exploitation de l’usine et de l’évacuateur. Jean Robert FOUDA
EMERGING CAMEROON - N°01|Septembre-Octobre 2018
33
DOSSIER SPECIAL ÉNERGIE
Théodore Nsangou
Les déficits prévisionnels à l'horizon 2020-2021 seront atténués Directeur Général EDC
Le Directeur Général de EDC explique les retombées socio-économiques de la réhabilitation des barrages de Song Loulou et de Lagdo. Quel est l’état des lieux du barrage de Lagdo ?
puissance pour bénéficier des eaux du barrage de Lom Pangar. Lesquelles eaux pourront permettre d'avoir une régulation supérieure à 110m3/s toute l'année. Et il faudra être capable de maintenir le niveau de profondeur à Song Loulou, malgré les travaux de réhabilitation.
Ce barrage souffre de plusieurs pathologies : des problèmes liés aux groupes, turbines, alternateurs, etc. Les turbines n'ont plus le rendement de l'époque ; le système de refroidissement est vétuste et inopérant ; les transformateurs sont en très mauvais état. Tous ces éléments ont conduit Lagdo à avoir une puissance garantie très faible par rapport à la puissance installée. Sur une puissance installée de 72 mégawatts (Mw), la puissance garantie est à peine de 50 Mw. Ceci a logiquement conduit à la situation de déficit dans les régions septentrionales, en outre, les Centrales thermiques installées à Garoua et Maroua ne bénéficient pas de l'approvisionnement régulier en gasoil. C'est ce déficit qui a conduit le gouvernement à demander à EDC de procéder à sa réhabilitation.
Qu'en est-il du barrage de Song Loulou ?
Quelles pourraient être les retombées de ces travaux sur le quotidien des ménages et des acteurs économiques ?
Song Loulou n'a pas de problème de turbine, ni de problème électromécanique.
Song Loulou n'a pas de problème de turbine, ni de problème électromécanique. C'est un problème de génie civil, de sécurité de barrage. Et ce problème est d'autant plus important qu'on ne peut pas attendre. Il y a un minimum de paramètres qu'il faut modifier. Depuis bientôt huit ans, les rapports
34
CAMEROUN EMERGENT- N°01|Septembre-Octobre 2018
des différents consultants sont extrêmement alarmistes. On est arrivé au niveau où on devrait mettre en place un plan d'urgence de réhabilitation du barrage. Ensuite, on procèdera à la grosse ré h abilitation qui va nécessiter l'extension de Song Loulou. Il faudra être capable d'installer deux à trois groupes de même
A Song Loulou, au terme de l'extension, on doit pouvoir s'attendre à 150 Mw supplémentaires de puis- sance garantie. Cela s'ajoute aux 450 Mw actuel. C'est énorme et bien pour tous les acteurs économiques. Cela va permettre d'avoir un apport de Lom Pangar de 170 Mw à Song Loulou et Edéa. Ce qui va atténuer les déficits prévisionnels à l'horizon 2020-2021. Interview accordée au journal l’Anecdote
FOCUS
Le Premier ministre officialise le nouveau guide
Maturation des projets
Ce document prend désormais en compte le processus d’indemnisation et corrige les insuffisances de la dernière version publiée en 2015.
L
e nouveau guide de maturation des projets d’investissement est annexé audécret du Premier ministre, chef du gouvernement du 21 juin 2018 fixant les règles régissant le processus dematuration des projets d'investissement public. Ce document a été élaboré par le ministère del’Economie, de la Planification et de l'Aménagement du Territoire (Minepat) dans un contexte marqué par le début de la troisième période triennale de mise en œuvre du budget programme (20192021), la fin de la mise en œuvre du Document de Stratégie pour la Croissance et l'Emploi (DSCE), cadre de référence de l'action du gouvernement pour les 10 premières années de mise enœuvre de sa Vision 2035. Tout comme au cours de la mise en œuvre du programme économique et financier adossé sur une facilité élargie de crédit avec le Fmi sur la période 2017-2019, la préparation de la Can 2019, l'achèvement et la mise en service des grands projets de première génération, l’achèvement du Plan d'Urgence Triennal pour l'Accélération de la Croissance (PLANUT) et de la mise en œuvre du Plan Spécial Jeunes. Le guide de maturation est le « processus au cours duquel un projet est conçu, développé, planifié et bien exécuté tout en assurant sa pérennité. Dans le domaine des investissements publics, un projet est dit mature lorsque l'ensemble des processus qui le compose sont maîtrisés et permet d'atteindre les objectifs fixés. Cette maîtrise se contrôle au fur et à mesure que le projet avance ». En clair, ce guide donne les étapes techniques et administratives que doivent appliquer les administrations dans la réalisation des projets d’investissements. Parmi ces phases il y a en bonne place : la conception du projet ; la préparation de l'exécution du
projet ; la préparation de l'exploitation du produit de l'investissement ; la préparation de la maintenance du produit de l'investissement ; le retour d'expérience. En effet, le processus de maturation de projet d'investissement contribue à la satisfaction des besoins des populations, bénéficiaires desdits projets. Que servirait alors un hôtel construit en plein milieu de la forêt si l'étude de son impact social n'a pas été bien menée ? Et que dire de la qualité de l’investissement, fruit des études techniques préalables aux démarrages des travaux ? Tout comme la déclaration d’utilité publique de l'emprise du projet qui marque le début du processus d'indemnisation des populations. Le guide de maturation s’adresse aux ministères, aux entreprises publiques, aux collectivités territoriales décentralisées. Il s'inscrit dans la pratique de l'approche de la gestion axée sur les résultats, qui permet à ses utilisateurs d’avoir au final des projets matures, gage d’une bonne exécution. C’est en tout cas le seul préalable pour que lesdits projets soient inscrits dans les Cadres de Dépenses à Moyen Terme (CDMT). Sur le plan pratique, le guide de maturation des projets contient un glossaire riche : activité, analyse de risque, avant projet d'exécution, bénéficiaire, cadre logique, chaîne des résultats, document de projet, dossier d'appel d'offre, maître d'œuvre, maître d'ouvrage, maturation de projet, objectif du projet, partenaires, parties prenantes, projet d’investissement public, y sont clairement définis entre autres. Pascal DIBAMOU
EMERGING CAMEROON - N°01|Septembre-Octobre 2018
35
FOCUS InvEStISSEMEntS PuBlICS
Maturation des projets, gage d’efficacité Le MINEPAT entend améliorer, par ce processus, la qualité de la dépense publique. Ainsi, dès 2018, les projets non matures, ne seront pas pris en compte lors de l'élaboration des Cadres de dépenses à moyen terme (Cdmt).
C
onscient des besoins des populations en termes d’investissement de base, le ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagementdu Territoire (Minepat) met les bouchées doubles pour aboutir à leur satisfaction. C'est pourquoi ce département ministériel entend faire florès au niveau de la consommation du budget d’investissement publique (Bip). D’ailleurs, au cours de cet exercice budgétaire, il a placé la barre à 100% en termes de consommation du Bip. Une ambition on ne peut plus réaliste puisque selon le dernier rapport sur l’état de maturité, 48,07% des projets inscrits dans ce budget d’investissement ont atteint un taux de maturation satisfaisant. De manière générale, au titre de cet exercice, 4547 activités et projets sont programmés, dont 1637 projets d’investissement matures à 63,9%. Toutefois, au regard de ces pourcentages, beaucoup reste à faire. D'où les nouvelles directives du Minepat dans l'élaboration du budget d’investissement public pour l'exercice 2019. D’après le directeur général de l'Economie, les projets non matures ou partiellement matures ne pourront plus être retenus, lors de la phase d’élaboration des Cadres de Dépenses à Moyen Terme (CDMT). Le constat étant que ces administrations déclenchent et clôturent le processus de maturation de leurs projets seulement au cours de cette phase qui dure trois mois. Or, les projets non
36
Projet de route en cours de réalisation sur le bassin de production à l’Ouest
CAMEROUN EMERGENT- N°01|Septembre-Octobre 2018
matures ou partiellement contribuent à la sous-consommation du budget d’investissement public, à l'abandon des chantiers, à la multiplication des avenants, à la prolifération des rallonges de délais, entre autres. Le Rapport 2015 de l'ARMP a révélé que les projets de construction des salles de classe et des autres édifices publics représentent à eux seuls, plus de la moitié des abandons (55,8%), suivis des projets d'électrification rurale et de construction des forages (32,7%). Si la non maturationd'un projet contribue à la sous-consommation du Bip, force est de reconnaître que ce n'est pas la même contrainte qui freine la consommation des ressources allouées à ces projets. Il y a aussi la disponibilité des ressources de contrepartie de dépenses réelles et les problèmes de passation et d’exécution des marchés.
Les spécialistes sont unanimes pour reconnaître que la maturation d'un projet se fait toujours avant le démarrage des travaux. En lui-même, le processus de maturation des projets comprend les études visant à mettre en exergue la faisabilité technique, institutionnelle, financière, environnementale, sociale et le mode opératoire du projet. Non sans oublier le processus d'indemnisation pour cause d'utilité publique qui contraint les populations de libérer les emprises des travaux. Bien plus, la mauvaise étude technique d'un projet engendre une estimation erronée des coûts réels et un mauvais calibrage des délais de son exécution. Par conséquent cela donne lieu à des avenants. Pascal DIBAMOU
Comprendre les « appuis directs »
BON À SAVOIR
De par ses missions régaliennes et dans le cadre de la relance de la croissance économique, le MINEPAT octroie des subventions d’investissement non remboursables aux entreprises du secteur productif.Voici les conditions à remplir pour prétendre en bénéficier.. LES CONDITIONS D’ÉLIGIBILITÉ Sont éligibles aux subventions d’investissement, les entreprises camerounaises du secteur productif exerçant dans l’une des filières des secteurs prioritaires retenues par le gouvernement. L’entreprise doit être conforme aux lois et règlements de la République, c’est-à-dire être enregistrée au registre du commerce et du Crédit mobilier, ne pas être en cessation des paiements et encore moins d’être frappée d’exclusion de la commande publique ou de tout autre incapacité liée à son activité. Au moins 70% du capital social de l’entreprise doivent être détenus par des nationaux. L’entreprise doit aussi fournir la preuve de disposer d’un apport en numéraire ou en nature évalué à 20% au moins du coût total du projet. Les dirigeants de l’entreprise doivent aussi montrer patte blanche. Car, ils ne doivent pas avoir fait l’objet de condamnation pour des infractions économiques. Il faut aussi signaler que les entreprises du secteur non marchand peuvent prétendre aux subventions du MINEPAT. Mais pour cela, elles doivent, en plus des conditions requises aux entreprises du secteur productif, satisfaire aux exigences spécifiques. Il s’agit, entre autres, d’être reconnues d’utilité publique, de présenter un projet créateur d’emplois décents visant une amélioration durable des conditions de vie de la collectivité, générer des revenus afin de soutenir d’autres activités de développement.
La société camerounaise Synergie Nord Sud bénéficiaire du dispostif LA DESTINATION DES SUBVENTIONS Les subventions sont destinées à couvrir les dépenses spécifiques. Il s’agit, de l’acquisition et le remplacement des équipements, de la modernisation pour l’amélioration de la productivité et de la qualité des produits, l’expansion en vue de faire face à la croissance de la demande, le déploiement dans le cadre de la recherche développement, la formation et le renforcement des capacités..
LES ÉLÉMENTS CONSTITUTIFS DU DOSSIER DE DEMANDE DE SUBVENTION Les entreprises du secteur productif doivent produire un dossier comportant une douzaine de pièces. Parmi celles-ci figurent en bonne place le dossier fiscal de l’entreprise (attestation de non redevance, attestation de non faillite, carte de contribuable, relevé d’identité bancaire, certificat d’imposition, bordereau de situation fiscale des trois dernières années, etc.) et le document de projet comprenant une évaluation du projet assorti d’un budget détaillé, des devis estimatifs conformément au canevas fixé par le MINEPAT, ainsi qu’un tableau de planification de l’exécution physique et financière du projet.
Les entreprises du secteur non marchand doivent en outre produire une copie du décret de reconnaissance d’utilité publique, une attestation de l’inscription au Registre des Sociétés coopératives et des Groupes d’initiative commune, une copie de la liste des membres dûment certifiée par l’autorité compétente annexée des photocopies des cartes nationales d’identités. Les dossiers ainsi constitués sont déposés auprès des délégations départementales du MINEPAT du lieu d’implantation du projet. Celles-ci se chargeront de les acheminer au Ministre de l’Economie par voie hiérarchique, après examen et avis. /
B.R.M
EMERGING CAMEROON - N°01|Septembre-Octobre 2018
37
FOCUS DECRYPTAGE ISAAC tAMBA
“Le visa de maturité garantit la bonne exécution des projets” Le Directeur général de l'Economie et de la Programmation des Investissements Publics donne les avantages du visa dematurité dans la mise en œuvre des projets..
Le « visa de maturité » est l’une des innovations qu'apporte le Gouvernement pour résoudre le problème de la maturation des projets au sein des administrations publiques. De quoi s’agit-il ? Le visa de maturité est en réalité une onction institutionnelle et technique qui confère à un projet, tous les éléments nécessaires à sa bonne exécution. Il atteste de ce que celui-ci remplit toutes les conditions sans exception, pour son exécution et son exploitation. En d’autres termes, il s'agit d'un « sésame » que délivrera le ministère de l’Economie à tous les projets financés par le Budget d’Investissement Public. Le visa de maturité garantit une exécution pas optimale,
38
CAMEROUN EMERGENT- N°01|Septembre-Octobre 2018
mais maximale d’un projet d’investissement public partant de sa conception, au retour d’expérience, en passant par l’exécution, l’exploitation et la maintenance
Quelle sera sa plus-value au regard des mesures prises par le gouvernement pour améliorer le processus de maturation des projets Comme plus-value, nous allons veiller à ce que les projets n'ayant pas de visa de maturité ne soient pas inscrits dans les Cadres de Dépenses à Moyen Terme (CDMT), l’input principal, que dis-je, l’unique input de la budgétisation. Donc, désormais, les CDMT comportant des projets sans visa de maturité ne pourront
FOCUS
pas être validés. Et évidemment, les CDMT non validés ne seront pas proposés à la budgétisation. En clair, la principale innovation est que la programmation budgétaire d’une administration donnée ou d’un établissement public et plus tard d’une collectivité territoriale décentralisée ne peut être soumise à la budgétisation, que si et seulement si son CDMT est validé. Et pour que les CDMT soient validés, il faut qu’ils comportent des projets matures. Nous entendons par projets matures, ceux ayant reçu un visa de maturité.
Quelles sont les conditions à remplir pour bénéficier du « précieux sésame » ? Nous avons, dans le guide méthodologique de maturation des projets, révisé en 2018, prévu cinq étapes. La première prévoit la conception même du projet, laquelle comporte une série de critères qui feront l’objet d’une première évaluation. Ensuite, il y a la préparation de l’exécution dudit projet. C'est à cette étape qu'intervient la maturation des projets, l’ensemble des techniques qui permettent de préparer un projet, de le rendre conforme à sa bonne exécution. La 3ème phase concerne la préparation de l’exploitation. Ensuite vient la phase de la maintenance du projet et enfin la 5ème phase est réservée au retour d’expérience. Voilà les cinq phases. Et à chacune de ces étapes, il y a des critères qui permettent aux experts du MINEPAT de se prononcer sur la bonne préparation en vue de la bonne exécution des projets d’investissement.
Comment se fait la sensibilisation des acteurs à la maîtrise de ce processus ? Nous avons introduit dans ce processus, une étape importante. Il s'agit de la contribution et de la par-
ticipation des maîtres d’ouvrage à l’évaluation de certains degrés de maturités des projets d’investissement relevant de leurs compétences. Il est ainsi attendu des maîtres d’ouvrages, la validation des Termes de Référence (TDR) et les études ou alors des avants projets sommaires des projets de leurs ressorts. Cette disposition n’existait pas dans les anciennes étapes de maturation des projets. Les maîtres d’ouvrage sont donc associés au processus de délivrance des visas de maturité. Etant entendu que les étapes liées à la préparation de l’exécution, la préparation de l’exploitation, à la maintenance et au retour d’expérience relèvent des équipes mixtes du MINEPAT.*
Quelles sont les mesure sprises pour garantir la transparence dans l’octroi du visa de maturité ? Les maîtres d’ouvrage participent en amont à la validation des TDR, des études, et des avants projets sommaires. Leurs avis nous sont transmis. Dès lors, nous procédons à, l’évaluation des prochaines étapes de la maturation. Tout cela traduit une certaine imputabilité des maîtres d’ouvrage dans le processus et la délivrance du visa de maturité. Pour délivrer ledit visa de maturité, une équipe mixte du MINEPAT est constituée. Celle-ci comprend des collaborateurs du Ministre, de la Division de la programmation, y compris des responsables de la cellule des audits, de la centralisation, de l’élaboration des CDMT et bien entendu de la normalisation et de la maturation. A ces experts, il faudra ajouter une ou deux ressources de la Direction de la programmation des investissements publics afin que toute la chaine Planification-Programmation-Budgétisation-Suivi (PPBS) soit représentée dans l’équipe mixte. Cette équipe est
mise en place pour apprécier l’état de maturité des projets et des activités d’investissement publics et la délivrance du visa de maturité.
Quelles sont vos projections à court, moyen et long terme si finalement ce visa est la solution ?
...« La conférence d’élaboration des CDMT a permis de comprendre que la moitié des projets que nous soumettons à la budgétisation ont, soit une maturité partielle, soit une maturité incomplète, ou alors pas de maturité du tout ».
Nous nous attendons à de belles performances et à des résultats meilleurs en termes de maturation des projets. La conférence d’élaboration des CDMT a d’ailleurs permis de comprendre que la moitié des projets que nous soumettons à la budgétisation ont, soit une maturité partielle, soit une maturité incomplète, ou alors pas de maturité du tout. Alors, nous attendons les premiers indicateurs devant nous permettre d’apprécier les innovations dans le processus de maturation. Ce processus ira graduellement pour nous permettre d’arriver à un niveau où les questions de maturité des projets d’investissement public seront derrière nous. Et partant, si les questions de maturité sont résolues, les questions d’efficacité et de mise en œuvre de ces projets et leur impact économique et social ne se poseront plus. Nous sommes conscients du fait que plus un projet est mature, plus importante est sa contribution dans la construction, la mise en œuvre et la construction de notre ambition d’émergence. En outre, plus un projet est mature, plus il a de l’impact sur les conditions de vie des populations. Et plus important, on aura moins de projets abandonnés, moins de malfaçons identifiées dans l’exécution des projets. Et tout le monde en sera bénéficiaire. Propos recueillis par Rosine NKONLA AZANMENE
EMERGING CAMEROON - N°01|Septembre-Octobre 2018
39
CONJONCTURE DECRYPTAGE CrOISSAnCE éCOnOMIquE
La courbe se redresse Conséquence de l’accroissement de l’investissement public dans les infrastructures, d’une politique budgétaire plus efficiente et de la légère remontée des prix des matières premières à l’international.
E
ntre 2013 et 2015, le Cameroun a affiché 5,8% de taux de croissance moyen de son économie. Selon divers rapports officiels, cette performance, qui a valu au pays l’admiration de la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, lors de son premier passage au Cameroun, est non seulement le résultat d’une politique économique axée sur la diversification, mais aussi d’un train de mesures implémenté par le gouvernement, dès l’année 2012. Il en est ainsi, principalement, de l’accroissement progressif de l’investissement public, dont l’enveloppe budgétaire aura, pour la première fois depuis plusieurs décennies, atteint la barre de 1500 milliards de francs Cfa en 2014, soit 30% du budget de l’Etat cette année-là ; matérialisant ainsi l’ambition du gouvernement de mettre résolument le Trésor public au service de la croissance économique. Cette stratégie gouvernementale a conduit, en 2012, au lancement des « projets structurants », dans le cadre du programme des « grandes réalisations » autour duquel est bâti le mandat présidentiel 2011-2018. Au demeurant, bien que transformé en un vaste chantier d’infrastructures, notamment dans les secteurs énergétique (barrages de Lom Pangar, Memvelé, Mékin, Nachtigal, etc.) et des transports (port en eau pro-
40
Dans le cadre du Plan de relance et de Développement des filières cacao et café, ilest prévu la création de 60 000 hectaresde caféiers robusta et 35 000 hectares decaféiers arabica pour atteindre les objectifs de production escomptés à l’horizon 2020
CAMEROUN EMERGENT- N°01|Septembre-Octobre 2018
fonde de Kribi, autoroute Yaoundé-Douala, autoroute KribiLolabé, autoroute Yaoundé-Nsimalen, etc.), l’économie camerounaise va subir, dès fin 2015, les effets négatifs de la baisse généralisée des prix des matières premières sur lemarché international. Et de la naissance d’un nouveau front d’insécurité sur le territoire, avec le déclenchement des tensions dans les deux régions anglophones, dès octobre 2016. Mais, le pays, grâce à un tissu économique plus diversifié que celui des autres pays de la
Cemac, fera montre d’une remarquable résilience. Pour preuve, alors que la croissance économique dans cet espace communautaire culmine à -0,1% en 2017, le Cameroun, lui, affiche 3,2%. Le FMI met cette bonne tenue de l’économie camerounaise face aux chocs exogènes et endogènes, sur le compte de la légère embellie observée autour des prix des matières premières en 2017. De leur côté, les analystes de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) et de la Banque
La relance des grands travaux structurants, un bon indicateur de croissance
africaine de développement (BAD) y voient respectivement les retombées palpables d’une politique budgétaire plus efficiente de la part du gouvernement (élargissement de l’assiette fiscale, réduction du train de vie de l’Etat, etc.), et les premiers bénéfices du vaste programme d’infrastructures lancé dans le pays dès l’année 2012. Des infrastructures qui permettent, non seulement de booster les activités économiques dans le pays (mise en service du port en eau profondede Kribi depuis mars
2018), mais aussi et surtout, selon la BAD, d’ouvrir à environ 2 millions de Camerounais supplémentaires, les voies d’accès à l’électricité (et de l’améliorer pour les entreprises) en 2018. Année au cours de laquelle le taux de croissance du PIB du pays est unanimement projeté à 4,1% par le gouvernement, le FMI et la BAD. « Nous prévoyons que la croissance du PIB réel atteindra en moyenne 4,6% en 2017-2020, portée par la mise en œuvre de vastes projets d’infrastructures tels que le port en eau profonde de Kribi, la centrale
électrique de Lom Pangar et d’autres projets routiers et de barrages. Nous anticipons un bond de la production gazière en 2018, suite à la mise en route du terminal flottant de gaz naturel liquéfié » de Kribi, soutient de son côté l’agence de notation américaine Standard & Poor’s (S&P), dans une note d’analyse sur l’économie camerounaise publiée le 13 octobre2017. 7.
Brice R. MBODIAM
EMERGING CAMEROON - N°01|Septembre-Octobre 2018
41
BUSINESS CLIMATE
CAMErOOn BuSInESS FOruM
Le secteur privé au cœur de la stratégie Initiée en 2006 après le constat de la détérioration du climat des affaires liée à la crise économique, la plateforme a relancé le dialogue entre le secteur public et privé. Les résultats sont visibles aujourd'hui.
L
e Cameroun a atteint son point d’achèvement de l'initiative pays pauvre très endetté, en avril 2006, après des années de crises qui l’a conduit vers des programmes d'ajustement structurel, sous l’égide du Fonds monétaire international (Fmi). Au cours des dites périodes d’ajustement, le Cameroun vile Cameroun vivait sous contrainte et a été obligé de prendre des mesures drastiques pour soutenir son économie. Il y a eu un retour progressif à la normale et à la libéralisation des échanges. Mais, l’environnement des affaires ou « climat des affaires» ne s’est pas amelioré. Pourtant le secteur privé est un vecteur de croissance. Devant les plaintes des opérateurs économiques de ce secteur, qui réclament leur implication dans la prise des décisions économiques, le Cameroun a mis en place le “Cameroon Business Forum”(CBF). Créé en 2006 par le gouvernement avec le soutien de la société financière internationale(SFI), un guichet de la Banque mondiale spécialisé dans l’accompagnement du secteur privé, le CBF devient opérationnel en janvier 2009. Selon les experts, il s'agit d'un cadre, un mécanisme de dialogue public—privé visant l’amélioration « du climat des affaires ». Ceci passe par un «ensemble des condi-
42
CAMEROUN EMERGENT- N°01|Septembre-Octobre 2018
tions politiques, légales, institutionnelles et réglementaires qui régissent les activités des entreprises ». Le DCED ( Department of Community and Economic Development) classe le climat des affaires comme
« un sous-ensemble du climat d’investissement comprenant les mécanismes administratifs et les dispositifs de mise en application par lesquels est mise en œuvre la politique du gouvernement, ainsi
que les accords institutionnels qui influencent la manière d’agir des acteurs clés (agences gouvernementales, autorités de réglementation, organisations professionnelles, etc.) ». Malgré le temps et la complexification de l’économie mondiale, le Cameroun business forum est resté dans sa logique. A savoir promouvoir un dialogue public-privé efficient, lever les obstacles liés au monde des affaires, en appliquant les réformes adoptées en vue d’encourager le secteur productif, d’accélérer l’élaboration des réformes. Celles-ci visent à améliorer le climat des investissements et le rang du Cameroun dans le classement du rapport Doing Business ou autre agence de notation, à favoriser le développement des investissements locaux comme étrangers au Cameroun. Le dialogue entre le public et le privé se fait autour de certaines valeurs dont l’équité et l’obligation de rendre compte, l’in-
tégrité et l’impartialité, l’efficacité et le professionnalisme et l’esprit d’équipe et de partage. CBF, se réunit une fois par an, en début d’exercice fiscal, comprend une organisation à deux niveaux à savoir le forum annuel, organe supérieur
du CBF présidé par le Premier ministre et le Secrétariat permanent qui assure la gestion et la coordination générale du suivi de la mise en œuvre des recommandations. Antony DAKA
EMERGING CAMEROON - N°01|Septembre-Octobre 2018
43
BUSINESS CLIMATE
ClIMAt DES AFFAIrES
Les bons points du Cameroon business forum Sur 150 recommandations formulées par cette plateforme de dialogue, 130 ont abouti à des résolutions. Les efforts du gouvernement pour renforcer le secteur privé, moteur de la croissance, sont alors visibles.
L
e climat des affaires s'est beaucoup amélioré au Cameroun depuis la mise en place du Cameroon Business Forum. Pour preuve, l’évolution du classement du Cameroun au Doing Business. Au départ en 2010, il occupait la 173ème place. Du fait des résolutions et des recommandations formulées au terme des rencontres du CBF, le Cameroun se retrouve à la 168ème place en 2018, soit un gain de 10 rangs. En huit ans, sur plus de 150 recommandations formulées, près de 130 ont été solutionnées au grand plaisir des chefs d'entreprises. Toutefois le gap de 20 recommandations trouvera une solution dans les jours à venir puisque le gouvernement y travaille. A terme, les transactions entre acteurs du secteur privé et le gouvernement, se trouveront consolidées. D'autant que les mesures mises en œuvre pour améliorer le climat des affaires concernent plusieurs domaines : la création d’entreprises avec l'allègement des procédures et la mise en place des guichets uniques. Il était aussi question de réduire la durée de création des entreprises de trois mois à trois jours, d'où la mise en place des centres de formalités pour la création des entreprises. Aux côtés de celui-ci, le gouvernement a mis en place des mesures d'incitation aux investissements privés, notamment dans la loi de finances et d'autres textes afin d’accorder des facilités fiscales aux petites et moyennes entreprises. Ces mesures concernent le paiement des taxes par le biais des centres de gestion des impôts de Douala et
44
de Yaoundé. Ces Pme bénéficient alors d'une réduction de près de 50%. Le but est de les encourager à sortir de l'informel et de la clandestinité. De même, la Direction générale des impôts a institué un identifiant unique et a étendu aux Centres des Impôts des Moyennes Entreprises (CIME) la plateforme de télé-procédures fiscales et parafiscales. Le paiement électronique est aussi en vigueur au niveau de la CNPS à travers des
CAMEROUN EMERGENT- N°01|Septembre-Octobre 2018
conventions signées avec des opérateurs de téléphonie mobile. Avec la mise en place des services bancaires électroniques, les entreprises peuvent payer leurs taxes dans les banques locales. Ce dispositif permet aux chefs d’entreprises de gagner du temps et de l’argent. Dans le domaine des échanges commerciaux transfrontaliers, grâce à l’opérationnalisation du guichet unique électronique des
CBF 2018:23 résolutions pour améliorer le climat des affaires
opérations extérieures(e-GUCE), les délais et coûts de passage sont réduits. Il faut noter l’élaboration d'un schéma directeur de développement de la place portuaire de Douala et la révision à la hausse des barèmes applicables. L’accès à la propriété foncière sécurise les infrastructures des entreprises. Dans le même registre, le CBF a permis l'élaboration d’un texte relatif aux modalités d’enregistrement, au régime des suretés et aux garanties sur les concessions et baux domaniaux, la finalisation de la réforme foncière et du plan cadastral numérisé des villes de Douala, Yaoundé, Garoua et Maroua. L’Etat a aussi mis en place un système intégré de gestion des actes d’urbanisme à Douala et a réalisé les études en vue de l’élaboration d’un texte relatif à l’harmonisation des coûts des actes d’urbanisme. S'agissant de la promotion des investissements et du développement de zones industrielles, des textes de loi ont été promulgué par le chef de l'Etat. Notamment celui sur l’affacturage. Pour les enregistrements des biens immobiliers, des guichets de traitement uniques ont ouvert leurs portes à Douala et Yaoundé. Avec ce guichet, en cours pour leur extension aux huit autres régions, le temps et les coûts d’enregistrement des biens immobiliers sont réduits. Antony DAKA
A l’issue des travaux de la 09ème édition du Cameroon Business Forum (CBF) qui s’est tenue à Douala, les secteurs public et privé ont retenu 23 recommandations visant à améliorer le climat des affaires. Les domaines concernés par ces résolutions concernent la création d’entreprise, le permis de construire, l’accès à l’électricité, le transfert de propriété, le commerce transfrontalier, le règlement des différends commerciaux, l’inspection des établissements classés, le paiement des impôts et la gouvernance.
• Création d’entreprise -Etendre l’application mybusiness.cm à Bafoussam, Bamenda, Ebolowa (MINPMEESA - Juin 2018) ; - Informatiser le processus de délivrance des RCCM dans la TPI à Yaoundé, Douala et Garoua, y compris en créant un lien avec l’application mybusiness.cm (MINJUSTICE - Septembre 2018) ; - Mettre en place un dispositif de suivi de l’enregistrement des artisans dans les commerces et des apprenants dans CFCE (MINPMEESA/MINDDEL/APME - Septembre 2018). • Permis de construire - Opérationnaliser le système intégré de délivrance des actes d’urbanisme à Douala (MINDHU/CUD - Juin 2018) ; -Réglementer la dématérialisation des actes d’urbanisme, notamment par un texte mettant en place le guichet unique et y faire apparaître les attributions des différents acteurs concernés (MINDHU - Juin 2018) ; - Imposer un engagement décennal pour les professionnels de la construction archi-
tectes/ingénieurs agissant comme maîtres d’oeuvre (MINDHU/Ordre des architectes/ Ordre des ingénieurs - Juin 2018). • Accès à l’électricité - Etendre la phase pilote de STADA (mesure des flux d’énergie) dans la distribution aux autres postes de distribution et de répartition de Douala (MINEE/ENEO). • Transfert de propriété - Mettre en place à Douala et à Yaoundé, un bureau de l’enregistrement dans les conservations foncières en mutualisant les formalités d’enregistrement fiscal et foncier se déroulant au même endroit (MINDCAF/MINFI – Septembre 2018) ; - Simplifier les procédures, notamment en supprimant la mise à jour de la carte de contribuable dans SYDONIA et en rallongeant la durée de validité de la déclaration comme exportateur en la portant de deux à cinq ans (CONAFE/MINFI/DGD/APECCAM – Août 2018).
EMERGING CAMEROON - N°01|Septembre-Octobre 2018
45
BUSINESS CLIMATE
CBF 2018:23 résolutions pour améliorer le climat des affaires
• Commerce transfrontalier - Opérationnaliser le point de contrôle unique des marchandises à la sortie du PAD (PAD/DGD/FMO – Juin 2018) ; - Mettre en place un système mobile de paiement sur la plateforme e-Guce (MINCOMMERCE/GUCE – Juin 2018). • Règlement des différends commerciaux - Initier la création des tribunaux de commerce et autoriser la création des tribunaux pilote à Douala, Yaoundé, Buea et Bamenda (MINJUSTICE –Sept 18) - Imprégner le corps judiciaire tout en entier à la pratique du pacte commissoire dans cadre de la gestion des suretés mobilières (MINJUSTICE –Sept 18) - Initier les pratiquants du droit à l’usage des modes alternatifs de règlements des litiges en application du nouveau texte adopté par l’OHADA sur l’arbitrage et la médiation (MINJUSTICE –Sept 18) • Inspection des établissements classés - Finaliser la révision de la loi sur les établissements classés (MINEE/SANTE/MINTOURL/MINEPDED – Décembre 2018). • Paiement des impôts - Mettre en place le délai de paiement au profit des grandes et moyennes entreprises (MINFI – Juin 2018) ; - Introduire le paiement en espèces comme modalité de règlement des impôts et taxes auprès des guichets des banques (MINFI – Juin 2018) ; - Automatiser la délivrance de l’Attestation de non redevance pour les entreprises relevant
46
CAMEROUN EMERGENT- N°01|Septembre-Octobre 2018
de la DGE et des CIME (MINFI – Juin 2018) ; - Instituer le timbre fiscal électronique pour les formalités en ligne (MINFI – Juin 2018) ; - Mettre en place un système itératif de suivi en ligne des demandes de remboursement des crédits de TVA (MINFI – Juin 2018). • Gouvernance - Finaliser l’application informatique de programmation des marchés publics (MINMAP – Septembre 2018) - Elaborer un Livre blanc pour appuyer le développement du secteur privé (Plateforme secteur privé – Septembre 2018) ; - Elaborer une Charte nationale de la petite et moyenne entreprise (Plateforme secteur privé/MINPMEESA/MINEPAT – Septembre 2018). Autres recommandations - Arrimer les normes nationales aux standards internationaux afin de renforcer les capacités des entreprises à se déployer sur les marchés internationaux en général et transfrontaliers en particulier (MINMIDT/ANOR - Juin 2018) ; - Finaliser le processus devant aboutir au marquage de conformité des biens et produits référencés (MINFI/DGD - Juin 2018) ; - Mettre en place un dispositif efficace pour lutter contre le commerce illicite, la fraude et la contrebande, dans l’optique d’une meilleure protection de l’espace économique national (MINCOMMERCE/MINFI - Juin 2018) ; - Accélérer la phase de repositionnement de la BC-PME à travers sa recapitalisation et la mobilisation des ressources longues, dans le but de permettre un financement approprié des PME (MINPMEESA/MINFI - Juin 2018) ; - Accélérer le processus de traitement de la dette intérieure de l’Etat (MINFI - Juin 2018).
INVESTISSEMENTS
PrOJEtS à FInAnCEMEnt EXtérIEur
Convergence de vue entre le gouvernement et ses partenaires En participant à la première Conférence de programmation des décaissements desdits projets sur la période 2019-2021, ils ont échangé sur les crédits relais, la planification, la réduction des Sommes Engagées Non Décaissées (SEND'S) et le plafonnement des décaissements. Les ministres des Finances (Minfi), de l’Economie, de la Planification et de l'Aménagement du Territoire (Minepat), le Représentant résident du Fmi, la Directrice des opérations de la Banque mondiale et le Directeur général de la Caisse autonome d'amortissement (Caa) reprécisent les enjeux de ces travux. Regards croisés.
EMERGING CAMEROON - N°01|Septembre-Octobre 2018
47
INVESTISSEMENTS Alamine Ousmane Mey (Minepat)
Louis Paul Motaze (Minfi)
« La qualité du portefeuille se mesure à beaucoup de choses, comme le taux de décaissement » Le plus grand déficit dans ce que nous faisons concerne la communication. Le décaissement est défini comme un critère positif puisque la qualité du portefeuille se mesure en beaucoup de choses, comme le taux de décaissement. Mais, nous allons vers une situation où on nous dit que nous décaissons trop. Auparavant on nous disait que nous ne décaissions pas assez. Nous devons savoir ce qu’il faut faire ou alors ce sont les partenaires qui vont accepter de décaisser moins. Je crois qu'au niveau du Comité multibailleur présidé par le Secrétaire général du Minepat, cette discussion peut amener les uns et les autres à comprendre qu'il ne faut pas avoir un fétichisme sur un certain nombre de données. Et que certaines données, si elles sont bien expliquées, peuvent être acceptées même au niveau de la hiérarchie du Fmi. C'est le premier exemple. Le deuxième exemple concerne le crédit relais qui gonfle le montant des engagements. Et, l'une des solutions est de dire que des entreprises aillent s'endetter elles-mêmes. Mais certaines entreprises ne peuvent pas pour des raisons évidentes. Dans ce cas, qu'est ce qu'on fait ? C’est une solution qui peut avoir plus de mal que le danger lui-même. Je pourrais comprendre, avec ce cas particulier, que l’Etat n'est pas en train de se surendetter.
« On ne doit pas considérer les décaissements comme un dérapage » L’une des solutions préconisées est d'envoyer les entreprises sur le marché financier. Mais, il faut reconnaître que plusieurs entreprises n'ont pas la capacité d’y aller à cause du niveau de leur fonds propres. La dynamique de réflexion et d'amélioration nous amène à penser au Mp3. Un terme informatique qui veut dire mieux planifier, mieux programmer, mieux prévoir. Nous le réalisons dans l'optique d'utiliser au mieux les financements extérieurs qui sont disponibles. On ne doit pas considérer les décaissements comme un dérapage. La performance des décaissements ne doit pas être aussi sanctionnée à première vue, elle doit être régulée pour permettre à l’Etat au plan macroéconomique de respecter ses engagements afin de satisfaire ses objectifs de développement. Si nous nous endettons c'est pour décaisser et financer les projets. Et si nous ne décaissons pas cette dette nous perdons tous : le bailleur, l’emprunteur et les populations. Le bailleur n'aura
Kadima Kalonji (Représentant résident Fmi)
« Le Fmi n’est pas contre les décaissements » Notre soucis réside au niveau de la programmation de desdits décaissements qui financent une dépense. Lorsqu'on accélère les décaissements, cela entraîne l’accélération des dépenses en capital, dont les dépenses d'investissement. Dans ce cas il devient difficile de respecter le solde budgétaire qui va créer un problème au niveau de la gestion. Une meilleure programmation peut nous prémunir de ce problème. Il faut des procédures pour réduire certaines autres dépenses.
48
CAMEROUN EMERGENT- N°01|Septembre-Octobre 2018
L'autre chose concerne le niveau des crédits relais à la faveur des entreprises publiques qui ont des difficultés. Dans le cadre technique, cela veut dire que ces entreprises reçoivent des subventions de l’Etat. Si ce crédit relais va au-delà d'un an cela comptera comme un risque pour l’Etat, c'est alors normal qu'on mette cela dans l'endettement général.
pas utilisé la ressource comme il le souhaite. L'emprunteur ne verra pas la ressource financière mais il sera en train de payer les intérêts. Les populations ne bénéficieront pas des infrastructures desdits projets.
Richard Evina Obam ( Dg CAA)
« La CAA a un regard général sur le niveau d’endettement » Nous sommes confrontés à une certaine contradiction entre le plafonnement des décaissements et la réduction des soldes engagés non délaissées. Certes on a très bien perçu qu'il y a des objectifs en termes de solde primaire pour le déficit à atteindre. Mais il y a aussi des objectifs en termes de viabilité de la dette. Nous avons un problème réel au niveau du traitement et la fiabilisation de l'information. Tel que les plafonds sont définis, nous avons l’impression que le cadrage qui en découle n’est pas suffisamment affiné , pour s'appuyer sur les fondamentaux de notre économie. Sinon, on ne se retrouverait pas avec les appels de fonds largement au dessus de la réalité des décaissements. Il est important que les appels de fonds soient fait exclusivement par la CAA qui non seulement a un regard général sur l’endettement mais aussi assure le secrétariat du Comité national de dette publique (CNDP). En termes de partage et d'harmonisation des informations ayant traits aux différents décaissements, les acteurs de la chaine et de la conduite des décaissements peuvent se retrouver pour partager cette information. C'est à ce prix que nous pouvons atteindre nos objectifs.
Elisabeth Huybens (Banque mondiale)
« La Banque mondiale et le gouvernement sont sur le même niveau de discussion » Je voulais juste vous féliciter pour l'exercice de cette Conférence de programmation des décaissements à financement extérieur. Ce que j'ai aimé dans cet exercice est qu'on a constaté une appropriation de notre portefeuille par les services du Minepat, les maîtres d'œuvre, et par la Caisse autonome d'amortissement (CAA). J'ai été impressionnée. Cela met la Banque mondiale et le gouvernement sur le même niveau de discussion. On a reçu une belle liste de notre portefeuille. L’évaluation que vous en avez faite m'a impressionnée et rassurée. Je pense qu'on a d'un pareil à l'autre une bonne connaissance approfondie sur laquelle on peut maintenant se baser pour améliorer sa qualité.
EMERGING CAMEROON - N°01|Septembre-Octobre 2018
49
INVESTISSEMENTS DECRYPTAGE BIP 2018
Embellie dans la gestion des projets à financements conjoints C’est le constat fait au premier trimestre dernier. L’amélioration de la qualité des travaux à réaliser sera également au rendez-vous cette année, avec le renforcement du dispositif de contrôle, y compris après la phase de clôture des projets.
a
la suite des réformes visant à combattre la sous-consommation du Budget d’investissement public (BIP), phénomène qui était en passe de devenir une gangrène depuis quelques années, le taux d’ordonnancement du BIP s’est situé à 84,36% au 31 décembre 2017, contre 77,46% à la même période en
50
Projet de route en cours de réalisation sur le bassin de production à l’Ouest
CAMEROUN EMERGENT- N°01|Septembre-Octobre 2018
2016, soit un gain de 6,90 points. Cette performance est en passe d’être rééditée, sinon d’être améliorée au cours de l’année 2018 courante. En effet, selon la direction de la programmation des investissements publics au ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (MINEPAT), au premier trimestre 2018, le volume global des ordonnancements des
crédits affiche un taux de 23,5%, en progression de 0,7 point par rapport aux 22,8% du premier trimestre 2017. Le volume des engagements, qui s’établit à 24,9%, est quant à lui en léger recul de 0,5 point, par rapport aux 25,4% des trois premiers mois de l’année 2017. A en croire les experts du MINEPAT, une analyse plus affinée de l’exécution du BIP depuis le début de l’année laisse cependant apparaître un « meilleur ordonnancement des ressources externes » qu’internes. Parce que, apprend-on, les projets à financements conjoints inscrits au BIP 2018 ont, pour la plupart, fait l’objet de contractualisation au cours des exercices budgétaires antérieurs. Ce qui permet une exécution plus sereine des différents projets concernés par ce type de financement. Pour rappel, doté d’une enveloppe globale de 1.291,5 milliards de francs Cfa, le BIP 2018 est repassée sous la barre des 1.500 milliards de francs Cfa de l’année 2014. Cette baisse est imputable, apprend-on officiellement, « à la diminution des ressources extérieures de 4,6% par rapport à l’exercice 2017 ». Cependant, afin de préserver les impacts socio-économiques des investissements programmés, explique une source proche du dossier, « le gouvernement a pris des mesures pour
Les travaux du projet d’assainissement de yaoundé phase sur le canal du Mfoundi
Divers travaux du Plan d’urgence trienal pour la croissance en matière de logement socaiux à Bertoua- Ebolowa-Bafoussam et Ngaoundéré
que les ressources transférées aux collectivités territoriales décentralisées et celles nécessaires à l’organisation de la CAN 2019, soient exemptées des coupes ». Par ailleurs, les projets du Planut (Plan d’urgence triennal pour la relance de la croissance), dont les crédits ont été provisionnés aux cours des exercices antérieurs, ne sont non plus impactés par la baisse de l’enveloppe du BIP 2018, qui a inauguré l’ère du renforcement des contrôles des travaux, dans l’optique d’assurer une qualité irréprochable aux projets exécutés. Concrètement, la circulaire signée à cet effet prescrit « plus de rigueur dans l’apposition du visa de conformité des réalisations des projets aux cahiers des charges ; une systématisation des contrôles des réalisations, y compris après la phase de clôture des projets ; une évaluation de la fonctionnalité effective des infrastructures mises à
disposition et des besoins en réhabilitation ou en investissement complémentaire, afin que les projets puissent fournir leur plein rendement ». BRM EMERGING CAMEROON - N°01|Septembre-Octobre 2018
51
FILIÈRE CAFÉ
Le plan de sauvetage du gouvernement Le gouvernement se penche à nouveau au chevet de la filière café qui perd des saveurs.Une baisse de la production menace en effet la production nationale de café. Pourtant au Cameroun cette culture de rente a été l’une des sources principales des devises étrangères requises pour équiper le pays en investissements productifs. Sur le plan social, le café était, pour certaines régions, la source presque exclusive des revenus monétaires des populations rurales. Le café rythmait alors la vie de ces communautés avec un vif intérêt du Minepat Celui-ci en assurait l’encadrement et le 52
CAMEROUN EMERGENT- N°01|Septembre-Octobre 2018
soutien au prix et diverses formes . Malheureusement, la crise économique, la baisse des cours du café et le retrait de l’État pendant ces trois dernières décennies ont sevré les producteurs de toutes ces facilités qui soutenaient l’attractivité du secteur. Retrouver le dynamisme d’antan, redonner aux planteurs et aux acteurs de la filière le goût savoureux de vivre de son activité, avec cette envie de participer activement à la dégustation d’une compétitivité que l’on doit retrouver est la mission du Minepat ces dernières années.
ATOUTS
Le café du Cameroun en dates et chiffres Introduite vers 1884 la culture du café s’accélère véritablement dès 1929 avec l’arrivée d’un Français, M. rené Coste, Ingénieur Agronome, à la tête de la Station Agricole de Dschang La commercialisation des cafés a connu deux étapes : • La stabilisation (ONCPB-UCCAO) 1976 • La libéralisation complète 1994/95 La production moyenne du café est passée d’1 million de sacs de 60Kg en 1960 à 1,7 millions en 1980. Elle va atteindre un plafond de 2,2 millions de sacs en 1986/87. À partir de cette période, on a observé une tendance baissière q ui atteindra les 409 000 sacs en 2015/16.
Pour redonner à la filière café ses lettres de noblesse, un plan de relance a été adopté en septembre 2014.
E
n 1986, le Cameroun occupait le deuxième rang au classement mondial des pays producteurs de café. A cette date, le café était le premier produit agricole d’exportation du pays. Malheureusement, la longue crise économique, survenue vers la fin des années 80, a entrainé un profond désinvestissement dans la filière, du fait du désintérêt des producteurs face à la chute des prix. Cela a entraîné une baisse drastique de la production, contribuant ainsi à réduire la part de
EMERGING CAMEROON - N°01|Septembre 2018
53
ATOUTS POTENTIALITés
cette filière dans la formation du Produit intérieur brut (PIB). Pour donner un souffle nouveau à cette filière, le gouvernement, en synergie avec les organisations professionnelles, a adopté un plan de relance et de développement du café. Etalé sur la période 2015-2020, ledit plan, qui intègre également la filière cacao, s’inscrit en droite ligne de la stratégie globale de modernisation de l’agriculture camerounaise contenue dans la vision nationale de développement à moyen-terme du pays (DSCE). Ce plan se veut la boussole des pouvoirs publics dans la planification et la coordination des actions au profit des deux filières. D’un coût global évalué à 600 milliards de FCFA, la mise en œuvre de ce plan, jugé très ambitieux, prévoit à l’horizon 2020, pour ce qui est de
54
Dans le cadre du Plan de relance et de Développement des filières cacao et café, il est prévu la création de 60 000 hectares de caféiers robusta et 35 000 hectares de caféiers arabica pour atteindre les objectifs de production escomptés à l’horizon 2020
CAMEROUN EMERGENT- N°01|Septembre-Octobre 2018
la filière café, la production de 125.000 tonnes de café robusta (contre 20.000 tonnes en 2015) et 35.000 tonnes de café arabica (contre 3.000 tonnes en 2015). Par cette ambition, les pouvoirs publics entendent passer d’une filière peu développée à une filière professionnalisée, économiquement rentable pour l’ensemble des acteurs, et repositionner le Cameroun sur le marché international. Pour y parvenir, la stratégie de relance de cette filière est centrée autour de trois axes majeurs : l’augmentation du volume de production et l’amélioration de la qualité du café, l’assainissement de la commercialisation interne et la professionnalisation des opérateurs de la filière, puis la conquête de nouveaux débouchés avec un café com-
pétitif. Parmi les mesures visant à booster la production, figurent en bonne place des campagnes de distribution à grande échelle du matériel végétal de qualité (semences à haut rendement) ; la fertilisation, le rajeunissement et la protection des vergers ; l’appui aux opérations post-récolte ; l’encadrement, la formation et la structuration des acteurs ; la facilitation de l’accès aux intrants de qualité (engrais, pesticides) ; l’incitation des jeunes à la caféiculture, etc. (programme New Generation lancé par le Conseil interprofessionnel du cacao et du café, CICC). D’autres initiatives sont entreprises dans le but d’assainir la commercialisation interne et de promouvoir la transformation locale du café. C’est le cas au Minepat, qui, dans le cadre
ATOUTS Graphique 1 : Estimation des parts de la production du café par régions
En terme de rendements... Selon une enquête réalisée en 2015 par l’ONCC, la chute de la productivité est fortement liée au vieillissement des vergers. La même étude montre que la bonne utilisation des engrais couplée à de bonnes pratiques agricoles, sanitaires et phytosanitaires assurent un rendement optimum
de sa politique d’appuis directs au profit du secteur privé productif, accorde des financements aux opérateurs économiques de la filière. Ledit ministère a signé en janvier 2018, avec la société camerounaise Synergie Nord-Sud, basée à Nkongsamba, dans la région du Littoral, un protocole d’accord portant sur un montant de près de 900 millions de FCFA, afin de soutenir cette entreprise dans la modernisation de son appareil de production. Les opérateurs bénéficient également des ressources octroyées par le Fonds de développement des filières cacao et café (Fodecc). La recherche de nouveaux débouchés se fait au travers des campagnes de promotion du « made in Cameroon », tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Au plan national, le CICC a lancé en 2013, en synergie avec le gouvernement, le Festival international du café camerounais (Festicoffee), une rencontre annuelle destinée à sensibiliser le grand public sur la consommation du café local. A côté de ce grand rendez-vous, il a été institué des journées mensuelles de dégustation du café du terroir. Sur le plan international, les torréfacteurs camerounais ne cessent d’aligner des distinctions, grâce à leur savoir-faire dans la transformation d’un café local à la sa saveur particulière et au goût unique, selon les professionnels de la dégustation. Adonis Abondo
Source : ONCC, 2016.
Graphique 2 : Répartition des parts de marchés en terme de café transformé en 2015
Source : ONCC, Données GPAC, 2015
EMERGING CAMEROON - N°01|Septembre-Octobre 2018
55
ATOUTS
CAMPAgnE 2016-2017
Une production en baisse de…18% ! Face au déclin de la filière café, les opérateurs et le gouvernement déploient diverses stratégies pour inverser la tendance baissière.
L
es statistiques de l’Office national du cacao et du café (ONCC) publiées le 4 avril 2018 à Yaoundé sont claires : la production caféière 2016-2017 au Cameroun a culminé à 20.270 tonnes. Elles révèlent une baisse 18% par rapport aux 24.500 tonnes produites au cours de la campagne 2015-2016. Ce volume de production est surtout la 2ème plus mauvaise performance réalisée par les producteurs locaux au cours des cinq dernières campagnes, après les 16.142 tonnes de 2012-2013, saison qualifiée par les acteurs de la filière de la plus mauvaise «des 50 dernières années ». Interrogés sur les raisons du déclin observé de la filière café au Cameroun depuis quelques années, en dépit des mesures de relance prises aussi bien par les opérateurs que le gouvernement, les experts locaux évoquent moult difficultés. Notamment l’indisponibilité des plants, l’utilisation de variétés anciennes aux rendements insignifiants, la cherté des engrais, le vieillissement des plantations et des planteurs, mais surtout la désaffection des producteurs du fait des prix très peu attractifs (à la différence de ceux du cacao), lesquels sont en déphasage total avec le volume de travail requis par l’activité de production du café. En dépit de ces vents contraires, l’e-
56
Tableau 1 : Production commercialisée camerounaise des 12 dernières campagnes (En milliers de sacs de 60Kg)
CAMEROUN EMERGENT- N°01|Septembre-Octobre 2018
spoir reste néanmoins permis, soutiennent les acteurs de la filière. Espoir lié au développement des activités de transformation locale. Pour la campagne caféière 20162017, les statistiques officielles montrent que les torréfacteurs camerounais ont transformé 5.609 tonnes de café, en augmentation de plus de 2.000 tonnes par rapport aux 3.424 tonnes transformées au cours de la campagne précédente. Ce regain de la transformation est consécutif, selon le Conseil interprofessionnel du cacao et du café
(CICC), à une augmentation progressive de la consommation locale. « Stagnante depuis une douzaine d’années (2001-2012), la consommation du café, bien qu’encore timide, est tendanciellement en hausse depuis 2012. A ce sujet, une corrélation peut être établie entre ce décollage et l’institutionnalisation de Festicoffee, des journées promotionnelles du café et autres actions de promotion de la consommation du café », sur le territoire camerounais, explique l’Interprofession cacao- café, dans son « Regard syn-
optique de la campagne caféière 2016-2017 ». L’autre espoir vient de l’intérêt que les acheteurs internationaux manifestent toujours pour le café camerounais. Selon l’Office national du cacao et du café (ONCC), au cours de la dernière campagne, le Cameroun a pu étoffer son marché dans le monde, en se frayant neuf nouveaux débouchés. En effet, même si plus de 72% du robusta camerounais a été exporté vers l’Algérie (25,5%), le Portugal (22,9%), l’Italie (13,2%) et les EtatsUnis (10,4%), cette variété a également aguiché des acheteurs de six
nouveaux pays. Il s’agit, indique l’ONCC, du Danemark, de la Géorgie, des Pays-Bas, d’Israël, de la Pologne et de la Turquie. Dans le même temps, l’arabica local a pu, pour la première fois, s’attirer les faveurs des acheteurs polonais, suisses, croates et indonésiens ; bien que 77,8% de la production ait été exportée vers quatre pays : la Russie (27,6%), l’Allemagne (25,7%), les Etats-Unis (13,1%) et l’Indonésie (11,4%). L’espoir se trouve enfin dans la batterie de mesures de relance prises par l’Etat et les acteurs de la filière. Ici, le projet Pur-café, mis en place
par le CICC afin de booster la production des semences est cité en bonne place. Sur ce volet, l’interprofession cacao-café compte sur un partenariat avec la Côte d’Ivoire qui met déjà au service de la filière camerounaise sa longue expérience. Les regards sont également tournés vers le gouvernement, qui implémente depuis l’année 2015, un ambitieux plan de relance des filières cacao-café, qui coûtera 600 milliards de FCFA. Bernard BANGDA Et Brice R. MBODIAM
EMERGING CAMEROON - N°01|Septembre-Octobre 2018
57
ATOUTS
AgrO InDuStrIE
Dans les arcanes de la production caféière En plus d’être l’un des piliers de l’économie camerounaise, la filière est une véritable niche d’opportunités et ce, sur l’ensemble de la chaîne de valeurs. Tableau 1 : : Distribution des exploitations caféières
L
e Plan Directeur d’Industrialisation (PDI) est l’un des instruments qui permet de mieux cerner la place du café dans le développement économique du Cameroun. Selon ce document, la filière café constitue l’un des piliers essentiels pour le développement de l’agro industrie au Cameroun. Introduite au Cameroun en 1884 par les Allemands, c’est vers les années 1925-1926 que la culture du café va connaître une extension sans précédent avec la rétrocession des plantations aux nationaux. Les zones de production du café sont notamment, les régions de l’Ouest et du NordOuest, du fait des terres volcaniques, noire, riche en humus et l’altitude. Ces zones sont particulièrement favorables à la culture de l’Arabica. Le Robusta (95% de la production camerounaise) se trouve davantage dans le Sud du pays, notamment dans le bassin du Moungo (Régions du Littoral, de l’Ouest et du Sud-ouest), et dans le Département du Haut-Nyong (Région de l’Est). Dans les terres plus basses, les pluies fréquentes et le sol fertile sont propices à la culture du Robusta de type Java. La campagne caféière, assurée par le ministère du Commerce, va d’octobre à septembre pour le Robusta, avec une période de récolte qui s’é-
58
CAMEROUN EMERGENT- N°01|Septembre-Octobre 2018
Tableau 2 : Production caféière ( En milliers de sacs de 60 kg)
tale de novembre à février, et de décembre à novembre pour l’Arabica. Les petites exploitations, inférieures à 3 ha, constituent la quasi-totalité des structures de production du café au Cameroun. Par ailleurs, la production de café tourne autour de 40 000 tonnes, à 95 % de Robusta.
L’ambition du gouvernement est de la portée à 160.000 tonnes en 2035. En termes de débouchées, les données officielles indiquent que plus de 90% de la production nationale est exportée vers l’Europe, l’Amérique, l’Asie et l’Afrique. Junior Matock
Une niche de métiers
FILIÈRE CAFÉ :
Dans un contexte de diversification de l’économie, la filière café offre une panoplie de métiers et d’opportunités d’emplois. Le café est une culture à forte intensité de main-d’œuvre. Selon le Conseil Interprofessionnel du cacao et du café, on dénombre environ 400 000 producteurs qui cultivent le café sur 140 000 hectares. Au total, environ 1 million de personnes dont les femmes y sont impliquées, directement ou indirectement. De manière détaillée, la chaîne de valeurs de la filière café est longue et diversifiée. On y retrouve des producteurs (400 000 ménages représentant environ 2,8 millions de personnes), les usiniers qui représentent 10 000 emplois directs et indirects et qui font vivre environ 70 000 personnes. Ceux qui sont en charge de la transformation et de la distribution : 1 000 emplois directs et indirects, qui font vivre environ 7 000 personnes. De même, le volet contrôle
de la qualité et le traitement phytosanitaire représente environ 1 000 emplois directs et indirects et fait vivre environ 7 000 personnes. La conjugaison de ces forces permet au Cameroun d’être le 6ème plus grand exportateur africain de café et le vingt-deuxième plus grand producteur au monde. Les variétés cultivées sont de type Java et Blue Mountain. D’ailleurs, le café camerounais a remporté des prix sur la scène internationale à l’exemple du 1er concours international des cafés torréfiés à l’origine de l’AVPA Paris 2015. Seul bémol à la filière, les plantations sont vieillissantes et l’âge moyen du producteur de café en 2016 est estimé en moyen à 61,5 ans. . Junior Matock
Graphique 2: Estimation des parts sectorielles dans le total des emplois crées dans la filière café
source:stratégie de développement des filières cacao-café 2009
EMERGING CAMEROON - N°01|Septembre-Octobre 2018
59
ATOUTS OPPORTUNITés AIMé nJIAkIn Le Président Directeur Général de Synergie NordSud nourrit de grandes ambitions pour la relance de la filière.
D
ans la famille d’Aimé Njiakin, le directeur général de la société Synergie Nord-Sud, la culture et le souci de la transformation du café se transmettent de père en fils. « J’ai pris la résolution de créer l’entreprise Synergie NordSud, spécialisée dans la transformation et la commercialisation du café. En réalité, deux questions m’ont longtemps perturbé. A savoir : pourquoi ne pas transformer ce que nous produisons ? Mais aussi : pourquoi ne pas consommer ce que nous transformons ? C’est la réponse à ces deux questions qui m’a amené
60
“Transformer du café,ma passion!” CAMEROUN EMERGENT- N°01|Septembre-Octobre 2018
La société camerounaise Synergie Nord Sud a pu acquérir une unité de torréfaction plus performante qui lui permet d’accroître sa capacité de production, d’une tonne/heure à 4 tonnes/h. Selon Aimé Njiakin, le promoteur de la SNS, cette modernisation de l’outil de production fera de l’entreprise, le leader de la transformation du café au Cameroun. L’objectif, d’ici trois ans, est de transformer 7000 tonnes de café par an. Ce qui va générer environ 500 emplois directs et 6600 emplois indirects.
à murir le projet de mon retour au Cameroun, en tant que fils du Moungo, nourrit des fruits du café, afin d’apporter ma contribution à la relance de cette filière si chère à mon cœur », explique-t-il. En vérité, le promoteur de Synergie Nord-Sud a passé 40 années de sa vie à sillonner les couloirs des usines de décorticage et de torréfaction, à l’instar de l’ex-société Tzouvelos, à laquelle son père a consacré toute sa vie professionnelle. Mais, cette fois, il s’agit de faire mieux que son père. Après avoir passé 30 ans en Europe, Aimé Njiakin a décidé de venir lancer son business dans son Moungo natal. « Le rêve est devenu une réalité grâce à la conjugaison de deux facteurs : d’une part, la société Tzoulevos, leader au Cameroun était à vendre, et d’autre part, le gouvernement camerounais avait entrepris de mettre sur pied de nombreuses initiatives visant à encourager les Camerounais vivant à l’étranger », se souvient cet opérateur économique de 55 ans. C’est ainsi que naît la société Synergie Nord-Sud, en 2006. En 2016, elle a réalisé un chiffre d’affaires de 491 millions de FCFA, pour une production de 1.510 tonnes de café décortiqué, 1.750 tonnes de café usiné et 450 tonnes de café torréfié. Pour développer ses activités, Aimé Njiakin a bénéficié, le 26 janvier 2018, d’un appui financier direct du gouvernement camerounais (ministère de l’Economie), d’un montant
de près de 900 millions de FCFA. L’impact de cet appui sur l’économie caféière au Cameroun sera remarquable, d’après le directeur général de Synergie NordSud. Dans la mesure où il permettra de créer environ 5.000 emplois directs et 6.000 emplois indirects, de combattre l’exode rural chez les jeunes, de stabiliser sur le long-terme le prix au producteur, lui permettant ainsi de mieux organiser son activité agricole et de vivre décemment. Cet opérateur économique est d’autant plus fier de son activité qu’il se réjouit de la réappropriation du café du terroir par les Camerounais, qui ne font pas piètre figure sur le marché international des cafés torréfiés. Il salue, par ailleurs, les stratégies mises en place par l’Etat, dans le but de mieux encadrer la transformation locale du café, notamment le renforcement des capacités des opérateurs, l’exonération de la redevance pour le café torréfié, l’octroi de facilités fiscalo-douanières aux investisseurs engagés dans la transformation locale des matières premières. A travers ces différentes mesures, Aimé Njiakin estime que l’ambition de produire 7000 tonnes de café torréfié dans le bassin du Moungo, dans les cinq années à venir, est non seulement réaliste, mais aussi réalisable. Adonis ABONDO
EMERGING CAMEROON - N°01|Septembre-Octobre 2018
61
TERROIR OPPORTUNITés ChéChIA
Dans les coulisses de la fabrication Disponibles sur le marché sous plusieurs noms : Zanabouka, Dabanga, Orande, entre autres, la fabrication de cet objet d’intégration des peuples est une activité économique incontestable.
L
e port du bonnet, plus connu sous le nom chéchia, n’est pas un phénomène nouveau. Il date d’ailleurs de plusieurs siècles. Alors qu’il faisait partie du style vestimentaire des peuls et autres haoussas, la chéchia a fini par s’imposer dans la mode. Entrainant dans la mouvance les peuples issus d’autres aires culturelles. Il y en a de plusieurs types : Zanabouka (petit et grand modèle), Dabanga, Oulou, Ministre, Orande, Tangram, Marafia, etc. « Ces trois derniers types, en plus du Zanabouka, sont désormais fabriqués au Cameroun, tandis que le reste est importé du Nigéria», informe Abba, vendeur de chéchia au L’activité de fabrication et de production est pratiquée le plus dans les régions septentrionales – Maroua et Garoua plus précisément. Le métier a un nom : « Sanaha ». La technique de fabrication se transmet de génération en génération et peut se faire soit à la main ou alors avec une machine.
quartier Briqueterie à Yaoundé informe Abba, vendeur de chéchia au quartier Briqueterie à Yaoundé. Fabrication Au Cameroun, l’activité de fabrication et de production est pratiquée le plus dans les régions septentrionales – Maroua et Garoua plus précisément. Le métier a un nom : « Sanaha ». La technique de fabrication se transmet de génération en génération et peut se faire soit à la main ou alors avec une machine. « C’est une activité qui occupe des familles entières qui, pour la plupart, ne pratiquent que ce métier en plein temps », confie Ishaga Abdou, fabricant de chéchia. Il précise que : « A Maroua, c’est des villages entiers qui s’adonnent à cœur joie à cette activité. Mais, récemment, le phénomène s’est installé dans certains quartiers dits « Haoussa » des grandes villes dites du « Sud Cameroun », Yaoundé, Douala, Bafoussam, etc. C’est d’ailleurs le cas au quartier Briqueterie à Yaoundé ». En ce qui concerne la fabrication des chéchias, Ali, fabricant de ce produit très prisé en période de ramadan, explique les outils nécessaires.
« Il faut disposer du fil français importé plus connu sous le nom de DMC. Du simple tissu coton et d’une aiguille ». Une fois ce matériel acquis, le travail de tissage de ce qui deviendra de la chéchia peut commencer, et se poursuivre pendant trois jours durant, précise notre source. C’est ainsi qu’on obtient, au bout de 72 heures, pour les plus rapides, une semaine voire deux pour les plus lents, soit du Oulou, Orande, Tangram, Marafia ou encore du Zanabouka, en fonction des commandes des clients. Une fois la fabrication terminée, l’étape suivante consiste à donner une forme à ce qui n’était qu’un amas de tissus, parcouru de fils de part et d’autre. C’est à ce moment que des morceaux de bois, en forme de rondelle d’une hauteur d’environ 5 à 7 centimètres, entrent en jeu. Ils sont recouverts de plastique pour éviter tout contact avec la saleté. Ainsi, une fois lavée avec du savon en poudre, la chéchia est séchée, puis trempée dans une bouillie d’amidon cuit dont le rôle est de raidir la chéchia. Ensuite, la chéchia est posée sur le morceau de bois, et la main de l’artisan parcoure la chéchia en la caressant, question de lui donner la forme désirée, explique Ali. Une fois retirée du morceau de bois, la chéchia est repassée pour ressortir l’effet de l’amidon et prête pour la commercialisation. De visu, la chéchia obtenue donne envie de se la procurer. Junior MATOCK r.
62
CAMEROUN EMERGENT- N°01|Septembre-Octobre 2018
ArtISAnAt
La chéchia : un business chic Sur toute la chaîne de valeurs de l’activité de production et de commercialisation
P
our mieux cerner l’impact économique lié à la production et à la vente de la chéchia, il faut scruter la chaîne de valeurs de l’activité. Ainsi, outre la production qui permet aux artisans de se faire des bénéfices de l’ordre de 100 à 150.000 FCFA par mois pendant la période de ramadan, d’autres acteurs intervenant dans la chaîne ne s’en mettent pas moins les poches. On distingue les grossistes, ceux qui nettoient les chéchias après usage, ceux qui les repassent et les commerçants finaux dans les grands magasins. Les grossistes Ils sont ceux qui se rendent au Nigéria pour s’approvisionner afin de venir revendre les chéchias aux commerçants installés dans les villes telles que Maroua, Garoua, etc. Ce sont ceux-ci qui, de l’avis de Mohamed Sali, vendeur, tirent les marrons du feu. Ils réalisent ainsi des bénéfices de l’ordre de plusieurs millions de francs CFA, surtout pendant le mois de ramadan, période au cours de laquelle la demande est exponentielle. Ensuite viennent ceux qui achètent au niveau des villes susmentionnées pour les acheminer dans les grandes villes telles que Yaoundé et Douala. A ce niveau, explique Seydou Malam, autre vendeur, les bénéfices se chiffrent à quelques centaines de milliers de francs CFA.
Les laveurs de chéchias Ils constituent un autre segment de l’activité liée à la chéchia. Ils sont de sorte de pressing presque ambulant. Leur travail au quotidien consiste donc à laver des chéchias déjà portés. Ali intervient à la fois dans la fabrication et le lavage des chéchias. Il dit à ce sujet que le prix de nettoyage d’une chéchia varie en fonction de sa nature. « Pour les zanabouka par exemple, ils coûtent 1000 francs CFA l’unité », explique-t-il. Mais pour les autres types de chéchia, « les prix varient entre 400 francs CFA et 700 francs CFA », poursuit-il. En clair, conclu-t-il, « en période de ramadan, on peut se retrouver avec des recettes de l’ordre de 2500 à 3000 francs CFA la journée », affirme Ali. Cependant, en période morte, les bénéfices baissent drastiquement. Toutefois, argue Mamoudou, autre laveur de chéchia, « certains clients abandonnent leurs chéchias des mois durant sans avoir payé le moindre franc au moment du dépôt », regrette-t-il. Les commerçants Les tenanciers de grandes boutiques font aussi partie de la chaîne de commercialisation des chéchias. Même si l’essentiel de ceux rencontrés disent ne pas se faire beaucoup de bénéfices compte tenu du caractère saisonnier de l’activité. Ils admettent tout de même qu’ils réalisent des ventes variant entre 30 et 50 000 francs CFA par mois. « En
Ali, fabricant de chéchias fier le coeur attaché à son métier
Désignation
Prix
1
Entre 15000 et Zanabouka (grand modèle) 50.000 FCFA
2
Zanabouka (petit modèle)
7000 FCFA
3
Oulou
3000 FCFA
4
Chapeau ministre
4000 FCFA et 5000 FCFA
5
Petit dabanga
Entre 2500 et 3000 FCFA
6
Chapeau simple
1500 FCFA
réalité, il est difficile d’avoir comme activité principale la vente de ces chéchias. C’est pour cette raison que nous préférons avoir d’autres articles dans le magasin pour ne pas subir les contre coups liés à cette activité », reconnaît Idrissa, commerçant. Néanmoins, admet-il, « l’activité peut permettre de résoudre certains problèmes. Il vaut mieux la pratiquer que de rester les bras croisés ». J.M
EMERGING CAMEROON - N°01|Septembre-Octobre 2018
63
TRAJECTOIRE
CélEStIn kAMAnOu tAwAMBA
La réussite au bout de l’audace Élu président de l’Union des patronats d’Afrique centrale (Unipace) le 25 mai 2018, après un plébiscite à la tête du Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam) le 29 juin 2017, à Douala, le président directeur général de la holding Cadyst Invest est un homme ambitieux qui maîtrise l’environnement des affaires en Afrique en général et au Camerounen particulier.
5
5 milliards de Fcfa de chiffre d’affaires. 1200 employés pris en charge. Et des investissements cumulés de 45 milliards de Fcfa ! Célestin Kamanou Tawamba, un magnat de l’agro-industrie, inspire respect et admiration. À 52 ans, l’opérateur économique camerounais, président directeur général d’un conglomérat d’entreprises appelé Cadyst Invest (Panzani, Pasta, Cynpharm, etc.), est à la tête d’une grande fortune. Lui qui, en 2001, bien que gagnant trop bien sa vie, décide, contre toute attente, de se mettre à son propre compte. Ambition matérialisée par la création de la Pasta S.A, une unité de fabrication de la farine boulangère. L’ancien superviseur et directeur administratif et financier, respectivement du cabinet d’audit britannique Ernst & Young (1992-1996) et de l’entreprise d’exploitation forestière Hazim (1996-2001), met à contribution sa grande expérience, pour développer son business. La Pasta, que le monde des affaires ne vendait pas chère la peau, absorbe rapidement le leader du marché d’alors, Panzani. Cette opération lui donne des ailes. Suffisant pour créer, en 2006, la holding Cadyst Invest, pour couronner l’ensemble de ses investissements. Célestin Kamanou Tawamba, dont le rêve est de « faire en sorte que les gens mangent et se soignent avec un dollar par jour », rachète la même année, les anciens laboratoires du groupe français Rhône Poulenc pour développer une entreprise pharmaceutique
64
au nom de Cinpharm, spécialisée dans la fabrication des génériques antidouleurs, antiparasitaires, antipaludéens, antirétroviraux et antituberculeux. Des investissements rendus possibles que grâce à un prêt de huit (8) milliards de Francs CFA contracté auprès de trois établissements bancaires : Commercial Bank of Cameroon (Cbc), Banque internationale pour le commerce et l’épargne du Cameroun (Bicec) et Ecobank. S’il est un trait de caractère qui lui est reconnu, c’est son instinct critique. L’homme n’a pas sa langue dans la poche et profite de toutes les occasions pour faire valoir ses points de vue sur les grands sujets économiques de l’heure. Ainsi, de l’accord de partenariat économique (APE) conclu en 2009 entre le Cameroun et les 27 pays de l’Union européenne, Celestin Kamanou Tawamba y voit une menace à même defreiner la dynamique de développement de la holding Cadyst Invest. Il parle même « d’une escroquerie économique », qui va « réduire le Cameroun à un comptoir d’importations. C’est l’arme de destruction massive des entreprises camerounaises ». Au lieu de l’Union européenne, l’industriel estime que le Cameroun aurait mieux fait de conclure un accord plus fructueux avec le Nigéria, un de ses plus proches voisins qui présente un marché intéressant. « C’est avec le Nigéria que nous souhaitons avoir des accords de partenariat économique, pas avec l’Union européenne parce qu’ils sont loin », déclare-t-il. Malgré ces divergences qu’il ne cache plus
CAMEROUN EMERGENT- N°01|Septembre-Octobre 2018
avec le gouvernement, sur certains points, le patron de Pasta, Panzani et la Société industrielle des produits pharmaceutiques Cinpharm privilégie le dialogue dans les négociations de partenariat public-privé. Cependant, ses coups de gueule répétitifs embarrassent les dirigeants politiques. Le 28 mai 2018, à Douala, à l’occasion de la présentation officielle des réformes fiscales du Gicam au ministre des Finances (Minfi), il n’a pas hésité à citer les différents handicaps qui plombent l’économie camerounaise. Ces difficultés, concernent notamment « l’insuffisance des infrastructures malgré la mise en œuvre récente d’importants projets structurants, l’énergie insuffisante et/ou de mauvaise qualité et d’un coût élevé, une administration lourde et tracassière ». D’autres difficultés ont trait à « l’accès au financement des PME, la concurrence déloyale des produits importés, la fraude et la contrebande, une fiscalité inadaptée et une parafiscalité excessive plus orientée vers la collecte budgétaire que le développement de l’entreprise ». Diaspora Faut-il pour autant se décourager ? « Je ne le pense guère ; loin s’en faut », déclare-t-il le 1er février 2018, à Paris, au cours d’une rencontre avec la diaspora camerounaise de France. L’une des solutions que le Gicam - une association constituée d'entreprises, de syndicats et de groupements professionnelsqu’il dirige depuis le 29 juin 2017 en remplacement
d’André Fotso décédé le 02 août 2016- préconise face à la situation économique actuelle du Cameroun, qui est balloté entre le nouveau programme économique et financier avec le FMI depuis juin 2017, appuyé par une facilité élargie de crédit (Fec) et l’impact négatif sur le budget de l’État des crises sécuritaires qu’il traverse depuis 2014, de travailler de concert avec cette diaspora afin d’attirer les investissments directs étrangers. Les atouts ne manquent pas. Célestin Kamanou Tawamba se veut clair à ce sujet : « la diaspora contribue déjà beaucoup à travers les transferts d’argent qu’elle effectue vers le Cameroun. Selon la société britannique World Remit, en 2015, les fonds transférésont culminé à 1,2 milliards de dollars et la diaspora de France y a certainement contribué pour une large part. Nous savons aussi que notre diaspora est disposée à faire plus dans les investissements directs
Bio Express
Naissance : 1966 2015 : Création de la Société agroalimentaire équatoriale (Biscuiterie) 2008 : Rachat Shipp (Unité pharmaceutique fabrication soluté) 2006 : Création du holding Cadyst Invest et rachat de Cinpharm -(Laboratoire pharmaceutique de fabrication de génériques) 2005-Rachat de Panzani- (marque leader des pâtes alimentaires au Cameroun) 2001 : Créateur et promoteur de la Pasta SA (Unité de fabrication de la farine boulangère et semoulerie) 1996-2001 : Directeur administratif et financier du groupe forestier Hazim 1992-1996 : Auditeur au cabinet Ernst & Young Titulaire d’un Executive MBA et d’un diplôme de 3e cycle en Finances d'HEC Paris, sessions de 2016 et 1992 respectivement, Titulaire d’une Maitrise en audit et contrôle de gestion de l’université de Paris-Dauphine en 1991.
étrangers, mais elle se heurte à un certain nombre de difficultés. Il nous revient donc de conjuguer ensemble nos efforts pour, entre autres, l’avènement d’un environnement propice au développement des affaires ». Le Pdg de Cadyst Invest regrette la situation pour le moins paradoxale de la Côte d’Ivoire qui reste le pays d’Afrique noire francophone où les investisseurs se dirigent naturellement le plus, au détriment du Cameroun dont les Hommes d’affaires et autres bailleurs de fonds connaissent les énormes atouts. Jean Robert FOUDA
EMERGING CAMEROON - N°01|Septembre-Octobre 2018
65
DU MAG AlAMInE OuSMAnE MEY
L’artificier de l’investissement pour stimuler la croissance Il est à la tête du ministère de l’Economie, de la Planification et de l'Aménagement du Territoire depuis le 2 mars 2018. Il doit non seulement mobiliser des financements pour les projets de développement, mais aussi stimuler la croissance et donner davantage corps à la politique gouvernementale de diversification de l'économie.
L
e nouveau patron de l’économie camerounaise, Alamine Ousmane Mey, 52 ans, est considéré par ceux qui l'on connu au ministère des Finances et à Afriland First Bank comme un homme affable, rigoureux et pointu. Il est en première ligne depuis le dernier réaménagement du gouvernement, le 02 mars 2018, au cours duquel il lui a été confié le portefeuille du ministère de l’Économie, de la Planification et de l'Aménagement du territoire (Minepat). Alors, il lui revient maintenant de contribuer à la réalisation d'une croissance économique durable et soutenue, de promouvoir un développement équilibré du territoire national et d’impulser une coopération économique et technique diversifiée. Autant de défis que ce fils du Logone et Chari aura à relever pour apporter sa pierre à la marche du Cameroun vers son émergence à l'horizon 2035, cap fixé par le chef de l’Etat. Ces défis sont en corrélation avec l'un des objectifs du programme économique et financier conclu avec le Fonds monétaire international (Fmi) en juin 2017. Il s'agit du renforcement de la diversification d e s sources de croissance de notre
66
CAMEROUN EMERGENT- N°01|Septembre-Octobre 2018
économie, la consolidation des acquis et en particulier du secteur financier et le raffermissement des conditions permettant au secteur privé de prendre le relais de l’investissement public. De manière pratique, il revient en priorité à cet ingénieur, formé à l’université technique de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, à Aix-la-Chapelle en Allemagne, de parachever la construction et la mise en service des projets de première génération, trouver des financements pour les projets de seconde génération, poursuivre l'amélioration de la coordination des services et d’assurer la bonne mise en œuvre des programmes opérationnels. Alamine Ousmane Mey doit aussi mettre un accent sur la réalisation des infrastructures d’aménagement du territoire et sur la mise en valeur des zones frontalières, entre autres. Né le 26 février 1966 à Kousséri au Cameroun, ce polyglotte affiche un penchant pour la digitalisation des systèmes d'information. Cela lui a permis d’impulser plusieurs réformes au cours de ses six années de magistère au ministère des Finances. Il entre au gouvernement comme ministre des Finances en 2011 après une riche carrière au sein du groupe First Bank. Ce haut commis de l’Etat intègre la CCEI Bank, l'ancêtre d’Afriland First Bank, en 1994 comme analyste de crédits. 10 ans plus tard, Il est nommé Directeur Général de cet établissement bancaire. Il y passera sept ans. . Pascal DIBAMOU
Une exceptionnelle expérience de paix sociale et de stabilité politique du Cameroun en fait un véritable havre de paix. Un Etat dont l’action de régulation est mise au profit de l’investissement privé au cœur du système économique. L’existence d’une charte des investissements au service d’une économie de marché comme mode d’organisation. La loi sur les investissements du 18 avril 2013 vient compléter ce dispositif juridique offrant d’importants avantages fiscalo-douniers.
Des ressources naturelles abondantes, des atouts touristiques importants et des sites exceptionnels classés patrimoines de l’UNESCO. Une économie diversifiée, en expansion continue, présentant un solide tissu industriel, un réseau dense de PME/PMI aptes à la sous-traitance et à la co-traitance.. Des procédures administratives facilitées et simplifiées, avec la déclaration en ligne, la création d’un guichet unique et des Centres de Formalités de Création d’Entreprises.
Une robuste et résiliente trajectoire de croissance économique depuis 2008 (croissance projetée à plus de 4% en 2018).
10
Raisons d'investir au Cameroun
MINISTÈRE DE L’ÉCONOMIE DE LA PLANIFICATION ET DE L’AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
De prestigieuses institutions de formation faisant du Cameroun un des pays de l’Afrique subsaharienne les plus scolarisés avec comme corollaire l’existence d’une main d’oeuvre jeune et qualifiée Des infrastructures de communication et de télécommunication modernes. Une position stratégique unique au cœur du golfe de Guinée avec ouverture conjointe sur la CEEAC et la CEDEAO. Un vaste marché à la portée des investisseurs.
Investir au CAMEROUN
MINISTÈRE DE L’ÉCONOMIE DE LA PLANIFICATION ET DE L’AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
« ...Le Cameroun est-il un bon risque ? Nous le pensons et nous le disons. Le Cameroun a-t-il de l’avenir ? Nous le pensons aussi et nous le disons. C’est pourquoi je vous invite à saisir les opportunités qui se présentent aujourd’hui de participer au développement du Cameroun de demain ». Extrait du discours de S.E.M. Paul BIYA, Président de la République du Cameroun, à la clôture du Forum économique Cameroun-France, le 31 janvier 2013 à Paris.