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Brésil Fragile démocratie brésilienne

L’ancien président brésilien, Jair Bolsonaro, aujourd’hui réfugié aux Etats-Unis, souvent qualifié de « Trump tropical » a marqué son mandat par la violence, le mépris, la corruption, l’appauvrissement de la population et le favoritisme pour les grandes fortunes. Ses partisans ont voulu répéter, le 8 janvier dernier, l’assaut contre le Capitole à Washington par les fanatiques trumpistes contestant l’élection de Joë Biden. Cette fois, c’est à Brasilia, la capitale fédérale, que plusieurs centaines de fascistes brésiliens ont déferlé sur la place des Trois Pouvoir saccageant le Congrès, le Palais présidentiel et la Cour suprême. Une véritable tentative de coup d’Etat visant le nouveau président Lula - investi le 1er janvier - heureusement déjouée. L’apaisement retrouvé durera-t-il ?

Le sale coup contre la fragile démocratie brésilienne n’a rien de spontané. Depuis l’élection serrée de Lula, les fans de Bolsonaro multiplient les manifestations dans tout le pays, surtout devant les casernes, demandant l’intervention de l’armée acquise à l’extrême droite qui reste pour l’instant dans l’expectative. Pour combien de temps ?

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Q uant à la police également largement gangrénée par l’extrême droite, elle a démontré pendant les événements, devant et dans les principales institutions du pays, une discrétion s’apparentant à une complicité coupable.

Les partisans de Bolsonaro arrivés en car, trains et avions depuis plusieurs régions du pays, installés dans des campements autour de la capitale, étaient assurés non seulement du transports mais d’une logistique allant du ravitaillement, des communications et… d’argent de poche. Les premiers résultats des enquêtes, toujours en cours, confirment une organisation inspirée par le « Trump tropical » et un financement de l’opération assuré par quelques riches proches de l’équipe de l’ancien président.

La présidence de Lula ne sera pas un long fleuve tranquille. Il aura à affronter une large partie de l’opinion lui restant hostile, une hiérarchie militaire prête à sortir des casernes, une police souvent corrompue et violente contre les plus faibles, une oligarchie effrayée des atteintes à ses privilèges. Quant aux proches de Bolsonaro, comme sa femme et ses enfants, qui ont allègrement puisé dans les caisses publiques et la carte de crédit présidentiel, des poursuites judiciaires s’annoncent contre ces prédateurs. Dès son installation au pouvoir, Lula a pris des décisions allant à contre-courant de la politique de son prédécesseur : limite de l’usage des armes ; renforcement de la protection de l’Amazonie, la déforestation ayant considérablement augmenté ces dernières années ; arrêt du processus engagé de privatisation de 8 compagnies publiques dont la pétrolière Petrobas et la poste brésilienne ; octroi immédiat de 600 réais, soit environ 111 euros, aux familles les plus pauvres ; augmentation du salaire minimum… Pourtant, Lula devra passer, irrémédiablement, par des compromis, la composition de son gouvernement allant de la gauche à une partie de la droite dont certains de ses représentants n’ont pas, comme on dit trivialement, « le cul propre ». Jusqu’où, au risque de décevoir ses partisans ?

Lula pourra-t-il déjouer les plans de déstabilisation ? Il devrait pouvoir compter sur un soutien populaire massif et déterminé. Dès le lendemain de la tentative de coup d’Etat, des centaines de milliers de manifestants soutenant la démocratie brésilienne sont descendus dans les rues. C’est de cette force-là dont Lula a besoin.

José Fort

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