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Le constat de Grenelle
Des millions de grévistes, des milliers d’usines occupées. Des manifestations rassemblant des centaines de milliers de participants. La France à l’arrêt mais en mouvement. Le gouvernement Pompidou sent que les choses lui échappent. Comme en 1936, avec les accords Matignon, le gouvernement réunit une conférence rue de Grenelle, rassemblant confédérations syndicales et organisations patronales. Cette négociation tripartite débouchera sur un constat (improprement appelé accords alors qu’aucune organisation ne les a ratifiés, la CGT exigeant que cela soit les assemblées de travailleurs qui décident de la suite du mouvement). Après deux jours de négociations intenses ont abouti, à l’aube du 27 mai à une augmentation de 35% du Smig (qui deviendra le Smic en 1970), une augmentation des salaires de 10%, une diminution du temps de travail (le maximum autorisé par la loi passe de 50 h à 48h, avec l’objectif d’atteindre les 40 heures) et la reconnaissance de la section syndicale d’entreprise et du délégué syndical d’entreprise, et le traitement des jours de grève.
Ce constat est jugé insuffisant par la majorité des assemblées de travailleurs.
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La grève continue et s’amplifie même dans certains secteurs.
Un groupe de travail, issu du Grenelle, débouchera sur l’institution de la formation professionnelle continue dans les entreprises de plus de dix salariés.
Dans les faits, l’application des « accords » permet aussi de nombreuses négociations dans les branches professionnelles et la révision des conventions collectives dans un sens plus favorable au monde du travail.
Contrairement à ceux qui, dans le passé, s’opposaient à toute augmentation salariale et à la baisse du temps de travail, les augmentations massives permettent une relance de l’économie et de la croissance.
C’est bien l’action déterminée du mouvement populaire qui a permis ces avancées, quels que soient les aléas de la configuration politique.