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Boite à Outils

Boite à outils

Le lecteur est invité à prendre connaissance des présents éléments qui constituent des notions d’intérêt abordées aux cours du travail de recherche. Bien que non-exhaustive, cette liste permet d’apporter quelques outils nécessaires à la bonne compréhension du propos.

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InstaWorld

Le néologisme « InstaWorld », pour Instantaneity-World, est ici utilisé pour décrire une époque régie par un phénomène de course à l’instantanéité. Ce phénomène, bien que présent depuis plusieurs siècles, connaît un gain d’importance par la mise en place progressives de récentes avancées technologiques. Selon certains auteurs, cette course au temps serait à l’origine de ruptures notables, et ce, dans tous les domaines dont celui de l’architecture. Si la conquête du temps semble devenir notable dès le XIIème siècle au monastère, la période de l’InstaWorld pourrait prendre racine avec la naissance de la société de l’information, et plus précisement avec la découverte de la nano-seconde. Alors, et pour la première fois, la rapidité des échanges dépasse le champ de perception du temps chez l’Homme. Àl’heureoùla durée des échanges se réduit, oùles services de l’information, voire des transports, se jouent de la géographie, on pose la question des répercutions de l’InstaWorld, sur le rapport de l’individu au territoire, à la ville et à l’architecture. Michel Serres, Antoine Picon, Paul Virilio ou encore Etienne Klein, se sont emparés de la notion d’instantané/instantanéité. Ils constitueront un corpus de références 2 . Cependant, d’aucun semble s’être saisis du phénomène pour tenter de proposer une lecture de notre époque et de ses ruptures, c’est pourquoi nous nous permettons d’en proposer un. Nous questionnerons l’avènement de ladite période ainsi que les mutations qu’elle engendre sur les notions d’espace, de temps et d’individu, notamment dans le champ del’architecture,entrehabiteretédifier.L’anglicisme «InstaWorld»sera ici mobilisé pourappuyerlanotiondemondeconnectéoùlalanguedeShakespeareentretientle rôle de traducteur universel.

2 Cecorpusderéférencesestmisenexergueàlafindecetécrit,sousletitredeBibliographie. Elle propose au lecteur une liste alphabétique détaillée des différents ouvrages analysés et cités tout au long de cette recherche.

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Ruptures / Révolutions

Ilnes’agirapasicideretracerscientifiquementl’histoiremêmedesmutations engendrées par le progrès technique, d’autres auteurs ont participés à sa rédaction. Toutefois, au regard des propos tenus par Michel Serres, il s’agira de comprendre ce qui induit le changement de civilisation tant par les révolutions industrielles qui en dessinentlepourtour,queparlesdifférentesrupturesdesnotionsdetempsetd’espace rencontrées au cour de l’histoire de l’architecture. Les mots sont forts et il nous appartiendra de prendre soin à ne pas en abuser. Le terme de mutation constituera, àmultiples reprises, unoutil qui permettrade mesurernotre propos. Les différentes ruptures auxquelles nous ferons écho nous conduiront à la période de l’aprèsguerre,cellequiafaitémergercertainesréflexionsarchitecturalesenrelationavecla technologie émergente, notamment avec la naissance de l’ordinateur et de l’Internet qui ont aujourd’hui pris une place notable dans nos environnements quotidiens. Pour analyser les boulversements introduit par l’évolution de la technique, nous proposerons un cheminement croisé aussi bien rétrospectif que prospectif en appelant certains auteurs qui se sont emparés de ces notions.

Individu contemporain

À maintes reprises, nous utiliserons l’analogie de l’individu contemporain pour évoquerdifférentesfiguresexposéeschezlesauteurs,tellecelleduCyborgchezAntoine Picon 3 , de l’Homo-prothéticus chez Choay 4 , ou encore celle de Petite Poucette, chère à Michel Serres 5 . Le sujet sera discuté au travers du mémoire de recherche grâce à la confrontation des multiples auteurs qui ont caractérisés les nouvelles générations par leurs intimes relations aux outils de l’information et de la communication. Ces jeunes générations issues de la révolution de l’Internet, et bientôt en recherche d’Habiter, constitueront l’une des interrogations de la présente recherche. Ces individus sont au coeur de l’InstaWorld, et constituent, en soit, les récepteurs-acteurs futurs de la pensée architecturale.

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Antoine, Picon, La ville territoire des cyborgs, Ed. Armand Colin, Paris, 2016 Françoise, Choay, Pour une anthropologie de l’espace, Ed. du Seuil, Paris, 2006. Michel, Serres, Petite Poucette, Ed. Le Pommier, Paris, 2012.

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Sociétés du Nord

Il nous est nécessaire d’apporter une mise en garde au lecteur quant à l’utilisation du terme de « société » et de l’ensemble des termes généralistes qui y réfère. Le chemin prit par le travail de recherche portera un cadre d’étude axé sur les territoires des sociétés du Nord, c’est à dire des sociétés dont l’infrastructure technologiqueestsuffisammentdéveloppéepourrencontrerlessituationsquenous mettronsenavant.Bienquecechiffresoitenexpansion,ilnoussembleimportantde rappeler qu’à l’heure actuelle, seule la moitié de la population mondiale peut se dire connectée à l’Internet. Cependant, un pays comme le nôtre comptabilise aujourd’hui 90% de sa population ayant accès à ce service. Au regard de cela, notre terrain d’étude se voudra ethnocentré, notamment sur la ville, bien que nous rejoignons Rem Koolhaas lorsqu’il énnonce dans son livre Etudes sur (ce qui s’appelait autrefois) la ville 6 , à quel point le monde rural constitue un terrain de plus en plus fertile à la recherche. Ceci pourrait faire l’objet d’un travail à venir.

Technologie de l’Information et de la Communication - T.I.C.

L’utilisation régulière de l’acronyme T.I.C. (voir N.T.I.C. pour Nouvelles) fera référence à la notion de Technologie de l’Information et de la Communication, concernant l’ensemble du domaine de la télématique. Nous utiliserons couramment cette expression tout au long du mémoire au croisement entre technique et société. Cette appelation sera principalement énnoncée lors de l’étude des différentes techniques qui permettent aux individus de communiquer, de stocker, d’accéder à l’information, de produire et de transmettre l’information. Par ailleurs la transition linguistique entre technique et technologie sera explorée au sein de notre recherche, elle permettra de se positionner sur l’utilisation abusive de ces deux termes. L’étude de ces outils constituera l’un des enjeux de cette recherche, tant dans leurs utilisations à proprement dite technique que dans leurs implications.

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Rem, Koolhaas, Etudes sur (ce qui s’appelait autrefois) la ville, Ed. Manuels Payot, Paris, 2017.

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Habiter

Étymologiquement, le verbe « Habiter » est emprunté au latin habitare, soit ‘‘avoir souvent’’, non loin du dérivé habitudo, qui deviendra dans la langue française habitude. Il se réfère également à l’action de demeurer, de rester quelque part, d’occuper une demeure. Comme le souligne Thierry Paquot, « le verbe ‘‘habiter’’ est riche, son sens ne peut se limiter à l’action d’être logé, mais déborde de tous les côtés, ‘‘habitation’’ et ‘‘être’’, au point qu’on ne puisse plus penser l’un sans l’autre 7 », c’est en ce sens que nous utiliserons cette notion, soit l’imbrication de l’individu dans la demeure, dans l’architecture, il s’agit ici d’un processus d’action. Cette dernière sera par ailleurs caractérisée par l’utilisation de la majuscule pour en appuyer le sens, voir la nécessité, à la vue de la récurrence d’emplois faite dans les écoles d’architecture, de paysage, et de la profession.

Espace, Temps

Au regard des définitions lexicales de ces deux termes, on peut mettre en complémentarité l’espace, comme un milieu «dans lequel se situe l’ensemble de nos perceptions et qui contient tous les objets existants ou concevables 8 » et le temps commeunmilieu«indéfiniethomogènedanslequelsesituentlesêtresetleschoses et qui est caractérisé par sa double nature, à la fois continuité et succession 9 ». Cette complémentaritéestrendueindissociableparlesscientifiquesquiontassociécesdeux notions sous un concept plus général d’espace-temps, milieu total dans lequel nous évoluons. Cette notion est d’ailleurs bien connue de la branche architecturale, déjà en 1941, Sigfried Giedon publiait Espace, Temps, Architecture 10 , liant art et science dans une branche sémantique commune, histoire hégélienne.

7 Thierry, Paquot, Habitat, Habitation, Habiter, Ce que parler veut dire..., in. Informations sociales n°123, 2005/3, p.49 8 Espace. (s.d.). Dictionnaire en ligne du CNRTL, [En ligne], https://www.cnrtl.fr/espace 9 Temps. (s.d.). Dictionnaire en ligne du CNRTL, [En ligne], https://www.cnrtl.fr/temps 10 Sifried, Giedon, Espace, Temps, Architecture, Ed. Gallimard, Paris, 1978.

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Globalisation / Mondialisation

Nous avons découvert, au sein de notre recherche, un grand débat entre deux notions que l’étymologie rapproche en parfaits synonymes. D’un point de vue linguistique, globalisation ne serait que la traduction anglophone de mondialisation. Pourtant, la tendance viserait à distinguer la mondialisation comme une dynamique d’agrandissement « du champ d’activité des agents économiques, conduisant à la mise en place d’un marché mondial unifié 11 », làoùlaglobalisationcaractériserait plus précisément un phénomène lié à la mutation de la technologie (transport, information et communication). En cela, l’utilisation du terme mondialisation désigne une volonté économique d’escalader les échelles et se faisant de rayonner à l’échelle planétaire, làoùl’utilisationduterme globalisationrendraitcompte d’un état du monde rendu globale par l’émergence et le développement des technologies. Danslesensoùlemémoireveut,avanttoutechose,orienterlaréflexionautourdes rapports entre l’individu, l’espace et le temps au sein du globe issu des mutations technologiques, nous avons choisi d’employer le terme de globalisation afin de limiter toutes tentatives de rapprochement politiques et économiques.

11 Mondialisation. (s.d.). Dans le dictionnaire en ligne Le Larousse, [En ligne], https:// www.larousse.fr/encyclopedie/divers/mondialisation/71051

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« Oui, nous vivons une période comparable à l’aurore de la paideia, après que les Grecs apprirent à écrire et démontrer ; comparable à la Renaissance qui vit naître l’impression et le règne du livre apparaître ; période incomparable pourtant, puisqu’en même temps que ces techniques mutent, le corps se métamorphose, changent la naissance etlamort, lasouffranceetlaguérison, l’être-aumonde lui-même, les métiers, l’espace et l’habitat. »

Michel Serres.

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