N° 42 - JUIN 2016 / SIVAN 5776
CONVERSION : Ils ont choisi de rejoindre le peuple d’Israël ...
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Bureau en France : Directeur Général : Gabriel COHEN levhairmag@gmail.com
PUBLICITE & MARKETING France : ART COM C PUBLICITE Gabriel COHEN : 06 18 98 61 80 Secrétariat : levhairmag@gmail.com Abonnement : 26 euros les 7 numéros Adresse : 19 rue d’Isohard 13001 MARSEILLE 06 18 98 61 80 Rédaction : Sandrine A.Sroussi et Gabriel COHEN Haim ATTIA : Responsable Coeur de ville Internet, N.T R. Sociaux. levhairmag@gmail.com www.levhair.com ISSN : 2103 - 9747 Numéro de Dépôt légal : à parution Editeur : Société ART COM C 13013 MARSEILLE RCS 49058466100014 Directeur artistique : Arfi William Impression : ART COM C : 06 18 98 61 80 ---------------------------Bureau en Israël : Directeur Général : Avraham Azoulay Direction.Lph@gmail.com Secrétariat : Rosy Chouai lph5@bezeqint.net Tel : 972 2-6788720 Adresse : Haoman 24/35 Talpiot - Jérusalem Marketing & Stratégie Vita Green : Tel: 97254-7855770 Lph.vita@gmail.com Rédaction : Guitel Ben-Ishay guitelbenishay@gmail.com site: www.lphinfo.com Visuel de la couverture « Niedermann 014 » : Les enfants de la maison de l’OSE, à Ussac (Corrèze), été 1942. Fonds OSE/CDJC Mémorial de la Shoah. Flashez ce code et lisez-nous en ligne Abonnement : 15€ les 6 Numéros
LEV HAIR & LPH N° 42 • JUIN 2016 - SIVAN 5776
Edito Danse avec les drapeaux Gabriel Cohen,
Avraham Azoulay,
En cette semaine où le monde entier parle de Jérusalem, en Directeur Lev Hair Directeur du Plus Hebdo cette semaine où nous venons de fêter les 49 ans de sa réunification miraculeuse, on est en droit de se demander d’où provient cet intérêt obsessionnel du monde entier envers la capitale juive ? Le nom de Jérusalem n’apparaÎt nulle part dans le Coran, ni ailleurs, mais uniquement dans notre Torah, dans chacune de nos prières et à chacun de nos souffles. Peu importe, le petit lopin de terre sur lequel nous vivons fait partie d’âpres discussions du monde dit éclairé qui s’octroie le devoir de s'en accaparer, de nous en déposséder, un peu plus chaque jour. A Paris on a aussi chanté, certes sous la pluie mais avec tous les drapeaux de la planète. On a ri et dansé en parlant de la terre sainte et on a juste oublié d’inviter à cette conférence internationale, les principaux concernés. En Israël, quand un gouvernement de droite est en place, tout peut arriver, très vite, sous nos yeux, sans même nous laisser le temps de comprendre ni de réagir. On l’a vécu avec le désengagement du Goush Katif, rappelezvous. Oui, seule la droite au pouvoir a signé des traités de ‘’paix’’. La gauche ne s’interpose jamais dans les processus de retraits. Un seul homme politique semble vouloir vraiment s’opposer à ce festival de drapeaux multicolores que l’on veut hisser sur le Golan, la Judée Samarie et même Jérusalem: Naftali Bennett. Il reste totalement contre l’idée d’un Etat palestinien et ne veut pas entendre parler de concessions territoriales. Sa voix minoritaire sera-t-elle entendue par le peuple ? 49e jour du Omer, 49 ans de Jérusalem: de la révélation sons et lumières au Mont Sinaï, jusqu’au grand happening sons et lumières actuel sur les murailles de Jérusalem. Le peuple d’Israël, réuni ce jour-là, prouve toujours et encore, qu’il est profondément lié à cette promesse faite à D. un 6e jour du mois de Sivan, pour se relier éternellement à Lui. A propos de ce peuple magique, je voudrais conclure par la petite histoire émouvante de la famille Haisraeli, qui habite à Ofra dans le Binyamin. Deux ans après la grave blessure de leur fils Yehouda, à la guerre de Tsouk Eytan, le ministère de la défense n’a toujours pas accordé le budget nécessaire pour réadapter la maison de ce soldat à son handicap. Devant l’immobilité des autorités, la famille, soutenue par l'association ‘’Israël Sheli’’ a lancé un appel du cœur au public israélien. La surprise est totale: en quelques heures, 600 000 shekels ont déjà été recueillis, …peut-être comme ces 600 000 âmes présentes lors de Matan Torah… Et voilà que le jour de Yom Yeroushalayim, la barre des 1 million 350 000 shekels a été dépassée et qu’enfin, les travaux peuvent commencer. Am Israël Haï! H’ag Sameah’ !
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Nir Barkat
YONATAN SINDEL / FLASH 90
Interview exclusive
''QUE LE MONDE ENTIER RECONNAISSE L'IMPORTANCE DE JÉRUSALEM, CAPITALE DU PEUPLE JUIF'' Nous fêtons cette année, les 49 ans de la réunification de Jérusalem. A l'occasion de Yom Yeroushalayim, nous sommes allés à la rencontre de Nir Barkat, qui dirige la ville depuis 2008. Nous sommes revenus avec lui sur son bilan, sur ses projets, son attachement à l'unité de la Capitale, son récent engagement au sein du Likoud et son action en faveur des olim. Un entretien sans détours et par lequel le maire de Jérusalem a tenu à exprimer l'importance qu'il accorde à ses administrés francophones.
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Propos recueillis par Avraham Azoulay Le P'tit Hebdo: Vous êtes à mi-mandat de cette deuxième cadence en tant que maire de Jérusalem. Quels sont les accomplissements dont vous êtes le plus fier? Nir Barkat: Ma priorité et l'un des domaines où nous agissons le plus c'est l'emploi. Il est fondamental pour moi, qui viens du monde du hi-tech, que les habitants de Jérusalem puissent trouver du travail sur place. Ensuite, et je pense que tout le monde peut s'en apercevoir, j'ai considérablement développé Jérusalem sur les plans culturels et des activités: festivals, marathon, culture, formula, Cinema City, etc. Le prochain grand projet sur lequel nous travaillons en ce moment est le développement du Gan Saker. Nous allons en faire un parc interactif avec wi-fi et autres infrastructures pour les technologies modernes. Le troisième point essentiel pour moi est l'éducation. Les classements parlent d'eux-mêmes: jusqu’à ces dernières années, les écoles de la ville étaient en bas de l'échelle, aujourd'hui, elles ont atteint le niveau des meilleures écoles du pays. Sur le logement, je suis le premier à reconnaÎtre, que les prix sont encore très élevés. Malheureusement, je n'ai que peu de leviers en main pour agir sur cette donnée. Cela relève presque exclusivement des décisions du ministère des Finances et du gouvernement en général. Ceci dit, je suis fier de pouvoir dire qu'aujourd'hui on construit beaucoup et partout dans notre capitale. La mairie soutient beaucoup les projets de rénovation de quartiers anciens en donnant de nombreux permis de construire y compris dans des bâtiments déjà existants.
JE SUIS LE SEUL MAIRE DU PAYS À AVOIR À SES CÔTÉS, DEUX CONSEILLERS, PARTICULIÈREMENT ACTIFS ET COMPÉTENTS, EXCLUSIVEMENT DÉDIÉS AUX OLIM FRANÇAIS: AVI ZANA ET TAMAR ABESSIRA Lph: Un autre sujet préoccupe beaucoup les habitants de Jérusalem et les visiteurs: la sécurité. La vague de terreur est-elle derrière nous? N.B.: C'est difficile à dire… Mais cette période difficile nous aura montré, une fois de plus, que les habitants de Jérusalem ont de quoi inspirer le monde entier. Ils sont très forts, courageux, réagissent vite et bien. Nos services de sécurité sont très performants. Les attentats ont été toujours très rapidement stoppés, et de nombreuses vies ont pu être sauvées même si la peine pour celles qui ont été enlevées est immense. Lph: Manuel Valls a effectué une visite récemment et s'est, lui aussi, prononcé pour Jérusalem,
capitale de deux Etats. Que souhaiteriez-vous lui répondre? N.B.: Cela fait 3000 ans que Jérusalem est notre capitale. Ce qui fait sa particularité, sa beauté, c'est qu'elle a toujours accueilli toutes les populations. D'ailleurs les derniers sondages auprès des arabes de Jérusalem montrent qu'une majorité d'entre eux préfèrent que Jérusalem reste unifiée. Je m'attache dans ma conduite envers tous mes administrés, quel que soit le quartier dans lequel ils vivent, de montrer au quotidien que Jérusalem est une et indivisible. La politique que nous menons dans toute la ville sans différencier entre les populations contribue à prouver notre détermination à préserver l'unité de la capitale.
Lph: La mairie investit pour les olim. On peut le constater, notamment à travers une permanence deux fois par semaine pour les olim de France. Quelles sont vos réalisations et vos projets pour aider toujours plus à l'intégration des olim? N.B.: La alya et l'intégration des Juifs de France me tient à cœur, c'est une population que j'affectionne. Je suis le seul maire du pays à avoir à ses côtés, deux conseillers, particulièrement actifs et compétents, exclusivement dédiés aux olim français: Avi Zana et Tamar Abessira. Je suis très à l'écoute de leurs observations, et je demande aussi aux olim de France de m'adresser toutes leurs observations surtout concernant l'emploi, la jeunesse et l'éducation.
Lph: Vous investissez 100 % de votre temps dans votre rôle de maire comme si la perspective d'un troisième mandat était en vue, et parallèlement on vous voit vous impliquer dans le Likoud pour rentrer à la Knesset. N'est-ce pas contradictoire? N.B.: Absolument pas. Pour le moment je me consacre presque exclusivement à mon rôle de maire et accessoirement au parti du Likoud. Je ne sais pas encore ce que je déciderai dans deux ans et demi, lorsque mon mandat de maire de Jérusalem arrivera à échéance. Il est possible que je brigue un troisième et dernier mandat. Il est possible aussi que je sois appelé à prendre des responsabilités nationales. Ce qui est certain, c'est que dans ce cas, ce ne sera jamais contre Binyamin Netanyahou. Je profite aussi de l'occasion qui m'est donnée par notre rencontre pour tendre la main à tous les Francophones du Likoud, et je sais qu'ils sont nombreux. Lph: Nous nous parlons le jour de Lag Baomer. En cette journée si particulière, si vous aviez un miracle à demander à D'ieu, lequel serait-il? N.B.: Laissez-moi quelques secondes de reflexion… Que le monde entier reconnaisse l'importance de Jérusalem, capitale du peuple Juif. Ce serait un bienfait à portée universelle.
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Ariel Picard
Rencontre avec
''UNE ALYA EST UN CHANGEMENT, CELA DEMANDE UNE PRÉPARATION''
Le P'tit Hebdo: Une nouvelle ministre a pris la tête du ministère de l'Alya et de l'Intégration suite au récent remaniement. Cela change-t-il quelque chose? Ariel Picard : D'une manière générale, l'objectif du ministère de l'Alya et de l'Intégration demeure identique, quel que soit le ministre à sa tête. Il s'agit de favoriser au maximum l'alya et la bonne intégration des olim dans le pays et la société israélienne.
Lph: Depuis de nombreuses années, maintenant, le ministre de l'alya est toujours d'origine russe. Cela influence-t-il la politique, en d'autres termes, les Français sont-ils laissés pour compte? A.P. : Absolument pas. Je vais vous donner un exemple. Les médecins français ou les diplômés de BTS technologiques sont beaucoup plus facilement reconnus et acceptés que leurs collègues originaires de l'ancienne URSS. On entend malheureusement beaucoup de préjugés qui sont faux. Ces derniers mois, le ministère a été beaucoup attaqué par des personnes qui avaient des difficultés totalement personnelles.
Lph: Certains francophones ou certains organismes francophones ont-ils tendance à davantage monter au créneau contre le ministère de l'alya et de l'intégration ces derniers temps? A.P.: C'est le droit des organismes de défendre les intérêts des olim face au ministère de l'alya et de l'intégration. Ceci étant, certaines paroles, certaines déclarations ont été ressenties comme de véritables attaques injustifiées et surtout injurieuses. Ce qui est le plus dérangeant, ce sont les critiques contre l'Etat d'Israël et la remise en cause de sa volonté de tout faire pour aider les olim. Lph: Le sentiment de beaucoup est pourtant que si on ne râle pas alors on n'obtient rien… A.P.: Contrairement aux idées reçues, je ne pense pas que cela marche de cette façon en Israël. Il est 8 | N° 42 JUIN 2016 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH
DR.
LPH a rencontré Ariel Picard, coordinateur projet alya de France au sein du ministère de l'alya et de l'intégration. Il dresse avec nous le tableau de cette immigration en croissance constante et des efforts faits en sa direction pour optimiser l'intégration des nouveaux arrivants.
normal de demander des changements que l'on estime être dans l'intérêt général. Mais je crois qu'en Israël, on sait, tout en demandant fermement les choses, rester respectueux. Lph: L'image que l'on a des démarches pour les olim ressemble, malgré tout, à un affrontement. Les associations et le ministère de l'alya et de l'intégration devraient marcher ensemble et on a l'impression qu'ils sont dans un face-à-face. A.P.: Je pense que, là encore, il s'agit d'une fausse impression. Il n'y a qu'à interroger les responsables d'associations. Ils savent que nous sommes à l'écoute, mon bureau est toujours ouvert. Bien entendu, je ne peux pas accéder à toutes les demandes, nos budgets étant limités et souvent, la solution ne se trouve pas au niveau de notre ministère. Mais on ne peut pas dire que l'on soit engagés dans un faceà-face, il existe une véritable coopération, dont les bienfaits se ressentent sur le terrain.
Lph: Une catégorie de personnes prend de l'importance concernant l'alya et l'intégration aujourd'hui: les ''proyektorim'', projecteurs. Qui sont-ils? A.P. : Ils sont employés par les mairies qui reçoivent des subventions du ministère de l'alya et de l'intégration pour les rémunérer. Ces postes ont été créés, à la suite de la vague d'alya de 2005-2006, qui a souffert de beaucoup de difficultés. Il a alors été décidé qu'il ne suffisait plus d'avoir uniquement des postes au ministère de l'alya et de l'intégration mais aussi sur le terrain auprès des municipalités pour aider les olim. Chaque candidat à l'alya est mis en contact avec le projecteur de la ville dans laquelle il a décidé de s'installer. Leur travail est très impor-
Propos recueillis par Avraham Azoulay tant, ils se donnent beaucoup de mal. Ils se trouvent dans toutes les grandes villes à forte concentration francophone et contribuent énormément à la réussite de l'intégration des olim.
Lph: Le nombre d'olim de France a augmenté ces dernières années. Le visage de cette alya estil aussi en évolution? A.P. : Les plus nombreux à faire leur alya restent les 18-35 ans. Ceci étant, depuis 2013, on observe une évolution avec une alya de plus en plus importante de familles avec des jeunes enfants. Et l'Etat s'attache à s'adapter à cette nouvelle donnée: augmentation des heures d'oulpan pour les enfants ou encore un renforcement des soutiens scolaires, notamment. Ceci grâce à des budgets conséquents alloués par le ministère de l'alya et de l'intégration. De même, nous subventionnons des oulpan privés pour les adultes qui ne pouvaient suivre les cours du matin. Lph: Comment prepare-t-on son Alya? A.P. : La meilleure façon de préparer son alya c'est d'apprendre la langue, de prendre un maximum de renseignements, d'essayer déjà en amont d'explorer les opportunités professionnelles. Nous avons d'ailleurs permis de financer 130 classes d'oulpan à tra-
vers la France, par des budgets alloués à l'Organisation Sioniste Mondiale, 35 classes ont déjà été ouvertes à l'heure qu'il est. Une alya demande une préparation. Il faut, à cet effet, profiter de tout ce que l'Agence Juive, en collaboration avec le ministère de l'alya et de l'intégration, offre dans les différents salons d'alya qui se tiennent de plus en plus fréquemment en France et participer si nécessaire aux différentes activités (cours de préparation aux examens, soirées d'information, etc.) proposées aux candidats à l'alya. Lph: Quel est le message que vous souhaitez passer aux Juifs de France aujourd'hui? A.P. : Que chacun fasse son choix non pas dans la précipitation mais au terme d'une réflexion bien menée. Nous souhaitons que l'alya de France soit toujours un choix volontaire et non contraint. Une fois que la décision est prise, il faut comprendre qu'Israël est un autre pays, ce qui signifie qu'on y parle une autre langue, que les systèmes éducatif, de santé ou social ne sont pas les mêmes. On ne peut pas calquer ici ce qu'on a connu en France. Ceci étant, gardons en tête qu'Israël est un pays en pleine expansion, un pays fort, le seul pays juif au monde dans lequel on peut être juif pleinement et librement sur la terre de nos ancêtres.
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Témoignages
En couverture
ILS ONT REJOINT LE PEUPLE D'ISRAËL
On a coutume de dire que les convertis sont des âmes qui étaient présentes au Mont Sinaï lors du don de la Torah puis se sont perdues. A un moment donné, guidées chacune par ses propres raisons, elles retrouvent le chemin de la maison et se rattachent de nouveau à leur peuple. LPH a rencontré certaines d'entre elles. Nous vous proposons de découvrir des parcours de conversion, qui vous permettront de mieux comprendre ces âmes particulières et leur diversité, avec en commun un attachement inconditionnel à D'ieu et au peuple juif. Isabelle et Didier sont en cours de conversion, ils ont entamé leur démarche, en couple, au bout de près de 30 ans de mariage; Régine, elle, s'est convertie il y a quelques années, avant de se marier avec Philippe; Rahel et David ne se connaissent pas mais ont suivi tous les deux l'oulpan guiour Shvout, et vivent aujourd'hui en Israël.
ISABELLE ET DIDIER
A la recherche de la spiritualité la plus profonde
DR.
Isabelle et Didier vivent près de Lille. Il est chirurgien orthopédiste, elle est infirmière. ''Nous nous sommes connus jeunes et avons rapidement décidé de faire notre vie ensemble'', racontent-ils, ''nous nous sommes mariés il y a 28 ans et avons quatre filles''. Ils mènent une vie de famille, dirons-nous, paisible. ''Nous avons tout construit ensemble. Notre quotidien était tranquille''. Jusqu'au jour où le couple traverse une grave crise: ''A la suite de différends importants, nous avons décidé de nous séparer''. La situation est difficile, l'image du foyer idéal vole en éclats, mais le contact entre Didier et Isabelle n'est jamais rompu. ''Pendant trois ans, nous avons vécu séparément avec quelques courtes périodes de retrouvailles qui ne duraient pas''. Cette étape de leur vie est importante pour comprendre la démarche qui les mènera ensuite vers une recherche de spiritualité. ''Pendant que nous étions en crise conjugale, nous avons assisté au mariage de ma nièce. Lors de la cérémonie, a été prononcée une phrase du Cantique 10 | N° 42 JUIN 2016 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH
des Cantiques, qui parlait d'amour et du mariage. Et je me suis dit que c'était exactement cela que je recherchais dans le mariage'', se souvient Isabelle. Pour Didier, le déclic intervient un matin de Noël: ''J'avais passé la soirée tout seul. Le matin, je me réveille et je me dis que D'ieu existe. Je sens sa présence mais je ne peux pas dire qu'il y ait eu une cause précise à l'origine de ce sentiment. J'en fais part à Isabelle qui était avec sa famille. Ses deux sœurs, protestantes, me mettent en contact avec un pasteur. A partir de là, nous nous réconcilions avec mon épouse''. Isabelle a toujours voulu se rapprocher de D'ieu, cette démarche de son mari, la conforte dans son idée que seul D'ieu peut les sauver. Progressivement, la présence de D'ieu, d'une spiritualité, s'enracine en eux à travers la religion protestante. Et puis, un jour, ils ont l'opportunité d'effectuer un voyage en Israël. ''Nous étions ravis de pouvoir le faire, ce pays nous intéressait'', confirment-ils. ''Arrivé au Kotel, je ressens quelque chose de fort et de totalement nouveau'', Didier s'aperçoit que non seulement la terre mais aussi le lieu le plus saint du peuple juif éveillent en lui des émotions particulières. ''Quand nous repartons d'Israël, nous pleurons'': le couple vient de franchir un tournant décisif dans leur vie. Ce qui va définitivement leur montrer la route du judaïsme ce sont des cours du Rav Haïm Dynovisz qu'ils entendent ''par hasard'' sur internet au lendemain de l'attentat contre Charlie Hebdo. ''J'ai découvert certaines paroles de ce Rav et elles m'ont interpellé'', nous raconte Didier, ''j'ai incité mon épouse à les entendre aussi et elle a été touchée''. Didier et Isabelle se rapproche alors de la communauté juive de Lille. ''La troisième fois que nous sommes allés à la synagogue, on nous a refusé l'entrée. En fait, les fidèles nous ont fait comprendre que nous devions faire un choix: soit entamer une démarche de conversion, soit ne plus venir; ils ne pouvaient pas nous accepter uniquement comme visiteurs''. Pour Isabelle, cette réaction était saine: ''nous avons été contraints de réfléchir à notre situation et d'avancer''. La décision est prise et rien ne les fera changer d'avis: c'est le judaïsme qui leur parle le plus et qui leur apporte les réponses à la spiritualité qu'ils cherchaient. ''Nos filles ne l'ont pas toutes vécu de la même façon'', nous dit Isabelle, ''l'une d'entre elles a été assez désemparée. Mon frère aussi d'ailleurs''. Mais Didier et Isabelle avancent, attirés et convaincus par la voie qu'ils ont choisie: ''depuis que nous suivons des cours chez le rabbin, notre quotidien s'est apaisé, notre couple va bien et nous n'avons plus le même regard sur beaucoup d'aspects de notre vie d'avant, qui nous paraissaient pourtant fondamentaux, il n'y a pas si longtemps''.
Par Avraham Azoulay et Guitel Ben-Ishay
RÉGINE
De la Bretagne à Jérusalem
Régine a grandi dans les années 1960 en Bretagne, dans un milieu qu'elle décrit comme ''indifférent à la religion, tout en étant marqué par une pratique qui s'imposait à tous dans notre petit village breton''. Le discours ambiant, chez elle, ne mettait en exergue ni croyance, ni pratique. Elle mène la vie normale d'une jeune adolescente française, devient ensuite professeur d'histoire-géographie. ''Une amie, nonjuive, m'a proposée de partir faire du volontariat dans un kibboutz en Israël. Elle en avait entendu parler chez une famille juive à Londres, au sein de laquelle elle était jeune fille au pair''. Les deux amies partent pour un mois. ''Je suis tombée amoureuse de la terre d'Israël. Ces sentiments m'interpellent, je me dis que j'aurais peut-être ressenti la même chose dans n'importe quel autre pays où j'allais pour la première fois. Mais cela va plus loin''. Régine prolonge son séjour et finalement ce n'est pas un mois mais quatre ans qu'elle passe en Israël! ''J'ai réappris l'anglais, j'ai appris l'hébreu, j'ai découvert le pays''. Elle aime tellement ce pays, qu'elle décide d'y devenir guide touristique, mais les études lui sont fermées parce qu'elle n'est pas israélienne. ''Je suis revenue chaque été à Har Hatsofim pour apprendre l'hébreu. C'était aussi pour moi l'occasion de rencontrer plusieurs personnes qui m'ont rapprochée du judaïsme: des Juifs français observants qui m'ont fait découvrir l'étude. Ces rencontres ont renforcé mon sentiment d'appartenance''.
Le déclic chez Régine est né d'une rencontre, celle avec Philippe. ''Ce n'était pas un hasard, si je m'attachais à un homme juif, pratiquant. A vrai dire j'avais maintes fois pensé à la conversion mais je m'interrogeais, je n'osais pas. Philippe m'a aidée à franchir le pas''. Régine se convertit en Israël, au kibboutz Ein Hanatsiv, pendant que Philippe vit en France. ''Nous nous sommes mariés dès que j'ai été convertie puis l'aboutissement logique pour nous deux était de nous installer en Israël''. La famille de Régine a bien accepté sa démarche, ''un peu moins le fait que je m'éloigne géographiquement''. Aujourd'hui Régine réalise la deuxième partie de son rêve puisqu'elle peut enfin suivre des études pour devenir guide touristique. ''De l'amour de la terre, je suis passée à un attachement très spirituel au judaïsme, et j'étudie toujours la Torah. Pour moi le judaïsme est plus qu'une religion, c'est un mode de vie. Je me sens chez moi maintenant'', conclut Régine. Shvout, le retour aux sources
Au cœur de la Samarie, le village de Yakir, avec son Rav, Aaron Cohen, accueille en son sein un oulpan Guiour: le programme Shvout, dirigé par Baruch Lior. ''Le programme dure dix mois pendant lesquels nos étudiants ont 35 heures de cours par semaine, dont 25 sont des séances de préparation à la conversion. Le contenu de ces cours est établi par les institutions qui comme la nôtre préparent à la conversion en partenariat avec le Beth Din. Nous étudions avec eux les bases (halakhiques, fêtes...), mais aussi l'histoire juive et la pensée juive, et bien entendu nous portons une attention particulière à la mise en pratique. Ces dix mois ne sont pas qu'une période d’étude et de réflexion. Les étudiants pren-
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En couverture
nent part à la vie de la communauté et sont reçus dans une famille d'accueil pour le Shabbat et les fêtes. Nous leur faisons aussi découvrir le pays. L'alya n'est pas une condition préalable d'inscription mais c'est une démarche importante à nos yeux'', nous explique Baruch Lior, '' 95 % des candidats que nous présentons sont convertis par le Beth-Din''. Rahel et David sont passés par le programme Shvout. Elle est aujourd'hui mariée et a un enfant; David a obtenu sa conversion l'année dernière et commence sa nouvelle vie en Israël.
Rahel: ''Je me suis transformée au bout d'un mois'' Rahel est née d'un père juif et d'une mère non juive. Elle grandit dans une famille où la tradition juive est présente mais très réduite. ''Nous faisions le kidouch le vendredi soir et nous savions que Kippour était une journée particulière, mais pas plus que cela'', nous raconte-t-elle. Elle allait aussi de temps en temps à la synagogue mais ce qu'elle a toujours su c'est surtout que, malgré tout cela, elle n'était pas juive. Pourtant…elle nous révèle: ''A chaque fois que j'allais à la synagogue, je me sentais parfaitement en osmose avec moi-même''. Ce sentiment qu'il lui en fallait plus, qu'elle devait aller plus loin ne la quitte pas. ''J'avais en quelque sorte un problème d'identité à régler''. Elle suit des cours de Talmud Torah, parce que ''la
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conversion a toujours été une question pour moi. Mais à vrai dire, à ce moment-là je n'étais pas encore totalement prête. J'étais assidue aux cours mais mon attitude témoignait de certaines contradictions''. Finalement, c'est la grande sœur de Rahel qui va l'aider à trouver sa place. ''Ma sœur s'est convertie en 2002, elle m'a beaucoup aidée dans mes démarches''. Ensemble, elles cherchent un programme qui pourrait convenir au tempérament et aux attentes de Rahel. ''En France, je souffrais d'une barrière psychologique. Nous avons donc cherché un programme en Israël, dans lequel il me semblait que je serais plus à l'aise''. Son choix s'arrête sur le programme Shvout, alors situé à Kedoumim. ''A la base, je ne pensais pas faire mon alya mais au bout d'un mois, j'étais transformée au niveau de la spiritualité et de ma personnalité. Il faut dire que j'ai bénéficié à Kedoumim, à peine deux jours après mon arrivée, de miracles que j'ai perçus comme des signes du ciel''. Ce qui séduit particulièrement Rahel dans le programme Shvout c'est la chaleur et la présence qui l'entourent: ''Personne ne vous abandonne. On est loin de nos familles, cela peut être difficile. Nous trouvons au sein de l'équipe du programme et au sein du yichouv, une deuxième famille!''. Le jour où Rahel est convertie, elle se sent ''comme un bébé''! ''J'étais fière de moi, j'attendais avec impatience de réciter le Shema Israël''. Pour son père, elle nous avoue que cette conversion était ''logique'', ''ce qui l'a pris au dépourvu c'est ma décision de m'installer définitivement en Israël''. Même sensation pour sa mère, qui accepte totalement sa décision, même si l'éloignement physique lui est difficile. Rahel a aussi une sœur et un frère qui, eux, ''sont très bien comme ils sont, n'ont pas ressenti cet appel vers le judaïsme''. Pour Rahel, la conversion est sans aucun doute, une ''question d'âmes'', ''même si chacun y arrive par un parcours qui lui est propre''.
David: ''Je n'ai jamais vu le judaïsme uniquement comme une religion'' David n'a pas d'ascendant juif dans sa famille, ''du moins c'est ce que j'ai toujours pensé'', nous confiet-il. Quoi qu'il en soit, il grandit dans un environnement laïc. Pourtant David nous déclare qu'il a cru en D'ieu très jeune: ''Je me suis rapidement posé la question de savoir qui fixait les valeurs morales. Cette morale ne pouvait pas être uniquement le fait des hommes, car dans ce cas, elle pouvait être tout et n'importe quoi. La morale ne pouvait être relative à l'échelle humaine mais elle devait forcement être transcendantale''. David rencontre alors des hommes de religion, dans la chrétienté, mais ''ces personnes me donnaient l'impression que la religion était déconnectée de la vie quotidienne''.
Par Avraham Azoulay et Guitel Ben-Ishay Progressivement, il se rapproche du judaïsme et commence à suivre des cours auprès d'un Rav. ''C'est mon Rav en France qui m'a conseillé le programme Shvout. Comme je n'ai jamais vu le judaïsme uniquement comme une religion mais aussi comme un mode de vie, il me semblait qu'il n'était totalement réalisable qu'en Israël''. David intègre le programme Shvout, à Yakir, l'année de la Shmita: ''pour moi c'était très particulier parce que cela venait confirmer ce sentiment que le judaïsme ne peut être vécu et ressenti complètement qu'en Eretz Israël. Je l'ai encore davantage éprouvé lors de mes passages en France, j'y ai perçu une nette distance entre ce qu'était ce monde duquel je
venais et celui dans lequel j'avais décidé de faire ma vie maintenant''. David gardera un souvenir très riche de cette année dans le cadre de Shvout: ''L'enseignement y est intense. J'ai plus appris en une année ici qu'en plusieurs si j'étais resté en France''. Le jour où le Beth Din prononce l'officialisation de sa conversion, David est heureux, évidemment, mais ''c'est comme si j'avais toujours été juif, je le ressentais si fort, depuis si longtemps. Ceci dit, le passage au mikvé et le premier shabbat qui a suivi avec ma première montée à la Torah étaient particuliers au regard de cette conviction de faire partie du peuple juif''. Son alya, il ne s'attendait pas à vouloir la faire aussi vite. Mais finalement, elle s'est imposée naturellement, comme une continuité de sa façon de vouloir vivre son judaïsme.
Pour plus de renseignements : Baruch Lior Israel: 050-5524554 / France: 01-77502265 shvouth.shomron@gmail.com
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Didier Long
En couverture
Jérusalem novembre 2013
« LA TORAH, C’EST MA VIE »
Il s’était toujours senti profondément juif mais Hachem s’est révélé à lui en célébrant les obsèques de son meilleur ami, le 1er janvier 2010. Depuis six ans, il fréquente la communauté orthodoxe sépharade de Vaucresson, dont la synagogue se trouve au bout de sa rue. Il y a un an et demi, il a entrepris une démarche de conversion, un processus très long. L’occasion de déclarer son amour pour Israël et de parler de son dernier livre « Mémoires juives de Corse ».
Lev haïr : Qu’est ce qui vous a poussé à faire le pas de la conversion ? Didier Long : « Je suis devenu chrétien à l’âge de seize ans, puis j’ai décidé de vivre dans un monastère où je suis resté de 20 à 30 ans. A l’époque, j’étais intéressé par la judaité de Jésus mais n’avais pas du tout conscience de mes origines juives. C’est à l’occasion d’un pèlerinage en Israël que j’ai commencé à me poser quelques questions. Au bout de dix ans de vie monastique, j’ai rencontré une jour-
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ANCIEN MOINE EN COURS DE GUIYOUR :
naliste qui était juive sans le savoir. Marie-Pierre, qui est devenue ma femme, avait des origines ashkénazes ; ses ancêtres avaient émigré en 1870 à Sidi-Bel-Abès lors de l’arrivée des Allemands en Alsace, puis étaient revenus en France en 1962. Mon judaisme est donc resté en sommeil jusqu’au jour où j’ai célébré les obsèques de mon meilleur ami. L’hébreu, que j’appris au monastère, m’est venu naturellement pour la lecture des psaumes. Parallèlement, j’ai découvert mes propres origines juives marranes, dans le village corse de Muratello, dont les habitants sont en partie des juifs de Gènes d’origine espagnole puis j’ai décidé de rejoindre la communauté de Vaucresson. J’y ai rencontré le rav Haïm Harboun et eu l’impression de revenir à mes origines juives ; il y a un an et demi, ma famille et moi avons entrepris une démarche de conversion. C’est l’objet de mon livre : « Des noces éternelles. Un moine à la synagogue ».
L.H. : Quelle a été la réaction de vos anciens coreligionnaires et celle de vos nouveaux « frères juifs » ? D.L. : « Certains m’ont abandonné, d’autres ont compris mon itinéraire et m’ont accepté tel que j’étais. Les chrétiens comptent beaucoup de philosémites, j’en ai quelques-uns parmi mes amis. Je n’ai plus eu de contacts avec mon monastère, si ce n’est avec un prêtre spécialisé dans les études juives, le frère Mathieu Colin. Je lisais l’hébreu depuis plusieurs années avec mon talith et ma kippa, j’essayais de prier en hébreu et en arrivant, je leur ai dit : « Je ne pense plus être chrétien mais je voudrais prier Hachem avec vous ». Ils m’ont accueilli avec beaucoup de gentillesse, mais dans un premier temps ils ne m’ont pas considéré comme un nonjuif et me disaient : « Regarde ton visage, ta manière d’être : pour nous tu es juif, tu fais partie de notre famille ». Ces moments m’ont fait penser à la prière du roi Salomon, dans le premier livre des rois : « Accueille la prière du guér-toshav, l’étranger des Nations qui viendra de loin prier dans ton temple ». Cet étranger qui n’est pas tenu aux 613 mitsvot est considéré comme un Bnei Noah, un fils de Noé ». 14 | N° 42 JUIN 2016 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH
Propos recueillis par Magali Barthès Le blog de Didier Long : didierlong.com Le livre de Didier Long : Mémoires juives de Corse, Lemieux Editeur
Exposition organisée par le centre Fleg de Marseille, dirigé par Martine Yana en juillet 2016 : «Juifs réfugiés en Corse pendant la Première Guerre mondiale». Inauguration le 7 juillet au Péristyle du Théâtre à Bastia. L’unique synagogue de Corse : Beth Meir, 3 Rue du Castagno, Bastia
L.H. : Parlez-nous de votre livre « Mémoires juives de Corse ». D.L. : « C’est en faisant des recherches sur mes origines que j’ai appris l’histoire des juifs de Corse. Ma grand-mère croyait au mauvais œil, allumait une bougie à certaines occasions et à chaque automne, elle m’envoyait un cédrat confit. Elle se croyait chrétienne mais était marrane sans le savoir et c’est grâce à elle que j’ai commencé à comprendre que beaucoup de traditions que je pensais chrétiennes, comme le campanile. Ce gâteau de la Pâques chrétienne en Corse, c'est aussi celui que mangent les enfants. Toute ma famille vit en Corse et nous nous y rendons souvent. J’ai gardé des liens avec les petits-fils du rabbin Méir Toledano, Guy et Benny Sabbagh ».
L.H. : Quelle voie avez-vous choisi pour devenir juif ? D.L. : « Il s’agit de la voie de notre communauté de Vaucresson, de stricte observance. A partir de 2010, j’ai d’abord été Guer toshav à la synagogue pendant trois ans puis j’ai demandé la conversion. Le rav Harboun me disait alors que je n’avais pas besoin de devenir juif et que le fait d’aimer son prochain, en tant que chrétien, était suffisant. Mais je me sentais
juif, j’ai pris sur moi les Mitsvot, je n’étais pas sûr de pouvoir toutes les accomplir, puis je suis devenu juif jusqu’au sang. Depuis un an et demi, je suis un processus de conversion au consistoire, avec le Rav Haïm Harboun, docteur en psychologie clinique et en histoire. Nous sommes accompagnés par les rabbanim Elfassi, Marciano, et le Grand rabbin de France Haïm Korsia, qui est un ami. J’ai passé deux entretiens mais je n’ai pas encore été devant le beit din. Officiellement, je suis pour l’instant une âme juive dans un corps chrétien qui pratique les mitzvot et qui met ses tefilines ! ». L.H. : Votre conversion répond t-elle également à une recherche spirituelle ? D.L. : « Il s’agit d’une recherche de mémoire, transmise par ma grand-mère, mais c’est aussi une quête spirituelle et de vérité. Je veux revenir à ce qu’étaient mes ancêtres. Tout le monde n’est pas obligé de le croire mais pour moi, le judaïsme est la vérité de l’existence ; je pense vraiment qu’Hachem est le cœur de l’existence. Il s’agit pour moi de quelque chose de très important, qui signifie manger casher, construire notre cabane à Souccot, préparer le shabbat ensemble, allumer les bougies, bénir les enfants, faire le kiddouch, consommer les halloth, s’abstenir de toute activité, mis à part l’étude et la prière à la synagogue. Ma femme a écrit un livre sur la Shoah intitulé « Faut-il tout pardonner ? ». L’occasion de réfléchir sur la téshouva en famille ».
L.H. : Avez-vous trouvé dans le judaïsme ce qui vous manquait auparavant ? D.L. : « Oui. J’étais épanoui avec la Bible, mais ressentais toujours une part d’insatisfaction dans le christianisme. J’ai vécu ma conversion un peu comme si j’avais découvert les racines d’un arbre et aujourd’hui, je suis bien dans la Torah. C’est une réelle passion, chaque mot est juste lorsque je lis les téhilim. La vie juive est un vrai bonheur et j’ai trouvé la paix, notamment en célébrant le shabbat en famille, nous parlons, chantons, mangeons et nous nous rendons ensemble à la synagogue. Lorsque j’étais chrétien, j’étais toujours un peu décalé par rapport aux autres. Maintenant je sais pourquoi ».
L.H. : A l’image de votre passé, n’avez-vous pas envie de devenir rabbin ? D.L. : « J’adore l’étude, j’aimerais devenir rabbin et finirais bien ma vie à Jérusalem. Mais lorsque je vois la figure du rav Harboun, ses compétences… J’apprends beaucoup aux côtés de ce Rav de 84 ans qui est mon maître et je ne laisserai pas mourir son enseignement ». N° 42 JUIN 2016 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH | 15
Rav Réouven Ohana
GRAND RABBIN DE MARSEILLE
« NOTRE BETH DIN EST HONORÉ DU RETOUR DE RAV MIMOUN QUI EST UNE AUTORITÉ CONNUE ET RECONNUE DANS LA VILLE »
Lev haïr : Le site du consistoire de Paris mentionne : « Dans le cas où la requête de conversion émane d'une famille, (mère non juive et ses enfants), les enfants de moins de 13 ans sont inclus dans la démarche parentale ». Pourquoi n’est-ce pas le cas sur le site du consistoire de Marseille? Rav Réouven Ohana : « Tout d'abord c'est le cas aussi à Marseille. Néanmoins, si le consistoire de Paris préconise systématiquement une politique du « regroupement familial », Le grand rabbinat de Marseille, lui, considère chaque personne, enfant ou adulte, comme un cas singulier et particulier. Pour ces enfants, beaucoup dépendra de leur environnement sur le plan scolaire social et de l'exemplarité des deux parents. Des fois, ces enfants auront besoin d'un parcours adapté et un rythme particulier pour leurs processus de conversion ».
L.H : En Israël, le processus de conversion est-il plus facile qu’en France ? R.O : « Au Grand Rabbinat proprement dit, Il n’y a certainement pas plus de souplesse en Israël qu’en France. Le grand rabbinat de France a les mêmes exigences que celles du Grand rabbinat d’Israël. Nous maintenons le cap qui a toujours été le nôtre, à savoir : celui d’une conversion engagée avec ce qui s'appelle la "Kabalat ôl mitsvot", l'acceptation du joug Divin et de l'ensemble des mitsvot par le candidat. Il y a en revanche différents circuits dits "parallèles" où il est effectivement bien plus "facile" d'aboutir, mais ces instances ne sont pas reconnues par les Grands Rabbinats officiels, ni d'israël ni d'ailleurs ». L.H : Comment faut-il considérer les enfants nés seulement de pères juifs, qui sont la semence d’israël, mais qui ne sont pas reconnus comme juifs? R.O : « Selon la Halaha, lorsqu’il est né d’une mère juive, même
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si le père n’est pas juif, l’enfant est juif. Lorsqu’il est né d’une mère non juive, même lorsque le père est juif, l’enfant ne l’est pas, et un processus de conversion s’impose. Il n’y a là aucune confusion, puisque nous ne faisons que dicter la loi juive. Par ailleurs, le fait que le père soit juif est un élément à prendre en compte, car au-delà du fait qu'il s'agisse comme vous le dites, d'une semence d’Israël, nous devons aussi leur porter un regard particulier sur le plan humain. Souvent ces enfants portent en eux une forte identité juive par leur père et par le vécu de la tradition dans la famille chez les grands-parents. Ces enfants sont en souffrance car non reconnus religieusement. Même si pour ces enfants aussi, un processus normal de conversion s'impose, il n'en reste pas moins qu'il y ait effectivement plus de raisons de leur accorder plus de bienveillance ».
L.H : Nous avons appris que le Rav Mimoun allait réintégrer votre Beth Din, au sein du Grand rabbinat de Marseille. Pourquoi avez vous pris cette décision? R.O : « En effet, je peux annoncer officiellement et avec satisfaction à notre communauté que Rav Mimoun a répondu positivement à mon appel et à ma proposition de réintégrer notre Beth Din et je l'en remercie. Je vous rappelle qu'il y a encore treize ans et avant mon arrivée à Marseille, le rav Mimoun était la personnalité centrale du département des conversions du Grand Rabbinat de Marseille, avant qu'il ne prenne sa retraite et du recul par rapport au Grand Rabbinat. Ces dernières années, les actes de conversion émanant personnellement du Rav Mimoun et non du grand rabbinat, n’étaient pas reconnus en Israël. Une situation anormale et dégradante pour lui. En appartenant aujourd'hui au Beit din officiel de Marseille, il retrouvera aussi toute la place qu’il mérite. Désormais, les conversions à Marseille dépendront de la seule et unique compétence du Beth Din de Marseille qui a le grand avantage d'être reconnu par le grand Rabbinat d'Israël ainsi que par tous les Rabbinats du monde. Notre Beth Din est honoré du retour de rav Mimoun qui est une autorité connue et reconnue dans la ville, à la fois pour nous et pour les candidats à la conversion. C’est un mérite et un privilège de l’avoir à nos côtés. Sa personnalité, sa vision et son ouverture auront toute leur place dans les décisions du Beit Din de Marseille. Notre objectif a aussi été de retrouver une unité communautaire, en parlant d’une seule et même voix dans tous les départements du grand rabbinat. Pour la communauté, cette unité retrouvée est réjouissante ».
En couverture
« LA FRÉQUENTATION DES INSTITUTIONS JUIVES, L’ÉCOLE JUIVE EN PREMIER LIEU, EST L’UN DES MOYENS DE PRÉVENTION DES MARIAGES MIXTES » Aujourd’hui en France, entre 20 et 30 ans, un juif sur deux fait un mariage mixte (exogame). Une réelle menace pour la survie du judaïsme. Samuel Lévy, président du Consistoire Régional Alpes-Provence (CRIAP), à l’origine d’un livre blanc multi auteurs sur le problème des mariages mixtes (entre juifs et non juifs), nous a accordé un entretien sur ce sujet. Lev Haïr : Qu’est ce qui vous a conduit à vous intéresser au problème des mariages mixtes ? Samuel Lévy : « Du point de vue de la halakha (Loi Juive), les mariages mixtes sont interdits et lorsque le problème se pose à une famille il occasionne beaucoup de souffrances. En tant que médecin et Président du CRIAP, j’ai vu ce problème menacer les petites communautés de disparaître. La probabilité pour un juif de rencontrer une juive en vue d’une union, est quasiment nulle dans des petites communautés. Certains pays comme la Norvège se sont même vidés de leurs citoyens juifs. Nous ne pouvons rester insensibles à un problème aussi fréquent et aux conséquences préjudiciables ».
L.H : Comment définir « Qui est juif conformément à la loi juive ? S.L : « C’est la mère qui détermine la judéité : tout enfant né d’une mère juive est automatiquement juif. La mère a un rôle éducatif, important dans la transmission. Lorsque seul le père est juif, les enfants ne le sont pas, sauf en cas de conversion de la mère avant le mariage ». 18 | N° 42 JUIN 2016 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH
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Samuel Lévy
L.H : Comment les mariages mixtes se répartissent-ils ? S.L : « Selon l’enquête effectuée par le Fonds Social Juif Unifié (FSJU) et rapportée par Erik Cohen en 2002, pour un tiers des cas, une femme juive épouse un non-juif ; pour les deux tiers restants, c’est un homme juif qui épouse une non-juive ».
L.H : Ce phénomène est-il fréquent ? S.L : « On estime à 50 % en moyenne chez les jeunes entre 20 et 30 ans en France, le pourcentage des couples concernés par les mariages mixtes, 30 % pour les communautés organisées comme Marseille, qui compte une population juive de 70000 personnes, donc 8% de la population de la ville. Il s’agit d’un problème qui peut toucher toutes les familles, même les plus pratiquantes. Ce phénomène n’est pas nouveau et déjà au XII ème siècle, Maïmonide l’avait d’ailleurs évoqué, mais ses écrits sur ce sujet n’ont pas été pris en compte. La plupart des mariages en France sont homogames, c’est-à-dire entre deux personnes issues d’une même religion. Les mariages exogames ne peuvent pas être célébrés religieusement, sauf en cas de conversion préalable du conjoint ». L.H : Quelles sont les conséquences pour la communauté juive ? S.L : « Pour les autorités rabbiniques qui sont seules aptes à statuer, les mariages mixtes risquent de « di-
luer » le judaïsme. Paradoxalement, alors que l’on pourrait considérer que vouloir faire un mariage mixte c’est s’éloigner du judaïsme, les nombreuses demandes de conversions attestent du contraire. Moins de 1% de ces mariages exogames sont célébrés dans une synagogue. Pour ceux dont la conversion est refusée, il en résulte une souffrance, voire un certain ressentiment vis-à -vis de nos institutions juives. Ce problème touche aussi bien les juifs de France que ceux de l’étranger, et même d’Israël. C’est le cas des Israéliens d’origine russe. Un million de Russes environ ont émigré en Israël, 30 % d’entre eux sont juifs d’après la loi Juive, 30 % ont une parenté juive ; le restant n’a aucun lien avec le judaïsme. La probabilité d’union mixte est donc très forte. Ce problème a été notamment abordé par le député israélien Rav Haïm Amsalem. C’est la raison pour laquelle nous nous tournons vers nos Rabbins qui sont seuls habilités à le traiter». L.H : Comment améliorer la situation ? S.L : « La fréquentation des institutions juives, l’école juive en premier lieu, est l’un des moyens de prévention des mariages mixtes. Depuis la création de l’état d’Israël, la transmission n’est plus notre seul pro-
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blème. Il ne s’agit pas de changer la halakha mais simplement de reconnaître que les mariages mixtes constituent un réel problème. Il faut surtout essayer de sauver tous les juifs issus d’un couple mixte qui souhaitent être juifs. Le sang juif qui coule dans les veines des enfants issus de couples mixtes ne peut être rejeté. Le problème soulevé par les conversions avait été abordé lors du symposium qui avait réuni une centaine de responsables communautaires : le Grand Rabbin de Marseille Réouven Ohana, le Rav Haïm Harboun, le Rav Haïm Amsalem de Jérusalem, également député alors à la Knesset, ainsi que les différents présidents des consistoires de Marseille (Mr Zvi Ammar), Avignon (Mr Claude Nahoum), Aix-en-Provence (Mr Dan Amiach), Toulon (MM Roger-Pierre Corcia et Yves Haddad), et Mme Joëlle Allouche-Benayoun (Université de Paris 12), sous la Présidence du Grand Rabbin de France Gilles Bernheim, qui avait conclu les travaux par une chaleureuse conférence. Nous avions abordé les différents problèmes engendrés par les mariages mixtes en France et à l’étranger, et les réponses possibles à y apporter ». Le Consistoire régional regroupe 16 communautés, de Gap à La Seyne sur mer.
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M. Petit-Ohayon
Interview de
LE FSJU ACCOMPAGNE LES ÉCOLES JUIVES DANS LEUR NÉCESSAIRE ADAPTATION À LA NOUVELLE DONNE COMMUNAUTAIRE ET NATIONALE
Par Sandrine Alfonse-Sroussi Comment les écoles juives gèrent-elles la menace terroriste et l’état d’urgence qui vient d’être reconduit ?
C’est une situation avec laquelle il va falloir vivre. La menace terroriste n’est pas quelque chose qui peut se résoudre en quelques jours ni en quelques mois. La situation internationale est en pleine mutation et les guerres d’autrefois entre états sont devenues des conflits en mode terroriste. Pour y faire face, des moyens financiers importants ont été mis à disposition par l’Etat français pour la sécurisation des sites, en protection passive et en vidéo surveillance ; les vigiles devant nos écoles sont plus nombreux et mieux formés, des parents bénévoles sont venus leur porter main forte aux heures de pointes et les enseignants comme les parents et les enfants sont de plus en plus sensibilisés à la vigilance face à une menace qui va durer. Et tout ceci devra se prolonger, lorsque les militaires se retireront à une date non encore définie. Tout est fait pour diminuer les risques par négligence. Malheureusement, il nous faut apprendre à vivre dans une société moins sûre.
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Quels sont les projets à moyen et long terme du pôle enseignement du FSJU pour accompagner la mutation des écoles juives face à un avenir incertain ? Peut-on déjà chiffrer les baisses d’effectifs dus à la Alya pour l’année 2016-2017 ? Nos écoles sontelles en mesure d’y résister ?
Non, il est trop tôt pour avoir des chiffres sur les perspectives de rentrée. Les procédures d’inscriptions ne sont pas terminées et ceux qui partent attendent souvent la fin de l’année pour l’annoncer aux établissements. L’Alya semble en ralentissement et l’arrivée d’élèves du public est très irrégulière, selon les régions. S’il y a une baisse d’effectifs, cela devrait être plus modéré que l’an passé. Ceux qui partent prennent le temps de la réflexion et pèsent le pour et le contre en fonction de l’âge de leurs enfants. Par ailleurs, il y a un autre phénomène qu’il faut suivre : c’est celui des déplacements de population d’une zone géographique qui semble défavorable, vers une zone plus rassurante. Nous le constatons à chaque rentrée, mais il est difficile de chiffrer, nous n’avons comme point de repère que l’évolution d’effectifs, mais les listes d’attentes ne sont pas exploitables. Les écoles doivent s’adapter à cette fluctuation, pour certaines, fermer des classes et pour d’autres en ouvrir. Cela peut conduire dans certains cas à des fusions de structures, mais dans les zones à forte arrivée de populations, cela nécessite l’agrandissement de certains établissements. 20 | N° 42 JUIN 2016 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH
Les projets du FSJU suivent plusieurs axes. D’abord, avec la Fondation Gordin, a été mise en place une aide financière spécifique pour aider les établissements scolaires à accueillir les élèves arrivant pour la première fois à l’école juive. Outre des bourses, il faut souvent de la remise à niveau en études juives et parfois, en enseignement général. Ensuite, nous accompagnons les établissements dans leurs évolutions de structures : déménagement d’écoles, fermeture de cycles, fusions, agrandissements… Il s’agit, ici, à la fois, d’une aide stratégique et d’une aide financière. Par ailleurs, nous incitons les établissements à retravailler leurs approches de l’enseignement juif de manière à être le plus inclusif possible en s’adaptant à des familles qui n’avaient pas mis en premier choix celui de l’école juive, souvent pour des raisons économiques, mais pas seulement. En même temps, l’école juive doit s’inscrire dans l’ambition nationale d’un vivre ensemble amélioré, pour éviter l’accentuation des clivages et des communautarismes exacerbés. Si l’école juive sous contrat est un lieu privilégié pour la formation d’une identité juive fondée sur le savoir et le vécu, elle ne doit pas exclure l’enfant de la société nationale et doit le préparer à une insertion réussie avec la plusvalue de la culture juive. Ce sont des défis qui s’expriment sous une modalité nouvelle aujourd’hui et autour desquels nous organisons actuellement la réflexion du réseau.
Par Sandrine Alfon-Sroussi
Education
L’école juive
DOIT VIVRE !
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Dans le cadre de notre dossier Education, nous avons souhaité interroger l’ORT Marseille pour revenir sur l’année écoulée. Mme Douieb, la directrice, a bien voulu nous faire part de son bilan et de ses projets, dans un contexte difficile pour tous.
Qu’est-ce que l’état d’urgence et les menaces d’attentats ont changé pour le quotidien des écoles juives dont la vôtre ? Les attentats de janvier puis ceux de novembre ont entraîné l’accroissement des mesures de sécurité. Dès la rentrée 2015, un sas a été installé et nous avons embauché un second vigile avec l’instauration d’une procédure spécifique de sécurité : badges visiteurs, carte d’identité laissée à l’accueil… Une sonnerie dédiée au confinement a été mise en place ainsi qu’un protocole à suivre en cas d’intrusion. Des films opacifiants ont été placés sur les baies vitrées du CDI et d’autres salles d’études ou bureaux ainsi que des portes des salles de classes afin de limiter la visibilité des élèves. Sur le plan pratique, nous avons procédé à des exercices de confinement (inopinés ou prévus) sous le contrôle du SPCJ. Les consignes ont été très bien suivies. Enfin, les enceintes extérieures ont été surélevées et 40 caméras de surveillance fonctionnent dans l’établissement. Face à cette situation, les élèves se sont adaptés et nous aussi. Nous suivons les recommandations du Plan Vigipirate en vigueur et, à ce titre, les sorties et projets de juin ont été maintenus puisqu’autorisés.
Quel est le bilan de cette année difficile sur le plan des effectifs ? Nous n’avons pas eu de pertes d’effectifs pour 2015, grâce, notamment à l’ouverture de notre BTS Optique. Nous n’avons pas encore de visibilité pour 2016-2017 car les inscriptions en enseignement supérieur s’effectuent plus tardivement et les ins-
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criptions définitives ne sont connues que fin septembre à la faveur des changements d’orientation de certains étudiants.
Quels sont vos projets pour l’année 2016-2017 ? Nous ouvrons la seconde année du BTS Optique par la montée pédagogique. L’apprentissage de l’anglais sera développé en collaboration avec l’ « Institute Language Connection » qui donnera des cours de conversation aux collégiens sur la base du volontariat. Ceux-ci travailleront également de manière ludique sur un projet d’écriture et de mise en scène d’une pièce de théâtre entièrement en anglais. Véritable plus-value dans un CV, le TOEIC est également proposé à nos étudiants. Dans l’optique d’une mutualisation de nos besoins et forces, nous avons mis en place un partenariat avec le Gan Ami/Yavné. Les élèves de Terminale intéressés par les métiers d’opticien ou celui d’agent immobilier pourront les découvrir par le biais de conférences et d’interventions de professionnels. Pour la rentrée 2016, nous travaillerons sur l’immobilier. Suite à un appel d’offres de l’académie, nous avons été retenus avec 23 autres dossiers sur 80 déposés, pour devenir « collège numérique » à la rentrée prochaine. Nos professeurs ont déjà commencé à suivre des formations (principe des classes inversées, « serious games » qui constituent des apprentissages plus ludiques et très efficaces) et nos élèves seront tous équipés, dès la 5ème, d’une tablette numérique financée par le conseil départemental. L’ORT est fière de mener de nombreuses actions caritatives avec ses élèves. Un loto a été organisé et ses bénéfices reversés à l’association Beyahad. Les gains occasionnés par l’organisation d’un tournoi de football ont été donnés à l’association des paniers du Chabat. Enfin, nous venons de recevoir une récompense de la part de l’association mondiale ORT pour avoir collecté et distribué des jouets aux enfants malades de la Timone. Ces actions sont importantes pour responsabiliser nos élèves sur le plan social et humain. Notre travail de mémoire se poursuit avec le CRIF, par l’organisation de la journée de la mémoire qui aura lieu en 2017, au collège Adam de Craponne à Salon-de-Provence. L’année dernière, cette journée s’était déroulée au lycée Daumier à Marseille. La journée de Yom Hashoah a été marquée par une cérémonie très émouvante émaillée par la lecture de textes poignants par nos élèves. Lors de la commémoration de Yom Hazikaron, nous avons été honorés par la présence de Mme La Consul, Anita Mazor, qui a manifesté une grande émotion. Le lendemain, Yom Haatsmaout a été une journée festive avec musique et buffets israéliens. Je souhaiterai conclure le bilan de cette année par le constat que l’école juive doit continuer à vivre. Tant qu’il y aura une communauté juive, il faudra assurer une cacherout, transmettre nos valeurs immémoriales et ne pas baisser les bras. Il ne faut surtout pas disparaître du paysage français et, pour cela, les parents doivent continuer à nous faire confiance. Sur le plan de la sécurité, nous sommes, nous, écoles juives, les mieux formées et les plus aptes à assurer la sécurité de leurs enfants. Sur le plan pédagogique, nous sommes toujours très bien placés dans les résultats nationaux aux examens et nous sommes les garants de la transmission de notre patrimoine.
Interview de
Education
M. GUIL ZENOU, DIRECTEUR
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NOUVELLE ENTITÉ GAN AMI-YAVNÉ-LA ROSE : BILAN ET PERSPECTIVES POUR LA RENTRÉE 2016-2017
Qu’est-ce que l’état d’urgence et les menaces d’attentats ont changé pour le quotidien des écoles juives ? L'état d'urgence a généré un dispositif de sécurisation sans précédent. La présence militaire devant les écoles et autres lieux communautaires rassure les parents, les enfants et les personnels de nos écoles. Après une première phase de choc, nous nous sommes, adultes et enfants, habitués à cette présence. La véritable question est combien de temps encore, ce dispositif sera-t-il maintenu ? De façon plus générale, la communauté juive vit sans conteste dans le doute, voire dans la peur, depuis les attentats de Toulouse et de l'Hypercacher. Ceci se répercute sur les enfants. Nombreux sont ceux à partir vers d'autres cieux, notamment vers Israël. Globalement, les effectifs d'élèves sont à la baisse... Je pense sincèrement que notre communauté va devoir s'adapter à de nouvelles conditions d’existence : moins de fidèles dans les synagogues, de consommateurs "Cacher", d'élèves dans les écoles juives ... Il faudrait que nos instances communautaires engagent une large réflexion autour cette mutation qui s'annonce. Pouvez-vous établir un premier bilan de l’année scolaire en tant que directeur de la nouvelle entité Gan Ami-Yavné-La Rose ? Il y a quelques semaines, nous avons décidé de reconduire notre projet de fusion d'une année supplémentaire. En effet, nous avons besoin de quelques mois de plus pour concrétiser une véritable fusion entre ces écoles. Pour information, lorsque nous avons été sollicités par Yavné en mai dernier, nous avons accepté 24 | N° 42 JUIN 2016 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH
Par Sandrine Alfon-Sroussi ce difficile « challenge » pour une raison essentielle. Dans le contexte actuel - qui risque de se confirmer - d’une baisse d'effectifs d'élèves généralisée, nous n’avons d’autre choix que celui de nous regrouper et de mutualiser nos ressources, pour sauvegarder la qualité reconnue de nos enseignements.
Or, sur le terrain, deux attitudes se dessinent clairement : - Le choix de la compétition sauvage et malsaine : débauchage d'élèves, de personnels etc. - Le choix de la responsabilité : l'union, la concertation et la solidarité entre les écoles.
A cet égard, les uns et les autres doivent donner l’exemple de ce qui devrait dicter la conduite et la gestion communautaire, à l’instar des administrateurs du Gan Ami et de Yavné que nous remercions et qui nous ont suivis dans cette aventure. Le premier bilan est plutôt positif, mais il reste encore beaucoup à faire dans ces structures qui souffrent de problématiques multiples et variées. A la rentrée prochaine, sur le site de Yavné, nous disposerons de classes allant de la petite section de la Maternelle à la Terminale. S'agissant de la Rose, le secteur « petite enfance » sera malheureusement fermé, faute d'effectifs et de moyens, conformément à la décision du C.A de Yavné. Les enfants de la maternelle seront accueillis à Yavné. Au Gan-Ami, nous allons de la crèche (2-3 ans) à la Terminale. Quels sont vos Projets 2016-17 ? Les parents du Gan-Ami le savent depuis des années, ceux de Yavné le découvrent, d’année scolaire en année scolaire, nous nous efforçons de nous renouveler sous l’intitulé : « Le Gan-Ami (ou Yavné) passe en classe supérieure ». Pour la rentrée prochaine, nous allons, dans nos deux écoles, proposer entre autres : - Des Prépa en classe de Terminale, «Année 0 du PACES» en collaboration avec le Cours Galien, pour ceux qui se destinent aux études médicales (médecin, sage-femme, Kiné, infirmier). - Nous proposerons également, avec le concours actif de l’ORT, une préparation aux professions immobilières. - Enfin l’accent sera aussi mis sur l’informatique. - Au Collège, nous proposerons des études surveillées ainsi qu’au Primaire. - Au Gan-Ami, avant élargissement à Yavné, nous inaugurerons un pôle « Loisirs » : activités sportives et artistiques en fin de journée, des centres aérés … La liste des nouveautés n’est pas exhaustive car nous procéderons également à quelques investissements : nouveaux laboratoires informatique, stade multisport etc.
Pour conclure, alors que l’Education Nationale insiste, dans ses programmes, sur la notion de «bienveillance», ceux qui nous connaissent savent que nous prônons cette vision des choses depuis… toujours ! • PACES : Première année commune aux études de santé • Fb : https://www.facebook.com/ganami.yavne.larose/?fref=ts • Encore quelques places disponibles dans nos écoles : Yavné : 0491661477 / Gan-Ami : 0496100850
Education
Par Gabriel Cohen
L’EJAP, une école ouverte sur le monde avec son trilinguisme dès deux ans de la Maternelle au CM2.
L’EJAP, une école privée sous contrat qui fait vivre un judaïsme intelligent et authentique il s’y vit au quotidien dans le respect des différences. L’EJAP, une école trilingue, grace à un dispositif dit «à 4 mains». L’EJAP, une école du Pays d’Aix développant les Arts et la Musique dès deux ans grace à une démarche dite «transversale».
L’EJAP, une école qui inscrit les enfants dans une citoyenneté active faite de culture et de tolérance. L’EJAP, une école qui applique au quotidien la différenciation pédagogique dans tous les domaines.
L’EJAP, une école de l’Alliance Israélite Universelle au projet spécifique récompensé au niveau international en 2015 pour la transversalité entre l’Enseignement général
d’Excellence et les matières juives (Grand Prix de la Fondation Européenne Hulya).
L’EJAP, une institution qui tient compte des situations financières de chacun pour que chacun ait sa place en école juive. En accord avec l’Association Gestionnaire Nedivout Lev (générosité du cœur). ASSOCIATION NEDIVOUT LEV SIRET 479 018 780 00011 5 Rue de Jérusalem BP 80006 - 13100 Aix en Provence Tél : +33.4.42.54.56.80 /+33.6.11.68.82.88 www.ejap.fr / direction@ejap.fr
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Rencontre avec
Education
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RAV JOSEPH BITOUN, DIRECTEUR GÉNÉRAL DU GAN MORDÉKHAÏ
Qu’est-ce que l’état d’urgence et les menaces d’attentats ont changé pour le quotidien des écoles juives ? Joseph Bitoun : Cette situation particulière nous a conduit à nous mobiliser et à mettre en place de nombreuses dispositions pour renforcer notre sécurité. Nous avons mené un travail de fond en concertation avec le SPCJ (Service de protection de la communauté juive) afin de doubler le nombre d’agents de sécurité formés aux techniques de combat, d’installer une alarme de confinement, de mettre en place des exercices de simulation, de rehausser et renforcer les clôtures et bien évidemment de former le personnel d’encadrement des enfants. Toutes ces dispositions offrent aux parents et aux enfants des conditions optimales de sécurité. Je tiens par ailleurs à remercier les soldats qui contribuent quotidiennement à notre protection et à celle de notre établissement, ainsi que tous les parents qui se sont mobilisés pour nous aider à assurer la sécurité de nos enfants. Mais pour des raisons évidentes de sécurité, je ne peux pas en dévoiler plus sur le sujet. En parallèle, pour le bien-être des enfants, une cellule d’écoute permanente et quotidienne a été créée, avec l’aide de notre psychologue, pour répondre à leurs questions et à leurs angoisses.
Pouvez-vous établir un premier bilan de l’année scolaire en tant que directeur du Gan Mordékhaï ? Joseph Bitoun : Toutes nos classes sont actuellement en train de passer les évaluations départementales et de réviser les épreuves du baccalauréat et du CAP ; et je peux déjà vous annoncer que les premiers bilans sont très satisfaisants, grâce à D.ieu, puisque nos élèves de CM2 ont terminé l’évaluation de langue vivante, à savoir l’anglais dans notre établissement. Tous les élèves sans exception ont obtenu le niveau européen A1 dans l’acquisition des langues vivantes et 25% des élèves de cette classe ont obtenu le niveau supérieur A1+. Je voudrais souligner le fait que les enfants se sont pleinement investis cette année et ont participé activement aux différents projets de classe. Les équipes pédagogiques m’ont ailleurs fait remonter leur satisfaction à travailler avec nos élèves et ont apprécié la collaboration des parents. Nous avons vu nos élèves, tout au long de l’année, progresser, s’épanouir et ce qui est le plus cher à nos yeux : réussir, chacun à son niveau et à son rythme. 26 | N° 42 JUIN 2016 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH
Par Gabriel COHEN Car notre force ce n’est pas seulement l’utilisation d’un équipement moderne à la pointe de la technologie, ni uniquement cette ambiance familiale et bienveillante propre à notre structure. Notre force c’est avant tout une fabuleuse équipe pédagogique en place depuis plusieurs années et composée de professeurs des écoles, d’une psychologue et d’une documentaliste qui travaillent en étroite collaboration et s’impliquent personnellement pour réaliser notre objectif prioritaire : « accompagner chaque enfant vers sa réussite personnelle » ! De ce fait, nous avons mis en place cette année avec Marlyse Jaquet, docteur en neuropsychologie, des séances de remédiation cognitive pour les élèves rencontrant des difficultés d’apprentissage. Quels sont vos projets 2016-2017 ? Joseph Bitoun : Notre établissement, en accord avec notre projet d’école, mise beaucoup sur les nouvelles technologies afin d’enrichir le travail pédagogique de notre équipe. En effet, nous souhaitons accompagner nos élèves, nés à l’ère du multimédia, en adaptant nos méthodes à leurs centres d’intérêt, tout au long de leur scolarité. C’est la raison pour laquelle, nous investissons constamment dans des outils numériques. Par exemple, tous les mercredis, dès la rentrée prochaine, B’H’, nous proposerons des cours de soutien scolaire ouverts à tous les collégiens de la communauté. Des professeurs expérimentés dispenseront des cours de français, de mathématiques et de méthodologie en s’appuyant sur un équipement informatique innovant et attractif, à des petits groupes de dix élèves. L’objectif étant d’acquérir les compétences fixées par le ministère de l’Education nationale, de manière plus ludique. A la rentrée prochaine, nous allons également développer l’utilisation de tablettes numériques interactives d’apprentissage en classe de CM2, qui sera notre classe pilote durant toute l’année. Ce projet ayant déjà été initié cette année en classes de CM1 et CM2, tous les mercredis après-midi lors des activités pédagogiques complémentaires. Il s’agit de tablettes interactives mises à la disposition des élèves, en classe, afin de proposer un programme individualisé d’exercices en rapport avec les programmes officiels et adaptés au niveau de chacun. Un tableau de bord permettra au professeur de suivre en temps réel les progrès de chaque élève et d’assurer un suivi personnalisé. A la fin des congés d’été, nous proposerons un stage de remise à niveau en mathématiques et en français à destination des élèves du secondaire qui le souhaitent. Pour faciliter l’accès à notre établissement, nos élèves bénéficient depuis cette année déjà d’un transport scolaire, gratuit, en car privé, et nous souhaiterions l’étendre à tout Marseille. Enfin, nous mettons en place une démarche qualité en vue d’obtenir la norme NF par l’association française de normalisation (AFNOR) pour toutes les structures de notre établissement. Cette interview a été réalisée avec la participation de Dina Bitoun, professeur des écoles et directrice pédagogique, et Marlyse Jaquet, docteur en psychologie cognitive et psychologue de l’établissement.
Kfar Hanoar Yemin Orde
Education
UNE STRUCTURE ADAPTÉE AUX ADOLESCENTS OLIM
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Kfar Hanoar Yemin Orde est un campus scolaire qui existe depuis soixante ans, dans le cadre merveilleux du Mont Carmel, entre la montagne et la mer. Il y a environ trente ans, les dirigeants ont décidé de lui confier une mission bien particulière : accompagner les Olim de différents pays pour les aider dans leur cursus scolaire, pour les épauler dans leurs choix après le bac (armée, études). Ce programme s'est ouvert aux olim francophones, il y a trois ans. David Ouaki, coordinateur de ce programme, nous en explique davantage.
''Le campus Yemin Orde est ouvert aux jeunes adolescents à partir de la kita tet (équivalent classe de 3ème), soit de 14-15 ans. Les jeunes sont logés sur place dans un internat très strictement encadré : deux madrihim, une assistante sociale et une ''Em bayit'', assure David Ouaki. En tout, ce sont près de 200 adultes qui s'occupent des plus de 400 élèves. L’équipe dirigeante, avec Benny Fischer à sa tête, est expérimentée dans les domaines pédagogique et éducatif.
UNE MISSION BIEN PARTICULIÈRE Ce qui fait la spécificité de ce campus c'est qu'il est résolument tourné vers les jeunes olim et même 28 | N° 42 JUIN 2016 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH
Par Guitel Ben-Ishay ceux qui n'ont pas encore franchi le pas de l'alya, dans le cadre du programme Naale, notamment. ''Nous nous adressons aux adolescents qui se retrouvent face à des difficultés d’intégration en général et scolaires en particulier''. Sur le campus, les élèves ont la possibilité de suivre le cursus scolaire général ou technologique. Les nouveaux immigrants sont pris en charge avec la plus grande attention grâce à un personnel pédagogique et éducatif francophone. ''Un oulpan intensif leur est proposé parallèlement à des cours en français pour les aider à se mettre à niveau en vue des épreuves du bac israélien. Le fait que les élèves se retrouvent avec des camarades issus du même pays les renforce''.
DES JOURNÉES BIEN REMPLIES Une journée à Yemin Orde commence avec le réveil vers 06h30 puis à 7h00 la prière obligatoire pour tous les élèves. "Nous appartenons au système public religieux mais ce n'est pas torani, et nous n'employons pas la coercition concernant la religion''. ''A la fin de la journée scolaire (8h15-16h), les élèves sont pris en charge par les éducateurs. Ils ont jusqu’à 19h pour faire leurs devoirs et se détendre un peu, avec la possibilité de bénéficier de soutien scolaire''. Apres le repas du soir, les élèves du campus sont invités à pratiquer l'activité extra-scolaire de leur choix: artistiques ou sportives, la palette est grande et variée!
Un contact permanent. David Ouaki et l'équipe de Yemin Orde le savent: une des clés de la réussite de l'élève est le suivi. Ce suivi se fait en partenariat total avec les parents qui sont quotidiennement informés de l'évolution de leur enfant. Apres trois ans de fonctionnement, la section francophone de Yemin Orde a tenu ses promesses. ''Nous sommes satisfaits de constater l'épanouissement et la réussite scolaire de ces jeunes'', estime David, ''même si nous savons que l'adaptation pour eux prend souvent du temps''. Les élèves sont suivis individuellement jusqu'au bac et même après : « L’équipe de Yemin Orde soutient ses élèves dans leur préparation pour l’armée, les guide, les oriente. Il en va de même pour le choix des études supérieures ». Le campus de Yemin Orde propose donc des infrastructures adaptées aux besoins des adolescents olim et leur offre la chance de pouvoir s'intégrer en douceur et en profondeur dans la société israélienne. Pour plus de renseignements : David Ouaki : 054-2119600 david.o@Yeminorde.co.il www.yeminorde.co.il
Education
Rav Shaoul David Botschko Le Rav Shaoul David Botschko est bien connu dans le monde sioniste-religieux, francophone comme non francophone. Il est le directeur de la Yeshiva Heikhal Eliahou et dans un mois, il quittera ses fonctions de Rav du yichouv Kohav Yaacov. En plus de ces activités, le Rav Botschko écrit un nombre impressionnant d’ouvrages de qualité rare, et son œuvre devient pratiquement incontournable dans chaque bibliothèque juive!
Le P'tit Hebdo: Vous êtes arrivé en Israël en 1994. Auparavant, vous dirigiez en France une école issue de la Yeshiva de Montreux (Suisse) créée par votre père, le Rav Moshé Botschko, z''l. Pourquoi avoir quitté la Suisse puis la France pour vous installer en Israël alors que vous y meniez une œuvre éducative importante? Rav Shaoul David Botschko: Il est vrai que j'ai passé toute ma jeunesse dans les beaux paysages suisses puis une partie de ma vie en France. Mais pendant toutes ces années mon cœur a toujours été en Israël. Nous n'étions que de passage dans ces différents endroits. Je pense que cette aspiration est née dans l'éducation que j'ai reçue. Mon père, z''l, m'a d'ailleurs devancé puisqu'il est monté en Israël en 1985. Eretz Israël est le pays du peuple juif, nous l'avons toujours gardé en tête.
Lph: Beaucoup de Juifs de France sont convaincus qu'Israël est le pays des Juifs pourtant, ils ne franchissent pas le pas de l'alya. Quel est le déclic qui manque? Rav S-D.B.: L'alya demande de fournir un effort. C'est incontestable. Mais je ne suis pas inquiet au regard de cette démarche concernant les Juifs de France: ce n'est qu'une question de temps. Ils nous rejoindront tous. L'alya française n'est pas une fuite, contrairement à ce que certains sont tentés de penser. Il s'agit d'une alya de cœur, de qualité. Les Juifs de France pourraient choisir une autre destination quand ils décident de quitter la France. Pourtant c'est bien vers Israël qu'ils se dirigent. Le déclic auquel vous faites allusion, c'est la prise de conscience que nous ne devons pas vivre uniquement en tant qu'individu mais bien en tant que Nation. Etre juif ce n'est pas appartenir à une religion mais à un peuple et cela suppose de lier son destin personnel à celui du peuple. Lph: En 1995, un an après votre alya, vous fondez la Yeshiva Heikhal Eliahou à Kohav Yaacov. L'emplacement de cette Yeshiva lui confère-t-il une dimension différente? Rav S-D.B.: C'est la Providence qui nous amenés à Kohav Yaa-
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''LIER SON DESTIN PERSONNEL À CELUI DU PEUPLE''
cov. C'est effectivement un endroit très propice à l'étude. Je profite de l'occasion pour saluer et souhaiter beaucoup de réussite à mon successeur au poste de Rav de ce merveilleux yichouv. Mais à vrai dire, la Yeshiva aurait pu être ailleurs, il est important d'étudier partout en Israël. Il faut, certes, renforcer la Judée-Samarie, mais aussi tous les endroits d'Israël. Chaque parcelle du pays est chère à notre cœur. Lph: Quelle est la philosophie de cet établissement? Rav S-D.B.: Pour mon père, la Yeshiva devait être liée à la vie. L'étude de la Torah ne doit pas nous séparer de la vie et de nos obligations, notamment de celle de l'armée. C'est pourquoi nous avons créé une Yeshivat Hesder qui combine études de la Torah et service militaire.
Lph: Vous proposez différents programmes de hesder. Rav S-D.B.: Nous avons deux programmes que nous destinons aussi bien aux Israéliens qu'aux Franco-israéliens qui ont fait leur alya. Le premier programme ''Hesder'' dure cinq ans et se compose de deux ans de yeshiva puis un an et demi d'armée puis un an et demi de yeshiva. Le second appelé ''Chilouvim'' se déroule sur quatre ans répartis de la façon suivante: un an de yeshiva suivi de deux années d'armée puis d'un an de yeshiva.
Lph: Pourquoi est-ce, selon vous, si important de concilier service militaire et études religieuses? Rav S-D.B.: Avec l'étude, on ne construit pas la même vie, on ne construit pas le même type de famille. De la même façon, la yeshiva permet de donner une meilleure compréhension pour servir dans l'armée avec tout son cœur. Il faut comprendre qu'accomplir son service militaire revient à faire la volonté d'Hachem. Chaque soldat doit savoir la grandeur de ce qu'il accomplit. Puiser aux sources de la Torah confère l'énergie et l'enthousiasme nécessaires pour cette mission. Lph: Notez-vous des interrogations ou une baisse de la motivation chez les jeunes suite aux différentes déclarations polémiques de haut-gradés de Tsahal?
Propos recueillis par Guitel Ben-Ishay Rav S-D.B.: Les questions peuvent surgir. Nous devons développer un dialogue, une réflexion mais sans jamais remettre en cause l'essentiel. Il peut y avoir des déclarations à déplorer, il peut y avoir des erreurs ici ou là mais cela ne change rien au fait que c'est notre armée qui nous permet de vivre en sécurité ici et que nous avons le devoir d'y participer. Lph: Qu'enseignez-vous pendant ce cursus de yeshiva? Rav S-D.B.: Nous leur enseignons la Guemara, le Tana'h, la pensée juive. Le but est de renforcer la conscience du judaïsme, intégrer ce que l'on apprend pour que chaque étudiant s'approprie la Torah. Nous cherchons à éveiller ce qu'il y a de particulier en chacun. La Yeshiva n'est pas un moule, nous voulons que chaque
élève se retrouve dans notre enseignement. Lph: Vos étudiants viennent-ils d'horizons différents? Rav S-D.B.: Ils viennent de tout Israël. De la ville, de la campagne, de tous les coins du pays. Ils sont Israéliens et Franco-israéliens. Hachem nous aide pour faire de ce melting-pot un ensemble harmonieux dans lequel règne la fraternité. Nous créons de l'a'hdout (unité) et non pas de l'a'hidout (uniformité). Nous leur transmettons une Torah de vie, nous ne les arrachons pas à leurs activités de jeunes de leur âge. Il s'agit juste d'ajouter de l'amour de la Torah dans notre vie. Et nous sommes des privilégiés parce que nous avons le mérite de voir évoluer ces jeunes de manière magnifique. Ils nous apportent beaucoup! Lph: Comment évaluez-vous la réussite de votre enseignement? Rav S-D.B.: Si nous réussissons à leur donner des racines et des ailes alors notre pari est gagné. Nous avons atteint notre but quand ces jeunes sont capables de construire leur vie de manière autonome et responsable en partant des sources de nos textes.
Lph: Kohav Yaacov est aussi un yishouv qui abrite un noyau francophone. Comment évolue-t-il? Rav S-D.B.: Ce noyau de Français devient de plus en plus israélien! Je pense que c'est cela la clé: ne pas créer de communauté française à proprement parler mais faire partie de l'ensemble. Lph: C'est votre conseil aux olim? Rav S-D.B.: Il est toujours difficile de donner des conseils, car comme on dit, les conseilleurs ne sont pas les payeurs… Mais je pense qu'il est primordial de garder le lien familial, que les parents continuent à jouer leur rôle en conservant une relation proche avec leurs enfants et adolescents.
Lph: Pour finir, en cette période de Lag Baomer, quel est pour vous le message de cette journée? Rav S-D.B.: Lag Baomer nous enseigne l'importance du ''sod'', c'est-à-dire de l'intériorité. La Torah et les mitsvot sont un vêtement, pour être complètement juif, nous devons rentrer dans cette Torah et la vivre dans sa plénitude. Pour plus de renseignements sur les programmes de la Yeshiva Rav Nahum Botschko: 050-2762700
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Yom Yeroushalayim
Rav Menahem Hacohen
''MÊME SI TOUT LE MONDE NE SAVAIT PAS POURQUOI, UNE ÉMOTION IMMENSE S'EST EMPARÉE DE NOUS TOUS''
L'ATTENTE (TKOUFAT HAAMTANA) La guerre des 6 jours n'a duré que 6 jours de combat mais elle a éclaté à l'issue d'une période d'attente et de tensions dont tous les témoins de l'époque se souviennent. ''Pendant cette période, nous savions que d'un jour à l'autre la guerre pouvait éclater'', nous raconte le Rav Menahem Hacohen, ''le Rav Goren se trouvait alors à l'étranger et j'étais en contact téléphonique avec lui. Il me disait: ''Ne commencez pas la guerre sans moi!''. Il est rentré in extremis: deux jours après son retour, les combats ont commencé''. Le Rav Menahem Hacohen a débuté son service militaire comme soldat combattant, mais repéré par le Rav Goren, il a poursuivi dans la rabbanout de l'armée et il accompagnait le Rav Goren partout, à la demande de ce dernier. ''Le Rav Goren ne partait sur aucune opération, sans passer me prendre. Il a même insisté pour que je reste à ses côtés après la fin de mon service''. Ainsi, lorsque le Rav Goren se rend sur le terrain au début de la guerre des 6 jours, c'est donc, une fois encore le Rav Menahem Hacohen, soldat réserviste, qui l'accompagne.
DU SUD VERS JÉRUSALEM Les opérations militaires débutent dans le sud, sur le front que l'on pensait être alors le plus chaud. Motta Gour et ses hommes sont sur place puis rapidement appelés à se déplacer vers Jérusalem. Le Rav Goren et le Rav Hacohen sont à Jérusalem, et retrouvent làbas, à Rockfeller, les troupes qui arrivent. 32 | N° 42 JUIN 2016 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH
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Le mercredi 7 juin 1967, 28 Iyar 5727, Jérusalem retrouve son unité. Yom Yeroushalayim célèbre la reconquête par Tsahal de la partie orientale de la capitale avec Har Habayit et le Kotel. Le Rav Menahem Hacohen fait partie de ceux qui ont participé à la libération de la vieille ville. Assistant du Rav de Tsahal, le Rav Shlomo Goren, et proche de Motta Gour, commandant des parachutistes, il est un témoin direct de ce grand jour pour le peuple d'Israël. ''Le Rav Goren se déplaçait toujours avec un petit Sefer Torah et un Chofar'', nous décrit le Rav Menahem Hacohen, ''Ce jour-là, les bombardements étaient permanents et nous avons essuyé plusieurs tirs. Le Chofar du Rav Goren a été brûlé. Il m'a alors envoyé en chercher un autre, celui que l'on voit sur les photos de la libération du Kotel''. A ce moment-là, l'idée de pénétrer dans la vieille ville de Jérusalem et de libérer Har Habayit et le Kotel n'est présente chez aucun de ces soldats. ''Le mardi soir, nous étions réunis sur la Colline des Munitions, à Jérusalem. Nous ne savions pas encore que le lendemain nous irions marcher sur l'esplanade du Temple et du Kotel. Le Rav Goren disait toujours qu'il fallait aller libérer la vieille ville, mais on lui rétorquait que l'ordre n'en avait pas été donné. La décision n'a été prise que le mercredi matin''.
''HAR HABAYIT BEYADENOU!'' (LE MONT DU TEMPLE EST ENTRE NOS MAINS) Ce dont se souvient d'abord le Rav Menahem Hacohen ce sont des images difficiles auxquelles ils sont confrontés en approchant de la porte des Lions: ''Quand nous sommes arrivés, sous le commandement de Motta Gour, nous avons dû passer par-dessus des tanks et des bus calcinés qui bloquaient l'accès''. Mais rapidement, à la surprise générale des soldats, ils progressent au sein de la vieille ville: ''On ne s'attendait pas à cela. Bien entendu, il a fallu se battre mais nous avons vu des Arabes lever les mains au
Par Guitel Ben-Ishay
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Le Rav Menahem Hacohen avec le Rav Goren (a g.)
Le Rav Menahem Hacohen
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ciel quand nous approchions!''. ''A 10h du matin, le mercredi, Motta Gour est entré sur l'esplanade du Temple et s'est écrié: ''Har Habayit Beyadenou!''. Le Rav Goren a lui aussi crié, il a commencé à sonner du Chofar avec son Sefer Torah dans l'autre main. Il a sonné sans cesse jusqu’à ce que nous arrivions au Kotel!''. L'émotion, comme on peut se l'imaginer était à son comble! ''Même si tout le monde ne savait pas pourquoi, une émotion immense s'est emparée de nous tous. Quand nous sommes arrivés sur Har Habayit, nous avons spontanément entonné un chant, encore récent: Yeroushalayim Chel Zahav''. Les soldats de Motta Gour, accompagnés du Rav Goren et de son acolyte, le Rav Menahem Hacohen, arrivent au Kotel dans l'après-midi: ''Le Rav Goren a dirigé, tout de suite, la prière de Min'ha, puis il a récité la bénédiction Chee'hiyanou. Trois parachutistes ont accroché un drapeau d'Israël. Très vite, l'esplanade, qui était loin d'être celle que l'on connait aujourd'hui, s'est remplie: des soldats, mais aussi des civils, des membres de la municipalité de Jérusalem ou de la Knesset sont venus fouler ce sol saint''. Le Rav Menahem Hacohen est né et a grandi dans la vieille ville de Jérusalem. Pour lui, ce jour revêt donc une signification personnelle encore plus forte: ''La première chose à laquelle j'ai pensé quand nous sommes arrivés au Kotel c'est que j'aurais aimé que mon père soit avec moi. Nous vivions près de là, tous les shabbat, nous nous approchions le plus possible du Kotel pour prier. Ce fut pour moi une sensation unique, impossible à décrire par des mots, un mérite'', nous dévoile-t-il non sans émotion.
Yom Yeroushalayim est-il célébré à sa juste valeur?
Yom Yeroushalayim semble être un peu le parent pauvre des fêtes nationales: ce n'est pas un jour férié et en dehors de la capitale, il existe peu de manifestations célébrant cette journée. Le Rav Menahem Hacohen rejoint ce constat: ''Nous n'avons pas fait de Yom Yeroushalayim le jour qu'il devrait être. Aujourd'hui cela se résume à des défilés de drapeaux et à une fête religieuse. C'est dommage, cela devrait être une fête pour tout le peuple, pas seulement réservée au public sioniste religieux. Nous n'avons pas su faire en sorte que le peuple d'Israël, dans son ensemble, se l'approprie''. La guerre des 6 jours dure-t-elle jusqu’à aujourd'hui?
''Nous vivons depuis la guerre des 6 jours dans une atmosphère ambiguë: aucun gouvernement n'a jamais décidé d'annexer la Judée-Samarie. Je ne sais pas si nous sommes encore dans la guerre des 6 jours, mais ce qui est certain c'est que nous constatons une situation loin d'être idéale et surtout très floue. Mais personnellement, ce qui m'inquiète le plus aujourd'hui, ce n'est pas de savoir si nous n'avons toujours pas gagné la guerre des 6 jours, mais l'extrémisme qui grandit des deux côtés de l'échiquier politique. Notre pays manque d'équilibre, c'est le réalisme et l'activisme équilibré de nos dirigeants qui nous a toujours fait avancer, nous n'obtiendrons rien par le durcissement de nos positions de part et d'autre''. Le Rav Menahem Hacohen conclut notre entretien par ce regret, lui qui a vécu les heures les plus importantes de notre histoire moderne: ''C'est pour moi dur d'être optimiste quand je vois la haine que le peuple se voue envers lui-même, les querelles internes. Mais il est interdit d'être pessimiste, nous pouvons compter sur Hachem et nous irons de l'avant''.
La nouvelle
Communauté
AMBASSADRICE D’ISRAËL À LA RENCONTRE DES MARSEILLAIS
Sa venue était attendue. Aliza Bin-Noun a été reçue par le CRIF Marseille Provence à la villa Pascal, le jeudi 17 mars, en présence de nombreux élus de notre ville et institutions communautaires. Une grande émotion pour cette descendante de victimes de la Shoah, qui vit désormais dans le pays dont elle avait choisi la langue, lors de ses études. Le séjour avait été organisé par Le Consulat général d’Israël Marseille.
Anita Mazor Valérie Boyer, Aliza Bin-Noun, Michèle Teboul
LE COMBAT CONTRE LE BDS, INSCRIT DANS LES STATUTS DU CRIF « Je retrouve à Marseille un peu d’Israël dans la chaleur des habitants de cette ville méditerranéenne », s’est réjouie celle qui a succédé à Yossi Gal. Si la fermeture annoncée du consulat d’Israël à Marseille était sur toutes les lèvres, la représentante de Benyamin Netanyahou a été reçue dans une ambiance très conviviale. En introduction, Michèle Teboul, Présidente du CRIF Marseille Provence, n’a pas manqué de re34 | N° 42 JUIN 2016 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH
layer les inquiétudes d’une communauté marseillaise dont le quotidien est rythmé par les rondes de militaires devant les lieux de cultes et établissements confessionnels. Les deux agressions dont ont été victimes Le Rav Amoyal et l’enseignant Benjamin Amselem, deux drames évités de peu, sont une fois de plus l’occasion de souligner comme erreur de langage le fait d’affubler un antisémite de déséquilibré : « Votre combat est le nôtre, vos souffrances sont les nôtres. L’antisémitisme est bien ancré dans l’esprit de certains jeunes Français et nous le regrettons ; un antisémitisme souvent nourri d’antisionisme. La légitimité de l’état d’Israël doit être défendue, son besoin d’avoir une frontière sûre et reconnue et à travers cela, le combat contre le BDS, qui d’ailleurs s’inscrit dans nos statuts » a rappelé la présidente du CRIF. Comment Israël peut-il être serein alors que l’Iran poursuit ses essais de tirs de missiles ? Comment entrevoir une issue positive avec les Palestiniens, dans la mesure où le Président Abbas reste pour le moment silencieux quant à une reprise des négociations directes ? Israël est un partenaire de choix pour notre région, l’ambassadrice n’a pas manqué de le rappeler : « l’implication essentielle du Consulat Général d’Israël à Marseille s’est illustrée par la multiplication de partenariats sur les plans politique, économique (Implantation de Netafim à Gardanne, succès de la Chocolaterie de Provence en Israël), culturel (passage à Aix-en-Provence de la célèbre compagnie de danse israélienne Batsheva, organisation de Festivals du film israélien à Cannes, Nice) ». Parmi les nombreux événements de l’année, le récent voyage d’une délégation de 60 personnes, parmi lesquelles des enfants de la diversité marseillaise, et quelques élus, ou encore la présence d’un pavillon israélien lors de l’Innovative city les 16 et 17 juin prochains à Nice. Michèle Teboul n’a pas manqué de faire part de ses craintes quant à l’avenir du consulat d’Israël à Marseille, soulignant au passage le travail accompli par Anita Mazor, consul général d’Israël : « Portée par l’amour de son pays et celui de notre ville qu’elle connaît très bien, elle possède aussi une grande compétence sur le tissu économique de notre région et sa culture ». Michèle Teboul a clôturé son discours sur un ton déterminé : « Le drapeau israélien continuera de flotter à Marseille ». Dans un même élan, A.Bin-Noun a réitéré des paroles semblables à celles de ses prédécesseurs quant à la sempiternelle menace antisémite: « Nous suivons cela de très près car ce fléau nous préoccupe énormément », tout en rappelant au passage les valeurs et le destin communs des pays démocratiques : « Les attentats terroristes en Israël sont similaires à ceux de France ». Le peuple israélien poursuit sa route, coûte que coûte. Barouh' Hashem".
Aliza Bin Noun
« JAMAIS NOUS N’ABANDONNERONS NOS COMMUNAUTÉS » Lev Haïr : Ambassadrice de l’Etat d’Israël en France, vous vous êtes récemment rendue dans le camp méconnu de Thil. Que ressentez-vous ? A.B.N : « C’est en effet avec beaucoup d’émotion sur le plan familial que j’ai visité ce camp où mon propre père a été interné huit mois. Et c’est aussi la première fois qu’une femme devient ambassadrice d’Israël en France, un défi d’autant plus conséquent. Aujourd’hui, la bête immonde de l’antisémitisme lève la tête. Nous devons poursuivre la lutte contre ce mal toujours plus rampant et contre toutes les formes de racisme, aux côtés du gouvernement, d’institutions comme la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, de sites de mémoire comme le Camp des Milles, où plus d’une centaine d’enfants juifs ont été internés puis déportés vers les camps de la mort ». L. H. : Quels projets avez-vous à travers cette nouvelle fonction?
Propos recueillis par Magali Barthès A.B.N : « Nous entretenons avec la France de très bonnes relations dans les secteurs politique, économique, scientifique et culturel. Renforcer ces liens est notre priorité, en multipliant les échanges universitaires afin de donner aux étudiants français la possibilité de découvrir notre pays et la vie quotidienne israélienne. En arrivant en Israël, on est très vite impressionné par ce pays qui dégage une image très différente de celle que l’on avait précédemment. On y comprend mieux ses contraintes, sur le plan sécuritaire notamment. C’est pour cela que nous mettons tout en œuvre pour expliquer la politique du gouvernement israélien et nos positions par rapport au Moyen-Orient et au-delà ». L. H. : La fermeture du consulat d’Israël à Marseille ne signifierait-elle pas un abandon de la communauté juive du sud-est ? A.B.N : « Jamais nous n’abandonnerons nos communautés de Marseille ou d’ailleurs dans le monde. Elles représentent beaucoup pour Israël, elles font partie du monde juif. Cette fermeture annoncée du consulat d’Israël n’est aucunement liée à l’importance de la communauté juive à Marseille. Il s’agit d’une question de budget ».
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Les meubles de synagogue Lavi
Reportage
''UNE AVODAT KODECH''
LPH Lev Hair a interrogé Shalom Ashkenazi, responsable marketing du département étranger de la société Lavi. Celle-ci, située dans un kibboutz israélien, s'est spécialisée dans la confection de meubles de synagogue qu'elle exporte dans le monde entier. Le P'tit Hebdo Lev Hair : Qu'appelle-t-on ameublement pour synagogue? Shalom Ashkenazi : Il s'agit des bancs jusqu'à l'aron hakodech en passant par l'estrade, les bibliothèques, les me'hitsot, la chaise d'Eliahou Hanavi.
Lph Lev Hair : Quels sont les matériaux que vous utilisez? S.A.: Nous travaillons essentiellement le bois, mais nous le mélangeons aussi parfois au verre, à la pierre et au métal.
Lph Lev Hair : Comment le client effectue-t-il son choix: sur la base d'un catalogue ou peut-il passer la commande selon ses envies? S.A. : Nous avons plusieurs catalogues de produits que nous avons fabriqués auparavant. Le client les feuillette et se fait son idée de ce qu'il veut. En général, on conçoit d'abord l'aron hakodech. Le client nous exprime ce qui lui convient, le style qu'il préfère en piochant des idées dans les catalogues. Puis à partir de là, nous concevons le produit qu'il souhaite et nous adaptons tout l'ameublement. Concernant les bancs, le client choisit parmi une gamme que nous lui proposons.
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Par Guitel Ben-Ishay Lph Lev Hair : Quels sont les critères à prendre en compte dans l'ameublement d'une synagogue? S.A.: 1. Le confort, 2. Choisir une entreprise avec de l'expérience, qui est fiable, 3. Une garantie longue durée sur les produits, 4. Le prix. Lph Lev Hair : Vous avez des clients dans le monde entier. Que recherche-t-il chez Lavi? S.A.: Les clients savent où se trouve l'expérience: nous avons déjà meublé plus de 5000 synagogues. D'autre part, les clients recherchent de la qualité, des bons produits avec une marque juive, sans erreur de fabrication ou par rapport à la hala'ha.
Lph Lev Hair : Qu'est-ce qui caractérise le judaïsme français au regard de l'ameublement des synagogues? S.A.: La communauté française est, dans sa majorité, séfarade. De ce fait, ils s'assoient en U dans les synagogues, contrairement aux ashkénazes qui sont tous tournés vers le he'hal. Par ailleurs, le choix des bancs obéit souvent à des goûts plus traditionnels et moins modernes. Lph Lev Hair : Pour un fabricant de meubles, se consacrer exclusivement à l'ameublement de synagogues confère-t-il une valeur différente à votre travail? S.A. : Nous ressentons un grand mérite de nous consacrer à une avodat kodech, un travail saint et le tout dans le respect de nos clients et de nos employés.
Société Lavi Tel: +972 4 6799400 furniture.lavi.co.il
Par Rav Yaacov Spitezki
Divré Torah
T4NSU
Liberté, liberté chérie…. POURQUOI LE DON DE LA TORAH EST-IL LE GARANT DE NOTRE LIBERTÉ ?
L'année 1848 a vu une floraison de révolutions à travers l’Europe, le Printemps des peuples. Plus récemment on a assisté aux Printemps Arabes. Cette soif de liberté est due à la prise de conscience de l’importance de la valeur de l’individu. L’accent c’est déplacé du général au particulier.
Quel rapport, direz-vous, avec Chavouot ? C’est que ce besoin de liberté et ses implications ont une signification toute particulière pour le Judaïsme qui met l’accent sur l’importance de chaque individu. "N’est vraiment libre que celui qui fait de la Torah son occupation première." Cette affirmation talmudique peut paraître surprenante. En effet, il semble plutôt que celui qui applique les commandements perd de ce fait sa propre liberté, son indépendance. Lorsqu’une personne accepte d’être assujettie à une volonté extérieure à ellemême, il ne saurait y avoir de place pour l’affirmation du moi. Mais il en va autrement lorsque l’auteur de la Loi est D.ieu luimême. Et c’est le cas pour la Torah. Il ne s’agit plus, dès lors, de restrictions, d’aliénation mais bien de dépassement du moi. En nous unifiant avec la Transcendance, nous nous dépassons, nous transcendons.
TRAVERSER LE DÉSERT… On comprend ainsi pourquoi la Torah a été donnée dans un désert, symbole d’immatérialité et d’absolu. Ce qui ne veut pas dire que le Judaïsme nous invite à ignorer le monde matériel, bien au contraire. 38 | N° 42 JUIN 2016 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH
La Torah transcende l’espace mais aussi le temps et c’est d’ailleurs pour cela que la date de la Révélation n’est pas précisée clairement dans le texte biblique : « vous compterez sept semaines »… après Pessa’h. Oui, la sortie d’Égypte – la liberté - n’a de sens que si elle aboutit à la Révélation du Sinaï, à la moralité. Il est également significatif que Chavouot est la seule fêté à laquelle ne se rattache aucune Mitsva, aucun commandement concret. Ceci, fait remarquer Rabbi Shimshon Raphaël Hirsch, vient souligner l’idée que la Torah est universelle et qu’elle transcende l’Espace et le Temps. Grace à l’étude et la pratique, nous "spiritualisons" notre être et tout ce qui nous entoure et parvenons ainsi à l’harmonie.
HARMONIE ET SYNTHÈSE C’est trois mois après la sortie d’Égypte qu’Israël reçut la Torah. Chacun de ces mois correspond à une attitude différente dans notre relation avec D.ieu et avec nôtre prochain. En Nissan, le premier mois, les Israélites sortirent d’Égypte. Ils fuyaient l’idolâtrie et l’immoralité. Ils ignorèrent alors totalement le monde qui les entouraient. Ceci se dit en Hébreu : « Sour me Ra… » Au cours du second mois, Iyar, ils comptèrent l’Omer qui implique un raffinement du caractère s’obtenant par un travail personnel quotidien : "Assé tov" Les fruits de ces efforts furent "récoltés" en Sivan, le troisième mois, à Chavouot. Nous atteignons alors le plus haut degré d’unité avec D.ieu. En effet, alors que celui qui pratique les commandements divins reste une entité distincte de cette mitsva; celui qui étudie la Torah unit son intellect à la Sagesse divine. On assiste alors à l’union de ce qui est le plus bas avec ce qui est le plus haut. Le divin ne se trouve plus hors de portée et l’humain n’est pas rejeté. La véritable union avec D.ieu ne se dévoile que lorsque l’on vit dans le monde et que l’on œuvre pour le transformer. C’est Tiféret – l’harmonie.
PÉRENNITÉ D’ISRAËL Quel est le secret de notre survie ? Un examen attentif de notre histoire nous montrera que le peuple juif a toujours été une minorité dont la constance fut en tout temps et en tout lieu l'attachement à la Tora et aux mitsvot. C'est dans le fait que nous sommes ''un peuple qui vit à part'' que réside le secret de la survie d'Israël. Notre spécificité, notre indépendance de pensée et d'action ne font pas notre faiblesse mais bien au contraire notre force. Et c'est seulement ainsi que nous pourrons mener à bien la mission que nous a confiée le Créateur « être un peuple de prêtres et une nation sainte » pour le plus grand bien de toute l'humanité. Rav Yaacov Spitezki 054 23 99 791 SHORASHIM : Le centre pour les étudiants francophone Université Hébraïque de Jérusalem
Par Elizabeth Lezmi Delouya
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Mieux vivre
Promettezvous ! Dans le cheminement amoureux de tous les Adam et Eve, l'amour et la connaissance vont de pair, comme il est dit dans la Genèse ; lorsque l'homme s'approche de la femme, « Adam connait Eve ». Adam et Eve goûtent au fruit de l'amour dans le respect des divines règles de la pureté et de l'innocence ; c'est leur Paradis. Puis, rien n'est plus plat que la sérénité du bonheur et les enfants gâtés qui s'ignorent, se retrouvent un jour face au serpent de l'aventure, de l'adrénaline et du doute. Au paradis, le serpent insinue qu'à la consommation « d'un fruit défendu », répondra en toute impunité, une « sur-dimension de soi au point d'être comme Dieu ». Métaphoriquement, dans le discours amoureux, le dangereux besoin de « sur-dimension » de soi pousse à la tentation de transformer le fruit de la connaissance de l'autre en rapports de forces, en pressions, dominations et possessions. Mais la recherche de « sur-dimension » mène à vampiriser et « dévorer » l'autre. Atteindre la toute-puissance sur « l'autre », le maitriser à l'en oublier, conduit à sa perte car « on l'aime tant qu'on le possède... mais, en réalité, on le dépossède». La relation chavire alors dans une fusion où l'un des deux se perd....on ne fait plus qu'un : oui mais lequel ? Un couple n'est pas viable quand il repose sur le sacrifice de l'un pour l'autre. Attention au fruit défendu, tel était l'avertissement Divin ! On avance l'un avec l'autre, et on grandit ensemble à la recherche du regard de l'autre. Le manque et le désir sont indissociables et indis-
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pensables, dynamique de cet élan de recherche permanente de l'un vers l'autre qu'est l'amour, ni maitrisable, ni figeable, ni garanti. On s'aimera toute une vie si on accepte qu'on n'aime pas de la même façon à vingt, quarante, cinquante, ou quatre-vingt ans car on n'est plus le même que celui qu'on était ; on a changé. C'est dans la recherche permanente de l'autre, tels le roi Salomon et la Shulamite dans le Cantique des Cantiques que se renouvelle la pulsion de vie. L'autre prend le relais là où je faiblis et il se redéfinit quand je le pousse, et le cheminement amoureux est une route escarpée à virages multiples. La part inconnue de l'autre, la distance entre « toi et moi » constitue l'écart obligé pour que naisse le désir d'aller l'un vers l'autre, pour que l'un évolue et dialogue avec l'autre, dans la durée, dans l'évolution, dans le changement et la découverte des dimensions jusqu'alors inconnues de l'un et de l'autre... Dans notre société où tout est « kleenex », la patience est la clé. L'autre bouge, l'autre change, l’autre n'est plus pareil. « Où es-tu ? Tu as fui, où te retrouverai-je? » interroge le Cantique des Cantique, « Où vais-je te chercher, dans quel bois vais-je te retrouver ? ». ….Alors, promettez-vous d'apprendre à vous décoloniser pour laisser en vous une place à l'autre. Promettez-vous d'apprendre sa langue. Promettez-vous d'être côte à côte, main dans la main, solidaires, en regardant dans la même direction, Promettez-vous d'être là l'un pour l'autre et la réalisation de l'un sera le rayonnement de l'autre. Promettez-vous de respecter le projet collectif de tout un peuple, qui est la sainteté dans tous les domaines : « soyez saints car je suis saint ». Et la sainteté c'est simple... comme l'amour de l'autre, avec qui on partage le fruit sacré, à la fois pomme de discorde et pomme d'amour. A YONATHAN ET SARAH
Les juifs
Par Jean-Pierre Allali
DE SUÈDE
L'implantation des Juifs au pays des Vikings est relativement récente. Si quelques individus juifs isolés ont pu résider en Suède avant le 18ème siècle, cela n'a été que d'une manière illégale et limitée dans le temps. En effet, la loi du pays imposait alors à tous les habitants d'être de religion chrétienne. La conversion était donc obligatoire pour tout résident permanent.
En 1774, sous le règne de Gustav III, un graveur de sceaux et mercier originaire de Poméranie, un certain Aron Isaac obtient la permission de résider, avec sa famille, à Stockholm. Dès lors, peu à peu, une petite communauté se crée et, en 1776, un cimetière juif, Aronsberg (du nom d'Aron Isaac) est autorisé. Dès 1779, les Juifs peuvent s'établir officiellement dans la capitale ainsi qu'à Göteborg, Karlskrona et Norrköping. Il faudra attendre cependant le 30 juin 1838 pour voir le roi Charles XIV signer un décret abolissant les restrictions de toutes sortes imposées jusque là aux Juifs. Autre ouverture, en 1840 : le droit pour les Juifs d'épouser des non-Juifs. En 1870, les Juifs de Suède reçoivent le droit de vote. Mais ce n'est qu'1952 que des Juifs pourront être nommés à des postes ministériels jusqu'ici
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Nos racines
réservés aux membres de l'Église luthérienne. En 1880, il y avait 3000 Juifs en Suède. Ils sont 6112 en 1910 et 7044 en 1930. La période sombre de la Shoah verra un grand nombre de Juifs fuir les pays occupés par les Nazis pour s'installer en Suède. 900 Juifs norvégiens et 8000 Juifs danois y trouvent ainsi refuge. C'est à cette époque que le fameux diplomate suédois, Raoul Wallemberg, use de son influence pour sauver les Juifs hongrois. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, la communauté juive est renforcée par l'arrivée de Juifs finlandais et baltes. En 1956, ce sont 550 Juifs hongrois fuyant la « révolution » qui s'y réfugient, puis, en 1968, 3000 Juifs polonais et autant de Tchèques. Quelques centaines de « yordim » ont également, au fil des ans, quitté Israël pour venir vivre en pays viking tout comme un nombre non négligeable de Juifs d'Afrique du Nord dont des « Tunes » comme le romancier Claude Kayat. En 2016, environ 18 000 Juifs vivent en Suède, constituant la Judiska Församlingen, affiliée au Congrès Juif Mondial. 10 000 vivent à Stockholm, 3000 à Göteborg, 600 à Malmö et 4400 répartis dans le reste du pays. Les activités communautaires sont nombreuses : l'école juive de Stockholm compte plusieurs centaines d'élèves. En général les jeunes fréquentent, selon leur sensibilité, le Bné Akiva, l'Ihoud Habonim ou encore le Maccabi. Une association d'étudiants juifs propose toutes sortes de programmes, souvent en coordination avec les jeunes Juifs danois ou norvégiens. On peut noter, parmi les grand noms juifs de Suède, l'écrivaine Nelly Sachs (1891-1970), prix Nobel de littérature en 1966. La cacheroute pose de gros problèmes techniques en Suède ou seul l'abattage rituel des volailles est autorisé. Dès lors, la viande consommée par les Juifs suédois est importée, notamment des États-Unis. Régulièrement, il est question d'interdire la circoncision. Mais le problème le plus grave que rencontre la communauté juive depuis quelques années est celui de la montée en flèche d'un antisémitisme nouveau. L'implantation récente, mais numériquement importante, de populations arabo-musulmanes en Scandinavie (À Malmö où ne vivent que quelque 600 Juifs, 40% des habitants sont des Arabo-Musulmans) s'est traduite, à travers un supposé soutien à la cause palestinienne, par un antisémitisme exacerbé et violent. En janvier 2015, un journaliste non-juif, Petter Ljunggren a voulu tenter une expérience en portant une kippa dans les rues de Malmö. Il a très rapidement été insulté, a reçu des œufs et des tomates et a quasiment été lynché. Nombreux sont les Juifs suédois qui évitent désormais tout signe extérieur religieux en public. Il n'est pas facile d'être juif en Suède en 2016.
Propos recueillis par Guitel Ben-Ishay
Culture
non juif, et je vis désormais mes deux racines en accord avec moi-même.
''UN PRIVILÈGE DE POUVOIR RESSENTIR CE QUE DONNE LA TERRE PROMISE''
CHRISTOPHE GERAL
Gilbert Montagné revient en Israël pour un concert exceptionnel, prévu le 16 août, à Tel Aviv. Amoureux d'Israël, il a même fait son alya et partage désormais son temps entre ici, la France et les nombreux autres pays qu'il parcourt dans le cadre de ses activités artistiques. Lors de son dernier passage en Israël, LPH a pu l'interroger.
Lph: Vous voyagez beaucoup à travers le monde, qu'est-ce que le sol israélien a de particulier pour vous? G.M.: Faute de temps, je ne connais pas encore bien le pays dans son ensemble mais je reconnais la force de la terre. J'ai visité les vignes de Recanatti, par exemple, quelle puissance! Un si jeune pays et un si grand miracle! Quand j'entends les oiseaux de la Terre Promise chanter, je ressens quelque chose de différent… C'est un privilège de ressentir ce que cette Terre nous donne! Lph: Pourtant cette terre souffre de la guerre, des attentats, des querelles politiques - qui vous ont valu des menaces. Cela ne vous effraie-t-il pas? G.M.: Quand on accepte de tomber amoureux d'Israël, on doit prendre le tout! On prend même les risques que cela comporte, sans être naïf. Concernant les menaces que j'ai pu recevoir, ma position est claire: on doit rester qui l'on est, que l'on soit artiste ou pas. Ces menaces ne m'ont pas impressionné longtemps: ceux qui déblatèrent derrière leur clavier ne font preuve d'aucun courage. Je pense que parmi mes missions se trouve celle de rétablir une vérité distordue dans les medias en Europe. Je dis les choses comme je les ressens, sans détours. Lph: Vous revenez au mois d'août pour un concert à Tel Aviv. Quelles sont vos attentes? G.M.: Je suis ravi de revenir faire un concert ici. J'adore la salle, au niveau de l'acoustique et des matériaux qui la composent. Le dernier concert que j'avais donné au même endroit, m'a beaucoup marqué: le public était en feu! J'espère que ce sera aussi fort cette fois-ci. Je cherche toujours l'âme des spectateurs et j'ai réussi quand elle s'exprime. Ce spectacle est important pour moi et pour mes musiciens, qui, eux aussi, reviennent avec joie. Ils ont été émerveillés par ce qu'ils ont découvert lors de notre dernière venue!
Le P'tit Hebdo: Comment définissez-vous votre lien à Israël? Gilbert Montagne: J'ai une attache forte à ce pays, j'adore être ici! Mon seul regret est de ne pas pouvoir y demeurer plus longtemps. Cet amour pour Israël m'a pris sur le tard mais ce qui compte, c'est l'intensité de ce que je ressens. Ce lien devait se créer un jour, il était en moi depuis toujours mais je l'ignorais. Je suis né d'une mère juive et d'un père
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Lph: Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce que vous réservez au public ce soir-là? G.M.: Je ne peux, évidemment, pas tout dévoiler… Mais j'ai décidé de présenter quelques inédits parallèlement aux incontournables. Ces inédits auront un parfum d'Israël… Gilbert Montagné en concert le mar 16 aout, à 20h, Heichal Hatarbout, Tel Aviv Réservations: Israël: 03-6023619 France: 01-77382330 www.israstage.com / www.tiptoptelaviv.com
Erets zavat h’alav oudvash
Par Manou Akerman
Nous vivons dans le pays où coulent le lait et le miel, et si le miel reste un produit naturel, bon à tout point de vue, le lait quant à lui peut être source de problèmes. En effet, l’allergie au lait est sans doute l’allergie numéro un. Il faut savoir cependant qu’il existe deux sortes d’allergie au lait. La première, c’est l’allergie à la protéine de lait, que l’on rencontre généralement chez les nourrissons et qui se stabilise avec le temps. La deuxième, présente, elle, vers l’âge adulte, c’est l’allergie au lactose, sucre du lait. Le lactose pour être digéré a besoin d’un enzyme spécifique, la lactase, et cet enzyme avec l’âge diminue, parfois jusqu’à être totalement absent. Les symptômes de l’allergie au lait sont variés et vont de simples ballonnements, aux diarrhées, maux de tête, rhume, toux etc.
QUE FAIRE EN CAS D’ALLERGIE ? Tout d’abord arrêter le lait bien sûr ! Mais, contrairement à ce que les gens pensent, et compte tenu du fait que je tiens absolument à vous apporter la bonne nouvelle avant Chavouot, fête ou les laitages sont à l’honneur, vous n’êtes pas obligés d’arrêter les yogourts. En effet, grâce au procédé de fermentation, les yogourts contiennent peu de lactose mais aussi sont riches en bactéries capables de digérer le lactose. Vous pourrez aussi continuer à consommer du beurre, et de la crème fraiche qui contiennent peu de lactose ainsi que des fromages à pâtes molles, camembert et brie, qui n’en contiennent que des traces. Quant aux fromages durs, ils n’en contiennent pas car celui-ci disparait lors du processus de fermentation. Et puis vous pouvez tenter aussi le lait de chèvre, qui se digère mieux, car ses acides gras sont différents de ceux du lait de vache et sont plus facilement assimilables. Mais aussi et surtout car, bien que contenant aussi du lactose, il possède des sucres entrainant la multiplication de bactéries intestinales, favorisant la digestion du lactose. Donc vous voilà déjà assurés de ne pas devoir vous priver de tout ce qui est laitage. Si cependant, vous voulez innover et me suivre sur ma route végétarienne et de « c’est moi qui l’ai fait », je vous invite à découvrir les laits végétaux.
LES LAITS VÉGÉTAUX, C’EST QUOI ? Le lait végétal, c’est un lait obtenu à partir de légumineuses, oléagineux, ou de céréales mélangés à de l’eau. Les laits végétaux sont intéressants car ils remplacent aisément le lait de vache, avec comme atouts de ne pas contenir de lactose, et d’être sources de bonnes graisses, et bien sûr riches en vitamines et minéraux. De plus, leur grande variété permet de varier goût et texture, mais aussi de profiter des bienfaits particuliers de chacun d’entre eux. Si par hasard vous vouliez d’abord en acheter pour goûter, lisez bien les étiquettes, car dans le commerce, on les trouvera souvent avec beaucoup d’ajouts, tel que de l’huile ou 46 | N° 42 JUIN 2016 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH
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C'est bio la vie!
du sucre ou par exemple, comme c’est le cas pour le soja, avec manipulation génétique. Si vous envisagez de les faire vousmêmes, rapidement et sans trop de ''balagan'', vous pouvez acheter des purées végétales telle que la purée d’amandes qui s’appelle chkédia. Vous mélangerez alors 1 à 2 cuillères à soupe de celle-ci dans un bol d’eau, et obtiendrez un lait d’amande. Mais, et nous y arrivons enfin, si comme j’ose l'espérer, vous décidez de faire une fabrication maison, commencez par du lait d’amandes. Le processus est des plus simple, et le lait d’amandes se digère facilement, il est très riche en protéines vitamines et minéraux, et bien sûr délicieux. Il vous faudra : 150 gr. d’amandes 800 gr. d’eau Un chinois ou sac à lait Un Blender Des dattes ou du sirop d’agave Procédé : Faire tremper les amandes avec la peau la veille au soir Le matin, jeter l’eau et mettre les amandes dans le Blender Rajouter 800 gr. d’eau et mixer Stopper le mixer puis remixer Passer le lait au chinois ou dans un sac à lait Remettre le lait dans le Blender et y rajouter deux dattes ou sirop d’agave ou quelques gouttes de vanille au choix. Votre lait est prêt. Verser le dans une bouteille de verre au frigo où il se gardera 3 jours. Comme je vous l’ai dit, la gamme des laits végétaux est large, et une fois passé le cap du premier lait vous adorerez en essayer d’autres: lait de riz, d’avoine, de coco, de soja etc. « » חלב ודבש תחת לשונך Ce verset du Cantique des Cantiques fait allusion à la Torah, qui, dans notre bouche est comme du lait et du miel. Le lait représente douceur, bonté et pureté, ce à quoi la Torah reçue à Chavouot nous éduque. Alors ne croyez-vous pas que fabriquer toutes sortes de laits à l’occasion de Chavouot est Mitsvat hayom ???!!! Manou Akerman- Naturopathe 02-9932862; 054-5292337
Ingrédients
• 100 g de farine • 5 œufs • 90 g de sucre • 2 pots de fromage blanc 3,2% de 500 gr • 20 cl de crème fraiche épaisse (chamenette) • 2 sachets de sucre vanillé • 1 paquet de petits beurres (chocolat ou caramel ou nature) • beurre Préparation
Pour la base, prendre les petits beurres écrasés et les mélanger
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avec du beurre (environ 30 g de beurre pour une vingtaine de petits beurres). Tapisser le moule et réserver au réfrigérateur. Séparer les blancs des jaunes et monter les blancs en neige avec le sucre. Dans un autre bol, mélanger le fromage frais avec la crème fraiche et le sucre vanillé. Une fois les blancs montés, incorporer un par un les jaunes, puis la farine sans faire retomber les blancs (en remuant de haut en bas). Rajouter
By Rahel Saada Szapiro le mélange fromage. Verser dans le moule déjà tapissé de petits beurres. Au four à 160°C pendant 50 min voire 1h (à surveiller) Bonne dégustation et hag sameah!
Retrouvez toutes nos recettes sur le groupe Facebook. Partageons Nos Recettes Sucrées et Salées by Vanessa FEDIDA Pour plus d’infos sur le programme des ateliers de cuisine contactez le 0587701313
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