Lev Hair Lph Magazine

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Des vacances de cœur LA JEUNESSE D'ELI

REPORTAGE GOUSH KATIF ILS ONT DÛ QUITTER LEUR PARADIS DES EXPULSÉS CONTENT

COACHING

APPRENDRE À DIRE NON

UNE FEMME, UNE HISTOIRE

SOLICA

ÉDUCATION

RENCONTRE AVEC PATRICK PETIT-OHAYON

SPORT

RENCONTRE AVEC OFIR : LE LEADER DU KRAV MAGA

MICHEL DRUCKER

EN ISRAËL, J’AI REÇU UN ACCUEIL QUE JE NE SUIS PAS PRÈS D’OUBLIER

ROBERT DERAI

COMMENT SONT FORMÉS LES PROFESSEURS DE KODECH ?

MICHEL BOUJENAH

IL EST IMPORTANT DE RÊVER SA VIE »


Pour la 3ème année consécutive



LEV & LEV HAIR-LPH N° 55 JUILLET-AOÛT 2018 TAMOUZ-ELLOUL 5778

Bureau en France : Directeur Général : Gabriel COHEN levhairmag@gmail.com

PUBLICITE & MARKETING France : ART COM C PUBLICITE Gabriel COHEN : 06 86 88 40 82 Secrétariat : levhairmag@gmail.com Abonnement : 26 euros les 7 numéros 06 86 88 40 82 Rédaction : Magalie Barthès et Gabriel COHEN Haim ATTIA : Responsable Cœur de ville Internet, N.T R. Sociaux. levhairmag@gmail.com www.levhair.com ISSN : 2103 - 9747 Numéro de Dépôt légal : à parution Editeur : Société ART COM C 13013 MARSEILLE RCS 49058466100014 Directeur artistique : Arfi William Impression : ART COM C : 06 18 98 61 80 ---------------------------Bureau en Israël : Directeur Général Avraham Azoulay Direction.Lev hair-lph@gmail.com Secrétariat : Rosy Chouai lev hair-lph5@bezeqint.net Tel : 972 2-6788720 Adresse : Haoman 24/35 Talpiot - Jérusalem

Edito

Gabriel Cohen,

Avraham Azoulay,

Directeur Lev

Directeur du Plus Hebdo

Etat Nation Pourquoi donc ces cris et ces condamnations venant de l’intérieur de la Knesset et du pays? Pourquoi donc une certaine frange extrême de la gauche, le camp arabe et même Erdogan, fustigent-ils cette loi de la nation ? C'est parce qu’Israël revendique son droit à l’autodétermination, que ces camps systématiquement opposés à notre épanouissement sur notre terre, se soulèvent ? Cette loi sur laquelle Israël travaille déjà depuis 7 ans, décrète que ce droit à l’autodétermination nationale en Israël ne sera réservé qu’au peuple juif. Cet acte plutôt sioniste, très juif, ne semble pas convenir à tous ceux qui mettent en doute notre présence et surtout notre avenir ici. On entend même des Israéliens, très à gauche de l'échiquier politique, déclarer : "Ce n'est pas le pays dans lequel je voudrais vivre". Bon signe, très bon signe même…quand nos détracteurs ou ennemis jurent et s'insurgent à ce point, c’est que, quelque part ici, et dans le ciel, on avance. Nous grandissons, nous nous renforçons, nous prenons enfin une assurance et une responsabilité plus grandes encore sur notre pays. Moshé rêvait tellement de fouler cette terre, pour un jour, une heure ou même une seconde ! La Torah nous rappelle sans cesse les promesses de notre héritage de façon très détaillée… Or, voilà qu’aujourd’hui, devant nous, chacun s’attribue le droit de fixer nos frontières, bafouer notre souveraineté, attenter aux vies de nos citoyens, tirer sur nos soldats. Pourquoi ne pas manifester pour les 13 ans de l'expulsion du Goush Katif, ou contre les cerfs-volants qui brûlent nos terres et notre âme ? Pourquoi ne pas hurler devant notre façon trop humaniste de gérer la menace venant de Gaza ? Les causes ne manquent pas, mais pourtant, ce ne sont que les lois nationalistes, défendant notre place ici, qui semblent déranger une certaine partie de la population israélienne. Apparemment, il ne s’agit pas de la majorité, à en croire ce sondage qui parle de bonheur : Israël se maintient à la 11ème place mondiale et rejoindra bientôt sûrement le peloton du premier minyan ! Il faudrait aussi que ce genre de sondage soit effectué chez les Francophones d’Israël. En parlant d’attachement à la terre, les Juifs venant de France restent un exemple. En effet, le phénomène attendu depuis des années semble apparaitre sous nos yeux : les francophones d'Israël montent au créneau politique pour les municipales. Les voilà présents à des places éligibles aux côtés des candidats au poste de maire de Netanya, Jérusalem, Raanana, Bat Yam... Nous ne sommes plus transparents, le vote francophone peut faire la différence, les politiciens l’ont compris. Notre voix compte, plus encore cette année. Notre créativité mêlée à notre sionisme devrait nous aider à propulser Israël encore plus haut.

Marketing & Stratégie Vita Green : Tél: 97254-7855770 Lev hair-lph.vita@gmail.com Rédaction : Tal Cohen/ Salome Touitou : Lev hairlphebdo@gmail.com site: www.lev hair-lphinfo.com

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INTERVIEW EXCLUSIVE

Michel Drucker « EN ISRAËL, J’AI REÇU UN ACCUEIL QUE JE NE SUIS PAS PRÈS D’OUBLIER »

Michel Drucker aux côtés de Jean-Claude Camus, producteur de Johnny Hallyday.

De retour d’une tournée en Israël, l’éternel animateur s’est prêté aux questions de Lev haïr à l’occasion de la 4ème édition du Festival Des livres, des stars (du 15 au 17 juin à l’Escale Borély), événement dont il était le parrain. Ce rendez-vous, créé par Françoise Smadja, rassemble de nombreuses personnalités. Les sommes récoltées seront intégralement reversées à l’Association « Des livres des stars pour la lutte contre l’illettrisme et l’analphabétisme » ainsi qu’à l’association ACEB de l’Escale Borély. Lev haïr : Vous revenez d’une tournée en Israël : quel a été le retour du public ? M.Drucker : « J’avais envie d’y aller depuis longtemps, pour de nombreuses raisons. Une partie de ma famille a émigré en Israël dans les années 50 à l’époque de Golda Meir, de Ben gourion. L’un de mes oncles, côté maternel, était sculpteur à Haïfa et l’un des cousins de mon père y est né. Je n’y suis pas allé pendant longtemps, peut-être parce que mon père ne nous avait pas élevé dans la tradition. Ce spectacle à Tel-Aviv a été enfin l’occasion d’y aller. J’ai reçu un accueil que je ne suis pas prêt d’oublier. Mes émissions sont diffusées dans le 6 | N° 55 JUILLET-AOÛT 2018 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH

monde entier mais je ne savais pas que la communauté française, celle qui vit là-bas depuis longtemps et celle qui vient d’arriver, me suivait à ce point». Lev haïr : 70 ans après la Shoah, les juifs font preuve d’une résilience hors du commun. Comment expliquer la persistance de cette discrimination la plus vieille au monde ? M.Drucker : « Cela reste un mystère… Je me suis posé la question lorsque j’étais là-bas pendant quatre jours, la même question que se posent tous ceux qui vivent là-bas. Pourquoi ce petit peuple a subi tout cela ? Visiter le mémo-


Propos recueillis par Magali Bar-

rial de Yad Vashem représente un choc terrible. Naturellement, je savais ce qu’il s’était passé, mes parents l’avaient vécu indirectement : mon père était juif, il avait été interné à Compiègne, à Drancy. Mais cela revient, comme si les braises n’étaient pas éteintes. 6 millions de morts… Le racisme, l’antisémitisme ne sont-ils pas ancrés dans les gènes de certains ? Sûrement par inculture. Tous ceux qui ont ces réactions terrifiantes devraient visiter le Mémorial de la Shoah ou aller en Israël pour se rendre compte de la réalité : ils s’abstiendraient peutêtre de caricaturer ce pays qui ne fait que se défendre. Cerné par tous ceux qui veulent sa destruction, Israël vit avec cette épée de Damoclès. Bizarrement, je m’y suis senti en sécurité. J’ai rencontré des jeunes qui ont tenté l’aventure avec en tête les souffrances passées, mais aussi cette joie de vivre qui les caractérise. Je comprends ce besoin de se rendre en Israël, que l’on soit juif ou pas ».

quelques nouveautés ? M.Drucker : « On m’a demandé de reprendre ce créneau du dimanche après-midi. Ce n’est pas encore acté mais quelques visages nouveaux vont vous surprendre ». Lev haïr : Dans une de vos interviews on a cru comprendre que vous pourriez à nouveau commenter du football… M.Drucker : « J’ai connu cinq Coupes du monde, la dernière au Mexique en 86 pour le quart de finale entre la France et le Brésil. J’étais en même temps sur l’émission Champs Elysées depuis 82 et j’avais du mal à assurer les deux, les journalistes sportifs étant régulièrement mobilisés le week-end. J’ai été à nouveau sollicité en 1998 mais j’avais peur de ne pas être prêt et j’ai refusé. L’équipe de France ayant gagné, j’ai regretté mon choix, mais j’ai gardé l’habitude de commenter des matches depuis mon canapé, pour voir si je suis toujours dans le coup. Un jour peut-être je m’y remettrai ».

Lev haïr : « Vivement dimanche prochain » doit reprendre à la rentrée. Y aura-t-il

www.deslivresdesstars.org

Paris-Algérie Annonce Les Juifs algériens français qui ont subi l'Holocauste peuvent maintenant obtenir une indemnisation de la part du gouvernement allemand. La Claims Conférence se réjouit de pouvoir annoncer que les Juifs qui résidaient en Algérie entre juillet 1940 et novembre 1942 et qui ont subi des persécutions antisémites du régime de Vichy, ou qui étaient fœtus lorsque leurs mères souffraient des persécutions pourraient maintenant percevoir un versement unique de la part du Hardship Fund. Les personnes éligibles seront en droit de percevoir un versement unique de 2,556.46 € qui sera versé à partir de l’été 2018. La Claims Conférence a ouvert à Paris un Centre d'Assistance à l’Inscription pour aider les survivants à déposer leurs demandes auprès du Hardship Fund. L’accès n’est possible que sur rendez-vous. Seules les personnes ayant été persécutées peuvent demander une indemnisation. Les héritiers ne sont pas autorisés à déposer un dossier. Le Centre d'Assistance à l’Inscription sera opérationnel pendant trois mois. Des centres d’assistance seront ouverts pendant les mois de mars et avril à Grenoble, Lyon, Marseille, Metz, Nancy, Nice, Strasbourg et Toulouse. VOUS N’AVEZ PAS BESOIN D’UN AVOCAT POUR DEPOSER VOTRE DEMANDE. Pour plani昀er un rendez-vous vous pouvez aller sur le site: http://www.fonds-ipa.fr Ou téléphoner +33 9 70 73 31 11 Vous n’êtes pas obligés de vous rendre au Centre d'Assistance à l’Inscription. Vous avez également la possibilité de télécharger un formulaire de demande via : www.claimscon.org/apply Pour plus d’informations, n’hésitez pas à vous rendre sur notre page Facebook: www.facebook.com/ClaimsConferenceFrance N° 55 JUILET-AOÛT 2018 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH | 7


DOSSIER SPÉCIAL

Des vacances de cœur LA JEUNESSE D'ELI Il faut bien que jeunesse se passe! Eh oui, elle peut aussi se passer de la plus belle des façons. En Israël, ces fameux ados qui sont souvent l'objet de préoccupations ont une corde originale à leur arc: le volontariat. Cette caractéristique est très répandue et elle s'exprime particulièrement pendant les grandes vacances. Nous vous proposons de découvrir un de ces projets, la kaytana Lev El Lev des jeunes du Yichouv Eli.

UN PROJET DEVENU UNE TRADITION INCONTOURNABLE Depuis 10 ans maintenant l'été de plus de 120 adolescents d'Eli, qui ont entre 15 et 18 ans, est rythmé par cette kaytana pas comme les autres. Le but de leurs vacances est d'organiser et d'animer un centre aéré d'une semaine en pension complète pour des jeunes handicapés mentaux. Ambitieux, direzvous? Rien ne fait reculer la jeunesse d'Eli. Et pourtant, ce n'est pas une mince affaire. En effet, comme dans tout projet, le nerf de la guerre, c'est l'argent. Ainsi, depuis Pessah déjà cette jeunesse incroyable ne manque pas d'idées pour récolter la somme importante nécessaire pour une telle organisation. Qui a dit que les ados étaient paresseux?! Pour rien au monde, ils ne rechignent à la tâche: ''Depuis Pessah, nous commençons à faire différentes opérations et activités pour gagner de l'argent. Nous tenons des stands de nourriture à chaque événement dans le yichouv, nous lavons les voitures, nettoyons les maisons. Nous allons aussi à la rencontre des gens, notamment à Jérusalem, et nous leur expliquons notre projet et leur demandons d'y participer par un don''. Ce n'est pas moins de 100000 shekels dont ils ont besoin pour mener à bien leur projet ! Les jeunes d'Eli sont motivés et ont bien conscience de la responsabilité qui pèse sur leurs épaules. Bat Ami, une des responsables de la kaytana le résume: ''Ce camp d'été représente beaucoup pour les jeunes dont nous nous occu8 | N° 55 JUILLET-AOÛT 2018 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH

pons. Il s'agit de les sortir de leur routine, de leur apporter de la joie, des rires et des expériences uniques. Pour leurs parents aussi c'est important: pendant une semaine, ils peuvent souffler leur quotidien n'est pas toujours facile''. Alors même s'ils avouent que la collecte de fonds n'est pas aisée et qu'ils doivent persévérer, ils savent que le jeu en vaut la chandelle et ils sont prêts à recommencer chaque année.

DISTRIBUTION DE BONHEUR! L'aspect financier mis de côté, organiser une semaine de centre aéré est un travail colossal. Ajoutons à cela qu'il s'agit d'occuper des jeunes handicapés, on comprend l'ampleur de la mission que se sont fixés les jeunes d'Eli. Le camp est organisé en partenariat avec une association d'enfants aux besoins particuliers, Ale Sia'h. Elle fournit aux organisateurs et aux animateurs l'encadrement médical nécessaire. Pour le reste, ce sont les ados du yichouv qui s'occupent de tout. Et l'investissement est de taille: piscine, ateliers manuels, théâtre voire kayak ou sortie au Luna Park ! ''Pour nous aussi, c'est beaucoup d'amusement'', affirment-ils. Les gestes de la vie quotidienne sont aussi assurés par cette équipe: les repas, les douches, les dortoirs, tout est géré avec bonne humeur. L'encadrement est strict, chacun des 70 participants se voient accompagnés d'un voire deux animateurs. L'ambiance est telle que les liens qui se nouent sont très forts. ''Ces enfants sont très attachants'', nous confie Bat Ami, ''même si certains ne savent pas exprimer leurs sentiments, nous les comprenons. On voit aussi des sourires, on entend des rires, c'est un bonheur pour nous aussi. Nous éprouvons beaucoup de satisfaction à faire du bien autour de nous''.

''STOP AUX ÉCRANS, NOUS VOULONS DU SENS'' Cela pourra paraitre surprenant, mais ces ados d'Eli le reconnaissent volontiers: ''Les écrans, ça suffit! Nous voulons donner du sens à nos vacances, faire quelque chose de


Par Guitel Ben-Ishay

grand, de profond''. Cette mentalité les pousse à passer leur confort personnel en second plan, à une période où pourtant on pourrait ne penser qu'à soi, à sortir entre amis ou à faire la grasse matinée. Ce programme n'effleure même pas les jeunes de l'équipe de Lev el Lev et apparemment ils ne seraient pas les seuls. Pour Bat Ami ''beaucoup de jeunes ne demandent que ça mais ils n'en ont pas toujours la possibilité. Le Yichouv Eli nous donne les infrastructures néces-

saires pour mener à bien notre projet alors nous en profitons. Aujourd'hui, on peut voir que notre kaytana a donné des idées dans d'autres yichouvim. Nous en sommes très heureux''. Et ce n'est pas non plus par hasard que la jeunesse d'Eli se donne à fond pour des enfants handicapés. Pour eux, la valeur suprême c'est le hessed, aider son prochain. ''Au début, on peut avoir une appréhension'', reconnait Bat Ami, ''mais très vite on apprend à connaitre ce monde. Cette année, les animateurs auront un jour de préparation, mais à vrai dire, on se laisse emporter par le rythme de la semaine et tout se passe à merveille''. Ils reconnaissent que l'organisation et la gestion de cette kaytana est difficile. Mais au bout du compte, c'est un défi qu'ils se plaisent à relever, dans lequel ils s'épanouissent et qui leur donne des leçons pour la vie. Pour aider les jeunes d'Eli: FaceBook: ‫קייטנת לב אל לב נוער עלי‬

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REPORTAGE

Ils ont dû quitter leur paradis DES EXPULSÉS RACONTENT

Ce sont 8600 Juifs répartis dans les 21 yishouvim du Goush Katif qui ont été expulsés, il y a 13 ans, par le gouvernement d'Ariel Sharon. Le retrait unilatéral de la bande de Gaza a été une véritable tragédie ou devrions-nous dire 8600 tragédies… sans compter celle que le peuple d'Israël a vécu en solidarité avec ces familles. Et l'actualité ne vient rien arranger: les roquettes par centaines, les champs incendiés, des habitants du Sud qui vivent un quotidien infernal. Tout ça pour ça, a-t-on envie de dire, avec désolation et tristesse. LPH a été à la rencontre de quelques-uns des nombreux francophones qui ont été expulsés de leur maison, de leur ''paradis''. EDMOND KRIEF ''J'ai fini par accepter d'avoir été expulsé d'Algérie mais jamais du Goush Katif" Edmond Krief est arrivé de Toulouse avec son épouse dans le Goush Katif, en 1997, où ils ont rejoint leur fille. ''Nous avons eu le coup de foudre, ce sable, cette ambiance, nous étions sous le charme''. Pour cet ancien de la guerre d'Algérie, les barbelés qui apparaissaient dans le paysage et les menaces sécuritaires ne constituaient certainement pas un obstacle. ''Je ne parlais pas l'hébreu mais tout le monde m'a aidé. La prière à la synagogue était une merveille, pour moi qui n'ai pas grandi dans une ambiance religieuse, je m'y sentais totalement connecté''. Bien entendu, Edmond se souvient des champs et de l'agriculture, du goût spécial de chaque mets récolté. ''C'était le Gan Eden''. L'annonce de l'expulsion a été un choc. Sans vouloir y croire, Edmond s'y prépare. ''J'avais déjà vécu un déracinement en partant d'Algérie, je n'étais pas prêt à recommencer. C'était une catastrophe''. Il décide alors de ne pas attendre le jour de l'expulsion pour partir, vivre un tel moment est au-dessus de ses forces. ''Les Juifs ont été expulsés d'Algérie, c'était un déchirement. Mais j'ai fini par accepter, par comprendre que sinon nous ne serions jamais venus en Israël. Mais être expulsé du Goush Katif: je ne pourrai jamais l'accepter''. ''Nous avons vécu des années de bonheur que l'on ne peut décrire, il fallait le vivre pour le comprendre. Nous reviendrons au Goush Katif, peut-être plus moi, mais mes enfants et mes petits-enfants. Je ne ressens pas de haine, pas de colère mais de l'incompréhension''. 10 | N° 55 JUILLET-AOÛT 2018 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH

MATS ''On m'a volé 10 ans de ma vie'' Mats était un ancien du Goush. Installé depuis le début des années 80, il y exerçait l'activité d'agriculteur. ''Nous sommes venus par idéalisme. Il n'y avait alors que des dunes de sable. Nous étions encouragés en ce sens par le gouvernement Rabin, à l'époque, par des discours et même financièrement''. Mats a vécu de belles années, en bon entendement avec ses voisins arabes: ''ma femme a passé le permis à Gaza avec un moniteur arabe! Nous allions à Gaza et nous y étions bien accueillis''. L'ambiance a commencé à se dégrader avec la première Intifada. Après les pierres, les bombes ont commencé à tomber sur les Juifs. Mais pour autant, jamais ces familles n'ont pensé à fuir. ''Jusqu'au dernier jour, nous ne pensions pas que nous serions expulsés. Nous n'avions rien emballé''. Les séquelles sont lourdes: ''Chaque ancien du Goush Katif porte une blessure incurable. Les jeunes ont beaucoup souffert. Jusqu'à aujourd'hui certains sont perdus: le mariage, l'armée, avancer dans la vie, tout est remis en question. Ce fut un moment très fort et très dur dont personne n'est sorti indemne''. A l'hôtel à Jérusalem pendant un an, Mats et sa famille ont ensuite pu emménager dans une caravane à Ein Tsourim avant de construire leur maison à Yad Binyamin. Cela fait trois ans, que la vie a repris un cours à peu près normal pour eux. ''J'ai l'impression que l'on m'a volé 10 ans de ma vie''. Et la situation actuelle n'arrange rien: ''On croit que la douleur va passer et elle demeure. Quand on voit ce qui se passe aujourd'hui, on se dit qu'on en a marre d'avoir eu raison. Quand on se sauve de la terreur, elle nous court après''. Le message que Mats voudrait faire passer s'adresse aux jeunes: ''soyez prudents. La douleur est vive, nous ne voyons pas de volonté de repentir chez ceux qui ont décidé


Par Guitel Ben-Ishay tout cela, mais vous avez la vie devant vous. Notre pays existe, soyons fiers, Am Israël Haï. Nous sommes, malgré tout, dans la bonne direction''.

MILKA DAHAN "C'était comme si on y avait toujours vécu'' Milka et sa famille sont arrivés de Nice à Névé Dekalim, en 2000. C'est alors la seconde intifada, on leur déconseille de s'installer dans le Goush Katif. ''Mais on pouvait dire que partout en Israël, c'était dangereux, donc nous avons préféré aller vers là où notre cœur nous portait''. La vie quotidienne est parsemée de tirs de missiles, d'attaques sur les routes. Milka reconnait une certaine peur. Mais elle ne regrette pas son choix: ''Le Goush Katif était un gan Eden. Nous y sommes arrivés avec 4 enfants et nous y avons eu un cinquième. Nous avons été si bien accueillis, nous nous sentions chez nous. Nous y avons passé 5 ans mais nous avions l'impression d'y avoir toujours vécu''. L'expulsion pour la famille Dahan aussi était impensable. "Nous sommes restés jusqu'au dernier jour. Nous avons prié, pleuré… Nous avons été soutenus par tant de monde. Nous étions catastrophés, mon mari était agriculteur, il adorait son travail. Puis nous nous sommes retrouvés sans emploi, sans logement. Nous nous sommes serrés les coudes: dans la tempête, il faut quand même avancer''. La famille loge, dans un premier temps, à l'hôtel: ''Nous n'avions plus d'adresse, la rentrée des classes a été ''originale''…''. Puis, ils partent s'installer dans une caravane à Yad Binyamin, logement de fortune dans lequel ils resteront 5 ans. Milka le dit: ''Nous avons tous un peu craqué. Psychologiquement c'était très dur et nous avons gardé des cicatrices. J'ai perdu mon mari, il y a quatre mois. C'est si difficile, nous avons tout passé ensemble''. Aujourd'hui, Milka veut prendre du recul avec la situation actuelle dans le Sud: ''Il y a toujours eu des guerres. Notre pays se bat et j'ai confiance en nos dirigeants. Je ne veux pas croire que quelque chose n'arrive pas pour le bien. Nous voyons la main de Dieu partout. Nous reviendrons au Goush Katif''.

chez moi. Si je n'avais pas laissé mes enfants en France, je n'y serais pas retournée"! Vivre dans le Goush Katif n'avait rien de politique pour elle, c'était un aboutissement. Malgré les difficultés de la vie quotidienne, Haya et sa famille sont heureux sur ce coin de terre qu'ils appellent aussi ''paradis''. Lors de l'expulsion, leurs enfants ont entre 15 et 5 ans. ''C'est pour l'aîné que cela a été le plus dur. Il a été coupé dans son développement social, son épanouissement en a été très affecté. Les enfants ont perdu leurs repères''. Haya n'a pas voulu être trimbalée d'hôtel en caravane, elle a préféré prendre un logement à Netivot, où la famille est installée depuis. ''Ce n'est pas pareil d'élever des enfants à Netivot et dans le Goush Katif! Nous avons perdu beaucoup de notre liberté''. Haya ne s'est pas fait d'illusion, elle savait que l'expulsion aurait lieu. ''C'est comme si Hachem avait endurci le cœur de Sharon, je voyais que rien ne l'arrêterait''. Elle regrette aujourd'hui le charme que conférait cette région à sa personnalité et à sa vie: ''Je ne me reconnais plus depuis. Au Goush Katif, nous étions portés par des forces surnaturelles''. Un retour un jour? ''Si les conditions sécuritaires le permettent, oui, et même si cela suppose d'arriver dans le sable et de tout reconstruire, comme nous l'avons déjà fait''.

HAYA ELDREY ''Vivre au Goush Katif était un aboutissement'' Haya est arrivé en 1995 dans le Goush Katif. Elle en est tombée amoureuse lors d'un voyage d'études. Elle qui, quelques années plus tôt, ne voulait pas entendre de vivre en Israël, nous confie: ''Lorsque j'ai découvert le Goush Katif, je me suis sentie N° 55 JUILET-AOÛT 2018 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH | 11


REPORTAGE

Le musée du Goush Katif UN LIEU DE VIE

Situé au cœur de Jérusalem, le Musée du Goush Katif devrait constituer un point de passage obligatoire pour tous. Fondé il y a 10 ans par le Rav Chalom Dov Ber Wolpo, il reçoit chaque jour de nombreux visiteurs qui veulent se souvenir ou savoir ce qu'était cette magnifique région d'où nos frères ont été déracinés. POURQUOI? Une des images les plus fortes du musée est celle d'une petite fille tenant une pancarte avec un seul mot: ''Pourquoi"? Cette question dérange mais elle est si juste et demeure sans réponse jusqu'à aujourd'hui. Le Musée du Goush Katif donne une dimension particulière à cette question.

Le Rav Wolpo, envoyé du Rabbi de Loubavitch, avait été mandaté par celui-ci pour renforcer la présence juive dans tout Eretz Israël. Alors qu'il assistait à la dernière prière dans la synagogue de Névé Dekalim, il s'est dit qu'il faudrait faire un musée pour que jamais on n'oublie ce qu'était le Goush Katif et pour que ce drame ne se reproduise plus. Le musée a ouvert ses portes pour les 3 ans de l'expulsion, en Av 5768 (août 2008).

Katif, la société qui y existait et l'espoir malgré les dures images de l'expulsion''. Chlomo est lui-même un expulsé du Goush Katif. Il fait partie des fondateurs du yishouv de Gané Tal et y a vécu 26 ans avant d'en être sorti de force, il y a 13 ans. "Le Goush Katif c'est l'histoire de pionniers, de leurs réalisations, de leur créativité. Le musée montre comment des dunes de sable ont été transformées en un magnifique lieu d'habitation mais aussi de terres fertiles. Nous avions la plus belle agriculture du pays'', se souvient-il. Pour autant, il refuse de céder à la nostalgie et nous avertit que là n'est pas l'objet du musée. "Nous voulons mettre le Goush Katif et ses habitants à l'honneur. Ceuxci étaient de vrais amoureux du peuple et de la terre d'Israël. C'est cela que nous voulons transmettre aux générations futures''. Ce musée n'est pas qu'un lieu d'histoire, c'est un lieu de vie. Tout au long des couloirs et des pièces, on découvre photos, documents, objets, vidéos. Construit autour d'une exposition permanente et d'expositions temporaires, le musée attire des particuliers, des politiques et des groupes du monde entier. La visite du musée est à la fois porteuse de douleur et d'espoir. Une partie du musée est consacrée à l'expulsion; les yeux des visiteurs deviennent alors humides. L'espoir de revenir au Goush Katif ne s'éteint pas et il est aussi une des raisons d'être du musée. ''Nous étions tristes, nous étions en colère, mais nous avions refusé la violence. Nous avions décidé que l'intégrité du peuple était plus importante que l'intégrité de la terre Nous n'avons pas d'autre terre, pas d'autre peuple, pas d'autre Etat. Souvenons-nous où nous étions il y a, à peine, 70 ans. Etre ici, ensemble, c'est ce qui est le plus important et nous permettra d'avancer dans la bonne direction''

UNE HISTOIRE, UN ESPOIR Chlomo Wasserteil, directeur du musée, nous explique ce que l'on trouve dans ce lieu: ''Tout ce que l'on peut voir dans le musée est motivé par la volonté de montrer l'héritage du Goush 12 | N° 55 JUILLET-AOÛT 2018 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH

Musée du Goush Katif Rehov Shaaré Tzedek 5, Jérusalem Tel: 02-6255456 www.gushkatifmuseum.com



DES VACANCES INTELLIGENTES

ENTRETIEN AVEC

Ouriel Porat DES VACANCES RÉUSSIES SONT DES VACANCES PRÉPARÉES

Deux mois c'est long… certes. Il est néanmoins possible de les envisager avec un autre regard et de les rendre utiles, de les utiliser intelligemment. Afin que ces grandes vacances ne soient pas du temps gaspillé, nous sommes allés demander conseil à Ouriel Porat. Educateur, en poste dans des lycées pour les jeunes en difficulté, il est aussi conseiller pédagogique et conjugal et s'occupe beaucoup de familles d'olim pour les aider dans leur intégration. Son credo pour des vacances réussies: la préparation. Le P'tit Hebdo: Les grandes vacances sont-elles inévitablement un casse-tête? Ouriel Porat: Tout dépend de la manière dont on les aborde. Pour qu'elles ne virent pas au cauchemar, au conflit larvé ou déclaré avec nos enfants, il y a une solution: les préparer. Il faut faire une mise au point, avant le début des vacances avec tous nos enfants. Le but de cette ''réunion au sommet'' est d'abord de discuter, de partager et d'être à l'écoute. Les enfants ont besoin d'être impliqués dans l'organisation de leurs vacances. Au terme de cet échange, on doit pouvoir établir un planning des deux mois à venir. Ainsi, tout le monde connait le programme et l'ambiance est plus sereine. Lph: Que faire lorsque les différences d'âge sont importantes au sein de la famille? O.P.: Cela fait partie des valeurs de la vie à inculquer à nos enfants. On est une famille, tout le monde a le droit de profiter. Il pourra arriver que certains soient moins satisfaits que d'autres un jour mais le lendemain on veillera à faire une activité qui leur convient. Chacun son tour. Savoir faire des compromis, se préoccuper du bienêtre des autres, c'est cela aussi la famille. Il existe des sorties et des jeux qu'il est très agréable de faire ensemble et qui plaisent aux petits comme aux grands. L'essentiel est d'être ensemble, de se retrouver, de se parler, en oubliant les téléphones. Lph: Le principe est séduisant, mais il est parfois difficile de s'entendre avec des ados. Doit-on et à partir de 14 | N° 55 JUILLET-AOÛT 2018 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH

quand utiliser la contrainte? O.P.: A priori, si l'on a établi le programme avec nos enfants, ils doivent y souscrire. La contrainte dépend des enfants. Mais dans l'absolu, le fait de réfléchir ensemble à des occupations s'avère productif. On peut, nous parents, être force de proposition: faire du volontariat, travailler pour gagner de l'argent, faire du sport, des excursions, lire, les idées ne manquent pas. Ce qui compte c'est de limiter le nombre d'heures devant les écrans. Par expérience, je peux affirmer que les ados sont souvent demandeurs de donner du sens à leurs vacances. J'ai été récemment avec mes élèves dans une maison de retraite. Ils en sont ressortis heureux et les pensionnaires aussi! Les adolescents veulent se sentir utiles, savoir que l'on a besoin d'eux. Le volontariat est une très bonne idée et les endroits où en faire sont nombreux. Il peut aussi se pratiquer au sein de la famille: les plus grands s'occupant des plus petits. On peut envisager de les récompenser nous-mêmes lorsqu'ils font une activité non rémunérée. Les parents doivent accompagner leurs enfants dans ces démarches, pour trouver l'activité, le lieu qui leur correspondent le mieux. Ces projets procurent du sens et une satisfaction et fixent un rythme dans ces journées de vacances. Lph: Doit-on aussi les pousser à ouvrir leurs livres et leurs cahiers, pour que leurs vacances aient du sens? O.P.: J'ai bien peur que ce ne soit perdu d'avance… Pour


Par Guitel Ben-Ishay les plus jeunes, il existe des cahiers de vacances, on peut les encourager à s'y atteler quelques heures. Pour les plus grands, c'est encore plus compliqué. Je conseille davantage de les emmener à la bibliothèque, de les laisser choisir des lectures. Là encore, on peut les récompenser à la clé. Tout ceci, et c'est fondamental, demande aux parents un investissement. Si on veut que nos enfants ne perdent pas leur temps, notre rôle est primordial. Il ne s'agit pas d'être présent non-stop, mais de les guider. Lph: Vous vous occupez d'olim hadashim, quels conseils donnez-vous à ces derniers pendant la période des vacances? Comment la mettre à profit? O.P.: C'est une période propice pour déstresser. Les enfants qui viennent de faire leur alya et qui finissent leur première année scolaire en Israël ont besoin de se détendre. Il est important de les laisser se relâcher, de leur autoriser des plaisirs strictement francophones, de les laisser faire ce qu'ils aiment. Dans un second temps, il est bon de les encourager à se retrouver avec leurs amis israéliens et de les préparer à la nouvelle rentrée; il ne s'agit pas de tout oublier! Lph: En tant qu'éducateur, pensez-vous, vous aussi, que deux mois c'est long…? O.P.: Oui, c'est long. Les conseils que je donne peuvent

tenir sur une bonne période, mais deux mois c'est beaucoup. Au risque de vous surprendre, même les enfants peuvent trouver le temps long. Très souvent, d'ailleurs, on constate que les tensions apparaissent fin août. C'est pourquoi, lorsque l'on prépare ses vacances, il faut porter une attention particulière aux deux dernières semaines. Lph: Que souhaitez-vous aux enfants à la veille de ces grandes vacances? O.P.: Qu'ils donnent du sens à leurs vacances tout en profitant. Qu'ils utilisent cette période de manière positive. Je les encourage à réfléchir à une manière de faire du bien autour d'eux pendant ces deux mois: bénévolat, aider à la maison, associations, etc. Lph: Que souhaitez-vous aux parents? O.P.: Qu'ils sachent être à l'écoute de leurs enfants en prenant le temps et la patience. Qu'ils parviennent à mettre cette période à profit pour développer des liens étroits avec leurs enfants. Et dernier point: qu'ils n'en oublient pas leur couple. Ils doivent, aussi pendant les vacances des enfants, prendre du temps pour eux, sortir. Les enfants ont besoin de voir leurs parents unis, de constater qu'ils ont leurs propres activités ensemble. C'est un des éléments constitutifs de leur confiance personnelle.

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DOSSIER SPÉCIAL

Elyasaf Peretz

''DÉCIDER CE QUE SERA MA VIE" C'est de Londres, où il se trouve avec sa mère Myriam, qu'Elyasaf répond à nos questions. Il s'y est rendu pour remercier des donateurs d'un projet qui a changé sa vie: Massa Israeli. Pour ce jeune homme de 32 ans, qui a perdu deux de ses frères (Ouriel et Eliraz, z"l) à l'armée, la vie n'a pas toujours été un long fleuve tranquille.Il a su assumer ses blessures et ses échecs pour devenir aujourd'hui un père de famille qui ne rêve que d'une chose: contribuer à faire un monde meilleur pour ses enfants. ''T'EN AS PAS MARRE D'ÊTRE UN ''PAUVRE'' GARÇON''?! L'histoire de la famille Peretz a été ponctuée depuis 20 ans de drames. En 1998, Ouriel z''l, est tué lors de son service militaire au Sud Liban, quelques années après le père de famille Eliezer décède, il ne s'est jamais relevé de la perte de son aîné. Puis en 2010, le malheur frappe à nouveau: Eliraz tombe à Gaza, il est alors officier, marié et père de 4 enfants. Ces tragédies ont transformé la famille en symbole d'autant que la mère Myriam fait figure de roc et transmet un tel amour et une telle foi en l'avenir et dans notre pays qu'elle est devenue un peu la mère de tous ses habitants. Ouriel et Eliraz étaient les deux premiers enfants de Myriam et Eliezer. Viennent ensuite Hadass, Avih'aï, Elyasaf et Batel. Pour le plus jeune des garçons, les épreuves sont dures à surmonter. Il nous raconte: ''Quand Ouriel est mort, j'avais 12 ans. Ma mère m'a réveillé en pleine nuit pour me l'annoncer. Le choc a été immense. Puis je suis devenu un ''pauvre'' garçon. En fait, c'est ce que j'ai moi-même décidé que j'étais. Quand j'arrivais en retard à l'école, je disais à mes professeurs que c'était parce que j'avais rêvé d'Ouriel toute la nuit. Quand je n'avais pas étudié pour un contrôle, je prétendais que c'était parce que je pensais à Ouriel. A chaque fois, tout le monde se montrait compréhensif avec moi et ce prétexte me servait à ne pas me prendre en main''. Cette période a duré pendant plusieurs années, jusqu'à ce qu'Elyasaf soit en classe de première. ''Une nuit, je me suis dit: t'en as pas marre d'être ce ''pauvre'' garçon?! J'ai compris que je me mentais et qu'il ne tenait qu'à moi de relever la tête et d'avancer''. Le processus est lancé: Elyasaf réussit brillamment son bac, l'enfant terrible qui a été renvoyé d'école en école, s'est calmé. Quel rôle ont joué vos parents, particulièrement votre mère dans ce processus? ''Lorsque j'ai perdu mon frère Ouriel, j'ai 16 | N° 55 JUILLET-AOÛT 2018 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH

aussi perdu mon père et ma mère. Mon père ne s'en est jamais remis. Souvent, je le voyais, sur le canapé, avec la photo de mon frère dans les mains, en train de pleurer. Pendant deux ans, ma mère n'est presque pas sortie de la maison, l'ambiance était éteinte parce qu'Ouriel était mort. Puis, elle s'est levée, elle nous a poussés. Elle est comme une lionne qui protège ses petits, elle est mon phare''.

QUI SUIS-JE, QUEL EST MON MESSAGE? Les années passent, Elyasaf s'enrôle à l'armée, il est combattant dans le commando Golani, comme ses frères. Il se bat à Gaza pendant l'opération ''Plomb durci'': ''J'avais peur'', avouet-il, ''mais l'amour de cette terre est tel que je n'ai pas hésité une seconde à me battre pour la défendre''. A la fin de son service, Elyasaf connait enfin la quiétude. Mais c'est de courte durée. Quelques mois plus tard, des officiers de l'armée sont de nouveau au seuil de la maison familiale. ''Ma mère a verrouillé toutes les portes, fermé tous les rideaux. Elle ne voulait pas les laisser entrer. Elle comprenait que l'histoire se répétait. Pendant une demi-heure, j'étais près d'elle avant qu'elle n'accepte d'ouvrir la porte. Les officiers se sont assis exactement là où ils étaient assis douze ans plus tôt pour nous annoncer la mort d'Ouriel. Lorsque l'un d'entre eux a voulu prendre la parole, ma mère lui a mis son doigt sur la bouche… Finalement, la nouvelle est tombée: Eliraz a été tué à Gaza''. Pour Elyasaf, c'est son monde qui s'écroule: ''Ouriel était beaucoup plus âgé que moi. Il était en pension, je ne l'ai pas trop connu. Lorsqu'Eliraz est mort, j'ai perdu un frère mais aussi un ami. Nous étions très proches. Jusqu'à aujourd'hui, je n'accepte pas sa mort. C'est comme si j'étais un miroir qu'on avait jeté par terre et qui se casse en un nombre infini de morceaux. Depuis, j'essaie de recoller les morceaux. Je tombe et je me relève''.


Par Guitel Ben-Ishay Elyasaf se cherche. Ses projets s'effondrent avec la mort d'un deuxième frère. ''On m'a conseillé d'être guide pour le projet Massa Israeli. J'y suis allé. Etre au contact de la jeunesse israélienne, de la terre d'Israël m'a aidé. Ma vie en a été changée. D'abord parce que j'y ai rencontré ma femme et parce que pour la première fois je me suis posé les vraies questions. Qui suis-je? Quels sont mes rêves? Quel est mon message? A cette époque, il y avait des jours où je ne voulais même pas sortir de mon lit. Mais le fait de savoir que ces jeunes m'attendaient me donnait une raison, une responsabilité: je n'avais pas le droit de les décevoir''. Après cette expérience, Elyasaf décide de réaliser un de ses rêves: découvrir l'Orient. Il part, avec un sac à dos, sans téléphone et parcourt la Nouvelle-Zélande, l'Inde, le Népal, la Thaïlande. Ce voyage n'était-il pas une fuite? ''C'est ce que dit ma mère, mais je ne suis pas d'accord avec elle. Oui, c'est vrai, j'avais besoin de me retrouver, de ne plus être perçu comme le frère de. Mais ce périple était d'abord la réalisation d'une envie qui était présente depuis plusieurs années''.

NE PAS AVOIR PEUR DE L'ÉCHEC De retour en Israël, Elyasaf prend la direction d'un projet colossal: fonder une école de préparation militaire pour des jeunes: la Meh'ina Shah'ar Nitsan. ''J'avais 24 ans lorsque je me suis lancé. C'était un programme de six mois, pour des jeunes, pas véritablement en difficulté, mais par non plus ceux que l'on considère comme l'élite''. L'expérience est compliquée: Elyasaf se retrouve une fois de plus confronté à ses démons. Il le reconnait: ''Je ne peux pas dire que j'ai été le meilleur directeur de Meh'ina qui existe. En revanche, je pense avoir été celui qui avait le plus de force de volonté''. Aujourd'hui, il ne fait plus partie du programme, mais il en garde un souvenir qui le forge et qui le suit: ''J'ai dirigé un projet, c'était un vrai défi, j'ai beaucoup appris''. Dès le départ, il disait à sa mère concernant cette meh'ina: ''Je sais que je peux tomber, je sais que cela peut faire mal. Mais je ne veux pas renoncer à mes rêves par peur d'échouer, je ne veux pas passer à côté de ma vie''. C'est la leçon de vie de ce jeune homme qui a déjà tant traversé: ''Les épreuves, on ne les choisit pas. Je n'ai pas choisi d'être un frère endeuillé. En revanche, je choisis ce que je fais de ma vie. Toutes mes douleurs m'ont permis de comprendre que le seul moyen de surmonter c'est d'être le maître de ma vie, j'ai le pouvoir de décider''. Agissez-vous en fonction d'une ''mission'' que vous aurez légué vos frères décédés? ''Chaque événement que l'on vit influence le reste de notre existence. Je pense que des drames comme ceux que nous avons traversé n'ont pas modifié ce que nous sommes réellement, ils ont permis de faire ressortir ce qui existait déjà au fond de nous. Parfois, on entend que ma mère est ainsi parce qu'elle a perdu deux fils. Mais en fait,

elle a toujours été une femme d'éducation, de valeurs, de transmission. Les épreuves ont exacerbé ces caractéristiques. Il en est de même pour moi''. Ces épreuves et la façon dont vous les surmontez, vous valent une admiration du peuple mais aussi des critiques, surtout dirigées sur la personne de votre mère. Comment vivez-vous cette exposition? "Je me dis d'abord que j'ai de la chance. En premier lieu, j'ai de la chance d'être le fils de ma mère. Ensuite, je vois cette affection et cette admiration du peuple comme une source de consolation. Pour ma mère c'en est une aussi. Je me dis que c'est la consolation que Dieu nous a envoyé. Cela montre l'amour que notre peuple est capable de donner. En ce qui concerne les critiques, je ne m'en émeus pas plus que ça. Il y aura toujours des gens pour trouver à redire. Je les invite simplement à nous rencontrer, à nous connaitre avant de parler sur notre famille".

INFLUENCER POUR L'AVENIR DE NOS ENFANTS Lorsque l'on demande à Elyasaf de quoi il est le plus fier aujourd'hui, il nous répond d'abord que c'est de s'être marié et d'avoir fondé une famille. Puis il tient à nous raconter deux projets récents qu'il a initiés. Le premier ''Massa Shivim'' est une grande marche depuis le nord et le sud du pays vers Jérusalem, qu'il a organisé pendant les 7 semaines qui ont précédé Yom Haastmaout. ''Je voulais que les 70 ans de notre Etat soient célébrés comme il se doit''. Des milliers de personnes ont participé, découvrant ou redécouvrant notre terre avant de se rassembler au Kotel. Le second projet s'appelle ''Haah'im Shelanou'' (Nos frères). Il est né il y a un an à la veille de Yom Hazikaron. Il s'agit de regrouper les frères et sœurs endeuillées, de leur fournir un espace de rencontre, d'échanges. ''Je me suis aperçu que certains n'avaient jamais parlé, raconté leur frère ou sœur perdu(e), qu'ils avaient besoin que ceux-ci ne soient plus qu'une photo sur un mur. Le deuil d'un frère ou d'une sœur est particulier, il ne peut pas se comparer à celui des parents, mais il est très profond aussi''. Elyasaf est conseiller stratégique et donne des conférences dans le monde entier. Mais il revient toujours à sa source: Israël. ''Même lorsque je me suis promené dans le monde et que j'ai vu des paysages magnifiques, je ne pensais qu'à Israël. Il n'y a qu'ici que la terre me parle, me raconte. C'est ma maison, quoi qu'il s'y passe. Je suis fier d'être un juif qui vit en Israël. C'est le seul endroit où je peux vivre sans peur. Nous avons le mérite d'être la génération qui peut se battre pour cette terre. Bien sûr nous espérons de toutes nos forces ne plus avoir besoin de le faire mais nous devons prendre nos responsabilités et agir pour que nos enfants puissent vivre tranquillement ici, chez eux''. N° 55 JUILET-AOÛT 2018 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH | 17


NOS RACINES

Les Juifs du SURINAME

La République du Suriname (1) est un pays d'Amérique du Sud situé dans le plateau des Guyanes. Elle est entourée par le Guyana à l'ouest, le Brésil au sud et par la Guyane française à l'est. Au nord, elle est bordée par l'océan Atlantique. Ce pays, dont la capitale est Paramaribo et qui s'est longtemps appelé Guyane Néerlandaise, s'étend sur 160 000 km2. Avec une population de 500 000 habitants, il est le pays le moins densément peuplé du continent américain. Région autonome des Pays-Bas en 1954, le Suriname a accédé à l'indépendance en 1975. Les premiers habitants du Suriname ont été les Paléo-Indiens, les Arawaks, les Karibs et les Tupis. Trois pays européens se sont successivement intéressés au Suriname : l'Espagne, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas. La population du Suriname est particulièrement hétérogène et les langues comme les religions pratiquées très diverses : les Hindoustanis ( Musulmans et Chrétiens), avec 37%, sont majoritaires, mais on trouve aussi des Créoles, des Marrons (2), des Amérindiens, des Chinois, des Européens, des Syro-Libanais et des Brésiliens. On y trouve aussi une petite communauté juive, dont la présence remonte à plusieurs siècles et qui a vécu en autarcie dans une localité appelée « Joodensavanne » près de Cassipora. En décembre 1980, un coup d'État a porté au pouvoir le sergent Désiré Bouterse. Une guerre civile suivra. La démocratie sera rétablie en 1981. Après les présidences de Jules Wijdenbosch et Ronald Venetiaan, Désiré Boutense est revenu au pouvoir en 2010 par le biais d'élections. C'est vers 1639 que les premiers Juifs se sont installés au Suriname après un périple qui, au cours des années les aura conduits d'Espagne et du Portugal minés par l'Inquisition, aux Pays-Bas puis au Brésil et, de là, en fonction des bouleversements politiques, vers les Guyanes et le Suriname. Un acte de mariage juif ou « kettoubah » daté de 1643 émis au Suriname a été conservé. Des Juifs venus d'Angleterre les rejoindront peu après. D'autres, environ 300 personnes, quitteront le « village juif » de Remire-Montjoly à Cayenne pour le Suriname. Les autorités britanniques ont favorisé cette immigration juive en accordant aux nouveaux venus la possibilité de commercer, d'acheter des terres, de pratiquer ouvertement leur culte et de disposer de tribunaux rabbiniques. La plupart des Juifs vont, dès lors, se regrouper près de la crique de Cassipora et fonder la communauté de « Joodensavanna », la Savane des Juifs. Un cimetière sera bâti à la 18 | N° 55 JUILLET-AOÛT 2018 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH

même époque. On y trouve encore aujourd'hui quelque 400 tombes très anciennes. L'épitaphe de l'une d'entre elles date de 1666. En 1665, deux Juifs fortunés, Baruch Da Costa et Chelomo De Solis achètent un terrain dans la « Joodensavanna » et une synagogue y sera édifiée sur les bords du fleuve Suriname. Elle est aujourd'hui en ruines et seul un mur est demeuré debout sur lequel, en 1954, 300 ans après l'expulsion des Juifs du Brésil, une plaque commémorative a été apposée. Les Juifs de Suriname s'organisent alors en une congrégation, le KKBVS, « Kahal Kadoch Berakha Vé Shalom », « Sainte Congrégation Bénédiction Et Paix ». A sa tête, un comité directeur appelé « Mahamad ». Ce « Mahamad » va vite se retrouver face à des problèmes de mariages mixtes, allant même jusqu'à menacer d'excommunication les Juifs qui feraient circoncire des enfants mâles nés d'unions avec des femmes non-juives. Au fil des ans, la sévérité se relâchera et les Juifs nés de mariages mixtes seront peu à peu intégrés dans la communauté. Les prérogatives des Juifs de Suriname seront reconduites par les Hollandais lorsqu'ils récupéreront le Suriname en 1667 (3). En 1694, on compte 600 Juifs au Suriname : 92 familles séfarades hispano-portugaises et 12 familles ashkénazes.


Par Jean-Pierre Allali

Ils disposent de 40 plantations, essentiellement de canne à sucre , de cacao et de coton et de 9 000 esclaves (4). Les Juifs prendront l'habitude de donner à leurs plantations des noms bibliques : Beersheva, Carmel, Hebron... En 1719, une synagogue, « Neve Shalom » ( Oasis de paix) sera bâtie à Paramaribo. En 1735, elle sera cédée aux Ashkénazes à condition que le rite séfarade y soit maintenu, ce qui sera fait. Elle sera agrandie en 1780 et reconstruite en 1833 à la suite d'un incendie. Les Séfarades ont, pour leur part, construit une autre synagogue en 1735, « Tsedek Vé Shalom » ( Justice et Paix). Les deux synagogues auront la particularité de disposer d'un sol en sable pour rappeler l'exode des Hébreux dans le désert. Jusqu'en 1813, les deux communautés vivront séparément En 1767, les Juifs possédaient 115 plantations. Ils n'en auront plus que 40 en 1791. À l'aube du XIXème siècle, on compte 2 000 Juifs au Suriname. Parmi eux, des « Juifs Noirs » qui décident d'ériger leur propre synagogue à Sivaplein au centre de la capitale. Ce lieu de culte a disparu, faute de fidèles et, de nos jours, les « Juifs Noirs » se rendent à la synagogue ashkénaze. En 1900, il n'y a plus que 1500 Juifs surinamais et, en 1923, les deux communautés principales annoncent un chiffre de 818 affiliés.

En 1939, alors que des bruits de botte se font menaçants en Europe, les Ashkénazes et Séfarades décident d'unir leurs forces et publient désormais un magazine mensuel Teroenga. En 1941, les deux communautés mettent sur pied une Union Sioniste du Surinam. Un an plus tard, en décembre 1942, un navire portugais, le Nyassa, accoste au Surinam avec, à son bord, 150 Juifs réfugiés de Belgique et des Pays-Bas. Durant la Guerre, des soldats américains stationneront dans le pays. Ironie de l'Histoire : le village juif de « Joodensavanna », désaffecté servira de camp d'internement pour les membres du NSB, un parti hollandais proche des Nazis. Les prisonniers seront, entre autres, chargés de remettre en état les lieux et de débroussailler le cimetière juif (5). La fin de la Guerre a correspondu avec un déclin économique du pays, entraînant le départ de nombreux Juifs vers la Hollande et vers le nouvel État d'Israël. En 1975, on ne dénombre plus que 500 Juifs au Suriname. Un nombre qui va décroître encore avec la guerre civile et les désordres qu'elle va engendrer. En 2018, on ne compte plus que 200 Juifs dans le pays. Les deux synagogues ont été restaurées et sont ouvertes tous les chabbats. Un journal communautaire, Sim Shalom, est régulièrement publié en hollandais. Dès l'indépendance du pays, en 1975, le Suriname et Israël ont établi des relations diplomatiques. Israël est représenté à Paramaribo par son ambassadeur au Venezuela et par un consul honoraire au Surinam. En 2010, seize jeunes Juifs surinamais ont visité Israël dans le cadre du programme « Taglit ». Ainsi va la vie juive au pays de la « Joodensavanna » dans les années 2000.

(1) On écrit aussi « Surinam ». La plupart des institutions internationales, dont l'ONU ont opté pour l'orthographe « Suriname ». Le Suriname doit son nom au fleuve du même nom, principal cours d'eau du pays. (2 )On appelle Marrons les descendants d'esclaves africains évadés. (3) Le 31 juillet 1667, le traité de Breda signé entre Britanniques et Hollandais voit le Suriname passer aux Néerlandais et New York aux Anglais. (4) Jusqu'à l'abolition de la traite en 1919 et l'abolition tardive de l'esclavage au Suriname en 1863, les Juifs comme les autres habitants, pratiqueront, hélas, cette misérable et indigne façon de faire. (5) Autre « ironie de l'Histoire » : l'une des deux décorations officielles en vigueur au Suriname s'appelle : « L'ordre de l'Étoile Jaune ». N° 55 JUILET-AOÛT 2018 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH | 19


VOYAGES

Par Guitel Ben-Ishay

Idées bons plans! AVEC JÉRUSALEM FUTÉE Pour ne pas se retrouver à court d'idées pendant ces vacances, LPH vous propose quelques bons plans dénichés par Valérie Cudkowicz, la fondatrice du site www.jerusalemfutee.com. Valérie est une passionnée de Jérusalem. Elle aime s'y promener et s'intéresse à tout ce qui bouge. C'est ainsi qu'est né son site jerusalemfutee.com. "L'information sur ce qui se passe à Jérusalem n'est souvent pas disponible en français. Je m'attache donc chaque jour à la rendre accessible à tous les Francophones''. En effet, il serait dommage de passer à côté de tout ce qui se passe dans la capitale. Pour ceux qui y vivent, bien sûr, mais aussi pour les autres, qu'ils viennent du nord, du sud ou de l'autre côté de la Méditerranée.

LES MUSÉES: PAS QUE POUR LES INTELLOS! "Le mot musée peut effrayer'', reconnait Valérie, ''mais c'est ne pas tenir compte de tous les efforts qui sont faits ces dernières années pour les rendre attractifs et passionnants même pour ceux qui ne veulent pas lever le nez de leurs écrans''. Ainsi, les musées se transforment en véritables aires de jeux, de découverte et de détente. Beaucoup se sont dotés des technologies récentes pour découvrir leurs allées: les visites se font à l'aide de tablettes, rendant l'expérience ludique. Et si l'on parle de jeux, sachez que dans les musées, des chasses au trésor ou des ''escape room'' sont régulièrement organisés pendant les vacances. Et Jérusalem ne manquent pas de musée: Musée d'Israël, musée des sciences, musée des Pays de la Bible, musée de la musique, Tour de David…la liste est encore longue. On peut aussi passer une journée à la bibliothèque nationale, où des activités sont proposées en plus 20 | N° 55 JUILLET-AOÛT 2018 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH

de la traditionnelle session lecture. ''Et c'est un très bel endroit'', enchérit Valérie, avant de poursuivre: ''A Jérusalem, en particulier, cela permet de se relier à notre histoire, tout en s'amusant. Et beaucoup de ces lieux sont gratuits pour les enfants''. On peut même pousser jusqu'au musée d'histoire naturelle de Beth Shemesh, vivement recommandé par notre experte.

IL FAIT BEAU, SORTONS! Les activités en plein air sont légions à Jérusalem, et elles ont l'avantage d'être gratuites pour la plupart. Valérie nous propose, par exemple, un parc dans la vallée Arazim, à l'entrée de Ramot: jeux pour petits et grands, ferme bio, à quelques minutes à pied du Mémorial du 11 septembre. ''Les alentours de Jérusalem sont à explorer: on peut y faire beaucoup de promenades, il y a de nombreuses sources très agréables. Nul besoin d'aller loin, ni d'avoir une voiture pour faire une belle excursion''. Et que diriez-vous d'un cinéma en plein air Rehov Hillel ou d'un tour au festival de marionnettes ou d'artisanat? A moins que vous ne préfériez la patinoire avec ses matchs de hockey, ses séances publiques de patinage et son cirque sur glace? Valérie constate au quotidien que la vie culturelle à Jérusalem est devenue bouillonnante. Et elle insiste aussi sur les idées volontariat qui y existe, comme l'association Shavoua tov. ''Il faut donner l'habitude aux enfants de chercher la culture, les activités qui ont du sens". Pour aller plus loin: www.jerusalemfutee.com



COACHING

Par Irène Landau

Apprendre A DIRE NON Depuis de longues années j'ai eu l’occasion de travailler avec de nombreux patients afin de leur apprendre à dire non. Autant pour certaines personnes “dire non” est simple, naturel et habituel, autant pour d’autres c’est une chose impossible. Inutile de préciser que le fait de ne pas savoir dire non transforme la vie en cauchemar. Chaque cas est différent, mais depuis la grand-mère obligée de garder ses petits-enfants alors qu'elle est occupée par ailleurs et qu’elle n’en n’a pas forcément envie, jusqu’à l’homme d’affaires qui accepte des contrats contre son gré, en passant par des personnes qui se sentent obligées d’épouser quelqu’un qui ne leur convient pas, les exemples sont nombreux. Ce qu’il faut comprendre c’est que dans notre enfance, nous avons tous été obligés d’obéir à des autorités qui nous dictaient notre conduite. Nous n’avions alors pas le choix. Nous étions en quelque sorte les jouets de nos parents, de notre famille, de nos professeurs...L’enfance est pour tous une période assez difficile à vivre justement à cause de cette soumission obligatoire. Nombreux sont ceux qui dans leur tête se disaient que lorsqu’ils seraient grands, ils feraient enfin ce qu’ils voudraient. Mais pas tous n’ont réussi. Le problème est que certaines personnes sont restées dans le schéma inculqué dans leur enfance. C'est depuis l’extérieur qu’ils reçoivent leurs ordres et ils obéissent plus ou moins aveuglément. Il est possible que ces personnes aient eu à subir une autorité tellement forte qui leur faisait peur et qu’ils étaient dans l’incapacité de contester. En effet par définition l’enfant est faible, vite affolé et déstabilisé, démuni, désarmé. La désobéissance provoque des crises et des drames donc ce qui se grave dans l’esprit de l’enfant, c’est qu’il est préférable d’obéir pour préserver la paix et surtout pour être aimé. Car être aimé est une priorité chez l’être humain depuis son plus jeune âge. La vie d’un enfant depuis sa naissance dépend entièrement de la bonne volonté de ses parents et de son entourage. Il fait tout pour être aimé et apprécié car ce n’est qu’à ce prix qu’il sera nourri, vêtu, protégé. Bien en22 | N° 55 JUILLET-AOÛT 2018 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH

tendu, les enfants sont aussi souvent en opposition avec la volonté de leurs parents. Ils pleurent, crient, tempêtent, mais rien n’y fait et ce sont les parents qui sont les plus forts. Lorsqu’on dit que les enfants font des « caprices » c’est juste qu’ils ont leur propre volonté qui s’oppose à celle de leurs parents. Tout cela pour dire qu’un adulte qui ne peut pas dire non est resté quelque part bloqué dans l’enfance et soumis à une autorité qui le dépasse. Dire non c'est prendre le risque de ne plus être aimé ni apprécié donc de sortir de la zone de sécurité. Dire non, c’est se mettre en danger, car la personne ressent que toute opposition à l’autorité est inquiétante. Le vrai problème commence quand on dit oui à presque tout, par peur de faire du mal ou de contrarier autrui. Malheureusement, cela engendre de nombreuses situations dramatiques. Combien de patients se confient en disant : « J’ai dû céder mon bureau à mon collaborateur en partant, alors que c ‘est moi qui l’avais trouvé pour un prix dérisoire». « J’ai épousé cette jeune fille parce que mon Rav m’a dit que c’était bien pour moi. J’ai essayé de dire que je ne le sentais pas, mais il a insisté. Cela fait dix ans que je suis malheureux ». « Je suis obligée de garder mes petits-enfants un soir par semaine, alors que je suis fatiguée mais je n’ai pas osé refuser. Cela dure depuis des années. Que faire ? » « J'ai été obligée par mon père de faire des études de droit, moi je voulais étudier l’anglais, cela fait trois ans que je recommence ma première année ! » etc. Les exemples ne manquent pas. En tous cas, cette difficulté à s’opposer engendre trop souvent des situations dramatiques et même destructrices. Tout cela alors qu’un seul petit « non » bien placé et irrévocable remet facilement la situation en place. Cette peur de ne plus être aimé ou apprécié est complètement injustifiée puisque les personnes qui savent dire non sont la plupart du temps beaucoup plus appréciées que les autres. On comprend qu‫׳‬elles ont des limites et qu’elles savent les faire respecter et on ne les en admire que plus. De plus ces personnes gardent le respect d’elles-mêmes et les autres ne les considèrent que plus. Il faut donc apprendre à dire non afin de choisir sa vie au lieu de devenir le jouet d’autrui. Irène Landau coach /psychotherapeute centre de la guerison psychosomatique a jerusalem 0522 083 666 sur place ou par WHATSAP avec l'étrange



ÉDUCATION

Patrick Petit-Ohayon Lev ‘Haïr revient avec Patrick PetitOhayon – Directeur Général du CAMPUS-FSJU sur les dernières activités entreprises par cet Organisme de formations. C’est l’occasion de faire un point complet avec son Directeur et d’entrevoir les futures orientations. Lev ‘Haïr : Le CAMPUS-FSJU achève actuellement sa quatrième année d’activité au service de la vie associative dans le domaine de la formation. Avant d’examiner les perspectives pour la prochaine rentrée, pouvons-nous faire le point sur les programmes qui sont proposés ? Patrick Petit-Ohayon : Comme vous le savez, le CAMPUS-FSJU est composé d’Instituts de formations dédiés que nous tentons de faire travailler en synergie. L’Institut André et Rina Neher se consacre à l’école juive à tous les niveaux : la formation initiale et continue des enseignants de matières générales et juives, celle des Directeurs débutants, et l’innovation de cette année, celle de formateurs occasionnels. Au-delà de la préparation des concours nationaux de Professeurs des Écoles ou de CAFEP et d’agrégation privé d’Hébreu, c’est la pédagogie – dans sa globalité – que nous cherchons à moderniser. Les nouvelles technologies et le numérique y occupent une place grandissante, mais aussi, la discipline positive, les neurosciences ou la médiation cognitive du Professeur Feuerstein. À l’Institut Léon Askenazi, tourné vers le médico-social et la petite enfance, nous avons commencé à développer les voies de la VAE (Validation des Acquis de l’Expérience) qui permettent de reconnaître les compétences acquises sur le terrain et de donner un vrai statut aux personnes employées. Par ailleurs, nous sommes en train de diversifier notre offre de formation dans ces secteurs et, notamment, en direction des crèches et des Jardins d’enfants. À l’Institut J-P Bader pour l’éducation informelle, nous avons amorcé, en partenariat avec la Direction de l’Action jeunesse du Fonds Social Juif Unifié, un programme de formation des Cadres des mouvements de jeunesse et des organismes de vacances, intitulé « Ado 3.0 » qui permet d’aborder les problématiques auxquelles sont confrontés les jeunes d’aujourd’hui. L ‘H : Quel est le public de prédilection du CAMPUSFSJU ? P P-O : Ce sont tous les professionnels, les élus et les bénévoles de la vie associative. Au-delà de programmes de 24 | N° 55 JUILLET-AOÛT 2018 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH

Par Gabriel COHEN formations standardisés, nous mettons en œuvre de nombreux projets conçus sur mesure pour nos partenaires. Plus qu’adapter nos formations au terrain, nous recherchons le formateur le mieux placé pour répondre au besoin exprimé. C’est pourquoi, nous avons fait le choix d’avoir peu de formateurs maisons, mais un carnet d’adresses de formateurs en continuelle extension pour solliciter la compétence dont nous avons précisément besoin, tout en lui demandant de faire un effort pour s’adapter au modèle économique de la vie associative. L ‘H : Pour poursuivre cette problématique, pouvez-vous nous expliquer comment est financée la formation ? P P-O : De fait, les sources de financements sont diverses. Pour les enseignants, salariés de l’État, c’est le Ministère de l’Éducation nationale qui finance intégralement leur formation continue. Pour les salariés de droit privé, ce sont les OPCA, les organismes collecteurs des fonds de formation. Pour pouvoir en bénéficier, le CAMPUS-FSJU a d’ailleurs dû obtenir l’agrément Datadock. Pour les personnes en recherche d’emploi, c’est le Pôle Emploi, grâce à un autre référencement du CAMPUS-FSJU, Dokélio Île-de-France. Enfin, certains étudiants participent directement à leurs formations. Cependant, afin que personne ne puisse être exclus de la formation, nous avons également développé des partenariats avec des Fondations, telles la Fondation pour la mémoire de la Shoah, la Fondation pour l’éducation juive, mais aussi, avec le Fonds Social Juif Unifié. L ‘H : Quelles sont les pistes de développement pour la prochaine rentrée ? P P-O : Nous préparons plusieurs innovations pour l’Année Universitaire 2018/2019 : • Le développement des formations pour les enseignants des Collèges/Lycées et la préparation à de nouveaux concours d’État. • Le lancement d’une formation d’Accompagnement éducatif et social, en cours d’agrément auprès de la Région Îlede-France. • Le renforcement de nos actions régionales déjà amorcées avec Marseille et Strasbourg cette année. • Le lancement d’une formation de formateur d’enseignants de Kodech. • La reprise des formations de formateurs de l’OFAC pour la préparation des Bafa et Bafd. Notre ambition reste de jours faire mieux pour répondre aux besoins des associations là où elles se trouvent, en renforçant la qualification professionnelle tout en l’accompagnant d’un éclairage éthique et identitaire. Pour tout renseignement : 01 42 03 00 44 le blog du CAMPUS-FSJU : blog.campusfsju.org/



ÉDUCATION

Comment

SONT FORMÉS LES PROFESSEURS DE KODECH ? Robert Derai, Responsable des programmes de formation pour l'enseignement juif au Campus FSJU, Institut André et Rina Neher, observe que les professeurs de kodech ont soif de pédagogie. Explications. Lev Hair : Vous assurez l’organisation de la formation des professeurs de kodech au Campus FSJU. Comment sont organisées ces formations ? Robert Derai : L’Institut André et Rina Neher fait partie de l’ensemble des Instituts de formation du Campus FSJU, avec l’Institut Léon Ashkenazi en charge du secteur social, l’Institut Eliézer Ben Yehouda pour les professeurs d’héL’OBJECTIF DE L’INSTITUT ANDRÉ breu, l’Institut JP ET RINA NEHER EST DE PROFESSIONNALISER LE PERSONNEL DES Bader pour l’éducation informelle. ÉCOLES JUIVES, ENSEIGNANTS,

DIRECTEURS, SURVEILLANTS… Lev Hair : Quel est votre parcours ? R.D. : Je suis professeur de kodech et d’hébreu moderne depuis plusieurs années. Après avoir étudié en yéchiva, j’ai été diplômé en sciences de l’Education et en ingénierie pédagogique. Puis j’avais suivi la première promotion de formation des conseillers pédagogiques de l’Institut André Neher (C.O.P pour Conseil-Outils-Programmes)

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Lev Hair : Quel public formez-vous ? R.D. : Nous recevons chaque année une vingtaine de stagiaires en poste dans diverses écoles et plusieurs qui n’enseignent pas encore. Ils suivent un programme de six cents heures réparties sur deux années d’études. Ils ont un point commun : une immense motivation pour apprendre le métier afin d’être excellent pour leurs élèves. Nous proposons également des programmes en interne à la demande des directeurs d’écoles juives, en fonction de leurs besoins spécifiques. Lev Hair : Qui sont les formateurs ?

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R.D. : Différents experts de grande qualité interviennent dans nos formations : des rabbanim, des thérapeutes, des formateurs expérimentés, enseignants chevronnés, professeurs d’histoire ou d’informatique…Ils ont tous une expérience de l’enseignement, une formation de formateur et surtout un talent fou pour transmettre ! Lev Hair : Quelle est votre chita ? R.D. : Notre chita est de ne pas en avoir ! En effet, nous n’entrons pas dans des considérations ou orientations particulières. Notre apport spécifique est la pédagogie et la didactique des différentes disciplines juives. Les stagiaires que nous recevons ont déjà une formation yéchivique ou séminarique, et nous leur apportons davantage d’outils sur le « comment » transmettre plutôt que sur les contenus mêmes. Lev Hair : Quelles sont vos particularités ? R.D. : Tout d’abord notre approche insiste sur la formation à l’écoute et la prise en compte de chaque élève. En effet, chacun apprend et mémorise différemment. Par conséquent, les stagiaires sont formés à l’observation minutieuse de leurs élèves afin de déterminer quelle stratégie d’enseignement ils choisiront. Ainsi, ils mettront en place une pédagogie différenciée et adaptée. Cela est d’autant plus nécessaire que de plus en plus d’enfants venant de l’école publique sont accueillis dans les établissements juifs et nécessitent d’être « coachés » efficace-


Par xxxxx ment pour s’intégrer rapidement dans leurs nouvelles structures. D’autre part, une spécialiste de la communication assure un module qui donne aux apprenants les clés d’une analyse de leurs propres manières de communiquer, afin de prendre du recul et réfléchir aux moyens de mieux gérer les échanges humains avec les élèves, les parents, les collègues… Les professeurs de kodech en formation suivent également des cours de mise à niveau en informatique, afin par exemple d’acquérir les compétences

pour créer une présentation PowerPoint ou pour effectuer une recherche efficace sur Internet où de nombreux sites pédagogiques sont à disposition. Lev Hair : Quelles sont vos récentes réalisations ? R.D. : Depuis cette année, nous avons ouvert une antenne à Strasbourg où une dizaine de professeurs venant de différentes écoles de la Ville, suivent la formation du programme Hé. Celleci est calquée sur la formule parisienne, avec une touche particulièrement alsacienne puisque des formateurs locaux y interviennent. Une rencontre des deux groupes aura lieu à l’institut André Neher les 4-5 et 6 juillet pour un séminaire de formation sur l’enseignement de la Torah orale, avec une soirée le mercredi 4 juillet où tous les enseignants sont conviés, pour réfléchir à « Comment renforcer la motivation de nos élèves pour le Kodech ? » Nous avons également été sollicités par des écoles dans d’autres régions pour y organiser des formations locales …à suivre…

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COMMUNAUTÉ

Propos recueillis par Magali Barthès

Bernard-Henri Lévy

La synagogue de Yavné était remplie pour écouter Bernard-Henri Lévy

« L’enjeu pour les juifs n’est pas d’éradiquer l’antisémitisme, ce qui serait illusoire, mais de le tenir à distance et d’être plus fort que lui »

Le philosophe était l’invité de l’école marseillaise Yavné et de son directeur, Paul Fitoussi, le 30 mai dernier afin de présenter son dernier livre « L’empire et les cinq rois » (Avril 2018, Editions Grasset). Le sujet du livre porte sur l’émergence de ces cinq rois (Iran, Arabie Saoudite, Chine, Turquie et Russie) du fait du retrait de l’Empire (qui désigne l’Europe et les Etats-Unis) sur la scène internationale. BHL s’est prêté aux questions du public, réuni dans la synagogue du groupe scolaire. Lev haïr : L’accroche du livre porte sur les kurdes. Pourquoi ce choix ? Bernard-Henri Lévy : « Les kurdes appartiennent à cet islam des lumières que les démocraties occidentales ont trahi. Ce peuple nous a protégés de Daech et pourtant, le monde entier leur a tourné le dos, à l’exception d’Israël qui a soutenu leur référendum d’indépendance. Pourquoi cette injustice visà-vis du peuple kurde ? L’autre point de départ de ce livre est talmudique. Deux paradigmes à la fois contradictoires et complémentaires doivent nous inspirer. Ils illustrent deux attitudes à adopter : celle de Josué pour les dirigeants des régimes dont la capacité de nuisance n’est plus à démontrer. Il faut être sans pitié avec eux et refuser tout compromis. L’attitude d’Abraham pour les opposants à ces régimes qui paient souvent de leur vie en luttant contre eux. Je suis parti de ces deux épisodes et de leur signification dans la pensée juive ». Lev haïr : Pourquoi cette désinformation à l’égard d’Israël ? Bernard-Henri Lévy : « J’aime Israël, j’aime aussi la vérité. J’ai côtoyé à plusieurs reprises l’armée israélienne. J’ai pu me rendre compte du scrupule dont faisaient preuve ses soldats pour épargner la vie des leurs mais aussi celle des autres. Alors, lorsque j’entends les contre-vérités, les chiffres fantaisistes que certains avancent, les bras m’en tombent d’autant 28 | N° 55 JUILLET-AOÛT 2018 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH

que ceux-là n’émettent pas la moindre protestation après la mort de 500 000 syriens ou d’un million de chrétiens soudanais. Ce « deux poids, deux mesures » est inacceptable. A la suite des revendications du Hamas et du Jihad islamique (Lundi noir), les médias ont constaté qu’il s’agissait d’un acte de guerre, mais cela n’a pas suffi à faire taire les commentaires. Au fil de mes voyages en Israël et de ma fréquentation du monde musulman, j’ai acquis la conviction que la haine des juifs et celle d’Israël se distinguent très difficilement. Depuis 50 ans, l’antisionisme est la manière la plus efficace de faire de l’antisémitisme un mouvement de masse. L’enjeu pour les juifs n’est pas d’éradiquer l’antisémitisme, ce qui serait illusoire, mais de le tenir à distance et au fond, d’être plus fort que lui ». Lev haïr : Vous allez jouer la pièce « Last exit before Brexit » à Londres * Pourquoi cet engagement auprès des anglais ? Bernard-Henri Lévy : « Je suis un européen convaincu. La construction de l’Europe a été une chance mais cette Europe est aujourd’hui menacée et il existe un vrai risque de la voir se défaire une nouvelle fois. Cela serait une catastrophe. On voit en effet se lever en Europe des forces exprimant la haine, au sein même de pays d’Europe centrale qui se disaient autrefois être au cœur de l’Europe. La dissolution de l’Europe serait extrêmement dommageable, en particulier pour les juifs. La principale erreur de ma génération est d’avoir bercé dans ce que je nomme l’optimisme historique, consistant à croire qu’il suffit de s’endormir sur la banquette arrière du train de l’histoire pour arriver à bon port. Mais l’histoire est parfois très bien ou très mal orientée, et je crois que les hommes ont un rôle capital pour empêcher le train de dérailler » Ndlr *(Interprété le 4 juin dernier par Bernard-Henri Lévy)



COMMUNAUTÉ

Par Magali Barthès

Daniel Haïk

« VERS UN RETOUR DU PEUPLE JUIF SUR LA TERRE D’ISRAËL » Rédacteur en chef de l’hebdomadaire Haguesher, analyste politique pour i24 news, ce militant infatigable du sionisme, installé à Jérusalem depuis 35 ans, était le 10 juin au Centre fleg pour une conférence intitulée « Israël 70 ans et Jérusalem : Bilan et perspectives ; la vérité d’Israël ». Un événement organisé par l’Organisation sioniste mondiale en partenariat avec le KKL.

ISRAËL, UNE SUPERPUISSANCE ÉCONOMIQUE « Il n’est pas réaliste celui qui ne croit pas au miracle », avait un jour affirmé David Ben Gourion. Les derniers chiffres de 2017 classent Israël parmi les huit pays les plus influents au monde sur le plan économique, juste devant les grandes nations. Acteur majeur dans les hautes-technologies, la médecine, l’agriculture, Israël est sollicité régulièrement en matière de lutte contre le terrorisme et a même déjoué de nombreux attentats en France et en Europe. « Mieux encore, face à un Iran de plus en plus menaçant, les leaders des nations émergentes, ceux des pays sunnites modérés du Golfe persique ont compris la nécessité de coopérer avec les services de renseignement israéliens », explique Daniel Haïk. Aujourd’hui, au-delà des clivages 30 | N° 55 JUILLET-AOÛT 2018 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH

quotidiens, Israël est un pays fort, dont la cohésion se lit particulièrement lors des cérémonies de Yom Hazikaron et Yom Ha’atsmaout. En parallèle, avec l’arrivée de Donald Trump à la Maison blanche, Israël peut voir l’avenir sous de meilleurs cieux. En reconnaissant Jérusalem comme capitale de l’état d’Israël, et avec le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem, il a tenu un discours de vérité, et de fait bouleversé le processus d’Oslo, qui était déjà dépassé. Bien qu’extrêmement simpliste sur le plan diplomatique, ce type de discours avait manqué dans les négociations au cours des années précédentes. Un pas de plus vers la paix pour Israël, à l’image des propos de Benyamin Netanyahou. L’histoire d’Israël se lit toujours avec une double interprétation selon Daniel Haïk : « la vitesse historique naturelle, et une vitesse plus implicite, au-delà de l’histoire. Rien ne peut nous empêcher de penser que quelqu’un est en train de diriger l’histoire vers un retour du peuple juif sur la terre d’Israël ». Cette réussite d’Israël coïncide avec l’alyah massive des juifs de France, une communauté qui s’est faite remarquer par sa capacité à se rassembler au-delà des origines, opinions politiques, tendances religieuses. Un signe de Guéoula ?



UNE FEMME, UNE HISTOIRE

Par Rav Yaakov Levy

Solica L'histoire de Solica Hatchuel a été racontée à maintes reprises sous différentes versions et mérite d'être racontée à nouveau. Solica est née en 1817 dans une famille marocaine tangéroise. Certaines sources rapportent qu'elle était d'une beauté inégalée. Le drame commença à partir d'une simple dispute entre elle et sa mère. Pour y mettre fin, Solica alla se réfugier dans la cour d'un voisin musulman. Connaissant la jeune fille, et voulant exploiter la situation, l'individu lui fit miroiter les avantages qu'elle pourrait avoir en devenant son épouse. Elle s'y opposa catégoriquement mais le voisin clama haut et fort que Solica s'était convertie à l'Islam mais qu'elle s'était rétractée, fait considéré par le Coran (Sourate IV, 89) comme crime d'apostasie, et passible de la peine de mort. La rumeur allant bon train, elle fut arrêtée et trainée devant un juge mais répondit calmement à toutes les accusations portées contre elle. Telle une dangereuse criminelle, elle fut jetée dans une cellule dans des conditions épouvantables. Les malheureux parents essayèrent de la sortir de cette prison, en s'adressant en dernier recours au vice-consul espagnol, Don José Rico pour qu'il intervienne, mais rien n'y fit. Le Pacha de Tanger eut vent de l'affaire et en informa le Sultan Muley Abderrahman résidant à Fès, en lui demandant quelle serait la marche à suivre dans un tel cas. Pour toute réponse, ce dernier lui ordonna de transférer la jeune fille à Fès. Les frais de transport devaient être payés par son père, menacé de 500 coups de bâton s'il ne réglait pas la somme exigée. Dans l'impossibilité de payer, c'est Don José Rico, visiblement par pitié, qui déboursa. Solica fut traînée pieds nus derrière une charrette tirée par un âne de Tanger à Fez, environ 300 kms (!), et le voyage dura près de six jours. Ce Sultan était dans une situation politique délicate: d'un côté Napoléon III avait conquis l'Algérie en 1830 et menaçait maintenant le Maroc. S'il amnistiait Solica, en cette année 1834, cela signifiait céder à la pression extérieure et pouvait être interprété, par une foule surexcitée, comme une insulte à l'Islam. D'un autre côté, la population juive se trouvait sous sa protection. On lui présenta la jeune fille. Ni la souffrance, ni le chagrin n'avaient réussi à flétrir sa 32 | N° 55 JUILLET-AOÛT 2018 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH

beauté. Il lui proposa monts et merveilles, y compris le trône royal, à condition qu'elle acceptât de 'revenir' à l'Islam. Peine perdue. Le souverain pensa alors à une solution 'miracle' en chargeant le tribunal islamique de l'affaire. Appliquant à la lettre le Coran, le cadi et sa cour condamnèrent Solica à être décapitée sur la place publique, le jour du marché. La malheureuse fut mise à mort en criant le Chéma Israël. Elle avait dix-sept ans. Pour récupérer la dépouille de Solica, les membres de la 'Hevra Kadicha (des héros!) durent jeter ci et là des pièces d'or pour se frayer un passage au milieu d'une foule en délire au risque de leurs vies. Ils chargèrent le corps ensanglanté sur leurs épaules, mais en arrivant au Mellah, ils trouvèrent porte close car les autorités craignaient un pillage. Ils durent faire un immense détour toujours poursuivis par cette foule enragée, tout en continuant à jeter de l'argent. Solica fut enterrée le jour même près de la tombe de Rabbi Eliahou Hassarfati, éminent cabaliste de Fès du XVIIIe siècle. Rares sont les femmes juives auxquelles on célèbre une Hilloula mais Solica fait exception. Comme la date exacte de son exécution a été oubliée, on célèbre sa Hilloula au cimetière juif de Fès avec celle d'un autre rabbin cabaliste du nom de Rabbi 'Haïm Hacohen le 27 Yiar. Comble de l'absurde et par un retour de l'Histoire, les musulmans euxmêmes se recueillent sur la tombe de Solica en invoquant son assistance. ‫ה' ינקום דמה‬ P.s: Vous pourrez toujours consulter avec intérêt le site http://hatchuel-hatchwell.net/solika/solikas-full-story/ (en anglais), Solica de Chelomo Maman (Elad 5778, en hébreu) ainsi que le livre très documenté des professeurs Paul B. Fenton et David G. Littman: L'Exil au Maghreb - La condition juive dans l’Islam (1148-1912). P.s: Certains prétendent que l'écrivain et dramaturge de langue yiddish I. L. Peretz (1852-1915) s'est inspiré de l'histoire de Solica pour écrire sa célèbre nouvelle: 'Les trois présents'.



LE KLING DU MOIS

Le prophète CONTRE LE VISIONNAIRE L'Assemblée générale des Nations-Unies a condamné par 128 voix pour et 9 contre le transfert de l'ambassade des Etats-Unis à Jérusalem. Les 9 pays qui considèrent donc qu'Israël a le droit de considérer Jérusalem comme sa capitale sont : Israël, les Etats-Unis, le Honduras, le Guatemala, le Togo, les Iles Marshall, la Micronésie, les iles Palaos et les iles Nauru, (ne cherchez pas, c'est en Océanie…). Quelques semaines plus tard, le 13 Juin, la même respectable Assemblée, réunie en urgence, a adopté à une forte majorité un projet de résolution condamnant "l’usage excessif de la force par Israël contre les civils palestiniens lors de la flambée de violences meurtrières à Gaza". Elle demande, en outre, au secrétaire général, Antonio Guterres, de recommander la mise en place d’un « mécanisme de protection internationale » dans les territoires occupés. Le texte a été adopté par 120 voix pour dont la Russie, l'Espagne et la France, huit contre (on ne sait toujours pas si c'est le représentant de Palaos ou celui de Nauru qui était sorti téléphoner à sa femme pour lui souhaiter joyeux anniversaire au moment du vote!). Dix jours plus tard, le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU a adopté une résolution appelant à "envoyer de toute urgence une commission internationale indépendante" pour enquêter sur les violations et mauvais traitements présumés "dans le contexte des assauts militaires menés lors des grandes manifestations civiles qui ont commencé le 30 mars 2018". 29 voix pour, et deux contre (les Etats-Unis et l'Australie). Devant une telle constance dans la condamnation universelle d'Israël, comment ne pas songer aux paroles de Bilam dans notre Paracha: "ce peuple vivra en solitaire et ne se confondra pas avec les Nations" (Bamidbar 23, 9) 120 ans après le premier congrès sioniste de Bâle, force est de constater que si le mouvement fondé par Herzl peut se vanter d'avoir été une réussite autant éclatante qu'improbable dans tant de domaines, il en est cependant un, et non des moindres, où son échec est cuisant. Contrairement aux souhaits et à l'analyse de ses membres fondateurs, la création de l'Etat juif n'a pas mis fin aux vieux réflexes du monde à notre égard. Bien au 34 | N° 55 JUILLET-AOÛT 2018 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH

contraire. Elle a donné à tous les adversaires du peuple hébreu un nouvel exutoire à leur haine ancestrale. Il semble bien que la prophétie de Bilam soit finalement plus fiable que celle du visionnaire de l'Etat Juif! Le verset prononcé par Bilam figurant dans ce qu'il est convenu d'appeler ses "bénédictions", notre peuple a fini par se faire à l'idée que cette mise à l'écart du monde n'est finalement pas si regrettable que ça. Ne s'agit-il pas tous comptes faits de se retrouver sur les traces d'Avraham qui, le premier, entendit l'injonction "va t-en!", détache-toi de ton entourage et poursuis ta route en solitaire, "le monde entier d'un côté du fleuve et Avraham sur l'autre rive", comme le décrira le Midrash? Et puis, s'il s'agit d'une constante incontournable de notre histoire, à quoi bon s'efforcer de chercher des amis ou des alliés, l'effort étant à terme inéluctablement voué à l'échec? Et pourtant…. Et pourtant, la Thora n'a jamais encouragé la solitude. Le mot "badad", employé par Bilam, ne se retrouve qu'à trois autres reprises dans la Bible: une première fois concernant le lépreux qu'il convient de maintenir à l'extérieur du camp, en solitaire (Vayikra 13, 46). La seconde en se lamentant sur le sort de la Jérusalem isolée et vidée après l'Exil (premier verset du livre des Lamentations). Comme vous le voyez, la connotation n'est pas vraiment sympathique. La seule occurrence positive du mot se trouve dans Devarim 32, 12. Mais là ce sont pour d'évidentes raisons théologiques, puisqu'il s'agit de Dieu: "l'Eternel, seul, le dirige (le monde)"! D'ailleurs dès les premières pages de la Thora, la solitude est mal vue: "Il n'est pas bon que l'homme soit seul" (Berechit 2,18). Bilam, qui annonce ainsi la solitude d'Israël, n'est d'ailleurs pas vraiment un ami du peuple hébreu. C'est lui qui conseillera d'envoyer les femmes de Moav séduire Israël pour le faire chuter (avec cette fois plus de réussite: nous perdrons 24000 hommes dans cette scabreuse affaire!). En fait, il n'est écrit nulle part dans la Bible qu'Israël est appelé à vivre seul et haï de tous. Il faudra attendre rabbi Shimon Bar Yohaï et l'époque dou-


Par Rav Elie Kling

loureuse de l'occupation romaine pour apprendre que: "c'est une halakha: Essav porte une haine à Jacob". Et même là, Rabbi Shimon modère lui-même son propos puisqu'il ajoute: "mais à ce moment-là (lors de la fameuse rencontre entre Jacob et Essav au retour du premier après le long séjour chez Lavan), il eut pitié de lui et l'embrassa de tout son cœur". Il semble bien que la bénédiction implicite derrière la phrase de Bilam n'est pas la solitude en elle-même mais bien la capacité que nous avons à l'assumer si le besoin s'en fait un jour sentir. En fait il s'agit de tenir bon jusqu'au jour où la prophétie d'Isaïe (un prophète qui, lui, ne souhaitait que le bien d'Israël) se réalisera: "A la fin des jours… toutes les nations se rendront (sur le Mont du Temple) et diront: venez, montons vers la montagne de Dieu, la demeure du Dieu de Jacob pour qu'ils nous enseignent ses voies et que nous les suivions car c'est de Sion que sortira la Thora

et la parole de Dieu de Jérusalem" (2,3). Et celle de Zacharie (8,23): "En ces jours, dix hommes de toutes nationalités s'agripperont à un Juif et se diront: marchons avec eux!" C'est la raison pour laquelle, je ne partage pas l'extrême méfiance que ressentent certains de mes amis dès que des non juifs expriment leur soutien et leur amour pour notre peuple ou notre pays. Les jours dont parlent Isaïe et Zacharie ne sont plus très loin. Les dizaines de millions de chrétiens qui, aujourd'hui déjà, clament et enseignent l'amour d'Israël sont pour la plupart absolument sincères. Même s'il convient de rester vigilant, il faut les encourager avec bienveillance à persévérer dans ce sens. L'isolement d'Israël n'est pas un but en soi, ni une bénédiction, encore moins une situation dans laquelle il faudrait se complaire. La Macronésie et les sympathiques habitants des iles Palaos ne sont que les signes précurseurs de l'époque messianique. Si nous le voulons, ce ne sera pas un rêve et "dans 5 ans peut-être, dans 50 ans sûrement", nous constaterons que le visionnaire, une fois de plus, aura eu raison. Arrêtez-moi si je dis des bêtises…

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DOSSIER SPÉCIAL

Geva Rapp

''NOTRE PEUPLE VEUT PLUS D'IDENTITÉ JUIVE, PLUS DE SIONISME''

C'est dans son engagement militaire et personnel que Geva Rapp a puisé l'énergie et la volonté de créer l'association Panim el Panim, il y a 13 ans. Ce colonel de réserve a suivi un processus de techouva impressionnant à l'âge de 25 ans, après plusieurs années passées à l'armée. Aujourd'hui, il place sa mission sous le signe de la diffusion de la Torah mais aussi et surtout de l'identité juive et sioniste auprès des jeunes et des moins jeunes dans le pays. Le P'tit Hebdo: Comment est née Panim el Panim? Geva Rapp: Cette association a fait ses débuts au moment du désengagement de Gaza. Ariel Sharon avait dit qu'il ferait un referendum. Notre association s'est constituée pour aller dans les maisons expliquer les enjeux de ce désengagement. Nous avons alors constaté que le public sioniste religieux voulait parler, échanger et que beaucoup de gens n'attendaient que d'entendre cette parole. Panim el Panim prend alors la mission non plus de sauver uniquement le Goush Katif mais tout le peuple. Lph: De quoi le peuple a-t-il besoin d'être sauvé? G.R.: J'aime à citer une parabole du Rav Kook pour répondre à cette question. Notre peuple a 36 | N° 55 JUILLET-AOÛT 2018 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH

ressuscité avec la création de l'Etat. Il était comme un bébé pour qui il est normal d'avoir à manger, qui ne se pose pas de question. Tout nous paraissait aller de soi: sionisme, agriculture, esprit de combat. Le summum de ce sentiment a été atteint lors de la Guerre des Six Jours. Depuis nous avons basculé dans l'adolescence: nous posons toutes sortes de questions et nous nous rebellons aussi parfois. Où va-t-on? Pourquoi se bat-on? Voici les questions que se pose notre peuple. A l'image de l'adolescent, on peut avoir l'impression que notre peuple se perd. Mais comme l'adolescent, il finit toujours par avancer. Notre peuple donne parfois le sentiment de se tromper mais en réalité, il est sur le chemin d'une plus grande écoute. La fameuse crise d'adolescence peut se diviser en deux étapes. La première est celle de la rébellion. Le jeune n'écoute rien ni personne. Puis arrive le temps plus calme, où il est prêt à tendre l'oreille. La bonne nouvelle c'est que notre peuple en est aujourd'hui à cette phase. Lph: Qu'est-ce qui vous permet d'affirmer cela? G.R.: J'ai moi-même fait un processus de techouva. Lorsqu'à 25 ans je suis allé sur les bancs du Mahon Meïr, c'était pour assouvir une curiosité développée à l'armée mais j'affirmais haut et fort que ce n'était pas pour faire techouva. Puis j'ai compris, ces études m'ont intéressé, m'ont parlé, m'ont interpellé. C'est ce que je constate aussi chez les personnes auxquelles nous nous adressons à travers Panim el Panim. Je vois cette soif d'apprendre, de se rapprocher de notre identité, de nos racines. Lph: En quoi consiste l'action de Panim el Panim? G.R.: Nous mettons en œuvre plusieurs programmes. Nous allons dans les lycées non religieux pour leur expliquer ce qu'est la Torah d'Israël, sur la terre d'Israël. Je me souviens de


Par Guitel Ben-Ishay

la première école où nous avons été appelés. Dans cet etablissement laïc, 20% des élèves refusaient de servir dans l'armée et un bon nombre la quittaient seulement quelques mois après leur enrôlement. Le directeur a donc fait venir un officier de l'armée de l'air pour les sensibiliser. Les élèves se sont enchainés au portail de l'école en signe de protestation contre ''l'armée d'occupation''. Alors le directeur a compris que ce qu'il devait donner à ses élèves, c'était un lien avec le judaïsme. Aujourd'hui 94% des élèves de cette école s'enrôlent et comprennent mieux leur place et leur destin. En fonction des classes, nous avons des cours bien définis. En kita zaïn, année de la bar mitsva, nous évoquons ce sujet avec les élèves. En kita youd, les enfants reçoivent leur teoudat zeout, l'occasion de parler avec eux d'identité justement. En youd alef, année du permis de conduire, nous discutons sur la conduite dans toutes ses significations, y compris sur le plan comportemental. En youd beth, nous faisons une préparation à l'armée. Par ailleurs, nous avons un programme pour les soldats afin de les renforcer dans leurs valeurs, dans leur foi et les raisons qu'ils doivent avoir en tête pour se battre. Nous avons aussi des cours destinés aux étudiants et des ateliers pour adultes, de tous les âges, à domicile. Nous intervenons ainsi beaucoup dans des kibboutzim, renforçant l'identité juive et sioniste, dans tous ces endroits. La jeunesse sioniste religieuse n'est pas épargnée aussi pas ces doutes et ces errements, donc nous nous adressons spécifiquement à elle, pour la renforcer, dans un cadre dédié. Lph: Etes-vous toujours bien accueillis? G.R.: Il arrive très rarement que nous soyons confrontés à une opposition. Les âmes sont prêtes mais les connaissances font défaut. Grace aux enseignants de Panim el Panim qui

travaillent dur, nous comblons le déficit. Nous faisons aussi ce constat dans les Shabbatot avec l'armée: prières, kidouch, divré Torah sont appréciés de tous. L'atmosphère y est incroyable, l'armée est très demandeuse, mais les budgets nous manquent pour amener ce projet partout. Les jeunes et les moins jeunes en Israël veulent plus d'identité juive, plus de sionisme. Hachem procède sous nos yeux à un changement de masse. L'une des meilleures preuves est que beaucoup de medias tentent de masquer ce fait, d'aller contre. Ce retour à nos racines, à notre raison d'être, en effraie certains. Cela montre que ce mouvement est fort et prend de plus en plus d'ampleur. Lph: Certaines décisions au niveau militaire ont pu affaiblir la confiance que le peuple a, en son armée. Par exemple, en ce moment, avec le terrorisme des cerfs-volants, on se demande si notre armée possède toujours une force de dissuasion. Comment le colonel de réserve que vous êtes perçoit l'actualité? G.R.: Il faut bien comprendre que nous sommes un jeune et petit pays. Nous avons contre nous 1,5 milliard d'Arabes et toute l'Europe. Quant aux Etats-Unis, je ne sais pas, au fond, où ils se trouvent. Partant de là, on comprend que si nous existons et que nous vivons dans de bonnes conditions, c'est bien parce que notre force de dissuasion est forte. Face aux cerfs-volants, des solutions seront trouvées. Elles ne verront le jour qu'au terme d'un processus de décision, qui peut paraitre long pour ceux qui l'observent de l'extérieur. Je voudrais citer Rav Moshé David Valid, élève du Ramh'al qui, dans un de ses commentaires de la parasha de cette semaine, Balak, explique la chose suivante. Israël est un lion. On a l'impression que le lion ne fait que dormir et qu'il ne bouge pas. On pourrait même penser qu'il n'est pas dangereux et que même lui ne sait pas qui il est. Mais lorsque le lion est attaqué, il riposte de façon brève et intense. Puis retourne dormir. Ainsi est le peuple d'Israël. Si nous savons qui nous sommes, d'où nous venons, rien ne peut nous atteindre. C'est pour transmettre ce message que Panim el Panim existe et œuvre sans relâche. Pour plus de renseignements: Tamar: 0544838816 www.panimelpanim.org/be-our-partner/ N° 55 JUILET-AOÛT 2018 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH | 37


JUDAÏSME

Par Rav Cohen Arazi

Et quand le Rav répond Question : Cher Rav, qu'en est-il, au plan de la Halakha, du mélange lait-poisson, au sujet duquel j'ai entendu des avis discordants ? Réponse : Je commencerai par rappeler deux notions bien connues, mais nécessaires à la clarté de mon développement. D'une part, tout un chacun sait que la Torah interdit de manière explicite tout mélange produit lactéviande. D'autre part, le Choul'han Aroukh (Yoré Déa chap. 116 § 2), se fondant sur le Talmud (Traité Pessa'him 76 : b) stipule qu'il est interdit de consommer tout mélange viande-poisson en arguant du fait que la consommation d'un tel mélange est dangereuse sur le plan médical. Il ressort donc de ce qui précède que le mélange poisson-viande est tout aussi interdit que le mélange produit lacté-viande. Venons-en à présent au mélange lait-poisson. Si l'on s'en tient à l'ensemble de la littérature tout autant scripturaire (la Torah écrite) que talmudique, force est de constater que l'on y trouve pas la moindre trace de l'interdiction d'un tel mélange. Le premier à en avoir fait mention est Rabbi Yossef Karo dans le Beth Yossef (Yoré Déa chap. 87 § 3), qui lui servira de base pour la rédaction du Choul'han Aroukh qui codifie les lois de manière systématique, où il stipule : " Il ne faut pas consommer du poisson avec du lait, en raison du danger qu'un tel mélange présente, ainsi que cela a été explicité précédemment dans le Ora'h 'Hayim (chap. 173 § 2) ". Quiconque lit ce texte et consulte la référence rapportée (Ora'h 'Hayim chap.173 § 2) afin d'appuyer ce qu'il affirme, ne peut manquer d'être perplexe. En effet, cette référence ne concerne en rien le mélange lait-poisson, mais uniquement le mélange viande-poisson, dont il est effectivement dit qu'il est nocif pour la santé. De plus, si ce mélange était réellement nocif au plan médical, Rabbi Yossef Karo aurait dû l'interdire de manière explicite au sein du Choul'han Aroukh, et non pas se contenter de ce qu'il en a dit dans le Beth Yossef. Plus encore, dans le Choul'han Aroukh (Yoré Déa chap. 87), dans le passage parallèle à celui du Beth Yossef concerné, il semble affirmer le contraire lorsqu'il stipule : " Les sauterelles et les poissons mélangés à du lait ne sont frappés d'aucun interdit, serait-il d'ordre rabbinique ". Face à cette incohérence, les décisionnaires sont partagés. Les uns, tels que le Taz, le 'Hida et d'autres, sont d'avis 38 | N° 55 JUILLET-AOÛT 2018 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH

qu'une erreur s'est certainement glissée (Taout Sofer) dans la transcription de l'opinion du Beth Yossef, et qu'il nous faut la corriger dans le sens : " Il ne faut pas consommer du poisson avec de la viande (et non pas lire " avec du lait ") en raison du danger qu'un tel mélange présente, ainsi que cela a été explicité dans le Ora'h 'Hayim (chap. 173 § 2) ". Ce qui conduit ces décisionnaires à conclure que le mélange produit lacté-poisson est, sans le moindre doute, autorisé. D'autres décisionnaires, tels le Yad Yéhouda, désemparés face à cette incohérence, se sont résolus à consulter les médecins contemporains au sujet de la dangerosité de ce mélange. Dans un sens identique, l'auteur du Pa'had Yits'hak, lui-même médecin, affirme que ce mélange est susceptible d'être mortel, et qu'il est donc interdit de le consommer, sauf s'il s'agit de lait transformé en beurre ou en fromage. Et même en ce dernier cas, il invite à se montrer rigoureux et à se l'interdire. Le Ben Ich 'Haï, pour sa part, indique que la coutume, à Bagdad, est d'interdire la consommation de poisson avec un produit lacté, y compris avec du beurre ou du fromage. En pratique, nombreux sont les Achkenazim, se fondant sur l'opinion du Taz précitée, qui s'autorisent le mélange lait-poisson. Les décisionnaires Sefardim, sont quant à eux, partagés. Tandis que le Rav Chalom Messas zatsa"l témoigne que la coutume au Maroc était de se montrer indulgent à ce sujet, le Ben Ich 'Haï précité ainsi que le Rav Ovadia Yossef zatsa"l se montrent plus sévères et tendent à interdire, sauf concernant le mélange beurre-poisson à propos duquel le Rav Ovadia, se fondant sur le Ziv'hé Tsédek et le Kaf Ha'hayim, fait montre de plus de souplesse et justifient ceux qui l'autorisent. Sur www.torahacademy.fr vous pouvez poser vos questions au Rav et consulter toutes les autres rubriques de son site.



SPORT

Propos recueillis par Magali Barthès

Le leader

DU KRAV MAGA A MARSEILLE Bonjour Ofir , peux-tu te présenter ? Je m’appelle Ofir, Je dirige les stuctures de Hagana Krav Maga, que j’ai fondé, depuis plus de 15 ans et je suis Préparateur Physique pour sportifs de haut niveau, notamment à l’Olympique de Marseille depuis 5 ans déjà, pour certains athletes des EQUIPES D’ISRAEL d’ATHLETISME, DE KARATE. J’enseigne également sous forme de cours particuliers, la self défense ou la remise en forme. Entoure de 7 assistants, nous enseignons TOUS LES SOIRS et certains MIDIS dans les 8em et 9em arrondissement de Marseille pour les cours collectifs et a toute heure pour les cours particuliers ( hommes ou femmes ) Qu’est-ce que le Hagana Krav Maga ? C’est un système de survie urbain qui a vocation à apporter à monsieur et madame tout le monde, des gestes essentiels pour se sortir de situations d’agressions que l’on peut rencontrer au quotidien, dans la rue, dans un parking, un ascenseur etc. Ce système est composé de gestes instinctifs, naturels, issus de différents arts martiaux, associés à plus de 15 ans d’expérience de terrain dans le domaine de la sécurité et de l’anti terrorisme, et adapté à la réalité de rue. Nous y utilisons les objets de l’environnement (stylo, parapluie, chaises, manteau etc), tout est bon pour survivre ! C’est la raison pour laquelle il n’y a ni ceintures, ni compétitions. Il 40 | N° 55 JUILLET-AOÛT 2018 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH

ne s’agit pas de chorégraphies répétées mais bien de survie urbaine avec pour seul objectif : LA SURVIE ! Qui peut le pratiquer ? Tout le monde, dès l’âge de 6 ans au sein de notre structure (comme en Israël) ! Et c’est l’objectif. Nous sommes dans une ère ou lorsqu’un problème surgit, on se retrouve seul à pouvoir réagir. La seule option valable est donc d’apprendre à se défendre et donc, de suivre des cours dans un club sérieux et professionnel. Un instructeur qui a lui même une réelle expérience de terrain s’impose donc. Combien de temps faut-il pour savoir se défendre ? Nous proposons différentes formules sous forme de CRASH COURSE (stage intensif) ou bien les cours collectifs tous les midis et soirs. En cours collectifs, il faudra compter 6 mois pour avoir des bases . C’est comme tout, cela prend du temps si l’on veut faire les choses bien. Nous ne vendons pas du rêve.

Peut-on s’inscrire en milieu d’année ? Ou se renseigner ? Oui les inscriptions sont possibles tout au long de l’année chez nous. Via le site internet : www.kravmaga13.com



Par Jean-Pierre Allali

Nous vous proposons dans ce numéro un test de connaissances en douze questions autour des 70 ans d’Israël. A vous de jouer. Les solutions sont en bas de page N°1 Le premier président de l’Etat d’Israël a été A/ David Ben Gourion C/ Chaïm Weizmann

B/ Theodor Herzl D/ Abba Eban

N°2 Haïm Herzog, sixième président israélien, était le fils du Grand rabbin A/ De Pologne C/ D’Allemagne

B/ D’Irlande D/ D’Afrique du Sud

N°3 Comme chacun sait, Netta Barzilaï, avec sa chanson « Toy », a remporté le Concours Eurovision de la Chanson 2018 qui s’est déroulé à Lisbonne. Mais qui est le premier israélien à avoir remporté ce Concours ? A/ Izhar Cohen C/ Asaf Avidan

B/ Chlomo Artzi D/ Reuven Feuerstein

N°4 Après les Etats-Unis et le Guatemala, quel est le troisième pays à avoir transféré son ambassade de Tel Aviv à Jérusalem ? A/ Le Pérou C/ La Roumanie

B/ Le Paraguay D/ La Tchéquie

N°5 Qui a été le premier maire de Tel Aviv ? A/ Meir Dizengoff C/ Yehiel Leket

B/ Chlomo Hillel D/ Adin Steinsaltz

N°8 Qui a écrit la chanson « Yérouchalaïm chel zahav », « Jérusalem en or » ? A/ Naomi Shemer C/ Yaffa Yarkoni

B/ Rika Zaraï D/ Naomi Ragen

N°9 Le père de l’actuel Premier ministre israélien, Bentzion Netanyahou a été : A/ Un grand historien israélien B/ Un grand cardiologue israélien C/ Un grand archéologue israélien D/ Un grand peintre israélien

N°10 Le prix Israël 2018 de littérature a été attribué à : A/ Ami Bouganim C/ David Grossman

B/ Amos Oz D/ A.B. Yehoshua

N°11 L’hymne national israélien « Hatikva » a été composé par : A/ Joseph Trumpeldor C/ Edmond de Rothschild

B/ Naphtali Herz Imber D/ Henrietta Szold

N°12 L’opération « Un bateau pour la paix » a été lancée par : A/ Abie Nathan C/ Le rav Kook

B/ Gilad Shalit D/ Anatoly Charansky

N°6 Qui a été le rénovateur de la langue hébraïque ? B/ Léon Ashkénazi D/ Eliezer Ben Yéhouda

N°7 En 2018, cette Israélienne est la seule femme au monde à posséder un club de football. Il s’agit de : A/ Sarah Netanyahou C/ Colette Avital

B/ Alona Barkat D/ Ayala Sitbon

42 | N° 55 JUILLET-AOÛT 2018 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH

SOLUTIONS DU QUIZ DE LA PAGE ? 1C, 2B, 3A, 4B, 5A, 6D, 7B, 8A, 9A, 10C, 11B, 12A Comptez vos bonnes réponses Si vous avez 12 bonnes réponses : champion De 8 à 11 bonnes réponses : bravo ! De 5 à 7 bonnes réponses : Pas mal mais peut mieux faire De 0 à 4 bonnes réponses : des révisions sérieuses s’imposent !

A/ Ben Ami Carter C/ Reuven Rivlin


BY LAURY AB

BY ERYN

Pitot express

Gâteau mousseux au citron

Igrédients Pour 9 pers. : -500g farine - 300g eau tiède - 15g levure fraiche - 1 cuillère à soupe sel - 1 cuillère à soupe de sucre - 3 cuillères à soupe huile olive.

Préparation Dissoudre levure dans l’eau avec le sucre. Ajouter le reste des ingrédients et pétrir pendant 3min. Laisser reposer 1h. Puis former 9 boules. Laisser à nouveau reposer 30min. Ensuite étaler chaque boule en cercle de la taille de la pita. Mettre sur du papier cuisson et Cuire à 220 degrés pendant 8/9min. Bonne dégustation !!!

Histoires d'en rire avec ZADOC Extrait du livre : Zadoc en vrac ! - Auteur du Monde

Igrédients Préparation 1/ Préchauffer le four à 180°C puis beurrer et fariner un moule à manqué de 22-23 cm de – 4 œufs – 120 g de farine diamètre. Tamiser ensemble la – 150 g de sucre farine, la levure, le sel et le – 80 g de beurre fondu refroidi – 1 sachet de levure chimique bicarbonate. Mélanger. – 1 pincée de sel 2/ Battre les jaunes d’œufs avec – 1 pincée de bicarbonate le sucre jusqu’à ce que le – 120 ml de jus de citron (2 ou 3 citrons) mélange devienne pâle et – Zeste râpé d’1 beau citro mousseux (un bon moment). (ou 2 petits) Ajouter le beurre fondu refroidi, le – Sucre glace pour saupoudrer zeste finement râpé du citron, le jus de citron. Fouetter. Ajouter progressivement le mélange de farine en fouettant à vitesse mini, sans trop travailler la pâte, juste pour l’incorporer. 3/ Battre les blancs d’œufs en neige très fermes avec une pincée de sel et un filet de jus de citron. Les incorporer très délicatement à la préparation précédente à l’aide d’une maryse, sans les casser. 4/ Enfourner à 180°C pour 15 à 20 minutes. Puis laisser tiédir dans le four éteint et légèrement entrouvert pour qu’il ne descende pas. Une fois refroidi, saupoudrer de sucre glace tamisé. Pour un moule de 22-23 cm de diamètre :

Ma Belle mère est restée trois heures chez l'esthéticienne ! Tant que ça ? C'était pour un devis ! ….................................................... Meyer dit à sa femme qui est sur le point d'accoucher : Linda, si le bébé te ressemble, ça va être extraordinaire ! Et toi Meyer, s'il te ressemble, ce sera un miracle ! …....................................................

Mon portefeuille c'est comme un oignon, quand je l'ouvre il me fait pleurer ! ….................................................... Ah ! si tu savais ! Mon mari Chaouil =, il me rend tellement nerveuse cet imbécile que je maigris tous les jours de 5kg ! Tu n'as qu'à divorcer de ce monstre ! Je vais le faire, mais Nahoubask j'attends d'être tombée à 55kg

A la maternité, l'infirmière : Votre bébé est un vrai petit ange, une fois couché, il ne bouge plus ! Eh bien, c'est tout le portrait de son père Chez une voyante : Je rêve tous les soirs d'être suivi par un chat noir. Est ce ça porte malheur ? Ça dépend si vous êtes un homme ou une souris !


CULTURE

Propos recueillis par Magali Barthès

Michel Boujenah « IL EST IMPORTANT DE RÊVER SA VIE »

Vous avez aimé « Ma vie rêvée » ? Vous allez adorer « Ma vie encore plus rêvée » ! Une succession de personnages imaginaires, sur fond d’actualité toujours inspirante, voici la version réadaptée du spectacle de Michel Boujenah. L’humoriste se produit le 27 juin au théâtre Silvain à l’occasion du festival M’rire. Venez donc rêver avec Michel Boujenah… c’est bien connu, les humoristes sont des antidotes à la morosité. Lev haïr : Quelle est la différence entre votre premier spectacle « Ma vie rêvée » et celui-ci ? Michel Boujenah : « Tout était potentiellement dans le premier spectacle mais l’actualité : élections présidentielles, attentats du Bataclan, de l’Hyper Cacher et d’autres événements comme le débat entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont impacté l’écriture de mon second spectacle. Il s’agit d’une nouvelle version du premier. J’ai eu l’idée de l’appeler « Ma vie encore plus rêvée » car j’ai pris conscience avec mes amis qu’il ne pouvait s’agir du même spectacle après tout ce qu’il s’était passé. Ce spectacle, c’est un peu comme une bouteille de vin qui s’est bonifiée avec le temps. Il met en scène de nouveaux personnages qui se nourrissent de beaucoup d’observations. L’imagination ne sort pas de rien. Il peut s’agir de personnes de mon entourage, ou que je rencontre. C’est le cas de Simone Boutboul, un mélange des mères que j’ai croisées, de la mienne, et de moi si j’en étais une ! D’autres personnages comme Maxo ont une place importante dans ce spectacle comme moi-même en tant que narrateur. J’ai souhaité d’autre part rendre hommage à un garçon avec lequel je travaille, qui souffre d’un défaut de langue. Son histoire m’a bouleversé et je lui ai dédié un texte. Ce n’est pas évident de pratiquer le théâtre lorsqu’on est bègue. La scène, c’est à l’image d’une relation amoureuse, les choses évoluent à un moment ou un autre ». Lev haïr : Parler de la vie que l’on n’a pas eue peut être une sorte de catharsis. Mais est-ce qu’on vit réellement lorsque l’on rêve trop sa vie ? M.B. : « Je ne suis pas d’accord avec vous, je crois que lorsque l’on rêve sa vie, on la transforme, ce qui la rend beaucoup plus belle. Ce n’est pas parce qu’on rêve sa vie qu’on ne la vit pas. Il est salutaire de rêver beaucoup dans sa vie et parfois même certains de nos rêves sont exaucés. Ce qui est certain, c’est que si l’on ne rêve pas, rien ne peut nous arriver. En ce qui me concerne, je rêvais d’être champion de tennis, je ne le serai jamais. Mais le fait d’y avoir rêvé depuis tout petit m’a fait du bien, et appris beaucoup. Un jour je me rêvais seul sur scène, ce que j’ai d’ailleurs fait par la suite ! Cela se serait-il passé sans y avoir rêvé ? Evidemment cela reste sans réponse. N’avez-vous jamais entendu « Cela m’est arrivé, je l’ai tou44 | N° 55 JUILLET-AOÛT 2018 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH

jours rêvé, ou je l’avais rêvé, puis cela m’est arrivé ? Les rêves contribuent à nous faire avancer dans la vie. Naturellement, j’ai aussi fait des cauchemars, comme tout le monde d’ailleurs ! ».

Lev haïr : Lors d’une interview accordée à Tiptop Tel aviv, vous aviez parlé d’un projet : celui d’aborder la question du judaïsme à travers deux frères qui ne se sont pas revus depuis dix ans, n’est-ce-pas ? M.B. : « C’est exact. Il s’agit d’une scène hilarante. Ces deux frères issus d’une famille non pratiquante se retrouvent au bout de dix ans pour faire un voyage. L’un deux, devenu religieux coupe brusquement le moteur, expliquant à l’autre que c’est le moment du shabbat et que depuis cinq ans, il observe le shabbat et cela lui fait du bien. Le kiddouch terminé, son frère pense qu’ils vont pouvoir repartir mais celui-ci ne veut pas, la clôture du shabbat ne se faisant que le lendemain au soir ! Il se dit alors que son frère est devenu fou et s’ensuit une discussion sur la religion et l’existence de D.ieu : « si je te dis comment on croit en D.ieu me laisseras-tu dormir ? ». Ce sketch me permet d’aborder un sujet qui me passionne, et d’imaginer quelle pourrait être la discussion entre croyant et non-croyant ». Lev haïr : Vous avez déjà effectué une tournée en Israël en 2017. Une tournée est-elle prévue bientôt ? M.B. : « En 2017, je me suis produit à Ashdod, Tel-aviv, Netanya, Jérusalem. L’année prochaine, une tournée est en effet prévue à Tel-aviv, Netanya, Jérusalem, pour finir à Eilat ». Lev haïr : Est-ce plus difficile d’être humoriste dans le contexte actuel ? M.B. : « Evidemment, il est toujours difficile de faire rire mais je ne crois pas que cela soit impossible. Nous sommes dans une période de tensions et je dirais que pour faire rire il faut être beaucoup plus fin. Ce qui est déterminant, ce n’est pas le sujet mais le talent qu’on a pour le traiter. Je fais donc très attention, notamment lorsque j’aborde certains sujets comme les attentats, au cours desquels de nombreuses personnes sont mortes. En principe, lorsque je suis sur un terrain glissant, je préfère ne prendre aucun risque, car on ne peut pas faire rire n’importe comment, même si le rire est un besoin pour chacun ». Pour plus d’informations : michelboujenah.fr


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