Lev hair lph 54 digital

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70 ANS

MAZAL TOV ISRAËL

Soldats français en Israël

''ISRAËL, NOTRE MAISON

Interview

Rabbin Moché Lewin Rav Monsonégo

Commandant Eytan Dana-Picard

''SERVIR DANS TSAHAL: UN MÉRITE”

psychologie positive Pour aller mieux chaque jour

54 - MAI 2018 / 5778 ‫סיון‬ Rencontre avec ....

Yaël Shevah, épouse du Rav Raziel Shevah

Entretien avec...

Rav Elie Ben Dahan Vice-ministre de la défense

Tsion Karsenty Parachutiste et héros de la guerre des Six Jours




LEV & LEV HAIR-LPH N° 54 2018 SIVAN 5778

Bureau en France : Directeur Général : Gabriel COHEN levhairmag@gmail.com

PUBLICITE & MARKETING France : ART COM C PUBLICITE Gabriel COHEN : 06 86 88 40 82 Secrétariat : levhairmag@gmail.com Abonnement : 26 euros les 7 numéros 06 86 88 40 82 Rédaction : Magalie Barthès et Gabriel COHEN Haim ATTIA : Responsable Cœur de ville Internet, N.T R. Sociaux. levhairmag@gmail.com www.levhair.com ISSN : 2103 - 9747 Numéro de Dépôt légal : à parution Editeur : Société ART COM C 13013 MARSEILLE RCS 49058466100014 Directeur artistique : Arfi William Impression : ART COM C : 06 18 98 61 80 ---------------------------Bureau en Israël : Directeur Général Avraham Azoulay Direction.Lev hair-lph@gmail.com Secrétariat : Rosy Chouai lev hair-lph5@bezeqint.net Tel : 972 2-6788720 Adresse : Haoman 24/35 Talpiot - Jérusalem

Edito

L’an prochain à Jérusalem Gabriel Cohen,

Avraham Azoulay,

Directeur Lev

Directeur du Plus Hebdo

Le ministère des affaires étrangères d’Israël voudrait parait-il nommer sa nouvelle ambassadrice européenne: Netta Barzilaï. Ses discours sont très attendus. Elle fait de drôles de bruits avec la bouche, des pieds de nez aux bonnes manières, bat des ailes, envoie des clins d’œil aux journalistes et prône l’acceptation de la différence. La gagnante de l’Eurovision 2018 a créé la surprise dès le premier jour, par sa prestation très particulière et par son look plutôt inédit. En fait, la majorité des Israéliens ne croyait pas à la poule aux œufs d’or et beaucoup lui ont tourné le dos au départ. On peut dire que le BDS aussi a bien travaillé en appelant au boycott et on a pu le voir dans le vote de certains pays, même ‘’amis’’, comme Chypre, qui ont donné 0 point. Mais soudain, comme par enchantement, comme dans toutes les révolutions, la voix du peuple a pris le dessus. Les gens ont aimé Netta, ses étonnants jeux de voix, son dynamisme, son assurance surprenante, sa sincérité, son féminisme, son aspect original. C'est vrai qu’Israël attire toujours l’attention, surtout ces derniers temps. Tout le monde, de Poutine à Trump, en passant par l'Arabie Saoudite et le Bahreïn, veut nous serrer dans ses bras, et nous donner 12 points. Jérusalem est au centre de toutes les conversations, de toutes les émotions. Les titres des medias ne parlent que de la capitale et de l’inauguration de l’ambassade américaine, entre autres. Alors oui, nous sommes fiers de gagner des concours, en tout genre. Le Nobel, on connait. Le High Tech, on sait. On bénit nos pilotes de chasse et nos services de renseignements quand ils vont frapper nos ennemis dans leurs souricières syriennes. Et au niveau musical, même si cela ne fait pas l’unanimité, on fête, après 20 ans, le nouveau succès du concours de l'Eurovision, qui se déroulera l’année prochaine, à Jérusalem. Le peuple juif ne représente que 0.02 % de la population mondiale, mais il arrive, par son originalité et ses performances, à repousser l’obscurité sur la planète. Netta a pris le micro pour dire des mots simples et forts, aux millions de téléspectateurs: ’’J’aime mon pays et l’année prochaine à Jérusalem!’’. Bibi n’en demandait pas plus, il s’est lâché lui aussi, et lui a tout simplement dit ‘’Kapara alayi'h Netta’’. Bref, Israël est au top ! Du haut de ses12 points, il passe le cap des 49 points avec le Matan Torah, dans la sérénité et avec le recueillement qui se doit. Shavouot nous rappelle aux valeurs essentielles, celles d’un peuple humble, qui sait naitre et vivre, même en plein désert, qui parvient à surmonter tous les obstacles et surtout à toujours progresser. Bienvenue dans Bamidbar!

Marketing & Stratégie Vita Green : Tél: 97254-7855770 Lev hair-lph.vita@gmail.com Rédaction : Tal Cohen/ Salome Touitou : Lev hairlphebdo@gmail.com site: www.lev hair-lphinfo.com

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Yaël Shevah

YOM HAZIKARON

''RAZIEL DONNAIT TOUT SANS NÉGLIGER PERSONNE'' Il y a trois mois, le Rav Raziel Shevah, H'yd, a été assassiné. Des terroristes ont ouvert le feu sur sa voiture, sur la route 60 près de Havot Guilad, le yichouv où le Rav Raziel vivait. Il était marié et père de six enfants, dont le dernier n'avait que huit mois. Sur place, pas moins de 22 douilles ont été retrouvées. Comme souvent, la tragédie frappe une personne d'exception: le Rav Raziel Shevah était mohel et volontaire au Maguen David Adom. Tous ceux qui l'ont connu de près ou de loin décrivent un homme joyeux et serviable, un homme qui aimait son prochain. A l'occasion de Yom Hazikaron, sa veuve, Yaël Shevah a répondu à nos questions. Arrivée de France à l'âge de 8 ans, Yaël épouse Raziel en 2006. Ils vivent d'abord à Sderot puis poussés par leur volonté de construire Eretz Israël, ils s'installent dans le yichouv de Havot Guilad. C'est là que le Rav Raziel a été enterré, ''dans le yichouv qu'il aimait tant'', dira son épouse.

Y.S.: Le sourire fait partie de notre vie depuis toujours. Nous avons toujours estimé que la vie était un cadeau. Et je le pense toujours. Nous devons nous rappeler sans cesse, que nous ne décidons pas du déroulement des événements. Nous devons être heureux de ce que l'on reçoit. La vie est belle, alors sourions! Mon mari était une personne spéciale, il avait une grande foi. Cette attitude m'accompagne aujourd'hui, il est naturel d'accepter les choses même si elles sont difficiles.

Lev hair-Le P’tit Hebdo: Comment souhaitez-vous que l'on se souvienne du Rav Raziel, z"l? Yaël Shevah: Sa vie a été guidée par le souci de faire ce que D'ieu attendait de lui. C'est pour cette raison, que tout ce qu'il a entrepris, il l'a fait avec beaucoup de cœur et jusqu'au bout. Ainsi, il était un mohel apprécié. Il donnait tout pour son prochain sans ne jamais négliger personne. Alors même qu'il se préoccupait des autres, il a été un mari et un père présent, attentionné. Il avait beaucoup de patience, il était très sensible.

Lev hair-Lph: Sur les photos, on est frappé par son sourire. 6 | N° 54 MAI 2018 | WWW.LEVHAIR.COM | LEV HAIR-LPH

Lev hair-Lph: Pensez-vous avoir transmis cette force à vos six enfants, devenus orphelins de père si jeunes? Y.S.: Je pense que cette façon de penser la vie se ressent sur eux. En tout cas, je n'ai jamais dit à mes enfants que D'ieu pouvait ne pas être bon pour nous.

Lev hair-Lph: Peu de temps après l'assassinat de votre mari, le yichouv de Havot Guilad a été régularisé. Puis les assassins ont été éliminés. Parmi ces deux nouvelles, c'est la première qui vous a apporté une sorte de consolation. Pourquoi? Y.S.: Il est important d'éliminer les terroristes. Mais cet acte ne fait que nous replonger dans le passé. En revanche, la construction de notre pays, elle, nous projette dans l'avenir. Pour se consoler, nous devons vivre, avoir les yeux tournés vers le futur. Notre passé est important mais on ne peut pas y rester. Nous ne devons pas uniquement survivre mais survivre fière-


Par Guitel Ben-Ishay ble. Seules''. Qu'avez-vous voulu dire? Y.S.: En fait, ''ensemble'' n'existe pas vraiment. Il est vrai que sans le soutien de ma famille, des gens de mon yishouv, du peuple, alors cela aurait ĂŠtĂŠ encore plus difficile. Cet ''ensemble'' apporte une aide physique, une certaine consolation. Mais la rĂŠalitĂŠ, c'est que c'est moi qui vais dormir seule le soir, c'est moi qui ait le cĹ“ur brisĂŠ. Ceux qui ont vĂŠcu de tels drames peuvent comprendre: on est toujours ''seul'' dans ces situations. ment, avoir des projets et du concret Ă laisser Ă nos enfants. Transmettre, construire, ĂŠtudier, avoir des enfants: c'est cela la vĂŠritĂŠ. Lev hair-Lph: Une image a beaucoup ĂŠmu le pays: celle de votre visite Ă la veuve du Rav Itamar Ben Gal, H'yd, assassinĂŠ peu de temps après votre mari. Vous lui avez ĂŠgalement ĂŠcrit un mot très touchant, que vous concluez par ''Nous traverserons cela ensem-

Lev hair-Lph: Quelle signification aura pour vous Yom Hazikaron cette annÊe? Y.S.: Yom Hazikaron a toujours ÊtÊ une journÊe particulière pour nous. Je ne sais pas comment je le vivrai cette annÊe. Je sens que ce ne sera pas facile. Mais il est bon de se dire que juste après nous entrons dans Yom Haatsmaout. Quand nous avons fini les chlochim, nous avons fait une hah'nassat Sefer Torah pour la Hazkara. C'Êtait très Êmouvant. Nous avons voulu dire qu'il faut toujours voir la vie, malgrÊ tout. Nous devons montrer que nous ne sommes pas juste des survivants mais bien des vivants.

Paris-AlgĂŠrie Annonce Les Juifs algĂŠriens français qui ont subi l'Holocauste peuvent maintenant obtenir une indemnisation de la part du gouvernement allemand. La Claims ConfĂŠrence se rĂŠjouit de pouvoir annoncer que les Juifs qui rĂŠsidaient en AlgĂŠrie entre juillet 1940 et novembre 1942 et qui ont subi des persĂŠcutions antisĂŠmites du rĂŠgime de Vichy, ou qui ĂŠtaient fĹ“tus lorsque leurs mères souffraient des persĂŠcutions pourraient maintenant per cevoir un versement unique de la part du Hardship Fund. Les personnes ĂŠligibles seront en droit de percevoir un versement unique de 2,556.46 â‚Ź qui sera versĂŠ Ă partir de l’ÊtĂŠ 2018. La Claims ConfĂŠrence a ouvert Ă Paris un Centre d'Assistance Ă l’Inscription pour aider les survivants Ă dĂŠposer leurs demandes auprès du Hardship Fund. L’accès n’est possible que sur rendez-vous. Seules les personnes ayant ĂŠtĂŠ persĂŠcutĂŠes peuvent demander une indemnisation. Les hĂŠritiers ne sont pas autorisĂŠs Ă dĂŠposer un dossier. Le Centre d'Assistance Ă l’Inscription sera opĂŠrationnel pendant trois mois. Des centres d’assistance seront ouverts pendant les mois de mars et avril Ă Grenoble, Lyon, Marseille, Metz, Nancy, Nice, Strasbourg et Toulouse. VOUS N’AVEZ PAS BESOIN D’UN AVOCAT POUR DEPOSER VOTRE DEMANDE. 3RXU SODQLÂżHU XQ UHQGH] YRXV YRXV SRXYH] DOOHU VXU OH VLWH KWWS ZZZ IRQGV LSD IU Ou tĂŠlĂŠphoner +33 9 70 73 31 11 Vous n’êtes pas obligĂŠs de vous rendre au Centre d'Assistance Ă l’Inscription. 9RXV DYH] pJDOHPHQW OD SRVVLELOLWp GH WpOpFKDUJHU XQ IRUPXODLUH GH GHPDQGH YLD ZZZ FODLPVFRQ RUJ DSSO\ 3RXU SOXV GÂśLQIRUPDWLRQV QÂśKpVLWH] SDV j YRXV UHQGUH VXU QRWUH SDJH )DFHERRN ZZZ IDFHERRN FRP &ODLPV&RQIHUHQFH)UDQFH N° 54 MAI 2018 | WWW.LEVHAIR.COM | LEV HAIR-LPH | 7


Rav Elie Ben Dahan

DOSSIER SPÉCIAL

''L'EXISTENCE D'ISRAËL N'EST PLUS MENACÉE''

Pour les 70 ans de l'Etat, LEV HAIR-LPH s'est entretenu avec le vice-ministre de la défense, le Rav Elie Ben Dahan.

Lev hair-Le P’tit Hebdo: Ce 70e anniversaire est l'occasion de faire le point sur le lien entre les olim de France et Tsahal. En tant que vice-ministre de la défense, comment le définissez-vous? Rav Elie Ben Dahan: Les soldats originaires de France ont une place importante au sein de notre armée. Ils se distinguent par une très forte motivation à intégrer les rangs de Tsahal dans les unités combattantes et dans les unités d'élite. Je dois avouer que leur amour de Tsahal me touche. Ainsi, j'ai agi activement pour que Yoni Zarka puisse intégrer les rangs de la police des frontières. Cet olé de France, arrivé à l'âge de 32 ans, a d'abord été refusé à l'enrôlement en raison de son âge. Mais il s'est montré persévérant. J'ai usé de tout mon pouvoir pour qu'il puisse servir notre pays comme il le voulait si ardemment. Ces exemples sont dignes de notre fierté, de notre admiration et doivent interpeler non seulement les olim mais aussi tous les Israéliens.

Lev hair-Lph: Existe-t-il un accueil particulier pour les olim au sein de Tsahal? Rav E.B-D.: Tout d'abord, je soulignerais que les olim peuvent trouver au sein du bureau d'enrôlement, des francophones qui répondront à leurs questions. Ensuite, une fois que le soldat olé est engagé, l'armée le forme pendant quelques semaines dans une base dans le nord. Il s'agit d'une étape réservée aux olim qui leur permet d'acquérir les bases fondamentales de la langue et de mieux connaître le pays. J'insiste aussi sur le fait que mon propre bureau est une adresse pour les olim. J'ai évoqué le cas de Yoni Zarka, je pourrais aussi vous parler d'une histoire presque similaire avec un olé d'Australie qui a intégré Tsahal, il y a quelques jours et à qui j'ai apporté tout mon soutien. 8 | N° 54 MAI 2018 | WWW.LEVHAIR.COM | LEV HAIR-LPH

Lev hair-Lph: Nous fêtons notre indépendance. Peuton véritablement employer ce terme, lorsque l'on constate les menaces de nos ennemis lointains, comme l'Iran ou proches, comme les récentes manifestations à la frontière avec Gaza? Rav E.B-D.: Nous pouvons affirmer que nous sommes totalement indépendants. Cette indépendance se traduit sur le plan militaire au niveau des équipements, de l'armement et sur le plan opérationnel. Cela va même plus loin: notre armement s'exporte. Ainsi, le gouvernement allemand va acheter des drones israéliens pour des milliards d'Euros. Nous étions en concurrence en phase finale de l'appel d'offres avec des drones américains! Sur le plan sécuritaire, il existe toujours un danger. Nos ennemis tentent perpétuellement de nous nuire. Mais aujourd'hui, l'existence d'Israël n'est plus menacée, y compris par l'Iran. Israël est une valeur sûre et les Juifs du monde entier ne s'y trompent pas: ils savent qu'ils ont sur qui compter.

Lev hair-Lph: Et la menace démographique? Rav E.B-D.: Je n'y crois pas. Cela fait des années que l'on nous brandit cette menace. Et dans les faits, D'ieu merci, le taux de natalité chez les femmes juives est supérieur à celui chez les femmes arabes, et nous avons un réservoir démographique important grâce à l'alya. On nous assène aussi cet argument pour contrer toute souveraineté israélienne en Judée-Samarie. Mais dans un tel cas, rien ne nous oblige à accorder le droit de vote aux Palestiniens. Beaucoup d'Etats dans le monde font des distinctions à cet égard et c'est aussi la situation qui prévaut déjà à Jérusalem Est.

Lev hair-Lph: Vous qui avez connu l'administration Obama, les relations sur le plan de la défense ont-elles changé depuis l'arrivée de Trump? Rav E.B-D.: En effet, notre coopération avec les Américains a augmenté depuis que Trump est Président. Nous arrivons à établir des relations qui étaient impensables avant. Nous ferons prochainement, pour la première fois des essais conjoints de missiles en Alaska. Et nos deux armées


Par Guitel Ben-Ishay en tireront des bénéfices: l'armée américaine est demandeuse de la technologie israélienne.

Lev hair-Lph: Pour autant, D. Trump peut susciter des interrogations parfois. En Syrie, par exemple, on ne sait pas trop à quoi s'attendre de sa part. Il pourrait se retirer. Cela doit-il nous inquiéter? Rav E.B-D.: Dans l'hypothèse où cela arriverait, il faut comprendre que ce retrait ne ferait peser aucun danger direct sur Israël. Ceci étant, Israël préférerait que les Américains soient partie prenante de toute discussion dans le cadre d'accords futurs pour influencer les choses en notre faveur. Lev hair-Lph: Récemment vous avez fait passer une loi offrant des avantages aux soldats réservistes. Pouvezvous nous en dire davantage? Rav E.B-D.: Il faut savoir que notre armée repose sur les réservistes. Ils garantissent son bon fonctionnement. Mais ils sont avant tout des civils qui laissent leur famille, leur

travail et partent s'entrainer plusieurs semaines par an pour surveiller nos frontières. Ils sont appelés au front dès que la situation l'exige. En d'autres termes: ils perdent sur plusieurs plans pour nous protéger. Nous devons leur être reconnaissants. C'est pourquoi j'ai initié toute une série d'avantages les concernant ainsi que leurs épouses: réduction de arnona, horaires de travail aménagée pour les épouses pendant la période de réserve, et bien d'autres.

Lev hair-Lph: Quel est le cadeau que vous souhaiteriez offrir à Israël pour ses 70 ans? Rav E.B-D.: Le Beth Hamikdach bien sûr! Et la souveraineté sur la Judée-Samarie. Ces territoires sont sous ma juridiction et je travaille quotidiennement à améliorer leur statut au niveau des infrastructures (routes, gaz, électricité) et sur le plan juridique. Il s'agit du cœur de notre pays, il doit être relié au reste. Les habitants doivent y être aussi égaux en droits et non uniquement en devoirs. Hag Haatsmaout Sameah' Page1

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Soldats français en Israël ''ISRAËL, NOTRE MAISON"

DOSSIER SPÉCIAL

Que dans les rangs de Tsahal se trouvent des soldats olim de France n'est pas un scoop. En effet, on sait qu'ils sont nombreux et qu'ils font souvent preuve d'une volonté et d'un enthousiasme particuliers pour cette mission.Cette image demeure pourtant bien superficielle. Pour célébrer les 70 ans de notre pays, LEV HAIR-LPH vous propose de faire honneur à cette relation forte qui existe entre les Juifs de France et Israël à travers le service au sein de Tsahal, grâce au travail de recherche approfondi du Dr Itzhak Dahan. Il a effectué une étude globale sur le lien entre les olim de France et Tsahal entre 2014 et 2017, sous la direction du Pr Larissa Reminik et du Dr Nissim Leon, dans le cadre d'un post-doctorat au sein du département de sociologie de l'université de Bar Ilan. Cette étude fait suite au doctorat du Dr Dahan L'angle d'analyse de l'étude du Dr Itzhak Dahan peut surprendre: le rapport des olim de France à la République. Il s'en explique: ''Les Juifs de France se caractérisaient par un attachement fidèle à la République, au pouvoir public. Ce respect était particulièrement répandu chez les Juifs d'Algérie mais s'étendait à toute la communauté. Preuve en est la ferveur avec laquelle ils ont servi l'armée française pendant la Première guerre mondiale. Il est intéressant de constater qu'à l'heure où le sentiment républicain est mis à mal en France et où il doit sans cesse être rappelé dans les discours, de jeunes juifs français décident d'aller témoigner de leur fidélité républicaine à l'armée d'Israël''. Le Dr Itzhak Dahan reconnait que cette problématique est visible pour le chercheur universitaire qu'elle est mais n'est certainement pas vécue ainsi par les protagonistes. ''Ils ne sont pas conscients qu'en effectuant leur service militaire avec la loyauté dont ils font preuve, ils expriment tout simplement leur attachement républicain hérité de la France''. Les témoignages recueillis dans l'étude le montrent: "La France n'est pas mon pays. Israël est mon pays. Pourquoi les Israéliens feraient-ils l'armée et moi non'', ainsi s'exprime Mayane, juste avant son incorporation. Ce qui amène à penser, en effet, à cette transposition de la loyauté nationale ou républicaine, comme le fait remarquer le Dr Itzhak Dahan: ''Alors qu'il y a quelques semaines, ces jeunes étaient français, leur arrivée en Israël a déclenché immédiatement un transfert de leur fidélité sur Israël. Et cet attachement se traduit principalement par le lien à l'armée puisque sur le plan culturel et linguistique, la plupart garderont toujours leurs références françaises''. Pourquoi parler de fidélité républicaine et non tout simplement de sionisme? ''Nous savons qu'il s'agit de sionisme, bien entendu. Mais une étude universitaire est destinée à s'adresser au monde académique. Nous nous devions d'expliquer ce lien par une notion plus générique''.

D'UNE RÉPUBLIQUE À L'AUTRE

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Le Dr Itzhak Dahan a interrogé 30 jeunes olim de France: 20 garçons et 10 filles, un tiers étant en préparation à l'armée, un tiers pendant leur service et un tiers après. Ce qui ressort des interviews est net: les olim de France ont compris que l'armée était un ticket d'entrée dans la société israélienne. "Je veux faire partie de la société israélienne'', affirme David Elbaz, l'un des jeunes interrogés, ''Les Israéliens font l'armée, si je veux rester ici après l'armée, je dois être comme tout le monde. En Israël, si tu ne fais pas ton service militaire, on te regarde différemment''. Ils sont nombreux à intégrer des écoles de préparation militaire. Il en existe des francophones depuis peu, à Ashdod ou même une pour les filles au kibboutz Beerot Itzhak. Certains intègrent la prestigieuse yeshivat hesder du Rav Shaoul David Botschko à Kohav Yaacov, Eikhal Eliahou. A l'inverse leurs parents, restés en France, y voient plus une ''perte de temps'' puisque le service militaire, au-delà du danger qu'il représente, retarde le commencement des études de leurs enfants. Les études sont considérées comme la clé pour l'avenir des jeunes. "En Israël, les parents savent qu'ils n'ont pas le choix. Leurs enfants doivent faire l'armée, comme eux-mêmes l'ont faite et ils savent les avantages que cela procurera à leurs enfants. En France, on a une image d'une armée professionnelle''. Et cela va plus loin, d'après l'universitaire, cette différence d'approche rejoint les divergences quant à la définition de l'idéal masculin. Alors qu'en France, c'est celui qui fait des grandes études; en Israël, c'est celui qui était combattant. Ainsi, en s'enrôlant au sein de Tsahal, les jeunes Français se rapprochent de cet idéal du pays dans lequel ils veulent construire leur avenir. Parce qu'il faut le souligner, le service militaire n'est que le point de départ de leur vie en Israël. L'étude du Dr Dahan compare ce parcours à celui des Américains qui servent

FAIRE PARTIE DE LA SOCIÉTÉ ISRAÉLIENNE


Par Guitel Ben-Ishay dans Tsahal: ''Alors que les Français restent en Israël après leur service militaire, les Américains, même s'ils sont tout autant motivés, considèrent leur service comme une partie de leur formation qu'ils poursuivent pour la plupart aux Etats-Unis, où ils repartent effectuer leurs études''. Et il nous précise que si la majorité des jeunes olim servent en tant que touristes dans l'armée et ne font leur alya qu'à la fin de leur service, c'est ''parce qu'ils ne veulent pas attendre pour servir! Les démarches de l'alya ralentiraient leur processus d'enrôlement''. Vous parlez d'idéal masculin, les filles sont aussi présentes dans votre recherche? ''Il n'y a que peu de filles françaises qui servent à l'armée. La plupart vont accomplir un sherout leumi, service national''.

Ces soldats sont des ''hayalim bodedim'', des soldats seuls. En effet, ils montent en Israël sans leur famille pour réaliser leur rêve mais aussi accomplir ce qu'ils voient comme une mission. Ils se voient comme une partie intégrante de la nation. "Lors des discussions que j'ai eues avec eux, ils évoquent bien cette solitude. Pendant leur service, ils sont entourés par différentes associations comme le CNEF ou Nefesh B' Nefesh, mais aussi des organismes publics. On leur alloue des moyens et on leur accorde certaines facilités. En réalité le plus dur, c'est après l'armée: ils ressentent la fierté d'avoir servi, se sentent israéliens et acceptés comme tels, mais le vide se fait ressentir. Après être arrivé avec des idéaux plein la tête, ces olim de France ne sont-ils jamais déçus par Tsahal? ''Il est certain que ces jeunes idéalisent l'armée d'Israël, qui les fait rêver depuis de nombreuses années. Oui, une fois dedans, ils s'aperçoivent que tout n'est pas vraiment comme ils l'avaient imaginé. Ils comprennent que tout n'est pas noir ou blanc. Cette confrontation avec la réalité est bénéfique, les aide à grandir. Finalement, le résultat est à la hauteur des espérances: avoir la fierté de dire qu'on a servi au sein de Tsahal et être reconnu comme tel par la société israélienne''.

LE HA AL BODED

Le profil des jeunes qui vont servir dans Tsahal est fidèle à celui de la majorité des olim de France. Ils sont pour la plupart séfarades, traditionnalistes et lorsqu'on leur demande pour qui ils voteraient, ils se prononcent pour la droite israélienne. Le Dr Itzhak Dahan relève dans son étude que leur identité séfarade leur est renvoyée, lorsqu'ils arrivent en Israël, de façon inattendue. ''En France, ils étaient les Juifs parmi les non-Juifs. Ils se définissaient comme des séfarades occidentaux (cf. étude de Shmuel Trigano). En Israël, ils découvrent le clivage entre séfarades et ashkénazes. Ils sont étiquetés ''mizrahim''. Cette dissonance entre l'identité développée en France et celle, forcée, en Israël peut être difficile à vivre pour les soldats''. Par ailleurs, ces soldats manifestent un attachement à la re-

SÉFARADES ET TRADITIONNALISTES

ligion qui, souvent, se renforce à l'armée. ''C'est un phénomène totalement inverse à celui que l'on observe chez les Israéliens. Un des soldats interrogés m'a confié s'être renforcé après un pacte qu'il avait passé avec D'ieu: il venait ici, sans famille, faire l'armée, il était prêt à aller à la synagogue de la base militaire, à pratiquer davantage et D'ieu en échange devait le protéger!''. Beaucoup de soldats français servent dans l'unité "Netsa'h Yehouda", réservé aux religieux et contrairement aux débats qui agitent la société israélienne, même des haredim français s'enrôlent, sans se poser de question. ''Pour ces soldats issus des écoles et des milieux religieux français, le lien républicain que j'évoquais laisse sa place à la volonté d'accomplir une mitsva en faisant l'armée''. Si l'on parle de religion, il faut également évoquer la différence importante que souligne le Dr Dahan dans son étude, entre la laïcité à la française et le rapport entre l'Etat et la religion en Israël. Ces olim viennent d'un environnement où la religion ne doit pas se faire remarquer dans l'espace public et encore moins dans une structure telle que l'armée. Les voilà plongés dans un bain où même si ce n'est pas la religion qui fait la loi, la loi prend en compte celle-ci. Cette divergence fondamentale n'est pas sans interpeler les jeunes recrues arrivées de France.

Si la motivation des soldats issus de l'alya française est connue, l'étude met donc en lumière d'autres aspects fondateurs de l'engagement de ces jeunes au sein de Tsahal. Qu'est-ce qui vous a le plus surpris au terme de cette étude? ''Je retiens trois éléments qui, pour moi, ont été une découverte. En premier lieu, le renforcement religieux à l'armée qui va à contre-courant de ce qui se passe chez les Israéliens. Ensuite, le nombre de jeunes qui ont des origines marocaines dans ces soldats olim. J'ai basé mon étude sur une recherche aléatoire de témoignages et je n'ai rencontré une grande majorité de jeunes avec des origines marocaines, alors que ceux-ci sont les moins nombreux à avoir immigré en France comparativement aux Juifs de Tunisie et d'Algérie. Enfin, les retrouvailles avec le lien national et républicain, perdu en France, lorsque ces jeunes arrivent en Israël''.

DES CONCLUSIONS INATTENDUES!

Qu'est-ce que le soldat olé de France peut apporter aux Israéliens, si l'on tient compte de ce qui le caractérise d'après votre étude? "Les récentes études en Israël montre une baisse de la motivation pour l'enrôlement chez les jeunes israéliens. L'idéal de l'armée en Israël a tendance à s'effriter. Les soldats français viennent renforcer les rangs de ceux qui tentent de pallier ce manque de motivation, et notamment les religieux sionistes. Ils constituent une ressource inouïe de soldats qui voient leur service comme une mission et transmettent autour d'eux une image attirante de l'armée. C'est une contribution fondamentale à notre époque''.

LE SOLDAT OLÉ DE FRANCE: UN MOD LE!

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Commandant Eytan Dana-Picard ''SERVIR DANS TSAHAL: UN MÉRITE"

DOSSIER SPÉCIAL

Quelques jours avant Pessah, le Commandant Eytan Dana-Picard a été décoré du prix d'excellence du Chef d'Etat-major. Père de 6 enfants et habitant d'Otniel, il est le fils du Pr Noah Dana-Picard, président émérite du Jerusalem College of Technology. Le Cdt Eytan Dana-Picard occupe un poste important dans le commandement de la région de Hevron. Une seule raison le ferait renoncer à ses responsabilités militaires: que sa femme le lui demande.

Lev hair-Le P’tit Hebdo: Vous êtes né à Nice. Arrivé en Israël à l'âge de deux ans, vous grandissez auprès de parents olim hadashim. Cela a-t-il influencé vos choix? Commandant Eytan Dana-Picard: Cet environnement m'a bien sûr influencé. Le français était la langue à la maison, même si pour ma part, j'ai toujours répondu en hébreu à mes parents. Je voulais prouver que j'étais israélien. J'ai grandi avec de la famille en France. Il m'est arrivé de m'y rendre à plusieurs reprises. Ce qui m'a frappé c'est le profond et sincère attachement des Juifs de France à Israël. Ils ont le drapeau bleu et blanc dans leur ADN. Mes parents sont des modèles pour moi. Mon père, grand mathématicien, a repris des études à Bar Ilan: ici personne ne le connaissait. Je me souviens quand j'étais enfant et que je l'attendais à la sortie de ses cours. Il a réussi à passer un doctorat puis le professorat en Israël. Je ne peux qu'admirer ce parcours et remercier pour tout ce qu'on m'a apporté et inculqué. Lev hair-Lph: Une carrière militaire, c'est beaucoup 12 | N° 54 MAI 2018 | WWW.LEVHAIR.COM | LEV HAIR-LPH

d'abnégation. Vous arrive-t-il de vous décourager? Cdt E.D-P.: Servir comme je le fais suppose de payer un prix personnel. Je ne vois pas mes enfants. C'est très difficile de les entendre dire: ''Papa vient nous rendre visite'' quand je rentre à la maison. Mais je ne me plains pas parce que je sais que j'ai le mérite de servir dans Tsahal. Et je le dis à mes enfants: ce sont eux les héros. Je me soucie qu'ils sachent ce que je fais. Quand je pense à ce qu'ont dû traverser les Juifs pendant la Shoah; je suis heureux que nous ayons une armée forte et fier d'en faire partie. Lorsque je vois que 40 000 personnes sont venues à Hevron pendant Hol Hamoed Pessah et que je sais que c'est grâce à la présence militaire que cela est possible, je me réjouis de pouvoir participer à ce rassemblement de tout le peuple dans la Cité de nos Patriarches. Le prix personnel que je dois payer en vaut la peine. Lev hair-Lph: Dans le cadre de votre mission, quels ont été les moments les plus forts?


Par Guitel Ben-Ishay Cdt E.D-P.: Il y en a eu beaucoup. Malheureusement on se souvient toujours plus facilement des mauvais. La découverte de la famille Fogel assassinée a été très dure. Je revois ce bébé à côté de ses parents et les larmes me montent aux yeux. La recherche des trois jeunes enlevés dans le Goush Etsion est aussi une période qui demeure gravée. Et il y a des satisfactions. Lors de mon service militaire, on était en pleine deuxième intifada. Je me souviens que nous avons reçu une information des Renseignements comme quoi trois terroristes avec des ceintures d'explosifs se trouvaient dans un taxi en route pour perpétrer leur attentat. Le soulagement était grand lorsque nous les avons trouvés avant qu'ils ne puissent parvenir à leurs fins. Et même dans les moments difficiles, on sent que nous sommes un peuple éternel, Am Hanetsah'. Nous ne laissons pas la réalité nous tirer vers le bas.

Lev hair-Lph: Que représente Yom Haatsmaout pour vous? Cdt E.D-P.: C'est la plus belle journée, voir les drapeaux se hisser partout, c'est magnifique. Pour moi, cela se traduit

surtout par les expositions que l'armée organise partout. Elles sont très importantes parce qu'elles permettent à nos enfants, aux citoyens israéliens de constater la force de l'armée: de la voir, de la comprendre.

Lev hair-Lph: Quels conseils donneriez-vous aux jeunes olim qui veulent s'engager dans Tsahal? Cdt E.D-P.: Rien ne vient facilement. Pour être un bon combattant, il faut beaucoup s'entraîner. Puis petit à petit tout se met en place et au bout du compte, on sait que cela en valait la peine. Dans les moments difficiles, il faut se souvenir de la raison pour laquelle nous nous battons au sein de Tsahal.

Lev hair-Lph: Quel est votre cadeau à l'Etat d'Israël pour ses 70 ans? Cdt E.D-P.: Je commencerais par faire un cadeau à mon épouse qui élève nos six enfants et s'occupe avec un dévouement incroyable de tout. A l'Etat je lui souhaiterais de continuer sur sa belle lancée, qu'aucun pays n'a jamais égalée et de grandir démographiquement aussi!

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Entretien avec Tsion Karsenty

DOSSIER SPÉCIAL

''VOUS N'ALLEZ PAS VOUS BATTRE, VOUS ALLEZ GAGNER!''

Nous avons célébré le 28 Iyar, le 51e anniversaire de la réunification de Jérusalem. Cette date est hautement importante pour notre histoire et notre identité puisqu'elle signe le retour définitif du peuple juif sur toute sa capitale. Les héros de la guerre des Six Jours se souviennent avec émotion de cet instant où le Kotel a été libéré. Parmi eux, trois parachutistes immortalisés par la photo de David Rubinger, z''l. Tsion Tsigi Karsenty était l'un d'entre eux. C'est avec des larmes dans la voix qu'il retrace pour LEV HAIR-LPH l'épopée militaire et humaine qu'a été la libération de la vieille ville et du Kotel. UN HÉRITAGE SIONISTE

Tsigi Karsenty tient à commencer notre entretien par une présentation de ses origines familiales qui en disent long sur son engagement. ''Je viens d'une famille qui vit en Israël depuis plusieurs générations. Mes parents se sont battus au sein de la Hagana avant l'indépendance et ils ont poursuivi leur combat après. Je me souviens de mon père qui partait le soir. Petit garçon, je lui demandais pourquoi il s'en allait tous les soirs, et il me répondait: ''Pour protéger les enfants d'Israël''. Mes sœurs aînées soignaient les combattants, notre maison était une sorte de quartier général. J'ai vu, enfant, toutes ces images. Elles m'ont guidé toute ma vie''. Tsigi est le seul garçon d'une famille de sept enfants. Quand est arrivé le moment de son enrôlement, il n'était de ce fait pas obligé d'intégrer les rangs de l'armée, sauf si ses parents lui en signaient l'autorisation. ''J'ai imité la signature de mes parents pour pouvoir faire mon service militaire''. Les chiens ne font pas des chats, dit une expression française, ou dans sa version hébraïque: la pomme ne tombe jamais loin de l'arbre… Pour ce fils de sionistes convaincus et amoureux du peuple et de la terre d'Israël, il était inconcevable de ne pas remplir ce devoir. ''J'ai prié Hachem pendant tout mon service de me ramener en vie. Non pas que j'avais peur de donner ma vie pour l'Etat d'Israël mais pour ne pas faire souffrir mes parents''. Tsigi s'engage naturellement au sein des parachutistes et effectue son service entre 1962 et 1965. En 1967, lorsqu'il est appelé pour la deuxième 14 | N° 54 MAI 2018 | WWW.LEVHAIR.COM | LEV HAIR-LPH


Par Guitel Ben-Ishay fois en milouïm, il sait que la guerre est proche. "Les Israéliens ont tout fait pour empêcher un conflit, mais ils n'ont pas eu d'autre choix''.

ville par la Porte des Lions. ''Nous formons deux files; les combats sont rudes, mais rien ne pouvait nous arrêter. Puis nous entendons dans la radio la voix de Motta Gour: ''Har Habayit béyadénou''! Nous étions plus que jamais motivés DE LA COLLINE DES MUNITIONS AU MUR DES pour continuer le combat. Nos compagnons blessés ont été LAMENTATIONS amenés pour partager ce moment avec nous et pour que nous gardions le moral: ils étaient vivants''. "Déjà dix jours avant le début de la guerre, nous attendions Arrivé près d'un portail en fer qui donne sur le Kotel, Tsigi les instructions. Un samedi soir, on nous emmène sans nous est pris pour cible par des tireurs d'élite. Il riposte et aperçoit dire où. Nous arrivons au kibboutz Guivat Brenner dans le le drapeau d'Israël qui flotte sur le Kotel. En pleurant, il nous sud du pays. Là, Motta Gour nous a rejoints. On nous a anraconte comment il a béni le Créateur pour avoir le mérite de noncé qu'à 5 heures du matin, nous vivre cet instant, comment il a caressé recevrions des parachutes et que nous les pierres du Kotel et comment le "ON CONTINUE PARCE QU’ON partirions en mission. Nous étions enRav Goren l'a pris dans ses bras en SAIT QUE NOUS N’AVONS PAS thousiastes à cette idée. Nous nous sonnant du Chofar. "Et là, je vois tous D’AUTRE PA S NOUS identifions alors aux parachutistes héles parachutistes qui affluent vers le roïques de la campagne du Sinaï, neuf Kotel: ils viennent de livrer 48h de N’AVONS PAS LE CHOIX TOUT ans plus tôt''. La mission sera annulée combats, sans dormir, sans manger et SIMPLEMENT NOUS DEVONS au dernier moment. Tsigi et ses amis tous se mettent à pleurer d'émotion". NOUS BATTRE# apprennent alors qu'ils partent pour Moshé Dayan, Itshak Rabin arrivent, Jérusalem: il n'y aura pas de saut en remercient les soldats. ''Moshé Dayan parachute, mais la destination est palpitante. ''Nous arrivons écrit un mot qu'il glisse dans les pierres du Kotel: ''Nous ne à Jérusalem, jeunes soldats, sans aucune expérience de la rendrons jamais Jérusalem''''. guerre et sans plan… Nous étions cependant déterminés à déTsigi ne s'aperçoit même pas que le photographe David Rufendre notre pays''. En pleine nuit, ils sont chargés de partir à binger fige cet instant. Ce n'est que quelques jours après qu'il l'assaut de la Colline des Munitions (Guivat Hatah'moshet). tombe par hasard sur la fameuse photo dans un journal. Plus Leur mot d'ordre: ''Vous n'allez pas vous battre, vous allez tard, lui, Haïm Oshri et Itzik Yifat rencontrent David Rubingagner!'', la conquête de ces points stratégiques de la capitale ger: ''Cette rencontre a été très particulière. Par cette photo, allait ouvrir la voie vers son cœur, la vieille ville. La mission David Rubinger a laissé un héritage symbolique important''. était de taille. ''FIER DE MON PA S DE SA EUNESSE'' Tsigi se souvient: ''A deux heures du matin, nous avons commencé à approcher et à placer des explosifs près des bungalows jordaniens. Ils nous attendaient…Nous avions du 51 ans plus tard, pensez-vous que la jeune génération mesure le prix payé pour reconquérir Jérusalem? "Je fais des confématériel très précaire. Les grenades en plastique que nous leur lancions nous étaient retournées: elles n'explosaient rences dans les écoles, à l'armée et dans le monde entier. Les pas… Nous avons continué entourés par des cris, des tirs et élèves israéliens m'attendent avec tellement d'impatience, ils marchant sur des corps. Nous ne savions même pas s'ils boivent mes paroles. Dans le monde entier, ces récits touchent étaient des nôtres ou pas. Nous devions avancer. Nous nous et les Juifs de Diaspora écoutent avec beaucoup d'émotion. sommes battus comme des lions. Hanan Porat, z"l, se battait Je me souviens d'un gala à Paris de LIBBI France auquel avec moi. Je me souviens que la mort dans l'âme nous avons j'avais participé: quelle force! Quant aux soldats, ils ont dû abandonner nos compagnons blessés, nous ne pouvions grandi avec notre exemple. C'est leur héritage et ils le portent rien faire pour les sauver, c'était trop tard. Nous avons perdu fièrement. Je vois de la lumière dans leurs yeux. Notre jeunesse est extraordinaire, nos soldats sont déterminés''. beaucoup de nos amis''. A ce stade de notre entretien, cet ancien parachutiste, 75 ans aujourd'hui, a des sanglots dans la Tsigi se rend souvent aussi sur le parcours qu'il a effectué voix, alors qu'il repense à ses camarades qui ont laissé leur en 1967 avec des groupes de touristes: ''Je les emmène depuis la Porte des Lions jusqu'au Kotel. Ils sont émerveillés. vie dans ces combats. C'est la meilleure façon de ressentir l'histoire qui s'est jouée Comment trouvez-vous le courage de continuer à vous battre, à avancer. Pensez-vous que cela est vain? ''On continue parce à cette époque". qu'on sait que nous n'avons pas d'autre pays! Nous n'avons Pour cet ancien parachutiste qui a vécu l'occupation britanpas le choix, tout simplement, nous devons nous battre. Mon nique et les premières guerres vitales de l'Etat d'Israël, la société israélienne va dans la bonne direction: ''Je n'ai aucune père s'est battu, ma mère et mes sœurs aussi''. De Guivat Hatah'moshet le groupe de parachutistes arrive au inquiétude, tout le monde sait que nous sommes un peuple hors du commun. Nous avons tout construit de nos propres Mont des Oliviers puis au Mont Scopus. ''Nous voyons la Jérusalem d'Or, nous mesurons dans quel lieu historique nous mains, nous savons être ensemble face à l'adversité, nous aivenons d'arriver''. Puis commence la conquête de la vieille mons nos soldats et notre peuple. Je suis fier de mon pays!'' N° 54 MAI 2018 | WWW.LEVHAIR.COM | LEV HAIR-LPH | 1


1967

Par Guitel Ben-Ishay

DOSSIER SPÉCIAL

DÉCLENCHEUR DU RÉVEIL DE L'IDENTITÉ JUIVE SHLOMO BALSAM

La libération de la vieille ville de Jérusalem a permis aux Juifs de revenir vivre dans ces rues chargées de notre histoire. Shlomo Balsam est âgé d'un peu plus de 20 ans lorsqu'il s'y installe avec des amis. Aujourd'hui président d'Aloumim, association des enfants cachés mais aussi guide à Yad Vashem et en Pologne, il a surtout contribué à écrire une page importante de notre histoire dans le cadre de l'Agence Juive et de son action pour les Juifs de l'ex-URSS. Et tout cela est parti des ruelles du quartier juif de la vieille ville… Il nous raconte.

Lev hair-Le P’tit Hebdo: Dans quelles circonstances avezvous fait votre alya? Shlomo Balsam : En juin 1967, je passais le bac. Ma mère me réveille le jour J en larmes. Je lui dis que cela n'en vaut pas la peine, ce n'est que le bac. Elle m'avoue que ses larmes coulent parce que la guerre a commencé en Israël. Je suis alors très actif au sein du Bné Akiva et très attaché à la cause sioniste. Mon esprit est totalement obsédé par ce qui se passe en ces jours si difficiles pour notre pays. Je rate mon bac. Je décide alors de faire mon alya, mes parents s'y opposent jusqu’à ce que j'obtienne mon bac. Je suis donc arrivé en Israël en 1968, à Beer Sheva.

Lev hair-Lph: Comment en arrivez-vous à vous installer dans la vieille ville? S.B.: En 1969, le directeur mondial du Bné Akiva, Yosské Shapira, m'appelle. Il m'informe de l'ouverture dans le quartier juif de la vieille ville d'une maison d'étudiants. Il me propose de la rejoindre. C'est ainsi que j'ai fait partie de la trentaine de Juifs qui ont été les premiers à s'installer dans le rova yehoudi. A cette époque, nous logeons à l'emplacement actuel de la midreshet harova, à quelques 200 mètres du Kotel. Nous avons pour voisins un petit noyau de l'unité nah'al de Tsahal, les premiers étudiants de la yeshivat Hakotel et le Rav Segal, grande personnalité du lieu, qui avait dû le quitter en 1948. Il s'agissait surtout de jeunes célibataires. Les couples et les familles sont arrivés quelques temps après.

Lev hair-Lph: Racontez-nous vos premiers pas d'habitant de la vieille ville. S.B.: Je suis arrivé de Beer Sheva avec une petite voiture chargée des quelques affaires que je possédais. Arrivé à la Porte de Jaffa, je ne pouvais pas aller plus loin: l'accès aux rues de la vieille ville n'était pas possible en voiture. J'ai terminé mon déménagement grâce à un arabe qui avait mis ses cinq ânes à ma disposition. Et en plus c'était un arabe qui parlait le yiddish! Tout cela avait un peu des airs messianiques: déménager à dos d'âne à 200 mètres du Kotel… Lev hair-Lph: Ne craignez-vous pas des tensions avec vos voisins arabes? S.B.: Les Arabes de la vieille ville avaient très peur de nous. 16 | N° 54 MAI 2018 | WWW.LEVHAIR.COM | LEV HAIR-LPH

J'habitais avec quelqu'un qui faisait des études d'archéologie et donc nous nous nous promenions partout dans les ruelles, sans arme, y compris dans le quartier musulman. Beaucoup d'Arabes étaient contents que les Israéliens remplacent les Jordaniens. Les Arabes qui avaient spolié des Juifs en 1948 en leur prenant leur maison ont dû les abandonner. Les Juifs ont repeuplé la vieille ville. Nous avons récupéré maison par maison, suivant très précisément le cadastre.

Lev hair-Lph: Quelle allure avait la vieille ville à cette époque? S.B.: Tout était très poussiéreux, il n'y avait pas de magasins, aucune commodité. Le Shabbat était extraordinaire: des milliers de Juifs venaient prier au Kotel et en rentrant chez eux, ils nous rendaient visite. Nous avions le sentiment de vivre au cœur de l'histoire juive.

Lev hair-Lph: Et vous ne croyez pas si bien dire… S.B.: En effet, c'est parce que je vivais si près du Kotel que ma vie a pris un tournant inattendu. En 1970, des grévistes de la faim d'origine russe manifestaient au Kotel pour défendre la résistance juive qui s'organisait en URSS. Des membres de la communauté tentaient de contourner les interdictions d'alya. J'ai proposé à ces manifestants la clé de chez moi s'ils voulaient se reposer, se rafraichir. Entendant mon accent français, ils m'ont alors répondu qu'ils avaient besoin de mon aide, mais pas pour se reposer. Ils voulaient que j'utilise mon passeport français pour plaider leur cause. J'ai ainsi rencontré Itshak Shamir, puis en 1972, j'ai commencé à travailler à l'ambassade d'Israël en France en tant que responsable des relations avec les Juifs d'URSS. Par la suite, j'ai voyagé dans différents pays d'Europe de l'Est et je suis devenu directeur du département éducatif de l'agence Juive pour l'URSS.

Lev hair-Lph: En quoi consistait votre travail? S.B.: Nous préparions les Juifs d'URSS qui voulaient monter à ce qu'ils allaient trouver en Israël. Nous voulions qu'ils renouent d'abord avec la culture juive et sioniste dont ils avaient été privés. Ce travail s'est poursuivi jusque dans les années 90 avec la chute de l'URSS et l'alya massive des Juifs russes et d'Europe de l'est.


Par Guitel Ben-Ishay Lev hair-Lph: Voyez-vous un lien direct entre la Guerre des Six Jours et ces évolutions dans le monde juif? S.B.: Il est clair que la Guerre des Six Jours a déclenché le réveil et le courage des Juifs d'URSS à écrire une lettre au Soviet Suprême qui avait pour leitmotiv: ''laisse mon peuple partir''. A Paris aussi cette guerre a eu un effet identitaire. Tous les Juifs étaient tellement inquiets des menaces qui pesaient sur Israël que cette victoire rapide et sans appel a été un bol d'air. Nous ne parlions pas à cette époque de territoire, cette question n'est apparue que vers la fin des années 70. Dans l'immédiat après-guerre, on assiste véritablement à un réveil identitaire et sentimental envers l'Etat d'Israël.

Lev hair-Lph: Fête-t-on Yom Yeroushalayim comme il se doit 51 ans plus tard? S.B.: Des événements sont organisés, la date est marquée. Il est certain que pour ceux qui ont connu Jérusalem divisée, le moment est chaque année plus fort. Je me rappelle de mon séjour en Israël avec le Bné Akiva en 1965, mon madri'h était alors le Rav Shlomo Aviner. Nous allions jusqu'à la ligne de démarcation et nous observions de loin nos lieux saints. Je pense que dans la tête de tous les Juifs, l'histoire de la réunification de Jérusalem est une joie. Pour ma part, je dis Hallel avec brah'a ce

jour-là. Il faudrait peut-être inventer une haggada de Yom Yeroushalayim. L'essentiel est que chaque Juif consacre une partie d'un mur de sa maison au souvenir de Jérusalem et étudie l'histoire, la culture, tout ce qui fait la grandeur de cette ville.

Lev hair-Lph: Vous avez reçu cette année le prix ''Yakir Hareshout'' pour votre œuvre éducative. Vous vous occupez aussi beaucoup de mémoire. Sommes-nous vraiment le peuple de la mémoire? S.B.: Nous sommes 70 à avoir reçu ce prix qui consacre des olim qui ont apporté à l'Etat. Parmi eux, beaucoup de séfarades aussi. Le jury était composé d'élèves des écoles israéliennes, c'est ce qui rend ce prix encore plus cher à mes yeux. Lorsque j'ai pris ma retraite de l'agence juive j'ai commencé à officier comme guide à Yad Vashem et en Pologne. Oui, la mémoire est importante et oui le peuple juif est un modèle. Je me souviens avoir guidé à Yad Vashem un groupe de 23 rescapés du génocide au Rwanda. Je leur avais demandé pourquoi ils avaient tenu à visiter ce lieu. Leur réponse illustre celle que je donnerai à votre question: ''Nous, en Afrique, nous ne savons pas très bien nous souvenir. Nous sommes venus apprendre en Israël, à Yad Vashem, comment nous souvenir''. Im Eshkah'eh' Yeroushalayim…

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TOULOUSE

REPORTAGE

Propos recueillis par Feiga Lubecki

LE LYCÉE OHR TORAH MEURTRI MAIS DÉTERMINÉ

Bien entendu, quand on évoque l’école Ohr Torah de Toulouse, nous pensons d’abord avec une immense émotion à Jonathan, Arié, Gabriel Sandler et Myriam Monsonégo… Pour toujours enlevés à notre peuple, Al Kidouch Hachem, parce qu’ils étaient juifs. Nous ne pouvons pas les oublier. Comment se porte leur école maintenant ? Rav Monsonégo a accepté de présenter aux lecteurs du Lev l’école qu’il continue de diriger avec succès. Lev hair-Le P’tit Hebdo: Combien d’élèves scolarisez-vous ? Rav Monsonégo : OHR TORAH est un collège lycée général privé sous contrat qui accueille des enfants de la 6ème à la terminale. En 1991, quand nous avons pris la direction de cet établissement, il ne comptait qu’une quarantaine d’élèves ! En 2012, au moment du drame, ils étaient plus de 200 élèves. Ensuite, les effectifs se sont réduits car de nombreuses familles ont effectué leur Aliah. Actuellement, nous scolarisons 150 élèves. Notre particularité (unique en France) est de proposer un internat pour les garçons. Ils sont actuellement plus d’une vingtaine, de la 6ème à la terminale. Nous avons également quelques places qui sont réservées aux filles. Nos internes viennent principalement de la région parisienne. Nous disposons d’une équipe d’encadrement expérimentée qui sait stimuler chez nos jeunes l’envie d’apprendre et de réussir.

Lev hair-Lph: : Justement, comment fonctionne votre internat ? Rav Monsonégo : Comme l’ensemble de nos élèves, nos internes débutent leur journée par la Téfila à 8h. La journée de cours achevée, ils bénéficient d’une pause d’une heure à l’issue de laquelle, ils rentrent en étude du soir. De 18h20 à 20h, les professeurs de l’établissement leur assurent un suivi personnalisé. Cela permet aux élèves de se remettre à niveau, si besoin, et de progresser chacun à leur rythme, quel que soit leur niveau initial. Ainsi les élèves se remotivent et prennent véritablement confiance en eux, car ils constatent qu’ils sont capables de travailler et de réussir. Enfin, j’ajoute que nos internes bénéficient d’installations confortables (salle de sport, salle de jeu, chambres spacieuses) qui leur permettent de se détendre et de se défouler sainement. Un Chabbat sur deux, les élèves peuvent rentrer dans leurs familles ou rester sur place s’ils le préfèrent. Ils sont alors encadrés par nos professeurs de kodesh dans une chaleureuse ambiance chabbatique.

Lev hair-Lph: : Quels sont pour les élèves les atouts d’une scolarité suivie à OHR TORAH? Rav Monsonégo : Depuis 2 ans, nous avons décidé de mettre l’accent sur l’enseignement des langues. En effet, notre établissement a pour ambition de préparer au mieux nos élèves aux exigences de leurs parcours post-bac. L’apprentissage des 18 | N° 54 MAI 2018 | WWW.LEVHAIR.COM | LEV HAIR-LPH

langues est donc primordial. C’est la raison pour laquelle les élèves bénéficient de la présence de 2 assistantes de langues étrangères, en anglais d’une part et en espagnol d’autre part. Sur un plan strictement scolaire, elles interviennent en cours permettant aux élèves de s’exprimer oralement, le plus souvent possible, dans le cadre de demi-groupe. Elles organisent également des évènements liés à leur pays d’origine et encadrent des sorties culturelles. Par ailleurs, deux de nos élèves sont actuellement en immersion complète dans un lycée newyorkais! Nous tenons également à ce que nos élèves aient une véritable ouverture sur le monde. La scolarité à Ohr Torah est donc rythmée par différents voyages en France (dans les Pyrénées pour les plus jeunes puis à Paris et à Londres). Quant aux lycéens, ils voyagent en Israël ou en Pologne selon les années. Pour nos élèves de terminale, nous avons mis en place une préparation à la première année commune des études de santé (PACES). Ils suivent des séances durant toute l’année scolaire, en tous petits groupes, afin de se préparer à leur première année qui sera sanctionnée par un concours réputé pour sa grande difficulté.

Lev hair-Lph: : Plus de 26 ans au service de l’éducation juive à Toulouse ! Quel regard portez-vous sur l’oeuvre accomplie ? Rav Monsonégo : Notre première satisfaction provient de la réussite de nos élèves: 65% de mention au bac général, 2ème lycée de Haute Garonne, nos résultats parlent d’eux même. Nous sommes fiers de ces résultats. Et puis, nous sommes très heureux d’avoir tissé tout au long de ces années des liens profonds avec nos anciens élèves. Notre plus grande fierté est de voir qu’ils sont restés attachés au judaïsme et qu’ils réussissent sur le plan personnel et professionnel. Nos liens demeurent étroits grâce à des comités d’anciens qui sont très actifs, que ce soit en France, en Israël ou aux Etats-Unis.

Lev hair-Lph: : Encore un mot à l’adresse des parents… Rav Monsonégo : Faites-nous confiance ! Plus que jamais l’école juive est une formidable opportunité pour nos enfants. Rempart contre l’assimilation, elle permet à nos élèves d’obtenir d’excellents résultats dans une ambiance juive, chaleureuse et respectueuse de chacun. Malgré les épreuves, l’école Ohr Torah assume sa mission et continuera de l’assumer fièrement. Lycée Ohr Torah Toulouse - 33 rue Jules Dalou 31500 Toulouse - Tél : 05 61 26 43 54 - contact@ohr31.com



Deserteur TRIBUNE LIBRE

Par Rony Akrich

DU FOYER…

“Pour l'amour de sion je ne me tairai point, pour l'amour de jerusalem je ne prendrai point de repos…” (isaïe 62,1)

La dernière fadaise de certains Juifs de France interpelle toutes mes connaissances et mon enseignement biblique, aussi primaire soit-il! De quoi s’agit-il ? D’une soi-disant nouvelle terre promise alsacienne où il ferait bon vivre! « Venez à Metz découvrir une vie juive intense : gan, école juive, collège, quatre lieux de culte, boucherie cachère, ‘erouv’ naturel, multiples associations… Et ce n’est pas par hasard que la Communauté juive de Metz est aussi forte. Nous sommes portés par une ville dont l’histoire juive est l’une des plus anciennes, puisqu’elle remonte au Moyen-Âge, peut-être même à l’époque romaine, et est l’une des plus riches avec des Tzakidim de tout premier plan… » Nous vante un site ahurissant: http://alyametz.com/ Combien de balivernes peut-on énoncer afin de continuer à se satisfaire dans le lit de sa maitresse interdite et fallacieuse? Initiative mal-heureuse et mal-venue d’individus peu enclins à prendre le taureau par les cornes, préférant, au contraire, perpétuer un genre humain, celui des « mutins de panurge » cher au regretté Philippe Murray. Allons, si vous le voulez bien, en ma compagnie, à la rencontre du Testament de Dieu, de Moshé, des prophètes et des hagiographes afin d’aiguiser notre ouïe et nos sens. Le roi Saül, dans le premier livre de Samuel chapitre 26, entend la voix de David qui l’interpelle directement, et réitère les arguments qu'il avait déjà avancés au chapitre 24:V.18 « Pourquoi, continua-t-il, mon seigneur persécute-t-il son serviteur? Qu'ai-je donc fait? Et quel est mon crime? V.19 Et maintenant, que mon seigneur le roi daigne écouter les paroles de son serviteur: si c'est l'Eternel qui t'a excité contre moi, qu'il accueille mon offrande; mais si ce sont des hommes, ils seront maudits de Dieu, parce qu'ils m'ont empêché, en me chassant, de m'attacher à l'héritage de l'Eternel et m'ont dit: Va servir des dieux étrangers! » De manière conceptuelle David formule, ici, une ordonnance intéressante, selon laquelle, toute personne chassée de la terre donnée par Dieu est considérée comme s'il lui avait été demandé de servir d'autres dieux. Comprenons bien, David semble vouloir témoigner d’une situation où il se voit contraint et forcé de fuir Eretz Israël pour s’exiler, bien malgré lui, chez les Philistins. Il y avait, par ailleurs, déjà séjourné au chapitre 21 et y retournera de nouveau au chapitre 27. 20 | N° 54 MAI 2018 | WWW.LEVHAIR.COM | LEV HAIR-LPH

Ce n'est pas le seul endroit, dans le Tanach’, où cette idée transpire, elle trouve dans notre contexte biblique une expression plus forte et plus réfléchie. Autre exemple significatif : les tribus de Reuven, Gad et Menashé provoquent un tollé et une levée de boucliers, chez Israël, lorsqu’elles osent construire un ‘grand Autel’ sur la rive est du Jourdain. Voici la réponse des deux tribus et demie: « Non certes; si nous avons agi ainsi, c'est que nous avons craint qu'un jour vos fils ne disent aux nôtres: Qu'avez-vous de commun avec l'Eternel, Dieu d'Israël? Entre nous et vous, enfants de Ruben et de Gad, l'Eternel a posé une limite, le Jourdain: vous n'avez point de part à l'Eternel! Et ainsi vos descendants empêcheraient les nôtres de rendre hommage à l'Eternel. » (Josué 22,24-25). Le sujet est donc clair et limpide. Toute communauté vivant en dehors des frontières accordées aux Hébreux, n'aurait aucune part dans le Dieu d’Israël. Cette idée nous est familière dans le monde polythéiste où chaque dieu se voyait assigner un certain domaine, de sorte que celui qui perdait sa patrie acceptait l’autorité du dieu de son nouveau pays. Ainsi est-il rapporté à propos des Cuthéens, que le roi d'Assyrie exila en terre d’Israël: « On dit alors au roi d'Assyrie: Les nations que tu as déportées et réinstallées dans les villes de Samarie ne connaissent point le culte du Dieu du pays…. » (Rois 2. 17, 26). « Les Cuthéens y introduisirent le culte de Nergal, leur dieu national… » (2 Rois 17,30) Certes, le Tanach’ rejette toute hypothèse où l’omniscience, présence et potence de Dieu seraient limitées à la seule Terre d'Israël. Néanmoins l’Ecriture établit la centralité et la cardinalité de la Terre d'Israël au sein de l’histoire des peuples et des nations. « Un pays sur lequel veille l'Éternel, ton Dieu, et qui est constamment sous l'œil du Seigneur, depuis le commencement de l'année jusqu'à la fin. » (Devarim 11,12). Ajoutons, sans l’ombre d’un doute, que même si du point de vue de Dieu, le fait de quitter la Terre d'Israël ne met pas un terme à Sa Providence. Cela constitue toutefois une



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désaffection symptomatique du peuple d'Israël et aujourd’hui de la Nation Hébreu. Les origines de David, décrites dans le livre de Ruth, prennent source au creuset d’une famille qui eut la mauvaise idée de quitter la Terre d'Israël et dont les fils épousèrent des femmes étrangères, provoquant ainsi une assimilation galopante. Peu importe qu’à cette époque il n'y avait guère de moyen de communication entre les différents pays, cela limitait plus encore toutes possibilités de rester membre du Peuple Israélien tout en vivant à l'étranger. En ce sens, être chassé du pays signifie, en fait, être chassé du peuple, de la fidélité, de la responsabilité et de la vérité d'Israël. Voici ce que nos sages déclaraient dans le Talmud à ce propos : « Nos rabbins enseignaient: un homme doit toujours de préférence résider sur la terre d’Israël, même dans une ville à majorité non-juive, plutôt qu’hors de la terre d’Israël, même dans une ville à majorité juive. En effet vivre sur la terre d’Israël, c’est avoir un dieu, vivre hors de la terre d’Israël, c’est n’en avoir point, puisqu’il est dit: « Je suis l'Éternel votre Dieu, qui vous ai fait sortir du pays d'Egypte pour vous donner celui de Canaan, pour devenir votre Dieu. » (Vayikra 25:38). Ne pas vivre sur la Terre d’Israël implique donc de n’avoir point de Dieu ? Non.

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Ce passage signifie plutôt que vivre hors de la terre d’Israël, c’est comme adorer des dieux étrangers. L’exemple de David nous le montre. Il dit en effet: « … parce qu’ils m'ont empêché, en me chassant, de m'attacher à l'héritage de l'Eternel et m'ont dit: Va servir des dieux étrangers! » (Samuel 1. 26,19) Lui a-t-on vraiment dit, va servir des dieux étrangers? Non. Mais cela indique que vivre hors de la terre d’Israël équivaut à « servir des dieux étrangers. » (Traité de Ketuvot 110b) Le passage d’Abram à Abraham n’est pas facile : il n’est pas évident qu’Abram puisse redevenir, ipso facto, Abraham. Il ne pourra y parvenir qu’en acceptant de se soumettre aux dix épreuves. C’est difficile pour Abram, c’est cette difficulté là qu’un Juif devra transcender afin de redevenir membre de la nation hébraïque. Il faut le faire, il faut y passer ! Grand-père était encore au ghetto ou au mellah. Ses fils s’assimilent. Son petit-fils devient israélien et ses arrières petits-enfants sortent gagnants d’une Histoire qui les donnaient perdants ou perdus. Suivez Rony Akrich sur: www.facebook.com/settingsnhnn/



PAROLE DE FEMME

Par Myriam Bentolila

Deux montagnes

D'APRÈS LES SIHOT DU RABBI DE LOUBAVITCH Deux montagnes figurent de façon prééminente dans l’histoire juive : le Mont Sinaï, sur lequel nous reçûmes la Torah de D.ieu, et le Mont Moriah, le Mont du Temple à Yérouchalayim-Jérusalem. LA VILLE. Le Mont Moriah est comparé à la ville, avec

ses quartiers, ses espaces publics et privés, et représente l’apogée d’une telle hiérarchie de l’espace : il y a dix “cercles” géographiques, chacun étant un domaine de sainteté et de restrictions, des frontières de la Terre Sainte jusqu’à la chambre la plus intérieure du Beth-haMikdache-Temple, le Kodèche ha-Kodachim-Saint des Saints. Cette idée est une illustration matérielle : la voie de l’homme vers D.ieu est composée en de nombreux niveaux et à chacun d’entre eux, l’individu doit pouvoir être jugé méritant avant de pouvoir continuer.

LE DÉSERT. Le Mont Sinaï représente un sommet qui est accessible à tous, sans restriction ni protocole : la Torah est ouverte à tous, tout comme le désert est sans propriétaire et sans zones circonscrites. La véritable maîtrise de la Torah requiert le Messirath Néfèche - don de soi total. Selon les paroles du Midrach, « celui qui ne fait pas de luimême un désert ne peut acquérir la Torah ». LE CAMP. En ce qui concerne les détails de la Torah, Rabbi Ichmaël suit l’opinion qu’ils furent enseignés à Moïse dans le Michkane, le Sanctuaire portable. Rabbi

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Akiva, en revanche, affirme que « les principes généraux et les détails furent enseignés au Sinaï ». Le Michkane était le précurseur du Temple, épicentre du campement des Hébreux, le plus intérieur d’une série de périmètres marquant des domaines d’une sainteté croissante, tout comme le fut après le Temple sur le Mont Moriah. En plein désert, le camp des Israélites et le Sanctuaire au centre représente la “civilisation”, un lieu structuré et divisé en zones classées selon leur fonction et leur sainteté. Rabbi Ichmaël voit La Messirath Néfèche le don de soi, comme la qualité “générale” élémentaire de la Torah qui doit ensuite donner cours à une étude structurée de ses détails. Rabbi Akiva soutient que la Torah n’est que désert : un terrain ouvert de Messirath Néfèche sans restriction.

LE RIGOUREUX ET LE PASSIONNÉ. Rabbi Ichmaël,

un tzadik, était un érudit de longue date et un Cohen Gadol. Rabbi Akiva, un Baal Téchouva, était un descendant de convertis et un berger inculte jusqu’à l’âge de quarante ans. La voie du Tsaddik est réglée et stable ; la voie du Baal Techouvah, en revanche, est anarchique et volatile, constituée de chutes brutales et d’ascensions météoriques. Le Tsaddik intériorise son Messirat Néfech et construit sur une civilisation sainte ; le Baal Techouvah l’agite pour conduire sa vie explosive. Comme dans toutes les divergences de la Torah, “celle-là et celle-ci sont les paroles du D.ieu Vivant”. Ces deux approches de la Torah doivent se compléter, mêlant la perfection ordonnée de Rabbi Ichmaël à la force et à la passion de Rabbi Akiva.



La psychologie positive, pour aller mieux chaque jour COACHING

Par Sonia Maarek

Depuis quelques années, la psychologie prend un nouveau tournant, différent de celui de la psychologie traditionnelle, c’est une nouvelle approche thérapeutique, une véritable science du bonheur lancée en 1990 par Martin Seligman, président de l’American Psychological Association axée sur la compassion, la gratitude, l'épanouissement et l'ouverture à soi et aux autres.

Les thérapeutes formés aux outils de la psychologie positive sont appelés les « marchands du bonheur », ils permettent à leurs patients grâce à plusieurs protocoles orientés MBSR (Mindullness Based Stress Reduction) et de la MBCT (Mindfullness Based Cognitive Therapy), d’aller à la rencontre de soi pour vaincre l’anxiété et la dépression et renforcer leurs ressources positives, devenir soi mais en mieux. Le thérapeute guide la personne à se focaliser sur ce qui va bien dans sa vie, à être chaque jour un peu plus reconnaissant(e), un peu plus joyeux(se), bref à se construire une vie plus heureuse, contrairement à la psychologie traditionnelle, la psychologie positive ne vise pas à soigner des blessures ou apaiser des névroses mais à optimiser le bonheur. Comment pratiquer la psychologie positive ? Des recherches poussées sur le bonheur ont permis de développer des traitements dits "positifs". Cette nouvelle psychologie apparait aujourd'hui comme une solution pour toute personne qui se sent tourmentée psychologiquement ou physiquement et qui souhaiterait améliorer son état de bien-être.

VOICI QUELQUES CONSEILS POUR AMÉLIORER SON HUMEUR ET CRÉER UNE SPIRALE D’ACTIONS POSITIVES : 1) Cultivons la gentillesse envers soi Le manque de gentillesse envers soi est source de souffrance qui rajoute à nos soucis et nos problèmes du quotidien. S’en prendre à soi, s’auto critiquer, se dévaloriser, se dénigrer, se culpabiliser au point d’en arriver parfois à se détester. A la longue ces pensées négatives se transforment en habitudes mentale, en ruminations, pas facile de se détacher de cette habitude, c’est un véritable travail sur soi, apprendre à s’aimer, même imparfait (e), même au-delà de ce que nous faisons, mériter d’exister et d'être aimé. 2) Collectionner les instants de bonheur Chaque jour la vie nous offre de multiples cadeaux pour celui qui sait les accueillir, pour celui qui sait les reconnaî-

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tre, mais souvent, nous nous mettons en pilotage automatique, et nous passons à côté de nos vies : toutes les fois où l'on n’écoute pas ce qu’on nous dit, où l’on est absent, ailleurs, surtout dans les périodes de stress et de déprime. A cela s'ajoute cette fâcheuse tendance à nous plaindre, à râler de ce que nous n'avons pas plutôt que de remercier en premier lieu le Maitre du monde qui veille à chaque instant à notre bien-être ainsi que toutes les personnes proches de nous qui ont marqué notre journée de bons moments et de sensations agréables.

3) Pratiquer la gratitude Au fur et à mesure que nous entraînons notre cerveau quotidiennement à repérer les situations positives de notre vie, à devenir un meilleur ami pour soi alors nous cultivons en nous un sentiment de sincère gratitude, de compassion. C’est le chemin qui mène au bonheur, c’est une richesse extraordinaire qui nous donne envie de partager, de redistribuer, pour apporter plus de bonté, de gentillesse, de douceurs, d’écoute bienveillante dans ce monde où la souffrance est tellement présente. C’est en compagnie des autres que nous sommes le plus heureux. Cette affirmation est vraie pour nos amis et notre famille, mais aussi pour toutes les personnes que nous croisons. Des études ont prouvé que chaque geste de générosité et de bienveillance que nous accomplissons, même le simple fait de sourire ou de tenir la porte à quelqu’un, diminue les hormones de stress et fait sécréter des hormones du bonheur. Sonia Maarek www.psycoach-jerusalem.com 0525199691 sur rdv



NOS RACINES

Les Juifs de Lettonie

On considère généralement que les premiers Juifs à avoir mis le pied en Lettonie sont arrivés vers 1570. Venant notamment d'Allemagne, ils se sont installés dans la petite ville de Piltene, dans la région de Courlande. Par la suite, ils essaimeront à Aizputé où sera édifiée, en 1701, la première synagogue de Lettonie.

Pratiquant de petits métiers artisanaux, ils chercheront à s'intégrer au sein de la société majoritaire et de s'y faire des places de choix. Certains y parviendront et, à la veille de la Première Guerre mondiale, le nombre de médecins juifs de Riga, la capitale du pays atteint le chiffre étonnant de 20%. En 1937, alors que les bruits de botte venant d'Allemagne se font menaçants, il y a près de 100 000 Juifs en Lettonie, soit 5% de la population, dont la moitié vivent à Riga. Synagogues, écoles, mouvements sionistes et bundistes se développent sans contrainte. On compte 61 synagogues à Riga, 210 à travers tout le pays et 20 journaux juifs paraissent en Lettonie, en yiddish, en hébreu et en letton. L'occupation allemande, avec, notamment, l'opération Barbarossa, va se révéler tragique pour la communauté juive. Les Juifs sont regroupés dans des ghettos avant d'être assassinés en masse par les « einzatgruppen », la police allemande et des auxiliaires lettons. Dans la forêt de Riga, Roumbouli, que l'on compare souvent à Babi Yar c'est l'hécatombe. 70 000 Juifs lettons ont été assassinés pendant l'occupation allemande. Paradoxalement, seuls les Juifs déportés en URSS avant 1941 en tant qu'ennemis de classe et les Juifs communistes évacués aux premiers

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Par Jean-Pierre Allali

jours de l'invasion allemande, soit 15 000 personnes, auront la vie sauve. Après la Guerre et la tragédie de la Shoah, les survivants juifs de Lettonie vont tenter de s'organiser, ce qui ne sera pas facile sous le régime soviétique, particulièrement anti-religieux. Grâce au courage du Grand rabbin loubavitch Nathan Barcan, l'un des créateurs de la Fondation Doubine, du hazan Moché Arons et de deux dirigeants de la communauté, Zalman Yofé et Yérachmiel Friedman, une synagogue est ouverte et la vie juive reprend. En secret, des jeunes gens apprennent l'hébreu avec l'intention de se rendre en Israël. Avec l'effondrement de l'URSS, la communauté juive de Lettonie va se restructurer et se reconstituer. On compte 36 000 Juifs dans le pays en 1970. Beaucoup, au fil des ans, émigreront aux Etats-Unis et en Israël. En 2018, il n'y a plus que 7 000 Juifs en Lettonie. Deux synagogues fonctionnent, l'une à Riga et l'autre à Daugavpils. La synagogue de la petite ville de Ludza a été restaurée et va devenir un musée. Quant au Musée de la Shoah de Riga, dirigé par le rabbin Menahem Barkahan, il propose aux visiteurs des reproductions miniaturisées de 21 synagogues aujourd'hui disparues dont la Grande synagogue de Riga, construite en 1800 et brûlée par les nazis en 1941 avec les 300 fidèles qui priaient à l'intérieur. Malgré ces souvenirs douloureux de l'époque nazie, des nostalgiques lettons du Grand Reich défilent chaque année, le 16 mars, lors d'une parade obscène. Le gouvernement letton y est formellement opposé, mais laisse faire au nom de la liberté d'expression. Ainsi va la vie, en 2018, des Juifs de Lettonie.



COTÉ PSY

Quand le cerveau se rebelle

‘’Bonjour, …Je passe des journées et des nuits à réviser, mais quand j’arrive à l’examen, c’est comme si mon cerveau refusait de m’aider…’’ Voilà en substance le message que m’a envoyé Ilana, il y a quelques semaines. A quelques mois de la fin de son cursus d’études, quatre ans post-bac, son cerveau se rebelle et lui bloque tout accès aux informations les jours J d’examen. Ilana est pourtant une très bonne élève et au moment où elle m’envoie son message, elle a raté l’essentiel des épreuves de la première session de fin de premier semestre. Lorsque je la rencontre pour la première séance, je suis face à une charmante jeune femme, toute jeune, à la fois encore pas si loin de l’enfant qu’elle était, et en même temps, déjà maman d’un adorable bambin d’un an. D’ailleurs, en l’écoutant, je me rends compte qu’elle se débat entre ces deux mondes, n’ayant pas encore réellement pris son envol. En effet : d’un côté elle a sa vie d’adulte autonome (un mari, un enfant, un appartement) mais de l’autre, elle est économiquement très dépendante de ses parents (car elle et son conjoint sont tous deux étudiants). Pas besoin d’être grand devin pour voir que c’est là que le bât blesse. Un peu plus loin dans la discussion, Ilana m’explique que ses études, elle ne les a pas choisies ! A la fin de sa terminale, elle n’avait encore aucune idée de ce qu’elle souhaitait étudier. Or, dans sa famille, pas question d’une année sabbatique pour réfléchir, mûrir. Ni armée, ni chérout leumi non plus : les études d’abord ! Alors, son père choisit pour elle. Cela aurait pu être un choix qui lui convenait, mais ce ne fut pas le cas. Dès la 30 | N° 54 MAI 2018 | WWW.LEVHAIR.COM | LEV HAIR-LPH

Par Laurence Bernheim

fin du premier semestre, elle exprima son désintérêt pour ce qu’elle était en train d’apprendre et qu’elle ne souhaitait pas poursuivre. Mais son père ne l’entendait pas ainsi : ‘’Tu as commencé, tu termines !’’ La voilà donc partie pour quatre années de labeur, avec que très peu d’intérêt pour ce qu’elle apprenait. Alors, quoi de plus étonnant qu’à quelques mois de l’obtention de son diplôme final, son cerveau se rebelle, se mette en grève ! C’était la meilleure voie que l’inconscient d’Ilana avait trouvée pour rappeler à la jeune fille combien elle était loin de sa propre réalisation et que jusqu’alors, elle ne faisait qu’obéir à son père, en omettant totalement ce que elle désirait profondément. Mais pour l’heure, l’urgence était tout de même de ‘’réussir ses examens’’. Ce fut donc le sujet que l’on mit en ‘’circuit’’ pour la première séance. Ainsi, son inconscient, par le jeu de la résonnance énergétique (= tout ce qui est à la même fréquence que le sujet) livra à Ilana les croyances erronées qui sabotaient sa réussite et me permit (grâce à D.) de rétablir les croyances positives inverses. Etonnant je sais, mais véridique ! Dès le surlendemain, Ilana réussit le rattrapage d’un de ses examens. Son cerveau ne jouait pas encore cent pour cent pour elle, mais déjà beaucoup mieux que jusqu’alors. Une deuxième séance centrée sur l’amygdale cérébrale (glande du cerveau en lien avec notre émotionnel) et … Ilana passa avec succès tous ses rattrapages. Bravo à elle ! Mission accomplie et très bientôt, Ilana pourra enfin passer aux commandes de sa vie ! Laurence Bernheim Psychothérapeute 054 700 73 61 ou laucain@aol.com


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Hommage à

PENSÉE JUIVE

NOS MAITRES – TISSEURS

Une tradition ancienne veut que les coutumes de deuil en vigueur pendant la période de l’Omer nous rappellent la mort de milliers de disciples de Rabbi Akiva. Sont-ils morts victimes des persécutions romaines ou ont-ils péri en raison de dissensions et de calomnies qui les déchiraient ? Si la seconde explication souvent citée est vraie, ils auraient contrevenu à l’enseignement des Sages : « Les élèves –sages (ou élèves des Sages : Talmidei-‘Hachamim) accroissent la paix dans le monde. » Il est donc important en cette période qui nous prépare au don de la Torah de réfléchir à ce que signifie ce terme de Talmid-‘Hacham désignant celui qui s’adonne à l’étude de la Torah et maitrise suffisamment les textes pour pouvoir les transmettre à son tour. Comment comprendre ce lien entre le Talmid-‘Hacham et la paix dans le monde ? La paix n’est-elle pas l’affaire des militaires, des diplomates et des politiciens ? Par ailleurs, le Talmud ne relatet-il pas de multiples querelles, à commencer celle qui opposa la Maison de Hillel à celle de Chammaï (nom qui ne signifie nullement « se chamailler ») ? Un épisode fameux du Talmud (Berachot 27b-28a ) doit être ici rappelé. L’histoire se produisit sous la présidence de Rabban Gamliel. Celui-ci entendait exercer son autorité en faisant taire les contradicteurs. A plusieurs reprises, il humilia publiquement Rabbi Yehochoua qui s’opposait à ses décisions. La majorité des Sages décida alors de le démettre de ses fonctions et de nommer pour remplaçant Rabbi Eleazar ben Azaria qui avait toutes les qualités requises sauf une : il n’avait que 18 ans ! Un miracle se produisit : pendant la nuit suivant son élection, ses cheveux blanchirent, sans doute à la pensée des responsabilités qui l’attendaient et, qui sait, peut- être craignait-il d’être exposé à la critique de ses collègues comme l’avait été Rabban Gamliel ? Quoi qu’il en soit, sa première décision fut d’ouvrir les portes de la maison d’étude à tous ceux que Rabban Gamliel avait exclus, avec pour motif qu’ils n’étaient pas « à l’intérieur d’eux-mêmes comme à l’extérieur ». Celui-ci était même allé jusqu’à mettre un gardien à la porte de la maison d’étude pour vérifier non pas les sacs mais les consciences et les cœurs ! En éliminant ce contrôle des âmes, Rabbi Eleazar fit preuve de courage et d’une volonté de transformer la maison d’étude en un lieu de discussions ouvertes. L’histoire s’achève par une réconciliation et une rotation de Chabbat en Chabbat entre 32 | N° 54 MAI 2018 | WWW.LEVHAIR.COM | LEV HAIR-LPH

Par Rav Daniel Epstein

Rabban Gamliel et Rabbi Eleazar. C’est à Rabbi Eleazar que l’on doit l’enseignement fameux au début du Traite ‘Haguigua : « Fais de ton oreille une trémie (sorte d’entonnoir ou l’on déversait le grain) et écoute les paroles des uns et des autres, ceux qui permettent et ceux qui interdisent, ceux qui rendent pur et ceux qui rendent impur …toutes ont été données par un seul berger… ». Rabbi Eleazar reflétait ainsi l’esprit du Talmud, qui ouvre grand ses portes à la discussion et rejette toute forme de soumission inconditionnelle à une autorité unique. Moché Rabbenou, notre berger, est la source de toutes ces paroles contradictoires, car « les unes et les autres sont les paroles du D.ieu vivant ». Le nom même de Moché, comme le fait remarquer Rabbi Nachman de Breslav est l’anagramme de « Ma’hloket-Chammaï-Hillel » ! La tradition qui nous est transmise est tissée de multiples fils. Ainsi le mot Massechet que l’on traduit par Traité signifie littéralement métier à tisser. Chaque page du Talmud est le fruit d’un lent et patient tissage de fils dévidés au fil des générations. En ce sens, le Talmid-‘Hacham serait l’apprend-tissage… Est-ce la raison pour laquelle de nombreux Juifs se spécialisèrent dans la confection, nommée en Europe de l’Est « schmattes » ? Une de mes proches va jusqu’à se proclamer « schmattologue » ! Mais trêve de plaisanterie. Le tissage nous enseigne que la vérité n’est jamais donnée à un seul, ni à un individu, ni à un groupe. Il faut tisser les idées des uns et des autres pour confectionner un vêtement d’idées. Souvenons-nous que la Torah nomme le tissage des vêtements des Cohanim « maassé ‘hochev» le mot « hochev» qui désignera la pensée signifiant ici le travail de l’artisan. C’est ainsi que l’on peut comprendre comment il est possible de progresser vers la paix. Celle-ci ne s’obtient ni par la force, ni par la ruse. Elle ne s’achète pas : elle se construit, mieux, elle se trame sur le métier à tisser comme s’écrit une page de Talmud, dans l’entrelacs de vérités contradictoires, car les « les Paroles du D.ieu vivant »ne sont pas un dogme figé mais l’inscription de la vérité éternelle dans le temps et l’histoire. La vérité n’est pas au ciel : parole de Rabbi Yehochoua, qui interpréta ainsi un verset du livre de Devarim. La vérité sur terre, confiée à l’interprétation des apprentis-sages, n’est pas monochrome mais bariolée comme la tunique de Joseph. Celle-ci fut malheureusement déchirée par la jalousie. C’est à nous qu’il incombe de la réparer dans le dialogue et le respect mutuel.



Beya’had inaugure un centre d’accueil temporaire aux Olives

COMMUNAUTÉ MARSEILLE

Créée il y a huit ans et bien connue de la communauté juive pour son implication envers les enfants aux besoins spécifiques, l’association Beyahad s’est agrandie. Les nouveaux locaux ont été inaugurés dimanche 6 mai en présence du Rav Lionel Dray représentant le Rav Ohanna, grand rabbin de Marseille, du Rav fitche Labkowsky, délégué loubavitch de Marseille et de divers représentants communautaires et élus de la ville. Cette association est présidée par Alfred Guedj, médecin généraliste et dirigée par Michael Rosenthal, rabbin de Château-Gombert.

Propos recueillis par Magali Barthès

aux côtés des différentes autorités, laiques et religieuses : ville de Marseille, Consistoire, Crif, Fsju, Casim. Un grand moment de rassemblement ».

Lev haïr : Quel a été le retour des jeunes ? Alfred Guedj : « Les enfants sont très heureux dans ce centre et nous le sommes aussi. Cela se voit dès qu’ils passent la porte d’entrée. Beya’had est leur maison. Actuellement, nous organisons des activités avec des jeunes sourds et muets. Une première activité a été organisée avec un rabbin sourd et muet venu spécialement de Paris. Un moment très enrichissant pour nos jeunes qui ont besoin de rencontres comme celle-ci pour s’extravertir ».

Lev haïr : Quelle est la prochaine étape pour Beya’had ? Alfred Guedj : « Nous avons plusieurs projets destinés à être mis en place rapidement : des jeux compatibles avec l’environnement extérieur, des ateliers de musique, de peinture, de jardinage. Il s’agit de bien développer cette maison Beya’had, de façon à ce que les enfants trouvent leur bonheur au quotidien tout en rassurant leurs parents ».

Lev haïr : Une présentation du nouveau centre Beya’had ? Alfred Guedj : « Ce centre d’accueil temporaire, unique en France répond à un besoin exprimé depuis longtemps par la communauté. En plus de l’accueil concernant les activités habituelles, Beya’had propose une permanence pendant la semaine pour garder les enfants non placés (ainsi que le week-end pour soulager les parents). Elle peut compter sur le soutien d’une centaine de jeunes bénévoles, âgés entre 14 et 18 ans, qui consacrent une à deux demi journées par semaine à ces enfants extraordinaires. 80 enfants et adultes fréquentent ce centre. Ce magnifique projet n’aurait pu se réaliser sans l’aide des institutions communautaires. Son inauguration a été un grand moment d’émotion 34 | N° 54 MAI 2018 | WWW.LEVHAIR.COM | LEV HAIR-LPH

Pour plus d’informations : Beya’had, 29 Avenue des olives 13013 Beya'had Marseille beyahadmp.fr (1) www.friendshipcircle.com

Beya’had, « Ensemble » en hébreu, a pour devise « Ensemble nous pouvons faire des miracles ». Son crédo : considérer les enfants handicapés comme des enfants normaux. Ce lien si particulier avec les enfants se tisse dès le plus jeune âge en recrutant dans les écoles de la communauté : Yavné, gan Ami, Ort, La source, Bnei Elazar…). Moment phare de l’association, le gala de Beya’had contribue en grande partie au budget annuel. L’association est affiliée à Friendship circle international (1)


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MÉMOIRE

Simone Veil

UN REPÈRE POUR LES GÉNÉRATIONS FUTURES

Salle des peintures (ancien refectoire des gardiens)

Elle n’est plus parmi nous mais ses propos résonnent comme une leçon de vie. Le Crif MarseilleProvence, la Fondation du Camp des Milles-mémoire et Education et le monde associatif de la région ont souhaité honorer la mémoire de cette grande dame au Site-Mémorial du Camp des Milles en présence de son fils Pierre-François, président du Comité Français pour Yad Vashem.

Elle était venue au Camp des Milles en 2003 et y était restée très attachée. « Si elle était là aujourd’hui, elle serait éblouie du travail qui a été fait et de la renaissance de ce lieu tel qu’il était à l’époque tragique. Car ne rien faire c’est abandonner », s’est ému Pierre-François Veil. Cet après-midi d’hommage fut l’occasion de mettre en lumière ceux qu’Israël a reconnu comme Justes parmi les nations. « Les responsables administratifs de ce camp, qu’ils aient été ou non des collabos zélés, se sont rendus complices de la Solution finale », a rappelé Bruno Benjamin. Au cours de cette période lugubre de l’histoire a aussi surgi le vrai, le beau, le juste. C’est l’histoire simple mais belle des grands-parents de Floriane LambertDevès, Fernand et Emilie Devès, habitants de Bollène (Nord-Vaucluse), qui ont accueilli deux familles juives, les Sapir et les Margolis : « Pour mes grands-parents qu’importait la religion, ils avaient en face d’eux des êtres humains », se souvient Floriane avec une grande émotion. L’allée des Justes du Site-mémorial, qui commémore ceux qui n’ont fait que leur devoir est, comme l’a rappelé Pierre-François Veil, « un des symboles magnifiques que la France peut offrir au monde. Depuis 1953, plus de 4000 françaises et français ont été reconnues par Yad Vashem. Au péril de leur vie, elles ont été une sorte de gilet de sauvetage pour les juifs qui fuyaient les atrocités commises par les nazis et leurs supplétifs ». 36 | N° 54 MAI 2018 | WWW.LEVHAIR.COM | LEV HAIR-LPH

« L’AVENIR DE LA FORCE DE LA SHOAH RÉSIDE DANS SA PORTÉE UNIVERSELLE »

Tout au long de sa vie, Simone Veil a été cette main tendue « qui nous a aidés à surmonter les difficultés », comme le rappelle Alain Chouraqui, président de la Fondation du Camp des Milles-Mémoire et Education. Aujourd’hui, la mémoire révérence est perpétuée par les associations telle que « mémoire vive de la Résistance », présidée par Raymond Alexander. Mais qu’en sera-t-il demain ? Alain Chouraqui en est convaincu, « l’avenir de la force de la Shoah réside dans sa portée universelle. Il ne suffit pas de l’affirmer, il s’agit aussi de le démontrer à travers la présentation des mécanismes psychologiques, sociologiques, politiques et idéologiques qui ont été à l’œuvre à ce moment-là, des mécanismes fondamentaux et intemporels, qui peuvent se reproduire et se reproduisent d’ailleurs aujourd’hui ». Pour tous ces gardiens de la mémoire comme Alain Chouraqui, « le meilleur moyen de s’en assurer est de regarder les autres génocides pour constater que les leçons de la Shoah ne sont pas spécifiques à celle-ci ». La mémoire référence pour aujourd’hui, c’est l’enjeu du Camp des Milles. Ce lieu de souffrance, que Simone Veil avait aidé à préserver, dans l’indifférence des autorités de


Propos recueillis par Magali Barthès l’époque, est d’ailleurs à ce jour le seul lieu de mémoire au Désormais gardien du temple aux côtés de son frère Jean, monde à présenter cette analyse des mécanismes humains, c’est avec une grande émotion que le fils de Simone Veil mieux connue sous le nom de Volet réflexif du Site-mémo- est revenu au Camp des Milles. Il a salué le « combattant rial (en plus des Volets historique et mémoriel). pour la mémoire qu’est Alain Chouraqui, personnage abFace au monde actuel instable et aux résurgences extré- solument essentiel au Camp des Milles mais aussi dans tout mistes, le Mémorial de la Shoah et le Camp des Milles sont notre pays » des modèles de résistance, à l’image des artistes internés de 1939 à 1942 au camp des Milles. Le mémorial de la Shoah (représenté par son vice-président En écho à l’hommage rendu à Simone Veil, une petite François Heilbronn) compte à son actif des ateliers anecdote émouvante à propos de la découverte d’une pédagogiques (déconstruction de préjugés racistes et valise. Retrouvé sur le Vieux-port au moment de la rafle antisémites, analyse de discours complotistes…). de l’Opéra (22 et 23 janvier 1943) par un agent de la Dans les deux mémoriaux, en 2017, plus de 60 000 poste, l’objet, vide et avec pour seule mention le numéro élèves ont été formés ; certains même ont rencontré 31, a été remis il y a quelques années à Daniel Sperling, des rescapés, tutsi notamment. A travers notamment sa Chaire Unesco et son dispositif de labellisation ciadjoint au Maire de Marseille, qui a eu la bonne idée d’en toyenne, le Site-mémorial des Milles développe avec faire don au Camp des Milles. Le Site-Mémorial a prévu 14 pays des réflexions et des actions sur les notions de l’intégrer dans la muséographie d’ici quelques mois d’extrémismes identitaires qui sont le moteur princiaux côtés d’autres objets récupérés en donation. Cyprien pal vers le pire. Simone Veil avait confié à Alain Fonvielle, directeur de la Fondation du Camp des Milles, Chouraqui « la nécessité de faire du Camp des Milles précise : « L’espace muséographique est un lieu très un lieu de mémoire ». De là où elle est, elle doit se humide. De ce fait, il nous est nécessaire de prévoir un réjouir de la dimension pédagogique exceptionnelle dispositif permettant de régler l’hygrométrie de l’objet de ce lieu indispensable pour sensibiliser les jeunes pour éviter qu’il ne se détériore ». publics et en particulier ceux desquartiers dits sensibles particulièrement nombreux au Site-mémorial.

Pierre-François Veil

« VIGILANCE ET RECONSTRUCTION »

Lev haïr : La déconstruction de l’antisémitisme passe-t-elle aussi par la perpétuation du souvenir de figures transnationales comme celle que vous représentez désormais ? Pierre-François Veil : « Ce message passe aussi sûrement par ce chemin. Il est évident que notre mère, par ce qu’elle représente, est un symbole très fort de la dureté, de l’atrocité du XXème siècle mais aussi de ce que l’Europe a été capable de reconstruire après. C’est ce message de vigilance et de reconstruction que nous essayons de porter».

campdesmilles.org yadvashem-france.org crifmp.org

L.H : Le débat suscité par le projet de publication des manuscrits antisémites de Céline n’adoube-t-il pas les polémistes antisémites ? P-F V : « Non je ne le crois pas. Céline est un écrivain reconnu par la littérature ; on peut et on pouvait acheter ses œuvres

partout. Pour ma part, j’étais plutôt opposé à cette publication nouvelle de pamphlets absolument épouvantables mais je peux comprendre qu’il y ait eu un débat : c’est le signe que nous vivons encore ».

L.H : L’unique suspect de l’attentat de la synagogue Copernic a obtenu un non-lieu sans procès. Le fait d’avoir baigné dans une culture juridique permet-il de dompter l’affectif ? P-F V : « Je crois que la justice tient compte aussi de l’affectif. Si je connaissais le dossier j’aurais peut-être un avis mais en la matière je suis incapable d’avoir une opinion sur la décision des magistrats qui a été très commentée, vilipendée. Cela nous affecte tous mais on peut comprendre la décision du magistrat, dans la mesure où il n’y avait pas dans le dossier les éléments permettant de renvoyer avec sérieux l’intéressé devant une cour d’assises. Il est toujours extrêmement délicat de s’exprimer sur un dossier que l’on ne connaît pas, même si c’est en général ce qu’affectionnent nos concitoyens ».

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70 FIGURES D’ISRAËL

Par Jean-Pierre Allali et Haïm Musicant (*)

CULTURE / LIVRES

1948-2018

C’est une excellente idée qu’ont eue Jean-Pierre Allali et Haïm Musicant de célébrer les 70 années d’existence de l’Israël moderne, en brossant les portraits de 70 personnages qui ont marqué avant comme après sa création, l’Etat juif. L’ouvrage s’ouvre sur un chapitre consacré aux pères fondateurs, ceux qui ont imaginé les contours du futur Etat et défendu l’idée d’un retour à Sion lors des premiers Congrès sionistes : Theodor Herzl et son « bras droit », Max Nordau. (*) Editions Glyphe. Il y eut aussi les philanthropes, comme Edmond de Rothschild, qui investirent dans l’achat de Mai 2018. 268 terres et dans la création de vignobles, les bâpages. 22 euros. tisseurs comme Akiva Arieh Weiss et Meïr Dizengoff, qui créèrent Tel Aviv de toutes pièces sur des dunes de sable , celui qui écrivit l’Hatikva, qui deviendra l’hymne national israélien, Naphtali Herz Imber et celui qui réinventa la langue hébraïque, Eliezer Ben Yéhouda. Puis, en mai 1948, après que David Ben Gourion ait proclamé l’Etat juif désormais nommé Israël, le pays se construit, des politiciens de tous bords émergent. On découvre des facettes méconnues de la vie de Menahem Begin, Ariel Sharon, Shimon Peres, Golda Meir, Moshé Dayan, Yitzhak Rabin et de bien d’autres. Les héros de l’ombre ne sont pas oubliés : Haïm Arlozoroff dont l’assassinat sur une plage de Tel Aviv demeure à ce jour un mystère, Elie Cohen, l’espion israélien en Syrie, Ilan Ramon, l’astronaute israélien dramatiquement disparu en mission, Gilat Shalit, le soldat otage ou Hannah Szenes, la parachutiste d’Israël. Sans oublier les enfants Finaly, Robert et Gérald, le créateur de EEIF, Robert Gamzon ou encore Abba Kovner, le héros méconnu du Ghetto de Wilno. Les maîtres de la littérature ne sont pas oubliés, notamment : Martin Buber, Léon Ashkénazi, A.B. Yéhoshua, Shmuel Yossef Agnon, David Grossman, Amos Oz et Naomi Ragen. Les grands penseurs juifs de la religion se re38 | N° 54 MAI 2018 | WWW.LEVHAIR.COM | LEV HAIR-LPH

trouvent, eux, en Adin Steisalz , le grand talmudiste et dans le Rav Abraham Isaac Kook. La musique, la chanson et le cinéma ont, bien entendu, leur place dans ce magnifique recueil avec, entre autres, le chef d’orchestre de renommée internationale, Zubin Mehta, Itzhak Perlman, Yaffa Yarkoni, Ronit Elkabetz… Même la grande cuisine est présente avec le master chef Ysraël Aharoni La science est représentée par Dan Shechtman, prix Nobel de chimie en 2011, une occasion de rappeler qu’Israël s’est distingué, au fil des ans par de nombreux prix Nobel , douze en tout. Menahem Begin, en 1978, Shimon Peres et Yitzhak Rabin, en 1994, ont reçu le prix Nobel de la paix, S.Y. Agnon, celui de littérature en 1966, Daniel Kahneman, en 2002 et Robert Aumann, en 2005, le prix Nobel d’économie, Aaron Ciechanover et Avraham Hershko, prix Nobel de chimie, en 2004, et, dans la même spécialité, Ada Yonath, en 2009, Michael Levitt et Arieh Warshe, en 2013. Avec Ben Ami Carter, on découvre la destinée extraordinaire des Hébreux Noirs et, parallèlement, celle des Juifs d’Ethiopie, les Falashas. La minorité arabe est, elle, représentée par Nasreen Qadri, chanteuse populaire qui, en 2017, avait été choisie pour allumer, au Mont Herzl, à Jérusalem, l’une des bougies dédiées aux soldats morts pour la défense d’Israël et aux victimes du terrorisme. On découvre aussi, avec étonnement, Alona Barkat, seule femme au monde à posséder un club de football, l’Hapoel Beersheva. Dans sa préface, Marek Halter n’hésite pas à citer Chateaubriand qui, en son temps, affirmait, à propos du peuple d’Israël : « si quelque chose, parmi les nations, porte le caractère du miracle, ce caractère est ici ». L’ouvrage, et cela mérite d’être signalé, est dédié à « la mémoire de Yonathan Netanyahou et de tous les héros d’Israël , tombés pour que vive le peuple juif ». Une chronologie des principaux événements qui ont marqué l’Etat juif de 1948 à 2018 est proposée en fin d’ouvrage. 70 figures, 70 perles. 70 ans de luttes, de réussites et de progrès. Un très beau document à découvrir sans tarder.



Moché Lewin

CULTURE

Propos recueillis par Magali Barthès

La loge Louis Kahn (1) du B’nai B’rith de Marseille (avec Caroline Haddad-Farhana) a reçu le rabbin Moché Lewin (2), aumônier en chef de la gendarmerie, pour une conférence à propos de son livre « Des juifs engagés dans la nation. L’histoire de l’aumônerie israélite des armées ». L’ouvrage, qui met à l’honneur tous ceux qui sont aux côtés de nos soldats, a obtenu le prix de L’Oeuvre engagée, remis par Rodolev hair-lphe Oppenheimer, psychanalyste et petit-fils du président Edgar Faure à l’occasion du Prix éponyme.

Lev haïr : Votre livre relate l’engagement de juifs qui se sont sacrifiés pour leur pays. Une belle parade à l’antisémitisme ? Moché Lewin : « C’était une des raisons de l’écriture de mon livre. L’image que l’on a des aumôniers est assez vague, on ne sait pas bien à quoi ils servent et j’ai souvent entendu cela. Ma première intention était de montrer combien les aumôniers ont vocation à aller au-delà du cadre de leur mission. A un moment où la communauté juive s’interroge sur son avenir, je voulais aussi rappeler le dévouement des aumôniers au cours de la Seconde guerre mondiale : ils étaient l’oreille attentive dans les camps d’internement de Rivesaltes, Gurs et autres. Pour aller vers l’avenir, il faut connaître son histoire. Or aujourd’hui, on ne la connaît pas assez ». L.H. : Ce livre évoque-t-il des anecdotes personnelles ? M.L. : « Les anecdotes font partie de la vie d’un aumônier. La plupart des aumôniers, mis à part quelques locaux, venaient du monde ashkénaze. Ces aumôniers faisaient en sorte d’être hébergés chez des juifs de nationalité algérienne. Cette proximité a donné des mariages avec évidemment bien des aspects positifs. Le livre mentionne quelques unes de ces anecdotes ».

L.H. : Comment parvenez-vous à apporter du réconfort lorsque cela est nécessaire ? M.L. : « Les situations de conflit sont des moments complexes d’une rare violence, susceptibles de faire perdre ses propres repères. Les militaires engagés ont besoin de paroles apaisantes : c’est là qu’interviennent les aumôniers, notamment lors de ces opérations extérieures ».

L.H. : Le rôle de l’aumônier militaire s’apparente-t-il à celui du psychologue ? M.L. : « Son rôle peut être complémentaire, d’autant que tout ne pourra pas être traité par le psychologue, en particulier ce qui concerne les questions religieuses, et notamment pour les personnes pratiquantes. Notre rôle est à la fois d’ordre technique – l’identification des victimes – et humain, l’accompagnement des familles et des militaires qui

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CaRoLine Haddad

« LES AUMÔNIERS ONT VOCATION À ALLER AU-DELÀ DU CADRE DE LEUR MISSION »

restent. Ce sont des moments particulièrement difficiles, et les aumôniers sont amenés à travailler avec les psychologues et les assistantes sociales. Ainsi en 2007, lorsque huit hommes, (un canadien et sept français) sur un détachement de quinze militaires ont été tués, à la suite du crash d’un Twin otter en Egypte. Par ailleurs, nous sommes aussi conseillers du commandement et nous lui apportons une aide dans les moments difficiles. Chaque parole est différente, mais elle permet de réconforter lorsque cela est nécessaire ». L.H. : Une pratique religieuse juive est-elle possible dans l’armée ? M.L. : « Cela est possible lorsque l’on n’est pas en permanence sur de l’opérationnel. Quand un gendarme est appelé le samedi, il ne peut refuser de travailler. Régler ce type de problèmes demande de l’ingéniosité. Je peux citer le cas d’un militaire en fin d’études qui désirait porter la kippa au moment des repas et ne voulait pas porter d’armes pendant le shabbat lors de la visite de la ministre de la défense. Il a porté une kippa de camouflage et a été placé parmi les personnalités dans la tribune au lieu de défiler ».

L.H. : Y-a-t-il beaucoup de personnes de confession juive dans l’armée ? M.L. : « Je ne peux répondre précisément à cette question. Certains juifs prérèrent taire leur judéité ou se déclarent seulement s’ils sont victimes d’antisémitisme ».

L.H. : L’armée est-elle affectée par l’antisémitisme ? M.L. : « Aujourd’hui, nous déplorons quelques cas d’antisémitisme et ma mission est de ne laisser passer aucun acte antisémite. La gendarmerie est le symbole du respect de la loi et ses professionnels se doivent de la respecter ».

(1) Présidée par Thierry Hochberg (2) Auditeur de la 42ème promotion du Centre des Hautes études de l’armement du ministère de la défense, Moché Lewin est également Rabbin du Raincy, Villemomble et Gagny, conseiller spécial du Grand Rabbin de France Haïm Korsia. Début 2017, il a été élu Vice-président de la Conférence des rabbins européens.


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A la recherche des Tefilin perdus…

LE KING DU MOIS

"L'Assemblée d'Israël a alors demandé à Dieu): Maître du monde, tous ces miracles que Tu as accomplis pour nous par l'intermédiaire de Cyrus (qui autorisa le retour des exilés à Jérusalem), n'aurais-tu pas dû les accomplir avec Daniel ou avec un autre tsadik?" (Midrash Rabba sur le Cantique des cantiques)

Mardi 11 Mai 1948, Tel Aviv, midi. Les dirigeants du Mapaï se réunissent pour décider s'il faut maintenir la décision de proclamer l'indépendance comme prévu vendredi. Plus les heures passent, plus les mauvaises nouvelles s'accumulent : Golda rentre d'Aman où elle a rencontré dans le plus grand secret le roi Abdallah. Malgré ses engagements passés, celui-ci lui annonce qu'il participera à la grande invasion des armées arabes prévue pour le 15, dès que le dernier soldat britannique aura quitté le sol de Palestine. Il faudra donc compter avec la fameuse Légion arabe, l'armée la mieux entrainée et la mieux équipée de la région ! Après Golda apparait Sharett. Lui revient de Washington. Ben Gourion l'avait envoyé rencontrer Georges Marshall, le secrétaire d'Etat, responsable du fameux plan de reconstruction de l'Europe qui porte son nom. Or Marshall n'a pas mâché ses mots : "vous pensez probablement qu'Abdallah ne bougera pas. Détrompez-vous ! Et lorsque vous serez en détresse, ne venez pas pleurer que nous ne vous avions pas prévenus. Ils vont vous massacrer. Repoussez la déclaration d'indépendance, demandez un cessez-lefeu et nous tâcherons de trouver un compromis acceptable avec les Arabes". Sharett ne peut s'empêcher de dire à Ben Gourion: "je pense qu'il a raison". La Légion n'attendra pas le 15. Mercredi 12, ses forces se dirigent déjà vers le Goush Etsion. Au nord de Tel Aviv, la "direction du peuple" se réunit à son tour. Les chefs de la Hagana, Israël Galili et Ygal Yadin font le point sur le rapport des forces en présence sans rien cacher de la terrible supériorité militaire arabe. Militairement parlant, il ne fait aucun doute qu'il vaut mieux demander un cessez-le-feu et repousser la déclaration mais la décision n'est pas seulement militaire, conclut Yadin. Mercredi soir. Cela va faire trente heures maintenant que l'on débat. Il faut passer au vote. Pour ou contre. Les nouvelles du front arrivent en cascade. La route vers Jérusalem est toujours bloquée. Le Goush Etsion se bat héroïquement mais ne tiendra plus longtemps. L'avenir de Yaffo est incertain. Les combats font rage dans tout le pays. L'Egypte menace de bombarder Tel-Aviv. Ben Gourion prend finalement la parole. "Dans l'histoire des peuples, il y a des moments de grâce qui ne reviendront plus. Si nous repoussons la déclaration à une date ultérieure, qui sait quand l'occasion se représentera. Mon intuition est qu'elle ne se représentera 42 | N° 54 MAI 2018 | WWW.LEVHAIR.COM | LEV HAIR-LPH

pas. Et le peuple juif ne nous le pardonnera jamais". Finalement, la décision de proclamer la naissance d'Israël est prise. A une voix près. Et c'est le premier miracle. Le 14, avant Shabbat, l'Etat d'Israël est proclamé et aussitôt reconnu par les Etats-Unis et l'Union soviétique, pour une fois d'accord. C'est un second miracle. Le troisième, c'est que la guerre d'indépendance sera gagnée. Et depuis 70 ans, le rêve éveillé continue : les 600000 Juifs de 1948 sont devenus plus de 6 millions. Le rassemblement des exilés prévu par nos prophètes se réalise chaque jour. La terre redonne ses fruits. Israël devient une puissance économique et technologique et c'est à nouveau "de Sion que sort la Thora et la parole de Dieu de Jérusalem". Or ni Ben Gourion, ni Sharett, ni Yadin, ni Galili ne mettaient les Tefilin tous les jours. Pas même Golda, semble-t-il…! Pourquoi donc le maitre du Monde et de l'Histoire a-t-il choisi pour réaliser tous ces miracles des hommes et des femmes qui avaient pour la plupart oublié le chemin de la synagogue ? Plus généralement, pourquoi la génération du début de la Rédemption semble globalement si éloignée de la traditionnelle pratique des mitsvot? N'y avait-il pas eu des générations plus méritantes par le passé? Voici la piste que nous propose Maïmonide : "Sache que ce n'est pas la quantité des mérites ou des fautes qui importe mais leur valeur respective. Un mérite peut être équivalent à plusieurs fautes et une faute peut contrebalancer plusieurs mérites… Seul Dieu connait la valeur des unes comme des autres" (Lois sur la Techouva 3, 12). Prenez le roi Ahav, par exemple. Idolâtre assumé, assassin redoutable, n'est-il pas dit de lui qu'il a réussi à "irriter Dieu plus que n'importe lequel des rois qui l'ont précédé" ? Et pourtant le Talmud juge qu'il a droit au monde à venir à cause de son attitude courageuse le jour de sa mort (Sanhedrin 104b). En effet, lors de sa dernière bataille contre l'Assyrie, atteint par une flèche de l'ennemi, il restera debout sur son char, maitrisant sa souffrance, cachant sa blessure, afin de ne pas mourir devant ses hommes et de ne pas provoquer ainsi la défaite ! (Moed Katan 28b et Rachi). Quant à son père Omri qui ac-


Par Guitel Ben-Ishay céda au pouvoir par un violent coup d'Etat et qui eut lui aussi, une conduite déplorable vis-à-vis de Dieu, le mérite grâce auquel il put maintenir sa royauté, c'est d'avoir bâti Shomron, une nouvelle ville en Erets Israël. C'est en tout cas, l'avis de Rabbi Yohanan dans Sanhedrin 102b. Et que dire de cet autre roi idolâtre, Jéroboam Ben Yoach, qui mena le pays de victoire en victoire ? "Il rétablit la frontière d'Israël depuis les environs de Hamat jusqu'à la mer de la Plaine, accomplissant ainsi la parole de l'Eternel, Dieu d'Israël, énoncée par son serviteur Jonas fils d'Amittaï, le prophète." (Rois II, 14, 25). Et comment un tel roi fut-il choisi par Dieu pour être l'instrument de la réalisation de la prophétie de Jonas ?! Réponse au verset suivant : "L'Eternel avait vu la misère extrême d'Israël, son manque de ressources, sans personne pour lui prêter assistance. Ne voulant pas effacer le nom d'Israël de dessous des cieux, l'Eternel leur porta secours par la main de Jéroboam, fils de Yoach". De ces précédents bibliques, on apprend donc que même des idolâtres peuvent être choisis pour diriger Israël. La capacité à se dévouer pour le peuple, la construction de nouvelles agglomérations en Israël ou tout simplement la volonté divine de ne pas abandonner ses enfants dans les moments difficiles de leur histoire, tout cela suffit pour que Dieu choisisse des Omri, des Ahav ou des Jéroboam pour diriger Israël et le mener à d'impressionnantes victoires.

Les Ben Gourion, les Golda et les Yadin n'étaient certes pas des idolâtres, loin de là ! Mais d'Herzl à Netanyahou, il faut bien convenir que les dirigeants d'Israël ne sont pas non plus tous des piliers de synagogue ! Leurs mérites sont ailleurs : ils rebâtirent le pays avec une impressionnante abnégation, ils risquèrent leur vie pour celle de leur peuple avec un incroyable courage et ils cherchèrent à redonner espoir et dignité aux enfants d'Israël affaiblis et humiliés par des siècles de persécutions et de pogroms ! Qui sommes-nous pour les juger indignes d'être les instruments de la réalisation des antiques prophéties ? C'est le Gaon de Vilna qui aura ces paroles sévères et catégoriques : "Dieu a horreur de tous ceux qui se font les procurateurs de ses enfants. Même lorsque parfois ces accusateurs sont des saints ! " (Tikouné Zohar 21). Peu de temps après la guerre des 6 jours, le Rav Néria rencontra le célèbre Rav Arié Lévine près du Kotel : "Si Dieu a pu nous faire un tel cadeau alors que nous ne le méritons certainement pas, on peut raisonnablement espérer que d'autres miracles suivront prochainement", lui dit-il. "Ne parle pas comme cela, lui répondit très doucement Rav Lévine. Seul l'individu a le droit de dire de lui-même qu'il n'est pas méritant. Mais aucun de nous ne peut évaluer à leur juste valeur les mérites de la Nation d'Israël et de ses dirigeants". Arrêtez-moi si je dis des bêtises…

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YÉROUSHALAIM

Par Francine Kaufmann*

LA MINUTE D'HÉBREU

Le nom de Jérusalem figure 656 fois dans la Bible hébraïque. Cela prouve bien son importance. Or son nom hébraïque, Yérouchalayim est rempli de significations quasi messianiques. Je remarque qu’il est formé de deux segments : Yérou et Chalem. Chalem, c’est facile à expliquer. Il s’agit d’abord d’un lieu en Canaan dont le roi était Melchisédec, Mélekh Chalem, roi de Salem.

Le chapitre 14 de la Genèse, v. 18, raconte en effet que lorsqu’Abraham remporta la victoire sur les rois coalisés qui avaient fait prisonnier son neveu Loth, Melchisédec (que la tradition identifie à Sem, fils de Noé) vint à sa rencontre pour le saluer : « Melchisédec, roi de Salem, apporta du pain et du vin : il était prêtre du Dieu suprême. » Nahmanide explique que Salem, c’est Jérusalem, comme il est écrit dans les Psaumes.

.‫וַיְהִי בְשָׁלֵם סוּכּוֹ וּמְעוֹנָתוֹ בְצִיּוֹן‬ ‫ ג‬,‫תהילים עו‬

Son tabernacle est à Chalem et Sa demeure à Sion. Tehilim 76, 3

Mais chalem en hébreu signifie aussi complet, entier. Et ses consonnes sont aussi celles du mot chalom : la paix. Jérusalem est la ville du chalom, de la Paix, de la sérénité, de l’accord avec soi-même et avec les autres. D’où vient alors le préfixe yérou ? Du nom donné par Abraham au Mont Moriah, l’un des sommets de Chalem où il avait failli sacrifier Isaac. Abraham dénomma cet endroit : Adonaï-Yir-é, littéralement l’Éternel y pourvoira.

‫וַיִּקְרָא אַבְרָהָם שֵׁם הַמָּקוֹם הַהוּא ה’ יִרְאֶה אֲשֶׁר‬ ‫ יד‬,‫ בראשית כב‬.‫יֵאָמֵר הַיּוֹם בְּהַר ה’ יֵרָאֶה‬

« Abraham dénomma cet endroit : Adonaï-Yir-é ; d’où l’on dit aujourd’hui : “Sur le mont d’AdonaïYéraé.” Genèse 22, 14

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Yir-é est le futur du verbe lir-ot, voir. Selon les commentateurs, le premier verbe « voir », yir-é, signifie : il pourvoira, « pour-voir », au sens de veiller, se préoccuper ; le second « voir » est au passif : yéraé, qui a le sens d’apparaître : il sera vu.

Le Midrach Rabba raconte que Dieu décida d’accoler les deux noms : celui donné par Melchisédec : Chalem, et celui donné par Abraham : Yir-é. C’est ainsi que le nom de Jérusalem en vient à signifier en hébreu : c’est là que l’Éternel sera vu dans la paix, mais on peut aussi comprendre : yéraé chalom : c’est là que la paix apparaîtra. Qu’on me permette d’ajouter : Amen

LES MOTS DE «LA MINUTE D’HÉBREU» Jérusalem

Yérouchalayim

Voir

lir-ot

Roi

Ils verront

Il verra Complet, entier, serein Paix Être

mélekh yir-ou

yir-é chalem

chalom lihyot

Midrach Rabba Midrach Rabba (un des principaux recueils de midrachim)

‫ירושלים‬

ְ‫מֶלֶך‬

‫לראות‬ ‫יראו‬

‫יראה‬ ‫שלם‬

‫שלום‬

‫להיות‬

‫מדרש רבה‬

Retrouvez La minute d'hébreu sur : www.ivritbedaka.org.il *Francine Kaufmann est professeure des universités, docteur ès lettres et traductrice.


BY ELINOR PINTO IFERGAN

BY SOLY ANIDJAR

Verrines aux Spéculos mascarpone

Saumon avec aubergines en sauce marocaine

Igrédients • 250g de mascarpone • 2 œufs • 50g de sucre glace • 1 sachet de sucre vanillé • 8 spéculos • 1 barquette de fraises

Préparation Séparer les blancs des jaunes d’œufs. Ajouter et fouetter le sucre glace et le sucre vanillé avec jaunes d'œufs. Ajouter le mascarpone et mélangez jusqu'à obtenir un mélange lisse. Battre les blancs en neige et les ajouter à la préparation. Mixer ou écraser les spéculos. Répartir dans 6 verrines une couche de spéculos, une couche de crème de mascarpone, et y ajouter quelques fraises lavées et coupées. Décorer chaque verrine avec une grosse fraise.

Histoires d'en rire avec ZADOC Extrait du livre : Zadoc en vrac ! - Auteur du Monde

Préparation On fait revenir 5 minutes dans une marmite 5 gousses d'ail 1 demi verre d'huile 2 cuillères de paprika douce Et 10 branches de coriandre fraîche coupée fin 2 tomates râpées et un poivron rouge coupé lanières On épluche 2 aubergines on les coupe en petits morceaux et on les laisse dans de l'eau froide, et du sel 1 h. On rincer l'aubergine après 1 h et on l'ajoute à la marmite. On lave bien les pavés de saumon et on les ajoute sur l'aubergine on ajoute 1 cuillère à café de sel et 2 verres d'eau et on laisse mijoter jusqu'à évaporation complète d'eau. Bonne dégustation !!! HAG SAMEAH

Ma Belle mère est restée trois heures chez l'esthéticienne ! Tant que ça ? C'était pour un devis ! ….................................................... Meyer dit à sa femme qui est sur le point d'accoucher : Linda, si le bébé te ressemble, ça va être extraordinaire ! Et toi Meyer, s'il te ressemble, ce sera un miracle !

Mon portefeuille c'est comme un oignon, quand je l'ouvre il me fait pleurer ! ….................................................... Ah ! si tu savais ! Mon mari Chaouil =, il me rend tellement nerveuse cet imbécile que je maigris tous les jours de 5kg ! Tu n'as qu'à divorcer de ce monstre ! Je vais le faire, mais Nahoubask j'attends d'être tombée à 55kg

….................................................... A la maternité, l'infirmière : Votre bébé est un vrai petit ange, une fois couché, il ne bouge plus ! Eh bien, c'est tout le portrait de son père Chez une voyante : Je rêve tous les soirs d'être suivi par un chat noir. Est ce ça porte malheur ? Ça dépend si vous êtes un homme ou une souris !


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