Lev hair lph 53 digital

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53 - DÉCEMBRE 2017 / 5778 ‫טבת‬ HEVRON SHELI

PLUS DE LUMIÈRE

Dans l'Obscurité

Ziv Shilon, ce héros ...

Rabbin Josy Eisenberg z.l.

Une figure marquante du judaïsme de France

Interview

Manuel Valls

SPÉCIAL JÉRUSALEM :

Interview : Joël Mergui “POUR JÉRUSALEM, JE NE ME TAIRAI POINT”

Ils racontent leur vie à Hevron

COACHING

Pourquoi parle-t-on autant d'hyperactivité

PSYCHO

Oser développer le potentiel !

RENCONTRE AVEC

Patrick Petit-Ohayon, Il consacre son dernier livre, « Retour vers le jardin d’Eden » à la Téchouva

DOSSIER SANTÉ

Voir le régime comme un privilège

DÉCOUVERTE

Le yishouv Maon la nature, l'air, le calme

ZOOM SUR

Le Mont des Oliviers




LEV HAIR & LPH N° 53 2017 - KISLEV 5778

Bureau en France : Directeur Général : Gabriel COHEN levhairmag@gmail.com

PUBLICITE & MARKETING France : ART COM C PUBLICITE Gabriel COHEN : 06 86 88 40 82 Secrétariat : levhairmag@gmail.com Abonnement : 26 euros les 7 numéros 06 86 88 40 82 Rédaction : Magalie Barthès et Gabriel COHEN Haim ATTIA : Responsable Cœur de ville Internet, N.T R. Sociaux. levhairmag@gmail.com www.levhair.com ISSN : 2103 - 9747 Numéro de Dépôt légal : à parution Editeur : Société ART COM C 13013 MARSEILLE RCS 49058466100014 Directeur artistique : Arfi William Impression : ART COM C : 06 18 98 61 80 ---------------------------Bureau en Israël : Directeur Général Avraham Azoulay Direction.Lph@gmail.com Secrétariat : Rosy Chouai lph5@bezeqint.net Tel : 972 2-6788720 Adresse : Haoman 24/35 Talpiot - Jérusalem Marketing & Stratégie Vita Green : Tél: 97254-7855770 Lph.vita@gmail.com

Edito

Merci Josy

Gabriel Cohen,

Avraham Azoulay,

Directeur Lev Hair

Directeur du Plus Hebdo

Toute la planète est en ébullition lorsque l’on parle de Jérusalem et c’est normal. Il faut du temps aux hommes, même intelligents, pour s’habituer à l’existence du peuple juif, vivant son judaïsme sur sa terre, les yeux fixés sur sa capitale éternelle, Yeroushalayim. En fait l’image est surréaliste, presque inimaginable et on peut comprendre l’affolement des nations. Israël est un Etat juif, démocratique, indépendant et fort. Son influence montante déstabilise ses voisins ennemis et un monde occidental frileux. Notre peuple, qui respire l’air d’Israël, ne réalise pas vraiment la portée de chaque avancée, de ce retour aux sources qui semble naturel au quotidien. En fait, tout cela tient du miracle, qui passe un peu inaperçu. Il est semblable à ces flammes joyeuses qui ne nous éclairent pas simplement 8 jours durant, mais bien toute l’année, comme toutes ces choses et ces personnes qui sont là près de nous. La flamme de Hanouka justement, nous rappelle à l’ordre, nous réveille et nous incite à dire merci: merci d’être là, de marcher en toute liberté dans les rues d’Israël et d’accéder fièrement à tous les lieux saints de notre terre. Merci pour tout ce que l’on détient, pour ceux qui nous entourent, et merci aussi pour ceux que l’on a la chance de rencontrer sur notre chemin. Josy Eisenberg l’avait si bien résumé, en une phrase : ‘’C’est difficile d’être Juif mais tellement intéressant’’. Le rav Eisenberg z’’l, aura éclairé la vie de milliers de Juifs à travers le monde entier, il aura été une véritable source de vie juive depuis plus de 50 ans, de notre enfance à aujourd’hui, en nous accompagnant chaque dimanche. Nous l’avons reçu à la maison, aimé, admiré et écouté. Il a, par son étincelle juive, ébloui son peuple mais aussi et surtout les autres peuples. Il a eu le génie et la faculté de parler de Torah de 1962 à nos jours, à la télévision française. Cela parait tellement naturel et pourtant… cela tient du miracle. Sa créativité, sa justesse à transmettre avec simplicité et amour, ont su conquérir tous les foyers juifs, et même non juifs, c’était aussi cela sa grandeur: dévoiler la beauté cachée de la Torah au monde, comme à Hanouka. L’homme, le rabbin, le philosophe, a su s’adapter et traverser toutes les époques, sans se démoder. Il fait partie de ces lumières auxquelles nous nous habituons et qui nous manquent tellement lorsqu’elles s’éteignent. En ces jours de Hanouka, on prie pour ouvrir les yeux sur ces bougies qui diffusent en chacun de nous le meilleur, celui qui est passé, celui qui nous entoure et celui que l’on attend encore.

Rédaction : Tal Cohen/ Salome Touitou : Lphebdo@gmail.com site: www.lphinfo.com

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Rabbin Josy Eisenberg z.l.

DOSSIER SPÉCIAL : PLUS DE LUMIÈRE

Par Shraga Blum

DISPARITION D'UNE FIGURE MARQUANTE DU JUDAÏSME DE FRANCE C'EST QUELQUES HEURES AVANT L'ENTRÉE DE CHABBAT QUE NOUS AVONS APPRIS LA TRISTE NOUVELLE DU DÉCÈS DU RABBIN JOSY EISENBERG Z.L. À L'ÂGE DE 83 ANS

Durant sa longue et riche carrière il aura marqué le judaïsme français en animant avec intelligence, humour et une érudition éclectique l'émission dominicale A bible ouverte devenue ensuite La Source de Vie. Il n'y a aucun autre exemple dans le paysage audiovisuel français d'un animateur d'émission qui aura exercé durant 55 ans sans interruption: le rabbin Josy Eisenberg avait débuté sa carrière de "rabbin de télévision" en 1962, ayant été parmi les premiers à saisir l'importance de ce nouveau média pour diffuser la connaissance au grand public. C'est ainsi que dimanche après dimanche, le rabbin Josy Eisenberg entrait par le petit écran dans les maisons juives mais aussi dans de nombreux foyers non-juifs en présentant tous les aspects du judaïsme et d'Israël, dialoguant durant toutes ces années avec des centaines de personnalités, rabbins, philosophes, éducateurs, artistes, intellectuels, écrivains et même prélats chrétiens. Une anecdote personnelle qui illustre bien l'œuvre de "Or La-Goïm" qu'il aura menée avec conviction et pédagogie : me promenant un jour avec ma famille dans un zoo près de Lausanne où nous habitions, je fus abordé par un couple de non-juifs qui reconnurent ma kippa. Ils m'abordèrent et me confièrent alors avec fierté que tout en étant protestants, ils ne rataient pas une émission de la Source de Vie "car c'est vraiment l'émission religieuse la plus intéressante et instructive du dimanche matin"! La famille du rabbin Josy Eisenberg était originaire de Cracovie et avait émigré à Strasbourg en 1938. Il avait alors quatre ans. Durant les années d'occupation, les Eisenberg furent réfugiés à Limoges, passèrent ensuite en Suisse où ils résidèrent jusqu'en 1945 avant de revenir à Strasbourg. Josy Eisenberg fit sa scolarité à l'Ecole Akiba dirigée alors par le regretté Prof. Benno Gross z.l. Après son baccalauréat, il entra au Séminaire Israélite de France poussé par le grand rabbin Henri Schilli z.l. Josy Eisenberg y obtint un diplôme rabbinique en même temps qu'il décrocha une li6 | N° 53 DECEMBRE 2017 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH

cence d'Histoire et un diplôme de Lettres. Entre 1961 et 1964 il fut le secrétaire particulier du grand rabbin de France Jacob Kaplan z.l. C'est à cette période qu'il se donna à fond pour ce qui allait faire de lui le rabbin le plus médiatique de France. Son charisme, sa personnalité et son ouverture à la cité lui valurent notamment d'être décoré du titre de chevalier de l'ordre de la Légion d'honneur, chevalier de l'ordre national du Mérite, commandeur de l'ordre des Arts et des Lettres, et d'obtenir la médaille de Vermeil de la Ville de Paris ainsi que le Prix de l'Amitié judéo-chrétienne. Il aura également été conseiller technique du réalisateur Gérard Oury pour le film-culte Rabbi Jacob. Depuis l'annonce de son décès les réactions sont innombrables dans le monde juif et non-juif pour saluer sa mémoire et lui rendre hommage pour tout ce qu'il a apporté au judaïsme français et au-delà, pour avoir fait connaître le génie du judaïsme aux non-initiés. Le grand rabbin de France Haïm Korsia a défini le rabbin Josy Eisenberg comme "la vitrine du Judaïsme français" et a rappelé "son rôle majeur dans la reconstruction du judaïsme français après la guerre". Le ministre de l'Intérieur et chargé des Cultes Gérard Collomb salue "la mémoire d'un homme de lettres, passeur de savoirs à la figure familière des téléspectateurs dominicaux". Le rabbin Josy Eisenberg z.l. a eu trois enfants, dont l'aîné, Marc, est bien connu et très actif dans le monde francophone israélien. Que son souvenir soit béni et qu'il soit une source de vie pour nous tous et en premier lieu pour sa famille à qui nous adressons notre plus profonde sympathie. Josy Eisenberg z.l. manquera beaucoup au paysage juif de France.



RENCONTRE AVEC ... Le personnage que nous allons vous faire connaitre est un symbole national et une illustration de l'héroïsme et de la lumière que nous célébrons à Hanouka. Ziv Shilon parcourt aujourd'hui le pays et le monde pour raconter son histoire qui ne peut que forcer l'admiration. Il y a 5 ans, à la même époque, jeune commandant de compagnie de 24 ans au sein de Guivati, il est gravement blessé à Gaza: il perd sa main gauche et la droite n'est sauvée qu'au prix de nombreuses opérations. Il a accepté de se livrer à LPH dans un entretien qui dévoile une réalité difficile mais un espoir et une leçon de vie qui montre une grandeur comme seul notre pays sait dévoiler.

''Pour la première fois, mes mains ont tremblé''

ZIV SHILON

Voir la lumière dans l'obscurité

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Ziv Shilon est originaire de Beer Sheva. Il devient vite un très bon élément à l'armée. Il est motivé et souhaite faire carrière au sein de Tsahal, qu'il respecte et admire plus que tout. Au moment où il s'orient sur cette voie, il fréquente une jeune fille, Adi, qui avoue que malgré l'amour qu'elle lui portait, elle vivait parfois difficilement l'investissement important de Ziv à l'armée, ne lui laissant que peu de temps pour eux. Ziv nous raconte cette nuit d'octobre 2012 où sa vie a basculé: "J'étais commandant de compagnie, avec 135 combattants sous mes ordres. Notre mission était de nettoyer la ligne de séparation avec la bande de Gaza de tout explosif. Nous avions travaillé toute la nuit. Vers les 6 heures du matin, nous avons amorcé notre sortie de Gaza. Je suis parti en avant pour ouvrir un dernier portail qui nous permettrait d'entrer sur notre territoire. Derrière moi se tenait toute ma compagnie, à quelques 200 mètres de là où se trouvait ce portail. Le plan était que j'ouvrirais et qu'immédiatement après le premier tank entrerait et couvrirait le déplacement de toute la compagnie. Je me dirige donc en rampant et en courant vers ce portail. J'ai eu le sentiment que j'allais être blessé: quand j'ai commencé à ouvrir, pour la première fois, mes mains ont tremblé''. La suite est terrible: l'ouverture a actionné un explosif commandé par un câble relié au portail. Ziv est expulsé sur 5 mètres à l'intérieur de la bande de Gaza. Il sent son corps qui le brûle et s'aperçoit que sa main gauche a été amputée par l'explosion. ''Le sang coulait et mon premier réflexe a été de vouloir stopper l'hémorragie en me servant de ma main droite''. Mais à cet instant, il se rend compte que sa main droite ne répond pas, elle est quasiment amputée, elle aussi. Ziv se retrouve seul, perdant beaucoup de sang et privé de l'usage de ses mains. Il se sert alors avec un courage et une détermination extraordinaires, de ses jambes, et court en tenant


Par Guitel Ben-Ishay Quand vous sortez du coma, votre première pensée est-elle d'être heureux d'être en vie?

ce qui lui reste de sa main droite, avec 25 kilos d'équipement sur le dos, vers son équipe qui se trouvait en retrait. A quoi pensez-vous à cet instant? Comment avez-vous surmonté la douleur pour courir sur plusieurs centaines de mètres?

"Au moment de l'explosion j'ai cru me trouver dans un rêve. Puis j'ai surtout ressenti des brûlures, pas vraiment de douleur. La première pensée qui m'a traversé l'esprit était celle de me dire que j'étais seul, incapable de me servir de mon arme et qu'il fallait que je parte le plus vite possible pour ne pas me faire enlever. Je ne sais pas d'où me sont venues les forces. Je suis un homme croyant, je sais que D'ieu m'a protégé". Votre équipe n'est pourtant pas très loin, les autres soldats n'ont rien vu, rien entendu?

"C'était une nuit avec un brouillard épais. Par ailleurs, d'autres explosifs étaient disposés un peu partout, ou du moins, nous savions qu'il s'agissait d'un risque important. Ils ont vu et entendu que quelque chose s'était produit, mais ils ne savaient pas comment arriver jusqu'à moi sans déclencher des explosifs. Il s'agit d'une scène de guerre, tout mouvement doit être pensé. Et le tout s'est déroulé très vite. Je suis arrivé à eux avant qu'ils ne puissent décider de bouger''. Ziv se précipite alors chez l'infirmier, ''un jeune de 18 ans'', décrit-il avec tendresse et reconnaissance. Il lui fait un garrot et le stabilise. Puis il sera transféré à l'hôpital Soroka de Beer Sheva, en hélicoptère. "Lorsque je suis arrivé à l'hôpital, j'étais conscient, j'ai appelé ma sœur pour prévenir la famille. Puis les médecins m'ont plongé dans un coma artificiel qui a duré 4 jours". Ziv subira une opération de 14 heures, des greffes de peau, 52 transfusions sanguines. Une longue convalescence

Adi est immédiatement à son chevet. Elle est dévastée d'apprendre que la personne qui compte le plus pour elle se bat pour sa vie. Elle et toute la famille de Ziv prie pour qu'il ouvre les yeux, pour qu'il reste en vie. Et les prières de la famille Shilon doivent malheureusement aussi être destinées à la mère de Ziv, qui, au même moment, et dans le même hôpital, est traitée pour un cancer. "J'ai senti que ma blessure avait été un coup dur pour le moral de ma mère. Elle perdait son optimisme: son fils fort allait devenir un poids. C'est pour elle que j'ai recommencé à marcher, pour lui prouver que je pouvais être autonome et lui donner le sourire". Car la convalescence de Ziv va être longue et douloureuse.

Ziv nous l'avoue: "non". ''Je me réveille dans une autre réalité. Je comprends tout de suite que ma vie est devenue très compliquée. Pendant trois mois, j'étais allongé sur le dos dans un lit d'hôpital; j'ai eu le temps de cogiter et cela ne m'a pas fait du bien''. Ne plus avoir l'usage de ses mains, Ziv insiste, c'est ne plus pouvoir faire des choses basiques comme manger, se brosser les dents, se raser, se doucher, s'habiller. ''J'ai ressenti beaucoup de frustration''. Ziv subit 6 opérations pour sauver sa main droite, dont il ne peut aujourd'hui que difficilement se servir. Petit à petit, il réussit à réapprendre les mouvements de base: faire un pas, puis deux. Il entre, avec la détermination qui l'a toujours caractérisé, dans cette nouvelle réalité qu'il évoquait, celle où il doit vivre avec une prothèse à la place de sa main gauche et une main droite lourdement handicapée. Ziv fait preuve d'un courage et d'un optimisme qui émerveillent tout le monde et qui montrent à quel point, le qualificatif de héros le décrit bien. ''Ce que je me suis dit dès le moment de l'explosion, c'est que j'avais bien fait d'y aller moi et de ne pas avoir envoyé un de mes soldats. Je ne me le serais jamais pardonné''. Voilà qui est Ziv. ''Adi: mon ancre, mon héroïne"

Pendant cette épreuve si difficile, Adi est toujours présente. Elle ne quitte pas son chevet et met sa vie entre parenthèses pour être là pour lui. "Elle est l'héroïne de ma vie'', nous confie Ziv, ''C'est plus que de l'amour qu'il y a entre nous, c'est une vraie partenaire pour la vie". Elle déclarera à la presse israélienne n'avoir jamais douté sur leur avenir: ''Peu m'importait ce qu'il avait. Nous allions surmonter. Je serai ses mains. J'ai toujours été convaincue que j'étais là où je devais être, avec la bonne personne''. Le couple, qui n'est encore pas marié, traverse 3 années tumultueuses avec la blessure et la convalescence de Ziv. Leur vie est peu à peu rythmée par la convalescence et les conférences qu'il commence à donner. C'est lors de l'une d'entre elles, à Miami, dans un rassemblement des Amis de Tsahal, que Ziv va demander Adi en mariage. Il l'appelle sur scène à la fin de son intervention et lui tend la bague. Peu de temps avant leur mariage, la mère de Ziv succombe à la maladie, plongeant encore une fois le couple dans la tristesse.

Tu choisiras la vie

Ziv a appris, ou a certainement toujours su, que le plus important est de voir la lumière dans l'obscurité, le bon côté des choses. Il épouse Adi et entame une vie conjugale heureuse malgré les limitations auxquelles il est confronté. Puis en octobre 2015, à l'hôpital Soroka, là même où 3 ans plus tôt, Ziv se battait pour sa vie, Adi a donné la vie à leur N° 53 DECEMBRE 2017 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH | 9


fille, Shira. "Nous pensions ouvrir une nouvelle page, après avoir passé tant d'années dans les hôpitaux", mais très vite, la nouvelle tombe: Shira est albinos. Cette maladie se caractérise par une absence de pigmentation de la peau, des yeux et des cheveux. Shira ne voit quasiment pas et sera une enfant ''différente". "Au début, c'était dur à accepter'', se souvient Ziv. Adi le dira aussi: elle a beaucoup pleuré. Mais elle décide vite de choisir encore une fois la vie et de prendre son enfant tel qu'il est. Pour Ziv, cela a pris un peu plus de temps. ''Pour moi, il est plus facile de surmonter mes épreuves que les problèmes des gens que j'aime''. Ils doivent faire face à des épreuves importantes dans le développement de leur enfant et ils savent aussi qu'ils devront être forts par la suite. Aujourd'hui, ils décrivent Shira comme leur plus grand cadeau. ''Avec elle, j'ai compris le sens de ma blessure. Si D'ieu m'a donné Shira c'est parce que j'ai les outils pour l'aider à grandir. Je sais ce qu'est être différent, je sais la force qu'il faut pour avancer''. Pour Ziv, cela valait la peine d'être blessé pour pouvoir aujourd'hui donner le meilleur à sa fille. ''Toujours voir le bon, dans tout'', c'est son credo, le message qu'il transmet dans les nombreuses conférences qu'il donne. Il y a quelques semaines, 5 ans presque jour pour jour après sa blessure, Ziv est retourné encore une fois à Soroka. Cette fois c'était pour accueillir son deuxième enfant: un garçon prénommé Yehonathan – D'ieu a donné. "D'ieu m'a encore une fois donné la vie à cet instant''. Se construire pour donner

L'héroïsme de Ziv s'est senti dès ses premiers pas à l'armée. Il a toujours vu comme un honneur le fait de servir dans Tsahal et de contribuer à la protection des citoyens d'Israël. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il n'a pas honte de la prothèse qu'il porte à la place de sa main gauche, elle est pour lui la marque de son dévouement pour la plus belle cause qu'il soit. Une fois passées les premières années après sa blessure, Ziv, soutenu par Adi, entreprend de se reconstruire. Il commence des études de droit et tient à retrouver sa forme physique. Il a couru plusieurs marathons depuis sa blessure et se prépare pour l'Iron Man (180 km de vélo, 3,8 km de natation et un marathon). Parallèlement à ces stages en droit, il a créé 3 start-up et donne beaucoup de conférences. ''Je fais tout ça pour pouvoir donner. Je veux donner aux gens la motivation d'aller au bout de leurs rêves et de leurs capacités". Ses messages, il les passe devant des lycéens, devant des publics variés et surtout devant des soldats. ''Je ne pouvais pas me résoudre à quitter l'armée. L'opération au cours de laquelle j'ai été blessé devait être 10 | N° 53 DECEMBRE 2017 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH

ma dernière avant de prendre encore plus de responsabilité au sein de Tsahal. Je ne peux plus me battre aujourd'hui, mais au moins, par ma parole, j'agis encore''. Vous vous présentez devant des soldats qui s'apprêtent à partir au combat. Vos messages sont fondamentaux mais ne craignez-vous pas aussi que les craintes qu'ils puissent éprouver ne soient renforcés en voyant ce qui vous est arrivé? "Mon discours est toujours empreint d'optimisme, je souligne l'importance de toujours voir le bien. Il est influencé par ma personnalité et ma vision du service militaire. Estce que je referais aujourd'hui mon parcours militaire si je savais qu'il finirait par la perte de mes mains? La réponse est oui sans hésiter! C'est ainsi que je veux éduquer les nouvelles générations. Donner aux autres, donner à l'Etat: c'est fondamental". Vous vous êtes exprimé publiquement face à certaines divisions qui traversent la société israélienne. Vous côtoyez beaucoup notre jeunesse, avons-nous des raisons d'être inquiets?

"Notre jeunesse est formidable. Il ne faut pas se fier aux réseaux sociaux pour avoir une image authentique de ce qu'elle est. Oui, nous devons travailler à être davantage unis, à accepter les différences, les débats d'opinion. Ce sont les bases de notre avenir. La nouvelle génération me rend très optimiste: elle dit non à la corruption, elle veut voir le collectif et être combattante''. Pourtant, on note une baisse de la motivation des jeunes pour les unités combattantes?

"Il ne faut pas s'en émouvoir plus que ça. Ce sont des périodes. Nous avons connu d'autres moments où cette motivation était en baisse. Elles ont toujours été suivies par un regain important de motivation pour ces unités. On ne peut pas toujours être constant. Je pense que la base de tout est d'apprendre que certaines personnes doivent être à l'abri de paroles déplacées. On ne parle pas mal du Premier ministre, du Président de l'Etat, du Chef de la Cour Suprême et surtout pas du Chef d'Etat-major. Ce sont des personnes qui donnent leur vie pour nous, ils ne vivent plus que pour nous, au détriment de leur propre famille".

Quelle est la lumière qui éclaire notre société? "Nos soldats, nos combattants. Ce sont des jeunes de 18 ans, qui à l'âge où ailleurs dans le monde, on est insouciant, on pense à s'amuser, laissent leur vie de côté pendant 3 ans pour leur pays. Parfois même ils la donnent".

Et votre lumière personnelle?

"Ma famille au sens large et au sens plus restreint. Mon épouse, mes enfants sont mon moteur dans tout ce que j'entreprends. Comment pourrait-il en être autrement! Je remercie chaque jour pour ce que j'ai''.


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DOSSIER SPÉCIAL

Par Guitel Ben-Ishay

Joël Mergui

“POUR JÉRUSALEM, JE NE ME TAIRAI POINT”

"Certains juifs américains vivent une vie confortable dans leur pays et ne comprennent pas l'Etat d'Israël, parce qu'ils n'envoient pas leurs enfants à l'armée''. Ces quelques mots de la vice-ministre des Affaires Etrangères, Tsipi Hotobelly, ont failli lui coûter sa place au gouvernement. Le Premier Ministre s'est empressé de les condamner et T. Hotobelly a vite fait de devoir s'excuser auprès des "juifs américains''. Cette saga politico-diplomatique qui a agité les relations entre Israël et les Juifs des Etats-Unis, nous a amenés à nous interroger sur la légitimité ou non de la parole des Juifs de Diaspora dans les débats internes israéliens. Pour ouvrir ce dossier, LPH a interrogé Joël Mergui, le Président du Consistoire central israélite de France. 12 | N° 53 DECEMBRE 2017 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH


Le P'tit Hebdo-Lev hair: Pensez-vous qu'il est légitime responsabilité, ils passent désormais sous la leur. Il y a déjà pour les Juifs de Diaspora d'exprimer leur point de vue beaucoup d'actions pour les Juifs de France en Israël, notamment concernant les mariages, bar mitsvot ou enterrements. sur les débats internes israéliens, voire de vouloir les inA cela s'ajoute le phénomène de création de plus en plus de fluencer? synagogues francophones. On sent que les olim ont, contraiJoël Mergui: J'ai toujours considéré qu'il était complétement légitime pour les Juifs de Diaspora d'intervenir sur tous les rement à autrefois, envie de reproduire leurs modèles, de garder leur spécificité tout en s'intégrant. Et je dirais même que sujets qui concernent le caractère juif de l'Etat d'Israël en gécela peut créer les conditions pour une néral et sur Jérusalem en particulier. meilleure intégration. C'est pour toutes Pendant 2000 ans, aucun Juif du monde J'AI TOUJOURS CONSIDÉRÉ ces raisons, que nous réfléchissons à un n'a oublié Jérusalem, nous avons touQU'IL ÉTAIT COMPLÉTEMENT jours prié dans sa direction, nous rappe- LÉGITIME POUR LES JUIFS DE accompagnement consistorial. On pourlons toujours son souvenir. Nous avons DIASPORA D'INTERVENIR SUR rait penser à nommer le Consistoire, Consistoire de France et d'Israël, comme donc aussi notre mot à dire. TOUS LES SUJETS QUI En revanche, je pense qu'il convient CONCERNENT LE CARACTÈRE à une époque, il s'appelait Consistoire de France et d'Algérie. d'avoir beaucoup de réserves quand il JUIF DE L'ETAT D'ISRAËL s'agit de la sécurité d'Israël, lorsque l'on LV-LPH: Pour mener ces actions, n'est pas soi-même citoyen israélien. Les vous pouvez compter sur un conseil d'administration généraux et les ministres israéliens sont des experts en la largement derrière vous. Les récentes élections parmatière, il est normal d'écouter leur parole. tielles ont permis l'arrivée de 12 membres sur 13 élus Ceci étant, ma position, sur ces sujets aussi, a tendance à qui vous soutiennent ouvertement. évoluer ces dernières années avec l'augmentation conséquente du nombre de Juifs français en Israël et du nombre J.M.: Effectivement, ces élections ont prouvé la de familles françaises qui ont des enfants en Israël. De fait, confiance de la communauté et la très grande responsails contribuent à la sécurité de l'Etat et je ne vois donc pas bilité qui pèse sur mon mandat. Même si malheureusement, le nombre de votants n'était pas aussi élevé que je comme une aberration que l'on puisse s'exprimer sur ces sul'aurais souhaité, je remarque qu'aucune liste n'a fait camjets aussi. pagne contre notre bilan. Notre mouvance se veut à LV-LPH: Pensez-vous que cette parole, si elle peut être l'image du judaïsme français: ouvert et respectueux de la hala'ha, sioniste et ardent défenseur de la liberté religieuse considérée comme légitime, a des chances d'être entenen France. Nous traversons une période difficile de l'hisdue? toire de la communauté juive, nous devons faire notre J.M.: Nous sommes en permanence en contact avec les autorités israéliennes, Pour autant, je déplore effectivement, le maximum pour conserver la vitalité de notre communauté manque de considération des Juifs de France et du judaïsme et accompagner ce que je nomme l'"alya intérieure", c'estfrançais. J'ai le sentiment qu'Israël prend davantage en à-dire, rapprocher ceux qui sont éloignés. compte les desiderata des Juifs américains, que ceux des Outre la mission de rendre plus efficaces les services du Juifs français, alors même que ces derniers vouent un amour Consistoire, celle de défendre chaque Juif et de renforcer et un respect incomparables à l'Etat juif. La parole des Juifs les liens avec Israël, il nous incombe aussi de promouvoir un nouveau leadership, celui de demain. Ma responsabide France n'est pas entendue à la mesure de ce qu'elle devrait lité c'est de montrer à la société française et aux Juifs que représenter. le judaïsme français est ouvert, sur la jeunesse, sur la LV-LPH: Pour remédier à ce problème, pourquoi ne pas place des femmes. Nous devons faire émerger une nouvelle génération qui s'implique, qui se sente concernée. créer un statut officiel de Juif de Diaspora qui lui perJe compte utiliser mon expérience pour identifier celles mettrait de peser dans le débat démocratique israélien? et ceux qui sont les plus à même d'être les leaders comJ.M.: On a évoqué, il y a quelques temps, l'idée d'un parlement des Juifs de Diaspora. En effet, la consultation, tout au munautaires de demain. moins, des responsables des grandes communautés juives LV-LPH: D'où vous vient cette énergie pour une misdans le monde, ne me parait pas choquante. Il est fondamental, par ailleurs, que les Juifs d'Israël et les Juifs de Diaspora sion que vous remplissez depuis de nombreuses années maintenant? échangent en permanence. La réflexion mérite d'être menée. J.M.: De mon lien à Israël. Mes parents ont toujours été LV-LPH: Le consistoire accompagne les olim jusqu'à sionistes. Une partie de la famille de mon père vivait en Israël et aujourd'hui ce sont mes enfants et mes petits-enfants leur départ de France, envisagez-vous, de les suivre enqui y vivent. C'est ce lien qui a inspiré mon militantisme: core après l'alya? J.M.: Depuis 10 ans, j'organise, chaque année une cérémo- pendant que je passais mon bac, que je faisais mes études, mes cousins étaient à l'armée. Eux donnaient leur vie, je nie d'au revoir pour les olim en présence de Nathan Sharansky, de la ministre de l'alya et de l'intégration et de devais au minimum donner de mon temps pour la commul'Agence Juive. Lors de cette cérémonie, nous leur transmet- nauté. C'est le message de mon engagement, sa source et tons symboliquement la liste des olim: ils étaient sous notre ma motivation quotidienne. N° 53 DECEMBRE 2017 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH | 13


Jérusalem

DOSSIER SPÉCIAL

AUDACE AMÉRICAINE, HYPOCRISIE EUROPÉENNE ET COLÈRE PALESTINIENNE Le dernier discours de Donald Trump sur Jérusalem sera sans doute inscrit dans les annales diplomatiques comme le plus chaleureux et le plus sioniste des discours prononcés depuis 70 ans par un Président américain en exercice. Chaque enfant sait que Paris est la capitale de la France, et Londres celle de la Grande-Bretagne, il était donc logique d’affirmer que Jérusalem est bien la capitale de l’Etat d’Israël. C’est absurde et révoltant que la communauté internationale refuse de reconnaître cette simple et limpide évidence. Ce refus n’est-il pas en réalité une sorte de délégitimation grotesque de l’Etat d’Israël et du monde juif ? La proclamation historique du Président Trump, bien qu’elle soit tardive, n’est que la rectification d’une injustice historique qui date de 70 ans. Elle n’est pas en réalité une promesse électorale, car contrairement à ses prédécesseurs, notamment Obama, Bush et Clinton, Trump a eu le courage de l’appliquer à la lettre en dépit des menaces, des craintes et des préoccupations internationales.

Bien que cela prendra encore du temps et peutêtre plusieurs années, jusqu’au transfert définitif de l’ambassade américaine, la France de Macron s’est précipitée de réagir et s’est mise avec l’Union européenne dans le camp des musulmans en donnant indirectement le feu vert à la colère des Palestiniens et aux diatribes d’Erdogan. Les médias parisiens renforcent la position officielle française, en alarmant sur une nouvelle escalade, et en critiquant sévèrement Trump et Nétanyahou : « ces deux dirigeants d’extrême droite empêtrés dans des affaires, souhaitant mettre le feu aux poudres. » Imaginons, si Obama ou Clinton avaient pris une telle décision, qu’elles auraient été les réactions des observateurs spécialistes du Moyen-Orient ? Rappelons que ces spécialistes n’ont pas été révoltés ni si préoccupés devant les massacres quotidiens contre les chrétiens d’Orient, ni contre les menaces de l’Iran de détruire Israël et de la rayer de la carte. Ils parlent d’escalade comme si le Moyen-Orient était vraiment une région pacifique. L’hypocrisie et la désinformation sont flagrantes. Soulignons que Trump a simplement prononcé

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un discours sincère sur ses efforts de voir instaurer une paix stable dans la région et un règlement entre les deux peuples. Il n’a pas déclaré la guerre aux Palestiniens, ni envoyé des troupes pour lancer une nouvelle Croisade. El Aqsa demeure indépendante et libre au culte, comme l’est le Saint-Sépulcre. Comment d’ailleurs affirmer que Trump entrave le processus de paix, alors que celui-ci est moribond, agonise depuis plusieurs années. Dans tous les cas, et dans chaque règlement de paix, il est clair que Jérusalem demeurera à jamais, la capitale de l’Etat d’Israël et du peuple juif. Alors pourquoi toute cette mascarade inutile ? Ce grand charivari ? Dans ce contexte, il est inutile de se justifier chaque fois sur notre attachement à Jérusalem et sur le fait qu’elle est la seule capitale des Juifs. Inutile aussi de battre sans cesse que Jérusalem est citée 600 fois dans la Bible, et le célèbre chant des exilés de Babylone (Psaume 137). Que les Musulmans ont déjà La Mecque et que jamais une ville sainte n’a été choisie par eux comme capitale, et qu’il n’y a aucune allusion de Jérusalem dans le Coran, et sauf une seule fois el Aqsa est mentionnée. Que les Chrétiens ont déjà Rome et Constantinople… etc. En fait, tout remonte à 1948 et n’a aucun rapport avec « l’occupation » de Jérusalem-Est en 1967. C’est bien depuis notre guerre d’Indépendance qu’aucun pays occidental n’a voulu re-


Par Freddy Eytan

connaître Jérusalem comme notre capitale et a exigé dans le cadre de la Résolution 181 du partage de la Palestine, son internationalisation. Pourtant, comme l’affirmait à l’époque Moshé Sharett, le premier chef de notre diplomatie : « Jérusalem a été depuis les temps bibliques notre capitale, pourquoi demander donc un nouveau certificat d’origine de la part de la communauté internationale ? Pourquoi exiger une permission ? Se justifier à tout prix ? C’est absurde ! » Et nous ajoutons, Jérusalem, n’a jamais été une capitale arabo-musulmane ! Elle n’a jamais été non plus jumelée avec une autre capitale, ni partagée avec un autre Etat. Teddy Kollek, illustre Maire de Jérusalem avait rejeté la demande de son homologue parisien, Jacques Chirac, de jumeler Jérusalem. « Comment accepter un jumelage avec la ville des Lumières si Jérusalem devait demeurer seule et unique au monde » ! Ce refus systématique et absurde de reconnaitre notre capitale est aussi hypocrite et révoltant, car il tente avec grossièreté et mensonge de gommer toute présence des Juifs durant les interminables siècles d’existence dans cette région du monde. La communauté internationale, dont la France, préfère évidemment nous dicter et choisir pour nous Tel-Aviv comme capitale, mais nous refusons ce diktat insensé et rejetons les leçons de

morale. La France ose se permettre de reconnaître la Palestine en lui offrant un statut diplomatique à Paris, bien que cet Etat soit toujours virtuel, mais une décision pro-israélienne de Trump est condamnable. Pourquoi ? Les préoccupations du Quai d’Orsay concernent aussi l’avenir du statut du Consulat général de France à Jérusalem, transformé officieusement en « ambassade française en Palestine ». Désormais, cette ambassade ne devrait-elle pas être transférée hors de Jérusalem, vers « la capitale des Palestiniens » ? Nous espérons que la décision courageuse du président Trump provoquera, malgré tout, un tournant positif dans l’Histoire diplomatique de Jérusalem et que plusieurs pays y transféreront, tout naturellement, leurs ambassades. Les jours qui viennent s’annoncent difficiles et graves car ce sont les dirigeants palestiniens, et Mahmoud Abbas en premier, qui ont choisi de lancer une guerre de religion, en dictant à la rue, la colère, la terreur et l’escalade. Nous sommes malheureusement riches en expérience sécuritaire et dans le combat contre le terrorisme. Toutes les mesures ont été déjà prises pour assurer la sécurité des citoyens. La mission de services de l’ordre est immense et forte délicate, à l’approche de Noël, les touristes et les pèlerins affluent de partout. Toutefois, aucun pays au monde ne peut tolérer des jets de pierres ou des attentats quotidiens dans sa propre capitale. Seule la négociation directe et sans diktat fera avancer le processus de paix comme le souhaite Donald Trump. Face aux appels au djihad et aux émeutes, nous devrions demeurer fermes et vigilants. Les Palestiniens mènent un faux combat, ils ne pourront jamais gagner la bataille de Jérusalem. Depuis le roi David, nous sommes les propriétaires légitimes et exclusifs de notre capitale. Freddy Eytan, « Jérusalem : audace américaine, hypocrisie européenne et colère palestinienne », Le CAPE de Jérusalem, publié le 6 décembre 2017: http://jcpa-lecape.org/jerusalem-audace-americaine-hypocrisie-europeenne-et-colere-palestinienne/ N° 53 DECEMBRE 2017 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH | 15


AYEKA ?

TORAH ET SOCIÉTÉ

Dans la Genèse, Adam et Eve, prenant conscience de leur nudité, physique, morale, spirituelle, se cachent. Dieu les interpelle : «ayeka ? homme, où es-tu ?»

Il n’est pas nécessaire d’être un grand exégète pour comprendre que la question est rhétorique. On ne se cache ni devant Dieu, ni devant sa conscience ! Et pourtant, quotidiennement, de nombreuses personnes, chacun d’entre nous, nous cachons devant certaines réalités. Pour ne pas les voir ? Pour ne pas faire face à nos responsabilités ? Par pudeur ou par sensibilité face à des réalités qui nous choquent ou nous font mal ? Je ne parle pas d’événements devant lesquels, à titre individuel, nous sommes désarmés, comme les massacres perpétrés aux quatre coins du monde. Non, j’évoque des situations proches de nous, que nous connaissons, dont on nous parle dans nos synagogues. Celles de personnes en difficulté sociale, auxquelles manquent de petits moyens

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Par Gabriel VADNAI

financiers, une santé physique ou psychique suffisante, des conditions de vie dignes d’une société moderne, humaine. « Ayeka ? Homme, où es-tu ? » Il suffit d’un peu d’intérêt pour son prochain, de faire quelques dons, petits ou grands, de donner de son temps si on le peut, pour faire reculer cette pauvreté, dont certains ne veulent même pas prononcer le nom, le trouvant choquant ! Ce n’est pas une mission impossible, c’est à la portée de la plupart d’entre nous ! L’historienne Nancy Green, spécialiste de l’histoire sociale communautaire, a écrit : « la communauté est au départ le lieu privilégié de la solidarité ». S’il est vrai que notre communauté est un exemple de solidarité, un nombre trop restreint de donateurs participent à cette solidarité. C’est pourquoi, si nous sommes bien conscients de la générosité de certains, c’est à un réel effort communautaire, plus général, que nous appelons. « Ayeka ? Homme, où es-tu ? » doit devenir notre mot de ralliement. Gabriel VADNAI, Délégué général aux donations et aux legs



COMMUNAUTÉ

Propos recueillis par Magali Barthès

« Luttons de toutes nos forces contre l’antisémitisme » MANUEL VALLS, ANCIEN PREMIER MINISTRE ET DÉPUTÉ :

La chape de plomb qui entoure le meurtre de Sarah Halimi, n’est-ce pas comme si on l’avait tuée une seconde fois ? « Ce qui est important c’est de souligner la grande mobilisation qui s’est opérée, pas seulement de la communauté juive mais aussi de beaucoup d’intellectuels, journalistes et citoyens. Je me réjouis que le parquet ait retenu le caractère antisémite de ce meurtre. Maintenant, il reste à aller jusqu’au bout. Ce drame révèle aussi qu’il existe un malaise dès que l’on aborde de front ces questions concernant les agressions antisémites ». La laïcité est-elle en danger en France ?

« Je suis français, j’aime mon pays et pour moi la laïcité c’est la France, la tolérance, la concorde et la possibilité de croire ou de ne pas croire. Je crois que la laicité est mise en cause par les arrangements, les accommodements, les

compromissions. Il convient de rappeler les règles qui régissent la vie en société, que la laïcité doit permettre à l’état d’exercer cette neutralité dans le respect des règles communes ».

Dov Maimon, Directeur de recherche au Jewish People Policy Institute, prédit un retour contre l’islam à l’image de la Reconquista espagnole. Qu’en pensez-vous ?

« C’est une thèse étrange. 1492 est une date terrible, c’est l’expulsion des juifs d’Espagne, c’est la Reconquête par les chrétiens de l’Espagne et la chute du dernier califat. Il faut aider les musulmans en France, en Europe et dans le monde à extirper de leur sein ce cancer terrible que représente l’islamisme, l’islam politique, celui des Frères musulmans, des salafistes. Il nous revient de lutter contre l’antisémitisme tel qu’il est, malheureusement porté par des individus de confession musulmane. C’est un combat qu’il faut mener de toutes nos forces ».

Une France mieux armée face au terrorisme

« Terrorisme : La France est-elle une cible privilégiée, pourquoi ? ». C’est l’épineuse problématique à laquelle ont tenté de répondre élus, experts, juristes, responsables religieux invités de cette VIème Convention régionale du Crif Marseille Provence, le 19 novembre à la Villa Méditerranée.

Alors que la veille Marseille était souillée par des tags antisémites, la coïncidence a voulu que le groupe de réflexion de la Commission « Colloque et vigilance » du Crif, à l’avant-garde des combats, ait programmé cette journée. Un moment salvateur au cours duquel des intervenants d’horizons divers ont discouru sur les types de leviers républicains opposables aux ferments de haine. A commencer par le numérique. Philippe Coen, Président Fondateur de l’ONG Respect Zone, impliquée dans la prévention du harcèlement, des discriminations de l’incitation à la violence en ligne et dans l’espace public, souligne la « responsabilité éthique » des entreprises du net. Mais le « blocage du contenu ne stoppe pas pour autant la pensée radicale et peut créer de l’intérêt », analyse Scott Sayare, journaliste américain de culture protestante. Face au péril djihadiste, de plus en plus endogène, les prises de parole de responsables politiques, les actions entreprises pour une meilleure protection de la nation étaient attendues par l’auditoire. Georges Fenech, ancien député 18 | N° 53 DECEMBRE 2017 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH

et magistrat a confessé l’impréparation de la France en 2015, organisée alors sur la base d’anciens modèles de l’antiterrorisme. Les attentats de novembre 2015 ont changé la donne. La loi du 3 juin 2016, renforçant la lutte contre le crime organisé et le terrorisme, a autorisé les perquisitions de nuit pour le parquet, permettant une meilleure protection des témoins, une meilleure répression de la cybercriminalité et du trafic d’armes. La loi d’octobre 2017 intègre dans le droit commun des dispositifs supplémentaires pour les préfets et le Ministre de l’intérieur (fouille de véhicules, visites domiciliaires avec intervention préalable du juge des libertés et de la détention…). Selon Georges Fenech, « la France dispose peut-être de la meilleure législation au monde », mais il émet aussi l’idée d’instituer un parquet national antiterroriste. Par ailleurs, l’ancien Grand Rabbin de France Gilles Bernheim a rappelé le rôle de la religion dans notre société laïque, mentionnant « sa capacité à donner à penser à ceux qui ne croient pas ». Tout le mérite revient à Bruno Benjamin et aux présidents successifs du Crif d’avoir noué un dialogue constructif avec un responsable associatif, Omar Djellil, salafiste repenti, qui a témoigné de son passé d’« ennemi des juifs et d’Israël » qu’il était. « Evitons l’affrontement du bien et du mal sans pour autant verser dans le déni » ont été les mots de conclusion de Bruno Benjamin.



La pesanteur MOUSSAR

DE MON INCONSISTANCE Pour comprendre le monde spirituel, celui qui se situe au niveau de l'âme, de l'esprit, de la vie psychique, celui en rapport avec la vie intérieure de l'âme dégagée des sens, avec les fonctions supérieures de l'esprit, il nous faut l'entendre ici et maintenant. Ne pas le chercher dans l'au-delà des mers ou dans les cieux. C’est en soi qu'il se trouve, là qu'il attend patiemment le rendez-vous essentiel. Il s'agit d'une opération mentale exprimant le besoin d'investigation, d'élucidation, la dure nécessité de devoir réfléchir, creuser, scruter et imaginer. Nombre d'erreurs, de fautes et de regrets restent conséquents du refus catégorique de l'Humain à se rencontrer, non de manière infantile et égoïste mais au travers d’une exigence perpétuelle à révéler les aspects sublimes de son être. L'écoute vigilante des clameurs de l'âme, l'espoir incessant à vivre les percées et le flux des torrents de son cœur. Ce n'est certes pas une quête primaire d'inspiration céleste, ni une tiède expérience mystique mais un réel labeur de peine et de sueur. Il est difficile de faire parler l'âme, elle, qui se trouve quelque part dans les brouillards de l'inconnu. Une grande partie de l'existence est consacrée aux appétits dérisoires et aux nécessités puériles qui absorberont peu à peu puis totalement l'être humain. Attiré par ces forces de pesanteur, il n'aspire plus qu'à survivre, qu'à satisfaire ses besoins de primate. Une telle rencontre exige une conscience et une sensibilité de soi pour soi, ne pas hésiter à transcrire, à classer l'ensemble des émotions et des épreuves. L'Humain demeure en quête de son propre verbe intérieur, de sa conscience, de l'intimité de son âme. Toutes les expériences vécues gravent la conscience d'un sillon indélébile mais ne répondent pas toujours aux aspirations sourdes du vibrato de l'être intérieur. C'est au magma de la vie qu'il faut accorder une pleine liberté de mouvement et d'expression. La cohérence de cet ouvrage vise à la révélation substantielle de l'être intime, de ce magma originel où il s'impatiente à lui octroyer une densité, une figure, un devenir. Quelquefois une quête de soi, une recherche de sa propre vérité entraine l'homme vers des positions extrêmes; ne plus accepter les certitudes absolues exhibées comme la finalité du bon, du bien et du sacro-saint. Les parterres fleuris par les masses sont trop souvent recouverts d'un conformisme d'idées et de manières de faire ne satisfaisant que la matière brute et le superficiel. Aucune concession n'étant réellement possible, les conflits deviennent incessants et le chemin poursuivi à contre-courant demeure la seule issue parmi ceux et celles qui persistent à solliciter la personnalité. Réussir à se protéger de cette différence d'entité aux faveurs d'une moralité sans appel, d'une vo20 | N° 53 DECEMBRE 2017 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH

lonté épurée et d'une authenticité dans le suivi. Le combat ne doit pas se matérialiser par un orgueil ou une humilité exacerbés mais à travers l'unique exigence d'une reconnaissance de la vérité profonde ainsi que d'une sincère volonté à élucider cette dernière.

IL FAUT SE TENIR PRÊT À FONDRE SUR CES MOMENTS OPPORTUNS, LÀ OÙ L'ÊTRE S'ENTROUVRE ET LAISSE POINDRE LES GERBES DE LUMIÈRES RAYONNANTES QUI N'ATTENDAIENT QUE NOUS

Simultanément, éveiller l'âme grâce à, une étude intelligente et profonde des textes traditionnels, un engagement sensible et positif au sein d'un ordinaire dissocié du "bruit" ambiant. Les sons assourdissants et les lumières aveuglantes provoquant, plus qu'on ne le pense, des désordres de la réflexion et les défectuosités du bon entendement. Lorsque l'individu se dénie et s'obstine à ne plus labourer les champs de son être, nul doute que les chemins parcourus rencontrent ceux de la perdition. Au fil du temps sa conception et son estimation des choses se brouillent, la réalité ainsi appréciée devient le guide fossoyeur de ces innombrables tentatives à percevoir les desseins de son existence. Les conséquences seront ainsi doubles: d'une part,


Par Rony Akrich des situations, des conflits qui ne sont pas nécessairement les siens mais le fourvoient et l'entrainent vers l'échec. D'autre part, l'expression d'une colère plus ou moins violente concernant ses rendez-vous manqués avec lui-même, avec la Vie. La principale relation demeure envers et contre tout cette sollicitude à l'égard de soi-même, chacun y est porteur d'une âme vivante, d'un trésor de vérité et de bonté, d'une créativité sans bornes et d'une sagesse incommensurable

Il faut vaincre le cynisme et la pesanteur des inconsistances, partir à la recherche de ses propres empreintes, réfléchir promptement et saisir avec délicatesse ses émotions. Savoir se frayer un chemin à travers nos rêves, à travers le flot déferlant de faire-part délivrés depuis les gorges profondes de l'âme. L'attitude adoptée face à la nature et la substance de la personnalité nous interpelle; quelle serait donc la signification réelle de ce "moi" omniprésent? Serait-ce la personne dans toute sa simplicité initiale et commune? Ou bien la personne créatrice, adaptable, maitresse de son devenir et actrice de son milieu ? Les deux propositions, aussi justes soient elles, ne doivent pourtant pas nous empêcher de décrypter le sens de leur implication

l'une envers l'autre sur l'âme vivante. Le caractère le plus naturel est bien entendu celui de l'enfant, dès cet âge les comportements sont spontanés, libérés des carcans, là, l'enfance s'écoule comme un long fleuve tranquille. Elle peut s'émouvoir sans critique, découvrir sans frontières, courir les espaces et permettre à la graine de germer le plus naturellement du monde à l'abri des turbulences existentielles. Cette période de l'enfance est un moment clé car elle reste une source de joie, de confiance, d'amour et de créativité. Elle permet aux forces essentielles de la vie une rencontre avec l'étendue infinie, là où le mouvement incessant et perpétuel de l'existence ne peut se heurter aux contingences de la seule raison. Sa victoire le transporte alors vers l'autre horizon, celui dans lequel l'âme vivante jaillit et se conjugue avec le monde des lois et des limites. C'est alors que la maturité s'acquiert, se construit et mène à plus de réflexion, de remise en question quant à la responsabilité partagée et les comportements pratiques de l'humain. Elle ouvre les arcanes de l'âme pour mieux se proposer à l'autre, à la société, prendre la direction de l'autre dimension de la vie, celle où le dialogue s'engage avec tous. Rony Akrich (Les Passions d’un Hébreu au « Café Daat ») Commentaires : cafedaat@gmail.com

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Birmanie

Les juifs de

NOS RACINES

On parle beaucoup de la Birmanie ces derniers mois en raison de la situation dramatique des Rohingyas, minorité musulmane établie dans l’État d’Arkana. Aussi étonnant que cela puisse paraître, il y a eu une communauté juive en Birmanie dont il ne reste de nos jours que quelques éléments. Voici son histoire.

Si on considère que le premier Juif apparu en Birmanie, Salomon Gabirol, commandant dans l’armée du roi Alaungpaya, a été signalé au 18ème siècle, ce n’est qu’au milieu du 19ème siècle que des Juifs, venus des Indes, essentiellement de Calcutta, appelés « Bené Israël », s’établissent en Birmanie. Ils sont rejoints par des Juifs de Cochin. Plus tard, d’autres Juifs débarquent eux aussi en Birmanie, venant d’Irak, d’Europe et même de Palestine. Une communauté se structure autour de marchands spécialisés dans le commerce du riz, du coton et de l’opium. Il faut attendre 1896 pour que soit édifiée la première sy-

Par Jean-Pierre Allali

La synagogue Musmeyah Yeshua de Rangoon.

nagogue à Rangoon, Musmeyah Yeshua. Des familles juives n’hésitent pas, à cette époque, à s’installer dans d’autres villes du pays : Mandalay, Maymyo, Moulmein, Bassein, Akyab ou encore Toungyi. Une autre synagogue sera construite à Rangoon au début du 20ème siècle. Dans les années trente, sous l’autorité de David Sopher, la communauté juive est à son apogée avec quelque 2500 membres. Des noms demeurent dans le souvenir et dans les livres : le Juif Goldenberg, d’origine roumaine, « roi » du marché du tek et le Galicien, Salomon Reineman, dirigeant des comptoirs de fournitures à l’armée britannique. Sans oublier Juda Ezekiel, qui fut maire de Rangoon et dont une rue du centre-ville a porté le nom. La Seconde Guerre mondiale va hélas sonner le glas de cette belle communauté. En 1942, les Japonais envahissent la Birmanie. Considérés comme favorables aux Britanniques et donc ennemis du Japon, allié des Nazis, les Juifs prennent peur. La moitié de la communauté, quelque 1200 âmes, choisit l’exil en s’installant à Calcutta. Seuls 500 d’entre eux reviendront en Birmanie après la Guerre. Indépendante en 1948, la Birmanie est le premier pays asiatique à reconnaître jeune État d’Israël. En 1953, une mission diplomatique israélienne s’installe à Rangoon. Elle sera transformée en ambassade en 1957. La communauté juive respire et s’apprête à renaître au grand jour. C’était trop beau pour durer. En 1962, une junte militaire dirigée par le général Ne Win prend le pouvoir à la suite d’un coup d’État. Les commerces sont nationalisés, les minorités et les étrangers menacés. La majorité des Juifs, à nouveau, choisit l’exil. La plupart se retrouvent en Israël, aux États-Unis et en Australie. En 2017, les Juifs birmans ne sont plus qu’un souvenir : quelques familles, une vingtaine de personnes. Bien que depuis 1965, il n’ y ait plus d’office régulier à la synagogue Musmeyah Yeshua dont le dernier rabbin a émigré en 1993, celle-ci continue, de nos jours, d’être une attraction touristique très prisée. Classée monument historique, elle est répertoriée comme l’un des 188 sites intéressants du pays. En visite à Rangoon en 2011, Hillary Clinton, alors secrétaire d’État a demandé à la visiter. En quittant le pays, les Juifs, outre leurs synagogues, ont été amenés à abandonner leur cimetière avec plus de 700 sépultures. Situé en centre ville, ce cimetière est visé par des plans de réaménagement urbain et ce n’est que grâce à un ministre juif au temps de la junte militaire, David Abel, que ce cimetière, désormais fermé, a été provisoirement conservé. Il était une fois, des Juifs en Birmanie.

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Hevron Sheli DOSSIER SPÉCIAL

ILS RACONTENT LEUR VIE À HEVRON

Shabbat Hayé Sarah met un coup de projecteur sur les habitants de Hevron et de Kiryat Arba, qui ouvrent avec joie leurs maisons aux nombreuses personnes qui viennent célébrer l'anniversaire de l'acquisition du Caveau des Patriarches. LPH est allé à la rencontre de quelques-uns de ces amoureux de Hevron, qui n'échangeraient leur place pour rien au monde. Nous avons voulu savoir ce qui les a amener à choisir ce lieu de résidence, comment ils y vivent au quotidien et quelle passion les maintient dans cet endroit ô combien unique mais au cœur de disputes et de violences, hélas. Habitant de Kiryat Arba depuis 35 ans

YITZHAK MARCIANO Ne l'appelez par Yitzhak, mais ''Yitzhak de la Meara"! En effet, s'il vit à Kiryat Arba depuis 35 ans, il passe en réalité le plus clair de son temps à la Mearat Hamakhpela. Nous lui demandons pourquoi il a choisi de venir s'installer à Kiryat Arba: "Pour rejoindre mes parents'', nous dit-il. Et vos parents y étaient depuis longtemps? "Oui, depuis environ 3700 ans!". Le ton est donné! Yitzhak ne conçoit pas de vivre éloigné de nos Pères et de nos Mères. Pour lui, c'est un ''mérite'' de pouvoir être quotidiennement près d'eux. ''Ce choix de vie a été naturel", nous raconte-t-il, ''J'ai passé un Pessah à Kiryat Arba, j'ai eu l'occasion de m'y promener, de respirer l'air de Hevron et immédiatement, j'ai su que c'était mon endroit". Si Kiryat Arba est Hevron dans le texte biblique, Yitzhak l'a pris au mot. "Depuis 18 ans maintenant, je suis chez Papa et Maman tous les jours". Il s'occupe d'une institution à la Meara: les Kollelim Nahalat Avraham ou Shmouel. "Nous avons des avrehim qui étudient chaque jour: je me préoccupe qu'ils ne manquent de rien. Je suis en charge des activités de cette institution mais aussi du minyan fixe de minha et arvit chaque jour". Et le personnage n'a pas fini de vous surprendre: lorsque le 7 juillet dernier, l'UNESCO adopte une résolution qui dénie le lien du peuple Juif avec la Meara, Yitzhak se réjouit… Etrange pour une personne si attachée à ce lieu? Il nous répond tout en douceur: "La semaine de cette décision, nous lisions la parachat Balak. La mise en perspective 24 | N° 53 DECEMBRE 2017 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH

de cette décision avec la paracha nous livre un message extraordinaire. Le conseil de l'UNESCO compte 21 Etats membres. Dans cette paracha, Bilam construit 21 autels pour maudire Israël. Tout le monde sait qu'au lieu de malédictions, ce sont des bénédictions qui sont sorties de la bouche de Bilam, le prophète envoyé par Balak. Le message que j'y ai vu est que peu importe les décisions de l'UNESCO, à la fin, ce sont toujours des brahot qui nous sont envoyées!". Yitzhak veut aller encore plus loin dans son témoignage d'amour envers nos Pères et nos Mères: ''A l'occasion des 18 ans des Institutions de Nahalat Avraham ou Shmouel, je souhaite que tous les enfants d'Israël écrivent un Sefer Torah pour leurs parents à Hevron. Nous lancerons donc ce Shabbat Hayé Sarah, une campagne pour l'achat de lettres dans ce Sefer Torah par tous les Juifs". Il veut ainsi répondre à ces Messieurs, Dames de l'UNESCO, mais aussi créer un lien permanent entre les parents et les enfants du Am Israël.

Pour aller plus loin: Facebook: hevron-mearat hamakhpela Site internet : www.hevron-mearat-hamakhpela.org Email : yitzhak-meara@013.net Habite à Kiryat Arba depuis 20 ans

VALÉRIE MIMOUNI ''Je ne peux pas vous dire pourquoi, les gens nous disent parfois que nous sommes fous! Mais honnêtement, je ne peux pas l'expliquer''. Voilà la réponse de Valérie lorsque nous lui demandons


Par Guitel Ben-Ishay pourquoi après une alya de Paris et 9 mois de vie à Jérusalem, elle et son mari Yaïr, ont décidé de s'installer à Kiryat Arba. Construire le pays, vivre au plus près de nos racines, tout cela était une évidence pour eux. "Si nous ne sommes pas là, alors ce sont nos ennemis qui viendront s'y installer!''. Ils n'ont donc pas eu la moindre hésitation: c'est à Kiryat Arba-Hevron qu'ils se sentent le mieux, pas question d'envisager autre chose. ''Nos enfants en grandissant ont compris l'importance et la force du lieu où nous habitons. Aujourd'hui Hevron c'est leur oxygène!". Ce qui caractérise Kiryat Arba? Valérie nous répond tout de suite: ''Une porte toujours ouverte, une grande famille. Même si nous savons que des dangers nous entourent, nous sommes convaincus que c'est le meilleur endroit où vivre". D'ailleurs, pour Valérie, c'est bien le lieu idéal pour éduquer des enfants: ''Ils y apprennent de belles valeurs et y puisent beaucoup de force". A vrai dire, Valérie et Yaïr sont des personnages incontournables de Kiryat Arba puisqu'ils se distinguent par leur dévouement pour les personnes nécessiteuses, (trop) nombreuses dans cette ville. Ils s'occupent de la branche francophone de l'association Hasdei Avot et y effectuent un travail remarquable. ''Tous ceux qui vivent ici sont imprégnés de hessed et d'amour envers leur prochain'', nous dit-elle modestement. Et la Meara? Ne perd-on pas l'émotion de s'y rendre quand on vit à côté? ''Mon mari s'efforce d'aller tous les jours y prier, tous les habitants de Kiryat Arba s'y rendent régulièrement, en semaine comme le Shabbat. Pour ma part, je travaille dans un magasin au pied de la Meara. Je rencontre beaucoup de visiteurs juifs et non-juifs et je vais prier tous les jours à la Meara. L'émotion est toujours au rendez-vous parce que chaque jour est différent ici''. En parlant de jours différents: à l'approche de Hayé Sarah, que ressentez-vous? ''Beaucoup de joie! Toute l'année, les rues sont calmes et il manque un peu d'ambiance! Ce Shabbat Hayé Sarah, nous recevons chez nous 30 personnes, les gens ouvrent leurs maisons, les écoles se transforment en dortoirs, une tente est dressée devant la Meara. L'ambiance est incroyable! Il faudrait renouveler l'expérience plusieurs fois dans l'année!". Habite Hevron depuis 15 ans

AHOUVA OHAYON Le chemin vers le quartier d'Avraham Avinou du Yishouv juif de Hevron n'a pas été direct pour Ahouva et sa famille. Mais il était écrit que c'était là qu'ils devaient vivre et Ahouva l'a toujours su. Célibataire, elle vient à Jérusalem

et intègre le séminaire Maayanot de Manitou, z''l. ''Au bout de quinze jours, je savais que je voulais faire mon alya'', se souvient-elle. La première étape est en marche et se concrétise: Ahouva fait son alya parachat Leh Leha! Cinq ans plus tard, elle rencontre Yossef, un Juif de Reims, qui lui aussi était monté et voulait s'installer à Jérusalem. ''Mais le Rova Hayeoudi où j'habitais était trop cher". Le couple a alors l'occasion de passer un Shabbat à Hevron. A l'époque, Chalom Wach leur parle de maisons disponibles à Kiryat Arba. Ahouva et Yossef se décident très rapidement. ''On se sentait déjà chez nous". Mais, à vrai dire, c'est le quartier d'Avraham Avinou, au cœur de Hevron qui les attire le plus. Par manque de place, le Yishouv juif ne peut à ce moment, accueillir une nouvelle famille. La famille Ohayon part s'installer dans une grande maison à Maon, un yishouv au sud de Hevron. "Nous avions alors quatre enfants, ils voulaient tant revenir à Hevron. Mais nous pensions que nous vieillirions à Maon''. Mais comme on dit, le cœur de l'homme est le siège de beaucoup de pensées, mais au final c'est la volonté de D'ieu qui s'accomplit. ''Mon mari était kablan, et il cherchait une maison à Hevron pour un riche acquéreur. Ce n'était pas une mission facile mais il a trouvé. Finalement, la personne n'en a pas voulu, elle trouvait le prix trop élevé. J'ai eu l'idée d'appeler une personne qui m'était très chère et je lui ai parlé de cette maison. Elle m'a dit sans hésiter qu'elle voulait l'acheter et que nous habiterions dedans"! La famille Ohayon passe encore par un retour provisoire à Maon avant de s'installer définitivement, il y 15 ans dans le quartier d'Avraham Avinou, à Hevron. ''C'est là que nous devons être. Nous vivons tout à fait normalement'', nous précise Ahouva lorsque nous évoquons les problèmes sécuritaires de la région. ''Nous ne nous posons même pas la question'', même si, reconnait-elle, chacun de ses enfants vit à sa façon la vie dans un lieu où règne une atmosphère parfois tendue. ''Je prie presque tous les jours à la Meara. A Hevron, la foi s'exprime! D'ieu est avec nous, nous le sentons. Et nous avons une armée extraordinaire!". Cet amour de Hevron, Ahouva a envie de le transmettre, elle regrette que cette ville sainte ne soit pas davantage connue et visitée par les Juifs du monde entier. ''Il faut venir pour comprendre ce qu'est Hevron, c'est véritablement la porte du Paradis''. C'est ce qui a poussé Ahouva à transformer le haut de sa maison en zimmer. ''Mes aînées s'étant mariées, j'ai décidé de laisser la place aux visiteurs''. Comme le zimmer ne comprend pas de cuisine, Ahouva reçoit ses clients à sa table de Shabbat afin dit-elle ''de perpétuer la tradition d'Avraham Avinou". C'est avec émotion, qu'elle nous raconte qu'étant petite, sa mère en lui donnant les dernières cuillères de son assiette, égrenait les noms des Patriarches: ''J'ai toujours été entraînée vers ce lieu. Aujourd'hui, je sais que nous avons une mission pour tout le peuple d'Israël en vivant à Hevron. Le Shabbat Hayé Sarah en est une des plus belles expressions quand nous ouvrons nos portes à tous les enfants de notre peuple''. N° 53 DECEMBRE 2017 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH | 25


DOSSIER SPÉCIAL Habite Kiryat Arba depuis 25 ans

RAV MISHAËL RUBIN Le Rav Mishaël Rubin est un des enseignants de la Yeshiva historique Shavei Hevron. Quand il arrive à Kiryat Arba en 1992, il y voit un idéal. ''Pour nous, vivre ici revêtait un caractère particulier, c'était un grand mérite. Nous avions la possibilité de nous relier à nos racines, à la Torah, et de faire un pont entre notre passé, notre présent et notre avenir''. Le Rav Rubin et son épouse décrivent leur vie comme pastorale dans le yishouv de Kiryat Arba. "L'impression qu'ont les gens de l'extérieur est qu'il est compliqué de vivre à Hevron. Il est vrai que nos soldats et nos forces de sécurité accomplissent un fabuleux travail, mais nous vivons tout à fait normalement''. Nous nous étonnons que la Mearat Hamahpela attire beaucoup moins de visiteurs que le Kotel, malgré son impor-

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Par Guitel Ben-Ishay tance, elle aussi, primordiale dans notre héritage. Le Rav Rubin tente de l'expliquer: ''Le Kotel est effectivement l'un des endroits les plus saints de sa proximité avec le Beth Hamikdach. Si moins de gens viennent jusqu'à Hevron, c'est beaucoup parce que les médias en dressent un tableau sécuritaire qui fait au minimum hésiter et au maximum renoncer à venir prier à la Meara. La réalité est toute autre''. D'ailleurs, le Rav Rubin se félicite de croiser tous les jours des groupes de touristes, mais aussi de soldats ou d'écoliers qui viennent s'intéresser aux racines du peuple juif. Le Rav passe tous les jours par la Meara pour aller à la Yeshiva et s'y arrête au moins pour lire un tehilim près de la 7e marche à l'extérieur. ''Nous sommes en quelque sorte en mission ici'', estime-t-il, ''La Yeshiva en est une des expressions. Nous y formons des jeunes à l'amour de l'étude, de la Torah et du pays. Le public francophone sait de quoi je parle, puisque un bon nombre de ses membres soutiennent la Yeshiva, ne serait-ce qu'à travers le Yom Hevron annuel''. La Yeshiva recevra, comme chaque année une centaine de visiteurs pendant le Shabbat Hayé Sarah. Le Rav Mishaël Rubin nous confie attendre avec une joie non dissimulée ce rendez-vous où tout le peuple se retrouve.



A aron Yehouda Leib Steinman HOMMAGE

Par Guitel Ben-Ishay

LE RAV

zatsal

Peut-être est-ce le propre des grands de ce monde: ce n'est qu'à leur disparition que le grand public se rend compte de leur réelle dimension et de ce qu'ils ont apporté à leur génération. Le Rav Aaron Yehouda Leib Steinman, zatsal, était de ceux-là. Gadol Hador, chef spirituel de centaines de milliers de personnes, il a quitté ce monde le 24 kislev dernier, à quelques heures de la fête de Hanouka.

DE LA BIÉLORUSSIE À ISRAËL: UN JEUNE BRILLANT ET MODESTE

Le Rav Steinman est né, Aaron Yehouda Leib Steiman, en 1913 en Biélorussie. Elève au Talmud Torah de Brisk, il est très tôt considéré comme un ''ilouï'', un génie en Torah. Il sera donc admis à un âge prématuré à la yeshiva. Arrivé à l'âge d'être enrôlé à l'armée, il s'attendait à en être dispensé vu que son frère ainé avait effectué son service et que la loi stipulait qu'un seul garçon par famille devait être appelé sous les drapeaux. Il fut tout de même appelé. Il décide alors de changer son nom en Steinman et de faire croire qu'il est fils unique, autre raison d'exemption du service militaire. La tentative ne sera pas non plus couronnée de succès. Alors, le Rav Steinman s'exile en Suisse en 1937. Il étudiera à la Yeshiva Ets Haïm de Montreux sous la direction du Rav Yerahmiel Eliahou Botschko. Il échappera ainsi à l'extermination nazie qui a frappé sa famille en Europe de l'est. En 1943, il épouse Tamar Kornfeld lors d'une cérémonie qui réunira à peine 15 personnes, le Rav ayant refusé davantage d'invités puisque le mariage était financé par la tsedaka de la communauté. Le couple monte en Israël en 1945. En 1955, à seulement 42 ans, le Rav Steinman est nommé Rosh Yeshiva de la fameuse Yeshiva Poniowicz à Bné Brak. 10 ans plus tard, il sera aussi nommé directeur du Kollel de Poniowicz. En 1977, il fonde la yeshiva Gaon Yaakov, symbole de son implication pour l'éducation et la transmission de la Torah. En 1998, il fonde la Yeshiva Orehot Torah. Il dispense de nombreux cours dans ces établissements mais aussi dans différents endroits du pays et à son domicile qui était simple et vétuste. En 1988, à la création du parti politique Deguel Hatorah, le Rav Sha'h fait appel à lui pour devenir membre du conseil des Sages de ce parti. Il devient une voix influente et très écoutée mais pas uni-

UN RÔLE PUBLIC

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quement de ses disciples. Nombreux sont ceux qui défilaient au domicile du Gadol pour prendre ses conseils avisés ou demander une braha. Et le Rav ne faisait pas de différences et accueillait tout le monde avec respect. Ainsi, le créateur de l'unité ''Nahal Haredi'' se souviendra toujours du jour où il a reçu la bénédiction du Rav Steinman pour mettre sur pied cette unité destinée aux garçons religieux, y compris haredim. Il s'opposera d'ailleurs aux manifestations récentes et violentes d'un certain courant haredi contre l'enrôlement à l'armée. Une autre anecdote a retenu l'attention d'un grand nombre de personnes depuis sa disparition. A ces hommes puissants venus demander au Rav s'il fallait accepter dans leurs institutions des élèves de faible niveau ou venant de familles de niveau religieux différent, il répondit, avec un agacement non dissimulé que poser ces questions n'était autre que de l'orgueil!

FUIR LES HONNEURS

Cette injonction des Pirké Avot semble définir le Rav Steinman. Dans son testament, il demandera à être enterré avec les simples, à ne pas faire l'objet d'éloges funèbres. Il exhortera les siens à ne pas faire de dépenses inutiles pour sa pierre tombale et à ne pas l'appeler ''Tsadik''. Il déconseillera aussi de nommer les enfants d'après son nom. Une telle liste prouve, une fois encore, la modestie qui l'animait. Personne n'est resté indifférent à la lecture de ce testament, le jour de son enterrement. Ainsi, ce texte aura été partagé par des personnes pourtant éloignées du monde du Rav, comme les députés travaillistes Merav Mihaeli et Itsik Shmouli. C'est ce qui fera dire à la journaliste Sivan Rahav Meïr: ''Aussi étrange que cela puisse paraitre, le Rav Steinman est parti trop jeune. Avant qu'il n'ait pu encore davantage distiller cet héritage à la société israélienne''. ‫זכותו תגן עלנו‬ ‫יהיה זכרו ברוך‬



COACHING

d'Hyperactivité ? POURQUOI PARLE-T-ON AUTANT

Les enfants turbulents ont toujours existé alors pourquoi est-ce aujourd'hui LE SUJET à la mode en Israël? Il y a 30 ans ces enfants n'étaient pas diagnostiqués "hyperactifs" mais la réalité vécue par les parents étaient la même. Ce qui a vraiment changé ce sont d'abord les moyens technologiques qui ont évolué et qui permettent de poser un diagnostic plus précis et précoce. Puis, les mentalités ont changé. Aujourd'hui on parle librement des jeunes qui "dérangent" leur entourage. Les parents n'hésitent pas à consulter, non pas pour les stigmatiser mais parce qu'ils ont compris que les enfants pris en charge aujourd'hui seront demain des adultes plus heureux. Qui n'a pas assisté à un repas de famille où un enfant turbulent dérangeait? Le parent, en plus de se sentir gêné, doit alors souvent affronter des remarques et des conseils qu'il n'a pas demandés. "Il ne le fait peut-être pas exprès!", "Vous l'avez fait diagnostiquer?", " Et si ton enfant était hyperactif"? "Vous savez aujourd'hui la ritaline ça marche bien". Si le fait de mettre un parent et son éducation sur la sellette est improductif, il est juste de se poser les bonnes questions et de les partager avec un professionnel de la santé mentale. Celui-ci pourra faire de l'ordre entre les idées reçues et la réalité. Il analysera la situation au cas par cas et posera un diagnostic différentiel. Alors qu'en est-il exactement? Selon le profil du jeune qu'est- ce qui relève de l'enfant difficile ou du Trouble de l'Attention avec ou sans Hyperactivité (TDA/H)? Il est courant que des symptômes communs à plusieurs pathologies apparaissent. Un jeune qui bouge beaucoup, coupe la parole ou qui a du mal à se concentrer n'est pas forcément hyperactif. Or, un enfant atteint du TDA/H voit ses fonctions exécutives déréglées. Tout ce qui est nécessaire à un enfant normatif pour s'adapter à des nouvelles situations de la vie au quotidien: anticiper, s'organiser temporellement ou se concentrer sera difficile pour lui. Les causes principales de ce trouble sont donc neurologiques et non pas éducationnelles comme c'est le cas pour les enfants difficiles. Si le fonctionnement neurologique est déficitaire chez un enfant atteint du trouble de l'attention il faudra lui donner des outils pour surmonter ces difficultés. Cette aide adaptée se situe sur 3 niveaux: une thérapie individuelle qui redonnera confiance à l'enfant, une formation psycho-éducationnelle aux parents (leur expliquer de quoi souffre leur enfant et leur octroyer des conseils à appliquer à la maison), puis enfin, seulement quand et si c'est nécessaire, une thérapie médicamenteuse adaptée, avec un suivi indispensable du médecin traitant. 30 | N° 53 DECEMBRE 2017 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH

Il est important de ne pas oublier l'élément institutionnel, à savoir l'école dans laquelle étudie l'enfant qui doit être pris en compte. Orel, un enfant de 8 ans a été reçu en consultation avec ses parents. Il était décrit par les enseignants comme un enfant turbulent, insolent, incapable de se concentrer et très agressif avec les autres enfants. La question de l'hyperactivité s'est posée. Nous avons donc testé son impulsivité et un éventuel problème de concentration puis nous avons recoupé les données concernant l'enfant. Comment se comportait-il à la maison? Avec ses amis? Nous avons conclu que le problème était affectif. En effet, il semblait qu'Orel à la maison était très calme voir effacé et triste. Ni crise, ni problème particulier pour s'organiser ou se calmer. Il démontrait un manque de confiance en lui et une recherche constante d'attention. "Faire le zouave en classe" traduisait un désir d'être remarqué et embêter ses camarades était une main tendue pour être inclus. Nous avons donc crée pour lui un programme d'éducation incluant tous les acteurs de sa vie. Le professeur principal a particulièrement travaillé avec lui pour lui donner sa place et renforcer sa confiance en lui. Peu à peu Orel s'est mieux senti et ses rapports avec son entourage se sont améliorés. Le diagnostic doit donc reposer sur une multitude de facteurs. L'entourage est essentiel mais n'oublions pas d'écouter l'enfant, son ressenti. Lui seul pourra nous faire comprendre s'il est hyperactif. Si c'est le cas alors … nous verrons comment adapter le traitement. Deux exposés seront donnés prochainement à Modiin et Ashdod sur les thèmes de "L'enfant difficile, un mythe ou une réalité?" et "La médicamentation pour les enfants diagnostiqués "hyperactifs" est-elle l'unique solution? Samuel Tubiana, Psychologue scolaire 055-666-7288 Thérapeute enfants et adolescents, tubiana2@gmail.com

Bat-El Danous. Psychologue du développement pour Enfants et Adolescents, Thérapeute méthode ABA. 050-6255-992, batel2424@gmail.com


le potentiel ! COACHING

OSER DÉVELOPPER

DE MÊME DANS SON INSTITUT À JÉRUSALEM, LES ENFANTS TRISOMIQUES OU AUTISTES CONTINUERAIENT-ILS À RESTER PARQUÉS DANS DES GHETTOS ?

Il y en a qui réussissent à transformer ce potentiel en performances et d'autres non

A la maman de Rabbi Nahman Bar Yitshak, des astrologues (« kaldaï », i.e. ceux qui lisent dans les étoiles) avaient affirmé alors qu'elle était enceinte de son fils qu'il serait un voleur (traité talmudique shabbat 156 a). Pour contrarier cette prédiction funeste, cette sainte femme ne laissait jamais son fils la tête nue pour qu'il ait la crainte du ciel. Un jour, alors qu'il somnolait au pied d'un palmier, son couvre-chef tomba de sa tête. Il se réveilla et en ouvrant les yeux, il vit des dattes, n'écoutant que sa passion, il grimpa à l'arbre et il arracha les dattes avec ses dents. Cette histoire est racontée par la guémara pour illustrer l'idée qu'il n'y a pas de mazal (i.e. déterminisme) pour Israël, alors que justement elle reflète le fait que ce Nahman bar Yitshak n'a pu s'arracher complètement de son déterminisme. C'est que la guémara s'exprime souvent par

contradiction et/ou humour. En fait, et en y regardant de plus près, Rabbi Nahman bar Yitshak est un des auteurs les plus prolifiques, et on rencontre souvent sa pensée, son avis dans les arcanes du Talmud. Et on peut penser qu'il est devenu ce grand maître grâce au fait que sa mère insistait toujours pour qu'il se couvre la tête. Un jour, malencontreusement, son turban est tombé et alors il a succombé à ses penchants instinctifs de voler, mais on ne sait pas ce qu'il aurait pu devenir sans la prudence de sa mère de lui couvrir la tête pour qu'il ait la crainte du ciel. Et nous que serions-nous devenu sans la pratique des mitsvot qui nous servent de garde-fou? Le professeur Réouven Feuerstein s'est confronté à cette idée de déterminisme très tôt dans sa car-

Par Chaïm Binisti rière, alors qu'il sillonnait les camps de transit des enfants rescapés de la Shoah ou le Maroc en compagnie du professeur Alain Rey. Etait-il possible d'élever le niveau cognitif de ces milliers d'enfants alors que tout laissait à penser qu'ils étaient voués à un retard irrattrapable ? De même dans son institut à Jérusalem, les enfants trisomiques ou autistes continueraient-ils à rester parqués dans des ghettos ? Ce qui est devenu la méthode Feuerstein est en fait inspirée des milliers de cas de ces enfants qui grâce à la médiation ont pu s'arracher d'un certain déterminisme. Un de ces nombreux cas est celui d’un enfant juif américain diagnostiqué comme déficient mentalement. Il a été placé dans des établissements d’éducation spécialisée et donc s’est retrouvé au milieu de non-juifs au comportement très problématique, et s’en est trouvé inévitablement influencé. Son père est alors allé demander conseil au rabbi de Loubavitch, qui lui a recommandé de l’envoyer à Jérusalem chez le professeur Feuerstein. Placé chez une famille Habad, et à l’institut Feuerstein, il y fait de nombreux progrès, il y apprit entre autres à lire et s’applique à lire la totalité du livre de Téhilim en une semaine grâce aux recommandations du Rabbi. Après trois ans, ce garçon a quitté l’institut Feuerstein et petit à petit est devenu un adolescent paumé, fréquentant des milieux entre autres de drogue, dont très peu arrivent à s’en sortir. En ayant vent de cela, le professeur Feuerstein a contacté le rabbi de Loubavitch qui lui a dit d’intervenir pour le sortir de là. Avec plusieurs autres personnes, ils ont réussi à le sortir des griffes de ce milieu nocif, et à le faire réintégrer un style de vie plus conforme à la morale juive. Et il est aujourd’hui un père de famille de quatre enfants, dont deux étudient à la yeshiva. De ces cas observés sur le tard, le professeur Feuerstein a fait un axiome de base : il y a en chacun de nous un potentiel extraordinaire de changement qui vise à se surpasser et donc à dépasser un certain déterminisme fixé par les gènes ou notre environnement ambiant. Il y en a qui réussissent à transformer ce potentiel en performances et d'autres non. La responsabilité nous incombe à toujours faire partie du premier camp ! Chaim Binisti Formation Méthode Feuerstein en français. Tél: 054 566 54 67

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UN RÉSUMÉ DE LA SIDRA : VAYIGASH

Par Michel Bensoussan

Yossef, vice-roi d'Égypte, menaçait de garder prisonnier Benyamin son jeune frère, en laissant partir les autres frères. Yehouda, qui montre une fois de plus son sens des responsabilités, s'avance (Vayigash) vers Yossef. Il réussit à briser le cœur de Yossef, qui éclate en sanglots et se dévoile à ses frères. Le vieux père Yaakov et toute sa famille quittent la terre de Canaan vers le pays d'Égypte où ils resteront plus de 200 années.

Première montée: Yehouda s'avance vers Yossef. Il lui raconte le déroulement des événements depuis leur début. L'injustice est flagrante. On accuse les frères de crimes qu'ils n'ont pas commis. Ils ne sont ni des espions ni des voleurs. De plus, en terre de Canaan, leur père Yaakov les attend et il ne supporterait pas de perdre un autre enfant, Binyamin .Il pourrait mourir de chagrin.

Deuxième montée: Yehouda explique qu'il est garant devant son père de Binyamin. Il est prêt à s'offrir en esclavage à la place de Binyamin. Depuis la vente de Yossef par ses frères, nous assistons à un véritable revirement de l'attitude des frères. Yossef est parvenu à ses fins : les frères se sont réellement repentis. Ils sont à présent porteurs de la valeur suprême indispensable à la cohésion du peuple d'Israël : la fratrie. Yossef éclate en sanglots et se dévoile à ses frères. "Je suis Yossef votre frère… Mon père est-il encore vivant ?" Il ne ressent ni rancune ni colère envers eux. Il les invite au contraire à venir s'installer en Égypte sous sa protection, pour traverser au moins les cinq années de famine restantes. Troisième montée: Yossef console ses frères : "C'est Dieu qui a dirigé tous ces événements". Il leur promet la terre de Goshen en Égypte. Ils peuvent venir y habiter accompagnés de leur père. Les frères s'embrassent et pleurent. Pharaon donne son aval à la venue des Hébreux en Égypte et leur en promet le meilleur (!).

Quatrième montée: Yossef donne à ses frères des caravanes qui les aideront à déménager. Il leur offre aussi de nombreux cadeaux. À la vue des génisses que lui a envoyées Yossef, Yaakov reconnaît

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que c'est effectivement de sa part (la dernière fois qu'ils s'étaient vus, Yaakov et Yossef étudiaient en effet une loi concernant une génisse ! L'allusion est claire, car Yossef seul savait cela !).

Cinquième montée: Yaakov décide de descendre en Égypte pour voir son fils chéri, Yossef. Arrivé à Béer Sheva, Yaakov implore l'Éternel. Peut-il quitter la terre de ses ancêtres ? Dieu lui explique qu'il doit le faire. Ce n'est qu'en esclavage que ses enfants deviendront un peuple qui appréciera la liberté. Yaakov, en tant que patriarche d'un peuple libre ne subira pas, lui, l'esclavage. Forts de ces bénédictions, Yaakov et sa famille continuent leur descente vers le sud, vers l'Égypte. En énumérant tous les membres de la famille, la Torah les dénombre : ils sont 70 âmes, comme les 70 nations de la terre. Sixième montée: Yossef, accompagné de la garde royale, vient accueillir son père à Goshen. Ils s'embrassent et pleurent. Il conseille à ses frères de déclarer au Pharaon qu'ils sont bergers. Ce métier étant considéré comme une abomination par les Égyptiens, ils auront ainsi la garantie d'être acceptés et de pouvoir vivre séparés des autres. Yaakov lui-même rencontre Pharaon et le bénit.

Septième montée: La famille de Yossef s'installe dans la contrée de Ramsès. Ils sont nourris par Yossef, qui poursuit sa réforme économique. Il profite de la famine pour faire acquérir par Pharaon toutes les terres, puis les animaux, et enfin les Égyptiens eux-mêmes s'offrent en esclavage à Pharaon en échange de la nourriture que leur vend Yossef. Seuls les prêtres égyptiens sont épargnés par cette réforme. Les Bné Israël, eux, prospèrent en Égypte.


Patrick Petit-Ohayon

Propos recueillis par Magali Barthès

CULTURE

RENCONTRE AVEC

« LA TÉCHOUVA EST UN PROCESSUS DE PROGRESSION TRÈS NATUREL »

Directeur de l’Action scolaire du FSJU et Directeur Général du Campus-FSJU il consacre son dernier livre, « Retour vers le jardin d’Eden » (1), à la Téchouva. Il y souligne l’importance du repentir individuel dans le cheminement global de l’humanité.

(1)

Editions Lichma. Collection Vivre le judaïsme. (2) Le Saint-Béni soit-il.

Lev Haïr - LPH : Ce livre a-t-il suscité beaucoup d’intérêt auprès des jeunes ? Patrick Petit-Ohayon : « Oui, mais pas forcément dans le milieu scolaire. En revanche, le livre a reçu un bon accueil chez les étudiants et dans la communauté de manière générale, la tendance actuelle étant à la reconsidération du concept de Téchouva. Aujourd’hui, la culpabilisation ne marche plus : insister sur la faute incite à l’opposition, c’est clair au niveau éducatif notamment. La Téchouva est un processus de progression, naturel aussi chez les plus grands Tsadikim, même si leur registre de « réparation » est très différent du nôtre ».

du monde actuel avec le réchauffement climatique ne repose-t-elle pas moins sur une Téchouva individuelle que globale ? P. P-O : « Tout le monde est concerné, mais lorsqu’on n’est pas opérateur direct on peut croire n’avoir aucun effet. Ce qui n’est pas juste car c’est l’accumulation des changements individuels qui fait masse. En revanche, certains décideurs peuvent être pervertis par différents intérêts et les décideurs susceptibles de changer le système sont trop peu nombreux ».

Lev Haïr - LPH : Dans le monde ancien l’Homme était tenté par des besoins matériels. N’est-ce pas d’autant plus le cas aujourd’hui ? P. P-O : « Complètement. A l’époque talmudique, la grande tentation était l’idolâtrie, puis cela a été l’argent. Aujourd’hui la forme de ces tentations a changé, mais c’est bien la capacité de l’Homme à résister à ses tentations qui ne s’est pas renforcée. De nos jours, l’image de soi est essentielle, il faut être visible pour avoir le sentiment d’exister, et celui qui n’a pas de compte Facebook peut avoir l’impression de ne pas exister ».

Lev Haïr - LPH : Peut-on appréhender les conditions du retour au jardin d’Eden ? P. P-O : « Tout est une question de temps. Le pire des scénarii serait celui d’une génération entièrement coupable. Il ne faudrait pas que le compte-à-rebours des 6000 ans soit arrivé sans que l’Homme n’ait suffisamment avancé pour accéder au jardin d’Eden. A ce moment-là, il reviendrait à Haqadoch Baroukh Hou (2) d’utiliser le temps imparti à l’Homme pour stopper cette marche négative. Nous sommes dans une génération intermédiaire, ni entièrement coupable, ni entièrement méritante. C’est notre mission de peuple juif que d’être acteur de cette dynamique pour arriver au Jardin d’Eden le plus tôt possible. Pour cela il faut encore s’améliorer ».

Lev Haïr - LPH : Les leçons de la Torah s’ancrent parfaitement dans la vie actuelle. Les juifs sont-ils plus susceptibles de parvenir au repentir que d’autres peuples ? P. P-O : « Dans la culture juive, un échec n’est jamais définitif, c’est un moyen d’avancer en le comprenant. Le droit à l’erreur passe par la prise de conscience et s’accompagne d’une démarche de reconstruction. Chaque personne a son histoire dont elle est responsable et dont elle doit tenir compte pour progresser. Cette particularité n’est pas partagée par toutes les cultures ».

Lev Haïr - LPH : Téchouva globale et Téchouva individuelle sont liées mais la survie

Lev Haïr - LPH : L’objectif de ce livre n’estil pas aussi de démythifier les interdits ? P. P-O : « Il ne s’agit pas de démythifier les interdits mais d’essayer de comprendre leur sens, de lutter contre l’impression d’un effet magique de l’interdit, proche de l’idolâtrie, de non prise de responsabilité. L’interdit n’a de sens que dans un système global dont l’intégration permet de diriger nos vies. On s’engage avec confiance dans la loi car même si on ne comprend pas tout de la substance de la loi, les actes que l’on accomplit, le refus de la transgression, participent à la construction d’un monde de sens. Les lois sont là pour nous permettre de nous élever vers D. ».

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Du changement à l'horizon ?

COTÉ PSY

C'est le concept sur lequel reposent les succès économiques des sociétés AirBnB, Uber, BlaBlaCar, ou autres plateformes de crowdfunding (financement participatif) comme par exemple MyMajorCompany. Il y a aujourd'hui floraison d'idées pour faire collaborer les gens sur une pléthore de supports. Même le bon vieux troc revient à la mode, et des sites internet se développent à grande vitesse où des groupes vantent les mérites de s'associer ensemble sur tel ou tel projet. On peut même supposer que l'envie de collaborer a participé grandement à l'essor des réseaux sociaux, puisque les gens s'échangent par leurs biais, des conseils, des bonnes adresses, des vœux, et la liste n'est pas exhaustive. Donc on pourrait penser qu'enfin tout est parfait dans le meilleur des mondes ? Pourtant, dans ces sociétés occidentales, l'homme ne paraît pas si différent que ce qu'il était avant l'ère du numérique. Encore, l'individualisme bat son plein, et il reste plus que nécessaire de développer cette capacité de savoir partager avec les autres nos expériences de vie. Dans les grandes villes, des centaines de personnes peuvent vivre dans le même immeuble, sans même se connaître. Le besoin naturel qu'a un homme de partager ce qu'il vit, va en s'amoindrissant et les gens préfèrent de plus en plus éviter les différents modes de contacts qu'ils pourraient avoir. Il y a des sociétés (appelées traditionnelles) où les interconnections humaines sont non seulement cognitives (capa34 | N° 53 DECEMBRE 2017 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH

Par Chaïm Binisti cité à penser), et également émotionnelles mais aussi jusqu'à être sensorielles, cette nécessité de se toucher, et même de se caresser. Evidemment ces relations jouent un rôle majeur dans la vie des personnes. Lorsque nous enseignons la méthode Feuerstein, nous la situons véritablement comme une réelle philosophie de vie. Pour le sujet qui nous intéresse ici, il s'agit de travailler avec une certaine médiation qui est appelé « Comportement coopératif ». Ce paramètre de médiation vise justement à nous restituer cette capacité qu'on est censé avoir, à pouvoir rencontrer naturellement notre prochain, et à véritablement apprendre à se rapprocher de lui, pour essayer de créer une relation harmonieuse. Et on a vraiment tous besoin de renforcer cette capacité-là, à se comporter de façon coopérative. Si vous faites le tour de vos amis / connaissances, combien de ces relations sont le fruit d'une vraie envie de connaître cet autre-là ? La grande majorité de ces relations sont dues à nos environnements scolaires (pour les plus jeunes), de travail, de communautés, de groupes quel qu'ils soient. Combien de gens rencontrés ici ou là nous ont intéressés (pour le moins) par leur manière d'être, et puis … ? Plus rien, aucune relation ne s'est tissé ! Ceci certainement par timidité qui est l'expression du manque de ce comportement coopératif devenu si rare. Lorsque nous animons des ateliers, nous prévenons que ce n'est pas une conférence, que c'est « interactif », nous voulons faire fuir l'apathie qui nous guette tous. Et nous insistons par différents outils pour que tous coopèrent et que chacun donne son avis. C'est ainsi que nous devenons plus vivants, non seulement en s'enrichissant de chacun mais aussi en se montrant plus actifs dans nos vies respectives. Une tradition ne dit-elle pas que chaque personne doit révéler une face cachée de la vérité, et que si elle ne le fait pas, personne d'autre ne pourra la dévoiler à sa place ? Ainsi en renforçant cette capacité, nous nous développons personnellement mais nous participons certainement à éclairer un peu plus l'horizon ! Chaim Binisti Formation Méthode Feuerstein www.ims-feuerstein.com Tél : 0545665467



Avoir la force de la volonté SANTÉ / BIEN-ÊTRE

LA CLÉ DE LA RÉUSSITE

Elle est coach diplômée depuis 10 ans, notamment en amaigrissement. C'est pour elle une vocation depuis jeune: aider les autres à s'accomplir. L'histoire personnelle de Noa Lévi, 33 ans et mère de deux enfants, a aussi joué un grand rôle dans ce choix professionnel. Son histoire et ses conseils gagnent à être découverts.

Le P'tit Hebdo-Lev hair: Comment avez-vous pris la décision de devenir coach? Noa Lévi: J'ai toujours été tournée vers l'aide aux personnes qui m'entouraient. Je faisais du conseil avant même que cela ne devienne mon métier. Lorsque j'ai fini mon service militaire, j'ai créé et développé un groupe de soutien gratuit pour les personnes qui souhaitaient maigrir. Je souffrais moi-même d'un important surpoids et j'étais donc motivée pour m'aider moi-même ainsi que les autres. J'ai mis au point un encadrement de qualité et j'ai commencé à approfondir le sujet de l'alimentation et surtout du processus émotionnel qui l'accompagne. Nos rencontres étaient réparties entre des séances de conversations et d'acquisition de capacités à se maitriser et d'autres à des activités sportives. Notre groupe a très bien réussi. Personnellement, j'ai perdu 60 kilos et pour les autres membres du groupe les résultats étaient similaires. Dès que nous avons fini ce travail, j'ai décidé d'aller étudier pour devenir coach personnel et de groupe au sein de l'institut pour la formation de coach Alon Gal.

LV-LPH: Dans quels domaines exercez-vous votre activité de coach. Existe-t-il des points communs entre ces différents domaines? N.L: Pendant cinq ans, je me suis consacrée aux personnes et aux groupes pour des programmes d'amaigrissement. En fait, le travail sur le terrain m'a appris que le coaching ne peut pas se limiter à un seul domaine. Derrière chaque personne qui venait me voir pour maigrir, se trouvait une histoire qui touchait à tous les domaines de la vie: couple, affaires, rôle de parents, etc. Souvent, pour pouvoir perdre du poids, nous devions travailler justement sur ces domaines. J'ai bien trouvé un dénominateur commun à tous ces domaines: la force de la volonté. Les personnes qui viennent me consulter veulent absolument maigrir, gagner plus d'argent, être mieux organisés, savoir gérer les crises personnelles et professionnelles de la meilleure des façons, sentir qu'ils 36 | N° 53 DECEMBRE 2017 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH

maitrisent l'éducation de leurs enfants, etc. Mais qu'en est-il de la force? Ceux qui réussissent dans toutes ces démarches, sont ceux qui ont la force, c'est-à-dire ceux qui parviennent à se bouger, ce qui savent augmenter leur motivation. Aujourd'hui que ce soit pour maigrir ou pour autre chose, je me concentre sur ce point particulier avec mes clients. On peut, grâce à différentes techniques, augmenter cette capacité personnelle et son niveau de motivation. Cette approche permet de développer son autonomie, d'atteindre ses objectifs en accomplissant les missions demandées et ainsi obtenir des victoires dans de nombreux aspects de la vie. Ces cinq dernières années, je donne des conférences, je suis des groupes de soutiens, des formations professionnelles, toujours dans cette optique d'associer la force nécessaire à la volonté.

LV-LPH: Qu'est-ce qui caractérise les personnes qui veulent maigrir? N.L.: Très bonne question. Le marché de l'amaigrissement tente souvent de proposer des solutions qui sont constituées par des menus, des notions approfondies sur les qualités nutritives de chaque aliment et des recettes allégées en calories. Ceux qui sont passés par là, vous diront qu'ils sont devenus des experts en la matière mais pas forcément des personnes avec un poids correct… La caractéristique principale d'une personne qui souffre de surpoids et qui a besoin d'accompagnement professionnel, est l'incapacité de concentrer son énergie, de faire les activités nécessaires pour favoriser la perte de poids et un mode de vie sain sur du long terme. Notre corps fonctionne suivant des programmes automatiques qu'on lui inculque pour économiser de l'énergie. Or que se passe-t-il lorsqu'on a entré un programme erroné et dommageable et que l'on n'arrive pas à sortir de cet automatisme pendant plus que quelques jours ou quelques semaines? L'accompagnement professionnel permet de transformer cette attitude automatique en une attitude consciente et voulue, en adaptation avec son mode de vie.


LV-LPH: Qu'est-ce qui est le plus important dans un processus d'amaigrissement? N.L.: Le plus important est de comprendre que la victimisation est un comportement ''compensatoire''. Quand je me sens désemparé, je peux prendre encore un autre carré de chocolat, parce que je suis triste ou me servir une troisième fois parce que je suis stressé. Il faut bien comprendre que ce comportement est motivé par le gain et non par la perte. Je gagne encore une bouchée quand je suis victime et j'ignore la perte pour ma santé et les conséquences sur mon poids, au moment de l'action. C'est pour cela que les personnes qui sont en surpoids, regrettent avoir mangé après l'avoir fait. Là encore un accompagnement permet de mettre un terme à cette attitude néfaste.

LV-LPH: Qu'est-ce qui est le plus difficile? N.L.: Dans notre monde agressif, rapide, avec des applications qui facilitent la vie, la nourriture rapide, les solutions miracles, des conseils à un shekel dans des programmes de télé-réalité, qui ne reflètent en rien la réalité – la chose la plus difficile dans le processus d'amaigrissement, est de comprendre que notre corps et notre âme, en tant que créations de D'ieu, sont complexes et merveilleuses: ils ne se laissent pas convaincre par des manipulations douteuses. Ceux qui veulent faire un vrai changement, en profondeur dans leur vie, doivent comprendre qu'il s'agit d'une véritable introspection et qu'il faudra être fidèle à ses principes et non à ceux fallacieux que l'on trouve sur FaceBook. Si l'on parvient à créer autour de soi un environnement sain et que l'on sait mettre en avant sa vérité intérieure, alors on découvre un monde de réussites authentiques, d'échecs doux, de joie profonde et stable, de sensations pleines de sens et inégalables. LV-LPH: Comment peut-on transformer ses échecs dans ce long processus d'amaigrissement en réussites futures? N.L.: J'emploierai une métaphore pour répondre. Imaginez

Par Guitel Ben-Ishay

une montagne. Notre objectif se trouve au sommet de cette montagne. Par quel côté de la montagne est-il préférable de grimper? Si nous choisissons la partie plate, qui contourne la montagne, nous n'arriverons jamais au sommet: cela symbolise ceux qui n'essaient jamais. Ils ont une vie plate, sans aucune prise de risque et donc sans intérêt. Si nous essayons de grimper par le chemin le plus pentu et le plus court, en ligne droite jusqu'au sommet, il y a de fortes chances pour que nous glissions jusqu'en bas à chaque tentative. Ce chemin représente ceux qui se concentrent uniquement sur l'objectif tout en ignorant ses propres données physiques et mentales et celles de ses proches. Au bout du compte, ils glisseront tout en bas à leur point de départ. La descente est alors raide et accompagnée d'une immense déception. Maintenant, imaginons un parcours qui arrive au sommet avec des reliefs. Ceux-ci nous serviront de points d'accroche pour nos pieds. Si nous observons ce chemin comme un graphique, nous constaterons que dans l'ensemble, nous montons toujours, jusqu'au sommet, et ce, même si le parcours contenait quelques descentes. Nous avons ici une personne qui comprend que pour être certain d'arriver au sommet, il doit parfois monter, parfois aussi descendre. Il comprend que ces descentes ne sont qu'en fait des points d'accroche pour poser ses pieds et continuer à monter, des points d'arrêt et de repos. Ce sont des opportunités pour se remettre en question et ainsi éviter de glisser jusqu'en bas. Si nous glissons, ce ne sera que de quelques mètres et le prix à payer ne sera pas élevé. Il n'y a pas de démarches réussies sans échecs. C'est le plus beau des chemins. De grandes notions se cachent dans nos moments de faiblesse, on peut y contempler les différentes vues qui nous accompagnent sur notre chemin vers le sommet de la montagne, là où se trouvent nos rêves et nos objectifs. Noa Lévi, coach personnel et de groupe 050-4799702 • Noalevi.project@gmail.com

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Micky Meppen

Par Guitel Ben-Ishay

SANTÉ / BIEN-ÊTRE

VOIR LE RÉGIME COMME UN PRIVILÈGE

Micky Meppen est coach minceur depuis une dizaine d'années. Son expérience lui permet aujourd'hui d'être une observatrice de référence sur le processus d'amaigrissement, ou pourrait-on dire sur les régimes. Elle analyse pour LPH ce qui fait une perte de poids réussie et durable.

Le P'tit Hebdo-Lev hair: Qu'est-ce qu'un coach minceur? Micky Meppen: Je dirige des groupes de soutien pour des femmes qui veulent maigrir. Je leur enseigne les notions d'une alimentation saine et les encourage dans leur démarche. En réalité le régime est une question d'endurance, et donc de motivation. Tout mon travail se situe à ce niveau.

LV-LPH: Pourquoi est-ce si difficile de perdre du poids et de se maintenir lorsqu'on y est enfin parvenu? M.M.: 90% des personnes qui grossissent se servent de la nourriture pour couvrir leurs émotions. C'est pour cela qu'il peut sembler si difficile de perdre du poids. La perte de poids ne se résume pas à un calcul de calories, même si cela entre en compte. Il convient de travailler sur ses émotions pour avancer avec elles. Le travail en groupe est important à ce niveau. Et en effet, il est indispensable de continuer à être suivi pour ne pas reprendre tous les kilos perdus. Chez moi, chaque personne décide du poids qu'elle veut atteindre. Quand l'objectif est rempli, elle continue régulièrement à venir (gratuitement), parce que sans cela, il est très difficile de se maintenir.

LV-LPH: La seule évocation du mot "régime" a un effet décourageant, non? M.M.: C'est parce que nous ne regardons pas les choses sous le bon angle. Un régime est un privilège, celui d'apprendre une autre forme d'alimentation. On apprend alors à l'apprécier et non plus à le vivre comme une contrainte. Souvent les maris de mes clientes sont heureux que leur femme fasse un régime, non pas parce qu'elles perdent du poids, mais parce qu'ils me disent qu'enfin, il y a à manger à la maison!

LV-LPH: Il est tellement plus facile de s'acheter un bourekas, au milieu de sa journée de travail, que de se préparer un petit plat la veille… M.M: C'est vrai, c'est une démarche qui demande un véritable investissement. Mais comment faisions-nous en France quand nous n'avions pas autant de possibilités pour manger 38 | N° 53 DECEMBRE 2017 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH

APRÈS

AVANT

cacher? Et puis, finalement, on prend beaucoup de plaisir à se préparer à manger, à varier les recettes et les plaisirs.

LV-LPH: Depuis dix ans que vous exercez, constatez-vous que le surpoids est un mal de plus en plus répandu? M.M.: C'est incontestable. Les gens ne parlent que de ça! Je reçois beaucoup de personnes qui ont des problèmes de santé, liés à ce surpoids, mais aussi des jeunes filles et même des enfants!

LV-LPH: Ce sont plus souvent des femmes que des hommes? M.M.: Mes groupes sont féminins mais je reçois aussi des hommes en privé. Ce n'est pas qu'il y ait plus de femmes que d'hommes concernées. Mais la différence se trouve dans la façon dont les hommes abordent le régime. Un homme peut mettre des années avant de se décider à perdre du poids. Mais le jour où il le décide, c'est fini: il perd et il a moins tendance à reprendre. Une femme se met au régime tous les dimanches matins et comme elle fonctionne plus aux sentiments, elle craque plus facilement.

LV-LPH: La société nous impose-t-elle un poids idéal? Toutes ces personnes qui veulent perdre du poids: seraitce aussi un effet de mode? M.M.: Pour ma part, je prends tout aussi au sérieux, une personne qui veut perdre 2 kilos qu'une autre qui voudra en perdre 50. Parfois même la première est encore plus mal que la seconde dans sa vie de tous les jours. Il est vrai qu'il faut faire attention, notamment pour les jeunes filles. Mais je pense qu'il faut respecter les désirs de chacun. Ceci étant, je travaille beaucoup sur le fait de s'accepter soi-même: il faut apprendre à être content avec son poids. D'abord parce que le poids sur la balance ne correspond pas toujours aux efforts fournis, il faut de la patience et sur ce point l'effet du groupe est souvent bénéfique. Ensuite, le but n'est pas d'être filiforme mais d'être bien dans sa peau et en bonne santé. Une de mes clientes a perdu 55 kilos: de 130 à 75 kilos pour 1,72 mètre. Elle porte désormais des vêtements en taille 42-44. Je lui ai dit qu'il n'était pas nécessaire de viser la taille 38! Ce ne sont pas les critères de la mode qui m'intéressent. On ne peut pas se battre contre une morphologie, ce qui compte ce sont les efforts et le changement. Micky Meppen: 050-6736818



DÉCOUVERTE

Le yishouv Maon

LA NATURE, L'AIR, LE CALME

La caravane Lev Hair-LPH vous emmène au Sud de Hevron, dans la région de Har Hevron, pour visiter le Yishouv Maon. Ouvrez grand vos yeux!

Le Yishouv Maon est relativement jeune. Il a été fondé en 1981 puis développé à partir de 1982 par un noyau du Bné Akiva. Son nom lui est donné en référence au lieu biblique Maon qui d'après les sources se trouverait non loin de là. Des fouilles archéologiques ont dévoilé des vestiges d'une synagogue datant de l'époque byzantine. Dès sa création, le yishouv Maon est ce que l'on appelle un Mochav Chitoufi. Cela ressemble un peu à un kibboutz avec toutefois la préservation de l'intimité et de la cellule familiales. Depuis quelques années, l'Etat d'Israël a connu une petite révolution qui a conduit à la quasi-disparition de ces modes d'exploitation, que ce soit les Mochavim Chitoufiim ou les Kibboutzim. Maon est un lieu très prospère sur le plan agricole : élevages, champs de vigne, vergers, plants de tomate, champs de blé, amandiers, cerisiers, etc.

CRÉATION ET CARACTÉRISTIQUES

Maon est un village qui grandit progressivement depuis plus de 35 ans maintenant. On compte aujourd'hui environ 70 familles sur place. Situé à 35 minutes de Beer Sheva et 40 minutes de Jérusalem, il offre un cadre de vie serein et pastoral à des populations religieuses sionistes qui veulent allier vie dans un yishouv et vie active. Mis à part les membres du Mochav chitoufi, vivent à Maon des enseignants ou des représentants d'autres professions qui travaillent sur place, sur Kiryat Arba, sur Jérusalem ou sur Beer Sheva. Les infrastructures du village se développent avec la population: terrains de sport, jardins d'enfants, bibliothèque, Beth Midrach,… Pour l'école primaire, les enfants se ren-

POPULATION

40 | N° 53 DECEMBRE 2017 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH

Par Guitel Ben-Ishay dent au village voisin de Soussia puis se répartissent dans les établissements secondaires de la région.

Deux francophones, parmi les plus anciens habitants de Maon, témoignent pour LPH de leur vie sur place.

LA PAROLE AUX HABITANTS

Bruno Darmon C'est avec le Bné Akiva, et encore célibataire, que Bruno met pour la première fois les pieds à Maon. Puis Bruno part en France pour sa chli'hout et il rencontre son épouse. "Vivre à Maon était l'une des conditions que j'avais posée", se souvient-il. Il reconnait qu'elle a eu un choc en arrivant à Maon, où vivaient à peine 9 familles, où les routes n'existaient pas ou presque, en un mot où tout était à construire. Et c'est ce qu'ils feront: construire. Les relations avec les voisins arabes ne les inquiètent pas: ''Tous les vendredis nous allions faire nos courses à Hevron, chez les Arabes''. La première intifada dégrade les relations. Par la suite, les habitants obtiennent même la possibilité de blinder les vitres de leur voiture. ''Parfois on devait rouler en convoi. Mais depuis quelques temps, tout est redevenu bien plus calme'', affirme Bruno. Elever des enfants à Maon? Pour ce pionnier qui en a eu 6, vivre dans ce village n'a pas traumatisé ses enfants! D'ailleurs, deux de ses filles mariées habitent aujourd'hui toujours à Maon. Ce qui caractérise la vie à Maon? ''La seule différence avec la ville: la solidarité. On se connait presque tous et comme le mochav est chitoufi, personne ne se retrouve jamais sans emploi ou sans ressources pour nourrir sa famille''. Dans cette atmosphère qu'il décrit comme un peu mystique, la famille de Bruno vit des jours heureux. Et pour ces olim de France, c'était le meilleur moyen pour s'intégrer en Israël. Pari tenu!

Rivka Elkayam Arrivée en 1986 avec son époux, Rivka Elkayam avoue être immédiatement tombée amoureuse de Maon: "La nature, l'air, le calme m'ont séduite''. Pour cette ancienne marseillaise, le côté paisible de la vie en yichouv l'a convaincue. "Quand nous sommes arrivés, il y avait 10 familles'', se souvient-elle. Elle aussi raconte les premières années où ils commerçaient avec leurs voisins arabes, avant de devoir s'en méfier et s'en protéger. Mais, affirme-t-elle, ''nous n'avons jamais songé vivre ailleurs. S'il faut se battre pour vivre ici, nous le ferons; ce n'est pas ça qui peut nous arrêter!". Qu'est-ce que Maon pour vous? ''Ma maison, ma famille. Je me vois bien vivre ici jusqu'à 120 ans!''. Le couple Elkayam le reconnait aussi: ''Si nous n'avions pas choisi de vivre à Maon, nous ne nous serions jamais aussi bien intégrés à la société israélienne. J'ai fait mon alya 6 ans avant de vivre à Maon, et je n'ai véritablement senti que c'était vrai que lorsque j'ai emménagé ici''. Formée au Bné Akiva, Rivka est arrivée motivée à 100% par l'idéologie. ''Maintenant, j'avoue que le confort de vie que nous avons est aussi une des raisons de notre présence''.



By Judith Afriat

Saumon à la marocaine aux fèves Igrédients

Préparation

• 1 poivron rouge • 5 gousses d'ail • 1/4 de botte de coriandre • 1/ 2 paquet de fèves décongelées • 3/4 verre d'huile rouge (= 1 c. et demi de paprika et remplir d'huile le verre puis bien mélanger) • Sel • Safran • Morceau de citrons beldi

Ajouter le poivron rouge coupé en lamelles, les gousses d'ails et la coriandre ciselée (réserver un peu pour le dessus du poisson). Mettre les fèves. Ajouter le citron beldi et saler. Mélanger le tout à la cuillère. Poser votre poisson préalablement salé. Ajouter 2 verres d'eau. Verser le reste de l'huile rouge sur le poisson et parsemer de coriandre par-dessus. Faire cuire à feu moyen 20 minutes, couvert. Découvrir la marmite et laisser mijoter à tout petit feu afin d'obtenir une sauce onctueuse.* Bonne dégustation!!!

Moché Levy veut entrer au Rotary club de Vitrolles. Il demande un formulaire d'inscription. Il découvre les questions au fur et à mesure. Première question, le nom: - Aïe ! Je ne vais pas mettre Levy. Rusons, je mets Dupont. Deuxième question, le prénom: - Si je mets Moché, ils vont se douter de quelque chose. Je vais mettre Michaël... non, plutôt Jean. Troisième question, le lieu de naissance: - Je ne vais pas mettre Varsovie, plutôt Paris. Quatrième question, la profession: - Tailleur ? C'est risqué. Avocat, c'est une profession respectable. Et s'ils me parlent de droit, je leur demanderais des honoraires exorbitants, ça les découragera. Dernière question, la religion: - Soyons malin... Je vais mettre goy...

Une blonde, voulant gagner un peu plus d’argent, décide de se présenter comme « femme à tout faire » auprès de ses voisins. Elle se présente à la première maison, et demande au propriétaire s’il a du travail pour elle. « Oui, j’aurais bien besoin de quelqu’un pour repeindre notre porche. Vous prenez combien ? – 100 €! » répond la blonde. L’homme accepte et lui dit que la peinture et tout ce dont elle a besoin sont dans le garage. L’épouse du propriétaire, qui a entendu la conversation, lui demande : « A-t-elle réalisé que notre porche fait tout le tour de la maison ? – Je ne sais pas, et tant pis pour elle, répondil. Cependant tu as raison, je vais commencer à croire que toutes ces blagues sur les blondes sont justifiées finalement ! » Peu de temps après, la blonde vient à la porte pour recevoir son paiement. « Vous avez déjà fini ? demande l’homme. – Oui, répond-elle, et comme il restait de la peinture, j’ai même passé une deuxième couche. » L’homme, étonné, sort de sa poche les 100 € et les lui donne. « Ah, au fait, ajoute la blonde, ce n’est pas une Porsche, mais une Jaguar !


Le Mont des Oliviers ZOOM SUR UN QUARTIER SYMBOLIQUE ET DYNAMIQUE

Par Guitel Ben-Ishay

AU PLUS PRÈS DE NOS RACINES

A l'est de la vieille ville de Jérusalem se dresse le Mont des Oliviers. Ce lieu offre une vue imprenable sur le Mont du Temple et revêt une importance particulière dans nos Textes sacrés. Puisque Jérusalem n'a jamais quitté le cœur de nos pensées et qu'elle fait beaucoup parler d'elle dans le monde ces derniers temps, LPH a décidé de vous emmener visiter ce quartier peu commun surtout connu pour son cimetière mais où la vie juive est aussi bouillonnante. UN LIEU MENTIONNÉ PAR LE PROPHÈTE ZACHARIE Le Mont des Oliviers est mentionné pour la première fois dans la Bible dans le livre de Zacharie. Auparavant, le livre de Shmouel parle de Maalot Hazeitim, pour évoquer le lieu où David Hamele'h, poursuivi par Avshalom, s'était réfugié. Puis d'autres passages mettent à l'honneur ce mont de Jérusalem dans le Tana'h. Il semblerait que ce soit sur le Mont des Oliviers que les Juifs qui se rendaient au Beth Hamikdach se procuraient le matériel nécessaire pour les sacrifices. Il revêtait une importance tout à fait particulière lors de la cérémonie de la Vache rousse. Après la destruction du Second Temple et pendant toute la période où les Juifs n'avaient plus le droit d'accéder au Mont Moria (lieu du Beth Hamikdach), le Mont des Oliviers faisait office de substitut du fait de sa proximité avec le lieu le plus saint du judaïsme.

LE CIMETIÈRE DU MONT DES OLIVIERS L'évocation du Mont des Oliviers aujourd'hui nous amène tout de suite à penser au cimetière qui s'y trouve et où sont enterrées de grandes personnalités du peuple juif. Historiquement, les Juifs enterraient leurs morts à cet endroit déjà à l'époque du premier Beth Hamikdach du fait, là aussi, de sa proximité avec le Mont du Temple. Spirituellement, ce

choix est également lié au déroulement futur de la Délivrance. Le Machia'h arrivera par le Mont des Oliviers et la résurrection des morts commencera donc ici. Parmi les personnalités qui y sont enterrées citons: le Ramban, Rabbi Ovadia Mibartenoura, Rabbi Haïm Ben Attar (Or Ha'haïm), les Rav Zvi Yehouda et Avraham Itshak Hacohen Kook, le Rav Shlomo Goren, Shay Agnon, Menahem Begin et encore bien d'autres hommes et femmes de lettres et d'esprit.

LE MONT DES OLIVIERS AUJOURD'HUI Le Mont des Oliviers, Har Hazeitim, est donc l'un des lieux où la présence juive a toujours été d'une importance capitale. Aujourd'hui, alors que les quartiers arabes hostiles grandissent et se développent dans cette zone de Jérusalem, les Juifs n'ont pas abandonné le lieu, au contraire. Une Yeshivat hesder, Beit Orot, y a été fondée en 1990 par le Rav Hanan Porat, z"l et le Rav Beni Elon, z"l, dans le but de renforcer l'étude de la Torah de la Délivrance à Jérusalem. Un petit quartier juif du même nom, entoure la yeshiva. Les Juifs sont aussi présents sur d'autres domaines du mont: Maale Hazeitim, Maalot David et Kidmat Tsion. Ce sont les familles qui vivent dans ces quartiers que nous vous proposons de découvrir maintenant.

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H ar Hazeitim

ZOOM SUR UN QUARTIER SYMBOLIQUE ET DYNAMIQUE

J'AI DÉCIDÉ DE VIVRE SUR

Qui sont les habitants du Mont des Oliviers? Pourquoi ont-ils choisi d'y établir leur domicile? Dans quelles conditions vivent-ils? Et se sentent-ils ''sacrifiés'' pour que nous puissions vivre naturellement ailleurs à Jérusalem? Autant de questions que nous sommes allés poser à quelques familles francophones de Har Hazeitim.

Le Rav Shnour est le Rav de la communauté de Maale Hazeitim. Il y vit depuis 15 ans, arrivé avec son épouse lorsque le quartier est sorti de terre. ''Nous étions un jeune couple, j'étudiais au Merkaz Harav. Nous cherchions un endroit où habiter qui réponde aussi à notre idéal. Lorsque nous avons vu l'annonce sur le projet immobilier de Maale Hazeitim nous n'avons pas hésité''. Ils ont aimé l'idée de vivre dans un lieu communautaire, qui ressemblait sur certains points à un yichouv, mais tout en restant dans la ville Sainte de Jérusalem. Des craintes, le couple Shnour n'en a eu qu'une: ''Nous n'étions pas sûrs, pendant toute la durée de la construction, que le gouvernement donnerait son autorisation finale pour emménager. J'avais le sentiment que cela n'aboutirait pas: la deuxième intifada faisait rage, je voyais plein d'arabes construire autour, c'était surréaliste''. Les considérations sécuritaires inquiètent moins le Rav Shnour. ''Nous sommes certes collés aux arabes, mais ils ne sont pas différents de ceux qu'on côtoie ailleurs à Jérusalem'', reconnait-il. Le quartier de Maale Hazeitim est fermé par une barrière de sécurité, il est constitué par plusieurs immeubles autour de cours intérieures et peuplé par une centaine de familles. ''Bien entendu, nous prenons nos précautions et la police est très présente. Il y a certaines période plus tendues que d'autres, notamment le Ramadan ou lorsqu'il y a des tensions dans le pays". Dans ces situations, les jets de pierre et de cocktails molotov sont monnaie courante et les Juifs ont appris à se prémunir. Il faut aussi souligner que sortir à pied de leur quartier présente un risque

RAV RAPHAËL SHNOUR

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que peu prennent. La famille Shnour estime vivre normalement, malgré tout. ''La vie de quartier est très dynamique. Même si nous manquons parfois de place et de verdure et que les transports en commun ne fonctionnent pas toujours aussi bien qu'on le voudrait. Les enfants jouent librement à l'intérieur de notre quartier, nous avons beaucoup d'amis, beaucoup d'activités en commun. Nous avons un grand projet de construction d'un centre communautaire avec deux synagogues (ashkénaze et séfarade), une salle des fêtes, un jardin d'enfant. Nous espérons qu'il aboutira bientôt''. Le Rav Shnour comprend que l'on puisse parler de "sacrifices'' lorsque l'on évoque leur choix de vie mais ne vit pas du tout dans cette pensée. ''Nous avons une mission: mener une vie normale, montrer qu'Har Hazeitim, ce n'est pas qu'un cimetière, il y a de la vie. C'est aussi un pas vers la gueoula: acheter des maisons pour les Juifs et rétablir une vie normale partout à Jérusalem. Nous pouvons dire que nous réussissons: nous avons constitué une grande communauté et aucun appartement du complexe n'est libre!".

Avital est née en Israël de parents français. Elle a grandi dans le quartier juif de la vieille ville de Jérusalem et s'y est installée après son mariage. ''A un certain moment, nous ne pouvions plus vivre dans le Rova, pour différentes raisons'', nous explique Avital, ''Nous avons alors décidé de venir à Maale Hazeitim, c'était au début du projet immobilier; Rosh Hodesh Nissan, il y a 14 ans''. Avital voulait rester proche du lieu de son enfance et Har Hazeitim était pour elle une solution optimale. ''C'était aussi une opportunité pour être partenaire d'une réalisation importante, d'un rêve de plusieurs générations''. L'histoire personnelle d'Avital donne une dimension particulière à ce choix de vie. Son frère, Elhanan z"l, a été assassiné en 1991 par des terroristes arabes au cœur de la vieille ville de Jérusalem. C'est au cimetière du Mont des Oliviers qu'il repose depuis.

AVITAL BLOCH


Par Guitel Ben-Ishay

Avital ne cache pas son bonheur de vivre dans ce lieu, de s'émerveiller chaque jour devant la vue des murailles de Jérusalem. Elle remercie pour avoir le mérite de vivre ici, même si, comme elle le dit ''il y a un prix à payer''. En effet, elle a élevé ses enfants dans une ambiance certes biblique mais aussi un peu différente de celle dans laquelle les adolescents grandissent. ''Je ne les laissais pas sortir la nuit, ni pendant les périodes tendues. Je tenais à ce qu'ils soient toujours accompagnés''. Elle reconnait qu'il s'agit de son approche personnelle et que tout le monde dans le quartier n'agit pas de la sorte. L'une de ses filles mariées habite près d'elle aujourd'hui: ''pour les familles avec des enfants petits, qui n'ont pas le besoin de bouger comme des adolescents, c'est un lieu de vie idéal''. Mais pour autant, elle n'a pas peur: ''Notre quartier est un lieu sûr, les forces de sécurité sont présentes et nous avons des transports en commun. Il est accessible et agréable''. Ceci étant dit, ne parlez pas de sacrifices à Avital: ''Il est vrai que si nous n'étions pas ici, il serait plus difficile de vivre ailleurs dans Jérusalem. Mais je ne pourrais pas vivre en pensant que je me sacrifie. J'aime ma vie à Maale Hazeitim et j'aimerais que l'attachement de l'ensemble du peuple soit encore plus fort même si on note depuis quelques années un intérêt renouvelé pour Har Hazeitim".

Le Rav Sultan habite à Maalot David depuis 4 ans. Arrivé de Kohav Yaakov, il a toujours été attiré par ce lieu: ''cela fait 15 ans qu'avec ma femme, nous venions régulièrement nous promener sur Har Hazeitim. C'est la porte de Jérusalem, un lieu qui synthétise le spirituel et le national''. Tous les membres de la famille ont très bien vécu le passage du Yishouv à ce quartier particulier de la Capitale. "Maalot David est collé au quartier arabe Ras El Amoud'', nous décrit le Rav Sultan, ''juste en face de Maale Hazeitim. Nous sommes 15 familles et nous vivons dans une ambiance conviviale". Lui aussi reconnait que le voisinage

RAV MORDE'HAÏ MICHAËL SULTAN

n'est pas toujours très accueillant. ''Quand nous sommes arrivés, les Arabes ont manifesté violemment leur opposition à notre présence: nous avons subi plusieurs attaques avec des pierres par des hommes cagoulés''. Mais petit à petit, ils se sont résignés et aujourd'hui, mis à part, quelques périodes tendues, il fait bon vivre à Maalot David. Comme Maale Hazeitim, les habitations sont dans un lieu fermé et gardé. ''Nous ne vivons pas dans la peur, y compris les enfants''. Anecdote intéressante, après la déclaration de Donald Trump sur Jérusalem, les habitants d'Har Hazeitim s'étaient préparés à subir des attaques et… ''Il ne s'est absolument rien passé. Nous pouvons même témoigner que c'est l'une des périodes les plus calmes que nous ayons connues ici''. Les relations avec les Arabes sont très limitées. Certains achètent des fruits et légumes chez eux, un garagiste réputé pour son honnêteté est parfois sollicité, mais cela s'arrête là. Le Rav Sultan réfute le terme de courage: ''Je préfère parler de Emouna. Nous vivons en Eretz Israël, tout comme le font les habitants du reste de Jérusalem ou de tout autre endroit du pays". A la différence près, que sur le Mont des Oliviers, règne une atmosphère spirituelle unique: ''Nous surplombons le Mont du Temple, c'est par là que le Machia'h arrivera. Quand nous sommes arrivés, j'ai dit à mes enfants: chaque seconde, Machia'h peut arriver: nous verrons tout''.

Chmouel Belicha, habitant de Maale Hazeitim depuis deux ans, ressent aussi cette particularité. ''J'ai fait mon alya de Suisse, il y a 15 ans. J'ai habité à Silwan au début de mon mariage, puis je suis parti au kollel de Kohav Yaakov avant de revenir à Har Hazeitim. Lorsque je vis ici, que je prie ici, mon alya, mon parcours prend tout son sens''. Chmouel a choisi Maale Hazeitim plutôt que de se réinstaller à Silwan, parce que lui et son épouse pensaient que ce lieu était plus adapté pour élever leurs enfants: '' A Silwan, il fallait prendre une jeep blindée dès que l'on voulait sortir. Maale Hazeitim regroupe beaucoup de familles, il y a des espaces pour les enfants''. Pour eux, pas de problèmes de sécurité: ''Je rentre souvent à pied. C'est vrai qu'au début, cela fait bizarre de se promener dans la rue entouré d'Arabes. Nous avons sinon des transports en commun, des navettes scolaires pour les enfants qui vont à l'école dans la vieille ville. Nos quartiers sont fermés et à l'intérieur, il n'y a aucune raison de ne pas se sentir en sécurité". Il reconnait, cependant, que si, lui, fait des trajets à pied, il est difficile dans l'absolu de marcher à l'extérieur de Maale Hazeitim: ''Nous allons au Kotel à pied, c'est à une petite demi-heure et sur un parcours présentant peu de risques, mais c'est à peu près tout ce qu'il est concevable de faire en famille''. S'il avoue qu'il fallait du courage pour vivre à Silwan, il est tout à fait serein à Har Hazeitim. Et même plus: ''Pour moi, c'est un mérite de vivre ici, c'est là que notre histoire se déroule".

CHMOUEL BELICHA

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