N° 44 - OCTOBRE 2016 / TICHRI 5777
HOMMAGE au Grand Rabbin Sitruk zts''l: retour sur le parcours d'un homme hors du commun
INTERVIEW EXCLUSIVE
5777 שנה טובה
Rav Haïm Korsia Grand Rabbin de France
POLITIQUE Daniel Sperling rejoint Bruno Le Maire
Sommaire
LEV HAIR & LPH N° 44 OCTOBRE 2016 - TICHRI 5777
Directeur Général : Gabriel COHEN levhairmag@gmail.com
Edito
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Deux rois de cœur
Bureau en France :
Secrétariat : levhairmag@gmail.com Abonnement : 26 euros les 7 numéros Adresse : 19 rue d’Isohard 13001 MARSEILLE 06 18 98 61 80 Rédaction : Sandrine A.Sroussi et Gabriel COHEN Haim ATTIA : Responsable Coeur de ville Internet, N.T R. Sociaux. levhairmag@gmail.com www.levhair.com ISSN : 2103 - 9747 Numéro de Dépôt légal : à parution Editeur : Société ART COM C 13013 MARSEILLE RCS 49058466100014 Directeur artistique : Arfi William Impression : ART COM C : 06 18 98 61 80 ---------------------------Bureau en Israël : Directeur Général Avraham Azoulay Direction.Lph@gmail.com Secrétariat : Rosy Chouai lph5@bezeqint.net Tel : 972 2-6788720 Adresse : Haoman 24/35 Talpiot - Jérusalem Marketing & Stratégie Vita Green : Tel: 97254-7855770 Lph.vita@gmail.com
Gabriel Cohen,
Avraham Azoulay,
Directeur Lev Hair
Directeur du Plus Hebdo
Le peuple juif, à la veille de l'année 5777, a perdu deux de ses grands leaders. Leur point fort et commun à chacun, autant chez le Rav Yossef Haïm Sitruk z’’l que chez le politicien Shimon Pérès z’’l, est sans aucun doute leur optimisme sans limites. Jusqu’à ses derniers jours, le Rav Yossef Haim z’’l, aura utilisé ses dernières forces, transmettant des messages forts du sens de la vie, de sagesse, sans faire cas de son état de santé. Même après son attaque cérébrale il y a 15 ans, il a toujours défié le destin et remonté la pente, en restant un leader inégalable du judaïsme français. Aussi, à la fin de ses mandats de Grand Rabbin de France, il a su influencer, depuis sa maison à Neuilly, le monde juif français et israélien, par cette force surnaturelle d’Emouna, convaincu que le meilleur reste à venir. Le peuple entier a prié sans arrêt et avec ferveur pour sa refoua Chelema jusqu’au dernier jour. Le politicien Shimon Pérès était aussi un maitre, en diplomatie et en politique. Dans les moments les plus sensibles de l’existence de notre pays, il a doté Tsahal des armes et des technologies les plus efficaces. Il a ordonné des opérations audacieuses pour aller sauver les otages d'Entebbe et d'ailleurs. Il a su, après sa carrière politique au sein du gouvernement, rester ''hyperactif'' et devenir le président le plus apprécié du peuple. Il aura été un combattant émérite et en même temps un guerrier de la paix, souvent à contre-courant de la volonté de ce même peuple. Les plus grands rabbanim d’Israël et de France, les personnalités les plus influentes,et nombre de ses élèves, sont venus honorer le Rav Sitruck z’’l jusqu'à sa dernière demeure . Et quelques jours plus tard à peine, toujours au cœur de Jérusalem, se sont réunis, des chefs d’Etats du monde entier, des personnalités internationales, pour rendre hommage et témoigner de leur respect et de leur admiration au président Shimon Pérès z’’l. Ces deux rois du cœur, symboles d’union et de respect, auront révolutionné le monde dans lequel ils ont vécu. Du judaïsme français, au Yom HaTorah , en passant par l’édification d’institutions éducatives des plus modernes, le Rav Sitruk z’’l a toujours cru aux changements. Il a osé voir grand, tout en s'occupant de chaque détail. Sa grandeur restait cette faculté de proximité envers chacun, avec des mots justes, des clins d’œil complices, des références exactes de cette Torah qu’il aimait tant. Shimon Pérès z’’l, a reçu cette bénédiction divine qui fait sortir de la bouche d’un homme des mots pesés, un verbe précis, un ton calme et respectueux, jusqu' à ses derniers jours. Ces deux grands noms, aussi bien du judaïsme français que de la politique israélienne, auront apporté, chacun dans son domaine, une grande lumière au klal comme au prat Israël. Deux rois au cœur d'or, rempli d’amour de l’histoire, du peuple et de la terre d’Israël. Deux rois qui manqueront à des millions de juifs. Que leur souvenir soit source de bénédiction. Shana Tova a tous!
Rédaction : Tal Cohen/ Salome Touitou : Lphebdo@gmail.com site: www.lphinfo.com
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4 | N° 44 SEPTEMBRE 2016 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH
Par Shraga Blum
OLIVIER FITOUSSI / FLASH 90
Hommage
Rav Yossef Haïm Sitrukzatsal Une personnalité rabbinique qui aura marqué le judaïsme français
Le rav Yossef Haïm Sitruk zatsal, autant par sa personnalité que par son savoir, aura marqué à jamais la judaïcité française, ses institutions et de très nombreux juifs de France dans leur vie personnelle. Né à Tunis le 16 octobre 1944, il obtient son diplôme de rabbin en 1970. Son premier poste sera à Strasbourg où il est également aumônier de la jeunesse et se distingue par sa créativité et son charisme, auprès des jeunes, mais aussi des moins jeunes. Il devient également l’adjoint du Grand-rabbin du Bas-Rhin Max Warchawski zatsal. Les anciens juifs strasbourgeois ont tous été marqués par son passage dans la capitale alsacienne. En 1975, il devient Grand-rabbin de Marseille où il est très aimé également, et c’est en 1987 qu’il postule pour le poste de Grandrabbin de France. Il sera élu. Son aura, son éloquence et son charisme lui permettront d’être réélu pour deux mandats successifs. Il aura ainsi officié à la tête de la judaïcité française durant plus de vingt ans. Très entreprenant, le Grand-rabbin Yossef Haïm Sitruk zatsal fut à l’origine de nombreux projets, tant dans le domaine de l’étude de la Thora, de la pratique du judaïsme que sur le plan de la vie communautaire. C’est à lui que l’on doit notamment le Yom Ha-Limoud et le Yom Ha-Torah qui ont réuni chaque année des foules de Juifs de France de tous bords au Bourget ou au Parc Floral. Il a également été décoré comme Commandeur de la Légion d’honneur en 2007, des mains du président Jacques Chirac. Hélas, l’état de santé du rav Yossef Haïm Sitruk zatsal a notablement été affecté en 2001, après une attaque cérébrale, dont il 6 | N° 44 SEPTEMBRE 2016 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH
ne s’est jamais complètement remis. Sa famille avait décidé, alors, de lui rajouter le nom « Haïm ». C’est avec un énorme courage et une volonté de fer, admiré de tous, qu’il poursuivra néanmoins ses activités rabbiniques et notamment son enseignement de la Torah, qu’il prodiguait avec une pédagogie légendaire et un langage adapté pour chaque public. Il avait publié d’innombrables cassettes de cours et également publié plusieurs livres, dont une autobiographie « Chemin faisant » (1997) et « Rien ne vaut la vie » (2014). En Israël, les lecteurs de l’hebdomadaire Ha-Gesher (anciennement Hamodia) avaient droit chaque semaine à une étude signée de lui. Atteint par une seconde grave maladie depuis de longs mois, le rav Yossef Haïm Sitruk zatsal s’est éteint dimanche matin, le 25 septembre, à une semaine de Rosh Hashana, non sans que des dizaines de milliers de juifs, en France et à travers le monde, aient prié en sa faveur. Son enseignement continuera à essaimer notamment en Israël, où les institutions Alef Le-Dorot, qu’il a créées en 1999 et qui sont dirigées par son fils rav Yaakov Sitruk diffusent la Torah et les valeurs juives au public francophone. Le rav Yossef Haïm Sitruk zatsal était marié à Danielle et père de neuf enfants : Rebecca, Yaakov, Hanel, Elie, Sarah, Ephraïm, Esther, Isaac et Myriam. La direction et toute l’équipe de Lev Hair-P’tit Hebdo leur adressent leur plus profonde sympathie pour cette immense perte familiale et communautaire.
Le Rav Yaakov Sitruk parle de son père, le Grand Rabin de France z”l, à cœur ouvert
YONATAN SINDEL
Dossier Spécial
«Si c’était à refaire, c’est en Israël que je le ferais»
Est- ce qu’on peut être prêt au départ de son père ? Il était sur son lit d’hôpital, on savait que la situation se dégradait. Peut-être qu’à un petit moment, on a pu croire qu’on était prêt. Mais très vite, on ressent le vide de sa présence, et on réalise qu’il n’est plus là. Le vide s’intensifie d’instant en instant. Pour le reste, c’est encore trop tôt pour en parler.
Que ressent-on à voir tant de monde à son enterrement ? On est partagés. D’un côté, on ressent une énorme tristesse, un énorme vide, un immense chagrin. Et de l’autre, une énorme joie de réaliser un peu plus qui était notre père. Quand on est le fils d’un homme, on voit son père avec des loupes, on voit tout plus grand, plus fort que la réalité objective. Et quand on voit, au moment de son enterrement, tous ces gens qui sont touchés par sa disparition, on réalise qu’il est encore beaucoup plus que ce qu’on voyait. C’est une consolation inimaginable.
Le fait d’être le fils de quelqu’un d’aussi grand, cela ne fait pas de l’ombre pour grandir ? Il n’y a que deux possibilités, le noir, ou la lumière. Quand on est dans une telle lumière, que l’astre est si énorme, il ne nous fait pas d’ombre, il nous éclaire. Comment s’est passée cette journée d’enterrement ? Je pense que cela restera une des plus belles journées de ma vie. Dans ces moments-là, on ressent une telle tristesse, des larmes, 8 | N° 44 SEPTEMBRE 2016 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH
du chagrin, une telle angoisse de ne plus l’avoir avec nous, mais surtout une telle grandeur. Tout était grand, la foule, les rabbanim, les mots prononcés. Mes frères et moi n’avions pas l’intention de parler. Cela nous est venu naturellement, aucun de nous n’avait préparé de discours, mais nous avons été portés par ce qui se passait. Il y a eu un peu de bousculades, mais nous avons vécu cela comme une envie de se rapprocher de lui, toute sa vie a été comme cela. Mon père adorait rappeler l’image de la flamme : une flamme, on peut la partager, sans la diminuer. Notre père était exactement comme cela. Il n’a jamais été un père privé, il a toujours été un père public.
Et justement, ce n’est pas difficile de ne pas avoir cette relation privée ? Il y a des moments où c’est difficile. Mais aujourd’hui, qu’estce qui vaut mieux : être 4 ou 5 à ruminer notre tristesse, ou être entourés par des milliers de personnes qui viennent rajouter à ce que cet homme était. Comment a-t-il pu toucher tout le monde ? Atteindre tant de personnes ? Ce n’est pas une question, parce que c’est quelqu’un qui était concerné par tout le monde. Il n’y avait pas de barrière entre lui et l’autre. Dans une société où on érige sans cesse des barrières pour marquer notre territoire, pour se protéger, lui jamais. Il n’a
Propos recueillis par Avraham Azoulay
Quelles ont été les grandes révolutions qu’il a menées en tant que Grand Rabbin de France ? Il a toujours tout vu en grand. Chacun de ses événements attirait toujours beaucoup de monde. Il disait que quand on vise haut, on arrive haut. Il a eu la chance, un jour, de rencontrer Hachem. Il ne venait pas d’un milieu religieux, il a commencé à fréquenter la synagogue à l’adolescence. Mais du jour où il a découvert Hachem, il l’a aimé chaque jour un peu plus, jusqu’à la dernière seconde de sa vie. Dans ses derniers instants, alors qu’il souffrait énormément, il a voulu mettre ses téfilines. Il a levé sa main avec une difficulté énorme pour toucher les téfilines comme il aimait le faire. Sa vie, c’était Hachem, et son objectif était de le faire aimer Hachem des autres, d’aider ceux qui ne le connaissent pas, à le connaître. Il a toujours été très rigoureux, il a suivi la Halakha sans concession, certains thèmes ont même parfois fait débat. Je voudrais vous raconter une anecdote pleine de sens. Quand il devient Grand Rabbin de Marseille, il constate que dans la synagogue de la rue de Breteuil où il doit accéder à ses fonctions, on y prie le shabbat avec l’orgue, et que les femmes sont assises à l’étage des hommes. Il formule une requête pour changer cela au consistoire qui y accède, mais lui dit : ‘On s’occupe de l’orgue et des micros, mais pour les femmes, à vous de régler le problème.’ Nous sommes en 1975, il a 30 ans. Il place alors une pancarte à l’entrée de la synagogue où était écrit : “Les dames sont priées de regagner la place qu’elles n’auraient jamais dû quitter : audessus des hommes”. Il savait remettre chaque chose à sa place, mais il avait le ton.
L’humour, c’était sa force ? C’était une science qu’il exploitait. Il choisissait une blague sur les 100 qu’on lui racontait. Il était très sélectif, car il s’en est servait pour faire passer ses messages. Les gens ne se rendent pas compte de ce qu’ils ont engrangé avec ses histoires drôles. Il était capable de faire rire, même dans un enterrement, pour mettre en avant le point dans lequel la personne aimait se retrouver. Savait-il rire de lui-même ? Il savait rire tout court, et de lui-même aussi. Mais il ne pratiquait jamais l’autodérision. La plaisanterie et l’humour, oui
Vous pouviez parler de tout avec lui ? De tout. Je me rappelle avoir eu des conversations avec lui dans ma jeunesse, dans lesquelles je pouvais tout remettre en question, jamais il n’a refusé de discuter. On savait qu’il aurait le dernier mot, c’était sa force.
YONATAN SINDEL
jamais eu peur, ni du regard, ni de la présence des autres. Il arrivait à créer un contact très fort. Il a développé un amour qui a été la dynamique de sa vie.
Comment va sa femme, Danielle ? Elle est comme lui, elle accepte les choses, elle n’a pas de question sur la façon dont les choses se déroulent. Et elle vit dans le présent à 100 %. On passe souvent à côté de son présent parce qu’on se projette dans le futur, parce qu’on écoute des pronostics de médecin qui peuvent nous détruire avant l’heure. Elle n’a jamais accepté, elle disait : ‘aujourd’hui, il est vivant, demain cela ne m’intéresse pas. Aujourd’hui, il est niftar, demain, cela ne m’intéresse pas.’ C’est un roc, elle est très forte, c’est elle qui nous a soutenus pendant les 15 années de sa maladie. Après la défaite des élections, ce qui a dû être difficile pour lui, pourquoi est-il resté en France ? Tout le monde l’attendait en Israël ! La perte des élections l’a affecté, mais pas d’un point de vue personnel. Il était désolé de ne pas pouvoir poursuivre le travail qu’il entendait continuer. Il n’a jamais réussi à se détacher de la communauté vis-à-vis de laquelle il avait un énorme sentiment de responsabilité. Il a été persuadé, jusqu’à son dernier souffle, que ce qu’il voulait apporter à la communauté juive de France, lui seul pouvait l’apporter. Il n’a jamais voulu les abandonner.
Il a tenu des propos révolutionnaires, quand il a encouragé les juifs de France à monter en Israël… Plutôt que de commenter ce qu’on a dit de lui en public, je voudrais souligner ce qui s’est passé en privé : il a envoyé tous ses enfants commencer leur vie en Israël, certains sont restés, d’autres repartis, pour des raisons personnelles. Mais il a voulu nous faire démarrer nos vies ici. Il m’a toujours dit une chose : ‘l’histoire c’est là-bas qu’elle se passe, pas ici.’ Quand je me suis marié, au bout de quelques années ici en Israël, j’avais un rêve, retourner en France et faire du rabbinat avec lui. Un jour, nous avons parlé de mon avenir. Il m’a dit : ‘mon fils, quelle que soit ta décision, je t’aiderai, mais je ne la prendrai jamais à ta place. Je peux te donner des conseils, mais je ne te dirai pas quoi faire. Mais à ta place, je ne retournerai pas en arrière, j’irai dans le sens de l’histoire’. Et il avait complété : ‘Si c’était à refaire, c’est en Israël que je le ferais. Je sais ce que j’aurais été si j’avais été en Israël.’ N° 44 SEPTEMBRE 2016 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH | 9
Yossef Haïm Sitruk, l’histoire d’un homme de valeurs
De Tunis aux plus hautes instances communautaires
Joseph Sitruk zal, Jo, comme l’appellent encore son frère et ses sœurs, est le deuxième d’une famille de 5 enfants. Une fratrie à intervalle régulier (Sion, l’aîné, en 1942, Jo en 1944, Gisèle en 1946, Sylvia en 1948 et Pierrot, en 1950) qui voit le jour à Tunis, où leurs parents Jacques et Emma, se sont mariés. Dans cette Tunisie des années 1950, la famille Sitruk coule des jours heureux, le père, Jacques, est avocat, Emma est mère au foyer. “Nous avons reçu une éducation qui passait beaucoup par le silence”, se rappelle Sylvia (Marouani), qui a fait son alyah de Nice en 1983 pour Jérusalem, où elle officie depuis comme pédagogue et enseignante pour jeunes filles et femmes. “Nous n’avions jamais de reproches, mais on nous éduquait par l’exemple, par la dignité”. Elle se souvient surtout d’une maison bercée de rires et de joie, où les éclats de voix n’ont pas leur place. La mère, très aimante, caresse parfois ses enfants d’expression en judéo-arabe. Jo Sitruk porte le prénom du frère de sa mère, Joseph, mort très jeune. Lui-même est un enfant né fragile, victime d’une forte dysenterie. Petit garçon chétif, ses parents seront longtemps inquiets pour lui. “Il était très doux, souriant, aimé des gens”, raconte Sylvia, “Sion se distinguait par sa forte personnalité, Jo avait une petite stature, mais une très grande sensibilité, déjà tout jeune, il était très proche de l’autre. Ma mère disait : ‘vous verrez, il va vous surprendre’”. 10 | N° 44 SEPTEMBRE 2016 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH
DR.
Dossier Spécial
La fratrie est solidaire et incontestablement unie. Jusqu’à aujourd’hui. Quand Jo part à Strasbourg pour devenir rabbin, son jeune frère Pierrot le suit pour rester avec lui. C’est d’ailleurs là-bas qu’il rencontrera et épousera Evelyne, une des filles du rav Warshawski. Une fratrie soudée qui vient de perdre, avec le départ du Grand Rabbin Yossef Sitruk, son deuxième membre, puisque Pierrot, le plus jeune des 5 enfants est parti le premier, voilà bientôt 9 ans. Des disparitions “à l’envers”, note Sylvia Marouani, car elles sont inversement chronologiques à la logique. Si tant est qu’on puisse parler de logique dans le départ d’un être aimé. Leur enfance en Tunisie est aussi associée à ces terres dans le Sud du pays, à la frontière algérienne, raconte Gisèle (CohenScali), la plus âgée des deux sœurs. Là, Jacques Sitruk avait acheté des terrains, en association avec un Mr Domange. “C’étaient d’immenses champs de blé, entretenus par un gérant et du personnel à demeure toute l’année. Nous y allions régulièrement, en particulier au moment des semailles et de la moisson. Je me souviens surtout de nos parties de cache-cache dans ces herbes hautes, avant que le blé ne soit coupé. Ce sont de fantastiques souvenirs d’enfants”, note Gisèle. La famille aime rire, aime vivre. “Même pour les Shiva de mes propres parents, et de mon plus jeune frère, mes frères racontaient des blagues”, raconte Sylvia, “mais toujours en rapport
Par Tal Cohen avec la neshama du défunt, car c’est un moyen de se rapprocher de lui.” Jacques, déjà, avant son fils Jo, adorait plaisanter, et Emma était “très bonne vivante”. “Cette Simha que mon frère Jo retransmettait si bien autour de lui, on l’a toujours eue dans la famille. Elle s’est transmise de génération en génération.”
La révélation des mouvements de jeunesse
Jo Sitruk. Quand le couple se croise pour la première fois, il a 14 ans, elle en a 13. “Les EI ont été une révélation pour Jo et pour moi”, détaille Sylvia, “ parce qu’on s’est tout de suite sentis l’âme de transmettre, de donner. Chez Jo, c’est comme si, d’un seul coup, une plante était sortie de terre.” Sous l’impulsion des enfants, la famille Sitruk commence à être pratiquante. “C’est nous qui avons en quelque sorte exigé ce retour vers la pratique, mais il n’y a jamais eu d’opposition de nos parents, comme s’ils attendaient cela de nous”, précise Sylvia.
L’année 1958 va marquer une rupture pour la famille Sitruk. La Tunisie commence à expérimenter les velléités nationalistes. Le personnel qui travaille sur les terres de Jacques Sitruk subit alors les foudres des hommes du FLN. Aucune victime, Une vie d’amour et de tolérance mais un électro-choc pour le père de Jo. Au même moment, le Après son bac, Jo se prédestine à des études d’ingénieur, enprésident Bourguiba décide que les avocats du pays ne doivent chaîne Math Sup, Math Spé, mais la fibre juive est trop forte plaider qu’en arabe, ou avoir recours aux services d’un interpour qu’il lui résiste. “Il avait une sensibilité profonde pour prète si besoin, explique Gisèle. Jacques Sitruk comprend qu’il tout ce qui était lié au judaïsme, à l’identité juive, à la Torah, est temps de partir. “On s’en va”, dira-t-il tout simplement, rapà la transmission des valeurs. Et tout d’un coup, tout ce qu’on porte Sylvia. Il laissera tout derrière lui. “Nous sommes reveavait vécu dans notre maison, toute cette générosité, cette tonus des années plus tard, et nous avons revu toutes ces terres. lérance, cette compréhension, s’assemblait et prenait forme Nous étions étonnés de voir qu’il avait abandonné tant de pour lui. Il a dit à mon père : ’je veux être rabbin’. Et mon père choses derrière lui, mais pour lui, cela n’avait aucune impora accepté. Il est alors parti pour l’école rabbinique.” tance, c’était une page tournée. Cela nous avait tous marqués”, “Ce qui est extraordinaire, c’est la façon dont ma belle-sœur, précise Sylvia. Danielle, sent les choses”, pointe En juin 1958, Jacques Sitruk part à Gisèle, “elle a sans doute été la preNice, en éclaireur. Il prépare le terJo avait une petite mière à comprendre que mon frère rain pour l’arrivée de sa famille qui Jo était fait pour aller vers les gens, le rejoindra en octobre. Sylvia rastature, mais une qu’il avait un contact inné, la vocaconte : “Il a opté pour Nice car sa très grande sensibid’être un leader. Dès qu’il ousœur y vivait, et que la ville ressemlité, déjà tout jeune, il tion vrait la bouche, tout le monde blait un peu à Tunis tant au niveau du était très proche de l’autre. Ma venait l’écouter, il savait comment climat que de l’ambiance. Mais aussi mère disait : “vous parler aux autres. Il avait en outre parce qu’il avait très peur de l’assiune mémoire exceptionnelle, vimilation à Paris. Il a toujours gardé verrez, il va vous suelle, il était capable de se souveune forte conscience de son identité surprendre”. nir de visages croisés plusieurs juive, c’était important pour lui que années auparavant.” ses enfants la préserve.” Itinéraire d’un leader Jo avait su édifier cette maison ouIl trouve un emploi comme conseiller hors-du-commun. juridique chez JVC, achète une voiSylvia Marouani verte à tous qu’était celle de ses parents quand il était enfant : “La ture, inscrit ses enfants à l’école et serrure était cassée, tout le monde loue une maison qui deviendra la deétait le bienvenu pour y entrer”, meure familiale, dans laquelle il dés’amuse Sylvia. “Et avec ma belle-sœur, il a reconstruit une cèdera d’ailleurs, juste à côté de la synagogue. Une grande maison de Hessed, toujours de quoi manger sur le gaz, toujours chance pour ses enfants, puisque cela leur permettra de fréde la place pour dormir. C’était un homme de paix, de toléquenter les offices, mais aussi le Talmud Torah, et les Mouverance, d’unité.” ments de Jeunesse. Elle poursuit : “Ma belle-sœur c’est le Hessed incarné, si mon Quand il débarque à Nice, Jo Sitruk a tout juste 14 ans. Un adofrère se permettait de donner à chacun cette impression d’être lescent espiègle et rieur, fan d’Elvis Presley, qu’il imite dans chez lui dans sa famille, c’est grâce à elle, car elle est tout en sa chambre, guitare à la main et banane crantée sur la tête. Nétina, un don de soi très fort, elle ne calcule rien, elle est un La famille est alors traditionaliste, “mange casher”, mais ne resexemple pour nous tous.” pecte pas vraiment le shabbat - Jacques Sitruk a eu “une crise Sylvia, qui a encore du mal à dire “Zikhrono Libraha” en parde foi” au moment du décès de son propre père, victime d’une lant de son frère, célèbre le sens du don du grand Rabbin Siattaque cérébrale foudroyante, dans la rue, explique Sylvia. truk, cette faculté d’aimer les autres, sa propension à la Les enfants sont scolarisés à l’école de la République, mais Gitolérance. “Il a été un exemple de rapprochement entre tout le sèle va les entraîner dans son sillage au Talmud Torah, et aux monde, il a toujours voulu réunir, fédérer. Il savait surtout acMouvements de Jeunesse. Dès le premier jour d’école, une cacepter chaque individu tel qu’il était. Il cherchait aussi à valomarade de classe lui demande “Tu es israélite ? Alors, viens riser l’autre, à lui donner de la considération. Il disait qu’il samedi pour le Oneg Shabat, organisé par les Mouvements de fallait accepter la Tsedaka, même si la pièce était rouillée, pour jeunesse, à la synagogue. Gisèle ira. Aux EI, la première jeune accorder à l’autre sa mitsva. Il aimait tout le monde, et c’est fille dont elle fait la connaissance n’est autre que Danielle pour ça que tout le monde l’aimait autant”. Azoulay, qui deviendra quelques années plus tard la femme de N° 44 SEPTEMBRE 2016 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH | 11
Entretien avec le Grand Rabbin de France Haïm KORSIA «ŒUVRER ET PRIER POUR L’UNITÉ DU PEUPLE JUIF : UN ENJEU MAJEUR»
A quelques jours de Roch Hachana, le grand rabbin de France Haïm Korsia, élu en juin 2014, nous a accordé cette interview exclusive.
LPH : M. le Grand Rabbin, vous exercez vos fonctions depuis plus de 2 ans. Quel bilan pourriezvous établir depuis le début de votre mandat ? Dans quels domaines pensez-vous avoir apporté votre touche personnelle ? Grand Rabbin Korsia : J’ai essayé de redonner confiance à l’ensemble du système, à l’ensemble des communautés et des fidèles, et de ré-ancrer fermement la communauté juive dans l’espérance française alors qu’elle avait été frappée par un grand sentiment d’indifférence de l’ensemble de la société. Qu’on le veuille ou non, c’est une réalité : quand des enfants et un enseignant juifs ont été assassinés à Toulouse, cela a suscité de l’émotion, certes, mais pas de mobilisation comme on aurait pu s’y attendre, comme celle qu’on a pu connaître après l’attaque contre l’Hyper Cacher. A un moment donné, nous étions comme déconnectés. Mon action a donc consisté à redonner de la confiance, à montrer que les valeurs du judaïsme étaient des valeurs dont nous avions besoin plus que jamais pour nous, communauté juive, et pour l’ensemble de la société.
LPH : En France, le débat sur la laïcité occupe une place importante. On parle bien entendu beaucoup de l’islam sous des aspects divers avec des prises de position qui font grincer parfois des dents. Vous sentez-vous obligé, en tant que premier représentant de la communauté juive, de vous positionner, peut-être un peu malgré vous ? 12 | N° 44 SEPTEMBRE 2016 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH
FRED DUFOUR VIA GETTY IMAGES
Dossier Spécial
GRK : Je ne me suis jamais positionné sur quoi que ce soit malgré moi. D’abord je ne cède pas à la pression médiatique. En revanche, je donne un point de vue. Quand, par exemple, j’ai estimé que, d’une manière scandaleuse, l’Unesco prenait une décision sur les droits d’Israël, et du peuple juif plus globalement, sur Jérusalem, sur cette ville vers laquelle toutes nos prières dans le monde entier sont dirigées, je me suis exprimé et je crois avoir fait bouger les choses. Je peux dire que sur cette affaire, beaucoup de monde a agi. Quand j’ai vu que la France s’enfermait dans un débat stérile sur la taille du burkini et qu’on osait le comparer à la Kippa, je me suis emporté et j’ai publié un article dans le Figaro qui a été largement repris. Et ensuite, chacune et chacun construit sa pensée en intégrant ou pas ce que je propose, notamment les présidents de communauté et les rabbins localement. Il faut démultiplier notre action dans le cadre du projet consistorial.
LPH : Comme on peut le constater dans les médias, vous attachez une grande importance au dialogue interconfessionnel. Qu’en est-il pour vous du dialogue entre les différents courants du judaïsme ? GRK : Il fonctionne plutôt bien. Le dialogue, ce n’est pas forcément faire des photos pour montrer qu’on est ensemble. Le dialogue consiste à échanger, participer, se comprendre, se connaître et ne pas avoir de paroles blessantes. Sur le plan consistorial,
Par Claire Dana-Picard je peux dire que la maison est ouverte à tous, ce dialogue est absolu et il n’a jamais exclu personne. C’est la force du respect de la Halakha qui peut permettre à chacun de prendre sa place comme il l’entend.
LPH : Comme vous l’avez dit, vous avez réagi vivement à la décision de l’Unesco, montrant clairement votre attachement à Jérusalem. Comment définiriez-vous votre lien avec l’Etat d’Israël ? Quel regard portez-vous sur la société israélienne et ses différences ? GRK : En ce qui concerne ma réaction à la décision de l’Unesco, j’avais titré mon article en reprenant la phrase du prophète Isaïe : ‘Pour Jérusalem, je ne me tairai point’. Quant à la société israélienne, je considère que c’est une société moderne et démocratique. C’est une grande société ouverte, avec ses points forts et ses points faibles. Elle a capacité à produire de la valeur ajoutée, une dynamique, un mouvement économique. C’est une société bien plus jeune que la société française et en même temps, elle puise ses racines dans 3 500 ans d’histoire juive. Dans cet ensemble local, c’est quelque chose d’assez juste et de fort, qu’on aime par nature, parce que je crois que chaque juif dans le monde a un attachement subjectif pour Israël. En même temps, c’est une société que je ne me permets jamais de juger. Vous ne m’entendrez jamais dire quoi que ce soit sur la politique en Israël. Seuls les Israéliens peuvent s’exprimer là-dessus. Je suis pour ma part dans un lien d’aide évidemment, d’accompagnement, de défense, avec une société dont aucun juif au monde n’a à rougir.
LPH : On parle beaucoup d’unité au sein du peuple juif : n’est-ce pas un doux rêve, voire même une utopie ? Et sinon, comment la réaliser concrètement ? GRK : Il faut du rêve, il faut de l’unité. Si vous dites qu’il faut de l’unité, cela signifie qu’elle n’existe pas ou plus exactement qu’elle est toujours à construire. De la même façon que lorsqu’on parle de fraternité, cela veut dire qu’il nous faut constamment la construire. Je pense qu’œuvrer et prier pour l’unité du peuple juif est un enjeu majeur. La société israélienne est hyper-fragmentée et il faut lutter pour
Cette interview a été réalisée peu avant le décès du grand rabbin Sitruk. Confrontés aux contraintes du bouclage, nous n’avons pu recueillir les réactions du grand rabbin Korsia sur la disparition de son prédécesseur. Il avait toutefois exprimé sur sa page Facebook l’affection et l’admiration qu’il portait au grand rabbin Joseph Haim Sitruk.
cela. A mon avis, les Juifs français qui s’installent en Israël après avoir acquis en France une habitude de l’unité communautaire seraient peut-être en mesure d’aider les Israéliens à comprendre que ce n’est pas parce qu’on a une kippa de couleur différente, ou pas de kippa du tout, qu’on vit dans des mondes ou des planètes différentes. Nous sommes dans une espérance commune.
LPH : Nous nous approchons à grands pas de Roch Hachana qui est entre autres l’époque de la Techouva : comment peut-on traduire ce mot ? Qu’exprime-t-il exactement ? GRK : Etymologiquement parlant, le mot Techouva signifie : ‘réponse’. Cela veut dire : enfin répondre à l’appel de D. : ‘Hachiveinou Hachem Eleih’a Venachouva’. ‘Fais nous revenir à toi’, c’est-à-dire que nous devons nous aussi entreprendre une partie du chemin. C’est le temps de la confiance retrouvée, mais c’est aussi le temps du jugement. On dit à D. : ‘Notre comportement n’était certainement pas parfait, mais nous revenons vers toi ensemble avec l’intention d’en faire davantage encore à Kippour’. On demande donc à D. d’apprécier notre capacité à nous unir et de nous juger en conséquence. LPH : Avant de conclure, M. le grand rabbin, avez-vous un vœu spécifique à formuler pour la nouvelle année ? GRK : Je souhaite qu’on ait enfin un temps apaisé, un temps où on ne se méfiera plus les uns des autres et où l’on se fera confiance. C’est grâce à cette confiance entre nous que l’Eternel pourra nous accorder sa confiance.
LPH : Avez-vous un message à adresser à la communauté francophone d’Israël ? GRK : Les Français d’Israël représentent une part lumineuse de la France par leur langue et leur culture. Ils ont la possibilité de donner une belle image de la France en Israël et peut-être aussi d’aider les Israéliens à construire cette unité que nous, dans nos communautés juives en France, nous vivons parfaitement. Je leur souhaite d’être de formidables ambassadeurs de la France en Israël, d’être un pont entre la culture française et la culture israélienne. J’espère qu’avec la place reprise par l’expression française, elle retrouvera sa position comme langue connue et reconnue en Israël, notamment à Yad Vashem où elle a disparu pour être remplacée par d’autres langues. De la même façon, j’espère qu’Israël pourra intégrer la Francophonie et que le français reprendra la place qu’il occupait au moment de la création de l’Etat d’Israël dans la société israélienne. Chana Tova !
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Décès de Shimon Pérès
Hommage
9e président de l’Etat d’Israël
Par Claire Dana-Picard En 1974, Shimon Pérès est désigné pour occuper les fonctions de ministre de la Défense et en 1977, il est élu à la tête du Parti travailliste. Il est ensuite Premier ministre entre les années 1984 et 1986, puis ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement Rabin. En 2000, il pose sa candidature au poste de président de l’Etat, mais sera été battu par Moshé Katsav. En 2005, Pérès quitte le Parti travailliste pour rejoindre Kadima, fondé par Ariel Sharon. En 2007, il est élu président de l’Etat une fonction qu’il assume pendant 7 ans, avant de laisser la place à son successeur Ruby Rivlin. Shimon Pérès, marié à Sonia, décédée en 2011, a eu trois enfants, huit petits-enfants et trois arrière-petitsenfants.
YAIR SAGI / FLASH 90
Hommage international
L’ancien président de l’Etat d’Israël Shimon Pérès est décédé à l’âge de 93 ans. Il s’est éteint dans la nuit du mardi 27 au mercredi 28 septembre, à 3h40, à l’hôpital Shiba de Tel Hashomer, où il était soigné depuis deux semaines après un grave AVC. Pérès a mené une très longue carrière politique, entamée avant la création de l’Etat. Il a été député pendant 50 ans à la Knesset, a servi dans 8 gouvernements, a officié comme le 8e Premier ministre et le 9e président de l’Etat. Shimon Pérès, né Szymon Perski, a vu le jour le 2 août 1923 à Wiszniew, en Pologne. Il est monté en Eretz Israël appelé alors Palestine, avec sa famille, en 1934, à l’âge de 11 ans. Après des études primaires, il rejoint à 15 ans le lycée agricole de Ben Shemen et vivra plusieurs années durant dans le Kibboutz Gueva. Il a par ailleurs été l’un des fondateurs du Kibboutz Aloumot. Pérès, un homme de gauche, a été le ministre des Affaires étrangères dans le deuxième gouvernement d’Itshak Rabin. Il a joué un rôle prépondérant dans l’élaboration des accords d’Oslo, qui ont été une catastrophe pour Israël. Cela lui a valu le prix Nobel de la paix en 1994 qu’il a reçu avec Rabin et le chef terroriste Yasser Arafat.
Un jubilé de vie politique
Dès 1941, il entame une carrière politique en étant nommé secrétaire du Noar Haoved Vehalomed, mouvement de jeunesse sioniste de gauche. Pérès a mené une très longue carrière politique qui a duré plus d’un demi-siècle. Il a débuté très jeune avec une nomination, à l’âge de 29 ans, à la direction du ministère de la Défense. Sa première élection à la Knesset date de 1959 en tant que membre du Mapaï, qu’il quitte ensuite avec Moshé Dayan et David Ben Gourion en 1968 pour créer un nouveau parti, Rafi. En 1952, il est nommé directeur général du ministère de la Défense. C’est là qu’il scelle une alliance stratégique entre Israël et la France et promeut le projet de recherche nucléaire à Dimona. 14 | N° 44 SEPTEMBRE 2016 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH
Le Premier ministre Binyamin Netanyahou a réagi publiquement au décès de cet homme d’Etat. Dans son message, il a indiqué que « Pérès avait consacré sa vie à la renaissance du peuple d’Israël : C’était un visionnaire qui portait son regard vers le futur, un spécialiste de la Défense qui a renforcé la puissance d’Israël de diverses façons. C’était aussi un homme de paix qui a œuvré jusqu’à son dernier jour en faveur d’une réconciliation avec nos voisins et d’un avenir meilleur pour nos enfants ». Netanyahou a en outre rappelé qu’au cours des sept ans de sa présidence, Shimon Pérès avait œuvré activement pour unir la population : « Le peuple lui a rendu sa grande affection. Peu d’hommes ont, comme lui, autant contribué à l’Etat d’Israël et au peuple d’Israël ». Il a conclu par ces mots: “A présent, Shimon, chéri par la nation, a pris congé de nous mais nous ne prenons pas congé, il ne nous quittera jamais dans notre cœur et notre mémoire. Le nom de Shimon Pérès restera gravé à jamais dans le livre d’Indépendance du peuple juif et figurera parmi les grands dirigeants qui se sont levés pour l’Etat d’Israël et faisait partie des pères fondateurs qui ont créé l’Etat d’Israël. Que son souvenir reste gravé dans le cœur de la nation ». Les obsèques étaient prévues vendredi matin 30 septembre, à Jérusalem. Des chefs d’Etat du monde entier étaient attendus, dont le président Obama et son prédécesseur Bill Clinton, le pape François, le Prince Charles d’Angleterre, ou encore le président français François Hollande. La présence de Mahmoud Abbas semblait également quasiment certaine.
Par Tal cohen
Sur le Vif
A l'occasion de Rosh Hashaha, Lev Hair et LPH ont souhaité s’intéresser à des histoires de Téchouva. Mieux comprendre ces retours vers l'Autre, ou vers D.ieu, dans les domaines personnels, professionnels religieux. Nous avons sollicités certaines personnalités du monde francophone pour leur demander de nous raconter comment elles se sont rapprochées du Créateur, d'un membre de leur famille, d'un voisin, d'un collègue avec qui les liens étaient brisés. Des témoignages à l’image du peuple d’Israël : riches, émouvants, variés. Extraits. Téchouva et traditions
Faire Téchouva, c’est avant tout faire retour, revenir. Il ne s’agit pas d’une régression mais d’une élévation. Il faut parcourir un chemin, lever des doutes, faire table rase de tous les obstacles, et s’enraciner dans un destin prudent. J’ai parcouru cet itinéraire pour atteindre mon père, amorcer des retrouvailles, me frayer un passage vers son cœur. J’ai été attentif à ses désirs, à ses élans, recomposé le passé pour embellir le présent et le rendre plus que parfait. J’ai dit des mots qui dormaient dans la pénombre, redécouvert une proximité, réappris les gestes qui enserrent, qui embrassent. J’ai fait la paix avec lui, consumé toutes mes révoltes, effacé les griffures du temps. Je l’ai aimé, sans retenue, remis mes pas dans tous ses pas. J’ai agrippé son image, puis sa voix, pour ne pas les oublier et m’en
faire d’augustes remparts. Il n’en finit pas de revivre, et le soir de Pessah, comme lui, je casse la Matsa en prononçant des mots en judéo-arabe. Mon père était un homme de traditions. Yaacov BEN DENOUN Peintre, écrivain
Nombreux retours
Mon retour vers le passé, l'histoire de mes parents, la Shoah, est un de mes retours principaux... Retrouver un arbre généalogique de ma grande famille a été merveilleux et lumineux. Mon retour à Jérusalem en 1968, juste après la Guerre des Six Jours, être un des premiers à habiter dans le quartier juif de la Vieille Ville est un de mes plus beaux retours, surtout pour un juif né à Paris qui répétait chaque année "l'an prochain à Jérusalem"... Travaillant à Yad Vashem, j'ai enfin découvert l'Autre, les non juifs que je guide et dont je suis devenu un frère. Mes rescapés du génocide au Rwanda que je porte dans mon cœur, mes Justes parmi les nations, des gens que je ne connais bien que depuis ces dernières années. Un retour vers l'humanité, tardif, tant j'étais impliqué dans le peuple juif et le judaïsme. Je reviens à la maison, celle de mes souvenirs, celle de notre avenir, celle du monde des humains. Shlomo Balsam Président d'Aloumim
Un phénomène permanent
Il ne s'agit pas de devenir "religieux" alors qu'on ne l'était pas auparavant, mais il s'agit de s'inscrire sur une courbe ascendante qui nous permettra d'accéder à toujours plus de spiritualité et de moralité. Le Talmud de Jérusalem exige que le juif, au terme du processus de Téchouva des mois d’Elloul et de Tichri, devienne "une nouvelle créature". Et le Rambam de surenchérir en disant qu'il faut aller jusqu'à changer son nom, pour bien marquer le changement radical qui s'est produit dans la personnalité de l'individu. Le processus de Téchouva a deux buts implicites: se rapprocher de son Créateur et de ses semblables. Lors du mois de Tichri, on évolue de la crainte à la joie. Ainsi, on peut sentir Dieu dans l'exaltation des prières des jours redoutables, puis dans la joie de Souccot. Ces prières, ainsi que le séjour dans la Soucca, doivent nous amener à sentir tout près de nous la présence de la Shekhina. Il ne s'agit pas d'hallucinations, mais d'une vibration intérieure qui nous fait monter plusieurs crans sur l'échelle de la sainteté. Au niveau existentiel, cela se traduit par une soif de plus de spiritualité, un désir de faire plus de mitzvot, et surtout une ouverture vers l'autre qui nous pousse à l'aider et l'aimer. Si vous avez réalisé tout cela, vous aurez réussi vos fêtes de Tichri Dr Gilles Morali Gastro enterologue, Jerusalem 16 | N° 44 SEPTEMBRE 2016 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH
Les juifs du Vietnam Nos racines
Par Jean-Pierre Allali
DR.
Il peut paraître étonnant de parler de Juifs du Vietnam. Pourtant, une communauté juive active existe dans ce pays. C'est grâce à l'action dynamique du mouvement Habad au Vietnam ces dernières années, que l'on découvre avec étonnement une petite communauté juive particulièrement méconnue, celle des Juifs des rives du Mékong, qui vivent sur ces terres qui furent, autrefois, l'Indochine française.
Un office à l'Hôtel Intercontinental de Hanoï
L'implantation juive au Vietnam n'est pas ancienne. On associe d'ailleurs l'arrivée des premiers Juifs dans ce pays à la colonisation française. C'est un Juif, Jules Rueff, qui sera à l'origine de la création des « Messageries Fluviales de Cochinchine » et du chemin de fer Saïgon-My Tho. Un paquebot français portera plus tard son nom. Lors de la campagne du Tonkin, entre 1883 et 1886, des soldats juifs combattront au sein de l'armée française. L'histoire a retenu le nom du capitaine Louis Naquet, mort au champ d'honneur pendant la Première Guerre mondiale. À l'aube du 20ème siècle, en 1902, un Juif, Sylvain Lévi, sera co-fondateur de l'École Française d'Extrême-Orient à Hanoï. Présents au Vietnam par le biais du commerce, de l'industrie et de l'éducation, les Juifs le seront également à travers la diplomatie. C'est ainsi qu'entre 1929 et 1932, le consul américain à Saïgon était un Juif, Henry Samuel Waterman. On considère généralement qu'avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, il y avait environ 1000 Juifs répartis entre Haiphong, Hanoï et Saïgon. Bien que non organisée, cette « communauté », et c'est là quelque chose de peu connu, eut à subir, le « Statut des Juifs » instauré par le régime de Vichy du maréchal Pétain. Le gouverneur Jean Decoux se chargea de cette triste et infâme besogne.
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Les enfants juifs du Vietnam furent astreint à un numerus clausus et ne devaient pas dépasser 2% de la population scolaire. Plusieurs fonctionnaires juifs furent démis de leurs fonctions. Après la Guerre, on le sait, le Vietnam sera divisé en deux, le Nord, communiste, et le Sud, plus proche des États-Unis et de l'Occident. La Guerre dite « du Vietnam » verra l'arrivée de dizaine de milliers de soldats juifs. Parmi eux, un héros, le colonel Jack H. Jacobs. L'histoire des relations entre les Juifs et le Vietnam va connaître, en 1977, un développement inattendu. C'est l'époque dramatique des « Boat-People ». Croisant au large des côtes vietnamiennes, un cargo israélien découvre une petite embarcation sur le point de chavirer. Le capitaine décide alors d'accueillir à son bord ces réfugiés qui furent refusés dans tous les ports où le cargo tenta de les déposer. Le premier ministre israélien de l'époque, Menahem Begin, accepta alors de les recevoir en Israël. Deux autres groupes de « Boat-People » les rejoindront. En tout, trois cents Vietnamiens qui se mirent à l'hébreu et aux falafels et dont les descendants sont, de nos jours, parfaitement intégrés : ils font leur service militaire et, pour certains, ont réalisé des mariages mixtes avec des Juifs israéliens. C'est en 2006 que le mouvement Loubavitch Habad a ouvert un centre à Ho Chi Minh-Ville, permettant une organisation plus structurée de la communauté juive. Grâce, notamment, au rabbin Menahem Hartman, des offices sont proposés depuis quelques années ainsi que des repas de chabbat et les grandes fêtes, comme Pessah, avec ses « sédarim », sont célébrées. Des cours de Bible et de Talmud sont proposés et un projet d'école juive pour une trentaine d'élèves est en voie de réalisation. Le Centre Habad est aussi un lieu de passage obligé pour les nombreux touristes israéliens. En 2016, les Do Thai, c'est-à-dire les Juifs, y sont au nombre de deux cents sur plus de trois millions d'habitants. On en trouve aussi une centaine à Hanoï. Dernier événement en date dans cette communauté juive inattendue du Vietnam : l'inauguration d'un Sefer Torah, offert par un philanthrope chilien, Leonardo Farkas. C'est à l'Hôtel Intercontinental de Hanoï que chants et danses ont accueilli le précieux rouleau. Décidément, le classique « Am Israël Haï » est d'actualité au Vietnam.
Education
ORT
Retraite bien méritée pour Claude Sabbah Après 35 ans de bons et loyaux services, le proviseur strasbourgeois tire sa révérence. L’occasion pour ce passionné de s’interroger sur l’avenir de l’école juive, et de plaider pour une meilleure reconnaissance des filières d’apprentissage.
Propos recueillis par Magali Barthès Des opticiens lunetiers, des designers, créent leur entreprise, des étudiants de commerce international diplômés des plus grandes écoles de commerce, travaillent dans de grands groupes, des élèves de classes prépa réussissent les concours des grandes écoles d’ingénieurs. Rien qu’à Strasbourg, une cinquantaine d’élèves réussissent à entrer dans ces écoles. Il serait temps que les parents s’intéressent aux filières technologiques ». Comment voyez-vous l’avenir de l’école juive en France ?
« Aujourd’hui, l’école juive est de plus en plus demandée par les membres de notre communauté : ils considèrent que leurs enfants sont mieux protégés tant sur le plan de la sécurité intérieure qu’extérieure (antisémitisme). Par rapport à cette situation, Paris et sa région ont un avenir certain. En revanche, certaines villes de Province et la banlieue nord de la région parisienne risquent d’être davantage touchées. Les récents attentats de Nice pourraient susciter une alyah beaucoup plus forte et poser des problèmes de recrutement ».
DR.
Le vivre ensemble est l’un des piliers de l’ORT ?
Quel regard portez-vous sur toutes ces années ?
« Je suis mal placé pour tirer un quelconque bilan. Toutefois, je suis assez heureux de laisser une école bien entretenue, avec une très belle équipe pédagogique, des formations très pointues, et une demande toujours plus accrue. Ces 35 années m’ont permis de développer une école que j’ai reçue en héritage. L’ORT c’est aujourd’hui plus de 500 élèves (une centaine au départ) avec un campus universitaire. Je retiens surtout l’engagement et la passion qui m’ont emmené à rester aussi longtemps dans ce même établissement, pour un travail aussi motivant en événements, dimension culturelle et autres. L’école rayonne d’ailleurs dans la ville de Strasbourg et au niveau communautaire ». Les formations généralistes offrant peu de débouchés, l’ORT a-t-il un bel avenir ?
« Hélas la voie de l’apprentissage n’est pas toujours bien comprise par un public juif traditionnel qui ne Site : www.strasbourg.ort.asso.fr voit en les formations universitaires de type médecins, avocats et autres, une seule issue possible. Le Facebook : ORT Strasbourg succès de nos élèves est pourtant au rendez-vous. 20 | N° 44 SEPTEMBRE 2016 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH
« Tout à fait. Toutes les confessions religieuses sont accueillies à l’ORT : nous avons des chrétiens, des musulmans, turcs pour la plupart. Il est très important pour nous de leur faire connaître nos valeurs, notre spécificité juive et chaque fête est l’occasion de leur expliquer le sens de nos traditions. Ces éléments, qui peuvent paraître dérisoires, sont en fait la base de cette relation privilégiée. Affirmer son identité juive aux côtés d’enfants d’autres confessions implique d’essayer, non pas de justifier, mais d’expliciter le port de la kippa, et cela se passe relativement bien. Cet été, j’étais en Israël pour assister au mariage de l’un de mes anciens élèves, qui avait invité ses anciens camarades de promotion, dont certains venaient pour la première fois en Israël. L’un d’entre eux, de confession musulmane, qui avait passé une semaine en Israël, m’a dit toute son admiration pour ce pays si décrié par les médias français, et son regret de ne pas l’avoir connu à l’occasion d’un voyage scolaire avec l’ORT ». Le mot de la fin ?
« Je souhaite à l’ORT Strasbourg, mais aussi à tout le réseau ORT France, de pérenniser ses grandes valeurs, dont le vivre ensemble, la créativité, le développement de formations, et tout ce qui fait de l’ORT une belle institution juive. Je crois que les parents, les jeunes devraient être un peu plus attentifs aux formations développées, qui sont adaptées aux exigences d’une société moderne ».
Le père, l'ami, le rav et le prof
Par Elie Kling
Le Kling du mois
Il y a quelque chose dans l'air. Les derniers touristes estivaux sont repartis chez eux. Les enfants ont repris le chemin de l'école. Le Chofar retentit tous les matins dans les synagogues. On se lève plus tôt pour écouter les Selihot. Bibi revient de New-York, où, comme chaque année, il était parti faire entendre aux représentants des nations la voix d'Israël. Les grenades de mon jardin vont bientôt exploser si on ne les cueille pas. On entend de plus en plus de piyoutim à la radio. Il y a de plus en plus de pots de miel dans les supermarchés et nos voisins apiculteurs du kibboutz Yad Mordehaï ont beaucoup de mal à répondre à la demande. L'éternel débat sur le voyage à Ouman reprend avec les mêmes arguments de part et d'autre que l'année dernière. Les gens se quittent en se souhaitant Chana Tova. Toute cette effervescence annonce l'automne et la gravité des premiers jours de Tichri. Gravité d'autant plus perceptible qu'elle suit immédiatement la frivolité des vacances aoutiennes. Comme une odeur de kedoucha à la fois solennelle et festive, à l'approche de Roch Hachana. A toutes ces perceptions familières et que nombre d'entre vous, amis lecteurs, partagez vraisemblablement avec moi, s'est superposée pour moi ces dernières années, la douloureuse nostalgie de certaines personnes qui me sont chères et qui nous ont toutes quitté à cette époque de l'année. Mon père avait gentiment choisi d'attendre la fin de Soukot afin, sans doute, de ne pas assombrir la joie de Simhat Thora. C'était en 2003. Déjà 13 ans! 5 ans plus tard, mon ami le rav Elie Kahn tirait sa révérence. Beaucoup trop tôt, alors qu'il avait encore tant de choses à nous apprendre! C'était le 22 Elloul et il n'avait que 51 ans. Mon maître, le Rav Moshé Botchko, s'éteignit la veille de Kippour l'année suivante. Et il y a un an maintenant, celui sur lequel, du moins le pensions-nous, le temps n'avait aucune prise, tant son énergie débordante était impressionnante, le professeur Beno Gross rendit lui aussi son âme au Créateur, le 18 du mois d'Av.
"Celui qui fuit les honneurs, les honneurs le rattraperont"
Il y avait chez eux quelque chose de plus grande encore Quatre personnalités fort différentes au demeurant et que, pourtant, tant de choses rapprochent. La même conviction inébranlable que nous avons le 22 | N° 44 SEPTEMBRE 2016 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH
privilège de vivre une incroyable époque historique. Le même amour du peuple et de la terre d'Israël. La même passion pour l'étude de la Thora. La même fidélité intransigeante dans l'accomplissement des mitsvot, conjuguée harmonieusement avec une ouverture si évidente et si naturelle au monde et à notre société moderne, qu'à leur contact, on en oubliait presque qu'il put en être autrement! En parcourant à nouveau les messages de sympathie postés en apprenant son décès, sur le site qu'il avait tant contribué à développer, j'ai retrouvé celui d'une "cheelanaute" qui parle d'Elie bien sûr, mais qui s'applique aussi bien aux trois autres: "Il avait une manière bien à lui de nous transmettre son savoir, de répondre à nos questions… sans jamais nous tancer ni se moquer. Il avait quelquefois, un petit "coup de gueule", mais rapidement, le ton se calmait, car comme tout homme sage, il était long à se fâcher et prompt à se calmer. C'est grâce à lui que j'ai retrouvé ma pratique du judaïsme dans la joie, que j'ai pu me sortir de l'obscurantisme presque superstitieux dans lequel j'étais tombée…" Mais, en y réfléchissant, je constate qu'il y avait autre chose qui les rassemblait tous les quatre. Et que finalement, c'est d'abord cela qui provoque en moi cette douloureuse nostalgie dont je parlais plus haut. Leur sagesse était certes grande et leurs connaissances étendues. Mais il y avait chez eux quelque chose de plus grande encore que leur sagesse et de plus étendue encore que leurs connaissances: c'était leur authentique simplicité. On eut dit que c'est en pensant à eux que Rabban Yohanan Ben Zakaï avait écrit: "si tu as appris beaucoup de Thora, n'en retire aucune gloire. Car c'est pour cela que tu as été créé".
Sans jamais se retourner Connaissez-vous la croustillante histoire de ce juif, qui demanda un jour à son rabbin de lui expliquer pourquoi son expérience personnelle contredit un célèbre adage talmudique? Il est écrit que "celui qui fuit les honneurs, les honneurs le rattraperont". Or, expliqua-t-il, toute ma vie, j'ai fui les honneurs et pourtant personne ne m'honore?! Le rabbin lui répondit en souriant: est-ce que par hasard, dans ta fuite, tu ne te retournais pas de temps en temps pour voir si les honneurs étaient bien derrière toi? Le premier verset de la parachat Nitsavim qui précède toujours Roch Hachana : "Vous êtes tous présents aujourd'hui devant Moi", prend pour moi, depuis treize ans, une signification particulière. Je pense, en le lisant, à mon père, à mon ami, à mon rav et à mon prof qui fuyaient les honneurs sans jamais se retourner et qui nous ont appris comment il convient de se présenter à la grande convocation annuelle organisée par le Créateur du monde! Arrêtez-moi si je dis des bêtises…
Félix Kersten
Le saviez vous ?
médecin d’Himmler
LES MAINS DU MIRACLE
A l’origine de cette histoire, un homme, écrivain (une centaine d’ouvrages à son actif), journaliste, Joseph KESSEL (1898 - 1979), auteur d’un livre célèbre : « Les mains du miracle » paru en 1960. Dans ce livre, Joseph Kessel raconte la biographie d’un héros méconnu, spécialiste de massages thérapeutiques, d’une grande habileté. Son nom : Félix KERSTEN. Cet homme aurait pu n’être connu que de ses patients illustres ou non, venus de toute l’Europe se faire soigner. Mais voilà, Félix Kersten rentre dans l’Histoire dès 1938 quand on le contraint à soigner le grand chef nazi Heinrich HIMMLER, bras droit d’HITLER, responsable de la mort de milliers de gens, en majorité juifs. Kessel rencontre longuement Kersten dans les années 50 et va découvrir peu à peu médusé, tous les détails de cette histoire, preuves et témoignages à l’appui, qui révèlent comment Kersten a réussi pendant près de 6 ans à obtenir de Himmler la libération de milliers de victimes du nazisme Le livre paru en 1960 connaît un énorme succès, qui dure encore puisqu’il a été réédité en 2013 (coll. Folio).
Rien ne destinait le Docteur Kersten à sauver des vies dans ces conditions-là. Né en Estonie en 1898, il devient finlandais après la 1ère Guerre Mondiale. Il entreprend à Helsinki
Par Esther Bénichou des études de massages. Il faut préciser que sa mère soignait très habilement autour d’elle et avec succès. Elle transmet ses dons à son fils qui recevra un diplôme de physiothérapeute en 1921. Il parfait sa technique à Berlin, où il fait la connaissance du Docteur Kô qui l’initie aux massages tibétains. En 1925 le Docteur Kô se retire au Tibet et laisse un cabinet très prospère à Kersten. Il est connu dans toute l’Europe en particulier des Rois, Princes, aristocrates et industriels qui peuvent se permettre ses cures assez onéreuses. Mais il soigne aussi les pauvres gratuitement. Il réussit là où la médecine échoue et sa réputation grandit. Il se marie et part habiter en Hollande dont il soigne la famille royale. En 1938, à la veille de la guerre on lui demande de soigner Heinrich Himmler, le bras droit d’Hitler, le maître absolu des SS, taraudé par des douleurs d’estomac insupportables, que personne n’arrive à apaiser. C’est le début d’une relation patient-médecin qui va durer 6 ans et qui se terminera avec la fin de la guerre et le suicide d’Himmler. Le médecin réticent à soigner au début, va peu à peu gagner la confiance de son malade et obtenir de lui en guise d’honoraires, la libération de gens à sauver. Il faut dire que les massages de Kersten sont particulièrement efficaces sur les crises d’Himmler que même la morphine ne pouvait soulager. Himmler reconnaissant accède à toutes les demandes de Kirsten. A l’exception toutefois des victimes juives qu’ Himmler abhorre, haine qu’il partage avec son cher Führer Adolf Hitler et qu’il refuse hystériquement de sauver. Avec le temps, Kersten accroît son emprise thérapeutique et psychologique sur Himmler. Il parvient à le convaincre du postulat suivant : plus Himmler met de zèle à ordonner des exécutions, des déportations, des massacres en masse et plus se déclenchent des crises d’une douleur et d’une violence inouïes. Crises que le thérapeute va apaiser : voilà pourquoi, il va obtenir des concessions toujours plus importantes de la part de son malade. En avril 45 Kersten convainc Himmler de libérer 5000 Juifs des camps de concentration acheminés par la Croix-Rouge suédoise et de rencontrer un représentant du Congrès Juif Mondial Norbert MAZUR afin d’obtenir d’Himmler des concessions sur la situation des Juifs dans les Camps. Le jour même, Kersten quitta l’Allemagne pour la Suède : il avait sauvé près de 800 000 personnes dont 60 000 Juifs environ au péril de sa vie. Le 29 avril 1945 Hitler se suicidait. Himmler lui, se suicidera le 23 mai de la même année. Septembre 2016 marlenebenichou@gmail.com
24 | N° 44 SEPTEMBRE 2016 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH
Pour la nouvelle année
Par Manou Akerman
Santé
« SOYONS RUCHE » ET EN BONNE SANTÉ La gelée royale
Pour compléter notre article sur le miel de la semaine dernière (LPH 767), voici d’autres produits de la ruche. Ces produits, tout comme le miel, sont de vrais médicaments naturels. Il est toujours passionnant de découvrir de nouvelles merveilles de la nature. En voici un bref compte-rendu. A vous de continuer à vous documenter pour en savoir plus si vous le désirez, ou si vous avez une pathologie que vous pourriez traiter à l’aide de ces produits.
Substance fluide sécrétée par les abeilles, c’est un aliment d’une rare puissance biologique contenant beaucoup de vitamines et minéraux. On lui attribue des qualités miraculeuses, en partie dues au fait que la reine qui s’en nourrit exclusivement, vit cinq ou six ans, tandis que la vie d’une ouvrière est de quarante-cinq jours. Vous trouverez la gelée soit en pot soit en gélules. Le Rav Ovadia Yossef zal a permis la consommation de la gelée royale car, étant très acide et donc pas consommable à l’état brut, elle est définie du point de vue de la Halakha comme « lo raouy lea’hila » (c’est-à-dire qu’elle n’est pas bonne à manger). La gelée royale a des effets multiples, aussi bien sur des maladies internes ou externes. Je citerai ici son pouvoir ostrogénique, utilisé afin d’équilibrer le taux hormonal des femmes ménopausées ; que je trouve intéressant et peu connu. De façon générale, elle renforce le système immunitaire. Vous en trouverez de la marque Solgar. Attention aux contre-indications : femme enceinte, allergie, asthmatique et autres. Il s’agit d’un produit que l’on prend à court terme et à petite dose au départ, et dont on augmente la consommation par la suite.
A nouveau, pour ne citer que l’un de ses effets, je dirai que la propolis a des effets extraordinaires sur l’hygiène bucco-dentaire, en cas de gingivite, aphte, muguet, douleurs dentaires. De plus, elle prévient la plaque dentaire. Comment rajouter de la propolis à une crème ou à un dentifrice ? Tout simplement en y déposant une ou deux gouttes lors de l’utilisation.
Le miel manuka
Il provient de la nouvelle Zélande. Il contient des enzymes que l’on appelle u.m.f. « unique manuka factor » et qui sont à l’origine de ses pouvoirs thérapeutiques uniques. De ce fait, il combattrait des bactéries multi-résistantes. Ses propriétés antibactériennes, anti inflammatoires et antifungiques, sont supérieures aux miels habituels. Ses pouvoirs de cicatrisation sont eux aussi remarquables. Vous pouvez l’acheter en magasin naturel ou sur Internet. Une de ses utilisations : en cas d’Helicobacter pylori, on recommande de boire du thé vert auquel on rajoutera, lorsqu’il sera déjà tiède, une cuillère de miel manuka.
La propolis
C’est une résine végétale, mélangée à la salive de l’abeille. Les abeilles s’en servent pour colmater les fissures de la ruche. Ce mastic naturel possède des propriétés bactéricides antifungiques et cicatrisantes. En Egypte, la propolis servait à l’embaumement. C’est un remède aux vertus antibactériennes à large spectre, tant par voie interne que par voie externe. On l’utilise à court terme, deux à trois semaines. Vous pouvez en trouver de la marque Now. Suivez bien les indications. Vous pouvez aussi l’acheter en pharmacie sous forme liquide, en solution alcoolique, ce qui permet de l’utiliser localement ou de la rajouter à votre dentifrice ou à une crème.
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Le silan
On l’appelle miel de dattes, mais en fait c’est un sirop de dattes. En effet, il est préparé à partir de dattes que l’on cuit dans l’eau, puis que l’on presse jusqu’à obtenir un jus, qui sera alors cuit à petit feu pour faire un sirop. On peut le mélanger à toutes sortes de mets, auxquels il apportera un gout mielleux. Son avantage est qu’il peut remplacer le miel dans des plats ou mets ou celui-ci doit être chauffé car, comme vous vous souvenez sans doute, il ne faut pas chauffer du miel. (Dans la prochaine édition, les recettes à base de miel). Shana Tova Oumetouka ! Manou Akerman - Naturopathe 02-9932862; 054-5292337, Efrat, Israel.
Politique
Bruno
Le Maire
« LA FRANCE PEUT S’INSPIRER D’ISRAËL SUR SA CAPACITÉ À FAIRE TRAVAILLER ENSEMBLE LES INGÉNIEURS, LES CHERCHEURS ET LES ENTREPRISES » Député LR de l’Eure, Bruno Le Maire est tout sauf un figurant de la Primaire. Pragmatique, l’ancien Ministre de l’agriculture a de l’ambition pour son pays qui pour lui, n’est pas plus difficilement réformable que d’autres en Europe. Et fait d’Israël un exemple pour la France. Rencontre avec une valeur montante de la droite Républicaine.
Lev haïr : Certaines personnalités de la classe politique française plaident pour un référendum sur l'Europe. Après le camouflet de mai 2005, le traité avait pourtant été ratifié, suscitant l'exaspération du peuple. Est-ce bien raisonnable de consulter le peuple si son avis n'est pas pris en compte ? Bruno Le Maire : « Les dirigeants de ces trente dernières années ont cru qu’on pourrait faire l’Europe sans les peuples. La conséquence crève les yeux : les peuples se vengent. Je propose depuis le 9 mai dernier de refonder le projet européen, en définissant ses frontières, en défendant nos intérêts économiques et agricoles, en réduisant la bureaucratie bruxelloise et en exigeant de chacun un effort de Défense plus important. Ce projet devra prendre la forme d’un traité qui sera soumis le moment venu par référendum au peuple français. Le référendum est un risque ? Je le mesure. Mais le plus grand risque serait de continuer à ignorer les peuples, comme nous l’avons fait après le référendum de 2005. Je me réjouis que ma proposition fasse aujourd’hui plus largement consensus dans ma famille politique ».
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Lev haïr : Les négociations du Tafta, qui devaient s'accélérer, sont désormais menacées par le Brexit. Le Brexit n'est-il pas une chance pour l'Union européenne dans la mesure où le traité transatlantique suscite de nombreuses interrogations (gaz de schiste, sécurité alimentaire, liberté et vie privée...) ?
Bruno Le Maire : « Nous devons préciser si nous restons les derniers tenants du libre-échange sans règles, ou si nous faisons du principe de réciprocité un préalable absolu à tout nouvel accord commercial, notamment le Tafta. L’erreur commise avec ce traité a été sa négociation, réalisée dans des conditions totalement opaques. Je demande pour l’Union européenne le respect du principe de stricte réciprocité et de transparence dans toutes les négociations ». Lev haïr : La Loi travail suscite un climat social délétère. La France est-elle un pays irréformable ?
Bruno Le Maire : « L’idée selon laquelle le pays serait difficilement réformable ne me semble pas juste. Ce n’est pas la France qui
Propos recueillis par Magali Barthès régulièrement des délégations en Israël. Pensezvous qu'Israël, reconnu comme la Start-Up Nation, puisse être un exemple pour la France ?
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Bruno Le Maire : « Bien évidemment. Daniel Sperling fait un travail intéressant. Il y a deux choses qui ont constitué la Start-Up Nation et que j'ai pu mesurer en me rendant en Israël l'année dernière : la notion de risque intégrée dans l’écosystème israélien et l’excellence en matière scientifique. En France, on peut s’inspirer de la notion de risque car notre économie est en train de perdre des parts de marché importantes dans les services et dans l’industrie. Il est urgent d’investir la nouvelle économie afin de ne pas rater cette vague de création de valeurs. La France peut s’inspirer d’Israël sur sa capacité à faire travailler ensemble les ingénieurs, les chercheurs et les entreprises. Je souhaite que le pays cesse de taxer autant le capital et réoriente l’épargne des Français vers des investissements productifs, et le numérique en est un ».
résiste. C’est une minorité qui se dit représentative mais qui en réalité ne représente qu’elle-même. La réalité c'est le manque de courage qui, depuis plusieurs décennies, amène nos dirigeants à faire, une fois au pouvoir, l’inverse de ce qui a été annoncé en campagne. Or, le rôle du chef de l’État est de respecter la majorité et d’appliquer son contrat de mandat conclu avec le peuple français. La France n’est pas plus difficilement réformable que d’autres pays en Europe. Dans tous les pays européens, quand on porte des changements profonds, comme en Allemagne ou en Italie, cela crée des résistances et des réactions. C’est bien normal, nous sommes en démocratie. Ce qui pose problème en France c’est que nous cédons aux minorités contre la majorité depuis trente ans. Il est temps que la majorité soit respectée ». Lev haïr : Manuel Valls et Nicolas Sarkozy ne cessent de répéter que "sans les juifs, la France n'est pas la France". Pourtant, les juifs sont l'une des principales cibles des extrémistes. Est-il réaliste de continuer à dire que les juifs ont encore un avenir en France ?
Bruno Le Maire : « Je voudrais exprimer ma révolte et en même temps une certaine lassitude face à l’antisémitisme chronique. Car il y a désormais en France un antisémitisme chronique. Il peut se traduire par des profanations, comme c'est le cas depuis des années. Il peut se traduire par un mauvais regard, par de la violence verbale. Il peut conduire au pire, c'est ce qui s'est passé dans le supermarché casher en janvier 2015 ou à Toulouse en 2012. Aujourd'hui, les Français de confession juive ont peur en France. Ils se disent que leur avenir est de partir de France. Il faut absolument garantir la sécurité des français de confession juive et aller encore plus loin, notamment en terme éducatif. Nous devons continuer à enseigner la shoah aux élèves et garder cette mémoire vive. C'est une lutte de chaque instant qui me tient très à cœur. A nous, tous les républicains, de prendre les dispositions nécessaires pour arriver à éradiquer cet antisémitisme qui n'est pas conforme aux valeurs les plus fondamentales de la République ».
Lev haïr : Daniel Sperling, Conseiller régional délégué au numérique, adjoint au maire de Marseille, chargé de l'innovation et du développement par le numérique, porte la French Tech, toutes les entreprises de l'écosystème, et accompagne
Lev haïr : Concernant le conflit israélo-palestinien, vous aviez affirmé : "il ne s'agit plus de se focaliser sur un Etat palestinien hypothétique, mais la possibilité pour les Palestiniens d'avoir une vie digne, un métier, une bonne formation... Ce genre de discours, pragmatique, est suffisamment rare pour être signalé, n'est-ce-pas?
Bruno Le Maire : « Je me suis rendu en septembre 2015 en Israël et dans les Territoires Palestiniens car je tenais à voir les liens entre la France et Israël se renforcer et comprendre sur le terrain la situation actuelle et le conflit israélo-palestinien. J'ai évoqué avec Benjamin Netanyahu et Mahmoud Abbas l'urgence qu'il y avait de lutter contre le terrorisme islamiste et répété mon souhait d'une coalition internationale qui mènerait contre Daech une intervention frontale, sur le sol, en Syrie. J'ai été très heureux de constater que tous deux partageaient avec moi le constat de cette urgence. Je suis convaincu que l’approche pragmatique est la seule qui assure un avenir aux deux peuples ».
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Le Maire, Daniel Sperling, Patrick Boré (maire de La Ciotat) en visite aux chantiers navals de La Ciotat
Rencontre à Beit Aghion avec Benyamin Netanyahou
Pour plus d’informations sur le candidat Le Maire : www.brunolemaire.fr/ mobile.twitter.com/BrunoLeMaire www.facebook.com/blm27 www.instagram.com/brunolemaire/ N° 44 SEPTEMBRE 2016 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH | 29
Politique
Bruno Le Maire aux côtés de Sabine Bernasconi, Daniel Sperling, Dominique Tian, Patrick Boré et Jean-Pierre Serrus à La Ciotat.
Marseille
CAPITALE DE MÉTROPOLE NUMÉRIQUE, LE NOUVEAU DÉFI DE DANIEL SPERLING
Après avoir été Capitale européenne de la culture en 2013, la cité phocéenne, qui deviendra l’année prochaine Capitale européenne du sport, est en passe de devenir l’épicentre du numérique. A l’occasion du second Forum Smart City organisé par La Tribune les 29 et 30 septembre à Marseille, l’adjoint de Jean-Claude Gaudin en charge du numérique et du mieux vivre ensemble, en a profité pour réaffirmer les nombreux atouts de notre territoire provençal. Marseille, « the place to be » pour les acteurs du numérique
Nul ne peut ignorer les divers atouts de la région Marseillaise. Daniel Sperling, le Monsieur numérique de la mairie de Marseille, en est convaincu, lui qui voit en notre ville un « véritable hub d’interconnexion international », qui s’est peu à peu imposée comme une « métropole attractive et durable ». La métropole truste de nombreux records. Elle est classée 3ème ville numérique de France avec 4390 établissements et 11790 salariés de ce secteur. Marseille est particulièrement privilégiée, de part sa situation géographique. Cette caractéristique lui permet de faire converger les câbles optiques sous-marins reliant le bassin méditerranéen à l’Afrique et l’Asie, mais aussi d’être le premier lieu d’hébergement de datacenter d’Europe après Paris ; elle possède par ailleurs le réseau Internet le plus puissant d’Europe. De même, les startups locales gagnent en notoriété, et Aix-Marseille était la 2nde délégation la plus représentée au Pavillon France lors du dernier Consumer Electronics Show de Las Vegas (6/9 janvier 2016). Les pays du bassin méditerranéen sont de fait nos interlocuteurs privilégiés et l’université d’Aix-Marseille, forte de ses 74000 étudiants et nombreux chercheurs réputés, figure au premier rang des grandes universités francophones mondiales. La force de notre métropole se lit aussi à travers la qualité de ses 30 | N° 44 SEPTEMBRE 2016 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH
infrastructures : la densité et la créativité du tissu associatif, la multiplicité des pôles d’excellence (Technopôle de ChâteauGombert, Pôle Media de la Belle de Mai, Fab Lab (fabrication laboratory), incubateurs, pôles de compétitivité, centres de coworking, et autres tiers lieux intégrant la médiation numérique avec le réseau des Eric (Espaces Régionaux Internet Citoyen)). Ces lieux d’accélération ont un rôle important dans la culture entrepreneuriale forte. Depuis le 15 septembre, les 3èmes French Tech Weeks rythment le quotidien de notre communauté numérique territoriale, avec une trentaine de rendez-vous prévus. La soirée de lancement avait d’ailleurs mobilisé plus de 1000 startups et dirigeants du numérique. Last but not least, le campus aixois The Camp, qui s’inscrit dans la filière smart cities. Ossature de cette French Tech, le Conseil Territorial du Numérique agit comme une gouvernance en associant toutes les parties concernées (public, privé, enseignement). Sur le plan économique ensuite, la filière du numérique représente à elle seule 40000 emplois, 8 milliards d’euros de chiffre d’affaires, soit 7000 entreprises, et de belles références : STMicroelectronics, Gemalto, Interxion, Jaguar Network, Royal Cactus, Voyage privé... parmi les incontournables, des acteurs gravitant autour de projets structurants. La French Tech, qui s’articule autour de cinq secteurs cruciaux : les Smart Cities, le Big Data et le Cloud, l’e-santé, le marketing digital/audiovisuel et les objets connectés.
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Par Magali Barthès
Le numérique, un tremplin vers d’autres pôles d’excellence
ritoriale et régionale incluant la Smart Région ». L’adjoint au maire s’enthousiasme : « Pour la ville de Marseille c'est l'occasion d'apporter son expérience en qualité d'aménageur numérique du territoire et de contribuer à l'échange des bonnes pratiques. Rendre les investissements plus pertinents, développer les performances, rationaliser les coûts d'exploitation tout en respectant les normes, les exigences réglementaires et la sécurité ». « Marseille est un territoire qui recèle des potentialités extraordinaires. C’est l’une des dernières citadelles à conquérir en termes d’image car, alors que le public et le privé ont fait le pari de l’innovation, l’image que l’on a est faussée. Il faut que tout le monde comprenne qu’ici on construit demain ». Ces propos sont ceux d’Axelle Lemaire : omniprésente dans la ville promise à être capitale de la métropole numérique, la Secrétaire d’Etat chargée du numérique et de l’innovation ose la métaphore sportive pour parler du développement du numérique sur le territoire, qu’elle assimile à « une course de demi-fond ». Elle s’explique : « Le déploiement du THD implique d’aller vite tout en ayant de l’endurance, c’est un 800 ou un 1500 mètres, c’est le rythme que j’essaie de tenir depuis deux ans ». Pour la ministre, le numérique n’est d’ailleurs plus l’apanage des seuls experts, opérateurs, et collectivités, mais devient aussi la chasse gardée de nos chers politiques. Le projet de Loi pour la République numérique adopté à l’unanimité par les députes ou encore le plan France THD de 2013, qui a prouvé toute l’efficacité de l’intelligence collective, en sont des exemples.
L’excellence de Marseille ne se limite pas au domaine numé50 % de la population connectée au rique puisqu’elle se distingue comme le deuxième pôle scientiTHD d’ici la fin de l’année fique et de recherche du pays. Du fait notamment du design urbain (Mucem), des réalisations d’Euromed, le tourisme est une valeur sûre à Marseille, et le City Pass en est un facilitateur. Le En attendant, Marseille et son territoire doivent encore progresser succès majeur de Marseille 2013 Capitale Européenne de la Culconcernant l’accès au THD. Jean-Michel Baylet, ministre de ture en a été l’un des exemples les plus probants. La promotion l’Aménagement du territoire a affiché la couleur : « 50% de la de Marseille territoire de Provence passe aussi par le TransMedia population couverte par une connexion au THD d’ici la fin de et les productions audiovisuelles issues du Pôle multimédia de l’année, soit un an d’avance sur nos objectifs ». Avec un taux acla Belle de Mai. Pour ce faire, le lancement en octobre 2015, tuel de 47 %, soit un doublement de la population couverte en d’un nouveau studio dédié aux effets spétrois ans, le ministre a des raisons d’espérer. ciaux et à la capture de mouvements, y a Une ambition qui repose sur une dynamique pleinement participé. La multiplication des d’aménagement, dont dépendra la modernidifférents congrès, salons liés aux Technosation de notre territoire, et naturellement, la logies de l’Information et de la Communiréussite économique de la ville et le dévelopcation a un impact salutaire sur le plan pement des usages. économique local. Enfin, le port, l’accès au L’accès au THD passera aussi par une reconsilittoral ensoleillé, associés à un écosystème dération pour une meilleure attractivité éconohigh-tech de premier plan font de notre mémique de la ville et une amélioration des usages. tropole un must pour attirer les talents ac« Le numérique est un sujet qui nous unit, qui tuels et un vivier pour les créations de nous projette dans un avenir meilleur pour nos demain. concitoyens et les générations futures », plaide Hôte de la récente 6ème édition du Forum Axelle Lemaire. Hélas, notre territoire natioDaniel Sperling apporte Très Haut Débit au Pharo les 5 et 6 septemnal est encore sclérosé en terme de dévelopson soutien à Bruno Le Maire bre, placé sous le haut patronage du Minispement du numérique et La France peine à tère de l’économie, de l’industrie et du obtenir des résultats sur le plan de l’innovanumérique, Marseille a été le catalyseur des principaux acteurs tion. Notre métropole est donc aux portes d’une immense réussite. du THD, professionnels et institutionnels. Pour Daniel Sperling, Il s’agit juste d’une question de temps... et de bonne volonté. notre ville a répondu à bien des enjeux stratégiques, à commencer par « l’accélération des congrès liés au numérique, www.danielsperling.com/ et plus particulièrement sur les filières associées à sa confiFacebook : Daniel Sperling guration de ville hub et la participation à la co-synergie terTwitter : sperling_daniel N° 44 SEPTEMBRE 2016 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH | 31
Hommage
A la mémoire de notre très regretté papa, papi et arrière grand papa
SIMON BENHAMOU
(SHIMON BEN ESTHER BENHAMOU)
Tellement de mots et qualités peuvent te décrire mais le premier mot qui vient à l’esprit est MERCI !
Tu nous as laissé un trésor, un héritage spirituel, un patrimoine complet de traditions, coutumes et surtout les chants. Le manque que tu nous laisses à présent ne sera jamais comblé, et nous gardons tous, toute la famille au complet, des souvenirs heureux qui habiteront nos cœurs à jamais. La simplicité et la joie de vivre que tu nous as offertes sont un modèle. Malgré ton absence physique, ta présence est toujours parmi nous à chaque instant ; Encore bien plus à l’approche des fêtes de TICHRI. Et à l’image de Roch Hachana, Kippour et Souccoth nous retrouvons au travers de ces 3 fêtes, tes 3 plus grandes MIDOT : le rassemblement pour célébrer des joies (le plaisir d’accueillir la nouvelle année), Le pardon (le devoir de se repentir et accepter les excuses) et ne jamais oublier d’où l’on vient (ne pas se détacher de ses racines en se remettant à la place de nos ancêtres qui ont vécu pendant 40 années dans le désert). Mais il nous est impossible de parler
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de Papi sans Mamie (qu’Achem lui accorde santé, consolation et une longue vie heureuse). Papi et Mamie vivaient de Chabbat en Chabbat, de fêtes en fêtes, de joie en joie, leur plaisir était de réunir la famille, de chanter des pyotims (sans même d’occasion particulière), pour partager, pour nous unir, pour la joie d’être ensemble. Rieur et surtout attentionné, Papi partageait cela avec tout le monde du plus grand au plus petit… Belles filles, gendres, enfants, petits enfants, arrières petits enfants et particulièrement avec Mamie. Il n’y aura jamais de mots assez forts pour exprimer la douleur de ton départ… à présent, tu te retrouves, certainement, auprès des plus grands TSADIKIM : ceux que tu as honorés et vénérés depuis ton plus jeune âge et jusqu’à ton dernier souffle. Qu’Achem puisse élever l’âme de SHIMON Ben ESTHER BENHAMOU, au plus proche de Lui. Amen
Par Magali Barthès
Juridique
Maître Temime
Le cabinet d’avocats Maître Olinka Malaterre
« TEMIME & ASSOCIÉS » OUVRE UNE ANTENNE À MARSEILLE
Avocat pénaliste, Maître Hervé Temime exerce depuis 37 ans. Son cabinet, référencé à l’International (Classement légal 500, Who’s Who Legal, Trophées du Droit, Classement QG...) vient de confier l’ouverture de son bureau secondaire à Maître Olinka Malaterre.
Temime & Associés Site : www.temime.fr
E-mail : cabinet@temime.fr Tél. : 01 49 27 00 55
Adresse : 156 Rue de Rivoli 75001 Paris 135 Rue Paradis 13008 Marseille
Une vocation inspirée par Emile Pollak, un célèbre avocat marseillais auquel il avait rendu hommage dans son discours de rentrée de conférence en 1981... Hervé Témime et ses associés avaient connu un certain succès dans les nombreux procès instruits à Marseille et Aix-en-Provence. Amoureux de cette région pauvre en cabinets très spécialisés dans le droit pénal des affaires, le droit pénal technique et le contentieux des affaires, un assez haut niveau d’enjeu, Hervé Témime ne pouvait faire d’autre choix que Marseille. Depuis quelques mois, sa représentante dans la cité phocéenne est Maître Olinka Malaterre. Issue d’un cabinet de droit des affaires américain, Weil Gotshal & Manges à Paris, spécialisé dans le conseil aux entreprises, la jeune avocate présente déjà un riche parcours. Après deux années de droit à La Sorbonne, Olinka traverse l’Atlantique pour suivre une licence à l’Université de Laval, au Canada. De retour en France, elle obtient un Master en droit des affaires à La Sorbonne, complété par un Master 2 de droit des affaires co-organisé par HEC et La Sorbonne. Spécialiste de droit pénal général, droit pénal des affaires, contentieux civil et commercial, c’est à la suite de sa première expérience chez Weil Gotshal & Manges qu’Olinka se tourne vers une approche différente du droit pénal avec une réelle culture de la défense. Elle mentionne : « J’avais suivi Hervé Témime dans l’actualité de-
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puis plusieurs années et je le considérais comme le meilleur avocat de France. Naturellement, j’ai eu envie de rejoindre son cabinet. Je l’ai sollicité par mail et quatre minutes plus tard il m’a proposé un rendez-vous ».
D’autres recrutements en vue Pour Hervé Temime, la double compétence d’Olinka en droit pénal et droit des affaires fait d’elle une avocate idéale. Il précise : « Elle est à la fois compétente, dynamique, efficace et pleine de l’ambition de ce projet », ajoutant : « Nous croyons en ce nouveau défi et espérons pouvoir recruter d’autres avocats et stagiaires localement ». Parmi les types de dossiers traités par « Temime & associés », le droit pénal des affaires (corruption, fraude fiscale, escroquerie, blanchiment, abus de confiance, contrefaçon, délits boursiers, prise illégale d’intérêts...). Olinka Malaterre précise : « Nous traitons également le contentieux des affaires en défendant nos clients devant les juridictions civiles et commerciales et les autorités administratives (AMF, Autorité de la concurrence) ». Le cabinet a notamment défendu (ou défend encore) Bernard Tapie, Jean-Noël Guérini, les Laboratoires Servier, ou encore Denis Robert (dossier Clearstream). Souhaitons bonne chance au cabinet néo-Marseillais.
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Lectures de la Torah, le Yom kippour Judaïsme - Kippour
Les lectures de la Torah du matin et de l'après-midi se trouvent dans le livre de Vayikra (Lévitique) aux chapitres 16 et 18, dans la Sidra "Ahare mot".
Lecture du matin (6 montées) Première montée : Les fils d'Aharon sont morts à la suite d'une entrée intempestive dans le Saint des Saints. Pour ne pas que cette catastrophe se reproduise, des règles très strictes sont mises en place : seul le grand Cohen pourra pénétrer dans le Saint des Saints et ce, une seule fois par an. Ce jour spécial sera nommé plus tard "le jour de Kippour". Le Cohen devra apporter pour l’occasion un taureau en expiation et un bélier en holocauste. De plus, le Cohen devra porter des vêtements spéciaux : il ôtera ses vêtements dorés habituels, se trempera dans un Mikvé et se vêtira de cinq habits blancs. Il devra aussi prendre deux boucs identiques pour l'expiation des fautes d'Israël Deuxième montée : Après un tirage au sort, un bouc sera désigné "pour Dieu" et l'autre "pour Azazel". Puis le Cohen sacrifie "son" taureau. Troisième montée : Le Cohen prend des encens et des braises, qu'il mélangera à l'entrée du Saint des Saints. Le nuage ainsi formé recouvre l'arche et les chérubins. Après être sorti, il aspergera sept fois de sang (du sacrifice précédent), en direction du rideau qui le sépare du Saint des Saints. C'est alors qu'il pourra sacrifier le bouc (celui "de Dieu") pour l'expiation des fautes d'Israël. Son sang sera aussi aspergé sept fois. Ainsi, le Cohen expie ses propres fautes et celles de tout le peuple. Quatrième montée : Ensuite, il sortira vers l'autel extérieur. Il aspergera encore sept fois le sang des sacrifices. En apposant ses mains sur le bouc resté vivant (celui de Azazel), le Cohen prononce le Vidouy. C'est la reconnaissance de ses fautes et de celles
Par Michel Bensoussan
de tout le peuple. Ensuite, ce bouc sera envoyé vers le désert (ce bouc "émissaire" sera jeté du haut d'une falaise).Le Cohen change à nouveau de vêtements après s'être trempé dans le Mikvé. Il peut ainsi procéder aux deux holocaustes qui restent. Cinquième montée : Sur l'autel ne sont brûlées que les parties grasses du bouc. Le reste de la bête, ainsi que le taureau, sont brûlés à l'extérieur du Temple (ce qui est très rare et rappelle le rituel de la vache rousse). Tout ce cérémonial se déroulera le dix du septième mois (jour de Kippour). Ce jour-là, le peuple dans sa totalité devra jeûner. Car ce jour Dieu pardonnera toutes leurs fautes et les purifiera. Sixième montée : Ce sera un jour férié une fois par an, il sera célébré à jamais. Aharon accomplit tout le rituel comme Dieu l'avait ordonné à Moshé. Le Maphtir : Dans un second Sepher Torah nous lisons, dans la Sidra de Pinhas, les versets relatifs aux sacrifices de Kippour.
Lecture de l'après-midi (3 montées) Première montée : (Après avoir sauté tout le chapitre 17, nous entamons le chapitre 18 de la même Sidra.) Le peuple d'Israël devra se démarquer des pratiques idolâtres et immorales des Égyptiens et des Cananéens. Deuxième montée : La liste de toutes les relations incestueuses est détaillée. Troisième montée : L'homosexualité masculine et la zoophilie sont aussi interdites. La terre d'Israël ne supporte pas ces abominations : elle "vomit" les peuples qui les pratiquent. Les individus qui transgressent ces interdits seront retranchés du peuple par Dieu. (La haftarah de Yona est lue ensuite par la personne appelée à cette troisième montée).
Un Résumé de la Sidra "Vayelekh" Notre Sidra est très courte. Elle est souvent lue le même shabbat que la Sidra précédente (Nitsavim). Mais cette année, elles sont séparées afin que « Vayelekh » soit lue ce shabbat, entre Roch Hachana et Kippour. Ce shabbat est nommé "shabbat-(te)chouva", du premier mot de la Haftarah "Chouva Israël" - retourne Israël - ce nom fait également référence au processus de Techouva - retour, repentir, comme sont nommés les dix premiers jours de la nouvelle année : les "dix jours de retour". Moshé "s'en va" (Vayelekh) ! Aux sens propre et figuré ! Il va mourir. Il prodigue ses dernières recommandations au peuple, et à Yehoshouah-Josué qui va assurer sa succession. Moshé met la Torah par écrit. Première montée : Moshé annonce sa mort, aujourd'hui, le jour de ses 120 ans. Dieu lui ayant interdit d'entrer en terre d'Israël, c'est Josué qui conduira le peuple à la conquête. Deuxième montée : Il réconforte le peuple : Dieu continuera à les aider dans toutes les guerres à venir. Troisième montée : Moshé réconforte Josué. C'est lui qui dirigera dorénavant le peuple. Il ne doit pas avoir peur. Dieu sera avec lui. Moché écrit ces paroles et les transmet à la tribu de Levi. 38 | N° 44 SEPTEMBRE 2016 | WWW.LEVHAIR.COM | LPH
Quatrième montée : Ce texte devra être lu devant toute l'assemblée, une fois tous les sept ans, à Souccot après l'année de Shemita, au Temple, par le dirigeant du peuple. Cela sera la cérémonie du "Hakhel". Cinquième montée : Dieu convoque Moshé et Josué dans la Tente d'assignation. Il est très probable qu'après la disparition de Moshé, le peuple se détourne de son enseignement. Il est donc important d'écrire et d'enseigner les recommandations faites au peuple. Si ce dernier enfreint les commandements, Dieu pourra "voiler Sa face" et donner l'impression qu'Il se retire de la conduite de Son peuple. Il ne leur restera plus que ces écrits, cette Torah, qui les rattachera à leur projet initial. Sixième montée : La terre où coulent le lait et le miel pourrait être l'occasion d'oublier Dieu ! Des malheurs frapperont les enfants d’Israël. Ils n'auront que la Torah pour les aider à se souvenir. Septième montée : Ce texte, écrit par Moshé sera déposé aux côtés des tables de la loi dans le Saint des Saints. En plus du texte de la Torah, Moshé fait appel aussi aux Cieux et à la terre en témoignage perpétuel.
Par Nadav Zohar
Tourisme
La Vallée des gazelles
UNE RÉSERVE NATURELLE AU CŒUR DE JÉRUSALEM
La Vallée des Gazelles, avec ses étangs, ruisseaux, ponts en bois et ses points d’observation, sert d’habitat naturel à plusieurs dizaines d’espèces d’oiseaux et de rongeurs, et surtout, à quelques 30 gazelles évoluant en toute liberté. Déployé sur une surface de 250 acres au cœur de Jérusalem, c’est le plus grand site naturel urbain du pays. À l’instar de Central Park à New York ou Hampstead Heath à Londres, cet espace d’un genre unique en Israël, est depuis peu devenu le poumon vert de la capitale. Mais le plus intéressant, c’est sans doute l’histoire qui lui a permis d’exister et d’échapper aux promoteurs immobiliers.
Niché entre les quartiers de Givat Mordeh’ai au nord, Bayit Vagan à l’ouest, Ramat Sharet au sud et à l’ouest, Gonenim et Katamonim, la Vallée des Gazelles occupe une place stratégique dans la ville. Au carrefour du centre commercial Malh’a, du stade Teddy, du Parc Technologique et du Jardin botanique, son emplacement de choix promettait cet espace sauvage, riche d’une faune et d’une flore exceptionnelles, à un destin immobilier qui eut tôt fait de les remplacer par du béton. Mais c’était sans compter sur la détermination des habitants du coin. Au milieu des années 1990, allié à plusieurs organismes pour l’environnement, le Comité d’action pour la Vallée des Gazelles a mené une vaste campagne pour la sauvegarde et le développement de
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cette réserve naturelle, proposant à la ville un programme pour en faire un « espace public ouvert et développé ». A savoir, la conservation de la vallée et de sa biodiversité, et parallèlement, l’installation de points d’observation et de promenades destinés aux habitants du quartier et aux visiteurs. Contre toute attente, en 2010, cette initiative citoyenne a finalement été acceptée par la mairie de Jérusalem et toutes les instances urbaines concernées. Et au printemps 2015, le parc, transformé selon les plans des riverains, a ouvert ses portes au public. Depuis, ce coin de nature préservé entre l’autoroute Begin et les HLM de Katamon, et dont l’entrée est gratuite, ne désemplit pas et propose aux amateurs de nature et autres promeneurs des visites guidées, conférences et autres activités telles que permaculture, ateliers écologiques, journées d’étude à la découverte de la faune et la flore de Terre sainte, ou encore, séminaires et teambuilding pour les entreprises. Quant aux principales concernées, les gazelles, elles semblent ne pas trop souffrir de ces intrusions contrôlées sur leur territoire aménagé, même si leur habitat a été réduit à peau de chagrin. Elles ont aumoins eu la chance de ne subir le traumatique transfert géographique que la construction d’un complexe immobilier leur aurait infligé... Parc Naturel Municipal des Gazelles Emek Hatsvaiim Durant les vacances, le parc propose des activités et des visites guidées à la découverte des biches, des oiseaux, de la flore etc… Plus d’infos sur le site: www.zvaiim.jerusalem.muni.il
La France sous le feu des attentat
Vos droits
RÉPOND PAR L’ÉTAT D’URGENCE : DE QUOI S’AGIT-IL ?
Au soir du vendredi 13 novembre 2015, à PARIS et à SAINT-DENIS, la France est frappée par l’une des plus sanglantes vagues d’attentats, laissant présager dès les premiers instants du drame, un nombre de victimes considérable. La nation sous l’émotion pleure ses disparus, et comme un geste fort d’autorité, le Conseil des Ministres se réunit dans la nuit du 13 au 14 novembre 2015 et décrète l’état d’urgence ! Alors qu’il ne devait s’agir que d’une mesure temporaire et exceptionnelle car elle ignore nombre de droits fondamentaux, l’Etat d’urgence a été prorogé à quatre reprises (jusqu’à fin janvier 2017), stigmatisant un état de guerre et répondant à une folie meurtrière.
L’état d’urgence de quoi s’agit-il ? Très clairement, l’état d’urgence est un état de crise qui permet aux autorités administratives de prendre des mesures exceptionnelles en matière de sécurité, généralement susceptibles d’accorder des pouvoirs supplémentaires aux forces de sécurité, et ainsi porter atteinte aux droits et libertés des personnes. C’est la loi du 03 avril 1955 qui institue cette notion et prévoit l’état d’urgence dans deux hypothèses : soit en cas de péril imminent résultant d’atteintes graves à l’ordre public, soit en cas d’événements présentant, par leur nature et leur gravité, le caractère de calamités publiques.
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Par Fabrice Labi L’état d’urgence est déclaré par décret en conseil des ministres et ne peut-être prorogé que par le Parlement et par le vote d’une loi. L’état d’urgence autorise le préfet ou le ministre de l’Intérieur à : • limiter ou interdire la circulation dans certains lieux, • interdire certaines réunions publiques ou fermer provisoirement certains lieux publics, • réquisitionner des personnes ou moyens privés, • autoriser des perquisitions administratives, • interdire de séjour certaines personnes, • prononcer des assignations à résidence.
Ainsi, le ministre de l’intérieur peut ordonner la fermeture provisoire de salles de spectacle, de débits de boissons et autres lieux de réunion de toute nature. Il peut également interdire les réunions de nature à provoquer ou entretenir « le désordre ». Il peut également prononcer des assignations à résidence, c’est à dire l’interdiction de sortie d’un lieu déterminé, généralement le domicile de la personne concernée. Une telle décision est soumise à la stricte condition, « qu’il existe des raisons sérieuses de penser que son comportement constitue une menace pur la sécurité et l’ordre publics ». Dans le même sens, il peut être ordonné le placement de la personne sous surveillance électronique (bracelet électronique). Mais également et surtout il est octroyé le pouvoir d’ordonner des perquisitions en tout lieu, y compris un domicile, de jour comme de nuit, lorsqu’il existe des raisons sérieuses de penser que ce lieu est fréquenté par une personne dont le comportement constitue une menace pour la sécurité et l’ordre public. Ces mesures exceptionnelles peuvent apparaître légitimes et nécessaires, mais il faut avoir conscience qu’elles portent considérablement atteinte aux libertés fondamentales et aux principes élémentaires du droit. C’est pourquoi, les lois successivement adoptées, prorogeant l’état d’urgence ont constamment été soumises à la lecture du Conseil Constitutionnel, c’est à dire du garant du respect des règles fondamentales, qui a du procéder à la censure de certaines mesures jugées bien trop attentatoires. L’actualité au quotidien nous incite pourtant, à nous interroger si ces mesures exceptionnelles ne doivent pas rester en vigueur désormais de manière habituelles, et si l’arsenal législatif voire répressif est suffisamment coercitif. Cette question qui animent tous les cercles de pensée ne nous rassurent pas, mais permet au moins de nous assurer que les pouvoirs publics ont enfin pris conscience de la gravité et de la dangerosité de la situation.
Nouveautés
Le « Monde de Revivi »
RETOUR AU LUDISME D’ANTAN
Ouvert depuis mars dernier à Marseille, il s’agit de l’un des deux derniers magasins de Marseille à proposer des jouets atypiques (0 à 10 ans), souvent en bois, qui font le bonheur de nos chères têtes blondes. Efraïm, son créateur, a rencontré Lev haïr.
Lev haïr : Quelle est la particularité du « Monde de Revivi »? « Notre concept est de proposer des jouets originaux et de qualité, ce qui est relativement rare aujourd’hui. Nous donnons la priorité à la créativité : les jouets de construction, les théâtres d’ombres, les puzzles, les jouets d’éveil… Beaucoup de ces objets sont produits en Europe, en France évidemment, et parfois à Marseille ! Certains parents achètent même des chevaux à bascule en guise de décoration ».
Propos recueillis par Magali Barthès Lev haïr : Ces produits ne sont peut-être pas accessibles à tous ? « La matière, en effet, représente un surcout, mais sans le marketing, on retrouve les mêmes ordres de prix que dans n’importe quelle autre grande surface de jouets. Par ailleurs, ces objets ont une durée de vie supérieure aux jouets ordinaires, et se passent généralement entre frères et sœurs donc globalement, les familles s’y retrouvent ».
Lev haïr : A l’heure du tout numérique, comment être force de créativité pour les enfants ? « Les parents recherchent aussi des jeux pour shabbat, un moment familial propice au partage, que ne permettent pas les activités liées au numérique, plus individualistes. Tout enfant a besoin de construire, pour détruire ensuite : c’est ainsi qu’il progresse. D’ailleurs, les enfants qui arrivent avec une tablette s’en séparent très rapidement ! ». www.mondederevivi.fr Facebook : Le Monde de Révivi 178, rue Paradis 13006 Marseille
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Psy
3e principe
«QUI FAIT SOUFFLER LE VENT ET TOMBER LA PLUIE»
« Laisse ça, ce n'est rien, cela ne vaut même pas une plaisanterie…»
Affronter la moquerie et les paroles déformées
Trois fois par jour , nous nous tournons vers D., pour qu'Il fasse souffler le vent et tomber la pluie. Celle-ci, comme nous le savons, est favorable à l'agriculture. Mais pourquoi réclamons-nous du vent ? Il semble que nous demandions à Hachem de purifier le vent car celui-ci présente deux aspects : l'élévation spirituelle et la raillerie. À travers la parabole du vent, nous tenterons de comprendre la manière d'affronter le souffle néfaste dans notre vie… L'homme a parfois du mal à connecter l'amour et l'autorité. Or, en réalité, le désir d'aimer, de contenir le lien, de s'attacher patiemment et de créer un lieu pour l'âme aimée, n'empêche pas le besoin de lutter vivement et de façon intransigeante contre le mensonge, la flatterie et toute manifestation de moquerie méprisante ou de paroles négatives. Ce combat intense et sans compromis nous rappelle que comprendre profondément autrui ne constitue pas un signe de faiblesse. En effet, en concevant que l'intériorité du mal est bonne, nous risquons d'oublier que le mal est mauvais et que le bien est bon. Il arrive que la descendance d'Amalek se cache sous un masque de paroles autorisées (cachères). Que dit Amalek ? « Il n'y a pas de bien. En fin de compte, toute personne découvrira la vérité, à savoir qu'il n'existe ni D. ni vérité ». Cette allégation amalékite constitue la racine des doutes enfouis dans le cœur de l'homme. Il en résulte directement la comparaison de l'importance entre les diverses valeurs, tout est « d'égal à égal », sans hiérarchie, et surtout sans lien particulier à un niveau de compréhension profond, puisque, comme dit, il prétend qu'il n'existe aucune entité unique, vraie et fondamen-
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Par Docteur Aboulafia
tale. Ainsi l'homme élève sa valeur en tant qu'homme, à un degré qui n'est pas véritablement le sien. Par exemple, dans la famille contemporaine, l'enfant se prend pour un adulte face à l'adulte. Il en va de même dans le travail de l'âme, une force faible comme le sentiment peut se substituer à la réflexion, etc. Le mensonge d'Amalek fausse donc la réalité authentique et brouille les degrés pour attribuer une grande valeur à quelque chose de moindre valeur… Amalek utilise la parole comme outil pour troubler les degrés. Sa force apparaît dans sa glissade libre face à toute profondeur et signification. Ses paroles déformées sont vénéneuses car il transforme tout le système des valeurs au point qu'il devient impossible de réfléchir clairement à la réalité. Pour réparer son discours contestataire, il faut cesser la glissade libre dans l'utilisation de la bouche et des mots. L'homme doit savoir ce qu'il a le droit de dire et ce qu'il n'a pas le droit de dire, ceci en prenant une position psychique déterminée : « Car Je veux effacer la trace d'Amalek de dessous les cieux ». « Guerre par D. contre Amalek, de génération en génération ». La parole constitue le lien entre la vérité interne et la réalité, entre l'esprit et le corps. « Il fit pénétrer dans ses narines un souffle de vie » qu'Onkelos traduit par : « un souffle parlant ». Le doute s'empare précisément de ce point de jonction : Amalek affirme qu'il vaut mieux que tu étudies, te développes et que tu aies un esprit de génie, mais sans jamais t'enthousiasmer. En d'autres termes, ne lie pas la compréhension au geste pratique. Reste tel un plaisantin qui n'attribue de valeur à rien et coupe le Nom divin HaVaYaH en deux. Sépare les lettres youd et hé (qui expriment les révélations de l'intellect) des lettres vav et hé (qui traduisent le monde émotionnel et pratique), du Nom divin HaVaYaH. Ce n'est pas cela la émouna d'Israël, qui relie tout acte à une pensée supérieure, toute parole à sa racine et tout concept matériel (gachmi) à son fondement dans le monde spirituel (roua'h). C'est pourquoi, nous disons dans nos prières : « Qui fait souffler le vent (ha-roua'h) et tomber la pluie (ha-guéchem) ». 2 Exode XVII, 14 3 Exode XVII, 16 4 Genèse II, 7
Après Obama, Trump ?
Des livres et vous
GUY MILLIÈRE
Les Etats-Unis ont beaucoup changé depuis novembre 2008 : si de grandes entreprises sont prospères et si les milliardaires du secteur de la high-tech sont plus riches, le nombre de pauvres s’est nettement accru, la classe moyenne vacille, les tensions raciales se sont avivées. Le monde lui-même a beaucoup changé. Le déferlement de l’islam radical ravage une part importante du monde musulman. L’Etat Islamique a supplanté al-Qaïda et, même s’il recule un peu, il détient toujours un territoire immense, en Syrie et en Irak. L’Iran s’affirme comme la puissance hégémonique du Proche-Orient. La Russie et la Chine affirment leurs ambitions. L’Union Européenne vacille sous l’effet de flux migratoires incontrôlés et de mouvements nationalistes incitant à la fermeture des frontières. La pax americana qui semblait régner depuis l’effondrement de l’empire soviétique s’estompe. Le peuple américain
Torah à domicile
Ohel yaacov en action
LE NOUVEAU CONCEPT
Le porte à porte démystifie la synagogue, il casse la barrière de la honte. A Ohel Yaacov, nous en avons fait notre credo. Les fêtes approchent et nous
Par Liora Bibas est saisi par le doute : trois Américains sur quatre pensent que le pays décline et va dans la mauvaise direction. D’un côté, le parti démocrate propose, avec Hillary Clinton, de parachever ce qui s’est mis en place sous Obama, et d’en rajouter en matière de redistribution et de « justice sociale ». D’un autre côté, le parti républicain se déchire et prend le risque de perdre. Son candidat probable, Donald Trump, est un homme extérieur à la politique professionnelle, porté par un mouvement de colère, imprégné de la volonté de redonner à l’Amérique sa puissance menacée. Il vient bousculer toutes les règles du jeu. Tout est possible, même l’improbable. Du résultat qui sortira des urnes le 8 novembre prochain dépendra le futur de l’Amérique, mais aussi notre futur à tous. Commandez le livre du mois sur BiBooks, votre librairie francophone en ligne en Israel, et bénéficiez de 10% de réduction avec le code LPH BiBooks, ce sont des centaines de livres en français en Israël, pour tous les âges et tous les goûts, aux meilleurs prix ! www.bibooks.co.il 0584020056
Par Magali Barthès sommes quelques volontaires à distribuer gracieusement les différents symboles utilisés pour Hanoukia, comme le Matsa. A ce titre, nous remercions les Loubavitch pour leur aide précieuse, en particulier le Rav Taubenblatt et le Rav Madar). Nous avons un sefer thora portable en connexion directe, rapatrié d'Égypte en 1957. C'est un trésor qui donne cette chance extraordinaire de constituer un minian à domicile avec la lecture du sefer torah. Imaginez un instant ce l'émotion de ce moment magique, la kedoucha qu'elle apporte et surtout cette prise de conscience. Je ne crois pas que la Torah fut donnée dans le desert pour rien : le message est clair, il parle à tout le monde. Toujours es§-il que je suis convaincu que ce travail de terrain a une portée inimaginable. Je ne peux terminer en évoquant ce premier souvenir lors de mon arrivée à Marseille, de ce Rav qui lisait le Sefer Torah dans les bars, vous l'avez reconnu, il s'agit du Rav Mimoun, qui d'ailleurs ne cesse de se soucier de la communauté. Ohel Yaacov vous souhaite de bonnes fetes de Tichri.
Rav haim bendao
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